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EXTRACT FROM REPUBLIC OF CYPRUS MINISTRY OF COMMUNICATIONS & WORKS DEPARTMENT OF ANTIQUITIES SALAMIS VOL. EXCAVATIONS IN THE NECROPOLIS OF SALAMIS II (Text) BY VASSOS KARAGEORGHIS (with appendices by B. Helly, O. Masson, R.P. Charles, P. Ducos, A. Demetropoulos, P. H.Greenwood, K. Hadjioannou, C. Tyler, J. Renfrew, H. Hjelmqvist and others) PUBLISHED FOR THE REPUBLIC OF CYPRUS BY THE DEPARTMENT OF ANTIQUITIES, CYPRUS AND PRINTED BY ZAVALLIS PRESS LTD., NICOSIA 1970.

EXCAVATIONS IN THE NECROPOLIS OF SALAMIS II · PDF file · 2012-12-18Brice, The early bronze Coinage dans Essays in Greek Coinage presented to S. Robinson, 1968, ... Newell en donne

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EXTRACT FROM

REPUBLIC OF CYPRUS

MINISTRY OF COMMUNICATIONS & WORKS

DEPARTMENT OF ANTIQUITIES

SALAMIS VOL.

EXCAVATIONS IN THENECROPOLIS OF SALAMIS

II(Text)

BY

VASSOS KARAGEORGHIS

(with appendices by B. Helly, O. Masson, R.—P. Charles, P. Ducos,A. Demetropoulos, P. H.Greenwood, K. Hadjioannou, C. Tyler, J. Renfrew,

H. Hjelmqvist and others)

PUBLISHED FOR THE REPUBLIC OF CYPRUSBY THE DEPARTMENT OF ANTIQUITIES, CYPRUS

AND PRINTED BY ZAVALLIS PRESS LTD., NICOSIA

1970.

APPENDIX I

LES MONNAIES

par Bruno HELLY

Les fouilles de Cellarka ont produit soixante dix-neuf monnaies. Sur cetotal, soixante et une sont identifiables (nos 1-61) et font l'objet d'une descriptionet d'un commentaire. Une simple liste rappelle le lieu de trouvaille des dix-huitautres.

M. V. Karageorghis, directeur du département des Antiquités, nous a faitl'honneur de nous confier la publication de ces monnaies. Il nous a accordé pourcela toutes les facilités nécessaires. Qu'il trouve ici l'expression de notre grati-tude. M. G. Le Rider, conservateur en chef du Cabinet des Médailles, a bienvoulu suivre l'élaboration de ce travail; nous le remercions très vivement de sonaide généreuse.

I. Monnaies d'Évelthon ou de ses successeurs (jusqu'en 374 av. J.C.) (7).

i. Figure indistincte d'un animal de profil à gauche (bélier probablement) et traces d'une légende enhaut.

R/ Face plane1; partie inférieure d'une croix ansée, avec deux signes syllabiques en bas à gauche età droite : ta se

AR 8 mm, 0,360 g, très usée; provenance: Τ 37, no 38 a (fig. 1).

Cette monnaie devait être une hémiobole d'étalon persique, dont le poidsthéorique est de 0,45; la perte de poids est due à l'usure. La légende du reverssemble nouvelle; elle comportait probablement quatre signes, deux en bas etdeux en haut, de part et d'autre de la croix ansée; la partie supérieure du type esteffacée. Cette disposition des signes n'apparaît pas dans le monnayage salami-nien avant le règne de Nicodamos (après 480 av. J.C); il semble même qu'ellesoit caractéristique des émissions de tétroboles ou d'oboles faites par ce roi, avecdes légendes variées (cf. O. Masson, Inscriptions chypriotes syllabiques, n° 323).La monnaie de Cellarka no 1 paraît ainsi entrer dans les séries frappées par l'atelierde Salamine après 480 av. J.C.

De la même tombe proviennent quatre autres monnaies de très faible poids :

2-5. Type du droit indistinct; revers plat.

AR 2: 7 mm, 0,135 g; 3 : 7 m m > 0^23 g; 4 : 6 m m > °>τΐ9 g; 5 : 3 m m > °>°5° g; t r è s u s é e s> oxydées;provenance: Τ 37, n° 38 a (fig. 1).

1. Nous employons l'expression "face plane" lorsque la monnaie présente l'aspect d'un disque dont le droit formeun bombement et dont le revers est plat, qu'il porte ou non une représentation (cf. G. Le Rider, Suse sous les Séleucideset les Parthes, 1965, p. 16).

NECROPOLIS OF SALAMIS II 237

De telles monnaies apparaissent pour la première fois dans le monnayage sala-minien. Il en existe à Athènes1, à Égine2, mais aussi dans une région toute prochede Salamine, la Syrie-Phénicie. L'atelier d'Arados a frappé des monnaies depoids très semblable, entre 0,130 et 0,070 g, que E. Babelon a qualifiées de huitièmesd' obole perse3. A Byblos, on a trouvé de nombreuses monnaies de cette caté-gorie. L'apparition de ces tout petits modules est difficile à dater: le besoin adû s'en faire sentir pour la circulation monétaire, alors que l'on ne disposait pasdu monnayage de bronze. Comme les premières émissions de monnaies en bronzeà Salamine datent d'Evagoras Ier, vers 390 peut-être4, les monnaies nos 2-5 sontsans doute antérieures à cette date.

6. Tête de bélier de profil à droite;

R/ face plane (cf. no i); croix ansée entourée d'un cercle de perles; dans l'anneau, signe syllabique ku.

AR 8 mm, 0,340 g; bonne conservation; provenance: Τ 89, no 33 (fig. 1).

Par son poids, cette monnaie représente un peu plus d'un tiers d'obole perse(0,333 théoriquement). Au droit, la position du bélier ou de la tête de bélier deprofil à droite est exceptionnelle dans le monnayage de Salamine. Elle caractériseun groupe de monnaies attribuées à un successeur d'Évelthon5. Au revers, letype de la croix ansée avec le signe ku est identique à celui des monnaies du mêmegroupe: croix ansée avec le signe ku, probablement Κυ(πρίων), dans l'anneau,symboles et signes syllabiques divers dans le champ6. Les statères de ce groupe(BMC Cyprus, nos 23-25), non représentés dans le trésor de Larnaca enfoui peuaprès 480 av. J.C., apparaissent dans plusieurs trésors de lafinduV^me ou du débutdu IVème s. av. J.C.7. En publiant l'un de ces trésors, CM. Kraay a supposé avecvraisemblance que ces émissions de statères se placent entre 450 et 430 av. J.C.environ8. La position à droite du bélier, caractéristique de ce groupe, apparaîtaussi, en concurrence avec la position à gauche traditionnelle, au revers des mon-naies frappées au nom du roi Évanthès, dont le règne se place précisément aux en-virons de 450 av. J.C.9.

1. D'Athènes, le Cabinet des Médailles possède une série de ces monnaies, qui se rattachent aux émissions de plusgrands modules datées de la fin du Vlème au début du IVème s. av. J.C, par exemple les nos 126 (0,20), 282-284 (0,29,0,28, 0,24), 482-483 (0,18, 0,16).

2. Au Cabinet des Médailles, un exemplaire, no 1387, de 0,17 g; il est vraisemblable que de telles monnaies ont existédans beaucoup de monnayages, mais qu'elles ont échappé à l'attention le plus souvent, étant donné leurs dimensions.

3. Perses Achéménides, p. 125, nos 850 et suivants; G. F. Hill, BMC Phoenicia, p. 11-12, nos 69-82, en donne unesérie dont les poids se situent entre 0.15 et 0.050 g.

4. K. Spyridakis, Ευαγόρας Α' βασιλεύς Σαλαμΐνος, Kypriakai Spoudai, 5 (1941), p. 87, n o s 72-74; cf. M. Jessop-Brice, The early bronze Coinage dans Essays in Greek Coinage presented to S. Robinson, 1968, p. 101, qui considèrecomme exceptionnels en Asie Mineure les monnayages de bronze attestés à Myrina et Gambreion dès 399 av. J.C.

5. Groupe 7 a-e de G.F. Hill, BMC Cyprus, p. LXXXVII, comprenant statères, tétroboles, dioboles et oboles.Le nom d'Évelthon en caractères syllabiques est au génitif, comme un nom dynastique, cf. CM. Kraay, Two fifth Cen-tury Hoards, Rev. Num., 1968, p. 216.

6. Pour les légendes, cf. O. Masson, ICS, no 321.7. Les exemplaires BMC Cyprus, nos 23-25, viennent du trésor d'Idalion enfoui au début du IVe s. av. J.C. ; d'au-

tres statères du même type dans le trésor de Malayer, publié par E.S.G. Robinson, Iraq, 1950, p. 44 s., et dans le trésorde Syrie publié par CM. Kraay, Rev. Num., 1968, p. 216, no 63; ce savant fixe l'enfouissement du trésor de Malayer audébut du IVe s., celui du trésor de Syrie vers 425-420 av. J.C.

8. CM. Kraay, ibid.9. Statère avec au revers une tête de bélier à droite, G.F. Hill, BMC Cyprus, p. XCVI, 2, nos 38-39; dioboles avec

au revers une tête de bélier à droite, p. XCVII, 5, no 41.

238 NECROPOLIS OF SALAMIS II

7. Tête de bélier de profil à gauche; grènetis.

Revers plat et lisse.

AR 7 mm, 0,066 g; usée, brisée sur le bord en bas; provenance: Τ 6ο, no 108 b (fig. 1).

Compte tenu de son état, cette monnaie a un poids voisin de celui d'un dou-zième d'obole perse (0,075 g)1. Pour le type, elle est à rapprocher du grouped'oboles, hémioboles et quarts d'obole à revers lisse attribués à Évelthon (G.F.Hill, BMC Cyprus, p. LXXXV, 1 c, nos 8-11). Si l'on s'en tient aux classementsde Babelon et de Hill, ce groupe appartiendrait aux plus anciennes émissions deSalamine, celles d'Évelthon, entre 560 et 525 av. J. C. La monnaie no 7 n'est peut-être pas aussi ancienne : dans la même tombe se trouvait aussi une monnaie d'ar-gent d'Évagoras II (no 9). D'autre part la technique du revers lisse n'est pasforcément l'indice d'une date haute : G. F. Hill, en commentant le trésor de Lar-naca, soulignait que la frappe de pièces à revers lisse paraît avoir continué asseztard dans le courant du V̂ me s. av. J.C.2. Enfin ces petites monnaies ne comportentni légendes ni symboles qui permettent de les dater exactement pour l'instant.

II. Monnaie de Nicoclès (374 - vers 361 av. / .C)(l).

8. Tête (de face ou de profil ?), le cou orné d'un collier de perles;

R/ Avant-train de Pégase de profil à droite, avec aile incurvée vers la tête; en haut à droite, trace d'unsigne.

AE \ io mm, 0,911 g; très usée, incomplète en bas; provenance: carré IK 42/44, no 6 (fig. 1).

Cette monnaie a toutes chances d'être chypriote, parce qu'elle a été trouvée àSalamine, et parce qu'elle est en bronze. Il faut la rapprocher d'un exemplaireunique, acquis par E. T. Newell à la vente de la collection du colonel Allotte de laFuye3. Newell en donne la description dans Some unpublished Coins of EasternDynasts, NNM, 30(1926), p. 5-6 et pi. I:

Buste de face d' Aphrodite chypriote portant une couronne tourrelée4; grènetis;

R/ Avant-train de Pégase de profil à droite ; en haut signes syllabiques pa ni, à droite en caractères grecsNI; grènetis. AE f 17 mm, 3,39 g.

E. T. Newell rapproche la représentation du droit, qu'il suppose être celle del'Aphrodite chypriote, de la figure qui apparaît si fréquemment, mais de profil,dans le monnayage d'or et d'argent de Nicoclès, Évagoras II, Pnytagoras et Nico-créon. D'après les inscriptions du revers, la monnaie peut être attribuée à Nico-clès (374-361 av. J.C.) ou à Nicocréon (331-310). Newell se décidait pour le plusancien de ces deux rois, le style et la fabrique lui paraissant de meilleure qualitéque ceux des monnaies de la fin du IVème s. av. J.C.

1. Cf. les monnaies de petits modules ci- dessus, nos 2-5.2. Num. Chron., 1935, p. 185.3. Catalogue des collections du Colonel Allotte de la Fuye, 1ère vente, du mardi 17 au samedi 21 jevrier 1925, par

J. Florange et L. Ciani, p. 48, no. 682, sans illustration.4. Ornée de palmettes, selon les rédacteurs du catalogue de vente.

NECROPOLIS OF SALAMIS II 239

Aux yeux de Newell, le type du Pégase paraissait exceptionnel à Chypre. Ilen rapprochait la représentation qui caractérise les oboles de Célendéris en Cilicie(G. F. Hill, BMC Cilicia,ip. 53, nos 15-16), et une pièce d'un atelier incertain, classéepar G.F. Hill à la Cilicie parmi les séries de Tarse:

Tête masculine de profil à droite, avec chevelure frisée et barbe, portant une couronne et des bouclesd' oreilles circulaires ; grènetis ;

R/ Avant-train de Pégase de profil à droite, avec aile incurvée. AR 11,4 mm, 0,63 g; BMC Cilicia, p.176, no 90 et pi. XXXII, 10. Hill date cette monnaie du IVe s. av. J.C.

Une autre monnaie avec Pégase a été décrite par G.F. Hill, dans BMC Cyprus,p. CIII1, après J. P. Six, Rev. Num., 1883, p. 285:

Tête d' Héraclès de trois-quarts à droite, coiffé de la peau de lion; dans le champ à droite, peut-êtreune lettre phénicienne (mim) ;

R/ Avant-train de Pégase avec aile incurvée, dans un carré creux peu profond ; en bas, signes phéniciens^o. AR 9 mm, 0,30 g.

D'après J.P. Six, "cette pièce est d'un très beau style et semble contemporained'Évagoras 1er". G. F. Hill, à cause de la légende phénicienne, a pensé à un atelierde Cilicie plutôt qu'à celui de Salamine. Grâce à la découverte de la monnaieno 8 à Cellarka, l'existence, dans le monnayage salaminien, d'une série au typed'un avant-train de Pégase n'est plus douteuse. Cette série comportait des émis-sions de bronze de deux modules: la monnaie publiée par Newell et celle de Cel-larka les représentent. A cause du style et de la fabrique, Newell attribuait cetteémission à Nicoclès (374-361) plutôt qu'à Nicocréon (332-310). C'est ce queconfirme l'existence sur ces monnaies d'une légende véritablement digraphe, dontl'usage est normal jusqu'à l'époque de Nicoclès2.

Il serait tentant de classer aussi dans cette série les deux monnaies d'argentdécrites par J. P. Six et G. F. Hill. Aucune émission en argent ne figure jusqu'àprésent dans le monnayage de Nicoclès. Il serait pourtant surprenant que ce roin'ait jamais frappé de ce métal. Les deux monnaies en question représenteraient-elles les émissions qui manquent à Nicoclès3?

III. Monnaies d' Évagoras II (361-351 av. /.C.)(6).

9. Tête d'Athéna de profil à gauche, coiffée d'un casque athénien; R/ Étoile à huit rayons autour

d'un point central.

AR 9 mm, 0,226 g; usée, incomplète; provenance: Τ 6o, no 108 a (fig. 1).

1. G.F. Hill déclare qu'il a disposé d'un moulage de cette pièce.2. Sur les monnaies postérieures à Nicoclès figure seul, et occasionnellement, un signera symbolique, cf. O. Masson,

ICS, p. 323, n. 2.3. En tous cas une attribution à Salamine ne peut plus être écartée d'emblée. G. F. Hill reconnaît sur les monnaies

attribuées à Abdémon, qui régna à Salamine avant 411 av. J.C, des lettres phéniciennes identiques à celles que J.P. Sixlisait sur la monnaie au Pégase (cf. BMC Cyprus, p. C). Mais qu'en est-il en réalité des lettres lues par J.P. Six sur cettemonnaie ?

240 NECROPOLIS OF SALAMIS II

Les types de la tête d' Athéna et de l'étoile à huit rayons sont bien connus pourles oboles d'étalon rhodien frappées par Évagoras II (G.F. Hill, BMC Cyprus,p. CVI, 5, no 68). La monnaie no 9 entre dans cette série1. Son poids correspondà peu près à celui d'un quinzième de drachme rhodienne (0,234 g), compte tenu dela perte qui a dû se produire par rapport à son poids d'origine.

10. Droit illisible.

R/ Étoile à huit rayons autour d'un point central; grènetis.

AR 12 mm, 0,710 g; très usée; provenance: Τ 113, no 70 b (fig. 1).

L'étoile caractérise les émissions d'Évagoras IL Le poids de 0,710 g faitdifficulté: la division par trois ou multiples de trois de la drachme rhodienne (3,40 g)ne donne aucune fraction équivalant à ce poids. Cependant de nombreuses mon-naies chypriotes pèsent entre 0,68 et 0,78 g; G.F. Hill et K. Spyridakis, pour lesséries d' Évagoras Ier, les considèrent comme des oboles d'étalon persique2. Le no10 pourrait être, étant donné son usure, un trihémiobole rhodien. En tout étatde cause, ces petites pièces isolées sont très difficiles à définir; on ne peut le fairevraiment que lorsqu'on en possède une série importante.

11. Tête de profil à droite;

R/ Animal marchant à droite; en haut, étoile à huit rayons.

AR '/ 7 mm, 0,330 g; usée; provenance: Τ 113, no 70 a (fig. 1).

Le symbole de l'étoile à huit rayons, comme la provenance — la tombe 113 oùfut découverte une monnaie d'Évagoras II (no 10), conduisent à attribuer cettemonnaie au même roi. Les types sont assez proches de ceux qui figurent sur lesmonnaies de bronze représentant au droit la tête d'Athéna à droite, coiffée ducasque corinthien, au revers un lion marchant à droite, en haut une étoile à huitrayons et la légende ΕΥΑ (G. F. Hill, BMC Cyprus, p. CVII, 7, cf. ci-dessous nos12-13). Des émissions de monnaies d'argent à ces types n'étaient pas connuesjusqu'à présent. Le poids, une fois encore, fait difficulté: avec 0,330 g la monnaieparaît être un tiers d'obole perse (0,333); en revanche, la taille de la monnaie necorrespond à aucune dénomination du système rhodien.3

12. Tête d'Athéna de profil à droite, coiffée du casque corinthien à cimier et à crinière ondulée, les

cheveux tombant sur les épaules ; trait circulaire ; R/ Lion marchant à droite sur une ligne de sol ; en haut

à gauche, légende Εύα(γόρω), au centre étoile à huit rayons autour d'un point central; trait circulaire.

AE / 15 mm, 2,305 g; très bon état; provenance: pyre Ζ, ηο ι (fig. 1).

1. E. Babelon, Traité, Π, η ο 1175, décrit une hémiobole du Cabinet des Médailles, dont le diamètre est de 7 mm,le poids de 0,210 g; le type du droit est un dauphin à droite, celui du revers une étoile à huit rayons; il s'agit d'uneautre série de monnaies, frappées par Évagoras II également.

2. G. F. Hill, BMC Cyprus, p. XCIX-C, 2-4; K. Spyridakis, Ευαγόρας A'... Kypriakai Spoudai, 5(1941), p. 93; J.et V. Karageorghis, Opuscula Atheniensia, 5(1964), p. 14.

3. Pour une obole rhodienne de 0,583 g, on a une hémiobole de 0,291 g; le poids le plus voisin serait celui de deuxtiers d'obole rhodienne, 0,437 g; l'état de la monnaie ne permet cependant pas d'affirmer qu'elle a subi une perte de poidsde 0,107 g.

NECROPOLIS OF SALAMIS II 241

13. Même type de droit;

R/ Même type, mais la ligne de sol est remplacée par un segment de cercle en relief; même légende[Εύ]α(γόρω).

AE \ 13 mm, z^b g; usée; provenance; pyre S> no 5 (fig. 1).

La série de monnaies de bronze à ce type est bien connue (E. Babelon, Traité,II, no 1179; G. F. Hill, BMC Cyprus, p. CVII, 7). Le flan de la monnaie no 12 aune forme ovale caractéristique. En deux points diamétralement opposés, unpetit trait oblique coupe la tranche. Le flan avait donc avant la frappe la formed'une sphère et non celle d'un disque plat. L'atelier de Salamine a utilisé ce typede flan sans doute en même temps que les flans plats. Beaucoup de monnaies desséries décrites ci-dessous présentent les mêmes éléments1.

14. Tête d'Athéna de profil à droite, coiffée d'un casque corinthien à crinière ondulée, les cheveuxtombant sur les épaules; grènetis; R/ Avant-train de lion couché à droite, pattes allongées à plat, têtelevée et gueule ouverte; en haut derrière la tête, légende [Εύ]α(γόρω) et une étoile à six rayons; grènetis.

AE 18 mm, 4,270 g; bon état; provenance: carré IK 66/68, n° 156 (fig. 1).

Le type du droit2 et la légende du revers permettent d'attribuer sans hésitationcette monnaie à Évagoras IL Le type du revers, avant-train de lion couché àdroite, paraît nouveau. Le diamètre et surtout le poids révèlent un module su-périeur de plus de 2 g à celui des monnaies au type du lion marchant à droite.

IV. Monnaies aux types d'Alexandre et au nom des Salaminiens (9).

15-23. Tête d'Héraclès de profil à droite, coiffé de la peau de lion nouée sur le cou.

R/Horizontalement, en haut, massue ; en bas arc avec le carquois placé entre le bois et la corde tendue ;légende horizontale, entre l'arc et la massue: 'Αλεξάνδρου, en haut ΣΑ, en bas une lettre triangulaire.Monnaies de bronze.

15. Au revers massue à six gros noeuds, carquois très court; Κ flan épais, bords arrondis, 17 mm,6,083 &'•> bonne conservation; provenance: Τ 105, no 3.

16. Noeud sur le cou peu visible; au R/ massue à huit noeuds, carquois allongé, avec un renflement à

l'ouverture; sr flan ovale, tréflage au droit ; 18 mm, 5,754 g; bonne conservation ; provenance: Τ 105, n°

4(fig.i).

17. Figure de même style; massue avec six noeuds, assez courte, carquois de longueur moyenne, avecun trait incurvé sur l'ouverture; t flan ovale, 17 mm, 6,307 g; très bonne conservation; provenance:Τ io5, n 0 5 (fig· *)·

18. Noeud sur le cou bien visible; massue et carquois identiques à ceux de la monnaie précédente, maisde coin différent; \^ flan ovale, 17 mm, 6,428 g; droit fortement usé; provenance: Τ 105, no 6.

1. Pour les flans sphériques et la forme de la tranche, cf. G. Le Rider, Suse sous les Séleucides et les Parthes, (1965),p. 11, n. 2 et p. 14 avec fig. 5.

2. La tête d'Athéna est très proche de celle qui figure sur les deux monnaies précédentes, nos 12-13 ; on la compareraaussi avec la tête placée sur les monnaies d' argent, G.F. Hill, BMC Cyprus, pi. XII, 4 (didrachme) et XXIV, 14 (obole).

242 NECROPOLIS OF SALAMIS II

19. Massue allongée, carquois long et presque rectangulaire; <- flan ovale, 16 mm, 5,480 g; usée; pro-

venance: Τ 105, n° I (%· I)·

20. Massue plus longue, carquois court avec deux lanières au-dessus, et deux empennages de flèchesvisibles dans l'ouverture; s* flan ovale, 17 rnm, 4,811 g; assez bonne conservation sauf au droit; provenance:T. 105, no 67.

21. Détails peu visibles, mais identification assurée, de même que les nos suivants; \ flan ovale, 16mm, 4,597 g; très usée; provenance: carré ΓΔ 46/48, no 33.

22. κ 14 mm, 3,071 g; oxydée légèrement; provenance: Τ 76, no 2.

23· \ J5 mm, 2,552 g; très oxydée; provenance: carré ΛΜ 12/14, no 173.

L'identification et le classement de ces monnaies à l'atelier de Salamine ontété assurés par E. T. Newell1. Selon Newell, la tête d'Héraclès gravée sur cesmonnaies est semblable à celle des dernières émissions de tétradrachmes de la sérieI, datée des années 332-320 av. J. C. Deux modules différents sont connus, avecles mêmes types: l'un de 16-18 mm, un poids qui se situe entre 6,058 et 5,844 g,avec les lettres ΣΑ etA, l'autre de 10-11 mm, un poids de 1,632-1,219 g et la lettreΣ, ou, plus probablement Σ en haut, et Ν en bas2. L'ajustement t est constant.Parmi les monnaies trouvées à Cellarka, les exemplaires nos 15-19 correspondentassez exactement au premier module, avec un poids qui se situe entre 6,428 et5,480 g et le même ajustement que les exemplaires déjà connus. Les autres, nos20-23, présentent des poids qui varient entre 4,811 et 2,552 g, un diamètre légère-ment plus petit, 16-14 mm, un ajustement irrégulier3. Malgré leur oxydation par-fois importante, ces monnaies offrent des différences très fortes par rapport àcelles du module le plus grand comme à celles du plus petit. Ces différences setraduisent dans le classement suivant:

a) nos 15-19: 6,083; 5,754; 6,307; 6,428; 5,480 g.

b) nos 20-21: 4,811; 4,597 g*.

c) nos 22-23: 3,071; 2,552 g.

d) non représentés à Cellarka : 1,652-1,219 g.

Cela conduit à distinguer des émissions de modules intermédiaires aux mêmestypes, avec les lettres ΣΑ et A. Cette hypothèse est confirmée par l'étude de lamonnaie suivante, no 24.

1. Some Cypriote Alexanders, Num. Chron., 1915, p. 308, nos 9-10 et p. 313; Alexander Hoard, Demanhur 1905,NNM, 19, 1923, p. 105.

2. Très visibles sur un exemplaire publié par C. Warren, Num. Chron., 1891, p. 141 et pi. V, no 2; en bas la lettrene paraît pas constamment, soit parce que certains coins ne la portaient pas, soit parce que cette lettre se trouvait horsdu flan au moment de la frappe.

3. E.T. Newell, Num. Chron., 1915, p. 313, a considéré comme une caractéristique de l'atelier de Salamine sousAlexandre l'ajustement f habituel pour les monnaies d'argent à cette époque; il étend cette observation aux monnaiesde bronze avec ΣΑΛ, mais Γ étude des exemplaires de Cellarka montre que la régularité de rajustement n'est pas réali-sée pour toutes les séries.

4. Deux exemplaires provenant des fouilles de l'Université de Lyon à Salamine entrent dans les catégories a et b:inv. 33: 18 mm, 5,840 g; inv. 210; 15 mm, 4,200 g.

NECROPOLIS OF SALAMIS II 2 4 3

V. Monnaies au nom des Salaminiens (22).

24-45. Tête d'Athéna de profil à gauche, coiffée d'un casque athénien à cimier et à crinière ondulée; aucou, un rang de perles ;

R/ Proue de trière de profil à gauche; légende disposée en arc de cercle devant le navire Σαλ(αμινίων).

Monnaies de bronze.

24. Visage allongé, ligne droite du nez au front, cimier très apparent; au revers, proue très allongée;partie inférieure des lettres ΣΑΛ seule visible.

Au revers, traces d'une frappe plus ancienne, orientée ^ par rapport à l'axe vertical de la trière:devant l'éperon les lettres OY très visibles, soulignées d'un trait horizontal d'où part l'amorce d'unecourbe qui suit le bord du flan; devant Vacrostolion une ligne ondulée; sous la ligne de flottaison, extrémité

d'une massue surmontée d'une lettre triangulaire, alpha disposée parallèlement aux lettres OY au-dessusd'elles; partant de cette ligne de flottaison, un trait oblique forme avec elle un angle de 80°: il semble venird'une fente sur le coin le plus récent.

f flan ovale, 15 mm, 2,960 g; bonne conservation; provenance: carré ΛΜ 20/22, no 241 (fig. 1).

La première frappe de cette monnaie était au type de la massue, de l'arc et ducarquois, dont il reste la partie droite, avec la légende [5Αλεξάνδρ]ου gravéeparallèlement à la corde et les lettres [Σ]Α au-dessus de la massue. Le diamètreet le poids correspondent à ceux des monnaies nos 22-23 du groupe précédent(3,071 et 2,552 g), en même temps qu'à celui des monnaies nos 25-29 de la série àla proue. L'exemplaire no 24 assure que dans les émissions aux types d'Ale-xandre, ce module s'intercalait entre les modules connus jusqu'à présent.

Avant d'étudier les conséquences qu'entraîne la surfrappe du no 24 pour leclassement et la chronologie des monnaies de Salamine, il convient de décrire lesautres exemplaires de la série:

25. Même tête d'Athéna, au visage un peu plus allongé; au revers même proue longue; -> flan légère-ment ovale, 13 mm, 2,015 g; conservation moyenne; provenance: carré ΚΛ 34/36, no 86.

26. Visage plus fin, ligne concave du nez au front; légende effacée; \ flan ovale, 13 mm, 2,213 g.usée au revers; provenance: carré IK 38/40, no 63.

27. Visage plus maigre, moins bien dessiné; proue très courte; /1 flan ovale, 13 mm, 2,351 g; bonneconservation; provenance: carré ΘΙ 40/42, no 5.

28. Visage analogue, la ligne supérieure du cimier présente des ondulations ; proue très courte, ceinturesde bordage représentées par un quadrillage;

244 NECROPOLIS OF SALAMIS II

| flan ovale, 14 mm, 2,862 g; bonne conservation; provenance: Τ 105, no 2 (fîg. 1).

29. Types semblables; proue assez courte; u? flan ovale, coin fendu à gauche, près du casque, 13 mm,

2,390 g; assez bonne conservation; provenance: Τ 24, n° 5.

30. Visage moins allongé, tête plus massive, ergot au-dessus de la visière du casque; proue longue,

bordage représenté par des lignes parallèles ;

^ flan ovale, brisé en bas à gauche, 13 mm, 1,768 g; bonne conservation; provenance: pyre W, n° 2

(% 1)·

31. Types analogues; ^ flan ovale, 12 mm, 1,457 g; conservation médiocre; provenance: surface, no 51

32. Caractéristiques analogues pour le visage; proue allongée ; f 12 mm, 1,457 g; usée; provenance:

ΛΜ 40/42, no 49.

33. Mêmes caractéristiques; long acrostolion recourbé en avant, globules aux extrémités des lettres ; f

flan ovale brisé à gauche, 12 mm, 1,581 g; conservation moyenne; provenance: ΚΛ 58/60, no 50.

L'exemplaire suivant a une légende un peu différente:

34. Même type de droit : visage mieux dessiné, aigrette plus fournie et crinière très nettement détachée

de la nuque ;

R/Même type: proue allongée, ceintures de bordage représentées par un quadrillage; mais légende

Σα(λαμινίων) dont les lettres sont à demi hors du flan et placées à hauteur du pont, alors que les lettres

ΣΑΛ des exemplaires précédents partent de l'éperon.

t 13 mm, 1,850 g; assez bonne conservation; provenance: carré ΘΙ 44/46, no 19.

Monnaies de mêmes types que les précédentes, mais dont l'état de conservationne permet pas de distinguer clairement si elles appartiennent aux émissions avecΣΑΛ ou avec ΣΑ:

35. -» flan ovale, 13 mm, 2,250 g; tenons de coulée limés; usée; provenance: carré ΗΘ 58/60, no 84.

36. ** flan ovale, 12 mm, 2,456 g; usée; provenance: carré ΛΜ 63, no 53.

37. sr flan ovale, 13 mm, 3,045 g; oxydée, très usée; provenance: pyre m' no n .

38. 77 flan ovale, 12 mm, 1,665 Z\ usée; provenance: carré IK 72, no 205.

39. -*- flan ovale, 13 mm, 1,615 g; très usée, brisée en quatre fragments; provenance: pyre u, no 3.

40. t flan ovale, 13 mm, 1,628 g; usée; provenance: carré ΚΛ, 22/24, no 190.

41. κ flan ovale, 13 mm, 1,504 g; usée; provenance: carré ΞΟ 58/60, no 9.

42. κ flan ovale, brisé en bas à droite, 13 mm, 1,995 Z\ usée; provenance: pyre u, no 2.

43. Ή flan ovale, 12 mm, 1,910 g; usée; provenance: carré ΚΛ 58/60, no 48.

44. /r flan ovale, 14 mm, 1,391 g; très oxydée; provenance: carré ΘΙ 70/72, no 231.

NECROPOLIS OF SALAMIS II 245

Autre exemplaire, à type différent au droit et sans légende:

45. Tête d'Athéna de profil à gauche, coiffée d'un casque corinthien à crinière ondulée;

R/ Proue de trière de profil à gauche; au-dessus de la ligne de pont, derrière l'ornement de proue,croissant renversé; sans légende.

AE f flan ovale, 13 mm, 1,848 g; assez usée; provenance: carré ΚΛ 22/24, n° I^7 (%· I)·

La fouille de Cellarka fournit le groupe le plus abondant des monnaies à laproue, jusqu'à présent peu représentées dans les collections1. La découverte deces bronzes à Salamine même confirme les indications de provenances et d'attribu-tions données par les publications antérieures. Le type du droit, tête d'Athéna coifféedu casque athénien, paraît salaminien: il figure sur plusieurs émissions d'Évago-ras II2. A cause de cette représentation, J.P. Six, suivi avec réserves par E. Babe-lon et G.F. Hill, a proposé de classer cette série à l'époque d'Évagoras II3. Lasurfrappe du n° 24 assure désormais que ces émissions sont effectivement sorties del'atelier de Salamine, mais qu'elles sont postérieures à celles qui ont été frappéesaux types d'Alexandre4 par cet atelier.

D'après leur poids et leur légende ces monnaies se répartissent en cinq catégo-ries:

a) monnaies à légende ΣΑΛ no s 24 et 28: 2,960 et 2,862 g, peut-être aussino 37: 3,045 g.

b) monnaies à légende ΣΑΛ nos 25-27et29: 2,015,2,213,2,351, 2,390g, peut-être aussi n°s 35-36: 2,250 et 2,450 g.

c) monnaies à légende ΣΑΑ nos 30-33: 1,718, 1,457, 1,457, 1,581 g.

d) monnaie à légende ΣΑ5 n° 34: 1,850 g.

é) monnaie sans légende, mais avec pour symbole un croissant renversé,placé au-dessus de la proue, n° 45: 1,848 g.

La différence de poids entre les séries a, b et c est difficile à expliquer seulementpar l'usure, puisque l'état de conservation, dans chaque série, est sensiblement lemême: les exemplaires sont tous lisibles. Cela indique l'existence de trois modulesdifférents pour ces monnaies de bronze aux types de la proue et à la légende ΣΑΛ.

1. On classe généralement ensemble trois séries à la proue, l'une avec ΣΑΛ, l'autre avec ΣΑ, la troisième avec lecroissant renversé. Un exemplaire des séries à légende (ici nos 15-36) au British Muséum, deux dans la collection Massy,un dans la collection Lawrence {BMC Cyprus, p. CVII, 11 et pi. XII, no 9), un à Paris (E. Babelon, Traité, II, p. 730, no193), un à Berlin (F. Imhoof-Blumer, Monnaies grecques, p. 381, no 96 et pi. G, no 21), deux autres cités par J.P. Six,Rev. Num., 1883, p. 293, no 39; un exemplaire de la série no 45 dans la collection Massy, BMC Cyprus, p. CVIII, 13 etpi. XXIV, no 17). Quatre exemplaires nouveaux proviennent des fouilles de l'Université de Lyon à Salamine.

2. Cf. ci-dessus nos 12-13.3. J.P. Six, Rev. Num., 1883, p. 292-293, nos 37-40: "Les bronzes suivants, qui portent la même tête de Pallas, sem-

blent être contemporains (des monnaies d' Évagoras II) et sont peut-être à intercaler entre Évagoras II et Pnytagoras".E. Babelon, Traité, II, p. 729-732, nos 1193-1195 les classe parmi les incertaines, car Six, Num. Chron., 189D, p. 241, étantrevenu sur leur attribution, les avait reportées à Salmacis de Carie; il ajoutait: "Je ne crois pas devoir adopter cetteattribution de Six: les bronzes dont il s'agit ont été trouvés à Chypre, leur style est chypriote, et au milieu des guerresdu temps d'Évagoras et de ses successeurs, Salamine a pu jouir momentanément de l'autonomie et frapper monnaie àson nom" ; G.F. Hill, BMC Cyprus, p. CVIII, a écarté lui aussi Salmacis de Carie et présenté la série avec les réservessuivantes: "the attribution of which to Cyprus has been disputed without good reason, although it is uncertain whetherthey belong to the reign of Evagoras II, and whether ail are of Salamis".

4. Dans la tombe 105, se trouvaient à la fois six bronzes aux types d'Alexandre et une monnaie au type de la proue.5. Classée avec les précédentes par les catalogues.

246 NECROPOLIS OF SALAMIS II

Les mêmes différences se retrouvent pour les exemplaires où la légende est illisible :

a) no 37: 3,045 g.

b) nos 35-36: 2,250 et 2,450 g.

c) nos 39_44; 1,615, 1,628, 1,504, 1,995, 1,391 g.

Le η° 37 est probablement à classer avec les monnaies de module a, les n° 35-36avec celles de b. En revanche les exemplaires nos 39-44 peuvent aussi bien se rap-porter à la série c avec légende ΣΑΛ qu'aux séries d et e qui portent l'une ΣΑ,l'autre le symbole du croissant, et qui représentent, selon le même module que capparemment, d'autres émissions au type de la proue.

VI. Monnaies à Vancre et à la bipenne (8).

46-53. Ancre avec anneaux en haut et en bas, grènetis ou trait circulaire ; R/ Bipenne.

Monnaies de bronze sans légende.

46. Branches de l'ancre très ouvertes, trait circulaire; lettre A sur la branche droite de l'ancre; aurevers, les fers de la bipenne,triangulaires, se réunissent sur une douille large; f flan ovale, 13 mm, 1,745 gîbonne conservation; provenance: pyre t, n° 13 (fig. 2).

47. Mêmes caractéristiques; trait circulaire; ^ flan ovale, 13 mm, 1,882 g; conservation moyenne;provenance: pyre X, n° 5 (fig. 2).

48. Mêmes types; <- flan épais, ovale,avec deux traits obliques sur la tranche (cf. n° 12), 14 mm, 2,720 g;bonne conservation; provenance: pyre X, n° 4 (fig. 2).

49. Branches de l'ancre plus fermées; \ flan ovale, deux traits obliques sur la tranche, 13 mm, 1,860 g;usée; provenance: pyre t, n° 8 (fig. 2).

50. Branches fermées; douille très étroite, trait circulaire; ^ flan ovale, 13 mm, 1,710 g; conservationmoyenne; provenance: pyre t, n° 7 (fig. 2).

51. Branches plus ouvertes; douille étroite; grènetis; X flan ovale, 13 mm, 1,120 g; brisée en deuxfragments recollés, mais lisible; provenance: carré ΘΙ 38/40, n° 81 (fig. 2).

52. Mêmes caractéristiques; sur la branche droite de l'ancre, un gamma Γ; ^ flan ovale, 13 mm,1,948 g; assez bonne conservation; provenance: pyre Z, n° 8 (fig. 2).

53. Mêmes types; ^ flan ovale, 16 mm, 3,066 g; très oxydée; provenance: carré ΘΙ 36/38, n° 127.

On connaissait seulement deux exemplaires de ces monnaies à l'ancre et à labipenne, tous deux trouvés à Chypre : l'un, conservé au British Muséum, provientde la collection Massy et a été publié par G.F. Hill, Nurn. Chron., 1926, p. 127, n°16; l'autre figure dans le catalogue des fouilles américaines de Courion, D.H. Cox,Coins from the Excavations at Curium, 1932-1953, NNM, 145 (1959), p. 5, no 20 etp. 931.

1. Le poids n'est pas indiqué; diamètre 14 mm.

NECROPOLIS OF SALAMIS II 247

Pour les modules, ces monnaies paraissent se grouper de la manière suivante:

a) n°s 48 et 53: 2,720 et 3,066 g, diamètre 14-16 mm.

b) nos 46, 47, 49, 50 et 51: 1,745; 1,882; 1,860; 1,710; 1,948 g, 13 mm.

c) n« 52: 1,120 g, 13 mm.

Il n'y a pas de légende. Deux exemplaires seulement, nos 46 et 52, portent au-dessus de la branche droite de l'ancre, l'un alpha, l'autre gamma. Ces inscrip-tions représentent peut-être des chiffres, à interpréter comme un nombre d'annéesou d'émissions.

L'atelier qui a frappé ces pièces et la date de leur émission sont inconnus.G.F. Hill a suggéré, mais sans en discuter, que ces monnaies pourraient dater del'époque de Démétrios Poliorcète, à qui les types conviendraient. Les fouilles deCellarka apportent, avec un nombre déjà important d'exemplaires, des indicationsnouvelles. Ces monnaies ne sont plus isolées, elles ont été trouvées dans un con-texte archéologique bien défini. Trois d'entre elles proviennent du bûcher t(nos 46, 49 et 50)1. Dans le même bûcher se trouvait aussi une monnaie d'Éry-thrées d'Ionie (pyre t, n° 32, décrite ci-dessous, n° 56). Cette monnaie est auxtypes d'Alexandre: tête d'Héraclès au droit, massue et arc dans son carquois aurevers2. La légende est EPY, accompagnée du nom d'un magistrat, [Ότ]τάλ[ου].

• · ·La magistrature de ce personnage peut être datée avec assez de précision grâce auxinscriptions d'Érythrées. Dans une liste de vente de sacerdoce,3 figure, face B, 1.11-12, un Κρατησίβουλος Όττάλου. Le nom d'Ottalos est assez rare pour qu'onpuisse proposer un rapprochement entre le monétaire et le père du citoyen qui servitde garant à la vente d'une prêtrise de Déméter Chloé. Le rapprochement desnoms et patronymes qui figurent dans les inscriptions d'Érythrées datées de 274-260 av. J.C. et sur les monnaies, permet à L. Robert de placer un groupe importantde ces monnaies vers 280-250 av. J.C.4. La monnaie d'Ottalos, s'il s'agit dupère d'un Érythréen connu vers 274-260, se placerait donc une génération aupara-vant, vers la fin du IVème s. ou au début du Même s> a v . J.C. Cette concordance fournitun élément de datation pour les monnaies à l'ancre et à la bipenne. Elle tend àconfirmer la suggestion faite par G.F. Hill, qui pensait attribuer ces monnaies àDémétrios Poliorcète à cause des types.

Pourtant dans le monnayage de Démétrios, l'ancre n'apparaît pas5. De ladouble hache, il serait à la rigueur possible de rapprocher le monogramme ^qui apparaît sur certaines émissions de Démétrios frappées à Salamine6. Maisces types évoquent beaucoup plus sûrement des réalités chypriotes. On sait par

1. Une autre dans le bûcher Ζ (no 52), avec un bronze d'Évagoras II (no 12).

2. Le début de ce monnayage est placé en 387 av. J.C. par B.V. Head, NN2, p. 578, alors qu'il avait proposéd'abord, BMC Ionia, p. CXXII, la date de 330 av. J. C. C'est la date de 330 qu'adopte avec raison E. Babelon, Traité,II, p. 1142.

3. Publiée par L. Robert, BCH, 57(1933), p. 467-481 = Opéra Minora Selecta, I, p. 455-469.

4. Opéra Minora Selecta, I, p. 463-469, en particulier, p. 468, n. 4.

5. Pour le type de l'ancre, cf. L. Anson, Numismata graeca, 1911, V, nos 579-594.

6. Qualifié de "unusual" par E.T. Newell, The Coinages of Demetrius, 1927, p. 28.

248 NECROPOLIS OF SALAMIS II

Hésychius que dans l'ancien monnayage de Chypre, le mot πέλεκυς, "bipenne",désignait les barres de métal du poids et de la valeur de dix mines, qui avaient laforme d'un fer de bipenne1. Une autre glose d'Hésychius indique d'autre partque les Chypriotes donnaient le nom de άγκυρα, "ancre", aux trioboles2. Cesdeux mots, employés par les Chypriotes pour leur monnayage, donnent la clé desdeux types figurés sur la série des monnaies de bronze décrites ici. Cette sérieest donc proprement chypriote, et n'a pas de rapport avec le monnayage de Démé-trios. L'atelier qui a frappé ces monnaies peut être déterminé par l'examen desprovenances. Il devrait être possible, en se fondant sur la glose d'Hésychiusrelative à la bipenne, de les attribuer à Paphos. Cependant la répartition destrouvailles s'y oppose, bien que les exemplaires connus soient peu nombreux.L'un a été trouvé à Chypre, sans précision, celui de la collection Massy; un autreprovient des fouilles de Courion, et huit des fouilles de Cellarka, nécropole deSalamine. Il paraît donc raisonnable d'attribuer la série à l'atelier de Salamine.Les monnaies de bronze circulaient peu en dehors des cités où elles avaient cours.La technique des flans sphériques, utilisée pour les monnaies à l'ancre et à labipenne (cf. n° 48), apparaît dans l'atelier de Salamine dès Évagoras II (cf. n° 12).L'ajustement irrégulier des coins ne contredit pas l'attribution de ces monnaies àSalamine; dans les deux groupes de monnaies précédents, aux types d'Alexandreou au type de la proue de trière, les petits modules ont eux aussi un ajustementirrégulier3. Les modules des monnaies à l'ancre et à la bipenne paraissent enoutre voisins de ceux des deux groupes en question:

Monnaies auxtvoes d'Ale-ν Y Ly V u V4- χ JLXV

xandre

a) entre 6,428et 5,480 g

b) env. 4,50 gc) entre 3,071

et 2,552 g

d) entre 1,632et 1,219 g

Rapport

approx.

2

1 1/21

1/2

Monnaies à laproue

a) entre 3,045et 2,960 g

b) entre 2,450et 2,015 g

c) d)ë) entre1,850 et 1,457 g

Rapportapprox.

1

2/3

1/2

Monnaies à l'ancre

a) entre 3,066et 2,720 g

b) entre 1,948et 1,710 g

c) 1,120 g

Rapportapprox.

1

1/2

1/3

Ces observations rendent plus vraisemblable l'attribution des monnaies avec

1. Hésychius, s.v. ήμιπέλεκκον τριμναΐον ή τετραμναΐον ή πεντάμνουν το γαρ δεκάμνουν πέλεκυς καλείταιπαρά Παφίοις; cf. la mention de πέ(λεκυς) dans l'inscription d'Idalion, O. Masson, ICS, no. 217, 1. 15.

2. Hésychius, s.v. άγκυρα* Κύπριοι δε το τριώβολον; J.P. Six, Rev. Num., 1883, p.261 et n. 1, suppose que le poidsde ces trioboles était de 1,94 g environ et ajoute: "on en conclurait volontiers à l'existence de monnaies archaïques autype d'une ancre; mais comme il n'en a pas été trouvé, il est probable que la raison de cette dénomination a été toutautre"; cf. G.F. Hill, BMC Cyprus, p. XXII; les monnaies de bronze à l'ancre sont peut-être des imitations de ces trio-boles, et ont un poids à peu près équivalent à celui que propose Six; elles rendent plus vraisemblable l'existence de cestrioboles, bien que nous n'en connaissions aucun exemplaire.

3. Cf. ci-dessus, p. 242, et n. 3.

NECROPOLIS OF SALAMIS II 249

l'ancre à l'atelier de Salamine. Du même coup, il est possible de préciser davan-tage la chronologie de la série. En 294 av. J.C., Ptolémée Ier Sôter devint défini-tivement le maître de Salamine; à partir de ce moment l'atelier de la ville a fonc-tionné sous contrôle lagide. Les monnaies dont les types, ancre et bipenne, sont

essentiellement chypriotes, ne sont pas à leur place dans un monnayage émis sousce contrôle. Elles ont donc été émises avant 294, et plus probablement à la findu IVème s. av. J.C.

VIL Monnaie au nom de Ptolémée /er Sôter (310-306 av. J.C.) (1).

54. Tête de jeune femme (Aphrodite ?) de profil à droite, parée d'un collier et de boucles d'oreilles,les cheveux entourés d'un bandeau et maintenus par un ruban au-dessus de l'oreille;

R/ Aigle de trois-quarts à gauche, debout sur un foudre, ailes déployées; légende Πτολε(μαίου).

AE t flan ovale, 16 mm, 3,994g; assez usée; provenance: carré ΗΘ 66, n° 208 (fig. 2).

Cette monnaie se place dans les années 310-306 av. J.C, pendant lesquellesPtolémée a dominé Chypre pour la première fois. R. Poole, BMC Ptolemies, p. 7,nos 59-61, puis J. Svoronos, Τα νομίσματα του κράτους των Πτολεμαίων, (1904),Ι, no s 80-82, la classent avec une série de monnaies dont le module est supérieur etqui présentent une tête de déesse couronnée et la légende Πτολεμαίου1. D.H. Cox,Coins from the Excavations at Curium, NNM, 145 (1959), regroupe de même façoncette monnaie, p. 7, n° 35, avec la série, ibid., nos 31-34. Sur la provenance exactede ces émissions, les avis ont différé. R. Poole a attribué le module le plus grandà l'atelier de Paphos, le plus petit à celui de Salamine ; Svoronos ne s'est pas pro-noncé, en les classant tous deux à Chypre simplement. D.H. Cox, o.c, p. 94-95,suppose que Ptolémée a réservé la frappe du bronze à l'atelier de Paphos, cellede l'argent (tétradrachmes) à celui de Salamine, et que par conséquent les deuxmodules à la tête de déesse proviennent de Paphos.

Il n'y a aucune raison pour supposer que Ptolémée a retiré à l'atelier de Sala-mine la capacité de frapper des monnaies de bronze. L'attribution à Salaminedes exemplaires du petit module avec Πτολε(μαίου) ne peut pas être écartée, précisé-ment à cause du détail de coiffure qui le distinque du grand module. En publiantles statères d'Alexandre qu'il classait à Salamine dans la série III (317-306 av.J.C), E.T. Newell a remarqué que sur les dernières émissions, Athéna avait lescheveux rassemblés en une grosse torsade maintenue par un ruban à hauteur del'oreille; il a retrouvé ensuite cette coiffure sur les statères frappés par Démétriosà Salamine. Cet argument lui permettait d'établir l'origine chypriote des statèresde ces séries2. Il rend en même temps plus vraisemblable l'attribution à Salaminedes monnaies de bronze caractérisées par ce détail. La découverte d'un exemplaireà Cellarka va également dans ce sens.

Le monnayage de bronze à Salamine de 332 à 294 av. J.C.

L'attribution à Salamine des monnaies avec l'ancre et la bipenne, la surfrapped'une monnaie à la proue sur une monnaie aux types d'Alexandre, et les limites

1. BMC Ptolemies, p. 7, nos 56-58; J. Svoronos, Τα νομίσματα..., nos 74-78.2. Num. Chron., 1915, p. 316; The Coinages of Demetrius, (1927), p. 29.

250 NECROPOLIS OF SALAMIS II

chronologiques, 332 et 294 av. J.C., établies pour ces émissions, obligent à réexa-miner dans son ensemble le monnayage de bronze frappé à Salamine pendant cettepériode. De ce monnayage, on ne possédait jusqu'à présent que quatre groupesdifférents. Il importe de rappeler tout d'abord ce que nous connaissons de chacund'eux.

A. Description,

1°) Monnaies aux types d'Alexandre.

E. T. Newell a montré que ces monnaies sont contemporaines de la premièresérie des tétradrachmes d'Alexandre frappés à Salamine entre 332 et 320 av. J.C.environ. La durée des émissions et la date à laquelle elles ont cessé n'est pas pré-cisée1.

2°) Monnaies de bronze aux types d'Antigone le Borgne.

Vers 316 av. J.C, selon Newell, l'atelier de Salamine a frappé une série à destypes tout à fait différents :

Bouclier macédonien avec la tête d'une Gorgone au centre;

R/ Casque macédonien entre Β et A, à gauche caducée, à droite monogrammes ^. ou . js|(

Deux modules sont connus.

Les monogrammes apparaissent sur les tétradrachmes d'Alexandre classéspar E.T. Newell dans la série III, entre 316 et 306 av. J. C.2. Deux exemplaires deces monnaies ont été trouvés à Salamine même, l'un en 1890 au cours des fouillesanglaises, l'autre en 19693. Une trentaine d'autres proviennent des fouillesaméricaines de Courion et ont été publiés par D.H. Cox, Coins from Excavationsat Curium 1932-1953, NNM, 145 (1959), p. 4-5, nos 14-17. Dans son commentaire,ô.c, p. 92-93, D.H. Cox les rapproche d'émissions semblables, frappées par Anti-gone à Tarse4 et les date de 316-310 av. J.C, en imaginant en outre une repriseéventuelle des émissions après la défaite de Ptolémée à Salamine en 306. Le typeen effet convient parfaitement à Antigone le Macédonien. La chronologie de cesmonnaies ferait supposer, selon D. H. Cox, qu'Antigone a contrôlé l'atelier deSalamine entre 316 et 310. Cette conclusion est en contradiction avec ce que noussavons de Salamine et delà politique deNicocréon, son roi,entre321 et 312av. J.C.environ. Ayant conclu alliance avec Ptolémée dès 321, Nicocréon seconda la poli-tique lagide jusque vers 312. Ce ne fut qu'à partir de ce moment, semble-t-il,qu'il entra en contacts secrets avec Antigone. Ptolémée châtia ce revirement dela manière la plus brutale et prit possession de Salamine5. Il paraît donc néces-

1. G.F. Hill, BMC Cyprus, (1904), p. 65, attribuait ces monnaies à Démétrios Poliorcète, entre 306 et 294 av. J.C.

2. The Coinages of Demetrius, (1927), p. 18-19; pour la série III des tétradrachmes, cf. Num. Chron., 1915, p. 309-312 et 315-316.

3. Note de W. Wroth dans Excavations in Cyprus 1890, JHS, 1891, p. 169: "a Macedonian régal coin of bronzestruck B.C. 279-277. It has the obverse type of a Macedonian shield ornamented with the Gorgoneion" ; fouilles derUniversité de Lyon, inv. 3524, 15 mm, 1,50 g; six autres exemplaires ont été trouvés récemment (1970).

4. D.H. Cox dans H. Goldman, Excavations at Gôzlu Kule, Tarsus, I (1950), p. 41.5. Salamine de Chypre, Testimonia, nos 317-323; cf. G.F. Hill, History of Cyprus, I (1949), p. 160-161; C. Wehrli,

Antigone et Démétrios, 1969, p. 61 et 77.

NECROPOLIS OF SALAMIS II 251

saire de revoir la datation de cette série aux types d'Antigone, qui n'a pas saplace entre 316 et 310 av. J.C.

3°) Monnaies au nom et aux types de Ptolémée 1er Sôter.

Le détail de la coiffure, la légende et la provenance rendent vraisemblableΓ attribution de ces bronzes du petit module à l'atelier de Salamine, lorsqu'il étaitsous le contrôle de Ptolémée et sous la responsabilité de son frère Ménélas, stratègede Chypre de 310 à 306 av. J.C. Il n'y a en tous cas aucune raison de refuser àl'atelier de Salamine la possibilité de frapper des monnaies de bronze pendant cettepériode.

4°) Monnaies aux types de Démétrios Poliorcète.

Démétrios, à son tour, a émis des monnaies de bronze à Salamine. SelonE.T. Newell, ces émissions correspondent à la troisième série des statères et destétradrachmes portant le nom de Démétrios, et se placent entre 300 et 294 av J .C. l :

Tête de jeune homme de profil à droite (Démétrios lui-même?) coiffé d'un casque corinthien ornéd'une tête de taureau;

R/ Proue de navire de profil à droite, au-dessus Β A.

5°) Deux groupes à classer: séries à la proue, séries à Γ ancre et à la bipenne.

Les fouilles de Cellarka montrent qu'il faut placer au cours de la même pé-riode 332-294 av. J.C. deux autres groupes de monnaies. Le premier, aux typesde la tête d'Athéna et de la proue de navire, avec les lettres ΣΑΛ, ΣΑ, était attribuéjusqu'à présent à l'époque d'Évagoras II2. La surfrappe de l'exemplaire n° 24sur une monnaie aux types d' Alexandre prouve que tout le groupe est postérieurà 332 av. J.C. Avant la fin du IVe s. ont été émises aussi les monnaies avec l'ancreet la bipenne. Quelle est la place de ces deux groupes par rapport aux groupesprécédents ?

B. Chronologie des émissions de monnaies de bronze.

Pour la période 332-294 av. J.C, nous disposons désormais de six groupes demonnaies de bronze. Trois d'entre eux sont datés avec certitude:

1. The Coinages of Demetrius, (1927), p. 25, no 20 et p. 40-41.2. Une autre émission de bronze a été classée à Salamine avec ce groupe; elle se présente ainsi:Tête d'Athéna coiffée du casque corinthien, de profil à gauche;R/ Avant-train de taureau couché de profil à gauche; sur certains exemplaires connus, à droite, la lettre Σ.

Cf. J.P. Six, Rev. Num., 1883, p. 293, nos 37-38; G.F.Hill, BMC Cyprus, p. CVIII, 12, no 75; E. Babelon, Traité, II, p.730, no 1194. Par leurs provenances, ces monnaies sont certainement chypriotes. J.P. Six a hésité pour les attribuer àSalamine ou à Soloi (o.c, p. 369); selon G. F. Hill, on attendrait sur une monnaie de Soloi plutôt les lettres ΣΟ que Σ.On peut remarquer que le type "avant-train de taureau" n'apparaît pas dans le monnayage de Salamine, sinon sur cettesérie; il est en revanche connu à Soloi (cf. en dernier lieu O. Masson, ICS, p. 221, § b). La lettre Σ d'autre part ne pa-raît pas constamment sur ces monnaies, et l'on n'en peut donc rien tirer. En revanche, l'absence d'exemplaires decette série dans les fouilles de Cellarka, où les monnaies avec ΣΑΛ sont nombreuses, suggère deux hypothèses : ou bienles monnaies à l'avant-train de taureau ne sont pas salaminiennes, ou bien elles ne sont pas de la même époque que cellesqui portent les lettres ΣΑΛ. Dans les deux cas, il est permis de n'en pas tenir compte ici pour l'histoire du monnayagede Salamine de 332 à 294.

252 NECROPOLIS OF SALAMIS II

a) les émissions aux types d'Alexandre (tête d'Héraclès, massue, arc et car-quois) commencent peu après 332.

b) l'émission qui porte le nom de Ptolémée correspond aux années 310-306,pendant lesquelles Ménélas a tenu la cité en son pouvoir.

c) les émissions où figurent la tête de jeune homme et la proue de navire deprofil à droite appartiennent à Démétrios Poliorcète et correspondent à son mon-nayage d'or et d'argent entre 300 et 294.

Pour le classement des trois autres groupes, ces dates constituent des bases solides.

1°) Le monnayage de bronze à Salamine sous Démétrios (306-300 av. J.C.).

Si l'on suit la chronologie fixée avec de bons arguments par E.T. Newell pourles monnaies de bronze de Démétrios, il subsiste une lacune dans le monnayage dece prince à Salamine: aucune émission ne lui a été attribuée entre 306 et 300 av.J.C. Pour combler cette lacune, D.H. Cox a proposé de fixer le début des émissionsà la tête de jeune homme et à la proue de navire en 306 ou peu après1. Cettehypothèse n'est pas prouvée; elle se heurte à la démonstration exactement con-traire, faite par Newell, qui a montré comment et pourquoi Démétrios a attendu300 av. J.C, après la mort de son père Antigone à Ipsos, pour adopter des typesentièrement personnels pour tout son monnayage2. Avant cette date, Démétriosn'était qu'associé à Antigone et gouvernait en son nom. Il ne serait donc pasétonnant de trouver à Salamine, pour les années 306-301, un monnayage aux typesd'Antigone.

Les monnaies de bronze aux types d'Antigone frappées à Salamine ne sont pasà leur place entre 316 et 310 av. J.C., pour des raisons historiques, nous l'avons vu.Newell les a pourtant datées de cette période, pour une raison essentiellement tech-nique: les monogrammes ^ et |sK que portent ces monnaies figurent aussi surles tétradrachmes aux types d'Alexandre classés dans la troisième série, entre 317et 306 av. J. C. Le classement de ces monnaies de bronze lui paraissait d'autantplus logique qu'il était tenté d'interpréter le monogramme |sK par le nom deNicocréon, roi de Salamine3. De fait ce monogramme ne réapparaît pas après310 sur les tétradrachmes; il ne s'ensuit pas qu'il désigne Nicocréon, ni que lepersonnage qu'il représente ait complètement disparu à partir de cette date. Lemonogramme 4 > Qui marque des tétradrachmes de la même série III d'Alexan-dre, réapparaît, lui, après 306 sur les tétradrachmes de la série III de Démétrios4.Il est donc certain que le magistrat qui employait ce monogramme a continué àexercer ses fonctions jusque vers 300, et il n'est pas prouvé que le magistrat quisignait f>K ne se soit pas trouvé dans la même situation. L'argument avancé par

1. Coins from the Excavations at Curium, NNM, 145 (1959), p. 5, no 18 et p. 93.2. The Coinages of Demetrius, p. 29-31 et 40-41; cf. C. Wehrli, Antigone et Démétrios, 1969, p. 232.3. Num. Chron., 1915, p. 310, nos 19-20 et p. 315; les monnaies royales de Nicocréon portent effectivement le même

monogramme ou les lettres NI.4. The Coinages of Demetrius, p. 24, no 17 et p. 28, où E.T. Newell souligne la présence sur les monnaies de Démé-

trios de trois monogrammes qui figuraient sur les séries antérieures à 306, argument essentiel pour les attributions qu'ilpropose; D.H. Cox, Coins from the Excavations at Curium, p. 93, a relevé elle aussi cette continuité des monogrammes.

NECROPOLIS OF SALAMIS II 253

Newell pour dater les bronzes au bouclier et au casque macédoniens de la période316-310 n'est pas fondé. En outre il ne tient pas devant les arguments historiques:Antigone n'a pas pu contrôler l'atelier de Salamine avant que son fils ait pris laville en 306 av. J. C. Les émissions qui portent son nom et ses types prennent

donc place tout naturellement dans la période qui va de la conquête de la ville àsa mort, entre 306 et 300 av. J.C., dans la période même où subsistait une lacunedans le monnayage de bronze frappé par l'atelier de Salamine. L'usage de lalégende BA sur les émissions d'Antigone comme sur celles de Démétrios à partirde 300, prend ainsi toute sa valeur : elle signifie qu'il y a entre les séries de bronzesd'Antigone et celles de Démétrios une continuité certaine1.

2°) Le monnayage au nom des Salaminiens {à partir de 332-330 av. J.C.).

Pour les monnaies de bronze aux types d'Alexandre, le seul indice chronolo-gique est la ressemblance, remarquée par E. T. Newell, entre la tête d'Héraclèsde ces monnaies et celle qui figure sur les dernières émissions du premier groupe detétradrachmes appartenant à la série I du monnayage d'Alexandre, entre 332 et320 av. J.C.2. La frappe des monnaies de bronze a donc commencé assez tôt,sinon dès l'introduction du monnayage d'Alexandre à Salamine.

L'abondance des émissions3 suppose d'autre part que la frappe s'est pour-suivie pendant une période assez longue. D'ailleurs une modification des typesfixés par Alexandre paraît possible seulement après la mort du conquérant: unetelle modification et la démonétisation que suppose la surfrappe des monnaies auxtypes d'Alexandre4, représentent un changement politique qui ne trouve sa placequ'à partir de ce moment. La fin des émissions de bronze aux types d'Alexandren'intervient donc pas avant le milieu de 323. Elle ne se situe pas non plus long-temps après cette date: la mort d'Alexandre paraît en effet l'occasion la plusfavorable pour Γ adoption de nouveaux types.

Il s'ensuit que les bronzes avec la proue de trière et la légende ΣΑΑ sont posté-rieurs à la mort d'Alexandre. Pour déterminer leur place entre 322 et 294 av.J.C, il importe de tenir compte à la fois des groupes déjà datés, des types et de lalégende.

Les groupes attribués à Ptolémée, Antigone et Démétrios occupent sans solu-tion de continuité les années 310-294. Le monnayage au nom des Salaminiensn'a pas sa place dans cette période. Les types s'opposent à toute attribution de

1. Cf. les observations de C. Wehrli, Antigone et Démétrios, 1969, p. 232, à propos des tétradrachmes frappés àDémétrias; C. Wehrli affirme, p. 231, qu' Antigone n'a jamais émis de monnaies à son nom et demeura toujours fidèleaux types d'Alexandre, sans mentionner les bronzes au bouclier et au casque macédoniens, sur lesquels les lettres BApeuvent être interprétées en Β(ασιλέως) Ά(λεξάνδρου) ou Ά(ντιγόνου), légende ambiguë où le nom d'Antigone ap-paraîtrait de manière très discrète.

2. Some Cypriote Alexanders, Num. Chron., 1915, p. 313.3. Les monnaies trouvées à Cellarka ne présentent pas de liaison de coins entre elles ni avec des exemplaires déjà

connus; étant donné l'usure de certaines pièces, il est difficile de l'assurer, mais il semble que chacune représente uncoin différent, c'est-à-dire, d'après les exemplaires que j'ai recensés, au moins dix pour les monnaies du module le plusgrand.

4. Il est également remarquable que, dans le tableau des modules donné p. 248, en face du système d'Alexandre,où les modules sont des multiples de 2, réapparaisse en partie le système chypriote qui utilise les multiples de 3.

254 NECROPOLIS OF SALAMIS II

ces monnaies à Ptolémée, à Antigone et même à Démétrios. Ils ne conviennentpas aux deux premiers, dont les types, aigle sur le foudre ou armement macédo-nien, sont fixés. En revanche, la tête d'Athéna et surtout la proue de trière pour-raient convenir à Démétrios: la proue est une représentation nouvelle dans lemonnayage de Salamine et il paraît tentant d'en attribuer le choix à Démétrioslui-même, qui a adopté ce type pour son monnayage personnel à partir de 300 av.J.C. !. Mais la proue de navire n'est pas une représentation propre aux monnaiesde Démétrios: elle symbolise une victoire navale ou la supériorité d'une flotte,quelle qu'elle soit2. Ce peut être la flotte salaminienne comme celle de Démé-trios: les navires de Pnytagoras, précisément, constituèrent pour Alexandre unsoutien très efficace dans la lutte contre les cités phéniciennes et dans la préparationde son expédition orientale3. Dès ce moment la représentation d'un vaisseausur les monnaies de Salamine était possible et justifiée. D'autre part, la têted'Athéna coiffée du casque athénien convient parfaitement à un monnayage pro-prement salaminien: c'est elle qui figurait déjà sur les monnaies d'Évagoras II4.Enfin et surtout, l'une des émissions de ce groupe porte le symbole du croissantrenversé, sans exemple dans le monnayage de Démétrios, mais utilisé à Salaminesur les monnaies frappées au nom des rois Évelthon et Gorgos5.

La légende ΣΑΛ ne conviendrait pas davantage à Démétrios, maître de Sala-mine à partir de 306 av. J.C. Le monnayage en bronze émis par ce prince porte leslettres Β Α, Β(ασιλέως) Ά(ντιγόνου). Au contraire, il y a une continuité remar-quable entre la légende ΣΑ(Λ) des bronzes aux types d'Alexandre et la légende ΣΑΛdes monnaies à la proue6. L'existence de monnayages de bronze pour Ptolémée,Antigone et Démétrios, comme aussi l'examen des types et des légendes, conduità placer le groupe des monnaies à la proue après la disparition d' Alexandre en 322et avant 310 av. J.C.

La permanence de l'inscription ΣΑΛ sur deux longues séries de monnaies debronze montre d'autre part que ces lettres ne représentent pas le nom d'un magis-trat monétaire, mais celui des Salaminiens. Il ne s'agit pas non plus d'une simplemarque d'atelier. Ce serait à la rigueur admissible pour les monnaies au nomd' Alexandre, mais on ne comprendrait pas alors pourquoi les statères et les tétra-drachmes ne la porteraient pas7. Mais l'idée d'une marque d'atelier est excluepour les monnaies à la proue, qui ont seulement cette légende, comme des monnaiesde cité. Il faut donc interpréter les lettres ΣΑΛ et ΣΑ comme Γ initiale de Σαλ(α~

1. Pour la signification de ce type dans le monnayage de Démétrios, cf. E.T. Newell, The coinages of Demetrius,p.p. 40; G.F. Hill, History of Cyprus, I, p. 172.

2. Cf. B. Baldwin-Brett, Trans, Int. Num. Congr., 1938, p. 26, à propos du symbole de la proue sur les monnaies dePtolémée qui commémorent l'installation de sa domination à Chypre, peu avant 310 av. J.C.

3. Sur le rôle de la flotte salaminienne, cf. Salamine de Chypre, Testimonia, nos 294-297 ; G.F. Hill, History of Cyprus,I, p. 148-149 et 151.

4. Cf. ci-dessus, p. 239.5. G.F. Hill, BMC Cyprus, p. LXXXVI, 7 a et n. 2 (Évelthon), p. XC, 1 (Gorgos).6. On peut se demander si la lettre triangulaire qui est gravée sous l'arc au revers des bronzes d' Alexandre, et qui

est lue généralement alpha, n'est pas en réalité un lambda qui compléterait les lettres Σ A inscrites en haut pour constituerla première syllabe de l'ethnique Σαλ(αμινίων); l'état des exemplaires que j'ai examinés ne permet pas de trancher; entous cas l'hypothèse de G.F. Hill, BMC Cyprus, p. CXIV, n. 1, qui interprète A comme l'initiale du nom d'Antigone estexclue; sur les petits modules, les lettres Σ et N sont-elles à interpréter en Σ(αλαμινίω)ν, abréviation par contraction?

7. Cf. à Paphos le monogramme composé des lettres ΠΑΦ sur les tétradrachmes, à Kition le monogrammeformé par KITI, E.T. Newell, Num. Chron., 1915, p. 303-304 et 319.

NECROPOLIS OF SALAMIS II 255

μινίων) ou Σα(λαμινίων). Nous appellerons ces émissions le monnayage desSalaminiens1.

L'ethnique sur des monnaies signifie que la cité jouissait d'une autonomie

assez grande pour marquer des monnaies à son nom. Cette remarque faite parJ.P. Six, qui attribuait le groupe des bronzes avec la proue à Évagoras II, garde savaleur. Elle se justifie même mieux à l'époque d'Alexandre qu'à celle d'ÉvagorasIL Sous Evagoras, le pouvoir royal n'a pas décliné, semble-t-il, au point que lacité de Salamine ait pu marquer des monnaies à son nom; dans la lutte qui opposaÉvagoras et Pnytagoras, la ville ne fit que changer de maître2. En revanche l'arri-vée d'Alexandre a pu être pour Salamine l'occasion de profonds changements.Les historiens ont en général supposé le contraire, en affirmant qu'Alexandre secontenta d'introduire à Salamine un monnayage d'or, d'argent et de bronze àson nom et à ses types3. Cette opinion repose en grande partie sur celle de E.T.Newell. Il constatait que Nicocréon, roi de Salamine, puis Ménélas, frère dePtolémée Ier, ont eu un monnayage d'or et d'argent, certes peu abondant, entre332 et 306 av. J.C. Il admettait que ce monnayage existât à côté de celui d'Alexan-dre pour la circulation locale, comme une sorte de libéralité accordée par le con-quérant4.

Ce sentiment n'a pas été partagé par A.R. Bellinger, pour qui c'est toujoursune contrainte que d'avoir à frapper à des types nouveaux sur un étalon nouveau5.Ce point de vue est le plus raisonnable. Les cités ou les royaumes ralliés à Ale-xandre conservaient usuellement un monnayage de petites pièces d'argent ou debronze. Ainsi existe-t-il à Byblos, à côté des tétradrachmes, de petites monnaiesd'argent avec les types des rois de Byblos et leur nom6. On pourrait donc ad-mettre facilement qu'à côté des statères et des tétradrachmes frappés par Ale-xandre à Salamine, on trouvât de telles monnaies avec le nom de Nicocréon. Maisune tolérance de ce genre paraît bien moins vraisemblable pour les statères d'oret les didrachmes de poids rhodien frappés par Nicocréon à son nom. Nicocréonserait le seul roi de Chypre et même de tout le Proche-Orient à émettre des monnaiesde valeur équivalente à celles d'Alexandre, dès 332 av. J.C.7. Les deux monnay-

1. Cf. ci-dessus, p. 253 et n. 3.2. Salamine de Chypre, Testimonia, nos 289-290; G.F. Hill, History of Cypms, I, p. 146-147; cf. les hésitations de

J.P. Six, Rev. Num., 1883, p. 292, qui pensait intercaler le monnayage avec ΣΑΛ entre les règnes d'Évagoras et de Pnyta-goras.

3. G.F. Hill, o.c, p. 152: "the only administrative change of which we hâve record is that Cyprus was made toplay its part in the huge Systems of the Alexandrine coinage".

4. Num. Chron., 1915, p. 315-316; Demanhur 1905, NNM, 29 (1923), p. 105.5. Essays on the coinage of Alexander, p. 50. De fait des monnayages royaux comme celui de Pumiathon à Kition

ont cessé à partir de 332 et n'ont repris qu'après la mort d'Alexandre en 322 av. J.C, cf. G.F. Hill, History of Cyprus,I, p. 158 et n. 3.

6. E.T. Newell, Demanhur 1905, NNM, 19 (1923), p. 122; G. Le Rider, Annuaire de Γ École Pratique des HautesÉtudes 1968-1969, p. 182.

7. Cf. le cas de Paphos où le roi Nicoclès, lorsqu' il écrivit son nom sur certaines émissions de tétradrachmes d' Ale-xandre, prit soin de le faire en lettres microscopiques: E.T. Newell, Num. Chron., 1919, p. 64-65; Newell trouvait là leplus ancien exemple d'un roi qui a placé son propre nom sur un monnayage aux types d'Alexandre, à part Alexandrelui-même et son fils Philippe III. Mais la date de ces monnaies, postérieures à 323 et la manière dont cette liberté a étéprise montrent dans quelles limites se tenaient les rois soumis (cf. J.M.F. May, The Alexander coinage of Nikokles ofPaphos, Num. Chron., 1952, p. 1-18). D'un monnayage indépendant pour Nicoclès, on ne tient comme assuré qu'undouble statère persique de Turin, cf. O. Masson, Notes de numismatique chypriote, Opuscula Atheniensia, 8(1968), p. 116-118; mais la date à laquelle cette pièce a été émise reste à déterminer.

256 NECROPOLIS OF SALAMIS II

âges se font concurrence, ils paraissent inconciliables.

Une incompatibilité du même ordre se présente d'autre part entre le monnay-age frappé au nom des Salaminiens et celui de Nicocréon. Si l'on constate que leroi de Salamine a le pouvoir de battre monnaie à son nom dans la ville, il est difficiled'accepter que simultanément à une époque qui n'est pas encore celle des royaumeshellénistiques, ses sujets ont fait de même avec des types différents et une légendepropre. Les émissions avec Σαλ(αμινίων) ont eu le caractère d'un monnayage decité sans rapport avec le monnayage royal, surtout pendant qu'Alexandre exerçaitsa suzeraineté sur ses conquêtes. Ces observations amènent à conclure que lemonnayage de la cité et celui de Nicoclès n'ont pas été émis en même temps, maisà des moments différents.

Le monnayage des Salaminiens se place, de toute évidence, d'une part sous lerègne d'Alexandre à partir de 332 av. J.C. ou peu après (types du roi de Macé-doine), et d'autre part après sa mort, pendant un certain nombre d'années (typesde la tête d'Athéna et de la proue de trière). Ce monnayage local en bronze estparfaitement conciliable avec le monnayage d'Alexandre en or et en argent. Levéritable et unique souverain est Alexandre, un souverain grec, qui paraît traiterdirectement avec une cité de tradition grecque. A la mort d'Alexandre, le choixde la tête d'Athéna, type essentiellement grec, manifeste à la fois un retour à latradition attique des rois Nicoclès (374-361) et EvagorasII (361-351) et le refus desreprésentations plus nettement chypriotes, l'Aphrodite coiffée du calathos ou lebélier. La disparition de tout signe rappelant sur les monnaies l'existence du roide Salamine, Nicocréon,1, semble indiquer un recul de la royauté salaminienneau profit de la cité salaminienne.

3°) Le monnayage de Nicocréon.

Il est difficile de déterminer la date à laquelle le monnayage des Salaminiens acessé après la mort d'Alexandre, sans poursuivre l'examen des émissions de Ni-cocréon. Ce roi est monté sur le trône peu après la soumission de Chypre au con-quérant (332) et l'introduction du monnayage d'Alexandre à Salamine. Cemonnayage, introduit en 332, a pris fin en 3062; Nicocréon a régné de 332 à 310 av.J.C, c'est dire que ses monnaies se placent certainement au cours de la mêmepériode que celles d'Alexandre. Nous avons l'impression qu'il y a incompatibi-lité entre le monnayage en or et en argent d'un roi de Salamine et celui d'Alexan-dre. Pourtant il existe des statères d'or et des didrachmes d'argent au nom deNicocréon.

En établissant ses classements des émissions d'Alexandre, E. T. Newell n'apas aperçu d'interruption dans les séries, et il en a conclu que la frappe avait con-

1. S'il faut en croire E.T. Newell, Num. Chron., 1915, p. 313 et surtour Demanhur 1905, NNM, 19 (1923), p. 105,le symbole de l'arc prend, sur les tétradrachmes et les bronzes d'Alexandre frappés à Salamine jusqu'en 320, une placesi remarquable qu'il y représenterait le symbole personnel de Nicocréon. Ce n'est qu'une impression; si elle est juste,elle ne s'oppose pas au fait que Nicocréon n'a pas eu de monnayage à types personnels pendant tout le règne d'Ale-xandre jusqu'en 320 av. J.C. ; mais le symbole de l'arc disparaît des tétradrachmes en 320, alors que Nicocréon a régnéjusqu'en 310 av. J.C.

2. E.T. Newell, The Coinages of Demetrius, (1927), p. 18.

NECROPOLIS OF SALAMIS II 257

tinué régulièrement jusqu'en 306. En effet les séries I (332-320 av. J.C. environ)et II (320-317) sont parfaitement cohérentes et associées par des liaisons de coins1.Mais la série III (317-306) est beaucoup moins homogène. Le symbole du gouver-nail, qui apparaissait sur les tétradrachmes de la série II subsiste. Il s'y ajoutedes monogrammes qui changent constamment et dont certains se retrouvent jusquesur les monnaies de Démétrios2. On distingue surtout des styles successifs. Surles statères en particulier, la tête d'Athéna est représentée avec trois coiffures diffé-rentes 3 :

a) quatre anglaises légèrement obliques ou verticales, sur les statères de lasérie III, nos 14 et 16, comme sur ceux des séries I et II (pi. XIII, et XIV, 1-3, 6 et 8).

b) trois mèches ondulées et flottantes, fortement inclinées vers la nuque,statères de la série III, nos 21, 23, 25 (pi. XIV, 12 et XV, 1-2).

c) grosse torsade maintenue sous l'oreille par un ruban, statères de la sérieIII, n° 28 (pi. XV, 5).

Ce dernier type de coiffure a été commenté par E.T. Newell, qui l'a retrouvépour la tête d' Aphrodite, sur les bronzes frappés par Ptolémée Ier entre 310 et 306av. J.C. Ce type de coiffure se retrouve seul sur les statères frappés entre 306 et300 av. J.C. par Démétrios4. On pourrait presque le qualifier de "ptolémaïque":selon Newell, le changement de style correspond à un changement dans la fabrica-tion et l'introduction de nouveaux coins est en rapport avec la prise de possessionde Salamine par Ptolémée en 310 av. J.C.5.

Newell n'a rien dit sur les deux premiers types de coiffure. Pourtant le passagedu type a au type b peut avoir autant de signification que celui des types b à c. Cechangement peut conserver la trace, lui aussi, de quelque modification intervenuedans la frappe des statères avant 310 av. J.C.

Entre le monnayage d'Alexandre en or et en argent et le monnayage en bronzede la cité salaminienne jusque vers 317 av. J.C. au moins, si l'on suit la chronologiedes émissions d'Alexandre, il n'y a pas de place pour un monnayage personnel deNicocréon. Ces émissions royales peuvent-elles trouver place entre 317 et 310?Le manque d'homogénéité qui caractérise la troisième série des monnaies aux typesd'Alexandre ne permet pas d'affirmer, comme on peut le faire pour les deux pre-mières séries, que la frappe a été continue de 317 à 306 av. J.C. Parallèlementl'existence d'une coupure dans ces émissions repose sur un argument non tech-nique: le principe de souveraineté que traduit le monnayage de Nicocréon estinconciliable avec celui que représente le monnayage d'Alexandre. Les émissionsdes statères et des didrachmes de Nicocréon pourraient par conséquent s'intercalerentre celles d'Alexandre dans les années 317 à 310 av. J.C.

Une période de sept ans paraît cependant beaucoup trop longue pour les émis-

1. Num. Chron., 1915, p. 309.2. Deux de ces monogrammes ont été étudiés ci-dessus, p. 252.3. Cf. ci-dessus, p. 243.4. Num. Chron., 1915, p. 316; The Coinages of Démet dus, p. 29.5. E.T. Newell a discerné un changement de style analogue à la fin de la série III, et il l'attribue aux modifications

qu'entraîna l'installation de Démétrios à Salamine en 306 av. J.C, cf. The Coinages of Demetrius, p. 20-21.

258 NECROPOLIS OF SALAMIS II

sions royales. Elle aurait laissé des traces nettes dans le monnayage d'Alexandre,et elle semble excessive par rapport au volume du monnayage de Nicocréon. Sesmonnaies sont peu nombreuses. Leur rareté pourrait s'expliquer par la concur-rence que leur faisait le numéraire d'Alexandre1, mais l'idée d'une telle concur-rence est en contradiction avec les principes d'autorité que représentent ces mon-nayages eux-mêmes. Une autre explication semble préférable: ces émissions ontduré peu de temps, quelques années au plus.

Dans la situation politique de Salamine et de Nicocréon entre 317 et 310, unmoment paraît particulièrement favorable pour la frappe d'un monnayage person-nel du roi de Salamine. A partir de 312 av. J.C., Ptolémée Ier s'est rendu maîtrede Chypre avec l'aide des rois chypriotes, ses alliés, et tout particulièrement aveccelle de Nicocréon. C'est Nicocréon qui fut le principal bénéficiaire de cetteconquête, recevant la possession des cités vaincues par Ptolémée, et le titre de stra-tège de Chypre en même temps que Ménélas, fils de Ptolémée, commandant del'armée lagide2. Nicocréon a pu être qualifié de "satrape" de Chypre3. Il neserait pas impossible de placer le monnayage personnel de Nicocréon au cours deces deux années où, par la grâce de Ptolémée, il fut, gouverneur de Chypre avecMénélas, entre 312 et 310 av. J.C.

La date de 312-310 trouve plus de vraisemblance encore, si l'on compare lemonnayage en or et en argent de Nicocréon et celui de Ménélas. Les monnaiesde l'un et de l'autre portent le signe chypriote pa, première syllabe de βα(σιλήος),ce qui signifie qu'ils ont porté ce titre à Chypre. Elles sont aux mêmes types:ceux qui illustraient les monnaies de Pnytagoras4. Cette identité s'explique biensi les deux séries se suivent immédiatement, ou mieux si elles sont contemporaines.Pour les dénominations, les deux monnayages peuvent être en effet complémen-taires : Nicocréon a marqué de son nom des statères, Ménélas des tiers et des dou-zièmes de statères en or, Nicocréon encore des didrachmes et des tétroboles enargent. Cette complémentarité pourrait avoir sa justification dans la situationdes deux personnages : Nicocréon était gouverneur de Chypre, Ménélas représen-tait auprès de lui Ptolémée, avec l'autorité réelle et le commandement des troupes5.

Il reste à classer le sixième groupe des monnaies de bronze, qui portent l'ancreet la bipenne. Ces types sont essentiellement chypriotes. Il n'est pas possiblede les attribuer à Ptolémée, ni à Antigone, ni à Démétrios, entre 310 et 294 av. J.C.Le groupe est donc antérieur à l'année 310. Il paraît d'autre part reprendre lesmêmes modules que le monnayage des Salaminiens, mais il s'oppose à lui par lechoix des types: cela exclut que les deux groupes aient été émis en même tempspar l'atelier. Le nombre d'exemplaires connus indique d'ailleurs que le volume

1. Cf. E.T. Newell, Num. Chron., 1915, p. 316: ce monnayage royal aurait été réservé à la circulation locale.2. Salamine de Chypre, Testimonia, no 320; cf. G.F. Hill, History of Cyprus, I, p. 159-160.3. Salamine de Chypre, nos 320 et 306: annotation au manuscrit de Paris pour Diodore, XIX, 79, 5, et Anaxarchos

dans Diog. Laërce, IX, 10, 58-59; cf. G.F. Hill, ibid.4. G.F. Hill, BMC Cyprus, p. CXIII-CXIV.5. G.F. Hill, History of Cyprus, I, p. 160; en ce qui concerne le monnayage d'or et d'argent au nom de Ménélas

βασιλεύς on peut remarquer qu'il paraît lui aussi incompatible avec un autre monnayage d'or et d'argent, celui d'Ale-xandre, dont la frappe est attestée entre 310 et 306 à Salamine; en outre on comprendrait mal que Ptolémée ait acceptépendant cette période des émissions en or et en argent de Ménélas, alors que, semble-t-il, l'atelier émettait seulement desmonnaies de bronze à son nom personnel sans l'accompagner du titre de roi (ci-dessus, no 54).

NECROPOLIS OF SALAMIS II 259

et, probablement, la durée de la frappe des monnaies à l'ancre et à la bipenneont été beaucoup moins importants que ceux du monnayage des Salaminiens.

Le choix des types chypriotes pour ces monnaies est parallèle au choix destypes royaux empruntés au monnayage de Pnytagoras pour les statères et les di-drachmes de Nicocréon. Ils semblent traduire l'un et l'autre un retour à la tra-dition royale et chypriote. D'autre part, comme les émissions personnelles deNicocréon, les émissions à l'ancre et à la bipenne ont été de courte durée. Pources raisons, il est tentant d'attribuer ces émissions à Nicocréon lui-même, entre312 et 310 av. J.C. L'année 312 marquerait le terme qu'il faut assigner du mêmecoup aux séries frappées avec le nom des Salaminiens.

260 NECROPOLIS OF SALAMIS II

L'activité de l'atelier de Salamine pour les émissions de monnaies en bronzeentre 332 et 294 av. J.C. est résumée dans le tableau suivant:

Types

I. a, b, c:D. Tête d'Héraclès

de profil à dr.R. Massue, arc et

carquoisd: mêmes

types

IL a, b, c :D. Tête d'Athénaà g. ou à dr., casqueR. proue de trièreà gauche

d : mêmestypese :

D. Tête d'Athéna à g.casque corinthienR. proue de trière

à g.III.

D. AncreR. Bipenne

IV.D. Tête d'Aphroditeà dr. avec ruban

R. Aiglesur un foudre

V.D. Bouclier macédo-nien avec GorgoneR. Casque macédo-

nien, caducéeVI.

D. Tête de jeunehomme à dr.

R. Proue de trièreà droite.

Légendes

'Αλεξάνδρουa, b et c : Σ ΑΛd: Σ-Ν

ΣΑΛ

ΣΑ

pas delégende

pas de légende

Πτολε(μαίου)

ΒΑ

ΒΑ

Nombre minimumd'exemplairesl

abc

d :

a :b :c :

d :

e :

5+1 12 + 1 ^ + 73 J

- 2

3 + 544

1 + 1

1 + 1

8+2

1 + 5

— 37

— 37

Modules

abc

d

abc

d

e

a .bc

un

: env. 6,00 g: 4,500: 3,00

: 1,40

3,00: 2,300: 1,700

1,850

1,850

env. 3,001,800

: 1,120

L à Salamineun autre à Paphos

deux

deux?

1. Ce recensement n'est pas exhaustif: il comprend du moins les exemplaires connus par les catalogues de mon-naies trouvées à Chypre et publiées dans les grandes collections. Lorsque deux chiffres sont indiqués, le premier donnele nombre des exemplaires trouvés à Cellarka.

NECROPOLIS OF SALAMIS II 261

Dates

proposées

de 332 à 322av. J.C.

322 - 312?

312 - 310?

310 - 306

306 - 300

300 - 294

Observations

Cf. pour le droit,série I des tétradrachmesd'Alexandre

Un exemplaire surfrappésur une monnaie dutype précédent

Symbole du croissantrenversé

Types chypriotes

Même type de coiffureque sur la série III destétradrachmes d'Alexandre

Mêmes monogrammes quesur la série III des tétra-drachmes d'Alexandre

Mêmes types que dans lasérie III de Démétrios

Émissions en or et

en argent

Statères et tétradrach-mes d'Alexandre,série I (332-320)

Série II(320-317)

Série III(317 - 312?)

Monnayage personnelde Nicocréon (et deMénélas?)(312 - 310?)

Série III continuée(310 ? - 306)

Monnayage deDémétrios Poliorcète

Types personnels deDémétrios Poliorcète

262 NECROPOLIS OF SALAMIS II

VIII. Monnaie de Ptolémée 1er Sôter (295-292 av. J.C) (1).

55. Tête d'Alexandre de profil à droite, portant un diadème surmonté de la trompe d'éléphant sur lefront.

R/ Aigle de trois-quarts à gauche, debout sur un foudre, ailes déployées; à gauche, le long du bord,[Πτο]λεμαίου, dans le champ fa (fig. 2).

AE f flan ovale, 19 mm, 6,282 g; fortement oxydée; provenance: carré ΘΙ, n° 76.

Cette monnaie appartient à une série connue, Svoronos, Τα νομίσματα...,(1904), I, n o s 157-163, pi. VIII, 10-12. Plusieurs exemplaires ont été trouvés dansles fouilles de Courion, D. H. Cox, Coins from the Excavations at Curium, NNM,145 (1959), p. 7-8, n°s 37-39. R. Poole, BMC Ptolemies, p. VIII, et B. Baldwin-Brett, Trans. Int. Num. Congr., 1938, p. 26, n. 2, attribuent cette série à un atelierchypriote. On pourrait penser à Salamine. Ces monnaies portent pour symboleun aplustre, et B. Baldwin-Brett a proposé d'y reconnaître la commémoration de lareconquête de Chypre par Ptolémée; elles datent par conséquent des années 294-291 av. J.C. (cf. D. H. Cox, o.c, p. 94-95).

IX. Monnaies d'ateliers non chypriotes (5).

a) Érythrées d'Ionie.

56. Tête d'Alexandre de profil à droite, coiffé de la peau de lion.

R/ Massue et arc dans le carquois; en haut, horizontalement Έρυ(θραίων), en bas [Ότ]τάλ[ου] enarc de cercle, partie supérieure des lettres seule visible. AE -> 10 mm, 1,680 g; conservation moyenne;provenance: pyre t, n° 32 (fig. 2).

La date de cette monnaie a été discutée ci-dessus, à propos de la série à l'ancreet à la bipenne. Le nom du magistrat est assez rare pour que soit justifié un rap-prochement avec un Κτησίβουλος Όττάλου connu par une inscription de 274-260av. J.C. l Cela permet de placer la monnaie à la fin du IVème s. ou au tout début duIHème s> av> J.C.

b) Magnésie du Méandre.

57. Tête de profil à gauche, portant une couronne de laurier.

R/ Avant-train de taureau galopant à droite ; à gauche méandre, en haut Μαγ(νητών) ; trait circulaire.

AE Κ flan brisé en haut à droite et en bas à gauche, 12mm, 0,825 §î bonne conservation; provenance:Τ 97, no 8 (fig. 2).

58. Tête féminine de profil à gauche, portant un diadème, les cheveux ramassés en chignon sur la nuque

et maintenus par une résille.

R/ Avant-train de taureau galopant à droite; à gauche méandre; en haut traces de lettres Μαγ(νητών).

AE ^r flan épais, 10 mm, 1,418 g; excellent état; provenance: pyre t, n° 46 (fig. 2).

1. L. Robert, Opéra Minora Selecta, I, p. 463-469; pour "Οτταλος, cf. R. Miinsterberg, Die Beamtennamen iiberdiegriech, Munzen, 1927, p. 91 {Num. Zeit., 5, 1912, p. 27).

NECROPOLIS OF SALAMIS II 263

Ces deux monnaies ont des types de droit et des modules différents. L'identi-fication est assurée par la figure du taureau, le méandre et la légende (G.F. Hill,BMC Ionia, p. 160, nos 17-18 et pi. XVIII, no 7). Pour la date du no 58, le lieu detrouvaille est particulièrement significatif: dans le bûcher (pyre t) se trouvaientaussi plusieurs monnaies à l'ancre et à la bipenne, nos 49, 50, 52, et la monnaied' Érythrées n° 56, que Ton peut dater de la fin du IVème s. av. J.C.

c) Soloi de Cilicie.

59. Tête d'Athéna de profil à droite, coiffée d'un casque athénien à double crinière ondulée.

R/ Grappe de raisin; traces d'une légende circulaire [Σολέων] en bas.

AE .-* 12 mm, 1,830 g; assez usée; provenance: carré ΛΜ 12/14, n° 175 (fig. 2).

Les monnaies de bronze aux types d'Athéna casquée et de la grappe de raisinl

correspondent à des monnaies en argent aux mêmes types. Ces émissions succè-dent au monnayage d'étalon persique émis par Soloi au Vème s. av. J.C, et sont lesplus récentes de cet atelier. Selon G.F. Hill, elles se situent entre 385 et 333 ouplus tard, selon E. Babelon elles commencent à partir de 350 av. J.C. Elles parais-sent appartenir à la seconde moitié du IVème s. av. J.C, si l'on considère les exem-plaires trouvés dans les fouilles : de Cellarka, du même carré, mais à une profondeurmoindre, provient une monnaie aux types d'Alexandre, n° 23; à Tarse, un exem-plaire fut découvert dans un contexte hellénistique tardif2.

d) Mallos de Cilicie Ί

60. Tête imberbe de profil à gauche, les cheveux tenus par une couronne ou un bandeau.

R/ Cygne de profil à gauche; en haut traces de trois lettres, dont une lettre triangulaire, peut-être A.

AE -> flan brisé en bas; 13 mm, 0,933 g; conservation médiocre; provenance: pyre T, n° 5 (ûg. 2).

Le cygne caractérise le monnayage de plusieurs cités d'Asie-Mineure: Leukéd'Ionie, Clazomènes, Mallos de Cilicie3. Aucune des représentations connues necorrespond exactement à celle de la monnaie présentée ici. Le type du droit n'ap-paraît pas davantage dans les émissions de ces villes, sauf peut-être dans celles deLeuké d' Ionie4. Ce qui reste de la légende oriente plutôt vers Mallos, qui gravaitle plus souvent sur ses monnaies MAP, ΜΑΛ ou MA. Cependant, d'après lesclassements établis par Imhoof-Blumer, les séries de Mallos avec le cygne se placententre 425 et 385 av. J.C.5, dates qui paraissent trop hautes pour un monnayage debronze6.

1. G.F. Hill, BMC Cilicia, p. 150, no 34 et pi. XXVI, no 9.2. D.H. Cox, dans H. Goldman, Excavations at Gôzlu Kule, Tarsus, 1(1953), p. 77, nos 268 et 269, ce dernier hors

stratigraphie; ce que l'auteur appelle "late hellenistic Unit" comprend des monnaies datées de Séleucos 1er (294-280 av.J.C.) à Alexandre Bala (152-144 av. J.C); un autre exemplaire à Courion, D.H. Cox, Coins from the Excavations at Cu-rium, NNM, 145 (1959), p. 22, no 167, avec l'indication "fourth century B.C."

3. Imhoof-Blumer et O. Keller, Tier-und Pflanzenbilder auf griechischen Mu'nzen und Gemmen, 1889, pi. VI, 11-18.4. Tête d'Apollon lauré à gauche, R/ cygne aux ailes déployées de profil à gauche, BMC Ionia, p. 157, nos 2-6.5. Annales de numismatique, 1883, p. 103-107; Num. Zeit., 16 (1884), p. 281; cf. G.F. Hill, BMC Cilicia, p. CXX-

CXXVI.6. Cf. ci-dessus, p. 249.

264 NECROPOLIS OF SALAMIS II

X. Monnaie impériale romaine (1).

61. Buste d'empereur diadème de profil à droite, portant un manteau attaché sur l'épaule droite parune fibule; légende circulaire, à gauche DNVAL --V—: grènetis.

R/ Victoire ailée, en long vêtement flottant, vers la gauche, bras droit levé, bras gauche en arrière;dans sa main droite une couronne; ligne de sol; grènetis; légende circulaire: Securi[tas RJeipublicae; enexergue ANTA.

AE f 13 mm, 0,972g; bonne conservation; provenance: pyre g, n° ι (fig. 2).

Monnaie de Valentinien ou de Valens (364-367 ou 367-375 ap. J.C.) portantla marque de l'atelier d'Antioche, cf. R.A.G. Carson et J.P.C. Kent, Late Romanbronze Coinage, 1965, IIème partie, p. 100, nos 2653-57 et 2658-65.

Liste des monnaies indéchiffrables (par provenance) :

Carrés :n o s 119

171176242

Ε,

S,X,

nos

n°n o s

Pyres :45

237

11

t, ηos 3

3436

Tombes :T 4,

18,60,67,84,

107,

n°n°n°n°n°n°

71108 c6530

Les monnaies de Cellarka apportent des informations importantes pour l'his-toire de l'atelier de Salamine et celle de la cité. Probablement avant la fin du Vème

s. av. J.C, l'atelier a frappé des pièces d'argent minuscules (nos 2-5 et 7), commed'autres cités grecques ou phéniciennes, Arados et Byblos en particulier. La mon-naie n° 6 appartient probablement aux émissions contemporaines du roi Évanthès,entre 450 et 430 av. J.C.

Les renseignements sont plus nouveaux encore pour le monnayage du IVe s.av. J.C. La monnaie n° 8 confirme qu'il a existé des émissions du roi Nicoclès(374-361) dont le type était un avant-train de Pégase. Les séries d'Évagoras II(361-351) s'enrichissent d'émissions en argent qui montrent peut-être une hési-tation entre l'étalon persique et l'étalon rhodien (nos 9-11). Cette ambiguïté dupoids des petites dénominations facilitait certainement les opérations de change.Dès cette époque, l'atelier de Salamine employait des flans sphériques pour lamonnaie de bronze, n° 12; cette technique se retrouve pour les émissions suivantesdu IVème s., n°48. La monnaie n° 14 est d'un type nouveau, semble-t-il, dans lemonnayage d'Évagoras II: un avant-train de lion couché à droite, tête levée etpattes allongées.

A partir des séries bien représentées d'Alexandre le Grand, nos 15-23, desSalaminiens, nos 24-45, de Nicocréon (?), nos 46-53, et de Ptolémée Ier Sôter, n° 54,le classement des émissions de bronze faites à Salamine entre 332 et 294 av. J.C,est possible ; il est en correspondance précise avec tous les changements politiquesconnus dans cette période. Les modules et le choix des types apparaissent plusclairement. Pour l'histoire de Salamine, plusieurs conséquences en découlent:l'existence d'un monnayage au nom des Salaminiens assure que Salamine, sous

NECROPOLIS OF SALAMIS II 265

Alexandre et probablement jusqu'en 312 av. J.C., a eu un statut de cité grecque,affranchie dans une certaine mesure du pouvoir royal. Le monnayage personnelde Nicocréon se trouve limité aux années 312-310, semble-t-il, période au cours delaquelle Ptolémée Ier a accordé au roi une autorité et des privilèges exceptionnels.L'importance de ces avantages apparaît comme une sorte de restauration de lamonarchie salaminienne traditionnelle. Elle a pour antithèse le châtiment que Pto-lémée infligea à Nicocréon, qui voulait se libérer complètement de sa tutelle. Mais ladomination lagide, manifestée probablement par des monnaies (n° 54), ne fut dé-finitive qu'après l'épisode démétriaque: de 306 à 294 av. J.C., l'atelier de Sala-mine a frappé aux types d'Antigone et de Démétrios Poliorcète, avant de devenirpour plusieurs siècles un atelier ptolémaïque.

Les monnaies trouvées dans la nécropole se répartissent de la manière suivante:

Tableau I

Monnaies de l'atelier deSalamine

Dates

Vème s. av. J.C.Nicoclès(374-361)

Évagoras II(361-351)

Salaminiens :- types d'Alexandre(332-322)

- types de la proue(322-312?)

Nicocréon(312-310?)

Ptolémée Ier Sôter:- (310-306)- (294-291)

(atelier chypriote)

AR

7

3

AE

1

3

9

22

8

1

1

Monnaies étrangères

Dates

secondemoitié

oufin du

JVème

s. av.J.C.

Érythrées, Magnésie, Soloi, Mallos?(monnaies de bronze)

1 2 1 1

Bas-Empire romain 1 (Antioche)(364-375 ap.)

Tableau IIClassement des provenances par époque :

Monnaies :Vème

Tombe 37Tombe 89Tombe 60

s.511

ARARAR

Nicoclès(374-361)

Carré IK42/44 1 AE

Évagoras(361-351)

Tombe 60Tombe 113Bûcher ΖBûcher SCarré IK

66/68

II

12111

ARARAEAEAE

Alexandre(332-322)

Tombe 105Tombe 76Carrés

ΓΔ 46/48ΛΜ 12/14

61

11

AEAE

AEAE

266 NECROPOLIS OF SALAMIS II

Salaminiens(322-312)

Tombe 105Tomb 24Bûcher m'Bûcher WBûcher UCarrésSurface

11112

151

AEAEAEAEAEAEAE

Nicocréon(312-310)

Bûcher Ζ 1Bûcher t 3Bûcher X 2Carrés 2

?

AEAEAEAE

Ptolémée(310-306)Carré

ΗΘ1 AE

1er sôter(294-291

CarréΙΘ

1 AE

Étrangères(fin IVe

BûcherTombeBûcherCarré

s.)t 297T

. Romaine(364-375)AE Bûcher1 AE g1 AE 1AE1 AE

Tableau III

Tombes et bûchers où se trouvaient plusieurs monnaies de typesdifférents :

Tombe 60

Tombe 105

Bûcher Ζ

Bûcher t

1 AR Vème s. (?)1 AR Évagoras II

6 AE Alexandre1 AE Salaminiens

1 AE Évagoras II1 AE Nicocréon (?)

(ancre et bipenne)

3 AE Nicocréon (?)1 AE Érythrées1 AE Magnésie du Méandre

II ressort de ces tableaux qu'un petit groupe de monnaies d'argent, répartiesdans trois tombes, date du Vème s. av. J.C. Une autre monnaie est totalement isolée;elle date du Bas-Empire romain: sa présence dans un bûcher paraît accidentelle.Les petites pièces de bronze d'Ionie et de Cilicie indiquent sans doute que des gensoriginaires de ces régions sont venus à Salamine vers la fin du I V ^ s . 1 . Le plusgrand nombre des monnaies de Salamine trouvées à Cellarka se placent précisé-ment à cette époque, entre 332 et 310 av. J.C. (cf. tableau I). Elles montrent,comme les monnaies étrangères qui leur semblent contemporaines, que cette partiede la nécropole de Cellarka a été largement utilisée pendant cette période troubléede Γ histoire salaminienne, au moment même où fut dressé, non loin de là, le bûcherfunéraire de Nicocréon.

1. Ces monnaies de bronze attestent la circulation des personnes; peut-être s'agit-il de mercenaires? Les merce-naires d'Ionie et de Cilicie sont nombreux dans les armées d' Alexandre et des diadoques, cf. M. Launey, Recherches surles armées hellénistiques, 1949, p. 428-429 et 476-477.

NECROPOLIS OF SALAMIS II 267

10

W Ψ:

11 12

13 14 16

17 19 24

28 30 45

fig. 1. Monnaies trouvées dans la Nécropole de Salamine (Cellarka).

268 NECROPOLIS OF SALAMIS II

46 47 48

49 50 51

52 54 55

AT*

56 57 58

59 60 61

fig. 2. Monnaies trouvées dans la Nécropole de Salamine (Cellarka).