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Etude qualitative des effets de la communication patient-praticien en ostéopathie Mémoire qualitatif Rédigé et présenté par Maxime BERTRAND mars/2016 Sous la tutelle de : Cédric GARCION Ostéopathe D.O Et la co-tutelle de : Lomig BRUNET Ostéopathe D.O

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Etude qualitative des effets de la communication patient-praticien en

ostéopathie

Mémoire qualitatif

Rédigé et présenté par Maxime BERTRAND mars/2016

Sous la tutelle de : Cédric GARCION Ostéopathe D.O Et la co-tutelle de : Lomig BRUNET Ostéopathe D.O

REMERCIEMENTS

Mes premiers remerciements s’adressent à Cédric GARCION et Lomig BRUNET, qui ont toujours

été disponibles et à l’écoute. Je leur suis très reconnaissant du soutien et des conseils éclairés qu’ils

m’ont apportés pour la rédaction de ce mémoire.

Je remercie aussi Olivier MERDY pour son implication et ses conseils avisés.

Je souhaite également remercier mes parents, ma sœur, et ma tante qui m'ont été d'une aide

précieuse.

Je témoigne ma reconnaissance aux praticiens volontaires qui ont participés à cette étude.

Enfin, je souhaite remercier Monsieur Stéphane NIEL, directeur d’IDHEO Nantes, pour

l’enseignement dispensé à l’école. J’y ai beaucoup appris et je souhaite dans les mois qui viennent

mettre à profit l’ensemble des connaissances et savoir-faire acquis.

Table des matières

1- INTRODUCTION ................................................................................................................ 1

1.1 Présentation générale ...................................................................................................... 1

1.2 Question de recherche ..................................................................................................... 4

2- MATERIEL ET METHODE .................................................................................................... 5

2.1 Partie descriptive ............................................................................................................. 5

2.2 Matériel utilisé pour les recherches bibliographiques ....................................................... 5 2.2.1 Méthodes choisies pour les recherches bibliographiques .................................................. 6

2.3 Partie qualitative .............................................................................................................. 6 2.3.1 Population sélectionnée et recrutement ............................................................................ 6 2.3.2 Réception des données ....................................................................................................... 7 2.3.3 Analyse des données ........................................................................................................... 8

3- RESULTATS ..................................................................................................................... 10

3.1 Partie descriptive ........................................................................................................... 10 3.1.1 Les différentes approches ................................................................................................. 10 3.1.2 Effets d’une communication patient thérapeute manuel................................................. 26 3.1.3 Synthèse ............................................................................................................................ 29

3.2 Partie qualitative ............................................................................................................ 31 3.2.1 Importance de l’observation ............................................................................................. 38 3.2.2 Notions de qualités humaines ........................................................................................... 39 3.2.3 Les techniques de communication .................................................................................... 40 3.2.4 La communication en lien avec le rétablissement du patient .......................................... 41 3.2.5 Balance bénéfice / risque de la relation patient thérapeute ............................................ 42

4- DISCUSSION ................................................................................................................... 44

4.1 Les conséquences de la relation d’aide ........................................................................... 44

4.2 Les outils relationnels de l’Ostéopathe ........................................................................... 45

4.3 Limites de l’étude ........................................................................................................... 46

4.4 Perspectives de recherches futures ................................................................................. 47

5- CONCLUSION .................................................................................................................. 49

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................................. 51

ANNEXES .....................................................................................................................................

LISTE DES ABREVATIONS

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

HAS : Hautes Autorités de Santé

PNL : Programmation Neuro Linguistique

ACP : Approche Centrée sur la Personne

CNV : Communication Non-Violente

CCK : Cholécystokinine

PET : Tomographie par Émission de Positrons

IRM : Imagerie par résonance magnétique

LISTE DES FIGURES

Figure 1: La pyramide des besoins, Maslow. 1943.............................................................................10

Figure 2: Les 6 attitudes de Porter, (Porter, 1996)………….................................................................15

Figure 3 : Modèle de la pyramide......................................................................................................16

Figure 4: Exemple de morphotype de visages (Ras, 2007)................................................................20

Figure 5: Les mouvements oculaires en PNL vus de l'observateur...................................................22

Figure 6 : Exemple de synchronisation non-verbale entre deux individus…………………………………….23

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : mots clés utilisés...............................................................................................................6

Tableau 2 : Exemple de codage...........................................................................................................9

Tableau 3 : Exemple d'élaboration de catégories...............................................................................9

Tableau 4 : Exemples de canaux sensoriels......................................................................................21

AVERTISSEMENT

Les citations tirées des entretiens sont en italiques dans la partie 3.2 du mémoire.

Par ailleurs, elles ont été rédigées en conservant le contenu et la forme écrits dans les transcriptions.

Un minimum de ponctuation est ajouté pour des questions de lisibilité. Afin de ne pas porter un

jugement sur le niveau de la langue des personnes concernées, il faut tenir compte du contexte

émotionnel qui n’apparaît pas dans les écrits mais qui a pourtant été très présent, il s’agit d’un

langage oral.

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1- INTRODUCTION

1.1 PRESENTATION GENERALE

"Le meilleur moyen d'assurer une bonne communication c'est l'écoute, la compréhension et l'action

partagée." (Ordonnance pour grands leaders, Didier Court ,19 mars 2013).

Afin de performer dans une communication, il faut d'abord connaître son interlocuteur, s'accorder

avec lui et ensuite avancer ensemble vers un but commun.

QUELQUES DEFINITIONS

La communication est une conduite psychosociale visant à transmettre une information par l'emploi

du langage, des gestes, des attitudes ou des mimiques. Elle existe à partir du moment où il y a

contact avec autrui, d'ailleurs on ne peut ne pas communiquer (Keller, 2007).

L’importance du langage non verbal a été mise en évidence par Albert Mehrabian chercheur à

l’Université de Californie (UCLA). Sur la base de deux études effectuées en 1967, Mehrabian prétend

que l'impact du langage du corps peut être mesuré précisément. L'individu est jugé de trois façons

différentes :

7% Langage verbal

38% Langage para verbal

55% Langage non-verbal

Beaucoup de consultants s’appuyant sur ces résultats, prétendent que le langage du corps a

toujours plus d'impact que le message lui-même. Cependant, les chiffres de Mehrabian ont été

déclarés “exagérés et suspects” par des spécialistes du langage non verbal, tels que Judee Burgoon,

David Buller, et Gill Woodall. L’adage : « ce n’est pas ce que vous dites qui compte ; c’est la manière

dont vous le dites » constitue selon ces spécialistes une moitié de vérité. Leur examen de plus de

100 études a démontré que les recherches de Mehrabian minimisent l’importance des mots.

L’impact relatif du langage non verbal et verbal dépend beaucoup du contexte de l’entretien. En

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effet, le degré de persuasion nécessaire influe considérablement l’impact des deux différents types

de langage sur une présentation. Par exemple, lors d’une présentation importante (argumentaire,

conférence…) la répartition des sources d’impact s’inverse. Le langage du corps passe de 55 %

d’impact à 32 %, le ton de la voix de 38 % à 15 % et le message (les mots) passe de 7 % à 53 %

d’impact (Mehrabian, 1967; Burgoon, 1966).

LE LANGAGE :

Verbal : La communication verbale passe par la parole. D’un point de vue ethnologique, la

communication verbale est un ensemble de sons émis dans le but d’établir une communication avec

autrui (Vion, 2000).

Para verbal: Le para verbal est une composante de la communication non verbale qui permet

d’envisager ce qui est relatif à la voix, tout en excluant une analyse sémantique.

Les études traitant du para verbal s’intéressent au ton, à l’intonation, au rythme d’un énoncé. Mais

aussi aux pauses, c’est-à-dire aux périodes de latences entre les mots (Abric, 1999).

Non verbal: désigne dans une conversation tout échange n'ayant pas recours à la parole. Le langage

du corps ne repose pas sur les mots, mais sur les gestes, les attitudes, les mimiques ou les odeurs,

(Cosnier, 1984).

Lors d'une communication, l'apparition d'émotion ou de sentiments d'au moins un des individus

engendre une "relation". Cette dernière permet une communication avec plus d'impact, de

sentiment de compréhension et donc de confiance.

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- L'OSTEOPATHIE:

Thérapie qui consiste, dans une compréhension globale du patient, à prévenir, diagnostiquer et

traiter manuellement les dysfonctions de la mobilité des tissus du corps humain, susceptibles d'en

altérer l'état de santé. D'après l'OMS, l'ostéopathe est autorisé à pratiquer des manipulations ayant

pour seul but de prévenir ou de remédier à des troubles fonctionnels du corps humain, à l'exclusion

des pathologies organiques qui nécessitent une intervention thérapeutique, médicale, chirurgicale,

médicamenteuse ou par agents physiques. (Décret et arrêtés n° 2007-435 du 25 mars 2007 relatifs

aux actes et aux conditions d’exercice de l’ostéopathie).

OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

Les objectifs de la recherche sont de connaître et comprendre les différentes techniques de

communication qui peuvent avoir une influence sur l'évolution d'une pathologie après un

traitement ostéopathique. Nous nous intéresserons à différents thèmes comme les techniques de

communication (hypnose, PNL, management...), l'effet placébo et la prise de conscience du patient

sur la cause de sa douleur.

Une étude quantitative nous permettrait de connaître le pourcentage d'ostéopathes qui

reconnaissent utiliser des techniques de communication ayant une influence sur la guérison du

patient.

Dans cette recherche, on tente d'identifier des techniques de communication verbales et non

verbales qui ont un impact sur le bon rétablissement des patients. C'est pourquoi une étude

qualitative avec des interviews de praticiens D.O serait la plus adaptée.

QU'EST-CE QUE LA RECHERCHE QUALITATIVE ?

La recherche qualitative ne cherche pas à quantifier ou à mesurer, elle consiste le plus souvent à

recueillir des données verbales (plus rarement des images ou des sons) permettant une démarche

interprétative.

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Cette méthode permet aussi d’explorer les émotions, les sentiments des personnes interviewées,

ainsi que leurs comportements et leurs expériences personnelles. Elle peut contribuer à une

meilleure compréhension du fonctionnement des sujets et des interactions entre eux. A ce titre, la

recherche qualitative est particulièrement adaptée à la recherche dans le monde médical et

paramédical, car elle permet un abord plus élargi de la compréhension de la santé et des

déterminants des soins.

Dans un premier temps, il convient de faire le point sur le sujet, c'est pourquoi la première partie

de ce mémoire traitera des différentes approches de la communication. Dans un second temps,

nous étudierons la méthodologie mise en œuvre pour cette étude, ainsi que l'analyse des résultats,

et enfin, nous pourrons en faire une interprétation.

- LA THEORIE ANCREE :

Ce principe de recherche est opposé aux principes de recherches « habituels » dans le sens où les

recherches ne se font pas à partir d’hypothèses déjà posées qui seront étudiées et analysées par la

suite. En effet, le principe est de récolter des données pour identifier des éléments, qui serviront

ensuite à formuler des théories. La récolte et l’analyse des données se fait simultanément tout au

long de l’étude permettant de dégager une théorie ou de répondre à une question de recherche

préalablement posée.

Cette démarche semble adaptée à notre étude qui vise à étudier l'expérience personnelle des

praticiens quant à la communication avec leurs patients. (Thomson, 2011).

1.2 QUESTION DE RECHERCHE

Quelle est l’importance de la communication lors d'une prise en charge ostéopathique et quels

outils sont utilisés ?

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2- MATERIEL ET METHODE

2.1 PARTIE DESCRIPTIVE

Pour cette partie descriptive, nous avons repris le même type de méthodologie que dans les revues

de littérature. Il paraissait important d’effectuer une partie descriptive, concernant les différentes

approches en psychologie concernant la communication.

2.2 MATERIEL UTILISE POUR LES RECHERCHES BIBLIOGRAPHIQUES

Les sources utilisées pour la partie bibliographique proviennent des sites et bibliothèques suivants

:

Pubmed : principal moteur de recherche de données bibliographiques de l’ensemble des

domaines de spécialisation de la biologie et de la médecine,

Nantilus : site de recherche de la bibliothèque universitaire de Nantes,

Sudoc : ensemble des bibliothèques universitaires françaises,

Scholar Google : site de références bibliographiques,

Has-santé : site de recommandation de bonne pratique professionnelle,

Bibliothèque de l’institut des Hautes Etudes Ostéopathiques de Nantes.

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2.2.1 METHODES CHOISIES POUR LES RECHERCHES BIBLIOGRAPHIQUES

Afin d'élargir les recherches, nous utilisons des mots clés principalement en anglais, car les sites de

recherches sont internationaux.

Mots clés concernant la

communication

Mots clés concernant

l'effet placebo

Mots clés concernant

l'ostéopathie

Suggestion effect Placebo Osteopathic treatment

Relationship Placebo effect Manual therapy

Optimisation Self healing Pain

Tableau 1 : mots clés utilisés

2.3 PARTIE QUALITATIVE

2.3.1 POPULATION SELECTIONNEE ET RECRUTEMENT

"La communication patient-thérapeute" reste une partie de la consultation en ostéopathie qui n'a

été que très peu étudiée. Les données sont en général subjectives, c'est pourquoi j'ai fait le choix

de réaliser un mémoire de type qualitatif.

Le but de ce mémoire est de savoir si certains facteurs de communication ont une influence sur

l'état du patient ; on se heurte à certaines questions concernant l'effet placebo et les techniques

d'influences (suggestion, induction).

Afin d'avoir un éventail de réponses assez large, il fallait sélectionner des ostéopathes avec un

minimum d'expérience dans le rapport soignant-soigné. C'est pourquoi, sur les quatre ostéopathes

interrogés, deux ont quinze années de pratique et deux autres quarante années de pratique. J'ai

pris contact avec ces ostéopathes de profils différents (écoles, pratiques, formations

supplémentaires,...) et réalisé des interviews sur leurs expériences personnelles.

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2.3.2 RECEPTION DES DONNEES

Après un premier contact téléphonique ou par mail avec les différents ostéopathes, nous nous

sommes donné rendez-vous à l'école ou dans leur cabinet afin de réaliser les Interviews. Ces

dernières ont été enregistrées sur un dictaphone puis analysées et retranscrites.

Le questionnaire est divisé en trois parties et, composé de questions ouvertes (le praticien est libre

de répondre ce qu'il souhaite, cependant je peux intervenir pour orienter la discussion dans un

domaine particulier) :

La première partie du questionnaire, à visée administrative, avait pour but d'obtenir des

renseignements sur le praticien interrogé :

L'ostéopathe est-il un homme ou une femme ?

La tranche d'âge dans laquelle le praticien se situe,

Quelle formation initiale à-t-il / elle suivi(e) etc.

Ensuite, afin de comprendre à quelle catégorie de praticiens ils appartiennent, les questions se sont

orientées sur l'Ostéopathie : quel type de formation ont-ils suivie, de quelle école sont-ils diplômés,

quelles formations complémentaires éventuelles, depuis quand ont-ils débutés leur activité

professionnelle ? Je leur ai également demandé s'ils utilisaient un type de technique ostéopathique

particulière : le tissulaire, le structurel, et/ou le fonctionnel, etc.

La deuxième partie, plus spécifique, concerne la façon dont se déroule une consultation d'un point

de vue relationnel. C'est-à-dire, quelles observations font-ils de leurs patients, utilisent-ils des

techniques de communications, quel langage (verbal, non verbal, para-verbal) exploitent-ils le plus

?

Enfin, la dernière partie concerne d'avantage une ouverture sur ce que peut apporter la relation

patient-thérapeute (effet placebo, effet nocebo), et les éventuels outils à disposition (la confiance,

l'empathie, la bienveillance...)

La possibilité d’adapter l’interview en fonction de son interlocuteur constitue l’intérêt qualitatif de

ce mémoire. Bien que le sujet et le squelette des interviews soient semblables, ces dernières ont

évolué au fur et à mesure de l'avancée du projet.

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2.3.3 ANALYSE DES DONNEES

Dans une étude qualitative, il est nécessaire de retranscrire les interviews pour procéder à une

analyse des données recueillies avec l'intégration de mémos. Par la suite nous définissons des codes

et des catégories qui permettent d'obtenir des résultats (Thomson, 2014).

Codes : Le codage de données consiste à fournir un code à un segment de texte. Ligne par ligne nous

allons attribuer un code (Girardin, 2014) afin d'identifier l'idée que l'intervenant laisse entendre

(voir Tableau 2).

Une fois toutes les retranscriptions codées, nous avons recours aux catégories.

Catégories : Elles découlent directement des codes. L'ensemble des codes qui expriment une idée

commune sont rassemblés en "concepts". Il s'agit réellement de comprendre et de faire des liens

entre les idées recueillies par les codages et les phénomènes étudiés. (Paillé, 1994; Thomson et al.,

2013), (voir tableau 3).

Mémos : Il s'agit de messages enregistrés ou rédigés par le chercheur juste après les entretiens. Ils

permettent d'avoir une donnée sur l'ambiance générale de l'interview ou des signes qui ne passent

pas à l'enregistrement (langage non verbal, gestuelle, etc.).

Les diagrammes : Une fois les catégories définies, on a recours aux diagrammes. Ces derniers

permettent de mettre de relation les différentes catégories et ainsi de préciser le cheminement de

l'interprète dans l'analyse des données (Charmaz, 2006).

La saturation théorique : En étude qualitative, le recueil des donnés se fait jusqu'à un point de

saturation, c'est-à-dire, à partir du moment où il n'y a plus de nouvelles idées obtenues lors des

recherches, et par conséquent plus de nouvelles catégories. Cependant, cette notion de saturation

est controversée car subjective. Pour être plus objectif, nous parlerons de suffisance théorique

(Thomson, 2011).

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Exemple :

Tableau 2 : Exemple de codage

Tableau 3 : Exemple d'élaboration de catégories

Retranscription d’entretiens Codage ligne par ligne

"La place de la communication est énorme. En effet, Je

pense que l’on accorde jamais assez d'importance à la

compréhension des attentes du patient vis-à-vis de sa

santé."

Intérêt de la communication dans la

compréhension de la santé du

patient.

"L'aspect verbal prime lors de la première rencontre

("bonjour" tout simplement), puis lors de l'anamnèse."

Segmentation verbal/non

verbal/para verbal

Codes Catégories

L’importance de la communication

Lien communication/ santé

Lien attitude/ effet placebo

La communication est utile dans le

rétablissement du patient, c'est une

source d'effet placébo/ nocebo.

Point de vue global

Adaptabilité aux patients

Ressentir/ percevoir

Importance de l'observation

générale lors d'une séance

d'ostéopathie

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3- RESULTATS

3.1 PARTIE DESCRIPTIVE

Afin d'avoir une idée globale du sujet, nous allons présenter la communication en expliquant le point

de vue de plusieurs spécialistes dans ce domaine.

3.1.1 LES DIFFERENTES APPROCHES

D'après Maslow, l'homme peut exercer une action après avoir réalisé certains besoins :

Figure 1: La pyramide des besoins, (Maslow, 1943).

Accomplissement

Estime

Socialisation

Sécurité

Survie

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Survie : besoins physiologiques : manger, boire, dormir…

Sécurité : besoins de sécurité : protection morale et physique…

Socialisation : besoins de socialisation : amitié, affection, échange…

Estime : besoins d’estime : respect de soi, considération, prestige…

Accomplissement : besoins d’accomplissement : réalisation personnelle…

Les besoins sont hiérarchisés. Un besoin nouveau (supérieur) n'émerge que lorsque les besoins

inférieurs ont été relativement satisfaits (Maslow, 1943).

- Le docteur Thomas Gordon, dans les années 1950, a mis au point une approche de la

communication dite non-violente (C.N.V.), et peut faire référence aux besoins de MASLOW.

La méthode est basée sur un postulat simple : celui de la « satisfaction mutuelle des besoins ». En

effet, si j’ai un problème que je ne peux pas exprimer, ou si l’autre à un problème non-exprimé, ou

que je ne l’écoute pas, nous ne pourrons pas avoir une vraie communication.

Le principe va donc être :

De provoquer la confrontation des besoins : ils peuvent être d’ordre factuel ou d’ordre émotionnel.

D’éviter les « messages à risques » qui sont de douze types : ordre, menace, morale, sermon, conseil,

critique, flatterie, apaisement, analyse, jugement, question et ironie (Gordon, 1996).

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- Carl Rogers, psychologue humaniste américain, à l'origine de l'Approche Centrée sur la Personne

(ACP) met l'accent sur la qualité de la relation entre le thérapeute et le patient (écoute empathique,

authenticité et bienveillance). C'est ce qu'il a appelé : La non directivité.

Dans cette approche, le thérapeute se doit d'être un exemple d'authenticité pour son patient (pour

signifier au patient qu'il est, lui aussi, un être humain). Il doit donc y avoir correspondance exacte

entre l'expérience et la prise de conscience, selon les termes de Rogers congruence (cohérence)

entre le Moi-Idéal et le Moi-Vécu du thérapeute, le premier se référant aux conceptions idéales de

soi, et le Moi-Vécu au vécu.

La verbalisation consiste en la répétition ou la reformulation des éléments clés d'une problématique

exprimée par un patient.

L'empathie : le thérapeute est capable de comprendre une situation non pas depuis son propre

cadre de référence, mais depuis celui de son patient.

La chaleur (ou considération positive, bienveillance), l'important est l'accueil inconditionnel du

patient. Le thérapeute se voit adopter une attitude humaine, chaleureuse et bienveillante quel que

soit le profil du patient.

Bien plus que des concepts à appliquer, les trois dimensions Rogériennes sont des savoir-être et

savoir-faire pour le thérapeute ou le conseiller. Ces trois dimensions semblent avoir une importance

particulière dans la relation soignant/soigné car elles favorisent une communication positive.

- Elias Porter (1914 - 1987) est dans la mouvance de Carl Roger. Il prône la non-directivité dans les

interventions d'accompagnement. Comme lui, il imagine la possibilité d'entrer dans la pensée

d'autrui dès lors que l'on est en phase. D'autres diront que l'on se synchronise, et pousseront l'idée

à l'extrême dans la gestuelle et l'énonciation verbale (cf. la programmation neuro-linguistique).

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Elias Porter contribue à définir le profil de la personne "empathique", soit celle qui a une "écoute

bienveillante". Il a identifié 6 grandes familles d’attitudes auxquelles nous avons spontanément

recours dans nos relations interpersonnelles : évaluation-jugement, interprétation, soutien-

encouragement, investigation-enquête, suggestion-conseil-ordre, compréhension.

La typologie des attitudes de Porter vise à valoriser la "personne empathique", capable de

témoigner d'une compréhension de l'expérience émotionnelle, en l'occurrence d'une souffrance,

sans chercher à conseiller, recommander, émettre des avis, suggérer des apaisements, enquêter sur

des motivations ou des contradictions ou toute autre considération.

Cette classification fait donc émerger les effets pouvant être ressentis par le patient lors d'une

communication empathique au cours de sa prise en charge.

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Effets positifs Effets négatifs

1) Evaluation-Jugement

Légitimité, compétence,

intention claire et partagée.

Donner des points de repère

pour être rassuré ou identifier

des points de progrès.

Sentiment d’infériorité,

inhibition, culpabilité,

dissimulation, angoisse,

révolte, agressivité (défense

– justification – accusation)

2) Interprétation

Si l’interprétation est exacte :

le sentiment d’être compris.

Si l’interprétation est fausse

(projective) : étonnement,

irritation, blocage,

désintérêt, sentiment de ne

pas être compris.

3) Soutien-encouragement

Se sentir soutenu dans la

difficulté, redonner envie de

se battre.

Dépendance, refus de

prendre des responsabilités,

protection, surprotection.

4) Investigation-enquête

L’enquête neutre (centrée sur

lui) est perçue par l’autre

comme une aide, elle l’aidera

à expliciter son problème, à se

clarifier. L’enquête orientée

(centrée sur soi), si elle est

comprise dans son intention

(faire réfléchir l’autre pour

son développement), elle

sera perçue comme une aide.

Sentiment d’être pressé de

questions, de subir un

interrogatoire, d’être

manipulé.

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Effets positifs Effets négatifs

5) Suggestion-conseil S’il y a légitimité,

compétence, intention claire

et partagée alors, l’attitude

de décision pour donner un

axe pertinent d’action sera

considérée comme efficace et

favorable au progrès.

Réactions de dépendance :

impression qu’il doit choisir

cette solution (même s'il ne

pressent pas de résolution

au problème) ; impression

d’être éconduit car il n’y a

pas d’aide effectivement

reçue, simplement une

pression d’exécution ; perte

d’autonomie.

6) Compréhension

La confiance en soi, la prise de

responsabilité favorisent la

liberté d’expression, la

communication proche,

l’authenticité, la clarification

(centrage sur les émotions :

peur, joie, colère, tristesse),

et l’élucidation. Aider l’autre à

prendre conscience de la

difficulté avec un effort pour

le résoudre seul, de manière

autonome.

Mal comprise par l’autre

cette attitude peut être un

faux ami, qui donne

l’impression d’une

validation de sa pensée et

de ses actes ; manipulation

mentale.

Figure 2: Les 6 attitudes de Porter, (Porter, 1996).

Une fois les grandes approches dans les relations d'aides décrites, Il est intéressant de préciser les

étapes de la communication. La première est l'observation, et pour cela la morphopsychologie peut

apporter des informations à l'ostéopathe sur l'aspect psychologique de son patient.

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- La morphopsychologie :

La morphopsychologie est une discipline scientifique qui étudie les relations entre la forme du visage

et la personnalité. C'est un outil qui permet d ‘accéder à la réalité de son interlocuteur : ses besoins

et motivations, son mode de fonctionnement (par exemple son canal sensoriel dominant : visuel,

auditif ou kinesthésique). La morphopsychologie permet de mieux comprendre son interlocuteur,

ses réactions, son comportement.

En morphopsychologie, le visage s’analyse selon 10 concepts. Chaque concept correspond à un

choix (inconscient). La personnalité est la superposition de ces choix Mais certains choix (les

premiers) sont plus importants que d’autres… La pyramide (figure 3) synthétise ces différents

éléments.

Figure 3 : Modèle de la pyramide

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- Dilatation/rétraction

La dilatation est le développement d’un volume dans toutes les directions, comme un ballon. Un

visage dilaté tend donc à être plutôt rond et ouvert. Le dilaté est un extraverti infatigable. Il

s’intéresse à tout et recherche surtout les plaisirs et la facilité. Ses qualités sont surtout l’ouverture

et la spontanéité. Ses défauts sont l’avidité et le conformisme.

La rétractation, c’est le mouvement inverse, un retrait qui produit en général un allongement. Un

visage rétracté aura donc tendance à être plus long plus et plus ramassé que large. Le rétracté est

un introverti hypersensible. Il s’intéresse beaucoup à sa vie intérieure, a besoin de solitude, de recul

et de temps. Ses qualités sont généralement la rigueur, la maturité et le contrôle. Ses défauts sont

plutôt la froideur, voire la dureté.

- Concentré/réagissant

Chez le concentré, le cadre est dilaté (large), mais les récepteurs sensoriels (yeux, nez, bouche) sont

rétractés (petits, en retrait et centré au milieu du visage). Il s’intéresse en général à son univers et à

ses biens. Il a besoin avant tout de sécurité et d’appartenance. Ses qualités sont son côté travailleur,

concret et organisé. Ses défauts, la possessivité ou la méfiance, un côté têtu et une certaine lenteur.

Le réagissant s’intéresse beaucoup à la nouveauté, à l’insolite. Il a besoin avant tout de changement,

de stress, de nouveauté. Il cherche d’abord et avant tout à s’amuser, à séduire et à profiter de la

vie. Ses qualités sont la gaieté, la gentillesse et l’adaptabilité. Ses défauts sont la superficialité et la

dispersion.

- Rétracté Latéral/frontal

Un profil rétracté latéral est incliné, en diagonale, aérodynamique avec, souvent, une mâchoire en

avant et un petit front. Le rétracté latéral est un fonceur, il est intéressé par ce qui bouge, change,

évolue. Voilà pourquoi ce dont il a besoin avant tout c’est de liberté, d’espace, de projets. Ses

qualités sont le dynamisme, l’autonomie et la rapidité. Ses défauts sont l’instabilité, l’immaturité

ou la fuite.

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Un profil rétracté frontal est (quasi) vertical, redressé, avec souvent un grand front. Le rétracté

frontal est un contrôleur, il est intéressé par les faits, les chiffres, l’argent. D’où son besoin

extraordinaire de stabilité et de sécurité : maîtriser les choses, les gens lui sont indispensables. Ses

qualités sont généralement le sang-froid et l’efficacité. Ses défauts sont assez logiquement la

froideur, la lenteur, voire la méfiance.

- Tonicité/atonie

La tonicité d’un visage s’exprime par des formes carrées et anguleuses avec des récepteurs

sensoriels horizontaux ou montants. Une personne tonique a tendance à vouloir décider, contrôler,

et diriger. Elle a besoin de difficultés, d’obstacles pour se sentir existée. Ses qualités sont son côté

décideur, volontaire, combatif. Ses défauts sont son aspect agressif, égoïste ou rigide.

L’atonie, à l’inverse, s’exprime par des formes molles, allongées, arrondies (ovales) et des

récepteurs sensoriels mous et tombants. Une personne atone a tendance à attendre, suivre,

dépendre, voire à se laisser porter. D’une certaine manière, on peut même lui prêter une certaine

passivité : elle a besoin d’être prise en charge, dirigée et rassurée. Ses qualités vont de la gentillesse

à l’altruisme en passant par l’écoute. Son côté indécis, mou, peureux et lent représente son

principal défaut.

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- Les 3 étages

L’étage instinctif (qui correspond aux jambes) comprend toute la mâchoire jusqu’à la base du nez.

L’instinctif privilégie le corps. Pour lui, vivre signifie percevoir des sensations physiques (par le biais

de la sexualité, du sport, de la gastronomie…) Voilà pourquoi il ne croit que ce qu’il voit ou, mieux,

ce qu’il touche. Ses qualités sont un très haut degré l’énergie, la joie de vivre, la spontanéité,

l’authenticité, le naturel. Ses défauts sont la dépendance, l’avidité ou l’absence de limites. Les

métiers qui l’attirent sont : chef d’entreprise, artisans, sportifs, gestionnaires…

L’étage relationnel (qui correspond au tronc) concerne toute la zone allant du nez (dans son entier)

jusqu’aux sourcils. Le relationnel donne priorité au cœur. Le plus important pour lui : communiquer,

échanger des idées, exprimer ses sentiments. Il a surtout besoin d’aimer, d’être aimé et ne supporte

pas l’indifférence. La solitude l’ennuie ou le détruit. Partager des émotions vraies, voilà ce qui le

remplit de joie. Ses qualités : une grande gentillesse, beaucoup d’ouverture, une grande tolérance

et de la souplesse. Les métiers qui l’attirent : commercial, journaliste, publicitaire…

L’étage cérébral (qui correspond à la tête) englobe tout le front, des sourcils à la racine des cheveux.

Le cérébral ne pense qu’à sa tête. Penser, réfléchir, imaginer, concevoir, apprendre, s’informer,

découvrir… Tels sont ces maîtres-mots. Au point qu’il lui arrive parfois de négliger son corps et ses

besoins physiques. Ses qualités sont un très haut niveau d’intelligence, sa précision, sa mémoire,

son self-control. Ses défauts sont à chercher du côté de l’orgueil et de la volonté de pouvoir. Il a

parfois un complexe de supériorité qui l’entraîne à vouloir dominer ceux qui l’entourent.

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Le dilaté, extraverti

Le rétracté, introverti

Le concentré

Le réagissant

Le rétracté latéral

Le rétracté frontal

Tonicité

Atonie

Etage instinctif

Etage relationnel

Etage cérébral

Figure 4 : Exemple de morphotypes de visages (Ras, 2007).

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- La Programmation Neuro-Linguistique:

Elaborée par Richard Bandler et John Grinder dans les années 1970, aux États-Unis, la PNL est un

outil permettant d'établir une meilleure communication en comprenant notre propre mode de

fonctionnement et celui de notre interlocuteur. Il s'agit d'une méthode de psychologie, nous nous

intéresserons ici surtout aux techniques de communication.

Cet outil est décrit en plusieurs étapes :

L'observation :

Chaque individu possède son propre type de représentation sensorielle, qu'il s'agisse de

représentation visuelle, auditive, ou kinesthésique (Perception consciente de la position et des

mouvements des différentes parties du corps).

Lors d'une communication verbale, il est possible de déceler quelle représentation sensorielle est

susceptible de dominer chez votre interlocuteur en écoutant/observant son langage.

Selon la prédominance de représentation sensorielle de notre interlocuteur, ce dernier emploiera

des mots en rapport avec son fonctionnement.

VISUEL AUDITIF KINESTHESIQUE

Exemple 1 :

Je vous comprends

Je vois ce que vous

voulez dire

J'entends bien ce

que vous dites

Je sens ce que vous vous

voulez dire

Exemple 2 :

Quelle est votre

conclusion sur cette

situation ?

Comment voyez-

vous les choses ?

Je vous écoute, que

pouvez-vous dire

de tout ça ?

Comment ressentez-vous

cette situation ?

Tableau 4 : Exemples de canaux sensoriels

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Mais, l'observation du comportement joue également un rôle dans la communication par PNL et

Bandler et Grinder ont également souligné l'importance de l'observation comportementale comme

outil de compréhension de l'autre.

C'est ainsi qu'en observant la position des yeux d'une personne qui fait appel à ses souvenirs, on

peut savoir à quel type de représentation sensorielle elle fait appel.

Figure 5 : Les mouvements oculaires en PNL vus de l'observateur

Il serait intéressant de savoir si les praticiens interviewés se servent de ce genre de techniques pour

rendre leurs communications efficaces.

Cette première étape est primordiale pour la phase suivante, non seulement parce que le praticien

à la capacité de bien cerner son patient, mais obtient également des informations (conscientes ou

inconscientes) sur l'aspect psychologique du patient notamment grâce la posture, les expressions

de visages, l'état général du patient.

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La synchronisation :

Il s'agit d'une imitation de son interlocuteur.

La synchronisation verbale : adapter son registre verbal à celui de son interlocuteur en utilisant des

tournures, des structures de phrases, des expressions propres au registre utilisé par l’interlocuteur.

La synchronisation verbale consiste aussi à montrer à l’autre, la quantité de notre écoute par la

reformulation qui permet de s’assurer que l’on a bien compris.

La synchronisation non verbale est comparable à la synchronisation verbale, en observant les

éléments non verbaux de la communication d’un interlocuteur, on va tenter de reproduire de façon

intelligente (imitation), afin de créer une situation de communication harmonieuse qui permet le

développement d’une relation de confiance.

Elle concerne la posture, les mouvements du corps, les expressions du visage, la façon de respirer.

Elle conduit à une relation de proximité, confiance, compréhension réciproque, ce qui entraîne une

communication efficace.

Figure 6 : Exemple de synchronisation non-verbale entre deux individus

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L'ancrage :

Chaque personne possède des références à des évènements positifs ou négatifs qui sont « ancrés

» : des mots, des images, des gestes. Cette étape consiste, soit à capter ces références pour s'en

resservir à un autre moment, ou alors à en créer.

Exemple : lorsqu'on ressort d'une communication positive et que l'un des interlocuteurs pose sa

main sur l'épaule de l'autre. Lors de la prochaine rencontre, la réalisation de ce même geste recréera

inconsciemment le même état d'esprit positif que lors de la dernière rencontrer (Lassus, 1999).

- L'hypnose Ericksonienne :

Pour le psychiatre Milton Erickson (1980), il s’agit d’un mode de fonctionnement psychologique

dans lequel un sujet, grâce à l’intervention d’une autre personne, parvient à faire abstraction de la

réalité environnante, tout en restant en relation avec l’accompagnateur. Le but de cette méthode

est d'amener conscient et inconscient à travailler ensemble pour déclencher les changements utiles

à la résolution du problème.

Les outils cités dans le paragraphe parlant de la PNL découlent des techniques d'hypnose.

(Observation, synchronisation/Mirroring, ancrage/ressources), (Godin, 1992).

- La psychologie Lacanienne :

Il s'agit d'un type de psychanalyse semblable aux psychanalyses de Freund, elles différent

majoritairement par la durée des séances (environs 45 minutes pour une séance freudienne, contre

environ 20 minutes pour une séance lacanienne).

Ce genre de psychologies s'intéressent à l'inconscient, et ont pour objectif de réduire la souffrance,

de dénouer les conflits psychiques d'ordres relationnel, ainsi que les angoisses. Les traitements sont

effectués par l'intermédiaire de la parole, et de l'analyse des lapsus et des rêves.

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Cependant, il est important de préciser qu'une psychanalyse Lacanienne est de l'ordre de

l'expérience personnelle. Elle n'est donc pas adaptée à la prise en charge de troubles psychologiques

graves.

On peut en déduire, que l'intérêt d'avoir des connaissances sur ce genre de pratique peut amener

plus facilement à une compréhension globale du patient. C'est-à-dire que l'ostéopathe peut

éventuellement faire des liens de causalité entres les troubles fonctionnels retrouvés et une origine

psychosomatique par exemple.

- Les groupes Balint :

Il s'agit d'un rassemblement d'une dizaine de professionnels de santé qui ont chacun des

responsabilités thérapeutiques. Le sujet de ces réunions tourne autour d'un cas clinique au sein

duquel la relation soignant-soigné pose problème. Ces réunions sont animées par une ou deux

personnes qui ont une formation en psychanalyse.

Lors de ces rassemblements un point d'honneur est mis sur l'inconscient ce qui est un moyen

d'élucidation grâce à la présence de l'analyste, et sur la dynamique de groupe (interaction entre les

participants).

Les intérêts d'un groupe balint :

Réfléchir à ce qui se joue entre le soignant et le soigné et accéder à une meilleure perception des

rôles dans lesquels la relation peut nous placer.

Parler des difficultés et succès de sa pratique, pour identifier ses compétences, partager ses

ressources et mettre en commun ses doutes.

Déposer ses émotions et les identifier, différencier ses attentes professionnelles de ses attentes

personnelles.

Développer ses capacités d’écoute et d’empathie et tenter de diminuer les difficultés relationnelles

rencontrées dans sa pratique.

Evoluer dans la durée, découvrir son style, prendre conscience des obstacles répétitifs vécus dans

la relation de soin.

Faciliter le rôle du soignant au quotidien, diminuer son stress et préserver son plaisir d’exercer son

métier (Herzlich, 1984).

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3.1.2 EFFETS D’UNE COMMUNICATION PATIENT THERAPEUTE MANUEL

Effet placebo : (du latin « je plairai »). Il s’agit des processus mis en place chez le patient suivant sa

perception d’un acte thérapeutique. Ces processus induisent de véritables effets cliniques

observables, comme la sédation de la douleur suite à l’administration d’un faux traitement

médicamenteux ou physique (Finniss, 2010).

Effet nocebo: (du latin « je nuirai ») est classiquement décrit comme l’effet inverse du placebo.

Il s’agit donc de l’apparition d’effets indésirables imputables au contexte du soin et non au

traitement en lui-même. Une réponse nocebo serait due uniquement aux attentes du patient ou à

une communication négative du soignant (donc sans traitement factice), (Häuser & al., 2012).

- Expérience :

Un essai clinique, portant sur 262 patients atteints du syndrome du côlon irritable, a cherché à

identifier les différentes composantes du placebo. Cet essai a comparé trois groupes de malades :

un groupe contrôle sans traitement, un groupe bénéficiant d’un soin d’acupuncture placebo (avec

des aiguilles rétractables, ne pénétrant pas la peau) et enfin un dernier combinant ce soin avec une

communication positive du soignant.

Cette relation faisait intervenir l’attention, la confidence, la réassurance et les silences respectueux.

Au bout de trois mois, les patients rapportèrent un soulagement significatif dans respectivement 28

%, 44 % et 62 % des cas. L’accompagnement du soignant a grandement potentialisé l’efficacité d’une

technique, pourtant factice. Cette étude nous permet de prendre conscience de l’efficacité que peut

avoir l’effet placebo lorsqu’on associe les différentes composantes afin d’élaborer un contexte le

plus favorable possible : utilisation d’une technique de soin, environnement (lieu), une

communication thérapeutique adaptée (Kaptchuk & al., 2008).

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EFFETS NEUROPHYSIOLOGIQUES DU PLACEBO

A l’heure actuelle, deux types de réponses neurologiques sont bien identifiées :

- Il s’agit de la sécrétion des neurotransmetteurs opioïdes endogènes (comme l’endorphine,

inhibiteur du signal douloureux). Il a été démontré qu’une réponse placebo pouvait être en partie

ou entièrement expliquée par une libération d’opioïdes endogènes par le système nerveux.

Plusieurs méthodes ont été utilisées : injection de naloxone (antagoniste des opioïdes), injection de

cholecystokinine ou CCK (inhibiteur de l’antalgie opioïdique), neuro-imagerie (PET, IRM

fonctionnel). Les résultats de ces études montrent que l’administration d’un antalgique placebo

active les régions du cerveau responsables de la sécrétion de ces neurotransmetteurs. A l’inverse, il

a été montré que l’effet nocebo inhibe ces mécanismes et active la sécrétion de CCK via une

augmentation de l’anxiété, ce qui facilite la transmission de la douleur (Finniss, 2010).

- L’autre type de réponse est celui activant les zones responsables de la sécrétion de dopamine. Ce

versant a notamment été étudié chez les patients souffrant de la maladie de Parkinson, caractérisée

principalement par une dégénérescence de ces zones (locus niger, faisceaux negro-striés). L’effet

placebo permet une amélioration de leurs capacités physiques mais de manière très transitoire.

EFFETS PSYCHOLOGIQUES DU PLACEBO

Au début du XXème siècle, Hippolyte Bernheim parle de suggestion. Elle se définit comme étant

l’acte par lequel une idée est éveillée dans le cerveau, et acceptée par lui.

Cette hypothèse est donc basée sur l’influence intentionnelle que peut avoir un praticien sur l’esprit

et le corps des malades par le simple biais de son intention et de sa volonté de guérir.

En exemple, nous pouvons prendre l’expérience personnelle du pharmacien Emile Coué (fondateur

français de l’autosuggestion) : « Une femme vient me voir, l’air désespéré. Très malade, elle souffre

énormément et me demande de lui fabriquer un remède bien précis qui, dit-elle, la soulagera. Je

consulte le Codex et le répertoire Dorvault et constate qu’il m’est interdit de composer cette potion.

Je le lui dis et elle repart très déçue. Le lendemain, elle revient me voir et me supplie d’accéder à sa

requête. Sa souffrance paraît telle qu’il m’est impossible de lui opposer un nouveau refus. Je vais

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dans mon laboratoire et lui verse un peu d’eau distillée aromatisée dans un petit flacon. Je lui donne

la potion en lui disant de faire attention car la dose était très efficace mais pouvait être dangereuse.

Huit jours plus tard, elle revient me voir pleine de gratitude : elle était guérie ! » Suite à ses

différentes expériences, il élabora la méthode Coué de suggestion consciente et méthodiquement

conduite « Vous allez voir, ceci vous fera beaucoup de bien… ».

Dicter passivement au patient la suite des évènements est rassurant pour ce dernier. Grâce à la

confiance établie préalablement, le sujet estime que la sincérité du thérapeute est authentique. Il

n’a plus de doute et matérialise inconsciemment les idées suggérées par le praticien. Plus le degré

de persuasion du médecin est optimum, plus le degré de réceptivité du malade est grand. Le

consentement volontaire coexistant chez le patient et le praticien encourage alors le phénomène

de suggestion.

Toutefois, pour que ce phénomène de suggestion soit entièrement curatif, il a été démontré,

quelques années plus tard, qu’il doit être renforcé par une attente positive du patient. Le désir et

l’espoir de guérir conduisent régulièrement au déclenchement de l’effet placebo ; on dit souvent

que les gens qui désirent vivre, qui ont la foi, sont ceux qui survivent le plus souvent aux maladies

dites « incurables ».

Nous pouvons donc conclure que la suggestion est une attente positive du patient sur l’amélioration

de son état et que cette attente d’efficacité est liée à la confiance qu’il a dans le thérapeute.

Néanmoins, cette suggestion ne doit pas être interprétée de la même manière que la persuasion ou

l’émotion qui, elles, auront dans certains cas des effets négatifs sur le malade.

(Leray, 2010).

LA COMMUNICATION POSITIVE

Prenons l’exemple d’un médecin qui choisit au hasard, dans sa clientèle, 200 patients avec des

symptômes divers. Il sépare ses malades en deux groupes. Le premier groupe fait l’objet d’une

consultation dite "positive" où il établit un diagnostic et les rassure efficacement en leur certifiant

qu’ils se rétabliront très vite. Au second groupe, il dit : "je ne suis pas certain de savoir ce dont vous

souffrez, et si vous n’allez pas mieux dans quelques jours revenez me voir". Au bout de deux

semaines, 64% des patients du premier groupe ont vu leurs symptômes diminuer contre seulement

39% dans l’autre groupe (L’effet placebo le pouvoir de guérir, FECTEAU, 2005).

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Cette étude prouve donc que même l’action placebo sans placebo existe bien et que le moteur le

plus important dans l’effet placebo est le médecin lui-même. L'exemple ci-dessus parle de relation

entre un médecin généraliste et son patient. En ostéopathie des explications claires et rassurantes

sont nécessaires.

3.1.3 SYNTHESE

Nous avons vu qu'il existe différentes approches, on peut les résumer de la façon suivante. Afin de

réaliser ses besoins, l'homme communique avec ses semblables pour les informer ou exercer sur

eux une certaine influence. En somme, la communication est un ensemble de messages visuels,

auditifs, ou kinesthésiques envoyés d'un émetteur à l'attention d'un récepteur. Bien entendu il y a

plusieurs types de communication possibles, ici nous sommes dans une approche thérapeute-

patient (relation d'aide), c'est donc les communications "positives" qui nous intéressent, nous les

nommerons "communications efficaces".

Si l'on résume, les différentes approches évoquées ci-dessus, pour que la communication soit

positive, il faut que les interlocuteurs répondent chacun à leurs besoins (relation gagnant-gagnant).

D'après les spécialistes, les qualités primaires dont un bon communicateur doit faire preuve sont

l'empathie (savoir se mettre à la place de son interlocuteur pour imaginer ce qu'il peut ressentir),

et la bienveillance (savoir accueillir son interlocuteur sans avoir de jugement sur lui). Une fois ces

prédispositions acquises, il semble que l'influence engendrée par une communication est plus

performante en ayant réalisé une observation globale de son interlocuteur, en faisant preuve de

synchronisation (mirorring), et en se servant de techniques d'ancrage, mettant ainsi en jeu

l'inconscient de l'interlocuteur dans le but d'obtenir des émotions (ces dernières aideraient le

patient à prendre conscience des troubles fonctionnels et ainsi de commencer à intégrer l'idée de

l'amélioration de ces troubles). Il semblerait que le contexte (lieux, communication), dans lequel le

soin est prodigué, apporte un aspect psychologique sur le patient, pouvant avoir des effets positif

ou négatif sur l'évolution des symptômes décrits par le patient. En outre, la communication positive,

et l'intention de soigné qu'a le thérapeute sur son patient ont des mécanismes psychologies et

neurophysiologique sur l'apparition d'un effet placébo.

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Pour faire le lien entre les techniques de communication, l'effet placebo et les séances

d'ostéopathie, il serait intéressant d'inviter des ostéopathes D.O à discuter de leurs expériences

personnelles sur ce sujet.

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3.2 PARTIE QUALITATIVE

Quatre Interviews ont été réalisées sur des praticiens âgés de 39 à 68 ans, issus de formations,

pratiques, et expériences différentes.

- Voici leur description :

Ostéopathe 1 (O1) :

Sexe : Homme

Tranche d'âge : 40 ans

Profession : Ostéopathe D.O

Diplômé depuis : 2001 de l'école: COS Paris

Spécialité, formation supplémentaire : Pas de formation en rapport avec la relation patient-

thérapeute.

Pratique Ostéopathique : plutôt générale (variée)

Ostéopathe 2 (O2) :

Sexe : Homme

Age : 38 ans

Profession : Ostéopathe D.O

Diplômé depuis : 2004 de l'école "ISO Aix en Provence"

Spécialité, formation supplémentaire : Formation en anesthésie par hypnose (hypnose

Ericksonienne)

Pratique Ostéopathique : plutôt générale (variée)

Ostéopathe 3 (O3) :

Sexe : Homme

Age : 68 ans

Profession : kinésithérapeute (1969) puis Ostéopathe en 1971

Diplômé depuis : 1971 de l'école "AERTK (devenue SERETO)"

Formation supplémentaire : Programmation Neuro Linguistique.

Pratique ostéopathique : L'approche tissulaire uniquement.

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Ostéopathe 4 (O4) :

Sexe : Femme

Age : 62 ans

Profession : kinésithérapeute, puis Ostéopathe.

Diplômée depuis : 1975 de l'école "SERETO" puis "Maidston"

Formations : Formations en psychanalyse "Lacanienne", et en "groupes Balint". Egalement très

attachée à la philosophie.

Type d'ostéopathie pratiquée : Pratique ostéopathique générale.

Avant de présenter les catégories et pour optimiser la compréhension, voici un résumé des

interviews réalisées, séquencé en 5 parties.

Les formations concernant les relations patient-thérapeute supplémentaires réalisées

La place qu'ils accordent à la communication dans la relation soignant - soigné

Selon eux, qu'est-ce que l'observation peut apporter ?

Quelles sont les attitudes et qualités nécessaires à un professionnel de santé ?

Quel impact a la communication sur leurs patients ?

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Quelles formations supplémentaires concernant les relations patient-

thérapeute ont été réalisées ?

Ostéopathe 1

Ce thérapeute n'a pas reçu de formation spécifique en relationnel. Il émet

l'idée que les formations type "PNL" mal utilisées peuvent être délétères pour

certains patients.

Ostéopathe 2

Ce thérapeute a réalisé une formation en hypnose Ericksonienne, il affirme

que cette formation lui a permis de se rendre compte de l'importance d'avoir

un bon contact avec le patient.

Ostéopathe 3

Ce thérapeute a réalisé une formation en PNL et affirme que cet

enseignement lui a apporté des connaissances sur les relations humaines.

Aujourd'hui il se sert essentiellement des techniques PNL à des fins

pédagogiques (lorsqu'il enseigne), et non pas lors de la prise en charge de ses

patients.

Ostéopathe 4

Ce thérapeute a suivi des formations en psychanalyse sous forme de "groupe

Balint", et a surtout travaillé avec des thérapeutes pratiquant des techniques

dites : "Lacanienne". Cet apprentissage lui sert dans sa pratique quotidienne

; en effet elle est très attachée à la philosophie.

Quelle est la place qu'ils accordent à la communication dans la relation

soignant - soigné ?

Ostéopathe 1

Pour ce thérapeute, la place de la communication est énorme, et à son sens

l'importance qu'on y accorde est parfois insuffisante.

Ostéopathe 2

Selon ce thérapeute, la place de la communication est très importante. Cela

permettrait même de suppléer à la pratique d'origine. Il souligne l'importance

d'une bonne relation dans la qualité d'un soin et dans les résultats obtenus.

Ostéopathe 3

Pour ce thérapeute, la communication verbale prend très peu de place lors

de ses prises en charge. D'ailleurs, il privilégie le non verbal. Son attitude de

praticien tend à être la plus positive possible, ce qui est un facteur de bonne

santé de ses patients.

Ostéopathe 4

D'après ce thérapeute, la communication est importante tout au long de la

prise en charge, c'est grâce à elle qu'on entretient une relation, et c'est

surtout grâce à cette relation qu'on obtient des réponses thérapeutiques.

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Selon eux, qu'est-ce que l'observation peut apporter ?

Ostéopathe 1

Ce thérapeute ne pense pas que la première observation globale de ses

patients soit juste, l'image qu'il se fait d'eux est évolutive au fil du temps. Il

privilégie plutôt une observation au sens "biomécanique" du terme c'est-à-

dire leur façon de se lever, de se déplacer....

Ostéopathe 2

Selon ce thérapeute, l'observation donne des indications globales sur l'état

du patient et l'aide à choisir le type de traitement qu'il pourra proposer

(structurel, fonctionnel, ou tissulaire).

Ostéopathe 3

D'après ce thérapeute, l'observation n'a une importance que pour l'aspect

relationnel humain. D'un point de vue ostéopathique c'est la relation

"tissulaire" qui prime lors de ses séances.

Ostéopathe 4 Pour ce thérapeute, l'observation est importante dans la relation, c'est ce qui

lui permet de ressentir au mieux ce qu'est le patient.

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Quelles sont les attitudes et qualités nécessaires à un professionnel de

santé ?

Ostéopathe 1

Pour ce thérapeute, les qualités principales à arborer sont l'adaptation,

l'empathie et surtout la bienveillance, il porte également de l'importance au

fait de toujours avoir du respect.

Ostéopathe 2

Selon ce thérapeute, les formations post graduate et surtout l'expérience

apprennent à prêter attention à des choses qui tiennent de l'ordre du

relationnel humain et donc de devenir meilleur observateur. Les qualités

nécessaires sont donc l'observation, la capacité de s'adapter à tout type de

patient, la bienveillance, savoir se remettre en question, et arborer une

attitude positive.

Ostéopathe 3

D'après ce thérapeute, Il est important de montrer de l'intérêt à ce que vit le

patient actuellement. Une attitude positive générale d'une personne peut

influer sur l'état de son interlocuteur, c'est pourquoi avoir un état d'esprit

positif, bienveillant et empathique est primordial dans une relation soignant-

soigné.

Ostéopathe 4

Selon ce thérapeute, afin de bien comprendre ce qu'est le patient, on doit

être le plus neutre possible. Il n'y a pas d'attitude en particulier, ce qui prime

c'est la relation construite entre le patient et son thérapeute. La

bienveillance est indispensable mais il faut veiller à garder une certaine

distance avec son patient et ne pas envahir son intimité.

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Quels impacts peut avoir la communication sur les patient au sein d'une

prise en charge en ostéopathie ?

Ostéopathe 1

Pour ce thérapeute, Il existe clairement un lien entre la communication et le

rétablissement du patient. Cependant, il affirme qu'on ne peut pas

"contrôler" les gens, car cela serait dangereux.

Ostéopathe 2

Selon ce thérapeute, la communication fait partie intégrante du traitement

(on devrait d'ailleurs ne pas parler d'effet placebo car c'est induit par le

praticien). Si l'intention est que le patient aille mieux il y a déjà une forme

d'induction.

Ostéopathe 3

D'après ce thérapeute, dans toute relation thérapeutique un effet placebo

ou nocébo est induit. C'est au praticien de s'adapter à ses patients pour

induire le meilleur.

Ostéopathe 4

Selon ce thérapeute, le lien entre la communication et l'effet placebo existe.

Mais il est dépendant de la relation entre les deux individus.

Bénéfices de la communication patient-thérapeute :

Ostéopathe 1

Pour ce thérapeute, la communication est un moyen supplémentaire au bon

rétablissement du patient.

Ostéopathe 2

Selon ce thérapeute, il est important d'être un bon technicien, mais le fait de

savoir induire une bonne relation aide à être un meilleur praticien. Il y aurait

même une notion d'accélération des effets du traitement.

Ostéopathe 3

Pour ce thérapeute, la communication est un moyen supplémentaire au bon

rétablissement du patient.

Ostéopathe 4

D'après ce thérapeute, la communication est un moyen supplémentaire au

bon rétablissement du patient.

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Inconvénients de la communication patient-thérapeute :

Ostéopathe 1

Selon ce thérapeute, si ce n'est pas une demande particulière du patient,

trop rentrer dans la "vie" des gens peut induire un effet Nocébo.

Ostéopathe 2

Ce thérapeute n'a pas cité d'inconvénients.

Ostéopathe 3

Pour ce thérapeute, rechercher à tout prix la communication, peut amener à

occulter certains aspects nécessaires au bon déroulement de la séance

d'ostéopathie.

Ostéopathe 4

Ce thérapeute n'a pas cité d'inconvénients.

Ces quatre thérapeutes ont leur propre vision en termes de "relation" soignant-soigné. Suite au

recueil de ces interviews, il est intéressant d'en faire une analyse afin de montrer la vision des

différents ostéopathes.

Une fois les interviews retranscrites, elles ont été analysées sous forme de codes (Thomson et al.,

2013).

Le codage des interviews a permis de définir 5 catégories:

Importance de l ‘observation.

Notion de qualités humaines.

Les techniques de communication.

La communication en lien avec le rétablissement du patient.

Balance bénéfices / risques de la relation patient-thérapeute.

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Les deux premières catégories (importance de l'observation et notion de qualités humaines) font

directement références au praticien. La suivante (Les techniques de communication) fait appel aux

notions de théorisation de la relation. Enfin, les deux dernières (La communication est utile dans le

rétablissement du patient, et balance bénéfices / risques de la relation patient-thérapeute) ont pour

sujet commun les effets qu'a la communication sur le patient et sur l'évolution de ses symptômes.

3.2.1 IMPORTANCE DE L’OBSERVATION

Pour les ostéopathes interviewés l'observation globale a d'abord une importance dans l'image que

l'on se fait du patient. Par "Observation globale", on parle de l'image visuelle, mais également de la

façon de parler du patient, ce qu'il dit, ...

"Je me laisse imprégner par mon patient. J'essaye de sentir ce qu'il est."(O4)

"Je m'intéresse plus à ce que le patient est en train de vivre actuellement, c'est-à-dire les

difficultés qu'il peut rencontrer dans sa vie actuelle, ses symptômes bien entendu, mais également

ses difficultés de relations, ses difficultés professionnelles et familiales, car c'est souvent la clé du

déclenchement du phénomène thérapeutique" (O3)

L'observation leurs permet d'adapter les futurs techniques utilisées lors du traitement.

"Selon l'ambiance générale, on ressent quand le patient est à l'aise ou non, auquel cas on

essaye de le recadrer ou au contraire de le rassurer, cela vient avec l'expérience. Cela joue sur la suite

du traitement, c'est à mon avis essentiel"(O2)

"Un camionneur attend que je le manipule (peut-être que je me trompe), mais une prof de

français un peu dépressive de 50 ans, elle, n'attend pas trop que je la manipule, mais je leur

demande"(O1)

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3.2.2 NOTIONS DE QUALITES HUMAINES

Les thérapeutes interviewés identifient certaines qualités qu'ils jugent nécessaires pour une

communication patient-praticien efficace, les plus importantes sont l'empathie ainsi que la

bienveillance.

"Simplement être en empathie la plus totale avec eux, vouloir être bienveillant à l'égard des

patient, c'est selon moi plus important que de faire des manipulations hyper propres" (O1)

"Il faut être bon technicien mais également savoir établir une bonne relation avec le patient

et pour cela, avoir des qualités humaines est primordial" (O2)

"Etre capable d'envisager un autre point de vue que le sien dans le relationnel c'est pour moi

quelque chose de fondamental" (O3)

Ensuite vient la notion d'adaptation du thérapeute à chacun de ses patients.

"Si on utilise des techniques trop démonstratives avec quelqu'un de craintif c'est voué à

l'échec. De la même façon, si on utilise des techniques trop "douces" sur quelqu'un qui s'attend à

recevoir un thrust, c'est pareil... Nécessairement on doit s'avoir s'adapter aux patients. Si le patient

se rend compte que le traitement ne correspond pas à ses attentes il y aura un risque de nocébo"

(O2)

"La prise en charge de mon patient est toujours dépendante de notre relation" (O4)

"Le modus Opérandi est toujours le même chez tous les patients sauf que dans le déroulement

d'une séance ce n'est jamais la même chose, parce que forcement le relationnel est très différent

selon les personnes" (O3)

Enfin, l'expérience joue un rôle prépondérant

"Avec l'expérience et les formations, on apprend à surveiller certains éléments pas forcément

ostéopathiques mais qui jouent dans la qualité de la relation qu'on établit" (O2)

Page 40

Une attitude positive peut avoir des effets intéressants sur le rétablissement des patients.

"Il y a des choses qui s'expriment par l'attitude du praticien, sa manière de penser et sa

manière d'être en général qui font qu'il va transmettre quelque chose au patient qui peut être très

important." (O3)

"J’essaye de ne pas exprimer des choses positives spécifiquement mais tout en gardant une

attitude positive qui donne sa chance à la santé. C'est ça qui m'intéresse, dans le but d'avoir un bon

rétablissement des patients." (O3)

"Nous sommes constamment en train d'influencer, [...] Il faut toujours que cela se fasse dans

le respect du patient, dans des cadres définis de la thérapeutique. Cela aide peut-être à aller mieux

plus rapidement." (O2)

3.2.3 LES TECHNIQUES DE COMMUNICATION

Trois des ostéopathes sur les quatre interviewés ont reçu des formations traitant de certains sujets

concernant les relations patient-thérapeute. Il s'agissait d'hypnose Ericksonienne, de

Programmation-Neuro-Linguistique, et de psychologie "Lacanienne". Ils affirment que ces

enseignements leur ont servi ou leur servent toujours dans leurs pratiques.

"La formation en hypnose Ericksonienne permet de se rendre compte de la nécessité d'avoir

un bon contact avec le patient et de prendre conscience qu'on le faisait même avant la formation

sans forcément mettre de mots dessus" (O2)

"J'ai fait des formations en PNL il y a quelques années de ça, c'est même très important pour

moi. Ça m'a appris la relation humaine quand même, ça me semble fondamental. Cela m'a vraiment

appris à communiquer avec les gens" (O3)

"J'ai fait des formations en psychanalyse, j'ai beaucoup travaillé avec des "groupes balint" et

avec une psychanalyste "lacanienne". Ca me sert dans ma pratique aujourd'hui, au sens relationnel"

(O4)

Page 41

On peut également faire ressortir que le fait de porter de l'intérêt et d'avoir l'intention de soigner

son patient est une forme d'influence.

"Nous sommes constamment en train d'influencer, dans la mesure où un praticien guide son

patient vers une amélioration c'est une forme d'induction. Même si elle n'est pas volontaire, si son

intention c'est de faire en sorte que son patient aille mieux il y a une forme d'induction" (O2)

"Je m'intéresse plus à ce que le patient est en train de vivre actuellement, c'est-à-dire les

difficultés qu'il peut rencontrer dans sa vie actuelle, ses symptômes bien entendu, mais également

ses difficultés de relations, ses difficultés professionnelles et familiales, car c'est souvent la clé du

déclenchement du phénomène thérapeutique" (O3)

3.2.4 LA COMMUNICATION EN LIEN AVEC LE RETABLISSEMENT DU PATIENT

D'après les praticiens interrogés, il ressort que la relation qui s'est installée entre leurs patients et

eux-mêmes peut influer sur l'évolution des symptômes.

"Je pense qu’on ne se doute pas de la part de la communication dans l'action bénéfique d'un

traitement. Parfois aussi dans l'action nocebo". (O1)

"J'en suis certain qu'une bonne communication influe sur le rétablissement du patient, mais

en fait j'essaye de ne pas induire de communication positive, et certainement pas de communication

négative" (O3)

"Je pense qu'il ne peut pas y avoir de traitement sans la mise en place d'une relation, et c'est

au nom de la mise en place de cette relation que l'on va voir des réponses émerger. Si bien que ces

réponses ne sont pas uniquement du fait du thérapeute, mais c'est cet échange relationnel entre le

thérapeute et le patient" (O4)

Page 42

Certains émettent l'idée que l'effet placébo peut accélérer les effets du traitement manuel.

"Il faut toujours que l'influence se fasse dans le respect du patient, et dans le cadre définie de

la thérapeutique. Cela aide peut être à aller mieux plus rapidement" (O2)

Sous toute démarche thérapeutique il y a développement d'un effet placébo.

"L'effet placebo est omniprésent dans n'importe quelle relation thérapeutique même les plus

scientifiques. Il est présent qu'on le veuille ou non." (O3)

3.2.5 BALANCE BENEFICE / RISQUE DE LA RELATION PATIENT THERAPEUTE

On peut faire ressortir des différentes interviews l'idée qu'une relation efficace est un moyen

supplémentaire au bon rétablissement du patient.

"Je pense qu’on ne se doute pas de la part de la communication dans l'action bénéfique d'un

traitement" (O1)

"je pense même que certains praticiens (de santé ou de médecine parallèle) sont très doués

pour induire une bonne communication, et que ça peut suppléer à des insuffisances dans leurs

pratiques d'origine" (O2)

"Le langage, la façon de penser, la manière d'être en général font que le praticien va

transmettre quelque chose au patient qui est très important" (O3)

Page 43

Cependant il apparait que certaines techniques utilisées de la mauvaise façon ou dans un but

malveillant peuvent être délétères pour le bon rétablissement du patient.

"Aujourd'hui la PNL est très utilisée dans les entreprises avec l'idée de faire faire à l'autre ce

que vous avez envie qu'il fasse, et ça me choque profondément. J'estime qu’on n’a pas le droit de

contrôler les gens, et en tant que thérapeute ce n'est évidemment pas mon objectif ". (O3)

"J’y connais rien mais j'ai un avis très négatif sur la PNL. Car j'ai connu des gens qui ne me

plaisaient pas du tout et qui faisaient pas mal de "psycho-émotionnel" sur des patients qui sont déjà

fragilisés. Je pense que ça peut faire des dégâts considérables, notamment je pense qu'il y a

beaucoup de psychanalystes qui font des dégâts considérables parce qu’ils prennent un pouvoir trop

important sur le "client". (01)

" A mon avis, il faut se garder de remonter trop loin, et rentrer trop dans l'intimité du patient,

sauf si c'est une réelle demande qui est formulée, ce n'est pas notre métier. " (O1)

Le problème dans le fait d'évaluer le type de personne qui est en face de nous, c'est qu'on finit par

occulter d'autres notions très importantes.

"Il y a eu une époque où je faisais un peu attention aux classification PNL (visuel, auditif,

kinesthésique), puis je me suis aperçu qu'elles sont à double tranchant. C'est-à-dire qu'elles vous

orientent vers un aspect de la personne qui est en face de vous et en même temps elles vous forcent

à occulter plein d'autres choses. Donc j'ai laissé tomber tout ça (O3).

Page 44

4- DISCUSSION

Une consultation en ostéopathie a pour but, dans une compréhension globale du patient, de

prévenir, diagnostiquer et traiter manuellement les dysfonctions de la mobilité des tissus du corps

humain, susceptibles d'en altérer l'état de santé. Pour cela le thérapeute se sert d'outils comme

l’anamnèse, et également de nombreux tests ostéopathiques. Comme dans toute thérapie il y a une

notion de communication entre deux êtres.

Ce mémoire a été rédigé, non pas dans l'intention d'expliquer comment réaliser une

communication efficace avec un patient, mais davantage pour interpeller les lecteurs sur

l'importance que peut avoir la relation soignant-soigné dans une thérapie ostéopathique.

Des interviews de praticiens expérimentés en relation humaine ont été réalisées dans le but de

comprendre l'impact d'une relation entre un patient et son ostéopathe et quels outils sont à

disposition du praticien pour élaborer cette relation.

4.1 LES CONSEQUENCES DE LA RELATION D’AIDE

Ce qu'attendent les patients de leur ostéopathe, c'est non seulement une compétence technique,

mais également une présence humaine bienfaisante. Une attitude empathique consiste à se mettre

véritablement à l'écoute du patient, en l'invitant à exprimer sa douleur, mais aussi son vécu

émotionnel. L'empathie s'exprime également par le comportement non verbal (regarder dans les

yeux, hocher la tête en signe de compréhension, avoir une attitude compréhensive et rassurante),

bien entendu sans mettre mal à l'aise le patient. Lorsqu'un thérapeute fait preuve de ces qualités,

cela entraine chez les patients une augmentation de la satisfaction vis-à-vis des soins reçus et un

meilleur bien être psychologique (Lecomte, 2010).

L’écoute bienveillante où les émotions, les sentiments, les mots peuvent être entendus sans

influence ni interprétation douteuse va permettre de recueillir des informations pertinentes sur le

patient dans sa globalité. De son côté, le patient se sent mis en valeur et un lien de confiance sera

plus facilement établi.

Page 45

« Les seules connaissances qui puissent influencer le comportement d’un individu sont celles qu’il

découvre par lui-même et qu’il s’approprie » (Roger, 1966).

Nous avons vu que les qualités majeures du thérapeute dans une relation d'aide sont la

bienveillance, l'empathie, l'accueil inconditionnel du patient et le non-jugement. Pour les

ostéopathes interrogés, il est clair que lorsque la communication avec leurs patients est efficace, les

bénéfices de leurs traitements manuel sont amplifiés, voir accélérés.

4.2 LES OUTILS RELATIONNELS DE L’OSTEOPATHE

Une séance d'ostéopathie est avant tout une rencontre entre deux individus, l'un est en demande

de soin et l'autre est dans la capacité de répondre à cette demande, si cette dernière entre dans son

champ de compétences.

La relation est basée sur des échanges (verbaux, para-verbaux, et non-verbaux) qui ont une

influence sur chacun des membres de la relation. Dans chacune des prises en charge nous

communiquons, et la façon dont nous le faisons a une influence sur les patients et l'évolution de

leurs symptômes.

Les résultats des interviews montrent que certaines disciplines aident à la théorisation de la relation

et par conséquent, aident à mieux communiquer.

Aujourd'hui certaines techniques d'influence tel que le marketing sociale, le management, la

publicité, sont très largement utilisées à des fins financières ou commerciales. C'est pourquoi il est

nécessaire de faire la distinction entre les techniques de manipulations (par forcément

bienveillantes), et les techniques d'influences dans les relations d'aides (bienveillantes).

Diverses méthodes décrites et pratiquées par les ostéopathes interviewés en font partie. On note

l'hypnose Ericksonienne, et la PNL (en relation d'aide). Ces disciplines mettent l'accent sur la

présence, l'écoute, le respect chaleureux, l'empathie, et la congruence. Il est également important

de préciser que l'observation du patient est utile pour la compréhension holistique du patient.

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En effet, certaines postures, ainsi que les expressions et formes de visages des patients peuvent

donner des indications (de façon non-verbal), sur comment le patient est en train de vivre la

situation.

4.3 LIMITES DE L’ETUDE

Cette étude qualitative a permis d'éclaircir l'importance que peut avoir la communication patient-

thérapeute lors d'une prise en charge en ostéopathie. Cependant, le temps de recherche limité et

la difficulté à contacter des praticiens volontaires pour l'étude ont été des freins à la réalisation de

ce mémoire. La rencontre de quatre praticiens est intéressante, mais afin d'approfondir la

recherche, il serait utile d'interviewer d'autres ostéopathes.

Par exemple, il semblerait que les relations humaines se maitrisent de mieux en mieux avec

l'expérience, cependant, pour que la catégorie soit significative il faudrait d'avantages de codes et

d'interviews.

Aujourd'hui il existe que très peu d'études qui concernent l'effet placebo en ostéopathie. En effet

ce domaine est difficilement quantifiable pour plusieurs raisons. D'abord la thérapie manuelle

diffère d'un traitement médicamenteux ou le principe actif est mesurable.

En pharmaceutique, il est facile de réaliser une étude sur l'efficacité d'un médicament. En général,

une population test prend le médicament et un groupe témoin prend un comprimé dépourvu de

principe actif (placébo), les résultats sont ainsi facilement quantifiables.

En thérapie manuelle un traitement factice est difficile à mettre en place puisque dès lors qu'un

contact manuel est créé il y'a une réaction tissulaire (Pierre Tricot, 2002 ; Bourhis, 2012).

De plus, d'après les textes de lois de 2007 relatifs aux actes et aux conditions d’exercice de

l’ostéopathie, l'ostéopathe prend en charge les troubles fonctionnels mécaniques. Par exemple,

prise en charge des douleurs abdominales non spécifiques, des cervicalgies communes, ou des

lombalgies aigües (lumbagos). D'après l'OMS, beaucoup de ces troubles fonctionnels ont une

histoire naturelle de la maladie qui amène à une diminution des symptômes avec le temps (Bonita,

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2010). Il est donc difficile de juger de l'efficacité d'un traitement par thérapie manuelle et encore

plus de l'effet placébo qui a été induit par cette thérapie.

Puisque les résultats pour démontrer l’efficacité du traitement ostéopathique sont aisément

contestables, nous devons rester prudents dans notre façon d’expliquer les mécanismes qui sont à

l’œuvre derrière l’efficacité de nos interventions. Il se peut que dans certains cas on attribue la

guérison de nos patients à une méthode ostéopathique spécifique alors qu’en réalité, les bienfaits

de notre intervention peuvent être les conséquences indirectes des effets de la relation

patient/thérapeute.

4.4 PERSPECTIVES DE RECHERCHES FUTURES

Cette recherche a permis d'appréhender le vaste sujet qu'est la communication au sein d'une séance

d'ostéopathie. Tout d'abord, en définissant les différents termes puis en faisant le point sur les

multiples approches psychologiques dans les relations d'aide et les effets produits sur les patients.

Dans un second temps une étude qualitative a permis de révéler certaines notions au sujet de la

relation adaptée à la pratique de l'ostéopathie. Cependant, l'avancée de l'étude qualitative a été

restreinte. En effet, beaucoup d'ostéopathes contactés ne prennent pas le temps de répondre aux

étudiants, de plus, il n'existe à ce jour aucun registre d'ostéopathes qui comprenne également les

différentes formations supplémentaires qui ont été effectuées par ces derniers. En effet, il serait

pertinent d'interviewer des praticiens qui portent une importance particulière à l'observation. Par

exemple des ostéopathes ayant réalisés des formations supplémentaires sur la morphopsychologie,

ou sur les attitudes posturales.

Lors de l'analyse des interviews, une idée difficilement exploitable est ressortie mais n'est pas pour

autant inintéressante. Il s'agit de la différence de points de vue au sujet des échanges verbaux avec

le patient. En effet certains praticiens ne laissent que très peu de places aux échanges verbaux et

d'autres y accordent, au contraire, beaucoup d'importance. Cela peut s'expliquer par leurs

différences de pratiques ostéopathiques. Pour le premier cas, les praticiens s'attachent

spécifiquement à la "qualité tissulaire" et effectuent des traitements en se fiant essentiellement aux

informations livrées par leur palpation. L'anamnèse, qui comporte les antécédents, l'état civil, et la

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description des symptômes ne les intéressent très peu. Dans le second cas, les praticiens accordent

plus de temps à l'échange verbal que constitue l'anamnèse, car cette dernière les aides à mieux

comprendre l'étiologie des troubles fonctionnels présentés par les patients. On peut faire ressortir

de cette observation que la séance d'ostéopathie est propre à chaque praticien. Il y a donc une

grande variabilité des outils de communications utilisés. Pour exploiter cette idée et arriver à une

suffisance théorique, il faudrait réaliser un grand nombre d'interviews qui serait représentatif des

différentes pratiques de l'ostéopathie, aujourd'hui effectuées en France.

On pourrait également imaginer, dans la poursuite de ce mémoire, une étude comparative (via des

questionnaires remplies par les patients) entre des ostéopathes formés aux techniques de relations

d'aide et des ostéopathes formés par leur propre expérience (de façon empirique).

Page 49

5- CONCLUSION

Cette étude a été réalisée dans le but de définir le lien présent entre la relation "patient-thérapeute"

et l'évolution d'un trouble fonctionnel après traitement ostéopathique.

Afin d'identifier les techniques de communication qui ont un impact sur le rétablissement des

patients, il faut travailler en trois étapes :

Dans un premier temps, il est important de définir le sujet, les différentes composantes sont

l'ostéopathie, la relation, et le langage.

Dans un second temps, il faut faire le point sur les différentes approches psychologiques en lien

avec les relations d'aide, c'est-à-dire selon Maslow, Gordon, Rogers, Porter. On doit également

parler des disciplines pouvant être utiles dans la relation patient-thérapeute manuelle (PNL,

Hypnose). Il est tout aussi intéressant de parler des effets induits par la communication (effets

placébo, effets nocebo).

Enfin, afin d'avoir une idée un peu plus pratique du sujet, c'est l'étude qualitative qui nous permet

d'obtenir des résultats. En interrogeant des ostéopathes sur leurs expériences personnelles sur ce

sujet.

Tout au long de mes études d'ostéopathie, le conseil qui m'a été le plus souvent donné était de voir

le patient dans sa « globalité ». J'ai d'abord pensé à la globalité anatomique, dans la structure, c'est-

à-dire un ensemble de systèmes (locomoteur, viscéral, crânien) destinés à fonctionner en synergie

dans le but de faire vivre un être humain en homéostasie. C'est lors de mes premiers contacts avec

des patients que j'ai compris qu'il ne s'agissait pas uniquement d'une entité physique. En effet, pour

comprendre le patient dans sa globalité il fallait également intégrer son entité morale : comment

cet individu évolue dans le monde, ses relations sociales, son épanouissement. Et pour comprendre

tout cela, quoi de mieux que la communication ?

Le choix de ce mémoire de fin d'études était donc une évidence, comment comprendre le patient

dans sa globalité si je n'ai pas les outils pour y parvenir ?

Au fur et à mesure de cette étude, j'ai pris conscience qu'une bonne communication sert non

seulement à mieux comprendre les patients, mais également à améliorer leur guérison.

Page 50

Ce travail m'a apporté beaucoup de réponses, mais m’a aussi permis de soulever d’autres questions.

En effet, jusqu'où l'effet placébo joue un rôle en thérapie manuelle ? Que se passe-t-il réellement

lorsqu'on travaille sur des structures profondes (dure-mère, faux du cerveau, rate, sutures

intracrâniennes, ...) ? Actuellement, pouvons-nous affirmer que nous sommes pleinement

conscients de ce qui est responsable de l’amélioration de l’état du patient ? Bien qu'en ostéopathie

"il faut faire confiance à ses mains", cet ensemble de questions m'a permis de prendre du recul sur

ma pratique et m’a rappelé l'importance de garder de l'humilité dans notre métier, aujourd'hui trop

peu pourvu de preuves scientifiques.

La communication reste au cœur de notre métier, elle permet de comprendre les patients dans leur

globalité et de les aider à aller mieux. Cependant, chaque être humain est différent et l'engagement

qu'il a dans la relation l'est également. Il existe des disciplines qui aident à une meilleur théorisation

et compréhension de la relation thérapeutique, malgré cela et heureusement, il n'y a pas d'outils

qui correspondent à tous les types de patients dans leurs différentes situations de vie. C'est donc à

l'ostéopathe de réussir à s'adapter au mieux à leurs patients lors des consultations.

Pour conclure, nous émettons l’idée que l’efficacité du traitement est proportionnellement relative

à la qualité de la relation entre le patient et le praticien. L’approche ostéopathique par sa démarche

humaine et sa grande proximité avec le patient est peut-être particulièrement habilitée à générer

des effets placebo. Pour notre pratique, il serait utile de bien comprendre ce phénomène et

comment ce mécanisme de guérison agit à travers nos méthodes. Cela nous permettrait notamment

une qualité de soins plus adaptée à certains besoins des patients, ce qui en retour affinerait notre

jugement clinique donc notre palpation et ultimement notre efficacité thérapeutique.

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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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ANNEXES

INTERVIEWS :

Interview 1: L'interview s'est déroulée le 11 février 2016 à 12h20, après une matinée de clinique à

IDHEO Nantes. L'entretien a duré 11 minutes 46 secondes.

Sexe : Homme

Tranche d'âge : 40 ans

Profession : Ostéopathe D.O

Diplômé depuis : 2001 de l'école: COS Paris

Spécialité, formation supplémentaire : 6ème année, pédiatrie, tissulaire, occlusodontie.

Quelle place donnez- vous à la communication avec vos patients lors d'une prise en charge ?

« La place de la communication est énorme. Je pense que l’on n’accorde jamais assez d'importance

à comprendre ce que le patient attend de sa santé. Il est nécessaire d’expliquer au patient ce que

l’on peut faire pour sa santé, afin de se comprendre, et pour interagir l'un avec l'autre. Je pense

qu’on n’a pas toujours conscience de la place qu’occupe la communication dans l'action bénéfique

d'un traitement, parfois même dans l'action nocebo. Nuance, il ne s’agit pas d’être "un

communicant", parce que pour moi c'est devenu un peu péjoratif dans le monde dans lequel on vit

aujourd'hui. Il ne s'agit pas de manipuler les gens, mais simplement d'être en empathie la plus totale

avec eux. De simplement vouloir être bienveillant à leur égard, c'est selon moi plus important que

de faire des manipulations hyper propres. »

Que pensez-vous du fait d'induire une bonne communication, en quoi cela serait-il intéressant ?

« Une bonne communication peut très largement être induite par le praticien, mais cela dépend du

patient. Il faut toujours qu'il y ait de la confiance, de l'empathie, et du respect. C'est ce qui amène à

soigner les gens. »

Dans votre prise en charge, qu'est ce qui fait l'objet de votre première observation ?

« Leur façon de marcher, leur biomécanique en général, l'image que je me fais des patients est

évolutive au fil des consultations. Mon image auprès d'eux change sans doute, la leur auprès de moi

également, Je n'ai pas la prétention de me faire une idée juste d'une personne dès la première fois

que je la vois. »

Est-ce que cela influencerait la poursuite de la prise en charge ?

« Je devrais répondre que non, mais oui forcément. Un camionneur il attend que je le manipule

(peut-être que je me trompe), mais une prof de français un peu dépressive de 50 ans, elle, n'attend

pas trop que je la manipule, mais je leur demande. Car les demandes des patients interviennent

dans nos décisions stratégiques thérapeutiques. Et bien sûr, un agrégé de sciences qui s'intéresse,

je vais lui expliquer ce que je fais, avec un médecin on parle de la même chose, on est de la même

maison donc je vais lui expliquer beaucoup mieux que quelqu'un qui n'a pas forcément le bagage

culturel adéquat. »

Quel est votre avis concernant le lien entre une bonne communication et le rétablissement du

patient ? Qu'en est-il à l'inverse d’une mauvaise communication ?

« Je pense qu'une bonne communication peut totalement agir sur le bon rétablissement du patient,

je pourrais citer plein d'anecdotes. »

Pratiquez-vous certaines techniques d'influence ? Lesquelles ? Dans quel but ?

« Pour moi la PNL est assez sectaire, je m'en méfie. C'est très bien si c'est bienveillant, mais je me

méfie de la façon dont on peut prendre le pouvoir sur les gens. Ça ne m'intéresse pas du tout comme

façon de fonctionner, ou de communiquer. Je pense que la société dans laquelle on vit prend

suffisamment de pouvoir sur nous pour nous faire bouffer chez "flunch" et "Mcdo". C’est pas du

tout en accord avec ma foi, c'est pas du tout en accord avec ma façon de vivre. J’y connais rien mais

j'ai un avis très négatif la dessus. Car j'ai connu des gens qui ne me plaisaient pas du tout et qui

faisaient pas mal de "psycho-émotionnel" sur des patients qui sont déjà fragilisés. Je pense que ça

peut faire des dégâts considérables, notamment je pense qu'il y a beaucoup de psychanalystes qui

font des dégâts considérables parce qu’ils prennent un pouvoir très important sur le "client", car ils

ne parlent pas de patients. »

Précisions, exemples ?

« Je souhaite vraiment insister sur la bienveillance et sur le fait qu'on est là pour répondre à un

moment de la vie du patient qui est sûr à 90% d'avoir moins mal. A mon avis, il faut se garder de

remonter trop loin, et rentrer trop dans l'intimité du patient, sauf si c'est une réelle demande qui

est formulée, ce n'est pas notre métier. »

Interview 2 : L'interview s'est déroulée le 22 février 2016 à 13h30, à Chateaubriand dans le Cabinet

de l'ostéopathe. L'entretien a duré 13 minutes 08 secondes.

Sexe : Homme

Âge : 38 ans

Profession : Ostéopathe D.O

Diplômé depuis : 2004 de l'école "ISO Aix en Provence"

Spécialité, formation supplémentaire : Collaborateur dans un cabinet en Alsace, puis à

Chateaubriand depuis 2007. Formation en anesthésie par hypnose (hypnose Ericksonienne)

Pratique Ostéopathique : plutôt générale (variée)

Quelle place donnez- vous à la communication avec vos patients lors d'une prise en charge ?

« La formation en hypnose Ericksonienne permet de se rendre compte de la nécessité d'avoir un

bon contact avec le patient et de prendre conscience qu'on le faisait même avant la formation sans

forcément mettre de mots dessus. On peut théoriser la chose, mais chaque praticien a sa propre

relation avec ses patients. »

Que pensez-vous du fait d'induire une bonne communication, en quoi cela serait-il intéressant ?

« Bien sûr on peut induire une bonne communication, je pense même que certains praticiens (de

santé ou de médecine parallèle) sont très doués pour ça, et que ça peut suppléer à des insuffisances

dans leurs pratiques d'origines.

Avec l'expérience et les formations, on apprend à surveiller certains éléments pas forcément

ostéopathiques mais qui sont dans la qualité de la relation qu'on établit. La relation est absolument

primordiale dans la qualité du soin et dans les résultats du praticien. »

A quel niveau, l'observation influence la poursuite de la prise en charge ?

« Selon l'ambiance générale, on ressent quand le patient est à l'aise ou non, auquel cas on essaye

de le recadrer ou au contraire de le rassurer, cela vient avec l'expérience. Cela joue sur la suite du

traitement, c'est à mon avis essentiel. Si on utilise des techniques trop démonstratives avec

quelqu'un de craintif c'est voué à l'échec. De la même façon, si on utilise des techniques trop

"douces" sur quelqu'un qui s'attend à recevoir un thrust, c'est pareil... Nécessairement on doit

s'avoir s'adapter aux patients. Si le patient se rend compte que le traitement ne correspond pas à

ses attentes il y aura un nocébo. »

Quel est votre avis concernant le lien entre une bonne communication et le rétablissement du

patient ? Qu'en est-il à l'inverse d’une mauvaise communication ?

« C'est tout à fait juste, la qualité de la relation a une répercussion sur le rétablissement des

patients. »

Pensez-vous avoir recours à des techniques d'influence ?

« Nous sommes constamment en train d'influencer, dans la mesure où un praticien guide son

patient vers une amélioration c'est une forme d'induction. Même si elle n'est pas volontaire, si son

intention c'est de faire en sorte que son patient aille mieux il y a une forme d'induction. Il faut

toujours que cela se fasse dans le respect du patient, dans des cadres définis de la thérapeutique.

Cela aide peut-être à aller mieux plus rapidement. »

Que pensez-vous d'un lien entre la communication et l'effet placebo/ nocébo ?

« C'est quelque chose qui doit venir du patient, si on a un traitement dans lequel on intègre des

techniques de thérapies comportementales à mon avis on ne peut plus parler de placebo puisque

c'est quelque chose qui était volontaire de la part du praticien. »

Précisions, exemples ?

« Le fait qu'un praticien se pose la question sur l'attitude qu'il doit avoir pour mettre son patient

dans les meilleures conditions pour aller mieux, c'est à mon avis un point positif. Si un praticien se

présente comme un technicien expert et que tout doit fonctionner parce qu'il est expert, à mon avis

il peut y avoir quelques difficultés. Je pense que le meilleur technicien n'est pas forcément le

meilleur praticien. Il faut être bon technicien, mais également savoir établir une bonne relation avec

le patient et pour cela, avoir des qualités humaines est primordial. »

Interview 3 : L'interview s'est déroulée le 24 février 2016 à 11h00, à Granville, dans le cabinet de

l'ostéopathe. L'entretien a duré 15 minutes 56 secondes.

Âge : 68 ans

Sexe : Homme

Profession : kinésithérapeute (1969) puis Ostéopathe en 1971

Diplômé depuis : 1971 de l'école "AERTK (devenue SERETO)"

Type d'ostéopathie pratiquée :

L'approche tissulaire uniquement. Pour moi, les concepts parcellaires "crânien, viscéral, structurel"

n'ont pas de sens, ce n'est pas ostéopathique.

Quelle place donnez- vous à la communication avec vos patients lors d'une prise en charge ?

« L'aspect verbal prime lors de la première rencontre ("bonjour" tout simplement), puis lors de

l'anamnèse. Même si cette dernière fournit des informations rarement essentielles, pour plusieurs

raisons : Le patient oublie beaucoup de choses, il met de l'importance sur des choses qui n'en n'ont

pas forcément par rapport à sa difficulté, et parfois l'histoire du patient oriente le praticien vers

telle ou telle direction en se disant "bah oui, il a vécu telle chose donc c'est normal." Alors que ce

n'est pas forcément vrai. L'anamnèse verbale est souvent restreinte. Je m'intéresse plus à ce que le

patient est en train de vivre actuellement, c'est-à-dire les difficultés qu'il peut rencontrer dans sa

vie actuelle, ses symptômes bien entendu, mais également ses difficultés de relations, ses difficultés

professionnelles et familiales, car c'est souvent la clé du déclenchement du phénomène

thérapeutique dès lors qu'on va travailler avec lui. Et puis je ne parle plus beaucoup en fait. Je

n'indique jamais ma stratégie de traitement, ça ne les intéresse pas et ils ne comprennent pas

forcément. Et si on leur dit des trucs, ils peuvent le déformer et le répéter donc ce n'est pas la

peine.... Je peux verbaliser en post séance par rapport à ce que j'ai pu trouver, et sur ce qui me

semble intéressant pour le patient, mais c'est toujours assez restreint en fait. »

Quel est votre avis concernant le lien entre une bonne communication et le rétablissement du

patient ? Qu'en est-il à l'inverse d’une mauvaise communication ?

« Bien sûr il y a un lien, je pense que 95 % du relationnel se passe dans le non verbal, il y a des choses

qui s'expriment par l'attitude du praticien, sa manière de penser et sa manière d'être en général qui

font qu'il va transmettre quelque chose au patient qui peut être très important. »

Qu'observez-vous lors de votre première rencontre avec votre patient ?

« Je suis seulement dans l'optique de la rencontre "d'un être". Pour moi tout commence lorsqu'il

s'assoit dans le cabinet. »

Est-ce-que cela influencerait la poursuite de la prise en charge ? Anamnèse, examen clinique,

traitement ?

« En approche tissulaire, j'ai ce qu'on appelle un modus operandi dont l'objectif est de prendre

contact avec la structure corporelle du patient, et d'essayer de savoir comment ça fonctionne là-

dedans, et après de travailler en fonction des informations qui viennent de la structure du patient.

Ce modus operandi est toujours le même chez tous les patients sauf que dans le déroulement d'une

séance ce n'est jamais la même chose, parce que forcément le relationnel tissulaire est très différent

selon les personnes. »

Pratiquez-vous certaines techniques d'influence ? Lesquelles ? Dans quel but ?

« J'ai fait des formations en PNL il y a quelques années de ça, c'est même très important pour moi.

Ça m'a appris la relation humaine quand même, ça me semble fondamental. J'ai eu la chance de

faire ça avec un monsieur qui s'appelle Jacques De Panafieu qui est décédé aujourd'hui, il

envisageait la PNL dans son aspect "aide", alors qu'aujourd'hui la PNL est très utilisée dans les

entreprises avec l'idée de faire faire à l'autre ce que vous avez envie qu'il fasse, et ça me choque

profondément. J'estime qu’on n’a pas le droit de contrôler les gens et en tant que thérapeute ce

n'est évidemment pas mon objectif. En revanche, la PNL m'a vraiment appris à communiquer avec

les gens.

Par la suite la PNL m'a également beaucoup apportée. Surtout en pédagogie, lorsque j'ai commencé

à enseigner je me suis rendu compte à quel point il était important de verbaliser les choses à

différents niveaux et de différentes manières pour que les gens puissent comprendre. Mais c'était

plus une procédure pour faire comprendre quelque chose à quelqu'un, avec les patients ça ne se

passait pas comme ça. »

Portez-vous une importance au type "réceptif" du patient ?

« Je ne fais plus attention à ça aujourd'hui. Mais il y a eu une époque où je faisais un peu attention

à ces classifications-là, puis je me suis aperçu qu'elles sont à double tranchant. C'est-à-dire qu'elle

vous oriente vers un aspect de la personne qui est en face de vous et en même temps elle vous force

à occulter plein d'autres choses. Donc j'ai laissé tomber tout ça. Aujourd'hui c'est une relation qui

est directe, qui prend ce qui veut venir, et puis j'évite beaucoup les classifications. Pour moi c'est la

peste ça. »

Quel est votre avis concernant le lien entre une bonne communication et le rétablissement du

patient ? Qu'en est-il à l'inverse d’une mauvaise communication ?

« Je suis certain qu'une bonne communication influe sur le rétablissement du patient, mais en fait

j'essaye de ne pas induire de communication positive, et certainement pas de communication

négative. C'est difficile à dire, j'essaye de ne pas exprimer des choses positives spécifiquement mais

tout en gardant une attitude positive, qui donne sa chance à la santé. C'est ça qui m'intéresse. »

Que pensez-vous d'un lien entre la communication et l'effet placebo/ nocébo:

« L'effet placebo est omniprésent dans n'importe quelle relation thérapeutique. Même les plus

scientifiques. Il est présent qu'on le veuille ou non. »

Que pensez-vous des termes : bienveillance, empathie ?

« Bienveillance: c'est évident pour un thérapeute (même si l'inverse existe malheureusement).

Empathie: j'ai du mal à trouver la différence entre empathie et compassion. Je pense avoir cette

capacité depuis très longtemps, dans le dialogue avec quelqu'un, outre que thérapeutique d'ailleurs,

c'est hyper important. Etre capable d'envisager un autre point de vue que le sien dans le relationnel

c'est pour moi quelque chose de fondamental. C'est mettre de l'huile dans les rouages. On vit

aujourd'hui dans une société où les gens sont souvent incapables d'adopter un autre point de vue

que le leur, ils voudraient absolument imposer leur point de vue et ça c'est la mort. »

La communication peut être verbale, para verbale, non verbale, mais aussi tissulaire ?

« L'essentiel de ma pratique est de rentrer en communication avec les tissus du patient, on s'adresse

à des tissus vivants. Ce qui m'intéresse c'est la qualité de vie de ces structures-là, qu’elles soient

osseuses, viscérales, ou autre je m'en fou. Ce qui m'intéresse c'est de savoir si elle vit bien ou si elle

ne vit pas bien. Si elle vit bien, ses fonctions vont s'assurer correctement donc je n'ai pas à m'en

occuper, si elle ne vit pas bien ses fonctions ne seront pas assurées correctement. Ça c'est ma

palpation qui me permet de savoir quelle est la qualité de vie d'une structure. Le fondamental c'est

la communication, le fonctionnement autrement dit, ce n'est pas moi qui fait les choses, je vais juste

à la rencontre de la structure qui a une difficulté afin de l'aider à résoudre son problème et qu'elle

se remette en communication toute seule, parce que c'est sa nature.

J'entre en communication avec les tissus sans forcément que le patient en ait conscience, cependant

il est important que le praticien en soit en pleine conscience. De plus il y a plein d'informations qui

viennent, sous forme d'intuition ou de perceptions diverses, c'est vraiment très intéressant.

J'essaye de créer les conditions pour que "la porte s'ouvre". Il est important de laisser venir les

informations, mais parfois il faut aller au-devant, il faut induire "la rencontre". Lorsque c'est fait

alors on peut laisser s'échanger les informations et laisser les tissus raconter leurs histoires. »

Interview 4 : L'interview s'est déroulée le 26 février 2016 à 12h20, après une matinée de cours à

IDHEO Nantes. L'entretien a duré 8 minutes 49 secondes.

Age : 62 ans

Sexe : Femme

Profession : kinésithérapeute, en fait j'aurais voulu être médecin mais je n'aime pas le sang. Ce qui

m'intéressait c'était de comprendre et de faire des diagnostiques, donc c'est là où l'ostéopathie

correspondait exactement à ma recherche.

Diplômée depuis : 1975 de l'école "SERETO" puis "Maidston"

Formations : J'ai fait des formations en psychanalyse, j'ai beaucoup travaillé avec des "groupes

balint" et avec une psychanalyste "lacanienne". Ca me sert dans ma pratique aujourd'hui. Mais

avant tout, ce qui m'a le plus apporté c'est la philosophie, non pas la philosophie ostéopathique (je

n'ai jamais étudié de livre ostéopathique), mais la philosophie au sens général.

Type d'ostéopathie pratiquée : J'ai une pratique de l’ostéopathie générale.

Quelle place donnez- vous à la communication avec vos patients lors d'une prise en charge ?

« La communication est importante tout le temps, c'est comme ça qu'on construit une relation. »

Quel est votre avis concernant le lien entre une bonne communication et le rétablissement du

patient ?

« Je ne sais pas ce que c'est qu'une "bonne" communication, l'échange entre un patient et son

thérapeute vient de la rencontre, elle n'est pas forcément avec des mots. Ça peut être de

l'observation mais c'est la présence (je parle de langage non verbal) que l'on met avec l'autre qui

fait qu'il y a un échange. Ça peut être avec des mots mais ce n'est pas forcément au travers des

mots. Dans tous les cas, ce n'est jamais au travers d'un bavardage. »

Qu'observez-vous lors de votre première rencontre avec votre patient ?

« C'est difficile de répondre parce que je ne mets pas de mot sur ce que j'observe, je me laisse

imprégner par mon patient. J'essaye de sentir ce qu'il est. Je ne peux pas mettre de mots, mais petit

à petit il y a quelque chose qui arrive. »

Est-ce-que cela influencerait la poursuite de la prise en charge ?

« Oui forcément, la prise en charge de mon patient est toujours dépendante de notre relation. »

Y-a-t-il des outils qui vous aident à créer un lien positif avec vos patients ?

« Je pense que la relation peut être parfois très dure au départ, elle n'est pas forcément bonne. Je

ne cherche pas le positif à tout prix, il y a des étapes à respecter dans la relation. »

Observez-vous un rapport entre la communication et l'effet placebo ?

« Je ne pense pas qu'il y ait d'effet placebo vraiment, mais par contre, je pense qu'il ne peut pas y

avoir de traitement sans la mise en place d'une relation, et c'est au nom de la mise en place de cette

relation que l'on va voir des réponses émerger. Si bien que ces réponses ne sont pas uniquement

du fait du thérapeute, mais c'est cet échange relationnel entre le thérapeute et le patient qui fait

qu'on obtient une réponse. Et cette réponse on ne la comprend pas toujours en tant que

thérapeute. »

Que pensez-vous des termes : bienveillance, empathie ?

« Bienveillance : c'est indispensable

Empathie: Je ne suis pas forcément en empathie avec mon patient, au contraire. De la distance,

toujours de la distance. »

Précisions ?

« Pour résumer, j'aime le mot de Marie Madeleine Davy qui est une philosophe contemporaine. Elle

parle justement de cet espace de vacuité entre deux personnes, elle explique que c'est parce qu'il y

a cet espace de vacuité qu'il y a une réponse, mais ça nécessite une présence profonde de chacun

des membres de la relation. On n’est pas dans l'émotionnel, chaque être à sa place à part entière

dans la relation. »

RESUME / ABSTRACT

TITRE : Etude qualitative des effets de la communication patient-praticien en ostéopathie. INTRODUCTION : Lors d'une consultation, l'ostéopathe effectue une analyse du patient dans sa globalité. On distingue deux temps dans la séance: l'examen clinique (anamnèse + examen physique), et le traitement (techniques manuelles + conseils au patient). Tout au long de cette séance, et comme dans toute thérapie, un lien particulier s'établit entre le patient et son thérapeute. Il semblerait que ce lien, véhiculé par la communication, ait un rôle important à la fois pour le praticien sur la compréhension globale du patient, mais également pour le patient, dans l'évolution de ses symptômes, et sur son bon rétablissement après le traitement. MATERIEL ET METHODE : Une première partie, descriptive, développe des notions de communication en s'appuyant sur des disciplines comme la Programmation-Neuro-Linguistique, l'hypnose Ericksonienne, et certains courants de psychologie.Une seconde partie, qualitative, concerne l'analyse d'interviews réalisées auprès d'ostéopathe D.O au sujet de leurs expériences personnelles, sur la communication patient-thérapeute et ses outils. DISCUSSION : Dans un premier temps, nous abordons le sujet des conséquences objectivables qu'a la relation d'aide sur les patients. Puis, nous énumérons les différents outils relationnels à la portée de l'ostéopathe. Ensuite, nous dévoilerons les limites de l'étude, et enfin nous parlerons des perspectives de recherches futures. CONCLUSION : Après avoir fait un bilan général sur ce mémoire, nous donnerons un aspect critique sur les effets de la communication patient-thérapeute en ostéopathie, et notamment sur les effets placebo ou nocebo pouvant être induit. MOTS CLES : Communication; effet placebo ; ostéopathie. TITLE: Qualitative study of the effects of patient-practitioner communication in osteopathy INTRODUCTION: During a consultation, the osteopath analyses his patient in its entirety. The session is divided in two phases: the clinical examination (anamnesis and physical examination) and the treatment (manual techniques and advising the patient). The consultation, like any another therapy, is based on a patient-practitioner relationship. It appears that this relationship, established through communication, has an important role for the practitioner on the global understanding of his patient, but also for the patient himself, in the evolution of his symptoms and his recovery after the treatment. MATERIAL AND METHOD: Firstly, a descriptive part is developed with notions of communication based on disciplines like Neuro-Linguistic Programming, the Ericksonian hypnosis and different schools of thought regarding psychology. Secondly, a qualitative analysis of interviews is realised and conducted on D.O osteopaths about their personal experiences on the patient-practitioner communication and tools. DISCUSSION: As a first step, the objectifiable effects of patient-practitioner relationship on the patient himself is discussed. Then, the different relational tools used by osteopaths are listed. Moreover, the threshold of this study and future research prospects will be approached. CONCLUSION: The overall assessment of this study will lead to a critical aspect on the effects of patient-practitioner communication in osteopathy, highlighting the placebo or nocebo effects that can be induced. KEYWORDS: Relationship; placebo effect; osteopathy.