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RHABILITATION
ET REVITALISATIONURBAINE ORAN
COLLOQUE INTERNATIONALOran, Algrie, du 19 au 21 octobre 2008
COLLEGI DAPARELLADORSI ARQUITECTES TCNICSDE BARCELONA
AGENCIA ESPAOLADE COOPERACIN INTERNACIONALPARA EL DESARROLLO
OFFICE NATIONAL DE GESTIONET DEXPLOTATION DES BIENS
CULTURELS PROTGS
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Organisation du Colloque
Agencia Espaola de Cooperacin Internacionalpara el DesarrolloReprsentant : Luis SUAREZ
Office National de Gestion et Exploitationdes Bien Culturels ProtgsReprsentant : Mohamed DAHMANI
Collegi dAparelladors i Arquitectes Tcnicsde BarcelonaReprsentant : Xavier CASANOVAS
Avec la collaboration
Ministre de la CultureWilaya OranAPC OranUNESCO
ICCROMRehabiMedGTZMairie de Barcelona - Foment Ciutat VellaInstituto CervantesRestaurateurs sans FrontiresDpartement dArchitecture de lUSTOCRASCUniversit Es-Senia
Comit de programme du colloque
Luis SUAREZ, AECIDAbdelwahid TEMMAR, Wilaya OranKouider METAIR, APC OranMohamed DAHMANI, OGEB Ministre CultureJavier GALVN, Architecte, Restaurateurs sansFrontiresXavier CASANOVAS, RehabiMed
CoordinationMontserrat CasadoRvision des textesFranois JustetConception graphiqueLluis MestresImpressionIngroprint
Collegi dAparelladors i Arquitectes Tcnicsde BarcelonaBon Pastor, 5 08021 Barcelona, [email protected]
ISBN: 978-84--87104-06-0
DL: B-4812-09
Les auteurs incitent la reproduction de cet ouvrageainsi qu la diffusion de son contenu, en citantsa source.Les opinions exprimes dans le prsentdocument refltent seulement lopinion des auteurs.
Le projet a t financ par lAgencia Espaolade Cooperacin Internacional para el Desarrollo(AECID)
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Ville mditerranenne ouverte sur les changes dexpriences et les ides novatriceset de progrs, Oran sest tout naturellement rjoui dabriter le colloque internationalRhabilitation et revitalisation urbaine.Et cest encore plus naturellement que le diagnostic et les problmatiques prsentslors de ce colloque ont montr la pertinence du choix dOran, ville moderne mais lhritage patrimonial qui a besoin dune prise en charge.La rencontre sest droule dans un contexte marqu par un dveloppementexceptionnel de la ville dans tous les domaines, et qui se traduit par un effort de
construction dinfrastructures, dquipements, de logements et dune redfinitionurbanistique.Ville lambition affirme, Oran vise ainsi un statut de place mtropolitaine, et de villemditerranenne qui peut accompagner les villes des deux rives dans la perptuationde lhistoire de la Mare Nostrum.Le colloque RhabiMed intitul Voulez-vous sauver Sidi el Houari tombe pointet sonne comme une interpellation afin que le dynamisme exceptionnel que connatla ville puisse profiter aussi la cit historique quest le quartier de Sidi el Houari, unquartier particulirement important pour la mmoire de la cit mais qui peut galementtre le catalyseur de toute politique de revitalisation urbaine.En ce sens, le colloque a t un grand moment de rflexion sur la manire de rhabiliteret de sauvegarder les centres historiques. A travers la prsentation de la dmarcheRhabiMed et les rsultats quelle a donns en dautres espaces urbains, la rencontre
dOran, et cest l un de ses succs, a attir une assistance nombreuse et surtoutmultiforme : pendant deux jours, en plnire et dans les ateliers, les universitaires,architectes et urbanistes ont ctoy des tudiants, des lus, des membres dumouvement associatif et autres simples habitants de la ville et du quartier. Duspcialiste en la matire guid par un souci et une dmarche intellectuels au profaneque la curiosit attire pour connatre le devenir de son quartier, la prise de consciencegrandissante autour du patrimoine ancien et la ncessit de sa rhabilitation et leprincipal enseignement tirer de cette rencontre.Une prise de conscience qui facilite dautant plus lapprhension des enseignements ducolloque pour un diagnostic multidisciplinaire en vue de mettre en place une stratgiede rgnration qui permette darrter la dtrioration du tissu urbain et social ; deprserver ses valeurs patrimoniales ; de renforcer la cohsion sociale et de favoriserlactivit conomique Tout un programme, que nous tous, citoyens, architectes,urbanistes, universitaires, tudiants, reprsentants associatifs et lus auront cur
de mettre en uvre.Je tiens particulirement remercier les organisateurs de cette rencontre, savoirlAgence Espagnole de Coopration Internationale pour le Dveloppement, leMinistre Algrien de la Culture, lOffice algrien de Gestion et dExploitation desBiens Culturels Protgs et le Collge des Architectes Techniques de Barcelone. Messincres remerciements sadressent galement tous les confrenciers que je flicitepour la teneur de leurs communications. Je pourrais citer M. Bouchenaki, DirecteurGnral dICCROM, Mme. Brigitte Colin, reprsentante de lUNESCO et les quipes deRhabiMed et de lAECID.
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Aussi, nous souhaitons que les recommandations de ce Colloque puissent trouver unprolongement sur le terrain sous forme de projets et dactions concrtes. La publicationdes actes de la rencontre en est le prlude.Le colloque RhabiMed tenu Oran, offre par ailleurs une autre perspective :ltablissement de premires passerelles pour une ventuelle coopration pour asseoirles liens historiques entre les villes de la Mditerrane.
Oran, le 20 dcembre 2008
Saddek BenkadaMaire dOran
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Au nom de lAgencia Espaola de Cooperacin Internacional para el Desarollo(AECID), je voudrais tout dabord fliciter le Comit scientifique et les organisateurspour lexcellente ralisation et le haut niveau technique, tant concernant lescommunications prsentes que les conclusions des groupes de travail qui ont eu lieulors du Colloque International sur la Rhabilitation et la Revitalisation Urbaine qui sesttenu rcemment.Il est particulirement intressant de noter limpact et lenthousiasme gnrs par leColloque entre la socit civile dOran, ainsi que le soutien de diverses institutions
internationales, nationales et locales participantes.Il faut remercier en particulier lAPC dOran pour son soutien logistique, notammentpar la mise disposition du Colloque de ses locaux spacieux en centre ville.Le programme du Colloque, dont la toile de fond a t la rcupration du centrehistorique dOran, a une signification spciale pour cette Agence en raison delimportance des liens que la ville dOran a entretenu avec lEspagne traverslhistoire, partir du Moyen Age et la culture andalouse, jusquaux processusmigratoires et dexiles du XXe sicle, et actuellement concernant les relations devoisinage et les flux dchanges commerciaux entre les deux rives de notre mercommune, la Mditerrane.Ces liens ont laiss une profonde empreinte dans ldification des btiments Oran,tant dans limportance du systme de fortifications militaires que dans larchitecturecivile de ses quartiers historiques, parmi eux, celui de Sidi el Houari, possdant une
grande valeur patrimoniale. Par consquent, la dcision des autorits oranaisesdentamer un processus de prservation et de revitalisation de ce quartier nous aparu ds le dbut un effort digne dengagement, que nous avons traduit dans notresoutien la formation de jeunes artisans en rhabilitation urbaine, par lintermdiairede lassociation SEH et de son Ecole Chantier, ainsi qu travers lassistancetechnique pour la planification urbaine des vieux quartiers, dont la premire tape,brillamment excute par larchitecte Javier Galvan, sera termine prochainement.Nous savons, grce notre propre exprience en Espagne, ainsi que dans de nombreuxpays o la coopration espagnole travaille sur des programmes de rhabilitationurbaine, notamment en Amrique latine, que le patrimoine urbain, en plus de savaleur culturelle, reprsente galement un grand potentiel en tant que source dactivitconomique et demploi.En effet, aujourdhui, ceci est une vrit largement dmontre et assume que laprservation, la mise en valeur et la gestion durable de nos villes et de nos quartiers
traditionnels, en plus dune exigence de dfense de lhritage historique et lidentit dela socit, comme il a t tabli dans divers accords internationaux dans ce domaine(de la Charte dAthnes en 1931, la Charte de Cracovie en 2000), reprsentent aussides obligations en termes purement conomiques, en rapport au capital ou actif social,dont la dtrioration est une perte pour la collectivit. Il convient dajouter, que la dfensede la ville traditionnelle nest pas seulement une obligation dcoulant dune part decritres culturels et dautre part conomiques, mais aussi de la ncessit de prserverles valeurs traditionnellement associes la vie en ville, telles que linterculturalisme,la mixit sociale, la solidarit et la crativit collective.
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Mais pour que la gestion du patrimoine urbain puisse porter ses fruits de maniresoutenable et durable, il est important de mettre en place une bonne planificationet gestion publique, et aussi obtenir le soutien de la population et lincorporation delinitiative prive dans le domaine de la rhabilitation urbaine. cet gard, en plusde lexcellente rponse obtenue de la part de la socit oranaise lors du Colloque, cedernier a permi dasseoir, par lintermdiare des conclusions publies maintenant, desolides bases et lignes directrices pour le travail de la prochaine tape.On peut souligner en ce sens, dune part la dcision de prserver la physionomie
et le patrimoine architectural et humain du quartier de Sidi el Houari, travers ladclaration comme zone de protection, conformment la lgislation algrienne pourla protection conjointe de lintrt historique et patrimonial, dautre part le lancementdun plan durgence pour freiner le processus de dtrioration physique des btiments.Il faut galement rendre compte de la dcision de faire converger les diffrents acteursconcerns, cest--dire les institutions publiques, la socit civile et le secteur priv,dans un mcanisme de coordination (comit de pilotage), qui permettra dunir lesefforts et parvenir un consensus.Enfin, la prise de conscience sur la ncessit damliorer la formation spcialise dansla rhabilitation urbaine, avec laide des universits et des secteurs professionnels, pourassurer la mise en valeur du patrimoine urbain dOran, se ralisera avec le maximumde qualit et de cohrence.Dans la perspective ouverte par ce Colloque, vous pouvez compter sur lappui de
la coopration espagnole qui continuera dtre lalli de la socit et des autoritsoranaises.
Madrid, le 15 dcembre 2008
Juan Pablo de la Iglesia Directeur de lAECID
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SOMMAIRE
Le cadre de la rhabilitation urbaine au niveau international.Mounir Bouchenaki 9
Des quartiers historiques pour tous : une approche socialeet humaine pour une revitalisation durable.Brigitte Colin 15
La Mthode Rehabimed.Une approche multidisciplinaire la rhabilitation urbaine.Xavier Casanovas 23
La rhabilitation urbaine dans le cadre de la cooprationau dveloppement.Sergio Blanco 31
La transformation de Ciutat Vella Barcelone.Le centre historique revitalis, un processus continu.Marc Aureli Santos 37
La coopration internationale et le rle local pour larhabilitation de la vieille ville dAlep.Kamal Bittar 51
Rtrospective et actualit de la rhabilitation (en Algrie)Yassine Ouagueni 61
Contribution pour une mise en uvre des plans permanentsde sauvegarde des ensembles urbains ou ruraux dintrthistorique ou architectural. Organisation statutaire etmodalits de financement. Constat et propositions.Zadem Rachida 71
Revitalisation urbaine pour la sauvegarde du patrimoine.Cas de la Valle du Mzab.Zouhir Ballalou 77
Oran, la ville et son urbanisme au XVIIImesicle.Le cas de la Plaza Mayor.Saddek Benkada 83
Problmatique de la rnovation urbaine Oran.Abdelwahid Temmar 89
Le Viel Oran est-il ligible un classement mondial?Le Vieil Oran peut-il tre dclar secteur sauvegard?Kouider Metair 95
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La ville dOran et le quartier Sidi el Houari. Nouveaux enjeux urbainsRabia Moussaoui 99
Vers une image globale et concerte du quartier Sidi el Houari.La participation sociale comme lment cl dans la revitalisationdu vieil OranMarina Calvo 109
Assistance Technique pour la sauvegarde et la mise en valeurde Sidi El Houari. Situation et perspective.Javier Galvn 115
ATELIERS DE DEBAT SUR LA RHABILITATIONET REVITALISATION DU QUARTIER SIDI EL HOUARI
Sauvegarde et mise en valeur du patrimoine architectural du vieil Oran.Conclusions Atelier 1 126
Diversit sociale et singularit culturelle Sidi el Houari.Quel rle dans la revitalisation urbaine?
Conclusions Atelier 2 128
Dynamiques conomiques et administratives.Potentialits pour le dveloppement du quartier historique.Conclusions Atelier 3 130
CONCLUSIONS
Conclusions et propositions pour Sidi el Houari 133
UNE FEUILLE DE ROUTE POUR SAUVER SIDI EL HOUARI
Feuille de route pour sauver Sidi el Houari 138
PARTICIPANTS AU COLLOQUE
Autorites et conferenciers 140
Participants 140
Journalistes qui ont suivi le Colloque 142
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LE CADREDE LA RHABILITATION URBAINEAU NIVEAU INTERNATIONAL
MOUNIR BOUCHENAKI
Directeur Gnral dICCROM (Centre International d'Etudespour la Conservation et la Restauration des Biens Culturels)
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Sil est un domaine o lUNESCO avec ses organesconsultatifs (ICOMOS, IUCN, ICCROM) a acquis deslettres de noblesse, cest bien dans laction menedepuis plus de cinq dcennies dans la prservation etla mise en valeur du patrimoine culturel, conformment larticle premier de son Acte constitutif qui donne
mission lOrganisation de veiller la conservationet la protection du patrimoine universel de livres,duvres dart ou dautres monuments dintrthistorique ou scientifique et de recommander auxpeuples intresss des conventions internationales cet effet.Cest ce qui explique la prennit du programmerelatif la sauvegarde du patrimoine culturel toutautant que limportance que lui accordent lensembledes tats membres de lUNESCO. Cet exemple illustreparfaitement lintrt accord au patrimoine quilsagisse de biens mobiliers ou immobiliers. Toutefoiscela nest pas toujours synonyme de vritable prise encompte de ces biens culturels, notamment dans les
diffrentes politiques damnagement du territoire.Depuis la fin du XIXe sicle, ce sont surtout lesmonuments historiques qui ont eu la faveur des autoritsnationales, rgionales ou locales, plus particulirementen Europe. La rvolution industrielle et technique dusicle dernier avait eu, entre autres consquences,de susciter un sentiment dattachement aux valeurshistoriques et esthtiques des monuments et sites quiportent le tmoignage dune poque rvolue.Sur le plan doctrinal, cette prise de conscience sestmanifeste par la promulgation, lchelle internationale,dabord de la Charte dAthnes en 1930 puis de laCharte de Venise qui en 1964 a dfini les principes de
base respecter lors des travaux de conservation et derestauration des monuments et des sites.
LA CHARTE DE VENISE ET LARECOMMANDATION DE NAIROBIDE 1976 SUR LES ENSEMBLESHISTORIQUES
Depuis cette date, dans pratiquement toutes les rgionsdu monde, une attention plus grande est accordeaux problmes de la sauvegarde non seulementdes monuments historiques mais de lensemble de
lenvironnement, cest--dire principalement desquartiers historiques ou des villes historiques. On yassocie galement depuis peu, mais de plus en plusfrquemment lenvironnement naturel, la suite delaccentuation du phnomne durbanisation, et delaccroissement dmographique, remarquable surtoutdans le tiers monde.Si le concept de protection et de sauvegarde dupatrimoine historique urbain est relativement biencompris, notamment depuis les recommandations deVarsovie-Nairobi adoptes par la Confrence gnralede lUNESCO en 1976, son application est loin dtreacquise et cest un vritable travail de patience que
doivent se livrer les dfenseurs du patrimoine quiapparaissent parfois aux yeux de certains comme desromantiques ou des ennemis du progrs. Cest laraison pour laquelle les experts de lICOMOS (Conseil
international des monuments et sites) ont entrepris derdiger une charte pour la protection des villes historiquesqui serait le pendant de la Charte de Venise.Les grandes lignes du texte de cette charte ont dailleurst adoptes Tolde, ville historique par excellence,en 1986, puis promulgues lors de lAssemble
gnrale de lICOMOS Washington en 1987.On peut se demander en effet comment lhommemoderne, face aux multiples transformations de soncadre de vie, peut ou veut intgrer lhritage culturel son environnement quotidien, en le prservant de ladestruction.Cette question est fondamentale car lide de protgeret de sauvegarder lhritage culturel risque de nourriruniquement un dbat thorique face aux menacesrelles qui psent sur le patrimoine.
LA PROBLMATIQUE
DE LA RESTAURATION
Le conflit entre ceux qui, diffrents niveaux dedcision, sont en faveur de la prservation des quartiersanciens et ceux qui considrent que celle-ci nestpas une opration rentable, rside dans la diffrencedapproche de la question du patrimoine. Faut-ilrestaurer ? Pourquoi restaurer et que restaurer ?Il faut savoir, en effet, que la conservation ncessite untemps beaucoup plus long, des efforts plus soutenuset exige donc des crdits biens plus importants queceux normalement requis par la planification et la miseen uvre de projets de constructions neuves.
Tous ceux qui se sont intresss, durant les trentedernires annes, la prservation des quartiershistoriques ont pu se rendre compte que lesresponsables de la planification urbaine de mmeque les responsables des finances publiques sontplus enclins favoriser les projets de rnovation et dereconstruction sur des terrains dgags plutt quapprouver la rhabilitation de structures anciennesdont le dtail des oprations nest pas suffisammentmatris en termes de cot, de temps et de ressourceshumaines mobiliser. Il est plus rapide, plus rentableet plus efficace de se servir de bulldozers, de niveler etde construire sans contraintes.Quoique brutale, cette affirmation nen est pas moins
relle, car elle constitue souvent un argument oppos ceux qui ont la charge de veiller la sauvegardeet la protection du patrimoine culturel. Il sagitpour ces derniers de trouver une justification et desarguments valables pour dfendre le point de vue dela prservation et de la mise en valeur. Ce qui aiguiseencore ce sentiment dune cassure et dun conflit, critAndr Chastel, cest que lexpansion de la civilisationindustrielle amne partout lintrieur des villes, dansles quartiers priphriques et dans lespace rural,des constructions modernes gnralement mornes etstrotypes au contact des difices anciens.Pour la premire fois, dans lhistoire, une lutte serre
pour loccupation du terrain et lamnagement delespace se livre entre ce qui se rfre au pass et cequi en appelle lactualit, et il faut constamment sejustifier.
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Athnes, Grce
Chinguetti, Mauritanie
RESTAURATION OU MUTILATION
Les lents processus de transformation et derenouvellement des villes historiques du pass taientrgis, lpoque prindustrielle, par des constantesculturelles qui simposaient dans la dure et que lesmoyens techniques, fort limits, ninflchissaient quefaiblement.Certains souverains absolus ont bien marqu leur villedun sceau personnel, la remodelant en profondeur,ou allant jusqu la faire surgir du nant ; mais ilsagissait alors de cas isols, de phnomnes limits.
Les changements rpondaient parfois au dsir derespecter un rite religieux ou un ordre cosmologique,par o le site acqurait une signification particulire,perceptible tous. Mais malgr ces fracturesapparentes dans lvolution spatiale ou architecturale,la continuit culturelle restait, elle assure.Lavnement de lre industrielle, au dbut du XIXesicle, cre une situation entirement nouvelle : lesprogrs de la technique donnent la force cratriceet transformatrice de lhomme les moyens de seconcrtiser et de se manifester jusque dans lart deconstruire et dans lurbanisme. Y contribuent aussi,indirectement mais puissamment, les nouveauxmoyens de communication et de production, les
nouveaux modes de vie. Lespace construit atteintun volume autrefois inimaginable. La technique jouedsormais le rle moteur autrefois rserv la cultureet la religion.Associe des mcanismes conomiques nouveauxqui se trouvent eux-mmes en rupture avec le contexteculturel traditionnel - nobissant plus quaux lois duprofit ou de la spculation - cette mutation devientexplosive.Si lon prend lexemple de lEurope la fin du XIXmeet au dbut du XXme sicle, brutalement, les villeseuropennes se mettent crotre sous limpulsionde facteurs nouveaux, correspondant galement la
monte de couches sociales et de hirarchies nouvelles.Lexpansion des banlieues, larasement des anciensremparts, le comblement des fosss et la constructionde grands boulevards font natre un nouveau concept
de la ville moderne, en opposition affirme avec celuides vieilles villes, dont la croissance se mue parfoisen prolifration confuse.Ces vieilles villes ne sont alors pas considres commedes quartiers historiques, mais comme des lotsinsalubres o la population la plus pauvre, le proltariatdes dbuts de la socit industrielle, trouve refuge,tandis que la bourgeoisie aise occupe les immeublesaligns le long des nouveaux boulevards et dans lesquartiers rsidentiels de la priphrie.
LES RAVAGES DES GUERRESET DES UTOPIES
Cette polarisation et le clivage social dont ellesaccompagnait se sont maintenus dans toute lEuropejusquau milieu du XXe sicle. Parmi les architectes,nombreux sont alors les reprsentants du mouvementmoderniste qui, dans les annes 20 et 30 du XXesicle, plaident pour la destruction des vieux quartiers.e plus consquent est sans doute Le Corbusier qui,dans son projet de Ville radieuse (Plan Voisin pourParis), envisage de sacrifier une grande partie du vieuxParis un ensemble de gratte-ciel disposs suivant un
plan gomtrique.Ces propositions radicales nont pas vu le jour, maislidologie qui les animait a largement contribu leffacement de nombreux quartiers historiqueseuropens. Avant que la seconde guerre mondiale nevienne raser certains centres urbains dEurope centraleplus srement que ne lauraient fait les utopies les plushardies des architectes modernes.De ces pertes, planifies ou non, est ne, la fin desannes 60, une nouvelle rflexion. Dans des citsabstraites, sans caractre, o les habitants navaientaucune raison de sidentifier leur environnementbti, la machine habiter interchangeable rvlait
toutes ses tares. Par ailleurs, lapparition duneconscience cologique imposait peu peu une rvisiondes conceptions architecturales et urbanistiquesdominantes. Enfin, la rarfaction des ressources
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historiques des grandes villes contraignait lesadministrations municipales et les architectes mnager davantage le matriau historique subsistant.Comme souvent en pareil cas, le pendule a reprissa course vers lautre extrme. A ct dun soucide prservation lgitime, est apparu un rigorisme
excessif dans la protection des monuments qui faitobstacle toute rnovation crative des btimentsles plus ordinaires. Des rglementations formalistesont t imposes, notamment pour la rfectiondes faades : lorsque lintrieur des btiments estramnag de fond en comble, les faades anciennessont mticuleusement reconstitues pour sauver lesapparences.On en trouve de nombreux exemples dans diversesvilles dEurope, o derrire les faades danciensimmeubles dhabitations se dissimulent des grandsmagasins. De tels changements de destination sontencourags par un engouement croissant pour lescentres rnovs. Les zones pitonnires des quartiers
historiques, autrefois honnies par les commerants cause de leur difficult daccs pour les vhiculesmotoriss, sont subitement devenues de vritablesmines dor.Ainsi sest amorce, en une sorte de gentrification, laconversion des anciens quartiers dgrads en quartiersnobles. Cette rhabilitation de la vieille ville, curvritable de la grande cit qui sest dveloppe alentour,ne manque pas de cts positifs. Mais elle engendreaussi, en contrepoint de lancienne taudification ,de nouveaux problmes sociaux. Seules quelquesvilles (Bologne en Italie, par exemple sont parvenues conserver et rhabiliter progressivement leur vieille
ville sans que la spculation immobilire nen chassela population dorigine).
LA VILLE HISTORIQUEET SES PROBLMES
Le problme des vieilles villes se pose avec plusdacuit encore dans les pays en dveloppement ola grande vague de modernisation sest produite, nonpas au XIXe sicle mais dans les annes 50 et 60 dusicle dernier, gnralement au moment de laccession lindpendance politique. Les villes coloniales du
XIX sicle y avaient t les points de pntration de lacivilisation moderne. Mais elles constituaient aussi dessystmes sociaux clos, pratiquement sans contact, audpart, avec les villes indignes. Ce dualisme socialna t lev quavec la fin de la domination coloniale,lorsquune classe montante autochtone a commenc stablir dans les villes coloniales abandonnes.Celles-ci ont ds lors conserv un prestige qui, dansdes socits assoiffes de progrs, a fini par marquer lamesure de tous les dsirs. Les vieilles villes se sont vuesrabaisses, tout comme dans lEurope du XIX sicle,au rang de quartiers insalubres. Les mouvementsdmographiques des dernires dcennies, dus en
grande partie un exode rural considrable, nont faitquacclrer cette dgradation. Les couches aises ontmigr vers la ville neuve europenne, tandis que leflux des immigrants dorigine rurale submergeait les
vieux quartiers, seuls offrir (avec les bidonvilles dela priphrie) un hbergement bon march et despossibilits de travail dans le secteur prindustriel, ditinformel, de lconomie.Les vieux quartiers historiques des villes du tiersmonde sont ainsi demeurs, dans une large mesure,
des lots de traditions et de coutumes prindustrielles,au cur dun monde en pleine modernisation. Cestprcisment ce qui leur a permis dattirer vers le milieuurbain des populations qui, venues des campagnes,y ont trouv des conditions encore proches de leurmode de vie originel. Le danger que cette situation faitpeser sur les vieilles villes est vident : la surchargedmographique (dans chaque maison, parfois danschaque pice, vivent souvent plusieurs familles)entrane une utilisation excessive du bti. Dsertespar leurs propritaires, beaucoup de vieilles maisons,dcuries, voire de caves, sont utilises pour desactivits professionnelles incontrles (artisanat,ateliers semi-industriels) qui alimentent le march
local, des cots trs avantageux mais dans desconditions dhygine dplorables.Les btiments historiques reconvertis de tels usagestombent rapidement en ruine. Dans le ddale desruelles des vieilles villes, les maisons sont souventdifficilement reprables, parfois mme insouponnablesde lextrieur, ce qui interdit toute surveillance desactivits indsirables ou illgales. A la dgradation de lasubstance btie, sajoute linsuffisance des conditionssanitaires : lapprovisionnement en eau et le rseaudes gouts ne rpond gnralement plus aux besoinsactuels et, lorsquils subsistent encore, les systmestraditionnels sont en mauvais tat ou obsoltes. La
voirie laisse elle aussi de plus en plus dsirer.
UNE RENOVATION JUDICIEUSE
Pour que les conditions de vie de la populationsamliorent, il faut remdier cette situation et fairerevenir dans les quartiers anciens une bourgeoisieau comportement responsable. Car si les grandsmonuments ne peuvent tre restaurs que par lespouvoirs publics, lentretien dune ville dans sonensemble exige le soutien de linitiative prive. Surgitici un autre problme : les amliorations physiques
requirent des investissements considrables,quinterdisent des ressources gnralementinsuffisantes ou plutt affectes, lorsquelles existent,aux quartiers modernes.Difficult supplmentaire : la rnovation des villesanciennes ne peut suivre les critres appliqus auxvilles modernes - puisquune telle dmarche leurferait perdre ce caractre particulier qui, prcisment,justifie des investissements importants. Elle doitrespecter scrupuleusement la morphologie des vieuxquartiers. Or, on ne manque malheureusement pasdexemples de vieilles villes pratiquement dtruitespar des oprations inconsidres dassainissement,
qui sont alles lencontre du but recherch et ontfinalement nui la qualit de lhabitat. Cest ainsique lon a commis des contresens flagrants enperant des grands axes de circulation dans nombre
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Casbah d'Alger, Algrie
Fes, Maroc
de vieilles villes, parfois avec de bonnes intentions,mais dans lignorance des besoins vitaux du tissuurbain traditionnel, et sans penser aux multiplesconsquences sociales, conomiques et esthtiquesquentranent ces solutions purement techniques.Une rnovation judicieuse des quartiers historiquesexige de la part des techniciens auxquels elle estconfie - experts autochtones ou internationaux -quils repensent les mthodes importes de laplanification urbaine moderne et quils laborent dessolutions adaptes aux situations locales, solutionsqui ne peuvent dcouler que dune connaissance
approfondie des structures urbaines traditionnelles etde leur conomie interne.La prservation et la ranimation des quartiershistoriques doit galement tre envisage dans lecontexte global de la ville. Si un btiment isol, aucaractre historique marqu, peut tre trait et conservcomme un muse, une vieille ville, qui doit abriterparfois plusieurs centaines de milliers dhabitants,ne le peut pas. Ici, se sont des forces vivantes, desnergies humaines, qui doivent tre mobilises pourranimer lenveloppe architecturale et empcher sadcadence. La mission premire du planificateur doitconsister maintenir un quilibre entre la restaurationfidle des btiments et leur adaptation progressive aux
ncessits actuelles.
CONSERVATION OU MISE SOUSCLOCHE
Pourtant les annes qui ont suivi la seconde guerremondiale ont montr quen Europe notamment il y avaitun changement qui se produisait dans les mentalits.Est-ce le rsultat des dsastres causs par la guerrequi a conduit les hommes prendre conscience de lancessit de prserver le patrimoine issu dune longue
tradition historique ? Ou bien est-ce tout simplementune prise de conscience de limportance de lammoire des lieux et de la mmoire des objets ?Le problme de la rupture des quilibres sociaux
traditionnels aggrav par un fort exode rural atransform les centres urbains traditionnels en cits-rservoirs de main-duvre bon march tandisque des secteurs de villes nouvelles se dveloppent,accentuent davantage la dichotomie entre letraditionnel et le moderne. De ce fait, nombredhabitants des quartiers anciens, non seulementnaccordent aucun intrt la conservation, et encoremoins la restauration des difices dans lesquelsils vivent parce quils nont pas les moyens, mais enviennent dvaloriser le patrimoine dans lequel ils setrouvent et sont prts le quitter ds quune opportunit
se prsente davoir un logement moderne.Cest la raison pour laquelle lune des ides matressesde toute politique de rhabilitation et de restaurationdun quartier historique consiste y associer leplus troitement possible la population concerne.Il y a danger de rejet en effet lorsque les actions deprservation sont prnes partir de modles et deconcepts extrieurs ne prenant pas en compte lemode de vie et de culture spcifique chaque villehistorique.Deux schmas entre autres sont viter dans cedomaine : le premier qui sinspire des thories du XIXesicle o la restauration est presque toujours limiteau monument isol et le second qui consiste jouer
sur la spculation foncire et crer des lots de luxedans les vieux quartiers o la finalit touristique risquede les dfigurer.LUNESCO sest efforce depuis plus de 50 ans mettre en vigueur cette approche dallier larestauration des monuments la revitalisation descentres historiques urbains dans ses campagnes desauvegarde suivantes :
Ville de La Havane (Plaza Vieja) - 1983 Villes anciennes de Mauritanie (Ouadane,
Chinguetti, Tichitt et Oualata) - 1981 Ville de Fs - 1980
Ville historique de Sanaa - 1984 Monuments et sites de valeur historique, culturelleet naturelle du Wadi Hadramaout et, en particulier,le patrimoine de la ville de Shibam -1984
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Sanaa, Ymen
Varsovie , Pologne
Ville de Venise 1966 Quartiers historiques et monuments dIstanbul et
site de Gorme - 1983 Patrimoine culturel de la ville de Hu - 1981
Comme la montr la Charte des villes historiques,dite Charte de Tolde adopte par lICOMOS Washington en 1987, les spcialistes considrent quilfaut dpasser la seule conservation de monumentsisols ou de zones anciennes classes ou strictementdfinies et considrer que les quartiers historiques sontdes ensembles vivants. Ne lit-on pas dailleurs dans
cette Charte que toutes les villes du monde sont lesexpressions matrielles de la diversit des socits travers lhistoire et sont de ce fait toutes historiques.Cette charte montre que, laccord est gnral pourconvenir que la rhabilitation dune ville ou dun quartierne saurait se concevoir en dehors dun urbanismebien conu et bien planifi qui dfinisse galementles principes devant rgir linsertion de larchitecturecontemporaine et des espaces verts lintrieur desagglomrations urbaines, dans lesquelles se situent lesvilles historiques ou villes dart, ainsi que le paysagenaturel qui les entoure.Cest dans cet esprit qua t labor le programmede prservation et de mise en valeur de la ville
historique de Sanaa, capitale de la Rpublique Arabedu Ymen, lune des villes les plus fascinantes etles plus menaces du monde, pour laquelle unecampagne internationale de sauvegarde a t lancepar lUNESCO en dcembre 1984. Il en a t demme pour Shibm, ville de terre aux maisons hautesde plusieurs tages, dominant la valle du WadiHadramaout.Soucieuses de prserver un tmoignage vivant dupass, les autorits ymnites ont entrepris, grce la coopration internationale, de sauvegarder cesvilles anciennes. La tche est dimportance et lenjeuexceptionnel, mais avec le concours de tous, il aura
t possible de maintenir, au-del dun ensemblearchitectural et urbain dune qualit rare dans chacunde ces deux pays, la vitalit et le dynamisme propresdes habitants de ces cits prestigieuses.
Il sagit, en dfinitive, de raliser ce qui peut apparatrecomme une gageure, prserver le patrimoine urbaintout en lintgrant dans la vie moderne, sans treaccus de vouloir mettre sous cloche les quartiersanciens et faire de leurs habitants une denretouristique.De ce fait, le thme que traitera votre Sminaire sinscrittout fait parmi les proccupations essentielles delUNESCO, de lICCROM et de lICOMOS, commeil correspond aux questions encore poses et auxinterrogations des spcialistes. Nombreux sont, en effet,les chercheurs et les spcialistes qui se penchent sur
ces problmes dans diverses institutions universitaireset organismes travers le monde: parmi ceux-cilICOMOS, Conseil international des monuments etsites, et de lICCROM, dont lapport, la fois sur leplan doctrinal et pour la mise en place des rseauxdchange dinformations, est capital.
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DES QUARTIERS HISTORIQUESPOUR TOUSUne approche sociale et humaine pour une revitalisation durable
BRIGITTE COLINSpcialiste Villes et Architecture Section Migrations internationales et politiques multiculturellesDivision des Sciences Sociales, de la Recherche et des PolitiquesSecteur des Sciences Sociales et Humaines, UNESCO
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Rappeler les tendances majeures de lurbanisationau niveau mondial puisque construire la ville du 21mesicle est notre dfi majeur : la ville, qui subit les affresdune croissance urbaineinconnue jusqu alors, estdevenu le centre des bouleversements qui secouent
aussi bien les pays du Sud que ceux du Nord.Entre 1950 et 2000, le nombre de personnes vivant enville est pass de 750 millions 2,86 milliards ! Prs de75% de la population mondialesera urbaine la findu 21mesicle. LAfriqueprsentera, dici 2020, lespourcentages daccroissement durbanisation les pluslevs au monde avec ceux de lAsie: les politiquesurbaines seront donc sur ces deux continents trsinfluences par les phnomnes lies aux migrations, la globalisation conomique, sociale et culturelle quiinfluent sur la pauvret urbaine, la cohsion sociale oula sgrgation spatiale.La formulation de nouvelles alternatives pour le prsentet le futur de notre environnement bti et naturel est
ncessaire : les dfis de notre plante urbanisesont trs importants, et complexes, en particulier auregard de la dgradation acclre des conditions devie dans certaines zones urbaines, consquence decatastrophes naturelles, de guerres ou de planificationsurbaines court termeDans ce cadre, lducation au dveloppement durabledes villes et des territoires contribue lquilibre vitalentre zones rurales et zones urbaines et la rductionde la pauvret ainsi qu lintgration sociale desgroupes les plus vulnrables : les Chaires UNESCO deMontral, Lyon, Venise et Soul travaillent avec un largerseau dUniversits sur ces questions. Lurbanisation,
accompagne dune croissance constante de lapopulation mondiale, est un phnomne considrcomme le problme majeur expliquant limpact desactivits humaines sur lenvironnement : cependant,ce qui dtermine en grande partie les consquencesde cet impact sur lenvironnement est la maniredont les populations urbaines se conduisent etconsomment, suivant leur mode de vie et leursrfrences socioculturelles, quelles soient du nordou du sud. Lurbanisation acclre entrane unesurconsommation des ressources naturelles, commeleau douce et apporte lusage de nouveaux matriauxet des biens de consommation qui mettent en pril lasurvie de la bio-diversit et la sant des populations.
Les professionnels de la ville, architectes, urbanistes,sociologues, planificateurs de la rgion ou duterritoire, juristes, hydrogologues, gographes ouingnieurs tentent dtablir ensemble des systmesde gestion et de dveloppement intgrs etconcertsdes villes et des territoires afin de mieux garantirleur dveloppement durable. Ils doivent aussi seproccuper dans leurs projets de la conservation etdu dveloppement durable de lamnagement duterritoire tout en participant la mise en valeur socialeet culturelle des milieux de vie.Olivier Mongindisait dans la Revue Esprit de mars/avril 2004, dans son article Lexprience de la ville
dmocratique :
Il faut crer les conditions matrielles, spatiales,architecturales dun espace qui rendent possibles
les relations entre les habitants de la cit.Relation : ce terme ne renvoie pas seulement la mixit dun espace, mais la possibilit dunlien entre ces espaces, entre ces lieux, entre cesples La tche commune de lurbaniste, de
larchitecte et du politique est la mme : rendrepossible des rythmes urbains, donner forme la ville en tant que condition de possibilit derelations dmocratiques. Autrement il ne resteraque linforme, la non-ville
La lutte contre lintolrance et la pauvret, linjustice,lexclusion sociale et culturelle, allie des notionscomme la solidarit, valeur fondamentale de ladmocratie et des droits de lhomme, la Culture dela paix et lducation la citoyennet reprsententquelques uns des dfis pris en compte lUNESCO pourconstruire la ville de la solidarit et de la citoyennet,notamment travers les programmes relatifs
lEducation au Dveloppement Urbain Durable.Symboles historiques et identitaires, les quartiershistoriques sont aujourdhui au cur de nombreuxdfis et dinterrogations :
Comment concilier dveloppement et comptitivit,respect des droits et des besoins des habitants etmise en valeur du patrimoine urbain conu commeun bien public ?
Comment articuler la sauvegarde du bti ancien, lestraditions des habitants et les nouvelles fonctions dela ville pour forger une identit urbaine pour tous?
Comment rhabiliter le tissu urbain sans ger les
cultures, ni dtruire les ressources naturelles touten intgrant lapport des cultures actuelles ? Comment assurer la cohsion sociale en grant la
pression du foncier et le besoin de mixit socio-culturelle entre les gnrations?
Comment mener bien des projets de revitalisationdurables grce des comptences interdisciplinaireset des moyens appropris ?
Autant de questions qui soulignent larticulationentre le politique, le technique, lhumain, le culturel,lenvironnemental et lconomique. La complexitdes enjeux et des processus de la revitalisationurbaine ncessite de bien identifier et de comprendre
les problmes, puis de les aborder de faoninterdisciplinaire et dmocratique afin de transformerles quartiers historiques en lieux du mieux vivreensemble .
UNESCO
Au sein des diffrents programmes des Secteursde lEducation, des Sciences, de la Culture et dela Communication de lUNESCO, les projets sur lesvilles sont fdrs par certains thmes prioritaires
retenus par la Confrence Gnrale de 2007: la luttecontre la pauvret, les objectifs du Millnaire pour ledveloppement des Nations Unies, le Plan dActionde la Dcennie des Nations Unies pour lEducation au
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Sydney, Australie
Hvar, Croatie
dveloppement durable, la Dclaration sur la DiversitCulturelle et le Dialogue entre les civilisations ou lesconventions concernant la protection du patrimoinetangible et intangible, avec un recentrage sur lapriorit Afrique.Au sein du Secteur des Sciences sociales et humaines,le travail sur la ville et les questions urbaines a tcoordonn par le Programme MOST (ManagementOf Social Transformations/Gestion des transformationssociales), dans lequel les villes ont t tudiescomme lieu des transformations sociales acclres.Les recherches internationales comparatives, les
projets de recherche-action ou le renforcement descapacits institutionnelles sont axes sur la recherchedune meilleure cohsion sociale, la participationdmocratique ou la lutte contre la sgrgation spatiale.Des projets comme la Coalition Internationale desvilles contre le racisme de lUNESCO, lance Nantesle 30 juin 2008, les chaires UNESCO Paysage etEnvironnement de lUniversit de Montral, la ChaireUNESCO de Venise sur linclusion sociale des migrantsou la chaire Grandir en ville de lUniversit de Cornell New York, cherchent influencer les politiquesurbaines pour mieux intgrer les minorits ethniques,les plus vulnrables comme les enfants et les jeunesaux processus de gestion et de dveloppement de leur
propre environnement urbain.Lapproche conjointe sur le thme Politiquesurbaines et durabilit sociale marque la volont deONU-HABITAT et de lUNESCO de soutenir leffort desautorits locales pour promouvoir les villes inclusives :le 4meForum Urbain Mondial de lONU-HABITAT deNanjing, en novembre 2008 sera une nouvelle occasionde le dmontrer travers des activits communes surlEducation au Dveloppement Urbain Durable, lagestion de leau urbaine et le dveloppement social ethumain des quartiers historiques.Depuis HABITAT II en 1996, jusquaux dernierssminaires internationaux organiss par lUNESCO
Pkin en janvier 2007, sur Lurbanisation quilibreentre la cohsion sociale, le dveloppement conomiqueet la conservation des patrimoines , avec lA.I.M.F. Hu en octobre 2007 et Sville en mai 2008, le Secteur
des Sciences Humaines et Sociales de lUNESCO,grce ses projets de recherche-action et ses rseauxinternationaux de recherche comparative, a identifi desindicateurs et des paramtres majeurspour renforcerla cohsion sociale au sein des quartiers historiques.Les rsultats, ainsi acquis et combins avec lesmeilleures pratiques de lONU-HABITAT, ont servide base pour laborer cet outil pdagogique Desquartiers historiques pour tous destin en prioritaux autorits locales. Il a pour but de promouvoirles principes dune approche interdisciplinaire larevitalisation urbaine centre sur la place de lhomme
dans la ville, aider les acteurs amliorer leurspratiques dintervention et clarifier les notions relatives la revitalisation pour promouvoir un languagecommun entre les dcideurs et les autres acteurs duprocessus. Ce guide ne traite pas de tous les aspectsde la revitalisation, mais sa valeur ajoute est de seconcentrer sur lintgration de la dimension socialeet humaine dans les processus de revitalisation desquartiers historiques.Aprs la session finale de formation du ForumUrbain Mondial 4 Nanjing en Chineen novembre2008, ce guide deviendra lune des rfrences quiencourage, au niveau local, la prise en compte de lavolont politique, de la conservation des patrimoines
tangibles et intangibles, de la diversit culturelle etde la cohsion sociale : en effet, ce sont ces lmentsqui conduisent les villes atteindre leur doubleobjectif : une comptitivit conomique quitable et undveloppement urbain harmonieux.
PRESENTATION DU GUIDE : DESQUARTIERS HISTORIQUES POUR TOUS :UNE APPROCHE SOCIALE ET HUMAINEPOUR UNE REVITALISATION DURABLE
Les villes historiques, ou plus prcisment lescentres urbains historiques, sont vides de leurshabitants. Laugmentation exponentielle des loyerset la spculation foncire obligent les locataires
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abandonner leur habitat, leurs quartiers et leurenvironnement habituel. Il semble que le centre-ville,o la pression socio-conomique est la plus leve,devienne effectivement une force centrifuge, dont lesvictimes sont les habitants et citoyens qui appartiennentaux catgories sociales les plus modestes. La lutte
sociale pour les droits la centralit fait pleinementpartie du conflit entre la revendication des citoyenspour lintgration et lvolution dun ct, et le rejetde la mixit sociale et culturelle : toute oprationconcernant limmobilier doit prendre en compte ledroit des habitants vivre en ville et garder leurenvironnement habituel.
Il y a des qualits essentielles auxquelleslhomme moyen est toujours fix et exigeant.Si vous les dtruisez, il faut les remplacer. Leproblme est essentiellement humain Mettezvos plans dans vos poches, descendez dans larue, coutez les respirer, vous devez prendre
contact, vous tremper dans la matire premire,marcher dans la mme boue et la mmepoussire
Extrait du discours de Fernand Lger au 4eCongrs Internationaldarchitecture Moderne dAthnes en 1933
Lexplosion actuelle des villes a un impact direct sur lesquartiers historiques qui connaissent aujourdhui desralits plurielles, qui oscille entre :
ar-far : le centre historique est totalementdgrad et abandonn par ses habitants qui partentvers les zones priphriques. Le patrimoine bti
sans valeur patrimoniale reconnue est lou ousquatt par des populations trs faible revenu. a rvtaat tt: elle est accompagne
dune musification du quartier, dune montedes prix immobiliers, dune prdominance debureaux et dhtels, conduisant des sgrgationsimportantes et une perte du capital social etidentitaire. A terme, la sanctuarisation du bti peutengendrer le dprissement.
Cependant, dans de nombreuses villes, la revitalisationdes quartiers historiques saccompagne de rsultatstrs positifs et encourageants :
Un quilibre est trouv pour chaque situationlocale entre la conservation et la protection dupatrimoine urbain, le dveloppement conomique,la fonctionnalit et lhabitabilit de la ville pourrpondre aux besoins de ses habitants : lesressources culturelles et naturelles sont mises envaleur durablement pour les gnrations futures.Les diffrentes approches patrimoniales,conomiques, environnementales et socio-culturelles ne sopposent pas : elles se compltentet leur articulation conditionne le succs longterme du projet.
LUNESCO ET LONU-HABITAT ONTIDENTIFI SEPT FACTEURS CLEFS DERUSSITE POUR UNE REVITALISATIONSOCIALEMENT DURABLE DESQUARTIERS HISTORIQUES :
1ERFACTEUR : REPLACER LES HABITANTSAU CUR DU PROJET DE REVITALISATION
Il est essentiel de se proccuper de la dimensionhumaine. Il convient de sensibiliser dabord leshabitants aux aspects conomiques et sociauxavant de se lancer dans la rhabilitation du quartierhistorique ; cest la condition de leur acceptationde la prservation et de la rhabilitation. Parailleurs, nous devons impliquer et sensibilisernos enfants, en particulier en ce qui concerne leschoix faits en matire desthtique .
Faez Zayat, Maire de Jableh, Syrie, juin 2008
Hommes, femmes, enfants, jeunes, personnes ges,familles installes dans le centre depuis plusieursgnrations ou rcemment arrives, immigrs en situationde prcarit, vendeurs ambulants, petits restaurateurs,acteurs associatifs, artistes, commerants, fonctionnaires,touristes, et bien dautres sont autant dhabitants et decitoyens de la ville et du quartier qui vivent diffremment,qui ont une diversit dattentes et de besoins.Les stratgies nationales et locales doivent contribuer faciliter laide au logement et laccs aux services,inciter limplantation de petites entreprises cratricesdemplois, rpondre aux besoins des habitants les plus
modestes, des plus jeunes aux plus gs.La prservation du bti ancien ne peut tre dissociedes populations qui vivent aujourdhui dans lesquartiers historiques et lui donnent un sens.Tous ont besoin dtre sensibiliss la qualit deleur cadre de vie et soutenus dans leur implicationpour transmettre lidentit de leur quartier danstoute sa pluralit. Les fonctions nouvelles des villescontemporaines doivent tre compatibles avec lestissus anciens. En ce sens, il est essentiel didentifieret de promouvoir les dimensions immatrielles desquartiers historiques (pratiques, appropriation desespaces, savoir-faire, valeurs).Exemples : Rennes (France), Montral (Canada).
2MEFACTEUR : ASSOCIER LES QUARTIERSHISTORIQUES AU DVELOPPEMENT DE LA VILLEET DU TERRITOIREDes expriences tires des projets de revitalisation urbainedes quartiers historiques (rseau UNESCO Petites villesctires historiques (1996-2003) montrent de plus enplus les limites des actions centres uniquement sur lebti sans prise en compte des habitants, des rseaux,des lieux et des interactions entre la ville et son territoiredinsertion. Les amnagements entre la priphrie et lecentre doivent faciliter laccs au centre, condition desa survie et de son dveloppement. Le processus de
revitalisation du quartier historique doit tre cohrentavec le caractre pluriel du dveloppement de la villeet sa ralit, cest--dire rpondre aux besoins de tousles habitants et des usagers.
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Sana'a, YmenLes quartiers ne peuvent pas tre des territoiresisols: les projets locaux doivent tre soutenus etintgrs dans un plan global de dveloppementurbain et viter que le quartier historique ne constitueun lment de sgrgation spatiale et sociale desterritoires :
Dans de nombreux pays, les quartiers historiquesdeviennent les premiers lieux daccueil des migrantsruraux ou des rfugis.La rpartition quilibre et harmonieuse des diffrentsgroupes sociaux sur lensemble du territoire urbain
et de sa rgion est un enjeu essentiel.Dans un contexte mondial marqu par un fortdveloppement du tourisme urbain, les quartiershistoriques constituent souvent une forte attractivittouristique grce des circuits intgrs sur tout leterritoire.
Exemples : Sada (Liban), Essaouira (Maroc), Gangjing(Rpublique de Core)
3MEFACTEUR : UTILISER UNE VOLONTPOLITIQUE FORTE COMME VECTEUR MAJEURDE CHANGEMENTLes quartiers historiques portent souvent limagedune ville : ils peuvent devenir des laboratoires de la
promotion de la diversit culturelle et de la lutte contrela pauvret, forger lidentit culturelle et la qualit ducadre de vie des habitants et orienter le dveloppementterritorial de lagglomration.La rhabilitation dun quartier historique attiretoujours de nouveaux rsidents, de nouvelles activitsconomiques et cre une certaine croissance desprix du foncier. Il est donc tentant de miser sur undveloppement conomique rapide.Les dcideurs, les lus et leurs quipes ont un rlemoteur jouer, ils peuvent orienter les stratgies derevitalisation en plaant les habitants au cur desprocessus, en essayant de compenser les consquences
de la pression du foncier ou de labandon du quartierpar des mesures appropries.Revitaliser, cest trouver un quilibre satisfaisant entreles lois du dveloppement conomique, les droits et
les besoins des habitants et la mise en valeur de la villeconue comme un bien public.La revitalisation implique un engagement au niveau dela ville et la cration dun dialogue entre de nombreuxacteurs, diffrentes chelles, pour parvenir unlangage commun. Il sagit de poser clairement laproblmatique de chaque situation locale dans toutesa complexit, de penser les stratgies politiques etde les concrtiser travers des projets techniquementralisables et viables tout en pensant aux gnrationsfutures et en vitant de :
Expulser les populations (rsidents et vendeurstraditionnels) Supprimer les emplois traditionnels Casser les liens sociaux culturels Supprimer les commerces existants de proximit Transformer les logements en rserves pour
vendeurs ambulants Isoler le quartier historique du reste de la ville Dmolir le bti sans prise en compte des habitants
et en ignorant les impacts dun projet sur le reste dela ville
Dvelopper le tourisme comme une mono-activitconomique.
Les patrimoines historiques ne sont pas uniquementdes trsors de notre ville rpute pour sa culture etson pass historique, il est de notre responsabilitde prserver la richesse culturelle tout en amliorantla qualit de la ville et de la vie des habitants. Laprservation durable des patrimoines culturels etdes quartiers historiques ncessite un fort soutiendes dcideurs locaux, une planification scientifiquesolide et des mcanismes de financement etde participation des citoyens. Conformmentaux principes et la mthodologie proposspar lUNESCO et lONU-HABITAT, les autoritslocales devraient essayer de trouver lquilibre et
lharmonie entre la conservation des patrimoineshistoriques et la modernisation urbaine sur la basedu dveloppement de lconomie de la ville.
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4MEFACTEUR : METTRE EN VALEUR LESESPACES PUBLICS ET LES RESSOURCESCULTURELLES ET NATURELLES POUR LESPROTGER DURABLEMENTLes espaces publics jouent un rle central dans lefonctionnement et la forme des villes. Ils sont essentiels la qualit de lespace urbain. la fois lieux derencontres, dchanges, dinformation et de culture,ils structurent lidentit des quartiers et contribuent la mixit urbaine.Paralllement, une bonne gestion des transports etde la mobilit sont indispensables pour assurer le
rquilibrage de la ville : le trafic des vhicules privsdoit tre diminu, les transports en commun nonpolluants augments ainsi que les espaces pitons. Largulation de laccs au centre touristique doit tre lafois rigoureuse et flexible.Exemples : Sville.
5MEFACTEUR : RENFORCER LA MIXIT DESFONCTIONS ET AMLIORER LES CONDITIONS DEVIE POUR LES HABITANTSPour des millions de personnes, la vie en ville estsynonyme de survie, de lutte contre le chmageet lexclusion sociale, de violence et dinscurit.Les programmes de revitalisation doivent allier
transformations matrielles et participation des acteurslocaux aux travaux et aux activits conomiquesmais ils doivent aussi rpondre des intrts etdes besoins tels que gestion des flux, quipementspublics, emplois, logements, commerces, gestion deleau. Les politiques urbaines, en particulier dans lesquartiers historiques pauvres, doivent contribuer attirer les employeurs offrant du travail aux rsidents, tablir un rseau social mixte et amliorer lecadre et les conditions de vie des habitants (sant,ducation, services, commerces de proximit, etc.).La promotion du logement social doit aller de pairavec une politique daccession la proprit pour les
classes moyennes et limiter les charges dentretiende logements sociaux en location.Exemples : Malaga.
6MEFACTEUR : VALORISER LIDENTIT URBAINEGRCE LA CRATIVIT ET LA DIVERSITCULTURELLELa rsurgence des sentiments et des revendicationsdappartenance une histoire, une culture, unquartier est symptomatique du besoin humain de sereconnatre et dtre reconnu dans son identit. Lesquartiers historiques expriment les savoirs et savoir-faire des civilisations qui les ont produits. Ils jouent unrle essentiel dans la connaissance et lorganisation dela vie de la cit.La cration et la crativit font partie intgrante des
processus de revitalisation des quartiers historiques.La crativit dans les processus de revitalisationpermet souvent lmergence de projets impliquantde nouveaux modes de relation entre acteurs et unenouvelle apprhension du territoire. Le maintien ou lacration dun artisanat de qualit doit al ler de pair avecun soutien linnovation. Exemples : Mahdia (Tunisie),Alep (Syrie), Sville (Espagne)
7MEFACTEUR : MATRISER DURABLEMENTLE TOURISME CULTUREL ET URBAIN ETLASSOCIER AU MAINTIEN DE PLUSIEURSSECTEURS DACTIVITFace la croissance du tourisme culturel, les villes
historiques peuvent devenir les cibles de touristesavides datmosphres urbaines. Limage de marque de la ville et en particulier du quartier historique estcompose dune part, du patrimoine et de son intrtculturel et historique, et dautre part, de latmosphreet de lme des lieux, porte par les habitants - larue devient un vritable scnario de la culture -. Ilest souvent tentant de miser sur le tourisme commesecteur conomique rapidement rentable et producteurde devises. En effet, il peut dynamiser un quartier etfavoriser la relance de productions bases sur unemobilisation grande chelle des producteurs locaux.Cependant, le dveloppement du tourisme requiert
une grande vigilance : car il peut avoir des impactsirrversibles sur lenvironnement, les tissus sociauxet patrimoniaux et gnrer des conflits difficiles rsoudre (Marrakech). Il faut viter de concevoir des
Tunis, Tunisie
Sville, Espagne
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Deux images de lavie la Medina deMarrakech, Maroc
produits rservs aux touristes et plutt mettre en valeurlexistant, tout en favorisant lauthenticit des changes.La ville touristique doit rester ou redevenir un lieu pourvivre, travailler, tudier, se divertir et investir.Exemples : Saint Jacques de Compostelle (Espagne),Arles et la Camargue (France)
FACE AU PROBLME DE CHAQUEVILLE, AVEC SES ATOUTS ET SESCONTRAINTES, LES AUTORITSLOCALES SE POSENT LA QUESTION :
COMMENT FAIRE ?
1. Chaque quartier historique est unique : il nexistepas un bon modle reproduireLes quartiers historiques sont tous diffrents, lesstratgies doivent donc prendre en compte lessituations locales concrtes et sappuyer sur lesressources culturelles, financires, techniques ethumaines mobilisables, identifies lors du diagnostic,selon des modalits qui leur sont propres. Il ny a pasde solution unique ni de solution miracle , mais desstratgies subtiles qui sappuient sur les valeurs desterritoires et leurs capacits les promouvoir. Ce sont
ces valeurs et ces lments dclencheurs qui fondentles stratgies accompagnes par les experts.Il est donc vivement recommand de dmarrer par undiagnostic permettant une bonne connaissance de laproblmatique globale. De nombreuses techniqueset mthodes assez prcises existent et peuvent aiderles acteurs du projet de revitalisation, notamment lesmthodes Rehabimed pour la Mditerrane ou Sirchalpour lAmrique Latine.
2. Se doter de structures de gestion administrative ettechnique autonomesLe financement de la revitalisation est accompagner
de la cration de structures de gestion autonomes (typebureau, office) et de plans stratgiques qui permettenten particulier dans les pays en voie de dveloppement dintgrer et coordonner lutilisation des fonds
provenant de laide internationale, de minimiser lesaupoudrage des fonds et le manque de vision globale court, moyen et long terme. Le plus efficace est departir de lexistant, en tant pragmatique.Ces structures grent le processus lorsque lespremires dcisions ont t prises par les dcideursavec lappui des services techniques existants. Ellesdoivent tre flexibles pour pouvoir travailler de faontransversale et tre adaptes pour traiter les problmesconomiques, sociaux, culturels et environnementauxdes rhabilitations urbaines intgres. Lorsque lintrtgnral est respect, les partenariats peuvent savrer
trs fructueux et permettent de ne pas sappuyerexclusivement sur laide extrieure.
3. Soutenir les approches pluridisciplinaires,intgres, favoriser le travail en rseau et la crationde partenariats publics et privsLa revitalisation est compose de processus complexesqui ncessitent une bonne comprhension des diffrentsdomaines et de leurs inter-actions (environnement,transformations sociales, conomie, culture, urbanisme,patrimoine, tourisme, etc.). Toute dmarche intgrefonctionnement des services techniques et administratifsde la ville ncessite une adaptation la ralit de larevitalisation. Cette rorganisation doit tre encadre:
elle passe par un travail dcoute, de concertation, derglement de conflits, de formation. Les changementsne se dcrtent pas, ils se partagent. Le respect duprincipe de transparence est li au suivi de la mise enuvre des actions et une certaine continuit, ajusteau fur et mesure des stratgies, lvolution de la ville.Lanticipation doit permettre la ville de satisfaire lesbesoins des gnrations prsentes sans compromettreceux des gnrations futures.
4. Organiser, ds le dbut du processus, uneconcertation entre acteurs et faire participer lespopulations concernes pour crer un langage
communUne bonne gouvernance locale est un enchanementlogique de partenariats politiques, financiers et decomptences: elle conditionne la russite des processus
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de revitalisation en assurant la coordination des actionsau sein du quartier et de son territoire dappartenance.Le processus participatif doit tre mis en place lorsdes diffrentes tapes de la prparation de la stratgieou du projet de revitalisation. Il est important que lescitoyens soient consults lavance et que les rgles
soient partages et respectes. Un langage commundoit tre trouv et fond sur des termes accessiblesaux habitants en vitant un langage trop technique.
5. Rechercher la participation des habitants chaquetape et ds le dbut du processus, conditionne sonsuccs. tapes cls.
tablir un tat des lieux: reprer les enjeux etles ressources du quartier dans le cadre de sonterritoire, analyser les besoins de ses habitants,identifier et inventorier le patrimoine monumentalet quotidien.
Conduire un diagnostic territorial participatif et
stratgique: poser clairement la problmatique,envisager des solutions.
laborer et valider un plan daction: cheminer enfonction des priorits, prvoir les tudes dimpact.
Mettre en uvre le plan daction et les projets: sedoter de moyens humains et financiers. Renforcerles capacits (formation, expertise)
Suivre et valuer les diffrentes tapes de la miseen uvre de faon continue: tirer les leons pourles futures interventions.
Communiquer: rendre visibles et explicites les choixdu projet de revitalisation.
POUR CONTRIBUER AU LANCEMENT DUPROCESSUS, VERS QUI SE TOURNER?
Les partenariats les plus fructueux sont souvent ceuxqui mergent des besoins et des valeurs exprimslocalement. Sur cette base les comptences peuventtre renforces, les conseils proposs, les formationsenvisages. Les experts du rseau de lUNESCO etde lONU-Habitat peuvent tre mobiliss pour vousaccompagner selon vos besoins.
La mthode RehabiMed pour la rgion
Mditerranenne Les ateliers SIRCHAL pour lAmrique latine Les Chaires UNESCO Les Centres de formation de lONU-HABITAT Les Centres dexpertise, comme lICCROM et le
centre Raymond Lemaire de Bruxelles ou lEcole deChaillot Paris
LAIMF pour les villes de la Francophonie
CONCLUSION
Convaincu de limportance du dveloppementdes changes dans les domaines de la culture etdes savoir-faire entre les villes, jattache beaucoupdimportance des cooprations comme celle qui
sest noue entre deux villes europennes (SaintJacques de Compostelle et Rennes) et Qufu,ville connue en Chine comme tant un point dedpart dune civilisation plusieurs fois millnaire.Il convenait de rassembler experts et spcialistespour approfondir la rflexion sur le sens, la
pertinence et la porte de notre exprience . Edmond Herv, Maire de Rennes, avril 2007, extrait dune lettre
adresse lUNESCO. Rennes, partenaire de lAIMF.
Voici quelques lments confronter lapprocheacadmique des professeurs darchitecture,durbanisme et de sociologie urbaine. Notre souhaitest que des liens soient tisss entre le mondeacadmique, la sphre de ceux qui laborent etdcident les politiques urbaines et les reprsentantsdes Associations Internationales dHabitants afin decrer une plate forme internationale, reprsentative auniveau gographique et promouvoir des instrumentsnormatifs, au niveau international, susceptibles de
contribuer la mise en uvre de politiques urbainesplus quitables, plus justes, plus respectueuses delidentit des diffrentes communauts culturelleset ethniques et des personnes les plus vulnrablescomme les enfants et les femmes.
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LA MTHODE REHABIMEDUne approche multidisciplinaire la rhabilitation urbaine
XAVIER CASANOVASProject Manager de RehabiMed
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Damas, Syrie
Oran, Algrie
La Ville historique est aujourdhui le cur de laville et lexpression fondamentale de sa culture.Claire expression de la vie en communaut et deloptimisation des ressources ainsi que des relationshumaines, elle est aussi lexpression dune formedhabiter en communaut. Lhabitat urbain prsenteune grande diversit typologique, dcoulant en grandepartie de la diffrenciation gographique, de lorigineet de lvolution historique. Cette diversit historiqueet morphologique se traduit non seulement dans lesdifications, dans les systmes de construction ou dansles matriaux utiliss mais aussi dans la configuration
de la forme urbaine, sexprimant dans la manire destructurer lespace collectif (rues, places, etc.), dansla manire de mettre en rapport larchitecture priveet lespace public, dans le dveloppement dune plusgrande varit de typologies rsidentielles reflet destructures sociales plus complexes, dans les usagesde ldification... Ces implantations, qui configuraientautrefois la ville de manire exclusive, suite leurcroissance et leur transformation, sont devenuespartie intgrante de la ville contemporaine, danslaquelle elles jouent le rle de noyaux historiques.Les centres historiques se trouvent de nos joursrduits une perte constante de leur caractre socialet culturel, menacs par une intense dgradation
et en constant recul. De fait, la fracture du mondetraditionnel ainsi que la tendance lhomognisationculturelle a entran le mpris des villes historiques,souvent vues comme un symbole de misre et dont lesvaleurs ainsi que les qualits sloignent du conceptde modernit mdiatis. La pression sur le centre villea commenc avec les processus dindustrialisation,bien quelle se soit accentue de manire dfinitiveavec le mouvement et lurbanisme modernes du dbutdu XXe sicle, la recherche de nouveaux modlesdhabiter et de faire la ville. Ce processus se prsentecependant des moments diffrents en fonction dupays et selon que lon fait rfrence lespace urbain
ou lespace rural.Les centres historiques se voient affects par diffrentesproblmatiques qui sont fonction des circonstanceshistoriques et rgionales, et que lon pourrait rsumer
en quatre grands vecteurs de pression : des noyauxen cours de sur-densification cause des migrations(sud-nord ou campagne-ville) avec la dtriorationphysique (sur-occupation et modification deslogements, etc.), sociale (constitution de ghettos,inscurit, etc.) et environnementale (insalubrit,manque de confort, pollution, etc.) ; des noyaux encours de dpeuplement du fait de labandon du tissuhistorique au profit de la ville, avec la perte de valeurssociales et la dtrioration de ldification et dupatrimoine architectural qui sensuivent ; des noyauxtouchs par des rnovations urbaines lourdes
(dmolition de patrimoine, destruction du tissuhistorique avec ouverture de nouvelles voies rapides,insertion incohrente de nouvelles architectures,etc.) ; et, des noyaux affects par des processus derinvestissement urbain (dveloppement touristique,tertiairisation, perte de la fonction rsidentielle et lagentrification).
LA MTHODE REHABIMED
RehabiMed propose une mthode dinterventionpour la rhabilitation et la revitalisation des centres
historiques, destine aux autorits locales et tous lesagents impliqus dans les processus de rhabilitation,qui les aide la promotion, la planification et la gestiondes interventions de rhabilitation. La mthode a pourobjectif dordonner et de systmatiser les tapes duprocessus de rhabilitation pour leur gestion et leurdveloppement optimums, et de dfinir les critres quidoivent permettre de rflchir sur les problmes et lesstratgies mettre en place pour garantir le succsdu processus. Il sagit dune mthode ambitieuse,dans lintention de sensibiliser les pouvoirs publics etles techniciens quant la complexit de ce type deprocessus, qui est habituellement envisag de manire
trop schmatique ne recherchant souvent que desrsultats immdiats, entranant des consquencesimprvisibles, des hypothques sociales ou des pertespatrimoniales irrcuprables.
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PRINCIPES DE LA MTHODE
La mthode propose cinq principes de base duprocessus de rhabilitation / revitalisation.
Lintgration, en comprenant la ville historiquefaisant partie dun territoire plus grande chelledans lequel il doit sinsrer et sarticuler dans laperspective de sa singularit historique et noncomme une enclave isole.
La globalit, en considrant une vision multisectorielle
du processus en termes conomiques, sociaux etenvironnementaux, et non seulement dun point devue exclusivement technique ou urbanistique maisen dfinissant une stratgie intgrale qui permettelquilibre entre la mise en valeur dun patrimoinecollectif et lamlioration de la qualit de vie de lapopulation.
La concertation, en envisageant, un nouveaucadre de gouvernance dans lequel les agentsconcerns par la rhabilitation (hommes politiques,techniciens, agents sociaux, etc. et videmmentles habitants) simpliquent dans le processus larecherche dun consensus daction.
La exibilit, en assumant le fait que la longue dure
du processus de rhabilitation exige lvaluationcontinue de lintervention ainsi que la possibilit derorientation de la stratgie de rhabilitation, afin deladapter aux changements sociaux, conomiques,etc.
Ladaptabilit, en dnissant un cadre-guide pourfaciliter la gestion de la rhabilitation, en assumantle fait que la concrtisation des stratgies et despropositions daction sera conditionne par lesspcificits de chaque contexte local.
La rhabilitation des centres historiques doit treenvisage dans le cadre dun processus de revitalisation
et de rgnration urbaines dans lequel elle sintgre,compris comme une intervention aussi bien surlenvironnement physique que sur la population quelleaccueille, que sur lensemble des activits culturelles,
sociales et conomiques qui dfinissent l ambiancesociale . La rhabilitation doit tre un processus detransformation lent et programm, loin des interventionsbrusques et rapides, avec des objectifs moyen et long terme, qui doit commencer par un geste politiquedcid et ne doit pas culminer avec lexcution deprojets spcifiques, mais qui exige une action et unevaluation continues en accord avec lvolution de lazone et de ses habitants.
PHASES DE LA MTHODE
La mthode est structure en cinq phases duprocessus.
I. ORIENTATIONLe processus de rhabilitation commence avec ladcision politique dagir. Cette dcision doit tre prisepar ladministration sur la base de la perception desproblmes qui affectent le centre historique, mais ellepeut aussi tre motive comme rponse la pressionde la socit civile ou linitiative du secteur priv.Linitiative publique doit diriger lintervention quipermettra dadapter la structure et lusage du centre
ville aux besoins contemporains. De limplicationrsolue des pouvoirs publics, en tant quinitiateurset garants de lensemble du processus, dans lequeldevra simpliquer lensemble des agents sociaux de lazone, dpendra sans le moindre doute le succs duprocessus de rhabilitation.Avec ses objectifs de dpart, le processus derhabilitation peut tre orient et justifi politiquementvers la rsolution dune grande varit deproblmatiques, souvent complmentaires : Dansune perspective sociale, avec pour objectif de luttercontre la pauvret, de dvelopper la cohsion sociale,dviter lexclusion sociale, de freiner les processus
de rgression dmographique des rsidents etusagers ; dans une perspective urbanistique, avecpour objectif de revaloriser un environnement dgradou en dcadence, de revitaliser le tissu rsidentiel
ORIENTATION DIAGNOSE STRATGIE ACTION SUIVI
ANALYSETERRITOIRE
RFLEXIONSTRATGIQUE
MISE EN OEUVREPLAN
VALUATIONCONTINUEPLAN DACTION
DIAGNOSTICINTEGR
3
4
5
6 7 8
VOLONTPOLITIQU
1
DCISIONSPRLIMINAIRES
2
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et damliorer ses conditions dhabitabilit ou dernover et damliorer les infrastructures existantes ;Dans une perspective conomique, avec pourobjectif de dynamiser et de diversifier les activitsconomiques ou damliorer lattrait et lintgrationde la zone dans sa propre ville ; dans une perspective
environnementale, avec pour objectif damliorer laqualit environnementale de lensemble ; enfin, dansune perspective patrimoniale, avec pour objectif deconserver et de mettre en valeur le patrimoine construit,de prserver et de mettre en valeur le paysage culturelet naturel, ou de rhabiliter et dintgrer de manirecohrente le patrimoine aux conditions ncessaires dela vie actuelle.Le rle des pouvoirs publics est essentiel, ils doiventsimpliquer dans la sensibilisation et limplicationdes diffrents secteurs de la socit. En tant quereprsentants de lensemble des citoyens, ils serontchargs de donner leur aval aux diffrentes phasesdu processus en fonction de leur viabilit, qui seront
le rsultat dun travail technique et dune expressionpopulaire. Ils mettront en place le dialogue le plus rgulierpossible avec lquipe technique qui leur transmettralvolution ainsi que les rsultats dans les diffrentesphases du processus. Lquipe technique, forme pardes techniciens de ladministration ou des techniciensexternes, sera charge de la gestion et de la coordinationdu processus. Lensemble du processus de rhabilitationest une opration techniquement complexe qui exigeune grande expertise. Lquipe sera compose par desarchitectes et des urbanistes, mais aussi ncessairementpar des ingnieurs, des sociologues, des historiens, desconomistes, des avocats, des gographes, etc. de telle
manire que soit assure, la ncessaire coordinationet le dialogue entre les diffrents points de vue et lesdiffrentes comptences. Les agents sociaux doiventparticiper aussi bien la phase de diagnostic qu ladfinition stratgique, en prsentant leurs expectativeset leurs besoins, en articulant leurs intrts et en lesngociant avec le reste des agents. Les habitants etrsidents ont un rle important jouer dans lensembledu processus.
II. DIAGNOSTICPralablement la prise de dcisions, il seraindispensable davoir une bonne connaissance dela zone sur laquelle on souhaite intervenir, et de
dtecter ses points forts et ses dficiences, commebase pralable la discussion et la dterminationde priorits et dobjectifs daction. Cette dcouvertede la zone seffectuera grce llaborationdun ensemble dtudes multisectorielles, laconnaissance des ncessits et expectatives desrsidents et usagers ainsi quau cadre lgal envigueur dans le domaine affect par la rhabilitation.Bien au-del du regard minemment urbanistique,sur lequel sont habituellement bases les oprationsde rhabilitation, on recherchera une approcheholistique du territoire dans laquelle, partir de lalecture sectorielle de chaque discipline, on obtiendra
une vision globale et intgre des situations et desproblmes qui laffectent.La coordination du diagnostic sera effectue parune quipe technique. Sa premire tche sera la
concrtisation dun programme dtudes sectorielles,dans lequel sera spcifi le type dtudes dvelopperainsi que la manire de se coordonner afin doptimiserles ressources et dassurer la cohrence de lensemble.Une autre fonction de lquipe technique sera la gestiondes apports de la socit civile de la zone (artisanat,
petite industrie, secteur tertiaire, rsidents et usagers,etc.) afin de construire un diagnostic consensuelrespectant lensemble des intrts. Lquipe techniquesera charge, enfin, de llaboration et de la rdactiondu document de synthse du diagnostic, dans lequelseront identifis les points critiques (points forts etdysfonctions) de la zone dintervention. Ce documentdevra tre accept par lensemble des agents et avalispar les pouvoirs politiques.Il est ncessaire didentifier le cadre lgal delaction et de la gestion urbanistique, aussi bienen ce qui concerne les principes gnraux que lespossibilits de classification et de rgulation du sol,la distribution des comptences entre les diffrentes
administrations, les types dinstruments et de figuresexistants, les instruments de gestion ainsi que lesmcanismes de discipline et de rglementation delaction urbanistique et de construction. Lanalyse ducadre lgal doit aussi envisager, la rglementationfaisant rfrence au patrimoine ainsi qu touterglementation sectorielle qui, incidence sur lapolitique de rhabilitation, depuis la lgislation detype environnemental jusqu la lgislation daspectssociaux ou conomiques.Une analyse multisectorielle doit tre mene termepour une correcte comprhension du territoire. Ledveloppement des travaux sera structur dans une
premire phase de recueil de donnes, puis unedeuxime phase danalyse des donnes, suivie dunetroisime phase dexpression et de visualisation desrsultatsdes tudes :
Approche urbanistico-architecturale
Intgration et continuit des tissusAnalyse de la relation et de larticulation du centrehistorique avec la ville dans son ensemble.
Structure du territoireAnalyse du centre historique dans la perspective de saconfiguration physique, aussi bien des caractristiques
morphologiques des btiments que de lespace libre etdes infrastructures.
UsagesDescription des usages prsents comme basepermettant dintroduire la discussion quant leuradquation et leur suffisance. On tudiera linsertionet la relation des diffrents usages dans les diffrentestypologies et la relation spatiale entre eux. Il estimportant didentifier les espaces, les btiments et/oules logements inoccups ou non utiliss. Il est importantaussi dtudier les types de proprit des diffrentestypologies et leur distribution spatiale comme base
pour envisager des mcanismes viables de gestion delopration de rhabilitation.
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Dossier dAmnagementet dextension de la villedOran, 1936. M. Wolffet R. Danger
Atelier Kairouan,Tunisie
Typologies dificatrices et rsidentiellestude exhaustive des diffrentes typologies prsentespour envisager leur adaptabilit de nouvellesconditions fonctionnelles et dhabitabilit, et dlaborerles normes de conservation et de modification.
Tensions urbanistiques et tats de conservationDescription de lanciennet et de ltat de conservationde ldification, ainsi que des points critiques de typeurbanistique. On considre comme points critiquesles zones ayant un nombre important de logementsprsentant des conditions dhabitabilit inadquates,
une sur-dification ou une excessive densit depopulation, une prsence importante de btiments enmauvaises conditions de conservation, un degr levdinoccupation ou dabandon, etc.
Valeurs patrimonialesIdentification des valeurs patrimoniales, non dun pointde vue exclusivement historico-artistique mais aussidans la perspective de lvaluation de larchitecture entant que tmoin de lhistoire dune socit, des formes devie, de cohabitation et de relation avec lenvironnement.En contexte urbain, lanalyse patrimoniale doit avoirune incidence sur les valeurs de lespace public, desdifications et de lorganisation propre de lespace
urbain par sa valeur et son sens au long de lhistoire.
Valeurs constructives et formellesIdentification des systmes constructifs, des matriauxet des ressources de style et de composition desdifications de notre domaine dintervention (formede la couverture, trous dans les faades, corps ensaillie, finitions et menuiseries, etc.) comme base de ladfinition dun bon manuel de rhabilitation.
Mobilit et accessibilitAnalyse de la mobilit dans le domaine dintervention,du fait de ltroite relation avec la structure
morphologique et la dfinition des infrastructures,aussi bien de la mobilit oblige de ses rsidents quedes mouvements non obligs et des dplacements desusagers externes.
Approche socioconomique
DmographiqueAnalyse de la structure de la population, en apportantune attention spciale aux groupes dge, la capacitde travail et au niveau dinstruction, ainsi qu ladistribution par profils socioconomiques et groupesculturels.
Sociologique / valeurs socialesAnalyse des habitudes et des comportements sociauxpar rapport aux formes du territoire et de ldification,
de la temporalit et de la simultanit des activits, delusage de lespace collectif, de lexistence de conflitssociaux et de groupes ou de collectifs de sgrgation,etc.
Anthropologique / valeurs culturellestude des valeurs de lespace difi et de lespacepublic dun point de vue anthropologique et de leurrelation avec la morphologie du territoire.
Psychologique / valeurs vitalestude du sentiment dappartenance et denracinementau lieu, du sentiment dinscurit, des phnomnesde non-communication, des formes de cohsion
sociale et de leur relation avec le sentiment didentit,etc.
Paramtres conomiquesAnalyse des paramtres en rapport avec lactivitconomique, aussi bien en ce qui concerne la prsencedactivits et de structures productives.
Dynamiques immobiliresAnalyse de ldification, des typologies rsidentielles,des units parcellaires, etc. du point de vue de lactivitimmobilire.
Organisation territoriale et administrativeDescription de lorganisation territoriale ainsi que dufonctionnement des organes de gestion administrative.
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March Sidiel Houari, Oran
Approche historico-gographique
Contexte historique territorialDescription du contexte historique en portant uneattention spciale sur les processus sociaux etculturels qui ont dtermin la forme de larchitectureet de lhabitat.
volution historique et conditions dvolutionstructurelleDescription de lvolution de la forme urbaine etcomprhension des conditions gographiques, histori-
ques, conomiques et sociales qui lont conditionne.
ArchologiqueInvestigation quant au patrimoine archologique,tmoin architectural ou stratigraphique de sonhistoire.
Approche bio-physique
Milieu physiqueDescription des aspects physiques, des conditionsclimatiques et mtorologiques de la zone, descaractristiques gologiques et gomorphologiques duterritoire et de lhydrographie.
Paramtres environnementauxAnalyse des paramtres environnementaux et delusage des ressources naturelles, tels que la gestiondu cycle de leau, des cycles des matires, de lagestion des rsidus et des flux nergtiques, ainsiqu'une analyse des paramtres de confort.
Risques naturelsAnalyse des risques naturels qui affectent le territoire.Evaluation des impacts sur lenvironnement dcoulantde lactivit humaine et identification de lexistence demesures de prvention.
La rdaction du document de synthse du diagnostic,le diagnostic intgr, sera de la responsabilit delquipe technique coordinatrice du diagnostic et elle
sera effectue partir de diffrentes tudes intgresdans les diffrentes tudes sectorielles. Lquipetechnique, du fait de sa condition pluridisciplinaire, doitgarantir lquilibre entre laspect physique et laspectsocioconomique de la rhabilitation, en passant desvisions multisectorielles une unique approche de typeintgrale qui a pour ambition une certaine globalisationdes situations et des mcanismes qui les produisent.Dans la synthse seront identifis les points critiques,aussi bien ses potentiels que ses dysfonctions.
III. STRATEGIE
La premire phase de la rflexion, partir des rsultatsexprims par le Diagnostic intgrdoit conduire laconcrtisation de scnarios, cest--dire dfinirce que doit tre ltat final souhait pour la zonedintervention. Cette rflexion sera conditionne parun ensemble de critres, que lon peut diviser enprmisses stratgiqueset objectifs prioritaires pour larhabilitation durable. La rflexion technique autourde la dfinition des scnarios doit tre centre surla recherche dun quilibre, toujours difficile, danslaccomplissement des prmisses stratgiques etdans la satisfaction des objectifs prioritaires de larhabilitation durable.
Les prmisses stratgiques Larticulation du long et du court terme La considration de la subsidiarit des chelles La synergie entre intrts publics et privs
Objectifs prioritaires de la rhabilitation durable Amlioration de la qualit de vie des rsidents Mise en valeur du patrimoine culturel et naturel Amlioration de la cohsion sociale Promotion de la vitalit conomique Efcience environnementale
Lvaluation de la cohrence sera effectue grce
lvaluation du degr daccomplissement desprmisses stratgiques et des objectifs prioritairesde la rhabilitation durable, au moyen de la prise enconsidration du cot global, des impacts croiss et de
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Deux imagesdu vieux quartierde Sidi el Houari,Oran
la durabilit du scnario. Dun autre ct, lvaluationde la viabilit du scnario prendra en considrationaussi bien la viabilit conomique que la viabilitjuridique et les possibilits dacceptation sociale.Le Plan daction, qui synthtisera les orientationsstratgiques de lintervention, nest rien dautre que lamise en squence et la coordination oprationnelle detous les projets et de toutes les politiques sectorielles raliser au service dun objectif, qui consiste aboutirau scnario souhait. Conjointement la dfinition desactions, le plan dfinira le cadre oprationnel ainsi quela modification ou ladaptation du cadre lgal afin de
pouvoir le mener terme.
Rdaction du Plan daction de rhabilitationLe Plan daction sera rdig par lquipe technique et,bien quil devra tre valid par une dcision politique,qui devra lassumer et lappliquer, il devra reposer surle plus large consensus social possible. Les actions mener terme seront structures en trois grandsgroupes de propositions :
Le Plan concrtisera les actions de modication dela structure du territoire raliser avec la librationdespace, lajustement et mise jour de fonctions, lacration de nouvelles infrastructures, lamlioration de
laccessibilit, etc. Les actions doivent tre orientesvers une modification progressive et continue et nonvers une transformation brusque et rapide.
Le Plan dtaillera les dications qui serontconserves et celles qui seront rhabilites,transformes ou dtruites. Il indiquera aussi lesprojets de nouvelle dification raliser ainsi queles projets durbanisation ou de requalification delespace libre. Les critres qui rgiront ces projetsseront recueillis dans les ordonnances spcifiqueset dans les manuels de rhabilitation.
Le Plan concrtisera les politiques complmentaires mener terme afin de garantir une vritable
rhabilitation avec des critres socioconomiqueset environnementaux. On dtaillera les politiquessociales dvelopper, les initiatives conomiqueset les propositions environnementales.
Dfinition dinstruments lgaux adquatsPour proposer une action urbanistique, il est ncessairede disposer de bons instruments lgaux, tels que :
Il est souhaitable dlaborer des ordonnances lies la planification pour le domaine dintervention, quirecueillent les critres pour la rdaction des projets,et qui rgulent les possibilits de modification d