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2012 UNIVERSITé D’éTé DE la commUNIcaTIoN poUR lE DéVElopEmENT DURablE Développement DURablE : de la communication à la coproduction 10 e édition

Développement DURablE : de la communication à la coproduction

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Page 1: Développement DURablE : de la communication à la coproduction

2012

U N I V E R S I T é D ’ é T é D E la commUNIcaTIoN poUR lE DéVElopEmENT DURablE

Développement DURablE : de la communication à la coproduction

10e édition

Page 2: Développement DURablE : de la communication à la coproduction

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Développement durable de la communication à la coproduction

« Depuis 10 ans, nous sommes dans un

monde en métamorphoses et en

a ccé lé ra t i o n , q u e j ’e s p è r e e n

progression vers une démocratie plus

contributive…» introduit le créateur de

l’Université d’été de la Communication

pour le développement durable1 . Un

monde dans lequel personne ne sait de

quoi sera demain. Un monde qui se pose

toutes les questions du collectif et de la

collaboration. Un monde en péril, aussi.

A son chevet, 7 milliards d’individus qui

doivent le soigner, le rendre désirable

et durable. L’ordonnance est longue : de

la coproduction sans modération, une

démocratie contributive au quotidien,

de l’intelligence et de la créativité,

beaucoup de méthode, une sacrée

ouverture d’esprit, une bonne dose de

confiance, un zeste de poésie, une once

de résilience et une pincée de rêve.

Ajoutez à cela un marketing et une

communication responsables, dans une

cohérence de toutes les organisations ,

qu’elles soient publiques ou privées.

Car, nous vivons une société de

communications, qui n’est plus le fait

un iquement des communicant s

professionnels : une mutation qui

renforce la nécess ité pour ces

professionnels d’exercer pleinement

leurs responsabilités sociétales, avec

une créativité renouvelée et sans doute

une nouvel le ut i l i té soc iéta le .

Et Gilles Berhault de poser la question :

« Dans ce monde en métamorphose,

dans cette société ede communications,

le développement durable est-il une

utopie motrice plutôt qu’une réalité

partagée ? ».

Coproduire le monde de demain : une idée qui avance… mais qui manque encore de méthode

Comment passer à l’action et inventer collectivement l’avenir de la planète ?

Les conditions nécessaires de la

co-construction et les pistes d’actions

étaient l’objet des travaux de la dixième

édition de l’Université d’été de la

communication pour le développement

durable qui s’est tenue à Bordeaux les 23

et 24 août 2012, dont le fil rouge était :

« Développement durable : de la

communication à la coproduction ».

Comment et pourquoi le développement

durable pousserait-il aujourd’hui à

coproduire à travers un échange et une

mutualisation permanentes, une

capacité d’appropriation par chacun des

enjeux, tournée vers l’action ? L’Université

d’été elle-même fut, par moments, un

véritable espace sinon de coproduction

du moins de réflexion collective

organisée… Un espace temps ponctué

de quelques interventions majeures. Un

voyage au pays de la collaboration vers

un monde de demain, plus soutenable

pour la planète. « Utopie motrice plutôt

que réalité partagée aujourd’hui ? Nous

vivons une société de communications,

qui n’est plus le fait uniquement des

communicants profess ionnels ,

renforçant la nécessité d’exercer

pleinement leurs responsabilités

sociétales, en toute créativité. »

1Gilles Berhault, Président d’Acidd et du Comité 21

Page 3: Développement DURablE : de la communication à la coproduction

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• 4 piliers (représentation/légitimation/responsabilité/poursuite de l’intérêt général)(remis en cause en interrogeant les liens entre société civile et gouvernants ?)• Représentativité ? Qui représente les organisations ? Sont-elles représentatives ? la voix des minorités est-elle trop forte, trop faible ?• les risques des outils de communication : exclusion, confiscation du vrai débat, diminution des relations humaines ? Quels nouveaux équilibres ?• Intérêt général : qu’est-ce que c’est ? Une même définition partagée ?

Développement durable de la communication à la coproduction Développement durable de la communication à la coproduction

coproduction réfléchie a toute sa place…

C’est une place naturelle pour les

démarches de développement durable,

en une nouvelle reliance des composantes

structurantes de la société d’aujourd’hui :

sociale, économique, environnementale

et culturelle. C’est aussi évidemment

une réponse au désespoir de nombreux

exclus qui ne peuvent saisir

les opportunités de participation

démocratique.

De nouveaux acteurs

Des corps intermédiaires nouveaux se

légitiment dans la société civile, comme le

Conseil économique et social, depuis qu’il

est devenu aussi « environnemental ». Le

nombre de structures augmente

rapidement, qu’elles soient expertes ou

transversales. En France, le Comité 21 est

depuis 15 ans un cas unique au monde : un

organisme multi-acteurs global, qui

regroupe les principales structures parties

prenantes du développement durable

(plus de 500 organisations membres),

inventant de nouveaux modes de

concertation et de collaboration. Ces corps

intermédiaires qui structurent désormais la

société civile ont été très actifs au Sommet

de la Terre « Rio+20 » : la participation de

plus 50 000 acteurs, issues de la société

civile représente indéniablement le grand

succès de Rio +20.

De la démocratie à la coproduction

Interroger la réalité démocratique

d’aujourd’hui, constater ses évolutions

et ses difficultés, ne suffit ni à produire

des perspectives, ni à entamer une

réflexion constructive autour de la

coproduction et des conditions dans

lesquelles elle pourrait être fructueuse

pour tous. Bettina Laville, directrice de

la rédaction de la Revue Vraiment

Durable, affirme que « la coproduction

est l’essence même du développement

durable ». Elle donne des pistes

structurantes et trace les contours d’une

révolution en marche.

QUESTIoNS

Vers une démocratie interactive ?

La coproduction – terme venu de la

production cinématographique - pour

réunir plusieurs parties autour de la

réalisation d’une œuvre commune

est-elle une dimension de la démocratie ?

La démocratie se met-elle au service de la

coproduction de la société du

21e siècle ? En introduction à ce « ré-

enchantement », Pierre Rosanvallon,

historien, professeur

au Collège de France

et penseur des

civilisations donne

des repères. La

démocratie s’appuie sur la confiance du

peuple dans ses représentants a-t-il

rappelé, « confiance du bas vers le haut et

de l’autorité du haut vers le bas ». Mais,

aujourd’hui, ces principes de confiance,

de représentation, de légitimité, de

responsabilité, sur lesquels reposaient la

démocratie sont remis en question. Dans

nos sociétés éclatées, la représentation «

fonctionne » moins bien. Au sens initial, le

peuple donne mandat pour le représenter

et décider en son nom. Mais, cette vision

classique de la démocratie - un peuple et

une représentation nationale – se heurte

à des représentations et des instances

multiples : « Le citoyen aujourd’hui

demande des comptes, souligne Pierre

Rosanvallon. Il veut être électeur et

contrôleur attentif. Il est vigilant. C’est un

citoyen qui ne donne pas simplement des

cartes blanches, mais qui veut que l’on

rende des comptes et qui sait s’opposer à

des décisions qu’il n’accepte plus simplement

parce qu’il y aurait une sorte de légitimité

automatique de ceux qui ont été élus. Le

déclin de la confiance a vu naître une

défiance citoyenne organisée qui fait

maintenant partie de la vie de nos

démocraties ».

Le professeur du Collège de France précise

que, désormais, est « représentant » celui

qui fait prendre en compte un problème,

qui ouvre le débat : ce n’est plus

seulement un ou des élus mais aussi des

experts, des citoyens impliqués. « La

représentation se trouve

face à un problème de

prise en compte de ces

singularités. On doit

donc inventer une

nouvelle forme de démocratie, au-delà de la

démocratie représentative et même de la

démocratie participative, et aller vers une

démocratie interactive… »

Le principe de légitimation s’affaiblit

également. Le principe majoritaire qui

fonde la légitimité démocratique par

l’élection ne semble plus pouvoir à lui

seul, fonder la légitimité des décisions.

A côté de la procédure électorale,

apparaissent d’autres dimensions de la

démocratie : des mécanismes de contrôle,

de jugement, d’évaluation, de

surveillance… Ainsi, à côté des institutions,

naît une démocratie civile.

Pour permettre une définition nouvelle,

adaptée de l’intérêt général, la

démocratie devient duale - politique et

civile - une démocratie au sein de laquelle

ne règne le pouvoir de personne en

particulier, où se multiplient les

institutions indépendantes et où croît la

perméabilité entre le pouvoir et la société

civile. Une forme de démocratie où la

“Le citoyen aujourd’hui demande des comptes“

Page 4: Développement DURablE : de la communication à la coproduction

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Développement durable de la communication à la coproduction Développement durable de la communication à la coproduction

« La coproduction, ce n’est pas la

participation. Parce qu’il ne suffit pas

de participer pour coproduire. On

peut participer et partir sans avoir

coproduit. Il n’y pas de coproduction sans

participation, sans discuter ensemble ». Une manière de voir qu’approuverait

sans doute Philippe Breton qui lie le

malaise politique, la crise démocratique

à une crise de la parole, à la perte de la

rhétorique et du « savoir argumenter »…

Il faut aussi, pour parvenir à une

production collective, introduire la

notion et la nécessité de gouvernance et

donc de la considération et de

l’intégration des « parties prenantes ».

La gouvernance n’est pas la coproduction

mais elle en est une condition. « La

coproduction, souligne Bettina Laville,

s’épanouit dans une gouvernance. Dans

une démarche de développement

durable, nous parlons beaucoup de

gouvernance (de la (biodiversité, de

l’environnement…), système complexe

d’approches et de moyens d’agir sur ce

que nous sommes en train de subir, la

perte du bon fonctionnement et du bon

équilibre de la terre. »

Selon Bettina Laville, la coproduction du

développement durable repose sur trois

piliers fondamentaux :

• Première condition : la non violence.

« Nous ne pouvons coproduire dans la

violence… si diffuse dans le monde

d’aujourd’hui ». Le corollaire nécessaire

en est la confiance. Elle est fondatrice,

un essentiel, l’essence même de la

coproduction. « Vous ne pouvez pas

coproduire avec des gens et des institutions

dont vous vous méfiez. Il y a un processus,

une recherche de confiance à élaborer en

amont de toute action entre toutes ces

parties prenantes que sont aujourd’hui les

acteurs du développement durable ».

Comme en écho, la confiance a été le fil

rouge, la rumeur permanente de

l’Université d’été 2012. Les participants

au « world café » mettront cette notion

en avant en l’accompagnant parfois de

mots très forts : respect, écoute,

tolérance… allant même jusqu’à

« amour » dans leurs échanges et de

leurs réflexions prospectives…

Troisème condition, l’écoute. Apprendre

à écouter l’autre et à tenir compte de sa

parole et de son avis est essentiel

« C’est tout à fait capital. Et compliqué…

Ce d’autant plus qu’il faut tenir compte de

l’avis des parties prenantes et des

générations présentes, mais aussi des

générations futures… Or, savoir ce que

vont penser les générations futures des

catastrophes que nous avons provoquées,

que nous provoquons… on ne le sait pas.

Mais il faut en tenir compte ! » Comme en

écho aussi, l’écoute de l’autre reviendra

également en boucle comme une

condition de la construction d’un monde

durable pour tous types d’organisations.

Comme si chacun aujourd’hui dans son

organisation sentait comme une

absence d’attention à l’autre, de temps

d’écoute, de course de vitesse non

programmée et non programmable…

Quatrième condition : la communication,

car « on ne peut coproduire sans avoir une

information et une bonne communication

avec les autres coproducteurs »

Les conditions étant posées, que faut-il

pour coproduire ? Trois clés selon

Bettina Laville, essentielles à la mise en

action au-delà des déclarations

d’intention :

Un droit négocié

« Un droit assez dangereux puisque ce

n’est pas du droit constant. Le contraire de

« l’esprit des lois défendu par nombre de

juristes, un droit « dur » avec des normes

qui ne peuvent être changées que par la loi

… ce qui empêche au fond toute

adaptation et toute prise en compte des

évolutions. À l’encontre, il y a bien entendu

des tentatives comme la RSE

( r e s p o n s a b i l i t é s o c i a l e e t

environnementale) et toutes les

démarches ISO… Mais on voit bien qu’il y

a tiraillement, voire conflit entre

l’ensemble de ces légitimités construites

par les parties prenantes et la loi. Il faut

arriver à construire un droit de la

régulation pour que nous ayons un cadre,

car il n’y pas de coproduction sans cadre ». Un thème qui reviendra en boucle dans

les débats : tous les intervenants,

participants, acteurs

du développement

durable présents

s’entendant sur le fait

que pour construire

u n e c o n f i a n c e

nécessaire à bâtir

projets et pensées, il fallait se donner

des règles du jeu communes.

Du temps

« On ne coproduit pas en twittant… parce

que la coproduction nécessite une

maturation ». Une vraie affirmation dans

notre monde de flux et de réseaux

permanents : « Ces réseaux de l’instant, ne

sont ni des coproductions, ni des

constructions de connaissance, même si

avec ces instruments aujourd’hui

incontournables on a des illusions de

coproduction. Il ne faut pas que ces modes

de communication arrivent à faire qu’une

partie de l’humanité tchate sans produire,

tout en ayant l’air de coproduire et qu’une

autre partie de l’humanité se taise… jusqu’à

ne même plus voter. C’est un défi du

développement durable tout à fait

important. » Un défi à relever que Francis

Jutand, Directeur scientifique de l’Institut

Mines Telecom définit ainsi :

« le numérique initie une métamorphose de

notre société, une hypertrophie

des fonctions d’information, de

communication et de connaissance qui va

contribuer à la transformation de toutes les

autres fonctions (production, commerce,

transport, santé, énergie et …

développement durable)… On ne peut faire

aujourd’hui l’économie de la réflexion sur les

contenus comme sur la relation humaine et

réfléchir à où nous

voulons aller en terme de

r e la t i o n s o c i a le ,

d’activité, d’éducation,

de spiritualité ou d’idéal

pour mettre le

numérique et la

communication à leur service. À nous de

développer une société cognitive, créative,

solidaire, spirituelle et soutenable… » Se

donner donc le temps, du temps…

Une méthode pour « simplifier la complexité sans la réduire »

“La coproduction s’épanouit dans une gouvernance“

Page 5: Développement DURablE : de la communication à la coproduction

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Carine Dartiguepeyrou : Les plateformes dereliance, la coproduction altruiste

Pour construire ensemble des visions communes et durables,

la prospectiviste, consultante en stratégie de développement, propose des

lieux d’intégration des différents paradigmes et systèmes de

représentation : les plateformes de reliance.

Dans ces espaces, on travaille sur les trois dimensions de la coproduction :

le formel (le cadre et la méthode), l’émotionnel (l’envie, le désir,

l’inspiration) et le sens (la prospective).

Elle donne cinq principes d’action :

• Découvrir et reconnaître la singularité des acteurs pour travailler

ensemble.

• Réinventer en permanence pour stimuler l’inspiration.

• Garantir la diversité du groupe : intergénérationnelle, sexuelle,

professionnelle, culturelle….

• Gouverner par l’harmonie et viser l’équilibre entre le local et le global,

entre l’innovation et la tradition, entre l’individuel et le collectif :

« la fleur des poétiques ».

• Travailler sur le long terme et tempérer le stress : « dégager des

contingences de planification » (Gaston Berger).

Les plateformes de reliance - Au-delà de la crise financière : Nouvelles valeurs, nouvelles richesses. Par Carine Dartiguepeyrou, aux Editions L’Harmattan

Développement durable de la communication à la coproduction Développement durable de la communication à la coproduction

Une méthode encore à créer comme un

champ ouvert à l’imagination et à la

co-construction… Quelque chose que

ceux qui se sont attelés depuis des

années à la vulgarisation scientifique

connaissent bien : « selon un idéal

démocratique et humaniste, elle

donnerait à chaque citoyen l’occasion de

s’approprier un savoir lui permettant de

mieux évoluer dans son environnement

quotidien, en toute connaissance et

conscience. L’appropriation de la

« méthode scientifique », développant

notamment l’observation, l ’esprit

critique, le scepticisme et l’objectivité

devant les faits, pourrait rendre tout un

chacun plus autonome, libre de se forger

ses propres idées et opinions face à

chaque situation ».

Sommet de la terre 2012 : un manque de coproduction ?

Et c’est bien ainsi que se pose la question :

la co-production est-elle une nouvelle

méthode pour agir en faveur de la

durabilité du développement de

l’humanité ? En juin 2012 était organisé

un nouveau Sommet de la terre, 20 ans

après celui fondateur du développement

durable et de sa mise en

œuvre. Il a été analysé

par certains comme un

échec malgré une

définition complète des

enjeux et la signature commune de 194

pays qui ont su dépasser les intentions

de blocage de ceux qui voyaient dans le

thème de la transition vers l’économie

verte, un risque pour l’emploi et la

création de richesses. Si le texte adopté

manque de souffle et surtout

d’engagements concrets, n’est-ce pas

justement un problème de « méthode »

et «d’outils de coproduction ». N’est-ce

pas simplement une incapacité à

collaborer, à vouloir faire adhérer les

autres à ses thèmes, plutôt que d’entrer

dans une véritable cogestion de la

planète ?

Carine Dartiguepeyrou, prospectiviste et

consultante en stratégie de

développement, regrette notamment

que « la diplomatie onusienne n’ait pas su

embrasser les diversités socioculturelles ». Un texte très désincarné est forcément

peu inspirant. La masse des initiatives

locales créatrices aurait due être relayée

vers la dimension internationale, pour

intégrer l’élan vital de la société civile et

de ses multiples systèmes de

représentation.

L’adage « penser global, agir local » a

démontré ses limites. Les territoires sont

convaincus – parfois avec excès - qu’ils

portent les transitions du monde, qu’ils «

font » le développement durable, chaque

jour. Mais que faire pour généraliser les

initiatives locales ? C’est là que s’exprime

l’enjeu d’une commu-

nication pour le

développement durable :

comment passer du

local au global ?

Comment généraliser, dans toute leur

diversité, des démarches locales qui

marchent dans les régions et les villes, à

l’échelle des territoires nationaux et

continentaux. C’est ainsi que l’on passe

de la communication à la co-production,

“On ne coproduit pas en twittant…“

Page 6: Développement DURablE : de la communication à la coproduction

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Développement durable de la communication à la coproduction Développement durable de la communication à la coproduction

car la communication a un rôle

stratégique et central à jouer, dans un

monde où elle ne relève plus seulement

de la responsabilité des « professionnels

» (qu’ils soient publics ou privés, qu’ils

soient acteurs des médias classiques, du

« hors médias », ou des réseaux sociaux).

Gouvernance des territoires et mise en œuvre de la coproduction au niveau local ?

Selon Anne Walryck, adjointe au

développement durable de la ville de

Bordeaux : « L’Agenda 21 fixe le cadre ».

Dans toute sa modernité, la feuille de

route pour le développement durable des

territoires, implique ou doit impliquer

toutes les parties

prenantes . Avec

toujours la même

difficulté à s’adresser

directement au citoyen,

à le « faire entrer en

coproduction », car

c’est parfois une vraie difficulté de ceux

qui ont la légitimité du pouvoir à confondre

concertation et coproduction. Pourtant

Hervé Gillé, délégué au développement

durable, plan climat et responsabilité

sociétale du Conseil Général de la Gironde

l’a également souligné : « C’est ce cadre qui

renforce et donne plus de légitimité à l’action

politique ».

C’est sur la capacité de coopération que

repose la réussite de toute action. Le

développement d’internet et des

nouvelles technologies de l’information

est une évolution positive si on sait éviter

les exclusions, former à grande échelle

et partager l’information. L’ open data

(accès libre aux données publiques) est

nécessaire à toute démarche de

développement durable : en ce sens, la

démarche pionnière de la Communauté

urbaine de Bordeaux est à généraliser.

La communication permet de faire plus

savoir et véhiculer l’envie. Le ministère

du développement durable reconnaît

officiellement plus de 300 sur les

presque 1000 Agenda 21 territoriaux

français. Il faut pour cela faire monter les

compétences, en développement

durable et en communication, on parle

aujourd’hui de capacitation, traduction

complexe d’empowerment.

Communication et marketing responsables

Les organisations sont

passées de l’ère du

« parler à » au « parler

et faire avec ». Cela révolutionne la

fonction communication et la façon dont

on instaure le dialogue. L’essor des TIC,

la généralisation de la culture du

développement durable sont les

principales causes de ce changement.

Certaines fédérations et syndicats

professionnels du secteur de la

communication et du marketing, portés

par des individus motivés par une

sensibilité personnelle, mais aussi par la

compréhension que la pérennité de leur

activité repose sur leur capacité à

prendre en compte le développement

durable, y ont collaboré. Après 10 ans

d’Université de la communication pour le

développement durable et grâce au

soutien de l’ADEME, ces métiers ont

avancé. C’est ainsi qu’a pu être créé la

filière Eco-évenement initiée par Benoit

Desvaux (Le Public Système) et

Dan-Antoine Blanc-Shapira (Sensations !) :

« Il faut que tout le monde se mette autour

de la table. Nous l’avons fait dans le secteur

de la communication événementielle avec

l’ensemble des différents métiers. C’est

ainsi que cela devient une responsabilité

standardisée et non pas une valeur

supérieure ».

C’est une vision partagée par les

directeurs de la communication des

grandes entreprises : les « annonceurs »,

sont entrés dans une recherche de

dialogue entre marques et marché, avec

leurs parties prenantes. Ce dialogue

s’appuie de plus en plus sur des outils

dématérialisés, solution en temps réel,

évidemment moins onéreuse, à la fois

individualisée et collective, mais qui crée

une hypertrophie de l’information qui ne

facilite pas la réception des messages.

Mais, ce décloisonnement, renforcé par

la convergence des outils, reste

nécessaire.

Il reste évidemment beaucoup à faire,

mais c’est par une approche convergente

et globalisée que l’on peut réenchanter

la communication sur le développement

durable… Une question restant la

confusion, encore trop courante, entre

communication et information,

m o b i l i s a t i o n e t é d u c a t i o n ,

communication et coproduction.

C’est encore une fois une responsabilité

renforcée des professionnels d’autant

que toute communication aujourd’hui

s’inscrit dans l’espace public.

Dix ans de communication responsable et de coopération, et maintenant ?

Pour Marie-Christine Lanne, directrice

de la communication de Generali

France, la RSE est un axe majeur de la

stratégie de l’entreprise : « Ce n’est pas

une mode, c’est une réalité ! Les

phénomènes d’irréversibilité et les effets

de seuil l’attestent. C’est même essentiel

pour les assureurs que nous sommes.

Je suis effarée de voir que dans notre

profession, du moins en France, les

modèles actuels n’intègrent pas les

paramètres du changement climatique

dans leur modélisation. A l’échelle

mondiale, le coût des dommages liés aux

changements climatiques a représenté

500 milliards d’euros l’année dernière ! ». Heureusement, de nouvelles formes de

dialogue et d’échange apparaissent

pour mutualiser les bonnes idées et les

bonnes pratiques comme celles initiées

ou soutenues par Generali France :

Entrepreneurs d’avenir, Génération

responsable…

Pour Dan-Antoine Blanc-Shapira,

« ce n’est pas la communication qui fait la

responsabilité de l’entreprise mais

l’entreprise qui s’engage dans la RSE. À ce

titre, Sensation ! n’est pas une agence

verte, c’est juste une agence intelligente

qui propose une offre responsable ». La

norme internationale ISO 26000 est un

“la RSE n’est pas une mode, c’est une réalité !“

Page 7: Développement DURablE : de la communication à la coproduction

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Développement durable de la communication à la coproduction Développement durable de la communication à la coproduction

outil de management et de pilotage

très intéressant qui permet non

seulement de parler le même langage

mais aussi de se jauger. Il invite les

annonceurs à mettre plus de pression

sur les agences pour qu’elles adoptent

aussi des comportements RSE. Car si

depuis 2007, on assiste à un véritable

engouement pour le développement

durable (entraînant la création

d’outils, d’offres, de formations…) et si

beaucoup d’acteurs ont déjà pris le

train, certains restent sur le quai et

attendent de voir passer le suivant.

Seuls des indicateurs et des contraintes

sont susceptibles de les réveiller : « J’utilise trois arguments de vente : je

commence par dire que le développement

durable, c’est bien. S’il en doute,

j’explique ensuite à mon client que s’il

n’en fait pas, il perdra des parts de

marché. Pour achever de le convaincre,

je lui parle du cadre réglementaire qui va

l’obliger à s’y pencher… un discours

persuasif, croyez-moi ! Les agences ont

besoin de la régulation ! »

Charles-Marie Boret, expert des questions

de communication publique et des

stratégies de territoires, appuie cette

analyse : « aucune stratégie de

communication efficace n’est possible sans

prise en compte de toutes les parties

prenantes ». AFAQ, Iso 26000… sont

d’excellents outils d’évaluation mais il

faut passer à la vitesse supérieure et

introduire des éléments règlementaires

et incitatifs : « l’autorégulation ne marche

pas (exemple de la finance internationale) :

des barrières, des garde-fous doivent être

imposés par l’extérieur ».

C’est aussi une question de valeurs

dominantes. Francis Jutand, pense que

celles qui dominent en ce moment

(consommation, pouvoir, hédonisme et

individualité), nous mènent à la

catastrophe. Il insiste fortement sur la

question de la prospective : « c’est bien

d’aller vite, mais vers où ? Le bouquet

des innovations numériques a entrainé

l’hypertrophie de la communication qui agit

plus sur le mode de consommation que sur

l’usage du produit. Comment résister à

l’augmentation du nombre et de la variété

de messages portés par les nouveaux

medias, en permanent renouvellement ? Les

communicants doivent rester à l’avant-

garde de la transformation sociétale faisant

émerger une nouvelle éthique de la

communication ».

Marketing et scepticisme ?

Selon Luc Balleroy, directeur général

d’Opinionway « la montée de la défiance

est la conséquence directe de l’incohérence

des messages. On dit tout et son contraire

! Un exemple parmi tant d’autres : d’un

côté on impose une taxe carbone pour

limiter les gaz à effet de serre, et d’un autre

on offre une prime à la casse pour

augmenter l’achat de voitures ». Cela fait

dix ans que l’on rabâche le

développement durable et ses enjeux

colossaux, et les sommets accouchent de

micro décisions ! Comment ne pas être

sceptique face à l’ampleur des enjeux ?

Mon action micro-individuelle a-t-elle du

sens ? Quand on parle d’écologie, on dit

« moins », « cher » ou « raisonnable ». Les

communicants parlent eux de « plus », de

« désir » et de « promotion », ils vendent

Entre crise et scepticisme, comment communiquer sur le développement

durable aujourd’hui ?

Alain Chauveau, responsable du programme

communication et marketing responsables d’Acidd et

directeur associé de DD Prod, a fêté les 5 ans de

l’Observatoire de la communication et du marketing

responsables à l’Université d’été. L’Observatoire, avec

l’aide de ses partenaires (AACC, ADEME, Syntec RP, UDA) a

mis en place une collaboration avec les principaux instituts

de sondages pour comparer et mettre en commun leurs

études portant sur la perception du développement

durable, la communication et la consommation

responsables. Ce cahier de tendances que propose

l’Observatoire démontre que les Français, malgré la crise,

le scepticisme restent concernés par les enjeux du

développement durable.. D’un consumérisme à tout crin,

on va vers des modes de consommation plus durables, vers

une économie de partage (couch surfing, co-voiturage,

partages entre voisin…), relocalisée ou l’accès sera plus

important que la propriété. Dans ce contexte, le

consommateur, très informé, attend une communication

sur le développement durable qui lui donne envie mais qui

soit aussi sincère, transparente, cohérente et légitime.

lien observatoirecommunicationdeveloppementdurable.com/ob-servatoire-de-la-communication-et-du-mar-keting-responsables/

Page 8: Développement DURablE : de la communication à la coproduction

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Verbatim et bruits de couloirs

Julie Chabaud, responsable Mission Agenda 21 du Conseil général de la Gironde : « On passe d’une communication-vitrine/marketing, à une communication sur la capacité à travailler tous ensemble ».

François Moisan, Directeur exécutif de la Stratégie, de la Recherche et de l’International de l’ADEME : « On voit qu’aujourd’hui le passage à l’acte se fait de façon décentralisée, au niveau des villes, des territoires, des entreprises. Ce dont on a besoin maintenant, c’est d’une cohérence globale, internationale, en particulier au niveau écono-mique… La crise des ressources qui arrive devrait, avec de nouveaux signaux-prix, devrait accélérer cette convergence ».

Alain Liberge, Directeur de l’environnement et de la RSE, Orange France : « Après Rio + 20, le constat est un peu amer. Il est bien difficile de s’entendre sur un mode de développement durable, dans un monde qui s’est extrêmement complexifié depuis 20 ans, ou les pays émergents n’ont pas les même craintes que nous sur le devenir de la planète et ont une énorme envie de développement ».

Marie-Christine Lanne, Directrice de la communication Generali France : « Les entreprise sont passées de l’ère du « parler à » au « parler et faire avec ». Cela révolutionne la fonction communication et la façon dont on instaure le dialogue. Avec le développement des NTIC, le développement durable est devenu un provocateur du changement ».

Catherine Decaux, Directrice générale du Comité 21 : « L’information environnementale sur les produits doit être simple, harmonisée, comparable, s’inspirer de ce que le consommateur connaît, comme l’étiquette énergie. Elle doit se faire au plus près du produit, du point de vente, avec une sémantique compréhensible. Enfin, elle devrait être généralisée et rendu obligatoire… ».

Christophe Bultel, Directeur conseil CBC, consultant et chercheur en communication pour le développement durable : «Pour les PME les enjeux de la RSE sont d’ordre informationnel, relationnel et réputationnel».

Daniel Luciani, directeur général d’ICOM, agence conseil en communication responsable : « L’uniformisation et la standardisation des indicateurs de reporting sont nécessaires pour les rendre comparables, oui mais en les adaptant aux produits et aux secteurs ».

Dominique Olivier, secrétaire confédéral de la CFDT, en charge du développement durable : « Rio+20, c’était aussi Stockholm+40 ! Comment nourrir le temps long ? Comment capitaliser et donner une suite aux travaux, réflexions, échanges qui se déroulés dans le cadre du pavillon français à Rio ? »

Jean-Marc Gancille, directeur du dévelo-ppement durable, groupe Evolution et Inoxia : « ISO 26000, norme internationale de la responsabilité sociétale des organisations, prône l’amélioration du dialogue avec les parties prenantes, de sa transparence. Elle incite à changer la gouvernance des organisations et leurs modes de communication avec leurs publics ».

Thomas Sorrentino, responsable de la communication d’Ashoka : « Entreprises, collectivités locales, associations… chacune a une partie de la solution pour répondre aux grands enjeux du développement durable : c’est ce que nous appelons une chaîne de valeur hybride. L’innovation sociale, c’est considérer l’ensemble de la chaîne ».

Christophe ADAM, médecin généraliste, coordo-nnateur des : « Lits haltes soins santé » de Bordeaux et membre du conseil d’administrationde Médecins du Monde France: «La multipli-cation et la diversité des acteurs de l’intervention sociale est un puisant facteur d’innovation sociale ».

Développement durable de la communication à la coproduction Développement durable de la communication à la coproduction

de la désirabilité ! Luc balleroy s’étonne :

« Qu’attend-on pour rendre le

développement durable désirable ? Pour

s’emparer du sujet et relier les enjeux de

l’entreprise aux préoccupations des

consommateurs ? ». Le Guide pratique du

marketing durable qu’a dirigé le Comité

21 a jeté les bases de ce qui devrait être

une politique permanente d’innovation

pour les marques et les entreprises.

Cette innovation durable est d’autant

plus importante que, dans un contexte de

crise, chacun a tendance à privilégier le

court-terme : le développement durable

c’est trop loin, les risques c’est pour

demain. La préoccupation, c’est d’abord

travailler, manger, avoir un toit.

Pour surmonter les difficultés de ce

« court termisme », il faut poser des

problématiques concrètes. Aller dans le

sens du consommateur : l’utilité, le plaisir !

On ne peut plus être sur un discours

anxiogène : ce n’est ni productif… ni

« coproductif ».

L’Ademe (Agence de l’environnement et

de la maîtrise de l’énergie) a multiplié les

guides et les informations pour

sensibiliser aux bonnes pratiques dans les

domaines de la gestion des déchets, de la

maîtrise de l’énergie, des transports, des

bâtiments, de l’air et du développement

durable. Aujourd’hui, les annonceurs sont

en conformité avec les recommandations

développement durable : selon l’étude

annuelle « Publicité et environnement »,

menée par l’ARPP (Autorité de régulation

professionnelle de la publicité) et

l’Ademe, seulement 3% des annonces

ne les respectent pas. Mais l’étude

montre que le problème pourrait se

déplacer sur le marketing et ses outils :

packaging, PLV, etc.

Pourtant, David Garbous, directeur

marketing de Lesieur, confirme les

marques sont des acteurs majeurs du

développement durable. Mais, pour lui, il

faut aborder le sujet de manière

pragmatique (et non pas dogmatique). « Je répète sans cesse à mes équipes : ne

racontez pas de belles histoires mais de

vraies histoires. Il ne faut pas confondre

opportunité et opportunisme. Le

consommateur n’achète pas qu’un produit,

il adhère à un écosystème ».

Page 9: Développement DURablE : de la communication à la coproduction

16 17

Développement durable de la communication à la coproduction Développement durable de la communication à la coproduction

Marcel Desvergnes a été enseignant,

directeur d’écoles publiques : cela

explique son regard très attentif à

l’éducation, aux générations futures.

Passionné de communication, il a

créé, développé et dirigé l’Université

d’été d’Hourtin. Il a présidé pendant

des années Aquitaine Europe

Communications, première agence

régionale du numérique en France

par la richesse et la diversité de ses

productions. Il est aussi président de

l ’Association des Lecteurs,

Internautes et Mobinautes de Sud

Ouest, après avoir présidé la Société

nationale des lecteurs du Monde.

Selon Marcel Desvergne, la France

aura tout intérêt à aider à la

naissance de l’hyper-démocratie

(forme ultime de la démocratie à la

fois planétaire et participative,

imaginée par Jacques Attali dans

son livre « Une brève histoire de

l’avenir ») qui protégera ses valeurs

et son existence même. Elle devra

donc proposer la création

d’instances de gouvernance

mondiale disposant de ressources

propres, en particulier par la fusion

du G8 et du Conseil de sécurité. A

l’échelle européenne, elle devra

inciter à la mise en place d’un

v é r i t a b l e g o u v e r n e m e n t

continental, doté de compétences

politiques, militaires et sociales

et pas seulement, comme

aujourd’hui, économiques et

monétaires. Dans ce contexte, il

faudra développer la démocratie

participative, en particulier

régionale, et organiser des

espaces urbains et virtuels pour

que s’y rencontrent ceux qui ont

envie de se rendre utiles et ceux

qui peuvent offrir des occasions

de l’être. Cette démocratie

participative aidera à faire surgir

des citoyens à la fois intégrés et

fidèles à leurs communautés.

Des citoyens capables de donner

à la France les moyens de trouver

la meilleure place dans l’histoire

de l’avenir.

Mais qui dit changement dit

inquiétudes et aussi blocages

possibles ! On peut être dubitatif

devant la complexité de la mise

en place de cette hyper-

démocratie sans le temps

obligatoirement nécessaire face

aux réalités économiques et

géopolitiques du monde ! Mais

ces blocages peuvent être

dépassés s i déc ideurs ,

responsables associatifs et

politiques, hors de leurs

territoires, s’associent. Car,

comme l ’affirme Marcel

Desvergne : « Ne regrettons pas le

temps des bastides, assumons

celui DES NUMERIQUES avec

stratégies et confiance ! ».

peut-on espérer vivre sereinement dans une « hyper démocratie transparente »?

Marcel Desvergnes

Michèle Pappalardo après avoir

« fait » l’ENA a exercé des responsabi-

lités dans l’audiovisuel, en dirigeant

une chaîne de télévision, avant de

se concentrer sur le développement

durable à la présidence de l’ADEME

puis en tant que Commissaire

générale au développement durable

et déléguée interministérielle au

développement durable. Elle a

aujourd’hui retrouvé la Cour des

Comptes, son corps d’origine. Elle a

notamment piloté le rapport remar-

qué sur le coût global du nucléaire.

La coproduction du développe-

ment durable comporte trois

dimensions à articuler :

• L’expertise. Nous avons besoin

d’experts pour avoir des données

et visions fines ; ceux-ci doivent

avoir envie de partager ;

• La capacité à assembler. Il y a

besoin « d’assembleurs » pour

écouter et faire des propositions.

Ce rôle est à protéger et à

valoriser car il est très important

dans la coproduction ;

• L’’impulsion. Elle vient forcément

de la base, de ses besoins.

Pour Michèle Pappalardo, nos

organisations ne peuvent plus

fonctionner en silos : « La ver-

ticalité des structures s’oppose à l’hori-

zontalité du développement durable. Il

se partage, s’enrichit d’expériences et de

spécialistes. C’est une forme d’esprit, une

volonté de démarche. Pour co-construire,

les généralistes (comme, par exemple, les

énarques) sont inaptes ». Seul l’assemblage

d’experts doués d’une ouverture d’esprit

et conscients qu’ils ne peuvent pas tout

résoudre seul, permet de bâtir une

solution améliorée par chacun. La copro-

duction, ce sont des territoires différents

(sectoriels, géographiques, fonctionnels…)

qui décident de co-construire ensemble.

Elle aboutit plus aisément avec l’aide d’un

« assembleur » qui écoute, comprend,

anime et propose des issues. Il aide à

trouver un modus vivendi qui permette

à chacun de développer ses expériences,

de les regarder, de les comprendre, d’en

ressortir des choses intéressantes et de les

restituer : « Il a un rôle d’accoucheur ».

Michèle Pappalardo souligne également

que « la co-construction ne peut se faire

qu’avec des gens curieux, à l’écoute,

ouverts et créatifs ». Il faut un mini-

mum de tempérament, une capacité à

s’affirmer dans l’échange, à prendre position,

à donner un avis et à faire des propositions »

Enfin sa conviction reste que développement

durable et business ne s’opposent pas ; la di-

mension économique est dans le dévelop-

pement durable et le marché une de ses

dimensions. Tout en soulignant que la di-

mension aujourd’hui prioritaire du dévelop-

pement durable est le social et qu’elle prend

une ampleur toujours plus importante.

les trois dimensions de la coproduction du

développement durableMichèle Pappalardo

Page 10: Développement DURablE : de la communication à la coproduction

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Directeur de la publication : Gilles Berhault Création maquette : Géraldine Fredon Les textes de ce document sont issus des travaux de la 10e Université d’été de la communication pour le développement durable qui s’est déroulée les 23 et 24 août 2012 à Bordeaux.Ils ont été recueillis et mis en forme par : • Dominique Mégard, Présidente du réseau Cap’Com • Gilles Berhault, président d’Acidd et du Comité 21• Catherine Decaux, Directrice générale du Comité 21, • Alain Chauveau, responsable du programme communication et marketing responsables d’Acidd et directeur associé de DD Prod• Violaine du Châtellier et Léonor Manent (BeeBloo), rédactrices du blog Youphil «Quand les entreprises s’engagent»

Document imprimé par Maxi Prim - 84 120 Pertuis - Entreprise Imprim’vert® - Imprimé sur papier recyclé

©R

émy

Del

uze

Conclusion… par Gilles Berhault

Pour cette 10e édition de l’Université d’été de la

communication pour le développement durable,

nous avons abordé le premier volet du plus grand

enjeu du développement durable : la coproduction

du monde du 21e siècle. Comment gérer notre bien

commun mondial à 194 pays ? Comment gérer

durablement chaque territoire, dans toutes nos

diversités et dans un monde en transition ? Quelle

gouvernance adopter pour chaque organisation

publique ou privée ? Ces sujets sont complexes et

nous avons abordé plusieurs questions de fond, nous

interrogeant nous même sur nos propres capacités

de cocréation. Il faudra continuer et s’intéresser

maintenant à la forme pour vérifier que chacun est en

capacité de participer.

Ces dix ans ont été ceux d’une grande évolution de

nos sociétés. Les travaux d’ACIDD et de ses partenaires

cherchent à faire se rencontrer deux grands moteurs

d’évolution de notre civilisation, les communications

et le développement durable.

La communication a pris une place considérable dans

nos sociétés : d’abord produite et gérée par des

directeurs de communication et des agences, elle est

maintenant partagée par le plus grand nombre. La

communication est devenue le métier du plus grand

nombre, ou une part importante de leurs métiers.

Notre objet est donc d’échanger sur la «

communication » en général, c’est à dire sur ce qui

définit les échanges entre humains, car le

développement durable se nourrit de liens.

Les outils de communication actuels nous permettent

de vivre de façon synchrone à 7 milliards d’humains,

vivant ensemble sur la même planète. Mais, la

technologie ne met pas naturellement en situation de

coopération et même de coproduction d’un nouveau

monde à inventer. Nous avons besoin d’un

réenchantement, d’un nouvel imaginaire.

À la fin du 20e siècle, trop souvent les communicants

et marketeurs se sont mis au service d’une

consommation compulsive, stressante, encourageant

l’accumulation de « biens de consommation » en très

grand nombre. Et plus on possède plus on est

stressé… et plus on consomme. Les modes de vie

émergents, qui seront majoritaires demain, sont

fondés sur l’usage, la légèreté, le partage... Cette

transition est source de frustrations, voire d’une

forme de schizophrénie pour les professionnels de la

communication et du marketing, mais elle peut aussi

leur permettre de trouver un nouveau rôle sociétal et

un nouvel espace de créativité.

La coproduction interroge les questions de

gouvernance et démocratie. Le récent Sommet de la

terre Rio+20 malgré sa très grande richesse n’aura pas

permis de refondre totalement la gouvernance de

l’environnement dans monde.

Malgré tout, il faut souligner l’importance de ce

sommet par la richesse des contributions de l’ensemble

de la société civile, avec 50 000 experts engagés venus

du monde entier à Rio… Une occasion de féliciter plus

particulièrement les responsables de 60 réseaux

français qui ont accepté à l’invitation du Comité 21 de

se réunir et de collaborer. Le pavillon de la France a aussi

été un succès par sa capacité à faire coopérer des

entreprises, des collectivités territoriales, des

associations et des chercheurs…

Nous avons une belle feuille de route à concevoir et

à mettre en œuvre tous ensemble. Le

développement durable n’en est plus au stade de la

recherche de bonnes pratiques : la nouvelle

s é q u e n c e q u e n o u s a b o r d o n s

vise à la généralisation des démarches. C’est une

approche qui sera essentiellement fondée sur

l’action locale, sur les territoires, dans une logique

ascendante.

Toutes les contributions sont utiles quand elles

s’appuient sur la sincérité. z

Développement durable de la communication à la coproduction

Page 11: Développement DURablE : de la communication à la coproduction

les partenaires officiels

Président : Gilles Berhault • Programme : Alain Chauveau / Observatoire de la Communication et du marketing responsables • Assistant programme : Dominique Mégard • Coordination et partenaires Bordeaux : Charles-Marie Boret / cmb ; mutations et stratégies • Administration / inscriptions : Fabienne Guemas / ACIDD • Relations institutionnelles : Jacques Decuignières / ACIDD • Photographe : Rémy Deluze • Marketing, gestion des bases de données : Thomas Parouty / Agence Mieux ! • Scénographie : Olivier Demangeat / Eugène ! • Mobilier et plantes : Services techniques de la Mairie de Bordeaux • Régie générale : Emmanuelle Devriendt et Valérie Quinio / Instants Bordelais • Transports en communs et vélo : TBC Bordeaux et Mairie de Bordeaux • Web TV : Jean Pouly /Econum • Son et audiovisuel : Triaxe • Diffusion vidéo : TerreTV • Création graphique calicots et trombinoscope : Laura Lobjoit/ Bellibulle • Hôtesses : Sud hôtesses • Stagiaires des écoles : Camille Garicoitz (EFAP) et les étudiants du Bordeaux MBA • Traiteurs : Humblot et association Troispetitspois • Lieux d’accueil : H14 / Congrès et expositions de Bordeaux (CEB), Hangar Darwin, Chez Alric

Université d’été 2012 de la communication pour le développement durable

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