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Action universitaire - mars 2004

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Page 1: Action universitaire - mars 2004

universitaireuniversitairel’Action

❚ LE JOURNAL DE L’UNION NATIONALE INTER-UNIVERSITAIRE ❚ N°235 ❚ mars 2004 ❚ 2 Euros ❚

l’Action

L’action universitaire - page 1

UNI - LA DROITE UNIVERSITAIRE - 8, rue de Musset - 75016 Paris - + 01.45.25.34.65 - fax. : 01.45.25.51.33Directeur de la publication : J. Rougeot - CPPAP 51358 - dépôt légal premier trimestre 2004

❚ Elections Régionales

Victoire de la gauche ou défaitede la droite ?

l n’est jamais très agréa-ble de revenir sur une

défaite. Pourtant, si nous sommesobligés de nous livrer à cet exer-cice, ce n’est pas par masochisme,mais parce que la première condi-tion de la contre-offensive et de lareconquête est de regarder lavérité en face, afin d’essayer detrouver des remèdes aux mauxqui ont abouti à ce sombredimanche du 28 mars 2004.

Regarder la vérité enface, c’est d’abord évaluer auplus juste l’importance durevers que nous avons subi. Cerevers est grave. Le signe le plusmanifeste est que, pour la pre-mière fois depuis bien long-temps, la gauche a recueilli lamajorité absolue des suffragesexprimés. Jusqu’à présent, danspresque toutes les élections,même lorsque la gauche réussis-sait à être majoritaire en sièges,elle était minoritaire en voix etelle ne devait sa victoire qu’à desfacteurs extérieurs (modalités desscrutins, existence de triangulai-res,…) . Cette fois-ci, ces facteurs

étaient toujours présents, mais ilsn’ont joué que le rôle de circons-tances aggravantes. On peut, cer-tes, relativiser les choses en sedisant que certains électeurs ontsimplement voulu manifester leurmauvaise humeur et n’auraientpas forcément émis le même vote

s’il s’était agi d’élections nationa-les déterminantes, mais ces sup-positions ne sauraient nous auto-riser à nous rassurer à bon comp-te.

Les incidents de parcoursde la majorité

Au lendemain d’une défai-te, tous les griefs accumulés au fildes mois contre le vaincu repren-nent de la vigueur et sont invo-qués comme autant de chefs d’ac-cusation. On n’a donc pas man-qué de récapituler les divers inci-

dents de parcours qui ont inévi-tablement atteint la majorité aupouvoir : querelles de person-nes, maladresses de certainsministres, opportunité discuta-ble de telle ou telle mesure quia pu provoquer des démangeai-sons à une partie de la popula-tion, mode de scrutin, qui n’afait l’objet que d’une demieréforme, mécontentement pro-voqué par la composition decertaines listes, etc. On a faitremarquer aussi que l’UMP,dont on attendait qu’elle fut unesorte de machine à gagner les

élections, avait mal rempli cettefonction, ce qui n’est guère éton-nant, car il est difficile de réaliserl’amalgame de diverses famillespolitiques. Ajoutons que les diffi-cultés ont été fortement aggravéespar le jugement du tribunal deNanterre, véritable assassinat poli-

IPar Jacques Rougeot

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tique à l’égard du président duparti, Alain Juppé.

Tous ces facteurs ont sansdoute joué, mais ils n’ont certaine-ment pas été déterminants. Onaurait pu croire qu’ils l’étaient si ladroite avait été vaincue par unadversaire doté de toutes les qua-lités dont elle était dépourvue. Enfait, on est loin du compte. Lestroupes de la gauche sont allées aucombat sans chef (ou, si l’on veut,avec un adjudant-chef faisantfonction de général et quelquescolonels en embuscade en atten-dant l’élection présidentielle), sansl’ébauche d’un projet, sans lignestratégique, sans la moindre idéeet sans grand espoir. Ne cher-chons pas les responsables denotre défaite du côté des diri-geants socialistes : ils n’y sontvraiment pour rien.

Regardons plutôt en direc-tion d’un homme qui a toujourseu la volonté à la fois viscérale etdélibérée d’affronter et de réduirel’UMP, qui poursuit cet objectif enappliquant avec une vigueurinfléxible, une stratégie simple etclaire, qui ne s’est jamais trompéd’adversaire, c’est-à-dire qui aréservé tous ses coups au gouver-nement : il s’agit, évidemment, de

François Bayrou. Pour pimenterson acharnement d’un peu d’hu-mour noir, il s’est amusé, aprèss’être appliqué constamment àscier la branche soutenant le gou-vernement, à se féliciter de sondon de voyance en proclamant: «je vous l’avais bien dit que labranche allait se casser ». Le bilandes élections régionales est sym-bolique du destin auquel il peuts’attendre: échec personnel, adou-ci par la consolation d’avoir créeun climat assez empoisonné pourque les reports de voix de sonparti sur l’UMP aient été mauvais.C’est sa façon à lui d’être dans lecamp de la victoire. Celle de nosadversaires, bien entendu.

La question essentielle

Puisque la gauche n’a déci-dément rien d’attirant et que lesraisons évoquées précédemmentsont manifestement insuffisantes,qu’est-ce qui a poussé les élec-teurs dans leur majorité à dés-avouer la politique du gouverne-ment ? La réponse est sans doutefournie par ce qui a été le thèmeunique martelé par la gauchedepuis plusieurs mois: la droitemène une politique de régressionsociale qui remet en cause lessacro-saints « droits acquis ». Il ya donc lieu de craindre que lesélecteurs qui ont donné la victoireà la gauche n’aient fait que mani-fester leur refus d’accepter desréformes courageuses qui risque-raient de compromettre leur peti-te tranquillité et leurs privilègesles moins justifiés. Si tel est bien lecas, il faut voir là preuve d’ir-responsabilité, de faiblesse etmême de lâcheté, puisque refuserles réformes aujourd’hui, c’estreporter la charge, encore alour-die, sur les générations de demain.

Une vérité politiquementincorrecte

Voilà des propos que la droiteparlementaire ne peut pas tenirouvertement car, au nom du «politiquement correct », on peuttout au plus dire que les électeursont été abusés, mais on ne sauraitleur prêter des mobiles peu relui-sants, qui sont pourtant bien enra-cinés dans la nature humaine.Pour notre part, nous ne sommespas tenus à ces délicatesses etnous préférons dire ce qui nousparaît la vérité.

La vérité officielle, c’est que, mal-gré les apparences, les Françaisqui ont voté à gauche veulent biendes réformes, mais pas celles-ci ouen tout cas, pas présentées decette manière. Ce qui est gênant,c’est qu’on ne nous dit jamaisquelles réformes ces êtres à l’épi-derme délicat consentiraient àaccepter. On a bien l’impressionque leur goût du sacrifice irait jus-qu’à la semaine de 32 heures et laretraite à 50 ans pour tout lemonde, dans un souci d’égalité.Si nous poussons nos investiga-tions, nous apprenons que la for-mule-clé qui permettrait de fairepasser toutes les réformes raison-nables dans une quasi-unanimitéserait le respect de la justice socia-le. Comment ne pas applaudir uneaussi noble inspiration? Commentne pas en faire le cœur de la poli-tique gouvernementale ?Malheureusement, là où les chosesse gâtent, c’est lorsqu’on essaie dedonner un contenu assez précis àces mots magiques. Trop souvent,ils sont synonymes de nivellementsocial, avec la tentation permanen-te, sous prétexte de « faire payerles riches », de charger encoreplus la barque de ceux qui pro-duisent par leur activité la prospé-rité du pays. Ou bien, à l’échelonindividuel, chacun veut voir lajustice sociale d’un œil favorableque s’il doit en être le bénéficiai-

“ L’action du gouverne-ment est nécessaire maiselle n’est pas suffisante.Elle a besoin d’être sou-tenue par des citoyensconscients des dangersmultiformes qui se pré-sentent, ayant la volontéet l’expérience nécessai-res pour les affronter.Ces citoyens s’appellent

des militants. ”

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re : mon voisin a toujours tropd’avantages, moi je n’en ai jamaisassez, compte tenu de mesbesoins et de mes mérites, il fautdonc opérer un transfert de sapoche à la mienne. L’aspiration àla justice sociale est, dans ce cas,le nom pudique de l’envie.Continuons donc à invoquer avecrévérence, comme tout le monde,le nom de cette divinité, mais nenous attendons pas à apaiser decette façon les revendications deses autres adorateurs.On peut se faire d’autant moinsd’illusions que ce sont les groupesles plus privilégiés qui sont lesplus acharnés à défendre leurs «acquis sociaux ». C’est le cas desintermittents du spectacle, favori-sés par rapport à tous les bénéfi-ciaires d’indemnités du chômageen France et par rapport à tousleurs collègues étrangers. C’estencore plus nettement le cas desagents de la SNCF et d’EDF, quiprofitent de leur situation de forcedans des secteurs névralgiquespour exercer un véritable chan-tage afin de conserver leurs avan-tages exorbitants au détriment detous ceux qui n’ont pas la mêmechance qu’eux.

L’ Action des médias

Dans cette dégradation del’état d’esprit des français, lesmédias, ou du moins la plupartd’entre eux, ont joué un rôleessentiel, faisant office d’unemeule usant jour après jour l’éner-gie nationale. Ils se sont déchaînésavec un acharnement ravageurplus particulièrement depuis l’été2003.

À partir de là, chaque fait d’actua-lité était orchestré avec une insis-tance obsédante et présentécomme la preuve que la situationde notre pays se dégradait du faitde l’incapacité du gouvernement,

qu’il s’agisse de la canicule, desmanifestations des intermittentsdu spectacle menées avec desméthodes de bandits des grandschemins ou des plaintes savam-ment orchestrées des chercheurs.Tous ces dysfonctionnementsrésultaient en fait soit de l’incuriede la gauche au pouvoir, soit debombes à retardement sciemmentdisposées. Mais comme la majori-té de droite, dans sa grande bonté,n’avait pas dénoncé avec force etsur des points précis dès 2002, lesconséquences à venir de la calami-teuse gestion socialiste, c’est ellequi s’est trouvée en posture d’ac-cusée. La position défensive, sur-tout quand elle est assez molle, neprédispose pas à l’emporter dansun combat acharné contre desadversaires sans foi ni loi.

La voie du redressement

Comment se désengluer de

la situation fâcheuse où se trouveaujourd’hui la majorité présiden-tielle?

Le gouvernement a d’a-bord voulu faire tomber la fièvrelà où la température était particu-lièrement élevée. Il a donc lâchédu lest à propos des intermittentsdu spectacle, des chômeurs en finde droits et des chercheurs. Pourque ces mesures se révèlent judi-cieuses, il faut qu’elles apparais-sent comme des replis élastiques,donc provisoires, destinés à pré-parer la contre-offensive. Si ellesétaient interprétées comme les

premières manifestations d’unestratégie de concession, ellesdéclencheraient l’avalanche irré-pressible de revendications caté-gorielles généralisées.

En fait, la droite en géné-ral, et la droite au pouvoir en par-ticulier, ne peut sortir de sa posi-tion de faiblesse que par le haut,c’est-à-dire en mettant les françaisen face de la réalité, au besoin defaçon quelque peu brutale. C’esttrès charmant de caresser les élec-teurs dans les sens du poil, dedire qu’ « on a reçu le message »,qu’ils ont évidemment raison denous avoir envoyé une gifle etqu’on va s’efforcer humblementde satisfaire leurs désirs. Maisquand ce fameux « message » peuts’interpréter comme le refus d’ac-cepter les efforts auxquels se sou-mettent tous nos voisins, il fautdire sans ménagement que lesdésirs, les souhaits ou les rêvesdes peuples ne peuvent être prisen compte que s’ils sont compa-tibles avec les réalités, qui sontles mêmes pour nous que pour lesautres et qui se soucient fort peud’une « exception française » donton se gargarise en paroles.

Les réalités peuvent fairel’objet de maints volumes, maiselles peuvent aussi tenir enquelques lignes: on ne peut pasdépenser plus qu’on ne gagne, onne peut pas répartir ce qu’on neproduit pas, la fonction publiquepléthorique joue le rôle d’un bou-let, la santé publique ne peut pascontinuer à fonctionner dans l’ir-responsabilité généralisée, on nepeut pas continuer à engloutir dessommes énormes dans l’éducationpour des résultats misérables.Dans cette situation, la responsa-bilité du pouvoir socialiste estécrasante. Une gestion trop sou-vent socialisante de la part de ladroite a fait le reste. Nous n’avonsdonc d’autre choix que de chan-

“ Les désirs, les sou-haits ou les rêves despeuples ne peuvent êtrepris en compte que s’ilssont compatibles avec

les réalités ”

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Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Date et signature :

8, rue de Musset75016 Paris

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universitaireLE JOURNAL DE L’UNION NATIONALE INTER-UNIVERSITAIRE

l’Action

ger de cap par rapport aux décen-nies précédentes.

Jacques Chirac a rappeléquelques vérités essentielles lorsde son interview télévisée. Il fautmaintenant les marteler et en fairela ligne de force de la politique dela droite. Tel est l’intérêt de laFrance. Tel est aussi l’intérêt biencompris de la droite, même ausimple point de vue électoral. Celle-ci, en effet, si elle voulait secomplaire dans les facilités duregistre sentimental et compatis-sant serait toujours battue sur ceterrain par la gauche qui est parnature irresponsable et démago-gique.

Les 21 et 28 mars, la gauche,échaudée par l’expérience du 21avril 2002, s’est mobilisée et apratiqué sans faille le vote utile. Àl’inverse, la droite s’est démobili-sée et dispersée. Nous ne pouvonspratiquement pas agir sur la gau-che. Travaillons donc à remobili-ser la droite et à l’ammener àconcentrer ces votes.

Le rôle d’un mouvementmilitant

Le militantisme est unecaractéristique essentielle de l’UNI.Cela entraîne pour nous desconséquences auxquelles nousn’entendons pas nous dérober.

En premier lieu, cela nous

conduit à resserrer les rangsquand notre camp connaît des dif-ficultés, contrairement à certainsrats paniqués, essentiellement pré-occupés de prendre leurs distan-ces avec les vaincus. Nous esti-mons que le gouvernementRaffarin n’a nullement démérité etqu’il avait courageusement entaméle virage que nous appelons denos vœux.

Il est toujours facile de dire qu’onaurait dû aller plus loin, plus vite,plus fort, mais ce sont des discus-sions qui doivent être menées enfamille. C’est en tout cas une mis-érable et irrécusable attitude degribouille que d’avoir fait gagnerles socialistes en votant mal ou enne votant pas.

Nous voulons aussi réaffir-mer que le militantisme n’est pascontrairement à ce que croientcertains beaux esprits, une pra-tique discrète et folklorique.La droite politique n’a pas assezcultivé cette tradition gaulliste, etc’est l’une des causes de sonéchec. Tout le monde va s’aperce-voir maintenant que le militantis-me sera plus que jamais nécessai-re dans les années qui viennent.

En effet, la gauche, griséepar son succès et déçue de ne paspouvoir traduire sur le plan légis-latif, va vouloir faire porter sonaction en dehors du Parlement,dans tous les secteurs de l’activité

nationale, dans les médias, dansl’éducation, dans la rue. Elle y serad’autant plus portée que l’extrêmegauche impuissante à affirmer sonautonomie dans le domaine élec-toral, est amenée à agir à l’inté-rieur de la gauche traditionnelle ets’efforcera de l’attirer sur des ter-rains où elle est elle-même le plusà l’aise. On peut donc s’attendrede nombreuses tentatives d’agita-tion. Personne ne peut savoiraujourd’hui quelles propositionsprendra cette agitation, mais il estcertain qu’a tout moment uneoccasion favorable pourra provo-quer un embrasement.

Sur des terrains aussivariés, non directement politiques,l’action du gouvernement estnécessaire mais elle n’est pas suf-fisante. Elle a besoin d’être soute-nue par des citoyens conscientsdes dangers multiformes qui seprésentent, ayant la volonté etl’expérience nécessaires pour lesaffronter. Ces citoyens s’appellentdes militants.

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