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1612Le montant fi nancier global des transferts

dans le monde du football a nettement baissé ces deux dernières années. Un

recul attribué au contexte de crise économique qui n’a pas épargné les plus grands clubs européens comme Chelsea ou le Barça.

A l’occasion de la bouillante actualité littéraire de Metin Arditi, dont la parution en langue turque du roman Turquetto distingué par le prix Giono, Zaman a ren-contré l’écrivain suisse dont l’histoire à l’image de son personnage Eli plonge ses racines en Turquie.

SPOR

T

CULT

URE

Le football n’a pas été épargné par la crise

Metin Arditi : le pluralisme ottoman comme héritage

21 - 27 SEPTEMBRE 2012 N° 231WWW.ZAMANFRANCE.FR

Le Suédois Ikea étend son empire-Le mobilier n’est plus le seul secteur d’activité d’Ikea. Déjà présente dans la res-tauration, la multinationale suédoise se lance aujourd’hui dans l’immobilier. A partir de 2013, elle va ouvrir ses pro-pres hôtels avec toujours la même stratégie : proposer les prix les plus bas. -ECONOMIE 11

La Birmanie sous pression étrangèrerINTERNATIONAL 10

Ara Güler, «le photographe d’Istanbul», lance sa fondationrFRANCE 03

rL’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo a publié dans son numéro de mercredi, en pages intérieures, des dessins représentant le Prophète qui, selon son directeur Charb, «cho-queraient ceux qui vont vouloir être choqués». -FRANCE 02

Du logement au pavillon : la vie rêvée des Turcs de VierzonDepuis le lancement de la politique de la ville, il y a plus de vingt ans, le renouvellement de l’habitat urbain a été perçu comme l’un des outils privilégiés pour décloisonner les cités-ghettos. A Vierzon, dans le Cher, les Franco-turcs passés d’un logement HLM classique à un pavillon, ont eux aussi bénéfi cié de ce changement de vie. -SOCIETE 04

Caricatures : Charlie Hebdo enflamme à nouveau les kiosques

SPOR

T

Film anti-islam : les autorités religieuses appellent au calmeLes débordements violents suite aux nombreuses manifestations qui ont enfl ammé le monde musulman après la diff usion du fi lm anti-islam ont été largement condamnés par les autorités islamiques. Pour le secrétaire général de l’OCI, Ekmeleddin Ihsanoglu, «les musulmans ne devraient pas répondre à la provocation». R INTERNATIONAL 09

Ne pas céder aux provocations R OPINION 15

Quand on aime on imite R EDITO 02

Pour les Kurdes, la sécession n’est pas la solution-Une étude intitulée «Perceptions sociales de la lutte contre le terrorisme» vient de révéler que la quasi unanimité des Kurdes ne défend pas le projet d’un Etat kurde en Turquie. Seuls 2,3 % d’entre eux penseraient que l’indépendance représente une solution à leurs problèmes. -TURQUIE 08

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Caricatures : Charlie Hebdo enfl amme à nouveau les kiosques

L’hebdomadaire sati-rique Charlie Hebdo a

publié dans son numéro de mercredi, en pages inté-rieures, des dessins représen-tant le Prophète qui, selon son directeur Charb, «choque-raient ceux qui vont vouloir être choqués». Laurent Fa-bius, ministre des Affaires étrangères, interrogé alors qu’il se trouvait au Caire sur l’éventualité de dessins repré-sentant le Prophète, s’est dit «contre toute provocation», tout en rappelant l’existence en France de la liberté d’ex-pression. Ces dessins «cho-queraient ceux qui vont vou-loir être choqués en lisant un journal qu’ils ne lisent ja-mais», a estimé son directeur, Charb, interrogé par iTélé. Il a estimé que les dessins publiés en page intérieure et en der-nière page du journal ne sont pas plus provocants que d’ha-bitude. «La liberté de la presse est-elle une provocation?», a-t-il demandé. «Tout est

parti d’une inquiétude des services français qui crai-gnaient dans le contexte que Charlie fasse sa couverture avec une caricature du Pro-phète. Il n’est en rien : la cou-verture représente un musul-man lambda avec un juif lambda», a-t-il expliqué à l’AFP. La couverture, signée Charb, de ce numéro qui s’est retrouvé en rupture de stock le jour de sa sortie, représente un musulman dans un fau-teuil roulant poussé par un juif orthodoxe, avec chapeau et papillote, sous le titre «In-touchables 2», allusion au fi lm éponyme. «Je suis contre toutes les provocations, c’est

clair, c’est net, surtout dans une période aussi sensible que celle-là», a déclaré Laurent Fabius dans l’après-midi au Caire. «Maintenant, il y a des

lois en France, qui ne sont pas les mêmes que les lois ail-leurs, qui permettent un cer-tain nombre de choses et qui excluent un certain nombre de choses», a-t-il ajouté. «La liberté d’expression existe, mais je suis absolument hos-tile à toute provocation», a ajouté M. Fabius. «Je ne vois pas du tout l’utilité quel-conque d’une provocation et même je la condamne

d’une façon très nette et en même temps je respecte la liberté d’expression», a encore dit le ministre.

EDITO

L’affaire du fi lm anti-islam a soulevé, dans le monde musulman comme en Europe ou aux Etats-Unis, de nombreuses réactions de la part de savants, d’intellectuels et d’or-ganisations musulmanes. A juste titre, ils ont très sévèrement dénoncé les violences et les crimes perpétrés par les protestations contre le fi lm. Parfois, ces messages d’indi-gnation ont été accompagnés de tentatives d’explication et parfois même de relativisa-tion. On a ainsi évoqué la violence même du fi lm, le climat d’islamophobie mondiale galopante, la fi nalité provocatrice de cette action. On a rappelé le sentiment d’agres-sion permanente que ressentaient ces populations dans un schéma géopolitique général qui leur est particulièrement défa-vorable. On a même eu droit à des théories du complot selon lesquelles l’objectif aurait été de donner une mauvaise image des musulmans ou même de faire perdre Ba-rack Obama aux prochaines élections pré-sidentielles. Il ne s’agit pas ici de dénigrer toutes ces contextualisations. Si certaines sont exagérées, même si elles soulèvent de nombreuses questions, d’autres sont certainement légitimes et méritent d’être rappelées. Pourtant, il est essentiel que ces explications ne viennent pas assombrir le message d’indignation qui doit être sans appel. Car il n’y a rien de plus paradoxal, rien de plus absurde que d’avoir recours à la violence pour dénoncer l’identifi cation du Prophète de l’islam à la violence. L’af-faire des caricatures danoises avait été sui-vie par la même contradiction. Toutes ces personnes qui prétendent défendre Mo-hammed semblent ignorer l’importance dans le Coran et la sunna des messages de patience et d’endurance face à l’adversité. Ainsi, de nombreux versets insistent sur l’importance du pardon, et la tradition isla-mique rapportent de nombreux récits où le Prophète confronté au mal ou à l’injustice opte pour le pardon. Quand on l’invite, par exemple, à maudire tel ou tel peuple qui l’a fait souffrir, il répond en priant pour eux car «ils ne savent pas». Force est donc de constater que dans cette affaire, ces musul-mans violents ont aussi fortement manqué de respect au Prophète de l’islam. [email protected]

En juin 2012, le taux de chômage turc s’est établi à 8 % de la population active contre 9,2 % en juin de l’année précédente, a annoncé le 17 septembre le ministère turc de l’Economie. C’est le taux de chômage le plus faible en Turquie depuis 2001. L’Institut turc des statistiques (TUIK) précise que le taux de chômage est désormais de 10 % dans les zones urbaines baissant de 1,6

point sur un an, tandis qu’il est de 4,3 % dans les zones rurales reculant de 0,6 point. Dans son rapport, l’Insti-tut rajoute qu’en juin 2012 la Turquie comptait 2,226 millions de chômeurs contre 2,537 un an plus tôt. Quant à la population active, elle s’élève doréna-vant à 25,557 millions de personnes contre 24,901 millions de personnes l’année précédente.

En dix ans, pas moins de 43.000 per-sonnes ont perdu la vie et 1.718.000 autres ont été blessées dans les huit millions d’accidents de la route qui ont eu lieu en Turquie. En 2002, 439.777 accidents se sont produits au cours desquels 65.748 personnes ont été tuées. Depuis, un nombre croissant de personnes a obtenu son permis de conduire augmentant fata-lement le nombre d’accidents en paral-

lèle. Mais en 2008, alors que le nombre de personnes détentrices du permis de conduire n’avait jamais été aussi élevé et que le nombre d’accidents était en hausse, les pertes humaines ont, elles, diminué en comparaison des chiff res de l’année précé-dente. En 2011, il y a eu 1 228.928 d’acci-dents de la route sur le territoire turc. 3,835 personnes ont été tuées et 238,074 personnes ont été blessées.

Turquie : le taux de chômage baisse à 8%

...ET UNE MAUVAISEUNE BONNE...

NOUVELLE

A l’occasion du premier anniversaire d’«Occupy Wall Street», le 17 septembre 2012, de nouvelles manifestations ont eu lieu à travers les États-Unis. A New York, à peine un millier de personnes ont répondu à l’appel. En novembre 2011, ils étaient plus de 30.000 personnes à avoir manifesté.

FRANCE02 21 - 27 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Charb est le directeur du journal satirique Charlie Hebdo.

Quand on aime on imite

43.000 morts turcs sur la route en 10 ans

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La mosquée de Saint-Etienne profanée par des tags racistes

Ara Güler a lancé sa

fondation l’Ara Güler Foto-

grafçilik Egi-tim ve Sanat

Vakfi pour préserver

son œuvre photogra-

phique.

EMMANUELLE GRIMAUDLe célèbre photojournaliste turc Ara Güler, surnommé

«le photographe d’Istanbul», a inauguré sa fondation l’Ara Güler Fotografçilik Egitim ve Sanat Vak-fi pour l’éducation à la photogra-phie et à l’art au Palais de France d’Istanbul le 12 septembre. Pour lui, la démarche était absolument nécessaire tant il est important de préserver le travail de toute une vie. «Je n’avais pas d’autre solu-tion. Tout ce qui n’est pas préservé disparaît», observe-t-il. Digitaliser

les millions de clichés, protéger les fi lms originaux, préserver les ta-bleaux offerts par des amis peintres, encourager la recherche et même ouvrir un musée, tout reste à faire. D’où la naissance de cette fondation éponyme, en pré-sence de l’ambassadeur de France en Turquie, Laurent Bili, et du sous-secrétaire d’État à la -Culture et au Tourisme, Özgür Özaslan. L’ambassadeur a salué la vocation éducative de la fondation, «grande et belle contribution à l’avenir de la photographie en Turquie».

Contrairement à certaines idées reçues, Ara Güler n’est pas que le «photographe d’Istanbul». «J’ai voyagé partout, en Inde, en Birma-nie, jusqu’en Indonésie», rappelle le photojournaliste. Sa prestigieuse carrière a commencé en 1958 en tant que premier correspondant au Proche-Orient pour le magazine Time. Puis, dans les années 1960, il publia pour les plus célèbres magazines comme Stern, Paris-Match ou The Sunday Times. En 1961, il devient membre de l’Ame-rican Society for Media Photogra-phers, une première pour un Turc. Güler a fait des photographies aux quatre coins du monde mais aussi en Turquie et particulièrement à Istanbul. Tout au long de sa car-rière il a reçu la Légion d’honneur, le Grand prix d’art et de culture turc en 2005, mais aussi la Médaille d’or de la ville de Paris en 2009. Avec sa fondation, Ara Güler ga-rantit la survie de son œuvre pho-tographique et la transmission d’un patrimoine.

Ara Güler, «le photographe d’Istanbul», lance sa fondation

Zoom

‘‘«Probablement, je suis islamophobe comme beaucoup de Français»

Déclaration, le lundi 17 septembre, de Véronique Genest, l’une des stars de TF1 avec la série Julie Lescaut. Fin août, elle avait déjà assuré sur Twitter que «L’islam [était] dangereux pour la démocratie et en [faisait] la démonstration tous les jours».

FRANCE03 21 - 27 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Un Observatoire propose des caméras pour protéger les mosquéesFace à la recrudescence inquiétante des actes islamophobes perpétrés contre les lieux de culte musulman, le président de l’Observatoire contre l’islamophobie a interpellé les pouvoirs publics en demandant que des caméras soient installées devant les mosquées.

Le président de l’Observatoire contre l’islamopho-bie a demandé mercredi aux pouvoirs publics d’ins-

taller des caméras de surveillance devant les lieux de culte musulmans, après la profanation d’une mosquée à Li-moges. «Je ressens une profonde colère, du dégoût et du mépris pour ces individus qui continuent à profaner des mosquées», a déclaré à l’AFP Abdallah Zekri, en espérant leur arrestation rapide. «Il faudrait que les communes prennent le problème au sérieux et mettent des caméras devant les mosquées, comme c’est le cas pour les syna-gogues», a-t-il ajouté. Les portes d’une mosquée de Li-moges, qui avaient déjà été couvertes de tags néonazis à la fi n juillet, ont été profanées avec des excréments dans la nuit de mardi à mercredi. Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a condamné «avec la plus grande fermeté» cet acte et assuré de «son entier soutien les communau-tés musulmanes de Limoges et de France». Au cours des derniers mois, d’autres mosquées, à Montauban, Agen ou Libourne (Gironde), et des lieux de prière au Barp (Gironde), à Strasbourg, Tarascon-sur-Ariège (Ariège) ou Draguignan (Var) ont aussi été la cible d’actes islamo-phobes. Début août, deux têtes de cochon avaient été déposées devant la mosquée de Montauban. Une croix celtique et une croix gammée avaient été découvertes le 5 septembre à l’entrée de la mosquée d’Agen. M. Zekri, dont l’observatoire a recensé 79 actes et menaces islamo-phobes au premier semestre 2012, en hausse de plus de 14 %, s’est dit «très inquiet face à la recrudescence des actes contre les lieux de culte». Le recteur de la Mosquée de Paris Dalil Boubakeur a lui aussi noté une «remontée de la mécanique islamophobe depuis la fi n juillet» avec un climat selon lui «très hostile» envers l’islam. «Là, plus qu’une profanation, c’est une souillure, on a cherché à rendre la mosquée impure», a-t-il déploré.

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Du logement au pavillon : la vie rêvée des Turcs de Vierzon

FOUAD BAHRI PARISDe 20 à 25 % ! Le taux obligatoire de logements sociaux dans les

communes vient d’être relevé par les sénateurs le 12 septembre dernier lors de l’examen du projet de loi sur le logement social. Mentionné dans la loi SRU (Solidarité et Réno-vation urbaine), ce dispo-sitif est l’un des plus importants de la poli-tique de la ville mise en place dès 1991 et dont l’objectif était d’assurer une mixité sociale et une diversité de l’habitat afi n de lutter contre les phénomènes d’ex-clusion dans l’espace urbain. Changer la vie des habitants de quartier en chan-geant leur habitat, l’idée semble ingé-nieuse. A Vierzon, dans le département du Cher (18), les habitants de la cité Henri Cellier ont pu s’en rendre compte. Soumis à un projet de réhabilitation urbaine voté en 2007, les logements de l’Offi ce Public de l’Habitat (OPH) ont été démollis et remplacés par des habi-tations pavillonnaires, toujours sous un régime locatif.

Des pavillons pour endiguer la délinquancePour les Franco-turcs de Vierzon, cet accès à un nouveau cadre de vie était inespéré. Volkan Simsek, 31 ans, ouvrier en bâtiment et père de trois enfants, a grandi dans ces logements HLM. De-puis 2009, il vit dans l’un des pavillons de l’OPH. «On se sent comme des propriétaires, on est pas mis à l’écart. Avant, on se voyait comme des gens de seconde catégorie avec les HLM» dit-il. Volkan a senti en particulier l’évolution de la vision des Turcs quant à leur place dans la société française. «Les gens changent de mentalité. Ils avaient tendance à

être nostalgiques et à dire "ah le bled, ah la Turquie". Là maintenant, on se sent bien» dit-il. La destruction program-mée des cité-ghettos, à Vierzon comme ailleurs, obéit aussi à un autre objectif :

prévenir les phénomènes de concentrations urbaines qui produisent de la ten-sion sociale et parfois de la délinquance. C’est l’une des raisons qui a poussé Deniz Olmez, 33 ans, mère de deux enfants, a demandé très tôt un loge-ment situé à l’extérieur du quartier Henri Cellier «pour m’éloigner de ce mi-

lieu de cité et avoir un environnement tranquille». «Si les sociétés HLM ont décidé de détruire ces bâtiments, c’est pour éliminer la délinquance et les lieux de squatt» témoigne cette Franco-turc qui vient d’obtenir un logement pavillo-naire à proximité mais en dehors de son quartier d’enfance. Paradoxalement, la démolition des autres bâtiments a accéléré son désir de partir ailleurs. En effet, «au fur et à mesure que les autres bâtiments ont commencé à être démol-lis et que leurs habitants partaient

en pavillons, beaucoup de jeunes de 18/25 ans sont venus se poser dans le pallier» ajoute-t-elle évoquant des pro-blèmes de places de parking squattées et de tapage nocturne. «Vivre dans un milieu calme» avec un bon voisinage fait donc partie des exigences de Deniz qui espère offrir à sa famille une autre vie. «J’ai un enfant qui est très infl uençable. Je ne veux pas qu’il grandisse là où j’ai grandi» explique-t-elle.

«Ces quartiers peuvent être des atouts formidables»Ces considérations sécuritaires, Volkan Simsek les partage lui aussi. «On est plus en sécurité. On vit mieux qu’avant. On est quand même dans un quartier où à partir d’une certaine heure, on peut plus sortir dehors » précise le Franco-turc qui estime qu’avec ces nouveaux logements, «il y a un peu moins de pro-blèmes de délinquance». Pour autant, toute la politique de la ville ne se réduit pas à la question du logement. D’après Nicolas Sansu, maire communiste de Vierzon, la dimension économique et sociale du réaménagement urbain reste essentielle dans le décloisonne-ment des quartiers populaires. «Ce n’est pas qu’un problème urbain, il y a aussi la question de l’emploi et du pouvoir d’achat. Même si les pavillons remplace les HLM, le problème du vivre-ensemble subsiste» dit-il. Pour l’élu communiste, le plus important «est de faire de l’activité et de montrer que ces quartiers peuvent être des atouts formidables». Une nouvelle zone éco-nomique comportant notamment

une usine Renault et un grand laboratoire d’analyse médicale de

dimension régionale a ainsi été financée pour créer du lien et ouvrir ces habitations au reste de la ville, dans une commune où 65 % des habitants sont propriétaires.

A Vierzon, dans le

Cher, les habitations

pavillon-naires ont été déve-

loppées pour désen-

claver les quartiers

populaires.

HUGO DOGAN

Fini les vacances ! Après les beaux jours, la rentrée est souvent syno-nyme d’impôts. Abordons les so-lutions qui existent, afi n de réduire l’imposition sur les revenus au tra-vers de l’investissement et des pla-cements fi nanciers. Chaque année, le gouvernement met en place des dispositifs d’incitation à l’inves-tissement dans divers secteurs de l’économie. C’est par exemple le cas pour le cinéma français avec la Société pour le fi nancement du cinéma et de l’audiovisuel (SO-FICA) qui permet depuis 1985 de devenir producteur tout en béné-fi ciant d’une réduction d’impôt. Pour 2012, le contribuable bénéfi -cie d’une réduction d’impôt sur les revenus de 36 % du montant de son investissement. La souscrip-tion à la SOFICA est plafonnée à la double limite de 25 % du reve-nu net global et de 18.000 euros. Exemple pour 2012, un contri-buable a déclaré 120.000 euros de revenu net global. Il souscrit pour 15.000 euros de SOFICA, le pla-fond à retenir est donc de 120.000 euros, soit 30.000 euros, que l’on ramène au plafond maximum de 18.000 euros. Ainsi la totalité du montant souscrit ouvre droit pour un montant de 15.000 euros à une réduction de 36 %, donc 5400 euros. L’investisseur cinéphile s’engage à conserver ses titres pendant une durée minimale fi s-cale de 5 ans ; en cas de cession, l’administration fi scale remet en cause la réduction. Attention éga-lement à la durée minimum du placement en lui-même qui est de 10 ans. Les actions SOFICA ne sont pas cotées et la possibilité de revente est aléatoire. Le retour sur investissement est en partie lié aux dividendes distribuées par la SOFICA, qui dépendra donc beau-coup des recettes du ou des fi lms produits. Ne pas oublier que ce placement est réservé avant tout aux personnes souhaitant investir dans le cinéma français et dans le cadre d’une diversifi cation de ses placements en acceptant le facteur risque et très peu de liquidités.

Financer le cinéma français pour réduire ses impôts

TRIBUNE LIBRE

conseiller en gestion de patrimoine

SOCIETE04 21 - 27 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

‘‘«Ce n’est pas qu’un problème urbain,

il y a aussi la question de l’emploi»

Depuis le lancement de la politique de la ville, il y a plus de vingt ans, le renouvel-lement de l’habitat urbain a été perçu comme l’un des outils privilégiés pour décloisonner les cités-ghettos. A Vierzon, dans le Cher, les Franco-turcs passés d’un logement HLM classique à un pavillon, ont eux aussi bénéfi cié de ce changement de vie.

Nicolas Sansu est le maire communiste

de la ville de Vierzon.

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Les chrétiens discutent théologie et société à Strasbourg

Diversité : un master pour renouveler le journalisme

Originaires de banlieue pari-sienne, des étudiants issus de

milieu modeste intègrent lundi une nouvelle formation de journalisme à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) dont l’ambition est de renouveler la pro-fession avec des talents atypiques et «issus de la diversité». «Il ne s’agit

pas d’une formation de plus», pré-vient Nordine Nabili, 45 ans, direc-teur du Bondy Blog et l’un des inter-venants, alors que la France compte déjà une centaine de filières spécia-lisées, dont treize écoles reconnues par la profession. L’ambition de ce master de l’université de Cergy-Pon-

toise est de bousculer le recrutement dans les rédactions où, selon lui, on donne «trop souvent» la part belle à «des jeunes ayant fait un IEP, puis une grande école». Elle s’inscrit dans la mouvance de récents concepts pour attirer des profils différents comme le partenariat entre l’ESJ et le Bondy Blog, la Chance aux concours du CFJ, l’expérience de la fondation TF1 et plus récemment celle du Monde qui ouvre son «académie». Pour Jean-Claude Lescure, respon-sable du master de Gennevilliers, le phénomène de reproduction sociale est encore «très fort» dans les écoles, privilégiant «des jeunes gens issus de CSP».

«S’ils ne sont pas épaulés, ils ne sont pas pris»Ces dernières «tentent d’y répondre, mais la sociologie des étudiants évolue peu, et les classes populaires passent souvent à côté», explique cet historien de 50 ans, ancien direc-teur du master de journalisme de

Sciences po Paris. Les principaux freins ? Un coût de scolarité encore «trop élevé», selon Nordine Nabili, malgré les efforts faits pour les bour-siers par certaines écoles reconnues. Mais surtout, une «méconnaissance des réalités» du métier pour les jeunes issus de quartiers populaires qui rencontrent «des difficultés pour accéder à des stages avant de passer les concours», souligne Jean-Claude Lescure. «S’ils ne sont pas épaulés, ils ne sont pas pris», dit-il. La jeune femme de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) a eu «la chance» d’ef-fectuer un stage à Radio France et au magazine L’Etudiant qui l’ont «dé-bloquée». «J’ai pris conscience que j’avais le niveau de n’importe quel autre stagiaire», dit-elle. Comme elle, la majorité des douze étudiants du master de journalisme sont boursiers sur critères sociaux. Recrutés après des épreuves écrites et un oral de motivation, ils vont suivre un cursus classique avec des spécialités dans le journalisme web et télévisuel.

AZIZ OGUZ PARISLes chrétiens dialoguent-ils suffi-samment entre eux ? Jean-Pierre

Denis, directeur de la rédaction de l’heb-domadaire La Vie, est parti du constat que non. Pour répondre à cette carence, il a créé les États généraux du christianisme (EGC), un événement organisé par le magazine et qui connaîtra du 12 au 14 octobre à Strasbourg sa troisième édition avec pour thème «Que croire ? Qui croire ?». «On a envie d’ouvrir un débat très large entre les chrétiens, expliquait-il lors de la première édition. Et de ne pas demander aux gens leurs étiquettes, leurs façons d’être chrétien, ni même s’ils [le] sont. On leur dit «venez, rencontrons-nous et dis-cutons !»» La rédactrice en chef adjointe Dominique Fonlupt renchérit : «L’idée des EGC est de faire dialoguer des chrétiens qui ne se rencontrent pas. Parce que la communauté chrétienne est marquée par

une grande diversité avec les catholiques, les protestants ou les orthodoxes, et ces groupes sont eux-mêmes pluriels.»

Des interventions de Lilian Thuram et d’Oliver RoyLa question religieuse va irriguer les EGC mais elle n’est pas non plus centrale. «On n’a pas voulu s’arrêter à des débats théo-logiques sur le christianisme. Aux EGC, on parle aussi de politique, d’économie, de culture, etc.» explique Dominique Fonlupt. La cinquantaine de débats pré-vus dans différents lieux du centre-ville (la cathédrale, l’église Saint-Thomas, la faculté de médecine, etc.) sont effective-ment variés : «Europe : on continue ou on se sépare ?», «Le mariage gay, un changement de civilisation ?», «Doit-on encore se battre pour la croissance ?». Cette pluralité, on la retrouve également chez les personnalités invitées. On retrouvera l’ancien footballeur

Lilian Thuram, l’écrivain Alexis Jenni, qui a remporté le prix Goncourt 2011, ou encore le politologue spécialiste de l’islam Oliver Roy. Ce dernier débattra d’ailleurs avec le maire de Strasbourg, Roland Ries, sur le thème «L’interreligieux, clé de la paix sociale ?». Mais à l’occasion des EGC, il

y aura aussi des projections de films, des concerts ou encore la Nuit du christia-nisme dans la nuit de vendredi à samedi, où des prières, des gospels et des chants sont prévus. Les organisateurs attendent plus de 5.000 participants pendant les trois jours de l’événement.

Du 12 au 14 octobre, la troisième édition des Etats généraux du chris-tianisme auront lieu à Strasbourg. L’objectif affiché est de créer un espace de dialogue pour les chrétiens sans pour autant se cantonner aux seuls débats théologiques.

L’université de Cergy-Pontoise propose cette année un nouveau master en journalisme pour diversifier la profession. Les étudiants pourront y suivre un cursus classique avec des cours spécialisés dans le journalisme web et télévisuel.

Un nouveau master en

diversité a été proposé aux

étudiants en journalisme de l’univer-

sité de Cergy-Pontoise.

L’ancien footballeur Lilian Thuram sera présent aux États généraux du christianisme du 12 au 14 octobre.

SOCIETE05 21 - 27 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

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Un Juif israélien chez les derviches tourneurs

Tandis que le soleil décline sur son campement accroché à une colline de

Galilée, Miki Cohen prend place sous une tonnelle en fer forgé et commence lentement, très lentement, la rotation d’un derviche tour-neur. Les bras croisés sur la poitrine, à l’écoute d’une musique soufi e diffusée par son téléphone portable, il lève les bras au-dessus de ses épaules, tournoyant, les yeux clos, en pleine extase mystique. La danse méditative soufi e est la réponse de Miki Co-hen, 58 ans, à de longues années de ques-tionnement spirituel. Il est le premier Juif is-raélien à avoir accédé au rituel sacré des musulmans soufi s de l’Ordre Mevlevi, fondé en Turquie au XIIIe siècle, plus connu sous le nom d’Ordre des «derviches tourneurs». Issu de la petite bourgeoisie de Tel-Aviv, Miki Cohen est resté traumatisé par la guerre is-raélo-arabe du Kippour (1973). Il se lance alors dans une quête éperdue de paix inté-rieure, fl irtant avec la spiritualité juive, avant de vivre deux ans à Tel-Aviv puis d’étudier le taoïsme chinois et le kung-fu aux Etats-Unis pendant trois ans, tout en engrangeant des diplômes de psychologie et de philosophie.

Un voyage en Turquie qui va changer sa vie La normalité garde pourtant ses droits : marié et père de deux enfants, il fait vivre sa famille en enseignant l’écriture de scénarios. Mais, au hasard de son chemine-ment spirituel, il découvre les écrits mystiques de Jalâl al-Dîn Rûmî, poète soufi du XIIIe siècle originaire de Perse, dont les adeptes fondèrent, après sa mort, la confrérie des derviches tourneurs, appelés ainsi pour leur danse giratoire proche de la transe. «Plus je lisais Rûmî, plus je découvrais le soufi sme, quand la raison s’arrête pour laisser parler le coeur. Il est alors devenu évident que c’était ma voie», explique Miki Cohen, tout de noir vêtu, ses longs cheveux noués en queue de cheval. Tout derviche aspire à l’ascèse des grands mystiques musulmans soufis. De plus en plus fasciné par les enseignements de Rûmî, Miki se marginalise : il se sépare de sa femme, s’installe dans une caravane et voyage à tra-vers Israël. En 2005, il va se recueillir sur la tombe du poète persan à Konya, haut lieu religieux de l’Anatolie. Dans un bus, il fait la rencontre d’un derviche tourneur. Ce der-

nier l’invite à passer une semaine au sein de l’Ordre pour s’initier au samâ’, danse et chant sacrés des soufi s mevlevis. L’invitation d’un Juif israélien au sein de cette confrérie musul-mane traditionaliste plutôt fermée est sans

précédent. C’est grâce à sa dévo-tion, et en dépit de la barrière de la langue, que Miki Cohen a été admis là où beaucoup d’autres ont échoué, explique à l’AFP la cinéaste turque Yelda Yanat Kap-kin, qui suit depuis des années le parcours du néophyte et lui a consacré un documentaire pour la chaîne Al-Jazeera. «Quand il a rencontré le maître de la confré-rie, ce dernier a vraiment cru que

Miki était un adepte», témoigne la réalisa-trice.

«L’espace d’une seconde, j’éprouve un sentiment d’harmonie» Miki Cohen vit aujourd’hui au fl anc d’une colline rocailleuse plantée d’oliviers, près du village druze de Jat, en Galilée, dans le nord-ouest d’Israël. Il habite une tente ronde et spacieuse qui ressemble à une yourte mon-gole, dont le pilier central soutient un toit drapé de tissus de couleurs vives. Le sol est jonché de tapis et de coussins. Dans cet abri

alimenté en électricité par l’énergie solaire, il y a aussi des canapés fatigués et des chaises, ainsi que deux étagères branlantes, ployant sous le poids d’un assortiment éclectique de livres. Un amoncellement de matelas fait offi ce de lit. Un vieux placard cache l’accès secret d’une grotte que Miki a creusée et aménagée dans la montagne, et où il se réfu-gie quand le vent devient mauvais. Jour après jour, devant sa yourte, dans une cage ronde dallée, comme une sorte de tonnelle, le der-viche israélien, solitaire et hiératique, reprend la majestueuse rotation du samâ’. «L’espace d’une seconde, j’éprouve un profond senti-ment d’harmonie. C’est magique», dit-il.

A 58 ans, Miki Cohen est le premier Juif israélien à accéder à la confrérie soufi de l’Ordre Mevlevi, fondé en Turquie. Après avoir fait la rencontre d’un derviche tourneur en Anatolie, il décide de changer de vie et se consacre pleinement à l’apprentissage du samâ.

L’Ordre Mevle-vi, plus connu sous le nom d’Ordre des «derviches tourneurs» a été fondé en Turquie au XIIIe siècle.

BREVES ECO

TURQ

UIE

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a annoncé lundi que l’armée avait tué environ 500 rebelles kurdes du PKK en un mois lors d’opérations dans le sud-est de la Turquie. 500

TURQUIE07 21 - 27 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Renault signe un accord avec AntalyaRenault et la ville d’Antalya ont signé, le 12 septembre, un accord pour favoriser l’utilisa-tion de véhicules électriques sur le réseau urbain de la cité turque. Le constructeur auto-mobile français installera et développera dans la ville un réseau de bornes de recharge pour véhicules électriques telles que la Renault Fluence que le groupe français pro-duit dans son usine turque de Bursa. Ce partenariat fait suite à ceux signés avec les muni-cipalités d’Istanbul, d’An-kara et de Gaziantep. Pré-sent en Turquie via sa filiale Oyak-Renault depuis 1969, le constructeur automobile français est l’un des leaders du marché turque.

‘‘«Je découvrais le soufi sme. Il est alors devenu évident que

c’était ma voie»

Miki Cohen est le premier Juif israélien à avoir intégré l’Ordre Mevlevi.

Page 8: Zaman France N° 231 - FR

Pour les Kurdes, la sécession n’est pas la solution

YONCA POYRAZ DOGAN ISTANBULUne enquête récente a montré que 90,3 % des Kurdes et 70,7 % des Turcs

sont convaincus que leur des-tin est lié, contrairement à l’idée selon laquelle la mino-rité kurde aurait de fortes ten-dances séparatistes. Pour Atilla Sandikli, le président du comité des sages du Centre d’études stratégiques (BILGESAM) qui s’exprimait dans les colonnes du Mon-day Talk, les Kurdes ne voient pas dans le séparatisme la solution au problème kurde. Seuls 2,3 % des Kurdes de Turquie penseraient que l’indépendance constitue la solution au pro-blème selon lui, tandis que 5,7 % estiment qu’elle réside dans une structure de type fédéral et 11,9 % dans un gouvernement régional autonome.

Une sécession ne résoudra pas la question kurdeIntitulée «Perceptions sociales de la lutte contre le terrorisme», l’enquête, qui a été pu-bliée la semaine dernière, montre également que 79,1 % des Turcs interrogés pensent que les droits qui existent sont suffisants, alors que cette proportion tombe à 31,9 % dans le cas des Kurdes. Par ailleurs, tandis que 12,3 % des Turcs et 33,5 % des Kurdes pensent que la solution réside dans une par-faite égalité en matière de droits civiques, ils ne sont respectivement que 5,3 % et 14,8 % à penser qu’elle passe par le renforcement des administrations locales. Et si 50 % des Kurdes et 44 % des Turcs interrogés esti-ment que «l’Etat a la volonté de résoudre

le problème kurde», ils sont respectivement 51,3 % et 32,6 % à être convaincus qu’il en est effectivement capable. Ce sondage arrive

à un moment où la question du terrorisme est au sommet des priorités de la Turquie, qui fait face à des affrontements pro-longés dans le Sud-Est et à des attaques et des enlèvements de civils perpétrés par le PKK, 700 personnes ayant déjà été tuées en l’espace de 14 mois, soit le plus grand nombre enregistré en 13 ans. L’enquête révèle une forte volonté et la détermination

de partager un avenir commun, aussi bien chez les Turcs que chez les Kurdes.

La stratégie du PKK : monter Kurdes contre TurcsLa proportion de Kurdes qui ne conçoit pas un avenir commun avec les Turcs en Turquie se maintient à environ 10 %, tandis que ce pourcentage est trois fois supérieur chez les Turcs. Des résultats qui battent en brèche l’idée courante selon laquelle les Kurdes de Turquie voient dans le séparatisme la solu-tion au problème kurde. Pour le président du BILGESAM, la stratégie de l’organisa-tion terroriste PKK consiste justement à provoquer les Turcs pour les monter contre les Kurdes. Cibler par exemple des fiefs de l’ultranationalisme turc comme Adana et İnegöl, pour y commettre des attentats entre dans le cadre de ce type de stratégie. Atilla Sandikli estime donc qu’il faut se féli-citer de ces chiffres qui montrent clairement que Kurdes et Turcs n’ont pas mordu à l’hameçon, et que la plupart désirent vivre ensemble et en paix.

Une étude intitulée «Perceptions sociales de la lutte contre le terrorisme» vient de révéler que la quasi unanimité des Kurdes ne défend pas le projet d’un Etat kurde en Turquie. Seuls 2,3 % d’entre eux penseraient que l’indépendance représente une solution à leurs problèmes.

Pour 90,3 % des Kurdes de Turquie, un Etat indépendant ne règlerait pas leurs problèmes.

TURQUIE08 21 - 27 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

‘‘«Pour 50 % des Kurdes, "l’Etat a la

volonté de résoudre le problème kurde"»

Page 9: Zaman France N° 231 - FR

Görmez : «On ne répare pas une off ense par une autre off ense»

Alors qu’un appel à manifester same-di à Paris contre le film américain

anti-islam a été lancé au lendemain d’une vague de violence qu’ont connue plusieurs pays musulmans, la réaction de la grande majorité des savants musulmans a été sans appel. Leur prise de position rapide et sans ambiguïté contre les violences témoignent du clivage entre le corps des savants, garant des principes fondamentaux de l’islam, et certaines franges de populations. Ainsi, l’Union internationale des savants musul-mans (UISM), dont le siège se trouve au Koweït, a attiré l’attention sur le fait que le fi lm anti-islam était provocateur et a ainsi demandé l’arrêt des attaques contre les ambassades américaines. La déclaration publiée par l’UISM, qui compte parmi ses membres des centaines de savants et de penseurs, et dont le président est Yusuf Al-Qaradawi, accepte certes qu’il est «légitime et normal de vouloir réagir face aux blas-phèmes proférés à l’encontre» du Prophète, mais précise qu’il «incombe aux musulmans d’agir selon la loi islamique et les directives

du Prophète». Ainsi, le texte invite à «ne pas agir à son encontre en pensant le défendre». Dans la déclaration publiée par l’Union – qui compte parmi ses membres des cen-taines de savants musulmans d’Indonésie au Soudan, d’Europe aux pays du Golfe – il a été souligné qu’il était impératif que les musulmans maîtrisent leur colère. Le texte indique que l’objectif de ces actes islamo-phobes est de semer le trouble et que «ré-pondre à ce type de provocations par la violence revient à agir tel que le désirent les fauteurs de trouble».

Le risque d’une campagne contre le monde musulman ?Le secrétaire général de l’Organisation de la conférence islamique Ekmeleddin Ihsa-noglu a de son côté également dénoncé le meurtre, à Benghazi, de l’ambassadeur américain en Libye Christopher Stevens et de 3 offi ciers consulaires, puis a rappelé que ces attaques violentes vont détériorer l’image du monde musulman. S’adressant à Zaman, Ekmeleddin Ihsanoglu a déclaré

que «les réactions ne doivent pas attiser la violence. Les musulmans ne devraient pas répondre à la provocation. Aucun motif ne peut donner le droit de manifester en utilisant la violence. Il faut agir dans le calme». Il s’est exprimé sur le risque que ces événements soient utilisés pour mener une campagne contre le monde musulman. Le président des Affaires religieuses Meh-met Görmez a également indiqué qu’il ne cautionnait pas l’usage de la violence pour condamner le fi lm et a continué ses propos ainsi : «On ne répare pas une offense par une autre offense. Une injure ne peut être effacée par une injure encore plus grande». Le penseur musulman Fethullah Gülen a également très sévèrement dénoncé les violences en invitant plutôt les musul-mans à exprimer leur indignation de façon appropriée et fi dèle à l’enseignement pro-phétique. Jugeant que le fi lm est une pure provocation, il a qualifi é d’«inhumain» le meurtre des diplomates américains et a jugé que les musulmans doivent réagir avec rete-nue et sang-froid.

Les débordements violents suite aux nombreuses manifestations qui ont enfl ammé le monde musulman après la diff u-sion du fi lm anti-islam ont été largement condamnés par les autorités islamiques. Pour le secrétaire général de l’OCI, Ekmeleddin Ihsa-noglu, «les musulmans ne devraient pas répondre à la provocation».

L’actrice américaine Angelina Jolie, ambassadeur de bonne

volonté du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), s’est rendue jeudi dernier en Turquie pour visiter une nou-velle fois les réfugiés syriens, a in-diqué un diplomate turc à l’AFP. La star, qui était accompagnée du patron du HCR, Antonio Guterres, s’est rendue dans un camps consti-tué de bâtiments préfabriqués situé dans la province de Kilis, dans le sud-est de la Turquie, pour y ren-

contrer les Syriens, a-t-on souligné de même source. Ce camps, situé juste à la frontière syrienne, abrite 12.000 réfugiés. L’actrice s’est éga-lement entretenue jeudi à Ankara avec des responsables turcs dont le président Gül. Angelina Jolie avait déjà visité en juin 2011 un camp de Syriens en Turquie. La Turquie qui partage une longue frontière avec la Syrie accueille actuellement dans plusieurs camps quelques 80.000 réfugiés syriens qui ont fui le confl it dans leur pays.

Une manifes-tation anti-américaine contre le fi lm anti-islam en Inde.

Angélina Jolie en visite dans un camp de réfugiés en Syrie.

Syrie : Angelina Jolie visite les réfugiés

EN BREF

TURQ

UIE

ENSE

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PÉRI

EUR Vers des classes

prépas payantes ?Selon des informations publiées par le journal Le Monde, le gouverne-ment envisagerait de mettre fin à la gratuité des classes prépas. Les élèves non boursiers seraient les premiers concernés. Et pour cause, la classe prépa est la formation la mieux encadrée, la plus onéreuse par étu-diant pour l’État et celle qui ouvre les portes des «grandes écoles». Aujourd’hui, aucun droit d’inscrip-tion n’est demandé aux étudiants en classe préparatoire. «C’est une piste à étudier. Elle le sera sans doute en début d’année prochaine», a-t-on confié dans l’entourage de la ministre de l’Enseignement supérieur Gene-viève Fioraso.

Production de missiles balistiquesLa Turquie a décidé de se lancer dans la production de son premier missile balistique, a déclaré le ministre de la Science Nihat Ergun au cours d’une conférence de presse. Le missile bap-tisé SOM a une portée de 300 km. C’est là le premier pas de la Turquie dans la construction de missiles à longue portée. Les Turcs estiment que dans l’intérêt de la défense natio-nale ils ont besoin de missiles d’une portée de 2 500 km. Pour la Turquie, une telle arme serait nécessaire face à l’instabilité croissante de la région suite aux retombées du «printemps arabe». Par ailleurs, il semblerait que le pays soit préoccupé par les ambi-tions balistiques iraniennes.

Dans une interview donné au quotidien Le Monde, l’économiste Jacques Attali a estimé que Nicolas Sarkozy n’avait pas imposé de nouveaux impôts aux Français et des économies budgétaires «par manque de courage politique». ‘‘

«Si les politiques ont peur de la révolte, ils auront la révolution»

INTERNATIONAL09 21 - 27 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Page 10: Zaman France N° 231 - FR

Iran: Hollande parle diplomatie à NetanyahuFrançois Hollande s’est entretenu mercredi au téléphone avec le

Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à qui il a affi rmé la «néces-sité de trouver une solution diploma-tique» sur la question du nucléaire ira-nien, annonce l ’Elysée dans un communiqué. «S’agissant de la question nucléaire iranienne, le président de la République a rappelé la détermination

de la France pour que l’Iran suspende l’ensemble de ses activités sensibles et mette en oeuvre les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies et de l’Agence Internationale de l’Energie atomique (AIEA)», dit l’Elysée. Benja-min Netanyahu a haussé le ton ces der-niers jours face à l’Iran, exigeant à plu-sieurs reprises que Washington fi xe une «ligne rouge» sur le programme nu-

cléaire de Téhéran, jusqu’à crisper les relations avec son allié américain. L’Ely-sée écrit que la France «(assumera) plei-nement ses responsabilités pour renfor-cer les sanctions à l’encontre de l’Iran tant qu’il ne se conformera pas à la léga-lité internationale». François Hollande «a également affirmé la nécessité de trouver une solution diplomatique à cette crise», selon le communiqué.

Pendant 50 ans, la junte bir-mane était passée maître

dans l’art d’ignorer les pressions extérieures. Mais le régime en place depuis l’an passé a choisi de s’ou-vrir et, confronté à de récentes vio-lences communautaires, il doit ap-prendre à composer avec l’opinion internationale. Une vaste région située le long de la frontière avec le Bangladesh, en Etat Rakhine (ex-Arakan, ouest), a été le théâtre de violences qui ont fait 90 morts de-puis juin entre membres de l’ethnie bouddhiste rakhine et Rohingyas, une minorité musulmane apatride considérée par l’ONU comme l’une des plus persécutées de la planète. Le dossier a tout de suite capté

l’attention des Occidentaux et des pays arabes. Autant de pressions qui ont forcé le pouvoir à se dé-fendre et à accompagner les délé-gations étrangères sur le terrain. «La plupart d’entre eux com-prennent bien la situation mais certains n’ont pas une vue d’en-semble complète», estime Zaw Htay, un directeur au Bureau de la présidence à Naypyidaw. Le chan-gement de cap est spectaculaire par rapport au cyclone Nargis de 2008 (138.000 morts ou disparus), après lequel la junte avait fermé ses fron-tières et refusé l’aide étrangère. Aujourd’hui, Naypyidaw veut réin-tégrer le concert des nations et faire tomber les sanctions.

Rohingyas : la Birmanie sous pression étrangère

INTERNATIONAL10 21 - 27 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

La pression internationale commence à faire fl échir les autorités birmanes sur le sort des populations musulmanes Rohingyas.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à la Knesset, le Parlement israélien.

Page 11: Zaman France N° 231 - FR

Le Suédois Ikea étend son empire

La Turquie va présenter un paquet d’aide de deux milliards de dollars à l’Egypte pour soutenir son économie, en proie à de graves diffi cultés depuis la révolte populaire de début 2011, a annoncé samedi le ministre égyptien des Finances Momtaz al-Saïd. Ankara s’est mis d’accord avec Le Caire pour four-nir «un paquet d’aide à l’Egypte d’une valeur de deux milliards de dollars, qui seront utilisés pour soutenir les réserves en devises de l’Egypte et fi nancer des projets d’infrastructures», a dit M. Saïd, cité par l’agence officielle Mena. Cela «participera à renforcer l’économie égyptienne et l’aidera à regagner sta-bilité et croissance», selon le ministre. L’accord a eu lieu lors de la visite d’une délégation égyptienne de haut niveau à Istanbul, a précisé l’agence. L’instabilité politique en Egypte s’est traduite depuis le soulèvement de début 2011, qui a

renversé le président Hosni Moubarak, par de graves diffi cultés pour le secteur crucial du tourisme, une chute des inves-tissements étrangers, une aggravation du déficit budgétaire et de nombreux confl its sociaux. Les réserves en devises de la Banque centrale ont fondu de 36 à 15 milliards de dollars en un an et demi, menaçant la capacité du pays à impor-ter des produits de base et à soutenir le cours de sa monnaie, la livre égyptienne. Le gouvernement égyptien a demandé un prêt de 4,8 milliards de dollars au Fonds monétaire international (FMI), destiné à soutenir des réformes écono-miques. Le Qatar a récemment annoncé qu’il allait investir 18 milliards de dol-lars sur cinq ans en Egypte, après avoir décidé d’apporter un soutien fi nancier de 2 milliards de dollars au Caire sous forme d’un dépôt auprès de la Banque centrale égyptienne.

AZIZ OGUZ PARISMême en plein milieu du mois d’août, la nouvelle a fait mouche :

Ikea, le géant du mobilier, a annoncé qu’il allait se lancer dans l’hôtellerie. L’entre-prise suédoise ambitionne d’ouvrir pro-gressivement, à partir de 2013, une cen-taine d’hôtels low cost dans plusieurs pays européens en commençant par l’Alle-magne. L’ambitieux projet sera supervisé par Inter Ikea, une entité de l’entreprise, qui, pour le mener à terme, pourra compter sur les 3 % de royalties (commission moné-taire reversée en fonction d’un pourcentage de chiffre d’affaires) qu’elle touche chaque année, soit... 750 millions d’euros en 2011. Ikea affi che en effet une santé insolente : l’année dernière la fi rme a réalisé un chiffre d’affaires de près de 25 milliards d’euros pour presque 3 milliards d’euros de béné-fi ce. La multinationale est un poids lourd de l’économie mondiale. Au 31 août 2011, le mastodonte suédois comptait 287 maga-sins dans 26 pays et employait plus de 131.000 personnes. Son appétit est débor-dant. Et la fi rme voit dans l’immobilier un nouvel eldorado à saisir. A partir de 2013, la multinationale va bâtir un «quartier Ikea» dans l’est de Londres, qui sera com-posé de 1.200 maisons, de commerces, de bureaux, d’un restaurant et d’un hôtel. La firme veut mener un projet similaire à Hambourg ou encore à Bucarest. Inter Ikea envisagerait même de construire des loge-

ments étudiants dans certaines villes euro-péennes.

La Suède comme argument marketingMais avant l’immobilier, Ikea s’était déjà diversifi é en misant sur l’alimentation : la plupart de ses magasins ont un restaurant ou un bistrot. Et tous disposent d’une épi-cerie suédoise. Ikea exploite au maximum l’image de la Suède. Les couleurs jaune et bleu du pays sont omniprésentes. Les noms des produits sont en suédois (Björken, Fräck, Majskorn, etc.). Le charme scandinave opère à merveille. Mais Ikea doit surtout son suc-cès à l’idée de son fondateur Ingvar Kam-prad : les meubles en kits. Le client achète un meuble en pièces détachées qu’il doit lui-même transporter et monter. Résultat : prix bas et accessibles au plus grand nombre. Mais pour diminuer les coûts, la firme a compris qu’il fallait aussi délocaliser : dès 1961, son fondateur signait des accords avec des usines polonaises pour produire à bas coût. Selon le magazine Alternatives éco-nomiques, Ikea compte aujourd’hui 1.220 fournisseurs dans 55 pays, dont un tiers se trouve en Asie. L’autre coup de force d’Ikea est d’avoir inventé le parcours obligatoire en zigzag : en allant dans le magasin, le client rentre dans un véritable labyrinthe. L’objectif est de le pousser à consommer en lui présentant une pléthore de produits. Stratégie payante dans le mobilier, mais le sera-t-elle dans l’immobilier ?

Le mobilier n’est plus le seul secteur d’activité d’Ikea. Déjà pré-sente dans la restauration, la multinationale suédoise se lance aujourd’hui dans l’immobilier. A partir de 2013, elle va ouvrir ses propres hôtels avec toujours la même stratégie : proposer les prix les plus bas.

En un an et demi, les réserves en devises de la Banque centrale égyptienne ont chuté de 21 milliards de dollars.

La Turquie investit 2 milliards de dollars en Egypte

ECONOMIE11 21 - 27 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

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Page 12: Zaman France N° 231 - FR

Metin Arditi : le pluralisme ottoman comme héritage

ZEHRA ONAT ISTANBULLe roman de l’écrivain et par ail-leurs président de l’orchestre de

Suisse romande, Metin Arditi, intitulé Turquetto, récompensé par le prix Giono, vient de paraître en turc à Is-tanbul. Une nouvelle actualité littéraire pour cet écrivain qui en compte d’autres comme la sortie de son dernier ouvrage, Prince d’orchestre, chez Actes Sud. Dans Turquetto, le lecteur plonge dans une aventure qui débute en 1531 avec l’histoire d’Eli Soriano, né à Istanbul dans une famille juive, et qui n’a pas connu sa mère. A la mort de son père alors qu’il était très jeune, Eli fuit la capi-tale pour Venise, entraîné par sa pas-sion pour le dessin. Le personnage principal de Turquetto, qui n’avait pas pu se réfugier en Europe en raison de ses origines juives, a décidé de rentrer à Istanbul. Sur bien des points, l’histoire de Metin Arditi ressemble à celle d’Eli. L’exode des ancêtres de Metin Arditi a débuté avec l’expulsion des Juifs d’Es-pagne et a pris fi n en terres ottomanes.

Le lien profond avec la terre nataleL’écrivain est né en 1945, à Ankara. Il n’avait que sept ans lorsqu’il est parti étudier en Suisse. Lui aussi, séparé de ses parents, est retourné ensuite dans sa terre natale après plusieurs années… Bien qu’il n’ait pas vécu une enfance pauvre et n’a pas perdu sa famille comme Eli, Metin Arditi reconnaît une ressemblance entre son lien personnel avec la Turquie et celui de son protago-niste Eli. «Lui aussi a ressenti le besoin de retourner dans ce pays !» dit-il.

Quelle quête a poussé Eli à retourner à Istanbul ? La réponse d’Arditi semble nous montrer la valeur sentimentale qu’il accorde à son personnage : «je ne sais pas s’il y avait une réelle quête. Par-fois vous faites une chose simplement parce que vous êtes obligés de le faire, vous ne réfléchissez pas forcément à ses raisons. Le retour d’Eli à Istanbul est sans doute de cet ordre-là. Il est comme la continuation d’un processus natu-rel». L’auteur pense d’ailleurs que nous possédons tous un lien très particulier avec notre terre natale. «Je vis en Suisse depuis des années. Je mène une vie heureuse et accomplie mais plus le temps passe et plus je me sens Turc !», dit-il. Il existe deux raisons prin-cipales au fait qu’Arditi se sente Turc et héritier de l’Empire ottoman. La première est liée au fait qu’il est né en Turquie et qu’il y a passé des moments qu’il décrit comme «fantastiques» jusqu’à l’âge de sept ans. La seconde est qu’il se défi nit en tant que Turc ottoman, car il exprime en toute conscience son choix de faire partie de cette terre.

La tolérance ottomane en héritageIl souligne notamment que chaque période de l’histoire ottomane s’est déroulée sous le règne de la tolérance. «Pour-

quoi les membres de ma famille ne sont pas restés en Espagne et l’ont fui ou pour quelles raisons ils ne se sont pas installés en Italie, qui se trouvait

sur leur chemin ? Parce que l’Empire ottoman ne les a pas maltraités à une époque où les Juifs étaient massacrés, et [parce qu’il les a] acceptés». L’auteur rappelle à ce propos que la plupart des femmes chrétiennes amenées à Istanbul en tant qu’esclaves sont deve-nues mères de sultans et raconte que Mehmet le Conquérant (Mehmet II) n’a pas détruit les églises après avoir conquis Istanbul. La littérature et la musique turques occupent également une très grande place dans la vie de Metin Arditi. «Il n’existe aucune dif-férence entre être chef d’orchestre et

directeur d’une entreprise, mais mon lien à la musique est encore plus

particulier», indique l’auteur, qui précise que la musique lui apporte beaucoup dans ses tra-

vaux d’écriture. Metin Arditi considère même qu’il existe un lien indéfectible entre

littérature et musique. «Lorsque vous passez

à côté de la musica-lité en littérature, tout n’est que bruit. Mais lorsque vous trouvez la bonne mélodie des mots, vous obtenez un résultat élégant, charmant» ex-

plique-t-il.

A l’occasion de la bouillante actualité littéraire de Metin Arditi, dont la parution en langue turque du roman Turquetto distingué par le prix Giono, Zaman a rencontré l’écrivain suisse dont l’histoire à l’image de son personnage Eli plonge ses racines en Turquie.

Le Louvre déploie à partir de samedi les trésors de sa col-

lection des Arts de l’Islam dans les nouveaux espaces prestigieux pen-sés pour elle, avec la volonté de montrer cette civilisation dans tout son raffi nement, dans toute sa di-versité et dans toute sa complexité. «Il s’agit de présenter la face lumi-neuse de cette civilisation qui en-globa en son sein une humanité infiniment variée et riche», ex-plique le président-directeur du musée Henri Loyrette, dans la pré-face du catalogue. «Nous avons souhaité mettre en avant une ap-

proche large et inclusive qui ras-semble des mondes très divers (andalou, mamelouk, ottoman, persan)», ajoute M. Loyrette qui a voulu sortir les Arts de l’Islam de leur «marginalisation» dès son arri-vée au Louvre en 2001. Pour le Louvre, «il s’agit de montrer l’Is-lam, avec un grand I. En langue française, cela désigne la civilisa-tion. Le propos n’est pas de se cen-trer exclusivement sur l’islam avec un petit i, qui désigne la sphère religieuse», indique Sophie Maka-riou, directrice du département des Arts de l’Islam.

Le président de la Répu-

blique François Hollande

au cours de l’inauguration

de la nouvelle collection des

Arts de l’Islam au musée du

Louvre, mardi 18 septembre.

CULTURE12 21 - 27 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Les arts de l’Islam s’exposent au Louvre

Le romancier suisse à succès Metin Arditi est né à Istanbul en 1945.

Page 13: Zaman France N° 231 - FR

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CULTURE14 21 - 27 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Entre fresque historique et romance Ce que le jour doit à la nuit est adapté du roman homonyme de Yasmina Khadra. Des années 1930 à nos jours, l’itinéraire de Younes, aux prises avec un destin frappé du sceau de la dualité. La mort dans l’âme, son père, ruiné, le confi e à son oncle, un notable oranais marié à une Française. Dans

cette Algérie des années 1950, ses yeux bleus et son nouveau prénom – Jonas –, faciliteront grandement son intégration dans la société dominante ; ses amis sont Pieds-noirs. Au sein de la bande, il y a une fi lle, Emilie, dont tous sont amoureux. Entre elle et Jonas naîtra une idylle, bientôt impossible : la révolution algérienne

gronde. Il ne saurait renier cet oncle et cette tante à qui il doit tant, ni renoncer à l’amitié de ses camarades pieds-noirs. Mais plus encore, il ne saurait trahir la mémoire de son père, les valeurs qu’il lui a inculquées : la fi erté, la fi délité à la patrie, aux siens, et le respect de la parole donnée. Quel qu’en soit le prix.

Dilemme sentimental dans l’Algérie coloniale

AGENDA CULTUREL

CINÉ

-DÉB

ATCO

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TRE

NCON

TRE

TABL

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CE

Non-violence, réconciliation et religionsNigeria, années 1980. Le pasteur Wuye et l’imam Ashafa sont à la tête de milices ennemies. Au-jourd’hui, les deux hommes sont codirecteurs du Centre de média-tion interreligieux islamo-chrétien de leur ville. Le film sera suivi d’un débat, d’un temps spirituel inter-religieux, ainsi que d’un verre de l’amitié.Le 22 septembre de 14:00 à 18:00Fraternité Notre-Dame de Paix32, rue Boissonade75014 Paris

L’écho du Bosphore – Dialogue entre Orient et OccidentFaire dialoguer les musiques sa-vantes ottomane et française des XVe et XVIe siècles, tel est le projet autour duquel se sont unis les en-sembles Kudsi Ergüner et Douce mémoire. Une conversation mu-sicale où cornets et bombardes répondent à la cithare, au qanoun et au oud.Le 22 septembre à 20:45Eglise de Saint-Sulpice-de-FavièresPlace de l’Eglise91910 Saint-Sulpice-de-Favières

L’urbanisation d’Istanbul dans l’HistoireArchitecte urbaniste, à la tête de projets phares tels que le dévelop-pement de Bahçesehir, nouvelle ville du «Grand-Istanbul», le pro-fesseur Aykut Karaman donnera les clés de la compréhension de l’évolution urbaine d’Istanbul.Le 27 septembre à 19:00Centre culturel Anatolie77, rue La Fayette75009 Paris

Jean BaubérotJean Baubérot présentera son ou-vrage La laïcité falsifiée. L’occasion pour le sociologue de débattre de la récente proposition du ministre de l’Education nationale visant à instaurer un enseignement de «morale laïque».Le 24 septembre à 19:30La plateforme de Paris72, rue Victor Hugo93500 Pantin

Syrie : vers une sortie de crise ?Avec Marc Lavergne, chercheur au CEDEJ, Thierry Boissière, cher-cheur du GREMMO, ainsi que Pierre Borelle et François Zampa-rini de Médecins sans frontières.Le 25 septembre à 18:00iReMMO5/7, rue Basse des Carmes75005 Paris

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Ce que le jour doit à la nuit,réalisé par Alexandre Arcady (drame historique,

romance, France, 2012, 2h39). Avec Nora Arnezeder, Fu’ad Ait Aattou, Anne Parillaud,

Vincent Perez, Fellag.Sortie en salles le 12 septembre.

SEYFEDDINE BEN MANSOUR TUNISLe 30 août dernier, le Grand Orient de France (GODF) a élu

un nouveau grand maître en la per-sonne de Joseph Gulino. Un mois plus tôt, l’obédience maçonnique française avait co-signé une lettre dans laquelle elle faisait part de son inquiétude face à la possible exten-sion à l’islam du Concordat et appe-lait à une «sortie graduelle et négo-ciée [de ce] régime dérogatoire» dans lequel l’Etat reconnaît, organise et fi nance les cultes juif et chrétiens en Alsace et en Moselle. Cet esprit laïque de la franc-maçonnerie, conjugué à son origine non musulmane, a tou-jours suscité une certaine animosité dans les milieux dévots au sein des pays d’islam. Son caractère universa-liste et international, qui échappe en partie au contrôle de l’Etat, lui vaudra par ailleurs la méfiance des cercles nationalistes. Effet de la poussée ra-tionaliste du XVIIIe siècle, et aspect manifeste de l’infl uence européenne, les loges maçonniques – d’abord fran-çaises, anglaises et italiennes – appa-raissent dès 1830 en terre d’islam. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, si elles commencent à devenir autochtones – c’est-à-dire ottomanes, essentiellement –, elles comptent encore beaucoup d’étrangers. Elles ne se rencontrent d’ailleurs que dans les villes marquées par une forte pré-sence occidentale et solidement liées sur le plan économique et culturel aux pays d’Europe (Istanbul, Beyrouth, Alexan-drie, Le Caire, etc.). Parmi les autochtones qui les composent mêmes, les minorités juives et chré-tiennes – intermé-diaires traditionnels entre l’Europe et l’Islam – sont sou-

vent surreprésentées. Ainsi en 1869 la loge stambouliote L’Union d’Orient comptait-elle 143 «frères», mais dont seulement 53 musulmans.

La proximité entre franc-maçonnerie et soufi smeIci comme ailleurs, il s’agit de l’élite cultivée – militaires, magistrats, fonctionnaires, hommes de religion, hautes personnalités telles que le président du Conseil d’Etat Ibrahim Edhem Pacha ou le prince égyptien Mustafa Fazil Pacha, etc. –, élite que caractérise une forte aspiration au progrès et à la liberté, et qui a ren-contré ici une structure européenne

effi cace. Tous ont alors en commun d’avoir fait leurs les «idées fran-çaises», conçues comme étant par excellence celles de la modernité : l’exaltation de la triade Liberté, Ega-lité, Fraternité, la foi en la civilisation et en la science, le culte du progrès. Et, comme le montrent de manière exemplaire la pensée et l’action de l’intellectuel et réformateur Namik Kemal (1840-1888), cette vénération de l’Occident, d’un Occident dont la place est ici démesurée, ne niait en rien leur attachement à l’islam. Car non seulement la pensée islamique ne devait s’opposer ni à la science, ni à l’évolution des mœurs sociales, ni à celle des formes de gouvernement, mais encore l’islam recélait-il les moyens d’une renaissance susceptible de faire pendant à la modernité occi-dentale. La greffe a du reste d’autant mieux pris ici que la loge maçonnique relève d’une structure aussi familière qu’ancienne en islam : celle – à la fois ésotérique, corporative et philoso-phique – dont ont toujours procédé les confréries soufi es, les corporations et les ordres chevaleresques (la doc-trine commune de l’unicité de l’Etre assurant par ailleurs le passage d’une culture à l’autre). On comprend dès lors que de grandes fi gures telles que l’émir Abd el-Kader (1808-1883), chef politique moderne et théologien soufi

ou les réformistes musulmans Jamal Eddine el-Afghani

(1838-1897) et Mohamed Abduh (1849-1905) aient été francs-maçons. Mais aussi qu’il n’y ait aucun paradoxe à ce que la plu-part des Jeunes-Turcs – à l’origine de la Turquie kémaliste – aient été à la fois membres de confré-ries soufies, bergsoniens et francs-maçons.

Franc-maçonnerie : une confrérie laïque en terre d’islam

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ondesIsmail Enver, l’un des leaders du mouvement des Jeunes-

Turcs dont plusieurs membres étaient franc-maçons.

Page 15: Zaman France N° 231 - FR

OPI

NIO

N15

21 - 27 SEPTEMBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Les réactions violentes au fi lm L’innocence des musulmans, loin de trouver une légiti-mité dans les textes de l’islam, ont été largement condamnées par les autori-tés religieuses. Pour le chroniqueur Markar Esayan, si le fi lm relève incontesta-

blement de la provocation, les musulmans doivent être capables de l’«endurer au nom de leur foi».

Film anti-islam : ne pas céder aux provocations

De violentes manifes-tations avaient eu lieu

après la publication de cari-catures insultant l’islam et le

P r o p h è t e , faites par un dessinateur danois. Des manifesta-tions simi-

laires ont eu lieu dans diffé-rents endroits du monde, en réponse au fi lm blasphéma-toire tourné aux Etats-Unis, intitulé L’innocence des musulmans. Il n’y a pas grand-chose à dire au sujet du film. Honnêtement, les mots sont faibles pour le désigner mais il peut être ouvertement qualifi é de vi-cieux, mal intentionné et insultant. Il est évident qu’il a été tourné pour provoquer des réactions. L’islam ainsi que toutes les autres reli-gions enseignent que la loyauté nécessite de faire preuve d’humilité et de pa-tience pendant de telles épreuves. Elles soulignent même que de telles agres-sions jouent un rôle impor-tant dans la consolidation de la foi et de la croyance. Les croyants doivent, s’il le faut, être capables d’endurer au nom de leur foi car leur reli-gion leur promet une grande

récompense dans l’au-delà. En d’autres termes, il est erroné de lier les réactions violentes contre le fi lm avec les préceptes de l’islam. Ré-clamer la vie de personnes innocentes, détruire leurs propriétés, inti-mider les per-sonnes et com-mettre des actes violents n’est ni islamique, ni humain. Plu-sieurs savants m u s u l m a n s ont fa i t des déc larat ions condamnant ces actes d’agression. Ils cri-tiquent ce fi lm blasphéma-toire mais ont appelé les musulmans à garder leur calme et à rester prudent. Cela signifi e que les mani-festations disproportionnées qui ont eu lieu dans le Moyen-Orient et ailleurs dans le monde ne sont en rien islamiques. Avant de l’analyser, il est nécessaire d’observer les répercussions de cette provocation en Oc-cident.

Les préjugés laïcs de l’OccidentIl existe une partie de la population occidentale qui a des préjugés sur l’islam et qui est réticente à l’idée de vivre avec les musulmans. Ces personnes ne représen-tent, bien évidemment, pas toute la société occidentale. Le véritable problème

vient du mouvement laïc des lumières, le

seul mode de vie autorisé par la

modernité dans la vie politique, culturelle, sociale et quotidienne. Nous vivons dans une ère postmoderne h y b r i d e o ù la laïcité est en cours de redéfi nition et

où les opinions religieuses infl uencent l’Occident ; mais l’islam d’Occident est touché par les pratiques culturelles du Vieux continent dans la vie courante. L’islam touche l’Occident – et plus parti-

culièrement l’Eu-rope – au niveau démographique et paradigmatique ; il a plus ou moins supplanté le chris-tianisme par son dynamisme puisé au fil des siècles en représentant les pauvres et les o p p r i m é s . L e s

anciens peuples colonisés sont désormais les proches voisins et partenaires des Occidentaux. Cela se ressent fortement en Occident et entraîne inévitablement des oppositions et des radica-lismes, ce qui explique le soulèvement de l’Orient à cet égard. Il s’agit d’une forte opposition contre une longue histoire coloniale partagée avec l’Occident. Cette réaction sauvage et cette rage doivent d’une part être canalisées par une autre dynamique mais ne doivent pas être utilisées ou exploitées à de mau-vaises fins. D’autre part, ce sentiment de v ic t imisa-tion empêche l’Orient d’avan-cer. Mais cela est loin d’être simple à réaliser car l’Orient reste un marécage de sang enlisé dans de gros problèmes.

Le changement en marche dans le monde musulman Les peuples arabes sont en train de renverser des dictatures mais devront quand même être gou-vernés par des régimes de transition pour un temps. Des incertitudes vont planer

mais ces peuples changeront et redéfi niront leurs rapports avec ces gouvernements selon leurs capacités, leurs croyances et leurs valeurs. Il y aura plus de libertés et même si le coût sera énorme, nous n’aurons pas à attendre cinq siècles pour ce change-ment. C’est une bonne nou-velle dans ce monde globa-lisé de l’information et de la technologie. Le problème est le suivant : comment ces normes orientales et occidentales vont pouvoir se compléter, se confronter et émerger ? Cela arrivera-t-il ? Les sociétés changent-elles nécessairement lorsqu’elles se recherchent ? Il faut également envisager les relations entre les chrétiens d’Orient et les populations majoritaires de la société. Rien de cela n’a été pris en compte. Ce qui est sûr, c’est que nous traversons un tour-nant historique dans lequel le paradigme de la moder-nité a perdu le monopole et où l’Orient s’est soulevé. Cela devait bien arriver un jour ou l’autre. [email protected]

‘‘«La modernité a perdu le monopole et l’Orient s’est soulevé. Cela devait bien arri-

ver un jour ou l’autre»

Adresse : 2 Boulevard Saint-Martin Paris 75010Tel : 01 42 00 19 36 Faks : 01 42 00 19 58, [email protected] manfrance.fr - www.zamanfransa.com no CPPAP 112U90032

Imprimerie : ROTOCENTRE348, rue Marcel Paul 45770 SARAN

ISSN 1869-5795

Directeur de la publication : HÜSEYİN KARAKUŞ

Rédacteur en chef : EMRE DEMİ[email protected]

Gestionnaire administratif : FAHRETTIN TEKİ[email protected]

Responsable publicité : MEHMET SELVİ[email protected]

Secrétaires de rédaction :BAYRAM Ş[email protected] [email protected]

Directeur artistique :EVREN [email protected]

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SIDDIK İLHAN PARİ[email protected]

MEHMET DİNÇ Strasbourgm.dinç@zamanfrance.fr

OSMAN USTA [email protected]

Relations publiques :

MARKAR ESAYAN

Page 16: Zaman France N° 231 - FR

HASAN CÜCÜK ISTANBULCette année, le marché mon-dial du football a subi les

contrecoups de la crise économique et a préféré gérer ses dépenses en fonction de son budget. Les frais de transfert ont ainsi pratiquement baissé de moitié, comparés à ceux d’il y a deux ans. Depuis 2008, le marché du football – où circulent de grosses fortunes – semblait être épargné par la mauvaise conjonc-ture. Les clubs anglais, rachetés par des hommes d’affaires russes, arabes, américains et thaïlandais, dépensaient des millions de dollars lors des transferts. Le club anglais Chelsea a par exemple intégré dans son équipe les deux jeunes talents Eden Hazard et Oscar pour un montant global de 72 millions d’euros (40 millions d’euros pour Hazard, 32 millions d’euros pour Oscar). En remportant la coupe de la Ligue des Champions, son en-traîneur Roberto Di Matteo a réalisé le plus grand rêve de son président Roman Abramovich. Il a dépensé, jusqu’à présent, 97 millions d’euros. Manchester United, dirigé par Alex Ferguson, a dépensé pour sa part 57 millions d’euros en transferts, dont 30 millions d’euros versés à Arsenal pour l’Hollandais Robin Van Persie. Alex Ferguson a également versé la somme de 16 millions d’euros au Borussia Dortmund pour le joueur Shinji Kagawa. Une des surprises de la Ligue anglaise a été le silence de Manchester City lors des trans-ferts. Manchester City, qui avait jusqu’à présent intégré l’ancien joueur d’Everton Jack Rodwell pour un montant de 15 millions d’euros,

a clôturé à la hausse sa saison de transferts en obtenant 21 millions d’euros de la vente d’Adebayor et d’Adam Johnson. Alors que l’année dernière les clubs de Première Ligue avaient dépensé 635 millions d’euros en transfert, ils ont nette-ment ralenti la cadence en ne ver-sant que 515 millions d’euros pour cette saison. Parmi les premiers pays européens à être touchés par la crise économique figurent, bien évidemment, l’Espagne.

La parcimonie des clubs espagnolsLe Real Madrid et Barcelone – qui d’habitude font partie des clubs qui mènent le marché des trans-ferts – ont passé une saison de transferts plutôt calme. Il convient évidemment de ne pas négliger le rôle important que joue la crise dans cette tranquillité. Le Real Madrid a clôturé la saison avec le transfert du joueur de Tottenham Luka Modric, en sortant 30 millions d’euros de sa caisse. De la même façon, l’adversaire le plus redou-table du Real Madrid, le Barça, a également été «avare». Le club barcelonais a dépensé un total de 33 millions d’euros en intégrant les joueurs vedettes Alex Song et Jordi Alba dans son équipe. Les équipes de La Liga – qui rivalisent avec celles de la Première Ligue en matière de dépenses en transferts – sont, cette saison, restées bien en deçà des ligues d’Italie, de France et d’Allemagne. Dans l’Hexagone, seul le Paris Saint-Germain (PSG), vendu en 2011 au groupe Qatar Investment Authority, a défrayé la chronique.

Le transfert d’Ibrahimovitch

au Paris Saint-Germain pour

un montant évalué à 21

millions d’euros est l’une

des rares opérations financières

de ce niveau en France.

Le montant financier global des transferts dans le monde du football a nettement baissé ces deux dernières années. Un recul attribué au contexte de crise économique qui n’a pas épargné les plus grands clubs européens comme Chelsea ou le Barça.

Le football n’a pas été épargné

par la crise