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HAL Id: tel-03325440 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-03325440 Submitted on 24 Aug 2021 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Approche globale matériau-procédé des traitements thermomécaniques des alliages métalliques : influence des transformations de phases à l’état solide Julien Teixeira To cite this version: Julien Teixeira. Approche globale matériau-procédé des traitements thermomécaniques des alliages métalliques : influence des transformations de phases à l’état solide. Matériaux. Université de Lorraine (Nancy), 2021. tel-03325440

Approche globale matériau-procédé des traitements

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Page 1: Approche globale matériau-procédé des traitements

HAL Id: tel-03325440https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-03325440

Submitted on 24 Aug 2021

HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publiés ou non,émanant des établissements d’enseignement et derecherche français ou étrangers, des laboratoirespublics ou privés.

Approche globale matériau-procédé des traitementsthermomécaniques des alliages métalliques : influence

des transformations de phases à l’état solideJulien Teixeira

To cite this version:Julien Teixeira. Approche globale matériau-procédé des traitements thermomécaniques des alliagesmétalliques : influence des transformations de phases à l’état solide. Matériaux. Université de Lorraine(Nancy), 2021. �tel-03325440�

Page 2: Approche globale matériau-procédé des traitements

Université de Lorraine

Ecole Doctorale Chimie – Mécanique – Matériaux – Physique

Thèse d’Habilitation à Diriger des Recherches

Spécialité : Sciences des Matériaux

Approche globale matériau-procédé des traitements thermomécaniques des

alliages métalliques : influence des transformations de phases à l’état solide

Présentée par

Julien TEIXEIRA

soutenue publiquement le 2 juillet 2021 devant le jury composé de :

Mme Anna Fraczkiewicz Directrice de recherche, LGF, St-Etienne Présidente

Mme Anne-Françoise Gourgues-Lorenzon Professeur, Mines ParisTech, CDM Rapporteur

M Laurent Barrallier Professeur, Arts et Métiers ParisTech, MSMP Rapporteur

M Alexis Deschamps Professeur, Grenoble INP Phelma, SIMAP Rapporteur

Mme Sabine Denis Professeur, Université de Lorraine, IJL Examinatrice

M Stéphane Godet Professeur, Université Libre de Bruxelles Examinateur

M Pascal Lamesle Professeur, IRT-M2P Examinateur

M Frank Montheillet Directeur de recherche émérite, LGF, St-Etienne Invité

Page 3: Approche globale matériau-procédé des traitements

2

Page 4: Approche globale matériau-procédé des traitements

3

TABLE DES MATIÈRES

1 INTRODUCTION 7

2 GENESE DES MICROSTRUCTURES 9

2.1 RECUIT INTERCRITIQUE D’UN ACIER DUAL-PHASE : TRANSFORMATION AUSTENITIQUE 10 2.1.1 INTRODUCTION 10 2.1.2 DEMARCHE 11 2.1.3 MICROSTRUCTURE INITIALE – CHAUFFAGE JUSQU’A LA TEMPERATURE AC1 11 2.1.4 CINETIQUE DE RECRISTALLISATION DE LA FERRITE 14 2.1.5 TRANSFORMATION AUSTENITIQUE – CINETIQUE GLOBALE 14 2.1.6 TRANSFORMATION AUSTENITIQUE – EVOLUTIONS MICROSTRUCTURALES 15 2.1.7 DISCUSSION : MORPHOGENESE DE L’AUSTENITE 17 2.1.8 DISCUSSION : CINETIQUES DE TRANSFORMATION AUSTENITIQUE 19 2.1.9 ANALYSE THERMODYNAMIQUE : INFLUENCE DE LA COMPOSITION CHIMIQUE DE LA CEMENTITE 20 2.1.9.1 Prédiction de régimes cinétiques 20 2.1.9.2 Evolutions de composition de la cémentite pendant le traitement des aciers DP 20 2.1.9.3 Résultats 21 2.1.10 ANALYSE THERMOCINETIQUE 22 2.1.10.1 Approche de simulation ; représentation de la microstructure 22 2.1.10.2 Résultats 24 2.1.10.3 Cinétiques globales, comparaison à l’expérience 26 2.1.11 CONCLUSIONS 28 2.2 EFFET D’UN ENRICHISSEMENT EN CARBONE ET EN AZOTE SUR LA DECOMPOSITION DE L’AUSTENITE 29 2.2.1 INTRODUCTION 29 2.2.2 DEMARCHE EXPERIMENTALE 30 2.2.3 ETATS AUSTENITIQUES APRES ENRICHISSEMENT 30 2.2.4 DECOMPOSITION DE L’AUSTENITE : DOMAINE HAUTE TEMPERATURE (T>BS) 32 2.2.5 DECOMPOSITION DE L’AUSTENITE : DOMAINE BAINITIQUE 36 2.2.6 DISCUSSION : EFFETS DE L’AZOTE SUR LA DECOMPOSITION DE L’AUSTENITE 38 2.2.6.1 Accélération des cinétiques, affinement des microstructures 38 2.2.6.2 Mécanismes de transformation dans le domaine haute température 39 2.2.6.3 Mécanismes de transformation bainitique 40 2.2.7 SIMULATION DES CINETIQUES DE DECOMPOSITION DE L’AUSTENITE 43 2.2.8 ECHANTILLONS A GRADIENTS EN CARBONE ET EN AZOTE 45 2.2.9 CONCLUSION 49

3 FORMATION DES CONTRAINTES INTERNES/RESIDUELLES AU COURS DES TRAITEMENTS THERMOMECANIQUES DES ALLIAGES METALLIQUES 50

3.1 EFFET D’UN TRAITEMENT DE CARBONITRURATION SUR LA GENESE DES CONTRAINTES INTERNES AU COURS DU

REFROIDISSEMENT D’UN ACIER FAIBLEMENT ALLIE 51 3.1.1 INTRODUCTION 51 3.1.2 APPROCHE EXPERIMENTALE 51 3.1.3 ANALYSE DES EFFETS DU CARBONE ET DE L’AZOTE SUR LES TRANSFORMATIONS DE PHASES ET LES CONTRAINTES

INTERNES 53

Page 5: Approche globale matériau-procédé des traitements

4

3.1.3.1 Echantillon cémenté 53 3.1.3.2 Echantillon nitruré 55 3.1.3.3 Echantillon carbonitruré 56 3.1.4 MODELISATION ET SIMULATION 58 3.1.4.1 Modèle couplé métallurgique et thermomécanique 58 3.1.4.2 Résultats des simulations numériques 58 3.1.5 CONCLUSION 62 3.2 GENESE DES CONTRAINTES INTERNES AU COURS DE LA TREMPE D’ALLIAGES DE TITANE : INFLUENCE DES

TRANSFORMATIONS DE PHASES 63 3.2.1 INTRODUCTION 63 3.2.2 METHODE EXPERIMENTALE 64 3.2.3 EXPERIENCES DE TREMPE 65 3.2.4 DETERMINATION DES CONTRAINTES RESIDUELLES 66 3.2.4.1 Diffraction de neutrons 66 3.2.4.2 Méthode du trou incrémental 68 3.2.4.3 Résultats 68 3.2.5 SIMULATION : MODELE MATERIAU 70 3.2.5.1 Modèle thermique 70 3.2.5.2 Modèle métallurgique 70 3.2.5.3 Modèle thermomécanique 71 3.2.5.4 Paramètres du modèle thermomécanique 72 3.2.6 SIMULATION : RESULTATS 73 3.2.6.1 Sans transformations de phases : alliage Ti17 73 3.2.6.2 Avec transformations de phases : alliage TA6V 74 3.2.7 DISCUSSION : INFLUENCE DES TRANSFORMATIONS DE PHASES SUR LA FORMATION DES CONTRAINTES

RESIDUELLES 76 3.2.7.1 Effet sur la loi de comportement thermomécanique 76 3.2.7.2 Déformations induites par les transformations de phases 77 3.2.7.3 Origine des écarts entre simulation et expérience 79 3.2.8 CONCLUSION 80

4 PROJET DE RECHERCHE 81

4.1 INTRODUCTION 81 4.2 TRANSFORMATIONS DE PHASES A L’ETAT SOLIDE 82 4.2.1 TRANSFORMATION AUSTENITIQUE AU COURS DU RECUIT INTERCRITIQUE D’ACIERS DUAL-PHASE 82 4.2.2 EFFETS D’UN ENRICHISSEMENT EN AZOTE D’ACIERS FAIBLEMENT ALLIES SUR LA DECOMPOSITION AU

REFROIDISSEMENT DE L’AUSTENITE : MECANISMES ET INFLUENCE DES ELEMENTS D’ALLIAGE 83 4.2.3 SEQUENCES DE PRECIPITATION PENDANT LE REVENU D’ACIERS MARTENSITIQUES ET NANOBAINITIQUES 84 4.2.4 ETUDE, CARACTERISATION ET MODELISATION DE LA FORMATION DES MICROSTRUCTURES BAINITIQUES SANS

CARBURE AU COURS DU REFROIDISSEMENT CONTINU 87 4.3 GENESE DES CONTRAINTES INTERNES : INFLUENCE DES TRANSFORMATIONS DE PHASES 88 4.3.1 INFLUENCE DE GRADIENTS DE CONCENTRATION EN CARBONE ET EN AZOTE SUR LA GENESE DES CONTRAINTES

INTERNES PENDANT LA TREMPE INTERROMPUE 88 4.3.2 SOLLICITATIONS THERMOMECANIQUES SOUS CONDITIONS EXTREMES : ETUDE D’UN PROCEDE D’USINAGE 89 4.3.3 ETUDE DU TRANSFERT DE CHALEUR ENTRE MATERIAU ET MILIEU DE REFROIDISSEMENT 90

5 ANNEXE : CV, LISTE DE PUBLICATIONS 91

5.1 CV 91

Page 6: Approche globale matériau-procédé des traitements

5

5.2 LISTE DE PUBLICATIONS – COMMUNICATIONS SCIENTIFIQUES 93 5.2.1 ARTICLES DANS DES REVUES INTERNATIONALES A COMITE DE LECTURE 93 5.2.2 ACTES DE CONFERENCES INTERNATIONALES AVEC REFEREE 97 5.2.3 PARTICIPATION À DES CONGRÈS 104 5.2.3.1 Conférences invitées internationales 104 5.2.3.2 Conférences invitées nationales 106 5.2.3.3 Présentations orales 107 5.2.4 POSTERS 116 5.2.5 BREVET 118 5.2.6 CHAPITRE D’OUVRAGE 119

6 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 120

Page 7: Approche globale matériau-procédé des traitements

6

Page 8: Approche globale matériau-procédé des traitements

7

1 Introduction

Mon activité de recherche est centrée sur l’étude des transformations de phases à l’état solide

dans les alliages métalliques sous sollicitation thermique et mécanique. Je centrerai ce

manuscrit sur l’approche globale matériau-procédé des traitements thermomécaniques des

alliages métalliques. Les travaux sélectionnés mettent l’accent sur l’influence des

transformations de phases. La genèse des microstructures, des contraintes internes et des

déformations résulte de couplages entre phénomènes thermiques, mécaniques et

métallurgiques, et plus particulièrement les transformations de phases. La compréhension de

ces couplages nécessite des dispositifs expérimentaux originaux (trempe instrumentée,

caractérisations in situ…) L’analyse des résultats expérimentaux passe en grande partie par la

simulation numérique. Cette dernière s’appuie sur une connaissance approfondie du

comportement thermique, mécanique et métallurgique du matériau. Il faut établir celui-ci en

fonction du procédé (traitement thermochimique de cémentation/carbonitruration, déformation

plastique préalable, chemin thermique…)

Un premier axe de recherche concerne l’étude des transformations de phases à l’état solide. Les

procédés innovants conduisent à des mécanismes spécifiques de transformations de phases,

voire des microstructures nouvelles. Une étude approfondie est alors nécessaire pour

comprendre puis modéliser le comportement métallurgique du matériau. Dans la première

partie de ce manuscrit, j’ai choisi de montrer deux exemples d’études focalisées sur les

transformations de phases représentatives de mes travaux (l’ensemble des études est mentionné

en annexe) :

La transformation austénitique au cours du chauffage d’un acier dual-phase (recuit

intercritique). En plus d’une étude fondamentale du phénomène (morphogenèse de

l’austénite, analyse thermocinétique), il s’agit de comprendre comment les défauts

introduits dans la microstructure initiale ferrito-perlitique par un laminage à froid vont

influencer la transformation austénitique. D’autres phénomènes vont alors interagir avec la

transformation austénitique : la restauration et la recristallisation de la ferrite ; la maturation

des carbures de cémentite. Ces interactions conduisent à des effets cinétiques et

morphologiques complexes.

L’influence d’un enrichissement en azote de l’austénite (acier faiblement allié) sur sa

décomposition au refroidissement. On verra que la présence d’azote en solution solide dans

l’austénite change drastiquement les mécanismes de transformations de phases et les

cinétiques associées, conduisant à des microstructures nouvelles qui diffèrent radicalement

de celles obtenues en l’absence d’azote. L’étude a pour contexte l’optimisation de procédés

thermochimiques de carbonitruration et de cémentation.

Le deuxième axe de recherche vise à comprendre les couplages entre évolutions thermiques,

mécaniques et transformations de phases. L’objectif scientifique est plus particulièrement

d’identifier et de prévoir l’influence des transformations de phases sur la genèse des contraintes

résiduelles. Là aussi, j’ai choisi de présenter plus particulièrement deux études pour illustrer

ma démarche. Elles s’appuient sur une connaissance approfondie des transformations de phases

dans les systèmes étudiés.

L’influence d’un gradient de concentration en azote sur la genèse des contraintes internes

au cours du refroidissement d’un acier faiblement allié (traitement de carbonitruration). Les

connaissances acquises sur les effets de l’azote sur les transformations de phases sont mises

à profit pour examiner les conséquences sur la genèse des contraintes internes. On verra que

des profils atypiques de contraintes et de microstructures sont générés au sein des couches

carbonitrurées.

Page 9: Approche globale matériau-procédé des traitements

8

La genèse des contraintes internes au cours du refroidissement depuis le domaine

d’alliages de titane Ti17 et TA6V. Pour étudier ces alliages, on a adapté des approches

expérimentales et de simulations introduites précédemment pour le cas des aciers. Bien que

les transformations de phases génèrent de faibles déformations dans ces alliages (variation

de volume, plasticité de transformation), leur prise en compte est nécessaire pour prédire

les contraintes internes.

Tous les travaux présentés intègrent expériences et modélisation. Des dispositifs et des

approches expérimentales originaux sont mis en œuvre (installation de trempe d’échantillons

instrumentés en thermocouples, enrichissement en carbone / azote) ainsi que la caractérisation

fine des microstructures par MEB couplé à l’EBSD ou par MET haute résolution. Les grands

instruments permettent la caractérisation in situ (DRX synchrotron) ou en profondeur dans des

pièces massives (diffraction de neutrons). Ces aspects expérimentaux sont souvent menés en

collaboration.

Les modèles de transformations de phases sont à base physique. Ils servent d’abord à valider

les mécanismes identifiés, en comparant leurs prédictions quantitatives aux expériences. Des

modèles multiphysiques permettent d’analyser les couplages thermiques, mécaniques et

métallurgiques et d’identifier l’influence des transformations de phases sur la genèse des

microstructures et des contraintes. Dans une démarche de transfert, ces modèles peuvent servir

pour le design d’alliages et de traitements, voire le contrôle en ligne de production.

Ces résultats ouvrent des perspectives pour de futurs travaux de recherche qui sont présentées

dans la partie “Projet”.

Page 10: Approche globale matériau-procédé des traitements

9

2 Genèse des microstructures

Cette partie montre deux études avec la même démarche : l’utilisation de méthodes

expérimentales, parfois originales ou ayant fait l’objet de développements récents, pour

caractériser les microstructures, les cinétiques et avancer une analyse qualitative des

mécanismes de transformation. Les mécanismes sont confirmés ensuite grâce à des modèles à

base physique dont les prédictions quantitatives sont confrontées avec l’expérience. La

première étude sur la transformation austénitique atteint quasiment cet objectif. En revanche,

le modèle reste en partie empirique pour l’autre étude sur l’influence de l’azote sur la

décomposition de l’austénite. Ce dernier modèle sera nécessaire pour comprendre la formation

de profils de contraintes résiduelles et de microstructure atypiques au sein de couches

carbonitrurées (§3.1).

Page 11: Approche globale matériau-procédé des traitements

10

2.1 Recuit intercritique d’un acier Dual-Phase : transformation austénitique

2.1.1 Introduction

Les aciers Dual Phase (DP) sont utilisés sous la forme de tôles minces dans l'industrie

automobile pour leur bon compromis résistance/ductilité et leur potentiel d’allègement [1–6].

Ces propriétés mécaniques proviennent d’une microstructure composite constituée d’îlots de

martensite riche en carbone au sein d’une matrice ferritique [1]. La séquence de traitement de

ces aciers comprend comme étape cruciale [7–9] le recuit intercritique d’une microstructure

initiale le plus souvent ferrito-perlitique laminée à froid : chauffage depuis l’ambiante suivi

d’un maintien isotherme dans le domaine biphasé ferrite + austénite. Une transformation

austénitique partielle se produit pendant le recuit intercritique, puis l’austénite se transforme

pour la plus grande part en martensite pendant le refroidissement final. Ainsi, les

caractéristiques microstructurales de la martensite (auparavant de l’austénite) dépendent des

paramètres de traitement du recuit intercritique. De nombreux travaux ont étudié la

transformation austénitique en considérant deux aspects : la morphogénèse de l’austénite et les

cinétiques de transformations de phases.

La vitesse de chauffage est un paramètre de traitement qui met en évidence la complexité des

évolutions microstructurales pendant le recuit intercritique. Un chauffage lent conduit à une

microstructure “en collier” de l’austénite (décorant les joints de grains de la ferrite) tandis qu’un

chauffage rapide conduit à une microstructure en bandes [2,10–16], avec des conséquences

importantes sur le comportement mécanique [17–19]. (Ces effets morphologiques concernent

plus particulièrement les microstructures initiales ferrito-perlitiques). Concernant la cinétique

de transformation austénitique, un chauffage rapide conduit à une accélération [2,10–13,16],

bien que l’austénite se forme par germination et croissance, qui sont thermiquement activées.

Les cinétiques suivent différents régimes cinétiques impliquant ou non la partition des éléments

d’alliage. Enfin, la fraction finale d’austénite peut dépasser la valeur d’équilibre

thermodynamique [12,20] et les compositions chimiques locales peuvent rester hors équilibre.

Ces évolutions complexes proviennent de l’interaction de la transformation austénitique avec

d’autres phénomènes métallurgiques. Au cours du chauffage se produisent la restauration et la

recristallisation de la matrice ferritique, la fragmentation, la globularisation, l’enrichissement

et la coalescence de la cémentite. Ces phénomènes commencent avant la transformation

austénitique. Ils vont fortement interagir avec elle si le chauffage est rapide, tandis que les

phénomènes seront découplés pendant un chauffage lent. Dans le premier cas, il reste à établir

la nature des interactions. Celles-ci restent discutées dans la littérature [2,9–16,20] et malgré de

nombreux travaux, il reste à comprendre l’origine de la transition morphologique collier /

bandes et de l’accélération des cinétiques pendant un chauffage plus rapide.

Ces travaux ont été effectués dans le cadre du stage de Master 2, puis de la thèse de Marc

Moreno (soutenance en 2019), dirigée par Sébastien Allain et que j’ai co-dirigée, dans le cadre

d’une collaboration de recherche IJL / ArcelorMittal-Maizières, suivie par Frédéric Bonnet.

Page 12: Approche globale matériau-procédé des traitements

11

2.1.2 Démarche

Le thème étudié a déjà fait l’objet d’une littérature importante. Notre étude introduit plusieurs

nouvelles voies d’investigation, tout en poursuivant les approches déjà existantes :

Etudier séparément et de manière approfondie les phénomènes qui interagissent avec la

transformation austénitique : la restauration / recristallisation de la ferrite et la maturation

de la cémentite.

Exploiter l’apport de la DRX synchrotron in situ pour suivre pendant le chauffage trois

phénomènes métallurgiques différents : restauration, recristallisation, transformation

austénitique, grâce à une méthode expérimentale originale.

Caractériser sur des traitements interrompus les microstructures tout au long du recuit, par

MEB (morphogénèse de l’austénite, tailles des carbures) et MET-EDS haute résolution

(composition chimique des carbures).

Modéliser sur une base physique (à l’aide des logiciels Thermocalc et DICTRA) les

transformations de phases pour compléter l’analyse des mécanismes.

La démarche expérimentale repose sur l’étude d’une seule nuance d’acier (Fe-0,1C-1,8Mn,

%m), avec une microstructure initiale ferrito-perlitique laminée à froid (taux de réduction de

60%). On étudie un seul traitement de recuit intercritique (appliqué à l’aide de dilatomètres) :

chauffage depuis l’ambiante et maintien isotherme à 800°C, puis trempe. On considère trois

vitesses constantes de chauffage, 3, 30 ou 100°C.s-1 pour faire varier le degré d’interaction entre

les différents phénomènes métallurgiques.

Les travaux sur la restauration et la recristallisation de la ferrite ont été publiés en références

[21–23]. La référence [23] présente la nouvelle méthode de DRX in situ. Les résultats présentés

dans ce manuscrit se concentrent sur les transformations de phases.

2.1.3 Microstructure initiale – Chauffage jusqu’à la température Ac1

Une étude approfondie de la microstructure initiale et de son évolution pendant le chauffage et

avant la transformation austénitique est nécessaire, car celles-ci conditionnent les évolutions

microstructurales et les cinétiques pendant la transformation austénitique (ex : [2]).

La microstructure initiale ferrito-perlitique laminée à froid est présentée en Figure 1. Une vue

d’ensemble (Figure 1a) montre les grains de ferrite déformés dans le sens du laminage (taux de

réduction 60%). Le traitement par analyse d’images (Figure 1b) révèle la distribution des

carbures, qui seront les principaux sites de germination de l’austénite. Classiquement, on

observe des îlots de perlite et des grains de ferrite, dont la forme allongée provient du laminage

à froid. Un résultat original est l’observation d’un grand nombre de carbures “isolés”

(représentés en rouge), c’est-à-dire en dehors des îlots de perlite. Ils sont situés sur les joints de

grains de la ferrite et sous la forme de clusters alignés suivant la direction de laminage. Ils

contiennent environ un tiers du carbone et on verra qu’ils jouent un rôle déterminant pendant

la transformation austénitique. Ces carbures isolés sont peu souvent mentionnés dans la

littérature. D’après certains travaux [24–27], on pense qu’ils se forment pendant la

transformation ferritique (avant la perlite, “au-dessus” de Ar1), au sein de zones localement

enrichies en carbone.

Page 13: Approche globale matériau-procédé des traitements

12

Figure 1. Micrographie MEB et analyse d’image (seuillage) montrant la distribution des carbures au sein de la

microstructure initiale avant chauffage (après laminage à froid, taux de réduction de 60%). a) Vue d’ensemble de

la microstructure ; b) seuillage montrant les îlots de perlite (en blanc) et les carbures isolés (en rouge).

La Figure 2 montre la microstructure après chauffage lent (3°C.s-1) ou rapide (30°C.s-1) jusqu’à

une température proche de Ac1 (respectivement 700 et 720°C). Il s’agit donc des

microstructures initiales au sein desquelles prendra place la transformation austénitique. Avant

celle-ci, deux évolutions microstructurales principales se produisent : la restauration puis la

recristallisation de la ferrite ; la fragmentation et la maturation des carbures de cémentite. Ces

derniers peuvent aussi s’enrichir en Cr et Mn dans le cas d’un chauffage lent à 3°C.s-1 (§2.1.9).

Concernant la recristallisation, les évolutions sont très différentes pour les deux vitesses de

chauffage. Après le chauffage lent, la matrice ferritique est presque complètement recristallisée.

Les grains de ferrite recristallisés sont équiaxes avec une taille moyenne de 6 µm. Peu de ferrite

non-recristallisée subsiste. En revanche, la ferrite perlitique n’est pas recristallisée. Au

contraire, la recristallisation n’a presque pas commencé pendant le chauffage rapide. La plupart

des grains de ferrite ont gardé leur forme allongée issue du laminage. Ils contiennent une

structure de sous-grains d’une taille de l’ordre de 0,5 µm, qui sont issus de processus de

restauration démarrant à ~380°C [21,23]. Ainsi, comme souhaité pour notre démarche

expérimentale, on a obtenu une faible interaction recristallisation / transformation austénitique

dans le cas du chauffage lent et une forte interaction pour le chauffage rapide.

Concernant les carbures de cémentite, des effets différents de la vitesse de chauffage sont

observés pour la cémentite perlitique et pour les carbures isolés. Les carbures au sein de la

perlite subissent des évolutions similaires pour les deux vitesses de chauffage. Ils deviennent

plus fragmentés, leur densité passant ainsi de 30 µm-2 à 180 µm-2. Ils subissent aussi

probablement de la coalescence. La fragmentation et la coalescence sont accélérées par les

défauts issus de la déformation plastique sévère [28,29], ce qui rend la cinétique moins sensible

à la vitesse de chauffage. Les carbures atteignent une taille moyenne de 70 à 75 nm pour les

deux vitesses de chauffage. Davantage de mesures sont présentées en référence [21].

Contrairement à la cémentite perlitique, les carbures isolés (en dehors de la perlite) subissent

une évolution différente en fonction de la vitesse de chauffage. Pendant le chauffage lent, la

recristallisation, qui a le temps de se produire, modifie la taille et la distribution spatiale de ces

carbures par rapport aux joints de grains de la ferrite. Certains carbures sont piégés à l’intérieur

des grains de ferrite recristallisée et d’autres sont situés aux joints de grains. Ils ont

vraisemblablement empêché la migration des joints de grains pendant la recristallisation. Leur

taille plus importante pourrait provenir de la diffusion plus rapide au voisinage des joints de

grains [2,30]. Au contraire pendant le chauffage rapide, les carbures isolés conservent leur

distribution initiale sous la forme de clusters alignés suivant la direction de laminage. Il n’y a

quasiment pas de carbures intragranulaires. La recristallisation n’a pas eu le temps de se

produire et de changer la distribution des carbures par rapport aux joints de grains de la ferrite.

Page 14: Approche globale matériau-procédé des traitements

13

Les carbures isolés ont en moyenne une plus grande taille après le chauffage lent qu’après le

chauffage rapide, à cause de la contribution des carbures situés aux joints de grains de ferrite

recristallisée (Tableau 2). D’autres mesures sont présentées en référence [21].

Figure 2. Micrographies MEB représentatives de la microstructure après chauffage à a,c,e) 700°C à 3°C.s-1;

b,d,f) 720°C à 30°C. s-1. Les figures e et f ont été seuillées pour montrer la distribution des carbures.

Page 15: Approche globale matériau-procédé des traitements

14

2.1.4 Cinétique de recristallisation de la ferrite

Comme présenté en référence [55], les expériences de DRX in situ permettent également

d'estimer la cinétique de recristallisation de la ferrite. La Figure 3 montre la fraction

recristallisée en fonction de la température pendant l'étape de chauffage, issue de DRX ainsi

que de quantifications au MEB. (A 30°C.s-1, ces dernières s’appuient sur des micrographies

après attaque chimique et sont moins précises que les estimations par EBSD à 3°C.s-1). Au-

dessus de Ac1, en présence d’austénite, des fractions relatives sont tracées, c'est-à-dire le ratio

de la fraction recristallisée sur la fraction de ferrite restante. On constate que les deux méthodes

sont en accord sur les domaines de température où s’effectue la recristallisation et sur le

décalage avec l’augmentation de la vitesse de chauffage. Ces résultats sont présentés plus en

détail en référence [23].

Figure 3. Fraction de ferrite recristallisée en fonction de la température pendant un chauffage à 3, 30 or 100°C.s-

1. Points : DRXHE ; carrés : MEB at 30°C.s-1 ou EBSD at 3°C.s-1. (L’austénite est exclue dans les analyses

MEB).

D’après les mesures issues de DRX, à 3°C.s-1, la recristallisation de la ferrite commence à

670°C et est presque complète à 710°C, la température Ac1, comme on le verra dans les parties

suivantes. A 30°C.s-1, la recristallisation de la ferrite commence à 730°C et se termine à 780°C.

Ceci est en bon accord avec les observations microstructurales près de la température Ac1

(Figure 2). A 100°C.s-1, la cinétique de recristallisation est décalée vers des températures plus

élevées. Elle se termine en moins de 6 s pendant le maintien isotherme à 800°C. Ainsi, comme

voulu lors de la définition des traitements thermiques pour notre démarche expérimentale, le

chauffage lent à 3°C.s-1 permet un découplage presque complet de la recristallisation de la

ferrite et de la transformation austénitique. Un chauffage plus rapide à 30°C.s-1 et 100°C.s-1

conduira à de plus fortes interactions, comme on le verra par la suite.

2.1.5 Transformation austénitique – Cinétique globale

L’évolution de la fraction d’austénite pendant le recuit intercritique a été déterminée in situ par

DRX haute énergie. La Figure 4a montre la fraction massique d’austénite en fonction de la

température pendant le chauffage continu jusqu’à 800°C à 3, 30 ou 100°C.s-1. Il en ressort que

la cinétique globale suit deux étapes : une première étape lente jusqu’à 740-750°C, suivie par

une accélération. L’étape lente est clairement visible à 3 et 30°C.s-1 : l’austénite est détectée par

DRX, mais sa fraction massique reste inférieure à quelques pourcents. L’étape lente n’est pas

visible à 100°C.s-1, mais on a moins de précision expérimentale.

L’étape rapide montre un effet inattendu lorsqu’on augmente la vitesse de chauffage : la

cinétique de transformation accélère, alors que la germination et la croissance de l’austénite

Page 16: Approche globale matériau-procédé des traitements

15

sont thermiquement activées. Par exemple, les courbes à 3 et 30°C.s-1 sont presque superposées

(avec un décalage de 10°C) montrant une cinétique environ dix fois plus rapide à 30°C.s-1. La

cinétique à 100°C.s-1 est encore plus rapide. Les trois courbes suivent presque une “courbe

maîtresse” : la fraction d’austénite semble ne dépendre que de la température, tout en restant

largement inférieure à la fraction d’ortho-équilibre (OE). Des effets cinétiques similaires

avaient en fait été rapportés dans la littérature (ex : [2,11–16]). On les confirme ici par le suivi

précis des cinétiques grâce à la DRX in situ.

Pendant le maintien isotherme à 800°C (Figure 4b), la cinétique subit d’abord un ralentissement

pour les trois vitesses, avant que la fraction d’austénite se stabilise. Plus la vitesse de chauffage

est élevée, plus la cinétique est rapide et plus la fraction massique finale d’austénite est élevée.

Cette dernière dépasse l’équilibre à 30 et 100°C.s-1. Ces résultats sont en accord avec la

littérature, concernant les cinétiques pendant le chauffage [2,12], le maintien isotherme

[2,11,13–16,20] et les écarts à l’équilibre [12,20].

Figure 4. Fraction massique d’austénite en fonction : a) de la température pendant le chauffage ; b) du temps

pendant le maintien isotherme à 800°C (en insert : zoom sur les premiers instants). L’échelle de temps

commence lorsque la température de maintien isotherme est atteinte.

2.1.6 Transformation austénitique – Evolutions microstructurales

Les sites de germination de l’austénite et les différentes étapes de sa morphogénèse ont été

établis grâce à des observations au MEB après traitements interrompus de chauffage à 3°C.s-1

(Figure 5) ou 30°C.s-1 (Figure 6). Ces observations sont nombreuses (espacées par exemple de

10°C pendant la chauffe) ; on résume ici les principales observations par domaines de

température.

(i) Cinétique lente : entre Ac1 et 740-750°C. Cette première étape correspond à la germination

de l’austénite et la croissance des premiers grains. Les sites de germination sont les carbures de

cémentite : soit à la frontière des îlots de perlite (mais pas à l’intérieur) soit des carbures isolés

intergranulaires. Ces sites de germination restent les mêmes pour les deux vitesses de chauffage

3 et 30°C.s-1, malgré la microstructure de départ très différente. La croissance des grains

d’austénite reste lente dans ce domaine de température.

(ii) Accélération de la cinétique (740-760°C). Celle-ci provient clairement de la transformation

rapide et quasi simultanée des îlots de perlite. Au contraire, l’austénite issue des carbures isolés

germe et croît plus progressivement, avant et après cette accélération. L’impact des carbures

isolés sur la cinétique globale est donc moins visible.

Page 17: Approche globale matériau-procédé des traitements

16

(iii) Cinétique rapide : entre 740-760°C et 800°C. Pendant cette étape, la morphogénèse de

l’austénite conduit respectivement à une microstructure en collier pour le chauffage lent et en

bandes pour le chauffage rapide. A 800°C, ces microstructures sont bien identifiables (Figure

5d et Figure 6d). Les mécanismes de la morphogenèse sont discutés dans le paragraphe suivant.

(iv) Maintien isotherme à 800°C : les morphologies en collier et en bandes s’estompent en

moins de 60 s, comme attendu du fait de la température élevée.

Figure 5. Observations MEB (attaque Dino) de la microstructure après chauffage à 3°C.s-1 jusqu’à a) 710°C ; b)

730°C ; c) 750°C ; d) 800°C. En figure a), les flèches montrent les premiers grains d’austénite.

Page 18: Approche globale matériau-procédé des traitements

17

Figure 6. Observations MEB (attaque Dino) de la microstructure après chauffage à 30°C.s-1 jusqu’à : a) 740°C ;

b) 760°C ; c) 770°C ; d) 800°C. Les flèches indiquent les premiers grains d’austénite en (a) ; des alignements de

grains d’austénite aux joints de grains de ferrite recristallisée allongés en (c).

2.1.7 Discussion : morphogenèse de l’austénite

Un chauffage lent et un chauffage rapide conduisent respectivement à une morphologie en

colliers et en bandes. On propose les mécanismes suivants, schématisés en Figure 7 :

Un chauffage lent permet une recristallisation quasi-complète de la ferrite avant le début de la

transformation austénitique. Les carbures isolés sont alors situés aux joints de grains équiaxes

de la ferrite recristallisée (Figure 2). L’austénite germe sur ces carbures puis décore les joints

de grains, conduisant à la microstructure en collier (Figure 5). Dans le même temps, l’austénite

issue des îlots de perlite hérite de leur morphologie en bandes. Mais son impact est limité du

fait de la faible fraction volumique des îlots de perlite (16%).

Un chauffage rapide laisse peu de temps pour recristalliser la ferrite : la distribution des

carbures isolés reste alors inchangée et on garde une distribution en clusters alignés dans la

direction de laminage. Les grains d’austénite germent et croissent à partir de ces clusters et en

se rejoignant, ils finissent par développer une morphologie en bandes. D’autres mécanismes

contribuent à la morphogénèse en bandes : la recristallisation concomitante de la ferrite est

maintenant confinée à l’intérieur des bandes d’austénite en formation, ce qui confère une forme

allongée aux grains de ferrite recristallisée. D’autres grains d’austénite germent en périphérie

de ces nouveaux grains, renforçant davantage la morphologie en bandes. Enfin, l’austénite issue

des îlots de perlite hérite toujours de leur morphologie en bandes.

Page 19: Approche globale matériau-procédé des traitements

18

Figure 7. Schéma de la morphogenèse de l’austénite pendant un chauffage lent ou un chauffage rapide.

Il ressort de ces résultats que les carbures isolés jouent un rôle déterminant dans la

morphogénèse de l’austénite. Ce sont les seuls sites de germination dans la matrice ferritique ;

leur distribution spatiale détermine la morphogénèse en collier ou en bandes. Notre

interprétation est en accord avec la littérature pour le chauffage lent. Les travaux précédents

proposent tous le même mécanisme, le seul point de désaccord concernant le fait que l’austénite

germe ou non sur des carbures intergranulaires [14,15,30–32] ou sur les joints de grains de

ferrite “vides” [33–35].

Par contre pour le chauffage rapide, l’origine de la morphologie en bandes a été interprétée

différemment suivant les études. Une seule étude précédente a la même conclusion que nous

sur le rôle primordial des carbures isolés [14]. On néglige généralement ces carbures à cause

de leur faible fraction volumique. Différentes interprétations existent pour l’origine de la

morphologie en bandes. Comme on l’obtient pendant un chauffage rapide, la transformation

austénitique se produit en présence de ferrite non-recristallisée.

Le premier point de désaccord concerne la transformation de la ferrite non-recristallisée en

austénite qui pourrait être plus rapide du fait de la présence de défauts. L’austénite hériterait de

la forme allongée des grains de ferrite déformés d’après [12]. Ce n’est pas clairement le cas

pour notre étude : la ferrite non recristallisée ne se transforme pas particulièrement vite d’après

nos observations. Des observations microstructurales plus quantitatives (ex. [12]) pourraient

cependant être utiles pour le confirmer. Pour notre étude, la recristallisation joue bien un rôle

important dans la morphogénèse, mais il est indirect : pendant la chauffe lente, la

recristallisation modifie la distribution spatiale des carbures isolés.

Le rôle possible de bandes de microségrégation en Mn (issues de la solidification) est aussi

mentionné dans plusieurs études [2,12], car le Mn stabilise l’austénite, favorisant la

transformation austénitique dans les bandes riches en Mn. Les bandes de Mn influencent

également la distribution de la cémentite dans la microstructure initiale. Nous n’observons pas

ces effets, mais cela peut provenir de la faible amplitude des microségrégations dans l’acier

étudié (entre 1,8 et 2,0%mMn d’après des mesures en microsonde).

Page 20: Approche globale matériau-procédé des traitements

19

Enfin d’autres études [13,15] interprètent la morphogénèse en collier ou en bandes par des

arguments cinétiques : un chauffage très rapide (plus de 100°C.s-1) sélectionnerait les sites de

germination les plus favorables, c’est-à-dire les bandes de perlite, au détriment de la matrice.

Nous n’avons pas observé une telle sélection des sites de germination, pour la gamme de

vitesses de chauffage considérée.

2.1.8 Discussion : cinétiques de transformation austénitique

Trois résultats principaux ressortent sur les cinétiques de transformation austénitique :

Des cinétiques globales au chauffage en deux étapes : une étape lente suivie d’une

accélération. Cette dernière correspond à la transformation des îlots de perlite.

Pendant la deuxième étape puis le maintien isotherme, on a principalement une

transformation ferrite / austénite ; la plupart des carbures sont dissous. La cinétique de

transformation est dix fois plus rapide pendant le chauffage rapide (30°C.s-1) que pendant

le chauffage lent (3°C.s-1), alors que la germination-croissance de l’austénite est

thermiquement activée. La cinétique est encore plus rapide à 100°C.s-1.

Enfin, on identifie deux sous-systèmes avec des évolutions cinétiques différentes. (i)

L’austénite issue des îlots de perlite : tous les îlots se transforment quasi simultanément

dans un intervalle de température réduit, ce qui a un impact visible sur la cinétique globale.

(ii) L’austénite issue des carbures isolés qui germe et croît plus progressivement, avec un

impact moins marqué sur la cinétique globale.

Il est difficile d’interpréter l’accélération de la cinétique globale avec la vitesse de chauffage,

car on a vu que les mécanismes de transformation restent les mêmes pour les deux vitesses (en

dehors de la morphogenèse). Dans la littérature, la cinétique plus rapide est souvent attribuée à

la présence de ferrite non recristallisée au cours d’un chauffage rapide [12,15]. Mais comme on

l’a vu, nos observations microstructurales ne le confirment pas clairement, pour l’acier étudié.

L’effet réel de la présence de défauts sur les cinétiques est par ailleurs discutable.

Une autre origine possible est que pendant la chauffe rapide, la germination serait décalée vers

des températures plus hautes et donc plus intense (conduisant à une microstructure plus fine).

La cinétique globale serait accélérée du fait du plus grand nombre de fronts de croissance

[13,15]. Mais pour notre étude, la transformation austénitique n’est pas décalée vers de plus

hautes températures, d’après la DRX (Figure 4). La densité des grains d’austénite n’est pas

clairement plus élevée d’après nos observations MEB (Figure 6 et Figure 7).

Pour comprendre plus avant les effets sur les cinétiques, nous avons mené une analyse

thermocinétique de la transformation austénitique par le biais de simulations à l’aide des

logiciels Thermocalc et DICTRA. Deux aspects sont considérés : l’influence de la composition

chimique des carbures via une analyse thermodynamique principalement ; des simulations

cinétiques de la dissolution des carbures et de la croissance de l’austénite.

Page 21: Approche globale matériau-procédé des traitements

20

2.1.9 Analyse thermodynamique : influence de la composition chimique de la

cémentite

2.1.9.1 Prédiction de régimes cinétiques

Au cours du chauffage, la dissolution de la cémentite suit une cinétique avec deux régimes

successifs : une cinétique lente à basse température et une accélération à plus haute température.

Cette accélération correspond au passage d’un régime avec partition des éléments d’alliage vers

un régime sans partition, contrôlé par la diffusion du carbone. Plus la cémentite est riche en Mn

et en Cr, plus l’accélération est décalée vers des hautes températures. Des calculs

thermodynamiques permettent de prédire la température de transition entre partition et non-

partition (notée PNTT, comme en référence [36]). Une telle transition cinétique pourrait

permettre d’interpréter les cinétiques globales en deux étapes, lente puis rapide que nous avions

identifiées (Figure 4).

Figure 8. Représentation géométrique de la dissolution des carbures isolés (géométrie I) et au sein des îlots de

perlite (géométrie P). (Figure inspirée de [37]). Les flèches noires indiquent la direction de déplacement des

interfaces (deux fronts de transformation simultanés).

La méthode de calcul est détaillée en [36–39], et on rappelle ici les principales hypothèses. On

représente d’abord géométriquement la transformation austénitique (Figure 8), respectivement

pour la dissolution des carbures isolés (géométrie I) et pour celle des carbures au sein des îlots

de perlite (géométrie P). Pour la géométrie I, l’austénite entoure rapidement le carbure, puis

croît simultanément dans la cémentite et dans la ferrite. On montre que le régime rapide sans

partition devient possible quand le potentiel chimique du carbone dans l’austénite devient plus

grand à l’interface avec la cémentite qu’à l’interface avec la ferrite. On calcule le potentiel

chimique avec une hypothèse d’équilibre local (le paraéquilibre peut aussi être considéré). Pour

la géométrie P, on fait le même raisonnement, avec pour différence que les éléments diffusent

dans la ferrite. Plus la cémentite est riche en Cr et Mn, plus la température de transition est

élevée ; cette dernière est différente pour les deux géométries. La composition de la cémentite

est donc une donnée cruciale pour ces calculs.

2.1.9.2 Evolutions de composition de la cémentite pendant le traitement des aciers DP

Pour comprendre les évolutions de composition chimique dans la cémentite, il faut considérer

l’ensemble du procédé de fabrication : non seulement le recuit intercritique final, mais aussi

l’étape précédente de laminage à chaud, afin d’intégrer les effets dit d’héritage. La cémentite

subit en enrichissement en Cr et Mn dès la transformation perlitique, vers 570°C, puis elle

s’enrichit encore pendant le refroidissement (étape de bobinage). Nous avons étudié ces

évolutions de composition chimique, avec pour base expérimentale des mesures de composition

par EDS au MET à haute résolution. La résolution spatiale permet d’établir des profils de

composition au sein des carbures. Dans l’exemple présenté Figure 9, l’enrichissement en Mn

Page 22: Approche globale matériau-procédé des traitements

21

près de la surface s’est produit pendant le refroidissement après la transformation perlitique. La

diffusion dans la cémentite était trop lente pour homogénéiser les profils. L’étude complète sur

les compositions chimiques est détaillée en référence [40]. Elle comprend des simulations de la

diffusion (DICTRA et modèle en différences finies) pour prédire les cinétiques

d’enrichissement. Ces simulations sont nécessaires car les compositions sont (le plus souvent)

hors équilibre tout au long du procédé. Un constat intéressant qui était ressorti était le manque

de données sur les coefficients de diffusion des éléments d’alliage dans la cémentite (voir aussi

[41]).

Figure 9. Mesure par EDS au MET d’un profil de composition chimique au sein d’un carbure de cementite. (Etat

laminé à froid).

2.1.9.3 Résultats

Sur ces évolutions de composition de la cémentite, ce manuscrit se concentre sur le recuit

intercritique. Le Tableau 1 montre les compositions mesurées à 700°C après chauffe lente

(3°C.s-1) ou rapide (30°C.s-1), soit juste avant la transformation austénitique. La cémentite est

enrichie en Mn et Cr par rapport à la composition nominale de l’alliage (le Si montre peu de

variation). L’enrichissement en Cr est particulièrement important : la concentration peut être

multipliée par dix. La chauffe lente permet un enrichissement plus important en Mn et Cr que

la chauffe rapide, comme attendu.

Pour les îlots de perlite, le calcul à partir des compositions moyennes donne une PNTT de

787°C pour la chauffe lente et de 767°C pour la chauffe rapide. Cette différence reflète l’effet

de l’enrichissement plus important pendant la chauffe lente. Les PNTT prédites sont bien plus

élevées que le domaine de température observé expérimentalement pour la transformation

rapide des îlots de perlite, de 740 à 760°C. On en déduit que la transformation rapide des îlots

de perlite ne peut pas être déclenchée par une transition partition / non-partition, et que la

transformation s’effectue nécessairement avec partition. On le confirmera dans la partie

suivante (§2.1.10) avec des simulations DICTRA.

En revanche, les PNTT prédites pour les carbures isolés sont plus basses (Tableau 1) et elles se

situent dans le domaine expérimental observé pour la dissolution de ces carbures. Il est donc

probable qu’une transition partition / non partition se produise bien lors de la dissolution des

carbures isolés. Cela explique en partie la cinétique en deux étapes, lente puis rapide, observée

en Figure 4. Cependant, l’impact sur la cinétique globale est peu visible car chaque carbure a

une taille et une composition, et donc une cinétique spécifique de dissolution. De plus, la

germination de l’austénite sur ces carbures est progressive.

Page 23: Approche globale matériau-procédé des traitements

22

On remarque que la différence entre les PNTT obtenues à 3°C.s-1 et 30°C.s-1 est significative

bien que les compositions de la cémentite ne soient en moyenne pas si différentes (Tableau 1).

Cela provient en grande partie du chrome : si on recalcule la PNTT en supposant que la

cémentite ne s’est pas enrichie en Cr et seulement en Mn, on trouve des PNTT plus proches

pour les deux vitesses.

uMn

range

(%)

uMn

average

(%)

uCr

range

(%)

uCr

average

(%)

PNTT-I (°C)

without Cr

partition

PNTT-I

(°C)

PNTT-

P (°C)

CR state /

700H30

6,5 - 7.9 7.2 0.3 – 1.0 0.6 733 741 767

700H3 7.0 - 11 8.8 1.5 – 2.1 1.8 738 767 787

Tableau 1. Concentration en Mn et Cr dans la cémentite mesurée par EDS au MET après chauffage à 700°C à 3

ou 30°C.s-1. TTPN calculées en supposant la partition du Mn seulement ou de Mn et Cr.

En conclusion, quelques résultats ressortent de l’analyse thermodynamique de la composition

des carbures :

Le premier régime cinétique lent visible sur les cinétiques globales provient d’une première

étape de dissolution des carbures impliquant la partition des éléments d’alliage.

Seuls les carbures isolés subissent une transition partition / non partition pendant leur

dissolution, tandis que les îlots de perlite se transforment avec partition.

Le chrome a un effet stabilisateur des carbures très prononcé (voir aussi [37]) malgré la

faible teneur en Cr de l’acier.

Au vu des PNTT calculées, les carbures isolés sont complètement dissous avant d’atteindre

la température de recuit intercritique, 800°C, ce qui est en accord avec l’expérience. La

situation serait différente pour des enrichissements plus importants (ex [42]).

Une fois que la cémentite (carbures isolés et îlots de perlite) est dissoute, une transformation

ferrite / austénite se produit. Des simulations cinétiques sont nécessaires pour comprendre

pourquoi les cinétiques accélèrent lorsqu’on augmente la vitesse de chauffage.

2.1.10 Analyse thermocinétique

2.1.10.1 Approche de simulation ; représentation de la microstructure

La cinétique de transformation austénitique a été simulée à l’aide du logiciel DICTRA [43]. On

suppose que la diffusion des éléments d’alliage est le processus limitant et on suppose

l’équilibre aux interfaces [30,38,44–46]. (Quelques travaux considèrent cependant le

paraéquilibre [1,47] ou d’autres écarts à l’équilibre, mobilités d’interface finie ou solute drag

[47–49]). DICTRA résout numériquement l’équation de la diffusion dans un système multi-

constitué au sein duquel s’effectue une transformation de phases. La simulation prédit les

vitesses des interfaces et l’évolution des profils de composition. L’alliage est simplifié au

système ternaire Fe-0,1C-1,91Mn (%m).

On définit une représentation géométrique pour les deux origines principales de l’austénite : les

carbures isolés et les îlots de perlite. DICTRA permet d’effectuer des simulations au sein de

cellules sphériques. La transformation austénitique à partir des îlots de perlite est simulée en

deux étapes. D’abord la transformation de l’îlot de perlite en un grain d’austénite riche en

carbone, puis la croissance de ce dernier vers la matrice ferritique.

La cellule de simulation représentant la première étape (Figure 10a, cellule P) contient un

carbure de cémentite perlitique sphéroidisé dans une matrice ferritique. L’austénite croît à

partir de l’extérieur. Bien que cette représentation soit imparfaite, elle tient compte d’un

Page 24: Approche globale matériau-procédé des traitements

23

phénomène essentiel : la diffusion rapide des éléments à partir du carbure vers l’austénite,

à travers la matrice ferritique.

L’étape suivante est la croissance du nouveau grain austénitique, riche en carbone car il

hérite de la composition moyenne de l’îlot de perlite. La représentation par une cellule de

simulation sphérique est bien adaptée (Figure 10b, cellule A), bien que les grains d’austénite

réels aient une forme allongée.

La formation de l’austénite à partir des carbures isolés est également bien représentée par

une cellule de simulation sphérique (Figure 10c, cellule I). On suppose que l’austénite

entoure rapidement le carbure après la germination.

Figure 10. Cellules de simulation sphériques utilisées dans les simulations DICTRA. a) dissolution d’un carbure

de cémentite perlitique (cellule P) ; b) croissance d’un grain d’austénite riche en carbone vers la ferrite

avoisinante (cellule A) ; dissolution d’un carbure isolé (cellule I).

La Figure 11 schématise la représentation de la microstructure globale. La microstructure de

départ est constituée d'îlots de perlite et de carbures isolés répartis dans la matrice de ferrite (a).

Lors du chauffage, l'austénite consomme les îlots de perlite, jusqu'à la formation de grains

d’austénite sursaturés en carbone qui hériteront de la taille de l’îlot de perlite et de sa

composition moyenne en carbone (b). Cette partie de la simulation concerne la cellule P. Dans

un second temps, les grains issus des îlots de perlite croissent vers la matrice ferritique

environnante (c, simulation de la cellule A). Pendant ce temps, la transformation de l’austénite

à partir de carbures isolés est décrite par le sous-système I.

Cette représentation présente des simplifications drastiques : l'absence de carbures isolés au

voisinage des îlots de perlite et le fait qu'il n'y a pas de transfert de carbone entre les sous-

systèmes A et I, considérés comme des systèmes fermés. De plus, les carbures isolés ont les

mêmes tailles et compositions, contrairement aux observations expérimentales. Les

conséquences de ces simplifications seront discutées lors de la comparaison des simulations

aux expériences.

Les dimensions des cellules de simulations sont établies à partir des mesures par analyse

d’images des tailles des carbures et des îlots de perlite. On suppose une teneur moyenne en

carbone plus élevée dans la cellule associée à la croissance du grain austénitique issue de l’îlot

de perlite (Figure 10b, 0,65%at.C) que dans celle associée au carbure isolé (Figure 10c,

0,30%at.C). Ceci reflète la composition hétérogène en carbone à l’échelle de la microstructure :

la teneur en carbone est plus élevée au voisinage des îlots de perlite. Par exemple dans la

microstructure initiale, les îlots de perlite contiennent environ les deux tiers du carbone, mais

occupent 16% de la fraction volumique. Ces hétérogénéités subsistent pendant une bonne part

du recuit intercritique et il est nécessaire d’en tenir compte.

Page 25: Approche globale matériau-procédé des traitements

24

Figure 11. Représentation géométrique de la microstructure avec deux étapes pour la transformation

austénitique. a) Microstructure initiale ; b) première étape de la transformation austénitique ; c) deuxième étape.

Les compositions en Mn sont établies à partir des mesures de composition des carbures par

EDS au MET. Les principaux paramètres des cellules de simulation DICTRA sont récapitulés

au Tableau 2. La référence [21] présente plus en détail le choix de ces paramètres. Des

chauffages continus à 3, 30 et 100°C.s-1 sont simulés. La température à laquelle on commence

la simulation est fixée à partir des expériences (Tableau 2). Pour chaque cellule, la température

est la même quelle que soit la vitesse de chauffage, malgré quelques écarts d’après l’expérience,

de l’ordre de 10°C. Le but est de mieux comparer les calculs. Précisons que DICTRA ne permet

pas de simuler la germination.

Perlitic carbide dissolution: overall carbon composition: Xc=1.78at.%

Heating rate (°C.s-1) radius (nm) Total cell radius (nm) uMn (%) Start T (°C)

3 75 203 8.8 720

30 and 100 75 203 7.2 720

CRA grain growth: overall carbon composition: Xc=0.65at.%

Heating rate (°C.s-1) grain radius (nm) Total cell radius (nm) uMn and u

Mn (%) Start T (°C)

3, 30 and 100 2500 3530 1.94 755

Isolated carbide dissolution: overall carbon composition: Xc=0.30at.%

Heating rate (°C.s-1) radius Total cell radius (nm) uMn (%) Start T (°C)

3 110 565 8.8 720

30 and 100 75 373 7.2 720

Tableau 2. Principaux paramètres des cellules de simulations DICTRA.

2.1.10.2 Résultats

Les résultats présentés se concentrent sur les cinétiques de transformation austénitique au sein

des cellules de simulation. Pour une présentation plus courte, les profils de composition ou les

conodes opératives ne sont pas présentés, mais ils sont détaillés en référence [21]. La Figure

12a montre la fraction volumique d’austénite en fonction de la température au cours du

chauffage à l’intérieur de la cellule représentant la dissolution du carbure de cémentite

perlitique (cellule P). La cinétique est similaire pour les trois vitesses de chauffage. Elle

accélère avec l’augmentation de la température à cause de la diffusion plus rapide. Les conodes

opératives et les profils de composition (non présentés dans ce document) montrent que la

transformation s’effectue avec partition du Mn. Ceci est en accord avec les prédictions

thermodynamiques (§2.1.9) qui excluent la possibilité d’une transformation sans partition pour

les îlots de perlite. Les simulations reproduisent bien certaines caractéristiques observées

expérimentalement : des cinétiques rapides et une faible dépendance à la vitesse de chauffage,

Page 26: Approche globale matériau-procédé des traitements

25

résultant de la diffusion rapide dans la ferrite et des faibles distances de diffusion. Le domaine

de température est aussi en accord avec les observations microstructurales (à 3 et 30°C.s-1).

Figure 12. Fraction volumique d’austénite en fonction de la température d’après les simulations DICTRA à

l’intérieur des cellules de simulation P et A. a) Transformation de l’îlot de perlite (cellule P). b) croissance du

grain d’austénite riche en carbone issu de la transformation de l’îlot perlitique (cellule A). Les courbes notées

OE et NPLE représentent la fraction d’austénite respectivement à l’équilibre et après une transformation ferrite /

austénite sans partition du Mn. c) Profils radiaux de concentration en carbone à 780°C dans la cellule de

simulation A en fonction de la distance (r=0 : centre de la cellule).

L’étape suivante est la croissance des grains d’austénite riches en carbone vers la matrice

ferritique. L’évolution de la fraction volumique d’austénite dans la cellule de simulation

correspondante (Figure 10b, cellule A) est tracée en Figure 12b pour les trois vitesses de

chauffage. Cette fois-ci, la transformation austénitique s’effectue sans partition du Mn (les

conodes et les profils ne sont pas présentés). Toutes les courbes de simulation sont presque

identiques et suivent une courbe notée NPLE (calculée avec Thermocalc) qui correspond à la

fraction maximale d’austénite qu’on peut former sans partition du Mn. Il y a un désaccord

apparent pour les deux plus grandes vitesses de chauffage, 30 et 100°C.s-1, mais il correspond

à un écart temporel de moins d’une seconde. A 30 et 100°C.s-1, le carbone n’a pas le temps de

diffuser pour atteindre une concentration homogène dans l’austénite (Figure 12c). Mais la

conode opérative est bien la conode NPLE. A cause de la teneur en carbone élevée attribuée à

la cellule A (0,65at.%), la transformation austénitique est complète à 800°C après le chauffage

à 3°C.s-1et en moins de 2 s pendant le maintien isotherme à 800°C après le chauffage à 30 ou

100°C.s-1.

La Figure 13a montre les résultats de la simulation pour l’austénite formée à partir des carbures

isolés, pour le chauffage jusqu’à 800°C (cellule de simulation I). Pour les trois vitesses de

chauffage, on peut identifier trois étapes. Une première étape lente correspond à la dissolution

Page 27: Approche globale matériau-procédé des traitements

26

de la cémentite avec partition du Mn. L’accélération dans une deuxième étape correspond à un

basculement vers un régime sans partition du Mn. La transition s’effectue comme attendu près

des PNTT calculées, 730°C à 3°C.s-1 et 725°C à 30 et 100°C.s-1. (Ces valeurs sont différentes

du Tableau 1 à cause de la simplification à un système ternaire Fe-C-Mn pour ces simulations).

La dernière étape correspond à la transformation finale ferrite/austénite. Comme pour le cas

précédent dans la cellule A, elle se produit sans partition du Mn et la fraction d’austénite suit

de nouveau la valeur maximum prédite pour ce régime (courbe NPLE). L’écart à 3°C.s-1

provient de la partition importante en Mn qui a eu le temps de se produire pendant la première

étape.

La transformation de la ferrite en austénite se poursuit pendant le maintien isotherme à 800°C

pour toutes les vitesses de chauffage (Figure 13b). Dans cette étape, le Mn partitionne de la

ferrite vers l’austénite et la cinétique est contrôlée par la diffusion du Mn à l'intérieur de la

ferrite [21]. Après le chauffage à 3°C.s-1, la fraction d'austénite dépasse légèrement la valeur

d'équilibre en moins de 10 s, conformément à l'expérience, si l'on tient compte des incertitudes

expérimentales. Le système n’est en fait pas complètement à l’équilibre, car des hétérogénéités

de concentration en Mn subsistent dans l'austénite [21]. Après le chauffage à 30°C.s-1, la

fraction d'austénite atteint également un plateau en moins de 10 s, mais la fraction finale dépasse

la valeur OE d’environ 10%. L'écart est encore plus élevé à 100°C.s-1. Ce dépassement de la

fraction d’austénite d’équilibre provient de l'absence de partition Mn jusqu’à 800°C. Il reste

alors plus de Mn disponible pour partitionner de la ferrite vers l’austénite, et plus d’austénite

sera ainsi formée. La référence [25] présente une analyse similaire. Une dernière étape vers

l'équilibre est observable pour les deux réchauffements plus rapides : après environ 100 s, la

fraction d’austénite diminue lentement ; la cinétique est alors contrôlée par la diffusion de Mn

dans l’austénite, qui est environ 100 fois plus lente que dans la ferrite.

Figure 13. Fraction volumique d’austénite d’après les simulations DICTRA au sein des cellules représentatives

de la dissolution des carbures isolés (Figure 10c). a) pendant le chauffage, en fonction de la température ; b)

pendant le maintien isotherme à 800°C. OE et NPLE ont la même signification qu’en Figure 12b. (Les valeurs

sont différentes à cause de la différente teneur en carbone dans les cellules b et c, voir Tableau 2).

2.1.10.3 Cinétiques globales, comparaison à l’expérience

Les simulations cinétiques précédentes permettent de comprendre pourquoi la cinétique de

transformation de l'austénite est plus rapide lors d'un chauffage plus rapide. Un résultat commun

ressort : après la dissolution des carbures de cémentite (isolés ou à l'intérieur d’îlots de perlite),

la transformation ferrite / austénite ultérieure se produit toujours sans partition de Mn pendant

le chauffage jusqu’à 800°C (pour la gamme de vitesses de chauffage étudiée). En conséquence,

la cinétique de transformation ne dépend que de la température, car la fraction d'austénite suit

une fraction maximale (notée NPLE dans les courbes), qu’on peut prédire avec des calculs

Page 28: Approche globale matériau-procédé des traitements

27

thermodynamiques. Ainsi, un chauffage plus rapide entraîne une cinétique de transformation

de l’austénite plus rapide. En conséquence, les courbes expérimentales de la Figure 4 montrent

une cinétique qui ne dépend que de la température, avec des différences réduites entre les

vitesses de chauffage 3°C.s-1, 30°C.s-1 et 100°C.s-1. Les observations microstructurales sont en

bon accord avec ces simulations. Comme présenté en références [21,50] les grains d’austénite

issus des îlots de perlite croissent plus rapidement lors d'un chauffage plus rapide, selon les

mesures. La confirmation expérimentale directe est en revanche plus difficile pour l'austénite

issue des carbures isolés, les cinétiques propres à chaque carbure étant plus dispersées. Enfin,

le “dépassement” de la fraction d'austénite d’équilibre pendant le maintien isotherme après le

chauffage rapide provient de l'absence de redistribution du Mn pendant le chauffage après la

dissolution des carbures, comme expliqué précédemment.

En combinant les simulations respectives correspondant aux carbures isolés et aux îlots de

perlite, on peut déduire une cinétique globale de transformation austénitique (Figure 14). La

méthode de calcul est présentée en références [21,50]. On retrouve une cinétique proche pour

les trois vitesses de chauffage, avec des écarts cependant plus grands provenant des simulations

sur les îlots de perlite. Les mesures expérimentales DRX sont également représentées (ce sont

celles déjà montrées en Figure 4). On observe des écarts importants entre simulation et

expérience, mais on peut les attribuer à la simplification drastique des microstructures dans le

cadre des simulations sur DICTRA (simulations 1D, absence de flux de germination…) Malgré

ces écarts, la simulation et l’expérience montrent une tendance commune : une cinétique

globale proche pour les trois vitesses de chauffage, qu’on peut raisonnablement interpréter par

le mode de croissance sans partition de l’austénite. Cette étude va se poursuivre en améliorant

la représentation géométrique de la microstructure. L’interprétation des mécanismes de

transformation (rôle des carbures, des bandes de microségrégations Mn…) reste aussi à

confirmer avec davantage d’expériences (voir Projet, §4.2.1).

Figure 14. Fraction d’austénite en fonction de la température au cours d’un chauffage à 3, 30 ou 100°C.s-1,

d’après la simulation (lignes continues) et l’expérience DRX (points). Les flèches indiquent les principales

étapes. NPLE : fraction d’austénite maximum pouvant être formée avec une croissance sans partition et

l’équilibre local.

Page 29: Approche globale matériau-procédé des traitements

28

2.1.11 Conclusions

La transformation austénitique se produisant pendant le recuit intercritique d’un acier dual-

phase Fe-0,1C-1Mn-0,2Cr-0,2Si (%m) a été étudiée. La microstructure initiale est ferrito-

perlitique laminée à froid, à un taux de réduction de 60%. Trois vitesses de chauffage ont été

appliquées, lente (3°C.s-1) et rapide (30 ou 100°C.s-1) pour induire des interactions faibles ou

fortes entre la transformation de l'austénite, la recristallisation de la ferrite et la maturation des

carbures de cémentite. Les principales conclusions sont les suivantes :

La microstructure initiale contient un grand nombre de carbures de cémentite

intergranulaires et isolés hérités du laminage à chaud et répartis à l'extérieur des îlots de

perlite. Ces carbures contiennent environ un tiers du carbone de l'acier. La cémentite

perlitique contient le reste du carbone.

Ces carbures isolés jouent un rôle prédominant dans la morphogenèse de l’austénite. Une

microstructure en collier ou en bandes est générée respectivement par chauffage lent ou

rapide, selon que la recristallisation de ferrite a ou non suffisamment de temps pour modifier

leur distribution spatiale, et donc les sites de germination et les sources de carbone pour

l’austénite. Nos résultats expérimentaux soutiennent le modèle proposé par Li et al [21].

La transformation austénitique commence par un régime cinétique lent correspondant à la

dissolution de la cémentite impliquant la partition des éléments substitutionnels.

On identifie deux sous-systèmes avec des cinétiques spécifiques. Les îlots de perlite se

transforment simultanément en austénite dans une gamme de température étroite qui dépend

faiblement de la vitesse de chauffage. Le processus implique toujours la partition des

éléments substitutionnels, mais est accéléré en raison des faibles distances de diffusion à

l'intérieur de la ferrite perlitique. En revanche, l’austénite germe et croît plus

progressivement à partir des carbures isolés. Ces derniers se dissolvent rapidement, sans

partition, une fois qu’une température critique de transition partition-non partition (PNTT)

a été atteinte. La PNTT est prévisible à partir de données thermodynamiques. Elle augmente

pour une concentration en Mn et Cr plus élevée dans les carbures de cémentite.

Lors d'un chauffage jusqu’à 800°C, l'étape finale correspond à une transformation ferrite /

austénite, sans partition des éléments substitutionnels. Pendant le maintien isotherme à

800°C, la transformation austénitique se poursuit avec partition. Le processus limitant est

alors la diffusion des éléments substitutionnels dans la ferrite, puis dans l'austénite.

La transformation plus rapide lors d'un chauffage plus rapide s'explique en grande partie

par la transformation austénitique sans partition au cours de cette dernière étape, comme le

montrent les simulations DICTRA. La fraction d’austénite reste proche d'une valeur

maximale qui ne dépend que de la température et qui est prévisible à partir de données

thermodynamiques (fraction NPLE). Cependant, d'autres origines possibles telles que la

présence de ferrite non recristallisée ou une germination plus rapide peuvent encore être

envisagées.

Les simulations DICTRA de la transformation austénitique permettent de prédire les ordres

de grandeur de cinétiques globales expérimentales lors de l'étape de chauffage et l'influence

de la vitesse de chauffage. Cependant, la représentation géométrique de la microstructure

doit être améliorée pour des prédictions plus précises et pour englober les étapes de

chauffage et de maintien isothermes dans une même simulation.

Page 30: Approche globale matériau-procédé des traitements

29

2.2 Effet d’un enrichissement en carbone et en azote sur la décomposition de

l’austénite

2.2.1 Introduction

Les traitements de surface des aciers sont largement utilisés dans l’industrie automobile pour

améliorer la résistance à la fatigue, à l’usure et aux chocs des pièces traitées. Ces dernières

années, la carbonitruration en phase austénitique de pièces de transmission s’est développée,

permettant d’améliorer la résistance à la fatigue. L’origine de ces meilleures propriétés reste

cependant à établir. Une connaissance fondamentale sur la genèse des microstructures lors de

la décomposition de l’austénite au refroidissement est en particulier nécessaire. Les évolutions

microstructurales au sein des couches carbonitrurées influencent la genèse des contraintes

résiduelles, les duretés finales et donc le comportement mécanique des pièces.

Les effets du carbone sur la décomposition de l’austénite dans des aciers multiconstitués ont

été largement étudiés et modélisés (ex : [51]). Au contraire, les travaux sur les effets d’additions

en azote se limitent principalement au système binaire Fe-N avec des teneurs élevées en azote

(jusqu’à 2,6%mN) en comparaison avec les teneurs en azote dans les couches carbonitrurées

(maximum 0,5%mN). Les phases formées (par exemple ’-Fe4N) et les microstructures obtenues

diffèrent complètement de celles obtenues après traitement de carbonitruration. La seule étude

à notre connaissance [52] sur un acier faiblement allié 30CrMo4 avait montré le rôle de la

précipitation de nitrures en phase austénitique, l’appauvrissement de l’austénite en Cr

conduisant à une accélération de la décomposition de l’austénite.

Le but de cette étude est d’abord de caractériser expérimentalement l’influence du carbone et

de l’azote sur la décomposition de l’austénite au cours du refroidissement d’un acier faiblement

allié 23MnCrMo5. Les cinétiques et les microstructures sont étudiées sur des échantillons à

teneurs homogènes en carbone et en azote représentatives des couches carbonitrurées. Un

modèle cinétique global est introduit pour prédire la cinétique de décomposition de l’austénite,

les microstructures résultantes et les duretés en fonction de la teneur locale en carbone et en

azote. Les simulations sont comparées aux expériences sur des échantillons de laboratoire à

gradient de concentration en carbone et en azote.

Ces travaux ont eu pour cadre :

La thèse CIFRE PSA-IJL de Simon Catteau (2011-2015, soutenance 2017), dirigée par

Sabine Denis et que j’ai co-dirigée, et co-encadrée par Jacky Dulcy (IJL).

Le post-doc de Hugo Van Landeghem (Labex DAMAS, 05/2014-08/2015).

La thèse de Karthikeyan Jeyabalan (début 2015), dirigée par S. Denis et que je co-dirige

(collaboration de recherche IJL-IRT-M2P) en collaboration avec Jacky Dulcy.

Le post-doc de Pavel Kusakin (Labex DAMAS, 10/2017-03/2019, collaboration LEM3,

Nathalie Gey).

Page 31: Approche globale matériau-procédé des traitements

30

2.2.2 Démarche expérimentale

Le matériau de base de l’étude est un acier faiblement allié de composition Fe-0,25C-1,2Mn-

1,3Cr-0,1Mo-0,2Si-0,2Ni-0,2Cu (%m). L’originalité de la démarche expérimentale repose sur

l’utilisation d’échantillons de composition homogène en carbone et en azote. Le travail sur la

mise au point et la réalisation des traitements thermochimiques d’enrichissement a été réalisé

en collaboration avec Jacky Dulcy (IJL). Des échantillons de faible épaisseur, 0,5 mm, sont

utilisés pour permettre un enrichissement homogène. Les enrichissements en carbone et en

azote ont été effectués en phase austénitique à 900°C par craquage de méthane et d’ammoniac

respectivement, à l’aide d’une thermobalance qui permet de suivre in situ la prise de masse de

l’échantillon et la composition de l’atmosphère enrichissante par chromatographie gazeuse. La

réaction gaz-solide est contrôlée pour atteindre les enrichissements visés en carbone et en azote,

grâce à un modèle thermodynamique [53,54]. Les teneurs en carbone et en azote ont été

mesurées par microsonde de Castaing (Jeol JXA-8530F). Le Tableau 3 montre les teneurs en

carbone et en azote des aciers considérés.

Les cinétiques globales liées à la décomposition de l’austénite ont été mesurées par dilatométrie

et DRX synchrotron in situ (voir [55]) sur les échantillons à composition homogène pour établir

l’influence de la concentration en carbone et en azote. Les microstructures ont été observées en

microscopie à balayage (JEOL Quanta 600-F) et en transmission (Jeol ARM 200-F). Par

ailleurs, des échantillons à gradient de composition en carbone et en azote d’une épaisseur de

3 mm ont également été considérés.

Acier %m Cγ (± 0.04 %) %m Nγ (± 0.07 %)

I Acier Initial 0.25 -

C Cémenté 0.57 -

N Nitruré 0.07-0.12 0.27-0.34

C+N Carbonitruré 0.59-0.68 0.31-0.41

Tableau 3. Composition en carbone et en azote des nuances d’acier étudiées. (L’acier N subit une décarburation

pendant le traitement de nitruration).

2.2.3 Etats austénitiques après enrichissement

Après cémentation et trempe, la microstructure est martensitique avec 7% ±0.5% d’austénite

non transformée, d’après la DRXHE. Le carbone reste en solution solide. L’enrichissement en

azote à 900°C (nitruration ou carbonitruration) a pour effet la précipitation de nitrures dans la

matrice austénitique : principalement CrN (Figure 15), mais aussi MnSiN2 et VN ; le carbone

reste en solution solide. La précipitation de nitrures CrN est attendue d’après les bases de

données thermodynamiques (TCFE9 et SSOL4), qui indiquent une limite de solubilité à

0.1%mN à 900°C. En fin d’enrichissement, la fraction massique de CrN est comprise entre 0,3

et 0,8%m, suivant les traitements. Différentes tailles et morphologies de CrN sont observées.

Des nitrures CrN micrométriques avec une morphologie facettée précipitent aux joints de grains

de l’austénite (Figure 15a) ; certains autres précipitent sur des sulfures de manganèse (MnS).

De plus petits nitrures CrN précipitent à l’intérieur des grains d’austénite. Leur morphologie

est globulaire et ils ont une large distribution de tailles, de 30 nm à 1 µm. La structure

cristallographique des nitrures CrN a été identifiée par DRXHE et diffraction électronique au

MET et correspond à la structure NaCl. Les analyses de composition chimique au MET par

EDS et EELS confirment un ratio N/substitutionnels proche de 1 et un taux de substitution du

Page 32: Approche globale matériau-procédé des traitements

31

chrome par le fer inférieur à 10%. Les CrN sont souvent agglomérés avec d’autres nitrures

(AlN, VN, MnSiN2), qui pourraient influencer le processus de précipitation des CrN.

La distribution large des tailles des nitrures CrN pose quelques questions. Si la présence de

nitrures micrométriques est cohérente avec la durée de l’ordre de 5h du traitement

d’enrichissement à 900°C, celle des nitrures nanométriques est plus difficile à interpréter. Ils

n’ont pas pu se former pendant la trempe car le refroidissement est trop rapide pour permettre

la diffusion du chrome. D’après leur morphologie globulaire, ils ont précipité dans l’austénite

et non dans la ferrite car une morphologie en plaquettes serait attendue. Une interprétation

possible est que pendant l’enrichissement, une sursaturation de l’austénite en azote a conduit à

la précipitation de nitrures de plus petite taille (rayon critique de germination plus faible).

Notons qu’après enrichissement, la fraction massique d’équilibre en CrN n’est pas atteinte

d’après la DRXHE (par exemple 0.6%m au lieu de 1.3%m pour un échantillon carbonitruré),

montrant que la germination-croissance est toujours en cours. En plus des nitrures de chrome

CrN, des caractérisations plus récentes (MEB EDS, DRXHE, microsonde) semblent mettre en

évidence une précipitation significative de nitrures MnSiN2 pendant l’enrichissement. D’autres

observations et caractérisations sont prévues pour le confirmer. Ces nitrures vont modifier

drastiquement les cinétiques de décomposition de l’austénite et les microstructures résultantes,

comme on le verra dans les parties suivantes.

Figure 15. Microstructure après nitruration et trempe (acier N). Micrographies : a) MEB en électrons

secondaires, la flèche montre un exemple de CrN intergranulaire à un ancien joint de grains / ; b) MET, STEM

HAADF : nitrures au sein de la matrice martensitique/ferritique ; c) Cartographies EDS correspondantes,

éléments Al, Cr et N. Les flèches en c) indiquent des agrégats AlN/CrN.

Page 33: Approche globale matériau-procédé des traitements

32

2.2.4 Décomposition de l’austénite : domaine haute température (T>Bs)

La décomposition de l’austénite a été étudiée en conditions isothermes à des températures

comprises entre 500 et 700°C, le premier domaine de température identifié pour la

décomposition de l’austénite. L’austénite se décompose, d’après la DRXHE (ex situ) [54,56],

en ferrite et en cémentite. La fraction massique de nitrures CrN augmente par rapport à la

fraction formée après l’enrichissement. L’augmentation est comprise entre 0,3% et 0,6%m

suivant les traitements. La décomposition de l’austénite est complète (mais il peut rester moins

de 1%m d’austénite, pour les durées de traitement isotherme considérées).

La Figure 16 montre les cinétiques de décomposition de l’austénite à 600°C mesurées par

dilatométrie pour les aciers I, C, N et C+N. Cette température est représentative de l’ensemble

du domaine de température 500-700°C. Le résultat le plus inattendu concerne l’enrichissement

en azote. Malgré le caractère stabilisateur de l’austénite de l’azote, on constate pour les aciers

N et C+N que la cinétique de décomposition de l’austénite est beaucoup plus rapide que pour

l’acier initial (I). Cette accélération concerne aussi bien le temps de début de transformation

que la cinétique globale. On remarque cependant pour l’acier N une dernière étape lente au-

delà de ~90% d’austénite décomposée. L’acier C+N ne présente pas ce ralentissement. La

cinétique plus lente pour l’acier C par rapport à l’acier I est par contre bien attendue du fait de

la stabilisation de l’austénite par le carbone. En présence d’azote, on retrouve cet effet

“ralentisseur” du carbone mais il est beaucoup plus faible, comme le montre la comparaison

entre les aciers N et C+N.

Figure 16. Cinétiques de décomposition de l’austénite à 600°C mesurées par dilatométrie, pour l’acier initial (I),

cémenté (C), nitruré (N) et carbonitruré (C+N). (Différentes échelles de temps représentées).

Des micrographies MEB d’un acier nitruré après maintien isotherme à 650°C pendant 3h sont

présentées en Figure 17. La microstructure est représentative des observations effectuées dans

le domaine haute température pour les aciers nitrurés. Elle contient majoritairement des grains

de ferrite équiaxes avec un diamètre d’environ 4 µm. Certaines zones présentent localement

une précipitation intense révélée par des contrastes clairs (flèches, Figure 17a). La Figure 17b

montre une observation plus précise d’une de ces zones. Les précipités de taille micrométrique

apparaissant en contraste clair sont des carbures isolés (flèches blanches) d’après des

caractérisations par EDS. Quelques colonies de perlite sont visibles sur d’autres observations.

On distingue au sein de la ferrite des précipités globulaires de plus petite taille (flèches rouges).

Il s’agit de nitrures CrN formés pendant le traitement d’enrichissement.

Les microstructures obtenues pour un acier carbonitruré sont similaires (Figure 17c), avec

davantage de colonies de perlite, du fait de la teneur en carbone plus importante et, en revanche,

l’absence de carbures isolés. Quant aux aciers non-enrichis en azote (I et C), ils présentent des

microstructures ferrito-perlitiques ou perlitiques dans ce domaine de température [54].

Page 34: Approche globale matériau-procédé des traitements

33

Figure 17. Micrographies MEB représentatives des microstructures obtenues dans le domaine haute température

(T>Bs). a-b) Acier N, maintien isotherme 650°C-3h ; c) Acier C+N, maintien isotherme 600°C-20 min.

Toutes les microstructures obtenues dans le domaine haute température contiennent des nitrures

CrN avec quatre morphologies différentes. Celles-ci ont été mises en évidence par microscopie

en transmission. Des micrographies MET représentatives d’une colonie de perlite et des grains

de ferrite voisins dans un échantillon N sont présentées en Figure 18. L’imagerie STEM en

champ sombre annulaire à grand angle (HAADF) montre la présence de nitrures qui donnent

un contraste plus sombre en raison de leur plus faible numéro atomique global par rapport à la

ferrite. Les cartographies EDS et la diffraction électronique montrent que ce sont des nitrures

de chrome CrN.

On distingue d’abord deux morphologies, facettée et globulaire. Ces deux morphologies

correspondent à des nitrures qui se sont formés pendant le traitement d’enrichissement (§2.2.3).

Les nitrures facettés sont plus grands (~300x100 nm) et situés sur des joints de grains

ferritiques. Une relation d’orientation de Baker-Nütting entre ces CrN facettés et la ferrite a été

observée dans de nombreux exemples (Figure 19), ce qui suggère la germination hétérogène de

la ferrite sur ces CrN micrométriques. Des précipités CrN plus petits et globulaires sont situés

à l'intérieur des grains de ferrite, y compris les lamelles de ferrite dans la perlite (Figure 20).

Deux autres morphologies de CrN se sont formées pendant la décomposition de l’austénite.

D’abord, des nitrures CrN nanométriques avec une géométrie en plaquette sont visibles dans

des grains de ferrite adjacents à la colonie de perlite en Figure 18 ou d’autres grains de ferrite

(Figure 21). Par contre, ces CrN en plaquettes sont absents de la ferrite au sein des colonies de

perlite (Figure 20). Celle-ci ne contient que des CrN globulaires issus de l’enrichissement. Les

CrN en plaquettes ont une épaisseur de l’ordre de quelques plans atomiques (Figure 19). Ils

gardent un degré élevé de cohérence avec la matrice malgré la température élevée de formation,

conduisant à une distorsion importante de la matrice ferritique. Ils sont systématiquement en

Page 35: Approche globale matériau-procédé des traitements

34

relation d’orientation de Baker-Nütting (ROBN) avec la ferrite. Leur densité est de l’ordre de

1022 m-3, par exemple après un traitement à 600°C pendant 2h.

Une autre morphologie se forme également pendant la décomposition de l’austénite, en groupes

de lamelles parallèles émanant des joints de grains de ferrite (Figure 21). Ces lamelles ont une

longueur de plusieurs centaines de nanomètres et une épaisseur de 10 nm. Elles sont également

en ROBN avec la matrice ferritique et au sein d’un groupe, on observe un seul variant, avec des

interfaces (100)//(100)CrN. Une morphologie similaire a été rapportée dans [57]. Les deux

morphologies en plaquettes et en lamelles ne peuvent coexister dans un même grain de ferrite,

comme le montre par exemple la Figure 21.

Figure 18. Micrographies STEM a) champ clair; b) HAADF d’un acier N après maintien isotherme à 650°C

pendant 3h. c) Cartographies EDS correspondantes N, C, Mn et Cr.

Figure 19. a) Micrographie STEM HAADF haute résolution montrant un nitrure CrN en plaquette (axe de zone

[001]𝛼𝐹𝑒//[011]𝐶𝑟𝑁) dans un échantillon nitruré après maintien isotherme à 600°C pendant 2h ; b)

micrographie MET d’un acier nitruré après maintien isotherme à 650°C pendant 30 s : nitrure CrN

micrométrique en ROBN avec la ferrite adjacente ; c) diffraction électronique correspondant à l’interface

ferrite/CrN, axe de zone [001]𝛼𝐹𝑒//[011]𝐶𝑟𝑁 .

Page 36: Approche globale matériau-procédé des traitements

35

Figure 20. a) Micrographie STEM champ sombre annulaire de la colonie de perlite montrée en Figure 18. b)

Cartographies EELS de la zone entourée en figure a).

Figure 21. a) Micrographie STEM en champ clair, Acier N après maintien isotherme à 650°C pendant 30 s. b)

Cartographie EDS (élément Cr) d’une région contenant des CrN en lamelles. c) Cartographie STEM HAADF

d’une zone contenant de CrN en plaquettes.

Des mesures de dureté donnent un premier aperçu du renforcement de propriétés mécaniques

permis par l’affinement des microstructures, après nitruration ou carbonitruration. La Figure 22

montre les duretés Vickers mesurées (à l’ambiante) pour tous les aciers après maintien

isotherme (aussi bien à haute température que sous Bs). La dureté des aciers N et C+N est

particulièrement élevée. Quelle que soit la température, une dureté croissante est mesurée pour

les aciers I, C, N et C+N. Les aciers N présentent une dureté proche ou supérieure à celle de

l’acier C, bien que ce dernier contienne davantage d’interstitiels : cela montre l’effet durcissant

spécifique de l’azote. Dans le domaine haute température (T>Bs), on attribue ce durcissement

aux nitrures CrN en plaquettes cohérents avec la matrice ferritique.

Page 37: Approche globale matériau-procédé des traitements

36

En considérant séparément les aciers avec et sans azote, on obtient la tendance usuelle d’une

plus grande dureté pour une plus forte teneur en interstitiels : l’acier C est ainsi plus dur que

l’acier I, de même que l’acier C+N par rapport à l’acier N. Comme attendu pour tous les aciers,

la dureté augmente lorsque la température de maintien isotherme diminue.

Figure 22. Duretés Vickers (100 g) mesurées à température ambiante après maintien isotherme jusqu’à la fin de

la décomposition de l’austénite, en fonction de la température de traitement isotherme, pour les aciers I, C, N et

C+N. Les maintiens isothermes avec transformation incomplète (T>Ae1 ou proche de Bs) ne sont pas

représentés.

2.2.5 Décomposition de l’austénite : domaine bainitique

Dans le domaine bainitique, les phases issues de la décomposition de l’austénite sont les mêmes

que dans le domaine haute température : ferrite, cémentite, et nitrures CrN pour les aciers

enrichis en azote. L’évolution de la fraction massique des phases a été obtenue par DRXHE in

situ au cours d’un maintien isotherme à 400°C, une température représentative pour ce domaine

de température. Les résultats sont présentés en Figure 23. L’acier initial (I) présente la cinétique

la plus rapide (incubation et cinétique) à cause de sa faible teneur en carbone. La fraction

massique de cémentite n’a pu être quantifiée, mais les pics de diffraction sont détectés après 40

s. Pour l’acier cémenté (C), la cinétique de transformation bainitique est plus lente, comme

attendu du fait de la teneur plus élevée en carbone. Pour les deux aciers I et C, la précipitation

de cémentite est détectée après qu’une fraction significative de ferrite bainitique a été formée,

respectivement 65% et 10%.

La cinétique de transformation bainitique dans les aciers N et C+N est similaire et intermédiaire

entre celle des aciers I et C. L’enrichissement en azote ralentit donc la transformation

bainitique, par rapport à l’acier initial. La cinétique plus rapide dans l’acier C+N par rapport à

l’acier C est en revanche surprenante du fait de la plus forte teneur en interstitiels. Ainsi, comme

dans le domaine haute température, l’enrichissement en azote induit une accélération de la

décomposition de l’austénite. On retrouve également l’atténuation de l’effet ralentisseur du

carbone. En effet, pour une même teneur en azote de 0,25%m en solution solide dans l’austénite

dans les aciers N et C+N, une teneur en carbone plus élevée dans l’acier C+N ne conduit pas à

une cinétique beaucoup plus lente par rapport à l’acier N.

Par ailleurs, la fraction massique de CrN augmente au cours du maintien isotherme (Figure

23b). Cette augmentation provient de la croissance des nitrures formés pendant

l’enrichissement. Comme on le verra, aucun nouveau nitrure CrN ne précipite au sein de la

microstructure bainitique. Enfin, la décomposition de l’austénite est incomplète pour les 4

Page 38: Approche globale matériau-procédé des traitements

37

aciers sauf l’acier initial. C’est une caractéristique des transformations bainitiques, lorsque la

température est proche de Bs, ce qui est le cas pour les aciers les plus enrichis, C, N et C+N.

La fraction d’austénite n’est cependant pas stabilisée pour les temps de maintien isotherme

considérés.

Figure 23. Evolution de la fraction massique de ferrite (zoom sur les temps courts), de nitrures CrN et de

cémentite au cours d’un maintien isotherme à 400°C obtenues par DRXHE et pour différentes teneurs en

interstitiels. Les croix indiquent le début de détection de la cémentite.

Les aciers I et C (sans azote) présentent une microstructure bainitique organisée en paquets de

lattes parallèles, observables au MEB, avec la présence de carbures (Figure 24). Ces derniers

se trouvent aussi bien aux joints de lattes qu’à l’intérieur, mais cette distribution peut changer

pour d’autres températures de maintien isotherme [54].

Après enrichissement en azote, les microstructures sont trop fines pour être caractérisées au

MEB. La microstructure d’un acier C+N a donc été observée par MET après un maintien

isotherme de 85 s à 400°C (Figure 25). La ferrite prédomine dans la microstructure, sous la

forme de lattes de forme mal définie, d’une épaisseur de 30 à 150 nm et d’une longueur jusqu’à

600 nm. Des nitrures CrN cuboidaux d’une taille de 30 à 150 nm sont situés aux interfaces de

plusieurs domaines ferritiques. Aucune relation d’orientation claire n’a pu être établie entre la

ferrite et ces nitrures CrN. On en déduit que ces nitrures se sont formés pendant le traitement

de carbonitruration, avant la transformation bainitique. Aucune précipitation supplémentaire de

nitrures CrN n’a été observée au sein des grains de ferrite bainitique (même après un maintien

isotherme de 2h à 400°C).

La Figure 25 montre aussi une observation qui a été faite dans de nombreux exemples : la

formation d’amas de nitrures (ici AlN/CrN/MnSiN2). D’autres amas contiennent aussi des

nitrures VN. De tels amas peuvent aussi se former dans le domaine haute température (T>Bs).

Bien que la plupart des nitrures CrN se sont formés indépendamment de ces amas, les nitrures

minoritaires AlN, MnSiN2 et VN pourraient jouer un rôle sur la cinétique globale de formation

des nitrures CrN, et donc sur la décomposition de l’austénite.

Page 39: Approche globale matériau-procédé des traitements

38

Figure 24. Micrographies MEB (électrons secondaires) après maintien isotherme à 400°C pendant 1h. a) acier

initial (I) ; b) acier cémenté (C).

Figure 25. Micrographie STEM d’un acier C+N après maintien isotherme à 400°C pendant 85 s. a) Champ clair

(BF) ; b) HAADF. Les grains de ferrite bainitique apparaissent en contraste sombre en BF et clair en HAADF.

La flèche montre un agrégat de nitrures AlN/CrN/MnSiN2. c) Diagramme de microdiffraction enregistré à partir

d’un nitrure MnSiN2 selon l’axe de zone [101].

2.2.6 Discussion : effets de l’azote sur la décomposition de l’austénite

2.2.6.1 Accélération des cinétiques, affinement des microstructures

Une première observation ressort de ces résultats expérimentaux : un enrichissement en azote

de l’austénite conduit à une accélération des cinétiques de transformation au refroidissement et

à un affinement des microstructures résultantes. On attribue pour l’instant ces effets de l’azote

à la précipitation de nitrures CrN dans l’austénite pendant le traitement d’enrichissement à

900°C : la ferrite a probablement germé sur ces nitrures. Ceci est confirmé dans le domaine

haute température (T>Bs) par l’observation de la relation d’orientation entre ferrite et CrN.

Pour le cas des CrN micrométriques et facettés, on observe dans de nombreux exemples une

relation d’orientation de Baker-Nutting (ROBN) avec des interfaces parallèles aux plans

(100)//(100)CrN (ex : Figure 19). La ROBN et ce plan d’interface conduisent à un faible

désaccord paramétrique (Turnbull Vonegut), de 2%, ce qui réduit l’énergie d’interface /CrN

et fait ainsi du nitrure CrN un site efficace de germination pour la ferrite [58,59]. D’autres

Page 40: Approche globale matériau-procédé des traitements

39

travaux mentionnent le rôle possible de dislocations au voisinage de précipités [60] ou encore

de gradients de composition [61] (l’étape de croissance n’étant pas terminée).

La présence des nitrures CrN aux joints de grains (les nitrures facettés et de taille

micrométrique) pourrait donc augmenter la densité de sites de germination et induire un

affinement des microstructures ferritiques. Par contre, il est moins sûr que les nitrures CrN à

l’intérieur des grains austénitiques (globulaires, de plus petite taille, voir Figure 15) jouent aussi

ce rôle, car nous n’avons pas d’observation de ROBN entre ces nitrures et la ferrite. Les seules

observations de ROBN concernent pour l’instant le domaine haute température (T>Bs) et les

CrN micrométriques et intergranulaires. Concernant la bainite, la finesse des microstructures

n’a pas permis de révéler de ROBN entre ferrite et CrN, même en MET Haute Résolution. En

revanche la microstructure bainitique présente quelques caractéristiques de la ferrite aciculaire

(ex : [62]), ce qui suggère que la ferrite bainitique a pu germer sur des précipités. La densité

plus élevée de sites de germination permettrait d’interpréter la taille des lattes de ferrite

bainitique plus petite que dans les aciers sans azote (I et C), ainsi que la structure enchevêtrée,

contrastant avec l’organisation en paquets de lattes parallèles dans les aciers sans azote.

Enfin, mentionnons que la précipitation de nitrures CrN entraîne une diminution de la teneur

en Cr dans la matrice, associée dans la littérature à une accélération des cinétiques [63].

D’autres travaux montrent aussi que le chrome en solution solide peut interagir avec les

interfaces et ralentir les transformations de phases (solute-drag), même pour une transformation

sans partition [64–66]. Un appauvrissement en Cr de la matrice pourrait atténuer cet effet et

conduire à des cinétiques plus rapides.

2.2.6.2 Mécanismes de transformation dans le domaine haute température

La séquence de décomposition de l’austénite dans les aciers enrichis en azote est schématisée

en Figure 26, dont la légende décrit les différentes étapes. (Remarque : il y a en fait deux

morphologies de CrN au sein de la ferrite ; en plaquettes nanométriques comme représenté,

mais également en lamelles, voir Figure 21). Deux points restent à éclaircir : d’abord la

précipitation intense de CrN au sein de la ferrite est inattendue, car les grains de ferrite devraient

rejeter l’azote dans l’austénite pendant la croissance. D’après les données thermodynamiques,

la teneur en azote pouvant rester en solution solide dans la ferrite est dix fois trop faible pour

expliquer les fractions massiques de CrN estimées au sein de la ferrite. Une précipitation des

CrN aux interfaces ferrite / austénite pendant la croissance (ex : [67]) semble exclue du fait de

l’absence de texture ou de sélection de variant. Il semble donc que la ferrite se forme d’abord

en gardant une sursaturation importante en azote. Au contraire, le carbone est bien rejeté par la

ferrite, comme le montre la présence des carbures isolés et des colonies de perlite.

Ensuite, la fraction volumique occupée par les colonies de perlite est très faible, comparé aux

aciers sans azote, particulièrement dans l’acier C+N, qui contient 0.6%m de carbone. Cela

pourrait indiquer que l’austénite peut atteindre une sursaturation plus importante en carbone.

Par contre, pour les aciers sans azote, la transition ferrite proeutectoide / perlite s’interprète bien

avec une approche de Hultgren.

Page 41: Approche globale matériau-procédé des traitements

40

Figure 26. Séquence de décomposition de l’austénite dans les aciers enrichis en azote, dans le domaine haute

température (T>Bs) [56]. a) Pendant l’enrichissement à 900°C, précipitation de nitrures CrN aux joints de grains

d’austénite et intragranulaire ; b) germination hétérogène de la ferrite sur les nitrures CrN, croissance des grains

de ferrite, rejet du carbone dans l’austénite et précipitation de CrN dans la ferrite ; c) précipitation de carbures

isolés dans l’austénite (acier N seulement) et formation de colonies de perlite.

2.2.6.3 Mécanismes de transformation bainitique

Quelques éléments nouveaux sur la transformation bainitique ressortent des caractérisations in

situ par DRXHE, d’abord pour les aciers sans azote (I et C). En effet, la plupart des

caractérisations cinétiques par DRXHE ont considéré des bainites sans carbures [63,68–70]

(aciers riches en Si), excepté dans [71]. Pour les aciers I et C, la formation de ferrite bainitique

précède la précipitation de la cémentite, qui n’est détectée après qu’une fraction importante de

ferrite a été formée. La séquence suivante est probable pour les aciers sans azote : formation

des lattes de ferrite selon un mécanisme displacif. Le carbone en sursaturation dans la ferrite

peut soit précipiter (inter- ou intra-lattes selon la température), soit enrichir l’austénite,

conduisant à une transformation incomplète. Le caractère displacif de la transformation

ferritique est justifié par l’analyse des évolutions des paramètres de maille de la ferrite et de

l’austénite : une diminution du paramètre de maille de la ferrite (aB) dans les premiers instants

suggère une désaturation en carbone (Figure 27). L’ordre de grandeur de la diminution de aB

est en accord avec la littérature [72,73]. Il est cependant inférieur à celui attendu pour une

désaturation complète [74], ce qui suggère un rôle des contraintes sur le paramètre de maille.

Le paramètre de maille de l’austénite (a) augmente du fait de l’enrichissement par le carbone

rejeté par la ferrite jusqu’à une valeur maximum (Figure 28). Pour l’acier I, cette augmentation

ne se produit qu’après la formation d’une fraction de 75% de ferrite. On pourrait en déduire

l’absence d’enrichissement de l’austénite. Une partie du carbone pourrait contribuer à la

formation de cémentite. L’augmentation finale montre bien cependant un enrichissement en

carbone, même si les contraintes sont sûrement élevées, du fait de la fraction élevée de ferrite.

Dans l’acier C, le paramètre de maille initial plus grand que dans l’acier I est corrélé à la

concentration de carbone plus élevée dans l'austénite, l’écart étant en accord avec des formules

empiriques [54]. L'augmentation de aγ est inférieure à celle de l'acier I et aγ semble se stabiliser

lors de la détection des carbures de cémentite. Grâce à des formules empiriques, on peut relier

la valeur finale de a à la teneur en carbone dans l’austénite lorsque la transformation bainitique

s’interrompt. Comme le montre la Figure 29a, celle-ci est en bon accord avec une analyse T0’,

ce qui suggère que la transformation s’arrête lorsque la germination de ferrite sans partition de

carbone n’est plus possible, en accord avec un mécanisme non-diffusif de la transformation

bainitique.

Quant aux aciers enrichis en azote, il est plus difficile d’avancer un mécanisme de

transformation, diffusif ou non-diffusif. Au lieu de diminuer, le paramètre de maille de la ferrite

Page 42: Approche globale matériau-procédé des traitements

41

augmente continument, ce qui suggère un rôle important des contraintes (Figure 27).

L’austénite s’enrichit toujours en interstitiels, comme le montre une augmentation du paramètre

de maille de l’austénite (Figure 30). L’analyse T0 (Figure 29b) semble “fonctionner”, mais

l’absence de prise en compte d’une énergie élastique stockée dans la ferrite représente un écart

important avec les aciers I et C. En revanche, la séquence ferrite bainitique suivie de la

précipitation de cémentite et de CrN est conservée. L’analyse précise des pics de diffraction de

l’austénite a permis par ailleurs de mettre en évidence deux populations, riche et pauvre en

interstitiels, confirmant le rejet d’interstitiels par la ferrite bainitique. Ces observations sont

présentées en références [54,75].

Figure 27. Paramètre de maille de la ferrite bainitique en fonction a) du temps ; b) de la fraction massique de

ferrite au cours d’un maintien isotherme à 400°C pour les aciers I, C, N et C+N. Les étoiles représentent le début

de détection de la cémentite.

Figure 28. Paramètre de maille de l’austénite en fonction a) du temps ; b) de la fraction massique de ferrite au

cours d’un maintien isotherme à 400°C pour les aciers I et C. Les étoiles représentent le début de détection de la

cémentite.

Page 43: Approche globale matériau-procédé des traitements

42

Figure 29. Comparaison entre les concentrations en carbone dans l’austénite en fin de transformation bainitique

avec une analyse T0 : a) aciers initial (I) et cémenté (C), 600 J.mol-1 dans la ferrite pour l’analyse T’0 ; b) aciers

nitruré (N) et carbonitruré (C+N).

Figure 30. Paramètre de maille de l’austénite en fonction a) du temps ; b) de la fraction massique de ferrite au

cours d’un maintien isotherme à 400°C pour les aciers N et C+N. Les étoiles représentent le début de détection

de la cémentite.

Page 44: Approche globale matériau-procédé des traitements

43

2.2.7 Simulation des cinétiques de décomposition de l’austénite

Un modèle métallurgique a été développé pour prédire les évolutions microstructurales en

fonction de la concentration en carbone et en azote et de la loi de refroidissement. Il est présenté

en détail en références [54,76] et il s’appuie sur des modèles précédents pour la décomposition

de l’austénite [51,77–79]. Ce modèle, de type “global”, prédit l’évolution de la fraction

volumique des différents constituants issus de la décomposition de l’austénite : ferrite

proeutectoïde, perlite, bainite et martensite, les fractions finales et la dureté résultante. Les

cinétiques isothermes sont décrites par la loi de Johnson-Mehl-Avrami-Kolmogorov [80–82] :

𝑦𝑖 = 𝑦𝑖𝑀𝐴𝑋(𝑇)[1 − 𝑘𝑖(𝑇)(𝑡 − 𝑡𝑑𝑖)𝑛𝑖]

(1)

i représente le constituant, yiMAX, la fraction maximale pouvant être formée à la température T.

tdi est le temps de début de transformation. ni et ki sont les coefficients cinétiques de l’équation

de JMAK.

Les cinétiques anisothermes sont prédites en appliquant un principe d’additivité [81,83–86] et

en calculant une somme de Scheil pour l’incubation [87]. Les paramètres cinétiques ni, ki et tdi

sont identifiés à partir de données expérimentales de cinétiques isothermes. Ils ne sont

déterminés que pour l’acier de base, tandis que l’influence de la concentration en carbone de

l’acier (cémenté par exemple) sur les cinétiques est prédite par le calcul. L’approche introduite

par Mey et al. [51,77] consiste à prendre pour référence l’acier de base et à calculer, en fonction

de la concentration en carbone, un décalage en temps des courbes de transformation isothermes

:

𝐷𝑖,𝜉 =𝜏𝑖,𝜉 − 𝜏𝑖,𝜉

0

𝜏𝑖,𝜉0

(2)

𝜏𝑖,𝜉 est le temps nécessaire pour atteindre le taux d’avancement 𝜉 de la transformation pour le

constituant i (𝜉 = 𝑦𝑖 𝑦𝑖𝑀𝐴𝑋⁄ ). 𝜏𝑖,𝜉

0 est le temps de référence pour l’acier de base. 𝐷𝑖,𝜉 est le

coefficient de correction.

Les coefficients 𝐷𝑖,𝜉 sont calculés en utilisant les relations de Kirkarldy [88], établies

initialement pour calculer des diagrammes TTT en fonction de la composition de l’acier (avec

aussi l’effet des éléments substitutionnels, pour des aciers faiblement alliés). Ces relations

s’appuient sur des modèles de transformations de phases à base physique, permettant de prédire

l’influence sur les cinétiques globales d’un sous-refroidissement par rapport à une température

de référence : Ae3 pour la ferrite, Ae1 ou la température de Hultgren (TH) pour la perlite, Bs

pour la bainite.

Il reste alors à calculer les températures de référence Ae3, Ae1, TH et Bs en fonction de la

concentration locale en carbone. La base de données thermodynamiques TCFE9 permet

d’obtenir les températures Ae3 et Ae1. Pour la transformation ferrito-perlitique, la fraction

maximum de ferrite proeutectoide (yFMAX(T)) et la température de Hultgren sont correctement

prédites avec l’approche de l’extrapolation de Hultgren, en supposant que la ferrite

proeutectoïde croît en équilibre local sans partition des éléments d’alliage [54,76,89,90].

L’hypothèse d’orthoéquilibre conduit à fortement surestimer la fraction de ferrite

proeutectoïde. Quant à la température Bs et aux fractions maximales de bainite, celles-ci sont

estimées à ce stade à l’aide de formules empiriques.

Page 45: Approche globale matériau-procédé des traitements

44

Le modèle prend aussi en compte, par des lois empiriques, la stabilisation de l’austénite :

par le carbone rejeté par la ferrite proeutectoïde (effet sur Bs [91] et Ms).

par la transformation bainitique (effets mécaniques et chimiques), avec pour effet de

diminuer la température Ms [79].

Sous Ms, la transformation martensitique est décrite avec la loi de Koistinen-Marburger, dont

les paramètres dépendent aussi de la concentration en carbone.

En présence d’azote, les mécanismes de transformations de phases restent à établir et une

approche simplifiée de modélisation est donc mise en place. On identifie deux domaines de

transformation : un domaine bainitique et un domaine pour la formation d’un “constituant

Haute Température” (T>Bs). Ce dernier désigne la microstructure décrite au §2.2.4 ; à ce stade,

on ne distingue pas la ferrite, la perlite ou les carbures à l’intérieur de ce constituant. Les

paramètres cinétiques JMAK sont calculés en fonction de la teneur en carbone et en azote à

l’aide d’une relation empirique.

Enfin, la dureté est calculée en moyennant les contributions des différents constituants formés

au cours du refroidissement. La dureté de chaque constituant dépend de la température à

laquelle il s’est formé et de la composition en carbone et en azote (Figure 22).

Les prédictions du modèle ont été comparées à l’expérience :

en conditions isothermes pour examiner la prise en compte de l’influence du carbone et de

l’azote sur les cinétiques [54,76].

en conditions anisothermes pour valider le calcul de l’incubation par la somme de Scheil

et des cinétiques par l’hypothèse d’additivité. Il s’agit aussi d’examiner si on prédit

correctement la stabilisation de l’austénite par les transformations ferritique et bainitique.

La Figure 31 montre quelques exemples de comparaisons entre simulation et expérience pour

des refroidissements continus à vitesse constante. Pour l’acier initial et un refroidissement

continu à 0,5°C.s-1 (Figure 31a), le modèle prédit correctement le début de la formation de la

ferrite proeutectoïde, mais la cinétique ralentit trop rapidement en-dessous de 700°C, et la

fraction finale de ferrite est sous-estimée. D’après les observations microstructurales, il n’y a

pas de perlite en fin de refroidissement tandis que le calcul prédit une fraction de 9%. La

cinétique bainitique et la fraction finale sont bien prédites. Le modèle prédit donc bien l’effet

de l’enrichissement en carbone par la transformation ferritique (~0,52%mC), malgré la sous-

estimation de la fraction de ferrite proeutectoïde. Le début de la transformation martensitique

est fortement modifié par la formation de la ferrite proeutectoïde et de la bainite. Le Ms est

estimé à 230°C, alors que la valeur initiale est de 390°C.

Pour l’acier cémenté et un refroidissement à 2°C.s-1 (Figure 31b), le modèle prédit

principalement une transformation martensitique et une faible fraction de bainite. La

progression de la transformation martensitique est bien décrite, mais il n’y a pas de

transformation bainitique d’après l’expérience. Cet écart pourrait provenir des fonctions

proposées en référence [88] pour prédire le décalage des cinétiques en fonction de la teneur en

carbone, qui sont moins prédictives pour la transformation bainitique, en particulier à basse

température. Ces écarts sont discutés plus en détail en références [54,76].

Pour les aciers N et C+N et un refroidissement continu à 2°C.s-1 (Figure 31c), les cinétiques

globales et les microstructures finales calculées sont en bon accord avec l’expérience. En effet,

on prédit uniquement la formation du constituant haute température (décrit au §2.2.4), en accord

avec les observations microstructurales. On sous-estime cependant la température de début de

transformation pour l’acier nitruré. Cet écart provient des difficultés pour mesurer les temps

d’incubation pour alimenter le jeu de données isothermes, lorsque les cinétiques sont rapides.

Page 46: Approche globale matériau-procédé des traitements

45

Concernant l’acier carbonitruré (C+N), le ralentissement des cinétiques lié à la concentration

en carbone plus élevée est bien reproduit. On rappelle cependant que pour les aciers enrichis à

l’azote, l’influence des éléments d’alliages est prise en compte de manière empirique.

Figure 31. Cinétique de décomposition de l’austénite expérimentale (dilatométrie) et calculée au cours de

refroidissements continus, en fonction de la température. a) Acier initial, 0,5°C.s-1 ; b) acier cémenté, 2°C.s-1 ; c)

Aciers nitruré et carbonitruré, 2°C.s-1 (constituant haute température).

2.2.8 Echantillons à gradients en carbone et en azote

Le modèle métallurgique servira dans notre analyse des phénomènes couplés au §3.1. Il doit

aussi permettre de prédire des profils de microstructure et de dureté à l’intérieur de pièces

massives cémentées ou carbonitrurées. Pour approcher ces conditions, le refroidissement

d’échantillons de laboratoire avec des gradients de concentration en carbone et en azote a été

étudié expérimentalement et simulé. Les échantillons de laboratoire sont lamellaires avec une

épaisseur de 3 mm. Des traitements d’enrichissement similaires à ceux décrits au §2.2.2 ont été

appliqués pour effectuer une cémentation, une nitruration ou une carbonitruration. En surface,

le niveau d’enrichissement est au maximum de 0,65%mC et 0,5%mN. La profondeur de la

couche enrichie est respectivement de 1 mm et 0,5 mm environ pour le carbone et pour l’azote.

Deux conditions de refroidissement vers la température ambiante ont été appliquées après

l’enrichissement à 900°C : trempe huile ou refroidissement à l’air. Les évolutions de

température ont été mesurées à cœur et près de la surface d’un échantillon de référence,

montrant une température homogène dans le volume de l’échantillon. Les microstructures

finales ont été examinées en MEB et par DRXHE (dispositif présenté au §3.2.2).

Pour les trois enrichissements, cémentation, nitruration et carbonitruration, la trempe huile

conduit à une microstructure martensitique dans toute l’épaisseur, avec de l’austénite non

transformée dans les zones les plus enrichies. La Figure 32a montre le cas de l’échantillon

cémenté. La fraction massique d’austénite résiduelle reste inférieure à 10% à travers l’épaisseur

de l’échantillon d’après la DRXHE. Le calcul prédit bien de la martensite sur toute l’épaisseur,

en accord avec l’expérience, mais il sous-estime la fraction d’austénite (une petite fraction est

prédite dans la couche enrichie en carbone). On attribue cet écart aux phénomènes d’autorevenu

et de stabilisation de l’austénite qui ne sont pas prédits par le modèle actuel. Les duretés

calculées sont cependant en bon accord avec l’expérience. Comme attendu, la dureté augmente

dans la couche enrichie avec la teneur en carbone. Les résultats pour les échantillons nitruré et

carbonitruré trempés huile sont présentés en référence [76].

Le refroidissement à l’air, plus lent, rend possible une décomposition de l’austénite au-dessus

de Ms, et donc une validation du modèle cinétique. On montre ici l’exemple de l’échantillon

carbonitruré : à cause de l’azote, il présente le gradient de microstructure le plus complexe à

l’issue du refroidissement. Les résultats concernant les échantillons cémenté et nitruré sont

présentés en référence [76]. La Figure 32b montre les profils de concentration en carbone et en

azote mesurés par microsonde de Castaing à travers l’épaisseur. La profondeur de la couche

nitrurée atteint 500 µm, avec une concentration en azote à la surface de ~0,5%m. La couche

Page 47: Approche globale matériau-procédé des traitements

46

cémentée a une profondeur de 1 mm. Près de deux bords, la teneur en carbone atteint un

maximum local de ~0,5%m à environ 500 µm sous la surface, à cause d’une décarburation

pendant l’enrichissement en azote. Le cœur de l’échantillon est faiblement enrichi en carbone

par rapport à l’acier de base, de composition initiale (0,25%m).

Figure 32. Echantillons à gradient de concentration en carbone et en azote. Profil de concentration en carbone et

en azote et profil de dureté (ligne : calcul ; points : mesures avec trois profils, en bleu à mi-longueur, vert et

violet at 7 mm de part et d’autre). Les fractions de phases/constituants calculées sont représentées par des lignes,

les valeurs expérimentales (DRX) par des points : austénite ou phases identifiées par de la ferrite cc (ferrite du

constituant haute température, ferrite bainitique ou martensite). a) Echantillon cémenté, trempe huile ; b)

Echantillon carbonitruré, refroidissement à l’air.

Le gradient de microstructure observé au sein de l’échantillon carbonitruré est très différent par

rapport au cas classique de la cémentation. On distingue trois zones : la couche enrichie en

azote (jusqu’à 500 µm), une couche sous-jacente (entre 500 µm et 1 mm) riche en carbone et

enfin le cœur avec la composition initiale de l’acier. Les différences les plus importantes par

rapport au cas de la cémentation concernent la couche nitrurée. Les Figure 33a et b montrent

des observations MEB et EBSD (cartographie de phases) de la microstructure dans cette zone.

Celle-ci contient pour la plus grande partie le constituant haute température décrit au §2.2.4,

avec une majorité de grains de ferrite équiaxes, d’un diamètre inférieur à 5 µm. Les grains de

ferrite contiennent des nitrures CrN (flèches rouges) avec les différentes morphologies

présentées au §2.2.4 : micrométriques, globulaire et filiforme (les plaquettes nanométriques ne

sont observables qu’au MET, voir Figure 21). La cartographie EBSD montre aussi la présence

possible de plus petits grains de ferrite d’une taille inférieure à 1 µm, qui pourraient s’être

formés sous Bs. Une fraction importante d’austénite avec une morphologie en blocs est mise

en évidence, en accord avec la DRX.

Sous la couche enrichie en azote, dans la zone riche en carbone, on observe un mélange de

martensite et de bainite (Figure 33c). La fraction de martensite décroît avec la teneur en carbone

Page 48: Approche globale matériau-procédé des traitements

47

jusqu’à zéro au centre de l’échantillon, qui a la composition initiale de l’acier. Au centre, la

microstructure est dominée par une bainite grossière (Figure 33d). Les grains équiaxes peuvent

être aussi bien de l’austénite (détectée par DRX) que de la ferrite proeutectoïde. D’après la

DRX, la fraction d’austénite varie de 30% en surface à 10% à cœur. Cette fraction élevée

d’austénite non transformée près de la surface suggère une stabilisation de l’austénite par le

constituant haute température, composé principalement de ferrite.

Concernant le profil de dureté, on peut distinguer également trois zones : la dureté décroît vers

la surface (jusqu’à 350 HV à gauche) lorsque la teneur en azote augmente. Sous la couche

enrichie en azote, un maximum local de dureté est atteint (650 HV), là où la fraction de

martensite et la teneur en carbone sont les plus élevées. Enfin la dureté décroît avec la teneur

en carbone vers le centre de l’échantillon.

Il ressort de ces observations que dans l’échantillon carbonitruré refroidi à l’air, la perte de

trempabilité dans la couche nitrurée modifie les profils de dureté et de microstructure par

rapport au cas de la cémentation. On identifie maintenant trois zones au lieu de deux (cœur et

surface), avec une couche supplémentaire près de la surface qui se décompose rapidement en

constituant haute température, du fait de la présence de l’azote. La chronologie de la

décomposition de l’austénite est aussi différente. On peut la déduire de notre connaissance des

domaines de température où se forment les différents produits de décomposition de l’austénite.

La surface enrichie en azote se transforme en premier, suivie par le cœur (bainite), puis par la

couche intermédiaire (bainite+martensite). Pour la cémentation (trempe huile ou

refroidissement air), le cœur se transforme d’abord, suivi de la surface.

Concernant la simulation, les fractions de martensite et de bainite prédites dans la zone riche

en carbone (sous la couche nitrurée) sont en accord avec les observations microstructurales. A

cœur, on prédit principalement de la bainite, ce qui est aussi en accord avec l’observation. Le

modèle sous-estime cependant à cœur la fraction d’austénite, ce qu’on attribue à la non prise

en compte par le modèle actuel de la stabilisation de l’austénite pendant le refroidissement lent

(auto-revenu). Dans la couche enrichie en azote, le modèle prédit bien la formation du

constituant haute température, mais pas celle de la bainite, ni la fraction importante d’austénite

non transformée. Ces écarts proviennent des cinétiques rapides en présence d’azote, qui

réduisent la précision des données d’entrée du modèle. Les cinétiques dépendent aussi

fortement des compositions chimiques précises et de la loi de refroidissement, qu’on ne connaît

pas exactement (elle a été établie sur un échantillon de référence). Enfin, une possible

stabilisation de l’austénite par la constituant haute température (ferrite principalement) n’est

pas prise en compte. Quant au profil de dureté prédit, il est en accord avec l’expérience

concernant la forme globale, en particulier le pic sous la surface, lié à la “deuxième couche”

riche en carbone. L’origine des écarts est détaillée davantage en référence [76].

Malgré quelques écarts avec l’expérience, le modèle permet ainsi de prédire et comprendre les

principales caractéristiques de cet échantillon : l’existence de trois zones, les chronologies de

transformations différentes par rapport au cas classique de la cémentation, qui résultent des

effets drastiques de l’azote sur la décomposition de l’austénite.

Page 49: Approche globale matériau-procédé des traitements

48

Figure 33. Observation de la microstructure dans l’échantillon carbonitruré refroidi à l’air. a) MEB et b)

identification par EBSD des phases, ferrite (rose), austénite (jaune), à une profondeur de 100 µm ; en noir : les

points non-indexés. Les flèches désignent différentes morphologies de CrN à l’intérieur de la ferrite. Les

précipités à contraste faible peuvent être des nitrures CrN, MnSiN2 ou de la cémentite. Micrographies MEB : c)

700 µm sous la surface ; d) cœur de l’échantillon.

Page 50: Approche globale matériau-procédé des traitements

49

2.2.9 Conclusion

Dans cette étude, nous avons examiné les effets d’un traitement de carbonitruration, de

nitruration ou de cementation en phase austenitique sur les transformations de phases au

refroidissement d’un acier faiblement allie 23MnCrMo5.

L’enrichissement en carbone a les effets attendus, avec un ralentissement des cinétiques de

transformation ferritique, perlitique et bainitique. La transition entre ferrite proeutectoide et

perlite est bien décrite par l’approche de Hultgren.

Des différences notables apparaissent en présence d’azote. Malgré le caractère stabilisateur

de l’austénite de l’azote, on observe une accélération des cinétiques et un affinement des

microstructures. Nous attribuons ces effets à la précipitation de nitrures CrN dans l’austénite

pendant l’enrichissement, qui stimuleraient la formation de la ferrite.

Deux domaines de température sont identifiés : bainitique et “haute température”. Les

caractérisations cinétiques et microstructurales permettent d’avancer des mécanismes de

transformation.

La modélisation des cinétiques de transformation repose sur une approche globale, mais

avec une prédiction à base physique des effets de la teneur en carbone. Les effets de l’azote

sont en revanche prédits sur une base empirique.

Les simulations permettent d’interpréter des profils atypiques de microstructure et de dureté

obtenus au sein d’échantillons à gradient carbonitrurés et refroidis à l’air. Ces profils

diffèrent du cas classique de la cémentation à cause des effets drastiques de l’azote sur la

trempabilité de l’austénite. Les conséquences sur la genèse des contraintes seront examinées

au §3.1.

Page 51: Approche globale matériau-procédé des traitements

50

3 Formation des contraintes internes/résiduelles au cours des traitements

thermomécaniques des alliages métalliques

Cette partie montre deux études : la première sur l’influence de gradients de concentration en

carbone et en azote sur la genèse des contraintes au cours des traitements thermiques d’aciers

faiblement alliés. Dans le deuxième exemple, les contraintes ont pour origine les gradients

thermiques générés au cours du refroidissement depuis le domaine d’alliages de titane. Dans

les deux cas, on verra que la genèse des contraintes ne peut pas être comprise sans tenir compte

des transformations de phases.

La démarche expérimentale s’appuie sur des dispositifs originaux pour suivre in situ les

évolutions de température (instrumentation en thermocouples), voire les contraintes internes et

les cinétiques de transformations de phases, grâce à la diffraction de rayons X haute énergie

(synchrotron). En complément, les contraintes résiduelles sont déterminées post mortem

(diffraction X synchrotron et/ou neutrons lorsque les échantillons sont massifs), ainsi que les

microstructures.

La compréhension de la genèse des contraintes et en particulier du rôle des transformations de

phases passe pour une large part par la simulation des couplages entre phénomènes thermiques,

mécaniques et métallurgiques. Il faut développer un modèle matériau pour le comportement

thermique, mécanique et métallurgique (transformations de phases, avec des modèles à base

physique). Un important travail de caractérisation est nécessaire pour établir les paramètres du

modèle matériau en fonction de la température et de la microstructure.

On verra que ces simulations permettront de préciser l’influence des transformations de phases,

qui n’apparaît pas clairement au travers des seules expériences, pour les alliages de titane. Pour

les effets du carbone et de l’azote, les simulations viendront confirmer l’analyse qualitative des

expériences in situ. Mais on verra qu’une connaissance plus approfondie des effets de l’azote

sur les transformations de phases sera nécessaire pour une prédiction plus précise des

contraintes. Le volet sur les transformations de phases (§2) est donc indispensable pour mener

à bien l’activité sur la genèse des contraintes.

Page 52: Approche globale matériau-procédé des traitements

51

3.1 Effet d’un traitement de carbonitruration sur la genèse des contraintes internes au

cours du refroidissement d’un acier faiblement allié

3.1.1 Introduction

Le contexte de l’étude a été introduit au §2.2. Il s’agit d’améliorer la maîtrise des traitements

thermochimiques de carbonitruration, grâce à l’étude des évolutions microstructurales au cours

de ces traitements, ainsi que de la genèse des contraintes résiduelles. Si ces aspects ont été

largement étudiés dans le cas de la cémentation, beaucoup moins d’études existent pour la

carbonitruration (ex : [92]).

L’étude sur les transformations de phases (§2.2) a mis en évidence les effets drastiques d’un

enrichissement en azote sur la décomposition de l’austénite au cours du refroidissement, avec

une accélération des cinétiques et un affinement des microstructures. Dans cette partie, on

étudie les conséquences de ces effets inattendus de l’azote sur la genèse des contraintes internes

et résiduelles.

L’autre nouveauté de l’étude repose sur l’utilisation de la DRX Haute Energie pour analyser in

situ l’évolution des contraintes internes et les cinétiques de transformations de phases au cours

du refroidissement d’échantillons de laboratoire à gradient de composition en carbone et en

azote, représentatifs de procédés industriels. La nouvelle méthode est d’abord mise en œuvre

pour le cas “classique” de la cémentation, puis appliquée aux cas de la nitruration et de la

carbonitruration.

Enfin, un modèle couplé thermique, mécanique et métallurgique (transformations de phases)

est développé pour considérer les couplages entre les évolutions de température, les cinétiques

de transformations de phases et le comportement thermomécanique en fonction des

concentrations locales en interstitiels (carbone et azote), afin de prédire les évolutions de

contraintes internes.

Ces travaux ont pour cadre la thèse de Karthikeyan Jeyabalan (début 2015), dirigée par Sabine

Denis et que je co-dirige (collaboration de recherche IJL-IRT-M2P et avec Jacky Dulcy).

3.1.2 Approche expérimentale

Le matériau de base de l’étude est un acier faiblement allié 23MnCrMo5, identique à celui

considéré pour le volet “transformations de phases” de l’étude, présenté au §2.2. Des

échantillons lamellaires de dimensions 32x15x3.2 mm ont été enrichis en phase austénitique en

carbone et/ou en azote en craquant respectivement des molécules de CO (CH4 pour les

expériences présentées au §2.2.2) ou de NH3. Les profils de composition en carbone et en azote

ont été obtenus par microsonde de Castaing. Après refroidissement, des profils de dureté

Vickers (300 g) ont été mesurés à travers l’épaisseur.

Les expériences de DRX Haute Energie ont été effectuées à l’ESRF sur la ligne ID15B. Les

traitements thermiques ont été réalisés à l’aide d’un four mobile conçu à l’IJL et installé sur la

ligne de lumière. Les échantillons étaient cylindriques avec un diamètre de 5 mm et une

épaisseur de 3,2 mm (Figure 34). Ils ont été extraits par “découpe fil” des lamelles initiales. Le

chauffage est effectué par lampes au sein d’une atmosphère d’Ar ; un soufflage d’Ar est

possible pour contrôler la vitesse de refroidissement. Le four permet de faire tourner

Page 53: Approche globale matériau-procédé des traitements

52

l’échantillon autour de son axe. Une platine permet d’appliquer un mouvement vertical pour

“scanner” une demi épaisseur de l’échantillon incluant le gradient de concentration pendant

l’expérience in situ. La configuration du faisceau et de l’échantillon est schématisée en Figure

35. Le volume analysé est de 5000x400x20 µm3, ce qui est suffisant pour atteindre des

conditions de diffraction de poudre au vu de la taille des grains d’austénite, environ 10 µm.

Les anneaux de Debye-Scherrer (DS) sont enregistrés par un détecteur 2D situé à une distance

de 1,1m, à une fréquence de 50 Hz. Grâce au balayage vertical, chaque point dans l’épaisseur

est analysé environ toutes les 5 secondes. L’évolution des taux de phases et des paramètres de

maille est obtenue par analyse Rietveld à l’aide du logiciel Fullprof après intégration circulaire

des anneaux DS (logiciel FIT2D). Deux structures cristallographiques sont considérées : CFC

pour l’austénite et CC indifféremment pour la ferrite et la martensite, car la maille de la

martensite ne présentait pas de tétragonalité quantifiable. La cémentite n’est pas considérée à

cause de sa faible fraction massique.

Figure 34. Schéma du montage expérimental utilisé pour les expériences de DRX synchrotron et des échantillons

cylindriques prélevés des lamelles enrichies en carbone et/ou azote.

Figure 35. Schéma montrant la géométrie du faisceau et de l’échantillon.

Le tenseur des contraintes est déterminé par la méthode des sin2, par une approche introduite

précédemment [93]. La décomposition des anneaux DS en 360 secteurs de 1° permet aboutir à

la différence entre la composante tangentielle et la composante verticale du tenseur des

contraintes, (-z, système de coordonnées cylindriques), séparément dans chaque phase. On

obtient une valeur moyenne à l’intérieur du volume analysé.

Pour tous les échantillons, le traitement thermique appliqué commence par une ré-

austénitisation à 900°C pendant 10 min suivie d’un refroidissement schématisé en Figure 36a :

d’abord à une vitesse contrôlée de 2°C.s-1 de 900°C à 550°C, puis une deuxième étape avec

soufflage d’Ar jusqu’à la température ambiante.

Page 54: Approche globale matériau-procédé des traitements

53

3.1.3 Analyse des effets du carbone et de l’azote sur les transformations de phases et

les contraintes internes

3.1.3.1 Echantillon cémenté

Le profil de composition en carbone de l’échantillon cémenté varie de 0,55%mC près de la

surface à la composition initiale de l’acier (0,25%mC), à une profondeur d’environ 1 mm

(Figure 36b). Les évolutions de fraction massique de phase /’ et de différence de contrainte

interne (-z) sont présentées en Figure 37 en fonction de la température. Quatre points de

référence sont représentés depuis la surface vers le cœur ; (représentés en Figure 36b). Au cours

du refroidissement, l’austénite commence à se décomposer d’abord à cœur à 600°C à cause de

la plus faible trempabilité. Cela conduit, dans cette première étape, à des contraintes de

compression, à cause de l’expansion volumique induite par les transformations de phases.

(L’analyse des contraintes n’a pas été possible dans le domaine 600°C-365°C à cause de

difficultés expérimentales). Les régions plus proches de la surface se transforment dans les

derniers instants à cause de la teneur en carbone plus élevée. Quand ces régions subissent la

transformation martensitique (principalement), un état de contrainte de compression s’établit

dans la martensite. En réaction, les régions à l’intérieur de l’échantillon passent en traction pour

maintenir l’équilibre mécanique.

Figure 36. a) Courbes de refroidissement mesurée et calculée pour les expériences en DRX in situ ; b) profil de

composition en carbone à travers la demi-épaisseur, montrant les quatre teneurs en carbone choisies pour

l’analyse.

Les profils de contraintes résiduelles (Figure 38a) montrent une forme classique, avec des

contraintes de compression dans la martensite de la couche enrichie en carbone et des

contraintes de traction à cœur. La contrainte de compression est maximale sous la surface, pour

une teneur locale en carbone de 0,4%m. On peut remarquer que l’austénite est légèrement en

traction près de la surface. A température ambiante, la microstructure finale consiste

principalement en de la martensite dans les zones enrichies en carbone avec une faible fraction

d’austénite résiduelle (au maximum 10%m à la surface). La dureté est d’environ 780 HV0,3 à la

surface, ce qui est en accord avec la teneur locale en carbone, de 0,55%m. Sous la couche

enrichie en carbone, la microstructure se compose de bainite et de martensite, avec une dureté

plus faible de 400 HV0,3.

L’ensemble de ces observations est en accord avec l’analyse classique de la genèse des

contraintes internes dans des échantillons cémentés. On le confirme ici pour la première fois

par des mesures in situ.

Page 55: Approche globale matériau-procédé des traitements

54

Figure 37. Echantillon cémenté : évolution en fonction de la température : a) fraction massique de phase /’ ;

b) différence entre les contraintes (-z) dans la phase /’ à différents points de la couche enrichie en carbone.

Points : expériences de DRXHE ; lignes : simulation.

Figure 38. Profils de fractions massiques de phases /’ et , de dureté, de composition et de contraintes

résiduelles à travers la demi-épaisseur. a) échantillon cémenté ; b) échantillon nitruré. (0° et 90° correspondent à

une rotation de l’échantillon autour de l’axe z). Les résultats issus de DRX (fractions de phases et contraintes)

ont été obtenus à la fin du refroidissement représenté en Figure 36a.

Page 56: Approche globale matériau-procédé des traitements

55

3.1.3.2 Echantillon nitruré

Le cas de l’échantillon nitruré nous permet d’examiner les conséquences des effets de l’azote

sur la décomposition de l’austénite sur la genèse des contraintes. Comme cela a été présenté au

§2.2, l’enrichissement en azote en phase austénitique induit une forte accélération de sa

décomposition au refroidissement, un affinement des microstructures résultantes et des duretés

plus élevées. Ainsi, contrairement au cas d’un enrichissement en carbone, un enrichissement en

azote induit une perte de trempabilité près de la surface.

Les profils de composition dans l’échantillon nitruré sont présentés en Figure 39a (la légère

décarburation provient du traitement de nitruration). L’échantillon a subi le même traitement

thermique que l’échantillon cémenté (Figure 36a). Les cinétiques de transformation ont aussi

été examinées au niveau de quatre points dans la couche enrichie et à cœur (représentés Figure

39a). Des difficultés expérimentales ont empêché les analyses jusqu’à une température de

275°C (grossissement des grains d’austénite conduisant à une saturation du détecteur 2D). Les

résultats obtenus suffisent cependant pour établir la chronologie des transformations de phases

au sein de l’échantillon. Comme attendu, la région la plus proche de la surface est la première

à se transformer, car elle a la teneur en azote la plus élevée. Le cœur se transforme dans une

deuxième étape, puis la “couche intermédiaire” (sous la zone enrichie en azote, entre 250 et

400 µm) est la dernière à se transformer. Ainsi, la chronologie des transformations de phases

est l’inverse du cas de la cémentation : la surface se transforme avant le cœur, à cause de la

perte de trempabilité induite par l’azote.

Les conséquences sur les contraintes internes (dans la phase /’) sont visibles en Figure 39b.

La surface subit maintenant des contraintes élevées de traction (~500 MPa) à la fin du

refroidissement. Ce comportement est aussi observé pour le deuxième point sous la surface (à

250 µm), mais on peut voir qu’en limite de la couche enrichie en azote (troisième point sous la

surface) la contrainte reste en compression sous 300°C. Sur le profil de contraintes résiduelles

(Figure 38b), la couche enrichie en azote présente des contraintes de traction pour les phases

/’ et l’austénite. Sous la couche enrichie en azote, on observe des contraintes de compression

pour les phases /’, qui diminuent vers le cœur. L’austénite reste en traction sous 500 µm.

Les distributions finales de microstructures n’ont pas été observées, mais on attend près de la

surface, dans la couche enrichie en azote, une décomposition de l’austénite dans un domaine

haute température (au-dessus de 550°C) et la formation du “constituant haute température”

(§2.2.4), composé de petits grains de ferrite (quelques µm) à l’intérieur desquels se produit la

précipitation de nitrures CrN nanométriques, ainsi que de colonies de perlite et de quelques

carbures isolés. Ainsi la dureté est minimale près de la surface et augmente avec la diminution

de la teneur en carbone. En-dessous de 500 µm, le profil de dureté est presque plat à cause de

la teneur en carbone presque constante et de la microstructure homogène, un mélange de bainite

et de martensite. Ce profil de microstructure attendu présente des similitudes avec le profil

atypique présenté au §2.2.8, mais pour un échantillon à gradient carbonitruré et refroidi à l’air.

Page 57: Approche globale matériau-procédé des traitements

56

Figure 39. Echantillon nitruré : a) Profil de composition en carbone et en azote montrant les quatre points choisis

pour l’analyse. b) Evolution de la différence de contrainte interne (-z) dans la phase /’ pendant le

refroidissement en fonction de la température aux différents points considérés. Points : expériences de DRXHE ;

lignes : simulation.

Figure 40. Echantillon nitruré : évolution en fonction de la température de la fraction de phase /’ : a) en trois

points représentatifs de la couche enrichie (représentés en Figure 39a) ; b) à cœur et en surface, comparaison

entre simulation et expérience. Points : expériences de DRXHE ; lignes : simulation.

3.1.3.3 Echantillon carbonitruré

Un échantillon à gradient carbonitruré a également été considéré. Les profils de concentration

en carbone et en azote sont présentés en Figure 41a. Pour cet échantillon, des difficultés

expérimentales ont encore empêché le suivi in situ complet des fractions de phases /’ et et

des contraintes internes, qui ne sont pas présentées. Quelques acquisitions réussies pendant le

refroidissement ont cependant permis d’établir la chronologie des transformations de phases.

De même que pour l’échantillon nitruré, la couche enrichie en azote se transforme en premier,

mais d’abord sous la surface, puis en surface et enfin à cœur. Cette chronologie diffère donc

légèrement du cas de l’échantillon nitruré pour lequel la surface se transformait en premier.

Cette chronologie différente pourrait avoir des conséquences sur le profil de contraintes

résiduelles (Figure 41b).

Page 58: Approche globale matériau-procédé des traitements

57

On obtient toujours des contraintes résiduelles de traction dans la phase /’ au sein de la

couche enrichie en azote, mais le profil de contrainte présente maintenant un maximum

(~300MPa) à une profondeur qui correspond à la zone qui a subi la décomposition de l’austénite

la plus rapide. A cœur, on obtient des contraintes résiduelles de compression, puis de nouveau

en traction sous une profondeur de 800 µm. L’austénite reste en traction sur quasiment toute

l’épaisseur de l’échantillon.

Concernant le profil de microstructure, on attend des résultats proches de ceux présentés pour

l’échantillon carbonitruré refroidi à l’air (§2.2.8), bien que la loi de refroidissement soit

différente : constituant haute température près de la surface, martensite dans la zone riche en

carbone et de plus en plus de bainite en approchant du cœur. Sous la couche enrichie en azote,

une chronologie cœur (sous ~1 mm) suivi de l’extérieur (entre 500 µm et 1 mm) pourrait s’être

produite, expliquant les contraintes résiduelles de traction près du cœur de l’échantillon.

Figure 41. Echantillon carbonitruré. a) Profils de concentration en carbone et en azote, de dureté et de fractions

de phases / et (DRXHE) ; b) Profils de contraintes résiduelles. (0° et 90° correspondent à une rotation de

l’échantillon autour de l’axe z). Les résultats issus de DRX (fractions de phases et contraintes) ont été obtenus à

la fin du refroidissement représenté en Figure 36a.

Page 59: Approche globale matériau-procédé des traitements

58

3.1.4 Modélisation et simulation

Une simulation couplée thermique, métallurgique (transformations de phases) et mécanique a

été introduite pour conforter l’analyse précédente par une prédiction quantitative. Le modèle

sera aussi utilisable dans une démarche d’optimisation des traitements. Chacun des trois

modèles thermique, mécanique et métallurgique nécessite des données (thermophysiques,

enthalpies de transformation, lois de comportement thermoélastoviscoplastique…) qui ont été

établies en fonction de la température, de la microstructure et de la composition en carbone et

en azote, expérimentalement, en s’appuyant sur des travaux précédents ou à l’aide de bases de

données. Le modèle métallurgique, résumé au §2.2.7 a été introduit en référence [76]. Ces

modèles ont été implémentés dans le logiciel de calcul par éléments finis Zebulon [94].

3.1.4.1 Modèle couplé métallurgique et thermomécanique

Le modèle a été introduit dans des travaux précédents et il est décrit ici brièvement. Le principal

développement concerne l’introduction des effets de l’azote.

Modèle thermique : Les évolutions de température sont prédites en résolvant l’équation de la

chaleur. Les propriétés thermophysiques (chaleur spécifique, densité, conductivité thermique)

ont été établies pour chaque phase (ou produit de décomposition de l’austénite) en fonction de

la température et de la composition en carbone et en azote, à partir d’expériences (calorimétrie

différentielle à balayage, diffusivimétrie thermique) ainsi que de calculs thermodynamiques

(Thermocalc, TCFE9). Les enthalpies de transformation ont aussi été établies. On suppose un

transfert convectif de la chaleur aux différentes surfaces de l’échantillon. Les coefficients de

transfert convectif ont été établis par méthode inverse.

Modèle métallurgique : il s’agit du modèle de cinétique de transformations de phases associées

à la décomposition de l’austénite présenté au §2.2.7. Il tient compte de la loi de refroidissement

et de la composition locale en carbone et en azote. Il prédit l’évolution de la fraction volumique

des produits de décomposition de l’austénite et les duretés en fin de refroidissement.

Modèle thermomécanique : on considère une loi de comportement thermo-élasto-

viscoplastique intégrant les effets des transformations de phases : le changement de volume et

la plasticité de transformation. Le comportement thermomécanique est établi soit

expérimentalement, soit à partir d’études précédentes, pour chaque phase ou pour chaque

produit de décomposition de l’austénite, en fonction de la température et des teneurs en carbone

et en azote. On suppose un écrouissage isotrope et l’absence d’héritage de l’écrouissage après

les transformations de phases. Les nouvelles données expérimentales ont été établies à l’aide

d’une machine de traction-compression récemment développée au sein de l’IJL. Elle permet de

caractériser le comportement mécanique sous atmosphère contrôlée et en température.

3.1.4.2 Résultats des simulations numériques

Les modèles métallurgique et mécanique ont été implémentés dans le logiciel de calcul par

éléments finis Zebulon [94] (le calcul thermique existe déjà en “natif”). Pour les simulations,

on considère une section rectangulaire avec des éléments 2D axisymétriques représentant une

moitié de l’échantillon cylindrique utilisé pour les expériences de DRX in situ. On suppose le

même coefficient de transfert convectif sur toutes les surfaces de l’échantillon. Les profils de

concentration en carbone et en azote (mesurés par microsonde) sont introduits en données

d’entrée. A partir des distributions obtenues par le calcul pour les composantes du tenseur des

contraintes, la différence de contraintes (-z) est moyennée le long d’un rayon situé dans le

plan médian pour pouvoir comparer aux valeurs moyennes issues des expériences de DRX in

situ (voir Figure 35).

Page 60: Approche globale matériau-procédé des traitements

59

Les prédictions de température (Figure 36a) montrent de faibles gradients thermiques dans le

volume de l’échantillon, du fait de sa faible épaisseur, tout au long du refroidissement, et sont

en accord avec l’expérience (du fait de la détermination par méthode inverse du coefficient de

transfert convectif).

Pour l’échantillon cémenté, la simulation métallurgique (Figure 37a) prédit à cœur une fraction

de ferrite proeutectoide beaucoup plus élevée que d’après l’expérience. Il en résulte une

surestimation de la fraction de bainite, à cause de la diminution du Ms, due à la stabilisation de

l’austénite par le carbone. Les fractions de martensite et d’austénite résiduelle sont sous-

estimées. En surface, la fraction de bainite est surestimée, conduisant à sous-estimer les

fractions de martensite et d’austénite résiduelle. Malgré ces écarts, les profils de dureté sont

correctement prédits (Figure 42a).

Concernant les évolutions de contraintes internes (Figure 37b), les gradients thermiques étant

faibles, les contraintes internes n’apparaissent que lorsque commencent les transformations de

phases, c’est-à-dire à 700°C lorsqu’on forme de la ferrite proeutectoide à cœur. Leur niveau

reste faible, jusqu’à ce que la transformation martensitique commence à cœur, mettant

davantage la surface en traction (~110 MPa). Ensuite, la transformation martensitique en

surface induit des contraintes de compression en surface et de traction à cœur. Rappelons que

le calcul prédit des contraintes macroscopiques qui ne peuvent être comparées à celles obtenues

en DRX séparément pour chaque phase. Ainsi, en Figure 42b, on montre la contrainte

macroscopique issue de l’expérience (loi de mélange entre phases /’ et ) pour pouvoir

comparer à la simulation. Il en ressort que la principale différence entre simulation et expérience

concerne une zone proche de la surface, où la diminution de la contrainte résiduelle de

compression n’est pas prédite par le calcul. Ceci peut provenir des écarts sur les cinétiques de

transformations mentionnés précédemment et de la sous-estimation de la fraction d’austénite

résiduelle.

Figure 42 Echantillon cémenté : a) profils finaux de fractions de phases/constituants et de dureté expérimentaux

(points) et calculés (lignes) ; b) profils de différence de contrainte résiduelle (-z) expérimentaux (bleu),

/’ (rouge), macroscopique (noir) et calculé (ligne en noir).

Pour l’échantillon nitruré, la simulation métallurgique rend bien compte des effets de l’azote

sur la décomposition de l’austénite (Figure 40b). La surface se transforme rapidement à cause

de la perte de trempabilité due à l’enrichissement en azote, suivie du cœur qui se décompose en

ferrite, en bainite et en martensite. On prédit en surface la formation du constituant haute

température exclusivement, entre 700 et 575°C. La chronologie prédite est donc bien en accord

avec l’expérience, bien que cette dernière n’ait permis de suivre les cinétiques de transformation

qu’à partir d’une température de 300°C.

Page 61: Approche globale matériau-procédé des traitements

60

Concernant les distributions finales de microstructures (Figure 43a), le calcul prédit la

formation du constituant haute température dans toute la couche enrichie en azote. Les

microstructures n’ont pas été observées, mais la faible fraction d’austénite résiduelle d’après la

DRX est en accord avec cette prédiction. Sous la couche enrichie en azote, la fraction

d’austénite résiduelle est cependant sous-estimée. Le profil de dureté calculé reproduit l’allure

expérimentale (une dureté sensiblement constante à travers l’épaisseur). On prédit une dureté

constante dans la couche nitrurée à cause d’une simplification du modèle.

La prédiction des évolutions de contrainte (-z) indique à cœur une contrainte qui reste très

faible, tandis qu’elle augmente fortement à la surface à environ 300°C, ce qui correspond à la

transformation martensitique à cœur (Figure 39b). A la fin du refroidissement, le niveau de

contrainte à la surface est sous-estimé, tandis que les prédictions à cœur sont satisfaisantes.

Cette sous-estimation peut provenir d’écarts dans les prédictions de cinétiques de

transformations de phases, mais aussi d’un manque de précision quant à l’épaisseur précise de

la couche nitrurée, le profil de composition n’ayant pas été mesuré sur l’échantillon ayant servi

à l’expérience in situ. Cependant, le modèle prédit bien la forme atypique du profil de

contraintes, avec des contraintes de traction en surface, qu’on associe à la perte de trempabilité

due à l’azote.

Figure 43. Echantillon nitruré : a) profils finaux de fractions de phases/constituants et de dureté expérimentaux

(points) et calculés (lignes), et profils de teneur en carbone et en azote ; b) profils de différence de contrainte

résiduelle (-z) expérimentaux (bleu), /’ (rouge), macroscopique (noir) et calculé (ligne en noir).

Pour l’échantillon carbonitruré, la simulation métallurgique prédit une cinétique de

transformation plus rapide dans la couche nitrurée à cause de la perte de trempabilité. (Les

calculs cinétiques ne sont pas présentés, à cause de l’absence de résultats expérimentaux). Sous

la couche nitrurée, l’austénite se décompose avec une cinétique plus lente en ferrite

proeutectoide, en bainite et en martensite. Concernant le profil final de microstructure (Figure

44), le modèle prédit principalement la formation du constituant haute température dans la

couche nitrurée avec une faible fraction de bainite et de martensite (moins de 10% au total).

Sous la couche nitrurée, la fraction de martensite est de 90% puis diminue vers le cœur de

l’échantillon, en accord avec l’expérience. La fraction d’austénite résiduelle est sous-estimée

par rapport à l’expérience sur l’ensemble du profil. Le profil de dureté calculé reproduit l’allure

du profil expérimental, avec un maximum local sous la couche nitrurée, là où la fraction de

Page 62: Approche globale matériau-procédé des traitements

61

martensite et la teneur en carbone sont maximales. Les écarts dans la couche nitrurée sont

attribués à la sous-estimation de l’austénite résiduelle et au manque de données sur la dureté du

constituant haute température lorsqu’il se forme en conditions anisothermes (les lois empiriques

de dureté sont basées sur des expériences isothermes).

Pour les deux échantillons à gradient enrichis en azote (nitruré et carbonitruré), le profil final

de contraintes résiduelles calculé reproduit bien l’observation la plus caractéristique, soit des

contraintes de traction dans la couche enrichie en azote, dues à la perte de trempabilité induite

par l’azote. Les écarts sur les niveaux de contraintes sont cependant importants. Ils

s’interprètent par des écarts de prédictions cinétiques et par le manque de connaissance précise

du profil de composition en azote. L’effet de l’azote sur le comportement thermomécanique

reste aussi à approfondir.

Figure 44. Echantillon carbonitruré : a) profils finaux de fractions de phases/constituants et de dureté

expérimentaux (points) et calculés (lignes), et profils de teneur en carbone et en azote ; b) profils de différence

de contrainte résiduelle (-z) expérimentaux (bleu), /’ (rouge), macroscopique (noir) et calculé (ligne en

noir).

Page 63: Approche globale matériau-procédé des traitements

62

3.1.5 Conclusion

Une méthode expérimentale a été mise en place pour déterminer in situ par DRX haute énergie

simultanément les évolutions de fractions de phases et de contraintes internes pendant le

refroidissement d’échantillons avec des gradients de composition en carbone et en azote. Ces

conditions expérimentales permettent pour la première fois d’analyser in situ la genèse des

contraintes internes pour ce type d’échantillon. Pour l’échantillon cémenté, on confirme que la

transformation de phases s’effectue d’abord à cœur pendant le refroidissement et ensuite dans

la couche enrichie en carbone, conduisant à des contraintes résiduelles de compression en

surface. La simulation prédit les tendances attendues concernant les évolutions de contraintes

et les contraintes résiduelles. Des écarts près de la surface, là où la teneur en carbone est la plus

élevée, pourraient provenir de la non prise en compte à ce stade de la stabilisation de l’austénite

ou de phénomènes d’autorevenu.

Pour les aciers nitruré et carbonitruré, des profils inattendus de contrainte sont obtenus

expérimentalement, avec la formation de contraintes résiduelles de traction dans la couche

enrichie en azote au cours du refroidissement. En combinant les expériences in situ et la

simulation numérique, on montre que cela provient de la chronologie des transformations de

phases qui est contrôlée par les profils de composition en carbone et en azote. La couche

nitrurée se transforme en premier au cours du refroidissement à cause de la perte de trempabilité

induite par l’azote. Le cœur, puis les couches intermédiaires se transforment ensuite, mettant la

surface en traction. La simulation prédit bien la corrélation entre présence d’azote et contraintes

de traction. Pour des prédictions plus précises, la prise en compte de l’effet de l’azote sur les

cinétiques de transformation, voire le comportement mécanique, doit être affinée.

L’étude rend maintenant possible une connaissance détaillée des effets combinés des gradients

en carbone et en azote en fonction des conditions de refroidissement sur les cinétiques de

transformations de phases et les conséquences sur la genèse des contraintes internes/résiduelles,

pour une application à des traitements industriels.

Page 64: Approche globale matériau-procédé des traitements

63

3.2 Genèse des contraintes internes au cours de la trempe d’alliages de titane :

influence des transformations de phases

3.2.1 Introduction

Les séquences de traitements thermomécaniques des alliages de titane comportent des

opérations de trempe qui conduisent à la formation de contraintes résiduelles à différentes

échelles. Les contraintes résiduelles macroscopiques peuvent conduire à des déformations

pendant l’usinage. Elles peuvent réduire la durée de vie en fatigue des composants ou favoriser

la propagation de fissures. Contrairement au cas des aciers [79,95–99] ou des alliages

d’aluminium [100,101], l’influence des transformations de phases sur la genèse des contraintes

résiduelles a peu été étudiée au cours d’opérations de trempe. Les conséquences des

transformations de phases sont le plus souvent simplifiées ou négligées. Peu d’études en

tiennent compte et la plupart concernent l’alliage TA6V et des procédés de soudage [102–106].

Ces travaux peuvent conclure aussi bien des effets importants ou négligeables. Presque toutes

ces études comprennent une simulation couplée des évolutions thermiques mécaniques et

métallurgiques. Dans [102,103] sur le soudage du TA6V, des modèles de cinétiques de

transformations de phases sont introduits, et le comportement thermomécanique est modélisé

en fonction de la microstructure multiphasée (phases , et ’). Dans [107–109], la

morphologie de la phase est prise en compte. A haute température (au-dessus d’environ

500°C) les effets visqueux doivent être considérés. Tous ces travaux concluent qu’une

simulation couplée est nécessaire pour prédire précisément les contraintes résiduelles,

[102,105].

Le point de désaccord concerne les déformations induites par les transformations de phases : la

variation de volume et la déformation plastique induite par la transformation. Dans [102,103],

ces déformations ne sont pas considérées, ce qui veut dire que le seul effet des transformations

de phases est de changer le comportement mécanique et les données thermophysiques. Elles

sont prises en compte dans [105], mais les simulations concluent à un faible impact sur les

contraintes résiduelles (mais plus important sur les distorsions), ce qui est attribué aux faibles

variations de volume générées par les transformations de phases dans les alliages de titane (voir

par exemple [110]). Dans une autre étude [106], une déformation de transformation très élevée

(∆V/V0~1%) est supposée, conduisant à des effets importants sur les contraintes résiduelles

prédites.

Ces résultats contradictoires montrent que les effets possibles des transformations de phases sur

la genèse des contraintes dans les alliages de titane restent à établir. Dans cette étude, on a

examiné ces effets par plusieurs moyens. D’abord, on considère un traitement de trempe dans

l’eau. Par rapport au soudage, les transformations de phase se produisent uniquement en phase

solide ; les évolutions de températures sont plus simples (pas de cycle). Par ailleurs, des

méthodologies ont déjà été mises en place [111].

Ensuite, on compare deux alliages : le Ti17 -métastable et le TA6V +. Des échantillons de

laboratoire sont mis en solution en phase et trempés dans l’eau. Le Ti17 ne subira pas de

transformations de phases à cause du refroidissement rapide. L’alliage TA6V subira au

contraire des transformations de phases. Comparer les deux alliages permettra de montrer les

effets des transformations de phases. Enfin, une simulation couplée thermique, mécanique et

métallurgique est mise en place pour l’alliage TA6V en combinant des modèles [103] et des

données expérimentales [102,107] de la littérature. Pour l’alliage Ti17, un modèle matériau

avait été introduit en références [104,112].

Page 65: Approche globale matériau-procédé des traitements

64

Ces travaux ont eu pour cadre le post-doc de David Maréchal (Labex DAMAS, 04/2015-

12/2016), complétés par des travaux de modélisation que j’ai menés.

3.2.2 Méthode expérimentale

Deux alliages de titane sont considérés : l’alliage Ti17 (-métastable) et l’alliage TA6V (+).

Leur composition chimique et leur microstructure initiale sont présentées en référence [113].

Le transus vaut respectivement 880°C et 1010°C. La taille des grains vaut, pour les

conditions de mise en solution appliquées, 600 µm pour les deux alliages. Les expériences de

trempe ont été effectuées à l’aide d’un four (NAGAT E20/40P) qui inclut une enceinte de

chauffage, un bac de trempe et un sas de transfert. Ce dernier est automatisé, permettant une

bonne reproductibilité des expériences. Les traitements de mise en solution en phase (920°C

pour le Ti17 et 1070°C pour le TA6V) sont réalisés sous atmosphère réductrice d’azote et 5%

d’hydrogène pendant 30 min. (La contamination des échantillons par l’hydrogène a été

contrôlée). Ces derniers mesurent 40 mm de diamètre et 100 mm de longueur. Ils sont

instrumentés de thermocouples (type K) dans le plan médian grâce à un perçage longitudinal et

un système d’étanchéité. Quatre thermocouples permettent de suivre l’évolution du gradient

radial de température dans le cylindre (au centre, à un rayon de 9, 13,3 et 16,5 mm). Plusieurs

expériences de trempe ont été réalisées pour chaque alliage.

Les microstructures après trempe ont été caractérisées par mesures de dureté, micrographies

optiques et diffraction des rayons X. Les contraintes résiduelles ont été déterminées par

diffraction de neutrons dans la masse et par la méthode du trou incrémental près de la surface.

Figure 45. Schéma de l’instrumentation des échantillons cylindriques à l’aide de thermocouples situés dans le

plan médian.

Page 66: Approche globale matériau-procédé des traitements

65

3.2.3 Expériences de trempe

Les évolutions de température mesurées pendant la trempe de l’échantillon en Ti17 sont

présentées en Figure 46a. Le refroidissement est trop rapide pour permettre des transformations

de phases. Même au centre, la vitesse de refroidissement est beaucoup plus élevée que la vitesse

critique, de l’ordre de 1 à 2°C.s-1 [112]. Il n’y a pas d’effet exothermique des transformations

de phases et l’absence de transformations de phases est confirmée par les observations

microstructurales et la diffraction X. En conséquence, le cylindre entier reste en phase . La

même observation avait été faite pour une expérience similaire [112]. Les gradients de

température générés (maximum 380°C entre le centre et la surface) sont de nature à engendrer

des contraintes résiduelles significatives.

En revanche pour l’alliage TA6V (Figure 46b), le ralentissement dû à la transformation de

phases /’ exothermique est clairement visible à environ 840°C, particulièrement au

centre. La différence de température entre le centre et la surface atteint 450°C, une différence

plus grande que pour l’alliage Ti17, ce qui doit conduire aussi à des contraintes résiduelles

élevées.

Figure 46. Evolutions de température pendant la trempe de l’échantillon en alliage a) Ti17 ; b) TA6V. En noir :

mesures effectuées à l’aide de thermocouples en quatre points dans le plan médian du cylindre. En rouge :

calcul ; la simulation à la surface est également tracée. Lignes bleues en figure b : fractions volumiques de

phases +’ d’après la simulation.

Les gradients de température générés pendant la trempe ont conduit à des gradients de

microstructure. Des mesures de microdureté Vickers (charge 500 g) effectuées sur une tranche

du cylindre prélevée dans le plan médian sont présentées en Figure 47. Un gradient radial de

dureté est clairement mis en évidence, allant de 310 HV au centre à 400 HV à la surface. La

courbe de dureté montre un plateau entre le centre et un rayon de 7,5 mm. Ces valeurs sont en

accord avec celles rapportées dans la littérature pour des vitesses de refroidissement similaires

[114,115]. Les vitesses de refroidissement plus grandes près de la surface ont conduit à des

duretés plus élevées. Ceci est attribué à une microstructure plus fine et une proportion plus

importante de phase ’. La diffraction des rayons X (synchrotron, en transmission, ligne P07

Hasylab) ne permet cependant pas de distinguer les phases et ’, de structures

cristallographiques trop proches. La présence d’une faible fraction de phase est mise en

évidence, mais la statistique est insuffisante pour permettre une quantification. Des

observations microstructurales en microscopie optique (non présentées ici) ne permettent pas

de confirmer l’affinement des microstructures près de la surface. On observe les morphologies

attendues de phase (en liserés aux joints de grains GB, en colonies WGB, intragranulaire WI)

et de phase ’. Une caractérisation plus fine n’a pas été menée, car l’influence de la

Page 67: Approche globale matériau-procédé des traitements

66

morphologie de la phase sur le comportement mécanique n’est pas considérée dans cette

étude, comme on le justifiera au §3.2.7.

Figure 47. Profils de dureté suivant trois directions radiales dans le plan médian de l’échantillon en alliage TA6V

et profils radiaux simulés des fractions volumiques de phases , ’ et .

3.2.4 Détermination des contraintes résiduelles

3.2.4.1 Diffraction de neutrons

Les expériences de diffraction de neutrons ont été effectuées au Helmholtz Zentrum de Berlin

(HZB), à l’aide du diffractomètre E3. Une longueur d’onde de 1,47 Å est obtenue à l’aide d’un

monochromateur en silicium (400). Le flux de neutrons est de 107 cm-2.s-1. L’acquisition des

données est réalisée à l’aide du logiciel Caress, développé à HZB. Les résultats sont ensuite

traités à l’aide du logiciel StressTexCalculator (v. 1.53).

Les acquisitions ont été réalisées dans le plan médian des cylindres le long d’un rayon, depuis

la surface vers le centre, avec un espacement de 2 mm entre chaque point. Les distances

interréticulaires ont été mesurées dans les directions radiale, tangentielle et axiale (Figure 48).

La référence [113] présente plus en détail comment les acquisitions ont été menées pour pallier

à deux difficultés : la profondeur de pénétration recherchée et les tailles de grains parfois

élevées au sein des échantillons. Des acquisitions satisfaisantes ont pu être réalisées en jouant

sur la durée d’acquisition, les dimensions du faisceau, un positionnement optimal de

l’échantillon et en appliquant une rotation de l’échantillon afin d’augmenter le volume analysé.

La Figure 49 montre des exemples d’acquisition par le détecteur pour les deux alliages. On

obtient une portion des anneaux de diffraction de Debye-Scherrer. Ces images sont intégrées

pour obtenir un profil Intensité-2 (lignes continues en noir). Dans l’alliage TA6V, la phase

/’ est majoritaire (§3.2.3) et les pics les plus intenses correspondent aux réflexions {1122}𝛼

{1013}𝛼 et {2021}𝛼. On utilise la réflexion {1122}𝛼 pour l’analyse des contraintes. Pour

l’alliage Ti17 (monophasé ), on utilise la réflexion {211}𝛽. Pour l’alliage TA6V, la phase

n’a pas pu être considérée à cause de la faible fraction massique. Les exemples en Figure 49

montrent la différence de résolution qu’on peut obtenir pour chaque composante de la

déformation, liée à un trajet plus ou moins important à l’intérieur de l’échantillon. Ce trajet est

plus court pour la direction radiale.

Page 68: Approche globale matériau-procédé des traitements

67

Figure 48. Trajectoire du faisceau de neutrons pour établir les déformations dans les directions radiale,

tangentielle et axiale. Une rotation () de l’échantillon permet d’augmenter le volume analysé.

Figure 49. Images enregistrées par le détecteur (intégration après plusieurs rotations) pour l’alliage Ti17 (haut) et

l’alliage TA6V (bas), pour mesurer la déformation radiale (gauche) et tangentielle (droite), à une profondeur de

1 mm sous la surface.

Page 69: Approche globale matériau-procédé des traitements

68

Le logiciel StressTexCalculator permet de représenter les pics de diffraction à l’aide d’une

fonction Gaussienne, après soustraction du fond continu. Les angles de diffraction 2 sont

déterminés avec une précision de 0,001 à 0,01°. La distance interréticulaire est ensuite déduite

par la loi de Bragg dhkl = / 2 sin. Pour calculer la déformation, il faut comparer cette distance

à une référence déterminée dans un échantillon libre de contrainte macroscopique (notée d0hkl).

Des approches conventionnelles telles que décrites en référence [116] ont été mises en œuvre,

le détail est présenté en référence [113]. La distance interréticulaire de référence est homogène

au sein de l’échantillon en TA6V, malgré les gradients de microstructure. Elle est également

homogène dans l’échantillon en Ti17, monophasé , comme attendu.

Connaissant la distance interréticulaire dans l’échantillon massif et dans la référence libre de

contrainte macroscopique, on calcule simplement la déformation :

𝜀𝑖 =𝑑ℎ𝑘𝑙

𝑖 − 𝑑ℎ𝑘𝑙𝑖,0

𝑑ℎ𝑘𝑙𝑖,0

(3)

ou i=r, ou z correspond à la direction radiale, tangentielle et axiale. On suppose l’élasticité

isotrope à l’échelle macroscopique et la contrainte est calculée avec la loi de Hooke :

𝜎𝑖 =𝐸ℎ𝑘𝑙

1 + 𝜈ℎ𝑘𝑙[𝜀𝑖 +

𝜈ℎ𝑘𝑙

1 − 2𝜈ℎ𝑘𝑙

(𝜀𝑟 + 𝜀𝜃 + 𝜀𝑧)]

(4)

où Ehkl et hkl sont les constantes élastiques radiocristallographiques du plan {hkl} considéré.

Pour la phase , des valeurs tabulées pour le titane pur [117] sont utilisées 𝐸1122= 113 GPa,

𝜐1122=0.32. Pour la phase , des valeurs issues d’un modèle d’Eshelby-Kröner développé à

HZB sont utilisées : E211= 99 GPa, 211= 0.33.

3.2.4.2 Méthode du trou incrémental

Le but de cette méthode est d’obtenir des déterminations plus précises en résolution spatiale

près de la surface. La méthode a été mise en œuvre au CETIM à Senlis. Des jauges

unidirectionnelles TML-FRS-2-11 ont été appliquées au niveau du plan médian des cylindres.

Les déplacements ont été enregistrés à l’aide d’une station MGC+. Le diamètre du trou est de

2 mm, la profondeur de 2,5 mm. La station de mesure calcule directement la contrainte à l’aide

de la loi de Hooke en utilisant les constantes élastiques E=110 GPa et =0,31.

3.2.4.3 Résultats

Les déformations élastiques déterminées dans l’échantillon en alliage Ti17 sont montrées en

Figure 50a. La composante la plus fiable est la composante radiale, la moins fiable est la

composante tangentielle à cause du trajet plus long du faisceau de neutrons dans l’échantillon.

L’incertitude diminue près de la surface pour les composantes axiale et radiale. Les incertitudes

sur les déformations se répercutent sur toutes les composantes du tenseur des contraintes,

radiale, tangentielle et axiale.

La Figure 50b montre les profils radiaux de contrainte résiduelle dans l’échantillon en alliage

Ti17. Ces profils sont caractéristiques de contraintes d’origine thermique. La contrainte axiale

Page 70: Approche globale matériau-procédé des traitements

69

par exemple est en compression en surface (-300 MPa) et en traction au centre (200 MPa).

Comme attendu pour une géométrie cylindrique, les composantes radiale et tangentielle sont

presque identiques au centre, tandis que la contrainte radiale est presque nulle près de la surface.

L’accord entre diffraction de neutrons et méthode du trou est satisfaisant, excepté concernant

le sens de variation de la contrainte tangentielle, une observation attribuée à la difficulté du

perçage sans endommager l’échantillon.

Figure 50. Profil radial de : a) déformation élastique ; b) contrainte résiduelle dans le plan médian de

l’échantillon en Ti17, calculé et expérimental, par diffraction de neutrons et méthode du trou incrémental.

La Figure 51a montre le profil radial de déformation élastique dans l’échantillon en TA6V. Les

mêmes observations que pour l’échantillon en alliage Ti17 peuvent être faites concernant les

incertitudes. Elles sont plus faibles que pour le Ti17 grâce à un temps d’acquisition plus long

et à une taille de grain /’ plus faible, du fait du grand nombre de grains de phase formés

dans chaque grain initial. Les profils de contrainte résiduelle (Figure 51b) sont de nouveau

caractéristiques de contraintes d’origine thermique. Ils se comparent bien à ceux de l’alliage

Ti17 qui n’a pas subi de transformation de phases, montrant que celles-ci n’ont pas changé

drastiquement l’aspect des profils dans l’alliage TA6V. La contrainte axiale est en compression

à la surface (-400 MPa) et en traction au centre (600 MPa). Ces niveaux sont plus élevés que

pour l’alliage Ti17.

Figure 51. Profil radial de : a) déformation élastique ; b) contrainte résiduelle dans le plan médian de

l’échantillon en TA6V, calculé et expérimental, par diffraction de neutrons et méthode du trou incrémental.

Page 71: Approche globale matériau-procédé des traitements

70

3.2.5 Simulation : Modèle matériau

Un modèle pour simuler les évolutions couplées thermiques, mécaniques et métallurgiques

(transformations de phases) est introduit pour interpréter plus avant les résultats expérimentaux

et pour examiner les effets potentiels des transformations de phases.

3.2.5.1 Modèle thermique

Les évolutions des distributions de température sont calculées en résolvant l’équation de la

chaleur, avec l’ajout pour l’alliage TA6V d’un terme source associé aux transformations de

phase exothermiques + ou ’. Les propriétés thermophysiques des différentes phases

(capacité calorifique, conductivité thermique) proviennent des références [118] et [102]

respectivement pour les alliages Ti17 et TA6V. On suppose en conditions aux limites à la

surface un transfert de chaleur convectif entre l’échantillon et le milieu de trempe. Le

coefficient de transfert convectif est déterminé par méthode inverse.

3.2.5.2 Modèle métallurgique

Pour l’alliage Ti17, on a vu au §3.2.3 qu’il n’y a pas de transformations de phases pendant la

trempe à cause du refroidissement trop rapide. (Un modèle de cinétiques de transformations de

phases est cependant présenté en référence [112]). Pour l’alliage TA6V, les transformations de

phases sont suffisamment rapides pour se produire. Deux morphologies de phase se formant

avec un mécanisme diffusif ont été mises en évidence dans la littérature. Les morphologies

inter- et intra-granulaires se forment respectivement dans des domaines haute et basse

température [119]. Cependant dans ce modèle, on ne distingue pas les morphologies de phase

. Comme montré au §3.2.3, les fractions de morphologies de phase n’ont pas été quantifiées

expérimentalement. Le modèle thermomécanique n’en tient pas compte, comme ce sera justifié

au §3.2.7.

De la martensite (’) peut se former selon un mécanisme displacif, d’après certaines études. La

phase ’ a une structure hexagonale compacte, comme la phase [120]. Les phases et ’

sont difficiles à distinguer par DRX à cause des paramètres de maille proches. Malinov et al. y

parviennent cependant en considérant la largeur des pics de diffraction [121]. D’après Ahmed

et Rack [122], la vitesse critique de trempe nécessaire pour former de la martensite est 410°C.s-

1. Mais dans [102,103,123], de la martensite a été observée après de plus faibles vitesses de

refroidissement. Il y a aussi un désaccord dans la littérature concernant les températures Ms

rapportées, qui s’étendent sur une large gamme comprise entre 575 et 800°C [102,103,122–

127].

Dans le présent modèle, la cinétique de transformation diffusive + est décrite avec la loi

de JMAK en conditions isothermes, sans distinguer les morphologies de phase . Les cinétiques

anisothermes sont prédites à l’aide d’une hypothèse d’additivité.

Les variations avec la température de yMAX (voir équation 1) ont été établies dans de

nombreuses études, menant à des écarts significatifs [102,119,126,128–130]. La relation

provenant de [102] est utilisée. Les paramètres cinétiques td, n et k (équation 1) doivent être

établis à partir de cinétiques expérimentales isothermes. Quelques données existent dans la

littérature [119], mais présentant des écarts significatifs, qu’on peut attribuer à des compositions

d’alliage différentes et à des tailles de grain différentes. A cause de cette dispersion des

données, quelques cinétiques isothermes ont été établies pour l’alliage étudié, à 750, 850 et

950°C. Les paramètres cinétiques JMAK sont établis sur cette base et en complément les

données de la littérature.

La transformation displacive ’ est décrite avec la loi de Koistinen-Marburger. On suppose

que la transformation + s’arrête sous la température Ms. Cette dernière est fixée à 625°C.

Page 72: Approche globale matériau-procédé des traitements

71

3.2.5.3 Modèle thermomécanique

Pour l’alliage TA6V, le modèle thermomécanique permet de prédire les contraintes et les

déformations spécifiques à chaque phase , et ’. Dans cette étude, on a utilisé un modèle

[102,103] introduit pour simuler le soudage laser, qui implique des évolutions microstructurales

et mécaniques similaires à cette étude.

Un tenseur des contraintes spécifique est associé à chaque phase (=, ou ’). Une “loi beta”

[131,132] donne la transition entre l’échelle macroscopique et l’échelle des phases. La

contrainte locale est la somme de la contrainte macroscopique et d’un terme d’accommodation :

𝜎𝜙 = 𝜎 + 𝜇 (𝛽 − 𝛽𝜙) avec 𝛽 = ∑ 𝑧𝜙𝛽𝜙

𝜙

(5)

où est la contrainte dans la phase , la contrainte macroscopique, µ le module de

cisaillement des deux phases (on suppose l’élasticité homogène), une variable

d’accommodation spécifique à chaque phase. Le terme d’accommodation est donc

proportionnel à la différence entre et la moyenne des variables sur les différentes phases.

La loi d’évolution des variables s’écrit :

��𝜙 = 𝜀��𝑣𝑝 − 𝐷𝜙𝛽𝜙��𝜙

(6)

où D est un paramètre caractérisant la transition d’échelle et le scalaire p est la déformation

plastique cumulée équivalente dans la phase . Pour simplifier les calculs, le terme de

restauration dynamique de l’équation précédente est négligé. Cela est justifié par les faibles

déformations plastiques, inférieures à 0,5%, qui vont être obtenues dans les simulations, comme

on le verra dans les résultats (§3.2.6).

On suppose un comportement viscoplastique pour chaque phase. On suppose un écrouissage

isotrope et l’absence d’héritage de l’écrouissage après les transformations de phases. La

déformation totale macroscopique s’écrit :

𝜀 = 𝜀𝑒 + 𝜀𝑣𝑝 + 𝜀𝑡ℎ + 𝜀𝑡𝑟 + 𝜀𝑡𝑝

(7)

où 𝜀𝑒 est la vitesse de déformation élastique, 𝜀𝑣𝑝 la vitesse de déformation viscoplastique, 𝜀𝑡ℎ

la vitesse de déformation d’origine thermique, 𝜀𝑡𝑟 la vitesse de déformation liée au changement

de volume induit par la transformation de phases. 𝜀𝑡𝑝 est la vitesse de déformation de plasticité

de transformation.

On suppose l’élasticité homogène et isotrope (𝜎 et 𝜀𝑒 sont reliées par la loi de Hooke). On

suppose une variation de volume isotrope pour la transformation de phases (celle-ci est faible

dans les alliages de titane). Enfin, le terme de plasticité de transformation est discuté au §3.2.7.

Le comportement viscoplastique de chaque phase est simulé en supposant un critère de

plasticité de Von Mises, l’écrouissage isotrope. L’effet de la vitesse de déformation sur la

contrainte d’écoulement est décrit avec une loi de Norton. Les équations associées sont

présentées dans [103] ou [104].

Page 73: Approche globale matériau-procédé des traitements

72

Pour l’alliage Ti17, un modèle thermomécanique avait été introduit dans [104]. Comme il ne

subit pas de transformations de phases dans cette étude, l’alliage reste monophasé pendant la

trempe. Les hypothèses principales du modèle mécanique sont les mêmes que pour l’alliage

TA6V : élasticité et dilatation thermique isotropes, critère de plasticité de Von Mises,

écrouissage isotrope. Les effets visqueux sont pris en compte avec une loi de Norton, modifiée

pour intégrer le “dynamic yielding” dans la phase (se traduisant par un pic de contrainte sur

les courbes de traction).

3.2.5.4 Paramètres du modèle thermomécanique

Le module d’Young et le coefficient de Poisson de la phase dans l’alliage Ti17 proviennent

de [133,134] et de [107] pour l’alliage TA6V. Le coefficient de dilatation de la phase dans

l’alliage Ti17 est déduit d’expériences de DRX in situ (synchrotron) [135] permettant d’obtenir

le paramètre de maille de la phase au cours du refroidissement depuis le domaine : a=13,5

10-6 K-1. Pour l’alliage TA6V, un seul coefficient de dilatation est considéré pour les phases

et : a = a = 10 10-6 K-1 [102].

Dans les simulations qui vont suivre, on suppose d’abord une déformation de transformation

de phases nulle, de même pour la déformation de plasticité de transformation. On reviendra sur

cette hypothèse au §3.2.7.

La mise en données des lois de comportement thermomécanique pour l’alliage Ti17 est détaillée

en référence [104]. Elle s’appuie sur des travaux expérimentaux précédents, qui visaient

précisément à caractériser le comportement mécanique dans les conditions de température et

de vitesses de déformation rencontrées au cours d’expériences de trempe [136].

Pour l’alliage TA6V, cette mise en données s’appuie entièrement sur des références de la

littérature. Des données spécifiques doivent être obtenues pour chaque phase , , ’. On

souligne le peu de données disponibles pour la phase [102]. La plupart des caractérisations

thermomécaniques ont été faites dans le domaine + avec une minorité de phase en

présence.

On suppose que les phases et ’ ont le même comportement ; ce sera justifié au §3.2.6. Le

comportement de la phase a été identifié sur la base des résultats expérimentaux de R. Julien

et al. [107], qui portait également sur des procédés de trempe. Bien que l’état avant trempe soit

+ (mise en solution à 950°C) au lieu de dans notre étude, les résultats fournissent un jeu

de données expérimentales complètes pour identifier les paramètres. Les microstructures

générées pendant la trempe diffèrent également de la présente étude, du fait de cette mise en

solution en + (présence de nodules de phase ). Mais comme on le verra, cela aura peu de

conséquences sur les simulations.

Page 74: Approche globale matériau-procédé des traitements

73

3.2.6 Simulation : résultats

3.2.6.1 Sans transformations de phases : alliage Ti17

La Figure 46a montre la comparaison entre simulation et expériences pour les évolutions de

température aux quatre points de mesure au cours de la trempe. L’accord est satisfaisant ;

quelques écarts sont détaillés en référence [113]. La simulation confirme l’absence de

transformations de phases à cause du refroidissement rapide.

Les évolutions calculées de contraintes axiales au cours de la trempe (Figure 52a) sont

représentatives de la genèse des contraintes internes. Celles-ci sont typiques de contraintes

d’origine thermique, avec dans une première étape la mise en traction de la surface et la mise

en compression à cœur. Lorsque les gradients thermiques diminuent dans le cylindre, une

inversion des contraintes s’effectue à environ 35 s. A la fin de la trempe (au-delà de l’échelle

de temps représentée), on prédit des contraintes résiduelles de compression (-367 MPa) en

surface et des contraintes de traction (335 MPa) à cœur. Celles-ci ont pour origine les

déformations plastiques accumulées pendant la trempe.

La Figure 52b montre les évolutions de déformation plastique cumulée à cœur et en surface

(dans la phase , la seule présente pour le Ti17). En surface, la déformation plastique s’effectue

sur une large gamme de température, de 920°C à 350°C pour atteindre 0,41%. A cœur, la

déformation plastique s’arrête à 800°C, car les contraintes sont plus faibles en ce point. La

déformation plastique atteint cependant 0,34%, ce qui est proche de la valeur en surface, parce

que le centre de l’échantillon reste plus longtemps à haute température.

Les profils de déformation élastique calculés sont en bon accord avec l’expérience (Figure 50a),

excepté pour la composante tangentielle, pour laquelle les incertitudes de mesure sont les plus

importantes. Cette bonne prédiction repose sur les lois de comportement qui ont été établies

expérimentalement avec précision pour la phase dans l’alliage Ti17 [104,136]. Les écarts sont

plus grands pour les profils de contraintes résiduelles. On peut l’attribuer au fait que les

incertitudes sur la composante tangentielle se répercutent sur toutes les composantes du tenseur

des contraintes.

Figure 52. Simulation thermomécanique, Alliage Ti17 : Evolution à la surface et au centre du cylindre : a)

contrainte axiale ; b) déformation plastique cumulée dans la phase .

Page 75: Approche globale matériau-procédé des traitements

74

3.2.6.2 Avec transformations de phases : alliage TA6V

La Figure 46b compare les évolutions de températures calculées à l’expérience aux quatre

points de mesure. La température calculée à la surface est également montrée pour illustrer les

gradients thermiques élevés près de la surface. L’accord entre simulation et expérience est

satisfaisant, malgré quelques écarts qu’on attribue à la complexité des conditions limites à la

surface, pour une trempe eau. Les cinétiques de transformations de phases sont également

tracées. Les courbes montrent la somme des fractions volumiques de phases et ’. En chaque

point, les transformations de phases induisent un ralentissement du refroidissement, à cause de

la chaleur latente de transformation. Les cinétiques de transformation étant rapides dans

l’alliage TA6V, elles commencent à haute température, 850°C aussi bien au centre qu’à la

surface de l’échantillon. Les évolutions de température étant différentes en chaque point, il en

résulte un gradient de microstructure dans l’échantillon (Figure 47). Deux régions du cylindre

peuvent être identifiées : une zone intérieure, dans un rayon inférieur à 10 mm, dans laquelle

les fractions de phases varient peu et une zone extérieure dans laquelle la fraction de martensite

augmente lorsqu’on approche de la surface. Ces simulations sont en bon accord avec le profil

de dureté, qui montre peu de variation sous un rayon de 10 mm, puis une augmentation en

approchant de la surface, qui provient de la fraction de martensite plus élevée (mais

probablement aussi de la morphologie plus fine de la phase , qui n’est pas prédite par le

calcul).

Les gradients de température induisent des contraintes internes pendant la trempe. La Figure 53

montre l'évolution de la contrainte axiale au centre et en surface d’après la simulation, ainsi que

la cinétique de transformation de phase. Les évolutions sont typiques de contraintes induites

par une opération de trempe. La surface, qui se refroidit plus rapidement, est d’abord mise en

traction jusqu'à 400 MPa après 15 s, tandis que le centre est mis en compression, avec des

contraintes de moindre ampleur (maximum 115 MPa). Lorsque la différence de température

entre le centre et la surface diminue, une inversion de contrainte se produit après 40 s : la surface

passe en compression et le centre en tension. À la fin de la trempe (au-delà de l'échelle de temps

représentée), les contraintes résiduelles prévues sont de -260 MPa à la surface et +260 MPa au

centre.

Les transformations de phases affectent temporairement les évolutions des contraintes, mais

celles-ci restent largement contrôlées par les gradients de température dans le cylindre. Ces

effets temporaires des transformations de phase ont été interprétés plus en détail dans des

simulations similaires sur l'alliage Ti17 [14]. Ces effets proviennent du changement de

comportement mécanique et de la chaleur dégagée par le changement de phase. Lorsque la

transformation de phases se produit à un certain point du cylindre, cela affecte l’ensemble des

distributions des contraintes. Néanmoins, leurs évolutions restent typiques des contraintes

induites thermiquement.

Les contraintes internes induisent des déformations plastiques lors de la trempe. La Figure 54

montre la déformation plastique équivalente cumulée en fonction de la température dans les

phases , et ’ au centre et à la surface du cylindre. A la surface et au centre, la partie la plus

importante de la déformation plastique se produit dans les phases et dans une plage de

températures élevées, supérieure à environ 750°C. En dessous de cette température, l’alliage

est trop résistant pour subir une déformation plastique. Toute la déformation plastique dans le

cylindre s’est produite pendant les 30 premières secondes de la trempe. Les déformations

plastiques les plus élevées se sont produites au centre, où p et p atteignent respectivement

0,44% et 0,26%. La déformation plastique atteinte au centre est plus élevée qu’en surface, car

la température est restée élevée pendant plus longtemps, ce qui a rendu l'alliage plus

déformable. Les déformations plastiques sont plus faibles dans la phase que dans la phase ,

Page 76: Approche globale matériau-procédé des traitements

75

car la phase a eu moins de temps pour se déformer après sa formation. La martensite n’a pas

subi de déformation plastique importante, en raison de sa température de formation basse,

inférieure à 650°C. Cela justifie la simplification effectuée dans le modèle thermomécanique,

où le même comportement mécanique était supposé pour les phases et ’ (§3.2.5).

Figure 53. Evolution de la contrainte axiale en surface et au centre d’après la simulation ; en traits fins :

cinétique de transformation de phase (fraction volumique +’).

Figure 54. Déformation plastique équivalente cumulée en fonction de la température dans les phases , et ’ ;

a) centre ; b) surface du cylindre.

Les profils radiaux de contraintes résiduelles prédits par la simulation sont tracés en Figure 51,

avec l'expérience. La moyenne des contraintes calculées dans les phases et ’ est tracée de

manière à pouvoir être comparée aux résultats de la diffraction des neutrons. Ces derniers sont

basés sur l'analyse des pics de diffraction {1122}𝛼, qui sont supposés représentatifs des deux

phases et ’. Les profils de contrainte résiduelle prévus sont caractéristiques de contraintes

induites thermiquement. Les contraintes résiduelles proviennent uniquement des déformations

plastiques cumulées dans les phases et . Plusieurs tendances sont en accord avec l'expérience

: des contraintes de traction et de compression sont prévues respectivement au centre et à la

surface pour les composantes axiale et tangentielle. La composante radiale a une amplitude plus

faible ; au centre, elle est en traction et égale à la composante tangentielle ; elle est nulle en

surface, conformément aux conditions aux limites et de symétrie.

Malgré la prédiction de ces tendances, il existe des écarts importants concernant l'ampleur des

contraintes résiduelles. Par exemple, la contrainte résiduelle axiale au centre est égale à 350

MPa selon la simulation et à 590 MPa selon l'expérience. Des différences similaires peuvent

être observées en Figure 51b concernant les composantes tangentielle et radiale du tenseur des

contraintes. En conséquence, les déformations élastiques sont sous-estimées, comme le montre

Page 77: Approche globale matériau-procédé des traitements

76

la Figure 51a (la déformation élastique moyenne entre les phases et ’ est tracée). L'origine

de ces écarts est discutée au §3.2.7.

3.2.7 Discussion : influence des transformations de phases sur la formation des

contraintes résiduelles

3.2.7.1 Effet sur la loi de comportement thermomécanique

Les effets potentiels des transformations de phases se manifestent dans l’alliage TA6V, l’alliage

Ti17 restant monophasé au cours de la trempe. (Pour ce dernier, la situation aurait été

différente lors de la trempe d’une pièce plus massive, qui aurait conduit à des transformations

de phase à cœur).

L’effet le plus direct des transformations de phases est de modifier le comportement

thermomécanique du matériau ainsi que ses propriétés thermophysiques en fonction de la

microstructure. La chaleur latente dégagée par les transformations de phase +/’ induit

également des évolutions de température complexes à l’intérieur du cylindre en TA6V pendant

le refroidissement. Néanmoins, comme décrit au §3.2.6.2, les évolutions des contraintes

internes ne sont que faiblement et temporairement perturbées par les transformations de phase

lors de la trempe, selon la simulation (figure 15). Afin d'estimer davantage ces effets, d'autres

simulations ont été menées avec différentes hypothèses concernant les transformations de

phases :

Suppression de la chaleur latente de transformation

Imposer une cinétique de transformation + très rapide (la fraction de phase suit la

valeur “d’équilibre” yMAX).

Supprimer la transformation de phases (l’alliage reste en phase ).

Les résultats de ces simulations sont présentés en Figure 55, en considérant la contrainte

résiduelle axiale. Il en ressort que les contraintes résiduelles calculées restent proches pour

toutes ces hypothèses. La suppression de la chaleur latente de transformation de phases induit

des changements négligeables, de même que l’hypothèse de transformation de phases très

rapide. Cela suggère à première vue qu'une prédiction précise de la cinétique de transformation

de phase n'est pas nécessaire. Plus surprenant, la suppression totale de la transformation de

phase change peu les prédictions (variation d'environ 40 MPa).

Figure 55. Profil radial de contraintes résiduelles axiales dans le plan médian d’après l’expérience (diffraction de

neutrons) et d’après la simulation avec différentes hypothèses : sans terme source, avec la fraction de phase

qui suit l’équilibre thermodynamique, sans transformations de phases, avec un coefficient de dilatation plus

grand. En bleu : simulation de référence présentée au §3.2.6.2.

Page 78: Approche globale matériau-procédé des traitements

77

Il y a deux raisons pour ces effets limités des transformations de phases. Premièrement, dans

ces simulations l’unique origine des contraintes résiduelles est dans les déformations plastiques

accumulées pendant le refroidissement. Ensuite, une grande partie de ces déformations est

cumulée avant le début des transformations de phase, lorsque l'alliage est toujours monophasé

. Ceci est illustré en Figure 54 : aussi bien au centre qu’à la surface, la déformation plastique

cumulée équivalente est plus élevée dans la phase et elle est cumulée en grande partie avant

le début de la transformation de phase +. Ensuite, la phase accumule moins de

déformation plastique, car le matériau est plus résistant à basse température. De plus, la phase

elle-même renforce rapidement le matériau. Plusieurs commentaires ressortent de ces

résultats :

Une connaissance précise du comportement thermomécanique de la phase est nécessaire

pour prédire les contraintes internes, car une grande part des déformations plastiques sont

générées lorsque l’alliage est encore monophasé . Comme mentionné au §3.2.5, il existe

peu de données disponibles dans la littérature concernant le comportement

thermomécanique de la phase dans l'alliage TA6V. Ce manque de données expérimentales

peut expliquer en partie les écarts entre les simulations et expériences (Figure 51).

Une hypothèse clé est de savoir dans quelle mesure les phases et ’ héritent de la

déformation plastique précédemment accumulée dans la phase lors des transformations

de phases ou ’. Dans les simulations présentées, un héritage complet est supposé,

ce qui conduit à une valeur haute des contraintes résiduelles.

D’après ce qui précède, la prédiction de la cinétique de transformation de phase peut

sembler inutile à première vue. Néanmoins, cette connaissance est nécessaire, car le début

des transformations de phases détermine à quelle température les déformations plastiques

vont ralentir et cesser rapidement.

3.2.7.2 Déformations induites par les transformations de phases

Dans les simulations qui précèdent, une hypothèse importante a été de négliger les déformations

induites par les transformations de phases et ’ : la variation de volume associée au

changement de structure cristallographique et la déformation de plasticité de transformation.

Pour la variation de volume, cette hypothèse s’appuie sur nos expériences de dilatométrie qui

n’ont pas permis de détecter de variation de volume au cours du refroidissement, pendant les

transformations de phases. La littérature confirme que les déformations macroscopiques

induites par les transformations de phases sont faibles dans les alliages de titane (voir par

exemple [110]).

Quant à la déformation de plasticité de transformation, elle a pu être mise en évidence dans des

travaux précédents sur l’alliage TA6V [137,138], mais pour des contraintes appliquées plus

faibles et des variations de température (donc des cinétiques de transformation) plus lentes que

pour nos expériences de trempe. Si de la plasticité de transformation s’est produite pendant nos

expériences de trempe, cela n’a pas changé drastiquement les évolutions de contraintes.

Afin de d’examiner si les déformations de transformations de phases peuvent vraiment être

négligées, des simulations supplémentaires ont été effectuées en introduisant une déformation

associée au changement de volume et une déformation associée à la plasticité de transformation.

La variation de volume relative (∆V/V0) associée aux transformations ou ’ est

supposée égale à 0,2%. C’est la valeur maximum rapportée dans la littérature. La déformation

de plasticité de transformation est estimée, comme dans des travaux précédents, par la

relation [139,140] :

Page 79: Approche globale matériau-procédé des traitements

78

𝑑𝜀𝑡𝑝 =3

2

𝑑𝜀𝑡𝑝

𝜎𝑠

(8)

où 𝑠 est le déviateur de la contrainte macroscopique, 𝜎 la contrainte équivalente de Von Mises

calculée à partir du tenseur des contraintes macroscopique. 𝑑𝜀𝑡𝑝 représente l’incrément de

déformation plastique cumulée équivalente associée à la plasticité de transformation :

𝑑𝜀𝑡𝑝 = 𝐾𝑡𝑝𝜎(𝑑𝑧 + 𝑑𝑧′)

(9)

La constante Ktp est estimée par :

𝐾𝑡𝑝 =5

6

1

𝜎𝑒

Δ𝑉

𝑉0

(10)

où e est la limite d’élasticité de la phase qui subit la déformation plastique, la phase dans

ce modèle. Elle est estimée à l’aide d’une relation empirique.

La Figure 56 montre le profil radial de contrainte résiduelle axiale calculée avec trois

simulations : sans déformations induites par transformation de phase (la simulation présentée

au §3.2.6.2), avec déformation de changement de volume et avec les déformations de

changement de volume et de plasticité de transformation. Le premier résultat est que la prise en

compte des déformations de transformations de phases n’a pas modifié de manière significative

les distributions de contraintes résiduelles, qui restent typiques de contraintes induites

thermiquement. Les valeurs des contraintes restent loin de l’expérience, surtout au centre. Avec

la prise en compte de la seule contrainte de variation de volume, l'amplitude des contraintes

résiduelles prévues devient encore plus faible.

En revanche, l’ajout de la déformation de plasticité de transformation conduit bien à une

augmentation des contraintes résiduelles prédites par rapport au cas de référence. La

déformation plastique cumulée supplémentaire (dans la phase ) atteint par exemple 0,47% et

0,25% au centre et à la surface. C’est le même ordre de grandeur que les déformations plastiques

cumulées présentées en Figure 54 et donc la “source” supplémentaire de déformation plastique

est bien à prendre en considération. Les contraintes prédites restent cependant plus basses que

pour l’expérience. Mentionnons cependant que l’estimation de la déformation de plasticité de

transformation n’est qu’une première approche. La plasticité de transformation pourrait aussi

provenir de phénomènes d’orientation des produits (effet Magee). Des travaux expérimentaux

pourraient être utiles pour estimer ces effets.

Page 80: Approche globale matériau-procédé des traitements

79

Figure 56. Profil radial de contraintes résiduelles axiales dans le plan médian d’après l’expérience (diffraction de

neutrons) et d’après la simulation avec trois hypothèses : déformations induites par la transformation de phases

égales à zéro, prise en compte d’une variation de volume, prise en compte des deux déformations de

transformation.

3.2.7.3 Origine des écarts entre simulation et expérience

Les écarts entre simulation et expérience concernant les niveaux de contraintes résiduelles sont

importants pour l’alliage TA6V, même en essayant d’ajouter des déformations induites par les

transformations de phases. On peut mentionner les origines suivantes pour ces écarts.

Le manque de connaissance du comportement thermomécanique de la phase , alors qu’une

part importante des déformations plastiques sont générées lorsque l’alliage est encore

monophasé (voir §3.2.6.1). La plupart des données de la littérature proviennent de travaux

sur des traitements industriels à haute température [141–144], soit des déformations et des

vitesses de déformation trop élevées par rapport aux déformations générées par la trempe.

Les résultats disponibles concernant des vitesses de déformation plus proches (10-4-10-3 s-

1) concernent toujours des mélanges + [107,145]. On peut souligner que pour l’alliage

Ti17 (qui reste monophasé ), les prédictions montrées au §3.2.6.1 sont plus proches de

l’expérience, ce qu’on peut attribuer à une meilleure connaissance du comportement

mécanique de la phase , établi en références [134,136].

On n’a pas considéré d’écrouissage cinématique, alors que les différentes parties du cylindre

subissent successivement des contraintes de sens opposé.

Le manque de précision du modèle thermomécanique dans le domaine + : ses paramètres

ont été identifiés à partir d’essais de traction réalisés [107] sur des échantillons avec une

microstructure + plus grossière que pour nos expériences de trempe (présence de nodules

de phase primaire au lieu de phase aciculaire uniquement dans nos expériences).

Cependant, l’impact limité du modèle thermomécanique dans le domaine + a été

mentionné précédemment : une fois que les transformations de phases commencent, la

limite d’élasticité augmente rapidement, ce qui met fin aux déformations plastiques quel

que soit le modèle thermomécanique précis considéré pour le mélange +.

Finalement, une grande incertitude concerne les coefficients de dilatation des phases et

. Ce paramètre est déterminant pour les simulations, puisque les contraintes internes ont

pour origine les gradients thermiques générés pendant la trempe. Des expériences de

dilatométrie ont été effectuées sur trois échantillons différents pour établir les coefficients

de dilatation. Des valeurs différentes ont été obtenues d’une expérience à l’autre, allant de

9,0 à 13,1 10-6 K-1 pour la phase et de 11,5 à 12,8 10-6 K-1 pour la phase . Par ailleurs la

direction de prélèvement transverse ou longitudinale dans la billette semble avoir une

Page 81: Approche globale matériau-procédé des traitements

80

influence, sans qu’une tendance n’ait pu être établie. De la même manière, une large gamme

de valeurs peut être trouvée dans la littérature [102,110,130,146].

Afin de montrer l'impact du coefficient de dilatation thermique sur les simulations, la même

simulation que celle présentée au §3.2.6.2 a été effectuée en supposant un coefficient de

dilatation thermique de 13.10-6 K-1 pour les deux phases et au lieu de 10.10-5 K-1 précédemment.

Un meilleur accord avec l’expérience est obtenu (Figure 55), montrant ainsi que ce paramètre

peut être l'une des causes de la sous-estimation des contraintes résiduelles. Les déformations

élastiques calculées sont encore plus convaincantes.

3.2.8 Conclusion

La formation des contraintes internes macroscopiques lors de la trempe dans l’eau

d’échantillons de laboratoire d’alliages Ti17 et Ti-6Al-4V a été étudiée expérimentalement et

par la simulation, afin d'établir l'influence possible des transformations de phases. Deux

échantillons cylindriques de même géométrie (diamètre 40 mm) ont été trempés dans l’eau

après un traitement de mise en solution dans le domaine . Les échantillons ont été instrumentés

avec des thermocouples pour suivre les évolutions de température dans le plan médian. La

microstructure a été caractérisée après la trempe. Les contraintes résiduelles ont été déterminées

par diffraction de neutrons au cœur des échantillons et par la méthode du trou incrémental près

de la surface.

L’échantillon en alliage Ti17 n’a subi aucune transformation de phases : il est resté monophasé

à cause du refroidissement rapide. Les contraintes résiduelles ont été générées par les

gradients thermiques. Une prédiction satisfaisante est possible grâce à un modèle

thermomécanique couplé à un calcul thermique établi précédemment. Une partie importante de

ce modèle est la connaissance précise du comportement thermomécanique de l'alliage à l’état

monophasé , grâce à des travaux précédents.

L’alliage TA6V a subi des transformations de phases + et ’ pendant la trempe,

conduisant à un gradient de microstructure et de dureté au sein du cylindre. Les transformations

de phases n’affectent cependant pas de manière significative les distributions de contraintes

résiduelles, qui restent caractéristiques de contraintes d’origine thermique.

Un modèle couplé thermique, métallurgique (cinétique de transformation de phase) et

mécanique a été établi afin de simuler la trempe. La simulation confirme que les transformations

de phase ont un faible impact “direct” sur les évolutions des contraintes internes. Néanmoins,

la connaissance des transformations de phases et la prédiction des cinétiques associées reste

nécessaire pour comprendre la genèse des contraintes. Les transformations de phases renforcent

rapidement le matériau ce qui interrompt l’accumulation des déformations plastiques à l'origine

des contraintes résiduelles. En effet, la déformation plastique se produit en grande partie lorsque

l’alliage TA6V est toujours à l’état monophasé . Une connaissance précise du comportement

mécanique de l’alliage TA6V à l’état monophasé doit être établie pour des prévisions plus

précises dans cet alliage. Enfin, des phénomènes de plasticité de transformation pourraient être

à prendre en considération.

Page 82: Approche globale matériau-procédé des traitements

81

4 Projet de recherche

4.1 Introduction

Comme pour mon activité récente, mon projet de recherche s’organise autour de l’approche

globale matériau-procédé des traitements thermomécaniques des alliages métalliques, avec

deux volets : l’étude des transformations de phases à l’état solide et les couplages thermique,

mécanique et transformations de phases.

Sur le volet transformations de phases, il est important d’approfondir les études précédentes :

Sur la transformation austénitique lors du recuit intercritique d’aciers DP : certains

mécanismes restent à confirmer, un modèle cinétique reste à établir. On abordera aussi

l’effet de microadditions de Nb, puis à plus long terme l’effet du bore (§4.2.1).

Sur l’influence de l’azote sur la décomposition de l’austénite, les mécanismes de

transformations de phases restent à établir (§4.2.2).

Un autre sujet de recherche se développe depuis quelques années sur les phénomènes de

précipitation au cours de traitements de revenu d’aciers principalement martensitiques (§4.2.3).

Plusieurs projets en cours ou à venir permettront d’étudier une large gamme de microstructures

initiales (en se focalisant sur des aciers faiblement alliés) : martensite, nanobainite ou encore

martensite enrichie en azote. On considérera l’autorevenu, des traitements de revenu

“conventionnels”, de revenu secondaire ou encore par chauffage rapide (revenu par induction).

Les objectifs scientifiques et les méthodologies sont évoqués dans le détail des projets.

Sur le volet transformations de phases, un autre projet portera sur la formation de

microstructures bainitiques sans carbures : il s’agira d’établir l’effet d’un refroidissement

continu, plutôt que des traitements isothermes plus largement étudiés dans la littérature.

Certains thèmes communs apparaîtront avec l’étude du revenu : la stabilité de l’austénite (ou sa

décomposition), la redistribution du carbone entre ferrite/martensite et austénite en interaction

avec les phénomènes de précipitation, ou encore la ségrégation du carbone aux défauts

(dislocations, joints de phases).

Sur le volet couplages thermique, mécanique et transformations de phases, un projet sur le long

terme reste l’effet de gradients de concentration en carbone et en azote (issus de traitements de

cémentation et de carbonitruration) sur la genèse des contraintes. (Ce projet concerne aussi le

volet transformations de phases, avec les effets de l’azote sur la décomposition de l’austénite

et le revenu de la martensite). L’étude présentée dans le bilan sera poursuivie pour considérer

des traitements de trempe interrompue et des traitements de revenu (§4.3.1). Il s’agira

d’examiner les conséquences sur la genèse des contraintes des évolutions microstructurales

induites : précipitation de carbures, stabilisation ou décomposition de l’austénite. Ce projet

interagira donc fortement avec les autres travaux sur les traitements de revenu des aciers.

L’activité sur les couplages s’élargira avec deux thématiques :

La sollicitation sous conditions extrêmes des matériaux (cycle thermique rapide,

déformation plastique, vitesse de déformation) : l’exemple choisi concerne les contraintes

résiduelles générées au cours d’opérations d’usinage (§4.3.2). L’influence des

transformations de phases est peu étudiée à ce jour pour ces procédés.

Etendre l’analyse à une approche englobant le procédé et le matériau, tandis que les études

précédentes étaient centrées sur le matériau. Il s’agira de considérer son interaction avec un

milieu de refroidissement (transfert de chaleur, phénomènes de surface, dynamique du

fluide, …) Un projet vient de démarrer sur les méthodes inverses pour estimer les flux de

refroidissement lors d’essais de trempe (voir §4.3.3).

Page 83: Approche globale matériau-procédé des traitements

82

Pour ces deux projets qui seront menés en collaboration externe à l’IJL, il s’agira d’examiner

l’influence des transformations de phases sur les évolutions thermiques et sur la genèse des

contraintes.

La démarche de recherche comprendra toujours des caractérisations expérimentales et le

développement de modèles à base physique. Les aspects expérimentaux seront menés en

collaboration avec des experts des techniques (MET haute résolution, EBSD-3D, Grands

Instruments…) En revanche, je m’investirai dans les développements de modèle.

Les différents projets sont présentés brièvement dans les parties suivantes. Certains sont en

cours mais pour d’autres, un cadre reste à définir.

4.2 Transformations de phases à l’état solide

4.2.1 Transformation austénitique au cours du recuit intercritique d’aciers Dual-Phase

Les résultats présentés au §2.1 sur le recuit intercritique ouvrent la voie à de futurs travaux de

recherche. Les mécanismes de transformations de phases identifiés restent à confirmer ; le

modèle cinétique proposé est provisoire et il faut le confronter à davantage d’expériences :

Le mécanisme proposé pour la morphogénèse de l’austénite suppose un rôle crucial des

“carbures isolés” (voir §2.1.3) qui est peu mentionné dans la littérature. Modifier la

microstructure initiale permettra de tester cette hypothèse. Un sujet annexe concerne le

mécanisme de formation de ces carbures.

On a écarté pour l’instant l’influence possible des microségrégations Mn sur une

transformation plus rapide de l’austénite et la morphogénèse en bandes. On peut atténuer

ces microségrégations par un traitement d’homogénéisation pour examiner les

conséquences sur la transformation austénitique.

La présence de défauts dans la ferrite non recristallisée ne semble pas accélérer sa

transformation en austénite d’après nos observations microstructurales, ce qui va à

l’encontre de plusieurs études de la littérature. Des expériences supplémentaires de DRX in

situ (déjà effectuées mais pas encore exploitées) seront analysées pour comprendre plus

avant l’interaction entre recristallisation et transformations de phases.

Le modèle cinétique n’a été confronté pour l’instant qu’à des mesures expérimentales de

cinétiques globales. Il faut encore le confronter à des mesures microstructurales plus

précises (tailles de grains d’austénite, fraction de ferrite recristallisée, etc...)

On apportera plusieurs améliorations au modèle : (i) la représentation géométrique de la

microstructure qui décrit mal pour l’instant les dernières étapes de la transformation

austénitique (inversion de topologie lors de la croissance aux joints de grains puis vers

l’intérieur du grain, redistribution à longue distance du carbone, des îlots de perlite vers la

matrice) ; (ii) introduction d’un flux de germination pour l’austénite et d’une distribution de

taille et de composition pour les carbures (iii) enfin, on peut considérer des écarts à l’équilibre

local aux interfaces (mobilité finie, solute drag). Ces développements de modèle et la meilleure

compréhension des mécanismes serviront de base pour définir un outil numérique à faible coût

de calcul pour application industrielle. Il s’agit aussi d’étendre le domaine d’application du

modèle (paramètres de traitement, de microstructure initiale…)

Page 84: Approche globale matériau-procédé des traitements

83

Un nouvel axe d’étude portera sur l’effet des éléments de microalliage (on considérera le Nb,

utilisé pour affiner les microstructures). La présence de Nb en solution solide et de carbures

NbCN affectera fortement les mécanismes de restauration, recristallisation et transformation

austénitique. Une étude expérimentale et une simulation de la germination-croissance-

coalescence des NbCN sera proposée, respectivement pour les matrices ferritique et

austénitique. Quelques caractérisations par MET et sonde atomique seront nécessaires. Le

modèle de transformation austénitique sera modifié pour tenir compte de la présence des NbCN.

Un thème à approfondir reste la stabilité des carbures. Sur la nuance étudiée au §2.1, les

carbures subsistent rarement au recuit intercritique et une analyse des effets de composition

chimique permet d’interpréter ces résultats. Mais sur d’autres nuances, les carbures présentent

une plus grande stabilité. La composition chimique des carbures est un paramètre de premier

ordre. Des observations microstructurales suggèrent aussi que les carbures proeutectoides

peuvent être absorbés par la croissance de l’austénite, conduisant à un régime plus lent de

dissolution dans l’austénite.

Ces travaux ont pour cadre la thèse CIFRE (coll. IJL – Arcelor-Mittal suivie par Frédéric

Bonnet) de Clélia Couchet, dirigée par Sébastien Allain et que je co-dirige. Début : octobre

2020.

4.2.2 Effets d’un enrichissement en azote d’aciers faiblement alliés sur la

décomposition au refroidissement de l’austénite : mécanismes et influence des

éléments d’alliage

Comme on l’a vu au §2.2, l’état de l’art sur les effets d’un enrichissement en azote sur la

décomposition de l’austénite est limité, les travaux précédents se focalisant sur des systèmes

modèles, surtout Fe-N. Nos résultats sur des aciers faiblement alliés ont montré qu’un

enrichissement en azote de l’austénite (~0,25%m) induit des microstructures nouvelles et des

effets cinétiques inattendus, avec une accélération de la décomposition de l’austénite, malgré

le caractère stabilisateur de l’austénite de l’azote. Les microstructures résultantes sont

complexes, avec un affinement des grains de la matrice ferritique, la présence de différents

nitrures, principalement CrN, et de cémentite. Ces microstructures sont associées à une

augmentation des propriétés mécaniques (dureté). On attribue pour l’instant ces effets à des

nitrures de chrome CrN formés dans l’austénite pendant l’enrichissement et qui favoriseraient

la germination de la ferrite. Des techniques expérimentales comme le MEB, le MET, la DRX

synchrotron in situ ont permis de caractériser les microstructures formées et les cinétiques. Par

contre, elles n’ont pas permis de mettre en évidence les mécanismes de transformation. Des

approches nouvelles sont nécessaires et nous suivrons trois voies différentes :

(i) Explorer l’apport de la microscopie d’orientations par EBSD couplée à la nanotomographie

dans un MEB-FIB (FIB : Focused Ion Beam) pour mieux localiser les CrN au sein de la

microstructure tri-dimensionnelle et leur relation d’orientation (RO) cristallographique avec les

grains de ferrite voisins. Une RO de Baker-Nutting est attendue si la ferrite a germé sur les CrN

[9] mais peu d’observations le confirment pour l’instant. Dans le cas particulier de la bainite

Page 85: Approche globale matériau-procédé des traitements

84

(ferrite bainitique), l’autre apport de l’EBSD sera d’en caractériser la microtexture à l’aide des

logiciels MERENGUE/DECRYPT développés au LEM3 : distributions de désorientation, de

tailles, de l’organisation en blocs/sous-blocs… Ces paramètres dépendent des mécanismes de

transformation.

(ii) Identifier les sites de germination de la ferrite en mobilisant des méthodes d’observations

microstructurales in situ : microscopie confocale in situ (échelle du microscope optique) pour

identifier les premiers grains de ferrite formés combinée à du MEB en post mortem pour

préciser les sites de germination. En complément, des observations in situ en MET (platines et

porte-échantillons chauffants) pourront être mises au point.

(iii) Initier une approche indirecte d’étude du rôle des nitrures CrN en élaborant un acier modèle

23MnMo5 identique à l’acier précédent, mais sans chrome pour empêcher la formation de

nitrures CrN. On examinera sur cet acier si, en l’absence de ces nitrures, les effets de l’azote

restent les mêmes. Il s’agira de définir pour le nouvel acier un procédé d’enrichissement basé

sur l’analyse thermodynamique de la réaction gaz-solide, et le mettre en œuvre sur un four à

thermobalance avec suivi in situ de la prise de masse et de la composition des gaz [18].

Ces résultats doivent permettre de comprendre les mécanismes de transformations de phases

après un enrichissement en azote de l’austénite. A plus long terme, on développera sur cette

base une modélisation des transformations de phases, une étape supplémentaire vers le contrôle

et l’optimisation des traitements de carbonitruration ; le modèle métallurgique actuel est

empirique et peu précis quant à l’influence de la concentration en azote. Enfin le volet sur l’effet

des éléments d’alliage (23MnMo5) pourrait être un premier pas vers le design de nuances

d’alliages dédiés à des traitements de carbonitruration.

Ces perspectives auront d’abord pour cadre un projet RESEM de l’IRT-M2P avec un post-doc

d’une durée d’un an (Madhumanti Mandal, début : 09/2020), en collaboration avec Sabine

Denis et le LEM3 (Nathalie Gey, Lionel Germain), puis une poursuite de ce post-doc pour 6

mois avec le soutien du Labex DAMAS.

4.2.3 Séquences de précipitation pendant le revenu d’aciers martensitiques et

nanobainitiques

Le revenu de la martensite et plus généralement les systèmes subissant un phénomène de

précipitation avaient fait l’objet de travaux de recherche précédents à l’IJL [147–150]. En

particulier, dans le cadre de la thèse de Yunning Wang [148,149], la séquence de précipitation

carbure de transition / cémentite avait été considérée au cours du revenu d’un acier

martensitique faiblement allié Fe-C-Cr-Mn. Les cinétiques de précipitation et les évolutions

microstructurales avaient été caractérisées, notamment par MET. Un modèle de germination-

croissance-coalescence avait été développé à partir de cette base expérimentale.

Page 86: Approche globale matériau-procédé des traitements

85

Les travaux de recherche se poursuivent sur ce thème avec plusieurs études. La microscopie en

transmission est mise en œuvre pour identifier et caractériser les précipités pendant la séquence

de précipitation ; la DRX in situ permet d’établir les cinétiques et d’analyser les évolutions de

composition chimiques et de contraintes, via les paramètres de maille. Un modèle de

précipitation est développé pour compléter l’analyse des mécanismes sur les nouveaux

systèmes étudiés, en comparant les prédictions quantitatives aux expériences.

La première étude concerne le revenu d’un acier nanobainitique à durcissement secondaire (Fe-

0.67C-1.3Mn-1.7Cr-1.7Si-1.0Mo-0.5V). Elle a pour cadre la thèse de Steve Gaudez, (soutenue

en Janvier 2021). Par rapport au cas plus classique du revenu de la martensite, plusieurs points

sont abordés :

La microstructure initiale nanobainitique se compose principalement de lattes de ferrite de

taille nanométrique (épaisseur 20-60 nm) avec une proportion élevée d’austénite résiduelle

(15-40%). Il s’agit d’examiner la séquence de précipitation au sein de la ferrite bainitique

(au lieu de la martensite). D’autre part, un point intéressant concerne l’évolution de

l’austénite. Plusieurs phénomènes simultanés vont interagir : la précipitation dans la ferrite,

la décomposition de l’austénite en ferrite et en carbures et la partition du carbone entre la

ferrite et l’austénite.

La précipitation secondaire (due aux éléments Mo et V) : outre la formation de précipités

M2C ou MC (en plus des carbures de transition et de la cémentite), il faut considérer des

évolutions plus complexes de composition chimique des carbures induites par la

redistribution des éléments substitutionnels, en interaction avec le phénomène de

coalescence.

Une autre étude (terminée, dont les résultats sont en cours de publication) concerne le revenu

de la martensite au cours du chauffage rapide (par induction) d’un acier AISI4140. Le chauffage

rapide (jusqu’à 2000°C.s-1) induit une précipitation plus fine. Ce phénomène est bien

documenté, mais plusieurs origines sont possibles [151,152] : une augmentation de la force

motrice ou une restauration moins avancée des dislocations, laissant disponibles davantage de

sites de germination pour les carbures. Les prédictions quantitatives du modèle doivent

permettre d’estimer la contribution de ces deux effets.

Une autre étude concerne le revenu d’aciers à bas carbone (0,1-0,2%mC) faiblement alliés. La

microstructure martensitique est hétérogène du fait de la formation des lattes de martensite sur

une large gamme de température (Ms élevé). Chaque latte de martensite subit un cycle

thermique et une séquence de précipitation spécifiques. La modélisation cinétique doit inclure

l’autorevenu et en particulier le phénomène de ségrégation du carbone aux défauts

(dislocations, joints de lattes…) Le calcul du durcissement (hétérogène) induit par la

précipitation fera partie d’un modèle plus large pour le comportement mécanique associé à la

microstructure.

Enfin, une dernière étude concerne également des aciers faiblement alliés pour lesquels on

s’intéresse plus particulièrement aux phénomènes d’autorevenu, liés à l’épaisseur des produits

considérés au cours d’un traitement industriel de trempe puis revenu.

Page 87: Approche globale matériau-procédé des traitements

86

Ces travaux ont pour cadre respectivement :

Un programme européen RFCS (Steelseco) et la thèse de Steve Gaudez (09/2017-01/2021),

dirigée par Sabine Denis et que j’ai co-dirigée.

Une collaboration (09/2017-04/2018) avec l’Institut de Technologie de Karlsruhe, (Daniel

Kaiser, Volker Schulze).

La thèse LUE de Juan Macchi (début 2019), dirigée par Sébastien Allain, et que je co-

dirige et également le programme européen RFCS MIPRE (Advanced metallurgical and

micromechanical modelling to deploy the microstructural tailoring potential of press

hardening), depuis 07/2020.

Le stage M2 de Julien Caboret (début Avril 2021) que j’encadre, en collaboration avec

Industeel et ArcelorMittal Maizières.

Une autre perspective en lien avec les projets sur la carbonitruration (§2.2, §3.1, §4.2.2, §4.3.1)

concerne le revenu (et l’autorevenu) de la martensite d’un acier faiblement allié enrichie en

azote. Peu de travaux existent sur ce thème. Nos approches expérimentales et de simulation

doivent nous permettre d’identifier les mécanismes de transformations de phases et de

construire un modèle à base physique.

Cette nouvelle aura pour cadre une nouvelle thèse, dirigée par Sabine Denis, qui commencera

en septembre 2021 (Contrat Doctoral de l’Université de Lorraine).

A plus long terme, les modèles de précipitation issus de ces travaux pourront être intégrés à des

simulations de traitements thermiques pendant lesquels se produisent des phénomènes de

précipitation (autorevenu pendant une trempe interrompue, relaxation de contraintes de trempe

au cours du revenu…)

Page 88: Approche globale matériau-procédé des traitements

87

4.2.4 Etude, caractérisation et modélisation de la formation des microstructures

bainitiques sans carbure au cours du refroidissement continu

Malgré leurs potentialités (coût, enjeu environnemental), les traitements de refroidissement

continu sont peu mis en œuvre pour obtenir des microstructures bainitiques. L’obstacle majeur

est le manque de connaissance des mécanismes de la transformation bainitique, de manière

générale et en particulier pendant un refroidissement continu. Les difficultés proviennent des

différentes caractéristiques de la transformation bainitique, entre autres le caractère mixte

diffusif displacif, la microtexture cristallographique hiérarchique complexe et le phénomène de

transformation incomplète. L’étude de la transformation bainitique en conditions anisothermes

présente des difficultés supplémentaires puisque les paramètres régissant ces différentes

caractéristiques varient simultanément avec la température.

L’approche suivie comprend un volet expérimental et de modélisation. Le volet expérimental

(qui est en cours) comprend la caractérisation des cinétiques et des microstructures /

microtextures à l’aide de la dilatométrie, l’EBSD, la DRX in situ et le MET couplé au système

ASTAR. On développera un modèle de germination-croissance qui validera notre

compréhension des mécanismes de transformation et qui prédira les cinétiques globales, les

distributions de tailles de lattes, la composition de l’austénite non transformée.

Un premier modèle récent de la littérature [153] basé sur l’approche non-diffusive a été mis en

place. La prédiction cinétique repose essentiellement sur le flux de germination des nouvelles

sous-unités de ferrite bainitique, aux joints de grains d’austénite ou autocatalytique. Le modèle

tient compte du carbone rejeté par la ferrite dans l’austénite pour estimer le ralentissement de

la cinétique puis la stabilisation de l’austénite. Ce modèle a été appliqué sur un système proche

à celui que nous étudierons [68]. Un résultat satisfaisant est l’accord entre simulation et

cinétiques de transformation bainitique expérimentales, sans ajuster les paramètres. Le modèle

permet déjà de prédire une cinétique anisotherme non-additive (traitement étagé) ainsi que des

distributions de tailles de sous-unités de ferrite bainitique. Pour la suite on ne se limitera ni à ce

modèle, ni à l’approche displacive et on examinera l’apport des différents modèles introduits

dans la littérature.

L’étude a pour cadre la thèse CIFRE Ascometal-CREAS (suivi : Thomas Sourmail) de Cécile

Rampelberg (début 2018), dirigée par Sébastien Allain et que je co-dirige.

Page 89: Approche globale matériau-procédé des traitements

88

4.3 Genèse des contraintes internes : influence des transformations de phases

4.3.1 Influence de gradients de concentration en carbone et en azote sur la genèse des

contraintes internes pendant la trempe interrompue

Les nouvelles méthodologies présentées au §3.1 ont permis de comprendre la genèse des

contraintes internes au cours du refroidissement après un traitement de cémentation ou de

carbonitruration d’un acier faiblement allié. Ces nouvelles approches nous permettent

d’envisager de nouveaux axes de recherche concernant les traitements thermochimiques de

surface et plus particulièrement l’influence de l’autorevenu et de la stabilisation de l’austénite

au cours du refroidissement.

Plusieurs questions scientifiques restent ouvertes à l’issue de notre étude précédente sur

l’influence de gradients de concentration en carbone et en azote sur la genèse des contraintes.

Jusqu’à présent, on n’a considéré que des refroidissements continus, avec néanmoins des

ralentissements à plus basse températures qui peuvent induire l’autorevenu de la martensite en

cours de formation et la stabilisation de l’austénite, phénomènes qui ne sont pas pris en compte

actuellement.

On étudiera expérimentalement les évolutions microstructurales induites par des traitements

thermiques interrompus (comme la trempe dans l’huile chaude ou la trempe au gaz) : l’auto-

revenu de la martensite, la stabilisation chimique et mécanique de l’austénite et sa possible

décomposition en ferrite et en carbures. Ces observations serviront de base à des modèles à

base physique puis globaux pour prédire les évolutions microstructurales qui seront couplés à

une simulation de la genèse des contraintes.

On utilisera les approches introduites au §3.1 et on considérera aussi bien les effets d’un

enrichissement en carbone (cémentation) que d’un enrichissement en carbone et en azote

(carbonitruration). Le cas de la carbonitruration sera plus exploratoire en ce qui concerne les

évolutions microstructurales : il faudra considérer le revenu ou l’auto-revenu d’une martensite

enrichie en azote, qui a fait l’objet de peu de travaux dans la littérature. On mettra également à

profit les nouveaux résultats sur les effets de l’azote, que l’on attend du projet sur les

mécanismes de transformations de phases (§4.2.2).

Page 90: Approche globale matériau-procédé des traitements

89

4.3.2 Sollicitations thermomécaniques sous conditions extrêmes : étude d’un procédé

d’usinage

Les performances en service, la fiabilité et la durée de vie des pièces usinées dépendent

fortement des profils de contraintes résiduelles et de microstructures induits par l’usinage. La

prédiction de ces profils passe par la simulation et la validation par des expériences.

Généralement, les simulations se focalisent au premier ordre sur les évolutions

thermomécaniques induites par le passage de l’outil (déformation plastique, écrouissage et/ou

adoucissement, échauffement, puis refroidissement dépendant des conditions de

lubrification…) La prise en compte des évolutions microstructurales et des relations

microstructure / comportement mécanique permet d’améliorer les prédictions (ex : [154]). Des

progrès importants restent à faire pour améliorer cette prise en compte, qui n’a fait l’objet que

de travaux récents, particulièrement en ce qui concerne les transformations de phases.

C’est pourquoi nous avons initié une étude avec le LEM3 (M. Nouari, A. Moufki) pour

examiner l’influence des transformations de phases sur les microstructures et les contraintes

résiduelles générées au cours d’une opération d’usinage, dans un acier faiblement allié

(42CrMo4), pour lequel on attend des effets significatifs. Une étude de simulation

thermomécanique a été effectuée au LEM3 pour identifier les paramètres d’usinage (vitesse de

coupe, profondeur de passe) qui mettront en évidence des effets de transformations de phases.

L’analyse (à l’IJL) des résultats expérimentaux avait pour objectif d’examiner les conséquences

sur les microstructures et les contraintes résiduelles.

Il reste encore à établir si un système approprié a bien été identifié pour montrer des effets de

transformations de phases. Si c’est le cas, on poursuivra avec, sur le volet transformations de

phases, l’étude d’évolutions microstructurales en cycles thermiques rapides, de l’interaction

avec la déformation plastique (présence de défauts, interaction avec des phénomènes de

recristallisation) et l’influence des contraintes. Concernant la genèse des contraintes, l’analyse

devra intégrer les évolutions thermiques mécaniques et métallurgiques lors du passage de l’outil

puis lors du refroidissement. Les premières simulations réalisées n’ont pour l’instant pas intégré

les effets des transformations de phases.

L’étude a eu pour cadre le stage de Master 2 d’Asmae Elochi (2019), que j’ai encadré, avec

Mohammed Nouari, Abdel Moufki, et Sabine Denis ; collaboration IJL-LEM3.

Page 91: Approche globale matériau-procédé des traitements

90

4.3.3 Etude du transfert de chaleur entre matériau et milieu de refroidissement

Par rapport au reste de mon activité sur les couplages et la genèse des contraintes, ce thème de

recherche vise à englober dans l’analyse le procédé en plus du matériau. (Les projets

mentionnés précédemment sont davantage centrés sur le matériau). Il s’agit étudier les

phénomènes thermiques, thermohydrauliques et physico-chimiques se produisant entre un

matériau et son milieu de refroidissement (jet d’eau ou trempe par exemple). L’ébullition en

paroi du fluide de refroidissement et le remouillage de la paroi déterminent les conditions

limites pour la conduction de la chaleur dans le matériau pendant le refroidissement. Une

physique complexe régit le comportement en paroi du fluide de refroidissement. Elle met en

jeu le couplage entre plusieurs phénomènes : thermohydrauliques (propriétés du fluide telles

que la viscosité, la vitesse, la température ou la pression…), physico-chimiques (mouillabilité

de la paroi principalement). Dans le matériau, il faut considérer les évolutions de propriétés

thermophysiques qui dépendent des évolutions microstructurales ainsi que l’enthalpie de

transformations de phases.

Ce thème est mené en collaboration avec le laboratoire LEMTA (à Nancy, M. Gradeck, V.

Schick) qui ont développé une expertise sur les problématiques de transfert thermique. La

contribution de l’IJL concerne les évolutions couplées thermiques mécaniques et

métallurgiques au sein du matériau, avec en particulier l’influence des transformations de

phases.

Un projet s’inscrivant dans ce thème de recherche vient de démarrer (RESEM IRT-M2P durée

de un an). Il vise à développer une méthodologie d’estimation des flux de refroidissement

adaptée à des situations de trempe et des géométries de pièces complexes (tubes pleins, creux,

plaques) refroidis par différents dispositifs de trempe par jets d’eau. Le projet comprend le

développement au LEMTA d’un modèle numérique pour la diffusion de la chaleur pour estimer

ces flux par méthode inverse et une étude expérimentale à l’aide d’une installation pilote de

l’IRT-M2P. La difficulté réside d’une part dans la large gamme de conditions de

refroidissement et de géométries considérées et d’autre part dans la variabilité spatiale et

temporelle des propriétés thermophysiques. La contribution de l’IJL concerne la modélisation

des cinétiques de transformations de phases. Celle-ci est nécessaire pour simuler les évolutions

thermiques à cause de l’enthalpie de transformation (dégagement exothermique au

refroidissement) et de l’évolution des propriétés thermophysiques en fonction de la

microstructure.

L’étude a pour cadre le post-doc d’Arthur Oliveira (un an, début 07/20) ; le projet RESEM

iMasque auquel je participe avec Sabine Denis pour l’IJL, est mené en collaboration avec le

LEMTA (Michel Gradeck, Vincent Schick) et l’IRT-M2P (David Maréchal).

Page 92: Approche globale matériau-procédé des traitements

91

5 ANNEXE : CV, liste de publications

5.1 CV

Julien TEIXEIRA IJL – UMR7198 – SI2M

Campus ARTEM

2, allée André Guinier – BP 50840

F-54011 NANCY CEDEX

03 72 74 26 90

[email protected]

PARCOURS SCIENTIFIQUE

Depuis 2008

2006-2008

2001-2005

Avril – Août

2001

CR CNRS, Laboratoire de Science et Génie des Matériaux et Métallurgie (LSG2M)

jusqu’en 2009, puis Institut Jean Lamour (UMR7198), Département “Science et

Ingénierie des Matériaux et Métallurgie”, Groupe “Microstructures et Contraintes”.

Séjour post-doctoral à l’Université de Monash, à Melbourne en Australie, dans le

groupe de recherche dirigé par Christopher Hutchinson, portant sur le design de

traitements anisothermes d’alliages d’aluminium multiphasés afin d’améliorer leurs

propriétés mécaniques. Contrat financé par l’ARC (Australian Research Council).

Thèse de doctorat au LSG2M, Ecole des Mines de Nancy, sous la direction

d’Elisabeth Gautier, sur l’étude expérimentale et la modélisation des évolutions

métallurgiques lors des traitements thermomécaniques de l’alliage de titane Ti17.

Convention CIFRE avec Snecma Moteurs.

Travail de Fin d’Etudes et stage de DEA au Centre des Matériaux P-M FOURT,

Ecole des Mines de Paris, sous la direction de Michel Jeandin. Développement

d’une nouvelle méthode de fabrication de moules fondée sur la projection plasma.

FORMATION

2001 – 2005 Doctorat en Science et Ingénierie des Matériaux. « Etude expérimentale et

modélisation des évolutions métallurgiques lors des traitements thermomécaniques

de l’alliage de titane Ti17. » Thèse CIFRE Snecma Moteurs- LSG2M, à l’Ecole des

Mines de Nancy. Soutenance : 12 avril 2005.

2000 – 2001 DEA Génie des matériaux : microstructure, comportement mécanique,

durabilité. (Ecole Doctorale des Matériaux de Lyon).

Page 93: Approche globale matériau-procédé des traitements

92

ENCADREMENT, ANIMATION SCIENTIFIQUE, RECHERCHE COLLABORATIVE

Encadrement

2 thèses co-dirigées soutenues en 2012 et 2017

3 thèses co-encadrées soutenues en 2015, 2019 et 2021

4 thèses co-encadrées en cours.

Suivi de 5 post-doctorants

7 stages M2 encadrés ou co-encadrés

1 stages M1 encadré

Suivi de 2 étudiants en projet

Animation scientifique

Organisation de deux séminaires internes (IJL, Labex DAMAS).

Participation au Comité Scientifique du colloque national Plasticité 2018.

Enseignement 18h de cours par an (Master 2, Métallurgie Avancée, Univ. Lorraine).

Recherche collaborative Participation à 2 ANR, 2 projets RFCS (projets européens), 2 projets RESEM (IRT-M2P), 5

collaborations de recherche IJL / partenaire industriel.

Correspondant scientifique pour l’IJL : 1 ANR, 1 RFCS, 1 RESEM.

Page 94: Approche globale matériau-procédé des traitements

93

5.2 Liste de publications – Communications scientifiques

Articles dans des revues internationales à comité de lecture : 28

Actes de conférences internationales avec referee : 33

Conférences invitées internationales : 11

En tant qu’orateur : 2

Conférences invitées nationales : 4

Conférences – communications orales : 66

En tant qu’orateur : 17

Conférences – communications par affiche : 8

En tant que présentateur : 2

Brevet : 1

Chapitre d’ouvrage : 1

5.2.1 Articles dans des revues internationales à comité de lecture

J. Da Costa Teixeira, B. Appolaire, E. Aeby-Gautier, S. Denis, F. Bruneseaux. "Modeling of

the effect of the beta phase deformation on the alpha phase precipitation in near beta titanium

alloys".

Acta Materialia 54, 426 (2006).

https://doi.org/10.1016/j.actamat.2006.05.019

J. Da Costa Teixeira, B. Appolaire, E. Aeby-Gautier, G. Cailletaud, S. Denis, N. Späth.

“Transformation kinetics and microstructure of Ti17 titanium alloy during continuous

cooling.”

Materials Science and Engineering A, 448, 135 (2007).

https://doi.org/10.1016/j.msea.2006.10.024

E. Aeby-Gautier, F. Bruneseaux, J. Da Costa Teixeira, B. Appolaire, G. Geandier, S. Denis.

"Microstructure formation in Ti alloys : in-situ characterization of phase transformation

kinetics.”

Journal of Materials, Janvier 2007, 56-59 (papier invité).

https://doi.org/10.1007/s11837-007-0011-x

F. Bruneseaux, E. Aeby-Gautier, G. Geandier, J. Da Costa Teixeira, B. Appolaire,

P.Weisbecker.

“In situ phase transformations kinetics characterizations by electrical resistivity and high

temperature synchrotron X-ray diffraction in the Ti17 titanium alloy”.

Material Science and Engineering A, 476, 60 (2008).

https://doi.org/10.1016/j.msea.2007.04.072

Page 95: Approche globale matériau-procédé des traitements

94

J. Da Costa Teixeira, B. Appolaire, E. Aeby-Gautier, S. Denis.

“Modeling of the phase transformations in near- titanium alloys during the cooling after

forging”.

Computational Materials Science, 42, 266 (2008).

https://doi.org/10.1016/j.commatsci.2007.07.056

J. Da Costa Teixeira, D.G. Cram, L. Bourgeois, T.J. Bastow, A.J. Hill, C.R. Hutchinson.

“On the strengthening response of aluminum alloys containing shear-resistant plate-shaped

precipitates”.

Acta Materialia, 56, 6109 (2008).

https://doi.org/10.1016/j.actamat.2008.08.023

C. R. Hutchinson, P.T. Loo, T. J. Bastow, A. J. Hill, J. Da Costa Teixeira.

“Quantifying The Strain Induced Dissolution of Precipitates in Al Alloy Microstructures

using Nuclear Magnetic Resonance”.

Acta Materialia, 57, 5645 (2009).

https://doi.org/10.1016/j.actamat.2009.07.060

J. Da Costa Teixeira, L. Bourgeois, C. W. Sinclair, C. R. Hutchinson.

“The Effect of Shear-Resistant, Plate-Shaped Precipitates on the Work Hardening of Al

Alloys: Towards a Prediction of the Strength-Elongation Correlation”.

Acta Materialia, 57, 6075-6089 (2009).

https://doi.org/10.1016/j.actamat.2009.08.034

B. Appolaire, E. Aeby-Gautier, J. Da Costa Teixeira, M. Dehmas, S. Denis.

"Non coherent interfaces in diffuse interface models”.

Philosophical Magazine, 90(1-4), 461-483 (2010).

https://doi.org/10.1080/14786430903334324

N. Perevoshchikova, B. Appolaire, J. Teixeira, S. Denis.

“A convex hull algorithm for minimization of Gibbs energy in two-phase multicomponent

alloys.”

Solid State Phenomena, 172-174, 1214-1219 (2011).

https://doi.org/10.4028/www.scientific.net/SSP.172-174.1214

M. Dehmas, J. Kovac, E. Aeby-Gautier, B. Appolaire, B. Denand, J. Da Costa Teixeira.

“ + isothermal phase transformation in Ti17 titanium alloy: chemical composition and

crystallographic aspect.”

Solid State Phenomena, 172-174, 396-401 (2011).

https://doi.org/10.4028/www.scientific.net/SSP.172-174.396

N. Perevoshchikova, B. Appolaire, J. Teixeira, E. Aeby-Gautier, S. Denis.

“A convex hull algorithm for a grid minimization of Gibbs energy as initial step in

equilibrium calculations in two-phase multicomonent alloys”.

Computational Materials Science, 61, 56-66 (2012).

https://doi.org/10.1016/j.commatsci.2012.03.050

Page 96: Approche globale matériau-procédé des traitements

95

M. Salib, J. Teixeira, L. Germain, E. Lamielle, N. Gey, E. Aeby-Gautier.

“Influence of transformation temperature on microtexture formation associated with

precipitation at grain boundaries in a metastable titanium alloy”.

Acta Materialia, 61, 3758-3768 (2013).

http://dx.doi.org/10.1016/j.actamat.2013.03.007

N. Perevoshchikova, B. Appolaire, J. Teixeira, E. Aeby-Gautier, S. Denis.

“Investigation of the growth kinetics of in Fe-C-X alloys with a thick interface model.”

Computational Materials Science, 82, 151-158 (2014).

http://dx.doi.org/10.1016/j.commatsci.2013.09.047

V.A. Esin, B. Denand, Q. Le Bihan, M. Dehmas, J. Teixeira, G. Geandier, S. Denis, T.

Sourmail, E. Aeby-Gautier.

“In-situ synchrotron X-ray diffraction and dilatometric study of austenite formation in a

multi-component steel: influence of initial microstructure and heating rate.”

Acta Materialia, 80, 118-131 (2014).

http://dx.doi.org/10.1016/j.actamat.2014.07.042

S.D. Catteau, H.P. Van Landeghem, J. Teixeira, J. Dulcy, M. Dehmas, S. Denis, A.

Redjaïmia, M. Courteaux

“Carbon and nitrogen effects on microstructure and kinetics associated with bainitic

transformation in a low-alloyed steel”

Journal of Alloys and Compounds, 658, 832-838 (2016).

http://dx.doi.org/10.1016/j.jallcom.2015.11.007

J. Teixeira, B. Denand, E. Aeby-Gautier, S. Denis

“Simulation of coupled temperature, microstructure and internal stresses evolutions during

quenching of a β-metastable titanium alloy”

Materials Science and Engineering A, 651, 615-625 (2016).

http://dx.doi.org/10.1016/j.msea.2015.11.010

T. Liu, L. Germain, J. Teixeira, E. Aeby-Gautier, N. Gey

“Hierarchical criteria to promote fast and selective GB precipitation at grain boundaries in

-metastable Ti-alloys”

Acta Materialia, 141, 97-108 (2017).

http://dx.doi.org/10.1016/j.actamat.2017.08.063

H.P. Van Landeghem, S.D. Catteau, J. Teixeira, J. Dulcy, M. Dehmas, M. Courteaux, A.

Redjaïmia, S. Denis

“Isothermal decomposition of carbon and nitrogen-enriched austenite in 23MnCrMo5 steel”

Acta Materialia, 148, 363-373 (2018).

https://doi.org/10.1016/j.actamat.2018.02.008

S. Gaudez, J. Teixeira, S.Y.P. Allain, G. Geandier, M. Gouné, M. Soler, F. Danoix

“Numerical Investigations of the Effects of Substitutional Elements on the Interface

Conditions During Partitioning in Quenching and Partitioning Steels”

Metallurgical and Materials Transactions A, 49 (7), 2568-2572 (2018).

https://doi.org/10.1007/s11661-018-4630-3

Page 97: Approche globale matériau-procédé des traitements

96

H.P. Van Landeghem, M. Véron, S.D. Catteau, J. Teixeira, J. Dulcy, A. Redjaïmia, S. Denis

“Nitrogen-induced nanotwinning of bainitic ferrite in low-alloy steel”

Scripta Materialia, 155, 63-67 (2018)

https://doi.org/10.1016/j.scriptamat.2018.06.021

J. Teixeira, S.D. Catteau, H.P. Van Landeghem, J. Dulcy, M. Dehmas, A. Redjaïmia, S.

Denis, M. Courteaux

“Bainite formation in carbon and nitrogen enriched low alloyed steels: kinetics and

microstructures”

HTM Journal of Heat Treatment and Materials, 73 (3), 144-156 (2018)

https://doi.org/10.3139/105.110352

M. Moreno, J. Teixeira, J. Ghanbaja, F. Bonnet, S. Allain

“Evolution of cementite composition along the processing of cold-rolled and annealed Dual-

Phase steels”

Materialia, 6, 100179 (2019)

https://doi.org/10.1016/j.mtla.2018.100179

M. Moreno, J. Teixeira, G. Geandier, J.-C. Hell, F. Bonnet, M. Salib, S.Y.P. Allain

“Real-time investigation of recovery, recrystallization and austenite transformation during

annealing of a cold-rolled steel using high energy X-ray diffraction (HEXRD)”

Metals, 9, 8 (2019)

https://doi.org/10.3390/met9010008

S.Y.P. Allain, M. Moreno, M. Lamari, H. Zurob, J. Teixeira, F. Bonnet

“A Physics-Based Mean-Field Model for Ferrite Recovery and Recrystallization”

Metals, 10, 622 (2019)

https://doi.org/10.3390/met10050622

K. Jeyabalan, S.D. Catteau, J. Teixeira, G. Geandier, B. Denand, J. Dulcy, S. Denis, G.

Michel, M. Courteaux

“Modeling of the austenite decomposition kinetics in a low-alloyed steel enriched in carbon

and nitrogen”

Materialia, 9, 100582 (2020)

https://doi.org/10.1016/j.mtla.2019.100582

J. Macchi, S. Gaudez, G. Geandier, J. Teixeira, S. Denis, F. Bonnet, S.Y.P. Allain

“Dislocation densities in a low-carbon steel during martensite transformation determined by

in situ high energy X-Ray diffraction”

Materials Science and Engineering A, 800, 140249 (2021)

https://doi.org/10.1016/j.msea.2020.140249

J. Teixeira, M. Moreno, S.Y.P. Allain, C. Oberbillig, G. Geandier, F. Bonnet

“Intercritical annealing of cold-rolled ferrite-pearlite steel: Microstructure evolutions and

phase transformation kinetics”

Acta Materialia, 212, 116920 (2021)

https://doi.org/10.1016/j.actamat.2021.116920

Page 98: Approche globale matériau-procédé des traitements

97

5.2.2 Actes de Conférences internationales avec referee

2003: International Conference on Thermal Processing Modeling and Computer

Simulation, Nancy, France. 31/03-02/04/2003

J. Da Costa Teixeira, L. Hericher, B. Appolaire, E. Aeby-Gautier, G. Cailletaud, S. Denis, N.

Späth.

"Prediction of the kinetics of the phase transformations and the associated microstructure

during thermo-mechanical treatments in the Ti17".

Journal de Physique IV 120, 93 (2004).

2003: Titanium international conference, Hambourg, Allemagne. 13-18/07/2003

J. Da Costa Teixeira, B. Appolaire, E. Aeby-Gautier, L. Héricher, G. Cailletaud, S. Denis, N.

Späth.

“Prediction of the kinetics of the phase transformations and the associated microstructure

during continuous cooling in the Ti17”.

Ti-2003, Science and Technology Proc. 10th conference on Titanium Edts G. Lütjering and J.

Albrecht, Wiley-VCH, pp 1171-1178.

2005’ Xi’An International Titanium Conference, Xi’An Chine, 2005.

F. Bruneseaux, E. Aeby-Gautier, G. Geandier, P. Weisbecker, B. Appolaire, J. Da Costa

Teixeira, J-M. Pipard, D. Bonina, D. Daloz, S. Denis.

“Experimental studies of phase transformations kinetics and phase morphologies in titanium

alloys”.

Rare Metal Materials and Engineering, 35 Suppl. 1, 194 (2006).

J. Da Costa Teixeira, B. Appolaire, E. Aeby-Gautier, L. Hericher, S. Denis.

“Prediction of microstructure formation and distribution in β-metastable titanium alloys

during cooling”.

Rare Metal Materials and Engineering, 35 Suppl. 1, 150 (2006).

2007: 6th Pacific Rim International Conference on Materials (PRICM6), Jeju, Corée du

Sud. 5-9/11/2007

J. Da Costa Teixeira, L. Bourgeois, C. W. Sinclair, C. R. Hutchinson.

“Experimental investigation of isotropic and kinematic hardening in Al-3Cu-0.05Sn (wt%)”

Materials Science Forum, 561-565, 1849 (2007).

J. Da Costa Teixeira, L. Bourgeois, C. R. Hutchinson.

“A study of the microstructure evolution and strengthening effects of non-spherical

precipitates in an Al-Cu based alloy”

Materials Science Forum, 561-565, 2317 (2007).

Page 99: Approche globale matériau-procédé des traitements

98

2007: EUROMAT, Nüremberg, Allemagne. 10-13/09/2007

B. Appolaire, J. Da Costa-Teixeira, E. Aeby-Gautier.

“Modeling the Evolution of Globular Precipitates of Alpha Phase in Titanium Alloys during

Various Treatments”.

B. Appolaire, J. Da Costa-Teixeira, F. Bruneseaux, E. Aeby-Gautier.

“Phase Field Modeling of the Dissolution of Alpha Precipitates with Two Morphologies in a

Titanium Alloy”.

2007: Titanium international conference, Kyoto, Japon. 3-7/06/2007

J. Da Costa Teixeira, B. Appolaire, E. Aeby-Gautier, S. Denis, M. Mineur. “Modeling of the

effect of a plastic deformation in the β phase field on the further precipitation of the α phase

on cooling”.

Ti-2007, Science and Technology Proc. 11th conference on Titanium. Edts M. Niinomi, S.

Akiyama, M. Hagiwara, M. Ikeda, K. Maruyama, The Japan Institute of Metals, pp. 323-326.

E. Aeby-Gautier, B. Appolaire, J. Da Costa Teixeira and S. Denis.

"Microstructure Formation in Titanium Alloys by Solid/Solid Phase Transformation: Towards

Prediction of Morphology Distributions".

Ti-2007, Science and Technology Proc. 11th conference on Titanium. Edts M. Niinomi, S.

Akiyama, M. Hagiwara, M. Ikeda, K. Maruyama, The Japan Institute of Metals, pp. 195-202.

B. Appolaire, J. Da Costa Teixeira, E. Aeby-Gautier, F. Bruneseaux.

“Phase Field Modeling of the Growth and Dissolution of the phase in Near- Titanium

Alloys”.

Ti-2007, Science and Technology Proc. 11th conference on Titanium. Edts M. Niinomi, S.

Akiyama, M. Hagiwara, M. Ikeda, K. Maruyama, The Japan Institute of Metals, pp. 961-964.

2008: 8th International Conference on Aluminum Alloys (ICAA2008), Aix-la-Chapelle,

Allemagne. 22-26/09/2008

J. Da Costa Teixeira, C. R. Hutchinson, L. Bourgeois, C. W. Sinclair.

“The influence of plate-shaped, shear-resistant precipitates on the work hardening of Al-Cu

based alloys: development of a quantitative description of the yield-stress-elongation

correlation”.

ICAA 11, Aluminium alloys: their physical and mechanical properties. Ed. J. Hirsch, B.

Strotzki, G. Gottstein. Wiley.

J. Da Costa Teixeira, D. Cram, L. Bourgeois, C. R. Hutchinson.

“Strategies for Increasing the Precipitate Strengthening in Aluminium Alloys Containing

Shear-Resistant Plate-Shaped Precipitates”.

ICAA 11, Aluminium alloys: their physical and mechanical properties. Ed. J. Hirsch, B.

Strotzki, G. Gottstein. Wiley.

Page 100: Approche globale matériau-procédé des traitements

99

C. R. Hutchinson, J. Da Costa Teixeira, S. P. Ringer.

“Dynamically Responding Microstructures : A Means to Simultaneously Achieve High

Strength and High Elongation in Aluminium Alloys ?”

ICAA 11, Aluminium alloys : their physical and mechanical properties. Ed. J. Hirsch, B.

Strotzki, G. Gottstein. Wiley.

T. Bastow, P. T. Loo, A. J. Hill, J. Da Costa Teixeira, C. R. Hutchinson.

“Quantifying the Strain-Induced Dissolution of Shearable Precipitates and Their Possible

Role in th eDevelopment of Active Aluminium Alloy Microstructures.

ICAA 11, Aluminium alloys : their physical and mechanical properties. Ed. J. Hirsch, B.

Strotzki, G. Gottstein. Wiley.

S. P. Ringer, G. Sha, J. Da Costa Teixeira, R. K. W. Marceau, A. La Fontaine, C. R. Hutchinson.

“Cluster Hardening in Al-Cu-Mg Alloys: Analysis of Cu-Mg Atomic Clustering”.

2008 : Electrochemical Society Meeting, Honolulu, Etats-Unis 12-17/10/2008

S.E. Quirk, N. Birbilis, M.K. Cavanaugh, C.R. Hutchinson, J. Da Costa Teixeira, S.P. Ringer.

"Corrosion of a New Class of Solid Solution Al Alloys".

Corrosion and Electrochemical Properties of Bulk Metallic Glasses and Nano-Crystalline

Materials, 2008 Honolulu Meeting, Ed J. Scully, ECS Transactions, Volume 13.

2008: 36è Congrès du traitement thermique et de l’ingénierie des surfaces, Tours, France.

B. Appolaire, E. Aeby-Gautier, P. Di Napoli, J. Da Costa Teixeira, S. Denis.

“Formation des microstructures issues des transformations à l’état solide dans les alliages de

titane”.

2010: PTM Solid-Solid Phase Transformations in Inorganic Materials, Avignon, France.

6-10/06/2010

M. Dehmas, J. Kovac, E. Aeby-Gautier, B. Appolaire, B. Denand, J. Da Costa Teixeira.

“ + isothermal phase transformation in Ti17 titanium alloy: chemical composition and

crystallographic aspect.”

Solid State Phenomena, 172-174, 396-401 (2011).

N. Perevoshchikova, B. Appolaire, J. Teixeira, S. Denis.

“Convex hull algorithms for minimization of Gibbs energy in multicomponent alloys.”

Solid State Phenomena, 172-174, 1214-1219 (2011).

Page 101: Approche globale matériau-procédé des traitements

100

2011: 12th World Conference on Titanium (Ti-2011), Pékin, Chine. 19-24/06/2011

J. Teixeira, L. Germain, E. Lamielle, N. Gey, E. Aeby-Gautier, B. Appolaire.

“Microstructure and microtexture associated to heterogeneous precipitation of the phase on

/ boundaries: influence of first stages of GB formation.”

Ti-2011, Proc. 12th World Conference on Titanium. Edts L. Zhou, H. Chang, Y. Lu, D. Xu.

The Nonferrous Metals Society of China. pp 464-67.

B. Denand, E. Aeby-Gautier, J. Teixeira, M. Dehmas, B. Appolaire, A. Settefrati.

“Influence of microstructure on tensile properties in Ti17 alloy.”

Ti-2011, Proc. 12th World Conference on Titanium. Edts L. Zhou, H. Chang, Y. Lu, D. Xu.

The Nonferrous Metals Society of China. pp 1195-95.

2014: IFHTSE, 21st International Federation for Heat Treatment and Surface Engineering

Congres, Münich, Allemagne. 12-15/05/2014

S.D. Catteau, S. Denis, J. Teixeira, J. Dulcy, M. Dehmas, A. Rdjaïmia, M. Courteaux.

“Effects of carbon and nitrogen on isothermal transformations of austenite in a low alloyed

steel.”

IFHTSE, Proc. 21st conference, Eds. H-W Zoch, R. Schneider, T. Lübben.

Arbeitsgemeinschaft Wärmebehandlung + Werkstofftechnich e.V., 153-160.

2014: ICTPMCS, 5th International Conference on Thermal Process Modeling and

Computer Simulation, Orlando, Etats-Unis. 16-18/06/2014

J. Teixeira, B. Denand, E. Aeby-Gautier, S. Denis.

“Influence of the + transformation on the stresses and strains evolutions during

quenching of the Ti17 alloy from the phase field.”

ICTPMCS, Proc. 5th International Conference on Thermal Process Modeling and Computer

Simulation, Edts B. L. Ferguson, R. Goldstein, R. Papp, ASM International, Heat Treating

Society, pp. 198-208.

2015: PTM, International Conference on solid-solid Phase Transformations in inorganic

Materials, Whistler, Canada. 28/06-03/07/2015

B. Denand, V. Esin, Q. Le Bihan, M. Dehmas, J. Teixeira, G. Geandier, S. Denis, T.

Sourmail, E. Aeby-Gautier.

“Study of Austenitization Kinetics by In Situ Synchrotron X ray Diffraction for Different

Initial Microstructures”

PTM, Proc. Int. Conf. on Solid-solid Phase Transformations in inorganic Materials 2015,

Edts M. Militzer, G. Botton, L-Q Chen, J. Howe, C. Sinclair, H. Zurob, The Minerals, Metals

and Materials Society (TMS), pp. 113-114.

Page 102: Approche globale matériau-procédé des traitements

101

S. D. Catteau , J. Teixeira, J. Dulcy, S. Denis, M. Dehmas, H. P. Van Landeghem, A.

Redjaimia, Marc Courteaux

“Carbon and Nitrogen Effects on Austenite Decomposition in a Low-alloyed Steel”

PTM, Proc. Int. Conf. on Solid-solid Phase Transformations in inorganic Materials 2015,

Edts M. Militzer, G. Botton, L-Q Chen, J. Howe, C. Sinclair, H. Zurob, The Minerals, Metals

and Materials Society (TMS), pp. 27-28.

M. Salib, L. Germain, J. Teixeira, N. Gey, E. Aeby-Gautier

Influence of phase transformation kinetics on variant selection and microtexture development

associated with α precipitation at β grain boundaries in a β-metastable titanium alloy

PTM, Proc. Int. Conf. on Solid-solid Phase Transformations in inorganic Materials 2015,

Edts M. Militzer, G. Botton, L-Q Chen, J. Howe, C. Sinclair, H. Zurob, The Minerals, Metals

and Materials Society (TMS), pp. 261-261.

2015: Titanium 2015, 13th World Conference on Titanium, San Diego, Etats-Unis. 16-

20/08/2015

J. Teixeira, B. Denand, E. Aeby-Gautier, S. Denis, G. Cailletaud

Simulation of coupled temperature, microstructure and internal stresses evolutions during

quenching of a -metastable titanium alloy

Ti-2015, Proc. 13th World Conference on Titanium. Edts V. Venkatech et al.Wiley, TMS, pp

677-682.

M. Salib, J. Teixeira, L. Germain, N. Gey, E. Aeby-Gautier

Influence of precipitation at / grain boundaries on microtexture in a -metastable

titanium alloy with and without previous deformation

Ti-2015, Proc. 13th World Conference on Titanium. Edts V. Venkatech et al.Wiley, TMS, pp

409-414.

2015: 5th International Conference on Distortion Engineering, Brême, Allemagne. 23-

25/09/2015

F. Bay, J. Barlier, T. Sourmail, P. De Cagny, M. Courteaux, B. Paya, B. Denand, V.A. Esin, J.

Teixeira, E. Aeby-Gautier, S. Denis, M. Dehmas, G. Geandier.

Modelling distortions in induction heat treatment processes

5th International Conference on Distorsion Engineering 2015, Sep 2015, Eds H.-W. Zoch, Th.

Lübben, Bremen, Germany. IDE 2015 proceedings, pp. 397-402, 2015.

Page 103: Approche globale matériau-procédé des traitements

102

2016: ICRS-10, International Conference on Residual Stresses, Sydney, Australie. 04-

07/07/2016

G. Geandier, L. Vautrot, B. Denand, M. Dehmas, E. Aeby-Gautier, J. Teixeira, S. Denis

Full Stress Tensor Determination during Phase Transformation of a Metal Matrix Composite

by in situ High Energy X-Ray Diffraction and Micromechanical Simulations

Materials Research Proceedings, Vol. 2, pp 479-484, 2017

http://dx.doi.org/10.21741/9781945291173-81

2017: IFHTSE, 24th International Federation for Heat Treatment and Surface Engineering

Congres, Nice, France. 26-29/06/2017

S. D. Catteau, H.P. Van Landeghem, J. Teixeira, J. Dulcy, S. Denis, M. Dehmas, A. Redjaïmia,

M. Courteaux

Experimental Study and Modelling of Phase Transformation Kinetics During Austenite

Decomposition in Carbonitrided Low Alloyed Steel

Proc IFHTSE, 24th International Federation for Heat Treatment and Surface Engineering

Congress.

2019: Titanium 2019, 14th World Conference on Titanium, Nantes, France 10-14/06/2019

T. Liu, L. Germain, J. Teixeira, E. Aeby-Gautier, N. Gey

Criteria for fast and selective α precipitation at β grain boundaries in Ti-alloys Consequence

for in-service microstructures

Proc. 14th World Conference on Titanium

https://hal-cnrs.archives-ouvertes.fr/hal-02380889/

2020: ECHT European Conference on Heat Treatment, Anvers, Belgique. VISIO 25-

27/03/20

K. Jeyabalan, J. Teixeira, S. Denis, G. Geandier, J. Dulcy, B. Denand, G. Michel, S.D.

Catteau, M. Courteaux

“In situ HEXRD determination and numerical simulation of internal stresses during heat

treatment of carburized and carbonitrided low-alloyed steels.”

Proceedings of ECHT 2020

2021: ECHT-QDE European Conference on Heat Treatment – Quenching and Distorsion

Engineering, Berlin, Allemagne. VISIO 27-28/04/21

K. Jeyabalan, J. Teixeira, S. Denis, G. Geandier, J. Dulcy, B. Denand, G. Michel, S.D.

Catteau, M. Courteaux

“Effect of carbon and nitrogen enrichment in the austenitic field on the formation of

microstructures and residual stresses in carburized and carbonitrided low-alloyed steel parts:

experimental study and simulation”

Proceedings of ECHT-QDE 2021

Page 104: Approche globale matériau-procédé des traitements

103

S. Gaudez, J. Teixeira, G. Geandier, S.Y.P. Allain, S. Denis

“ Secondary Tempering of a Low-Alloy Steel with Nanobainitic or Martensitic

Microstructure: Experimental Investigation and Simulation”

Proceedings of ECHT-QDE 2021

Page 105: Approche globale matériau-procédé des traitements

104

5.2.3 Participation à des congrès

(en souligné: auteur ayant présenté les travaux)

5.2.3.1 Conférences invitées internationales

2005’ Xi’An International Titanium Conference, Xi’An Chine, 2005.

J. Da Costa Teixeira, B. Appolaire, E. Aeby-Gautier, L. Hericher, S. Denis.

“Prediction of microstructure formation and distribution in β-metastable titanium alloys

during cooling”.

Keynote

TMS 2005 Annual Meeting The Armen G. Khachaturyan Symposium on Phase

Transformation and Microstructure Evolution in Crystalline Solids San Francisco, Etats-

Unis, 14-17 Février 2005.

E. Aeby-Gautier, B. Appolaire, L. Héricher, J. Da Costa Teixeira, B. Antoine.

“Prediction of phase transformations in titanium alloys. Different modelling approaches”.

2007: Titanium international conference, Kyoto, Japon. 3-7/06/2007

E. Aeby-Gautier, B. Appolaire, J. Da Costa Teixeira and S. Denis.

"Microstructure Formation in Titanium Alloys by Solid/Solid Phase Transformation: Towards

Prediction of Morphology Distributions".

Keynote

2008: 8th International Conference on Aluminum Alloys (ICAA2008), Aix-la-Chapelle,

Allemagne. 22-26/09/2008

S. P. Ringer, G. Sha, J. Da Costa Teixeira, R. K. W. Marceau, A. La Fontaine, C. R. Hutchinson.

“Cluster Hardening in Al-Cu-Mg Alloys: Analysis of Cu-Mg Atomic Clustering”.

Keynote

2010: PTM Solid-Solid Phase Transformations in Inorganic Materials, Avignon, France.

6-10/06/2010

E. Aeby-Gautier, B. Appolaire, M. Dehmas, J. Teixeira, P. di Napoli, F. Bruneseaux, A.

Settefrati.

“Microstructure evolutions during complex thermal path in titanium alloys. Experimental

analysis and modeling approaches.”

Page 106: Approche globale matériau-procédé des traitements

105

2013 : IUMRS-ICAM International Conference on Advanced Materials, Qindao, Chine

(22-28 septembre 2013)

E. Aeby-Gautier, B. Appolaire, M. Dehmas, G. Geandier, J. Teixeira, L. Germain, A.

Settefrati, M. Salib, B. Denand, C. Hui, Z. Lian.

“Microstructures associated with phase transformation in titanium alloys.”

2014 : International Workshop on Aeronautical Materials, Université de Blida, Algérie (4-5

June 2014)

E. Aeby-Gautier, B. Appolaire, M. Dehmas, J. Teixeira, S. Denis

“Microstructure formation and associated mechanical properties in alpha+beta and beta

metastable titanium alloys”

2016: THERMEC’2016, International Conference on Processing and Manufacturing of

Advanced Materials, Graz, Autriche (29 Mai – 3 Juin 2016)

J. Teixeira, B. Denand, E. Aeby-Gautier, S. Denis

“Influence of the + transformation on the stresses and strains evolutions during

quenching of the Ti17 alloy from the phase field”

2017: Bainite – From nano to macro, Symposium on science and application of bainite,

honouring Pr Bhadeshia, AWT, Wiesbaden, Allemagne (1-2 Juin 2017)

J. Teixeira, S.D. Catteau, H.P. Van Landeghem, J. Dulcy, M. Dehmas, A. Redjaïmia, S.

Denis, M. Courteaux

“Bainitic transformation analysis in carbon and nitrogen enriched low alloyed steels: kinetics

and microstructures”

2017: FIMPART’ 2017, International Conference, Frontiers in Materials Processing:

Applications, Research and Technology, Bordeaux, France (9-12 Juillet 2017)

S. Denis, J. Teixeira, G. Geandier, M. Dehmas, J-P. Bellot, M. Gradeck, E. Aeby-Gautier

“Internal stresses associated with phase transformations in metallic alloys: prediction and in

situ experimental approaches at different scales”

H. P. Van Landeghem, J. Teixeira, S. D. Catteau, J. Dulcy, M. Veron, A. Redjaïmia, S. Denis

“The effects of nitrogen on kinetics and products of austenite decomposition in low-alloy

steel”

Page 107: Approche globale matériau-procédé des traitements

106

5.2.3.2 Conférences invitées nationales

2012: Journées annuelles de la SF2M, Paris, France. (Colloque national). 29-31/10/2012.

E. Aeby-Gautier, B.Appolaire, A. Settefrati, P. di Napoli, M. Dehmas, J. Teixeira, G.

Geandier, S. Denis, Y. Le Bouar.

“Formation des microstructures des alliages de titane par changement de phase”.

Keynote

2014 : Colloque 3AF Ténacité et Tolérance aux dommages des alliages de titane Onera

Chatillon France (25 Mars 2014)

M. Dehmas, B. Denand, A. Settefrati, J. Teixeira, E. Aeby-Gautier, B. Appolaire

“Effect of microstructure on tensile properties on beta metastable Ti17 and Ti5553 alloys”

2014 : 20ème Journées Technologiques Association Titane, Nantes, France (15-16 juin

2014)

E. Aeby-Gautier, B. Appolaire, M. Dehmas, J. Teixeira, B. Denand, M. Salib, A. Settefrati, P.

Di Napoli

“General features of microstructure formation in alpha+beta and beta metastable titanium

alloys”

2014 : 9ème Colloque “Matériaux, Mécanique, Microstructure, Zr, Ti et leurs Alliages”,

INSTN Saclay, France, (19-20 juin 2014)

E. Aeby-Gautier, B. Appolaire, M. Dehmas, J. Teixeira, S. Denis

Formation des microstructures dans les alliages de titane : influence du chemin thermique et

de la composition chimique

2014 : Matériaux 2014, colloque “Matériaux métalliques : procédés, microstructures,

propriétés”, Montpellier, France (28-28 novembre 2014)

V.A. Esin, B. Denand, Q. Le Bihan, M. Dehmas, J. Teixeira, G. Geandier, S. Denis, T.

Sourmail, E. Aeby-Gautier

“Etude in-situ de l’austénitisation d’un acier faiblement allié : influence de la microstructure

initiale et de la vitesse de chauffage.”

2020 : Colloque MECAMAT “Contraintes résiduelles : de nouveaux outils pour de

nouveaux défis”, Aussois (20-24 janvier 2020)

S. Denis, J. Teixeira, G. Geandier, B. Denand

“Internal stresses associated with phase transformations in metallic alloys”

Page 108: Approche globale matériau-procédé des traitements

107

5.2.3.3 Présentations orales

2003: International Conference on Thermal Processing Modeling and Computer

Simulation, Nancy, France. 31/03-02/04/2003

J. Da Costa Teixeira, L. Hericher, B. Appolaire, E. Aeby-Gautier, G. Cailletaud, S. Denis, N.

Späth.

"Prediction of the kinetics of the phase transformations and the associated microstructure

during thermo-mechanical treatments in the Ti17".

2003: Titanium international conference, Hambourg, Allemagne. 13-18/07/2003

J. Da Costa Teixeira, L. Hericher, B. Appolaire, E. Aeby-Gautier, G. Cailletaud, S. Denis, N.

Späth.

"Prediction of the kinetics of the phase transformations and the associated microstructure during

continuous cooling in the Ti17".

2005’ Xi’An International Titanium Conference, Xi’An Chine.

F. Bruneseaux, E. Aeby-Gautier, G. Geandier, P. Weisbecker, B. Appolaire, J. Da Costa

Teixeira, J-M. Pipard, D. Bonina, D. Daloz, S. Denis.

“Experimental studies of phase transformations kinetics and phase morphologies in titanium

alloys”.

2007: Titanium international conference, Kyoto, Japon. 3-7/06/2007

J. Da Costa Teixeira, B. Appolaire, E. Aeby-Gautier, S. Denis, M. Mineur. “Modeling of the

effect of a plastic deformation in the β phase field on the further precipitation of the α phase

on cooling”.

Titanium 2007, Juin 2007, Kyoto, Japon.

B. Appolaire, J. Da Costa Teixeira, E. Aeby-Gautier, F. Bruneseaux.

“Phase Field Modeling of the Growth and Dissolution of the phase in Near- Titanium

Alloys”.

Titanium 2007, Juin 2007, Kyoto, Japon.

2007: 6th Pacific Rim International Conference on Materials (PRICM6), Jeju, Corée du

Sud. 5-9/11/2007

J. Da Costa Teixeira, L. Bourgeois, C. R. Hutchinson, C. W. Sinclair.

“Experimental Investigation of Isotropic and Kinematic Hardening in Al-3Cu-0.05Sn (wt%)”

J. Da Costa Teixeira, L. Bourgeois, C. R. Hutchinson.

“A Study of the Microstructural Evolution and Strengthening Effects of Non-Spherical

Precipitates in an Al-Cu based Alloy”.

Page 109: Approche globale matériau-procédé des traitements

108

2008: 8th International Conference on Aluminum Alloys (ICAA2008), Aix-la-Chapelle,

Allemagne. 22-26/09/2008

J. Da Costa Teixeira, C. R. Hutchinson, L. Bourgeois, C. W. Sinclair.

“The influence of plate-shaped, shear-resistant precipitates on the work hardening of Al-Cu

based alloys : development of a quantitative description of the yield-stress-elongation

correlation”.

C. R. Hutchinson, J. Da Costa Teixeira, S. P. Ringer.

“Dynamically Responding Microstructures : A Means to Simultaneously Achieve High

Strength and High Elongation in Aluminium Alloys ?”

T. Bastow, P. T. Loo, A. J. Hill, J. Da Costa Teixeira, C. R. Hutchinson.

“Quantifying the Strain-Induced Dissolution of Shearable Precipitates and Their Possible

Role in the Development of Active Aluminium Alloy Microstructures.

2008: Electrochemical Society Meeting, Honolulu, Etats-Unis, 12-17/10/2008

S.E. Quirk, N. Birbilis, M.K. Cavanaugh, C.R. Hutchinson, J. Da Costa Teixeira, S.P. Ringer.

"Corrosion of a New Class of Solid Solution Al Alloys".

2010: PTM Solid-Solid Phase Transformations in Inorganic Materials, Avignon, France.

6-10/06/2010

J. Teixeira, L. Germain, E. Lamielle, N. Gey, E. Aeby-Gautier.

“Heterogeneous precipitation of the alpha phase on beta/beta grain boundaries in the beta

metastable Ti17 titanium alloy: experimental study of the associated kinetics, morphology and

microtexture.”

M. Dehmas, J. Kovac, E. Aeby-Gautier, B. Appolaire, B. Denand, J. Da Costa Teixeira.

“ + isothermal phase transformation in Ti17 titanium alloy: chemical composition and

crystallographic aspect.”

2010: 12th International Conference on Aluminium Alloys, Yokohama, Japon.

5-9 sept 2010

J. Da Costa Teixeira, Y.J.M. Bréchet, Y. Estrin, C.R. Hutchinson.

“The Strain Hardening Behavior of Supersaturated Al-Cu Alloys.”

R.K.W. Marceau, S.P. Ringer, J. Da Costa Teixeira, C.R. Hutchinson.

“Atom Probe Study of Shear-Induced Dissolution of GP Zones in Al-3Cu Alloy.”

Page 110: Approche globale matériau-procédé des traitements

109

2011: Journées d’étude des équilibres entre phases (JEEP XXXVII), St Avold, France.

30/03-01/04/2011

N. Perevoshchikova, B. Appolaire, J. Teixeira, S. Denis.

“Algorithmes d’enveloppe convexe pour la minimisation de l’énergie de Gibbs dans les

alliages multiconstitués.”

2011: 12th World Conference on Titanium (Ti-2011), Pékin, Chine. 19-24/06/2011

J. Teixeira, L. Germain, E. Lamielle, N. Gey, E. Aeby-Gautier, B. Appolaire.

“Microstructure and microtexture associated to heterogeneous precipitation of the phase on

/ boundaries: influence of first stages of GB formation.”

B. Denand, E. Aeby-Gautier, J. Teixeira, M. Dehmas, B. Appolaire, A. Settefrati.

“Influence of microstructure on tensile properties in Ti17 alloy.”

2011: EUROMAT, Montpellier, France. 12-15/09/2011.

N. Perevoshchikova, J. Teixeira, B. Appolaire, S. Denis.

“Modeling of the transition from paraequilibrium to local equilibrium during the austenite to

ferrite transformation in steels.”

B. Denand, E. Aeby-Gautier, J. Teixeira, M. Dehmas, B. Appolaire, A. Settefrati.

“Influence of microstructure on tensile properties in Ti17 alloy.”

2013 : EUROMAT, Séville, Espagne. 8-13/09/2013.

M. Salib, J. Teixeira, L. Germain, N. Gey, E. Gautier.

“Influence of the transformation temperature on the microtexture induced by phase

precipitation at / grain boundaries in a metastable titanium alloy.”

V. Esin, B. Denand, Q. le Bihan, J. Teixeira, M. Dehmas, G. Geandier, E. Aeby-Gautier, S.

Denis, T. Sourmail.

“In-situ investigation of the austenitisation of an Fe-C-Mn steel: influence of initial

microstructure and heating rate.”

2014: IFHTSE, 21st International Federation for Heat Treatment and Surface Engineering

Congres, Münich, Allemagne, 12-15/05/2014.

S.D. Catteau, S. Denis, J. Teixeira, J. Dulcy, M. Dehmas, A. Rdjaïmia, M. Courteaux.

“Effects of carbon and nitrogen on isothermal transformations of austenite in a low alloyed

steel.”

Page 111: Approche globale matériau-procédé des traitements

110

2014: ICTPMCS, 5th International Conference on Thermal Process Modeling and

Computer Simulation, Orlando, Etats-Unis, 16-18/06/2014.

J. Teixeira, B. Denand, E. Aeby-Gautier, S. Denis.

“Influence of the + transformation on the stresses and strains evolutions during

quenching of the Ti17 alloy from the phase field.”

2014: 9ème Colloque “Matériaux, Mécanique, Microstructure” – INSTN, Saclay, France,

19-20/06/2014.

M. Salib, E. Gautier, L. Germain, N. Gey, J. Teixeira.

“Influence d’une deformation plastique en sur la precipitation de la phase et sur la

microtexture associée dans l’alliage de titane Ti17.”

2014: ICOTOM, 17th International Conference on Texture of Materials, Dresde,

Allemagne, 24-29/08/2014.

M. Salib, J. Teixeira, L. Germain, N. Gey, E. Aeby-Gautier.

“How the initial microstructure and texture influence the precipitation of in the Ti17

titanium alloy.”

2015: PTM, International Conference on solid-solid Phase Transformations in inorganic

Materials, Whistler, Canada, 28/06-03/07/2015.

B. Denand, V. Esin, Q. Le Bihan, M. Dehmas, J. Teixeira, G. Geandier, S. Denis, T.

Sourmail, E. Aeby-Gautier.

“Study of Austenitization Kinetics by In Situ Synchrotron X ray Diffraction for Different

Initial Microstructures”

S. D. Catteau , J. Teixeira, J. Dulcy, S. Denis, M. Dehmas, H. P. Van Landeghem, A.

Redjaimia, Marc Courteaux

“Carbon and Nitrogen Effects on Austenite Decomposition in a Low-alloyed Steel”

M. Salib, L. Germain, J. Teixeira, N. gey, E. Aeby-Gautier

Influence of phase transformation kinetics on variant selection and microtexture development

associated with α precipitation at β grain boundaries in a β-metastable titanium alloy

2015: Titanium 2015, 13th World Conference on Titanium, San Diego, Etats-Unis, 16-

20/08/2015

J. Teixeira, B. Denand, E. Aeby-Gautier, S. Denis, G. Cailletaud

“Simulation of coupled temperature, microstructure and internal stresses evolutions during

quenching of a -metastable titanium alloy”

M. Salib, J. Teixeira, L. Germain, N. gey, E. Aeby-Gautier

“Influence of precipitation at / grain boundaries on microtexture in a -metastable

titanium alloy with and without previous deformation”

Page 112: Approche globale matériau-procédé des traitements

111

2015: 5th International Conference on Distortion Engineering, Brême, Allemagne, 23-

25/09/2015

F. Bay, J. Barlier, T. Sourmail, P. De Cagny, M. Courteaux, B. Paya, B. Denand, V.A. Esin, J.

Teixeira, E. Aeby-Gautier, S. Denis, M. Dehmas, G. Geandier.

“Modelling distortions in induction heat treatment processes”

2015: Mecasens 2015 : 8th international conference on Mechanical Stress Evaluation by

Neutrons and synchrotron Radiation, Grenoble, France, 30/09-02/10/2015

L. Vautrot, G. Geandier, M. Dehmas, E. Aeby-Gautier, B. Denand, J. Teixeira, S. Denis.

“In situ full stress tensor determination in Metal Matrix Composites undergoing matrix phase

transformation during cooling”

2016: TMS 2016, 145th Annual Meeting and Exhibition – Phase Transformations in Multi-

Component Systems: an MPMD honoring G. Purdy, Nashville, Etats-Unis, 14-18/02/2016

H. P. Van Landeghem, S. D. Catteau, J. Teixeira, M. Véron, J. Dulcy, A. Redjaïmia, S. Denis

“Kinetics and Mechanism of Austenite Isothermal Decomposition in Carbonitrided Low-

Alloy Steel”

M. Moreno, H. P. Van Landeghem, J. Ghanbaja, J. Teixeira, F. Bonnet, S. Allain

“Evolution of Mn/Cr/Si composition gradients in cementite during annealing of dual-phase

steels”

2016: ICRS-10, International Conference on Residual Stresses, Sydney, Australie, 04-

07/07/2016

G. Geandier, L. Vautrot, B. Denand, M. Dehmas, E. Aeby-Gautier, J. Teixeira, S. Denis

“Full stress tensor determination during phase transformation of a metal matrix composite by

in situ high energy X-ray diffraction and micromechanical simulations”

2016 : Colloque SF2M Matériaux Numériques – Matériaux et Grands Instruments. (Ecole

des Mines de Paris, 15-16/09/2016)

G. Geandier, L. Vautrot, B. Denand, M. Dehmas, E. Aeby-Gautier, J. Teixeira, S. Denis

“Évolution du tenseur des contraintes complet lors du refroidissement d'un composite à

matrice métallique : détermination in situ par diffraction haute énergie et suivi par simulations

micromécaniques”

Page 113: Approche globale matériau-procédé des traitements

112

2016 : Journées Annuelles SF2M – JA 2016 : “Matériaux pour le domaine aérospatial : de

l’innovation dans l’air” (Albi, 25-27/10/2016)

S. Catteau, H. Van Landeghem, J. Teixeira, J. Dulcy, M. Dehmas, S. Denis, A. Redjaïmia, M.

Courteaux

“Effets d’un traitement de carbonitruration sur la décomposition de l’austénite dans un acier

faiblement allié”

2016 : GFAC 2016, Groupement Français d’Analyse des Contraintes résiduelles

(Toulouse, 17-18/11/2016)

D. Maréchal, J. Teixeira, G. Geandier, F. Lefebvre, S. Denis

“Influence des transformations de phases sur les évolutions de contraintes et déformations au

cours de la trempe d’alliages de titane”

G. Geandier, L. Vautrot, B. Denand, M. Dehmas, E. Aeby-Gautier, J. Teixeira, S. Denis

“Evolution du tenseur des contraintes lors du refroidissement d’un composite à matrice

métallique : détermination in situ par diffraction haute énergie et suivi par simulations

micromécaniques”

2017: IFHTSE, 24th International Federation for Heat Treatment and Surface

Engineering Congress, Nice, France, 26-29/06/2017

S.D. Catteau, H.P. Van Landeghem, J. Teixeira, J. Dulcy, S. Denis, M. Dehmas, A.

Redjaïmia, M. Courteaux

“Experimental Study and Modelling of Phase Transformation Kinetics During Austenite

Decomposition in Carbonitrided Low Alloyed Steel”

D. Maréchal, J. Teixeira, G. Geandier, F. Lefebvre, D. Denis

“Generation of residual stresses during the quenching of titanium alloys. Effect of phase

transformations”

2018 : A3TS 45è Congrès du Traitement Thermique et des Traitements de Surface,

Bordeaux, France, 13-14/06/2018

S. Denis, J. Teixeira, J.P. Bellot, M. Gradeck, E. Aeby-Gautier

Prévision par simulation numérique et validation expérimentale in situ des déformations et

contraintes en traitement thermique et thermochimique des alliages métalliques

2018: 17th ALEMI meeting (Alloying elements effects on migrating interfaces), Metz,

France, 5-6/07/2018

M. Moreno, S. Allain, J. Teixeira, F. Bonnet

“Time resolved and in situ characterization of recrystallization during intercritical annealing

of cold‐rolled steels”

Page 114: Approche globale matériau-procédé des traitements

113

2018: ESOMAT, 11th European symposium on martensitic transformations, Metz, France,

27-31/08/2018

J. Teixeira, S.D. Catteau, H.P. Van Landeghem, J. Dulcy, M. Dehmas, S. Denis, A.

Redjaïmia, M. Courteaux

“Bainite formation in carbon and nitrogen enriched low alloyed steels: kinetics and

microstructure”

2018: ECRS, 10th European Conference on Residual Stresses 2018, Louvain, Belgique, 11-

14/09/2018

K. Jeyabalan, J. Teixeira, G. Geandier, B. Denand, J. Dulcy, S. Denis, G. Michel, S.D.

Catteau, M. Courteaux

“HEXRD determination and numerical simulation of internal stresses during heat treatment of

carburized and carbonitrided low alloyed steel”

2018: Matériaux 2018 – SF2M, Strasbourg, France, 19-23/11/2018

S. Gaudez, S. Denis, J. Teixeira, S. Allain, G. Geandier, B. Denand

“ Evolutions microstructurales lors du revenu d’aciers alliés de microstructures initiales

martensitique et nano-bainitique par diffraction des rayons X haute énergie”

2019 : Colloque RNM “La Métallurgie, quel Avenir !” Nancy, France, 8-12/04/2019

K. Jeyabalan, J. Teixeira, G. Geandier, B. Denand, J. Dulcy, S. Denis, G. Michel, S.D.

Catteau, M. Courteaux

“Détermination in situ par DRX synchrotron et simulation numérique des évolutions de

contraintes internes au cours de traitements thermiques d’un acier faiblement allié à gradients

de carbone et d’azote”

S. Gaudez, J. Teixeira, S. Allain, G. Geandier, B. Denand, S. Denis

“ Evolutions microstructurales lors du revenu d’aciers alliés de microstructures initiales

martensitique et nano-bainitique par méthodes in situ”

F. Bonnet, M. Salib, I. De Diego Calderon, M. Moreno, S. Allain, J. Teixeira

“Modélisation et contrôle des microstructures des aciers THR lors de leur fabrication : les

premiers pas vers l’industrie 4.0”

2019: Titanium 2019, 14th World Conference on Titanium, Nantes, France, 10-14/06/2019

T. Liu, L. Germain, J. Teixeira, E. Aeby-Gautier, N. Gey

“Criteria for fast and selective precipitation at grain boundaries in Ti-alloys:

consequences for in-service microstructures”

Page 115: Approche globale matériau-procédé des traitements

114

2019 : A3TS 46è Congrès du Traitement Thermique et des Traitements de Surface, Lille,

France, 3-4/07/2019

K. Jeyabalan, J. Teixeira, G. Geandier, B. Denand, J. Dulcy, S. Denis, G. Michel, S.D.

Catteau, M. Courteaux

“ Étude expérimentale et modélisation des évolutions microstructurales et de la genèse des

contraintes internes au cours des traitements de cémentation et de carbonitruration d’un acier

faiblement allié”

2019 : EUROMAT 2019, European congress and exhibition on advanced materials and

processes, Stockholm, Suède, 1-5/9/2019

S. Gaudez, B. Denand, J. Teixeira, G. Geandier, S. Denis, T. Sourmail, M. Kuntz, S.Y.P.

Allain

“The tempering of low alloyed martensitic and nano-bainitic steels: microstructural evolutions

by in situ synchrotron X-ray diffraction and TEM”

M. Moreno, J. Teixeira, S.Y.P Allain, C. Oberbillig, F. Bonnet

“Austenitization of a cold-rolled Dual-Phase steel: interaction with recrystallization and

influence of cementite composition”

M. Kuntz, S. Lille, G. Wicks, T. Sourmail, C. Garcia-Mateo, V. Ruiz-Jimenez, S. Gaudez, B.

Denand, J. Teixeira, S. Denis

“Nanostructured bainitic steels with carbide precipitations – a new steel class”

P. Kusakin, J. Teixeira, N. Gey, S.D. Catteau, J. Dulcy, S. Denis

“On the effect of austenitic field carbonitriding on microstructure refinement upon bainite

transformation in low-alloy steel”

2020 : TMS 2020, 149th Annual Meeting and Exhibition, San Diego, Etats-Unis, 23-

27/02/2020

K. Jeyabalan, J. Teixeira, S. Denis, G. Geandier, J. Dulcy, B. Denand, G. Michel, S. Catteau,

M. Courteaux

“In situ HEXRD Determination and Numerical Simulation of Internal Stresses during Heat

Treatment of Carburized and Carbonitrided Low-alloyed Steels”

C. Rampelberg, G. Geandier, J. Teixeira, T. Sourmail, S.Y.P. Allain

“Carbide-free Bainite Transformations in Conditions Investigated by In-situ High-energy X-

ray Diffraction Experiments”

M. Moreno, G. Geandier, J. Teixeira, J.-C. Hell, F. Bonnet, S.Y.P. Allain

“Real-time Investigation of Recovery, Recrystallization and Austenite Transformation during

Annealing of a Cold-rolled Steel Using High Energy X-ray Diffraction (HEXRD)”

Page 116: Approche globale matériau-procédé des traitements

115

M. Moreno, J. Teixeira, S.Y.P. Allain, C. Oberbillig, F. Bonnet

“Austenitization of a Cold-rolled Dual-phase Steel: Interaction with Recrystallization and

Influence of Cementite Composition”

S.Y.P. Allain, M. Moreno, J. Teixeira, G. Geandier, H. Zurob, F. Bonnet

“Physically-based Model for Coupled Recovery and Recrystallization of Ferritic Steels”

M. Lamari, S.Y.P. Allain, G. Geandier, J. Teixeira, A. Perlade, K. Zhu

“In situ Quantitative Study of Retained Austenite Mechanical Stability in 3rd Generation

TRIP-aided Steels by High-Energy X-ray Diffraction on Synchrotron Beamline”

2020: ECHT European Conference on Heat Treatment, Anvers, Belgique. VISIO 25-

27/03/20

K. Jeyabalan, J. Teixeira, S. Denis, G. Geandier, J. Dulcy, B. Denand, G. Michel, S.D.

Catteau, M. Courteaux

“In situ HEXRD determination and numerical simulation of internal stresses during heat

treatment of carburized and carbonitrided low-alloyed steels.”

2021: Virtual RMS-EBSD (Royaume-Uni) 2021. 20-21/04/21

M. Mandal, J. Teixeira, L. Germain, S. Denis, N. Gey

“Advanced EBSD to study phase transformation induced microstructures in carbon and

nitrogen enriched 23MnCrMo steel”

2021: ECHT-QDE European Conference on Heat Treatment – Quenching and Distorsion

Engineering, Berlin, Allemagne. VISIO 27-28/04/21

K. Jeyabalan, J. Teixeira, S. Denis, G. Geandier, J. Dulcy, B. Denand, G. Michel, S.D.

Catteau, M. Courteaux

“Effect of carbon and nitrogen enrichment in the austenitic field on the formation of

microstructures and residual stresses in carburized and carbonitrided low-alloyed steel parts:

experimental study and simulation”

S. Gaudez, J. Teixeira, G. Geandier, S.Y.P. Allain, S. Denis

“ Secondary Tempering of a Low-Alloy Steel with Nanobainitic or Martensitic

Microstructure: Experimental Investigation and Simulation”

Page 117: Approche globale matériau-procédé des traitements

116

5.2.4 Posters

2008: 8th International Conference on Aluminum Alloys (ICAA2008), Aix-la-Chapelle,

Allemagne. 22-26/09/2008

J. Da Costa Teixeira , D. Cram, L. Bourgeois, C. R. Hutchinson.

“Strategies for Increasing the Precipitate Strengthening in Aluminium Alloys Containing

Shear-Resistant Plate-Shaped Precipitates”.

2010: PTM Solid-Solid Phase Transformations in Inorganic Materials, Avignon, France.

6-10/06/2010

N. Perevoshchikova, B. Appolaire, J. Teixeira, S. Denis.

“Convex hull algorithms for minimization of Gibbs energy in multicomponent alloys.”

2010: Matériaux 2010, Nantes, France. 18-22/10/2010

N. Perevoshchikova, B. Appolaire, J. Teixeira, S. Denis.

“Algorithmes d’enveloppe convexe pour la minimisation de l’énergie de Gibbs dans les

alliages multiconstitués.”

2011: EUROMAT 2011, Montpellier, France.

N. Perevoshchikova, B. Appolaire, J. Teixeira, S. Denis.

“Convex hull algorithms for minimization of Gibbs energy in multicomponent alloys.”

2013: Journées Technologiques du Titane, Nancy, France

M. Salib, J. Teixeira, L. Germain, N. Gey, E. Gautier

“Etude microstructurale et cristallographique de la precipitation de la phase aux joints de

grains / dans l’alliage de titane Ti17.”

2014: Matériaux 2014, Montpellier, France

J. Teixeira, B. Denand, E. Aeby-Gautier, S. Denis

“Influence de la transformation + sur la genèse des contraintes résiduelles au cours de

la trempe depuis le domaine de l’alliage de titane -métastable Ti17.”

2018: TMS 2018, Phoenix, Etats-Unis, 11-15/03/2018

S. Gaudez, J. Teixeira, S.Y.P. Allain, G. Geandier, M. Gouné, M. Soler, F. Danoix

“Numerical Investigations of the Effects of Substitutional Elements on the Interface

Conditions During Partitioning in Quenching and Partitioning Steels”

Page 118: Approche globale matériau-procédé des traitements

117

2019: Workshop CNRS: Quelques défis scientifiques à la lumière des synchrotrons de

4ème génération, Paris, France, 16-17/09/2019

S. Gaudez, S. Denis, J. Teixeira, B. Denand, G. Geandier, S. Allain

“High energy in situ synchrotron application to iron and alloyed carbides precipitation in low

alloyed martensitic steel”

Page 119: Approche globale matériau-procédé des traitements

118

5.2.5 Brevet

B. Henry, E. Welvaert, J. Da Costa Teixeira, F. Borit, V. Guipont, M. Jeandin. “Procédé et

dispositif pour projeter un revêtement sur un substrat".

Institut National de la Propriété Industrielle, Demande de brevet d'invention n° 02 07626

(2002).

Page 120: Approche globale matériau-procédé des traitements

119

5.2.6 Chapitre d’ouvrage

S. Y. P. Allain, I. Pushkareva, J. Teixeira, M. Gouné, C. Scott

Dual-Phase steels, the first family of Advanced High Strength Steels

Encyclopedia of Materials: Metals and Alloys. Elsevier. Eds: F. G. Caballero, G. Miyamoto.

(En cours de publication).

Page 121: Approche globale matériau-procédé des traitements

120

6 Références bibliographiques

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https://doi.org/10.1007/BF02643686.

[2] M. Kulakov, W.J. Poole, M. Militzer, The Effect of the Initial Microstructure on

Recrystallization and Austenite Formation in a DP600 Steel, Metall. Mater. Trans. A. 44

(2013) 3564–3576. https://doi.org/10.1007/s11661-013-1721-z.

[3] T. Allam, M. Abbas, Mechanical Properties, Formability, and Corrosion Behavior of

Dual Phase Weathering Steels Developed by an Inter-Critical Annealing Treatment, Steel

Res. Int. 86 (2015) 231–240. https://doi.org/10.1002/srin.201400033.

[4] H. Hofmann, D. Mattissen, T.W. Schaumann, Advanced cold rolled steels for

automotive applications, Mater. Werkst. 37 (2006) 716–723.

https://doi.org/10.1002/mawe.200600057.

[5] E. De Moor, D.K. Matlock, J.G. Speer, M.J. Merwin, Austenite stabilization through

manganese enrichment, Scr. Mater. 64 (2011) 185–188.

https://doi.org/10.1016/j.scriptamat.2010.09.040.

[6] P. Movahed, S. Kolahgar, S.P.H. Marashi, M. Pouranvari, N. Parvin, The effect of

intercritical heat treatment temperature on the tensile properties and work hardening behavior

of ferrite–martensite dual phase steel sheets, Mater. Sci. Eng. A. 518 (2009) 1–6.

https://doi.org/10.1016/j.msea.2009.05.046.

[7] S.D. Martín, de T. Cock, A. García-Junceda, F.G. Caballero, C. Capdevila, C.G. de

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Mater. Sci. Technol. 24 (2008) 266–272. https://doi.org/10.1179/174328408X265640.

[8] J. Agren, H. Abe, T. Suzuki, Y. Sakuma, The dissolution of cementite in a low carbon

steel during isothermal annealing at 700°C, Metall. Trans. A. 17 (1986) 617–620.

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Résumé

La genèse des microstructures, des contraintes internes et des déformations au cours des

traitements thermomécaniques des alliages métalliques résulte de couplages entre phénomènes

thermiques, mécaniques et métallurgiques, et plus particulièrement les transformations de

phases à l’état solide. Ce manuscrit montre une approche globale matériau-procédé des

traitements thermomécaniques pour comprendre ces couplages. Les travaux expérimentaux

nécessitent des dispositifs originaux (trempe instrumentée, caractérisations in situ…) L’analyse

des résultats expérimentaux passe en grande partie par la simulation numérique, s’appuyant sur

une connaissance approfondie du comportement thermique, mécanique et métallurgique du

matériau.

Un premier axe de recherche concerne les transformations de phases. Les procédés innovants

conduisent à des mécanismes spécifiques de transformations de phases, voire des

microstructures nouvelles, avec comme exemples ici la transformation austénitique lors du

chauffage d’un acier dual-phase et l’influence de l’azote en solution solide sur la décomposition

de l’austénite dans un acier faiblement allié. Le deuxième axe de recherche concerne la genèse

des contraintes résiduelles, avec deux origines différentes : un gradient de concentration

carbone/azote (traitements de carbonitruration d’aciers faiblement alliés) et un gradient

thermique (trempe eau d’alliages de titane). Dans les deux cas, la connaissance des

transformations de phases est nécessaire pour l’analyse. Des projets de recherche sont

finalement présentés pour poursuivre sur ces thèmes.

Abstract

The formation of microstructures, internal stresses and deformations during thermomechanical

treatment of metal alloys results from the coupling between thermal, mechanical and

metallurgical phenomena, especially the phase transformations in the solid state. This

manuscript shows a global materials-process approach of thermomechanical treatments in order

to understand these couplings. The experimental investigations require original devices

(instrumentation during fast quenches, in situ characterizations…) The analysis of experimental

results involves in large part the numerical simulation, based on a deep knowledge of the

thermal, mechanical and metallurgical behavior of the material.

A first research theme is related to the phase transformations. Innovative processes lead to

specific phase transformation mechanisms, or even new microstructures, which are studied, in

the examples presented there, for the austenite transformation during the heating of a dual-

phase steel and for the influence of the nitrogen in solid solution on the austenite decomposition

in a low-alloy steel. Second research theme is related to the genesis of residual stresses, with

two different origins: a gradient of carbon/nitrogen concentration (carbonitriding treatments of

low-alloy steels) and a temperature gradient (water quenching of titanium alloys). In both cases,

the knowledge of the phase transformations is necessary for the analysis. Research projects are

finally presented to develop further these topics