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NOTICE BIOGRAPHIQUE
MS .
- ALBERT VALIQUET
SCOLA ST IQ UE OBLA T
DE MAR I E IMM A CU L ÉE
1 8 8 3—1 9 0 8
I l y a plus d ’ une souffrance dansl a v ie re l ig ieuse ma is y eût-ousouflert toute sa v ie , on n
’
eût pas
payé le bonheur d ’
y mour ir .
M ë‘rr Char les GA ! .
2 e E D I T I O N
Q U É B E C
I mpr imer ie de L ’ÉV ÉNE M E NT
1 9 0 9
A RCHE VÊCHÉ DE QU ÉBE C
Québec , 2 mars 1 909 .
Révérend Père A .-N .
—T h . V al iquet, O . M .
Sa int -Sauveur de Québec .
Révérend et b ien cher Père ,
Vous avez eu l a bonté de me fa i re hommage de l a not iceb i ograph ique que vous avez publ iée de votre cher neveu quela mort a en levé s i prématurément à votre Congrégat i on . Je
vous remerc ie de votre dé l icate attenti on .
La lecture de cette not ice m ’a v ivement intéressé et éd ifié .
Que l sa int j eune homme ! Que l le be l le âme , tout enfiammée
du dés i r ardent de fa ire le b ien et de procurer la g lo ire de
D ieu ! Que l les grandes espérances i l fa isa it concevoi r pourson futur aposto l at ! L e bon Dieu l ’
a enlevé de ce monde audébut de sa carr ière ; i l a fa it l a mort d ’ un prédest iné i l éta i tdéjà mûr pour le c ie l où i l est al lé recevo i r sa récompense .
Vous avez eu l a bonne pensée de perpétuer dans des pagesfort b ien écr ites la mémoi re de ce p ieux jeune homme ; je vousen fé l ic i te cord ialement .Veu i l lez agréer , mon Révérend Père , l ’assurance de ma
s incère grat itude et de mon ent ier dévouement en N .-S .
L .-N . , A rch . de Québec .
Ottawa , le 23 mars 1 909 .
Révérend Père A .—N .
—T h . V al iquet, O . M . I . ,Québec .
Mon Reverend Pe re ,
E n écr ivant et en publ iant une N ot ice B iograph ique » duFrère Jos .
-A l bert V al iquet, sco l ast ique oblat de Mar ie I mmaculée , vous avez fa i t une bonne oeuvre . Ceux qu i l a l ironten devront t irer profit . L es jeunes y apprendront à ne pasnégl iger l ’appe l de D ieu et ceux qu i sont entrés dans la v iere l ig ieuse seront encouragés à persévére r .Je vous su is reconna issant pour l ’ hommage que vous m ’avez
fa i t d ’ un exempla i re et je souha ite que cette très intéressanteet éd ifiante N ot ice so it beaucoup répandue dans les co l lègese t dans nos fam i l les chrét iennes .
Je demeure , mon Révérend Père ,
votre dévoué en J .-C . ,
J .-THOMA S , A r ch . d
’
Ottawa .
A RCHE VÊCHÉ DE SA INT -BON IFA CE
Sa int -Bon iface , 1 2 avr i l 1 909 .
Mon cher Père ,
Je n ’a i qu ’ un moment pour vous fé l ic iter d ’avoi r écr i t l anot ice b i ograph ique de votre cher neveu J os .
-A l bert V al iquet.E l le m ’a fort intéressé .
Rien de pl us propre à fa i re est ime r l a vocat i on re l ig ieuse et
à montre r comb ien c ’
est une grâce de cho ix .
Ce petit trava i l fa it a imer davantage notre chère Congrégat i on des Oblats qu i prend un s i grand so in de ses enfants auN ov ic iat et au Sco l ast icat ; i l montre b ien l ’act i on de l a grâcedans une âme é levée , ardente ma is encore imparfa ite au débutde l a v ie re l ig ieuse .
L es idées nobles et généreuses du j eune ph i losophe et sonamour pass ionné pour l ’étude donne une haute idée de l a culture inte l lectue l le reç ue dans son col l ège de Sa inte -Thérèse .
Vous fa ites b ien vo ir auss i que l ’amour de D ieu ne tue pasl ’amour des parents ma is qu ’ i l l ’élève et le purifie .
E nfin je vous remerc ie d ’avo i r eu le courage d ’
é cr ireU ne bonne bénéd ict i on ex præcordi i s .
1 A DÉ L A RD , O . M . I . ,
A rch . de S ai nt—Bon iface.
L . J .-C . et
Rome , 6 mars 1 909 .
A u Révérend Père A . V al iquet, O . M . I .
Mon Révérend et b ien cher Père
Je v iens de parcour i r , tout d ’ un tra it , l a not ice nécro log iquede votre cher neveu . J
’
en a i été b ien touché .
Votre espr it de fo i vous a fa it vo i r et b ien montrer danscette v ie s i courte ,
tout ce qu ’ i l y a de vra i et de so l ide dans lav ie chrét ienne .
L e cher enfant ! Sa vocat i on re l ig ieuse ava it son or ig inedans le pl us pur espr it de sacr ifice : p la i re à D ieu et non se
pla ire à l u i -m ême . Pour p la ire à D ieu i l a dû abandonne rtoutes les espérances , s i l ég it imes , de l a v ie re l ig ieuse pro longée . C ’
est b ien le sacr ifice consommé .
I l ava it so if de savo ir .Ma intenant i l vo it tout en D ieu . I l voul a it , de son savo i r ,
fa i re profiter les âmes , et vo i là que D ieu , vous insp i rant deprendre l a p l ume , semble l u i accorder l a grâce de prê cher , dela man ière l a p l us e fficace , en fa isant connaître par sa v ie , à
tous ceux qu i l i ront votre opuscule , tout ce qu ’ i l y a de
substant ie l , de vra iment grand , dans l a v ie re l ig ieuse l a généros ité , le sacr ifice , le renoncement , l ’hum i l ité et ensu ite ,comme résul tat , le sal ut , c ’
est -à -d i re , l a seule , l ’ un ique grandeur , le seul , l ’ un ique bonheur .Q ue votre écr it , s i b ien fa it , augmente l a gloi re acc idente l le
de votre cher neveu et nous att i re , de tous les co l l èges , dece l u i de Sa inte -Thérèse , surtout , d ’autres vocat i ons , commea s ienne et comme l a vôtre .
Votre tout dévoué en N .-S et M . I . ,
N .-S . Dozo i s , O . M . I .
A ss . gen .
— 1 4
C ’
est sur une de ces fermes,cul tivée de
puis près de deux cents ans par ses ancêtres,
qu’
A 1bert V al iquet vit le j our, le 3 mai 1 8 831
.
I l était le neuvième enfant d ’
Onésime Valiquet et d
’
E l izabeth Poul in .
Avec l es années,le cercle de la famille s clar
gira j usqu ’à compter quinze enfants .
Parm i des travaux incessants,des préoccu
pations et des épreuves nombreuses , les parentsn e perd iren t j amai s de vue la noble amb itionde léguer a leur fam i l le le plus riche héritagela foi chrétienne qu
’i ls avaient eux—mêm es conservée dans toute sa vivacité , comme l ’honneurde leur foyer et la source des JOI ! S les pluspures .
Est - i l étonnant que , dans ce j ardin béni et
1 . J ean V al l iquet, le prem ie r de ce nom en Canada , fit l atraversée , en 1 659 avec une centa ine de co lons recrutés parM . de la Dauversjere , et accompagnés de l a Mère M arguer iteBourgeoys , l a véné rable fondatr ice de l a Congrégat i on deN otre -Dame ,
revenant d ’un deux ième voyage en France .
! é lé poun défendre l a co lon ie contre les I roquo is , i l s ’
en
rôla, en 1 663 , dans la m i l ice de l a Sa inte—Fam i l le et entra dansla 1 9° escouade dont i l fut é l u capora l (PA I L L ON , Hi sto i rede la Co lon i e frança i se en Canada , vo l . I I , p .
S ignature de
Jean V al l i quet
fécondé par la rosée céleste,Dieu ait chois i
plusieurs fl eurs pour son p aradi s terr estr e— lavie rel igieuse— et pour son beau ciel
Albert fut en voyé très j eune al ’école vois ineoù dès lors i l m an ifesta cet am our de l ’étude
qui le condu i ra , avec une ardeur touj ours nouvel le
,j usqu
’à la tombe .
Sous le regard d ’une mère tendre et v igilante
,l ’enfant grandit aussi dans la piété
,dans
le goût des cérémon ies et des chants sacrés,et
se prépara a la première communion avec lesoin qu
’on donne à cet événement dans lesfamil les pieuses . Aussi l e souven ir de ce grandj our et du bonheur qui l ’
accompagna a lasainte Table restera-t- i l gravé dans le cœur del ’enfant .
Souvent dan s ses écrits et dans ses conversations
,i l rappellera les j o ies de cette fête
,tém oi
gnant ainsi des excel lentes dispositions qu’i l y
apporta .
Albert fréquenta l ecole primaire j usqu al
’
âge de trei ze ans .
Pour répondre à son désir de poursuivre sesétudes
,ses parents l e placèrent sous la di rec
tion des Clercs de Saint—V iateur au co l lège deTerrebonne .
Sa conduite général e,durant les quatre
années qu ’i l passa dans cette in stitution,fut
cel le d ’un bon écol ier .
Ses professeurs lu i rendent ce témoignagequ ’ i l fut très régulier dan s l ’observation durèglement et fidèle aux exerci ces de pi été . Cha
que semaine i l receva it les sacrements de Péniten ce et d ’
E ucharistie.
Dans les classes,i l réussit à se maintenir au
premier rang , et montra de bonne heure un
talen t prononcé pour les exercices de style etd
’
élocution .
I l écrivait chaque j our ses impressions surtout ce qu
’i l voyait et entendait ; i l notait sesfaibl esses et ses succès
,ses tristesses et ses j oies ,
ses défauts et ses qualités , avec une na! vetécharmante .
Ces pages,conservées en grande partie
,nous
fon t constater ses progrès dans l ’art d ’écrire etnous permettent de l ire dans cette âme et desuivre sa m arch e ascendante dans l es âpressentiers de l a vertu .
Le 27 avri l 1 90 1,l e professeur de la classe
d’
A lbert propose à ses é lèves un conventum 1
1 . Sorte d ’assoc iat i on étab l ie dans une classe , et dont lepr inc ipal but est d ’organ iser à date fixée d ’avance , une réun i onde cond isc iples .
— 1 7
Le proj et est accepté avec enthousiasmeun comité est formé Albert en est é lu secré
taire .
Il méri tait cette charge,car sa plume cor
recte pouvait s’
acquitter avec honneur de lacorrespondance et de la rédaction des minutes .
I l termine le brief compte rendu de cetteséance par ces mots
Nous avons prom is de nous réun ir tous i cidans dix ans . Tous les memb res du eonventnm
devront fa ire célébrer une messe basse à l ’intention des confrères décédés durant ces années
I l était loin de pen ser alors qu ’i l serait l ’undes premiers à profiter de cet avantage d ’
une
m esse,et que sa place serait v id e au foyer de
l’
A lma Mater en 1 9 1 1 .
A près'
quatre années d’études commerciales
et l ittéraires,Albert ob tenait un diplôme avec
di stincti on ce qui lu i permetta it d ’
espérerune positi on convenable dans le monde .
Mais une question importante se posait àl ’
esprit du j eune hommeQuel le voie su i vrai -je dans la vi e ? Faut- i l
me chercher un emplo i ou essayer de monterplus haut?
—1 8
I l avait d ix- sept ans révolus ; sa santé n eparaissait pas vouloir s ’accorder longtempsavec l e travail intellectuel .Une fatigue cérébral e lui causait des inquié
tudes sérieuses .Grâce aux travaux manuels des vacan ces
,au
grand air de la campagne et aux distractionsdont son esprit sentait l e beso in
,i l y eut un
regain de santé .
A lbert se crut en état de reprendre l etudeobj et de ses plus ardents désirs
,parce que
l ’étude lui parai ssai t le seul moyen de satisfaireles ambition s qui s
’
évei l laient dans son âme .
I l voulait devenir Q uelqu’
un i l voulaitqu itter les chemins ordinaires
,faire sa trouée
atravers la foule,et
,fallût—i l pour cela j ouer
des coudes et pein er ala tâche j our et nuit,i l
arr iverai t.
S es succès— oh bien modestes— dans l ’artd ’écrire et . de parler
,l ’avaient quelque peu
grisé,j uste assez pour lui donner l ’i l lusion ou
l ’espoir qu ’i l était appelé à se rendre util e àl
’Égl ise ou ala Patri e .
Ce regard_vers l
’
avenir était encore vague .
Albert osait apeine espérer ce qu ’i l ambi tionnait
,ne sachant encore vers quel théâtre i l
1 9
deva i t se d iriger pour faire valoir ses talents etréal iser sa part de bien dans le monde ou dansl
’Égl ise.
Mais il voulait d ’abord donner ason espritl a culture intellectuel le par les études classiques .
Grâce à la générosité de ses parents , sesdésirs furent satisfaits .
AU PETIT SÉMINA I RE
L e 3 septembre 1 90 1,Albert entre au cours
classique de Sainte—T hérèse .
I l apportait au Petit Séminaire des qual itésen bonne voie de formation la piété
,l ’amour
de l ’étude,le respect de l ’autorité
,l ’espérance
de réuss ir,un goût pronon cé pour les Lettres
et,ce qui ne nu it pas
,de la voix
,du geste
,et
un extérieur agréab l e .
A ces dons précieux venaient se j oindre desdéfauts dont i l sera question plus tard les unset l es autres demandaient une direction .
Les prêtres pieux et dévoués qui dirigent lePetit Séminaire de Sainte—T hérèse
,conservent
l ’esprit de sagesse et l e zèle éclairé qui ontprés idé à l ’établ issement de leur grande œuvre .
—20
Ils tiennent à honneur de former,sinon de
grands hommes— i ls en comptent plus ieursau moins d ’excel lents élèves
,des chrétiens et
des c itoy ens de bons principes,des prêtres
pieux et m struits .
I ls n e s ’appliquent pas seulement à donnerune formation intel lectuel le supérieure
,i ls
veulent également aide r la volonté dans la pratique du bien
,corriger les défauts du carac
tère,cultiver les vertus morales et la piété
sol ide .
Sous cette direction paternel le et sage,le
j eune homme qui montre de la bonne volontépeut faire de rapides progrès dans la carrièreintel lectuell e et morale .
On peut dire qu’
A lbert V al iquet fut deceux - là . C ’est ce qui ressort des témoignagesde ses maîtres et de ses condiscipl es .
Tous ont gardé de lui un souven ir qu i lu ifait honneur
,de même que lu i conservait pour
tous un attachement affectueux,ainsi que nous
le verrons bientôt .
Après les premiers j ours,où l ’éloignement
de sa famille l ui cause un peu d ’
ennui,i l se
met résolument au travail et triomphe bientôtdes difficultés de ses nouvel les études .I l y apporte même une ardeur qui lui cause
21
des insomnies accablantes,le forcent au repos
,
et menacent de l ui faire abandonner tout travail de l ’esprit .
Tous les ans,i l perdra plusieurs semaines
,
des mois entiers pour refaire ses forces .Combien ce repos lu i était à chargeGrâce à l ’
indomptab le énergie qui le caractérisait
,i l poursuiv it q uand même ses études
et termina non sans succès,son cours classique
jusqu’
à l a Philosophie exclus ivement,et sortit
victorieux des examens du baccalauréat enj uin 1 906.
I l retournait touj ours avec j oie auprès deses chers parents
,heureux de les aider et de
réparer son esprit,en se l ivrant aux travaux
des champs .
Les dern ières vacances se passèrent commeles précédentes mais en plus avec la sérieusepréoccupation
,pour le rh étoricien
,de connaî
tre clairement les dessein s de la Providence àson égard .
—20
Ils tiennen t à honneur de former,sinon de
grands hommes— i ls en comptent plus ieursau moins d ’excellents élèves
,des chrétiens et
des citoyens de bons principes,des prêtres
pieux et instruits .
Il s n e s ’appliquent pas seulement adonnerune formation intel lectuel le supérieure
,i ls
veulent également aide r la volonté dans la pratique du bien
,corriger les défauts du carac
tère,cultiver les vertus morales et la piété
sol ide .
Sous cette direction paternel le et sage,le
j eune homme qui montre de la bonne volontépeut faire de rapides progrès dans la carrièreintel lectuell e et morale .
On peut dire qu’
A lbert V al iquet fut deceux—là . C ’est ce qui ressort des témoignagesde ses maîtres et de ses condiscipl es .
Tous ont gardé de lui un souven ir qui luifait honneur
,de même que lui conservait pour
tous un attachement affectueux,ainsi que nous
le verrons b ientôt .
Après les premiers j ours,où l ’éloignement
de sa famille l ui cause un peu d’
ennui,i l se
met résolument au travail et triomphe bientôtdes difficultés de ses nouvel les études .I l y apporte même une ardeur qui lu i cause
2 1
des insomnies accablantes,le forcent au repos
,
et menacent de l ui faire abandonner tout travail de l ’
eSprit.
Tous les ans,i l perdra plusieurs semaines
,
des mois entiers pour refaire ses forces .Comb ien ce repos lu i était à chargeGrâce à. l ’
indomptab le énergie qui le caractérisait
,il poursuivit quand même ses études
et term ina non sans succès,son cours classique
j usqu ’à la Phi losophie exclusivement,et sortit
victorieux des examens du baccalauréat enj uin 1 906.
I l retournait touj ours avec j oie auprès deses chers parents
,heureux de l es aider et de
réparer son esprit,en se livrant aux travaux
des champs .
Les dern ières vacances se passèrent commeles précédentes mais en plus avec la sérieusepréoccupation
,pour le rh étoricien
,de connai
tre clairement les dessein s de la Providence àson égard .
—24
veaux horizons,donner ala vi e une orienta
tion nouvelle .
Le monde qu i ne croit pas ou ne pense pasà la Providence
,donne à ces causes secondes
,
les noms pa! ens de hasard , sort heureux ,bonne
étoi le,ou tout autre qui ne dit rien à l ’espri t
chrétien .
L ’homme s ’ag ite et D ieu le mène
Combien souvent des circonstances à peineremarquées des hommes
,deviennent
,par la
volonté de Dieu,d ’une importan ce maj eure
El les sont le voi l e dél i cat sous lequel la maindu Tout—Puissan t se cache pour protéger
,gui
der et sauver ses enfants .
Nous trouvons plusi eurs de ces ci rconstances providentiel les dans la vi e de notre jeunehomme .
En voici deux elles sont vraiment l ’aurorede sa vocati on .
Une note trouvée dans un cah ier écrit auNoviciat
,nous montre d ’abord le futur
\
Oblat
de Marie comme l ’
obj et d ’une tendresse spéciale de la part de cette Immaculée Mère .
I l avait vingt—trois ans lorsqu ’i l écrivi t dansdes pages tout intimes
,ce so uvenir d ’enfance .
Après une lecture impress ionnante dans un
_ 25 _
ouvrage de Louis V eui l lot, i l note les réflexions
que l ui a suggé rées cette l ecture , puis i l con
tinne
Je me rappel ai alors un fait merveil leuxde mon enfance i l mérite de voir le jour aprèsun silence de quinze années .
C ’est une vi s ion dont j e fus favori sé versl ’âge de six à sept ans .
Dans la chambre de ma mère,au - dessus de
l ’image de Marie Immaculée, j
’
aperçus . Osubl ime souvenir! O j our mi lle fois heureuxdes prem ières années de ma vie ! que ne vousai -je compri s plus tôt
« Ma is j e ne puis encore écrire cela . A plustard ce récit
Le récit n ’a pas été trouvé . Il est probableque la tombe s ’est fermée sur ce secret .Nous ne discutons pas la réal ité de cette
faveur . Celui qui la dévoile en termes siréservés
,n ’était n i
“
visionnaire n i crédule àl ’excès .I l y voyait une preuve de la bonté de la
Sainte Vierge à son égard i l y trouvait aussiun motif puissant de se ranger sous la bann i ère de la Reine du ciel et de persévérer dans
sa vocation ; n’est- ce pas tout ce qu ’i l n ous
importe de savoir ?
Un autre rayon de la lumi ère d ivine luiparvint l e 2 octobre 1 900
,alors qu ’i l étudiait
au col lège de Terrebonn e .
Ce j our- là quelques él èves privi légiés furentcondu its en promenade à l a petite vil le deJoliette .
Albert était de la partie .
Les Clercs de Saint-V iateur possèdent làleur novic iat et un coll ège classique .
Or,i l y avait en cette fête des Saints Anges
,
une profession dans l a chapel le du col l ège .
Un des rel igieux de Terrebon ne prononçaitses vœux perpétuels . C ’était le professeurmême de notre écolier .
La chapelle richement décorée,l es fleurs
,la
lum ière,l a musique
,l es chants d e c irconstance
,
une al locution touchante, pui s,
i
cette v ie qui sedonnait toute à Dieu c ’était plus que suffisantpour émouvoir cette j eunesse attentive .
Après la fête rel ig ieuse les écol iers prennentleurs ébats dans le bocage
,dans l es al lées
ombragées,se l ivrent au jeu dans les cours du
noviciat .
Ce fut une j ournée de grande j oie .
—27
Le retour s ’effectue au milieu des chantsd
’
al légresse et de la reconnaissance des élèvesenvers leurs maîtres généreux .
Avant de prendre son repos,Albert note ses
impressions .
Il n ’a qu ’un mot pour la promenade,les
j eux,les beautés du paysage
Ce qu ’i l a retenu,ce qu ’i l veut se rappel er
et conserver touj ours dans son cœur ce pourquoi i l remercie Dieu d ’avoir pris part à l ’
ex
cursion,c ’est la cérémonie des vœux
,c ’
est lesacrifice d ’amour qu i s ’offre sous ses yeuxravis ; c
’est l e spectacle de ce j eune homme
qui s ’avance d ’un pas ferme,j usqu
’au pied del ’autel du Seigneur
,et qui
,unissant le sacri
fice de sa v ie à celu i du Sauveur,prononce
d ’une voie émue mais vibrante,la formule de
ses vœux perpétuels .
A la v ie à la mort,il renonce aux richesses
,
aux plaisirs des sens et du monde,à sa volonté
propre , pour n’
appartenir plus qu’
à Dieu seul .Quelle scène ravissante quel tableau cê
l este quelle noble ambition quel grandcœurPuis des po ints de suspension .
Albert n e l ’écrit pas mais on l ’attend,on le
devine son cœur le dit et sa plume voudrait .
—28
m ais n ’ose pas le confier au papier : Ce que
p eut ce j eune homme,p ourquoi ne le p ourrai s
j e p as
C ’étai t une semence jetée dans une bonneterre par le Père de famill e el le va demeurerlà
,el le va germer lentement
,longtemps peut
être d ’autres semences vont tomber danscette âm e
,j etées par l ’homme ennemi croi
tre a côté de celle- l à,la couvrir
,l
’
ob l itérer ;
m a1 s l’
anéanti r,j amais !
E l le reparaîtra,s
’
épanouira,et portera des
fruits en son temps,quand le céleste Jard in ier
l ’aura arrosée de sa grâce et fécondée de sachaleur .
Quelques m oi s plus tard , une note de sonj ournal se l it a ins1
C ’
est dans les feui l lets de ce cahier que
j’
écri rai bientôtJ ’ai term iné mes études
,j e vais me choisir
une carrière qui m’est propre . Je désire que
ce so it cel le où Dieu m ’appel le .
Oh ! qu’i l m e tarde de voir le jour où j e
serai fixé sur ma vocationCependant i l approche bien vite , ce j our,
bientôt i l sera passé .
—29
«Ainsi s ecoule la vie .
« Nous soupirons sans cesse après un j ournouveau
,j usqu ’à celui où nous atteignons le
terme si longtemps désiré .
Puisse D ieu nous y conduire bientôt
Patience,cher enfant
,dan s sept ans
,tu seras
au terme,ta carri ère sera term inée
,tes désirs
seront exaucés .
Mais j usque- là,i l te faut combattre
,étudier
,
chercher avec anxiété l e l ieu d ’où tu t’
élance
ras vers l es régions célestes .
I l te faudra souffrir dans ton corps et danston âme .
Le ciel est une récompense il faut la ga
gner
Courage ! sept ann ées d e souffrances et detravai l
,c ’est bien peu pour mériter une éter
n ité de bonheur !
Au Petit Séminai re,tous les j ours Albert
priait pour obten ir la grâce de connaître savocation .
Dans les retraites annuel les,l ’importante
question revenait avec une nouvel le in sistanceet faisait l ’
obj et de ses réflexions les plussérieuses .
—28
mais n ’ose pas le confier au papier : Ce que
p eut ce j eune homm e,p ourquoi ne le p ourrai s
j e p asC ’étai t une semence j etée dans une bonne
terre par l e Père de famill e el le va demeurerlà
,el le va germer lentement
,longtemps peut
être d ’autres semences vont tomber danscette âme
,j etées par l ’homme ennemi croi
tre a côté de celle- là,la couvrir
,l
’
ob l itérer ;
m a i s l ’
anéanti r,j amais !
El le reparaîtra,s
’
épanoui ra, et portera desfruits en son temps
,quand le céleste Jard inier
l ’aura arrosée de sa grâce et fécondée de sa
chaleur
Quelques m oi s plus tard,une note de son
j ournal se l it a ins1
C ’
est dans les feui llets de ce cahier que
j’
écrirai bientôtJ ’ai term iné mes études
,j e vais me choisir
une carrière qui m ’est propre . Je désire quece so it cel le où Dieu m ’appel le .
Oh ! qu ’i l me tarde de voir le jour où j e
serai fi xé sur ma vocationCependant i l approche bien vite , ce j our,
bientôt i l sera passé .
Vers la fin de son cours classique,les succès
qu ’i l obtena it dan s l ’art oratoire lui faisaiententrevoir un av en ir b ri l lant dans l e m onde .
I l pensai t à l ’étude du droit ; ma is Dieuava it d ’autres vues sur lui
,et laSainte-Vierge
,
l’
Immacul ée,qui avait ébloui les regards rav is
de l ’
enfant de sept an s,prépara it doucement la
voie qu i conduit au co in de terre choisi où lad ivine Mère abrite et forme ses enfants
,ses
Oblats .
Un de ses confrères que nous aurons l ’occas ion de c iter en core avec plaisir
,dit que des
raisons intimes ont d irigé l ’esprit et le cœurde son am i vers la v i e rel igieuse .
Je croi s que son âme avait soif d ’une foiplus ardente i l était pressé d ’aller s’
abreuver
à cette source d ’eau v ive dont parle NotreSe igneur .
Son cœur éprouvait aussi un besoin d ’imm olation pour lui -même et pour ses proches .
Il fut frappé un j our de cette parol e duSauveur : S i quelqu
’
un veut veni r ap rès moi,
qu’
i l se r enonce, qu
’
i l p renne sa croix et me
sui ve.
C ’est dan s ces disposition s qu ’i l fit la retraite de la Semaine sainte 1 906.
31
Après cette retraite de vocation,notre rhé
tori cien parai ssait b ien résolu de quitter lem onde ; m ais fal lait - i l choisir l
’état eccl ésiastique dans les rangs du clergé séculier ouentrer dan s une congrégation religieuseLa v i e des excel len ts prêtres qu ’i l a sous
les veux depui s plusieurs années,l
’
attire fortem ent des conse il s respectés lu i disent d ’attendre et de continuer ses études j usqu ’à l a findes années de ph i l0 8 0 ph18 .
D’
un autre côté,la v ie des missionnaires
qu ’i l a vus et consultés,paraît répondre mieux
a ses aptitudes et aux besoin s de son cœur .
Tout est pesé,examiné sous le regard de
Dieu .
Mai s la l umière ne se fait pas dans soneSp1 it perplexe .
II sen t que la prière et les bons con sei ls luisont n écessaires plus que j amais .
Vers la fin des vacances,i l ouvre son cœur
à un prêtre qui lu i porte un vi f intérêt .Celui -ci lui conse i lle de se remettre ent ie
rem ent à la vo lonté de Dieu,sans condi ti on
,
sans arri ère—p ensée et,afin de bien connaître
cette volonté suprême,d ’al ler se recueill i r et
prier d urant qu elques j ours au Noviciat desOblats .
32
Au milieu du mois d ’août,i l éta it en retraite
à Lachine.
La con clusion pratique de cette retraite futla décision d ’entrer sans retard au nov ic iat .Une note de son journal nous apprend que
cette résolution fut pri se « san s attra it naturelcomme sans répugnance vive mais dans unepleine possession de j ugement écla iré deslumières d ’en haut ; avec la déterm inationpure et simple de se rendre al a vo ix de Dieu
,
qui l ’appelle.N ’
est- ce pas une continuation de cette scènede l
’
E vangi le S ui vez -moi,dit Jésus aux
futurs apôtres . E t ceux - ci qui ttant fi l ets et
fam i l le sui vent l e divi n Mai tre .
CHAPITRE III
L E NOVICIAT
ALBERT prit l ’habit religieux le 7 septembre1 906.
La cérémonie et l ’
al locution de circonstancele confirmèrentdans l ’idée qu
’
i l s ’était faite dela vie religieuse
Le prédicateur nous a salués comme dej eunes soldats dans le camp du Seigneur toutpuissan t
,prêts à la lutte
,face à l ’ennemi et
portant haut l ’
étendard de Marie Immaculée
L ’ennemi,ou plutôt les ennemis se présen
tent sans retard . Les occas ions de leur faireface ne manqueront pas un seul j our .
L’
ennui,les souvenirs du monde
,la fatigue
corporel le,le découragement
,etc ., viendront
3
34
tour atour livrer à cette âme des assauts form idab les.
Pour triompher de ces ennemis,Albert se
rappelle simplement qu ’i l est entré au noviciat pour faire la volonté de Dieu
,et
,pour la
même raison,i l y restera aussi longtemps que
D ieu voudra .
Comme le soldat qui voit le feu pour lapremière fois
, j’
ai sub i une commotion v iolente
,écrit- i l à ses parents . J ’ai v ersé d ’abon
dantes larmes mai s c ’était l a nature inqu ièteet orguei l leuse qui criait . Ma volonté n ’a pasfail l i un seul moment . Aujourd ’hu i
,hormis la
pein e que j e vous ai causée,j e ne regrette rien
j e suis content de ma décis ion parce qu’
ell evient de Dieu . Je marche en toute sûreté dansle sentier de l ’obéissance et du dévouement
Le j eune homme qui entre au noviciatavec des défauts— et qui donc n
’en a pasdoit leur faire la guerre
,les remplacer par les
vertus contraires et faire au moins les premierspas dans la perfection évangélique .
Bien des moyens s ’offrent au novice pourl ’aider dan s ce travail parfois très ardu .
Un règlement détail lé brise la journée en
35
plusieurs dem i - heures et quarts d’heures des
exercices de p iété en commun et en particulier
,des l ectures p ieuses
,l ’étude de l ’E criture
sainte,la d irect ion
,les av is charitab les
,les
instructions,les récréations
,les m orti fications
intérieures et extérieures , etc .
,tout est ménagé
avec sagesse pour faire de cette année untemps très uti le .
Notre jeune homme 8 etait imaginé quel ’année de nov i ciat devait avoir un air trèsprononcé de temps perdu .
Il rev int b ientôt de son ill usion .
Le 8 octob re,i l écri t à un ami
Nos occupation s sont si variées et s i nombreuses que j e n
’ai plus le temps de m ’amuseraux idées d ’autrefois .
Nous sommes emportés comme dans uncourant impétueux .
L ’automne avec ses scènes tantôt riantes,
tantôt sombres,passe sous mes yeux comme
des vues dans une lanterne magique .
Le novice étudie de nouveau sa vocation ets ’appl ique à se connaître lu i -même .
Il se demande s ’ i l est vraiment appel é à ce'
genre de vie,s ’i l a les aptitudes
,la volonté
,
l energie nécessaires pour remplir les obl igations qu ’i l contracterab ientôt.
Albert était entré au nov iciat sans attraitmai s aussi sans répugnance .
L ’année d ’
épreuve ne apportera pas plusde conso lations que le premier j our : i l la passera quand même
, le regard touj ours fixé surle doigt de Dieu qu i lui a montré la routeasuivre .
Les causes de désolation disparaîtront,en
part ie du moins sous la main puissante deDieu et grâce à la protection de Marie Immaculée .
Le 1 2 mai,le R . P . Maître annonce aux
novices que le temps est venu de demanderau R . P . Provinc ial la faveur de prononcerleurs vœux d ’un an .
Quelques j ours plus tard,Albert adresse la
lettre su ivante au R . P . Ernest Tourangeau,
provincial .
L o J o' C o et M . l e
NOV ICI A T DE NOT RE -DA M E -DE S -A NGE S
le 23 mai 1 907.
Mon Révérend Père,
Le novice ressemb le au prisonnier,avec
cette d ifférence que ce dern ier veut briser ses
37
chaînes tandis que l’autre demande à être l ié
plus étroitement.
C ’est une affaire bien sérieuse mai s s i latimid ité fait trembler ma plume , croyez bienque mon cœur ne tremble pas .
Les rai sons qui m ’ont déterm iné à embrasser la v i e rel igieuse
,lo in de s
’
émousser dansl ’épreuve
,n
’
en ont pris que plus de force et mepressent d ’avancer dans la route que Dieusemble m
’
avoir marquée pour le servir .
Il ne tient plus qu’
à vous,mon Révérend
Père,de me donner mon passeport pour entrer
dans cette v ie .
Mes rai sons sont cel les de beaucoup d ’autres nov ices . Car s i D ieu ne frappe pas tousses élus comme Saul sur le chemin de Damas
,
les sentiers mystérieux par lesquels i l l es conduit se ressemblent tous par ce côté le désirde faire la volonté de D ieu et d ’arri ver ausalut éternel .
L ’idée de m e faire Oblat date de mes premieres années d ’études ell e s ’est développéechaque j our davantage .
La cause immédiate de ma vocation fut laméditation de cette parole de l ’Évangi le S i
quelqu’
un veut ven ir ap rès moi, qu
’
i l p r enne
sa croix et me sui ve .
—38
Dans la j oie comme dans la tristesse,cette
parol e revenait à mon espri t,sonnait a mon
orei ll e,comme une exhortation pressante .
Dès que j e connus la Congrégation desOblats
,j e n ’eus que de l ’admiration pour ses
œuvres et pour ses missionnaires .
Je ne souhaitai rien tant que de deven irreligieux dans ses rangs .
Le noviciat,bien loin de m ebran ler
,m
’
afferm it de plus en plus . A mesure que j
’étudieles saintes Règles de cet admirab le Insti tut
,
mon dés ir d ’y entrer n e fai t que s’accroître
malgré mon ind igni té et ma faiblesse .
« J ’espère qu ’avec la grâce de Dieu et laprotection de notre bonne mère Marie Immaculée
, je pourra i vivre selon la Règle , fidèleaux vœux de pauvreté
,de chasteté et d ’
ob éis
sance .
C ’est pourquoi j e dépose ce placet à vospieds .
Si vous agréez ma demande , j e serai , pourla v ie
,avec la plus profonde reconnaissance et
le plus entier dévouement, votre fi ls respec
tueux en N .- S . etM . I .
J—Albert V A L I Q U E T , N . O . M . I .
39
Le 6 j uil let au soir, l e R . P . Maître réunitles novices autour de la statue de la SainteVierge
,en face du portique
,et leur fai t part
d ’un e bonne nouvelle
Tous ceux ,dit - i l
,qui ont demandé a pro
h oncer l eurs vœux sont acceptés par le Consei lgénéra l de Rome
Un cri de j oie s ’élève de tous l es cœurs,
raconte l e novice,et nous entonnons le can
ti que
O C ! u r de notre a im ab l e M ère
L e 1 er septembre,l e F . V al i quet, ainsi qu
’unautre novice , entre en retraite préparatoire àl
’
Ob lation .
I l fait cette retraite avec toute la gravitépossible
,sous le regard de Marie Immaculée
,
en présence des grandes v érités de la foi et desobligations qu
’i l va contracter .
I l est tout j oyeux en pensan t qu ’i l va commencer une v i e nouvelle
,toute à Dieu et aux
œuvres méritoires .
0 Marie ! que votre Naissance m ’apportela j oie d ’une naissance pure et sainte
,à l ’état
rel igieux
40
Le 8 septembre,l
’al légresse éclate dans le
pieux sanctuaire de Notre -Dame- des-Anges .
Au moment où l e prêtre monte à l ’autelpour offrir le divin Sacrifice
,des voix émues
font écho aux élan s d ’un cœur ardent,v ictime
d ’amour sur le modèle de la Victime éternel le
qui sauve le monde et attire les cœurs généreux .
Sacr ifice d ’amour , ho locauste subl imeU n c ! ur brû l ant et pur va s ’
immoler à D ieu .
L e c ie l avec transport contemple sa v ict ime .
La pa ix et le bonheur inondent ce sa int l ieu .
Maintenant, je ne m
’
appart-iens plus j e me
suis tout donné à Jésus,mon Maître
,mon Am i
,
m on Dieu .
Je me suis li é pour un an à la Règle desOblats de Marie Immaculée
,j e sui s Oblat .
J ’espère y trouver l a vie ; car on m e l ’apromis au nom de Dieu
,en me remettant le
l ivre des Règles et Constitutions : Hoc fac et
v i ves—fai s ce que conti ent ce li vre ettu vi vras
Telles sont les réflexions que lu i inspirel ’acte par lequel se termin e le noviciat.
—41
A U SCOLASTICA’T
Le 9 septembre 1 907 . le F . Alb ert V al iquet
arrivait au Scolasticat Saint- Joseph ,à Ottawa
Est .
Cette in stitution tient a la fois du noviciatet du grand sém inai re .
Le scolastique n’est attaché définitivement
à la Congrégation qu’après une seconde année
de probation religieuse , intel lectuelle etmêmephysique .
I l continue l’
œuv re de sa formation moral eet
,en même temps
,i l se livre à l ’étude soit de
la Ph i l osophie,soit de la Théologie et des
autres sc iences eccl ésiastiques .
Notre j eune rel igieux avait soupiré après lej our où
,l ibre des premières inquiétudes sur sa
vocation ,i l entrerait dans un genre de v i e qui
avait pour lui tant d ’
attrait.
Ce qu’i l a trouvé dépasse ses plus beaux
rêves : une vaste et superbe maison,cachée
hors de la capitale,au m i l ieu de la verdure
,
entourée de j ardins,de grandes al lées bordées
de fleurs et d ’arbustes,un plateau pour les
j eux ,une coll ine au pied de laquelle serpente
la riv i ère Rideau des Religieux charitables,
—42
des professeurs se consacrant tout entiers à laformation des missionnaires .
L ’étude,la piété
,la psalmodie
,les chants
,l a
mus ique instrumentale,les exercices corporels
qu i remplissent les j ours,dans cette sainte
maison,rappel lent ce que S . Jean Chrysostome
d isait du monastère où s ’était écoulée sa jeunesse
Les Religieux y sont en grand nombre etil s n ’ont qu ’une seule âme et un même mouvement .
Sont- il s affi igés ? leur peine , partagée entretous
,s
’
amoindrit.
Chacun est dans la maison,comme une
lyre dans un concert,comme une fontaine
dan s un j ardin .
Heureux de tant d ’avantages,Albert se
hâte de faire part de son b onheur à ses confrères du Nov i ciat et ases amis de Sainte-Thérèse .
I l afferm it les premiers dans leur vocationet invi te les autres à entrer dans la voie quiconduit à ce qu ’ i l appel le un « paradis terrestre .
Un nuage vint assombrir son ciel .Avant de quitter Lachine
,le Frère avait fait
_ 43 _
une courte visite à sa famill e,pour consoler
ses parents et dire un dern ier adieu à unej eun e sœurmourante .
Le 26 octobre , cel le- ci partait pour l e ciel .Albert éprouve un profond chagrin de cette
mort.
Il écrit à ses parents et leur suggère desmotifs de consolation en des termes touchantset dél icats .
Nous d irons peu de choses de l ’étud iant en
ph il osophie i l n e donna que cinq mois a cettescience .
Ce n ’
est pas suffisant pour le v oi r bri l l erparmi quelques douzaines d
’autres rel igieuxadonnés de tout cœur à l ’étude de saint Thomas .
Ce que nous dirions de lu i devrait s’
appl i
quer à tous,si nous en jugeons d ’après les
témoignages fiatteurs qu’ i ls reço ivent chaque
année,des autorités de l ’
U n iversité d’
Ottawa.
Le jeune rel igieux aimait le scolasti cat parcequ ’i l aimait l ’étude comme un besoin de sonesprit et de son cœur
Tant que j e ne me serai pas remis à l ’étude,
écrivait- i l avant de quitter le—Novic iat,j e souf
44
frirai de cet état de langueur anormal chezmoi . Dans quelques semaines , heureusement,la Phi losophie viendra me nourrir de sa richesubstance
, j’
y puiserai une nouvel le force intell ectuel le et morale , ma santé elle-même ygagnera en vigueur
Avant d ’arriver au dénouement de cettecourte vie
,i l convient de j eter encore
\un
regard d iscret dans l ’âme de cet élu de MarieImmaculée .
Nous n ’
hé”
sitons pas à lui donner ce qual ifi
cati f car cette existence s i tôt ravie à la terreet à la Congrégation ne se comprend pas endehors d ’une électi on spéciale de la Mèred
’
A mour .
CHAPITRE IV
Q U A L I T ÈS DÉFAUTS VERTUS
Q U A L I T ÉS
Lgravure qui orne la premiere page de cettenotice , montre bien la vérité des l ignes
suivantes tracées par un confrère d ’
A lbert
Il était d ’un p hysique fermement museuleux . On eût pu lu i promettre une v ie troisfois plus longue que celle que la mort l ui a siviolemment arrachée .
Sa voix,un peu vo i lée cependant
,pronos
ti quait déj à l ’
affaib l issem ent de sa po itrine .
E l le était forte , agréable et j uste et son chantétait ple in d ’âme
,d ’une âm e d artiste et de
penseur .
—46
C ’était b ien,en effet
,une âme d ’artiste et
de penseur que,dans la personne du cher frère
,
Dieu faisait vibrer sous ses doigts souverainement harmonieux . Et combien dociles auxtouches div ines les cordes et les pui ssancesd ’une si bel le âme !
Imag inati on vi ve on le savait après deuxj ours de commerce avec lui . Son langagefleuri
,même en conversation ord inaire
,en
était une preuve .
Les chants qui s’
exhalaient soudain pourtrahir ses rêveries intimes
,ces rêves qui sou
vent bri l laient dans ses yeux,des dél ires de
j oie,de mé lancol iques échappées prouvaient
et la richesse et l ’entraînement de cette faculté .
Mai s l ’
i ntel ligence perspicace et réfléchiedon t D ieu l ’avait doué domina it toute sa condu ite.
Et sa volonté était forte , décidée .
La discipl ine rel igieuse le trempait à neuftous les j ours et donnait à son caractère laforte d irection dont i l avait besoin .
Son caractère,oh ! comment le peindre ?
Comment rendre cette noblesse accentuée etces v ibrations d ’enthousiasme
,signe d ’une
dél icatesse achevée de sentiments et d ’une
—46
C ’était bien,en effet
,une âm e d ’art iste et
d e penseur que,dans la personne du cher frère ,
D ieu faisait vibrer sous ses doigts souverainement harmon ieux . Et combien dociles auxtouches d ivines les cordes et les puissancesd ’une si bel le âme !
Imag inati on vi ve : on le savai t après deuxj ours de commerce avec lui . Son langagefleuri
,même en conversation ord inaire
,en
éta it une preuve .
Les chants qui s’
exhalaient soudain pourtrahir ses rêveries intimes
,ces rêves qui sou
vent bri llaient dans ses yeux,des dél ires de
j oie,de mé lancoliques échappées prouvaient
et la r ichesse et l ’entraînement de cette faculté .
Mai s l ’
i ntel ligence perspicace et réfléchiedont D ieu l ’avait doué dominait toute sa condu ite .
Et sa volonté était forte,décidée .
La discipl ine rel igieuse l e trempait aneuftous les j ours et donnait à son caractère laforte d irection dont i l avait besoin .
Son caractère,oh ! comment le peindre ?
Comment rendre cette noblesse accentuée etces v ibrations d ’enthous iasme
,signe d ’une
dél icatesse achevée de sentiments et d ’une
—47
finesse de perception au - dessus de la moyenne ,dans la j oui ssan ce comme dans le chagrin
C ’
est à cette imp ressionnabi li té qu’était dû
san s doute son déb it faci le,n aturel
,enj oué .
qui tenait au bout d ’un geste le sentiment del ’auditoi re .
R . V .,O . M . I .
Notre cher frère était un de ces caractèresintenses— s i j e puis ain s i parler— avec l esquel son v it beaucoup en peu de temps
,écrit un am i
intime .
C ’était un esprit sérieux qui n’
excluait
pourtant pas une certaine inclination a lagaieté . I l eut même d ’assez fortes luttes à. soutenir sur ce dern ier point .
Spirituel et perspicace,i l éta it a certaines
heures d ’une j ovial ité expansive et entraînan tequi le faisai t rechercher de tous ses confrères
Un professeur du Scolasticat va nous direaussi ce qu ’i l a remarqué chez l ’étud iant reli
gieux
Le F . Albert V al iquet était un i ntel lectuel .Esprit ouvert et pén étrant
,imagination
vive'
et puissante,cœur noble tels étaient les
dons que la nature lui avait départis .
I l pouvait tour atour se l i vrer à l etude del ’histoire
,des œuvres littéraires sérieuses
, cuei l
l ir une fleur dans les ouvrages imaginatifs,
s’
enflamm er à la vue ou a la simple lectured ’une action généreuse .
Ces trms facultés,esp r i t, i mag ination et
coeur,certainement supérieurs chez lu i
,s
’
équi
l ibrai ent assez . b ien .
« Toutefo is, je n
’
oserais pas affirmer qu ’el lesvivaient ensemble comme tro is all i ées touj oursrespectueuses
,en fait comme en principe
,de
leurs droits et de leurs devoi rs réc iproques .« D ire laquelle des tro is l ’
emportait sur lesdeux autres
,ne serait peut - être pas faci le .
L’
affaib l issement de la santé avait déj àm od ifié le tempérament du F . V al iquet lors
qu’i l entra au Scolasticat .
Sa sens ibil ité,naturel lement très vive
,
s ’était accrue en raison inverse de la déperdition de la force physique .
« Grâce à l’
élévation,à l ’original ité de bon
aloi de sa pensée,au coloris dont i l la révêtait
,
à la chaleur qu’i l l ui commun iquait
,i l fût tou
j ours resté,dans le cercle de l ’intimité et au
mil ieu d ’une société distinguée,un agréable
causeur .
Mais dans le commerce ord inaire et dans
49
l es rapports quotidiens avec les hommes et lesévénements
,à cause de son impressionnabilité
et de l ’all ure légèrement tranchante de sonesprit
,la souffrance eût été sa compagne assi
due .
Un effort constant,l a réflexion et la grâce
div ine,eussent corrigé l es déviat ions ou com
b lé les l acunes de la nature .
I l eû t dès lors occupé un poste honorableparmi les bons relig ieux ,
et porté fièrement lenom d
’
Oblat qu ’i l chérissait tant,et qui l e fai
sai t rêver s i souvent au j our de sa profession .
I l n ’est plus . Les espérances de ses professeurs
,ébranlées dès les premières atte intes
du mal,ont été déposées sur sa modeste tombe
comme une dern i ère preuve de leur attachement sincère et de leur affectueuse tendresse .
Mais sa personnalité restera longtemps gravéedans la mémoire de tous ceux qui le connurent .
GE O . S IMARD,
ptre O . M . I .
Le R . P . G . Charlebois,supérieur
,aj oute
De prime abord,l e F . V al i quet n
’avait pasun extérieur sympath ique . I l fal lait l e fré
queuter quelques j ours pour l’
apprécier à sa
juste valeur . Pl us on le connai ssait, pl us
l’
estim ait, pl us on l’
aimait.
Je trouve dans mes n otes pr i sescompte , en octob re 1 907
,ces quelques
si gni ficatifs I ntel lectuel , amateur de l’
être
du beau E nthousi aste et sensi ôle sans
avoi r l’
ai r .
I l aimait l ’
étude j usqu'
a lap assi on .
I l m ’a avoué av oir rui n é sa santé au
l ège en passant des congés et des parties —d
n uits à étudi er .
I l aimait à écrir e et s etai t déj—â formé u
styl e peu ordi nai re . J’
ai l u quel ques- unes d
ses l ettres : j e l es trouvais charmantes , rem
p lies qu’ell es étaient d e sen timentsd ’
affection ,
de pi été , etc.
,expr imés avec d élicatesse et
finesse .
L ’amour de etude était,en effet
,très ardent
chez ce j eune homme .
Jugeon s- eu par quelques ex traits de ses
écrits,al ors qu’
i l était a Sainte-Th érèse
Commen t ne pas aimer l etude ? C ’est lanourri ture de l ’ esprit
,c ’
est la vi e de l ’âme,
après l’
E uchari sti e et l ’
amour de Dieu .
J ’ai soi f d ’apprendre . Je m ’
appl ique, de
51
pui s d ix ans a cultiver mon intel ligence tard ive . J
’
e3pere que ce n ’est pas en vain . Jesème auj ourd ’hu i pour récolter plus tard .
L ’étude fa it m es dél ices j ’y passerais lesj ours et les nu its si ma pauvre tête pouvait ysuffi re .
Il eut en effet l ’
imprudence d’y con sacrer
les heures dues au repos .
Ma is l e m oven de mettre un fre in à l ’
ardeur
qui se traduit par des pla intes comme celle - ci
Je su i s tr0 p âgé de dix ans . Il me faudraittravai l ler v ingt heures par j our pour parven irà ce que j
’
am b itionne.
Il écrit à ses frères qu’i l est tenté d ’
env ier
leur bonheur,eux qui ne subissent pas l e
tourment des choses intel lectuel les et quimènent une v ie paisible au sein de la famille .
E t pourtant,ce tourment
,i l l ’aime puisqu ’il
dit souvent sa reconnaissance à ses parentspour l es sacrifices qu ’i ls font en vue de sonéducation .
I l remercie Dieu tous les j ours de lui avoirprocuré le plaisir d ’étudier .
Cette opin iâtreté dans le travail devait condui re l
’
écol ier au succès .
50
j uste valeur . Plus on le connaissait,plus on
l’
estimait,plus on l ’
aimait.
Je trouve dans mes notes prises sur soncompte
,en octobre 1 907
,ces quelques mots
significat ifs : I ntel lectuel,amateur de l
’
étude,
du’
beau . E nthousi aste et sensi ble sans en
avoir l’
ai r .
I l aimait l ’étude j usqu’
a la p assi on .
I l m ’a avoué avoir ruin é sa santé au collège en passant des congés et des parties den uits à étud ier .
I l aimait à écrire et s ’était déj à formé unstyle peu ord inaire . J ’ai l u quelques - unes deses lettres : j e les trouvais charmantes
,rem
plies qu’elles éta ient de sentiments d ’affection,
de piété,etc .
,exprimés avec dél icatesse et
finesse .
L ’amour de l etude était,en effet
,très ardent
chez ce j eune homme .
Jugeons- en par quelques extraits de sesécrits
,alors qu ’ i l était a Sa inte -Thérèse
Comment ne pas aimer l etude ? C ’est lanourriture de l ’esprit
,c ’est la vie de l ’âme
,
après l ’E ucharisti e
’
ét l ’amour de Dieu .
J ’ai soif d ’apprendre . Je m ’
appl ique, de
— 52
Un de ses confrères,M . l ’abbé A . Valois
,
nous écrit à ce propos
Albert V al i quet réussit à force de travail agarder un e p lace honorable dans toutes ses
classes, ce qu i lu i valut une entrée facile à
l’
A cadém ie Saint- Charl es .
Je trouve au cah ier d ’honneur plusieurstrav aux littéraires signés par V al iquet.
I ls d énotent une appl ication sérieuse etintel ligente on y remarque une imaginationvive
,beaucoup d ’original ité dans les pensées
et un style coulant.
Je m e souviens de l ’impression causée àl
’
A cadém ie par une étude de comparai son qu’i l
nous donna sur les troi s grands modèles , Bos
suet,Bourdaloue et Massil lon .
V al iquet faisait partie de la société deDiscussion et s ’y montrait un des membres l esplus zélés .
Il avait aussi un goût prononcé pour la
p aro le p ubli que et de rares aptitudes pour ladéclamation .
Tous aimaient à l ’entendre dire un m or
ceau de poésie ou déb iter un di scours . S ibien que ceux qu i
"
l’
ont connu n ’en parlen ten core qu ’avec éloge .
—53
Il d i scutait souvent en récréation et se
faisait remarquer par la sol idité des argumentset par la finesse des réparties
Le R . Père Maître dit de son novice qu ’i lman ifesta cet amour du travai l intel lectuelmême durant cette année où l ’étude est res
treinte al a Sainte—Écriture
I l m ’
avoua sincèrement qu ’ i l n ’avait j amaisouvert un livre sans former l ’intention d ’acquérir des connaissances pour p lus tard .
- E tudier disait—i l,mais c
'
est ma vieJ ’aimerai s mieux renoncer à la vie que derenoncer à m ’
i nstrui re. Non,j e ne veux pas
être un ignorant,maintenant que j e suis
entré dans la carrière des études rel igieusesIl me disait cela en me rapportant ce qu
’unmédec in lui avait consei l l é
,a savoir d ’aban
donner l ’étude â cause de samauvaise santé .
C ’est un peu cet amour pas sionn é pouretude qui l e porta vers la v ie rel igi euse . Ilreconnaissait la n écessité de se soumettre à
une règle afin d ’év iter les excès .L ’étude de l ’histoire du Canada et de notre
littérature l ’avait rendu patriote très ardent .
Il aimait sa patrie,j e puis d ire sans mesure
,
_ 54 _
ce qui le portait parfoi s à défendre ses conv i ctions avec un peu tr0 p de chaleur
Un confrère du Noviciat d it qu ’une desgrandes épreuv es du Frère V al i quet, fut l aprivation de l ’étude suivie pour laquel le i lsentait un attrait irrés istible .
Les livres étaient ses am is p riv i l égiés . I ll isait b eaucoup et avec intel l igence
Ce désir de s’
instrui re avait le champ l ibreau Scolasticat .
Contrairement aux av is du médecin,Albert
étud iai t avec une ardeur égale à cel le de sesconfrères .
Après la préparation des devoirs de classe,i l
trouvait du temps pour écrire ses notes intimes,
i l revoya it ses auteurs de l ittérature et d ’élo
quence, passait des heures de congé a li re soità la b ibl ioth èque , soit ason bureau .
Quand la maladie v in t l e surprendre,i l
commençait des trav aux l ittéra i res dans le butde perfectionner son style et de donner un al iment à son imagination touj ours en éve il .Ne peut- on pas dire q ue ce j eune rel igieux
aimait le travai l intel lectuel comme un martyraime l ’instrument de son suppl ice ?
Ou représente les martyrs portant , soit unglaive qui l es a décapités
,soit un gri l sur
lequel on les a torturés , ou tout autre obj et quia fait leur tourment.
Ainsi pourrait - on représenter cet étudiant,
penché sur sa table de travail,un livre ouvert
sous ses yeux et une plume à la main,et s ’at
tachant sans relâche a ces deux obj ets qui faisaient a la fois ses dél ices et son tourment .
DÉFAUTS
L es v i es les plus bril lantes,étudiées dans l e
détail,présentent des ombres
,des imperfec
tions,parce qu ’ell es sont humaines .
Les esprits vifs , dominateurs , en laissent voirplus que d
’autres ; mais on remarque aussi eneux des côtés plus beaux
,des qualités et des
vertus plus admirables .
I l y avait des ombres sur la figure d ’
A lbert
V al iquet.
Dès son enfance,i l portait dan s une démar
che fière,sous des tra its artistement tai ll és et
dans un ton de voix autoritaire,l es symptômes
d ’ un orgueil et d ’une indépendance qui l uidonneront b ientôt des occasions de luttes quo
—56tidiennes où la vertu n ’aura pas touj ours lavictoire .
Ceux qui l ’ont connu au coll ège et au peti tséminaire ont gardé un bon souvenir de ses
qualités , mais i ls se souvienn ent aussi de soncaractère hautain
,de sa raideur dans l es
man ières,de ses paroles v iolentes
,de ses
répliques acerbes .I l était porté à l ’ambition et souffrait di ffi
ci lement d ’être surpassé soit à l ’étude soit au
’
Doué de force,d
’
hab i leté,de savoi r - faire
,
possédant de la vo ix,de la tai l le
,de la sou
plesse,i l faisait tr0 p sentir ses qual ités .
La mélancol ie et mêm e une tristesse profonde s’
emparai tde son âm e à certaines heurespar exemple lorsque le succès ne réponda i tpas a ses efforts
,lorsqu
’une déception venaitcontrarier ses plans
,ou même lorsqu ’
aux joursd ’automne , une bri se froide et la chute desfeuil l es venaient tout assombrir autour de lui .Au collège
,ces défauts se faisaient j our
même dans les rapports avec les professeurs ;ce qui lu i occas ionna quelques fâcheuses di ffi
cultés.
« Heureusement,nous dit L’ ami ci té plus
haut,le malaise ne durai t pas
,car Albert avait
_ 57
bon cœur,et bientôt i l reconnaissait ses torts
et les avouait sincèrement .Le tra it - suivant vient appuyer ces remar
quesU m j our de février 1 906, i l prépare avec un
confrère,une escapade comme on en rencon
tre souvent dans la v ie des écoliers .
Dans un moment d ’
ennui,i l organise une
sortie clandestine chez ses parents .
Les am is avaient compté sans la tempêtequ i se déchaîna j uste a l ’heure du départ . Sib ien qu
’i l fal lut dire ad ieu à la promenade etconfesser tim idement
,que l ’homme pr0 pose
et Dieu dispose .
A insi se termine le récit qu ’i l fait a ses petites s ! urs
,de cette promenade manquée .
I l avoue que c ’éta it bien insensé,et remer
c ieD ieu de l ’avoir arrêté avant cet acte d ’
insu
bordi'
nation et de fol ie .
Il continue Pour vous,m es ch ères petites
sœurs,douces fleurs encore attachées à la tige
fam il iale,n ’oubliez pas d ’être bonnes et stu
dieuses. N ’ayez j amai s l ’idée de vous soustraire a la surve i l lance de nos bons parents
,
vous le regretteriez .
S i l a tempête atmosphérique ne venaitvous barrer l e chemin
,une tempête de remords
58
bien autrement redoutable s’
éléverait dansvos cœurs innocents
S es insomnies le rendaient parfo is morose ,Faut - i l s
’
en étonner Tout autre caractèremoins fortement trempé se serait découragé .
Hors de là,i l se montrait j oyeux
,ai mable
,
cherchant à faire plaisi r en se mêlant de bonnegrâce aux j eux et aux conversation s fam i l i ères .
I l s etudiait beaucoup,analysai t ses pen
chants et travail la it à corriger ce qui lu i paraissa it répréhensible .
La vertu ava it donc un travai l sérieux àfaire pour pén étrer dans cette âme.
Il est aussi d iffi ci le de corriger ses défautsde caractère que de refaire son tempérament .
La cond ition prem i ère et essentielle d ’uneamél ioration
,c ’
est de se conna itre la seconde,
c ’est de vouloir se corriger et de se l ivrer à cetravail ardu et souvent ingrat
,avec beaucoup
de courage,d
’
abnégation ,et d ’
esprit de prière .
S es imperfections,Alb ert l es connaissait par
faitem ent,ainsi q ue le démontrent ses notes
et ses résolutions de retrai tes i l en gémissa itplus que personne et tâchait de dérac iner cettemauvaise herbe du j ardin de son cœur .
58
bien autrement redoutabl e s’
éléverait dansvos cœurs innocents
Ses insomnies le rendaient parfois morose,
Faut- i l s ’en étonner ? Tout autre caractèremoins fortement trempé se serai t découragé .
Hors de là,i l se montrait j oyeux ,
ai mable,
cherchant à faire plaisi r en se mêlant de bonnegrâce aux j eux et aux conversation s fam i l i è
I l s é tudiait beaucoup,analysait ses pen
chants et travai l lait à corriger ce qui lui parai ssait répréhensible .
La vertu avait donc un travai l sérieux àfaire pour pén étrer dans cette âme .
I l est aussi difficile de corriger ses défautsde caractère que de refaire son tempérament .
La cond ition première et essentiell e d ’uneamélioration
,c ’
est de se connaître la seconde,
c ’est de vouloir se corriger et de se l ivrer à cetravail ardu et souvent ingrat
,avec beaucoup
de courage,d
’
abnégation ,et d ’
esprit de prière .
S es imperfections,Alb ert l es conna issai t par
faitement,a insi q ue le démontrent ses notes
et ses résolutions de retrai tes i l en gém issaitplus que personneè t tâchaitde dérac iner cettemauvaise herbe du j ardin de son cœur .
59
« I l dut faire des eflorts presque hér0 1 ques,dit le R . P . Benoît
,Maître des Novices
,pour
mener la vie commune à laquel le i l n’étai t
pas habitué,et pour amender son caractère .
I l faut d ire a sa louange qu’i l y réuss it
presque parfai tement .
Il était d ’ailleurs le premier à reconnaîtreses défauts de caractère .
Dans le monde,disa it—il
,j etais un être
insupportable .
Lorsqu ’i l avait remporté une v i cto i re pluséclatante dans les nombreux combats qu
’i l
soutenai t contre lui -même,i l l e notait d ’un
mot comme celu i - ci J ’ai veil lé sur mesparoles
,j ’ai gardé m es résolutions . Mais quel
renoncement i l faut ! quelle violence cont inuel le Mon Dieu
,aidez—mo i .
Vous ferez des progrès en autant que vousvous ferez violence
,d i t l ’auteur de l ’
Im i ta
ti on . Notre frère s ’
est fa it v iolence tous lesj ours depu is son entrée dans la vie rel igieuse .
N ’
est- i l pas dès lors , plus d igne d’adm iration
que s ’i l eût été d ’un caractère calme,pacifique
,
humble sans efforts ?I l serait peut- être arrivé ainsi al a sainteté
,
mais sans gloire,comme l ’enfant qui n ’a
—60
j amais rencontré d ’
obstacle,ou comme le sol
dat qui se ti ent s1mplement a son poste etchante ensu ite une victoire chèrement payéepar les combattants .
VERTUS
Le vrai religieux est un homme qui s ’estlivré lu i -même
,tradi di t semetip sum,
al ’exem
ple et pour l ’amour de Notre- Seigneur JésusChrist . I l s ’est voué à la gloire de D ieu sansréserve
,sans désir humain
,sans préférence
personnelle,ne voulant que servir et être
oublié .
Nous ne dirons pas d ’
A l bert V al i quet qu’i l a
réal isé ce portrait du parfait rel igieux,n i qu ’i l
a pratiqué les conseils évangéliques dans touteleur perfection . On ne peut attendre des fruitsquand la fleur est si tôt moissonnée .
Mais nous pouvons démontrer qu ’i l avaiten trepris sérieusement l
’
œuvre de sa sanctification par les moyens les p lus efficaces .
En premier l ieu,mettons l ’
esp r it de foi ,fondement de l ’édifice religieux .
C ’est par esprit -de » foi,ou tout au moins
,
pour accroître sa foi que l ’étudiant est entréau novic iat .
61
Cette pensée revient souvent dans ses noteset dans sa correspondance
Je te d irai franchement que s i tu as la foi ,écrit- i l a un am i
,une foi bien convain cue
,tu
n ’as rien à craindre dans n ’importe quel lecarri ère .
Ce n ’
est pas précisément une foi v ive quim ’a fai t entrer au novic iat
,mais un désir ardent
de connaître davantage la vérité et Jésus-Christ
qui est venu l’
enseigner au m onde .
Depu i s ce j our- là,la lum i ère se fait de
plus en plus vive dans mon esprit .
Plus tard i l aj oute : Je crois maintenantd ’une foi que je ne soupçonnais pas . NotreSeigneur Jésus- Christ est toute m on étude
,
bientôt,j e l ’
espère,. i l sera tout mon amour .
Voi là l e secret de son avancement dans lesvertus religieuses .
I l se m et a l ’école de Notre- Seigneur,le
Maître de la foi,l a Lumière du monde
,l
’
éter
nelle Vérité .
I l étudie Jésus- Christ dans l ’Évangile etdans les mei l leurs commentaires
,en vue d ’ac
croître sa fo i et son amour .
_ 62 _
Je ne regrette pas,d it- i l
,de retarder d un
an l ’étude de la philosoph i e . Après avoirsavouré la vie de Notre- Seigneur
,j e sui s con
v aincu que l a foi vaut mieux que tous lesraisonnements des philosophes .
Ah on avait bien raison de nous d ire,au
coll ège Étudiez l ’E vangi le et vous deviendrez savants
L es b ons souvenirs qui me sont restés ducher Novice , écrit l e R . P . Benoît
,c ’est d ’abord
son grand amour pour N .
- S . J .
- C . I l en parl ait longuement dans ses nombreuses l ettres àses cond isc iples de Sainte-Thérèse et à sesparents .
On sentait,a cette lecture
,l ’impression
d ’un c ! ur pénétré de ce qu’i l écrivait .
Il s ’
efforçait de communiquer aux autresune étincelle du feu qui le consumait .
Un confrère remarque que le futur Oblats
’
efforçait vraiment de n’avoir d ’autre idéal
que N .
—S . J .
- C .
Parlait- i l d ’études,de proj ets d ’avenir
,de
m issions sans ceësè“"
i l revenait au divinModèle. E tudions J .
- C .,tout est là . I l est
63
le centre,la source de toute vérité et de tout
bien
Un au,j our pour j our
,avant sa mort
,i l
écrivait : « Je sui s de plus en plus persuadé
que Jésus est la lumière du monde . I l fautmarcher sur ses traces car l ’étern ité estproche
et la mort frappe traîtreusement.
Est—i l étonnant,après cela
, que le j euneReligieux a it fait certains progrès dans l esvertus propres ason saint état ?
Sain t Léon - le-Grand d it que si Jésus- Christvous enseigne
,
”
vous apprenez vite ce qui estenseigné .
A l ’école du d ivin Maître,Albert entretin t
et développa dans son cœur la p i été de sonenfance .
Depuis son entrée au coll ège,i l fréquentait
l es sacrements de Pénitence et d ’
E ucharistie
chaque semaine .
Au Noviciat et au Scolasticat,i l commu
niait tous l es j ours .
I l était dans l ’admiration de ce mystèred ’amour par l equel Dieu s
’unit à nous pournous enrich ir de ses grâces et nous faire vivrede sa vie .
I l disait un j our à un confrère
Q ue nous sommes grands,nous qu i avons
le bonheur de commun ier tous les j ours
I l a donné maintes preuves d ’une piétéfervente
,dit le R . P . Supérieur du Scolast icat .
Ains i,pendant sa douloureuse malad ie
,ne
pouvant plus se rendre aux exerci ces de communauté
,i l y ,
assistait en esprit et s’
un issait
d ’intention à ses frères .
Il était fid èle ala communion quotid ienne .
I l récitait son chapelet je ne sa is combiende fois par j our .
Il se fai sait lire des passages de l ’Écriture
Sainte et de livres pieux .
Sa piété procédait d ’une foi très v iv e,d ’un
grand esprit de foi . Ses conversations,ses
écrits respiraient l a foi et la p iété .
Adorateur ! élé de l ’
E ucharistie,c etait au
pied du Tabernacle qu ’i l al lait épancher soncœur
,chercher consolation et courage dans
ses chagrins et ses épreuves .
I l aimait l es man ifestations extérieures dela p iété .
Un de ses ennu is,au Noviciat
,fut d etre
privé souvent de la grand’
m esse. Combien i l
—66
j eune homme Oh ! i l ne peut que resterbon i l aime tant sa mèreAlbert conserva touj ours une place de choix
dans ses affections,pour ses parents
,pour ses
frères et ses sœurs .
Enfant,i l se d istinguait par des témoigna
ges de tendresse envers ses parents et par sonempressement a se rendre aimable en touteoccasion et surtout aux fêtes de la famil le .
Durant les années d ’études,les lettres dic
tées par la piété fi l iale se succédaient chaquesemaine pour répondre au besoin d ’un cœuraimant
,touj ours inquiet du bonheur des chers
ab sents .
Auss i,quelle j oie lorsque 1 etudiant revenait
au toit paternel I l se dédommageait des longsmois d ’absence
,par ses amabil ités envers sa
famil le .
Son travail,ses chants
,ses lectures et des
récitations variées mettaient au cœur de sesparents une légitime fierté . Plus d ’une fo is
,i l
l es vit s’
attendrir j usqu ’aux larmes,lorsqu ’i l
disait avec chaleur et conviction tel morceautouchant de Fran çois C0 ppée.
Fils respectueux et soumis,i l voulut avoir
67
l e consentement de ses parents pour entrer aunovi ciat .Combien vives furent ses angoisses
,en cette
circonstance,l orsqu ’i l vit l es larmes de sa
m ère Larmes causées,sans doute
,par la j oie
de donner son fi l s à. Dieu,mais aussi par l a
pensée d ’une séparation sans retour .
C ’est toujours émouvant de voi r des pleurs,
écrivait- i l a un ami mais les pleurs d ’unemère Oh ils percent le cœur d ’un fi l s b ienne .
Quel baume pouvais -je appliquer sur cette
plaie saignante du cœur de ma mère ?O Marie
,Mère de douleurs
,vous qui avez
connu les déchirements du cœur dans la séparation du plus beau des fi ls
,donnez à ma mère
la force nécesssai re pour supporter l ’absenced ’un fi ls aimant .
Depuis que la main de l a Providence m ’atransporté loin de mes parents
,j e sens combien
j e les aime et combien j e voudrais les savo irheureux .
Ces l ignes,écrites aux premiers j ours du
noviciat,furent bientôt suivies de lettres et de
n otes aussi touchantes .
—68
Les maladies , les séparations , la mort , v iennent tour à tour fondre sur sa famil le. Albertexhale son chagrin et ses fi li ales sympathies
,
en des termes qu’
i l serait cruel de remettreauj ourd ’hu i sous les yeux d ’une mère et d ’unpère dont le cœur est encore brisé par l e spectacle de trois tombes
,emportant
,dans l ’i nter
valle d ’une année , ce qu’i l a de plus cher i c i
bas 1 .
Ajoutons seulement cette exclamation quimontre bien l ’affection portée au degré vra iment surnaturel où doi t tendre toute piétéfi l ial e
Ah pauvre mère et cher père,quel bon
heur ont- i ls goûté dans la vi e ? Touj ours deschagrins
,touj ours des travaux , touj ours des
sacrifices,j amais de repos !
Mon Dieu,vous êtes bon : préparez - leur
une riche couronne dans votre paradis .
La vie religieuse,loin de diminuer l es nobles
sentiments du cœur,l eur donne plutôt une
1 . U ne s ! ur et un frère d’
A lbert, 26 octobre 1 907 , 1 3
novembre 1 908 .
croissance nouvelle,un cél este épanouisse
ment .
C ’est ain si que la piété fi l iale se développeet grandit dans le cœur de l ’enfant que lespieux parents donnent à Dieu .
Il n ’y a pas de bienfait pl us grand,après
celui de posséder des parents vertueux ,que la
fav eur d ’être élevé par des maîtres éclairés,
sages et remplis de zèle pour l ’
accompl i ssement
de l eur subl ime m ission .
De même,après l ’amour de Dieu et des
parents,i l n ’y a pas de sentiment plus élevé
que l ’estime et la reconnaissance dues à nosmaîtres .
Si j ’a i reçu la v i e de m es parents,disait un
anci en,mes maîtres m ’ont appris abien vivre » .
Albert avait conservé dans son cœur,une
affectueuse reconnaissance pour ses maîtres etpour les deux institutions où i l avait passé sonenfance et sa j eunesse . Tout ce qui lui rappelait son A lma Mater et ses anciens professeursavait le don de l ’
émouvoir, et méritait d’entrer
dans ses notes journal ières .
Compagnon aimable et affectueux,i l se l ia
d ’amitié avec quelques - uns de ses condisciples
70
choisis,vrais amis
,dignes de pénétrer dans
son intimité .
Ensemble i ls étudiaien t,discutaient et s ’en
courageaint à la recherche du bien et du beau .
Quand Albert les quittera pour le Noviciat,
les l ettres remplaceront les conversations etentretiendront un échange de pensées et desentiments élevés .La mort el le-même ne pourra briser ses
douces chaînes ain si que le démontrent lestémoignages d ’estime venus des professeurs etdes condisciples du défunt .Sous un extérieur plutôt froid avec ses con
frères en religion,Albert cachait des senti
ments vraiment fraternels .
Nous formons,disait- i l
,une vraie fam i l le
,
unie par les doux liens de la charité et durespect mutuel
Au départ de quelques novices pour l e Scolasti cat
,i l sent le vide dans son cœur ; mais i l
se conso l e en pen sant qu ’i l rejoindra bientôtses frères et qu
’
ensemble i l s se prépareront adevenir des missionnaires uti les à l ’Égl ise et ala CongrégationLe Noviciat est devenu son A lma Mater
préférée .
71
Quand il quittera ce berceau chéri de sonenfance rel igieuse
,i l écrira ses adieux à tous
les obj ets témoin s de ses j oies et de ses peines,
de ses luttes et de ses triomphes et des regretssincères monteront de son cœur a sa plume
Dans quelques j ours,i l me faudra dire
adieu à Notre -Dame- des-A nges,à tout ce qui a
charmé mon cœur sur ce coin de terre béni .Je ne verrai plus cette chapell e
,n i l ’image
ravissante de ma Mère Immacul ée, qui a si sou
vent entendu mes prières,mes soupirs et mes
chants .
Tel est notre lot semblables à des oiseauxde passage
,nous sommes touj ours ala recher
che d ’une dem eurep ermanente ; mai s el le n’
est
p as i ci- bas .
C’est une consolation de penser que partoutle rel igieux trouve un père et des frères aiméset dévoués
DEVOTION ENVERS L A SA I NTE- VIERGE
Albert avait une foi ardente et un e sol idepiété envers Notre—Seign eur
,parce qu ’i l possé
dait une vraie dévotion envers Celle qui conduit ses enfants ason divin Fils .
72
I l al lai t à J ésus p ar Mar i e.
Nous l ’avons vu favorisé,dès sa pl us tendre
enfance,d ’une grâce toute particulière de la
part de Marie Immaculée . Il n ’en perditj amais le souvenir .
Les exemples et les leçons d ’une pieuse mère,
de même que les coutumes établies dans safamille contribuèrent à nourrir et a v i v ifier
cette piété fi li ale envers la Mère de Dieu .
Dans une note écrite à l ’âge de quinze ans ,i l salue le mois de mai qui donne des feuil lesaux arbres
,des chansons aux oiseaux
,la ver
dure aux prairies,l ’onde riante au ruisseau
,la
j oie au cœur,la tendresse d ’une Mère a l ’en
fant pieux .
Oh ! oui,j e te salue
,mois béni
,et j
’
offre àMarie comme bouquet frais et odoriférant
,mon
cœur avec ses j oies et ses peines,pour qu ’ell e
le fasse épanouir auprès de Jésus
En disant ad ieu à ce beau mois de Marie,
source de j oie et de consolation i l se proposede toujours aimer et honorer la douce Viergequi répand tant de grâces pendant ce mois etqui attire les cœurs par ses vertusAu petit séminaire
,i l s ’empresse d ’entrer
72
I l al lai t à J ésus p ar Mar i e.
Nous l ’avons vu favorisé,dès sa pl us tendre
enfance,d ’une grâce toute particul ière de la
part de Marie Immaculée . Il n ’en perd itj amais le souvenir .
Les exemples et les leçons d ’une pieuse mère,
de même que les coutumes établ ies dans safamille contribuèrent à nourrir et a vi v ifier
cette piété fi li ale envers la Mère de Dieu .
Dans une note écrite à l ’âge de quinze ans ,i l salue le mois de mai qui donne des feuil lesaux arbres
,des chansons aux oiseaux
,l a ver
dure aux prairies,l ’onde riante au ruisseau
,la
j oie au cœur,la tendresse d ’une Mère a l ’en
fant pieux .
Oh ! oui,j e te salue
,mois béni
,et j
’
offre àMarie comme bouquet frais etodoriférant , moncœur avec ses j o ies et ses peines
,pour qu
’ell ele fasse épanouir auprès de Jésus
En disant adieu à. ce beau mois de Marie,
source de j oie et de consolation il se proposede toujours aimer et honorer la douce Viergequi répand tant de grâces pendant ce mo is etqui attire les cœurs par
‘
Ses vertusAu petit séminaire
,i l s ’
empresse d ’entrer
73
dans la congrégation de la Sainte-Vierge etse montre touj ours digne de son beau titred ’enfant de Marie nous dit un condiscipl e .
C ’est cette dévotion qui l u i fait choisir laCongrégation des Oblats d e M . I .
,lorsqu ’i l se
sent appelé à la v ie religieuse .
I l proclame avec reconnaissance que c ’est laSainte-Vierge qui l
’a retiré du monde et quesans les maternell es prédi lections de cettebonne et puissante Mère
,i l n ’aurait j amais pu
vain cre les ennuis et le découragement causéspar ses indispositions corporelles et ses combats spirituels .
C ’est la Sa inte-Vierge qui me tient ici ;san s ell e je retournerais dans le monde maisserais écrasé par les remords
,car j e ne puis
j amais oublier ce que j e dois à Marie Immaculée . E lle m ’a fait entrer dans sa Congrégation
,elle m ’y gardera j usqu ’à la mort.
Au m i l ieu de ses accablantes nui ts sanssomm eil : J ’espère touj ours
,dit- i l ; Marie
Immaculée,qui tant de foi s endormit son divin
Fils , saura bien me faire goûter un peu derepos .
72
I l al lai t à Jésus p ar Mar i e.
Nous l ’avons vu favorisé,dès sa pl us tendre
enfance,d ’une grâce toute particuli ère de la
part de Marie Immaculée . Il n ’en perditj amais le souvenir .
Les exemples et les leçons d ’une pieuse mère,
de même que les coutumes établies dans safamille contribuèrent à nourrir et a vi v ifier
cette piété fi liale envers la Mère de Dieu .
Dans une note écrite à l ’âge de quinze ans ,i l salue le mo is de mai « qui donne des feuil lesaux arbres
,des chansons aux oiseaux
,l a ver
dure aux prairies,l ’onde riante au ruisseau
,la
j oie au cœur,la tendresse d ’une Mère à l ’en
fant pieux .
Oh ! oui,j e te salue
,moi s béni
,et j
’
offre àMarie comme bouquet frais et odoriférant
,mon
cœur avec ses j oies et ses peines,pour qu
’ell ele fasse épanouir auprès de Jésus
En disant ad ieu à ce beau mois de Marie,
source de j oie et de consolation i l se proposede toujours aimer et honorer la douce Viergequi répand tant de grâces pendant ce mois etqui attire les cœurs par
”
ses vertusAu petit séminaire
,i l s ’empresse d ’entrer
73
dans la congrégation de la Sainte -Vierge etse montre touj ours digne de son beau titred ’enfant de Marie nous dit un condisc
‘
ipl e .
C ’est cette dévotion qui l u i fait choisir'
laCongrégation des Oblats de M . I .
,lorsqu ’ il se
sent appel é a l a v ie religieuse .
Il proclame avec reconnaissance que c’est la
Sainte-Vierge qui l’a retiré du monde et que
sans les maternell es préd i lections de cettebonne et puissante Mère
,i l n ’aurait j amais pu
vain cre les ennuis et le découragement causéspar ses indispositions corporelles et ses combats Sp irituels .
C ’est la Sainte—Vierge qui me tient ici
san s el le je retournerais dans le monde maisj ’y serais écrasé par les remords
,car j e ne puis
j amais oublier ce que j e dois à Marie Immaculée . E lle m ’a fait entrer dans sa Congrégation
,elle m ’y gardera j usqu ’à la mort.
Au milieu de ses accablantes nuits sanssommeil : J ’espère touj ours
,dit- i l ; Marie
Immaculée,qui tant de fois endormit son divin
Fils,saura bien me faire goûter un peu de
repos .
Je ne regran l ’étude desavouré la viev aincu queraisonnemen
Ah oncollège E tdrez savants
Les b onscher Nov iceson grandlait longueses condisc
parents .
On sentd
’
un cœur p.Il s ’
effor
une étin celle
Un cons
’
efforcait
que N .
- S .
Parlaim issionsModèle .
tes nuits sadit- i l
te-Vierge etn beau titrecondisciple .
fait choisir laI .
,lorsqu ’i l se
nce que c ’est lamonde et quetions de cetteurait j amais puagement causésIles et ses com
tient ici :
nde maisne puis
rie Immasa Congréga
—74
I l célèbre avec une j oie touj ours nouvel leles fêtes de la Sainte -Vierge .
Quell e bonne fête nous avons passée écritil au soir de l ’
Immacul ée Conception .
0 Marie,non seulement vous remplissez
l es cieux d ’une al l égresse éternelle,mais vous
réj ouissez aussi les cœurs de vos enfants surla terre
Tout le j our,nos cœurs et nos voix ont
célébré les louanges et red it les grandeurs denotre Immaculée Mère . Tout l e j our noscœurs ont débordé de la j oie qu
’
éprouvent desenfants bien nés à la fête de l eur mère .
En effet,c ’est bien notre Mère du ci el que
nous avons fêtée c ’est la grande Patronne dela Congrégation des Oblats .
Quel le parenté quell e famille Oh qu ’i lfait bon vivre au sein de cette fami lle , guidéspar la lumière de la foi
,nourris du Pain des
anges et protégés par l a Vierge Immaculée .
Bientôt nous l ’
entendrons dire sa j oie derendre le dernier soupir sous le regard de cel l equi a charmé son cœur d ’enfant et de rel igieuxOblat .
76
fi èrem ent l e monde pour se préparer à l ’apostolat .
Vers la fin de son noviciat,i l craint de n e
pouvo ir aborder les études du Scolasti cat,à
cause de sa santé . Son zèle l ui inspire alorsla pensée de demander aparti r pour le NordOuest , espérant retrouver des forces sous unnouveau climat
,et se préparer
,sous la d irec
t ion de quelque missionnaire , aux travauxapostol iques .
N ’
est- i l pas admirable,le courage de ce j eune
homme ? S e peut - i l un zèle plus pur ? Dieudevait se contenter de ses dés irs ardents .
L ’
esprit de foi,la p iété et le zèle conduisen t
à la confiance en Dieu,et cette confiance
s’
épanouit dans l es âmes généreuses a qui .
Dieu offre de lourdes croix , parce qu’i l leur
prépare une riche couronne .
Albert était disposé à souffrir,puisqu ’i l était
entré au Noviciat pour se renoncer lui—même
etp orter la croix.
La croix,i l l ’a connue dans toute sa pesan
teur et i l a pu la porter bravement parce qu’i l
savai t que Dieu n e lui refuserait pas sa grâce.
Quelques citations vont mettre en lumièreces deux points .
77
Au début de son noviciat , il écrit asa sœur ,religieuse de la Congrégation de Notre-Dame
Me voi l à au Noviciat , enfermé avec Dieu .
Je ne savais pas qu ’i l fal lût tant de courage
,de bonne volonté et de résignation pour
se faire rel igieux .
Cependant , bén i soit Jésus qui m’a regardé
avec bonté .
C ’est a tes prières et a cel les de la famille,
que j e do is de n ’avoir pas fait comme le j eunehomme de l ’E vangi le, tr0 p lâche pour suivrele d iv in Maître .
Oui,si j e n e me suis pas retiré
,le visage
tr iste, s i j’ai répondu à l ’appel d ’
en haut,c ’est
parce que Dieu m ’a soutenu de sa grâce .
Mai s continuez am ’aider,vous dont les
prières sont si agréables au divin Cœur deJésus et à sa Mère Immaculée .
Grâce à vos prières,j ’espère persévérer .
Je l i sais hier cette parole de sainte Thérèse : L e p lai si r de mouri r sans p eine, vaut
bi en la p ei ne de vivre sans p lai si r . Pensonssouvent a cette vérité et songeons qu ’i l n ’y ade vrai bonheur ici - bas qu ’au service de Dieuet dans la Croix du divin Maître .
I l se reproche,comme une lâcheté
,d ’avoir
—78
donné une larme à ce monde qu’il a quitté
pour embrasser la croix puis i l ajoute
Votre grâce m ’
a soutenu,Seigneur .
Divin Ouvrier,votre marteau m ’
a forgé lecœur au feu de v otre amour et maintenant
,
semblable à l ’enfant retrouvant sa mère qu’i l
croyait perdue, je me j ette en vos b ras et vous
prie de m e continuer vos d ivines caresses .
Quelques j ours plus tard
Van ités du monde,vous savez bien que j e
vous ai d it un éternel adieu pourquo i donc metourmenter ainsi ? Oh ! laissez-moi goûter lesdéli ces que Dieu réseve aceux qui le suivent .
Mon D ieu,soutenez -moi . Marie Imma
culée,gardez bien votre enfant .
Comb ien de fo is,i l exhorte ses parents
,dans
l eurs pures épreuves,à mettre une entière con
fiance en Dieu,qui n ’
affi igeque pour récompenser plus généreusement !C ’est encore cette confiance qui le souti endra
dans le combat final .Une confiance si ferme ne va pas sans l ’
hu
mi lité qui se reconnaît incapable de tout bien .
Nous avons vu l ’enfant,l
’
écol ier,rempli de
_ 8 0 _
Me donner entièrement à D ieu,mo i s i
égo! ste ; m e l ier de trois chaînes soudées parla volonté de Dieu et par la mienne
,moi qui
suis si av ide de l iberté deven ir un homme de
prière,moi si indifférent et si froid devant l e
TabernacleQuant aux vœux
,aj oute—i l avec bonne
humeur,i l n’
y a guère que la pauvreté dontl ’observation me sera facile je n
’ai rien et j esuis à la vei l le de p erdr e la tête
Un jour qu’i l est en retard pour un exercice
,
i l s ’excuse en disant °
Je suis . en retard en toute chose : dansl ’instruction
,dans l ’éducation
,au nov iciat .
Pourvu que j e ne sois pas en retard a la portedu ciel .
J ’
eSpère que la Sainte-Vierge m’y fera arri
ver â temps
I l remercie Dieu de lui avoir donné un
directeur et des amis charitables pour suppor
ter ses défauts et l ’
averti r lorsqu ’i l se trompeCombien son c ! ur est ému en pensant qu ’il
a trouvé ce qu ’on cherch e vainement dans lemonde des amis véritables qui vous aident avous corriger sans vous blesser
- 8 1
Le Père Maître n ’a pas de novice plus soum is et plus affectueux .
Pas une note irrespectueuse dans toute cetteannée . C ’est la vénération
,la confiance
,la
déférence aux avis d e son directeur et mêmela reconnaissance pour les correc tions qu ’i l
reçoit .
Traitant de l ’humilité,saint François de
Sales a écri t : « Si j e me su is laissé all er,par
colère ou par quelque autre motif, a dire desparoles p iquantes ou peu convenables , aussitôtj e m e l e reprocherai vivement . Je con cevraiun vrai repentir et j e réparerai la faute demon mieux ; ma is auss i j
’
accepterai l’
abj ecti on
qui pourra m’en reven ir
Notre novice paraît avoi r porté j usque làl ’hum i l ité
,si nous en j ugeon s par l ’exemple
suivant .
Dans toutes les communautés religieuses,
les fautes publ iques con tre la Règle et contrela charité demandant une pén itence pub l ique .
Le coupable s ’empresse ord inai rement d ’offri r une réparation à l a Règle ou au prochain
,
sans attendre un signe du Supérieur .
Ce ne sera pas une tache a la mémoire dudéfunt de dire qu ’i l fut dans le cas de se puniret de venger la Règle .
6
8 2
Le lecteur qui est sans péché peut lui j eterla p remi ère p i erre.
I l va nous faire connaître lui -même,non sa
faute,mais sa joie dans l ’humiliation qu ’elle
lui valut.
Un professeur de Terrebonne nous disaitun j our
Remarquez bi en ceci tout p éché doi t être
exp i é ; toutefaute se p ay e un j our ou l’
autre.
Jamai s vous ne manquer ez à votre devoi r im
p unément
Cette sentence,dite d ’un ton solennel
,
m ’avait vivement frappé . Depuis lors el le asouvent résonn é a mon oreille comme unsévère avertissement .
Je l ’ai tr0 p souvent,hélas ! mise en oubl i .
Dern ièrement,notre P . Maître nous la
répétait sous une autre form e .
Vo i là qu ’auj ourd ’hui,un exemple vient
la confirmer .
Jai fait une faute,mon vilain caractère
m ’a fait manquer à mon devoir .
I l m ’a fal lu le p ay er en prenant mon souper dans la posture d ?un homme qui demandepardon .
Si,comme le dit Louis V eui l lot, l
’
homme
CHAPITRE V
FERMETÉ DANS LA VOCATION
ES pages précédentes nous permettent deL constater un courage
,une énergie plus
qu’
ordinaire dans ce j eune homme .
Nous l ’avons vu entreprendre l ’œuvre de saformation intel lectuel le et morale au milieude grandes d iffi cul tés
,et suivre une vocation
pour laquel le il n’avait aucun attrait n aturel .
Malgré ces obstacles,i l répond à l ’appel de
D ieu,i l s’
enferm e dans ce qu ’i l nomme sap r ison
,et i l y reste par devoir , par conviction ,
parce que sa conscience le lui ordonne .
Il y souffrira le dégoût,l ’ennu i la séche
resse spirituel le,
’
les peines de l esprit, lesangoisses du cœur
,les tortures de l ’
insomn ie
et d ’une névralgie continuel le i l se soumettraau règlement
,a la vi e commune
,à la diversité
8 6
des caractères les plus antipath iques au sienpropre .
Veut—ou savoir avec quel s accents la natureréclamait ses droits ? E coutons une de se splaintes
Je ne me sens plus le courage de continuerl e noviciat
,pour trois raisons
1 ° Je suis fatigué de cette vie monotone2° Ma santé s’
afi’
aib l it de j our en j our ;3° Je suis ind igne d ’un si saint état .
Je trouv e ces raisons si pressantes qu ’ell esm
’
ob l igent de prendre une détermination immédiate .
Humil ié de cette faiblesse,i l reprend aussi
tôt
Mon Dieu,ne me délaissez pas
,ne me
retirez pas vos grâces,ne m ’
écoutez pas quandj e vous fais la pri ère déraisonnable de ne pasm ’appeler à l ’état religieux .
N ’y a—t- i l pas dans ces sentiments si d iversun trait de ressemblance avec ceux que l ’
E van
gile nous révèle en Jésus agonisant ?
Que Dieu bénisse ma résolution,écrit- i l
8 6
des caractères les plus antipathiques au sienpropre .
Veut-on savoir avec quel s accents la natureréclamait ses droits ? E coutons une de se splaintes
Je ne me sens plus l e courage de continuerle noviciat
, pour trois raisons
1 ° Je suis fatigué de cette vie m onotone2° Ma santé s’
affaib l it de j our en j our ;3° Je suis ind igne d ’un si saint état .Je trouv e ces raisons si pressantes qu ’ell es
m’
ob l igent de prendre une détermination immédiate .
Humil i é de cette faiblesse,i l reprend aussi
tôt
Mon Dieu,ne me délaissez pas
,ne me
retirez pas vos grâces,ne m ’
écoutez pas quandj e vous fais la pri ère déraisonnable de ne pasm ’appeler à l ’état religieux .
N ’y a- t- i l pas dans ces sentiments si d iversun trait de ressemblance avec ceux que l ’
E van
g i le nous révèle en Jésus agon isant ?
Que Dieu bénisse ma résolution,écrit- i l
8 7
un autre j our,et que j e n ai l le pas
,par un
coupable abus de ses grâces,perdre une voca
tion qu’
I l m ’a insp irée pour mon salut .
Moin s heureux que l u i , deux ou trois confrères durent qu itter l e Noviciat et retournerdans le monde .
Albert en éprouva du chagrin et craignit lemême malheur
On entre ici avec crainte,écrit- i l
,on en
sort triste ou j oyeux,rarement content
,j amais
heureux .
Deux confrères sont partis quel sera l eursort
Quant a ceux qui restent,i l s sont un peu
comme sous la T erreur : chacun se demandesi son tour ne va pas ven ir .
De même qu I l acceptait de bonne humeur,
les humiliation s,ainsi la note humoristique
résonnai t au sein des souffrances lesplus aiguës .Le 1 5 j anvier
,l es novices
,après une longue
et j oyeuse course en raquettes,rentrent fati
gués et bien disposés au sommeil .
Enfin,dit- i l
,j e vais bien dormir
8 8
Voici le compte rendu de s
Quelle décept ion ? .
Hier soir,las
,rompu
,bron
j e Iaissais une phrase inachémeil pesait sur mes paupièreQue pensez -vous qu ’i l
dormisDétrompez - vous j ai fai
nuit,et ce matin l ’œi l au gue
j ’attends la cloche avec impanCependant chose conso la
joyeux de tous pendan t l eJésus m ’aide à supporter ma 1a tant insulté
,en la nuit de
Un visiteur i ndiscret,cond
lui dit un j our Tu m
ennuyé Viens - t ’en dans len
’
avons qu ’un e v ie a vivre !
j e lui répliquai Je n’
ai qver . (N ote
Un visiteur r espectable l uiVous vous plaisez bienNon
,répond le novice
p as .
8 8
Voici le compte rendu de la n uit
Quelle déceptionHier soir
,las
,rompu
,broyé par la fatigue
,
j e laissais une phrase inachevée,tant le som
meil pesa it sur mes paupières .Que pensez -vous qu ’i l arriva Que j e
dormisDétrompez - vous j ’ai fait la garde toute la
nuit,et ce matin l ’œi l au guet
,l ’orei l le tendue
,
j ’attends la cloche avec impatience .
Cependant,chose consolante
,j e suis le plus
j oyeux de tous pendant l e j our . C ’est queJésus m ’aide à supporter ma m i sère
,Lu i qu
’ona tant insulté
,en la nuit de la Passion .
Un visiteur i ndi scr et,cond isciple de coll ège
,
l ui d it un j our Tu m e parais malade ,ennuyé ? . Viens- t ’en dans le monde Nousn ’avons qu ’une v ie a vivre Sans faib lesse ,j e lui répliquai J e n
’
ai qu’
une âme sau
(Note du 5 j anv ie r
Un visiteur r esp ectabl e lui d i tVous vous plaisez bien au noviciat ?Non
,répond
‘
le - nov ice j e n e m ’
y p la is
p as .
— 8 9
A quelque temps de la Vous vous plaisez b ien
,maintenant
Je m e p lai s moins que j amais .Vous al lez donc sortirMais non Je ne suis pas v enu ici pour
me p lai re, mais p our p lai re à D i eu et faire savolonté .
Durant la retraite qui précède son oblation ,
i l se dit prêt a tout souffrir pour persévérerj usqu
’à la mort,et payer de retour tant de
b ienfaits qu ’i l reçoit de Dieu,par l ’entrem ise
de la Congrégation des Oblats .
Il réfléchit sur le malheur du rel igieux infi
dèle,sur les inquiétudes et les remords qui
poursuiv ent le transfuge j usqu ’à la tombe,et
i l demande d ’être préservé de ce malheur .
I l s’
encourage à persévérer en l isant les notices n écrologiques des Oblats . Il y trouve dessouffrances plus grandes que les siennes
,des
v ies agitées,terminées par une mort douce et
parfois glorieuse . I l a lu et m édité cette parolede Mgr Gay a son ami mourant
,le R . P . Char
les Baret, O . M . II l y a plus d ’une souffran ce dans la vie
rel igieuse mais y eût - ou souffert toute sa vie
on n ’eut pas payé le bonheur d ’y mourir .
90
Aussi quel le j oie i l ress ent lorsque , l e 8 septembre, Dieu et la Congrégation reçoivent sesserments ! Quel contentement de penser qu
’i lest l ié pour un an acet état de v ie qu ’i l espèrebien ne plus quitt-er j usqu ’à la mort .I l exprime sa reconnaissance aux deux rel i
gieuses, ses sœurs , qui ont tant prié pour sapersévérance
,et i l leur dit son bonheur
Quel beau j our que celui où l ’on se donnetout à Dieu
On ne comprend pas cela dans le m onde .
Si j ’avais mil le vies,j e les donnerai s volon
tiers à. la gloire de Jésus et de Marie Imm acu
l ée.
A l ’égal de sa vocation,Albert aimait l a
Congrégation qui l’avait adoptée et qui
,mère
tendre et dévouée,devait recevoir son dern ier
soupir et garder sa dépouil le mortel le . I l l ’aimait parce que
,mieux que tout autre
,el le
répondait à ses aptitudes et a l ’idée qu ’i l avaitde la vie religieuse .
Quel titre peut égaler celu i d ’
Oblat de
Mari e Immacu lée ?“ écrivait- i l a un ami et
quel le Congrégation possède un champ plus
_ 92 _
Dès son entrée au Noviciat,il entreprit
l ’œuvre de sa perfection et ne cessa de désirerardemment de parvenir au degré inconnu oùDieu l ’appelait .Nous l ’avons vu l uttant contre ses défauts
et déployant toute l ’énergie possible pour s ’afferm ir dans l ’esprit de sa vocation .
Vers le milieu de son noviciat,i l se demande
quels progrès il a faits depu i s qu ’ i l a quitté lemonde . I l se reproche encore plusieurs penchants mauvais et se propose de les combattreavec plus de courage , et de trava i ller ferme àl ’acquis ition des vertus contraires .
I l s ’attaque particul i èrement aux défautsextérieurs
J ’éviterai de paraître triste ;Je do is être avenant avec tous m es frères
,
quoiqu’i l m ’en coûte
Je veux m ’
efforcer d ’être plus discret etplus réservé dans mes conversations .
Je me rappellerai l a présence de Dieu,au
son de l ’horloge et a chaque exercice nouveau . »
I l s’
excite ala ferveur par l ’exemple de sesfrères
"est vraiment un plaisir de voir des âmes
si ferventes pour Jésus-Christ . J’
en reçois un epoussée qui m
’aide amarcher courageusementdans la vo ie des sacrifices où j e m e su is engagé . »
Lorsqu ’i l reçoit la bonne nouvel le de sonadmission aux vœux d ’un an
,i l est comme
saisi de confusion en réfléchissant qu’i l a faitsi peu de progrès dans les vertus rel igieuses .
Il comprend tout ce que renferme d’
i ndul
gence et de bonté,de la part de Dieu et de ses
Supérieurs,ce j ugement favorable .
En conséquence,i l s ’applique à se rendre
plus digne de cette grande faveur.
I l n e me reste que trois mo i s de noviciat,
écrit- i l ce n ’
est pas trop pour dompter un seuldéfaut et acquérir une vertu .
A la retraite du moi s d ’août,i l écrit l es
résolutions suivantes
1 ° Ne pas parler de moi,n i en bien n i en
mal ;2° Év iter la contestation
,et faire des exon
ses pour la moindre parol e offensante3° Observer le s i len ce plus parfaitement ;4° Converser indistinctement avec tous
mes frères
94:
« 5° Faire le chemin de la Croix tous les
mardis pour obtenir la fidélité à. ces réso lutions .6° Chaque fois que j e manquerai à l
’uned ’elles
,j e réc iterai cinq A ve Mar ia pour les
âmes du purgatoire .
I l reconnaît candidement que la grâce n ’apas été stéri le dans son âme
Autrefois,dit- i l
,j e n e pouvais souffrir la
contradiction j ’aimais la solitude et la rêverie.
Aujourd ’hui,j e supporte qu
’on pense autrement que moi ; j e me suis fait a la vie commune
,et ma seule rêverie c ’est laméditation .
Voilà ce qu’
a fait la grâce de D ieu,et
j’
espère qu ’el l e ne s ’arrêtera pas la
L e grand moyen de perfection pour le rel i
gieux ,c ’est la règl e qu ’i l a embrassée . Albert
aimait , étudiait et observait sa Règle commel
’E vangi le dont elle est l e résumé , en ce quiregarde la perfection .
N’
avait- i l pas une haute estime de sa Règle,
lui qui disait à un ami,la veill e de sa mort
Je demande pour vous au bon Dieu,que vous
soyez un sain t rel igieux .
Habituez- vous aêtre un homme de Règle
—98
grin s , ou quelque malaise , revenez souventme voir ajouta- t- il en le congédiant .Ces paternels av is furent assez bien observés .
Le Frère se l ivrait au j eu et ala promenade,
parfois même avec tr0 p d ’
entrain .
Le 1 7 février,j our anniversaire de l ’
appro
bation de nos saintes Règl es,après une récréa
tion tr0 p viol ente et tr0 p prolongée pour sesforces
,i l eut une forte hémorragi e de po itrin e ,
suivi e de fièvre,d ’une toux opiniâtre et de
grande prostration .
Tout portait à croire que l a phtisi e s’était
emparée des poumons et qu ’ell e aurait v iteraison de ce tempérament miné par les fatigues et les indispositions des années passées .
Le médecin,consulté dès la première crise
,
fut d ’avis que le cas était des plus graves . I ln
’
épargna aucun moyen d’enrayer le mal .
Après quelques j ours,i l n ’y avait plus de
doute sur l ’issue fatale et prochaine .
La'
maladie trouva notre cher Frère unpeu revêche
,dans les premiers j ours , raconte
un ami .E l l e venait si cruel lement déjouer ses plans ,
ses espérances,entraver l e désir de poursuivre
ses études et de devenir missionnaire
—99
Le malade se soumit cependant à lavol ontéde Dieu. I l versa des larmes
,mais son esprit
de foi lui fit remettre sa vie entre l es main sde la Providence .
Sa grande tristesse,quand i l se vit alité
,
fut la perspective de renoncer à la vie rel i
gieuse. I l manifesta plusieurs fois préférermourir que d
’être privé du bonheur de se consacrer à Dieu .
Sa vie nous avait d éj à dévoil é beaucoupde ses trésors in times ; la maladie les mit p lusa découvert . Sa sérén ité en face de la mort
,
son un ion et sa conformité de vouloir avec
Dieu , nous édifièrent beaucoup .
Dans l eurs vi sites souvent renouvel ées,ses
confrères l ’
engageaient à souffrir en un ionavec notre Sauveur
,amêler son sang au Sang
divin répandu sur la Croix . I l aimait cesexhortations .Un des premiers matins qu ’i l ne put des
cendre pour assister a l a messe,un Père lui
ayant donné la sainte Communion dans sa
chambre,nous dit que l e m alade reçut Notre
Seigneur les larmes aux yeux,exprimant à
haute voix ses efl°usions de reconnaissance et
d ’amour . Les Rel igieux présents en furentédifi és.
1 0 0
I l a raconté un j our,un de ses rêves
J ’étais mourant , au bas d’une haute échel le
de l umi ère . Des anges en grand nombre etdes rel igieuses en faisaient l ’ascension . Je
leur demandai Quand viendrez - vous m e
chercher Prends patience : tu n ’ en espas encore dign e .
C ’
est un rêve ; mais i l démontre le sérieuxet l ’élévation des pensées du malade .
Sa bouche n e pouvait pourtant pas l es tradui re sans y mêler un sourire et même de lagaieté .
I l ne fut j ugé digne de gravir l ’échellemystérieuse adossée aux murs du paradis
,
qu ’après de longs j ours de soufirance et d ’attente rés ignée .
Le malade resta quatre semaines sous le
coup des premières hémorragies,touj ours fai
ble et flévreux .
Les so ins médicaux lu i furent prodiguésavec une tendresse
, j e d irai maternelle , par lacommunauté . On essaya même le traitement
al ’air froid dans l e cottage du j ardin . Maisrien ne put arrêter la marche de la mort .Troi s lettres du R . P . Supérieur à la famille
du malade,contenaient
,avec l ’avis de lamala
1 00
I l a raconté un j our,un de ses rêves
J ’étais mourant,au bas d ’une haute échel le
de lumière . Des anges en grand nombre etdes rel igieuses en faisaient l ’ascension . Jeleur demandai Quand viendrez- vous mechercher Prends patience tu n ’ en espas encore digne .
C ’est un rêve ; mais i l démontre le sérieuxet l ’élévation des pensées du malade .
Sa bouche n e pouvait pourtant pas les tradui re sans y mêler un sourire et même de lagaieté .
I l n e fut j ugé digne de gravir l echellemystérieuse adossée aux murs du paradis
,
qu ’après de longs j ours de soufirance et d ’attente résignée .
Le malade resta quatre semaines sous l ecoup des premières hémorragies
,toujours fai
ble et flévreux .
Les so ins médicaux lui furent prodiguésavec une tendresse , j e dirai maternel le , par lacommunauté . On essaya même le traitement
à l ’air froid dans l e cottage du j ardin . Maisrien ne put arrêter la marche de la mort .Troi s lettres du R . P . Supérieur à la famil le
du malade,contenaient
,avec l ’avis de lamala
1 0 1
die et d e ses progrès,l es troi s notes consolan
tes de calme,r és igné, p arfai tementp rép aré.
Son père et quelques autres membres de safam i l le v inrent le voir . Tous rapportèrent deces v is ites l ’édification qui se dégageait de lapiété
,du calme et de l ’humeur j oyeuse du
malade .
Un de ses oncles écrit a ce propos
Pendant toute sa maladie,l e j eune homme
a montré beaucoup de résignation .
Comme j e l e d isais au R . P . Supérieurc ’est une grande consolation pour ses parentsde le savoir s i bien préparé et entouré de tant
de soin s .
Je le faisais observer également a un ami ,aqui je parla is de cette fin précieuse devan tDieu : c ’est presque un plais ir de qu itter lemonde en de semblables d ispositions .
Il ne m ’
en coûterait pas de partir pour l egrand voyage , si j
’étai s aussi prêt à rencontrermon Juge .
Nous reprodu isons i ci,av ec reconnaissance
,
les notes prises par le R . P . Supérieur durantl es dern iers j ours
L undi,1 6 mars . Depuis quelques jours ,
l ’état de notre cher malade paraissait s’
am él io
1 0 0
I l a raconté un j our,un de ses rêves
J ’étais mourant,au bas d ’une haute échel le
de lumière. Des anges en grand nombre etdes rel igieuses en fai saient l ’ascension . Jeleur demandai Quand viendrez - vous m e
chercher Prends pati ence tu n’
en espas encore d igne .
C ’est un rêve ; mais i l démontre le sérieuxet l ’élévation des pensées du malade .
Sa bouche ne pouvait pourtant pas les tradui re sans y mêler un sourire et même de lagaieté .
« I l n e fut j ugé digne de grav ir l ’échellemystérieuse adossée aux murs du paradis
,
qu ’après de longs j ours de soufirance et d ’attente résignée .
Le malade resta quatre semaines sous l ecoup des premières hémorragies
,toujours fai
ble et flévreux .
Les so ins médicaux lu i furent prodiguésavec une tendresse, j e d i rai maternelle , par lacommunauté . On essaya même le traitement
al ’air fro id dans l e cottage du j ardin . Maisrien ne put arrêter la -marche de la mort .Troi s lettres du R . P . Supérieur à l a famil le
du malade,contenaient
,avec l ’avis de lamala
1 0 0
I l a raconté un j our,un de ses rêves
J ’étais mourant , au bas d’une haute échel le
de lum i ère . Des anges en grand nombre etdes rel igieuses en faisaient l ’ascension . Je
« leur demandai Quand viendrez- vous m e
« chercher Prends patience : tu n ’ en espas encore digne .
C ’est un rêve ; mais i l démontre le sérieuxet l ’élévation des pensées du malade .
Sa bouche n e pouvait pourtant pas l es tradui re sans y mêler un sourire et même de lagaieté .
I l n e fut j ugé digne de grav ir l echellemystérieuse adossée aux murs du paradis
,
qu ’après de longs j ours de soufirance et d’
at
tente résignée .
Le malade resta quatre semaines sous le
coup des premières hémorragies,toujours fai
ble et flévreux .
Les so ins médicaux lui furent prodiguésavec une tend resse
,j e dirai maternelle
,par la
communauté . On essaya même le traitementà l ’air froid dans l e cottage du j ard in . Maisrien ne put arrêter la marche de la mort .Troi s lettres du R . P . Supéri eur à la famille
du malade,contenaient
,avec l ’avis de lamala
1 0 1
die et de ses progrès , ,les trois notes conso lan
tes de calme,résigné, p arfai tementp rép aré.
Son père et quelques autres membres de safamil le vinrent le voir . Tous rapportèrent deces v isites l ’édification qui se dégageait de lapiété
,du calme et de l ’humeur j oyeuse du
malade .
Un de ses oncles écrit a ce propos
Pendant toute sa maladie,l e j eune homme
a montré beaucoup de résignation .
Comme j e l e d isais au R . P . Supérieurc ’est une grande consolation pour ses parentsde le savoir s i bien préparé et entouré de tant
de soin s .
Je le faisais observer également aun ami ,aqui j e parlais de cette fin précieuse devan tDieu : c ’est presque un plais ir de quitter lemonde en de semblables dispositions .
Il ne m ’en coûterait pas de partir pour legrand voyage , si j
’étai s auss i prêt à rencontrermon Juge .
Nous reproduisons i ci,avec reconnaissance
,
les notes prises par le R . P . Supérieur durantles derniers j ours
L undi,1 6 mars. Depu is quelques j ours
,
l’
état de notre cher malade paraissait s’
am él io
rer ; mais pendant la nuit , i l se trouva beaucoup plus mal .
On lui donna la sainte Communion adeuxheures .
Mardi,1 7 mars .
— La matinée a été trèsmauvaise .
Vers troi.s heures de l ’
après-midi
,i l est pris
d ’une forte hémorragie . Le médecin prescritles traitements les plus énergiques : r ien neréuss it .
L’
hémorragie continue pendant douze heures .
L ’état du malade est extrêmement pénible .
Sa patience et son courage font l ’
adm ira
tion de tous.
Il écoute avec émotion la lecture d ’unelettre de sa sœur
,religieuse de la Congrégation
de Notre-Dame.
Vers sept heures du soir,i l me demande
avec calme,de vouloir bien lui donner l ’
E x
trême-Onction,aj outant Je n ’en ai pas pour
longtemps Merci de tout ce que vous faitespour moi .Quelques minutes plus tard
,i l d isait Mon
Dieu,que j e serais heureux de mourir main
tenant Pourtant,j e n ’ai encore rien fait
pour le bon Dieu .
1 04
Avec quel empressement et quelle ferveuri l répondit A men a la formule de profess ionque je lus en son nom ,
pour lui en épargnerla fatigue .
Quand j e lui remis sa croix d ’
Ob lat, il lapressa sur ses l èvres et se m it à pleurer dej oie .
Après quel ques instants,j e l ui dis : Vous
serez heureux,n ’
est- cc pas,de mourir Oblat
de Marie Immaculée ? » Oh ! ou i .
Vous demandez pardon avos frères , despetites peines que vous avez pu leur causer ?
Ou i,oui
,à tous . »
Puis,l evant les mains et l es yeux au ciel
,
i l s’
écria avec un accent inoubliableMon Dieu
,que vous êtes bon
Mer credi,1 8 mars .
—Vers troi s heures dumat in
,l ’hémorragie cesse
,l e malade repose .
A neuf heures . i l reço it l e saint Viatique .
Il exprime l ’
espoir que sa int Joseph vav enir l e chercher le l endemain , jour de la fêted e ce b ienheureux Patriarche .
J eudi , 1 9 mars .
—I l est moins abattu et
peut parler plus fac ilement . C ’
est poss ibl e« que j e vive encore des mois , C
’
est bienlong . Mais
,maintenant que j
’
appartiens
1 05
tout au bon Dieu par mes vœux,j e m ’en
remets à sa sainte volonté plus que j am ai sJe lui fais remarquer qu ’i l a touj ours sous
les yeux sa croix d’
Ob lat z Oh ! oui,ma
croix ! Ten ez,la n uit, quand j e ne dors
pas, que j e tousse , queje souffre, je la prends ,
j e la baise et cela m e soutientA tout venant
,i l parle de ses vœux
,de sa
cro ix . Voyez,dit- i l à un compagnon de
noviciat,comme i l est avantageux d ’être
malade j ’ai déj à fait mes vœux perpétuels,
tandis que v ous n ’en êtes qu’aux vœux d ’un
au
Les j ours suivan ts,i l parut moins faible et
le médec in pronon ça quel ques paroles d ’
espoir .
Mercredi,25 mars .
— L e cher malade peutse lever et m archer j usqu
’à la chapel le .
I l m e di t,tout j oyeux J ’ai eu le bon
heur d ’al ler fêter l’
A nnonciation
Vendredi,27 mars .
— I l est beaucoup plusmal . L e médecin croit que l es tubercules ontinfecté le sang et tout l ’organ isme .
S amedi,28 mars .
— L’
état du malade va
s’
aggravant. I l a des moments de délire ; i lpeut toutefois recevoir la sainte Commun ion .
—1 06
D imanche,29 mars .
—Peu ou point dechangement .
Je vais écrire à vos parents , lu i dis—je avezvous quelques pensées à leur communiquer ?
Oh ! dites- leur que j e les aime beaucoup,
que le bon Dieu a j eté sur eux des regards decomplaisance dans leurs épreuves ; que j eleur souhaite à tous la persévérance finale
,l e
bonheur du ciel . AdieuUn peu plus tard j e lui rem is une lettre
d ’un ami de Sainte-Thérèse et lui demandai
Q ue voulez—vous faire dire aces bons amis deSainte-Thérèse ?
Veuillez leur dire dan s quel état j e metrouve . Je les remercie de la sympath i equ ’i l s m ’ont témoignée au Nov i ciat et ici .Ils ont bien raison de me féliciter d ’êtreOblat de Marie Immaculée
, je leur fais mesad ieux et leur promets de ne pas l es oublierau ciel
L undi , 30 mars .—L e médecin le trouve
pl us mal .Dans ses moments de délire
,l e malade
parle constamment de ses vœux,de sa Croix
,
de la sainte Communion .
Dès qu ’on lui suggère des oraison s jaculatoi res, i l se calme et les répète pieusement .
1 08
J eudi,le 2 avri l
,vers une heure du matin
,
après une dernière absolution, pendant que
l e R . P . Supérieur récitait les prières desagonisants
,entouré de plus ieurs Pères et Frères
a genoux,le j eune Oblat cessa de prier et de
presser sa croix ; les assistants en conclurent
qu’il avait cessé de viv re et de fait
,dans le
même Instant, son âme purifiée , sanctifiée parl a souffran ce et par la grâce
,paraissait devant
Dieu .
SUFFRAGES ET DERNIER ÈL OGE
Les prem ieres clartés du j our adoucirent latristesse qui se répandit dans les cœurs à l ’annonce de ce décès .
E tendu sur son pauvre lit funèbre,sa croix
et son chapelet entre les doigts,le Rel igieux
semblait prier en core . La beauté et la douoeur de ce front que la mort avait touché etcomme transfiguré , symbol isait le repos del ’âme rendue au terme de son voyage .
Pendant deux j ours,l es messes
,les commu
nions,les pri ères in interrompues
,montèrent
vers Dieu,a l ’in tention de l ’âme bien - aimée .
En même temps,la nouvel le du décès al lait
demander des centaines de messes dans les
1 09
quinze communautés des Ob lats de l a Prov ince .
A u Séminaire de Sa inte-Thérèse,l a b ien
viei l lance des Directeurs,et l ’amitié d es élèves
accordait deux services funèbres et un grandnombre de commun ions pour le repos de l ’âme
de l ’ami dévoué j usqu’au dern ier soupir .
Monsieur l e chano ine L .
—A . Jasmin,supé
rieur,empêché d ’assister aux funéra i lles
,vou
lut bien exprimer ses regrets . S es a imablesparol es seront l e dernier éloge qu ’i l convientd ’entendre . Nous voudrions y ensevel ir ladouce mémo ire du défunt
J ’ai gardé un excel lent souven ir de ce cherAlbert . Je le savais rel igieux au fond de l ’âm eet j lespérais qu
’ i l ferait un très bon Oblat,prêt
à tous les dévouements . Je n ’ai pas manquéde recommander son âme à Dieu et j ’ai étéheureux de voir nos élèves assister pieusementet faire la sainte Communion en si grand nombre
,aux deux servi ces chantés dans notre cha
pelle â son intention .
Je rappel lerai ases confrères,au cours de
la retraite de vocation,l ’état de vie qu ’i l avait
embrassé,pour longtemps
,espérait- i l
,et celu i
que le bon Dieu vient de lui donner pourl ’étern ité .
— 1 1 0
Les condisciples‘
du défunt reçurent du R .
P . Charlebois les détails de cette mort édifiante. I ls s ’en montrèrent reconnaissants dansune lettre écrite au nom de tous
,par M . Albert
Valois . On y l it entre autres choses agréab les,
les l ignes suivantes
Ces notes intéressantes nous montrent l ’instab i l ité des choses humaines
,la bri èveté de la
vie et la bonté de Notre- Seigneur pour ceuxqui veulent le serv ir généreusement .
Les paroles pleines de foi et de ferveurprononcées par notre confrère mourant , cessaintes ardeurs qui lui faisaient désirer la mort ;tout cela nous a enthousiasmés pour la causede Notre—Seigneur
,et nous a fait prendre des
résolutions fermes et sincères de travai llerpour D ieu et pour la sainte Egl ise .
A U TERME
Les funérail l es eurent li eu,l e samedi
,4
avri l,dans l ’égl ise paroissiale de la Sainte
Famil le,desserv ie par les Pères du Scolasti cat .
L a cérémonie a été grave et touchante ,raconte un ami
,confrère du défunt au Novi
c iat.
1 1 2
La funèbre procession reprend sa marche,
au tintement des cloches el l e passe en facedu Scolasticat
,ce san ctuaire de l ’étude et de
la p iété où l ’on est s i heureux ! C ’
est unparad is terrestre disai t encore notre ami
,
quelques j ours avant sa mort .Nous voilà au terme du p èleri nage.
U ne derni ère pri ère,un dern ier chant
d ’adieu ; le cercuei l descend dans la fosse .
C ’
est la dern ière v ictoire de la mort . Tu nesaurais al ler plus loin
,ô mort
Au - dessus de toi,malgré toi
,ta v ictime
triomphe ; el le est avec Celui qui a di t : J esui s la résurrecti on et la vi e.
Dormez,cher Frère
,dans cette terre sainte
,
a l ombre de la croix,à côté des Tabaret
,des
Boisram ée,des Vincent et de tant d ’autres qui
attendent comme vous la glorieuse résurrec
tion .
Une humble croi x dira v otre nom auxnouveaux venus . Pour nous
,votre mémoire
,
votre fraternel le amitié,vos exemples de rési
gnation ,de foi
,de force dans l ’épreuve
,d ’atta
chement à la famil le des Oblats , sont a j amaisgravés dans nos cœurs
1 1 3
Le désir le plus ardent de ce j eune Reli
gieux ,depuis son entrée au Noviciat jusqu
’àson dern ier soup ir
,fut de connaître Notre
Seigneur et d ’amener les âmes acette connaissan ce qui surpasse toute sc ience humaine .
Dieu s ’est contenté de ses désirs et de sessouffrances .Puisse cette notice suppléer quelque peu a
l’
apostolat qu’i l ambitionnait
,lu i susc iter des
imitateurs,et répandre dans les âmes , avec le
parfum de ses vertus,les leçons d ’une existen ce
que nous voulions disputer à l ’oubl i .
1 1 2
La funèbre procession reprend sa marche,
au tintement des cloches el l e passe en facedu Scolasticat
,ce san ctuaire de l ’étude et de
la piété où l ’on est s i heureux ! C ’est unparadis terrestre disait encore notre am i
,
quelques jours avant sa mort.
Nous voilà au terme du p èleri nage.
U ne derni ère prière,un dern ier chant
d ’ad ieu le cercuei l descend dans la fosse .
C ’
est la dern ière v icto ire de la m ort . T u nesaurais al ler plus loin
,0 mort
Au - dessus de toi,malgré toi
,ta v ictime
triomphe ; el le est avec Celui qui a di t : J esuis la résurrecti on et la vi e .
Dormez,cher Frère
,dans cette terre sainte
,
à l ’ombre de la croix, à côté des Tabaret, des
Boi sram ée,des Vincent et de tant d ’ autres qui
attendent comme vous la glori euse résurrec
tion .
Une humble croix dira votre nom auxnouveaux venus . Pour nous
,votre mémoire
,
votre fraternel le am itié,vos exemples de resi
gnation ,de fo i
,de force dans l ’épreuve
,d ’atta
chem ent ala fam i l le des Oblats,sont aj amais
gravés dans nos c ! urs » .
TABLE DE S MATIERES
l .—Jaissance et prem ière éducat i on\ u Col lège de Terrebonne\u Sém ina i re de Sa inte -Thérèse
l l .-
.a vocat i on re l ig ieuseI I I . - .e Nov ic iat
\ u Sco last icatIV luahtés—Défauts—Vertus .
S pr it de fo i\mour de J ésus -Chr ist3 iété envers D ieu’ iété fi l ialei ffection em ers ses maîtres et ses cond isc iples) évotion envers la Sa inteSè le—Confiance—Hum i l i té
V . ermeté dans la vocat i on
V I . ) eruiere malad ie—Mortluffrages et dern ie r é loge