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Atlas de la Grèce classique V e - IV e siècle av. J .-C., l’âge d’or d’une civilisation fondatrice Nicolas Richer

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Atlas de la Grèce classiqueVe-IVe siècle av. J.-C., l’âge d’or d’une civilisation fondatrice

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Illustration de couverture : Sculpture du roi Trojan, 490 av. J.-C.Temple d’Aphaïa à Égine© Bridgeman ImagesImprimé et broché en France

24 € – ISSN : 1272-0151 ISBN : 978-2-7467-4567-4

–Retrouvez toute notre actualité sur www.autrement.comet rejoignez-nous sur Facebook

« L’époque classique constitue, par ses réalisations matérielles et littéraires, un temps de référence. »

Nicolas Richer est professeur à l’École normale supérieure de Lyon. Spécialiste de l’histoire grecque des époques archaïque et classique, en particulier de Sparte, il est notamment le coordonnateur de l’ouvrage Le monde grec (Bréal, 3e éd. 2017).

Claire Levasseur est cartographe indépendante.

90 cartes et schémas inédits pour comprendre les deux siècles considérés

comme l’apogée de la Grèce antique.

• Ressources, population, productions et échanges, dans un espace

insulaire et semi-aride.

• Une multitude de cités indépendantes et singulières : Athènes

et la démocratie, Sparte et l’oligarchie, Corinthe, Thèbes, Cnossos,

Métaponte, Syracuse…

• Puissance, rivalités et confl its : de la victoire athénienne sur les Perses

à Marathon (490) aux conquêtes d’Alexandre le Grand.

• Un âge d’or des arts, des sciences et de la culture, dans les cités

et les sanctuaires.

Au-delà de la rivalité entre Athènes et Sparte, l’auteur présente la diversité

et la richesse du monde grec à l’époque classique et explique en quoi cette

civilisation fut fondatrice.

Atlas de la Grèce classiqueVe-IVe siècle av. J.-C., l’âge d’or d’une civilisation fondatrice

Nicolas Richer

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Atlas de la Grèce classique

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AuteurNicolas Richer est agrégé d’histoire ; après avoir enseigné à l’Université Paris-I, Panthéon-Sorbonne, comme ATER puis comme Maître de conférences (1991-2000), il a été Professeur des Universités à Strasbourg (2000-2003) et, depuis 2003, il est Professeur des Universités à l’École Normale Supérieure de Lyon. Il est spécialiste de Sparte (Les Éphores. Études sur l’histoire et sur l’image de Sparte (VIIIe-IIIe siècle avant Jésus-Christ), Paris, Publications de la Sorbonne, 1998  ; La Religion des Spartiates. Croyances et cultes dans l’Antiquité, Paris, Les Belles Lettres, 2012 ; Les Spartiates, à paraître) et il a coordonné des manuels destinés au public estudiantin (Le Monde grec, Paris, Bréal, rééd. 2017 et Le Monde romain, Paris, Bréal, rééd. 2014).

CartographeClaire Levasseur est cartographe indépendante. Collaboratrice régulière des éditions Autrement, elle a notamment conçu et réalisé les cartes et infographies de l’Atlas du Moyen-Orient (P. Blanc et J.-P. Chagnollaud, 2016) et de l’Atlas de l’Empire romain (C. Badel, nouvelle édition 2017). 

Maquette : Agence Twapimoa et Axel BuretLecture – correction : Carol RouchèsCoordination éditoriale : Serge Guillot

ISBN : 978-2-7467-4571-1© 2017, Éditions Autrement17, rue de Tournon – 75006 Paris www.autrement.com

Dépôt légal : octobre 2017Imprimé en septembre 2017

Tous droits réservés. Aucun élément de cet ouvrage ne peut être reproduit, sous quelque forme que ce soit, sans l’autorisation expresse de l’éditeur et du propriétaire, les Éditions Autrement.

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Atlas de la Grèce classique

ve-ive siècle av. J.-C., l’âge d’or d’une civilisation fondatrice

Nicolas Richer

Cartographie : Claire Levasseur

Éditions AutrementCollection Atlas/Mémoires

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6 Introduction

9 Les ressources et les hommes

10 Les matières premières et les ressources halieutiques 12 L’agriculture 14 L’habitat et le peuplement 16 La communication entre les hommes18 Les circuits économiques

21 La Grèce balkanique et son évolution politique au ve siècle

22 Le Péloponnèse et l’emprise de Sparte au début du ve siècle24 La Laconie centrale26 Sparte et son organisation politique28 La Corinthie et l’Argolide30 L’Attique32 La réforme clisthénienne et les institutions

politiques athéniennes

34 L’Acropole, le fleuron d’un ambitieux programme36 Le Parthénon, hommage des Athéniens à Athéna 38 La Béotie aux ve et ive siècles40 La Thessalie aux ve et ive siècles42 La Crète aux ve et ive siècles44 La situation des Grecs de l’Est au début du ve siècle46 Les guerres médiques48 Les grandes batailles des guerres

médiques50 La Ligue de Délos et les tensions entre

Grecs (479-431) 52 La guerre du Péloponnèse (431-404)

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Atlas de la Grèce classique

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55 Les Grecs d’Occident au ve et ive siècles56 Les cités de Grande Grèce58 Les Grecs de Sicile60 Syracuse

63 L’affirmation de nouvelles puissances au ive siècle et les pratiques de la guerre

64 Les équilibres instables de la première moitié du ive siècle66 La réorganisation du Péloponnèse au début du ive siècle68 De grandes batailles terrestres70 Villes fortifiées et forteresses72 L’importance des ports et la construction

de longs murs74 La mer Noire et le Bosphore Cimmérien76 Chypre78 Le renforcement de la Macédoine80 L’intérêt des Grecs pour l’Empire perse

83 L’évolution culturelle et les grands sanctuaires

84 L’affirmation d’un urbanisme nouveau86 Les principaux écrivains, savants et artistes grecs88 Dieux, sanctuaires, oracles et concours :

le cas d’Olympie90 Les sanctuaires de Delphes et d’Épidaure

92 Conclusion

Annexes

93 Chronologie générale93 Sitographie94 Poids et mesures94 Bibliographie

SOMMAIRE • 5

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La Grèce balkanique dispose de ressources minérales, métalliques et végétales variées, mais elles sont assez inégalement réparties. Le contrôle et l’usage des ressources en métaux précieux (argent et or) ont joué un rôle important dans l’histoire de la Grèce antique : la prospérité d’Athènes est liée au plomb argentifère du Laurion et celle de la Macédoine aux gisements du massif du Pangée, en Thrace occidentale.

Si on évalue la production annuelle d’argent à 26 tonnes et celle du fer à 2  600 tonnes dans le bassin égéen, le rapport de valeur entre les deux métaux n’est pas de 1 à 100 mais de 1 à 500 : une partie de l’argent monnayé devait être soustraite à la circulation en étant thésaurisée par des particuliers ou dans des sanctuaires.

Les ressources minéralesLa confection de vases en céramique nécessite la présence d’argilières, qui ne sont pas rares en Grèce (par exemple au cap Kolias, à l’ouest de l’Attique).Dans le dernier tiers du viie siècle, sans doute à l’exemple de l’Égypte, les Grecs ont adopté la pierre pour tailler des statues et un demi-siècle plus tard ils ont commencé à utiliser le même matériau pour édifier leurs temples. Cet abandon progressif du bois au pro-fit de la pierre explique l’intérêt pour les gisements de roches de bonne qualité, et en particulier pour le marbre présent en de nombreux sites : les grandes îles où existaient des carrières alimentant des marchés locaux (Samos, Rhodes), les îles exportant leur production (Naxos, Paros, Thasos) ou les exploi-tations continentales (mont Pentélique en Attique, mont Taygète en Laconie).

Les ressources métalliquesÀ l’époque classique, les valeurs rela-tives des métaux – qui rendent compte de leur rareté  – semblent avoir été, pour une même masse de métal, les suivantes  : plomb 1  ; fer 4,4  ; cuivre

12,4  ; bronze travaillé (alliage d’étain et de cuivre) 21,3 ; étain 82,3 ; argent 2120 ; or 21201,4. Si la valeur de l’or devait être plus de dix fois supérieure à celle de l’argent jusqu’au milieu du IVe siècle, avant la mise en exploitation des riches filons aurifères du Pangée, la valeur des métaux n’était pas stricte-ment proportionnelle à leur production.

Les matières premières et les ressources halieutiques

Micaschiste

Minerai de contact

Minerai extrait

Grains de 1 mm

Meule manuelle

Séchagedu mineraiconcentré

RéservoirEXPLOITATION MINIÈRE

CONCASSAGE BROYAGE LAVAGE FUSION

GalerieGalerieCalcaire

PuitsSluice en bois

Bassin dedécantation

Fourneau contenant des couches decharbon de bois et de minerai

Bassins de coulée : Chauffage

Litharge

Argent Lingots Monnaie

Lingots de plomb

ScoriesSoufflet destiné à activer la combustion

Source : d’après :C. Mee et A. Spawforth,Greece an Oxford archeological guide, Oxford, 2001.

P10-11 Extraction et traitement du minerai d’argent“P10-11MineraiArgent”

TRAITEMENT DU MINERAI ARGENTIFÈRE

Thasos

Siphnos

Cythère

Naxos

Chios

Zacynthe (Zante)

Céphallénie(Céphalonie)

Corcyre(Corfou) Lesbos

Eubée

Lemnos

Paros

Crète

Rhodes

SamosAthènes

Corinthe

Delphes

Sparte

Olympie

Thèbes

Cnossos

Mytilène

Cyzique

Byzance

Phocée Sardes

Milet

Épidamne Lychnidos(Ochrid)

19°

18°17° 16°

15°14°

Mer MéditerranéeH

èbre

AxiosNestos

Strym

on

Hermos

Méandre

Achéloos

600 1 000 2 000 mmPrécipitations annuelles

Isothermes annuels

200 km

P10-11 Températures et précipitations“P10-11Climat”

Passer la hauteur à 78

TEMPÉRATURES ET PRÉCIPITATIONS

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LES RESSOURCES ET LES HOMMES • 11

Les conditions d’extraction et de trai-tement des différents minerais devaient être assurées au prix d’une espérance de vie limitée à quelques années chez les esclaves affectés à ces tâches. Les modalités matérielles de l’exploitation du minerai d’argent en Attique ont pu être reconstituées grâce à la richesse du matériel archéologique disponible dans la péninsule du Laurion.

Le bois et le charbon de boisL’exploitation même des ressources métalliques entraînait une importante consommation de bois, par exemple au Laurion pour chauffer le minerai métallifère et obtenir la séparation du plomb et de l’argent. À cet usage du bois, qui rentrait en concurrence avec l’importante consommation domes-tique, s’ajoutait la production de char-bon de bois, assurée notamment par les Acharniens (habitants d’un dème rural d’Attique qu’Aristophane met en scène dans une pièce portant leur nom en 425) : ce charbon, alors pré-paré dans des fours en élévation, est d’un pouvoir calorifique supérieur à celui du bois (65 % de plus) mais le rendement du bois qui sert à le pro-duire n’est que de 15%. On comprend donc qu’à l’époque classique certains espaces, notamment en Attique, aient connu une destruction d’une partie de leur couvert végétal, avec pour consé-quence le ravinement de sols arables et le tarissement de certaines sources (Platon, Critias).

Des matériaux stratégiquesIndépendamment de leur valeur d’échange, certaines ressources revê-taient une valeur stratégique, comme le bois qui servait à construire les navires de guerre, la poix qui servait

à les calfater et l’ocre utilisée pour les peindre et les protéger : cette der-nière ressource était abondante dans l’île de Céos (mais aussi à Lemnos et à Sinope), d’où le soin des Athéniens pour la contrôler.

Les ressources halieutiquesLes produits de la chasse ne semblent avoir eu qu’un rôle secondaire dans l’alimentation des Grecs durant l’An-tiquité  : le système de taxation des cités ne paraît d’ailleurs pas avoir pesé sur la chasse, où que ce fût. En revanche, la pêche devait revê-tir une importance non négligeable  : pratiquée en mer comme en eau douce, elle aurait contribué à l’apport

en protéines animales, fournissant 15 à 20% de l’apport calorique per-mettant de se maintenir en bonne santé. Dans les régions du Bosphore et de la mer Noire, on exportait massi-vement du poisson salé vers la Grèce balkanique, la pêche au thon rouge se pratiquant en fonction des migrations de l’espèce : dans le Bosphore, c’était au début du printemps et en été lors des migrations vers le Pont-Euxin, et en hiver lors des migrations en sens inverse (vers Gadès/Cadix).La mer ne fournissait pas seulement du poisson mais aussi du murex, mol-lusque duquel on extrayait la pourpre (à Hermionè, à l’est d’Argos, et à Cythère), et des éponges (à Calymnos).

Micaschiste

Minerai de contact

Minerai extrait

Grains de 1 mm

Meule manuelle

Séchagedu mineraiconcentré

RéservoirEXPLOITATION MINIÈRE

CONCASSAGE BROYAGE LAVAGE FUSION

GalerieGalerieCalcaire

PuitsSluice en bois

Bassin dedécantation

Fourneau contenant des couches decharbon de bois et de minerai

Bassins de coulée : Chauffage

Litharge

Argent Lingots Monnaie

Lingots de plomb

ScoriesSoufflet destiné à activer la combustion

Source : d’après :C. Mee et A. Spawforth,Greece an Oxford archeological guide, Oxford, 2001.

P10-11 Extraction et traitement du minerai d’argent“P10-11MineraiArgent”

Thasos

Pangée

SiphnosMont Taygète

Hermionè

Cap TénareCythère

Naxos

Chios

Zacynthe

Céphallénie

Lesbos

Eubée

Lemnos

Paros

Crète

Rhodes

Samos

Calymnos

Laurion

AthènesCorinthe

Delphes

Ambracie

Sparte

Éphèse

Mytilène

CyziqueLampsaque

Byzance

PhocéeSardes

Milet

PellaTherma

ÉpidamneLychnidos

Mont Pentélique

Détroit duBosphore

Pont-Euxin

Mer Méditerranée

Hellespont

Production d’orProduction d’argentProduction de marbreexporté

Pourpre

Pêche

Culture de l’olivier

Migration du thon

200 km

P10-11 Les matières premières“P10-11MatPremieres”

Passer la hauteur à 99

LES MATIÈRES PREMIÈRES EN GRÈCE BALKANIQUE

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Même si le peuplement de la Grèce n’est pas connu avec une grande précision, la répartition chronologique des vestiges matériels laisse penser que la densité de peuplement devait être plus forte à l’époque classique que dans les temps antérieurs ou postérieurs. Pour cette population très largement sédentaire, un même terme (oikia, mot féminin) désigne la maison et ses habitants, la maisonnée, réalité essentielle du quotidien.

Alors que la période archaïque n’a pas imposé de plan de maison avec des parties bien déterminées selon leur fonction, le début du ve siècle voit l’af-firmation d’un usage plus standardisé de l’espace domestique.

Les matériauxNotre connaissance de l’habitat grec d’époque classique s’appuie sur de

multiples données archéologiques, elles-mêmes éclairées par des sources textuelles non négligeables. Les bases des murs étaient généralement en pierre  : les moellons, d’une hauteur variable selon les bâtiments, servaient à isoler les murs des remontées d’hu-midité et leur fréquente conservation donne des indications précieuses sur le plan des constructions ; quant aux

élévations des murs, elles étaient géné-ralement en briques crues – séchées quelques jours au soleil – et souvent renforcées par des chaînages en bois. Le bois pouvait aussi servir à consti-tuer des panneaux de protection ou de décor, comme les charpentes. Quand les toits n’étaient pas en terrasse, les toitures en pente pouvaient être consti-tuées de terre cuite selon un système dit « laconien » (attesté en Laconie vers 650-620) : ce dernier comprenait des tuiles de dessous et des couvre-joints, curvilignes les unes et les autres.

La disposition des piècesLes maisons grecques de l’époque ont des dimensions et des plans très variés, mais elles comportent sou-vent une cour, bordée éventuellement d’un auvent. La création du Pirée et la reconstruction de Milet à partir de 479 ont sans doute fourni un cadre (organisé en lots géométriques) ayant facilité la mise en place d’un modèle d’organisation rationnel de maisons, désormais systématiquement qua-drangulaires. Xénophon indique dans des passages qui explicitent le résultat de l’expérience pratique ( Économique et Mémorables) que les maisons doivent de préférence être bâties face au midi, afin de profiter du soleil en hiver et de l’ombre en été  ; pour lui, il convient de construire en hauteur les parties tournées vers le sud de façon à favoriser l’ensoleillement, et au plus près du niveau du sol les par-ties tournées vers le nord pour que les vents froids ne s’y engouffrent pas. De fait, ces usages semblaient assez répandus, notamment dans des

L’habitat et le peuplement

Rue principale

Réserve ouboutique

Réserve

Cuisine

ChausséeCour

Cour

Pastas

ChambreAndrôn

Loggia

Entrée

Juin

Décembre

Éclairement théorique d’une maison selon Xénophon (Économique, 9,4).

Maison du Déma, en Attique

Thalamos

Prostas

Cour

Chambre

Bains

D'après C. Franzoni, Atlante, Turin, Einaudi, 2002,p. 308 [Maison du Dèma] et 1144 [Ensoleillement].

5 m

5 m

P14-15 Maisons“P14-15Maisons”

MAISONS DE L’ÉPOQUE CLASSIQUE

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LES RESSOURCES ET LES HOMMES • 15

agglomérations constituées selon un plan d’ensemble cohérent, telle la par-tie septentrionale d’Olynthe fondée en 432 et détruite en 348 Dans certains cas, la pente même pouvait être utili-sée pour accroître les effets de l’enso-leillement, comme à Priène, refondée sur le flanc sud du mont Mycale, en Ionie, vers 352.Il est d’usage de distinguer les mai-sons dites à pastas de celles dites à prostas. Schématiquement, la mai-son à pastas, à vestibule, est consti-tuée d’au moins trois pièces s’ouvrant sur une même salle constituant une espèce de préau, lui-même ouvert sur une cour : les maisons de la par-tie septentrionale d’Olynthe et la mai-son du Dèma en Attique en sont des exemples. Les maisons dites à prostas comprennent une pièce relativement grande, précédée d’un vestibule ou d’un préau, qui donne sur une autre pièce tout au plus : Priène en fournit de clairs exemples.

Les espaces de la vie domestiqueLes parties ordinaires d’une maison du ive siècle ont des dispositions variables en ville (avec une ouverture sur tel ou tel côté en fonction du voisinage)  : outre une cour, elles comprennent un oikos où peut se trouver un foyer, et auquel peut être annexée une sorte de cellier. L’andrôn était le lieu où les hommes (andres) pouvaient prendre leurs repas : présent, semble-t-il, dans des maisons de tous les milieux sociaux et dans toutes les régions de Grèce, il était doté d’un sol de galets ou de mosaïque (dont certaines des premières attesta-tions sont connues à Olynthe) et pos-sédait une porte décentrée du fait de la disposition des lits.On admet souvent que la gynaikoni-tis, espace des femmes (gynaikes), se trouvait à l’étage, accessible par un escalier (Lysias, Sur le meurtre d’Ératosthène) : en fait, cela ne semble pas du tout avoir été une règle, d’au-tant plus que l’espace domestique devait relever globalement des acti-vités féminines, par opposition aux activités extérieures qui semblaient dévolues aux hommes (Xénophon, Économique).

Céos

Athènes

PÉLOPONNÈSE

Matériaux abondantsMatériaux de faible densité

Période archaïque

Période classique Période hellénistique

2 km

P14-15 Le Nord de Céos“P14-15Ceos”

Format : 99 x 74

Source : R. Osborne, Classical landscape with figures, Londres, 1987.

L’ÉVOLUTION DU PEUPLEMENT DE CÉOS

Chalcis

Thèbes

Athènes

CÉOS

THASOS

Argos

Sparte

CHALCIDIQUE

MACÉDOINE

THESSALIE

ÉPIRE

ÉTOLIEACARNANIE

LOCRIDEOCCIDENTALE

LOCRIDE

EUBÉE

BÉOTIE

ATTIQUE

MÉGARIDE

ÉGINE

SICYONIE

ACHAÏE

ÉLIDE

ARCADIEARGOLIDE

LACONIEMESSÉNIE

CORINTHIE

DORIDEPHOCIDE

Mer Ionienne

Mer Égée

Source : D'après J.-N. Corvisier et W. Suder,La Population de l'Antiquité classique, Paris, PUF, 2000, p. 36.

Moins de 15de 15 à 25de 25 à 30de 30 à 45de 45 à 80

Nombre d’habitantspar km2

50 km

P14-15 Une hypothèse de densité de population“P14-15Densite”

Hauteur 148

UNE HYPOTHÈSE DE DENSITÉ DE POPULATION

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Lacédémone est constituée de Sparte et des cités des périèques, littéralement « ceux qui habitent autour » (de la cité des Spartiates ici). Les terres sont mises en valeur par des hommes au statut inférieur – surtout des hilotes – dont la proportion, au cours de l’époque classique, n’a cessé de s’accroître, en raison de l’oliganthropie (affaiblissement démographique) subie par le corps civique spartiate proprement dit.

existé, serait antérieur). L’orientation militaire qui est donnée aux activi-tés et l’importance de l’entraînement aux exercices physiques dans l’édu-cation collective, comme celle de la chasse pour les aînés, ont permis la précellence de la cité dans le domaine militaire.

Un système politique associant des magistrats, un conseil, une assembléeDepuis le viie  siècle au moins, les Spartiates disposent, pour gérer leurs affaires, d’un système politique associant des magistrats, un conseil et une assemblée. Au premier rang des magistrats, les deux rois sont détenteurs de leurs fonctions à titre héréditaire et à vie  : ils sont censés descendre de deux frères jumeaux eux-mêmes issus d’Héraclès et ils jouent un rôle de chefs militaires ; ce sont aussi les seuls prêtres – en l’oc-currence de Zeus – connus à l’époque classique. Les cinq éphores, dont le nom désigne des « surveillants », sont des citoyens élus chaque année, pour un an, afin d’assurer la gestion des affaires les plus importantes : ils pré-sident l’assemblée des citoyens, orga-nisent la mobilisation des troupes, assurent des fonctions de police et de justice et reçoivent les ambassadeurs ; l’un d’eux donne son nom à l’année (il est éponyme). Il existe aussi d’autres magistrats, mal connus pour la plupart : parmi eux, l’un des plus importants est le pédonome, responsable de l’éduca-tion des jeunes.Un conseil, la Gérousie, comprend vingt-huit anciens, élus à vie à l’âge

Un mode de vie d’apparence égalitaireLa société de Lacédémone comprend des hommes libres, les Spartiates – dits homoïoï (« semblables ») – et les périèques, et des hommes inférieurs aux statuts divers : parmi eux, à partir de 425, figurent des hommes promus en contrepartie de services militaires, comme les néodamodes (hilotes affran-chis), qui n’apparaissent plus dans les sources après 370. Si les membres de ces diverses catégories doivent se dis-tinguer les uns des autres, les citoyens de Sparte arborent une apparence semblable : Thucydide évoque le type

de vêtement simple que tous portent (Histoire de la guerre du Péloponnèse). À une telle apparence d’égalité, on peut rattacher aussi les pratiques des ban-quets de groupes d’hommes, les sys-sitia, dont la mise en place a contraint les riches à adopter le même mode de vie que leurs concitoyens (Xénophon, République des Lacédémoniens), sans impliquer, cependant, qu’ils renoncent à leurs biens. Les Anciens se sont inter-rogés sur l’origine de telles pratiques égalitaires, souvent attribuées au légis-lateur Lycurgue, et systématisées pro-bablement dans la seconde moitié du vie siècle (sachant que Lycurgue, s’il a

Sparte et son organisation politique

ENSEMBLE À POUVOIR DE CONSEIL

Cinq éphoresd’au moins trente ans, magistrats responsables d’une surveillance générale

non renouvelables; l’un est éponyme (donnant son nom à l’année)

Assemblée des citoyens spartiates(Ekklésia des citoyens dits ekklètoi par Xénophon)

vote des lois, vote de la guerre et de la paix

Périèques (hommes libres dépendant de Sparte)

Hilotes de Laconie (esclaves)

Hilotes de Messénie (jusque vers 370) (esclaves)

Gérousie

LAC

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pr

opos

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des

lois)

Élec

tion

à vi

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Élec

tion

annu

elle

Deux rois membres par hérédité(prêtres et chefs militaires),

un Agiade et un Eurypontide

Vingt-huit membres par élection,d’au moins soixante ans

P26-27 Organigramme de la vie politique à Lacédémone“P26-27Politique”

ORGANIGRAMME DE LA VIE POLITIQUE À LACÉDÉMONE

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LA GRÈCE BALKANIQUE ET SON ÉVOLUTION POLITIQUE AU Ve SIÈCLE • 27

d’au moins soixante ans. Les deux rois s’associent à ses travaux mais les récits historiques permettent difficilement de comprendre les raisons de l’importance parfois prêtée à ce conseil. Elle s’explique probablement par l’exercice de fonctions judiciaires et par le fait que les gérontes aient joué, dans certains cas (en association avec les éphores), un rôle probouleu-tique (contribution à la mise en forme des projets soumis à l’assemblée).Car l’assemblée (dénommée ekklèsia, comme à Athènes) joue un rôle essen-tiel dans la prise de décisions intéres-sant l’ensemble de la cité : elle décide de la paix et de la guerre, arbitre entre des prétendants à la royauté, élit les détenteurs de certaines fonctions, comme celles des éphores ou des gérontes, et peut-être même celles du pédonome ou des polémarques (chefs militaires). Il est probable que le mode général d’élection est l’acclamation. Le fonctionnement des institutions dépend donc largement de la volonté des citoyens.Pourquoi, alors, a-t-on souvent de Sparte l’image d’une cité aristocra-tique ? Sans doute, notamment, en rai-son d’une métonymie fréquente dans les sources anciennes qui consiste à parler des « Lacédémoniens » quand il s’agit des Spartiates, faisant confondre Sparte et Lacédémone : les Spartiates décident démocratiquement, par exemple qu’ils feront eux-mêmes la guerre, mais ils décident aristocratiquement aussi que les autres Lacédémoniens, à savoir les périèques, les accompagneront. En outre, les théoriciens du ive siècle se sont interrogés sur la nature du régime politique de Sparte, et la complexité de ses pratiques a permis d’y voir une forme de constitution mixte : cer-tains en effet discernent des éléments démocratiques – pratiques éducatives et repas en commun, élection des gérontes et participation à l’éphorie – quand d’autres soulignent des traits oligarchiques, comme le fait que toutes les magistratures sont électives et qu’aucune n’est tirée au sort, ou que le pouvoir des éphores paraît considé-rable (cf. par exemple Aristote dans Politique).

Eurysthénès Proclès

Euryp(h)on, vers 895-865-vers 885-855

Prytanis, vers 865-835-vers 855-825

Polydectès, vers 835-805-vers 825-795

Eunomos, vers 805-775-vers 795-770

Charilaos (ou Charillos),vers 770-750-vers 765-735

Nicandre, vers 735-707

Théopompe, vers 707-670

Anaxandride Ier, vers 670-660Archidamos Ier, vers 660-645Anaxilaos, vers 645-625

Léotychidas Ier, vers 625-600

Hippocratidas, vers 600-575

Agasiclès, vers 575-550

Ariston, vers 550-515

Démarate, vers 515-491/490

Léotychidas II, 491/490-469

Archidamos II, 469-427

Agis II, 427/400-399

Agésilas II, 400/399-360

Archidamos III, 360-338Agis III, 338-330

Eudamidas Ier, 330-vers 300Archidamos IV, vers 300-294 ?

Eudamidas II, ?-244Agis IV, 244-241Eudamidas III, 241-228Archidamos V, vers 228-227Eucleidas (Agiade, frère deCléomène III, roi par respect duprincipe de dyarchie), 227-222

900

800

700

600

500

400

300

200

Agis Ier, 930-900

Echestratos, 900-870

Labotas (ou Léobotas), 870-840

Doryssos, 840-815

Agésilas Ier, 815-785

Archélaos, vers 785-760

Téléclos, vers 760-730

Alcamène, vers 730-700

Polydore, vers 700-675

Eurycratès, vers 675-640

Anaxandros, vers 640-615

Eurycratidas, vers 615-590

Léon, vers 590-560

Anaxandride II, vers 560-520

Cléomène Ier, vers 520-488

Léonidas Ier, vers 488-480Pleistarchos, 480-458

Pleistoanax, 458-445/444puis 426-408

Pausanias, 445/444-426puis 408-395

Agésipolis Ier,395-380

Cléombrote Ier,380-371

Cléomène II, 370-309

Areus Ier, 309-265

Acrotatos, 265-vers 260Areus II, vers 260-256

Léonidas II, vers 256-236Cléomène III, 235-221

Héraclès

Hyllos

Cléodaios

Aristomachos

Aristodémos

DYNASTIE DES AGIADESdescendant d’Aristodémos

DYNASTIE DES EURYPONTIDESdescendant d’Aristodémos

P26-27 Les dynasties royales de Sparte“P26-27Dynasties”

J’ai vérifié les points son OK dans le bas de lacolonne de droite...

LES DYNASTIES ROYALES DE SPARTE

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De par son caractère insulaire, son histoire (l’héritage des civilisations minoenne et mycénienne) et sa situation (à 300 km de la Libye), la Crète occupe une place particulière dans le monde grec égéen. À l’époque archaïque et au début de l’époque classique, elle semble avoir connu une activité particulièrement intense en matière législative mais, durant l’époque classique, ses habitants sont peu en contact avec les autres Grecs.

au ive siècle, Aristote considérait d’ail-leurs les pratiques politiques crétoises comme homogènes.

La Crète, terre de législationLe souci des Crétois de mettre en place une législation dès l’époque archaïque a valu à l’île la réputation de devoir ses lois aux mythiques fils de Zeus, Rhadamanthe et Minos. À l’époque classique, on attribuait à de nombreuses institutions de Sparte une origine crétoise (Hérodote, Histoires et Éphore cité par Strabon, Géographie). De telles traditions expri-ment une réalité connue sous une autre forme par l’archéologie  : des

Une centaine de citésEnvironnée d’une trentaine d’îlots, la Crète forme un espace insulaire de plus de 8  300 km2. Selon deux textes généralement datés de la fin du viiie siècle, la Crète comprend entre quatre-vingt-dix (Odyssée) et une centaine de cités (Iliade) : ces indica-tions correspondent au nombre de cités d’époque archaïque et classique actuellement connues.En 480, quand les Crétois sont solli-cités par les Grecs continentaux pour s’associer à l’effort militaire contre l’en-vahisseur perse, ces insulaires inter-rogent en commun l’oracle de Delphes pour prendre leur décision (Hérodote,

Histoires) ; si on suggère qu’une cer-taine hégémonie de Cnossos se soit alors exercée sur la plus grande partie de la Crète, les habitants de certaines cités de l’est comme ceux de Praisos – qui ont laissé des inscriptions non encore comprises – et de Polichna, se seraient distingués en affirmant être des Étéocrétois, de « vrais Crétois », distincts des descendants de popula-tions plus récemment arrivées. Même si l’historiographie moderne présente fréquemment une Crète secouée plus ou moins continuellement par les guerres entre cités (ou les troubles internes dans des cités), les indica-tions en ce sens restent succinctes :

La Crète aux ve et ive siècles

Kydonia

Aptère

Keraia Rhithymna

Kourtolia ?

Korion ?Soulia

Phaistos

Matala Pyloros Rhytion

Leben

Tylissos

Rhaukos Eltynia

HyrtaiaPrinias

Istron

DrérosLato

Minoa

OlérosPraisos

Ampelos

StalaiBiannos

KantanosHyrtakina

Lissos

Polyrrhénia

Elyros

TarrhaAraden

LappaSybrita

ÉleutherneAxos

Hérakleion

Cnossos

Priansos

Lyktos

Olonte

Hiérapytna

Setaia

Itanos

Inatos

Arkades ?Gortyne

Phoinix

Kaudos

Phalasarna

Inachorion

Pelkis

Anopolis

Kaudos

Dia

Dionysiades

MtAigion

Montagnesblanches

MontIda

Mer de Crète

Mer de Libye

100

Routes

300 1 000 1 500 mRelief

Sources :D'après N. Coutsinas, Défenses crétoises.

Fortifications urbaines et défense du territoireen Crète aux époques classique ethellénistique, Paris, 2013, p. 157.20 km

P42-43 Crète“P42-43Crete”

LA CRÈTE : RELIEFS, CITÉS ET VOIES DE COMMUNICATION

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LA GRÈCE BALKANIQUE ET SON ÉVOLUTION POLITIQUE AU Ve SIÈCLE • 43

blocs de pierre d’époque archaïque et classique (VIIe-IVe  s.), portant des textes à caractère législatif, ont été trouvés dans neuf cités crétoises. Le Code de Gortyne, gravé aux envi-rons de 450, fournit un ensemble docu-mentaire exceptionnel sur le système juridique local : seule la documentation athénienne – largement constituée de discours judiciaires transmis par la tra-dition littéraire – est d’une richesse et d’une précision supérieures. Ce code comprend des mesures vraisembla-blement fixées depuis le vie  siècle, inscrites sur un mur qui a été ensuite inclus dans un odéon (vers 100 de notre ère) : les lois traitent des procédures des sentences judiciaires, de la famille, du divorce, des droits de la femme et des enfants, de la protection du patri-moine et des partages successoraux. On apprend l’existence d’une catégo-rie d’hommes libres mais pas pleine-ment citoyens, les apetairoi (singulier apetairos)  ; on voit aussi la coexis-tence de deux formes de servitude, celle des woikees (singulier woikeus)  – qui seraient plus ou moins analogues à des serfs –, et celle des dôloi (singu-lier dôlos), des esclaves. Les premiers, dont le statut est sans doute ancien, dépendent de la terre d’une famille : ils

ont des droits (de mariage, de divorce, de propriété) et ils ne peuvent être vendus, sauf s’ils ont essayé de s’en-fuir. Les seconds sont des esclaves domestiques sans lien particulier avec la terre : ils sont l’objet d’achat et de vente, une forme de servitude très commune à l’époque classique dans la partie du monde grec où les échanges sont les plus nombreux. Le droit, mis au point pour tous par les hommes libres, est de fait très marqué par le statut des individus  : un tarif (exprimé en unités monétaires) sanc-tionne les viols différemment selon le statut de la victime, d’une part, et celui de l’auteur de l’acte, d’autre part.

Les institutions crétoisesÀ la fin du ive siècle, vers 330, Aristote décrit dans la Politique la forte simi-larité entre les institutions crétoises et celles de Sparte, une différence majeure étant qu’en Crète la substance des repas pris en commun est fournie par des biens publics. Par ailleurs, les cités crétoises sont gouvernées par des magistrats appelés cosmes (kosmoi, singulier kosmos, dont le nom renvoie au bon ordre qu’ils assurent) : ils sont au nombre de dix dans chaque cité, Aristote disant à leur propos qu’ils ont le même pouvoir que les éphores de Sparte (qui sont au nombre de cinq). Comme Sparte, une cité crétoise pos-sède un conseil –  ici recruté parmi les anciens cosmes –, mais, à la dif-férence de Sparte, les cités insulaires ont supprimé la royauté et les cosmes détiennent le commandement militaire. L’assemblée des citoyens ratifie les propositions retenues par les anciens, réunis en conseil, et par les cosmes. À la différence de Sparte, où les éphores sont recrutés dans l’ensemble du corps civique, en Crète ce sont uni-quement les membres de certaines familles qui occupent les fonctions de cosmes : il serait fréquent qu’ils soient chassés de leurs charges par leurs col-lègues ou par des puissants.

Un système éducatif à caractère initiatiqueLes pratiques éducatives sont connues grâce à Strabon qui cite Éphore (Géographie)  : les jeunes Crétois apprennent les lettres et des chants

prescrits par les lois ; ils assistent aux repas en commun des adultes  ; les fils des familles les plus puissantes consti-tuent autour d’eux les agélai (singulier agélè), bandes de jeunes gens par-ticipant à la chasse et aux courses, qui luttent contre d’autres agélai. Certains jeunes gens sont distingués  : un jeune homme peut être enlevé pen-dant deux mois afin d’être initié par un aîné, notamment en pratiquant la chasse. Tous les jeunes gens d’une agélè se marient en même temps  ; si l’épouse a des frères, sa dot s’élève à la moitié de la part d’héritage de cha-cun de ses frères.

Une implication limitée dans le monde helléniqueSi la côte égéenne de la Crète se prête mieux à l’établissement de ports que celle qui regarde la mer de Libye, les Crétois restent malgré tout à l’écart des événements lors des guerres médiques, à l’exception de la présence possible d’archers crétois lors de la bataille de Salamine, en 480, du côté des Grecs. Les Crétois semblent aussi s’être tenus à l’écart des grands courants qui ont pu agiter le monde hellé-nique à l’époque classique  : l’île est simplement mentionnée comme un repère géographique par Thucydide lorsqu’il énumère les peuples alliés des Lacédémoniens et des Athéniens, au début de la guerre du Péloponnèse (Histoire de la guerre du Péloponnèse). Des Crétois ont servi comme archers lors de cette guerre, puis lors de l’expédition de l’Anabase entre-prise par le Perse Cyrus contre son frère Artaxerxès en 401, mais cela ne semble pas avoir provoqué un engagement de leurs cités.C’est sans doute seulement en 346 qu’une intervention étrangère impor-tante s’est produite en Crète : à l’appel des Cnossiens, le Phocidien Phalaicos, avec ses mercenaires, a vaincu la cité de Lyctos  : mais les Lyctiens font alors appel à Archidamos de Sparte, qui est victorieux ; finalement Phalaicos meurt en assiégeant Kydonia en 343.

Kydonia

Aptère

Keraia Rhithymna

Kourtolia ?

Korion ?Soulia

Phaistos

Matala Pyloros Rhytion

Leben

Tylissos

Rhaukos Eltynia

HyrtaiaPrinias

Istron

DrérosLato

Minoa

OlérosPraisos

Ampelos

StalaiBiannos

KantanosHyrtakina

Lissos

Polyrrhénia

Elyros

TarrhaAraden

LappaSybrita

ÉleutherneAxos

Hérakleion

Cnossos

Priansos

Lyktos

Olonte

Hiérapytna

Setaia

Itanos

Inatos

Arkades ?Gortyne

Phoinix

Kaudos

Phalasarna

Inachorion

Pelkis

Anopolis

Kaudos

Dia

Dionysiades

MtAigion

Montagnesblanches

MontIda

Mer de Crète

Mer de Libye

100

Routes

300 1 000 1 500 mRelief

Sources :D'après N. Coutsinas, Défenses crétoises.

Fortifications urbaines et défense du territoireen Crète aux époques classique ethellénistique, Paris, 2013, p. 157.20 km

P42-43 Crète“P42-43Crete”

LA CRÈTE : RELIEFS, CITÉS ET VOIES DE COMMUNICATION

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Du fait de leur ampleur, les fortifications de l’époque mycénienne (Mycènes et Tirynthe notamment) n’ont jamais été oubliées. Mais leur mode de construction n’est pas celui retenu à partir de l’époque archaïque, marqué par le recours à des pierres de dimensions beaucoup plus réduites ou à des briques crues, en Asie Mineure, en Grèce balkanique (à Éleusis ou à Érétrie au vie s.) et dans des établissements grecs d’Occident.

en 430. En 397, Denys de Syracuse utilise, pour s’emparer de la place punique de Motyè (Sicile), des béliers, des catapultes –  lançant de grosses flèches  – et des tours montées sur roues (Diodore). En 340, lors du siège avorté de Périnthe, Philippe II recourt à des tours, des béliers et des oxybèles – armes lançant des flèches –, tandis que ses adversaires reçoivent des catapultes envoyées par les Byzantins (Diodore).

Des protections efficacesRenforçant en général le potentiel défensif d’une éminence naturelle, une muraille vise en premier lieu à assurer la protection de la garnison ou de la population qu’elle abrite, et éventuelle-ment aussi des habitants des alentours fuyant une menace. En ce sens, une muraille constitue une assurance de liberté pour ceux qui l’occupent. Pour une collectivité civique, le coût d’une muraille urbaine devait être compa-rable à celui de la construction d’un sanctuaire, sachant que ces dépenses pouvaient être en partie financées par des particuliers désireux de se dis-tinguer. À l’époque classique, la très grande majorité des cités grecques est dotée de remparts, à l’exception notable de Sparte, qui se fie à ses hommes.L’apparence d’un rempart est souvent soignée esthétiquement, afin d’impres-sionner les visiteurs, mais il est difficile d’en déduire assurément la chronolo-gie. Par économie, les assises en pierre peuvent être surmontées de briques crues  ; mais si toute la muraille est en briques, elle est alors exposée à la destruction par le détournement d’un cours d’eau, cas de Mantinée en 385 (Xénophon, Helléniques). Les murailles conservées jusqu’à nos jours sont généralement constituées de deux murs de parement entre lesquels se trouve un remplissage de pierres.Les murailles procuraient souvent une défense très efficace, les places assiégées n’étant réduites que par la famine (Platées en 427 ou Athènes en 404) ou n’étant prises que par trahi-son  : l’usage de cette dernière tech-nique est attesté dans les traités de

poliorcétique (de siège), dont celui d’Énée le Tacticien écrit au début du ive siècle. L’efficience de la protection s’explique par le fait que les moyens de poliorcétique ne se développent que graduellement : ce sont les Perses qui ont utilisés des machines lançant des boulets lors du siège de Phocée vers 546 puis lors du siège de Paphos (Chypre), en 498. Selon Thucydide, des machines ont été utilisées en vain lors du siège de Potidée par des Athéniens,

Villes fortifiées et forteresses

Quartierd’habitation

PoséidonionDionysion

Artémision

Passage desthéores

Porte de Zeuset d’HéraPorte d’Héraclès

et de DionysosPorte du Silène Poterne

Quartierd’habitation

Porte de Parménon

Niche du sanctuaire de PanMine d’or

Athénaion(Sanctuaire d'Athéna)

Pythion(Sanctuaired’Apollon)Héracléion

Agora

Théâtre

Thesmophorion(Sanctuaire deDéméter et Coré)

Môle

Ported’Hermès

Porte de ladéesse au char

Porte maritimePorte de Soteira

Porte oblique

Autel

Porte auxpoissons

Porte-tourde Sotas

Portfermé

(Port de guerre)

Port decommerce

Mer Égée

Source : D'après T. Kozelj in M. D. Nenna et alii, L'Espace grec, Paris, 1996, p. 74.

200 m

P70-71 Thassos“P70-71Thassos”

THASOS

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L’AFFIRMATION DE NOUVELLES PUISSANCES ET LES PRATIQUES DE LA GUERRE AU IVe SIÈCLE • 71

Les fortifications athéniennesAthènes devait posséder des murailles au moins depuis la seconde moitié du vie siècle. Suite à l’évacuation de l’Attique par les Perses – qui avaient probablement détruit les fortifica-tions – et à la victoire de Platées rem-portée contre ces derniers en 479, les Athéniens, stimulés par Thémistocle, rétablissent rapidement leurs murailles. Ce travail est alors complété par la for-tification du Pirée. Afin de protéger leur territoire, les Athéniens édifient aussi peu à peu des forteresses sur leur côte et dans les montagnes fron-talières, dans les lieux de passage  : c’est le cas à Éleusis (dès le VIe s.), à Panacton et Oinoè (avant 431), à Phylè (après 403 sans doute), au Sounion (en 412), à Rhamnonte (sans doute en 412) et à Thoricos (en 411). Toujours en Attique, ce sont les Péloponnésiens qui ont forti-fié Décélie en 413, afin de mener des attaques contre les Athéniens. Le cas d’Éleuthères est indécis  : la forteresse a sans doute été construite par les Thébains en 371-362. À la fin du ive siècle (sans doute à par-tir de 335-334), les jeunes Athéniens étaient en garnison au Pirée durant leur première année d’éphébie ; lors de leur seconde année, ils patrouillaient dans la campagne et vivaient dans les forts protégeant le territoire : ils apprenaient ainsi les limites concrètes de l’espace civique (Aristote, Constitution des Athéniens). Ces pratiques militaires avaient pour but de gêner au maximum la progression d’une armée ennemie.

Thasos, ville fortifiée ouverte sur la merÀ Thasos, les murailles orientales et méridionales assuraient une excel-lente défense en s’appuyant sur le relief  ; cela n’a pas empêché le sys-tème de fortifications de subir des destructions réitérées, du fait des Perses puis des Athéniens. Le circuit actuellement visible, long de 4 km, correspond vraisemblablement, pour l’essentiel, à celui du début du ve  siècle  : l’espace protégé s’était sans doute étendu vers le sud-ouest et comprenait un port fermé. Des tours ont été peut-être ajoutées à l’époque hellénistique.

Thrakion

Porte

Porte

Porte

Tour

Côte actuelle Tour

Emplacement deSainte-Sophie

(VIe s. ap. J.-C.)

Agora

Acropole

Port

Bosphore

Source : D'après O. Lendle, Kommentar zu Xenophons Anabasis (Bücher 1-7), Darmstadt, 1995, p. 414.

200 m

P70-71 Byzance“P70-71Byzance”

BYZANCE Un emplacement convoité

Colonie mégarienne fondée en 668 (ou 659), Byzance occupe l’extrémité nord-est d’une péninsule, bien délimitée par la mer. Sa prospérité est assurée par sa situation sur la route maritime reliant la mer Égée et le Pont-Euxin (mer Noire) et par son site permettant l’abri des navires (au nord-ouest de l’acropole). La ville est contrôlée par les Perses entre 513 et 478 (sauf durant la révolte de l’Ionie), avant d’être membre de la Ligue de Délos (elle se révolte contre Athènes en 440-439 puis en 411-408). Contrôlée par Sparte en 405 elle voit passer les rescapés de l’expédition des Dix-Mille en 400. Hostile à Sparte en 394, alliée d’Athènes en 378-357, la cité résiste avec succès à Philippe II en 340.

Agora(IVe-IIIes.)Ro

ute

mod

erne

Source

Ophis

Source : D'après J. P. Adam, L'Architecture militaire grecque, Paris,Picard, 1982, p. 170.

400 m

P70-71 Matinée“P70-71Matinée”

MANTINÉE Un modèle de fortification en plaine

Contraints par les Lacédémoniens à se disperser en 385, les Mantinéens reconstituent leur cité en 370. Ils divisent le cours d’eau de l’Ophis en deux branches, entre lesquelles ils construisent une nouvelle ville. Sur un pourtour de près de 4 km, en ellipse (donc sans point faible), 120 tours sont construites, soit une tous les 33 m. Épais de 4,30 m, le mur s’appuie sur des assises en pierre surmontées de briques crues. Les portes sont, à l’exception d’une disposée entre deux bastions, du type « à recouvrement » : elles sont aménagées entre deux sections parallèles des fortifications, du haut desquelles il est possible de cribler les ennemis de projectiles.

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