241
Révolution et contre- révolution en Syrie Articles de la LIT-QI et de l’UIT-QI écrits entre 2011 et 2019

AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Révolution et contre-révolution en Syrie

Articles de la LIT-QI et de l’UIT-QI écrits entre 2011 et 2019

LIT-QT : Ligue Internationale des Travailleurs – Quatrième Internationale

UIT-QI : Union Internationale des Travailleurs – Quatrième Internationale

Page 2: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

1

Page 3: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Première partie

Les articles de la LIT-QI

1

Page 4: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

2

Page 5: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Nous rejetons le bombardement impérialiste en Syrie !14 avril 2018 – secrétariat international de la LIT-QI

Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition avec la France et le Royaume-Uni. La portée de l'attaque était limitée, presque symbolique.

Le Pentagone l'a présentée comme une « frappe de précision », circonscrite à trois bases militaires et à des centres de recherche et de production d'armes chimiques du régime syrien aux alentours de Damas et de Homs.

Une centaine de missiles de croisière Tomahawk ont été tirés de navires et d'avions de combat contre des cibles très spécifiques. Jusqu'à présent, il n'y a pas d'information précise concernant des victimes civiles ou militaires. La dictature syrienne, qui avait plusieurs jours pour se préparer à une éventuelle attaque, a mentionné trois blessés à Homs.

Le LIT-QI rejette fermement l'attaque impérialiste contre la Syrie. Alors que l'excuse de Trump et de ses alliés européens était la nécessité de donner une leçon au dictateur syrien après l'attaque chimique atroce à Douma, le bombardement « occidental » n'a rien d'« humanitaire ».

L'attaque est faite contre un pays opprimé et contre un peuple qui est le protagoniste d'un processus révolutionnaire. Et elle est loin de prétendre renverser un Bachar el-Assad sanguinaire par la force, comme disent les Castro-Chavistes.

Non. L'objectif politique des missiles est de montrer de la force et de la décision pour négocier dans de meilleures conditions une formule qui liquiderait la révolution et garantirait plus de stabilité aux entreprises impérialistes, avec ou sans Assad. Le Pentagone lui-même a déclaré qu'il n'avait pas l'intention d'intervenir dans la guerre civile et que son objectif principal restait l'Etat islamique.

Ce fut une attaque brève et chirurgicale. Ils n'ont attaqué ni Tartous ni Lattaquié, ni les principaux centres politiques et militaires au centre de Damas. Cela ne change pas le cours de la guerre et ne met pas en péril le contrôle des deux tiers du pays par le régime syrien. Ce que les Etats-Unis veulent, c'est envoyer un message, interne et externe, qu'ils « n'hésiteront pas », à l'heure de faire respecter les « lignes rouges ». En se montrant « plus fort », ils peuvent mieux se positionner sur le chemin d'une « solution diplomatique » qui inclut Assad lui-même et son parrain, Poutine. Trump a déclaré le soir devant le Congrès : « Notre objectif est de parvenir à une forte dissuasion. » Et quelques heures plus tard, il a annoncé : « mission accomplie ».

Tel était l'objectif, en rien « humanitaire », du bombardement. Il n'y a pas d'interventions impérialistes « humanitaires ». Les Etats-Unis et toutes les autres puissances mondiales ont refusé de remettre des armes lourdes à l'opposition syrienne et ont ainsi laissé courir le massacre accompli par le régime syrien, une barbarie estimée à un demi-million de morts et dix millions de déplacés.

Le régime syrien lui-même a affirmé, au moment de condamner l'attaque, que son infrastructure militaire n'avait pas été sérieusement endommagée et qu'il va redoubler sa lutte « contre le terrorisme ».

3

Page 6: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

La grande question est de savoir ce que feront la Russie et l'Iran, piliers de la dictature syrienne. La diplomatie russe avait prévenu qu'il y avait un « risque de guerre » si les Etats-Unis intervenaient en Syrie. Eh bien, une « guerre » est hautement improbable. Poutine a évidemment condamné l'attaque. Son argument est que l'attaque chimique à Douma n'est qu'un « montage » des factions rebelles. Il a accusé Washington de « jouer le jeu » des terroristes et « d'aggraver la catastrophe humanitaire » en Syrie. Mais il n'a pas annoncé de représailles. Qui plus est, il a noté avec soulagement le confinement de l'attaque américaine, qui a évité soigneusement d'affecter une base ou une zone protégée par des défenses antiaériennes russes, défenses qui d'ailleurs n'ont pas été activées. Certains spécialistes affirment que les Russes ont été prévenus de l'attaque, bien que cette version soit manifestement démentie par les Etats-Unis.

Le régime des Ayatollahs est allé dans le même sens : rejet des bombardements et solidarité avec Assad contre les « menaces étrangères » qui favoriseraient le « terrorisme ».

La multiplicité des acteurs et des intérêts en Syrie rend l'analyse difficile. Surtout alors que la majorité de la gauche, stalinienne et castriste, s'est alignée sans pudeur sur le dictateur sanguinaire El-Assad contre le peuple syrien. Une autre partie de la « gauche », plus liée à la social-démocratie et au néo-réformisme européen, est tombée dans le piège du pacifisme et a rejoint le chœur « humanitaire » hypocrite de l'impérialisme.

Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'en Syrie, un processus révolutionnaire est en cours depuis sept ans. Ce processus passe peut-être actuellement par son moment le plus dramatique et difficile, mais il n'est pas vaincu. Le peuple syrien, soumis à toutes sortes d'atrocités et de souffrances, continue de résister. Il y a des milices et des comités locaux qui manifestent et qui continuent de se battre, malgré la politique de conciliation des principales directions bourgeoises rebelles qui capitulent complètement à l'impérialisme, qu'elles soient « laïques » ou « islamistes ».

Cependant, tant le régime syrien – qui ne se maintient que grâce à Poutine et ses alliés – que l'impérialisme sont loin de reprendre le contrôle et de retrouver la stabilité d'avant 2011.

Face à cette révolution, il existe deux grands blocs contre-révolutionnaires : la bande Assad-Poutine-Iran-Hezbollah, qui est prêt à tout pour rester au pouvoir et noyer la révolution dans le sang ; et la bande impérialiste des EE.UU.-France-Royaume-Uni-ONU. Les deux forces, bien qu'elles justifient leurs crimes au nom du « peuple syrien », sont génocidaires. Ce sont des bourreaux du peuple et de la révolution. En Syrie et dans le reste du monde, la lutte doit être menée contre les deux blocs ennemis du peuple syrien. C'est pourquoi, en tant que LIT-QI, nous rejetons les attaques de Trump-Macron-May, en même temps que nous affirmons qu'El-Assad doit avoir le même sort que Kadhafi.

Nous sommes inconditionnellement avec la révolution syrienne. Il faut concrétiser toute action de solidarité et de soutien à cette cause. Il est nécessaire d'organiser des manifestations, d'organiser l'acheminement de l'aide humanitaire et d'exiger que chaque gouvernement fournisse, sans conditions, des armes lourdes et une technologie militaire aux rebelles afin qu'ils puissent se défendre contre les attaques génocidaires d'Assad. La révolution syrienne doit triompher.

4

Page 7: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Assad et la Russie transforment Alep en une mer de sang13 décembre 2013

Le chaos et la barbarie règnent à Alep. Ces derniers jours, de véritables scènes de terreur ont eu lieu dans les parties de la ville qui sont encore contrôlées par des groupes rebelles en lutte contre le régime tyrannique de Bachar el-Assad. Le nombre quotidien de morts est maintenant impossible à calculer, car les Comités locaux, qui faisaient ce dénombrement, sont actuellement fort désorganisés.

L'attaque se fait par voie terrestre et aérienne. Il y a des centaines de morts sous les bombardements ou par manque de nourriture et de soins médicaux. Un véritable massacre est en cours ; massacre dont les responsables (Assad, Poutine et les autres membres de la coalition qui soutiennent le régime) savent qu'ils peuvent continuer à agir en toute impunité et que la communauté internationale des Etats ne réagira pas.

La conquête d'Alep n'est possible que moyennant une politique de la terre brûlée : selon la Coalition Nationale Syrienne (CNS), plus de deux mille frappes aériennes ont été lancées sur la partie Est de la ville et alentours depuis le début de l'offensive le 15 novembre dernier, accompagnées de sept mille tirs d'artillerie. Cette offensive militaire est encore pire sur les écoles et les hôpitaux et détruit des quartiers entiers. C'est une politique de destruction systématique, une répétition de la destruction de Grozny, 16 ans plus tard, actuellement mise en œuvre par l'armée russe avec son armement sophistiqué et par l'armée syrienne qui bombarde avec des barrils d'explosifs. La conquête d'Alep et la victoire militaire du régime et de ses alliés ne peuvent que conduire à l'occupation du pays par les militaires étrangers : les Russes et les milices contrôlées par l'Iran et le Hezbollah.

L'occupation de toute la partie orientale d'Alep par les forces de l'armée syrienne, soutenues par les milices iraniennes, libanaises, irakiennes et afghanes, n’est peut-être qu'une question de jours. Les forces terrestres reçoivent le soutien de l'aviation russe et syrienne, qui continue de bombarder non seulement Alep, mais aussi Idlib, et ce malgré les déclarations du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui affirme que l'attaque contre Alep aurait été stoppée. Des dizaines de milliers de civils ont fui la ville au cours des derniers jours, mais il y a encore environ 100.000 personnes piégées dans les districts assiégés. Certaines familles refusent de quitter la ville et ce lundi 12 décembre s’y trouvaient encore environ huit mille combattants armés, membres de groupes d'opposition.

Plusieurs militants et journalistes rapportent que l'armée syrienne réalise des exécutions sommaires de membres présumés ou de partisans de groupes rebelles. Des centaines d'hommes entre 18 et 50 ans ont disparu. La tyrannie que nous observons, outragés, est un prélude à ce que sera le pays si Bachar el-Assad gagne la guerre.

Assad lui-même a déclaré dans une interview à un journal syrien proche du gouvernement que la guerre n'est pas finie. Même si la ville d'Alep est prise, une grande partie de la province restera encore aux mains des rebelles, ainsi qu'Idlib ou des zones de Damas. Sans parler des régions kurdes. Le prochain objectif serait Idlib, la seule capitale provinciale encore entre les mains des groupes d'opposition au régime. La Syrie restera entièrement divisée en zones contrôlées par différents groupes.

5

Page 8: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Un pacte avec l'opposition n'a jamais été la politique du régime. Assad et la Russie n'accepteront que la reddition inconditionnelle de tous les rebelles, ce qui, au moins pour l'instant, ne semble pas être le scénario le plus probable à court terme. Le régime syrien ne dispose pas non plus de forces armées unifiées sous son commandement. Il y a des dizaines de milices différentes qui, bien qu’en lutte contre les rebelles, répondent aux ordres de différents pays et factions politiques et religieuses.

La Russie et l'Iran sont les principaux responsables du massacreLe régime syrien est entièrement contrôlé par la Russie et l'Iran. Assad a perdu toute capacité d'initiative et la majorité des contingents qui se battent en son nom sont des hommes étrangers. La Russie a décidé d'aller jusqu'au bout dans sa politique de : « soit Assad, soit le pays en flammes », au détriment des dizaines de milliers de morts et d'une destruction incalculable. Le régime syrien avait déjà fait quelque chose de similaire, mais à une échelle plus limitée, quand il écrasa la rébellion de Hama en 1982, en utilisant des gaz chimiques, au prix de plus de 20.000 vies humaines.

La Russie et l'Iran profitent d'une situation d'instabilité politique et économique dans les principaux pays impérialistes, en particulier l'Union européenne et les Etats-Unis, pour approfondir leur projet de maintenir et d'étendre leurs zones d'influence dans la région. Les revendications d'un secteur soi-disant « de gauche » à travers le monde, selon lequel ces pays représentent une sorte de « force alternative » à la domination des Etats-Unis, est totalement absurde et fausse. Il s'agit bel et bien de deux régimes autoritaires et sanglants qui ont pour objectif principal de continuer à gouverner dans leurs pays et à maintenir leur influence politique et leurs avantages économiques en Syrie et dans toute la région.

Les Etats-Unis et l'Union européenne assistent passivement au génocide syrien.

L'indignation concernant ce qui se passe en Syrie se fait d’autant plus vive lorsque l’on voit la passivité et l'hypocrisie avec lesquelles agissent les principales puissances impérialistes du monde, y compris l'Organisation des Nations Unies (ONU). Elles laissent le régime d'Assad continuer à bombarder et à tuer le peuple syrien sans prendre la moindre mesure au-delà des déclarations dans les hémicycles, vides de sens et qui ne résolvent rien.

6

Page 9: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

La rhétorique anti-Assad d'antan a cédé la place à des discours abstraits sur le fait de « trouver une solution pacifique ». On n'ose pas affronter la Russie – dans la pratique, on collabore avec elle – et on ne propose même pas des mécanismes de pression politique, moins encore des sanctions économiques, même timides, comme dans le cas de l'Ukraine. Il y a un accord contre-révolutionnaire de fond parmi tous les pouvoirs qui négocient l'occupation totale d'Alep. John Kerry, le secrétaire d'Etat yankee, a appelé Assad à la miséricorde et a exhorté les rebelles à quitter la ville.

La principale préoccupation de l'UE est d'arrêter le flux de migrants vers la « forteresse Europe » et il suffit donc que l'accord signé avec la Turquie se maintienne et qu'Erdogan remplisse sa part du contrat. Les principaux pays de l'UE sont « trop occupés » avec leurs problèmes internes pour se préoccuper de la vie des Syriens (la croissance électorale de l'extrême-droite, le Brexit, les référendums internes et, surtout, la guerre sociale contre les travailleurs pour surmonter la crise économique). La politique de l'UE concernant la Syrie – et en général concernant le Moyen-Orient – reste subordonnée à celle des Etats-Unis.

La priorité de ces gouvernements est de mettre en échec la révolution populaire au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et d'éviter toute victoire de celle-ci, même partielle et démocratique (telle qu'un changement de régime, par exemple), dans un pays de la région, ce qui signifierait une intensification majeure de l'actuelle situation mondiale d'instabilité. La raison fondamentale est que l'impérialisme veut à tout prix stabiliser la région, en acceptant qu'Assad et la Russie le fassent moyennant le génocide.

Mettre fin à l'offensive militaire et permettre l'entrée de l'aide humanitaireIl n'y a pas d'issue au conflit syrien sans un changement de régime. Assad n'a aucune légitimité pour gouverner le pays, même pas dans les territoires qu'il contrôle, et moins encore dans les territoires contrôlés par les milices rebelles ou par d'autres groupes tels que la milice kurde et le soi-disant Etat islamique.

Sa puissance est basée sur la peur et la force brutale, tout cela avec le soutien de ses collaborateurs internationaux et la complicité des autres pays. Malheureusement, la crise syrienne est loin d'arriver à son terme. La guerre civile libanaise a duré 15 ans et nous enseigne qu'une situation comme celle de la Syrie peut se prolonger pendant de nombreuses années.

Il faut commencer dès maintenant une vaste campagne pour forcer le régime à arrêter les bombardements et les attaques au sol par les forces fidèles au dictateur syrien et à autoriser l'entrée de nourriture et de médicaments essentiels. Dans l'est d'Alep, il n'y a même pas un hôpital en fonctionnement. La situation est très précaire et pourrait se détériorer encore davantage.

D'autre part, il est plus que jamais nécessaire d'envoyer des armes aux rebelles syriens afin qu'ils puissent se défendre eux-mêmes et la population civile dans les zones où ils se trouvent. L'occupation par l'armée syrienne d'Alep orientale, de Homs et de zones de Damas, ainsi que d'autres villes auparavant dans les mains des rebelles ou de Hama, n'a été possible qu'à cause de l'isolement total imposé aux groupes qui s’opposent à Bachar el Assad ; ce dernier a utilisé toutes sortes d'armes et de bombes alors que les rebelles se sont défendus avec de vieux fusils de courte portée.

7

Page 10: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Les rebelles ne sont pas des terroristes.Le discours du régime de Damas, de la Russie et de l'Iran affirme que tous les rebelles qui luttent contre Bachar el-Assad seraient des terroristes.

C'est un mensonge. La plupart des rebelles sont des Syriens qui ont été forcés de s'armer pour se défendre contre la violence utilisée par les forces armées syriennes contre les manifestations pacifiques qui ont commencé en mars 2011. La gauche castro-chaviste qui soutient Assad est complice de ce génocide.

Il est vrai que l'Etat islamique a profité de l'offensive d'Assad contre Alep, soutenue par la Russie, pour regagner la ville de Palmira dont il avait perdu le contrôle il y a huit mois.

Il est vrai que l'isolement de la révolution (imposé par la soi-disant « gauche » pro-Assad et impérialiste) a créé un vide politique, qui a été utilisé, dans de nombreux cas, par les pays de la région qui ont leur propre agenda. Cet agenda était très différent des valeurs qui faisaient l'essence même des manifestations qui ne demandaient d'abord que des réformes ponctuelles dans le régime et sont devenues par la suite une révolution populaire. Les monarchies du Golfe, ainsi que la Turquie, ont profité de cette situation pour financer leurs propres groupes.

Il y a cependant encore des dizaines d'initiatives civiles en Syrie – comme les Comités locaux, qui continuent à fonctionner, ou l'Aleppo Media Center, etc. –, des initiatives qui représentent l'esprit initial de la révolution et luttent pour maintenir les principes de justice, de démocratie et d'égalité pour lesquels des millions de Syriens sont descendus dans la rue au risque de leur vie. L'une des premières mesures de l'armée syrienne lors de son entrée dans la partie orientale d'Alep fut de chasser de la ville les Casques blancs, un groupe exclusivement dédié au sauvetage de la population touchée par les bombardements.

Différents groupes ont combattu côte à côte dans la bataille d'Alep, des groupes tels que Fatah al-Sham (auparavant al-Nusra, avec environ 10.000 combattants, dont 80% de Syriens), qui opère au sein de Jaysh al-Fateh (une coalition de groupes « islamistes » et « modérés »), et des groupes liés à l'Armée syrienne libre (ASL).

La crise de direction révolutionnaire revêt ici une importance terrible, dans la mesure où il n'y a pas une alternative stratégique pour la révolution.

Il est vrai qu'il y a eu également des affrontements entre les différentes milices de l'opposition, mais l'unité contre l'offensive du régime a prévalu. Si le groupe lutte contre Assad, il gagne rapidement le soutien populaire, car Assad est la principale menace pour la plupart des Syriens, en particulier ceux qui vivent dans les zones rebelles.

Dehors Assad et sa cliqueLa division du conflit en secteurs est due en grande partie à la politique d'Assad. Les Etats-Unis et d'autres puissances régionales ont également contribué à consolider leurs propres pions sur le terrain. Dans la pratique, ils ont abandonné les milices populaires et la population syrienne insurgée à leur sort. Dès le début, la généralisation de toute opposition comme « terroriste fondamentaliste » a été la stratégie d'Assad, et elle fait également partie du discours des pays impérialistes centraux pour justifier leurs bombardements sur le pays.

Nous réaffirmons notre position au côté du peuple syrien, contre la tyrannie du régime d'Assad et de ses partisans. Nous ne faisons pas confiance aux Etats-Unis,

8

Page 11: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

ni à l'Union européenne ou à l'ONU. Nous défendons la chute du régime syrien comme le premier pas, la seule possibilité, y compris pour la résolution de la crise humanitaire en Syrie. Nous exigeons la fin immédiate des attaques sur Alep et Idlib et nous nous engageons à participer aux efforts pour faire arriver de l'aide humanitaire en Syrie.

Nous appelons les organisations ouvrières, populaires et des droits humains à travers le monde à mettre en œuvre une campagne unifiée de solidarité avec le peuple syrien.

Secrétariat international de la LIT-QI

le 13 décembre 2016

Vive la lutte du peuple syrien !

Dehors Assad et l'Etat islamique !

Arrêt immédiat des attaques contre Alep et Idlib !

Fin de l'intervention russe et iranienne en Syrie !

De l'aide humanitaire au peuple syrien !

Des armes pour les rebelles ! Aucune confiance dans les Etats-Unis, l'UE ou l'ONU !

9

Page 12: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Mobilisons-nous contre les bombardements à ALEP !15 décembre 2016

Voilà des années que l’armée du dictateur Bachar el Assad, aidée par l’aviation russe, détruit de nombreuses villes contrôlées par les groupes rebelles en Syrie. Il s’agit, pour le régime, de se maintenir en place en écrasant la résistance des combattants de la révolution syrienne. Cette révolution, issue des révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, a dû s’armer contre la dictature qui réprimait brutalement les manifestations pacifiques en 2011.

La coalition internationale, dirigée par les Etats-Unis et à laquelle participe la Belgique, loin de soutenir la juste rébellion du peuple, partage le même objectif : maintenir le dictateur sanguinaire Assad au pouvoir et écraser la révolution. Ces derniers mois, l’offensive sur la ville d’Alep s’intensifie. Celle-ci est en ruine et la violence des bombardements ne laisse aucune chance à la population : ils sont littéralement enterrés vivants sous les décombres ou gazés avec des bombes au chlore. L’horreur et la barbarie sont quotidiennes.

Il est urgent d’intensifier la campagne de solidarité internationale contre les crimes du régime syrien, de ses alliés et de ses complices. Nous appelons les militants des droits humains, les organisations de gauche et les syndicats à s’unir pour exiger l’arrêt des bombardements à Alep.

 Dans ce cadre, nous devons exiger du gouvernement belge :

 - L’ouverture de nos frontières aux réfugiés, l'augmentation et l'amélioration de la capacité d’accueil pour ces derniers. La régularisation de tous les réfugiés et sans-papiers !

- L'ouverture à l'aide humanitaire des frontières syrienne et irakienne !

- Le retrait des militaires belges de la Syrie et de l’Irak !

- L’envoi d’armes lourdes et antiaériennes aux forces rebelles !

 

10

Page 13: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Echec de la fausse trêve en Syrie3 octobre 2016

La « trêve » convenue entre les Etats-Unis et la Russie a carrément échoué et a pris fin le 19 septembre, lorsque les forces aériennes syriennes et russes ont repris les bombardements intenses, d'une manière plus ciblée et énergique sur la ville d'Alep, mais aussi sur d'autres localités du pays comme Hama et certaines zones de Damas.

Tous à la manifestation de soutien au peuple d'Alep

Mardi 4 octobre - 17h15 - Berlaymont (rond point Schuman)

Depuis lors, plus de 300 civils sont morts, seulement à Alep (selon l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme). C'est une véritable boucherie, car il s'agit en grande majorité de civils sans armes et piégés sous les décombres, sans accès à la nourriture ou les aliments de base. En outre, environ 20 camions, transportant de l'aide humanitaire aux zones assiégées par l'armée syrienne, ont été bombardés.

La fin de la trêve, rompue unilatéralement par le régime de Bachar el-Assad – bien que ses porte-paroles prétendent le contraire – représente l'échec de la stratégie des Etats-Unis de donner la priorité aux négociations avec le régime syrien comme le moyen le plus efficace pour mettre fin au conflit. Assad n'a jamais montré la moindre disposition au dialogue, même minime et limité, avec les groupes rebelles. Les Etats-Unis et l'UE veulent « stabiliser à nouveau » le pays, pour endiguer le flux de réfugiés vers l'Europe et vaincre le Printemps arabe.

Le génocidaire dictateur syrien, soutenu par la Russie et l'Iran, est prêt à mener jusqu'au bout son plan de destruction physique de tous les groupes qui prétendent l'une ou l'autre forme d'opposition à son gouvernement, les étiquetant tous comme des « terroristes ». La chaîne publique iranienne de télévision, HispanTV, a annoncé les attaques à Alep sous le titre : « La Russie et la Syrie lancent 55 bombardements contre des terroristes à Alep. »

Le massacre d'Alep a déclenché une vague d'indignation et de colère dans le monde entier, qui se traduira en une journée de manifestations, de rassemblements et de veillées dans différentes villes à travers le monde pour protester contre les bombes d'Assad et l'intervention russe dans le conflit. (Voir le lien : https://www.facebook.com/events/512889452247582/)

C'est une initiative très importante de différents groupes et militants qui se solidarisent avec la lutte du peuple syrien contre l'un des régimes les plus sanglants et brutaux de nos jours.

L'incertitude quant à l'avenir de la SyrieBachar el-Assad a blâmé l'opposition et les Etats-Unis pour la rupture de la trêve. En fait, des avions américains ont bombardé une base aérienne syrienne, tuant environ 60 personnes, mais le gouvernement de Washington a fait marche arrière et a demandé officiellement des excuses à Damas, affirmant que cela avait été une erreur et que ses pilotes l'avaient prise pour une base de Daesh (le soi-disant Etat islamique).

La réaction de la Russie et de la Syrie n'a pas été le bombardement d'une quelconque base américaine, mais bien celui de zones démilitarisées, habitées par

11

Page 14: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

des civils. Le cynisme et le manque de scrupules de la part d'Assad et de Poutine n'ont pas de limites. Le peuple syrien paie de son sang l'obsession du despote syrien pour le pouvoir et l'inaction des puissances mondiales face à un véritable génocide.

De l'avis de plusieurs militants, les bombardements d'Alep auront comme conséquence immédiate le renforcement du groupe Jabhat Fateh al-Sham (ancien front Al-Nusra, une branche d'Al-Qaïda en Syrie), l'un des plus forts et les plus actifs à Alep, une fois que les autres groupes rebelles seront obligés de s'unir autour de lui pour se défendre contre l'offensive terrestre déclenchée récemment par l'armée syrienne.

La reprise des affrontements affaiblit vigoureusement l'opposition politique syrienne à l'étranger face aux groupes opérant sur le terrain, car le peu de légitimité dont ils jouissaient tombe en miettes face à l'évidence de son incapacité totale à négocier un règlement diplomatique qui mette fin, ne fut-ce que momentanément, au massacre aveugle de civils.

Pour continuer à tuer en toute impunité, la Syrie, la Russie, l'Iran et le Hezbollah comptent avec la certitude que les Etats-Unis limiteront leur action à quelques mots vides prononcés dans les instances internationales et les médias. Le gouvernement de Barack Obama est devenu un expert dans la profusion de discours aux médias qui n'ont par la suite aucun effet pratique.

Pendant les quelques jours de « paix » en Syrie, des images de joie et de bonheur nous sont venues d'Alep, où les gens sont descendus massivement et pacifiquement dans la rue pour célébrer l'Aïd al-Adha, la fête de l'agneau. Malheureusement, ils ont duré très peu. Assad n'a aucune pitié, il ne pense qu'à rester au pouvoir, bien que la possibilité de vaincre militairement l'opposition et de réunifier le pays soit de plus en plus lointaine et improbable.

La campagne internationale de solidarité avec le peuple syrien et avec sa révolution continue. Nous devons la renforcer, en prenant part aux activités programmées, en diffusant les images qui nous arrivent des villes bombardées et en dénonçant les crimes de guerre d'Assad et de ses associés.Tous à la manifestation de soutien au peuple d'AlepMardi 4 octobre - 17h15 - Berlaymont (rond point Schuman)

12

Page 15: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

L’encerclement criminel d’AlepLe piège mortel de Genève

5 février 2016 - Secrétariat International de la LIT-QI

L’armée de la dictature syrienne a lancé, avec la couverture aérienne Russe, une offensive pour reprendre la ville d’Alep, deuxième ville la plus importante du pays.

Depuis 2012, Alep est divisée en « zones d’influences » entre les troupes d’el-Assad, les forces rebelles et, depuis un an et demi, les troupes de l’Etat Islamique (EI). Le combat entre ces différentes forces se fait pouce par pouce, maison par maison. Les troupes antidictatoriales doivent cependant lutter sur deux fronts : d’un côté contre l’axe Assad-Russie-Hezbola-Iran et, de l’autre, contre les hordes de l’EI.

Ces derniers jours, des avions russes ont mené d’intenses bombardements afin de dégager le chemin aux troupes fidèles à el-Assad et aux miliciens du Hezbola. Les forces contre-révolutionnaires se sont emparées de la principale route qui relie la frontière Turque aux districts d’Alep, encore aux mains de l’opposition.

L’avancée dictatoriale veut encercler Alep, de la même manière qu’elle a enfermé d’autres localités où des centaines de personnes sont mortes d’inanition. On estime qu’environ quatre millions de personnes se trouvent prisonnières de l’armée syrienne. Cette perspective, en plus des intenses bombardements, a entrainé la fuite massive de milliers de familles syriennes vers la frontière turque, ce qui approfondira certainement le dramatique problème des réfugiés.

La supercherie de GenèveL’avancée des troupes dictatoriales prend place alors que commençait une nouvelle farce diplomatique à Genève où, pour la troisième fois, l’ONU essaye de réunir des représentants d’el-Assad et des opposants afin de tenter de trouver une « issue négociée » à la guerre civile. Le plan de négociation est connu : il consiste, fondamentalement, à parvenir à un cessez-le-feu pour pouvoir ensuite régler la formation d’un « gouvernement d’unité nationale » et la convocation à des élections en 2017.

Les impérialismes nord-américain et européen combinent les bombardements contre l’EI à la promotion de cette politique, mais sans même avancer, comme ils le faisaient auparavant, le départ d’el-Assad du pouvoir.

Mais l’accord de Genève est une fois de plus mort avant même d’être né. Le régime syrien ne reconnait pas et taxe de « terroristes » les représentants de l’opposition ; représentants qui à leur tour avaient exclu un important secteur des milices qui combattent sur le terrain, ainsi que les kurdes de Rojava.

Dans ce contexte, la dictature d’el-Assad, se sentant plus forte grâce à l’appui ouvert de la Russie, mise sur la résolution du conflit par la voie armée, en écrasant physiquement la révolution. el-Assad n'a pas reconnu Genève et a renforcé l’offensive militaire.

L’offensive sur Alep a mené le « médiateur » de l’ONU, Staffan de Mistura, à suspendre les discussions à Genève jusqu’au 25 de ce mois.

Il s’agit d’une démonstration de plus de la raison pour laquelle les milices rebelles arabes et kurdes ne doivent avoir aucune confiance dans aucun type de

13

Page 16: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

négociation avec le régime assassin d’el-Assad. On ne peut pas négocier avec celui qui a les mains tâchées du sang de presque 400.000 syriens !

Nous soutenons qu’il n’existe pas d’issue « diplomatique » à la révolution syrienne. L’objectif de Genève est de maintenir l’essence du régime dictatorial et la structure socio-économique dépendante de l’impérialisme en Syrie. Indépendamment de la discussion sur le fait de savoir si el-Assad sera partie prenante de ce « processus de transition », et pour combien de temps, l’intention de l’impérialisme, avec l’accord de la Russie et de l’Iran, est de mettre en échec la révolution syrienne, de désarmer les milices et de « stabiliser » les piliers du régime que le peuple syrien combat depuis presque cinq ans.

La seule issue est la victoire de la révolutionBien qu’elle doive lutter sur plusieurs fronts et affronter des ennemis supérieurs au point de vue militaire, la révolution syrienne continue. Les milices rebelles résistent avec ténacité à l’offensive. Elles le font comme elles le peuvent puisqu’elles manquent d’armes et de la technologie militaire nécessaire.

La seule issue progressiste pour le peuple syrien et tout le Moyen-Orient passe par la défaite de la dictature syrienne et de ses alliés. Il s’agirait d’un « point de départ » essentiel.

En ce sens, il est fondamental de rejeter tout type d’ ”issue négociée”, puisqu’aucun accord établi entre l’impérialisme et les gouvernements de Russie, d’Iran ou de Turquie ne peut être bénéfique pour les peuples syriens et kurdes. Aucun type de « transition politique » n’a, ni n’aura, comme objectif de répondre aux demandes démocratiques et économiques du peuple syrien.

Nous devons de la même manière nous opposer tant aux bombardements russes qu’à ceux des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni. Nous devons aussi nous opposer à l’envoi d’ « unités spéciales » nord-américaines en Syrie qui, selon Obama, serviront de « consultants » contre l’EI. Ni les « consultants », ni les bombardements de l’impérialisme n’ont un objectif « démocratique » ou « humanitaire » ; mais bien l’objectif colonialiste de maintenir et même d’amplifier le contrôle des ressources de Syrie.

Hors de Syrie, il faut organiser une solidarité active et exiger à chacun de nos gouvernements non seulement une rupture des relations diplomatiques et commerciales avec la dictature d’el-Assad, mais aussi l’envoi inconditionnel d’armes lourdes, de médicaments et de tous types de ravitaillements pour les troupes rebelles. En Russie, il faut appeler le peuple à rejeter l’intervention de Poutine sur le sol syrien.

La solidarité internationale avec la révolution syrienne est urgente. Un appui décidé des organisations ouvrières, sociales, démocratiques, et évidemment, des partis de gauche, pourrait peser dans la balance en faveur du peuple syrien. Il est nécessaire de convoquer à des manifestations devant les ambassades de Syrie, et à n’importe quelle mesure qui contribue à affaiblir la dictature d’el-Assad. Telle est la tâche immédiate.Pour la défaite d’el-Assad, de la Russie, de l’Etat islamique et de l’impérialisme ! Non aux bombardements des Etats-Unis, de Russie, de France et du Royaume-Uni ! Non aux “unités spéciales” des Etats-Unis en Syrie ! Non au Pacte contre-révolutionnaire d’une “issue négociée” en Syrie ! Pour la victoire de la révolution syrienne !

14

Page 17: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

La révolution syrienne après les attentats de Paris,La nouvelle offensive de l'impérialisme et de la Russie.

15 janvier 2016 – Joseph Daher

La révolution syrienne a commencé il y a quatre ans, en mars 2011. Dès la fin de 2014, le régime d’Assad a renforcé son offensive sur les rebelles et le peuple syrien, en bombardant les zones rebelles avec des milliers de barils d’explosifs qui ont fait déjà plus de vingt mille morts. En septembre 2015, la Russie est intervenue militairement pour soutenir le régime du dictateur. Et fin octobre 2015 est organisée à la va-vite cette conférence de Vienne sous la houlette des Etats-Unis, avec les puissances Européennes, l’Arabie Saoudite, la Chine et la Russie, pour réunir les deux camps en guerre afin de trouver une « transition vers la paix ». Les attentats de Paris du 13 novembre dernier, revendiqués par Daesh (l'Etat islamique), viennent de mettre brutalement la révolution syrienne dans l'actualité. Voici un entretien, réalisé par Florence Oppen, militante de la LIT, avec Joseph Daher, membre du Courant révolutionnaire de Gauche en Syrie et fondateur du blog Syria Freedom Forever.  

Florence Oppen : Ce processus de « déviation » de la révolution syrienne vers un gouvernement de transition, planifié dans la Conférence de Vienne, a-t-il été accéléré par les attentats de Paris ?

Joseph Daher : La question d’un gouvernement de transition a été accélérée par les attentats de Paris, mais cette option est en fait beaucoup plus vieille et a quasiment toujours été l’option préférée des différents impérialistes. Depuis le début du soulèvement en Syrie, l'objectif des Etats-Unis et des puissances occidentales n’a jamais été d’aider les révolutionnaires syriens ou de renverser le régime d’Assad. Au contraire, les Etats Unis ont essayé de parvenir à un accord entre le régime d'Assad (ou une section de celui-ci) et l’opposition liée à des régimes occidentaux et des monarchies du Golfe (qui ne sont pas représentatifs du mouvement populaire et sont complètement corrompus). C’est ce qu’on appelle la « solution yéménite » : maintenir le régime tel qu’il est et faire des changements superficiels.

Pour rappel, la Résolution 2254 adoptée en 2015 à l’unanimité par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU [1] reprend pour son compte le Communiqué final du Groupe d'action pour la Syrie de Genève, du 30 juin 2012, [2] qui n'exclue nullement qu'Assad soit à la tête d’un gouvernement de transition ; le seul critère pour la formation de ce gouvernement de transition serait le « consentement » de la délégation de l’opposition, de même que les délégués représentant le régime d'Assad pourraient refuser la participation de personnes désignées par l’opposition.

De plus, l’absence de tout soutien logistique et assistance militaire décisive des Etats-Unis ou des pays occidentaux pour les révolutionnaires syriens est une autre preuve de ce manque de volonté pour tout changement radical en Syrie.

F.O. : Quel a été l’impact de l’intervention militaire de la Russie et son rôle dans le processus révolutionnaire syrien ? La Russie veut-elle uniquement éliminer Daesh ?

J.D. : L’engagement militaire de la Russie en Syrie a augmenté d'un cran le 30 septembre 2015, avec les premiers raids de son aviation. A la fin de l’été 2015, ce pays avait déjà considérablement élargi son implication militaire au côté du

15

Page 18: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

régime d'Assad, notamment en fournissant de l'entraînement et du soutien logistique à l’armée syrienne. Le 17 septembre 2015, cette armée a commencé à utiliser de nouveaux types d’armes aériennes et terrestres fournies par la Russie, et des photos satellites prises à la mi-septembre montrent le développement de deux installations militaires supplémentaires de forces russes en Syrie, à proximité de Lattaquié. [3]

La Russie joue un rôle fondamental dans la survie du régime d’Assad : elle est son principal fournisseur d’armes et, depuis janvier 2014, elle n’a fait qu’augmenter l’envoi de matériel militaire (munitions, armes, véhicules blindés, drones, bombes guidées, etc.).

La propagande autour de la « guerre contre le terrorisme », lancée par l’Etat russe, est un moyen de soutenir politiquement et militairement le régime d’Assad et d'écraser toute forme d’opposition en Syrie. Poutine voudrait que les différents acteurs internationaux impérialistes occidentaux considèrent Assad comme le seul acteur capable de les aider dans leur lutte contre le « terrorisme ».

Les objectifs des bombardements russes sont clairs : sauver et consolider la puissance militaire et politique du régime d'Assad. Le 28 septembre, à la veille du début des raids aériens, le président russe Vladimir Poutine a dit : « Il n’y a pas d’autre manière de mettre fin au conflit syrien qu’en renforçant les institutions de l’actuel gouvernement légitime, dans leur combat contre le terrorisme. » [4]

En d’autres termes, Poutine en appelle à écraser toutes les formes d’opposition au régime d’Assad, qu'elles soient démocratiques ou réactionnaires, dans le cadre de cette soi-disant « guerre contre le terrorisme ».

Tous les régimes autoritaires ont utilisé ce même genre de propagande pour réprimer les mouvements populaires ou des groupes d’opposition à leurs pouvoirs : Assad contre le mouvement populaire, depuis le premier jour de ce soulèvement ; le dictateur Sissi en Egypte pour réprimer notamment les Frères musulmans, mais aussi la gauche progressiste et les mouvements démocratiques (tels que les Socialistes révolutionnaires, le mouvement du 6 avril, etc.) ; la répression d’Erdogan contre le PKK et divers mouvements de gauche ; ou, pour donner un dernier exemple, l’usage de la force de la part des monarchies du Bahreïn et de l’Arabie saoudite contre les manifestants et les mouvements populaires qui s’opposaient à leurs régimes dictatoriaux.

Selon le Centre de documentations des violations (VDC) en Syrie, depuis le début des opérations militaires russes, le 30 septembre 2015, 80 % à 90 % des frappes russes ne visaient pas des zones contrôlées par l’EI, tandis que plus de 520 civils ont été tués par l’aviation russe et environ 100 000 personnes ont dû quitter leurs régions du fait des bombardements russes, qui auraient également détruit une dizaine d’hôpitaux, des usines à pains, des centres d’eaux potables, des marchés populaires, etc. [5]

Après les attentats de Paris, Moscou a ostensiblement visé davantage les djihadistes, mais elle continue à frapper des groupes de l’ASL et des civils. Par exemple, le 28 novembre 2015, l’aviation militaire russe a bombardé dans la province d’Idlib un dispensaire de soins contenant une boulangerie qui produisait plus de 130 000 kg de pain par mois et un centre d’eau potable qui approvisionnait environ 50 000 personnes. De nombreux quartiers populaires à Alep et dans la campagne autour d'Alep et d'Idlib ont été la cible des bombardements russes.

16

Page 19: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

F.O. : Et l’intervention militaire française aujourd’hui en Syrie ? Comment l’analyses-tu ?

J.D. : La France a intensifié ses frappes depuis les attentats du 13 novembre et mobilise dorénavant 3 500 militaires, déployant en Méditerranée orientale son porte-avions Charles-de-Gaulle qui triple depuis le 23 novembre ses capacités d’action. [6]

Les premières frappes de l’aviation militaire française en Syrie contre l’EI eurent lieu avant les attentats de Paris, en septembre 2015, près de la ville de Deir Zor. Les autorités françaises justifiaient ces bombardements en disant qu'ils ciblaient « les sanctuaires de Daesh où sont formés ceux qui s’en prennent à la France », et en prétextant la « légitime défense ». [7] Après le 27 septembre, quatre autres séries de frappes eurent lieu en Syrie contre l’EI, dans le cadre de l’opération « Chammal ». Cette opération, constituée en Irak depuis septembre 2014 à la demande du gouvernement de Bagdad, dans le cadre de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, s'est élargie en septembre 2015 à la Syrie, où elle a jusqu’ici refusé toute collaboration avec le régime de Bachar el-Assad. Elle rassemble une soixantaine de pays, dont le Royaume-Uni, la France, les voisins arabes de la Syrie et la Turquie. Elle a exclu d’intervenir directement au sol, mais elle a envoyé des soldats pour former les troupes irakiennes et kurdes, et des forces spéciales. Moins d’une douzaine de ses pays membres effectuent des raids aériens (quelque 8 300 depuis un an, assurés à plus de 80 % par les Etats-Unis). [8]

Depuis les attentats, la France a appelé les autres Etats occidentaux à la rejoindre dans sa « guerre contre l’EI ». La Grande Bretagne a rejoint la campagne après le vote du 2 décembre au Parlement, en faveur de frappes aériennes en Syrie contre l’EI. Et ses avions ont réalisé leurs premières frappes aériennes en Syrie contre des installations pétrolières de l’EI, à peine quelques heures après ce vote.

Le parlement allemand, le Bundestag, a suivi le 4 décembre, en votant en faveur du projet d’Angela Merkel d’autoriser le déploiement d’un maximum de 1200 soldats – ce qui en ferait la plus grande mission de la Bundeswehr à l’étranger –, la participation de six avions Tornado à des missions de reconnaissance en Syrie et l’engagement d'une frégate pour accompagner le porte-avions français Charles-de-Gaulle.

Six pays (les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie et la Jordanie) interviennent aujourd’hui en Irak et en Syrie. Le Danemark et les Pays-Bas n’interviennent qu’en Irak. D’autres Etats (la Turquie, l'Arabie saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis), à l’inverse, n’effectuent des frappes qu’en Syrie. [9] En ce qui concerne « l'effort » étatsunien : Washington, dont le porte-avions Harry Truman est attendu en Méditerranée, dispose de 3500 soldats en Irak, auxquels vont s’ajouter des forces spéciales (environ 200 hommes en Irak et un renforcement non chiffré des 50 déjà déployés en Syrie).

En même temps, la France a aussi appelé à davantage de collaborations avec la Russie, qui avait déclaré après les opérations terroristes à Paris que les crimes du 13 novembre confirmaient la justesse de sa politique en Syrie. En plus, le 26 novembre 2015, les gouvernements français et russes ont annoncé leur décision de « coordonner » leurs frappes en Syrie contre Daesh, notamment pour viser le transport de produits pétroliers. La contrebande pétrolière représente l’une des principales sources de financement de Daesh, qui en tire, selon des estimations, 1,5 million de dollars de revenus par jour. [10] La France et la Russie étaient également d’accord pour intensifier leurs échanges d’informations, pour que les

17

Page 20: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

frappes ne visent pas ceux « qui luttent contre Daesh », en référence aux groupes de l’Armée Syrienne Libre (ASL) qui combattent le régime syrien et l’EI.

F.O. Il y a actuellement un débat intense, de la LIT et d’autres organisations de la gauche révolutionnaire, avec une partie de la gauche mondiale qui semble de plus en plus convaincue qu’il n’y a plus rien à défendre dans le processus révolutionnaire syrien, étant donnée l’intervention de l’impérialisme étatsunien du côté des rebelles. Cette position affirme que « malheureusement » il n’y a rien à faire ou à espérer en Syrie aujourd’hui, puisque les rebelles sont directement financés et contrôlés par les impérialistes américains ou par les islamistes radicaux. Alors, quel rôle veut jouer l’impérialisme américain en particulier dans la région et quelle est la réalité sur le terrain ?

J.D. : Tout d’abord une précision : il y a eu une absence totale d’assistance militaire conséquente aux révolutionnaires syriens de la part des Etats-Unis ou d’autres puissances occidentales, contrairement à la propagande de tout bord. Le Wall Street Journal a publié un article en janvier 2015 sur cette soi-disant aide de la CIA qui disait notamment :    « Certaines livraisons d’armes étaient si petites que les commandants ont dû rationner les munitions. Un des commandants de confiance des Etats Unis a obtenu l’équivalent de 16 balles par mois par combattant. Les chefs rebelles devaient remettre les vieux lanceurs de missiles antichars pour en obtenir des nouveaux-et n’ont pas pu obtenir des obus pour les tanks capturés. Quand ils ont demandé, l’été dernier, des munitions pour combattre des soldats liés à Al-Qaïda, les Etats-Unis ont dit non. » [11]

Le plan de Barack Obama, qui a été approuvé par le Congrès américain avec un budget de 500 millions de dollars pour armer et équiper cinq à dix mille rebelles syriens, mais qui n’a jamais été mis en œuvre, ne visait pas à renverser le régime d'Assad, comme nous pouvons le lire dans le texte de la résolution du 19 décembre 2014 : « Le secrétaire à la Défense est autorisé, en coordination avec le Secrétaire d’Etat, à fournir une assistance, y compris l'entraînement, des équipements et des approvisionnements, à des éléments de l’opposition syrienne et d’autres groupes syriens sélectionnés de manière appropriée pour les objectifs suivants  : 1) Défendre le peuple syrien contre les attaques de l’Etat Islamique et sécuriser les territoires contrôlés par l’opposition syrienne ; 2) Protéger les Etats-Unis, ses amis et alliés et le peuple syrien contre les menaces posées par des terroristes en Syrie, 3) Promouvoir les conditions d’un règlement négocié pour mettre fin au conflit en Syrie. » [12]

Ce programme fut un échec et a maintenant été arrêté. Avant d’être terminé, le chef de la politique du Pentagone, Christine Wormuth, avait reconnu que « Le programme est beaucoup plus petit que ce que nous espérions », et qu’il y avait entre 100 et 120 combattants en cours de formation, tout en ajoutant qu’ils recevaient une formation catastrophique. Un général étatsunien en est même venu à déclarer devant le Congrès que les Etats-Unis avaient formé avec succès seulement « quatre ou cinq » soldats de l’opposition. [13]

Le chef du groupe rebelle syrien Division 30, entraîné par les Etats Unis, a d’ailleurs démissionné de son poste et s’est retiré du programme le 19 septembre 2015. Il a notamment parlé de problèmes comme « l’absence d’un nombre suffisant de recrues » et « le manque de sérieux dans la mise en œuvre du projet pour établir la Division 30 ».. [14] L’autre obstacle rencontré par les Etats-Unis en Syrie a été, et est toujours, celui de constituer des groupes armés fidèles à leurs intérêts, à cause de la réalité sur le terrain. Ceci est dû à la décision d’une grande

18

Page 21: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

majorité des groupes de l’opposition, de ne coopérer avec Washington qu’à la condition de pouvoir maintenir leur indépendance et leur autonomie, et d'avoir dans cette collaboration un plan clair pour le renversement du régime d'Assad.

Après leur échec dans la formation de bataillons de l’ASL avec comme but exclusif le combat contre Daesh (étant exclu le renversement d'Assad), les Etats Unis ont changé de stratégie et ont décidé de soutenir militairement et politiquement les Forces Démocratiques Syriennes (FDS). Ces forces, qui ont été créées en octobre 2015 pour fournir une couverture juridique et politique à un soutien militaire américain au PKK en Syrie, ont pour but principal de combattre Daesh. [15] Les FDS sont dominées par les YPG (le bras armé du PYD, le Parti de l’Union Démocratique, branche syrienne du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan). [16] Les autres groupes (des groupes kurdes, syriaques et de l’ASL, comme l’armée des révolutionnaires « Jaysh al-thuwar ») n'y jouent qu’un rôle auxiliaire. Les Etats Unis espèrent d’ailleurs que d’autres groupes de l’ASL rejoindront le FDS. Cependant, la politique du PYD – notamment son attitude de non-conflit avec le régime d'Assad, et de soutien à l’intervention russe en Syrie – et les exactions commises dans certaines régions contre des civils arabes, empêchent pout l’instant qu’un lien de confiance s’établisse entre ces forces et les groupes révolutionnaires populaires syriens.

Cela ne veut pas dire qu’Assad et le PYD soient des alliés, pas du tout, mais plutôt que le PYD est engagé dans une collaboration tactique avec certains acteurs du régime en fonction d’une multiplicité d’éléments (géographie, périodes, etc.). En même temps, la pression exercée sur le PYD et les forces kurdes les a menés à collaborer de façon systématique (et non pas ponctuelle) avec la Russie pour faire face à Daesh. Le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a déclaré le 23 décembre 2015 : « Moscou est disposé à soutenir les forces kurdes qui combattent l'EI en Syrie, à condition que cela soit fait en coordination avec le gouvernement syrien. » Le PYD se trouve donc soumis à des pressions contradictoires, de la part des Etats-Unis aussi bien que de la Russie, puisque ces deux pays lui offrent un soutien politique.

Mais les choses pourraient changer vite, puisqu’il y a eu un rapprochement entre les FDS et les forces de l'ASL après l’accord entre le Centre d’opérations de Mare et l’Armée al-Thuwar, dans la campagne au nord d’Alep, [17] alors que les tensions et les affrontements augmentent entre les forces du régime et le YPG dans les villes de Qamichli et Hassaka. [18] Le 23 décembre 2015, les hélicoptères du régime ont lâché plusieurs bombes à sous-munitions dans le quartier kurde de Sheikh Maqsoud à Alep, contrôlé par le YPG, causant de nombreuses victimes civiles. [19] Et au même moment un membre du parlement syrien proche du régime d’Assad, Sharif Shahada, déclarait lors de sa visite à Ebril que « ni le YPG ni le PKK n'avaient une place dans la (future) Syrie. » [20] La situation reste donc ouverte.

Des Etats de la région, par contre, comme la Turquie, l’Arabie Saoudite [21] et le Qatar, ont financé divers groupes – dans leur grande majorité des mouvements islamiques fondamentalistes – qui s’opposent aux objectifs de la révolution, pour leurs propres intérêts politiques. Le Qatar, par exemple, a fourni un soutien clé à Jabhat Al Nusra, alors que la Turquie a soutenu, directement ou de manière passive, divers mouvements islamiques fondamentalistes – comme la coalition Jaysh al-Fatah, mené par Jabhat al-Nusra et Ahrar Sham – et de l’EI. [22] Ce soutien est devenu clair dans le fait que la Turquie permet à ces groupes une totale liberté d’action, des deux côtés de la frontière au nord de la Syrie, pour une longue période, contre les groupes démocratiques de l’ASL, en particulier pour

19

Page 22: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

s’opposer à toute forme d’autonomie des régions kurdes sous la direction du PKK. L’Arabie Saoudite a de son côté massivement soutenu le groupe salafiste de l’Armée de l’Islam. Finalement, les réseaux privés des monarchies du Golf ont agi de leur côté et ont financé divers mouvements islamiques fondamentalistes – avec l’assentiment de leurs classes régnantes – dans la perspective de transformer cette révolution populaire en guerre confessionnelle ; sans oublier une propagande confessionnelle de divers médias liés à ces régimes.

F.O. Y a-t-il donc toujours aujourd’hui des acteurs, des courants ou des groupes dans le processus révolutionnaire syrien que la gauche, et en général les peuples et les travailleurs du monde entier, devraient soutenir ? 

J.D. Il faut tout d’abord rappeler que la révolution syrienne fait partie intégrante des processus révolutionnaires de la région et de ses dynamiques ; et toute tentative de les séparer doit être combattue. Les révolutionnaires en Syrie combattent comme les autres activistes dans les pays de la région pour la liberté et la dignité. Dans ce combat, ils font face à des régimes autoritaires et aux groupes islamistes et djihadistes qui s’opposent à leurs objectifs.

Les aspirations et les résistances populaires du peuple syrien en lutte sur le terrain sont complètement ignorées, et même combattues par des forces qui les dépassent. De nombreux individus et de petits groupes, bien que très affaiblis à cause des répressions successives, du régime et ensuite des forces fondamentalistes islamiques, forment des comités populaires locaux de coordination. Des poches d'espoir et de résistance existent encore en Syrie et sont composées de divers groupes et mouvements démocratiques opposés à toutes les formes de la contre-révolution, tant du régime d'Assad que des groupes fondamentalistes islamiques. Ce sont eux qui maintiennent encore les rêves du début de la révolution et de ses objectifs : la démocratie, la justice sociale, l'égalité et l’opposition au confessionnalisme. On peut les trouver, entre autres, à Alep, à Idlib, à Damas, et aux alentours de ces villes. Vous pouvez trouver de nombreux exemples sur mon blog. [23]

F.O. : Peux-tu nous citer quelques exemples ?

J.D. : Dans la petite ville de Burkmal, par exemple, à l’est de la ville de Deir Zor, occupée par l’EI, les interventions de résistance populaire des habitant n’ont cessé d’augmenter en novembre et décembre de 2015 contre les membres de Daesh, notamment avec des manifestations et en affichant au-dessus d’une école le drapeau de la révolution syrienne, honni par les djihadistes, tandis qu’en même temps un commando armé, lié a des groupes de la révolution, a assassiné quatre des combattants du groupe de l’EI dans la ville. Dans la ville de Minbej et ses environs, dans la campagne autour d'Alep, plusieurs manifestations ont eu lieu contre la répression des populations locales par l’EI, notamment contre des peines de morts infligées pour « apostasie » (abandon de croyances religieuses). C’est dans ce cadre qu’à plusieurs reprises des membres de l’EI ont été assassinés, dont un juge des tribunaux religieux instaurés par l’EI. Dans la ville de Raqqa et la province de Deir Zor, un commando de l’ASL, nommé « Linceul blanc », mène des attaques limitées de guérilla contre les unités militaires de l’EI. [24]

Je peux vous donner de nombreux exemples de résistance qui se succèdent depuis cet été dernier, quand des manifestations ont été organisées dans les zones rurales autour d'Alep, Damas et ailleurs, comme dans la ville d'Idlib. Dans cette ville, une manifestation a été organisée à la fin du mois de juin, après la prière du vendredi, pour exiger que la gestion de l'administration de la ville soit rendue à la population locale et que le quartier général militaire de la coalition Jaish al-Fatah

20

Page 23: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

(dominée par Jabhat al-Nusra et Ahrar) soit déplacé en dehors de la ville. [25] En juillet, des manifestants ont aussi organisé un rassemblement devant le bureau du conseil local de Douma, près de Damas, après que l’un des membres du conseil local avait été kidnappé. [26] En août et septembre, dans la petite ville d'al-Atarib (environs d’Alep), occupée par Jabhat al-Nusra (al-Qaida), il y a eu plusieurs manifestations contre les pratiques autoritaires de cette organisation. [27] Des milliers de personnes ont défilé le 7 août 2015 dans la ville de Saqba, dans la campagne autour de Damas, pour les objectifs de la révolution syrienne. Une semaine plus tard, un groupe de femmes ont manifesté pour la libération des prisonniers politiques détenus par l'organisation Armée de l'Islam, proche de l’Arabie Saoudite. [28] Ces protestations ont lieu depuis de nombreux mois.

Le 25 septembre 2015, les Kurdes, les Arabes, les Assyriens et les Turkmènes ont manifesté contre les crimes de l’EI et d'Assad dans le quartier de Sheikh Maqsoud à Alep. [29] Le 6 octobre 2015, une manifestation a été organisée par les révolutionnaires à Alep contre Jabhat Al-Nusra, exigeant que l’organisation quitte Alep. [30] Le 18 octobre 2015 a été organisée une campagne de solidarité des révolutionnaires à Douma avec le peuple palestinien et l'Intifada. [31] Le 10 novembre, 2015, des actions de désobéissance civile ont été organisées par des militants qui protestaient contre les enlèvements de révolutionnaires par Jabhat Al-Nusra dans les quartiers d'Alep. [32]

Dans la région de la ville de Sweida, habitée en grande majorité par des populations de confession druze, plusieurs manifestations ont eu lieu cet été pour dénoncer les politiques du régime et la précarité des services des institutions. [^33] Cet été, des manifestations et des protestations ont éclaté contre le régime après l’assassinat du Sheikh Wahid Bal’ous, un sheikh druze connu pour son opposition au régime d'Assad et aux forces islamiques fondamentalistes, victime d'une attaque à la voiture piégée dans la région Dahret al-Jabal où plusieurs personnes ont trouvé la mort. Des manifestations ont eu lieu à Sweida devant plusieurs bâtiments officiels de l'Etat, démontant une statue de l’ancien dictateur Hafez el-Assad. Sheikh Wahid Bal’ous était une figure populaire au sein des populations de confession druze et menait le mouvement des « Sheikhs de la dignité », un mouvement qui luttait pour la protection des druzes dans la province et qui combattait aussi l’Etat Islamique et Jabhat Al-Nusra. Quelque jours avant la mort de Sheikh Wahid Bal’ous, les habitants de Sweida avaient manifesté pour demander au régime davantage de services de bases, y compris l’eau et l’électricité, et Sheikh Wahid Bal’ous les avait soutenus.

Comme l’écrivaient des révolutionnaires syriens  : «  Les ennemis sont multiples… la révolution est une… et elle continue.  » Le mouvement populaire syrien n’a pas dit son dernier mot.

F.O. La crise des réfugiés a secoué lourdement l’Europe. Comment peut-on vraiment aider les réfugiés syriens ? Quelle est la limite du discours « humanitariste » qui commence à s’installer comme hégémonique ?

J.D. On peut vraiment aider les réfugiés syriens, tout d’abord en luttant contre nos propres bourgeoisies. Il ne faut pas oublier, en effet, le rôle des Etats occidentaux impérialistes dans la situation actuelle. Les politiques racistes et sécuritaires de l’Union Européenne (UE) en matière de migration sont également responsables des drames quotidiens des réfugiés en route, par terre et par mer, vers l’Europe. La politique de fermeture des frontières pousse des centaines de milliers de personnes fuyant la guerre et la misère à utiliser des moyens illégaux et dangereux pour tenter de rejoindre les pays européens. Il faut noter que le peu de réfugiés qui

21

Page 24: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

arrivent en Europe – l’immense majorité restant dans les pays hors de l’UE – doivent faire face à la violence de la police : le « Camp de la Jungle » à Calais, en France ; [34] la construction par la Hongrie d’une clôture de quatre mètres de haut sur les 175 kilomètres de sa frontière avec la Serbie ; les opérations navales menées par l’agence Frontex en mer Egée et en Méditerranée. Et que toutes ces politiques répressives ont fini en tragédies avec des milliers de personnes mortes noyées.

Il faut lutter contre la mise en pratique de « l’Europe forteresse » et se battre pour l’ouverture des frontières. De même, il faut se battre pour des conditions de vie meilleures pour les réfugiés (droit au logement, au travail, etc.) et de manière générale pour les classes populaires.

En même temps, il faut combattre la propagande raciste et islamophobe, en particulier de l’extrême droite européenne, qui n’a cessé de caractériser tous les réfugiés syriens et d’autres nationalités comme des « terroristes en puissances ». C’est le cas de Nigel Farage, leader du Parti de l’Indépendance du Royaume-Uni (UKIP), qui a averti que ceux qui fuient était probablement des extrémistes de l’Etat Islamique ou d’autres groupes djihadistes « qui posent une menace directe à notre civilisation ». [35] Ces dirigeants ne sont pas différents dans leur propagande que le dictateur Assad qui a écrit sur twitter en septembre 2015 : « Le terrorisme ne s’arrêtera pas là, il s’exportera à travers l’immigration illégale vers l’Europe ». [36] Quand l’extrême droite ne caractérise pas les migrants comme des terroristes, elle les accuse de menacer les « racines chrétiennes » de l’Europe, comme l’a déclaré le Premier ministre hongrois Viktor Orba, face à l’afflux massif de migrants. [37] Finalement, la cheffe du mouvement fasciste du Front National, Marine Le Pen, qui assume et reproduit tout cette politique raciste, a de son côté appelé, après les attentats, à «  l’arrêt immédiat de tout accueil des migrants » et au rétablissement des frontières nationales, ce qui équivaut dans les faits à une fermeture des frontières. [38]

Il faut néanmoins relever que, malgré leur situation difficile, un grand nombre de ces réfugiés se sont organisés pour résister et protester face aux attaques policières et sécuritaires des Etats de l’UE, que ce soit contre les persécutions à la gare ferroviaire de Budapest, dans les camps de Calais et en Grèce, et sur la frontière hongroise.

Il faut donc nous organiser et nous battre, aux côtés des sans-papiers et des réfugiés, pour imposer l’ouverture des frontières, la libre circulation et l’accueil digne des personnes qui fuient les guerres, les oppressions et la misère sociale. Il faut mettre un terme aux campagnes et aux politiques racistes, et surtout remettre en cause le système capitaliste à l’origine de ces catastrophes.

Or il ne suffit pas, comme je l’ai dit au début, de s’attaquer à l’extrême droite et de faire cause commune avec les réfugiés. Il faut également, ou même premièrement, condamner les politiques impérialistes et les guerres provoqués par ces Etats, qui sont responsables aussi des problèmes politiques et économiques qui sont à l’origine de la fuite des migrants et des réfugiés. Cela implique aussi la condamnation de la collaboration des Etats occidentaux avec les dictatures dans la région. La solution ne réside pas dans la collaboration avec des régimes autoritaires comme celui du régime d'Assad. La solution est, bien sûr, de s’opposer à l’EI et aux autres forces réactionnaires et djihadistes – dont Assad favorisa le développement au début du soulèvement populaire en Syrie, tout en tuant et réprimant les forces démocratiques et progressistes –, mais il faut également, et surtout, s'opposer au régime barbare, criminel et autoritaires du

22

Page 25: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

régime d'Assad. C’est ce régime, en effet, qui est la source de la catastrophe actuelle en Syrie et de l’exil de millions de syriens et syriennes. Ces deux acteurs barbares, l’EI et Assad, se nourrissent l’un l’autre et sont donc à abattre tous les deux, pour espérer pouvoir construire une société démocratique, laïque et sociale en Syrie, et aussi ailleurs.

Pour cela, il est essentiel de soutenir les mouvements populaires démocratiques et sociaux qui s’opposent à ses deux forces contre révolutionnaires et aux différentes formes d’impérialisme (Etats Unis et Russie) [39] et de sous-impérialisme régional (l'Iran, l'Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie) qui combattent contre les intérêts des peuples en lutte dans la région. Ces activistes existent toujours en Syrie, et luttent quotidiennement, malgré les difficultés, contre le régime Assad et les forces islamiques fondamentalistes. Prenons aussi, par exemple, le cas de l’Iraq, pays dans lequel l’EI trouve son origine. Un mouvement populaire s’y est développé, ces dernières semaines, qui remet en cause le régime de Bagdad soutenu par l’Iran. On pouvait, en effet, entendre dans ces manifestations des appels pour un Etat laïc et non confessionnel, contre la division entre populations sunnites et chiites, pour les droits des femmes et l’égalité, et avec une dénonciation claire des partis politiques confessionnels. Les manifestants accusaient le régime irakien confessionnel d’être aussi en partie responsable, par ces politiques, du développement de l’EI, car on voyait des pancartes sur lesquelles on pouvait notamment lire « le parlement et l’Etat Islamique (ou Daesh) sont les deux faces d’une même pièce », et « Daesh est né des entrailles de votre corruption ». [40]

C’est seulement dans ce cadre politique que l’on pourra sortir du cauchemar des dictatures et des fondamentalismes de tout genre, et surtout permettre à des millions de personnes d’avoir une vie digne et libre.

_____________________________

[1] http://www.un.org/press/en/2015/sc12171.doc.htm

[2] http://www.un.org/News/dh/infocus/Syria/FinalCommuniqueActionGroupforSyri a.pdf

[3] https://syriafreedomforever.wordpress.com/2015/10/04/understanding- russians-military-expansion-in-syria-or-consolidating-the-assad-regime/

[4] https://www.rt.com/news/316633-putin-interview-syrian-conflict/

[5] https://www.vdc-sy.info/index.php/en/

[6] http://www.europe1.fr/international/le-porte-avions-charles-de-gaulle-en- route-pour-la-syrie-2622493

[7] http://www.itele.fr/monde/video/la-france-a-realise-ses-premieres-frappes-en- syrie-138334

[8] http://www.lapresse.ca/international/dossiers/le-groupe-etat-islamique/ 201512/02/01-4927297-la-grande-bretagne-lance-ses-premieres-frappes-en-syrie.php

[9] Les trois monarchies du Golfe sont toutefois moins actives en Syrie depuis leur engagement en mars au Yémen pour soutenir les troupes du gouvernement de Hadi, allié de l’Arabie Saoudite, contre une opposition dominée par les réseaux militaires dirigées par l’ancien dictateur Ali Abdullah al-Saleh et la rébellion Houti, soutenue par l’Iran.

23

Page 26: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

[10] http://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/dessous-chiffres/2015/11/19/29006- 20151119ARTFIG00006-petrole-taxes-donations-trafics-d-humains-comment-daech-se-finance.php

[11] http://www.wsj.com/articles/covert-cia-mission-to-arm-syrian-rebels-goes- awry-1422329582

[12] https://www.congress.gov/bill/113th-congress/house-bill/3979/text

[13] http://www.theguardian.com/us-news/2015/sep/16/us-military-syrian-isis- fighters

En octobre 2015, même le sénateur républicain Lindsey Graham contesta la stratégie américaine en Syrie lors d’une audition avec le secrétaire à la Défense Ashton Carter et le président général de l'Etat-major Interarmées, Joseph Dunford. Après leur avoir poser des questions sur les possibilités de renverser le président syrien Bachar el-Assad, il a dit: « C'est une stratégie foireuse, au mieux. »

[14] http://www.businessinsider.com/division-30-syrian-rebel-chief-of-staff-quits- 2015-9

[15] Dans sa charte de fondation, le FDS appelle à combattre « Daech, ses organisations sœurs et le régime criminel Baathiste ». Voir http://syriadirect.org/news/15-opposition-groups-in-idlib-aleppo-join-sdf-forces/

[16] Sur le PKK et le contexte politique de la lutte du peuple kurde, voir l’article d’Alejandro Iturbe du 15 décembre 2015 sur le site de la LIT-QI. [Note de F.O.]

[17] http://www.syriahr.com/en/?p=40757 ; http://www.enabbaladi.org/archives/56977

[18] http://www.anapress.net/ar/articles/ /- مكتوبة- / 10939459828263 تقارير- - - - - - - -:” - القامشلي-“ في الوطني والدفاع الكردية الأسايش بين خلافات برس أنا / خاص

[19] http://aranews.net/2015/12/17152/

[20] http://rudaw.net/english/middleeast/syria/22122015

[21] L’Arabie Saoudite a également soutenu diverses forces de l’ASL, mais de manière moins importante.

[22] http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/middleeast/qatar/11110931/ How-Qatar-is-funding-the-rise-of-Islamist-extremists.html

http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/syria-crisis-turkey-and-saudi-arabia-shock-western-countries-by-supporting-anti-assad-jihadists-10242747.html

[23] https://syriafreedomforever.wordpress.com/

[24] https://syriafreedomforever.wordpress.com/2015/12/10/the-syrian- peoplemartyr-of-the-rivalries-and-agreement-of-imperialist-powers/

[25] https://syriafreedomforever.wordpress.com/2015/06/26/demonstration-in-the- city-of-idlib-demanding-the-handing-over-of-the-citys-administration-to-its-people- - - ا- مدينة في / مظاهرة

[26] https://syriafreedomforever.wordpress.com/2015/07/25/ - احتجاجة- وقفة- - تنديدا- المحلي دوما / لمجلس

[27] https://syriafreedomforever.wordpress.com/2015/09/05/demonstration-in-the- city-of-al-atarib-against-jabhat-al-nusra- - - - ض- الأتارب مدينة في / مظاهرة

24

Page 27: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

https://syriafreedomforever.wordpress.com/2015/08/14/ - - مدينة- في مظاهرة- - الغرب- حلب ريف / الأتارب،

[28] https://syriafreedomforever.wordpress.com/2015/06/28/ - - دمشق- ريف مسرابا- - ب- طالبت نسائية / مظاهرة

[29] https://syriafreedomforever.wordpress.com/2015/09/25/kurds%E2%80%AC- %E2%80%AA%E2%80%8Earabs%E2%80%AC-%E2%80%AA%E2%80%8Eassyrians%E2%80%AC-%E2%80%AAturkmen%E2%80%AC-march-against-isis-and-assad-crimes-in-neighbourhood-sheikh-maqsoud-%E2%80%AAale/

[30] https://syriafreedomforever.wordpress.com/2015/10/06/ - - جبهة- ضد مظاهرة- حلب- في /demonstration-against-jabhat-al-nusra-in-aleppo-6102- النصرة

[31] https://syriafreedomforever.wordpress.com/2015/10/18/ - - في- نشطاء من - حملة%E2%80%AB دوما %E2%80%AB- - الش- مع ً / تضامنا

[32] https://syriafreedomforever.wordpress.com/2015/11/19/ - - في- مدني عصيان- - - ال- حالات على ً احتجاجا / حلب

[33] https://syriafreedomforever.wordpress.com/2015/09/08/ - - في- جديدة مظاهرة- بأسقاط- تطالب / السويداء

[34] Le « Camp de la Jungle » à Calais est le surnom donné au campemment improvisé de migrants près de Calais, au nord de la France, où les migrants, la plupart des réfugiés et des demandeurs d’asile, s’installent pour se préparer pour entrer dans le Roryaume Uni cachés dans les ferris, les voitures, les trains ou les camions. Ce terrain, un ancien lieu de décharge d’ordures, est aujourd’hui occupé par 6000 personnes (la population qui était de quelques centaines en 2012 ayant explosé depuis l’été 2015). Ils viennent de l’Irak, la Syrie et l’Iran, manquent de conditions sanitaires, et ont le supermarché le plus proche à 2 km. Voir

http://www.theguardian.com/world/2015/nov/03/refugees-horror-calais-jungle-refugee-camp-feel-like-dying-slowly

[35] http://www.huffingtonpost.co.uk/2015/04/29/nigel-farage-islamic-state- immigration-general-election-2015_n_7168312.html

[36] https://twitter.com/presidency_sy/status/346700451087015937

[37] http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/09/03/97001- 20150903FILWWW00063-les-refugies-menacent-les-racines-chretiennes-de-l-europe-orban.php

[38] http://www.leparisien.fr/flash-actualite-politique/attentats-marine-le-pen- demande-l-arret-immediat-de-tout-accueil-de-migrants-16-11-2015-5281805.php

[39] L'existence d'un « impérialisme russe » est défendue par Joseph Daher, contre d'autres opinions dans la gauche, dans un article de septembre 2014 sur son blog, « Comprendre l’impérialisme comme un système ». Pour la LIT-QI, la Russie est plutôt un pays semi-colonial soumis à l'impérialisme européen. Voir, par exemple, sur le site de la LIT-QI, l'article de 2013, « Vladimir Putin y la última etapa de colonización de Rusia ». [Note de F.O.]

[40] https://syriafreedomforever.wordpress.com/2015/08/18/iraq-winds-of-hope/

https://syriafreedomforever.wordpress.com/2015/08/09/slogans-chanted-by-protesters-on-tahrir-square-in-baghdad - - - - مدينة- في التحرير في / شعارات

25

Page 28: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Des armes pour les kurdes de Kobané !30 octobre 2014

La terreur de l’Etat Islamique (E.I.) trouve ses origines dans l’invasion impérialiste d’Irak. Parmi l’ample opposition qui lutte contre El-Assad en Syrie, l’E.I. fut appuyé financièrement, politiquement et au niveau logistique et par l’impérialisme, l’Etat Turc et les capitales du golfe Persique.

L’E.I. a d’abord utilisé son pouvoir pour attaquer l’opposition, en même temps qu’il consolidait son hégémonie militaire et politique, en profitant de la crise politique en Irak. Ils ont obtenu l’appui de la vieille garde armée et de civils bureaucrates ainsi que de la bourgeoisie sunnite, du régime Baath. L’E.I. contrôle l’Etat d’Ambar (Ramadi, Felluce), dans l’ouest de l’Irak, depuis plus d’un an. Il attaque maintenant des villes stratégiques : au Shengal, ils ont attaqué la région kurde d’Ezidi ; à Telafer, ils ont attaqué Turkmens ; ils tentent de s’approprier les biens des peuples de la région à travers des actions terroristes, des massacres et des viols.

L’E.I. essaye d’étendre son pouvoir vers la Syrie. La commune Kobané, de Roava, était une barrière stratégique pour eux mais représentait aussi l’espoir pour les gens de la région, de par sa constitution démocratique séculaire et son gouvernement autonome. L’E.I. a attaqué Kobané sur trois fronts pendant presque un mois, et les habitants se retrouvent aujourd’hui encerclés par l’E.I.

Les kurdes qui vivent en Turquie ont commencé à se déplacer aux abords de Kobané, à la recherche de solidarité. L’E.I. a alors commencé à attaquer le poste frontière de Mursitpinar, la seule partie de Kobané qui n’était pas assiégée. Le gouvernement turc de l’AKP (parti islamique) a nettoyé les villages autour de ce poste frontière. Cela a provoqué une grande colère contre le gouvernement de l’AKP, parce qu'il mettait en cause les « négociations de paix » et finissait par donner son appui ouvert à l’E.I. Aujourd’hui, les populations kurdes et tous les secteurs qui n’acceptent pas le massacre du peuple de Kobané descendent dans la rue en Turquie.

Le gouvernement turc attaque brutalement les mobilisations massives avec la police et l'armée. Et quand cela ne suffit pas, il mobilise des groupes de la droite nationaliste, racistes et ultra-islamiques, contre les masses.  Le massacre officiel, réalisé par des « groupes civils », a réveillé la colère de la population sans armes. L’accumulation de colère parmi les masses s’est clairement manifestée face aux provocations et aux tentatives de dispersion, indépendamment de la volonté de leurs dirigeants. Le gouvernement utilise le résultat de cette colère des masses (qui attaque les entreprises, les supermarchés, les institutions publiques), pour justifier un discours démagogique, ce qui restreint l’unité de la majorité des travailleurs avec les légitimes revendications du peuple kurde.

Leur solutionL’impérialisme essaye de maintenir la sécurité des zones pétrolières, de résoudre la crise de ses gouvernements marionnettes et de « débusquer » l‘E.I. par des attaques aériennes. Ces attaques aériennes ne visent pas réellement à en finir avec les massacres contre les peuples de la région. Pour mettre fin à ces massacres, Kobané a besoin d’armes lourdes et d’aide médicale et humanitaire. Cependant, l’attitude de l’impérialisme et des Etats de la région, Turquie en tête, est tout à fait hypocrite : un exemple clair est l’aide apportée aux forces du dirigeant kurde iraquien Birzani plutôt qu’au PYD (Parti de l'Union démocratique) et ses YPG

26

Page 29: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

(Unités de Protection populaire), la seule force en lutte à Kobané et dans toute la province de Rajova.

Les tentatives du gouvernement de l’AKP pour consolider une « zone tampon » ou une « zone sûre » à l’intérieur de la Syrie démontre son objectif de contrôler les secteurs de l’opposition syrienne et de détruire la révolution à Rojava, même par une invasion. Les démarches inutiles du gouvernement de l'AKP pour devenir « un pouvoir régional » ne peuvent que se terminer par davantage d’exploitation et de répression pour les personnes de notre région.

Un point très important est que la constitution démocratique et séculaire fut développée par les gens de Rojava. D’autre part, le manque de centralisation d’une opposition démocratique en Syrie a provoqué une résurgence des djihadistes et ouvert le chemin vers un compromis entre El-Assad et l’impérialisme.

Notre solutionPour mettre en échec les attaques combinées de l’impérialisme, du gouvernement de l’AKP et de l’E.I, les travailleurs doivent développer leurs propres solutions, en unité avec les luttes des peuples opprimés de notre région.

De ce point de vue, nous, membres du mouvement RED, nous condamnons les massacres et les cruautés dont souffre le peuple kurde. Il n’y aura de paix possible au Moyen-Orient qu’avec la défense inconditionnelle de la reconnaissance du droit d’autodétermination.

Aujourd’hui, à Kobané et dans toute la Turquie, la tâche centrale est la défense du peuple. Les travailleurs et le peuple opprimé de notre pays doivent organiser une résistance commune contre le régime réactionnaire et les bandes fascistes.

Le gouvernement de l’AKP devrait immédiatement établir un corridor vers Kobané pour permettre le passage d’armes lourdes et de l’aide médicale et humanitaire, pour que le peuple puisse se défendre des attaques de l’E.I.

Nous n’avons pas besoin d’une intervention militaire de l’impérialisme et de la Turquie, mise en œuvre sous le prétexte « d’aider les gens de Kobané ». Il y a suffisamment de combattants à Kobané. Ce qu’il leur faut, ce sont des armes. Des armes pour Kobané !

Non au couvre-feu et à l’état d’urgence, utilisé par le gouvernement comme un outil pour détruire la mobilisation des masses !

_________________________

* La section de la LIT-QI en Turquie. Voir http://www.litci.org/index.php/mundo/europa/turquia

27

Page 30: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

La révolution fait face ouvertement aux djihadistes17 janvier 2014 - Juan Parodi

Depuis des mois, le rejet du dénommé Etat islamique de l'Irak et de la Syrie (EIIL), le principal groupe djihadiste, ne cesse d'augmenter. Ce groupe, dont le principal soutien financier et de combattants se trouve à l'étranger, s'est consolidé dans les zones précédemment libérées de la dictature.

L’EIIL a essayé d'y imposer une vision fanatique de l'islam, avec des sanctions sévères pour ceux qui ne respectent pas toutes ses règles. Il est également responsable de l'assassinat de miliciens et d'activistes de la Révolution, ainsi que de l'enlèvement d'étrangers solidaires, tels que les journalistes Javier Espinosa et Ricardo García.

La population a mené de nombreuses protestations contre ce groupe et les manifestations se sont finalement étendues à tout le pays. Il faut noter que les bombardements d'Assad ne touchent jamais les installations de l'EIIL. Récemment, les milices rebelles, en particulier celles liées à l'Armée syrienne libre et même d'autres islamistes, ont déclenché une guerre ouverte contre l'EIIL. Les milices kurdes ont combattu les djihadistes depuis leur apparition. Jusqu'à présent, les djihadistes ont été chassés de beaucoup de leurs sièges les plus importants, après avoir subi de lourdes défaites dans les provinces d'Alep, d'Idlib, de Hama et de Raqqa.

Ce sont des nouvelles encourageantes pour la Révolution. Les Syriens n'ont pas versé tant de sang pour avoir une autre dictature ; la consolidation d'EIIL dans les zones libres était en train de rendre la lutte inutile et d'affaiblir la révolution. Le chemin de la victoire passe nécessairement par la mise en place d'une nouvelle Syrie, avec des libertés démocratiques (également pour les minorités religieuses, ethniques et nationales) et l'expropriation de la richesse et des forces productives de la bourgeoisie – la nationale et l'impérialiste, enrichies sous le parapluie de la dictature – afin de les rendre disponibles pour améliorer la vie des travailleurs et du peuple. La défense de ce programme est la meilleure arme des rebelles. C'est ce qui fera que tous les miliciens et activistes se battent avec toute leur capacité, et c'est ce qui peut même faire changer de camp les soldats d'Assad.

En ce sens, la guerre contre l'EIIL est une avancée. Il faut maintenant que les dirigeants des différentes factions des rebelles aient la même clarté concernant les

28

Page 31: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

gouvernements impérialistes du monde ; et qu'elles dénoncent le Sommet de Genève II que ceux-ci préparent pour essayer de négocier avec le régime Assad et de maintenir ainsi l'essentiel de ce régime, le groupe le plus sanguinaire de toute l'histoire de la Syrie.

Bombardements et faminePendant ce temps, la dictature continue à essayer de mettre à genoux la résistance du peuple syrien. Au cours des dernières semaines, un nouveau type de bombardement s'est généralisé. On jette maintenant jour après jour des barils explosifs à partir d'hélicoptères. Faute d'armes, les Syriens ne peuvent que regarder leur vol et le lancement de leurs charges mortelles. Chaque semaine, des centaines de personnes, des familles entières meurent dans les décombres et les explosions. Dans les zones assiégées, comme la zone libérée de Damas, qui comprend le quartier palestinien de Yarmouk, le blocus continue. Au fil des jours, la situation devient de plus en plus difficile et la famine augmente les décès.

Bachar met le pétrole syrien en pâture au pillageLa dictature syrienne vient de brader l'exploitation du pétrole syrien à la Russie pour une période de 25 ans. C'est la première fois qu'un pays étranger obtient une licence de ce type de la Syrie. Ceux qui défendent Assad comme étant « anti-impérialiste » doivent peut-être expliquer maintenant si c'est vrai que Poutine et la Russie ne sont pas capitalistes. Les Etats-Unis supervisent l'opération suite à l'accord récemment signé entre les deux puissances concernant la Syrie. Cet accord propose la Conférence de Genève II pour stabiliser la situation avec une sorte de réforme cosmétique du régime. Et s'il y avait encore un doute quelconque sur le rôle du gouvernement étasunien, il suffit d'observer que, suite à l'occupation yankee et de l'OTAN en Irak, il y a déjà pas mal de milices irakiennes liées au gouvernement Maliki, qui combattent pour Bachar sur le sol syrien

29

Page 32: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Unité entre les Kurdes de Kobané et la résistance syrienne en lutte contre l'Etat islamique

19 octobre 2014

Aux médias et au grand public

Cela fait maintenant 33 jours que la ville de Kobané lutte contre le terrorisme, et les jours qui passent se remplissent de mouvements de résistance, de sauvetages et d'énormes sacrifices dans la lutte contre les attaques terroristes de l'EIIL et les malheurs qui les accompagnent. Pour cette organisation, qui est devenue la plus grande menace à la paix et la stabilité dans le monde, la bataille de Kobané représente un tournant historique. Nous sommes convaincus que l'issue de cette bataille déterminera l'avenir de la Syrie et de la lutte démocratique pour la liberté et la paix. Nous voulons que l'on sache que la victoire de Kobané est une victoire pour toute la Syrie, et sera également une défaite majeure pour l'EIIL et le terrorisme.

   La résistance menée par les Unités de Protection populaire kurdes (YPG) et les brigades de l'Armée syrienne libre (ASL) est un gage pour vaincre le terrorisme de l'EIIL dans la région. La lutte contre le terrorisme et la construction d'une Syrie libre et démocratique fut la base de l'accord que nous avons signé avec les brigades de l'ASL. Comme nous pouvons le voir, le succès de la révolution dépend de l'évolution de cette relation entre toutes les brigades et forces du bien dans ce pays.

En tant que YPG, nous affirmons que nous allons assumer toutes nos responsabilités concernant le Kurdistan syrien (Rojava) et la Syrie en général. Nous allons travailler pour renforcer le concept de véritable partenariat pour l'administration de ce pays, en conformité avec les aspirations du peuple syrien, avec toutes ses classes ethniques, religieuses et sociales.

En outre, il se confirme qu'il y a une coordination entre nous et les brigades importantes de l'ASL dans le nord d'Alep, Afrin, Kobané et Jazia. Actuellement, il y a des brigades et plusieurs bataillons de l'ASL qui luttent avec nous contre les terroristes de l'EIIL.

Commandement général des YPG

Le 19 octobre 2014

La LIT-QI, ayant reçu ce communiqué du Commandement général des YPG des Kurdes de Kobané concernant l'accord pour la lutte commune contre l'Etat islamique (EI), le considère comme très positif

et le reproduit ici, étant donné son importance pour la situation générale en Syrie

30

Page 33: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

NON aux bombardements impérialistes !Pour la défaite d'El-Assad et du « califat » islamique !

25 septembre 2014

Moins de deux semaines après l'avoir annoncé, le président Obama a ordonné le début des bombardements étasuniens sur le sol syrien, une extension de l'opération militaire qui a commencé en Irak au début du mois d'août.

Selon le Commandement central des Etats-Unis, l'attaque vise «  les combattants, les centres d'entraînement, les quartiers généraux, les installations de commandement et de contrôle, les entrepôts, les centres financiers, les camions de ravitaillement et les véhicules militaires » de l'Etat islamique (EI) et du groupe Khorasan.[1]

La Belgique complice !

Le 26 septembre dernier, le Parlement a voté l'envoi par la Belgique de six F16 en Irak, approuvant par-là le ralliement du pays à la coalition internationale formée autour des Etats-Unis.

Les seuls à avoir voté contre sont les deux élus du PTB.

Nous saluons cette opposition, car nous pensons, comme nous le disons dans la déclaration, que les Etats-Unis interviennent en Syrie et en Irak non pas pour faire avancer la révolution syrienne, mais au contraire pour y mettre un terme et reprendre le contrôle de la région dans une perspective coloniale, et non libératrice. Toutefois, nous ne soutenons pas leur proposition d'une intervention militaire basée sur un « partenariat régional soutenu par l'ONU » et nous partageons, en ce sens, la position de la LCR avancée dans sa déclaration sur le vote des élus du PTB.

La coalition dirigée par les Etats-Unis a déjà commencé, dans les faits, le rapprochement avec le gouvernement d'El-Assad. Et le fait de revendiquer un partenariat régional suppose d'en appeler à une prise en compte politique d'un gouvernement qui réprime son peuple en lutte à coup de bombes et de massacres depuis trois ans. L'ONU, pour sa part, n'a jamais défendu les peuples en lutte, mais contribue à maintenir « la paix », c'est-à-dire un « ordre » mondial en faveur des intérêts capitalistes.

Nous appelons le PTB et la LCR, et toutes les forces anti-impérialistes, à mobiliser et à faire descendre dans la rue cette opposition à l'intervention belge en Syrie et en Irak.

Il s'agit de combattre l'EI et le gouvernement d'El-Assad ; exigeons au gouvernement belge l'envoi d'armes produites à la FN d'Herstal aux milices qui les combattent sur le terrain !

Les attaques, apparemment menées à grande échelle, ont lieu dans le cadre d'une « coalition internationale » qui, selon la Maison Blanche, comprend plus de 40 pays à différents niveaux. A côté des avions de combat et des drones étasuniens, des appareils d'autres « nations alliées », comme l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes, la Jordanie, le Bahreïn et le Qatar, ont ainsi participé aux premiers

31

Page 34: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

raids.[2] Des porte-avions étasuniens soutiennent en mer le lancement de dizaines de missiles de croisière Tomahawk.[3]

L'Observatoire syrien pour les droits de l'homme (OSDH) a rapporté qu'il y a eu une vingtaine d'attaques étasuniennes dans les provinces syriennes d'Al Raqqa (le bastion principal de l'EI), de Deir ez-Zor, d'Al Hasakah et d'Alep, et qu'elles ont touché également des positions du Front Al Nusra, une filiale d'Al-Qaïda dans ce pays, dans la ville d'Abou Kamal, près de la frontière irakienne. Les avions de la « coalition » ont bombardé également, en plus des bases militaires, plus de dix raffineries qui, selon les experts, génèrent deux à trois millions de dollars par jour pour l'EI.

La même source a évalué partiellement le nombre de morts à au moins 70 militants de l'EI et 50 du Front Al Nusra. Ce comptage est toutefois encore incertain et le nombre pourrait être bien plus élevé.

Nous avons déjà expliqué qu'en tant que LIT-QI, nous rejetons catégoriquement cette agression impérialiste, non seulement contre la souveraineté syrienne, mais surtout contre la révolution populaire contre le régime génocidaire de Bachar El-Assad qui a lieu dans ce pays depuis 2011.

Nous réaffirmons que les véritables intentions d'Obama ne sont ni « humanitaires » ni « démocratiques ». L'impérialisme profite de la « justification » donnée par les atrocités commises par l'EI et amplement médiatisées, mais son principal objectif est bel et bien la reprise du contrôle sur l'ensemble de la région du Moyen-Orient. Ce n'est pas un hasard si, dans ce sens, tous ses efforts sont concentrés sur l'Irak et la Syrie. Le premier pays a été le théâtre d'une défaite militaire historique, lorsque les Etats-Unis ont dû se retirer sans gloire après une occupation directe de plus de huit ans. Le second est toujours le fer de lance de l'ensemble du processus révolutionnaire qui se poursuit, avec des inégalités, à travers toute la région.

Le régime syrien collabore directement avec les Etats-Unis et est devenu complice des bombardements impérialistes sur son propre pays, mettant la souveraineté syrienne aux enchères, en échange de sa permanence au pouvoir.

Cela montre, d'une part, l'hypocrisie des Etats-Unis, qui dénonçaient le dictateur syrien comme « assassin » et s'allient maintenant avec lui. D'autre part, les mensonges du régime d'El-Assad, qui essayait toujours de figurer comme « anti-impérialiste », sont mis à nu, et ce régime collabore maintenant avec l'impérialisme pour mettre fin à la révolution qui le menace.

El-Assad et l'impérialisme en étroite collaboration

Les Etats-Unis sont finalement intervenus sur place dans la guerre civile syrienne. Et là, cela se complique. Ils ne sont pas en mesure de mettre leurs propres « bottes sur le terrain ».[4] Et Obama est donc à la recherche de la formule pour « externaliser » le combat direct contre l'EI, car il est clair qu'il ne sera pas possible d'éliminer cet ennemi, ou n'importe quel autre, uniquement à partir de l'air.

Les limites de l'intervention sont telles que celle-ci ne va pas au-delà d'un « confinement » de l'EI. Quelle est l'infanterie qui occupera les territoires contrôlés actuellement par l'EI ? L'armée syrienne ? El-Assad est en train de concentrer ses troupes (très affaiblis par plus de trois ans de combats) pour reprendre le contrôle d'autres points importants, comme Alep et la capitale elle-même, Damas. L'armée régulière irakienne ? Il est très peu probable qu'une

32

Page 35: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

« invasion » irakienne en Syrie puisse se faire sans aiguiser au maximum toutes les tensions. Les troupes kurdes ? Celles-ci peinent à contenir l'EI sur leur propre territoire en Irak.

Selon la CIA, l'EI dispose de 31 000 soldats. L'OSDH les évalue à plus de 50 000. Et selon l'ONU, dans les rangs des « miliciens en noir », il y aurait 15 000 combattants étrangers de plus de 80 pays, dont deux à trois mille sont des Européens ou des Etasuniens.

La réalité est donc que les Etats-Unis sont engagés encore une fois dans un conflit armé à issue incertaine, à tel point que Barack Obama lui-même doit abandonner un peu les discours du genre de « celui qui menace l'Amérique ne trouvera pas refuge », et qu'il a dû admettre devant le Congrès de son pays qu'il est « impossible de connaître la durée de ces déploiements et opérations ».

L'impérialisme est confronté à des limitations politiques dans son propre pays et à la complexité de la scène politique au Moyen-Orient, ce qui fait qu'il avance comme un taureau dans un magasin de porcelaine, tissant des alliances qui le mettent mal à l'aise. La nécessité de soutenir l'offensive de l'armée irakienne contre l'EI, même lorsqu'elle s'avère être très faible, mène les Etats-Unis à défendre le gouvernement de ce pays et les place dans le même camp que celui de l'Iran et des milices chiites irakiennes, qui à leur tour se méfient de l'intervention de l'Arabie Saoudite et du Qatar dans le conflit ; et vice versa.

Dans le même temps, Obama a besoin de s'appuyer sur la force militaire « sur le terrain » du Kurdistan irakien, mais sans encourager les initiatives visant à l'indépendance de la nation kurde. Compliqué.

Et entre-temps, l'offensive aérienne actuelle contre la Syrie se fait sur la base d'un front commun entre les Etats-Unis et le régime syrien. Les frictions et les affrontements précédents limités, que la gauche stalinienne utilisait pour galvaniser le soutien au dictateur, se muent maintenant en unité. Tels sont les faits. Le tyran El-Assad est en train de permettre les bombardements étasuniens contre son propre pays.

El-Assad, très intéressé à être vu de nouveau comme un « acteur majeur » dans la « communauté internationale », offre depuis belle lurette ses « services » à l'impérialisme pour fournir « tout type d'effort international dans la lutte contre le terrorisme ».

A la fin du mois d'août, le ministre des Affaires étrangères de Damas, Walid Al Mouallem, a également déclaré que la Syrie était prête à « collaborer avec les pays de la région » et qu'elle permettrait des frappes aériennes sur le pays, sous la condition qu'une telle action soit « coordonnée avec son gouvernement ».

Cette « coordination » s'est avérée exacte. Quand les bombardements ont commencé, le ministre de la Réconciliation nationale du régime syrien, Ali Haidar, déclara que les attaques des Etats-Unis vont dans le bon sens. « En ce qui concerne les attaques en Syrie, je pense que ce qui s'est passé jusqu'à présent est un processus qui va dans la bonne direction, puisque le gouvernement syrien en est informé et qu'elles ne visent pas les installations militaires syriennes ni les civils. »[5] Il a également confirmé « que le gouvernement syrien avait été mis au courant et qu'il avait été assuré que les installations militaires syriennes ne seraient pas attaquées, ni les cibles civiles ».[6]

Ces faits de la réalité contredisent toute l'argumentation de la majorité de la gauche, en particulier celle liée au castro-chavisme, qui a toujours soutenu le tyran

33

Page 36: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

El-Assad, le présentant comme un prétendu « leader anti-impérialiste ». Les gouvernements cubain, vénézuélien, nicaraguayen et bolivien, ainsi que toutes les organisations castristes et « bolivariennes », que diront-ils maintenant face à cette alliance entre El-Assad et le gouvernement Obama pour bombarder le territoire syrien ? Les « alliés de l'impérialisme », qui sont-ils maintenant ?

Aucune confiance dans l'impérialisme !

Il est possible que, dans le contexte de plus de trois ans d'une lutte terrible et inégale soutenue héroïquement tant contre le pouvoir militaire du régime syrien que contre les bandes de l'EI, beaucoup de combattants rebelles antidictatoriaux voient les actuelles attaques étasuniennes comme une « aide » pour que « la révolution triomphe ». C'est d'ailleurs ce que disent les dirigeants du Conseil National syrien : « Cela nous rendra plus forts dans la lutte contre El-Assad. »[7]

Dans le cadre de notre total soutien à la lutte des rebelles syriens, nous affirmons qu'aucune intervention impérialiste n'aboutit, ni n'aboutira, à ce résultat.

Bien qu'Obama manifeste de manière rhétorique son « opposition » au régime syrien, son objectif, comme nous l'expliquons, n'est pas de renverser El-Assad. Au contraire, ils sont maintenant des alliés. Bien que le président étasunien affronte l’Etat islamique, qui est un autre ennemi de la révolution syrienne, son but est, en fin de compte, d'instaurer une dictature aussi sinistre que celle imposée par El-Assad ou par le « Califat » islamique : une dictature coloniale. L'impérialisme intervient toujours avec des critères coloniaux, dans le sens de prendre ou de renforcer le contrôle économique et politique des pays qu'il agresse. Il ne le fait jamais en faveur des peuples.

Si l'impérialisme avait voulu appuyer la révolution syrienne, il y a longtemps qu'il aurait fourni, sans condition, les armes lourdes et la technologie militaire dont les milices rebelles ont besoin pour affronter la dictature d'El-Assad et l'EI. Mais telle n'est pas son intention. Obama lui-même, répondant récemment aux critiques de son ancienne collaboratrice, Hilary Clinton, a rejeté l'idée d'armer massivement l'opposition syrienne : « Cette idée, selon laquelle nous aurions pu fournir des armes légères, voir sophistiquées, à une opposition fondamentalement composée par d'anciens médecins, des paysans, des pharmaciens et des gens de ce type (…), a toujours été inconcevable ». La position impérialiste est claire : il est inacceptable d'armer une révolution composée et appuyée par d'amples secteurs populaires.

En ce sens, l'actuelle proposition d'Obama, approuvée également par une courte majorité au Congrès étasunien – et qui consiste à armer près de cinq milles rebelles en Arabie saoudite, en y destinant 500 millions de dollars – serait, si elle se concrétise, un moyen extrêmement limité et soumis au contrôle des Etats-Unis.

Il est clair, à notre avis, que dans le cadre de la guerre civile, il est nécessaire et complètement juste que les rebelles acceptent les armes de n'importe quel gouvernement, même si ces dernières sont envoyées au compte-gouttes. Mais cela ne peut pas se traduire en une confiance politique.

Notre proposition est de maintenir l'indépendance politique et d'exiger un armement, pour toutes les brigades qui combattent le régime de Damas et le « Califat » islamique et qui comptent ensemble des dizaines de milliers de combattants. En outre, tout l'armement doit être sous le contrôle exclusif de ces bataillons, sans qu'il y ait la moindre espèce de conditions politiques.

34

Page 37: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Entourer la révolution syrienne de solidarité !

Vaincre la dictature d'El-Assad et les troupes du « Califat » islamique est une nécessité vitale pour la révolution syrienne.

Le clan Assad opprime le pays depuis plus de 40 ans et mène un génocide contre son propre peuple, en s’alliant aujourd'hui à l’impérialisme.

L'EI promeut, comme nous l'avons expliqué, une sinistre dictature théocratique sur un tiers de la Syrie et de l'Irak. Il s'agit d'un projet contre révolutionnaire en règle qui, à l'instar du régime syrien, se base sur l'écrasement physique de tout le mouvement ouvrier et de masses ; à commencer par les brigades antidictatoriales et les comités locaux qui luttent en Syrie contre la dictature d'El-Assad.

La propagande impérialiste tente de faire croire qu'il s'agit d'une lutte entre la « démocratie » et la « barbarie » de l'EI et de la dictature syrienne. Il est évident que le « Califat » islamique et El-Assad représentent la barbarie. Le mensonge consiste à dire que les Etats-Unis sont l'emblème de la « démocratie ». Car en matière de génocides et d'atrocités, personne ne surpasse les Etats-Unis au Moyen-Orient, où, depuis des décennies, ils animent des guerres et soumettent ces peuples au plus sévère des pillages.

Par conséquent, il est fondamental que toute la gauche et les organisations démocratiques rejettent les bombardements impérialistes en Irak et en Syrie, dans le cadre d'une large campagne anti-impérialiste qui dénonce cette nouvelle agression aux peuples du Moyen-Orient.

En même temps que nous rejetons les bombardements d'Obama, nous ne cessons pas, en tant que révolutionnaires, de combattre au côté des rebelles syriens et kurdes contre la dictature syrienne et contre la dictature théocratique de l'EI.

Du point de vue militaire, une solide unité entre combattants syriens et kurdes – qu'ils soient irakiens, turques, iraniens ou de la Syrie même – est fondamentale, en plus de la centralisation de toutes les milices antidictatoriales en un commandement unique et appuyé par le réseau des comités locaux.

Au cours des derniers jours, par exemple, entre 2000 et 4000 combattants kurdes turcs ont passé la frontière vers la Syrie pour s'unir aux Unités de Protection Populaire (YPG en kurde), qui défendent la ville kurde de Kobane (la troisième ville à majorité kurde en Syrie) des agressions de l'EI. Il y a aussi des cas de combattants kurdes irakiens qui sont allés en Syrie avec le même objectif. La lutte contre le « Califat » islamique unifie toute la nation kurde !

La brutale offensive du « Califat » contre les zones kurdes dans le nord-est de la Syrie a déplacé ces derniers jours plus de 140 000 Kurdes syriens vers la Turquie, à la recherche d'un refuge. Ils décrivent la mise à feu de leurs villages et les centaines d'assassinats de civils aux mains de l'EI. Les rebelles syriens et les combattants kurdes doivent unir leurs forces contre l'EI et la dictature d'El-Assad !

Pour cela, il est fondamental que les directions politiques et militaires de la résistance syrienne reconnaissent inconditionnellement le droit à l'autodétermination nationale de toute la nation kurde.

La campagne d'appui inconditionnel à la cause de la révolution syrienne doit plus que jamais être intensifiée, en exigeant de tous les gouvernements la rupture des relations commerciales et diplomatiques avec la dictature d'El-Assad, de même que l'envoi inconditionnel d'armes lourdes (avions de combat, blindés, artillerie antiaérienne), de médicaments et de n'importe quel type d'aide humanitaire aux combattants syriens et kurdes.

35

Page 38: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Dans le cadre de cette campagne, qui implique une large unité d'action (politique et militaire), les révolutionnaires continueront à combattre les directions patronales et traîtres en Syrie, en défendant un programme qui commence par la victoire militaire des rebelles et se développe jusqu'à la prise du pouvoir par la classe ouvrière et la construction du socialisme en Syrie et dans tout le Moyen-Orient.

Pour lutter pour ce programme, notre proposition continue d'être la construction d'un parti révolutionnaire et internationaliste.

Secrétariat international de la LIT-QI

le 25 septembre 2014

_________________________

[1] Une organisation affiliée à Al-Qaïda qui, selon la Maison Blanche, serait en train de préparer un attentat imminent en Europe ou aux Etats-Unis.

[2] L'Arabie saoudite et les Emirats disposent d'une armée de l'air moderne. L'Arabie saoudite a des chasseurs-bombardiers F15 étasuniens et des Eurofighters, et les Emirats ont des Mirages français et des F16 étasuniens.

[3] Les missiles Tomahawk ont une portée entre 1 600 et 1 800 km.

[4] Récemment, Obama a encore une fois promis, à une audience au siège du Commandement central à Tampa (Floride), que « les forces étasuniennes déployées en Irak n'ont pas – et n'auront pas – une mission de combat ».

[5] www.europapress.es/internacional/noticia-regimen-sirio-asegura-ataques-aereos-eeuu-van-buena-direccion-20140924153929.html

[6] Ibidem

[7] www.europapress.es/internacional/noticia-coalicion-nacional-siria-cree- bombardeos-les-haran-mas-fuertes-combatir-assad-20140923110836.html

36

Page 39: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Non aux plans impérialistes d'attaquer la Syrie !22 septembre 2014

Un mois après le début des frappes aériennes « précises et limitées » des Etats-Unis contre les positions de l’Etat islamique (EI, anciennement appelé l’Etat islamique d'Irak et du Levant), le président Obama a annoncé sa décision d'étendre non seulement les opérations militaires à davantage de localités dans le nord-ouest de l'Irak[1], mais aussi d'attaquer les zones contrôlées par EI en Syrie.

Au cours des 30 derniers jours, les USA ont mené 154 bombardements en Irak. Du point de vue militaire, cela a contribué à stopper la progression de l'EI au Kurdistan et à récupérer le barrage de Mossoul, à partir de l'action commune des troupes irakiennes et kurdes, le 18 août.

L'EI, comme on le sait, a répondu aux frappes aériennes étasuniennes et à l'offensive terrestre kurdo-irakienne en augmentant le nombre de crimes atroces contre les minorités ethniques et religieuses dans les territoires relevant de son auto-proclamé « califat » islamique.

Dans ce contexte, l'action « djihadiste » qui a eu le plus de retentissement médiatique international fut la décapitation publique des journalistes américains James Foley et Steve Sotloff aux mains d'un bourreau de nationalité apparemment britannique. Ces crimes ont aussi été utilisés par l'EI comme une « menace » pour Obama, ce qui a permis, dans la pratique, de faciliter, pour les gouvernements des grands pays capitalistes, la tâche de convaincre l'opinion publique « occidentale » sur la nécessité d'étendre les frappes aériennes au Syrie.

Autrement dit, l'EI, qui depuis longtemps agit en Syrie comme la « cinquième colonne » de la dictature, puisqu'il se consacre à combattre les rebelles et pas El-Assad, est maintenant devenu la « cinquième colonne » de l'impérialisme. Il ne fait aucun doute que nous sommes devant une créature contre-révolutionnaire en bonne et due forme.

Comme nous l'avons dit, à mainte occasion, la LIT-QI s'oppose aux actuelles frappes aériennes en Irak et rejette en même temps tout plan d'intervention militaire (quelle que soit sa forme) en Syrie.

Les discours « humanitaires » et « démocratiques » d'Obama sont insupportablement hypocrites, dans la mesure où ils émanent du chef d'une puissance impérialiste qui, depuis des décennies, pille tout le monde arabe et y promeut des génocides.

La « guerre contre le terrorisme », prônée par Obama et reprise par d'autres membres du gang des bandits impérialistes et de la bourgeoisie arabe fantoche, n'est rien d'autre qu'un écran de fumée pour cacher leur véritable intention de prendre le contrôle d'une région où, d'une part, ils ont subi une défaite militaire historique (Irak), et qui, d'autre part, dans le cas de la Syrie, est le fer de lance d'un processus continu de révolutions qui, avec des inégalités, se développe dans le Moyen-Orient.

L'impérialisme profite des atrocités de l'EI

Comme nous l'avons dit, l'impérialisme a renforcé sa cynique campagne « humanitaire » et « antiterroriste » à partir des atrocités commises par l'EI dans les territoires occupés en Irak et en Syrie (exécutions massives de civils, décapitations, crucifixions, mutilation génitale et vente de femmes comme

37

Page 40: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

esclaves sexuelles), et cette campagne est maintenant déployée dans de meilleures conditions.

Le président Obama, dont « l'inaction » fut critiquée par les faucons républicains et même par d'anciens collègues démocratiques comme l'ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton, a annoncé, à la veille du trentième anniversaire des attentats du 11 septembre, une offensive « pour des mois, et peut-être des années » contre l'EI, bien qu'en précisant que son plan « sera différent des guerres en Irak et en Afghanistan », en particulier parce qu'il « n'impliquera pas de troupes étasuniennes combattant sur un sol étranger ».

Selon Obama, l'opération militaire ne serait pas une « guerre », mais « une campagne antiterroriste, menée via un effort ferme et inlassable, pour déloger l'EI, partout où il y se trouve, en utilisant notre force aérienne et le soutien des forces associées au sol ». Elle consisterait à bombarder les positions de l'EI, « tandis que nous soutenons nos partenaires dans les lignes de front », a déclaré avec prudence le président étasunien.

Bien qu'Obama reste allergique à l'envoi de troupes au Moyen-Orient, il est clair qu'il y a un changement quantitatif. La dynamique des crimes et des provocations du « califat » islamique et l'intervention aérienne étasunienne elle-même poussent Obama à s'engager de plus en plus sur le terrain militaire, alors que, du point de vue politique, ce n'était pas son intention initiale.

Ce « tournant » vers une politique étrangère plus « agressive » est dû à un changement dans l'« opinion publique » américaine, très émue par l'assassinat des deux journalistes de ce pays, un fait que la presse et le gouvernement Obama ont su exploiter habilement.

Un sondage réalisé par le Washington Post et ABC News, par exemple, révèle que 90 % des Etasuniens croient que l'EI est une menace « grave » ; et 60 % estiment qu'elle est « très grave ». La même étude montre qu'après les vidéos avec les images de la mort de deux journalistes, 71 % en sont venus à soutenir les bombardements sur l'Irak et la Syrie.[2] Il y a trois semaines, ce chiffre était de 54 %, et peu avant encore, de 45 %.[3]

Obama, qui admettait il y a quelques semaines « n'avoir aucune stratégie » pour faire face à l'EI, profite maintenant de cette conjoncture favorable ; il a modifié son attitude et se montre maintenant plus déterminé à « affaiblir et finalement détruire » le « cancer » que représente le nouveau « califat ».

Cependant, cela ne signifie pas un changement qualitatif en ce qui concerne l'opinion du peuple étasunien sur l'intervention militaire de son pays dans n'importe quel conflit. Il s'agit plutôt d'un moment d'impact émotionnel profond. Le dénommé « syndrome de l'Irak », causé par la défaite de Bush dans la première décennie de ce siècle, n'a pas pris fin.

C'est la raison pour laquelle la tactique de l'impérialisme reste prudente, même si elle est plus « agressive ». Il ne vient à la tête d'aucun chef des grands pays impérialistes d'envoyer ses soldats combattre directement l'EI. Le plan est pour l'instant d'attaquer « par les airs » et de « renforcer » les troupes de pays « alliés ».

En même temps, le mot qui fit le plus d'écho dans le discours d'Obama fut le mot « coalition » : « L’Amérique va mener une large coalition pour réduire la menace terroriste », a-t-il annoncé devant les caméras.

Les Etats-Unis ne peuvent pas encore agir « pour leur compte » et ils travaillent à former une alliance internationale « la plus large possible », selon les mots de

38

Page 41: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

John Kerry, une alliance qui compte avec la couverture de l'OTAN et qui doit permettre de « stabiliser toute la région ». L'astuce sémantique utilisée par Obama pour cacher cette faiblesse politique était que « l'Amérique ne peut pas éliminer toutes les traces de mal dans le monde ».

Jusqu'à présent, les Etats-Unis ont été rejoints dans cette proposition par le Royaume-Uni, la France, l'Australie, le Canada, l'Allemagne, la Turquie, l'Italie, la Pologne et le Danemark. La dernière conférence de l'OTAN allait en ce sens, jusqu'à la formation d'une « force multinationale » avec une capacité opérationnelle et technologique capable d'intervenir dans « n'importe quel conflit ». Il s'agit, de toute évidence, d'une tentative de permettre de futures interventions militaires, sans en avoir l'air.

Au Moyen-Orient, cette « coalition internationale » orchestrée par Washington a été immédiatement soutenue par le nouveau cabinet irakien, maintenant dirigé par le Premier ministre Haider al Abadi, dont un des trois vice-présidents, le très controversé Nouri Al Maliki, est son bras droit. Après trois mois de crise intense, le Parlement vient d'approuver ce nouveau gouvernement irakien.

L'instabilité est cependant loin d'être terminée. Les Kurdes, qui ont finalement accepté de rejoindre le gouvernement central, ont donné à ce dernier un délai de trois mois pour répondre à leurs demandes d'exporter du pétrole sans passer Bagdad, d'augmenter leur part dans le budget national, et de réaliser un référendum pour accroître leur autonomie et définir leurs limites territoriales.[4]

La Ligue arabe a soutenu – en toute logique pour ses membres laquais de l'impérialisme – une résolution présentée par l'Irak, dans laquelle ils s'engagent « à coopérer et à se coordonner avec tous les efforts internationaux, régionaux et nationaux de la lutte contre l'Etat islamique et d'autres groupes terroristes ». La façon dont cela peut se mettre en pratique n'est pas claire, mais la déclaration peut servir de couverture si un pays décide de se joindre à une éventuelle action militaire.

Non aux bombardements impérialistes !

Pour la défaite d'El-Assad et du « califat » islamique !

Des armes pour les Kurdes irakiens et les rebelles syriens !

Comme nous l'avons dit dans d'autres occasions, la défaite de l'EI est une nécessité pour le peuple irakien et la révolution syrienne.

Le projet islamique de « califat », qui applique des mesures de terreur qui nous ramènent au Moyen Age, est tout à fait contre-révolutionnaire. C'est une dictature théocratique terrible, guidée par des intérêts pétroliers et dont la consolidation suppose l'écrasement physique du mouvement ouvrier et des masses, à commencer par la résistance armée et les comités locaux en Syrie, qui luttent héroïquement pour renverser le génocidaire Bachar El-Assad.

La lutte contre l'EI devient plus urgente, maintenant qu'il est prouvé que ce « parti-armée » s'est renforcé ces derniers mois. Les experts chiffrent ses forces à 50 000 soldats sur le sol syrien, dont 20 000 sont des étrangers (3 000 en provenance des pays européens ou des Etats-Unis). Ils occupent un tiers de l'Irak et contrôlent la quasi-totalité du nord de la Syrie, avec leurs bastions dans les villes pétrolières de Raqqa et Deir ez-Zor. A cela, il faut ajouter au moins 5 000 « djihadistes » de l'EI au Liban.

Cependant, malgré le besoin urgent de vaincre l'EI, il serait faux de croire que l'impérialisme étasunien est une alternative positive à ses hordes. Ce serait une

39

Page 42: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

profonde erreur de le croire, même s'ils s'affrontent militairement. D'ailleurs, en ce qui concerne les atrocités et les crimes contre l'humanité, les Etats-Unis sont les champions en Irak et au Moyen-Orient.

Nous devons donc dire NON à l'intervention impérialiste en Irak et en Syrie, en même temps que nous soutenons les combattants kurdes et syriens qui luttent contre les troupes du « califat » islamique, et que nous nous plaçons dans leur camp. Dans le cas de la Syrie, nous savons bien que les milices rebelles font également face à l'armée d'El-Assad, qui est militairement bien supérieure.

Toutes les forces démocratiques et de gauche doivent rejeter les bombes impérialistes et défendre la souveraineté de l'Irak et de la Syrie. En même temps, les révolutionnaires n'arrêteront pas un seul instant de combattre la sanglante dictature syrienne et les bandes sauvages de l'EI.

Il est inadmissible d'accepter une quelconque dictature coloniale, et c'est bien ce qui se cache vraiment derrière les discours « humanitaires » d'Obama. D'autre part, la dictature d'El-Assad ou la dictature religieuse promue par l'Etat islamique sont tout aussi inacceptables.

Il est impératif de redoubler les efforts pour renforcer la campagne internationale de solidarité avec la cause de la révolution syrienne, en appelant tous les gouvernements à rompre les relations diplomatiques et commerciales avec la dictature d'Assad et en envoyant des armes lourdes, des médicaments et tout type d'aide militaire et humanitaire au peuple syrien.

L'unité d'action la plus large (politique et militaire) est nécessaire pour détruire la dictature syrienne et mettre fin au prétendu « califat » islamique, à partir de la résistance armée révolutionnaire du peuple syrien, en étroite collaboration avec le peuple irakien, le peuple kurde et tous les autres peuples du Moyen-Orient.

Dans ce contexte, de large unité démocratique et anti-impérialiste, les révolutionnaires continueront à lutter contre les directions bourgeoisies et traîtres, dans la perspective de l'avancée de la révolution vers le pouvoir ouvrier et le socialisme dans toute la région.

Secrétariat international

Le 10 septembre 2014

_____________________

[1] Les Etats-Unis ont étendu leurs attaques aériennes – initialement autorisées pour « protéger les intérêts étasuniens » aux alentours d'Erbil, la capitale du Kurdistan iraquien, et de Bagdad, la capitale du pays – à des positions de l'EI autour du barrage de Hadiza, dans la province iraquienne d'Al Anbar.

[2] Un an auparavant, quand Obama a fait marche arrière dans ses menaces de bombarder la Syrie, 59 % de la population s'opposait à ce moyen.

[3] http ://internacional.elpais.com/internacional/2014/09/09/actualidad/1410287983_098978.html

[4] Rappelons qu'en juin, les Kurdes étendirent leur territoire jusqu'à occuper Kirkut, une ville où se trouve la seconde réserve de pétrole de l'Irak ; et ce, dans le cadre de la défense du Kurdistan face à l'avancée de l'EI et face à la débandade de l'armée régulière iraquienne

40

Page 43: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

La révolution fait face ouvertement aux djihadistes17 janvier 2014 Juan Parodi

Depuis des mois, le rejet du dénommé Etat islamique de l'Irak et de la Syrie (EIIL), le principal groupe djihadiste, ne cesse d'augmenter. Ce groupe, dont le principal soutien financier et de combattants se trouve à l'étranger, s'est consolidé dans les zones précédemment libérées de la dictature.

L’EIIL a essayé d'y imposer une vision fanatique de l'islam, avec des sanctions sévères pour ceux qui ne respectent pas toutes ses règles. Il est également responsable de l'assassinat de miliciens et d'activistes de la Révolution, ainsi que de l'enlèvement d'étrangers solidaires, tels que les journalistes Javier Espinosa et Ricardo García.

La population a mené de nombreuses protestations contre ce groupe et les manifestations se sont finalement étendues à tout le pays. Il faut noter que les bombardements d'Assad ne touchent jamais les installations de l'EIIL. Récemment, les milices rebelles, en particulier celles liées à l'Armée syrienne libre et même d'autres islamistes, ont déclenché une guerre ouverte contre l'EIIL. Les milices kurdes ont combattu les djihadistes depuis leur apparition. Jusqu'à présent, les djihadistes ont été chassés de beaucoup de leurs sièges les plus importants, après avoir subi de lourdes défaites dans les provinces d'Alep, d'Idlib, de Hama et de Raqqa.

Ce sont des nouvelles encourageantes pour la Révolution. Les Syriens n'ont pas versé tant de sang pour avoir une autre dictature ; la consolidation d'EIIL dans les zones libres était en train de rendre la lutte inutile et d'affaiblir la révolution. Le chemin de la victoire passe nécessairement par la mise en place d'une nouvelle Syrie, avec des libertés démocratiques (également pour les minorités religieuses, ethniques et nationales) et l'expropriation de la richesse et des forces productives de la bourgeoisie – la nationale et l'impérialiste, enrichies sous le parapluie de la dictature – afin de les rendre disponibles pour améliorer la vie des travailleurs et du peuple. La défense de ce programme est la meilleure arme des rebelles. C'est ce qui fera que tous les miliciens et activistes se battent avec toute leur capacité, et c'est ce qui peut même faire changer de camp les soldats d'Assad.

En ce sens, la guerre contre l'EIIL est une avancée. Il faut maintenant que les dirigeants des différentes factions des rebelles aient la même clarté concernant les gouvernements impérialistes du monde ; et qu'elles dénoncent le Sommet de Genève II que ceux-ci préparent pour essayer de négocier avec le régime Assad et de maintenir ainsi l'essentiel de ce régime, le groupe le plus sanguinaire de toute l'histoire de la Syrie.

Bombardements et famine

Pendant ce temps, la dictature continue à essayer de mettre à genoux la résistance du peuple syrien. Au cours des dernières semaines, un nouveau type de bombardement s'est généralisé. On jette maintenant jour après jour des barils explosifs à partir d'hélicoptères. Faute d'armes, les Syriens ne peuvent que regarder leur vol et le lancement de leurs charges mortelles. Chaque semaine, des centaines de personnes, des familles entières meurent dans les décombres et les explosions. Dans les zones assiégées, comme la zone libérée de Damas, qui comprend le quartier palestinien de Yarmouk, le blocus continue. Au fil des jours, la situation devient de plus en plus difficile et la famine augmente les décès.

41

Page 44: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Bachar met le pétrole syrien en pâture au pillage

La dictature syrienne vient de brader l'exploitation du pétrole syrien à la Russie pour une période de 25 ans. C'est la première fois qu'un pays étranger obtient une licence de ce type de la Syrie. Ceux qui défendent Assad comme étant « anti-impérialiste » doivent peut-être expliquer maintenant si c'est vrai que Poutine et la Russie ne sont pas capitalistes. Les Etats-Unis supervisent l'opération suite à l'accord récemment signé entre les deux puissances concernant la Syrie. Cet accord propose la Conférence de Genève II pour stabiliser la situation avec une sorte de réforme cosmétique du régime. Et s'il y avait encore un doute quelconque sur le rôle du gouvernement étasunien, il suffit d'observer que, suite à l'occupation yankee et de l'OTAN en Irak, il y a déjà pas mal de milices irakiennes liées au gouvernement Maliki, qui combattent pour Bachar sur le sol syrien

42

Page 45: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Faut-il exiger des armes à l’impérialisme ?14 octobre 2013 - Ronald León Nuñez

« Celui qui attend la révolution sociale ''pure'' ne la verra jamais. Ce serait un révolutionnaire de salon, qui ne comprend pas la vraie révolution. »

Lénine, 1916

En analysant la situation de la guerre civile en Syrie, c’est quasi un consensus que la dictature d’El Assad détient une supériorité militaire sur l’Armée syrienne libre (ASL) et l’ample treillis de milices qui luttent pour mettre en échec sa tyrannie.

Alors que le régime syrien massacre la population civile et attaque les positions avec des bombardements systématiques qui détruisent des villes entières, avec des tanks, des missiles, et même des armes chimiques, dans le camp rebelle, on manque du plus basique : des armes, des munitions, des aliments, des médecins et des médicaments, des masques à gaz, etc.

Dans cette situation dramatique, le plus critique est que l’immense majorité des milices rebelles manque de tout type d’armement lourd (artillerie antiaérienne, avions, missiles et systèmes de défense antimissile) ; ce qui est absolument essentiel, non seulement pour se défendre, mais aussi pour pouvoir sérieusement penser à une victoire militaire face à l’armée de la dictature.

Comme dans toute guerre, et d’autant plus dans ces conditions, le problème de l’armement devient vital, quant au fait de gagner ou de perdre la guerre ou, ce qui revient au même, pour la victoire ou la défaite de la révolution syrienne.

Face à cette question, la LIT-QI affirme – dans le cadre de notre programme pour l’ensemble de la révolution – la nécessité de développer une politique de large solidarité internationale avec la cause du peuple syrien. Cela signifie, concrètement, une campagne d’aide, inconditionnelle et dans tous les domaines, pour la victoire militaire des rebelles.

Ainsi, nous soutenons que la tâche urgente est d’impulser la plus large mobilisation possible pour exiger dans nos pays, et à tous les gouvernements du monde, en ce compris les pays impérialistes, l’envoi immédiat d’armes lourdes modernes, de médicaments et de tout type d’aide matérielle pour les milices rebelles de l’ASL et des comités de coordination locaux ; et ce sans condition aucune.

Notre exigence d’armes n’inclut pas les brigades liées à Al Quaeda et à l’Etat islamique d’Irak et du levant, dont la vision sectaire et confessionnelle-religieuse amène à rompre le front militaire contre la dictature. Qui plus est, dans plusieurs zones, ils ont commencé à attaquer les milices kurdes et celles de l’ASL, agissant ainsi comme « cinquième colonne »[1] du régime.

Cette politique d'exigence remet d’autant plus à l'ordre du jour les dures polémiques que la révolution syrienne fait naître entre les divers secteurs de la gauche mondiale.

Evidemment, l’ample éventail d'organisations de type stalinien, spécialement celles du castro-chavisme, est complètement opposé au fait de réclamer des armes pour les rebelles. Cette position fait partie de la politique contre révolutionnaire de ces courants dans ces processus, et elle est cohérente avec leur appui inconditionnel à la dictature, qui naît de la présentation d’El Assad comme un supposé « leader anti-impérialiste et antisioniste » qui serait victime d’une

43

Page 46: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

« conspiration de l’impérialisme ». Conséquents avec cette vision, ils se placent dans le camp militaire d’El Assad contre le peuple syrien.

Le plus curieux est toutefois qu’un certain nombre d’organisations centristes – voire même certaines qui se revendiquent du trotskisme, comme la fraction trotskiste (FT), avec à sa tête le PST argentin – disent qu'ils sont en faveur de la « défaite révolutionnaire » d’El-Assad, tout en s’opposant au fait d’exiger des armes pour que les rebelles aient les conditions de mettre en déroute ce dernier dans la guerre civile actuellement en cours.

En dépit de son affirmation selon laquelle cette exigence ne serait pas un « problème de principes pour les révolutionnaires »[2], la FT-PST affirme clairement que « nous ne sommes pas d’accord avec l’exigence faite par la LIT-PSTU [...] pour que ''les gouvernements du monde envoient des armes et des médicaments aux rebelles syriens'' »[3].

Ce qui est clair, c’est que le résultat concret de cette politique est le même que celui de la position castro-chaviste : il ne faut pas envoyer d’armes pour les rebelles qui combattent El Assad.

Le problème, c’est que la FT arrive à cette position en revendiquant l’héritage théorique et la tradition du trotskisme. C'est complètement faux et cela augmente, en outre, la confusion parmi beaucoup d’activistes honnêtes et de militants révolutionnaires, et cela ne contribue qu’à affaiblir et à empêcher davantage la solidarité inconditionnelle dont la révolution syrienne a si urgemment besoin.

Il est donc nécessaire de poursuivre la controverse contre ces positions.

Quel est notre camp en Syrie ?Tout d’abord, la position de la FT sur les armes pour les rebelles syriens a à voir avec un problème antérieur et plus profond : sa caractérisation politique de la guerre civile et son positionnement militaire en elle.

Comme nous l’avons affirmé dans d’autres articles, face à l’affrontement militaire en Syrie, ce courant se positionne – et comme il l’a fait précédemment en Libye – dans un désastreux « ni-ni » (ni Assad, ni les rebelles), parce que les milices rebelles n’ont pas une direction révolutionnaire et qu’il n’existe pas une « hégémonie de la classe ouvrière » dans le processus.

En ce sens, ils nous critiquent en disant : « Nous ne sommes pas d’accord avec l’exigence de la LIT-PSTU quand elle affirme que la politique actuelle en Syrie est de ''soutien total aux rebelles'' ».[4]

Ils basent leur position contre un « soutien total aux rebelles » sur le fait que « la classe ouvrière, comme sujet politique indépendant, luttant pour la défaite révolutionnaire d’Assad qui donne lieu à un Etat de transition au socialisme, sur la voie d'une Fédération des Républiques socialistes du Moyen-Orient, n'existe pas encore ».[5]

Comme la lutte des masses est conduite par des directions bourgeoises et que l’impérialisme intervient – comme d'habitude – avec une politique visant la défaite de la révolution, pour ce courant, tout le processus finit par « être coopté » par ces directions contre-révolutionnaires ou par « se subordonner » à elles.

Dans le cas de la Libye, par exemple, ce courant juge qu'à partir du moment où les frappes aériennes de l’OTAN commencèrent, tous les combattants libyens ont été « cooptés » et sont devenus des « troupes au sol » de l’impérialisme.[6]

44

Page 47: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Aujourd’hui, ils disent la même chose concernant Syrie : « Comme nous l’avons vu en Libye, et même en Egypte, la lutte des masses est consciemment utilisée par les directions bourgeoises et petites-bourgeoises rebelles et par l’impérialisme, pour éviter la défaite révolutionnaire du régime et des institutions fondamentales de l’Etat bourgeois. En Syrie, l’histoire se répète. »[7]

A partir de cette analyse, ils nous accusent « d’abandonner toute perspective révolutionnaire » quand nous disons que la LIT-QI « appuie inconditionnellement la lutte armée du peuple syrien, quel que soit celui qui la dirige politiquement  ».[8]

Tout d’abord, mettons fin à une fausse polémique.

Nous sommes d’accord avec le fait que, dans le conflit syrien, il n’y a pas encore de « classe ouvrière comme sujet politique indépendant », qui lutte pour un programme socialiste révolutionnaire, sur la voie d'une « Fédération des Républiques socialistes du Moyen-Orient ».

Au contraire, nous savons tous que l’immense majorité des milices rebelles sont commandées par des directions bourgeoises, tel le Conseil national syrien (CNS) ou le sommet de l’ASL, qui, en plus, sont profondément pro-impérialistes. Il est aussi indéniable que la classe ouvrière, comme sujet social, ne dirige pas la révolution et agit sous une forme diluée dans la résistance contre la dictature.

Dans ce contexte, la question selon laquelle les révolutionnaires doivent lutter de toutes leurs forces pour impulser l’hégémonie ouvrière et pour doter le processus syrien d’une direction politique socialiste révolutionnaire est élémentaire.

Cela n’a donc jamais été la discussion.

La discussion est celle-ci : face à l’inexistence actuelle de « la classe ouvrière comme sujet politique indépendant » et d’une direction qui lutte pour la « Fédération des Républiques socialistes du Moyen-Orient », et aussi longtemps qu'il en est ainsi, quelle doit être la position militaire des révolutionnaires dans le conflit armé entre les rebelles (qui ont comme direction le CNS et le sommet de l’ASL) et la dictature d’Assad ? Donnons-nous, oui ou non, un « soutien total » à la cause de la révolution syrienne, et luttons-nous, oui ou non, coude à coude avec les rebelles, malgré ces directions bourgeoises et pro-impérialistes ?

Notre position est claire : nous nous trouvons dans le camp rebelle (avec toutes ses contradictions) contre Assad, et nous combattons les directions bourgeoises et l’impérialisme à partir de ce positionnement militaire.

La FT a une position et une politique contraires. Comme la réalité ne s’ajuste pas à leurs conditions (il n’existe pas de direction révolutionnaire ni d’hégémonie ouvrière), elle ne soutient pas le camp rebelle, ni ne s'y place militairement. Elle ne combat donc pas la dictature syrienne dans la forme concrète que prend cette lutte dans la réalité.

Il en est ainsi parce que dans un conflit armé, le fait de nier un « soutien total » à la victoire militaire rebelle a comme conséquence concrète et inévitable celle de favoriser la victoire militaire d’El Assad.

C’est pour cela que le marxisme a toujours enseigné qu’il ne fallait jamais confondre – comme le fait la FT – le caractère objectif des processus et leurs directions. De la même manière que nous ne devons pas confondre la justesse d’une grève ouvrière avec sa direction bureaucratique, nous ne devons pas confondre la juste cause pour laquelle le peuple syrien lutte avec ses directions traîtres.

45

Page 48: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Camp militaire et indépendance de classe

La FT nous attaque en affirmant qu’en Syrie, nous agissons avec une « logique de deux camps et de seulement deux, nous plaçant dans le camp progressiste ». Cette supposée « logique des deux camps », continuent-ils, serait une erreur parce qu’elle donne lieu à une « adaptation » aux directions bourgeoises, alors que la tâche est de « fortifier un ''troisième camp'' ouvrier ».[9]

Pour comprendre cette discussion, il est nécessaire de différencier et de comprendre deux concepts que la FT confond. Nous nous référons ici au concept de camp militaire et à celui d’indépendance de classe.

Les révolutionnaires ne soutiennent jamais politiquement la bourgeoisie ni l’impérialisme ; nous ne soutenons jamais aucun gouvernement capitaliste, quelles que soient les mesures par lesquelles il se montre « progressiste ». Pour le marxisme, la bourgeoisie est contre révolutionnaire dans son ensemble. Cela signifie qu’il n’existe pas de « camps bourgeois progressistes », comme le défendaient les mencheviks, Staline et Mao. C'est pourquoi nous maintenons toujours, dans chaque affrontement concret de la lutte de classes, notre programme révolutionnaire et la complète indépendance politique par rapport à la bourgeoisie et à l’impérialisme.

Cependant, à certains moments, la lutte de classes atteint son niveau maximum et s’exprime à travers un choc physique, la guerre, que ce soit une guerre inter-impérialiste ou colonialiste, une guerre de libération nationale ou une guerre civile.

Dans ces situations extrêmes apparaissent des camps militaires, qui ont exclusivement à voir avec les groupes qui s’affrontent physiquement dans un conflit armé déterminé. L’existence de camps militaires et leur composition spécifique sont, le plus souvent, indépendantes de la volonté des révolutionnaires.

Des situations contradictoires apparaissent donc. Il est, par exemple, très courant que dans des affrontements armés déterminés, en particulier dans ceux où il s’agit de combattre une dictature ou l’impérialisme, la bourgeoisie se divise et des secteurs de la classe exploiteuse participent à la lutte armée avec la classe ouvrière et le peuple en général, en arrivant même à diriger politiquement et militairement ce camp militaire.

Au cours de la révolution russe de 1917 par exemple, le camp militaire contre le coup d’Etat de Kornilov était politiquement et militairement dirigé par le gouvernement bourgeois de Kerenski. La lutte armée contre l’invasion japonaise

46

Page 49: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

en Chine, qui a débuté en 1937, fut commandée par Chiang Kai-shek, un bourgeois, assassin de communistes. De même, en 1982, le camp militaire argentin contre l’impérialisme anglais durant la guerre des Malouines était dirigé politiquement et militairement par la sanguinaire dictature argentine.

Dans ces situations, pour avoir une position et une politique révolutionnaires, il est nécessaire de suivre Lénine qui, revendiquant la prémisse de Von Clausewitz, disait que toute « guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens » et qu'en ce sens, face à tout affrontement armé, la première chose à faire est « d’analyser la nature de la guerre » sur la base d’une étude de « la politique qui a précédé la guerre ».

Partant de cette prémisse, les révolutionnaires doivent toujours se demander : Existe-t-il un camp militaire « progressiste » du point de vue du progrès de la révolution ?

Il se peut qu’il n’y ait pas de camp militaire « progressiste » et que, par conséquent, les révolutionnaires doivent adopter la politique de défaitisme révolutionnaire, c’est-à-dire celle de lutter pour la défaite de tous les camps belligérants. Ce fut, par exemple, la politique de Lénine et Trotsky face au conflit entre les puissances impérialistes dans la Première Guerre mondiale.

Mais s’il existe un camp militaire « progressiste », les révolutionnaires sont tenus d’y participer et d’appuyer la victoire de ce camp de manière inconditionnelle, tout en préservant leur totale indépendance politique et en dénonçant les directions bourgeoises. En d’autres mots, dans ces situations, les marxistes maintiennent toujours leur indépendance politique et leur programme révolutionnaire à l’intérieur du camp militaire « progressiste ».

Comment ces leçons du marxisme s’appliquent-elles en Syrie ? Si « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens » et que nous avons été du côté du peuple syrien en faveur de la défaite d’El Assad depuis le début des mobilisations, nous nous plaçons dans le camp militaire avec le peuple syrien quand ce conflit passe au niveau de la lutte armée. Et cela, parce qu’en Syrie, il y a deux camps militaires, et non trois. Le « troisième camp ouvrier indépendant » dont parle la FT ne peut se fortifier qu’à partir du combat dans le camp militaire rebelle.

Cela a toujours été le critère de Lénine et de Trotsky. Quand eut lieu la tentative de coup d’Etat contre-révolutionnaire de Kornilov, nos maîtres à penser n’ont jamais hésité à participer dans le camp militaire de Kerenski, sans arrêter de combattre et de dénoncer leur gouvernement bourgeois. « Nous appuyons notre fusil sur l’épaule de Kerenski ; après, nous réglerons nos comptes » ; telle fut la consigne bolchevique.

De la même manière, aux Malouines, le morénisme n’a jamais hésité à se positionner dans le camp militaire argentin pour vaincre l’impérialisme anglais, en dépit du fait que cette guerre était conduite par la dictature militaire. Et à partir de cette position, nous avons implacablement dénoncé les militaires génocidaires argentins.

Telle fut également la position de Trotsky, comme nous le verrons, durant la révolution et la guerre civile espagnoles.

47

Page 50: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

La tâche essentielle est d’être «  les meilleurs soldats » contre Assad

La révolution espagnole eut le caractère d'une guerre civile (1936-1939) dans laquelle s’affrontèrent deux camps militaires : le camp républicain et le camp fasciste.

Les deux camps étaient dirigés par des secteurs bourgeois et soutenus par différents impérialismes.

Le camp fasciste était dirigé par le général Franco, qui bénéficiait du soutien des impérialismes nazis-fascistes de l’Allemagne et de l’Italie. Et le camp républicain, dans lequel participaient la classe ouvrière et le peuple pauvre à travers leurs milices et leurs organisations, était dirigé par un gouvernement bourgeois de Front populaire qui, à son tour, était soutenu par les impérialismes « démocratiques » de la France et de l’Angleterre, ainsi que par Staline.

Face à ce conflit entre camps militaires avec des directions bourgeoises, existait-il, pour Trotsky, un camp militaire « progressiste » ? La réponse à cette question est un oui catégorique : le camp militaire républicain, contre le fascisme.

Pourquoi était-il « progressiste » malgré la direction républicaine traître ? Parce qu’une victoire de Franco aurait signifié une défaite historique du prolétariat et de la révolution espagnole et une victoire de la contre-révolution, comme cela fut malheureusement le cas.

Trotsky a tranché la question ainsi : « Seuls les lâches et les traîtres, agents du fascisme, peuvent refuser de soutenir les armées républicaines. Le devoir élémentaire de tout révolutionnaire est de lutter contre Franco, Mussolini et Hitler. »[10]

Quand on lui demanda quelle devrait être « l’attitude du parti révolutionnaire espagnol » face à la guerre civile, Trotsky donna un exemple clair sur la façon dont les concepts de soutien politique et de camp militaire devaient être clairement différenciés :

« Je dirais  : Aucune alliance politique avec la bourgeoisie, comme première condition. La seconde : Vous devez être les meilleurs soldats contre les fascistes. La troisième : Vous devez dire aux soldats, aux autres soldats et aux paysans : ''Nous devons transformer notre pays en un pays du peuple. Quand nous aurons gagné les masses, nous expulserons la bourgeoisie, nous prendrons le pouvoir et nous ferons la révolution sociale.'' »[11]

48

Page 51: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Compte tenu de ces critères de Trotsky pour la guerre civile espagnole, il est essentiel de se demander : Existe-t-il un camp militaire « progressiste » en Syrie, dans lequel les révolutionnaires ont « le devoir élémentaire » de combattre comme « les meilleurs soldats » ?

Nous soutenons que si, que ce camp existe et qu’il s’agit du camp militaire rebelle qui combat la dictature d’El Assad.

Selon nous, les enseignements de Trotsky s’appliquent parfaitement à la guerre civile syrienne. Ainsi, pour la LIT-QI, ceux qui se considèrent comme révolutionnaires doivent tout d’abord être les « meilleurs soldats » contre El Assad.

C’est seulement à partir de cette position dans le conflit armé que nous pourrons, comme Trotsky en Espagne, présenter notre programme socialiste révolutionnaire « aux autres soldats » et disputer la direction politique de ce camp militaire face aux directions bourgeoises au service de l’impérialisme ; en construisant l’indispensable direction ouvrière et révolutionnaire dont le peuple syrien a besoin pour gagner la guerre et aller de l’avant, non seulement pour le renversement de la dictature, mais jusqu’à la prise du pouvoir et la construction du socialisme en Syrie et dans la région.

La FT – qui ne fait pas la distinction entre camps politiques et camps militaires et confond le processus objectif avec leurs directions – fait le contraire de ce qu’affirmait Trotsky pour la révolution espagnole.

Quiconque applique la logique de ce courant et la compare à celle de Trotsky ne pourra éluder la question suivante : Les « armées républicaines » n’étaient-elles donc pas dirigées par un gouvernement bourgeois (le Front populaire) ?

Et c’est ici que la FT a un sérieux problème pour soutenir, dans la tradition trotskiste, ses positions pour la Syrie et la Libye.

Nous posons la question : Trotsky agit-il, oui ou non, avec une « logique des deux camps » quand il se plaça militairement dans le camp républicain ? En « appuyant les armées républicaines », Trotsky capitula-t-il, oui ou non, complètement à leurs dirigeants bourgeois, petits-bourgeois et staliniens et devint-il le « meilleur soldat » de la bourgeoisie (les « troupes au sol » du Front populaire espagnol ?) ?

Si elle est cohérente avec sa logique, la FT devrait répondre que si. Ou alors dire que la direction républicaine en Espagne était une direction révolutionnaire.

Ils nous diront : l’Espagne est différente de la Syrie ! Puisqu’il y existait de « fortes organisations de la classe ouvrière ».[12] C’est vrai. Il y a beaucoup de différences entre la révolution espagnole et l’actuelle révolution syrienne. Mais il y a deux points communs fondamentaux : les deux révolutions se manifestent dans des guerres civiles ; aucune n’est, ou ne fut, dirigée par un parti révolutionnaire et la classe ouvrière n’intervient pas comme « sujet politique indépendant ».

A partir de cette profonde erreur théorique, toute la politique de la FT est stérile, non seulement face au problème militaire, mais aussi en relation avec la construction même d’une direction révolutionnaire.

Au « ni-ni » de la FT, le vieux Trotsky répondrait dans les mêmes termes que ceux avec lesquels il polémiqua avec différents secteurs ultragauchistes qui voyaient dans la guerre civile espagnole un simple conflit « entre camps bourgeois »[13] et appelaient à la politique du « défaitisme révolutionnaire » : « Imaginez un révolutionnaire au milieu des deux camps de la guerre civile avec

49

Page 52: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

son drapeau :’ni victoire, ni défaite’. Cette consigne vaut pour Ponce Pilate, pas pour un révolutionnaire. […] Nous participons à la lutte contre Franco comme les meilleurs soldats, et nous poussons en même temps la révolution sociale, dans l’intérêt de la victoire sur le fascisme, et nous préparons la défaite du gouvernement défaitiste de Negrin. Seule une telle attitude peut nous rapprocher des masses. »[14]

Une calomnie dans la discussionLa discussion avec la FT sur cette question impose la mise à nu d'une calomnie.

En disant que le problème des armes « n’est pas seulement militaire », mais aussi une « question de (…) lutte pour une politique d’indépendance de classe […] par rapport aux secteurs plus ouvertement pro-impérialistes, tels que le Conseil National de Transition syrien, mais aussi la direction de l’Armée syrienne libre »,[15] la FT affirme que la LIT-QI ne défend pas cette position, vu que sa « politique pour la Syrie efface toute délimitation de classe, en se contentant de s’adapter sans critique au secteur d’opposition dirigé par la bourgeoisie ».[16]

Cette accusation est complètement fausse. Nous avons toujours dénoncé le rôle inconséquent et traître de ces directions, exactement à cause de leur caractère bourgeois de classe. N’importe qui peut vérifier cela, en lisant nos déclarations.

Mais pour montrer une fois de plus la méthode diffamatoire et contraire au trotskisme, développée par la FT, la citation de deux exemples suffit. D’abord, en ce qui concerne le CNS et l’ASL :

« C’est une question de vie ou de mort qu’à la chaleur de la lutte contre le régime d’Assad, ce soit le peuple, la classe ouvrière syrienne, qui s’autoorganise et s’autodétermine à l’heure de définir les destins de sa lutte. Les dirigeants actuels, tant le CNS que l’ASL, s’ils peuvent momentanément être dans le même camp militaire que le peuple pauvre contre Assad, finiront, de par leur caractère de classe, par trahir tôt ou tard (et plutôt tôt que tard) les réelles aspirations populaires, non seulement les économiques, mais même celles qui existent dans le domaine des libertés démocratiques. La seule solution, pour une victoire stratégique, est de construire une direction révolutionnaire et internationaliste qui prenne les rênes du processus. »[17]

Nous avons soutenu, à propos du CNT libyen, que « le CNT prétend démonter la révolution en canalisant les désirs de changement, en faisant des promesses d’élections et d’une assemblée constituante contrôlée d'en haut. Les milices populaires ne peuvent pas avoir une seule minute confiance dans le CNT. Ce serait la fin de la révolution. »[18] Et nous pourrions ainsi avancer des dizaines de citations.

Nous posons la question : Où se trouve « l’adaptation sans critique au secteur d’opposition dirigé par la bourgeoisie » ? Où se trouve le « manque d’indépendance de classe » et d’une « stratégie révolutionnaire » ? Où se trouve « l’abandon » par la LIT-QI de la tâche de construire une direction révolutionnaire ? Seulement dans les affirmations mensongères de la FT.

Dès l’instant où la LIT-QI se différencie bien des directions traîtres du camp militaire rebelle et dénonce leur rôle, tant en Libye qu’en Syrie, alors qu'en même temps, elle lutte pour construire une direction révolutionnaire, la seule vraie critique de la FT qui reste est que nous exigions « des armes pour les rebelles ». Telle est la vraie discussion.

50

Page 53: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Et cela ne devrait surprendre personne. Il s’agit d’une dérive logique de leur opposition à être « les meilleurs soldats » contre la dictature ; une position que Trotsky attribue seulement aux « lâches » et aux « traîtres », comme nous l’avons vu dans le cas de l’Espagne.

Ne pas exiger des armes pour les rebelles syriens, cela revient à faciliter la défaite de la révolution.La FT justifie sa position en disant : « Pas question de demander des armes pour des directions bourgeoises  ! »[19]

En ce sens, dans le cas de la Libye, ils affirment que, « peu importe l’armement des ''milices'', ce qui est décisif, c’est le problème de leur composition sociale, le caractère de l’organisation et de sa direction ». Ils insistent en disant que « la question politique décisive se concentrait (…) sur le manque d’un pôle indépendant avec une influence de masse qui pourrait peser sur la rébellion ».[20]

Nous posons la question : Alors qu'il n'y a pas de parti révolutionnaire ni de « pôle révolutionnaire prolétarien », ne donnons-nous aucune réponse au problème concret des armes ? Laissons-nous cette révolution être écrasée et noyée dans le sang ? Le peuple syrien doit-il renoncer à un droit démocratique aussi fondamental que de demander des armes pour se défendre, seulement parce qu'il n'a pas été en mesure de développer cette direction révolutionnaire ?

En se référant de nouveau aux leçons historiques de la révolution espagnole, la FT devrait répondre aux questions suivantes : Quand les travailleurs et le peuple affrontaient les troupes de Franco, l’exigence d’armes et d’un soutien matériel à la république n’était-elle pas unanime dans toute la gauche, dans l’Etat espagnol et dans le monde ? Ces armes n’ont-elles pas été exigées, particulièrement, à l’Angleterre et à la France ? Et la direction du camp militaire républicain n’était-elle pas un gouvernement bourgeois traître ? L’Angleterre et la France n’étaient-elles pas des pays impérialistes ? Leur refus d’envoyer cet armement ne reste-t-il pas gravé dans l’Histoire comme la démonstration d’un infâme refus de soutenir la révolution, qui s’acheva par la victoire militaire de Franco ?

Un autre argument est que l’exigence d’armes pour les rebelles serait « pour le moins utopique et porteuse d’illusions dans l’impérialisme », puisque l’ensemble des puissances « n’a pas cette politique », préférant la promotion d'une « solution négociée ».[21]

Mais depuis quand les révolutionnaires s'abstiennent-ils de faire une juste exigence à un gouvernement capitaliste parce qu’une telle mesure « n’est pas la politique » de ce gouvernement ?

C’est exactement pour cette raison que l’exigence d’armes aux pays impérialistes a l’utilité de démasquer ces puissances comme ennemies de la révolution, de combattre précisément les illusions de ceux qui ont confiance dans les discours « démocratiques » de l’impérialisme.

Mais supposons que, par une combinaison de contradictions, la politique de l’impérialisme serait d’armer les rebelles. Appellerions-nous les rebelles syriens à refuser ces armes, alors qu'ils sont en train d'être massacrés ? Appellerions-nous la classe ouvrière des Etats-Unis, de la France ou du Royaume-Uni à saboter les éventuels chargements d’armes pour le peuple syrien ?

Toute politique a des conséquences concrètes. Dans ce cas, le fait de ne pas exiger d’armes ou de s’opposer à accepter des armes pour les rebelles équivaut,

51

Page 54: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

concrètement, à approuver que le peuple syrien continue à être massacré par le tyran Assad.

Une politique contraire à celle de Trotsky lors de la guerre civile espagnoleLe FT, dans sa détresse, cite Trotsky quand il dit qu’en Espagne : « Ce n’étaient ni des armes ni des génies militaires qui manquaient à Barcelone et à Madrid, mais un parti révolutionnaire. »[22]

Il est vrai qu'un parti révolutionnaire faisait défaut en Espagne, mais cela n'a pas empêché Trotsky, tout en essayant de le construire, d’avoir une politique claire pour obtenir les armes dont les révolutionnaires espagnols avaient besoin.

En ce sens, un texte de Trotsky – sous le titre évocateur : « Apprenez à penser. Une suggestion amicale à certains ultragauchistes. » – est extrêmement instructif. Dans cet article de 1938, Trotsky expose clairement sa position générale sur le fait d’accepter ou de ne pas des armes de l'impérialisme :

« Supposons que dans la colonie française de l'Algérie surgisse demain un soulèvement sous le drapeau de l'indépendance nationale et que le gouvernement italien, poussé par ses intérêts impérialistes, se dispose à envoyer des armes aux rebelles. Quelle devrait être, dans ce cas, l'attitude des ouvriers italiens ? Je prends intentionnellement l'exemple d'un soulèvement contre un impérialisme démocratique et d'une intervention en faveur des rebelles de la part d'un impérialisme fasciste. Les ouvriers italiens doivent-ils s'opposer à l'envoi de bateaux chargés d'armes pour les Algériens ? Que quelque ultragauchiste ose répondre affirmativement à cette question ! Tout révolutionnaire, en commun avec les ouvriers italiens et les rebelles algériens, rejetterait avec indignation une telle réponse. Même si en ce moment une grève générale des dockers auvait lieu dans l'Italie fasciste, dans ce cas, les grévistes devraient faire une exception en faveur des navires qui vont apporter une aide aux esclaves coloniaux en rébellion ; sinon, ils ne seraient que de pitoyables syndicalistes, et non des révolutionnaires prolétariens.

Parallèlement à cela, les dockers français, même n'étant pas en grève, auraient l'obligation de faire tous les efforts pour empêcher l'envoi d'armes contre les rebelles. Seule une telle politique des travailleurs italiens et français serait une politique d'internationalisme prolétarien.

Cependant, cela ne signifie-t-il pas que les travailleurs italiens devraient, dans ce cas, adoucir leur lutte contre le régime fasciste ? Pas du tout. Le fascisme apporterait une ''aide'' aux Algériens pour affaiblir son ennemi, la France, et pour ensuite faire main basse sur la colonie de ce pays. Les travailleurs révolutionnaires italiens ne l'oublient pas un seul instant. Ils appellent les Algériens à ne pas faire confiance à leur ''allié'' perfide et, en même temps, ils poursuivent eux-mêmes leur lutte intransigeante contre le fascisme, ''le principal ennemi à l'intérieur de leur propre pays''. C'est seulement ainsi qu'ils peuvent faire en sorte que les rebelles aient confiance en eux, qu'ils peuvent aider la rébellion et renforcer leurs propres positions révolutionnaires. »[23]

Trotsky a agi avec les mêmes critères au cours de la guerre civile espagnole.

Tout d’abord, il a toujours dénoncé le « pacte de non-intervention » – promu par le gouvernement français du Front populaire (dirigé par le social-démocrate Léon Blum) et fortement soutenu par le Royaume-Uni — comme une trahison favorable à la victoire du fascisme en Espagne.

52

Page 55: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Cette « non-intervention perfide »[24], selon les mots de Trotsky, était basée, entre autres, sur la promotion d'un « embargo sur les armes » aux deux parties en conflit.[25] Tous les trotskistes et toute la gauche républicaine dénoncèrent cet embargo, comme une farce gigantesque, qui favorisait seulement le fasciste Franco qui n’a jamais cessé de recevoir des armes et des soldats des impérialismes allemands et italiens.

Dans un texte intitulé « Contre le défaitisme en Espagne », Trotsky insiste à nouveau sur la position des révolutionnaires face aux armes, dans le contexte de l'existence d'un camp militaire « progressiste » :

« Prenons un exemple : Deux bateaux avec des armes et des munitions sortent de la France ou des Etats-Unis, l'un pour Franco et l’autre pour Negrin. Quelle attitude doivent assumer les travailleurs ? Saboter le transport des deux ou seulement celui de Franco ? Nous ne sommes pas neutres. Nous laisserions passer le bateau avec les munitions pour Negrin. Sans illusion, nous savons que de ces balles, 9 sur 10 seront utilisées contre les fascistes, et au moins une contre nos camarades. Mais des munitions destinées à Franco, 10 sur 10 seront dirigées vers nos camarades. Nous ne sommes pas neutres. Nous ne laisserions pas passer le bateau avec les munitions pour Franco. Soyons clairs, s’il se produisait en Espagne une insurrection ouvrière armée, nous essaierions de faire arriver les armes et les munitions vers les masses d’ouvriers insurgés. Mais tant que nous n’avons pas suffisamment de forces pour cela, nous choisissons le moindre mal. »[26]

Dans un autre texte, polémiquant avec Craipeau, un camarade français, Trotsky dit :

« Pendant des mois, les meetings ouvriers ont vibré au cri de ''Des avions pour l’Espagne''. Imaginons un instant que Blum ait décidé d’en envoyer quelques-uns. Imaginons qu’à ce moment précis, une grève de dockers ou de marins ait été en cours. Qu’aurait fait Craipeau ? Se serait-il opposé au cri de ''Des avions pour l’Espagne'' ? Aurait-il conseillé aux travailleurs en grève de faire une exception pour le cargo chargé d’avions ? Mais il se trouve que l’URSS a effectivement envoyé des avions – à un prix très élevé et à titre de soutien au régime capitaliste, je le sais parfaitement. Les bolcheviques-léninistes auraient-ils dû appeler les ouvriers soviétiques à saboter ces avions ? Oui ou non ? »[27]

Il est clair que, face à l’affrontement armé, Trotsky accepterait les « avions » de l’impérialiste Blum, et il est clair aussi qu'il ne serait pas resté assis à son bureau pour commenter le fait que les « ouvriers insurgés » n’avaient pas encore « la force suffisante » pour se positionner pour la victoire militaire contre le fascisme, ni pour « laisser passer » des armes pour Negrin, le « moindre mal » du point de vue militaire.

Bien sûr, cela n'a jamais signifié un soutien politique au gouvernement républicain, au point même que Trotsky s'est opposé à appuyer les crédits de guerre que Negrin avait demandés au Parlement.

Le FT cite une phrase de Trotsky qui dit :

« En tant que parti révolutionnaire, mobilisons-nous dès aujourd’hui des volontaires pour Negrin ? Cela signifierait les envoyer dans les griffes du GPU. Collecter de l’argent pour le gouvernement Negrin ? Absurde ! Nous récolterons de l’argent pour nos propres camarades en Espagne, et si nous envoyons des camarades, ce sera clandestinement, pour notre propre mouvement. Quelle est notre attitude concernant des comités comme le Comité américain pour la

53

Page 56: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

démocratie en Espagne, concernant les meetings, les actions syndicales… ? Nous défendrons l’idée que les syndicats doivent collecter de l’argent, non pour le gouvernement, mais pour les syndicats espagnols, pour les organisations ouvrières. »[28]

Quelqu'un qui lit cette citation hors de son contexte pourrait croire que Trotsky était en faveur de l'envoi d'armes seulement à certaines milices ou « syndicats ouvriers » indépendants du gouvernement de Negrin. Mais il n’en est rien, comme Trotsky lui-même l’explique dans le paragraphe suivant, que la FT ne cite pas :

« Si quelqu'un nous répond que les syndicats espagnols sont liés au gouvernement, et qu’il serait donc inadmissible de leur envoyer de l'argent, nous répondrons en mentionnant un seul exemple : durant la grève des mineurs de Grande-Bretagne en 1926, nous avons envoyé de l’argent aux syndicats des mineurs, dont les dirigeants étaient étroitement liés au gouvernement britannique. Les comités de grève peuvent être réformistes, peuvent être traîtres, peuvent avoir des relations avec les employeurs. Mais nous ne pouvons pas omettre de prendre en compte le fait que, tant que les mineurs sont incapables de changer ces syndicats, nous leur enverrons de l’argent, courant le risque qu’ils trahissent les ouvriers. »[29]

De cela nous pouvons conclure :

1) Trotsky était pour la victoire militaire des républicains contre le fascisme. Cela signifie qu’il a lutté pour la victoire du camp militaire républicain dans son ensemble, malgré le fait qu’il soit dirigé par des bourgeois, des petits-bourgeois et des traîtres staliniens. C’est pour cela qu’il était en faveur de « laissez passer » le « bateau avec des munitions pour Negrin », venant « de la France ou des Etats-Unis », et qu’il déclara qu'il « aiderait Caballero avec tous les moyens matériels, contre le fascisme »[30], sachant qu'il s'agissait de gouvernements bourgeois.

2) Cependant, « en tant que parti révolutionnaire », c'est-à-dire concernant à la campagne propre et spécifique des trotskistes, il ne collecterait pas de l’argent et n’enverrait pas de volontaires ou de l’argent pour le gouvernement de Negrin, mais pour les syndicats espagnols. C’est correct. Mais concernant ce critère, Trotsky est catégorique quand il précise qu’il enverrait cette aide collectée par le « parti révolutionnaire », quand bien même ces syndicats seraient « réformistes », auraient des « relations avec les patrons » et seraient « liés au gouvernement ».

3) Cela met en avant deux questions dans la controverse avec la FT. La première est qu'au moment d'exiger ou d'accepter des armes, Trotsky n’a jamais eu le critère de la FT, « qu'il n'est pas question de demander des armes pour une direction bourgeoise ».La seconde est que le vieux révolutionnaire n'attendait pas tranquillement qu’il existe une direction révolutionnaire, ni même un « pôle prolétarien indépendant », pour envoyer de l’aide matérielle, comme l’exige la FT pour la Syrie.

De la même manière que Trotsky a agi, la LIT-QI exige et accepterait des armes et des « avions », « de la France ou des Etats-Unis » ou de n'importe quel gouvernement, pour le camp des rebelles en général, même si la majeure partie de ces armes passait par les mains des directions bourgeoises de ce camp. Et en ce qui concerne notre campagne en particulier, nous envoyons l’aide que nous collectons aux secteurs les plus progressistes et indépendants de la résistance syrienne.

Tout cela met en évidence que les différences de la FT avec la LIT-QI sont, en vérité, des différences avec Trotsky.

54

Page 57: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Ce sont des leçons très importantes pour agir dans les révolutions actuelles. En ce sens, à notre avis, le procès que Trotsky fait aux phraséologies « défaitistes » de la guerre civile espagnole est valable pour les ultragauchistes d’aujourd’hui :

« Les ultragauchistes qui ne veulent pas penser de façon marxiste – c'est bien de cela qu'il s'agit – seront pris à l'improviste par la guerre. Leur politique durant la guerre sera le couronnement fatal de leur politique en temps de paix. Les premiers coups de canon rejetteront les ultragauchistes dans l'inexistence politique ou les pousseront dans le camp du social patriotisme, pour les mêmes raisons pour lesquelles les anarchistes espagnols, ces ''négateurs'' absolus de l'Etat, sont devenus des ministres bourgeois quand la guerre est arrivée. Pour mener une politique juste en temps de guerre, il faut apprendre à penser correctement en temps de paix. »[31]

De la même façon, tout le raisonnement ultragauchiste de la FT dans les guerres civiles de la Syrie et de la Libye les oriente objectivement contre ces révolutions, au « premier coup de canon ».

[1] Une colonne infiltrée au sein du camp ennemi. Dans la révolution espagnole, en 1936, quand quatre colonnes fascistes convergeaient sur Madrid, une « cinquième » était annoncée comme se trouvant déjà à l'intérieur de la ville menacée.

[2] ISHIBASHI, Simone. Abaixo a intervenção imperialista na Síria. Voir www.ler-qi.org/Abaixo-a-intervencao-imperialista-na-Siria.

[3] ISHIBASHI, Simone. A crise síria e a necessidade de uma política revolucionária. Voir www.ler-qi.org/A-crise-Siria-e-a-necessidade-de-uma-politica-revolucionaria.

[4] Ibidem.

[5] Ibidem.

[6] CINATI, Claudia. La OTAN busca asegurarse el control de Libia. Voir www.pts.org.ar/La-OTAN-busca-asegurarse-el-control-de-Libia.

[7] Ibidem.

[8] Ibidem.

[9] MOLINA, Eduardo e ISHIBASHI, Simone. A un año y medio de la “primavera árabe”. Voir www.ft-ci.org/A-un-ano-y-medio-de-la-primavera-arabe

[10] TROTSKY, Léon, Pour la victoire de la Révolution espagnole, 19.02.1937. Nous soulignons.

[11] TROTSKY, Léon, Les révolutionnaires dans la guerre civile, 14.04.1937. (Déclaration dans le cadre de la Commission d'investigation concernant les procès de Moscou.) Nous soulignons.

[12] ISHIBASHI, Simone. A crise síria e a necessidade de uma política revolucionária, o.c.

[13] La FT présentait la lutte au Libye comme une  affrontement entre « camps bourgeois » ou simplement entre « la dictature en décomposition et un groupe rebelle manipulé par la cooptation impérialiste ». Voir A un año y medio de la “primavera árabe”, o.c.

55

Page 58: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

[14] TROTSKY, Léon, Contre le « défaitisme » en Espagne, 14.091937. Nous soulignons.

[15] ISHIBASHI, Simone, Abaixo a intervenção imperialista na Síria, o.c.

[16] Ibidem.

[17] LEÓN, Ronald, Comenzó la guerra civil en Siria, 04.02.2012. Voir www.litci.org/inicio/newspaises/asia/siria/3016-comenzo-la-guerra-civil-en-siria.

[18] LEÓN, Ronald, ¿Dónde está la revolución y dónde la contrarrevolución en Libia? 13.12.2011. Voir www.litci.org/artigos/747-libia/2958-idonde-esta-la-revolucion-y-donde-la-contrarrevolucion-en-libia.

[19] ISHIBASHI, Simone, A crise síria e a necessidade de uma política revolucionária, o.c.

[20] MOLINA, Eduardo e ISHIBASHI, Simone. A un año y medio de la “primavera árabe, o.c. Nous soulignons.

[21] ISHIBASHI, Simone. A crise síria e a necessidade de uma política revolucionária, o.c.

[22] TROTSKY, Léon, Leçon d'Espagne, dernier avertissement, 17.12.1937

[23] TROTSKY, Léon, Apprenez à penser. Une suggestion amicale à certains ultragauchistes, 22.05.1938.

[24] Dans une polémique avec Craipeau, dirigeant français du Mouvement pour la Quatrième Internationale, Trotsky écrivit : « Si Blum avait soutenu Caballero et Negrin avec leur démocratie capitaliste, au lieu de déclarer la perfide « non-intervention » – toujours sous les ordres du capital financier –-, Craipeau aurait-il renoncé à son irréductible opposition contre le gouvernement de « Front populaire »? Ou aurait-il renoncé au devoir de faire la distinction entre les camps qui s’affrontent en Espagne et d’adapter sa politique à cette distinction ? » (Une fois de plus  : l’Union soviétique et sa défense, 4.11.1937.)

[25] En août 1936, 27 pays européens ont signé « l'accord de non-intervention en Espagne », décidant ainsi de « s'abstenir rigoureusement de toute ingérence, directe ou indirecte, dans les affaires intérieures de ce pays » et interdisaient « l’exportation…, la réexportation et le transit, vers l’Espagne, les possessions espagnoles ou les zones espagnoles du Maroc, de toute classe d’armes, de munitions et de matériel de guerre ».

[26] TROTSKY, Léon,. Contre le « défaitisme » en Espagne, o.c. Nous soulignons.

[27] TROTSKY, Léon, Une fois de plus, l'Union soviétique et sa défense, 4.11.1937.

[28] TROTSKY, Léon, Contre le défaitisme en Espagne, o.c.

[29] Ibidem.

[30] TROTSKY, Léon, Les révolutionnaires dans la guerre civile, o.c. Nous soulignons.

[31] TROTSKY, Léon, Apprenez à penser... o.c. Nous soulignons

56

Page 59: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Une nouvelle étape de la révolution syrienne et la nécessité de la solidarité internationale

27 septembre 2013

Après la menace d'intervention, les Etats-Unis reculent de façon retentissante.Face à l'attaque meurtrière d’Assad avec des armes chimiques contre les zones contrôlées par les rebelles à Damas, les Etats-Unis ont annoncé en grande fanfare qu’ils bombarderaient la Syrie parce qu’Assad avait « franchi la ligne rouge ».

Obama déclara qu'il le ferait même sans soutien de l'ONU et avec uniquement l'appui de l'Angleterre et de la France. Toutefois, les Etats-Unis ont fini par suspendre l'intervention, se valant du plan russe pour placer les armes chimiques sous contrôle international, en échange de la suspension de l'opération.

Ce recul retentissant du gouvernement américain et de ses alliés s'explique principalement par le dénommé « syndrome Irak », qui s'exprime dans le rejet de larges secteurs de la population des pays impérialistes, Etats-Unis en tête. Ils refusent que leurs gouvernements se lancent dans de nouvelles aventures militaires coûteuses. C'est sans doute l'une des expressions les plus remarquables et les plus progressistes de la défaite politique et militaire qui a mis fin aux dernières invasions de l'Afghanistan et de l’Irak. Le Britannique Cameron a perdu son pari, au Parlement de Grande-Bretagne, d'accompagner Obama ; un fait sans précédent dans l'histoire récente. Il ne manquait que la France, qui a commencé à douter face au refus interne et à la crise déclenchée aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.

Mais le contenu même de l’accord entre les Etats-Unis et la Russie montre ce qu’a toujours été la politique de toutes les puissances impérialistes. Essentiellement, l'accord n'est qu'une mesure cosmétique pour sauver la face pour Obama. Ce que montrent toutes les actions de l'impérialisme américain et de ses alliés depuis plus de deux ans de guerre civile en Syrie (et que confirment les derniers développements), c'est que leur politique se résume au fait de forcer Assad et la résistance à une solution négociée, une solution qui préserve l'essence du régime syrien et qui stabilise le pays, sur base de quelques concessions à la résistance.

Un autre facteur, bien que non déterminant, qui augmente les craintes de l'impérialisme à soutenir les rebelles, est le manque de centralisation de la direction du camp rebelle, qui est beaucoup plus fragmenté que celui de la Libye. En ce sens, les Etats-Unis et leurs alliés impérialistes ont fort peur que les forces qui contrôlent le processus ne soient pas sous leur contrôle complet.

Obama et Poutine ont fait des efforts pour stabiliser le pays, comme au bon vieux temps de la coopération américano-soviétique pour enterrer la révolution.

Cela montre clairement à la résistance – à ceux qui étaient, à juste titre, contre l'intervention militaire, tout comme à ceux qui, poussés par la situation désespérée, plaçaient leurs espoirs dans cette intervention –, que les soi-disant grandes puissances, et en particulier les Etats-Unis, ne sont pas des « amis de la révolution » et n'ont aucun intérêt « humanitaire » ; ils sont complices d'El-Assad.

57

Page 60: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Pour que la libération du peuple syrien soit l’œuvre du peuple syrien lui-même, il faut des armes et un appui matériel pour la résistance !La LIT-QI a toujours été contre l'intervention impérialiste parce qu’elle visait à essayer de contrôler et de vaincre la révolution de l'intérieur, pour stabiliser le pays et la région sous leur contrôle. Il n'y avait pas le moindre intérêt « humanitaire » dans cette intervention. Toutes leurs actions sont au service de leurs objectifs colonialistes et contre-révolutionnaires. Le projet de l'impérialisme est de transformer la Syrie en une colonie étasunienne. A ceux de la résistance au tyran Assad qui avaient quelques espoirs de libération venant des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne ou de la France, nous disons que l'histoire témoigne du fait qu’ils ne vont être « libérés » du tyran sanguinaire Assad que pour être dominés par les plus grands tyrans que l'humanité ait connus : les impérialistes.

Si le peuple syrien ne réalise pas sa propre libération, avec l'aide de ses frères des autres peuples, le sacrifice des martyrs aura servi à remplacer une dictature comme celle d’Assad par une autre, beaucoup plus forte et plus puissante, comme celle que représentent les Etats-Unis et leurs alliés.

Si les intentions des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France et de leurs alliés avaient eu le moindre intérêt humanitaire, le moindre critère démocratique, ils ne ménageraient pas l’aide en armes et en équipements pour la résistance syrienne, afin que le peuple syrien ait au moins le droit le plus élémentaire de se défendre face à leur tyran.

La LIT-QI a été et sera du côté du peuple syrien et de sa résistance héroïque contre Assad. Et depuis ce côté de la barricade, nous continuerons à être contre toute intervention militaire impérialiste, en même temps que nous demandons à toutes les organisations syndicales populaires et démocratiques de redoubler d’efforts pour exiger des gouvernements l’envoi d’armes et un soutien matériel à la résistance syrienne.

La lutte sur le terrain et le rôle malheureux de la « gauche »La contre-offensive d'Assad de ces dernières semaines était basée sur la supériorité en armes et sur le soutien direct, tant du Hezbollah – avec des milliers de soldats – que de la fourniture et du soutien logistique de la Russie, de l'Iran et du Venezuela. Cette offensive a connu des avancées, telles que la récupération de Quseir. Mais elle a sans aucun doute une limite : la situation des troupes de l'armée d'Assad qui, malgré la supériorité militaire, n'ont pas le moral pour aller au combat franc et direct et écraser la révolution. Cela se voit particulièrement à Damas et c'est ce qui peut expliquer que le régime ne parvienne pas à écraser les bataillons de la périphérie, comme à Ghouta ou Kabum.

Ce panorama fait que le rapport des forces reflète un moment d’impasse qui peut se prolonger. Plusieurs analystes s'attendent à une longue guerre qui, du point de vue de la lutte pour vaincre Assad, signifie une longue période de plus de souffrances, sans un soutien efficace à la révolution.

Bien que la suspension des bombardements donne un répit à Assad en atténuant la destruction possible des cibles militaires à partir de l'air, elle ne modifie pas la situation générale sur le terrain. Malgré la supériorité militaire, Assad ne parvient pas à prendre le contrôle de la plupart des zones libérées, même dans la banlieue de Damas, car il ne possède pas la quantité nécessaire d’effectifs en condition d’aller au combat direct. Le dictateur compense les pertes et la démoralisation de son armée par le rôle sinistre et honteux du Hezbollah, qui dilapide le patrimoine

58

Page 61: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

accumulé dans sa lutte contre le sionisme. Néanmoins, il y a eu des victoires des rebelles à Alep et Lattaquié.

Ce tableau laisse présager une guerre civile de longue haleine, ce qui donne encore plus d'importance au rôle de la campagne internationale de solidarité.

Malheureusement, les positions de la grande majorité de la gauche dans le monde sont contre la révolution syrienne. D'une part, le castro-chavisme et le stalinisme en général se sont entièrement alignés sur Assad, comme ils l'ont fait avec Kadhafi.

D'autre part, les centristes et de nombreuses organisations qui se prétendent « trotskystes » cèdent à la pression des staliniens, prétextant le caractère de la direction des rebelles. Pour « ne pas capituler » à ces directions, ils proposent en effet de continuer à laisser la révolution syrienne isolée, et de cette façon, ils contribuent à sa défaite, tout en laissant l'impérialisme et ses alliés continuer à jouer le rôle des seuls défenseurs de la révolution.

La LIT-QI sait clairement de quel côté de la barricade elle se trouve : nous exigeons des armes et un soutien matériel pour la résistance syrienne, pour mettre fin à la différence qualitative entre l’armement du régime et celui des rebelles. Il faut un armement supérieur, des missiles antiaériens, des chars avec de la technologie moderne. Ces matériels ne peuvent pas être obtenus s’ils n'obtiennent pas le libre transit des gouvernements de la région et des gouvernements impérialistes.

Et c’est lorsque nous soulevons cette exigence démocratique, le droit du peuple syrien à se défendre, que la gauche et les soi-disant trotskystes sont choqués et crient à la « capitulation de la LIT-QI à l'impérialisme ».

Il y a lieu de demander à eux tous : l’envoi d’armes et de soutien matériel à la République n'était-il pas une demande unanime de la gauche dans l'Etat espagnol et dans monde, quand les travailleurs et le peuple affrontaient les troupes de Franco ? Ces armes n’ont-elles pas été exigées, en particulier à la Grande-Bretagne et à la France ? L’Angleterre et la France n’étaient-elles pas des pays impérialistes ? Le refus d'envoyer ces armes, n'est-il pas resté dans l'Histoire comme la preuve de ne pas vouloir soutenir la République, ce qui a aidé à la victoire Franco ?

Des groupes soi-disant trotskystes rejoignent ce chœur qui proclame que nous faisons « le jeu de l'impérialisme » en exigeant des armes pour la résistance syrienne. Ces groupes vocifèrent au nom d'une supposée orthodoxie, alors que Trotsky fut le premier à condamner fermement le refus des gouvernements anglais et français pendant la guerre civile espagnole, comme une attitude qui ne faisait que renforcer le fascisme. Et il a également toujours soutenu que les révolutionnaires devaient utiliser les contradictions de l'impérialisme et pouvaient accepter des armes pour poursuivre leur lutte.

Laissons donc ces ultragauchistes avec leurs prétentions pompeuses, comme disait Trotsky, et restons avec le peuple syrien et avec ceux qui, comme nous, le soutiennent, pour rejeter cette réponse avec une indignation légitime.

Les groupes d'Al-Qaïda : la cinquième colonne d’AssadDans les zones libérées, il y a de plus en plus un affrontement entre les bataillons rebelles et les Comités locaux, d'une part, et les organisations liées à Al-Qaïda de l'autre, surtout Jabat Al Nusray et EISI.

59

Page 62: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Il s'agit d'une confrontation croissante, dans les zones libérées, entre les militants qui luttent pour renverser Assad au nom d'une Syrie démocratique, et les groupes liés à Al-Qaïda, qui proclament que leur objectif est l'établissement d'un califat. La ligne de partage ne serait donc pas entre les troupes d'Assad et ceux des Comités locaux et de l'ASL, mais entre les dévots d'un nouvel Etat théocratique et dictatorial et les infidèles.

Dans le cadre de ce projet, ils poursuivent les militants, les mettent en prison et les assassinent. C'est le cas d'un prêtre qui soutenait la révolution, pour le simple fait qu’il voulait exercer son droit de culte. Ils punissent et exécutent les jeunes qui ne se déclarent pas musulmans ou qui ne peuvent pas lire le Coran, les femmes qui ne portent pas le voile, etc., dans toutes les zones sous leur contrôle. Ils ont assassiné des commandants de l'ASL et ils ne se subordonnent pas à l’unité de lutte contre Assad. Ils refusent de se joindre aux autres milices rebelles. Qui plus est, ils sont accusés par les comités locaux et les bataillons rebelles de quitter le front pour concentrer leurs troupes à l'arrière. Cette situation, en plus de servir de justification à Assad, conduit à une division et mène également des secteurs minoritaires – comme les alaouites ou les chiites, qu'ils pourchassent – à être attirés par la dictature.

Nous, de la LIT-QI, nous avons déjà dénoncé leur rôle. Mais il s’agit maintenant de dire clairement qu'ils sont une cinquième colonne d’Assad, embusquée dans le camp de révolution, et qu'il faut s'organiser pour la lutte contre eux, là où ils dirigent. Pour la défense des comités locaux ! C'est le peuple qui doit décider de la vie quotidienne dans les zones. On ne va pas faire tomber Assad pour imposer une nouvelle dictature d'Al-Qaïda et de ses sbires, comme l’a dénoncé la résistance à juste titre.

La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyensLe vieux Trotsky, le fondateur et dirigeant de l'Armée rouge, qui en savait assez sur les guerres et les questions militaires, s'est référé à la révolution espagnole et à la guerre, en disant : « Dans une guerre, le résultat dépend pour un quart, voir moins, du militaire, et pour trois quarts, voir plus, de la politique. »Le programme et la politique dans la résistance deviennent le problème le plus crucial pour gagner la guerre.

Est-il possible d'unifier la résistance actuellement dispersée et fragmentée, sans un programme qui exprime les objectifs communs des travailleurs, du peuple, des nationalités opprimées, des jeunes et des femmes qui font face à Assad ? Est-il possible d'unifier la résistance sans un programme de libération nationale et sociale ?

Ceux qui considèrent que ces questions sont inutiles, voir même préjudiciables – « maintenant il faut faire tomber à Assad et ensuite nous parlerons » – placent la victoire militaire et les tâches de la révolution sur des plans séparés, et de cette manière, ils préparent l'échec de la révolution et la défaite militaire.

Le problème de la bataille pour ce programme est donc le problème de la direction de la guerre et de la révolution. Si les groupes d'Al-Qaïda ont gagné du terrain, ce n’est pas tant en raison des armes qu'ils reçoivent – un facteur important –, mais parce qu’avec leur califat, leur Sharia et leur constitution islamique, ils ont un programme – contre-révolutionnaire, certes, mais un programme – autour duquel ils unifient les objectifs de la lutte.

60

Page 63: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

La résistance peut-elle se renforcer sans que les dirigeants ne s’expriment clairement face au peuple kurde sur la question de savoir si la Syrie pour laquelle ils luttent inclut ou pas le droit du peuple kurde à l'autodétermination ?

La résistance peut-elle s’unifier et se renforcer si elle n'affirme pas clairement, face à la jeunesse combattante, que la Syrie pour laquelle ils luttent sera régie par le principe de la souveraineté nationale, sans brader ses ressources aux multinationales impérialistes pour continuer le pillage de la Syrie ?

La résistance peut-elle se renforcer si les femmes syriennes, l'avant-garde dans la lutte contre le régime, ne savent pas si, dans la Syrie victorieuse, elles auront une place sur un pied d'égalité avec les hommes, ou si elles continueront à être opprimées et asservies par les lois réactionnaires ?

La résistance peut-elle se renforcer sans savoir qui va décider de l'avenir de la Syrie si elle parvient à renverser Assad ? Sera-ce à une assemblée constituante, libre et souveraine, qui décidera de l'avenir de la Syrie ? Ou sera-ce les amis de l'impérialisme qui, depuis l'extérieur de la Syrie, préparent la « transition », espérant la collaboration de secteurs du régime Assad dans cette négociation ?

La lutte pour le programme de la révolution devient ainsi l’arme la plus puissante de la résistance. La lutte pour ce programme commence par placer les combattants révolutionnaires les plus lucides à la tête de la bataille pour construire ce programme, et par y faire participer les Comités locaux, alors que ceux-ci luttent en même temps pour la centralisation de ces comités qui, unifiés, doivent devenir le véritable organisme de pouvoir de la révolution. La lutte pour ce programme doit inclure comme tâche la bataille pour la formation d'un Comité central de milices qui, sous réserve des décisions de l'organisme central des Comités locaux, mette un terme à l’actuelle fragmentation et centralise les plans militaires, la fourniture des milices et l’armement.

La bataille est pour ce programme pour gagner la guerre et donner une issue ouvrière, populaire et démocratique à la révolution syrienne.

A cet égard, il est essentiel que tous ces combattants plus conscients qui intègrent les comités locaux construisent ce programme et se donnent la tâche, autour de lui, de construire un parti politique révolutionnaire, socialiste, ouvrier et internationaliste.

La défense de ce programme et la lutte pour la construction du parti révolutionnaire passera inévitablement par un combat politique permanent contre les actuelles directions collaborationnistes qui, tant à partir de ce qu’on appelle la Coalition nationale qu'à partir de la Coordination nationale syrienne ou le commandement de l'ASL, n’ont rien fait d’autre que d’appeler encore et encore à l'intervention impérialiste tout en montrant leur incapacité à résoudre les problèmes cruciaux de la résistance.

Une campagne internationale de solidarité avec la révolution syrienne est urgente !Nous, de la LIT, nous appelons à intensifier la campagne de soutien à la résistance syrienne. Nous appelons toutes les organisations syndicales et démocratiques à exiger des gouvernements des armes et un soutien matériel pour la résistance syrienne.

Nous ne voulons pas d'intervention militaire de l’impérialisme, nous voulons que le peuple syrien ait le droit démocratique le plus élémentaire à se défendre. Ceux qui prétendent à juste titre que l’on ne peut pas être indifférent à un massacre qui a

61

Page 64: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

fait plus de 100 000 victimes devraient être les premiers à se joindre à cette exigence envers leurs gouvernements.

Pour notre part, nous allons intensifier la campagne en favorisant la transmission de la voix de la résistance syrienne partout, en organisant des rassemblements et des tournées avec les camarades les plus proches qui font partie de la résistance syrienne.

Notre campagne est au service de la victoire de la révolution syrienne, pour laquelle nous exigeons publiquement des gouvernements l’envoi d'aide matérielle aux combattants syriens. Et nous lutterons pour que les organisations ouvrières et démocratiques se joignent à la campagne.

En même temps, nous allons prendre des initiatives pour faire connaître la situation de la révolution en Syrie et obtenir le soutien matériel pour les secteurs les plus progressistes de la résistance, comme les Comités locaux.

La révolution syrienne est actuellement le principal affrontement entre révolution et contre-révolution dans le monde. De sa victoire ou de sa défaite dépend l'avenir, non seulement de cette révolution, mais de l'ensemble des révolutions dans la région. Il n’y a donc pas de tâche plus urgente que d’entourer de solidarité active la révolution syrienne.

Comité exécutif international de la LIT-QI

Le 27 septembre 2013

62

Page 65: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

L’intervention criminelle impérialiste se complique10 septembre 2013

Il y a quelques semaines, une intervention impérialiste « précise et limitée » en Syrie semblait imminente. « J'ai décidé que les Etats-Unis doivent agir militairement en Syrie », voilà le défi proclamé par Obama. Tout indiquait que même en l’absence de couverture par l'ONU et l'OTAN, l'intervention aurait lieu, au moins avec le soutien du Royaume-Uni, son principal allié, et celui de la France.

Mais les choses se sont enlisées, et ce qui était imminent devint incertain. Le 29 août dernier, le parlement britannique bloqua les intentions du Premier ministre, David Cameron, d'attaquer un pays étranger. Cela n'arrive pas souvent dans l'histoire. Pris au piège aux yeux du monde entier, Cameron n'avait d'autre choix que de « respecter » la décision du parlement, ce qui ne manquait pas de compliquer les plans qu'Obama avait annoncés en grande pompe. Selon les sondages, seuls 25 % des Britanniques seraient favorable à une intervention militaire en Syrie.

Par la suite, en France, l'opposition à Hollande a commencé à faire pression pour que toute décision militaire soit approuvée par l'Assemblée nationale, chose inédite dans l'un des pays d’Europe où les prérogatives présidentielles sont des plus amples. Le président français avait déjà vu d'un bon oeil l'occasion de participer à une entreprise qui pouvait lui donner une meilleure position au Moyen-Orient et sur la scène internationale, en particulier avec la sortie de scène inattendue du Royaume-Uni. Il semblait avoir contourné cet obstacle en restant ferme face à l'opposition et en appelant à un simple « débat informatif extraordinaire » au parlement français. Toutefois, ces frictions jetèrent une ombre de doutes sur l'opportunité de cette décision, ce qui augmenta la pression sur Hollande.

Ce n'est pas par hasard si celui-ci a tempéré son discours et  essaye de maintenir une certaine distance par rapport à l'intransigeance et à la hâte de son homologue américain pour en découdre avec la Syrie, en utilisant des arguments tels qu’« attendre le rapport de l'ONU sur l'utilisation des armes chimiques » ou en insistant sur « la recherche d'un consensus international le plus large possible ». Mais il est clair qu'Hollande serait prêt à accompagner une action étasunienne. En France, selon les sondages, 68 % de la population est contre l'engagement militaire du pays en Syrie.

Et, cerise sur le gâteau, les contradictions dans les salons impérialistes en arrivent au point que le pape François lui-même s'est prononcé contre l'intervention militaire.

C'est dans ces conditions qu'Obama est arrivé à la réunion du G-20, où il n'a pas non plus obtenu un soutien catégorique à ses plans militaires. Il n'en est pas revenu les mains vides, mais a dû se contenter d'une déclaration signée par une dizaine de pays (l'Espagne, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie, la Turquie, le Japon, la Corée du Sud, l'Arabie saoudite et l'Australie), selon laquelle, en général, le régime d'El-Assad mérite une « réponse incisive », sans toutefois définir clairement quand et comment.

63

Page 66: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Les difficultés d'Obama au Congrès étasunienLes alliances se rétrécissant comme peau de chagrin, Obama a annoncé, le samedi 31 août, qu'il soumettrait sa décision au Congrès. C'est chose inédite, au moins dans l'histoire récente, quand il s'agit d'interventions militaires. C'est sans doute un geste risqué, car il y a un éventail d'intérêts et un ample secteur d'opposition au Capitole, mais c'est aussi un coup habile, car il jette le poids de la décision, avec tous ses coûts politiques, sur le Congrès. D'autre part, le Congrès étasunien étant en vacances, la décision d'attaquer ou pas pourrait prendre plusieurs jours.

Malgré les déclarations d'Obama minimisant le refus britannique d'appuyer ses plans militaires, et la réaffirmation d'agir éventuellement seul, le fait est qu'une incertitude s'est installée dans les cercles politiques les plus élevés.

Dans ce contexte, Obama a commencé une série de consultations avec John Boehner et Nancy Pelosi, les leaders parlementaires respectifs du parti républicain et du parti démocrate. Ils ont tous deux promis leur soutien, mais sans garantir pleinement la discipline de leurs groupes.

Engagé dans une voie sans issue, où la « crédibilité » elle-même de la première puissance militaire du monde est en cause, John Kerry, le secrétaire d'Etat, multiplie jour après jour les déclarations. Il exhorte vivement les parlementaires : « La crédibilité américaine est en jeu et le Congrès fera ce qu'il faut. » Et il insiste : « Nous devons montrer que ce pays est uni et agit de façon unitaire pour la défense de ses intérêts. »

Même John McCain, sénateur républicain bien connu et adversaire d'Obama, se fait l’écho de ces appels. A la sortie d'une réunion à la Maison Blanche, il dit  : « Si le Congrès devait rejeter une résolution de ce genre, après que le président étasunien se soit engagé à mener une action militaire, les conséquences seraient catastrophiques. »

Dans ce va-et-vient de consultations, sous les regards de l'opinion publique mondiale, on voit un Obama qui insiste encore et encore sur le fait que son objectif en Syrie est « une intervention limitée, réduite à la réponse que l'on veut donner », une action « brève », qui n'engagera « en aucun cas des troupes sur le terrain », et qui ne vise pas à « renverser » Assad mais à « dégrader les capacités du régime ». Kerry est sur la défensive et répète que « notre réponse sera extrêmement restreinte et limitée ». Bref, tout l'effort de l'administration Obama consiste à convaincre que son plan en Syrie « n'est pas comme celui de l'Irak ».

Aux Etats-Unis, la majorité de la population est réticente à une nouvelle aventure militaire. Ils ne sont que 9 % à appuyer les intentions du gouvernement, et 59 % pensent que le Congrès devrait dire non au président. Même dans le cas où l'utilisation d'armes chimiques par la dictature syrienne serait prouvée, seulement 25 % soutiendraient une intervention, selon un sondage du Washington Post.

Une éventuelle négociation ?Ces plans étant de plus en plus remis en question, Kerry a réaffirmé qu'il « préfère un processus politique ». Il ouvre ainsi une porte qui pourrait signifier une éventuelle négociation avec le régime d'El-Assad. Prié de dire s'il y avait une chance d'arrêter l'attaque contre la Syrie, il déclara : « Bien sûr. Il pourrait remettre toutes ses armes chimiques, sans exception, à la communauté internationale, au cours de la semaine. »

64

Page 67: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

La Russie, un allié de la dictature syrienne, n'a pas tardé à le prendre au mot et a interprété cela comme une possible « alternative de paix ». Elle a soutenu la « proposition » et son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré : « Nous appelons les dirigeants syriens à se mettre d'accord, non seulement pour mettre les stocks d'armes chimiques sous contrôle international, mais aussi pour ensuite les détruire et pour s'incorporer pleinement dans l'Organisation de l'interdiction des armes chimiques. »

En même temps, le Premier ministre britannique, Cameron, déclara que cette issue « serait un grand pas en avant ».

Le régime syrien, quant à lui, déclara par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Walid Mualem : « Nous avons entendu avec attention la déclaration du ministre Lavrov et nous saluons l'initiative. »

Compte tenu de ces déclarations, un porte-parole de la Maison Blanche a promis d'« étudier attentivement » la proposition.

Bien sûr, ce va-et-vient ne garantit en aucune façon que l'impérialisme s'abstiendrait d'attaquer la Syrie, même contre son propre Congrès, mais de telles propositions peuvent fournir une « sortie honorable » si, pour une raison quelconque, il se voyait obligé de suspendre l'attaque.

Il est possible de mettre en échec l'intervention impérialiste !Tous ces faits démontrent les énormes difficultés pour l'impérialisme d'intervenir aujourd'hui militairement dans le monde, notamment en Afrique du nord et au Moyen-Orient.

Cela est principalement dû au dénommé « syndrome Irak », qui s'exprime dans le rejet de larges secteurs des masses dans les pays impérialistes contre l'engagement de leurs gouvernements dans de nouvelles aventures militaires coûteuses, suite à la défaite politique et militaire subie lors des dernières invasions de l'Afghanistan et de l'Irak. Dix ans plus tard, l'impact des soldats morts, des dépenses de milliards de dollars, des abus et des atrocités commises contre les populations locales, est encore présent dans les mémoires, ainsi que – et particulièrement en ce moment – l'impact de l'énorme fiasco que fut cette invention des prétendues « armes de destruction massive » en Irak. En temps de crise, alors que les gouvernements des Etats-Unis et de l'Europe attaquent les droits et le niveau de vie de la classe ouvrière et du peuple, les nouvelles aventures militaires sont considérées comme un gaspillage inutile de ressources dont on ne dispose pas.

Ce sentiment des masses et le rejet qui en résulte sont un élément extrêmement progressiste. Il faut l'encourager et le transformer en opposition consciente, organisée et mobilisée contre les plans des gouvernements impérialistes d'attaquer d'autres pays.

C'est la raison de tout ce va-et-vient et de toutes les précautions des gouvernements des grandes puissances pour intervenir militairement en Syrie et dans d'autres pays. Cela ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas le faire ou qu'ils ne le feront pas, mais l'action militaire s'avère ne pas être leur premier choix, surtout au milieu du processus puissant de révolutions qui secoue la région. L'Afrique du nord et le Moyen-Orient sont maintenant une poudrière, et ils le savent.

Nous insistons sur le fait que rien de tout cela ne signifie que l'impérialisme est totalement incapable d'intervenir. Il le fera d’ailleurs très probablement. Mais le fait est qu'il lui est beaucoup plus difficile, non seulement d'entamer une action militaire mais aussi de définir ses objectifs et sa durée. Il est pratiquement exclu,

65

Page 68: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

comme Obama lui-même ne cesse de le rappeler, que les Etats-Unis envahissent la Syrie avec des troupes au sol. Non pas parce qu'ils ne le veulent pas, non pas parce qu'ils ne le désirent pas, mais parce qu'ils n'ont pas les conditions politiques, un rapport de forces favorable, pour le faire. Et cela est le résultat de la résistance héroïque des peuples irakiens et afghans, qui ont vaincu l'impérialisme dans une guerre de longue durée. C'est le résultat de l'impact que cette résistance a eu sur la population des principaux pays impérialistes. Il est évident que c’est très important pour le développement en cours des révolutions dans le dénommé monde arabe, car l'impérialisme y intervient d'emblée avec des limitations pour agir comme il le voudrait ou le pourrait.

C'est le moment pour redoubler les efforts et renforcer l'opposition et la mobilisation contre les plans impérialistes d'intervention en Syrie, en organisant des manifestations dans les pays impérialistes. L'arrêt d'une attaque militaire contre la Syrie serait, sans aucun doute, une victoire du mouvement des masses et un sérieux revers pour Obama et ses partenaires impérialistes.

Ce serait une conquête, car cette intervention vise à essayer de contrôler et de vaincre la révolution de l'intérieur, pour que les Etats-Unis et ses partenaires puissent stabiliser le pays et la région. L'impérialisme ne poursuit aucun intérêt humanitaire en Syrie, mais les intentions colonialistes et contre-révolutionnaires les plus abjectes. Une attaque militaire étasunienne causerait certainement plus de souffrances et de morts parmi le peuple syrien, qui endure depuis deux ans et demi toute sorte de tortures.

C'est pourquoi nous sommes totalement opposés à l'intervention militaire planifiée par Obama, et nous dénonçons en même temps les directions elles-mêmes du camp rebelle, comme le sommet de l'Armée syrienne libre et le Conseil national syrien, qui appelent à une action militaire impérialiste. Il ne s’agirait pas d’autre chose que d’ouvrir la porte à la contre-révolution.

En même temps que nous rejetons toute intervention militaire en Syrie, nous devons exiger avec force de tous les gouvernements du monde entier la rupture des relations commerciales et diplomatiques avec la dictature syrienne et l'envoi d'armes lourdes, de médicaments et de toutes sortes de fournitures aux milices rebelles et aux Comités locaux de coordination, sans aucune condition, car ce sont eux qui peuvent renverser le dictateur syrien sanguinaire.

La lutte implacable contre les plans militaires d'Obama en Syrie doit être menée dans le cadre d'un soutien inconditionnel à la cause de la révolution syrienne et d'une position catégorique en faveur d'une victoire militaire rebelle, sous le mot d'ordre :

A bas la dictature d'El-Assad !

Non à l'intervention impérialiste !

Une déclaration de la Ligue Internationale des Travailleurs - QI.

Le 10 septembre 2013

66

Page 69: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

A bas Bachar El-Assad !Non à l'intervention impérialiste !

30 août 2013

Les gouvernements des principales puissances impérialistes, ainsi que la Turquie, se préparent à une attaque militaire contre la Syrie. Même après la défaite de Cameron au Parlement britannique, qui a voté contre la participation britannique dans le conflit, le gouvernement d'Obama a déclaré qu'il est prêt à agir seul ou, tout au plus, avec le soutien de la France.

L'impérialisme prétend cyniquement que l'objectif de cette intervention armée serait « humanitaire », en vue de « protéger des civils » syriens. Et il utilise, comme prétexte, l'attaque brutale et méprisable avec des armes chimiques dans la banlieue de Damas, qui a tué au moins 1 400 personnes.

Comme le rapporte le Washington Post, les Etats-Unis envisagent une intervention militaire limitée dans la durée et dans les cibles, menée en collaboration avec d'autres puissances. Elle consisterait dans le lancement de missiles à partir de la mer, pendant quelques jours, contre des cibles militaires, ne se limitant pas nécessairement aux cibles liées aux armes chimiques.

Cette hypothèse est renforcée par la présence de navires de guerre de la marine étasunienne dans l'est de la Méditerranée, armés de missiles de croisière et en position de combat, et d'autres navires appartenant au Royaume-Uni et à la France.

L'action, dans le cas d'avoir lieu, ne viserait pas directement le renversement d'Assad, mais plutôt son affaiblissement et une contrainte sur le régime, pour qu'il accepte une issue et une transition négociée – jusqu'à maintenant la politique préférée de l'impérialisme.

La Maison Blanche l'a confirmé elle-même via son porte-parole Josh Earnest, qui a dit au Congrès étasunien que l'action serait « limitée » et qu'elle « ne viserait éventuellement ni une invasion ni une modification du régime ». Le président français, François Hollande, a déclaré lui aussi que le but serait de « ralentir » l'utilisation d'armes chimiques et qu'il « n'est pas question de renverser » Assad.

Dans la gamme des options militaires, l'impérialisme prend en considération celles qui auraient le moindre coût politique, au sein d'un pays et d'une région secoués par un puissant processus de révolutions populaires. Dans ce contexte, cette solution serait la moins risquée pour l'impérialisme, qui ne dispose pas de conditions politiques pour mettre ses bottes sur la Syrie à travers une attaque au sol. Il n'y a que 25 % de la population qui approuverait une implication dans un autre conflit armé.

Même une zone d'exclusion aérienne est évaluée avec le plus grand soin, car les défenses antiaériennes du régime d'Assad ne sont pas négligeables.

Nous savons que beaucoup de combattants rebelles – qui luttent de façon héroïque pour en finir avec une tyrannie monstrueuse qui contrôle le pays depuis 40 ans et qui a commis les pires atrocités contre des civils depuis le début de la révolution – peuvent voir dans cette intervention éventuelle de l'impérialisme une « aide » ou une « protection » dans leur lutte inégale contre le despote de Damas.

67

Page 70: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Dans le cadre de notre soutien total et inconditionnel à la lutte du peuple pour renverser Assad, nous affirmons qu'aucune intervention de l'impérialisme n'a cette fin, ni ne l'aura jamais.

Une telle intervention ne serait pas « humanitaire » ; elle ne viserait pas à « sauver des vies » ou à « défendre les droits de l'homme » ; et beaucoup moins encore « la réussite de la révolution ». Car si les Etats-Unis avaient voulu vraiment aider les rebelles syriens pour renverser Assad, ils leur auraient fourni, sans conditions et depuis longtemps – et en sauvant beaucoup de vies – les armes lourdes tellement nécessaires, telles que des avions, des chars et des missiles antiaériens.

L'impérialisme intervient pour tenter d'imposer sa puissance militaire et pour devenir la pièce maîtresse du nouveau pouvoir qui remplacerait Assad ; il intervient pour exercer directement son influence et pour obtenir un accord qui réponde à ses intérêts actuels et potentiels, après une éventuelle chute d'El-Assad.

L'impérialisme intervient toujours avec ses propres objectifs, qui vont toujours dans le sens de dominer directement l'économie et la politique du pays qu'il attaque. C'était la raison de l'invasion en Irak et en Afghanistan. C'est aussi pourquoi il soutient Israël dans l'usurpation du territoire et le nettoyage ethnique contre le peuple palestinien. C'est pourquoi il soutient la monarchie ultra réactionnaire de l'Arabie saoudite, qui a servi d'intermédiaire pour réprimer la juste lutte du peuple de Bahreïn contre son gouvernement, une autre monarchie fantoche de l'impérialisme.

Et c'est également l'objectif en Syrie. Le discours sur des motifs humanitaires présumés, tels que la « protection des civils », est un chant de sirène qui ne doit pas tromper les combattants syriens ni la gauche dans le monde. L'action elle-même de l'impérialisme dans la guerre civile en Syrie, jusqu'ici, en est la preuve.

Le soutien d'El-Assad fut la politique d'Obama lui-même, y compris pendant un certain temps après le début du soulèvement populaire contre la dictature syrienne. Car El-Assad lui rendait de précieux services en termes de la sécurité d'Israël et de la stabilisation de la région.

L'hypocrisie de l'impérialisme est sans limites. Obama et les grandes puissances européennes ont toujours fermé les yeux sur toute la répression et les crimes sanglants de la dictature d'El-Assad, aussi longtemps que celui-ci était en mesure de leur garantir une stabilité.

L'impérialisme a retiré son soutien au dictateur – et non au régime lui-même – seulement quand il s'est rendu compte que, suite à la lutte armée du peuple syrien, le maintien de ce soutien devenait impraticable du point de vue des principaux intérêts étasuniens en ce moment : stabiliser le pays et vaincre la révolution dans toute la région.

Cependant, la position de l'impérialisme en faveur de la sortie de Bachar El-Assad ne signifie pas qu'il a abandonné la politique d'une négociation de sortie entre le régime et les secteurs pro-impérialistes de l'opposition, comme le Conseil national syrien (CNS), dans la mesure du possible.

Dans ce contexte, les Etats unis – confrontés à une situation de guerre civile qui déstabilise la région et se prolonge sans issue à court terme, et au refus de négocier de la dictature d'Assad – tentent d'intervenir pour vaincre la révolution et pour assurer leur domination, éventuellement sans Bachar.

68

Page 71: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Le but n'est donc pas de « libérer » le peuple syrien, mais d'essayer de devenir le nouveau maître et d'imposer une domination coloniale, à l'instar de ce qu'ils ont fait dans de nombreux autres pays.

L'impérialisme cherche un contrôle direct. Il s'y met pour essayer d'empêcher que ce soit le peuple syrien ou les rebelles qui – après avoir dirigé la lutte au prix de beaucoup de douleur, de sueur et de sang de ses martyrs – gouvernent après la défaite du tyran.

Il exigera le désarmement de tous les révolutionnaires, pour que ce soit lui – ou ses marionnettes, qui ne manquent pas, ni ne manqueront – le détenteur du monopole militaire, afin d'essayer de « stabiliser » le pays dans le sens de ses intérêts. Mais rien n'indique qu'il lui sera facile de réaliser ces plans. Il le cherche toujours en vain en Libye, par exemple. Car une grande révolution est en cours en Syrie et dans toute la région.

Pourquoi une éventuelle intervention ?Pour comprendre pourquoi l'impérialisme militaire interviendrait maintenant, alors qu'il a évité de le faire durant presque tout le conflit, il faut analyser la situation militaire en Syrie.

Ces derniers mois, le régime a remporté d'importants succès militaires, reprenant des positions stratégiques tombées en en mains des rebelles. Mais ces victoires étaient dues principalement à la supériorité en armements et à l'assistance matérielle externe reçue du Hezbollah, de l'Iran et de la Russie. Sans cette supériorité militaire et cette aide étrangère, ces avancées auraient très difficilement eu lieu.

La difficulté évidente pour le régime de réaliser des opérations terrestres de grande envergure avec ses propres troupes en est la preuve. Ces troupes n'ont pas le moral qu'ont les rebelles. C'est pourquoi le régime fait appel systématiquement à des encerclements, soutenus par des frappes aériennes ou le lancement de missiles, qui ne nécessitent pas un combat direct. Des rapports font état des multiples difficultés du régime, qui doit faire appel à une intense répression interne pour empêcher les défections massives de ses soldats et ses officiers.

Cela explique pourquoi les différentes forces de la résistance continuent à contrôler une partie importante du territoire de ce pays, malgré les dernières avancées d'Assad sur la frontière avec le Liban ou à Homs. L'Armée syrienne libre (ASL) contrôle toujours des quartiers entiers de la périphérie de la capitale elle-même, Damas, malgré la contre-offensive au cours des derniers mois, qui lui a coûté d'énormes pertes en vies humaines et en matériel.

Autrement dit, malgré les victoires militaires, le régime n'est pas capable d'écraser définitivement la révolution, même pas à Damas. Il en est de même dans les autres grandes villes, comme Alep, où les rebelles ont récemment pris l'une des principales bases aériennes du régime.

C'est cette situation – de victoires tactiques, mais dans le cadre d'une perspective décourageante, à long terme – qui a poussé la dictature à déchaîner un bombardement systématique et dévastateur sur la banlieue de Damas, y compris en ayant recours à son arsenal chimique à une échelle jamais utilisée jusque-là, comme en témoignent les plaintes. Son but, avec cette escalade d'attaques, y compris avec des gaz toxiques, ne peut pas être autre chose que l'extermination : extirper les rebelles de Damas et instiller la terreur la plus complète dans la population.

69

Page 72: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Face à cette dynamique aux conséquences imprévisibles, l'impérialisme tente de résoudre à sa faveur une situation marquée par une guerre civile embourbée, qui s'éternise déjà pendant deux ans dans une région stratégique.

Il interviendra pour affirmer une présence militaire dans la région et pour imposer une négociation avec El-Assad en vue d'une « transition » qui tendrait à stabiliser le pays et la région, une condition importante pour continuer le pillage impérialiste. Si la négociation n'est pas possible, l'impérialisme essayera d'imposer un nouveau gouvernement, sans Assad, sous son contrôle direct.

Le castro-chavisme utilise les menaces de l'intervention impérialiste pour justifier encore davantage son soutien infâme au dictateur génocidaire de la Syrie, tout comme il a soutenu le sanguinaire Kadhafi, en affirmant que, si l'impérialisme attaque, c'est parce qu'El-Assad serait un « leader anti-impérialiste et antisioniste ». Il lance déjà un appel aux peuples et à la gauche, pour soutenir El-Assad et pour s'unir à lui, étant donné son rôle présumé dans la « résistance » à l'impérialisme.

Mais la réalité dément ce discours castro-chaviste. Le régime du clan Assad n'a rien d'« anti-impérialiste ». Il a joué un rôle important dans le cadre de la domination sioniste et impérialiste dans la région, en particulier ces dernières années, en appliquant soigneusement les politiques néolibérales du FMI et en garantissant les frontières de l'Etat nazi-sioniste d'Israël, contre lequel il n'a tiré ni une balle pendant 40 ans, tout en massacrant son propre peuple.

Selon le conte de fées raconté par le castro-chavisme, Assad serait également un opposant radical à Israël et un protecteur des Palestiniens. Mais la réalité est qu'au cours de la guerre civile, il faut compter, parmi tous les crimes contre l'humanité qu'El-Assad a commis, le bombardement systématique des camps de réfugiés palestiniens, lorsqu'un secteur d'entre eux est passé à l'opposition. C'est le cas de Yarmouk à Damas, aujourd'hui assiégé et empêché ainsi de recevoir de la nourriture et des médicaments.

Nous sommes totalement contre l'intervention impérialiste, mais cela ne peut pas nous conduire à soutenir la dictature sanguinaire d'El-Assad, qui massacre son peuple sans état d'âme, un peuple qui lutte vigoureusement pour mettre fin à son régime. Avec ce soutien, le castro-chavisme est devenu le complice des crimes horribles de ces dictateurs.

La classe travailleuse et les peuples du monde doivent se ranger plus que jamais du côté de la révolution syrienne, contre la dictature d'Assad, et en même temps répudier l'intervention de l'impérialisme dans ce pays.

Dans les pays impérialistes, il est nécessaire de démonter la campagne pour justifier l'intervention militaire. Nous devons nous mobiliser contre les gouvernements qui préparent les plans d'intervention armée. Nous devons dénoncer une éventuelle intervention, même si l'on essaye de lui donner une couverture « humanitaire » contre les massacres horribles d'El-Assad, car son véritable objectif est d'imposer de nouveaux maîtres au peuple syrien.

L'issue est tout autre : un soutien total aux rebelles. Cela signifie l'envoi – immédiatement et sans conditions – d'armes lourdes et de toutes sortes de fournitures, telles que des médicaments et du matériel, pour la résistance syrienne, ainsi que l'ouverture des frontières des différents pays pour le passage de cette aide et des combattants qui sont prêts à se battre contre Assad.

70

Page 73: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Dans le même temps, nous devons exiger, dans tous les pays, la rupture immédiate des relations diplomatiques et commerciales avec la dictature syrienne.

Le 30 août 2013

Ligue Internationale des Travailleurs – Quatrième Internationale

A bas el-Assad ! Non à l'intervention impérialiste !

Mobilisons-nous dans tous les pays pour soutenir la révolution syrienne, contre les plans d'invasion impérialistes.

Exigeons la rupture des relations diplomatiques et commerciales avec la dictature syrienne !

Que les gouvernements du monde entier envoient des armes et des médicaments aux rebelles syriens !

Pour la victoire de la révolution syrienne !

71

Page 74: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

10 questions clés pour comprendre la révolution syrienne20 juin 2013

Aldo Cordeiro Sauda, Fabio Bosco, Márcio Palmares, Ronald León Núñez, Sebastião Nascimento

La Révolution syrienne est en danger ! L'intervention de la Russie, de l'Iran et du Hezbollah a permis au régime décadent de Bachar El-Assad de reprendre le contrôle dans des villes importantes et de déclencher une nouvelle vague de massacres contre la population. La contre-révolution a déjà coûté plus de 100 000 vies. Le peuple syrien et la révolution ont besoin du soutien et de la solidarité active des travailleurs et des jeunes à travers le monde !

Les militants et les personnes engagées dans les organisations politiques, syndicales, populaires et étudiantes doivent exprimer leur solidarité et leur soutien inconditionnel à la lutte révolutionnaire du peuple syrien pour renverser le régime dictatorial et génocidaire de Bachar El-Assad ; et ils doivent, en même temps, répudier l'intervention de l'impérialisme étasunien et de l'européen, ainsi que celle de la Russie, de la Chine, de l'Iran et du Hezbollah.

La compréhension de la révolution syrienne et le témoignage de la solidarité avec elle font essentiellement partie de la lutte internationale, des travailleurs et de tous les opprimés et de tous les exploités, contre le capitalisme impérialiste.

Discutez cet article dans votre organisation ! Participez aux actions de solidarité dans votre ville !

1) Y a-t-il vraiment une révolution en cours en Syrie ?Oui ! Il y a une révolution très profonde et puissante en Syrie ! Elle s'inscrit dans le cadre du processus social et politique dénommé « Printemps arabe » par la grande presse, et que nous dénommons comme la « Révolution en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ». La révolution en Syrie est actuellement le point culminant et le plus critique de cette révolution régionale qui a commencé en Tunisie et s'est étendue à presque tous les pays de la région. Il s'agit d'une vague de révolutions qui, dans un premier moment, affronte essentiellement le régime politique, c'est-à-dire les dictatures qui gouvernent les pays arabes depuis des décennies en conformité avec les intérêts de l'impérialisme. En même temps, ces révolutions se transforment en un affrontement global contre le système capitaliste et contre l'impérialisme, par le fait de réveiller des millions de personnes qui ont enduré de longues années de misère et d'oppression et de les mettre en mouvements. L'explosion récente des soulèvements populaires en Turquie, par exemple, qui a commencé pour des raisons apparemment « anodines » et est devenue immédiatement un défi radical à l'ordre établi, démontre la nature, l'étendue et la profondeur de ce processus révolutionnaire.

2) Beaucoup de gens disent qu'il n'y a pas de révolution en Syrie, mais bien une guerre civile entre groupes ethniques ou religieux, entre sunnites et alaouites, par exemple.L'impérialisme et le régime de Bachar El-Assad utilisent la religion comme une arme pour diviser les Syriens et faciliter le travail de la contre-révolution. Ils appliquent ainsi la vieille stratégie de « diviser pour régner ». Mais par son origine

72

Page 75: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

et sa nature, la révolution syrienne n'a rien à voir avec des conflits entre idéologies religieuses : il s'agit de la lutte politique (et militaire) contre un régime dictatorial qui terrorise la population avec sa police. L'annonce, reproduite dans la presse internationale, concernant la « lutte de factions » a pour objectif de générer l'indifférence et d'empêcher la révolution de recevoir la solidarité dont elle a besoin. Mais en fait, les différents traditions ou courants de la religion islamique coexistent pacifiquement depuis des décennies en Syrie et dans de nombreux pays arabes. Ce n'est pas par hasard que l'un des principaux slogans de la révolution est : « Le peuple syrien est un seul peuple ! »

3 ) La Syrie est en train d'être envahie par l'impérialisme ? Dans ce cas, ne devrions-nous pas être avec la Syrie contre les Etats-Unis et Israël ?C'est ainsi que fonctionne la propagande de la dictature de Bachar El-Assad, répétée dans le monde entier par la direction des courants staliniens, sociaux-démocrates et castro-chavistes. Ils mentent quand ils disent qu'en Syrie, il y a une « guerre de libération nationale » comme celle qui a eu lieu en Irak depuis 2003.

Il n'y a donc pas de guerre de libération nationale en Syrie ! Ce qu'il y a, c'est une guerre civile révolutionnaire, où les masses ont pris les armes pour résister aux crimes de la dictature, à la terreur, aux méthodes d'extermination, d'emprisonnement et d'assassinat en masse, aux bombardements et à l'utilisation de l'armée contre la population. En d'autres termes, ce que nous voyons en Syrie, c'est un affrontement armé entre la révolution et la contre-révolution.

Pour ceux qui en doutent, il suffit de regarder la façon dont le régime traite la population. Dans toute guerre de libération nationale, l'Etat bourgeois et son armée mobilisent la population pour combattre aux côtés du gouvernement et du régime contre l'armée d'invasion. Bachar El-Assad, en revanche, est en train de massacrer la population, afin de vaincre une révolution, c'est-à-dire afin de vaincre le peuple syrien et les forces politiques et militaires qui attaquent la dictature pour la détruire, comme le premier acte de la révolution victorieuse, et pour acquérir des libertés démocratiques et civiles élémentaires.

4) Mais le gouvernement syrien n'est-il pas antiimpérialiste ?Non ! Bachar El-Assad n'est pas antiimpérialiste et ne l'a jamais été ! Selon des documents révélés par WikiLeaks, le gouvernement syrien, en plus d'avoir pratiqué des arrestations arbitraires, des tortures et des meurtres systématiques à la demande de la CIA, a également eu, jusqu'à très récemment, des relations extrêmement étroites avec les services secrets étasuniens.

La famille Assad est amie des Etas-Unis depuis belle lurette ! Le père, Hafez el-Assad, de qui Bachar a « hérité » le trône de président, a participé activement à la première invasion de l'Irak, en 1990-91, sous le commandement du gouvernement étasunien. En 1976, lorsque la Syrie a occupé le Liban afin de vaincre le mouvement national palestinien qui combattait contre Israël, Assad a pu compter avec le soutien direct de Washington et de Tel-Aviv. Ce n'est pas par hasard que les Etats-Unis sont moins préoccupés par la possibilité qu'Assad utilise ses armes chimiques, que par la possibilité que ces armes échappent de ses mains dignes de confiance.

Durant quarante ans, les frontières de la Syrie avec Israël étaient les plus sûres au monde : Assad n'a jamais tiré une seule balle contre Israël ! Assad a fait usage de

73

Page 76: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

ses avions, ses missiles et ses armes chimiques contre son propre peuple, alors que contre Israël, il n'a fait que des discours !

Une preuve supplémentaire du caractère soumis du gouvernement d'Assad est qu'il maintient une base militaire russe sur le territoire national ! En plus d'être un allié historique des Etats-Unis, Assad est également un agent des capitalistes russes !

5) Mais n'y a-t-il pas des milices islamistes fondamentalistes, financées par l'impérialisme, en lutte contre le régime de Bachar El-Assad ? Et c'est quoi finalement, cette Armée syrienne libre (ASL) ?L'impérialisme agit contre la révolution de différentes manières. Il y a effectivement des milices fondamentalistes salafistes qui combattent le régime, financées principalement par l'Arabie saoudite et le Qatar, des pays alliés aux puissances impérialistes. C'est une force militaire qui a un programme réactionnaire, qui se bat contre le régime avec une vision sectaire, confessionnelle et religieuse, comme si la révolution était la confrontation de la majorité sunnite, contre la minorité alaouite soi-disant représentée par Assad.

Bien que ces milices reçoivent davantage de ressources et sont bien mieux équipées que les milices populaires et laïques (non religieuses) désignées en général comme l'Armée syrienne libre (ASL), l'approvisionnement en armes aux islamistes radicaux se limite également à des armes légères, insuffisantes pour détruire l'armée du régime.

En revanche, l'ASL a un plus grand ancrage au sein de la population, qui lui apporte un soutien social et politique dont les milices salafistes ne disposent souvent pas. L'Armée syrienne libre est donc un front militaire laïc formé principalement par des déserteurs de l'armée syrienne régulière et des civils qui ont tout perdu dans la guerre et ont rejoint la révolution, ainsi que par tous les secteurs qui ont promu la révolution par le biais de grandes mobilisations – comme les Comités locaux de coordination – et qui ont été forcés de se défendre et ont donc souvent pris les armes pour cela.

La direction de l'ASL préconise donc une perspective laïque, démocratique et bourgeoise ; et elle présente des tendances à la conciliation avec les puissances coloniales, par le fait d'être bourgeoise. Ceci est en contradiction avec le sentiment de la population et des milices elles-mêmes, qui se sont soulevées et qui veulent des libertés démocratiques et la justice sociale, et qui ne veulent rien savoir de l'impérialisme.

Dans la lutte contre El-Assad, les révolutionnaires doivent établir une unité tactique, ponctuelle – c'est-à-dire militaire – avec tous ces courants et ces forces armées, en maintenant évidemment l'indépendance politique et de classe absolue, et en montrant aux combattants syriens les inconséquences inévitables de ces directions bourgeoises.

6) Mais est-il juste de soutenir une révolution où l'impérialisme agit également, d'y participer ?L'impérialisme intervient dans tous les aspects de la vie politique, économique et culturelle de n'importe quel pays. Il ne devrait donc pas sembler étrange que l'impérialisme intervienne également dans le cadre d'une révolution, pour la vaincre ou pour la détourner vers ses propres fins.

74

Page 77: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

L'intervention de l'impérialisme fait qu'il est d'autant plus urgent de soutenir la révolution, pour éviter que ces puissances dévient ou mettent en échec cette lutte et cette cause, qui sont justes !

7) Les Etats-Unis ne tentent-ils pas de déstabiliser la Syrie pour ensuite envahir l'Iran ?Non. N'en déplaise à la propagande diffusée par les partisans de la dictature, c'est un mensonge. Au contraire, les Etats-Unis veulent stabiliser le monde arabe et vaincre les révolutions qui affligent ces pays. Ils veulent le retour à la normale, le retour au scénario précédent, dans lequel les masses enduraient de façon résignée la pauvreté et l'oppression. Ce que les Etats-Unis ne veulent surtout pas, c'est l'instabilité.

D'autre part, l'impérialisme n'a pas besoin de déstabiliser la Syrie pour envahir l'Iran. La guerre contre l'Iran existe déjà, sans toutefois prendre la forme de l'invasion terrestre ou de frappes aériennes. Mais les raisons pour lesquelles elle n'a pas encore été déclenchée avec toutes ses forces sont autres : la crise économique et politique aux Etats-Unis, la peur de répéter les échecs en Irak et en Afghanistan, etc. Les Etats-Unis ont déjà une enclave militaire au Moyen-Orient, responsable pour l'invasion des pays voisins et pour la sauvegarde de leurs intérêts : l'Etat d'Israël. Et enfin : Israël n'a pas besoin d'aller à la guerre avec la Syrie avant d'attaquer l'Iran. Au contraire, le mieux pour Israël est d'avoir la plus grande stabilité possible à ses frontières !

8) Pourquoi le Hezbollah a-t-il envahi la Syrie ?Le Hezbollah est un parti-armée bourgeois. En tant que tel, par sa nature de classe, c'est, en fin de compte, une organisation contre-révolutionnaire, c'est-à-dire bourgeoise, capitaliste. Le Hezbollah représente les intérêts politiques et économiques d'un puissant secteur de la bourgeoisie libanaise directement lié au capital iranien. Il intervient dans le conflit parce que son approvisionnement en armes et en argent en provenance de l'Iran passe par la Syrie, et que la chute du régime de ce pays pourrait le mettre dans une situation délicate au Liban.

D'autre part, il est presque naturel que le Hezbollah intervienne dans ce conflit en faveur de la dictature d'Assad, car il ne peut pas permettre que des forces politiques et militaires, avec une large base sociale et populaire et des aspirations démocratiques, comme l'ASL, menacent son hégémonie politique (fondée sur le discours de la résistance arabe contre l'impérialisme). Cela affaiblirait beaucoup ses positions politiques.

9) Bon, et alors, qu'est-ce que l'impérialisme est en train de faire en Syrie ?La politique de l'impérialisme n'a qu'un seul objectif stratégique : empêcher que les masses ne renversent Assad, car ce serait une victoire nouvelle et catégorique de la révolution, ce qui est tout à fait inadmissible, non seulement pour les Etats-Unis, Israël et l'Europe, mais aussi pour la Russie, la Chine et l'Iran.

Le rôle tragique joué par la majorité de la « gauche » dans le monde, qui se met du côté de la dictature capitaliste d'Assad contre les masses, permet au gouvernement étasunien d'apparaître aux yeux du monde avec le visage « démocratique » d'Obama, en tant que supposé « défenseur de la démocratie ».

Profitant de cette position politique confortable, l'impérialisme agit contre la révolution de deux manières différentes :

75

Page 78: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

a) Il met en œuvre des efforts diplomatiques visant une « issue négociée » au conflit armé, cherchant à convaincre Assad de démissionner. L'objectif est de parvenir à un « gouvernement de transition », avec des membres de l'opposition et des membres du régime, mais sans Assad. C'est la même politique adoptée contre la révolution en Egypte et au Yémen : utiliser la démission du représentant principal du gouvernement, pour ensuite le remplacer par d'autres représentants, du gouvernement et de l'opposition, qui pourraient freiner le mouvement de masse et maintenir l'essentiel du régime, l'Etat et ses forces armées (ce qui signifie le maintien de l'ordre capitaliste et impérialiste).

b) D'autre part, l'impérialisme infiltre, dans le front militaire de la révolution, des milices fondamentalistes salafistes, pour le cas d'une éventuelle victoire de la révolution, c'est-à-dire du renversement d'Assad. Du point de vue des Etats-Unis et des pétromonarchies du golfe Persique, ces milices pourraient jouer un rôle contre-révolutionnaire de première ligne, au service des intérêts généraux de l'impérialisme. Dans cette hypothèse, les milices fondamentalistes pourraient former une barrière de confinement contre le mouvement de masse victorieux, et éviter ainsi la progression de celui-ci dans ses revendications, et la mise en question du pouvoir bourgeois lui-même.

Bref, l'impérialisme n'est pas un allié de la révolution, en dépit du fait qu'il préconise le départ d'Assad. S'il préconise ce départ, ce n'est pas parce que le dictateur syrien serait « anti-impérialiste », comme le prêche le castro–chavisme, mais parce qu'il est incapable de stabiliser le pays et de vaincre la révolution. Comme l'impérialisme n'est pas en mesure, politiquement, d'intervenir militairement avec ses propres troupes, et que, d'autre part, il ne veut pas une victoire des masses révolutionnaires, il stimule une issue « négociée » pour calmer la situation et maintenir l'essence du régime, même sans Assad.

L'interdiction de l'ONU et de l'Union européenne d'envoyer des armes aux forces rebelles est une preuve catégorique de la peur qu'a l'impérialisme d'armer une révolution qu'il ne contrôle pas, contrairement aux affirmations du castro-chavisme, qui dit que les rebelles sont des mercenaires de la CIA.

C'est pourquoi il est urgent et nécessaire, plus que jamais : a) de dire NON à tout type de négociation qui sauve le régime du Baath, qui sauve la dictature ; b) de dire NON à toute intervention militaire de l'impérialisme ; et c) d'exiger que tous les gouvernements capitalistes du monde, y compris ceux des Etats-Unis, de l'Europe et de la Ligue arabe, envoient des armes lourdes (des chars, des avions, des missiles antiaériens, etc.), sans imposer aucune condition, à l'Armée syrienne libre.

10) Quelle doit être la position des travailleurs et des jeunes à travers le monde, face à ce conflit ?Tous ceux qui luttent contre l'exploitation capitaliste et contre toutes les formes d'oppression, tous ceux qui défendent la démocratie, la liberté d'expression et les droits civils, doivent se mettre avec urgence du côté du peuple syrien, contre la dictature capitaliste et génocidaire de Bachar El-Assad.

La défense de la Révolution syrienne, c'est la défense de la lutte des exploités du monde entier, contre le système capitaliste et impérialiste. Cela veut dire que nous sommes contre l'impérialisme étasunien et européen, et aussi contre leurs agents régionaux israéliens ; cela veut dire que nous sommes contre l'intervention de la Russie et de la Chine, et aussi contre leurs agents régionaux iraniens.

76

Page 79: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Il faut défendre inconditionnellement la révolution, en dépit du fait que sa direction politique (le sommet de l'ASL et la Coalition nationale de l'opposition) est bourgeoise et est, en tant que telle, velléitaire et imbue de tendances conciliatrices. Comme dans toute révolution, la force du processus révolutionnaire réside dans les masses, c'est-à-dire, dans les milices, les milliers de travailleurs et de jeunes armés qui combattent la dictature avec le soutien du peuple syrien. La victoire ou la défaite de la révolution en Syrie aura des conséquences profondes pour la lutte des exploités et des opprimés, partout dans le monde. L'importance de cette bataille ne se limite pas au territoire syrien ou au Moyen-Orient. Comme disent les révolutionnaires de la ville syrienne de Kafranbel dans un de leurs messages : « Il ne s'agit pas seulement d'un ''Printemps arabe'', mais d'un tsunami qui va balayer de la surface de la Terre tous les régimes dictatoriaux dans le monde ! »

Nous faisons écho aux mots d'ordre des révolutionnaires syriens :

A bas Assad !

Vive la Révolution syrienne !

Non à l'intervention impérialiste !

Vive la solidarité internationale !

77

Page 80: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

L'isolement de la Révolution syrienne, et ses responsables.15 juin 2013

Deux ans après le début de la révolution en Syrie, celle-ci est toujours isolée, sans trouver chez les travailleurs et les peuples du monde entier le soutien dont elle a besoin. Il n'y a pas que l'impérialisme et ses porte-parole qui ont collaboré à cet isolement, mais aussi – ce qui est pire – de nombreuses personnes et organisations qui se disent de gauche.

Pour les gouvernements des Etats-Unis et de l'Europe, la priorité a toujours été de faire tout le possible pour maintenir la stabilité de la région afin de sauvegarder leur allié, Israël. Le régime du parti Baath, qui gouverne le pays depuis 1963 sous l'état d'urgence, n'a jamais cherché à récupérer le plateau du Golan, occupé par Israël depuis la guerre de 1973. C'est à partir de cette guerre que l'Egypte a commencé à être un allié loyal des Etats-Unis et que la Syrie est devenue, après l'Egypte, le garant secondaire des frontières et de l'existence d'Israël. Hafez el-Assad a gouverné la Syrie depuis le coup d'Etat de 1970 jusqu'à sa mort en 2000, et son « héritier » fut alors son fils, le bourreau actuel, Bachar el-Assad. Ce président d'un régime dictatorial a maintenu l'état d'urgence et les structures politiques héritées de son père. D'une part, Bachar lui-même exerce un contrôle militaire serré du pays en tant que Commandant en chef, ayant son frère – décédé, avec d'autres membres du sommet militaire, lors d'un attentat – comme ministre de la Défense. D'autre part, le régime politique assure un contrôle total des institutions, y compris par la collaboration de plusieurs partis soi-disant communistes et socialistes, qui ont accepté d'être des partenaires à vie du parti Baath et de siéger dans un gouvernement et un « parlement » toujours dirigés par les personnages nommés par la dictature.

La Syrie est un pays capitalisteC'est ce que nous explique Yassin Swehat : « La tyrannie de Hafez el-Assad a imposé en Syrie une structure d'Etat sclérosée et corrompue, où l'emploi public était l'instrument pour accomplir les tâches sociales de l'Etat grandement mises à mal par la corruption et la mauvaise gestion. L'ère de Bachar el-Assad était clairement le moment où les enfants ramassent ce que les parents avaient semé. Des dizaines d'enfants de hauts gradés sont ainsi apparus pour jouer au grand jour le rôle de ''jeunes entrepreneurs'' se remplissant les poches, et l'Etat devenait tout simplement le législateur de monopoles de fait qui se répartissaient le butin. Le cas le plus flagrant est celui de Rami Makhlouf, un cousin de l'actuel président et fils d'un officier très gâté par la famille présidentielle en son temps. Makhlouf s'est vanté à plusieurs reprises de contrôler, directement ou indirectement, 60 % de l'économie nationale. Tout cela dans un Etat qui se définissait toujours cyniquement comme ''socialiste''.

Cette ouverture économique – où proliféraient les privatisations déguisées, faites à mesure pour les clans du régime – ne se limitait pas à l'effort de mettre fin à la fonction sociale de l'Etat, déjà fort dégradée, moyennant la suppression des subventions pour les produits de base ou la fermeture accélérée de l'accès à emploi public. Elle appauvrissait encore plus la population, et le taux de chômage (surtout chez les jeunes) ainsi que le nombre de personnes sous le seuil de pauvreté montaient en flèche de plus en plus chaque année. Les bidonvilles en Syrie ont augmenté de 220 % en seulement une décennie, au point que plus de la

78

Page 81: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

moitié des Syriens vivent dans des quartiers ''illégaux'', dans les ceintures de misère des grandes villes. »[1]

Le gouvernement de Bachar a appliqué toutes les prescriptions du FMI et il était en train de faire des progrès concernant un Accord d'association avec l'UE. Il a également reçu un financement de la Banque mondiale – à travers sa branche privée, l'IFC, pour les projets de concours en matière d'énergie – et de la Banque européenne d'investissement. « L'Union européenne intervient dans le cadre des dénommés ''Documents de stratégie pays 2007-2013'' et d'un Programme indicatif 2007-2010, pour lequel 130 millions d'euros ont été alloués avec trois objectifs  : soutien à la réforme politique et administrative, soutien aux réformes économiques et soutien à la réforme sociale. Les opérations de la Banque européenne d'investissement, bloquées depuis 1992, ont été libérées en décembre 2000, quand la Syrie et l'Allemagne sont parvenues à un accord sur la dette bilatérale de l'ancienne RDA. Depuis lors, la BEI a commencé à financer des projets d'infrastructure en Syrie. En 2009, l'Union européenne fut le principal partenaire commercial de la République arabe syrienne, payant une facture de 4,2 milliards de dollars et fournissant des biens d'une valeur 3,2 milliards. »[2]

Notons également que les syndicats sont contrôlés par le parti du régime et qu'il n'y a pas de droit de grève.

L'impérialisme et les soutiens au régime de BacharDans ces circonstances, il est normal que l'impérialisme n'eût aucun intérêt à soutenir un processus révolutionnaire dans le pays, car le régime lui-même était la meilleure garantie pour ses intérêts. Aux yeux des Etats-Unis, la Syrie était toujours un pays qui soutenait le « terrorisme », à cause de ses relations avec l'Iran et le Hezbollah, mais nous avons vu que cela n'a pas empêché le FMI, la Banque mondiale et l'Union européenne de négocier avec ce pays.

La Syrie a également trouvé d'autres alliés, la Russie et la Chine, des pays qui depuis des décennies sont des pays capitalistes où foisonnent les millionnaires. Ces pays, ainsi que l'Iran, lui fournissent des armes, alors que les révolutionnaires sont soumis à l'embargo sur les armes.

La « gauche » qui soutient des dictatures et les doutes qu'elle sème.Un autre problème est le rôle néfaste d'une grande partie de la gauche, qui soutient le régime dictatorial de Bachar. Beaucoup se sont rangés du côté des messages de Fidel Castro et de Chavez du Venezuela, maintenant décédé. Les deux se sont déclarés amis de Bachar et de son régime. Ils l'ont appelé humaniste et même socialiste. Le gouvernement vénézuélien envoie du pétrole raffiné comme carburant de l'aviation pour bombarder la population syrienne. L'excuse qu'ils donnent est que Bachar a fait des déclarations contre l'Etat d'Israël, qu'il se déclare anti-impérialiste et qu'il accuse la révolution d'être un complot impérialiste pour le renverser. Le soutien fourni par le Qatar et l'Arabie saoudite à leurs disciples en Syrie serait la preuve de cela. L'entrée massive des milices du Hezbollah en faveur du régime syrien serait aussi une preuve que Bachar est antisioniste.

D'autres soutiennent que Bachar est bien un dictateur, mais que nous ne savons pas ce qui peut arriver si les rebelles gagnent. Ils disent qu'un régime pire, un régime islamiste radical, une dictature religieuse pourrait s'installer. Cet argument est soulevé par le régime de Bachar lui-même, qui veut faire croire qu'il s'agit

79

Page 82: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

d'une conspiration internationale de l'impérialisme ou qu'il s'agit en outre d'une guerre civile de factions religieuses qui veulent mettre fin à l'état laïc.

Bachar : Laïque, démocratique et propalestinien ?

En fait, le régime syrien n'est pas précisément un Etat laïque, où la religion que l'on professe, ou non, n'a pas d'importance. Les chefs religieux jouent un grand rôle dans le régime syrien. Le régime a également fomenté la division et s'est appuyé sur une des factions musulmanes, les Alaouites (10 % de la population), pour contrôler l'armée et les institutions de l'Etat. Le mariage civil est interdit, ce qui fait que ne peuvent se marier entre eux que ceux qui viennent de la même religion. Les Kurdes syriens ont été massacrés et discriminés pendant des décennies, et ce n'est qu'après le début de la révolution qu'on leur a accordé la citoyenneté afin d'essayer de neutraliser ce secteur. Le fait que Bashar obtient le soutien du Hezbollah, la milice chiite libanaise, et de la dictature des ayatollahs d'Iran, ne pose-t-il pas des questions pour ceux qui parlent de la laïcité du régime syrien ?

Les Palestiniens en Syrie (provenant des réfugiés de l'an 1948) n'ont pas non plus été ménagés par Bachar. Tous ses discours en faveur de la Palestine ont définitivement disparu dans les poubelles de l'histoire quand il a commencé les bombardements sur le camp de Yarmouk, où vivent plus de 150 000 personnes, Palestiniens et Syriens. Les Palestiniens en Syrie font partie de la révolution parce que l'ensemble de la population syrienne subit la même misère et le même manque de libertés.

Un processus révolutionnaire en coursIl y a ceux qui ne soutiennent pas la révolution syrienne parce qu'on ne sait pas bien qui la dirige, parce qu'il y a des secteurs « pro-occidentaux » dans les rangs de l'opposition ou parce qu'il y a les milices d'Al-Nashra, liées à Al-Qaïda.

La bourgeoisie intervient au milieu de ce processus révolutionnaire, comme c'est le cas dans tous les processus antérieurs dans le monde. Elle tente d'apporter de l'eau à son moulin et elle change de tactique quand elle se rend compte que celle utilisée ne fonctionne pas. Ce qui est honteux, c'est que dans la gauche, il y en a qui lui emboîtent le pas et facilitent ainsi le travail de l'impérialisme et du régime syrien.

Les révolutions suivent leur chemin et ne s'alignent pas sur tel ou tel modèle. Il faut les observer objectivement, comme elles se développent. Les masses syriennes se sont soulevées d'abord pacifiquement, mais face à la répression et les assassinats, elles ont pris les armes pour se défendre et mettre fin au régime. Le peuple syrien n'a pas pu se construire une direction révolutionnaire au goût d'un tel ou d'un tel autre. Il doit avancer dans la construction de cette direction au milieu des bombardements du gouvernement et dans un scénario où il y a beaucoup d'intérêts en jeu. Et au milieu de tout cela, il est en train de construire ses propres organismes de pouvoir : les comités locaux, son Armée syrienne libre, ses organisations d'Etudiants libres, etc., avec toutes leurs faiblesses et leurs forces. Il s'agit d'un processus vivant qui doit être connu et soutenu par tous les travailleurs et tous les peuples du monde.

Cet article, écrit par Solidaridad Global,

a été publié le 15 juin 2013 par Corriente Roja, la section espagnole de la LIT-QI

_____________________

80

Page 83: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

[1] La Razón (Bolivie), 19.05.2013

[2] Bureau du Commerce de l'Espagne à Damas, 2010

NON aux bombes sionistes en Syrie ! Tout le soutien à la révolution.

5 mai 2013

Israël vient de bombarder des objectifs militaires en Syrie. Selon diverses sources, les cibles étaient un convoi militaire transportant des missiles pour les milices libanaises de l’Hezbollah ou des installations militaires et des entrepôts d'armes. Israël n'a pas reconnu officiellement d'être l'auteur de l'attaque. En 2006, il avait attaqué le Liban, y compris le déploiement de troupes au sol, et après un mois de combats, il avait été contraint de se retirer, subissant une défaite majeure qui a rejoint d'autres reculs de l'impérialisme en Irak, en Afghanistan ou à Gaza. Depuis lors, la situation est restée calme, mais tendue.

Après le déclenchement et le développement de la révolution en Syrie, l’Hezbollah a pris parti pour le gouvernement d'El-Assad, son allié traditionnel. Ses milices combattent directement sur le sol syrien et ont intensifié leur coopération militaire avec le gouvernement de ce pays. Dans ce contexte, Israël l'attaque, inquiet de la possibilité d'un renforcement militaire de l’Hezbollah.

Les armes d'El-Assad et de l’Hezbollah sont en train de massacrer le peuple syrien, qui s'est rebellé contre le régime, il y a plus de deux ans. Ces jours-ci, il y eut un massacre terrible à Banias, avec déjà deux centaines de morts de tous âges, bombardés, fusillés ou décapités. De ce fait, le bombardement d'Israël pourrait être vu comme une « aide » circonstancielle.

Nous ne pensons pas qu'Israël est en train de contribuer à la réussite de la révolution. Cela fait des dizaines d'années que cet allié éternel des Etats-Unis mène une politique d'extermination du peuple palestinien. Il a attaqué la Syrie et maintient toujours un contrôle colonial sur une partie de ce pays, le plateau du Golan. Et si à un moment donné il attaque ce pays, c'est seulement pour maintenir son contrôle sur la région, pour maintenir sa domination de terreur dans la région. Israël et les Etats-Unis ne sont pas du tout intéressés par la victoire de la Révolution. Cela fait deux ans qu'ils laissent courir le sang des Syriens, y compris récemment avec des mises en scène ridicules sur de supposées lignes rouges qu'Assad ne devrait pas franchir, alors qu'il le fait couramment.

El-Assad, et en particulier ceux que le soutiennent à partir de thèses soi-disant « anti-impérialistes », diront que l'attaque démontre une supposée connivence entre la Révolution et l'impérialisme. En réalité, Assad a été le meilleur gardien des frontières sionistes depuis des décennies. Après qu'Israël a bombardé la Syrie, Assad a orienté ses missiles sur Homs, Lattaquié, Hama, Raqqa... mais aucun sur des cibles israéliennes. Ce n'est qu'après que la Révolution a commencé, qu'Israël a vu sa frontière menacée et l'a même fortement renforcée. Il sait que le peuple syrien, qui se rebelle contre l'oppression d'El-Assad, n'acceptera pas qu'une partie de son pays soit occupée par Israël.

Il y a encore un autre élément à considérer. La Syrie héberge une importante communauté palestinienne, qui participe à la Révolution. En fait, El-Assad

81

Page 84: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

bombarde continuellement des camps de réfugiés palestiniens, comme celui de Yarmouk. L'une des principales revendications des Palestiniens est le droit au retour dans leur pays d'origine, ce qui implique la confrontation avec Israël. Les Etats-Unis et Israël ne peuvent pas permettre que les travailleurs et le peuple syriens et palestiniens mettent en échec par les armes le régime d'El-Assad, qui maintenait la stabilité dans la région. L'impérialisme est conscient que, dans ce cas, il devrait faire face à un ennemi puissant, non seulement à cause des peuples syrien et palestinien eux-mêmes, armés et mobilisés, mais parce que toute attaque contre eux ne manquerait certainement pas d'enflammer une étincelle de solidarité parmi des millions de personnes en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et dans le monde. Comme on peut le voir dans la vidéo ci-dessous, il y a déjà des brigades de rebelles qui appellent les soldats de l'armée du régime à déserter pour rejoindre la révolution et faire face ainsi aux sionistes qui ont lancé les bombes. [inclure lien video]

En ce sens, ceux qui soutiennent El-Assad – à partir de prétendues positions de gauche et anti-impérialistes – offrent un cadeau empoisonné à la cause palestinienne et l'anti-impérialisme. Tout d'abord, parce qu'ils permettent sans broncher le massacre de la Révolution syrienne, qui fait face à Assad (le garant de la sécurité d'Israël) et, de ce fait, à Israël lui-même. Et deuxièmement, parce que, à des millions de Syriens, ils présentent Israël comme un allié circonstanciel qui bombarde ceux qui les tuent, alors qu'en réalité, ce bombardement n'a nullement l'intention de les libérer du joug d'Assad.

C'est pourquoi nous rejetons toute intervention sioniste ou impérialiste en Syrie. Ils ne sont pas pour la Révolution, mais contre celle-ci. Il faut soutenir les milices rebelles dans leur lutte contre le tyran Assad. C'est la seule aide que Révolution syrienne et la lutte du peuple palestinien peuvent recevoir, et c'est la grande tâche que nous avons devant nous, dans notre soutien.

Aucune intervention sioniste-impérialiste en Syrie !

Tout le soutien à la Révolution !

Ruba et Juan, de Corriente Roja

82

Page 85: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Entourons la révolution syrienne de solidarité active !Mai 2013 – Une déclaration de la LIT-QI

La révolution syrienne entame sa troisième année et s'intensifie à l'extrême. Le peuple syrien, qui a pris les armes pour se libérer de la dictature sanguinaire de Bachar El-Assad, continue à faire preuve d'un héroïsme impressionnant et à endurer tous les sacrifices, face à un ennemi qui détient la supériorité militaire et s'est révélé prêt à commettre les crimes les plus odieux, y compris un génocide, afin de conserver le pouvoir.

Le pays se débat dans une sanglante guerre civile. La situation de mort et de destruction est dramatique et ses conséquences vont persister pendant des décennies, comme en témoigne l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme, qui situe le nombre de morts depuis le début du conflit armé entre 94 000 et 120 000 personnes. Cette estimation, qui est certainement en dessous de la réalité, comprend 47 387 civils, dont 4788 enfants et 3048 femmes.

A cela s'ajoute le drame de ceux qui ont dû abandonner leur maison à cause du conflit. L'ONU évalue le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays à plus de 4 millions et le nombre de personnes qui ont quitté le pays à plus d'un million et demi. Chaque jour, quelque dix mille personnes, dont la moitié d’enfants, franchissent les frontières de la Syrie. Ces dix dernières semaines, un demi-million de civils sont ainsi partis. Dans cet exode douloureux, il est fréquent que des villages entiers arrivent aux frontières du Liban, de la Jordanie, de la Turquie ou de l'Irak, après plusieurs jours de marche sous les attaques de l'armée fidèle au régime. Et après l'accueil dans ces pays, il s'agit de survivre dans des conditions inhumaines et d'endurer la faim et les intempéries.

Au milieu de cet horrible scénario dû aux crimes d'El-Assad, la révolution et la guerre civile syriennes se développent. Elles sont certainement le fer de lance et l'arène principale dans la continuité de la vague des révolutions qui secouent l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient depuis fin 2010. Quelle est l'évolution de la situation militaire et politique ? Quels sont les problèmes auxquels la révolution est confrontée pour réussir ? Quelles sont les perspectives ? Quelle est la position que les révolutionnaires doivent prendre face à la principale confrontation de la lutte de classes aujourd'hui ?

Une contre-offensive d'El-Assad, avec le Hezbollah comme protagonisteDepuis quelques mois, le cours de la guerre civile était marqué par une série d'avancées des forces rebelles qui, d'une certaine manière, réduisaient l’énorme différence en termes de puissance militaire.

Cependant, cette situation a commencé à changer au cours des dernières semaines et, actuellement, une intense contre-offensive de l'armée fidèle au tyran se développe et parvient à reprendre d’importantes positions contrôlées par les rebelles.

La contre-offensive du régime – qui semblait épuisé et qui devait se résigner à une série de défaites ponctuelles – est basée sur un nouvel et très important élément politique et militaire: l'entrée décisive et sans retenue des combattants du Hezbollah, le parti-milice chiite libanais, dans le camp militaire de la dictature syrienne.

83

Page 86: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Ce n'est pas un fait mineur, car il s'agit de l'une des organisations politico-militaires les plus puissantes du Moyen-Orient. En fait, la participation de milliers de combattants du Hezbollah au service du régime syrien s'est avérée qualitative à Homs, un centre de la révolution et la troisième plus grande ville du pays, assiégée en permanence. Sans l'aide du Hezbollah, il aurait pratiquement été impossible à la dictature de reprendre un quartier stratégique comme Wadi Al Sayeh. Le bombardement d'Homs est incessant et infernal et transforme la ville en décombres. Une pluie de missiles fut suivie par des incursions terrestres qui, aux dires des rebelles, étaient dirigées par des combattants du Hezbollah. L'objectif immédiat du régime serait de reprendre le contrôle de la route reliant cette ville à Hama.

Les forces du Hezbollah ont joué également un rôle de premier plan dans les victoires partielles que le régime a obtenues à Damas, où il a reconquis des points de contrôle à Zamalka et a consolidé sa récupération de Gaysa, deux quartiers situés à l'Est de la ville. A partir de ces points de la périphérie, qui ont été âprement défendus par les milices rebelles, le régime peut désormais bloquer des voies importantes d'approvisionnement en armes et en équipements pour l'Armée syrienne libre (ASL).

De cette façon, le Hezbollah – qui s'était adjugé une autorité importante et l'admiration de milliers de militants dans le monde pour avoir mis en échec l'invasion du Liban par Israël en 2006 – joue maintenant un rôle tout à fait contre-révolutionnaire dans la guerre civile en Syrie, en mettant toute son autorité politique et toute sa puissance militaire au service du soutien à la dictature du clan Assad.

Cet élément nous amène à réaffirmer une conclusion : à ce stade de la guerre civile, la dictature se maintient au pouvoir principalement en raison de l'aide extérieure, une aide qu'elle reçoit – on le sait – non seulement du Hezbollah, mais aussi du régime théocratique réactionnaire d'Iran, qui lui fournit des missiles et des spécialistes militaires ; de la Russie, qui lui fournit des armes modernes et des installations antiaériennes, ainsi que tout le soutien diplomatique et le poids de sa base navale à Tartous ; et de pays comme le Venezuela, gouverné par le chavisme et qui fournit une partie du carburant utilisé par l'aviation du régime pour bombarder les rebelles et la population civile.

L'intensification des méthodes génocidairesTout ce soutien externe, non négligeable, est complété par une politique d'utilisation accrue de la terreur et de la promotion des massacres de civils par le régime. Il y a quelques semaines, dans la région côtière, berceau de la famille Assad, les troupes de la dictature et ses bandes de shabihas (les tueurs à gages du régime) ont commis d'atroces massacres dans les villes de Banias et de Baydas, dans la province de Tartous, où les mercenaires de Bachar sont allés de maison en maison pour piller, décapiter et violer plus de 150 personnes dans chacune de ces villes, dont beaucoup de femmes et d'enfants.

Dans le cadre de cette dynamique génocidaire, les rebelles dénoncent l'usage par El-Assad d'armes chimiques mortelles, en particulier le gaz sarin, contre les milices et la population civile. Le fait qu'El-Assad dispose d'un des stocks les plus importants d'armes chimiques de la région n'est pas un secret. Il s'agit de rien moins que de mille tonnes de gaz sarin, de gaz moutarde et de l'agent neurotoxique VX, en plus du cyanure, stockés dans au moins 17 endroits différents du pays.

84

Page 87: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

La politique de l'impérialisme...Ceci étant, voyons maintenant quelle est la politique appliquée par l'impérialisme, dans le cadre, bien entendu, de sa stratégie de vaincre la révolution et de stabiliser le pays et la région. Cette stratégie requiert l'écartement d'El-Assad du pouvoir, avant que les masses insurgées ne le chassent par leur action victorieuse et ne dynamisent encore davantage la situation révolutionnaire dans une région centrale pour les intérêts des grandes puissances.

Les plaintes formelles concernant l'utilisation d'armes chimiques par El-Assad ont créé un climat de pression en faveur d'une intervention militaire américaine en Syrie, étant donné qu'Obama avait annoncé, il y a plusieurs mois, que cet usage serait la « ligne rouge » à ne pas franchir, sous peine d'une action militaire de son gouvernement contre le régime de Damas.

Cependant, la politique de l'impérialisme ne passe pas par une intervention militaire de ses troupes sur le terrain. Non seulement en raison de la crise économique, de l'absence de consensus international et de la force relative de l'armée d'El-Assad (bien supérieure à celle de Kadhafi), mais surtout pour des raisons politiques, qui sont liées à la défaite militaire de l'impérialisme américain en Irak et en Afghanistan – avec ses séquelles au sein de la société américaine elle-même – et à la nécessité de faire preuve de prudence dans une région qui connaît un processus révolutionnaire intense, que les Etats-Unis prétendent contenir.

En ce sens, Obama lui-même fut catégorique en déclarant : « Je ne peux pas m'imaginer un scénario dans lequel la présence de troupes américaines pourrait être utile, ni pour la Syrie, ni pour les Etats-Unis ». Et il ajoutait qu'il n'interviendrait pas au prix de « provoquer le chaos » dans toute la région. S’il n'excluait pas « d'autres actions militaires, moins risquées », il est clair qu'une invasion de troupes sur le terrain ne fait pas partie de ses options actuelles, en raison de son coût politique.

Ce n’est pas dans les plans de l'impérialisme d'armer toutes les milices rebelles à hauteur de leurs besoins (avions, artillerie antiaérienne, tanks, etc.), car il sait qu'il armerait et renforcerait une révolution populaire qui menace ses intérêts. Tout au plus, de l'armement mineur est acheminé par le Qatar, l'Arabie saoudite et d'autres pays du Golfe, vers certains secteurs et brigades rebelles, en particulier ceux liés à un islam salafiste, d'après les dénonciations de militants syriens. En réalité, il s'agit des secteurs les plus proches de ces pétromonarchies et qui, bien que maintenant opposés au régime, conçoivent la lutte d'une manière sectaire, confessionnelle et religieuse, entre chiites-alaouites et sunnites, et non comme la lutte du peuple syrien contre la tyrannie du Baath.

Par là, des milices comme le Front Al Nusra – qui a déclaré allégeance à Al-Qaïda et qui serait financé par le Qatar – finissent par faire le jeu de la dictature en créant la division et en éloignant d'autres secteurs ethniques et religieux de la lutte révolutionnaire. Ce n'est donc pas par hasard qu'ils reçoivent plus d'armes et de soutien que les secteurs laïcs, tels que l'ASL, qui éprouvent beaucoup plus de difficultés pour s'approvisionner.

La politique de l'impérialisme pour vaincre la révolution syrienne continue d'être la promotion d’une issue négociée, qui écarte El-Assad du pouvoir (en lui garantissant l'impunité), sauve l'essentiel du régime et obtient la stabilisation du pays et de la région. C'est ce que résume le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, qui veut « que toutes les parties se mettent autour de la table afin d'être en

85

Page 88: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

mesure de mettre en place un gouvernement de transition avec le consentement des deux parties, ce qui signifie clairement, à notre avis, que le président El-Assad n'en fera pas partie ».

Des diplomates américains ont rencontré à cet effet le président russe Vladimir Poutine et, plus tard, le Premier ministre britannique David Cameron. L'approche convenue est de réaliser une « conférence de paix » sur la Syrie au début du mois de juin prochain, où il s'agit – selon les déclarations d'Obama – de « rassembler des membres du régime et de l'opposition à Genève pour parvenir à un accord sur un gouvernement de transition qui pourra assumer le pouvoir après [le départ de Bachar Al] Assad ».

... et les attaques d'IsraëlC'est dans le cadre de cette politique qu'il faut situer, selon nous, les récentes frappes aériennes d'Israël contre des installations militaires syriennes. Tout d'abord, une telle agression sioniste ne peut mériter que notre condamnation et notre opposition les plus catégoriques.

Il est également important de noter que, bien que ces attaques affaiblissent quelque peu le potentiel militaire d'El-Assad, elles ne peuvent être considérées par les combattants syriens comme une « aide » à la cause révolutionnaire, car Israël est parmi les plus intéressés à vaincre la révolution, non seulement en Syrie mais dans toute la région.

D'autre part, ces faits ne peuvent pas ranger El-Assad parmi les combattants antisionistes à défendre, comme lui-même et la majorité de la gauche le prétendent, car cela fait 40 ans qu'il n'a rien fait, pas le moindre coup de fusil, contre Israël pour récupérer le plateau du Golan – un territoire syrien occupé par les sionistes en 1967 – ; et il ne songe pas non plus à le faire maintenant.

Le Conseil militaire révolutionnaire de Damas, une organisation rebelle majeure, a déclaré : « Nous soulignons que notre lutte contre le régime d'El-Assad ne nous a pas fait oublier notre plus grand ennemi, Israël, et nous ne l'oublierons pas. [...] C'est de ce point de vue que nous condamnons sans équivoque la récente agression israélienne sur le sol syrien, et nous la considérons comme une violation de la souveraineté de notre pays, la Syrie. Et jusqu'à ce que l'armée syrienne devienne de nouveau patriotique après le renversement de la mafia d'Assad, nous répondrons par des actions à toute attaque israélienne, et pas seulement avec des mots, comme c'est habituellement le cas du régime d'El-Assad, sans aucune action conséquente. »

En ce sens, il nous semble qu'une analyse des motifs des attaques sionistes serait superficielle si elle se limitait à l'envoi supposé d'armes sophistiquées (des missiles iraniens) par El-Assad au Hezbollah, comme le prétendent Israël et la presse internationale. D'autant plus qu'il est difficile de croire qu'au milieu d'une guerre civile, qui est une question de vie ou de mort pour le régime, ce dernier se dépouille d'armes de ce type, alors qu'il en a besoin dans le pays.

En réfléchissant un peu mieux à la question, on voit qu'il est possible que les attaques ciblées d'Israël (qui n'a d'ailleurs aucun intérêt à une guerre avec le régime d'El-Assad) soient au service de la politique générale de l'impérialisme, qui consiste à forcer le régime à négocier une transition. Ce serait un « ne bougez pas ! » à l'adresse d'El-Assad, surtout à un moment où celui-ci, enhardi par ses avancées militaires et le soutien matériel de ses alliés extérieurs, refuse de s'asseoir pour négocier et ne pense même pas assister à la soi-disant « conférence de paix ».

86

Page 89: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Bref, l'impérialisme, incapable d'intervenir militairement, joue un jeu dans lequel il se met du côté de l'opposition au régime, en particulier de la Coalition nationale syrienne, une opposition fort modérée. Toutefois, d'un côté, il impose des conditions aux autorités de cette Coalition en même temps qu'il refuse d'armer les rebelles pour renverser El-Assad, et de l'autre, il ne peut pas non plus se permettre que la dictature écrase militairement les rebelles. Il s'en suit un équilibre fragile qui pointe vers une usure générale pour forcer un règlement négocié. A cet effet, l'impérialisme a fait usage de la force militaire de son enclave dans la région, Israël, pour montrer à El-Assad et à sa garde prétorienne que la meilleure solution au conflit serait de suivre le chemin tracé par les Etats-Unis et ses alliés : un accord au sommet pour empêcher une victoire révolutionnaire des masses syriennes.

Faisons tout pour la victoire de la révolution ! Participons à la Journée mondiale de solidarité avec la Révolution syrienne !Au moment où le régime d'El-Assad lance une brutale contre-offensive, avec la collaboration du Hezbollah, avec les armes et les conseillers militaires d'Iran et de Russie – une contre-offensive sur la base d'actions génocidaires contre le peuple syrien, telles que les massacres atroces et l'utilisation de gaz toxiques –, nous réitérons qu'il n'y a pas de tâche plus urgente que celle d'entourer la révolution syrienne de tout soutien et de solidarité active.

Il s'agit, actuellement, du principal conflit entre la révolution et la contre-révolution mondiales. Une victoire ou une défaite en Syrie aurait un impact très fort dans la région du Moyen-Orient et dans le monde. Cette bataille n'est pas lointaine, sans rapport avec la réalité des autres pays. Elle fait partie d'une lutte globale des opprimés contre les oppresseurs.

Toutefois, malheureusement, et contrairement à ce qui s'est passé en Egypte ou en Tunisie, la révolution syrienne (tout comme la révolution libyenne en son temps) reste isolée, car la majorité de la gauche mondiale (sous la houlette du castro-chavisme) se met, de façon criminelle, du côté du dictateur et contre les masses qui le remettent en question. Pour justifier ce crime politique, ils utilisent comme argument fallacieux le fait que ces dictateurs sanguinaires seraient des dirigeants « anti-impérialistes » et « antisionistes », victimes d'une « conspiration internationale », alors que la vérité, c'est qu'ils se sont inclinés pendant des décennies devant l'impérialisme et lui ont tout bradé, et qu'actuellement ils font face (où faisaient face, dans le cas de Kadhafi) à la lutte de leurs peuples, qu'ils ont toujours opprimés et réprimés de manière brutale.

Compte tenu de cette trahison de la majorité de la gauche, il est impératif de briser l'isolement politique et militaire qui affecte la révolution syrienne en exprimant un soutien inconditionnel à la lutte du peuple pour renverser la dictature meurtrière d'El-Assad.

Nous, la LIT-QI, nous exprimons un soutien inconditionnel à la révolution syrienne, qui que ce soit qui la dirige, comme nous le faisons depuis le début de la révolution. Et nous soutenons que le mot d'ordre central des militants et des combattants honnêtes et de gauche doit être, plus que jamais :

A bas El-Assad ! NON à l'intervention impérialiste et sioniste ! Tout soutien pour le

triomphe de la révolution !

87

Page 90: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

En ce sens, il est nécessaire d'exiger de tous les gouvernements du monde – en commençant par les pays de la région qui font partie de la révolution, comme l'Egypte, la Tunisie et la Libye – de rompre les relations diplomatiques et commerciales avec la dictature d'El-Assad et d'envoyer des avions, des chars et des armes lourdes, des médicaments, de la nourriture et toutes sortes de matériaux de support, pour être utilisés sous le contrôle des milices rebelles afin que celles-ci puissent vaincre et mettre fin à ce régime, un régime qui opprime le peuple syrien et qui a démontré qu'il était un fidèle gardien des intérêts d'Israël et des Etats-Unis.

En ce sens, nous sommes contre l'embargo criminel sur les armes pour les combattants rebelles en Syrie, imposé par l'Union européenne et l'ONU.

Il y a urgence pour organiser une vaste campagne internationale, aussi large que possible, de soutien à la révolution syrienne. Dans cette perspective, une journée mondiale de solidarité avec la Révolution syrienne s'organise pour le 31 mai, convoquée par le Mouvement mondial de Solidarité, un réseau de militants dans plusieurs pays. L'idée est de promouvoir à cette date toutes sortes d'actions – des marches, des rassemblements face aux ambassades d'El-Assad, des événements culturels, des débats, etc. – afin d'ouvrir le débat sur la nécessité de soutenir la révolution syrienne et de recueillir un soutien matériel pour ses combattants.

C'est le chemin à suivre, à notre avis, par les organisations socialistes révolutionnaires et pour toute organisation qui défend les libertés démocratiques, la liberté d'organisation et d'expression et la lutte contre les tyrannies dans le monde. C'est le chemin de la solidarité active, militante et internationaliste, avec les luttes et les révolutions des peuples contre leurs gouvernements et contre l'impérialisme. Le peuple syrien, ses combattants et ses milices populaires, ne peuvent pas se sentir abandonnés par la gauche internationale et penser que la « gauche » serait aux côtés des dictateurs, à cause du rôle néfaste du castro-chavisme et du stalinisme dans toutes ses variantes. Il est nécessaire que la gauche mondiale et l'ensemble du mouvement syndical, social, populaire, étudiant et des Droits de l'homme prennent une position claire en faveur de la victoire militaire rebelle et s'unissent pour faire tout ce qui est nécessaire pour aider la révolution syrienne à vaincre.

La LIT-QI s'engage, modestement mais avec beaucoup de conviction, dans cette tâche. Nous luttons pour que le peuple syrien renverse la dictature d'El-Assad, avec ses armes et sa mobilisation. Ce serait une grande victoire révolutionnaire pour les Syriens et pour tous les peuples du monde, et une puissante impulsion à l'avancement de la révolution socialiste. La révolution syrienne doit triompher, et elle ne peut pas s'arrêter avec la chute du tyran ; elle doit avancer vers la prise du pouvoir par la classe ouvrière et le peuple syriens, initiant ainsi la construction d'une Syrie socialiste, dans le cadre de la lutte pour une Fédération de Républiques socialistes du Moyen-Orient et de l'Afrique du nord.

Ligue Internationale des travailleurs - Quatrième Internationale

mai 2013

88

Page 91: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

La guerre civile en Syrie - L'avenir de la Révolutionnovembre 2012

Cela fait un an et demi que la lutte de classes en Syrie parle le langage des tirs de fusil, des coups de canon, du combat acharné de maison à maison pour avancer sur les positions de l'ennemi. La guerre civile y fait rage.

Nous sommes témoins de la plus grande confrontation actuelle entre la révolution et la contre-révolution à l'échelle mondiale, et le résultat de cette lutte aura un impact profond sur le cours de la situation internationale, en particulier sur l'orientation des révolutions qui se déroulent en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.[1]

Au fil des mois, la situation est de plus en plus dramatique et sanglante. Le régime dictatorial de Bachar El-Assad, qui a promis de « vivre et mourir en Syrie », est en train de commettre un génocide contre le peuple syrien qui a pris les armes pour le renverser. Jour après jour, nous sommes témoins de la mise en œuvre de méthodes horribles d'extermination de masse contre les rebelles armés et la population en général. Nous sommes en présence d'actes de caractère clairement nazi-fasciste : des frappes aériennes et d'artillerie lourde pour détruire des villes entières ; des attaques aériennes sélectives contre des boulangeries ou des stations d'essence, à un moment où une foule désespérée de civils y fait la queue ; l'utilisation systématique de bandes de voyous – les Shabihas – armés et payés par la dictature et qui s'aventurent dans les quartiers disputés ou contrôlés par les rebelles, pour torturer, assassiner et violer les femmes et les enfants sans limites.

Le chiffre des crimes d'El-Assad est effrayant. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), depuis le 15 mars 2011, quand la révolution a commencé, jusqu'à la fin d'octobre 2012, 38 000 personnes ont trouvé la mort, dont 3110 enfants. Dans les seuls mois d'août à octobre de l'année en cours, 15 152 personnes sont mortes, et la moyenne est passée à 165 décès par jour. Au milieu de ce bain de sang, plus de 360 000 personnes ont fui le pays pour trouver refuge en Jordanie, en Turquie, au Liban et en Irak, où elles vivent dans des conditions inhumaines. Selon le Centre pour la documentation des violations en Syrie, 32 478 prisonniers politiques croupissent dans les prisons d'El-Assad, dont 806 enfants.[2] Le drame des enfants est reconnu par l'ONU elle-même, qui cite, dans un rapport récent, « des cas d'enfants à qui l'on refuse l'admission à l'hôpital, d'enfants tués dans le bombardement de leur quartier ou soumis à la torture, y compris la violence sexuelle ».

L'économie syrienne est dévastéeAvant d'entrer dans l'analyse du cours de la guerre civile et de sa dynamique, il convient de regarder un peu la situation économique actuelle en Syrie, 20 mois après le début de la révolution.

89

Page 92: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Le quotidien libanais The Daily Star a rapporté, le 4 août dernier, que, selon l'Institut de Finances internationales, une chute de 14 % est annoncée pour le PIB de la Syrie en 2012, après une contraction de 6 % en 2011. Le journal a également averti que cette baisse pourrait dépasser les 20 % à la fin de l'année en cours, si la guerre civile continue, ce qui est hautement probable.

Les principaux indicateurs économiques sont en baisse. Les recettes touristiques ont chuté de 11 % du PIB en 2010 à 4 % en 2011. Et elles ne représentent plus que 0,6 % de l'économie syrienne en 2012. L'investissement étranger direct passera de 1,5 milliard de dollars en 2010 à 100 millions de dollars en 2012. Le total de la fuite de capitaux, de mars 2011 à juillet 2012, représente 21 % du PIB. Il y a une pénurie de tous les types de biens alimentaires et de consommation, en raison de la stagnation économique, des sanctions internationales et de la chute drastique de la production agricole. L'inflation moyenne en 2012 est de 17 %, alors qu'elle était de 5,2 % en 2011.

Le déficit budgétaire est de 14 % du PIB, soit près du double de celui de 2011, quand il était de 8 %. En raison de la guerre civile, les dépenses du gouvernement ont flambé hors de tout contrôle et les recettes fiscales ont pratiquement disparu. C'est le cas, par exemple, des recettes provenant des exportations de pétrole, qui représentaient jusqu'à 30 % des recettes du gouvernement. On prévoit que les exportations de pétrole tomberont de 130 000 barils par jour en 2011 à 100 000 en 2012. Les exportations de marchandises en général ont reculé de 12 % en 2011 et devraient chuter de 20 % cette année. Les importations ont également diminué de 21,5 %, après une contraction de 14,2 % en 2011.

Les réserves de change de la dictature d'El-Assad ont chuté, passant de 19,5 milliards de dollars en 2010 (l'équivalent de 7,6 mois d'importations de biens et de services) à 10,8 milliards de dollars en 2011 (l'équivalent de 4,4 mois d'importations). A la fin de 2012, on estime que ces réserves ne seront plus que de 1,1 milliard de dollars, un montant équivalent à 18 jours d'importations.

Le quotidien Syria Today a annoncé que, selon les statistiques officielles, le chômage atteint 25 %. D'autres sources parlent de plus de 30 %, sans compter le sous-emploi. Le taux officiel de pauvreté est de 13 %, mais le chiffre est, sans doute, plus élevé. L'industrie syrienne, qui représentait 23,7 % du PIB en 2010, est détruite ou paralysée. Les entrepreneurs eux-mêmes se plaignent que la capacité de la production industrielle a chuté de plus de 60 %. A Alep, la capitale économique du pays, plus de la moitié des usines de textile ont été fermées, parce que les marchés européens sont pratiquement fermés à cause des sanctions internationales.

C'est dans ce cadre économique que se situe la guerre civile. D'une part, le conflit armé augmente toutes les contradictions sociales, ainsi que les pénuries des masses qui luttent pour renverser Assad et conquérir des libertés démocratiques, dans la perspective de l'amélioration de leur qualité de vie qui est de plus en plus détériorée par la tragédie sociale, une tragédie encore aggravée par la guerre civile. D'autre part, il est clair que la dictature est à court d'oxygène pour continuer à soutenir l'indépendance économique de sa campagne militaire contre les masses syriennes. Avec une production en chute libre, la plupart des marchés fermés, les recettes fiscales en voie de disparition et les réserves financières presque épuisées, la situation d'El-Assad est dramatique. Tout cela l'affaiblit militairement et fait chanceler sa base sociale et politique, au point que de plus en plus de secteurs bourgeois commencent à abandonner le navire de son régime. Le régime syrien n'aurait aucun moyen de se maintenir debout et de poursuivre ses attaques

90

Page 93: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

génocidaires, si ce n'était par l'aide économique et militaire qu'il reçoit des quelques alliés qui lui restent encore : la Russie, la Chine, l'Iran, le Venezuela et Cuba.

Le cours de la guerre civileLa victoire militaire du camp rebelle est conditionnée par un problème évident d'armement et de direction politico-militaire. Le régime d'Assad dispose toujours d'une puissance de feu supérieure, malgré tous les progrès des milices rebelles et de l'Armée Syrie Libre (ASL). El-Assad dispose d'une armée qui, en dépit des désertions, maintient une chaîne de commandement, ainsi qu'une artillerie lourde et une force aérienne qui s'impose. Il est important de savoir que l'armée syrienne a toujours été une des plus fortes au Moyen-Orient et qu'elle est équipée directement par l'Iran et la Russie.

Pour empêcher les désertions, El-Assad utilise ses unités d'élite, telles que la terrible Division IV mécanisée, commandée par son frère, Maher El-Assad, et bien sûr, les mercenaires et les criminels shabihas. En outre, ces derniers mois, ses actions militaires sont soutenues en grande partie par les frappes aériennes. Cela provoque une forte mortalité parmi les civils et empêche l'avancement des rebelles, qui doivent même abandonner certaines positions, en raison du manque d'armement antichar ou antiaérien.

Dans toute guerre civile, le problème de l'armement est un problème politique de première importance. Les rebelles, qui sont plus en plus nombreux, n'ont pas les armes nécessaires pour maintenir leurs positions et avancer de manière décisive. « Nous n'avons pas besoin de plus d'hommes, nous avons besoin de plus d'armes », a déclaré le commandant Ahmed Abu Ali, qui dirige une katiba (bataillon) d'une centaine de miliciens qui se battent dans le quartier de Saladin, à Alep. Il poursuit : « La chose la plus difficile à laquelle nous faisons face sont les chars T-82, contre lesquels nos RPG sont impuissants. » Et il ajoute : « sans parler des chasseurs MiG et Sukhoi, ainsi que des tireurs d'élite ». Abu Ali déplore également « ne pas avoir des fusils de précision pour les snipers dont nous disposons ». Et il déclare : « Nous ne pouvons pas contrôler Alep si nous n'avons pas d'armes lourdes. [...] Sans davantage d'armes, nous ne pouvons même pas imaginer l'avenir. »[3]

Jusqu'à présent, aucun gouvernement n'a décidé d'envoyer des armes lourdes aux mains des rebelles. Toutes les puissances impérialistes et les gouvernements comme ceux de l'Egypte et la Libye s'y opposent. Barack Obama a clairement indiqué la raison : « Il est très risqué d'employer des moyens militaires étasuniens en Syrie. Nous ne pouvons pas mettre des armes dans les mains de personnes qui peuvent ensuite les utiliser contre nous. »[4] L'impérialisme sait très bien qu'en envoyant des armes aux rebelles, il arme ceux qui poursuivent cette révolution en cours. Le « soutien matériel » à ASL par les puissances impérialistes se limite à fournir des armes légères ou des services de renseignement pour certaines opérations rebelles. Cela se fait principalement via le Qatar et la Turquie. Cependant, les armes ou toute autre aide militaire n'arrivent qu'au compte-gouttes, et uniquement pour les groupes ou les secteurs qui se prêtent le plus aux intérêts de l'impérialisme, ou dont ce dernier pense qu'ils peuvent dévier la révolution de l'intérieur, comme les groupes djihadistes.

Entre-temps, le régime d'Assad continue à recevoir des livraisons d'armes lourdes en provenance de la Russie et de l'Iran. La Russie a une base navale en Syrie et des intérêts commerciaux importants. Et rien que pour l'année 2011, elle a vendu des armes au gouvernement syrien pour un milliard de dollars. Ceci est

91

Page 94: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

ouvertement admis par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui dit cyniquement que cela se fait « dans le cadre de la coopération technique et militaire entre la Russie et la Syrie, l'objectif étant de soutenir les capacités de défense de la Syrie contre les menaces politiques externes, et non de soutenir Bachar El-Assad ».[5]

Un autre élément favorable au régime syrien est le soutien politique et militaire du Hezbollah, qui occupe une place importante dans le gouvernement du Liban. Dans ce pays, la guerre civile syrienne a commencé à avoir des répercussions, suite à des affrontements importants entre partisans et adversaires d'El-Assad. Il faut savoir que le Hezbollah contrôle des régions entières sur la frontière libano-syrienne, et qu'il s'agit de l'organisation armée la mieux formée et avec le plus de prestige politique et de puissance militaire, du Moyen-Orient, surtout après sa victoire sur Israël en 2006.

En outre, l'activité des groupes islamistes salafistes ou djihadistes (les secteurs les plus fondamentalistes de l'islam) constitue un problème grave. C'est le cas de la milice appelée Al Nushra, qui ne fait pas partie de l'ASL et qui se lance dans une série d'actions isolées, dans le but d'imprimer à la guerre civile un caractère sectaire et religieux, en prêchant que le conflit serait entre sunnites et chiites-alaouites (la branche de l'islam à laquelle appartient la famille Assad). Ils s'appliquent donc à réaliser des attaques terroristes sans aucun lien avec les actions militaires de l'ASL, et parfois contre la population alaouite ou d'autres confessions. L'action de ces groupes, tout en contribuant à l'effort militaire pour renverser la dictature syrienne, favorise la division et affaiblit le camp des rebelles, car ces actions sectaires ont tendance à éloigner des secteurs entiers de la population syrienne (les alaouites, les chrétiens, etc.) de la lutte pour renverser le régime et pour faire avancer la révolution.

A cela, s'ajoutent les problèmes dans le camp rebelle lui-même, à commencer par les directions politique et militaire, bourgeoises et pro-impérialistes, du Conseil national syrien (CNS) et du sommet de l'ASL, qui ont déclaré à plusieurs reprises qu'elles soutiendraient une intervention militaire impérialiste. Et certains secteurs ont annoncé leur volonté de discuter d'un « gouvernement de transition », sans El-Assad, mais qui pourrait inclure son vice-président ou un autre personnage de son régime.

Cependant, bien que le régime d'El-Assad continue à détenir la suprématie militaire, depuis mi-juillet, on peut observer une offensive des rebelles armés avec d'importantes avancées militaires.

Cela a lieu dans le contexte d'un durcissement de la guerre civile. Depuis deux ou trois mois, les combats s'intensifient dans les deux principales villes de la Syrie, Damas et Alep.

A Damas, la capitale millénaire du pays, les combats se concentrent principalement dans la banlieue, mais il y a également eu des combats brefs et intenses dans le centre-même de la ville. Le régime ne parvient pas à écraser le harcèlement des rebelles à Damas, au point qu'il a dû commencer des frappes aériennes dans plusieurs quartiers de la capitale.

A Alep, le combat avance et recule par centimètres. L'ASL affirme qu'elle contrôle 60 % de la ville, mais elle n'a pas encore été en mesure d'occuper le centre. Au milieu des décombres d'une ville en ruines par les bombardements incessants, les rebelles défendent leurs positions. La conquête d'Alep a une importance stratégique en raison de son poids économique et géopolitique, car

92

Page 95: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

cela permettrait d'ouvrir une ligne de ravitaillement reliée directement à la frontière turque.

Début novembre, les rebelles ont conquis deux autres points stratégiques : Maaret al Numan et Saraqeb, deux villes de la province d'Idlib, où le gouvernement a perdu tous ses points de contrôle, excepté trois. Les deux endroits sont d'une importance vitale pour les deux camps, pour le contrôle de la route menant de Damas à Alep et reliant Alep à la ville côtière de Lattaquié dans le Nord. C'est la voie par laquelle le régime transporte ses troupes de remplacement pour attaquer Alep.

Les combats se sont intensifiés aussi dans la base militaire de Taftanaz, d'où le régime lance ses attaques sur toute la région d'Idlib. A Deir Ezzor, dans l'Est, les rebelles ont affirmé avoir pris le champ pétrolier d'Al Ward. A Hama, le 5 novembre dernier, une voiture piégée a tué plus de 50 soldats et politiciens liés à El-Assad. D'autres combats et des bombardements aveugles du régime ont lieu à Daraa, Homs et Lattaquié.

Les actions des milices de l'ASL assènent des coups importants au régime syrien, mais elles n'ont toujours pas la force nécessaire pour une offensive radicale et décisive. Cependant, la profondeur de la révolution est telle qu'une situation claire de double pouvoir s'est établie dans le pays, dont les territoires libérés par les milices sont l'expression la plus éloquente.

Deux pouvoirs en SyrieActuellement, il y a deux pouvoirs en Syrie. D'une part, le gouvernement et le régime d'El-Assad conservent le contrôle de l'appareil d'Etat et des forces armées. D'autre part, dans le cadre de l'offensive militaire rebelle, il y a des territoires entiers qui ne sont plus contrôlés par le dictateur.

L'un des premiers territoires libérés se situe dans une partie importante de la ville de Homs, où un « conseil militaire révolutionnaire » a été installé, qui assume les tâches propres au pouvoir politique, comme le ravitaillement en nourriture, le nettoyage, les soins de santé, la sécurité et l'administration de la justice. Deir Ezzor, avec d'importantes industries et des champs pétroliers, est une autre ville du pays presque entièrement contrôlée par des milices rebelles. Il y a aussi des zones libérées contrôlées par des conseils de milices (connus sous le nom de Tansiqiyyat) à Hama, à Daraa et dans une grande partie de Idlib. Dans toute la partie d'Alep contrôlée par les rebelles armés, les milices assument des tâches telles que l'approvisionnement minimum et la sécurité des boulangeries, l'évacuation de la population, etc. Dans ces petites villes, comme dans Taftanaz, le Tansiqiyyat local publie des journaux et d'autres matériaux (voir la carte).

A Saraqeb, une sorte de conseil des « forces de la sécurité révolutionnaire » a également été mis en place sur le terrain. Son président, Abou Hague, a expliqué comment fonctionne cet organisme et quelles sont ses premières tâches : « [...] Nous avons ouvert une liste de volontaires pour former des forces de la sécurité révolutionnaire et nous œuvrons pour la création de groupes de civils qui organisent la circulation, contrôlent la sécurité et assurent la coordination des services tels que les travaux municipaux, y compris le nettoyage des rues et le ramassage des ordures. »[6] Il y a aussi des systèmes similaires d'administration dans les régions rurales, telles que Kajarjanaz, Binnish, Atma et Tal'ada. Il y a des rapports qui font état de la formation – de manière inégale – de « réseaux » entre ces conseils de milices.

93

Page 96: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

En Syrie, l'existence, même embryonnaire et précaire, de zones libérées et d'innombrables Tansiqiyyat qui semblent avoir un certain degré de coordination entre eux, est un fait très progressiste. Ils sont l'expression la plus claire de la force de la révolution syrienne. C'est pourquoi le régime met en œuvre des bombardements pour détruire ces zones. Ce fut le cas, par exemple, de la ville de Kafarnubol, libérée le 1er avril 2011 et impitoyablement bombardée par l'aviation d'El-Assad le 5 novembre 2012.

Le rôle néfaste du castro-chavismeDepuis le début de la révolution syrienne, la majorité de la gauche mondiale – en particulier le castro-chavisme – s'est prononcée contre l'insurrection des masses et en défense de la dictature sanglante d'El-Assad, comme elle avait d'ailleurs soutenu Kadhafi politiquement et militairement en Libye. Pour ces secteurs, ce qui existe en Syrie n'est pas une révolution, mais une contre-révolution, où des « mercenaires » ou des « troupes impérialistes » seraient en train d'essayer de renverser El-Assad, un dirigeant présumé anti-impérialiste et antisioniste.

Hugo Chavez, récemment réélu président du Venezuela, a déclaré peu après les élections : « Comment ne pas soutenir le gouvernement de Bachar El-Assad, puisqu'il est le gouvernement légitime de la Syrie ? Allons-nous soutenir les terroristes ? »[7] Après avoir dit cela, il a confirmé son « soutien à 100 % » au dictateur syrien et il a déclaré : « J'aimerais bien faire davantage, mais que peut faire un pays comme le Venezuela ? » En réalité, Chávez soutient le génocidaire El-Assad, et pas seulement dans les discours. Son pays est parmi ceux qui fournissent le carburant qui est ensuite utilisé dans les chars et les avions qui assassinent le peuple syrien.

Il faut appeler un chat un chat : le castro-chavisme est complice des actions de génocide d'El-Assad. Il utilise son poids et son prestige dans le mouvement social et dans la gauche pour les mobiliser contre une révolution et du côté d'une dictature sanguinaire et pro-impérialiste. En outre, il capitule ouvertement à l'impérialisme qu'il prétend combattre, car il lui offre en cadeau la bannière du combat pour les libertés démocratiques. Il aide ainsi Obama, l'Union européenne et la Ligue arabe – avec le Qatar et l'Arabie saoudite à sa tête – à se présenter cyniquement comme les grands défenseurs de la « démocratie » et des « droits de l'homme » en Syrie.

La politique de l'impérialisme et du CNSFaute de conditions politiques pour intervenir militairement, l'impérialisme manœuvre dans tous les sens pour contrôler et mettre en échec la révolution syrienne. Il y a un temps déjà qu'El-Assad – que l'impérialisme a soutenu jusqu'à la limite du possible – a montré qu'il était incapable de s'acquitter de cette tâche, ce qui explique pourquoi il n'a plus la bénédiction de Washington.

L'exigence, de la part de l'impérialisme, de la démission d'El-Assad est au service d'un recentrage pour contrôler, vaincre et faire avorter la révolution. L'impérialisme a été assez habile pour abandonner un bateau qui coule, et sa principale préoccupation est maintenant de savoir comment et avec qui il peut gérer le développement de la guerre civile en cours et une chute possible d'El-Assad, de sorte que ses intérêts soient en sécurité.

En ce sens, les Etats-Unis et tout l'impérialisme européen et les bourgeoisies nationales arabes essayent une manœuvre politique, qui consiste à évincer El-Assad du pouvoir, mais en conservant les fondements essentiels de son régime.

94

Page 97: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

C'est en ce sens qu'ils ont proposé, à plusieurs reprises, diverses formules de « gouvernements de transition » qui incluent l'opposition et des membres de la dictature actuelle.

Cependant, les divisions politiques au sein de l'opposition syrienne, à commencer par l'énorme fossé entre le CNS – composé essentiellement des Frères musulmans et des libéraux exilés à l'étranger – et les milices combattantes sur le terrain, posent problème pour l'objectif impérialiste de maîtriser le processus. Il faut se rendre compte que le CNS a de moins en moins de poids et d'autorité politique, parce que ses principaux dirigeants se trouvent hors du pays et acceptent, dans leurs déclarations, de conclure des accords avec des personnages du régime. Pour l'ASL, c'est l'inverse. On lui fait largement confiance parce qu'elle est l'organisation qui coordonne les actions militaires à l'intérieur de la Syrie. Mais, même au sein de l'ASL, il faut comprendre que le sommet, composé d'anciens hauts gradés du régime et dirigé par le colonel Ryad Musa El-Assad depuis la Turquie, n'a pas une autorité incontestée sur les centaines de milices et de conseils populaires qui sont répartis dans toute la Syrie. L'ASL n'est pas une armée entièrement centralisée, avec une chaîne de commandement unifiée, mais une sorte de front uni et large qui abrite toutes les milices qui prétendent faire partie de l'ASL, mais n'agissent pas nécessairement sur ordre de son sommet.

Dans ce cadre, l'impérialisme a besoin d'avoir toutes les garanties en ce qui concerne l'autorité et la politique du CNS. Hillary Clinton a donc récemment fait plusieurs critiques au CNS, en disant que « le CNS ne peut plus être considéré comme la direction la plus visible de l'opposition » et demandant qu'il soit étendu et essaye de réunir en son sein la plupart des différents groupes d'opposition, depuis les Comités locaux de coordination, passant par les milices et jusqu'aux administrations dans les zones libérées. Son objectif est clair : créer de meilleures conditions pour coopter tous les dirigeants rebelles et faire avorter la révolution.

Reçu cinq sur cinq ! Afin d'obtempérer aux desiderata de Washington, le CNS a convoqué une réunion à Doha (Qatar), où il a élargi sa composition et a consacré comme nouveau président George Sabra, un ancien dirigeant du Parti communiste, actuellement le Parti populaire démocratique syrien. Afin de former un gouvernement de transition qui jouit de la confiance de l'impérialisme, un peu comme dans le cas du Conseil national de transition libyen, on a profité de l'occasion pour former une nouvelle instance de rassemblement, appelée Coalition nationale des forces de l'opposition et des rebelles (CNFORS), et qui dépasse le cadre du CNS.

La nouvelle coalition a aussi incorporé des secteurs kurdes, chrétiens et alaouites dans le front politique, et le militant et religieux musulman Moaz al-Khatib a été élu comme président. Dans ses premières déclarations, il a demandé le soutien politique de l'impérialisme, et la France lui a déjà déclaré son soutien. Le CNS maintient un poids significatif au sein du CNFORS, où il dispose de 14 sièges.

La note positive est que le réseau des militants sur le terrain – constitué par les Comités de coordination locale (CCL) – a annoncé son retrait du CNS, en critiquant le CNS d'avoir été, lors de cette réunion au Qatar, « incapable d'adopter un plan de réforme globale visant à développer un bon rôle de la représentation politique de la révolution du peuple syrien ».[8]

Une politique révolutionnaire pour la SyrieNotre position, notre politique pour la révolution syrienne, commence par le soutien inconditionnel au soulèvement des masses contre la dictature d'El-Assad.

95

Page 98: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Par conséquent, dans cette guerre civile, nous sommes dans le camp militaire des rebelles armés (le camp de la révolution), contre les troupes du régime syrien (le camp de la contre-révolution), indépendamment du fait que la direction politique de ce camp militaire rebelle soit bourgeois ou pro-impérialiste.

Il faut définir où se trouvent la révolution et la contre-révolution. Ce n'est que sur la base de cette définition, et de la lutte conséquente aux côtés du peuple syrien contre le tyran El-Assad – en gardant toujours l'indépendance politique la plus absolue – qu'il sera possible de disputer, au sein de cette ample unité militaire, la direction politique de ce camp militaire aux directions bourgeoises et pro-impérialistes.

Dans la lutte militaire, nous ne sommes pas neutres, car n'importe quel type de neutralité, ouverte ou déguisée, est directement équivalent à la négation de la révolution et à l'octroi d'un soutien objectif à la permanence d'El-Assad. La position neutre est celle du PTS-FT et d'autres organisations qui se disent trotskystes : ni El-Assad, ni le camp des rebelles. Ils font valoir que la direction rebelle est bourgeoise et pro-impérialiste et que, par conséquent, la « rébellion » – ils n'envisagent même pas que ce qui se passe en Syrie soit une révolution – a été séquestrée d'avance. Au milieu d'un génocide brutal et d'une puissante révolution, ces « révolutionnaires » se plaisent à faire des commentaires qui confondent la réalité avec leurs pieuses aspirations, et à exiger des « garanties » au processus lui-même, sans quoi ils ne le soutiennent pas, laissant la voie libre pour les dirigeants traîtres et l'impérialisme. Cette position, que l'on essaye de présenter comme « d'indépendance de classe », est criminelle au milieu d'une guerre civile, en dépit de toute la phraséologie « gauchiste » dont on essaye de l'habiller, car, appliquée à la réalité, elle ne fait que favoriser la permanence d'El-Assad. Ces gens se retrouvent finalement dans la même position que le castro-chavisme, par d'autres voies.

Certains de ces secteurs exigent, comme condition pour soutenir la révolution, que celle-ci soit dirigée par le mouvement ouvrier et un parti révolutionnaire. L'exigence de cette condition montre qu'ils ne comprennent pas que le principal grand obstacle objectif pour le développement du mouvement ouvrier et la construction d'un parti révolutionnaire est précisément l'existence même de la dictature. Avec cette position, ils emboîtent aussi le pas au stalinisme, qui soutient El-Assad au nom du « danger » de ce qui viendrait ensuite.

La lutte pour la construction d'une direction politique révolutionnaire pour le camp militaire rebelle est essentielle, mais cela ne peut se faire que si nous faisons partie de la lutte pour renverser la dictature meurtrière d'El-Assad. Aussi longtemps que la classe ouvrière n'a pas la conscience et la force suffisantes pour se débarrasser de ces directions, nous devons nécessairement disputer la direction dans le cadre d'une unité militaire (et non politique) de grande envergure, qui lutte du côté du peuple et oriente le tir contre le génocidaire El-Assad.

Notre politique vise la chute immédiate et la destruction complète du régime d'El-Assad, et la mise en place d'un gouvernement des classes exploitées syriennes. Nous pouvons formuler cette position dans les mots d'ordre : A bas Assad ! NON à l'intervention impérialiste !

Travailler pour la politique d'un gouvernement des classes exploitées syriennes, cela signifie, concrètement aujourd'hui, lutter pour le renforcement et la centralisation de tous les Comités de coordination locaux et les Conseils du peuple ou Tansiqiyyat qui contrôlent les zones libérées par la lutte armée. Nous sommes pour l'élargissement, le renforcement et la création de Tansiqiyyat dans tous les

96

Page 99: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

territoires conquis par les milices rebelles et libérés du pouvoir de la dictature ! Nous sommes pour l'élection de délégués représentants, élus démocratiquement dans les quartiers, les villes, les provinces, les usines et les régiments, pour former les conseils populaires qui administrent les zones libérées ! Ce sont eux les embryons du pouvoir ouvrier et populaire ! Nous sommes pour la réalisation de Congrès régionaux et nationaux de ces Conseils populaires pour coordonner la lutte militaire sur le terrain et répondre aux défis de la gestion des zones libérées ! La lutte doit être pour davantage de zones libérées et contrôlées par les Tansiqiyyat, jusqu'au renversement d'El-Assad, la prise du pouvoir et l'établissement du pouvoir ouvrier et socialiste. Ce sont toutes des activités d'une même œuvre : la révolution socialiste.

Ce n'est qu'en luttant pour le renforcement et la centralisation des Tansiqiyyat, les considérant comme de véritables embryons de pouvoir ouvrier et populaire, que la guerre civile pourra changer de direction politique et militaire. Mais tout cela, nous insistons, ne peut être fait qu'à partir de l'unité militaire avec tous les secteurs prêts à renverser El-Assad et à prendre les armes pour cela. Toute position « neutre » nous transforme non seulement en propagandistes abstraits et stériles, mais aussi en défaitistes réactionnaires qui fournissent des services inestimables à El-Assad, à l'intérieur de la « gauche ».

Les directions bourgeoisies – telles que la direction du CNS, le haut commandement de l'ASL, les Frères musulmans, et tous les groupes islamiques djihadistes – sont intrinsèquement pro-impérialistes et ennemis irréconciliables des intérêts du peuple et du socialisme. Et la dénonciation et la lutte permanente contre elles font partie de cette lutte pour que la révolution renverse El-Assad et avance vers un gouvernement ouvrier, paysan et populaire en Syrie. Mais cette dénonciation ne peut pas être abstraite ; nous la faisons à partir de la lutte révolutionnaire pour renverser le régime d'El-Assad.

La gauche est confrontée à une épreuve de vérité. Il faut choisir son camp dans cette guerre civile, et toute organisation qui se prétend révolutionnaire doit se poser la question : Sommes-nous, oui ou non, pour la victoire militaire des masses, pour renverser la dictature génocidaire et pro-impérialiste d'El-Assad ? Sommes-nous, oui ou non, dans le camp militaire des masses qui tirent contre El-Assad – indépendamment de qui les dirige, en gardant notre indépendance politique pour disputer la direction aux bourgeois du CNS et au haut commandement de l'ASL et à l'impérialisme ? Cela est essentiel pour déterminer si une organisation de gauche est en faveur de l'avancée de la révolution ou, au contraire, de la contre-révolution.

Notre réponse à ces questions est oui. Nous demandons donc instamment à tous les militants syndicaux, sociaux, des droits de l'homme, et à la gauche révolutionnaire, à resserrer les rangs autour du soutien inconditionnel à la révolution syrienne, en réalisant toutes sortes d'actions de solidarité avec le peuple syrien en armes, depuis des rassemblements jusqu'à des campagnes financières pour obtenir n'importe quel type d'aide matérielle. Il est également essentiel d'exiger, de tous les gouvernements, la rupture immédiate des relations diplomatiques et commerciales avec le dictateur El-Assad et l'envoi d'armes lourdes, de nourriture et de médicaments aux instances contrôlées par les milices rebelles.

Il est évident que toute action de solidarité avec la lutte du peuple syrien se fera contre le castro-chavisme et ses relais « gauchistes », mais il faut démontrer qu'il

97

Page 100: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

existe une gauche révolutionnaire et socialiste qui soutient la révolution syrienne, et le faire savoir aux combattants syriens.

__________________________

1 Cet article est publié dans le n°09 (novembre 2012) de Courrier International, la publication de la LIT-QI

2 http://www.vdc-sy.org/

3 El País, 11/08/2012

4 El País

5 Reuters, 5/11/2012

6 YARA, Nseir :  Siria: los civiles en las “zonas liberadas” dirigen sus asuntos bajo la supervisión de los “militares”, publié le 18/08/2012 sur le site web « Traductions de la révolution syrienne ».

7 La Nación, 10/10/2012

8 EFE, 9/11/2012

98

Page 101: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

La guerre civile marque les étapes de la révolutionmars 2012

C'est un fait. Dans le cadre du processus révolutionnaire impressionnant qui secoue l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, la lutte des classes en Syrie a atteint son apogée : la guerre civile. Ce mois de mars, cela fait un an que le soulèvement populaire contre la dictature de Bachar el-Assad – au pouvoir depuis 12 ans, dans un régime totalitaire qui date depuis quatre décennies – a commencé. Depuis lors, la lutte du peuple pour des libertés démocratiques et l'amélioration de son niveau de vie s'est propagée à travers le pays, à des degrés divers.

Au cours de ces mois, les manifestations populaires furent réprimées sans pitié. En février dernier, le nombre de morts a déjà atteint 7 500 selon l'ONU, et bien plus selon les organisations de l'opposition syrienne, y compris celles des droits de l'homme.

La révolution et la contre-révolution s'affrontent dans la rue, à coups de fusils et de canons, dans un vrai bain de sang.

Emergence et développement de l'Armée de la Syrie LibreLa montée en puissance des mouvements populaires et l'élan que les victoires dans d'autres pays de la région ont imposé à l'ensemble du processus révolutionnaire (comme celle du peuple libyen contre le sanguinaire Kadhafi), ont fini par générer, d'une part, l'initiative de secteurs de la population de s'armer et, d'autre part, une crise profonde et un nombre important de désertions dans l'armée syrienne régulière. Ainsi est née, à la fin de 2011, l'Armée dite de la Syrie Libre (ASL), composée de civils qui ont pris les armes et de soldats déserteurs.

Dans ses premières incursions, l'ASL a attaqué quelques cibles politiques, telles que les locaux du parti Baas au pouvoir, ainsi que des centres militaires et de la police. Dans ce processus, la force de l'ASL s'est agrandie, suite à la radicalisation des protestations, au point de devenir une force de combat importante.

Face à une armée régulière qui conserve toujours une supériorité matérielle, l'ASL utilise des tactiques militaires de guérilla. Le colonel Riad Al-Assaad, un commandant de l'armée rebelle, a dit que l'ASL compte plus de 40 000 combattants et que « les opérations de l'ASL sont caractérisées par des attaques rapides contre les positions pro-Assad, suivies de retraites tactiques à des zones plus sûres » (France-Presse).

Le cours de la guerre civile accélère la crise de l'armée d'AssadLa crise de l'armée syrienne régulière, quoique plus lente que celle de l'armée de Kadhafi, est incessante et a comme base non seulement l'impact du mouvement de masse, mais aussi des contradictions internes assez marquées.

L'armée qui répond à Assad est calquée sur la minorité alaouite à laquelle appartient la famille Assad. On estime que 80 % des officiers supérieurs appartiennent à cette branche du chiisme. Cette armée élitiste commence à montrer des signes de fatigue après des mois de déploiement continu. Les manifestations et l'utilisation d'armes par le peuple s'intensifient au fur et à mesure que le régime utilise des chars et de l'artillerie lourde dans les zones urbaines, en dépit des destructions évidemment très grandes causées par ceux-ci.

99

Page 102: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Le fait est qu'Assad se trouve face au grand problème de la composition même de son armée. Elle est nombreuse, mais la très grande majorité de ses 300 000 soldats sont des recrues sunnites, auxquelles on n'assigne généralement pas de missions de répression, leur loyauté étant douteuse. Ce n'est pas par hasard que la plupart des désertions viennent de ces forces. La répression est donc généralement confiée à la Garde républicaine, qui compte environ 10 000 soldats, et à la Quatrième division mécanisée, qui en compte 20 000. L'écrasante majorité de ces deux forces, dirigées par l'infâme Maher el-Assad, le frère du président, sont des Alaouites.

La situation militaire d'Assad se complique. La lutte fait rage à Homs, à Hama, à Idlib, à Deraa et même dans la ville côtière de Lattaquié, le berceau de la famille d'Assad. Bien que ce dernier parvienne à écraser quelques poches rebelles, il est dépassé par l'insurrection populaire qui s'étend. Jusqu'à présent, l'armée du régime n'a pas réussi à écraser le soulèvement populaire armé, malgré sa supériorité en nombre et en armes : après qu'une ville ait été arasée, les soldats de Maher el-Assad doivent la quitter pour en assaillir une autre, et encore une autre. Puis, les rebelles refont surface, et ainsi de suite.

La ville de Homs nous donne un exemple. Elle a été soumise à quatre semaines de bombardements intensifs et à deux jours de combats acharnés, maison par maison. Le quartier de Baba Amr, le centre de la résistance, a été le plus harcelé. Face à une écrasante supériorité en nombre et en puissance de feu, des milliers de miliciens y ont résisté dans la rue, soutenus par la majorité de la population.

A Homs, le régime syrien a utilisé la même méthode que celle mise en œuvre pour écraser la rébellion islamiste à Hama, il y a exactement 30 ans. A cette occasion, Hafez el-Assad, le père du dictateur actuel, a bombardé la ville pendant un mois et a lancé par la suite sur elle un assaut terrestre sans relâche. Hama fut arasée et le nombre réel de morts nous est toujours inconnu, les chiffres variants entre 14 000 et 40 000 personnes.

La milice de Homs a finalement annoncé un repli tactique, mais Assad fils n'a pas obtenu à Homs ce que le père avait obtenu à Hama. A Homs, la résistance armée du peuple syrien n'a pas été écrasée, comme veut célébrer le régime assassin d'Assad. Dans cette opération, le dictateur a utilisé quelque 7 000 soldats d'élite et des dizaines de chars, y compris des missiles à longue portée, pour des bombardements incessants. Même avec toutes ces forces, le régime a échoué à écraser la résistance. Au contraire, le président Assad a dû reconnaître, dans des déclarations à la télévision qatarie Al Jazeera, que ses forces « ont également subi de lourdes pertes dans les combats », des pertes infligées par l'ASL.

Et ainsi, alors que les incendies n'étaient pas encore éteints à Homs, les combats se déplaçaient déjà à deux autres villes rebelles, Hama et Idlib, contre lesquelles commencèrent les bombardements. La guerre civile s'est étendue à tel point qu'il y eut aussi des affrontements dans une zone très controversée : le plateau du Golan, un territoire conquis et annexé par Israël.

Il est clair que la victoire des rebelles n'est pas assurée d'avance, mais les éléments d'information dont nous disposons nous permettent de dire que la guerre civile s'intensifie et que la résistance populaire armée s'étend. Nir Rosen, un journaliste américain qui a passé des semaines en Syrie, a relaté son expérience à Al Jazeera en soulignant le fait que les comités locaux et les milices armées des villes ou des provinces sont en train de s'unir et de créer des structures plus grandes.

100

Page 103: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Pour Rosen, la plus impressionnante de ces organisations est précisément le Conseil révolutionnaire de Homs, qui est, de fait, « un Etat dans l'Etat ». Ce Conseil assume les tâches de sécurité, de soins de santé et d'alimentation de plus de 16 000 familles et organise la lutte sociale et armée contre la dictature.

Un autre fait important apporté par Rosen concerne la composition de l'ASL, constituée principalement par des civils armés, des gens ordinaires qui ont pris les armes, plutôt que par des déserteurs de l'armée régulière syrienne. Selon Rosen, les désertions, bien réelles et en augmentation, ont commencé bien après le début de la résistance armée populaire. Cette dernière a obtenu des armes sur le marché noir et s'est mise en place par la nécessité de protéger les manifestations de la répression.

Les manœuvres de « l'ouverture démocratique »La répression du régime augmente dans la mesure de son désespoir. Assad s'accroche au pouvoir, refuse de négocier quoi que ce soit sur la base de son départ, durcit la répression et déclare au monde qu'il continuera à utiliser la « poigne de fer » et qu'il « se maintiendra ferme face à ses ennemis », face à ce qu'il dénonce comme une « conspiration étrangère ».

Parallèlement, il essaye toutefois d'amorcer un timide mouvement pour légitimer son régime et maintenir la base sociale qui continue à le soutenir. En février, en même temps qu'il bombardait Homs, il tint un référendum constitutionnel pour légitimer une prétendue « ouverture démocratique ». Cependant, selon le texte de ces réformes, il maintiendrait des pouvoirs décisifs – y compris la possibilité de choisir le Premier ministre et de rejeter des lois, contre la majorité au « parlement » – et surtout, il pourrait rester « constitutionnellement » au pouvoir au moins jusqu'en 2028.

Malgré cette manœuvre, le régime se trouve toujours dans une situation très délicate, à la fois politiquement et militairement. Assailli par la mobilisation populaire et les actions armées de l'ASL, il doit aussi faire face à une autre dure réalité : l'impérialisme, auquel il a toujours été si fidèle, mais qui prend aujourd'hui de plus en plus de distances.

La politique de l'impérialismeDepuis plusieurs mois, l'impérialisme étasunien et européen et la bourgeoisie arabe, qui initialement soutinrent Assad sans réserve, ont commencé à se distancier de lui. Ils l'ont d'abord mis en garde et ils ont fait pression sur lui afin de rechercher une issue négociée. Puis ils ont appliqué des sanctions économiques. Ensuite, la Ligue arabe – un instrument docile de la politique des puissances impérialistes et qui a essayé pendant des mois de négocier avec Assad – a haussé le ton, toujours sur le terrain de la diplomatie, et a décidé de suspendre ce pays en tant que membre.

Au début de février, la Ligue arabe proposa une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU, où elle condamna la répression et proposa, comme condition sine qua non pour résoudre la crise, la sortie d'Assad et la formation d'un « gouvernement d'unité nationale ». La Russie et la Chine opposèrent leur veto à cette résolution et furent alors sévèrement dénoncées par d'autres dirigeants mondiaux, en tant que « complices » des crimes d'Assad.

Finalement, une déclaration du Conseil des droits de l'homme de l'ONU condamna la « violation systématique » des droits des civils en Syrie. La Russie,

101

Page 104: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

la Chine et Cuba, qui soutiennent le maintien au pouvoir d'Assad, ont voté contre cette résolution.

L'impérialisme, en voyant que le torchon brûle, se rend compte que cela devient très compliqué de manifester ouvertement un soutien à Assad. C'est pourquoi il le dénonce, lui applique des sanctions économiques et essaye de l'isoler sur la scène internationale, en le poussant pour qu'il mette en oeuvre certains changements tactiques dans sa manière de faire face à la révolution populaire, ou directement, pour qu'il renonce, tant que la situation le lui permet encore.

Pourquoi ces personnages de l'impérialisme étasunien et européen et des bourgeoisies arabes font-ils maintenant des déclarations contre Assad ? Les raisons n'ont rien d'un prétendu sentiment humanitaire soudain envers le peuple syrien massacré, ni d'une réelle défense des libertés démocratiques dans ce pays. Ces puissances sont les mêmes qui ont toujours soutenu la dynastie des Assad, qui à son tour leur a toujours été fidèle pour brader le pétrole, appliquer les recettes néolibérales du FMI et garantir la sécurité des frontières d'Israël.

Ce qu'il y a derrière cette rhétorique « humanitaire », c'est le besoin vital de l'impérialisme de venir à bout du processus révolutionnaire en Syrie et dans toute la région, un processus qui s'intensifie avec la permanence d'Assad au pouvoir. Le dictateur syrien est devenu de nos jours un élément de déstabilisation. L'impérialisme est non seulement hypocrite, mais aussi pragmatique. Il distingue très bien ce qui est stratégique et ce qui est tactique et, en ce sens, le maintien ou non d'un laquais est pour lui une question purement tactique.

Il est clair toutefois que, pour le moment, l'impérialisme n'est disposé à promouvoir aucune intervention armée, contrairement à ce qu'il a fait en Libye. Pour l'impérialisme étasunien, qui se trouve à la veille d'élections et qui vient d'encaisser une défaite en Irak et en Afghanistan, toute entreprise militaire s'avère extrêmement difficile. Pour l'impérialisme européen, submergé dans la crise, ce n'est pas moins compliqué. D'autre part, l'option militaire serait trop risquée dans un pays où il y a une armée bien équipée et dont la situation géopolitique est explosive. La Syrie a des frontières avec le Liban et la mer Méditerranée à l'ouest ; avec Israël au sud-ouest ; avec la Jordanie au sud ; avec l'Irak à l'est et avec la Turquie au nord. Une intervention armée pourrait avoir des résultats inattendus et pourrait enflammer le Moyen Orient tout entier. De toute évidence, en matière politique et militaire, la Syrie n'est pas la Libye.

Pour l'instant, l'impérialisme table sur l'usure économique et diplomatique, peut-être avec une issue comme au Yémen, avec le transfert du pouvoir au vice-président, octroyant certaines réformes démocratiques tout en sauvant l'essentiel du régime. L'intervention armée est peu probable. Si elle avait été considérée comme opportune, elle aurait été appliquée depuis longtemps, sans se soucier du veto de la Russie et de la Chine à l'ONU.

Pour les mêmes raisons, tout en clamant qu'Assad doit s'en aller, les impérialistes en font tout un plat quand le CNS et l'ASL lui exigent des armes et des conseillers militaires pour combattre le dictateur. Hillary Clinton abat ses cartes quand elle pose la question : « Si nous faisions cela, chez qui les armes arriveraient-elles ? » L'impérialisme ne se fie pas aux rebelles.

Le castro-chavisme continue à soutenir les dictateurs assassinsDe fait, Assad n'a plus beaucoup d'alliés sur la scène internationale. Nous pouvons les compter sur les doigts des mains : la Russie, la Chine, l'Iran, Cuba, le Venezuela et le Nicaragua.

102

Page 105: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Hugo Chavez a publié un communiqué, à travers son ministère des Affaires étrangères, où il « manifeste le soutien le plus fort » au gouvernement syrien et où il « reconnaît les efforts considérables déployés par le président Bachar el-Assad pour faciliter une solution politique dans la conjoncture complexe où se trouve le pays » (AFP, 12.01.12).

Chavez accuse le peuple syrien et les masses de la région de commettre des « actes terroristes », et il n'oublie pas le refrain habituel d'une « attaque impérialiste » contre un supposé dirigeant anti-impérialiste qui serait en cours d'être déstabilisé par « des forces provenant de l'étranger » (voir le communiqué officiel).

La position de la dictature de Castro est tout aussi regrettable, mais elle ne surprend pas. Le site du Granma fait l'éloge d'un supposé « processus de réforme » qu'Assad serait en train de mettre en oeuvre, avec le référendum que nous avons mentionné plus haut. On y dit que les bombardements du gouvernement sur Homs sont dirigés contre « des groupes armés » qui, financés par l'étranger, seraient en train d'attaquer la ville. Face à ce massacre, les représentants diplomatiques du gouvernement cubain déclarent que l'issue doit être « pacifique », et dans ce contexte, ils soulignent les efforts de Kofi Annan, en tant que médiateur (Cubadebate).

Le soutien à ces dictateurs est non seulement dégoûtant ; il finit par renforcer la position de l'impérialisme puisqu'il lui facilite la politique d'apparaître comme « le défenseur de la démocratie et des droits de l'homme ». Qui plus est, la solidarité castro-chaviste avec les tyrans du monde arabe sape la solidarité dont la juste lutte du peuple syrien et les autres peuples ont tellement besoin.

Le problème majeurEn Syrie, comme en Libye et dans d'autres pays de cette région, la contradiction centrale réside entre d'une part, les luttes héroïques des masses, et d'autre part, leurs directions bourgeoises et pro-impérialistes. Dans le cas de la Syrie, cela se manifeste dans le Conseil national syrien (CNS) qui a émergé au cours des derniers mois. Celui-ci se présente comme un gouvernement alternatif au sein duquel se retrouvent les Frères musulmans, les libéraux, les différentes factions kurdes et, apparemment, les Comités de coordination locale.

Le CNS soutient les actions armées de l'ASL, mais il appelle en même temps à l'intervention impérialiste, exigeant « une action rapide » de la part de la communauté internationale pour protéger les civils « par tous les moyens nécessaires » (France-Presse).

Parmi ces organismes, l'espace le plus progressiste semble être occupé par les Comités de coordination locale, composés de gens ordinaires, de jeunes de différentes villes et de différents quartiers, avec la tâche d'organiser les manifestations dans des zones amples.

Nous, la LIT, nous soutenons que la question de la direction révolutionnaire est le problème majeur, en Syrie comme dans les autres pays de la région secoués par le processus révolutionnaire. A cet égard, nous exhortons le peuple syrien et les combattants les plus conscients de la résistance à n'avoir confiance que dans leurs propres forces révolutionnaires et à ne rien attendre de l'impérialisme ni des courants politiques bourgeois, qu'ils soient laïcs ou islamistes.

Aux travailleurs et aux jeunes qui s'organisent dans des comités régionaux, qui prennent les armes et essayent de se coordonner entre eux, nous disons que c'est

103

Page 106: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

une question de vie ou de mort que ce soit le peuple et la classe ouvrière syrienne qui, dans le feu de la lutte contre le régime d'Assad, s'organisent entre eux et s'autodéterminent au moment de la définition du sort de leur lutte.

Ceux qui dirigent actuellement le CNS ou l'ASL peuvent se trouver temporairement dans le même camp militaire que le peuple pauvre, contre Assad. Mais tôt ou tard, par leur caractère de classe, ils finiront par trahir les aspirations réelles du peuple, aspirations non seulement économiques, mais aussi celles concernant les libertés démocratiques.

Pour une victoire stratégique, la seule issue est la construction d'une direction révolutionnaire et internationaliste qui prenne en main les rênes du processus.

Tout le soutien à la lutte du peuple syrien pour la chute du régime assassin d'Assad !Il est nécessaire d'unifier les manifestations à travers le pays et d'intensifier la lutte armée jusqu'à la chute du régime. C'est le moment d'approfondir la division dans les forces armées du régime, c'est le moment, pour les masses, d'étendre leur organisation sous la forme de conseils populaires avec fonctionnement démocratique, des conseils qui, à leur tour, organisent des milices armées dont les actions doivent être régies par l'intérêt général de la lutte.

En ce sens, la LIT rejette catégoriquement, et appelle à rejeter, tout type d'intervention impérialiste en Syrie. C'est le peuple syrien, et lui seul, qui doit décider de son sort. Nous ne devons avoir aucune illusion dans les puissances impérialistes et leurs marionnettes, qui visent seulement le pillage et l'exploitation de nos peuples.

De même, nous faisons un appel à tous les mouvements sociaux et les organisations politiques qui se considèrent de gauche ou qui veulent défendre les droits de l'homme, d'entourer la lutte du peuple syrien de solidarité active.

Dans nos organisations, nous devons exiger une rupture immédiate de tous les gouvernements avec l'assassin Assad. Cela inclut, bien sûr, les gouvernements de Chavez et de Castro, fidèles défenseurs de ce régime, ainsi que le gouvernement de Dilma au Brésil, qui a également exprimé son soutien politique, bien que de façon plus sournoise.

En outre, nous devons exiger de tous les gouvernements d'envoyer immédiatement des armes et des conseillers militaires pour combattre dans le camp militaire de l'ASL. En ce sens, nous nous tournons en particulier vers les peuples libyen, égyptien et tunisien, et tous les autres peuples de la région.

La lutte est pour la chute immédiate d'Assad et pour la mise en place d'un gouvernement des classes exploitées syriennes. Seul un gouvernement ouvrier et populaire pourra convoquer et garantir la mise en œuvre d'une Assemblée constituante libre, démocratique et souveraine pour conquérir toutes les libertés démocratiques et libérer le pays de l'impérialisme. Seul un gouvernement ouvrier et populaire pourra envisager une véritable lutte contre l'Etat nazi-sioniste d'Israël, enclave politico-militaire de l'impérialisme dans la région, en commençant par la récupération du territoire syrien du plateau du Golan, usurpé par les sionistes depuis 1967.

Ce gouvernement, basé sur les organisations et les milices populaires, doit également poursuivre et punir tous les crimes d'Assad et de sa clique dictatoriale ; confisquer leurs richesses et les placer sous le contrôle du peuple affamé et à son service ; annuler tous les contrats pétroliers et d'autres accords conclus par Assad

104

Page 107: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

et qui lient le pays à l'impérialisme ; nationaliser immédiatement le pétrole et toutes les richesses du pays, sous l'administration du peuple et au service de la mise en oeuvre d'un plan d'urgence qui répond aux besoins pressants du peuple travailleur syrien, tout cela dans la perspective de la création d'une Fédération de Républiques socialistes arabes.

Ronald León

Le castro-chavisme sournois du PTS-FT12 avril 2012

Le PTS-FT 1 semble ne rien apprendre des processus révolutionnaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

Concernant la Syrie, il commence à esquisser la même orientation que celle maintenue pour la Libye. Dans le cas de la Libye, le fait que les masses se soient armées et aient renversé violemment un dictateur sanguinaire et pro-impérialiste comme Kadhafi, au point de le lyncher, à la vue du monde, ne représente pas un triomphe des masses pour le PTS-FT. Au contraire, pour eux, c'est l'impérialisme qui a gagné et qui a réussi à installer « un gouvernement encore plus pro-impérialiste que celui de Kadhafi ».

Pour ces hérauts de l'orthodoxie révolutionnaire, les actions héroïques des masses n'avaient rien à voir avec une révolution, car parmi les gens, il n'y avait pas de combattants, mais, au contraire, « des troupes au sol » centralisées par l'OTAN et les dirigeants bourgeois du Conseil national de transition (CNT).

Comme on peut le constater, cette position arrive à la même conclusion que celle du castro-chavisme, ornée toutefois de terminologie « trotskyste » et transitant par un autre chemin : 1) en Libye, il n'y a pas eu de révolution, mais une contre-révolution où l'impérialisme l'a emporté ; 2) la lutte des masses libyennes est le plus réactionnaire imaginable, s'agissant de « mercenaires » ou de « troupes au sol » de l'impérialisme ; 3) Kadhafi était, au moins, le moindre mal, parce que l'impérialisme l'a remplacé par « un gouvernement plus pro-impérialiste ».

Le PTS-FT maintient la même qualification que le castro-chavisme, et pour être conséquent, il devrait dire, au moins, que les marxistes révolutionnaires, nous devrions nous trouver dans le même camp militaire que celui de Kadhafi, et maintenant à côté de la CNT qui veut désarmer les « troupes au sol » de l'OTAN. Mais il n'ose pas faire ce pas.

Le fait est que, pour le PTS-FT, les actions des masses ne valent presque rien. Pour eux, ce que nous voyons en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ne sont pas des révolutions, mais un « cycle de rébellions »2. Ainsi, en Syrie il n'y a pas de guerre civile, mais seulement « une escalade de protestations et d'affrontements ».

Au moment de définir la situation de la lutte des classes en Syrie, l'impressionnante lutte menée par les masses n'est jamais prise en compte. Il n'y a que les orientations politiques de l'impérialisme qui comptent : « En Syrie se croisent donc la stratégie impérialiste de vaincre la révolte arabe, et l'offensive pour réaffirmer sa domination sur le Moyen-Orient. » Qu'en est-il des masses ? Ne sont-elles pas en train de se battre, ne fût-ce qu'inconsciemment, contre la stratégie impérialiste ?

105

Page 108: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Bien qu'il n'exprime pas explicitement un soutien au régime d'Assad et qu'il dise que les masses ne doivent entretenir aucun intérêt dans la préservation de ce régime, le PTS-FT tient à préciser qu'Assad « n'est pas un agent direct de l'impérialisme, comme l'Egyptien Moubarak, ni un ''converti'' à l'alliance avec l'Occident, comme Kadhafi ». Assad ne serait donc pas un « agent direct » de l'impérialisme. C'est ce que dit le castro-chavisme. Mais qu'est-il donc ? Un dirigeant anti-impérialiste, ou au moins un nationaliste bourgeois qui commande un pays indépendant ?

Le PTS-FT fait un effort déguisé pour atténuer ou embellir le régime d'Assad, tout comme le castro-chavisme, et il affirme qu'avec ce dictateur au pouvoir, « il y a toujours des frictions importantes avec l'Occident, telles que son alliance avec l'Iran, son soutien à l’Hezbollah et son exigence envers Israël de restituer le Golan ». Le PTS-FT affirme, en outre, que s'il y avait une intervention militaire de l'impérialisme, l'intérêt de ce dernier serait d'établir un « régime plus fonctionnel » pour ses intérêts.

On aperçoit de nouveau, cette fois pour le cas de la Syrie, l'idée du moindre mal à partir de la possibilité d'un régime « plus fonctionnel » ou un gouvernement « plus pro-impérialiste », comme ce fut le cas avec Kadhafi.

D'autre part, le PTS-FT transfère le caractère contre-révolutionnaire du CNS aux actions des masses, en essayant de déprécier les actions de celles-ci. Pour ce parti, « la contradiction politique la plus importante du soulèvement est que, en absence de développement d'une dynamique révolutionnaire indépendante, il est subordonné au CNS et à son programme pro-impérialiste, comme un facteur de pression dans la recherche du ''changement de régime'' subordonné aux Etats-Unis et à l'UE ».

Dans le cas de la Syrie, le PTS-FT n'a même pas attendu une intervention militaire pour annexer la lutte des masses au camp de la contre-révolution. C'est la même logique que celle du raisonnement par lequel les masses libyennes furent accusées d'être « des troupes au sol » subordonnées à l'impérialisme et à la CNT.

Le PTS-FT affirme que la stratégie doit être « d'imposer par voie révolutionnaire le renversement d'el-Assad et l'établissement d'un pouvoir ouvrier et populaire ». Nous sommes entièrement d'accord sur ce point. Le problème est que ces idéalistes, qui se disent maîtres dans la méthode d'analyse marxiste, confondent leurs désirs avec la réalité, ce qui est habituel chez eux.

Pour un marxiste révolutionnaire, ce sont les faits de la réalité, et non ses propres désirs, qui sont le point de départ. Ainsi, au lieu de nier l'ensemble du processus – en raison de l'absence d'une avant-garde de la classe ouvrière et d'une direction révolutionnaire – les marxistes doivent avoir, au sein du camp de la révolution, une politique pour surmonter ces graves limitations, une politique qui part des contradictions du processus révolutionnaire et qui en identifie les éléments progressistes, qu'il essaye alors de développer le plus possible.

Mais cette tâche devient impossible pour un courant qui ne parvient pas à identifier, globalement, où se trouve la révolution et où la contre-révolution, dans tout le processus politique qui secoue l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient.

106

Page 109: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

1 Le Parti des Travailleurs Socialistes (PTS) est la section argentine de la Fraction Trotskyste - Quatrième Internationale (FT-QI).

2 Eduardo Molina, El imperialismo quiere imponer un « nuevo régimen » favorable a sus intereses. Sur le site Web de la Fraction Trotskyste, 3.2.2012. Toutes les citations sont de cet article

La lutte héroïque du peuple syrien s'intensifie, malgré la répression sanglanteTout le soutien à la lutte du peuple syrien pour la chute du régime assassin d'Assad !

Le 25 août 2011 - Secrétariat International de l'LIT-QI

Le monde arabe est en flammes. La révolution et la contre-révolution mènent une bataille à mort : c'est le sang, la poudre et les barricades, les poings levés et les cris de liberté.

La grande victoire du peuple libyen, qui s'est armé et est en train de détruire le régime assassin de Kadhafi par l'action directe, ne fait qu'intensifier, avec une force peu commune, l'ample montée révolutionnaire de toutes les masses au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Malgré les énormes dangers que l'intervention impérialiste de l'OTAN et de l'ONU font peser sur cette révolution, et le caractère bourgeois et laquais du Conseil National de Transition (CNT), auto-proclamé gouvernement des rebelles, cette conquête démocratique du peuple libyen ouvre la voie pour approfondir le « printemps arabe », puisqu'elle fait pencher la balance du rapport de forces en faveur des masses. Au milieu de toute cette tempête révolutionnaire, le cas dramatique de la Syrie prend une importance nouvelle. La dictature génocidaire de Bachar el-Assad, président actuel et membre d'une sorte de dynastie qui dirige le pays depuis 41 ans, continue à réprimer impitoyablement le peuple héroïque de la Syrie qui, depuis février de cette année, se trouve sur le devant de la scène avec les mobilisations radicales de masse contre le régime.

La toile de fond de la protestation du peuple syrien est la même que celle du reste de la région. Le cocktail explosif est composé, d'une part, des aspirations démocratiques légitimes des masses, et d'autre part, des terribles effets de la crise économique actuelle dans un pays où 50 % de la richesse est entre les mains de 5 % de la population, et en particulier dans celles des secteurs liés à la famille Assad ou proches des dirigeants de l'Etat.

Le massacre de Lattaquié...Le 15 août, la dictature d'Assad a bombardé, avec des navires de guerre et des tanks, la ville de Lattaquié, un des centres de la résistance et de la mobilisation populaire. L'opération militaire a eu lieu au milieu d'une mobilisation de plus de 20.000 personnes réclamant la démission d'Assad.

Lors de l'attaque contre la population civile, environ 35 personnes ont été tuées, dont une fillette de 2 ans. Des milliers d'autres ont été arrêtées et emmenées - comme au temps de la dictature sanglante de Pinochet au Chili - à un stade de football où ils sont restés sans eau ni nourriture. La répression a été et continue à être sanglante en raison de la force accumulée par la révolution. Depuis le début du processus révolutionnaire, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme,

107

Page 110: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

plus de 2.000 personnes ont été assassinées lors des manifestations. Mais cela, loin de décourager les masses, ne fait que les enthousiasmer davantage.

... et l'attaque d'un camp de réfugiés palestiniensPendant le siège militaire de Lattaquié, les troupes gouvernementales ont en outre attaqué un camp de réfugiés palestiniens dans la région d'Al Raml, tuant quatre personnes et en blessant 20 autres, selon la dénonciation du Comité local de coordination.

Selon une dénonciation de l'ONU, cela a conduit à la fuite désespérée de 5.000 à 10.000 Palestiniens vivant dans le camp et qui sont maintenant complètement à la dérive. Un militant syrien a décrit la situation en disant : « Le soir, des hommes armés de l'Armée ou de la Shabih [la milice du président] circulent à travers la ville sur des camionnettes et tirent sur les portes des bâtiments pour empêcher les gens de sortir dans la rue pour manifester. » (El País, 15/08/11).

L'attaque sur le camp de réfugiés palestiniens démontre, une fois de plus, la fausseté de ceux qui soutiennent que le régime d'Assad serait solidaire avec la cause palestinienne ou défendrait une position « pan-arabe » et « anti-sioniste ». La réalité est que, malgré son discours pompeux et ses relations avec l'organisation palestinienne du Hamas, le régime des Assad a renoncé à la lutte contre l'Etat nazi-sioniste d'Israël, au point que le gouvernement israélien considère aujourd'hui sa frontière avec la Syrie comme l'une des plus « tranquilles », ceci en dépit du fait qu'Israël continue à usurper une partie du territoire syrien, les hauteurs du Golan.

Bien qu'au début, poussé par les protestations, le régime d'Assad ait promis de manière diffuse d'avancer des réformes démocratiques au sein du régime, les événements de ces derniers mois ont mis à nu ses mensonges. Actuellement, il déclare même ouvertement « qu'il n'y aura pas de réformes au milieu du sabotage et du chaos » et il a traité les manifestants de « germes » qu'il faut « exterminer » au plus vite, étant donné leur « vitesse de propagation ». (El País, 17/8/2011). Il a déclaré récemment que les protestations et les morts « ne l'inquiètent pas » et qu'il n'a « aucune intention de démissionner ».

Le fait est que, face au peuple qui se soulève à juste titre pour la démocratisation du pays, la dictature a répondu de manière sanglante et criminelle, ce qui fait de la Syrie un des pays ayant connu le plus grand nombre de morts dans l'ensemble du processus révolutionnaire arabe jusqu'à ce jour.

Les partisans de Chavez et de Castro soutiennent l'assassin AssadOn sait que Hugo Chavez et les frères Castro et ont exprimé, depuis le début de la lutte du peuple syrien, leur soutien et leur solidarité avec le dictateur arabe, tout comme d'ailleurs avec Kadhafi, le dictateur maintenant pratiquement déchu.

Même les massacres horribles commandités par le régime n'ont pu changer cette position du leader vénézuélien, qui continue, de manière incroyable, à considérer Assad comme un « humaniste » et un « frère ».

Récemment, Chavez a déclaré : « D'ici, nous saluons le président Assad. On infiltre des terroristes en Syrie, provoquant de la violence et des morts, et puis, c'est encore une fois le président qui est le coupable et personne n'enquête sur rien. » Notez que, pour Chavez, les terroristes, ce sont les gens qui luttent, et non Assad.

108

Page 111: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Cette alliance, qui date de bien avant, a toujours donné lieu à des éloges de la part du leader vénézuélien pour le dictateur syrien. Lorsque Chavez a décoré Assad, lui offrant rien moins que « l'épée de Bolivar », il a déclaré qu'Assad « se trouve non seulement à la tête du peuple syrien, mais aussi des peuples de l'Arabie, dans la lutte permanente et courageuse pour la liberté et la paix et contre l'impérialisme ». Avec le même entrain, il a déclaré : « Je n'exagère pas quand je dis que tu es l'un des libérateurs du nouveau monde. »

En soutenant des dictatures sanglantes, qui tuent des gens qui essaient de se libérer de leur joug, les partisans de Castro et de Chavez révèlent leur vrai visage. Dans le cas de la Syrie, leur trahison est plus éloquente, car dans ce pays, il n'existe pas une intervention impérialiste comme en Libye, qui est utilisée pour justifier le soutien à la dictature de Kadhafi. Ce qui existe en Syrie, c'est un peuple qui lutte pour les libertés démocratiques et qui est brutalement réprimé.

On pourrait s'attendre à ce que des gouvernements qui se disent « révolutionnaires », comme ceux de Chavez et de Castro, soient à côté de la lutte des peuples contre les dictateurs. Mais c'est l'inverse. Ils justifient leur position par un discours « anti-impérialiste », alors qu'en fait, ils favorisent grandement l'impérialisme, lui laissant la place pour s'affirmer de façon hypocrite comme le « défenseur de la démocratie » ou des « droits humains ». Ce courant jette la lutte pour les libertés démocratiques en pâture aux plus grands criminels de l'humanité.

Nous, de la LIT-QI, nous souhaitons que les faits impressionnants de la Libye - où le peuple est en train de détruire le régime et l'armée de Kadhafi et déchaîne toute la colère accumulée depuis des décennies - produise un changement dans la politique des partisans de Castro-Chavez.

A cet égard, nous appelons les militants sociaux et la gauche internationale, y compris ceux qui se considèrent partisans de Castro-Chavez, à réfléchir sur la position de Chavez et Castro de défense des dictatures contre les peuples. La question est très grave car il y a en Syrie une révolution populaire qui est brutalement réprimée et qui, plus que jamais, a besoin de notre solidarité et de notre soutien actif. La solidarité est fondamentale dans toute lutte ; dans le cas de l'Egypte et de la Tunisie, elle a été cruciale pour le triomphe des masses.

Si les masses syriennes réussissent, comme c'est le cas en Libye, cela va renforcer l'ensemble du processus révolutionnaire arabe, et nous aurons des avancées appréciables dans la révolution arabe et au niveau mondial. Mais pour que les masses triomphent, il faut une solidarité active. Voilà pourquoi le soutien de Chavez et de Castro au dictateur Assad (et à Kadhafi) est néfaste. Cela a des implications politiques spécifiques puisque cela retarde, réduit ou annule largement la solidarité envers les révolutions syriennes et libyennes de la part de larges secteurs de la gauche.

Face à cette position réactionnaire, il faut exiger de Chavez et de Castro qu’ils rompent leurs relations avec Assad et se solidarisent avec les révolutions syrienne et libyenne contre leurs oppresseurs.

La politique de l'impérialismeToute la politique de l'impérialisme répond à son besoin d'empêcher l'extension du conflit syrien dans la région, qui connaît d'ores et déjà un état d'agitation politique et sociale.

Pour l'impérialisme, la défaite du processus révolutionnaire arabe est un enjeu stratégique d’un point de vue géopolitique et économique.

109

Page 112: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Si cela continue, la dynamique de la récession économique mondiale va encore s'aggraver. En ce moment, il est essentiel pour les intérêts du capital de pacifier la région afin d'assurer l'approvisionnement en pétrole et de maintenir la domination politique, par ces dictateurs ou par d'autres issues négociées.

Dans ce contexte, l'impérialisme agit en Syrie d'une manière similaire à la façon dont il a agi en Egypte et en Tunisie. Il a ainsi commencé par soutenir et maintenir Assad au pouvoir. Quand la situation s’est radicalisée, que les masses ont gagné de plus en plus de confiance en soi et de mobilisation et sont devenues impossibles à contenir par le régime d'Assad, l'impérialisme a commencé à changer de position face au dictateur syrien.

Ainsi, à partir de la Maison Blanche, on a commencé d'abord avec une série de « revendications » et on promeut maintenant des sanctions face à la violence extrême mise en œuvre par Assad. Obama en est arrivé à dire que la Syrie « pourrait bien se passer d'Assad » et pour Hillary Clinton, le dictateur « a perdu toute légitimité » et « n'est pas indispensable ». Les représentants de l'ONU et de l'UE se manifestent dans le même sens.

Ce changement dans la position de l'impérialisme n'intervient évidemment pas par souci ou par compassion pour les milliers de morts parmi les populations pauvres de la Syrie. Ce qui inquiète l'impérialisme, c'est la stabilité d'un pays et d'une région qui s'enflamment.

Comme la dictature d'Assad s'avère n'être plus efficace pour contenir les masses et ne parvient pas, jusqu'ici, à mettre en échec la révolution, elle est devenu une pièce jetable pour l'impérialisme, ou comme dit Mme Clinton, un élément « non indispensable ». L’« Indispensable » pour  l'impérialisme, c’est la stabilité politique, c’est de mettre un frein à la mobilisation, que ce soit par un règlement négocié pour maintenir le régime ou par la répression brutale de l'impressionnante révolution arabe. Tout le reste est tactique, secondaire. Tous les agents de l'impérialisme sont des fusibles et sont maintenus pour autant qu'ils remplissent leur mission, qui est de contenir la colère accumulée des masses.

Les Etats-Unis font pression sur Assad et le poussent vers la sortie parce qu'il ne remplit pas son rôle essentiel, celui de mettre en échec la révolution des masses laborieuses. Le dictateur syrien n'a pas seulement échoué à remplir efficacement ce rôle. Pire encore, Assad essaye d'éteindre le feu avec de l'essence et l'impérialisme court le risque que tout explose.

L'histoire de l'Egypte se répète donc. Moubarak a été soutenu aussi longtemps qu'il était un élément utile. Lorsque la situation est devenue intenable, Obama a affiché de façon hypocrite son masque « démocratique », de « défenseur » des droits humains, et a opté pour le limogeage du dictateur, après l'avoir soutenu pendant des décennies. 

L'impérialisme est intelligent, tactiquement. S'il arrive à la conclusion qu'il vaut mieux perdre l'anneau (un laquais comme Moubarak, Kadhafi ou Assad) plutôt que de perdre le doigt (une révolution réussie), il n'hésitera pas.

Ce changement de position de la part de l'impérialisme n'a pas lieu parce qu'Assad est un « anti-impérialiste », comme l'affirment Castro et Chavez. Bien au contraire, Assad a toujours négocié avec l'impérialisme, lui faisant plusieurs concessions. Depuis plusieurs années, il fait partie de « l'ordre » dans la région par le maintien d'un état de paix avec Israël. Tout cela sans compter les nombreuses fois où il a trahi la lutte des Palestiniens, qu'il attaque aujourd'hui sur son propre territoire. Le régime d'Assad est clairement défini par Effi Eitan, général à la

110

Page 113: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

retraite et figure de proue de l'extrême droite israélienne : « Le régime syrien actuel est la meilleure formation de gouvernement possible pour Israël. »

Le fait que l'impérialisme retire son soutien au dictateur est, de surcroît, une expression de la force extraordinaire de la révolution syrienne, dont la lutte déterminée force la soi-disant communauté internationale à prendre ses distances d'Assad. Il n'y a que Chavez, Castro et l'Iran, qui continuent aujourd'hui à soutenir explicitement, contre vent et marée, cet assassin.

Bien qu'il soit probable que l'impérialisme maintienne sa politique de pression sur le régime et mise sur une solution négociée dans le cadre de la réaction démocratique et en essayant de sauver l'essentiel du régime, on ne peut exclure, si la situation devient incontrôlable, une intervention miliaire impérialiste en Syrie, comme cela a été le cas en Libye. Dans ce cas, nous, la LIT-QI, nous nous y opposerons fermement, comme nous l’avons fait dans le cas de la Libye. Une telle intervention ne ferait qu'affaiblir le processus révolutionnaire syrien et le processus arabe dans son ensemble, et nous condamnons le moindre pas en ce sens.

Tout notre soutien à la lutte du peuple syrien !Nous, la LIT-QI, nous réaffirmons notre soutien à la lutte héroïque et inégale menée par le peuple syrien, qui s'avère être à la hauteur de l'engagement et de la détermination au combat de l'ensemble des autres peuples arabes.

Nous sommes inconditionnellement solidaires avec une lutte qui est décisive pour le développement de la situation révolutionnaire mondiale. C'est une bataille qui se poursuit et se développe en dépit d'une répression des plus sanglantes et impitoyables.

Nous sommes pour le renversement d'Assad par l'action directe du peuple, par la mobilisation des masses. Nous rejetons toute tentative, tout type d'intervention impérialiste, toute forme d'issue négociée qui change des personnes mais maintient les piliers essentiels de ce régime de faim et de répression.

Nous saluons les organisations des peuples qui, avec courage et au prix de leur propre vie, font face au dictateur Assad. Parmi eux, nous soulignons l'apparition et l'intervention des Commissions de Coordination Locale de la Syrie, des réseaux qui coordonnent les protestations y qui ont surgi à la chaleur de la lutte révolutionnaire, composés principalement par des jeunes et des secteurs populaires qui jouent un rôle indépendant.

Il est urgent d'unifier toutes les luttes de résistance et d'organisation l'autodéfense !Il est nécessaire d'unifier les manifestations partout dans le pays pour que le peuple syrien puisse renverser la dictature, imposer ses revendications et faire face à la répression sanglante. En ce sens, nous croyons qu'il est nécessaire que les organisations qui font partie de la résistance syrienne discutent et prennent des mesures de légitime défense, des mesures qui envisagent, à la chaleur des manifestations, de donner des armes aux masses. Ceci devrait être accompagné, à notre avis, d'une politique pour gagner la base de l'armée et les officiers subalternes à la cause de la révolution, ce pourquoi il existe des conditions favorables.

Par l'action impressionnante des masses, la révolution est en train de montrer une telle force et conviction que l'armée régulière du régime commence à se fissurer ;

111

Page 114: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

processus qu’il faut consciemment approfondir. Le 17 août sont apparues dans la ville de Jisr al-Shughur les premières désertions collectives d'unités militaires qui ont refusé de mitrailler les gens. Un nombre important de soldats se sont mutinés pour rejoindre les manifestants civils, provoquant une bataille extrêmement confuse et cruelle entre les militaires fidèles et ceux qui ont rejoint le peuple, laissant un solde de 120 morts. La discipline et la hiérarchie de l'armée bourgeoise ont commencé à se fissurer sous les coups de la révolution.

Au cours de ce même épisode, tirant profit du chaos, un groupe de militants sociaux s'est emparé d'armes de l'armée elle-même et a rejoint les fusillades.

Il est essentiel d'approfondir la fracture parmi les forces répressives et d'armer le peuple.

Nous appelons tous les mouvements sociaux et organisations politiques qui se considèrent de gauche à entourer de solidarité active la lutte du peuple syrien, un exemple de résistance et de combativité.

Dans nos organisations, nous devrions exiger la rupture immédiate de tous les gouvernements avec l'assassin Assad. Cela inclut, bien sûr, les gouvernements dirigés par Chavez et Castro, les défenseurs fidèles de ce régime, ainsi que le gouvernement de Dilma au Brésil, qui lui a exprimé également son soutien politique, quoique de façon plus dissimulée.

Nous, la LIT-QI, exhortons le peuple syrien et les combattants les plus conscients de la résistance, à compter uniquement sur leurs propres forces révolutionnaires et à ne rien attendre de l'impérialisme ni des courants bourgeois et islamiques arabes.

Il faut se battre jusqu'à la chute d'Assad et l'établissement d'un gouvernement de et pour les classes ouvrières et exploitées de la Syrie, un gouvernement qui convoque une Assemblée Constituante libre, démocratique et souveraine et veille à sa réalisation, afin de conquérir toutes les libertés démocratiques et de libérer le pays de l'impérialisme. Ce gouvernement, basé sur les organisations populaires, devrait également poursuivre et punir tous les crimes d'Assad et de sa clique dictatoriale ; confisquer leurs fortunes et les placer sous contrôle et au service du peuple affamé ; annuler tous les contrats pétroliers et autres accords signés par Assad qui lient le pays à l'impérialisme ; nationaliser immédiatement le pétrole et toutes les richesses du pays sous l'administration du peuple et au service de l'exécution d'un plan d'urgence qui réponde aux besoins urgents du peuple travailleur de la Syrie, avançant vers la Fédération des Républiques socialistes arabes.

Vive la révolution et la lutte héroïque du peuple syrien !

A bas la dictature et le régime assassin d'Assad !

Vive la révolution arabe !

Pour un gouvernement ouvrier et du peuple afin d'assurer une Assemblée nationale constituante libre et souveraine !

Non à l'intervention impérialiste dans le monde arabe !

Secrétariat International de la LIT-QI

Le 25 août 2011

112

Page 115: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Deuxième partie

Les articles de l’UIT-QI

113

Page 116: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

114

Page 117: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Non à l’accord entre Trump et Erdogan sur la «bande de sécurité» à la frontière turco-syrienne!

21 août 2019

Les médias font état ces jours-ci de pourparlers entre les gouvernements des États-Unis et de la Turquie au sujet de l’établissement d’une bande de sécurité au nord et à l’est de la Syrie, le long de la frontière avec la Turquie, qui touche directement la région kurde-syrienne de Rojava. L’excuse est d’empêcher l’incursion de la guérilla du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan), des Forces de Défense du Peuple (HPG). Les points qui restent à définir dans l’accord sont : la superficie exacte de la bande, qui va la contrôler et quand elle va commencer à être créée. Pour l’instant, un centre d’opérations conjointes turco-américain sera créé en Turquie pour coordonner et gérer conjointement la création de cette zone.

L’objectif réel de ce corridor est d’attaquer l’autonomie dont jouit actuellement le territoire kurde de Syrie par rapport au régime de Bachar el-Assad et d’empêcher que l’exemple ne soit donné en Turquie, en Iran et en Irak (États qui occupent, avec la Turquie, le territoire du Kurdistan depuis la Première Guerre Mondiale). Récemment, il y a eu des affrontements entre les milices kurdes-iraniennes et les Gardiens de la Révolution et la Turquie a bombardé les abris du PKK en Irak. A travers cette intervention, Erdogan tente donc d’isoler les Kurdes de la Syrie et ceux de l’Iran,

En outre, la Turquie veut faire de cette bande de sécurité » un corridor humanitaire pour favoriser le retour des réfugiés » comme l’a déclaré l’ambassade des États-Unis à Ankara. Cela signifie le déplacement par la Turquie d’une partie des réfugiés syriens, dont beaucoup sont d’origine arabe et sunnite, qui se trouvent dans son territoire et le repeuplement de cette bande. En se concentrant sur les problèmes avec le peuple kurde, ce qui se fait véritablement c’est de renforcer le régime syrien.

Cette bande est actuellement peuplée par des kurdes et par d’autres minorités telles que les Arméniens, les Yazidis, les Syriaques et les Arabes qui ont fui la persécution kémaliste en Turquie pendant les années vingt du XXe siècle et la guerre civile syrienne depuis 2012 et elle est défendue par les Forces Démocratiques Syriennes (FDS), dont les principales composantes sont les Unités Populaires de Défense (YPG) et les milices du Parti de la Union Démocratique (PYD) ainsi que des milices arabes, yazidis et chrétiennes. Les FDS ont été la base de la guerre contre l’État islamique qui a eu la couverture aérienne et l’aide en armement de la Coalition internationale dirigée par les États-Unis avec la collaboration de la France et de l’Allemagne, entre autres puissances.

Ces milices ont été utilisées comme » chair à canon » et ont subi quelque 5.000 pertes dans cette guerre et le gouvernement américain est maintenant prêt à les expulser de la bande de «sécurité » exigée par la Turquie et à retirer l’armement lourd qu’elle leur a fourni pendant la guerre contre l’État islamique. Cependant, malgré la menace que représente cette bande, les dirigeants politiques kurdes seraient prêts à l’accepter si elle n’était pas contrôlée par la Turquie mais par des troupes des Nations Unies, européennes ou américaines.

Mais non seulement il y a un danger de guerre au Kurdistan syrien, mais il y a également d’autres fronts de combat ouverts. Dans le même nord et l’est de la Syrie, des batailles se livrent encore entre les milices des FDS et l’État islamique car, bien que Daesh ait été vaincu militairement sur le champ de bataille, il

115

Page 118: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

continue à agir par des actions de guérilla et de sabotage avec l’aide indirecte de la Turquie. A Idlib, l’armée de Bachar el-Ássad continue de bombarder et de détruire la ville où un secteur de l’opposition djihadiste résiste mais dont les victimes sont avant tout la population civile. Le peuple syrien et les minorités du pays n’ont pas retrouvé la paix et continuent d’être soumis à la dictature syrienne sanglante.

Cette situation dangereuse a été atteinte parce que la révolution syrienne de 2011 n’a pas réussi malgré son ampleur et l’héroïsme et les efforts déployés par son peuple lors des manifestations de 2011 et dans la guerre civile déclenchée par Bachar el-Ássad. La lutte du peuple syrien n’a pas seulement confronté le régime mais aussi ses alliés directs ou indirects :

– D’abord, le même régime syrien, au début de la révolution, a libéré des prisonniers islamistes qui, avec l’aide des monarchies du Golfe et du même gouvernement syrien, ont divisé et affaibli l’opposition. Des milices islamistes ont été créées qui ont été initialement intégrées dans l’Armée libre syrienne (ELS) auxquelles la Turquie a également fourni son appui.

– D’autre part, sur le plan international, le peuple syrien n’a pas eu la solidarité de la gauche. La gauche, comme Izquierda Unida (État espagnol), a donné soutien à la dictature syrienne pour son « caractère anti-impérialiste ». Mais d’autres d’autres courants de gauche, avec leur « neutralité » ont abandonné le peuple syrien face à la répression du régime. Il n’y a eu que peu de manifestations de solidarité internationale avec la révolution syrienne.

– Troisièmement, les armes et le soutien aérien de la Russie ont empêché l’effondrement du régime de Bachar el-Assad et, sous prétexte de lutter contre les milices djihadistes, ont attaqué et détruit les positions de l’opposition laïque, produisant un grand nombre de victimes parmi la population.

– Enfin, il ne faut pas oublier la « neutralité » dont a fait preuve le PYD/YPG face à la guerre civile, qui a non seulement renforcé le régime mais aussi affaibli les secteurs laïques de l’opposition. De nombreuses indications nous permettent de soupçonner que les dirigeants kurdes et le régime syrien sont parvenus à un certain accord permettant à Bachar el-Assad de retirer ses troupes du Kurdistan syrien et de les amener sur d’autres fronts militaires tels que Alep et Homs. Si le PYD/YPG s’était joint à la lutte contre al-Ásad, la guerre aurait peut-être pris un tournant et le dictateur aurait été vaincu.

Bref, le peuple syrien a également dû faire face à une coalition internationale de puissances impérialistes et régionales, à la gauche mondiale ainsi qu’ à la direction du PYD. Aujourd’hui, c’est le peuple kurde qui sera contraint de se défendre contre la coalition internationale qui tente d’empêcher la réalisation d’un Kurdistan indépendant et uni, ce qui est l’aspiration séculaire des Kurdes.

Cette situation en Syrie se produit lorsque dans tout le Moyen-Orient l’intervention impérialiste dans le détroit d’Ormuz se poursuit et qu’Israël poursuit sa répression en Palestine en démolissant les maisons palestiniennes, poursuivant sa politique de nettoyage ethnique et d’annexion progressive des territoires palestiniens par la prolifération des colonies de Juifs ultra-orthodoxes.

Aujourd’hui, face aux nouvelles menaces d’Erdogan et au soutien des puissances impérialistes à l’occupation inacceptable et possible de la soi-disant «bande de paix», les militants de la Lucha Internacionalista – État espagnol (UIT-CI), nous voulons manifester notre solidarité avec le peuple kurde et nous appelons tous les démocrates et militants de gauche à soutenir et organiser des initiatives pour

116

Page 119: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

démontrer notre rejet des menaces de la Turquie, la création de la bande de sécurité et la politique de nettoyage ethnique que Erdogan prépare dans le Nord et l’Est de la Syrie pour rendre efficaces ses menaces.

Nous appelons également à se concentrer auprès des consulats et ambassades de Turquie (ainsi que des États-Unis en tant que responsables de la situation) en cas d’intervention armée directe et à envoyer, de tous les collectifs sociaux, culturels, syndicaux et politiques, des messages de rejet aux représentations diplomatiques kurdes. N’oublions pas non plus que l’État espagnol vend des armes à Erdogan et qu’il a du personnel militaire espagnol stationné dans le pays.

Nos critiques à l’égard des dirigeants politiques kurdes ne nous empêchent pas d’être du côté du peuple kurde face aux agressions qu’il subit et dans sa lutte pour un Kurdistan indépendant et uni. Tout comme nous sommes du côté du peuple syrien dans sa résistance au régime et aux djihadistes et contre la répression de toutes sortes qu’il subit.

19 août 2019

Cristina Mas et Andreu Pagès

Lucha Internacionalista – État espagnol (UIT-QI)

117

Page 120: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Syrie : El-Assad et ses alliés préparent le dernier acte sanglant à Idlib

12 septembre 2018

Far: Parti de la Démocratie Ouvrière (IDP), section de l’UIT-QI en Turquie

Après avoir conquis les régions rurales de Damas et de Daraa dans le sud, la dictature de Bachar El-Assad et de ses alliés est maintenant après Idlib. Alors que la Russie et le régime ont commencé des attaques aériennes dans la région, qui compte près de trois millions d’habitants, avec des réfugiés provenant de zones contrôlées par l’opposition, des opérations plus vastes sont encore en préparation. L’armée turque maintient sa présence à Idlib, la zone d « escalade » , selon les processus dit d’Astana, à travers 12 postes d’observation. Astana est la capitale du Kazakhstan, le lieu où, il y a quelque temps, le régime Assad, ses alliés et la Turquie sont convenu de mettre fin au dernier foyer de résistance.

L’opération d’Idlib est la dernière pièce de l’opération «ratissage», menée par Assad et ses alliés. Fin 2015, le régime Assad a lancé des contre-attaques soutenues par l’aviation russe, Hezbollah et l’Iran, qui ont fourni des milices et commencé à s’emparer une à une des régions contrôlées par l’opposition. Les forces du régime se sont d’abord emparées d’Alep, puis de Damas rural, puis de la région de Daraa, où une insurrection avait commencé en 2011. Des groupes armés et des civils vivant dans ces régions capturées ont été réinstallés à Idlib à la suite d’accords conclus avec les forces du régime. Sans tenir compte la région sous le contrôle des milices kurdes, Idlib est restée la seule région hors du contrôle du régime. Sa population a doublé pour atteindre 3 millions d’habitants. Ce précédent révèle le plan, simple et coûteux, d’Assad et de ses alliés : tout d’abord, presser l’opposition d’Idlib en reprenant le contrôle du reste du pays, puis mener la dernière attaque contre Idlib, pour commencer la «période de transition» avec un bras fort pour garantir l’avenir du régime.

Si les forces d’Assad récupèrent complètement la province d’Idlib, par des opérations aériennes et terrestres, ce sera l’acte de guerre le plus sanglant en Syrie, dans lequel des centaines de milliers de personnes ont perdu la vie. Une opération militaire menée dans cette région à forte densité de population entraînera de nouveaux massacres ainsi que le déplacement de centaines de milliers de personnes, entraînant une nouvelle vague d’exode. Aujourd’hui, près de 2 millions d’habitants d’Idlib survivent grâce à l’aide humanitaire de la Turquie. Une nouvelle attaque aggraverait encore cette situation précaire.

Collaboration impérialiste

Les États-Unis, l’Union Européenne et la Turquie se sont déclarés opposés à une opération contre Idlib pour «raisons humanitaires». Cependant, ils demeurent des collaborateurs implicites du régime Assad dans l’approbation des opérations et des victoires militaires précédentes. La priorité des États-Unis, qui n’ont jamais vraiment été contre le régime Assad au-delà des discours, est de maintenir le contrôle de la partie orientale du pays à travers ses alliés kurdes et d’assurer ainsi la reconnaissance de la population de la région puisqu’il n’y a pas d’attaques contre cette région. Les États-Unis n’ont pas de différences avec Assad ou la Russie au sujet des circonstances actuelles ou de l’avenir de la Syrie.

Les pays de l’Union Européenne, dont le souci premier est d’éviter une nouvelle vague de réfugiés, confient cette prévention à Erdogan. Ils espèrent que la Turquie

118

Page 121: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

rendra justice à son rôle de «tampon» en cas de vague de réfugiés. Au lendemain de l’échec de ses politiques racistes et sectaires, le régime Erdogan a utilisé le processus d’Astana pour adopter une attitude politique fondée sur la reconnaissance de l’existence du régime Assad. Et négocier avec la Russie et l’Iran pour préserver leur influence en Syrie. Lors des négociations avec la Russie, la Turquie a accepté de s’emparer des régions contrôlées par l’opposition à Assad en échange de l’autorisation de mener l’opération Afrin et l’opération Bouclier de l’Euphrate dans les régions kurdes de la Syrie. Alors qu’Erdogan semble maintenant s’opposer aux opérations contre Idlib, alors qu’elles se profilent à l’horizon depuis longtemps, il pourrait finalement consentir à l’opération d’Idlib si de nouvelles négociations avec la Russie et l’Iran impliquent des engagements qui bénéficient à la Turquie contre les organisations kurdes syriennes. La priorité actuelle du gouvernement turc est de maintenir la nouvelle vague d’immigration à la frontière syrienne et de remplir au mieux et le plus efficacement possible son rôle de gendarme de l’Union Européenne.

La population d’Idlib est réprimée partout

Les habitants d’Idlib ne sont pas seulement victimes des attaques d’Assad et de ses alliés. Ils essaient également de survivre en luttant contre la répression des groupes islamistes radicaux qui dominent militairement la région. La force militaire la plus importante à Idlib est Tahrir-al-Sham, qui est composée du Front al-Nusra et qui a des liens avec Al-Qaida. Outre Tahrir’al-Sham, il y a le Front de Libération Syrien, la coalition de plusieurs groupes salafistes, qui contrôle certaines zones de l’Idlib. Ces groupes islamistes mettent en œuvre des pratiques répressives à l’encontre de la population locale et surtout, en même temps, ils font un effort systématique pour détruire les comités locaux et réprimer les militants civils.

Assad et ses alliés montrent l’existence de groupes islamistes armés qu’ils appellent terroristes pour justifier une opération militaire dans la région. En réalité, Assad considère toute personne ou tout secteur de la population syrienne qui est contre lui comme un «terroriste». Son anéantissement est donc justifié. C’est à cause de ces attaques criminelles contre tous les opposants que des centaines de milliers de vies ont été perdues, que la moitié de la population du pays a été déplacée et que plus de 5 millions de Syriens ont dû quitter le pays. Ces faits révèlent ce que signifie réellement «nettoyer la région du terrorisme». Dans le même temps, la population d’Idlib a déjà réalisé plusieurs manifestations et mobilisations contre les mesures répressives des groupes islamistes radicaux. Aujourd’hui, les mêmes personnes d’Idlib essaient de faire entendre leur voix dans le monde entier par des protestations et des actions contre les opérations militaires d’Assad dans leur région.

En tant que socialistes révolutionnaires, nous rejetons fermement les opérations militaires du régime Assad et de ses alliés contre Idlib. De telles opérations militaires à Idlib n’apporteront qu’une nouvelle vague de massacres, de déplacements et d’immigration. Dans le même temps, nous condamnons et rejetons la politique de collaboration et de tricherie des États-Unis, de l’Union européenne et de la Turquie envers et en Syrie. Nous considérons les groupes djihadistes comme la «cinquième colonne» du régime, démontrant qu’ils sont des forces réactionnaires et des ennemis du peuple syrien. Dans ces conditions, toute puissance étrangère – qu’elle soutienne directement Assad comme la Russie, l’Iran et Hezbollah, ou indirectement comme la Turquie ou les États-Unis – devrait quitter la région, et la population syrienne devrait s’autodéterminer dans son avenir, libre des attaques du régime et de la répression islamiste.

119

Page 122: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Les socialistes révolutionnaires continueront à lutter pour ces objectifs et à maintenir leur solidarité avec le peuple syrien.

12 septembre 2018

Parti de la Démocratie Ouvrière (IDP), section de l’UIT-QI en Turquie

120

Page 123: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Nous condamnons les bombardements impérialistes en Syrie ! Non aux missiles tueurs de Trump !

18 avril 2018

Unité Internationale des Travailleurs – Quatrième Internationale (UIT-QI)

Obeissant à l’ultra-réactionnaire Donald Trump, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont lancé une attaque criminal de missiles sur des lieux proches de la capitale Damas et de la ville de Homs en Syrie. Ils justifient leur attaque en réaction à l’attaque chimique perpétrée par le dictateur Bachar el-Assad à Douma.

Notre courant socialiste, l’UIT-QI, répudie depuis des années la dictature de Bachar el-Assad et ses actions génocidaires contre le peuple syrien, soutenu militairement par le régime réactionnaire de Poutine et des ayatollahs en Iran. C’est pourquoi nous avons également répudié le bombardement d’el-Assad avec des armes chimiques dans la ville de Duma il y a quelques semaines. Depuis 2013, Douma et les quartiers de Ghouta sont soumis à un siège féroce et à des bombardements constants. Le régime et ses alliés bombardent les hôpitaux et la population civile.

L’UIT-QI a également dénoncé l’intervention impérialiste permanente des États-Unis, avec l’OTAN, ses alliés des monarchies pétrolières arabes et de l’État sioniste d’Israël. C’est ainsi qu’ils cautionnent leurs agressions militaires contre les peuples du Moyen-Orient, la Syrie, l’Irak et, en particulier, l’héroïque peuple palestinien.

Aujourd’hui, nous rejetons aussi les bombardements ordonnés par Trump. Nous ne reconnaissons aucun droit à l’impérialisme de prétendre «faire justice». L’impérialisme américain est le plus grand meurtrier de l’histoire avec ses invasions et ses agressions dans le monde entier. Nous rejetons les déclarations hypocrites de l’ultra-réactionnaire Donald Trump qui parle d'»humanisme» et du dictateur «el-Assad». Ce n’est pas la première fois que les États-Unis bombardent la Syrie pendant une heure. C’est ce qui s’est passé avec Obama en 2014 et Trump lui-même il y a un an. Leurs actions sont un «écran de fumée» pour montrer qu’ils sont les gendarmes du monde et pour cacher le fait qu’ils soutiennent , en fait, el-Assad aux côtés de la Russie et de l’Iran. Depuis des années, ils négocient et décident des actions militaires avec la Russie pour continuer à soutenir le dictateur au nom de la «défaite du terrorisme». Bashar el-Assad a vu son pouvoir menacé depuis mars 2011 lorsque des centaines de milliers de Syriens sont descendus dans la rue pour le répudier. D’autre part, Trump laisse le régime turc d’Erdogan massacrer le peuple kurde de Syrie, en accord avec les assassins el-Assad et Poutine.

Nous appelons les peuples du monde et les organisations politiques, syndicales, étudiantes et de gauche mondiale à exprimer leur répudiation des bombardements impérialistes. Nous appelons également à la répudiation du régime Assad-Poutine et à la solidarité avec le peuple syrien.

Plus de bombardements en Syrie !

Non aux missiles impérialistes !

Dehors Toutes les interventions militaires étrangères de la Syrie !

À bas la dictature de Bachar el-Assad !

121

Page 124: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

14 avril 201

122

Page 125: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

La Syrie : La guerre contre les peuples dans tous les fronts | Solidarité avec Afrine et Ghouta

26 mars 2018

Par: Leyla Nassar, Lucha Internacionalista

Quand il semblait que la guerre de la Syrie ne pouvait pas être pire pour une population épuisée, les massacres se sont intensifiés dans tous les fronts. Toutes les forces réactionnaires s’efforcent pour détruire toute option des peuples à vivre libres du joug de la dictature et à étouffer dans un bain de sang le rêve de liberté et de justice sociale qui éclata dans la révolution de 2011. Avec le régime de Bachar el-Assad, restitué et blanchi grâce au soutien de ses alliés, la Russie et l’Iran, et après avoir utilisé les kurdes comme force de choc contre Daech, ils montrent sans vergogne son objectif : liquider cette expérience révolutionnaire.

Au nord, depuis un mois la Turquie attaque le canton kurde d’Afrine, devant le silence complice de la Russie qui a une présence militaire dans l’enclave et qu’elle voyait d’un mauvais œil le soutien des États-Unis aux kurdes. Non plus, l’Iran ni les États-Unis – ni les puissances des UE supposées alliées des kurdes – ne sont allés au-delà de demander au partenaire de l’OTAN «contention.» L’offensive turque est menée avec des tanks Leopard de fabrication allemande. Peu importe maintenant que les milices kurdes a tout donné dans la lutte contre l’État Islamique, maintenant très affaibli militairement, ni que les kurdes irakiens combattent aux djihadistes à Mossoul : ils n’ont pas été récompensées par le sacrifice quand en septembre 2017 votèrent majoritairement par son indépendance en référendum, un résultat que personne ne reconnut.

Contrairement à la bataille de Kobane en 2014-2015, lorsque l’État Islamique attaquait la ville kurde, tout le monde est maintenant silencieux face au nouveau massacre. Des centaines de civils et des combattants sont déjà morts en Afrine, et il ne faut pas oublier qu’il y a dans la région entre 400.000 et 500.000 syriens déplacés par la guerre. Afrine – sous le contrôle du Parti de l’Union Démocratique kurde (PYD) et de ses milices, les Unités de Protection Populaire (YPG) – a été le premier canton kurde avec une autonomie gouvernementale depuis le retrait des troupes d’Bachar el-Assad en 2012 pour combattre la révolution. C’est aussi la seule zone industrielle sous contrôle kurde. La Coalition nationale syrienne de forces d’opposition (connue sous le nom d’Etilaf), composée principalement par des groupes islamistes, soutient l’offensive turque en continuité avec ses positions chauvines contre les kurdes.

Qu’est-ce qui prétend le président turc, Recep Tayip Erdogan, avec l’attaque Afrine ? D’abord, une nouvelle guerre pour dévier l’attention sur les problèmes

123

Page 126: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

internes : les continus scandales de corruption, l’inflation et le chômage, les critiques à sa politique de prise du pouvoir après l’échec du coup d’État de 2016 (il faut rappeler qu’il a gagné le référendum de réforme constitutionnelle de l’année dernière avec seulement le 51,4 % des voix). Les islamistes de son parti AKP ont dû s’allier avec les ultra-nationalistes du MHP. L’offensive a également été le prétexte pour maintenir l’état d’émergence, en vigueur depuis la tentative de coup d’État, et il a criminalisé l’ensemble de l’opposition considérée comme «traîtresse» : 800 personnes ont été arrêtées en Turquie pour protester contre les attaques à Afrine. Avec la guerre, Erdogan a recueilli tous les appuis, (depuis le patronal jusqu’à la majorité de partis), et, avec lui à la politique de concentration du pouvoir dans un seul homme au plus pur style bonapartiste.

L’utilisation par les turcs d’unités de l’Armée Syrienne Libre, ESL, creuse la fosse mortelle entre les kurdes et la rébellion populaire contre Bachar el-Assad. La politique des dirigeants de l’ESL, à la recherche d’un allié extérieur – dans ce cas-là la Turquie – comme protection, paie le prix élevé de détruire la base d’unité des deux facteurs révolutionnaires de tout le procès. Les puissances et le régime ont utilisé es kurdes et les rebelles les uns contre les autres, en sachant que les deux seraient vaincus dans cette lutte fratricide. De sa part, la direction du PYD a demandé au régime à mettre fin à l’attaque turque pour défendre … l’intégrité territoriale syrienne ! C’est-à-dire de l’état qui les a opprimé et marginalisés pendant des décennies. Au moment d’écrire cet article, le régime syrien montrait images de plusieurs unités militaires de « forces populaires » pro Bachar el-Assad quan elles entraient en Afrine, supposément pour combattre l’invasion turque. Y a-t-il un doute sur le fait que ces armes se retourneront contre les kurdes ?

La situation en Afrine montre l’erreur de la politique du PYD, basée sur le pragmatisme et sur la confiance que la Russie et les États-Unis eviteraient que le peuple kurd subisse le même sort que le reste des peuples syriens. Mais ce qui s’est passé, c’est qu’une fois la révolution a été étouffée par les puissances internationales et régionales, le régime d’Bachar el-Assad et les directions islamistes réactionnaires, Poutine et Trump les ont abandonnés face l’agression turque. Et maintenant tout ce que les Kurdes ont obtenu est menacé.

Ghouta, massacrée

Le régime a commencé également une brutale offensive sur Idlib et les positions qu’il ne contrôle pas encore dans les proximités de Damas : Douma et les quartiers de Ghouta Est, soumises à un siège féroce depuis 2013 et à intenses bombardements quotidiens sur une population épuisée, ainsi du pouvoir totalitaire de groupes salafistes comme Hay’at Tahir al-sham et Jaish à l’Islam, qu’ils ont assassiné et séquestré des centaines d’activistes révolutionnaires. Le régime et ses alliés ont bombardé des hôpitaux et il y a eu, au moins, trois attaques au chlore, quand on était censé qu’Bachar el-Assad avait livré tout son arsenal chimique. Depuis mi-novembre les 400.000 habitants de Ghouta ont été bombardés chaque jour par le régime et ses alliés. À Idlib et dans les zones rurales d’Hamma 200.000 civils ont été déplacés au cours du mois de janvier. Le 20 février la pire massacre a eu lieu lors d’un bombardement d’Bachar el-Assad, avec plus d’une centaine de morts dans une seule journée. Et la Turquie et les États-Unis ont été silencieux sur les massacres du régime. Il y a eu un échange de chromes entre la Turquie et El-Assad, comme déjà il est arrivé avec la chute d’Alep : maintenant, la Turquie a mains libres dans le nord pour attaquer les kurdes, pendant que le régime – avec la Russie et l’Iran – a les mains libres pour finir avec la résistance.

124

Page 127: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Nous condamnons l’invasion turque en Afrine et les attaques du régime à Ghouta et Idlib, qui étaient censés être des zones de «désescalade» selon les accords d’Astana, parrainés par la Russie, l’Iran et la Turquie, qu’ils se taisent maintenant sur les agressions. Il y a un consensus entre toutes les puissances régionales et internationales pour liquider le mouvement populaire révolutionnaire et stabiliser le régime de Damas avec Bachar el-Assad au premier plan au nom de la guerre contre la terreur.» Bachar el-Assad a aussi carte blanche pour ses crimes.

Une alliance entre les kurdes et les rebelles syriens aurait pu changer le sort de la guerre. Pendant les années 2012-2013, le régime semblait acculé, il n’avait même pas capacité pour convaincre son peuple pour s’enrôler à l’armée, qui saignait avec les désertions. C’est pourquoi il a eu recours à la vente du pays à l’Iran et à la Russie, qui sont entrés en guerre à ses côtés à la suite des calculs de leur propre intérêt géopolitique. Mais les forces rebelles ont fait passer l’alliance avec la Turquie en premier lieu et ils ne reconnurent jamais la réalité nationale kurde. Et la politique de la direction kurde a cherché des alliances avec la Russie et les États-Unis, qui l’abandonnent maintenant, et au régime lui-même, qui attend seulement son moment pour remettre les kurdes sous la botte.

Avec cette lame de fond, Israël attaque les positions du régime et iraniennes, derrière l’excuse du drone iranien dans son espace aérien. Une attaque informée et négociée avec la Russie – qui n’a pas utilisé ses batteries antiaériennes – et les États-Unis, alliés inconditionnels du sionisme. Il y a ceux qui voient des contradictions. Expliquer la réalité avec une analyse de blocs et de superstructures ne permet pas comprendre ce qui se passe. Mais si nous utilisons la lutte de classes et les intérêts stratégiquement irréconciliables comme explication, tout se vérifie : L’offensive de toutes les puissances régionales a par objectif principal détruire les facteurs progressifs de la situation : la résistance au régime et le peuple kurde. Dans ce contexte, les intérêts stratégiques de l’impérialisme sont ceux de l’État de l’Israël qu’il exige la subordination de la Syrie à son diktat pour tenter d’empêcher l’extension de l’influence iranienne.

Face, ce consensus contre-révolutionnaire, il est nécessaire articuler la solidarité avec tous les révolutionnaires syriens, qu’ils soient arabes, kurdes ou tout autre groupe, qui sont contre le régime d’Bachar el-Assad et contre les puissances régionales et internationales pour soutenir la lutte pour les libertés, la justice sociale et les droits des minorités opprimées.

11 mars 2018

125

Page 128: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Déclaration du Istambul: Rompons le blocus contre la révolution Syrienne

Istanbul, le 12 juillet 2015

Avec le peuple de Syrie : à bas El-Assad, l’État Islamique et les intervention impérialistes

En mars 2011, dans le cadre de la vague révolutionnaire qui a éclaté au Moyen-Orient, les travailleurs, les jeunes et les paysans syriens sont massivement descendus dans les rues contre le régime dictatorial de Bachar El-Assad. Ce dernier a répondu aux manifestations pacifistes par une répression féroce : emprisonnements, torture, barils d’explosifs et armes chimiques largués sur des quartiers populaires. Quatre ans plus tard, le peuple paie au prix fort sa lutte pour la liberté : plus de 300 000 morts, dont 95 % ont été tués par les forces d’El-Assad. Le nombre de blessés, de détenus et de disparus est encore inconnu mais il pourrait s’élever à plus d’un demi-million au total. De plus, le nombre de détenus est estimé à plus de 200 000 et il est probable qu’en réalité il y en ait plus. Des milliers de villes et de villages ont été détruits, plus de 11 millions de personnes ont été obligées d’abandonner leur logement, dont 4 millions qui ont dû se réfugier hors du pays. Ces chiffres effroyables montrent les souffrances causées par ce régime sanguinaire, qui utilise tout son arsenal mortel contre son propre peuple dans le seul but de se maintenir au pouvoir. C’est ce même régime qui a imposé des politiques néolibérales contre les travailleurs, les jeunes et les paysans pauvres. Mais le fait que la résistance contre cette machine sectaire et de haine de classe se poursuive, est un indicateur de la détermination du peuple. La preuve de cette situation est l’activité des comités et des conseils locaux et les manifestations dans les zones libérées ou encore l’activité sur les réseaux sociaux. Nous saluons en particulier le rôle joué par les femmes qui ont participé à la révolution dès le premier jour et qui joueront un rôle clé dans la vie politique d’une Syrie libre et démocratique.

La révolution syrienne ne doit pas seulement faire face aux atrocités du régime. Elle doit aussi faire face à l’intervention et au projet réactionnaire de l’État Islamique (EI – Daech en arabe), qui est apparu comme une force étrangère en Syrie pour détruire la révolution. L’EI a bénéficié du financement et des armes de l’Arabie Saoudite et du Qatar et de l’aide de la Turquie qui ouvre ses portes à l’entrée des combattants. Les affrontements entre l’EI et le régime ont été très rares, alors que Bachar a instrumentalisé les fondamentalistes comme une force de frappe contre la révolution : El-Assad a vidé ses prisons des djhadistes pour les remplir d’étudiants, de jeunes, de chômeurs, d’opposants, de paysans, de travailleurs, de blogueurs, de femmes, de journalistes et de militants de gauche et des Droits de l’Homme. Le développement de Daech est aussi une conséquence des armes que les États-Unis ont laissées dans la région et des résultats catastrophiques de leur politique.

La révolution syrienne traverse une situation très critique. Sur le plan militaire, le régime recule et ne contrôle plus qu’un tiers du territoire. Son existence dépend de l’aide fournie par l’Iran et ses milices, qui se transforment peu à peu en une force d’occupation avec une forte présence de généraux iraniens dans l’armée syrienne. La fragmentation de l’élite dirigeante du régime s’accélère.

126

Page 129: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

En tant que militants, intellectuels et organisations de gauche en Syrie, dans les pays arabes, en Turquie, en Europe et en Amérique Latine, qui appuyons la lutte des peuples et leurs révolutions, nous déclarons que :

1. Nous soutenons la lutte héroïque du peuple syrien, qui, malheureusement, est restée isolée face à la machine assassine du régime. Nous dénonçons le silence ou la complicité ouverte d’une partie de la gauche internationale, qui se positionne du côté du régime et qui est responsable de cet isolement. Cette réalité a aggravé encore davantage la situation de ceux qui luttent en Syrie pour la liberté et la justice sociale : il s’agit d’une trahison que l’histoire ne pardonnera pas. Nous soutenons la leçon de lutte et de résistance populaire : malgré toutes les difficultés, les masses en Syrie continuent à exiger la dignité, le travail, le pain et la liberté. Le peuple kurde a participé à la révolution depuis le début, étant donné que ses droits étaient bafoués à l’image de ceux de tous les Syriens, et sans aucun doute, la victoire de la révolution supposera la conquête de ses droits démocratiques.

2. Nous condamnons l’intervention de tous les gouvernements régionaux et internationaux qui sont hostiles à la révolution syrienne car le triomphe de cette dernière donnerait un nouveau souffle d’espoir aux peuples du Moyen-Orient, du Maghreb et au-delà. L’Iran (par le biais du Hezbollah) et la Russie ont mis au service du régime un force militaire sans laquelle ce dernier ne pourrait pas survivre. La Turquie et les pays du Golfe (en particulier l’Arabie Saoudite et le Qatar) ont soutenu les forces fondamentalistes pour transformer le conflit en guerre civile sectaire et contrôler l’avenir du pays après la chute du régime. Les forces impérialistes des États-Unis et d’Europe sont engagées dans une campagne de bombardements en Syrie comme en Irak qui renforce les schémas de réaction djihadiste, et, en même temps, a pour objectif de « blanchir » Bachar sur la scène internationale « face au danger islamiste ». Cette situation répond aussi aux intérêts d’Israël, avec qui le régime maintient un lien étroit pour garantir la stabilité de la région et protéger sa frontière nord. La connivence des forces du régime avec l’EI (Daech) pour écraser la résistance des réfugiés de Yarmouk n’est que le dernier exemple de la collaboration objective du régime de Damas avec l’État sioniste. 

3. Nous condamnons l’EI (Daech) et les autres forces fondamentalistes telles que Jaysh al-Islam ou le front Al Nosra qui font en sorte d’imposer leur pouvoir réactionnaire et extrêmement violent contre les aspirations de libération, en même temps qu’ils séquestrent et torturent des militants et des leaders de la révolution.

4. Nous affirmons qu’il n’y a pas de solution politique qui inclue le régime pour atteindre les objectifs des masses mobilisées pour la construction d’une Syrie libre, démocratique et qui garantisse la justice sociale. Ce sont ces masses qui doivent décider du destin de leur propre lutte. 

5. Nous dénonçons l’Europe forteresse qui condamne à mort des milliers de réfugiés, dont beaucoup de Syriens qui fuient les massacres et qui n’ont d’autre solution que celle de  risquer leur vie en Méditerranée, qui est devenue la plus grande fosse commune du monde : les « parias de la mar » se noient ou deviennent les esclaves du XXIe siècle dans une Europe frappée par la crise économique. En plus de la tragédie humanitaire, il s’agit fondamentalement d’un problème politique. 

6. Nous savons que la lutte en cours en Syrie est une expression de l’exigence de liberté et de justice sociale qui existe au niveau mondial. Cette lutte fait partie d’une vague révolutionnaire internationale déclenchée par la profonde crise

127

Page 130: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

capitaliste de 2008, qui a impliqué une offensive de l’impérialisme et de la bourgeoisie contre les intérêts des travailleurs, des jeunes et des pauvres. La lutte contre les effets de la crise capitaliste ne peut pas être séparée de la lutte contre les dictatures. Le destin de la révolution syrienne est lié à celui des luttes populaires en Irak, au Bahrein, en Egypte, en Tunisie, en Libye, au Yémen, et d’autres pays où la jeunesse, les travailleurs et les paysans se sont révoltés contre l’oppression et la misère. Le destin de la révolution syrienne est aussi lié à la lutte des Palestiniens qui résistent à l’occupation depuis 1948. Et au-delà du Moyen-Orient, la révolution syrienne fait écho aux mouvements en Amérique Latine et en Europe contre le néo-libéralisme, comme le « non » tranchant des travailleurs et de la jeunesse en Grèce contre l’austérité et la dictature de la dette.

7. Nous soutenons les comités locaux, les conseils révolutionnaires et les groupes humanitaires qui travaillent sur le terrain, et les brigades indépendantes de l’Armée Syrienne Libre qui luttent contre le régime et les groupes fondamentalistes. Nous soutenons aussi les groupes de gauche en Syrie afin qu’ils se renforcent et qu’ils puissent protéger et approfondir la révolution pour que cette dernière atteigne ses objectifs initiaux. Cependant, le triomphe de la révolution en Syrie, ouvrirait un nouveau chemin dans toute la région et au-delà, au profit des luttes des travailleurs et des masses populaires.

Nous nous engageons à :

1. Confirmer notre soutien et organiser notre activité afin de contribuer à révéler la réalité de la révolution, de renforcer son efficacité et de fournir tous les efforts possibles pour sa victoire

2. Diffuser cette déclaration par tous les moyens possibles.3. Impulser une campagne autour du mot d’ordre « Rompons le blocus contre la révolution Syrienne »– Commémorer le second anniversaire du Massacre du quartier de la Ghouta du 21 août 2013, à travers l’organisation de réunions publiques dans les pays où nous intervenons– Organiser une semaine de solidarité internationale avec le révolution syrienne entre le 5 et le 11 octobre de cette année– Lancer une page web/facebook pour partager les informations et les matériels4. Nous avons constitué un Comité de Coordination pour mettre en marche cette campagne et organiser de futures initiativesSignaturesSalameh Kaileh. Journaliste syro-palestinien et auteur marxiste arabeYasser Munif. Activiste syrien et co-fondateur de la Campagne Globale de Solidarité avec la Revolution SyrienneYassin al-Hajj Saleh. Écrivain syrienMansur Attassi. Plate-forme de Gauche Démocratique, Syrie. * sauf sur le point faisant référence au rôle de la Turquie et des pays du GolfeAdeed Nassar. Mouvement de Gauche, LibanMiguel Sorans. Secrétariat International de l’Unité Internationale des Travailleurs – Quatrième Internationale (UIT-QI)Görkem Duru. Parti de la Démocratie Ouvrière, Turquie (UIT-QI)Cristina Mas. Lutte Internationaliste, État Espagnol (UIT-QI)Johannes Waardenburg, Groupes de Solidarité Active avec les Syriens, Italie.Raoul Guzman. Groupe Socialiste Internationaliste, FranceKosaro, KRD-UIT-QI, AllemagneLIT-CI (liga Internacional de los Trabajadores- Cuarta Internacional)Shady Ammane- Collectif Jasmin (Suiza- Switzerland)

128

Page 131: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Fathi Salaoui- LGO Workers’ Left League ( Túnez-Tunis)Fayez Elemare, Independent Labour Committees Union from Palestine – Gaza (ILCUP)

129

Page 132: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Appel pour le soutien de la Révolution Syrienne31 mai 2015

En continuité avec les activités tenus pour le soutien de la Révolution Syrienne lors du Forum Social Mondial (FSM) en mars 2013, des Forces et des partis de Gauche participants au FSM de cette année 2015 ont jugé nécessaire de confirmer et de souligner leur soutien à cette Révolution ; et s’engagent à déployer tous les efforts nécessaires pour l’organisation d’un rassemblement à Istanbul le mois de juillet de cette année réunissant tous les Forces et les partis de Gauche, les organisations sociaux, les syndicats et les mouvements de solidarité qui soutiennent la Révolution Syrienne, et qui sont prêts à défendre le peuple Syrien dans sa lutte pour la Révolution et son droit pour la démolition du régime sanguinaire d’El Assad.

Considérant que ce qui se passe depuis Mars 2011 est une véritable révolution en Syrie, et qui se maintient encore malgré toute la violence et l’atrocité mené par le pouvoir syrien face au peuple révoltant, et malgré la convergence d’efforts de forces régionales et internationales pour la destruction de cette révolution de manières différentes malgré leurs positions déclarées puisqu’elles craignent la réussite de la révolution et son extension et puisqu’elles sont d’ores et déjà contre la Révolution.

Toutes ces forces régionales et Internationales ont été hostiles à la Révolution Syrienne. Qu’il s’agit du Royaume Saoudite et des pays de Golfe qui ont tout fait pour le dénigrement de la révolution et la transformer en conflit de sectes et en guerre civile réactionnaire par le soutien les Fondamentalistes, l’envoi des « Djihadistes » et par le financement de l’islamisation de la Révolution ; ou bien qu’il s’agit de la Turquie qui , après avoir bénéficié d’avantages économiques considérables du régime de Bachar Assad, cherchait à renforcer son influence régionale en dominant le pouvoir par l’instauration d’un régime où les « Frères Musulmans » sont le pilier principal, et du coup elle a facilité l’accès des « Djihadistes » et a favorisé leur installation en Syrie. Ou bien la Russie et Iran qui soutiennent le régime criminel et sanguinaire d’El Assad au point où les forces militaires fournis par l’Iran deviennent incontournables pour empêcher la Chute du Régime Syrien et déterminantes dans son destin.

La Syrie a été submergée par des forces fondamentalistes qui ont combattu le Peuple et qui ont essayé d’imposer leur pouvoir non moins atroce et sanguinaire. Ces forces renforcent la continuité du pouvoir syrien. Qu’il s’agisse de DAESH ou de « l’Armée de l’Islam » ou du « Front Ennosra », toutes représentent une action antirévolutionnaire financée et soutenue par des forces régionales et Internationales comme on l’a déjà mentionné, et qui commandent actuellement des régions vastes de la Syrie, et essaye d’imposer son pouvoir rétrograde, atroce et extrêmement violent. Également, ces forces arrêtent et mutilent les activistes et les leaders des Groupes de lutte Armée.

La Révolution Syrienne confronte toutes les forces impérialistes qui essayent avec persévérance de la détruire, au moment où plusieurs partis qui se prétendent de Gauche soutiennent le régime et condamner la révolution en la considérant comme une « Conspiration », tout en oubliant que l’objectif principal est d’effrayer les peuples et de les dissuader à se rebeller et à se révolter au moment où le monde vit une crise qui présume la propagation des révolutions loin des pays arabes.

130

Page 133: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Le Peuple Syrien lutte pour se débarrasser du régime, et pour instaurer une nouvelle situation qui lui permet de survivre, mais il s’est trouvé confronté à plusieurs forces au cours de sa lutte contre le système arrogant ; que ce soient les « Djihadistes » ou bien les forces impérialistes qui interviennent sous le prétexte de confronter DAESH pour influencer le processus de l’évolution de la lutte ou bien les forces régionales qui cherchent à arrêter l’extension de la Révolution qui a commencé en Tunisie et qui touché plusieurs pays.

Pour ces raisons, et en tant que Forces et partis de Gauche qui soutiennent la lutte des peuples et leurs révolutions, nous soutenons la Révolution du peuple Syrien et nous défendons sa lutte pour ses droits à renverser le régime. Nous défendons la lutte des Kurdes que nous saluons leur contribution dans cette révolution et dans le combat contre DAESH, et la lutte de tout le peuple Syrien qui lutte pour démolir ce régime et pour construire un nouvel Etat qui répond à ces aspirations, intérêts et objectifs.

Ceci nous amène à se réunir et à confirmer notre soutien, à organiser notre activité qui doit contribuer à l’éclaircissement de la réalité de la révolution, renforcer son efficacité et fournir tous les efforts possibles pour qu’elle soit victorieuse.

Nous sommes certainement contre le régime syrien, mais nous sommes également contre les troupes fondamentalistes telles que « l’Armée de l’Islam » et « Front Ennosra » et surtout DAESH. Nous sommes également contre toutes les forces qui interviennent pour avorter la révolution et contribuent à la destruction et le démantèlement de la Syrie (les Saoudites, Qatar, Turquie, Iran, Russie...) et contre l’intervention impérialiste américaine qui sous prétexte de la guerre contre DAESH cherche à assurer et renforcer son rôle et ses intérêts dans la région. Nous sommes contre toutes les forces impérialistes et contre tous les pays qui confrontent les révolutions et contribuent à les détruire.

Malgré toutes les diffucultées et complications la revolution syrienne continue. Le peuple syrien mobilisé en demandant la dignité, du travail, du pain et da la liberté depuis 4 ans continue a defender ces demandes contre le regime d’Asad et les groupes radicaux islamistes supportés par les pays de la region et l’imperialisme.

Nous sommes contre les partis de l’opposition qu’ils ont endommagé la révolution et qu’ils ont lié leurs politiques avec des forces régionales et les pays imperialistes.Nous appelons les groupes de gauche et les syndicats a soutenir les masses mobilisés pour la fondation d’une Syrie libre, democratique et laique.

Pour tout cela, nous appelons à une réunion internationale de soutien la révolution syrienne les 11 et 12 Juillet 2015 à Istanbul, Turquie.

May 29, 2015.

Pour signer l’appel et le contact avec le comité de suivi: [email protected]

Les premieres signaturesSalameh KailehLe Courant de la Gauche Révolutionnaire en SyriePartie de la démocratie du travailleurs ( Turquie)Unité İnternationale des travailleurs- Quatrieme İnternationale (UİT-Qİ)Mouvement de Gauche (Liban)Yasser Mounif – Activista sirios de Boston, EEUUGrupo Socialista Internacionalista (Francia)

131

Page 134: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Maria Lohman, Somos Sur (Bolivia)Rivoluzionesiriana.org (İtalya)SOMOS Sur (Bolivia)Challenge Democratique (Fas)Solidaridad Global con la Revolución Siria (Barcelona)Emancipación Democrática (Marruecos)Fuerza Revolucionaria Socialista Antiimperialista (Bolivia)Alternativa Revolucionaria del Pueblo Trabajador (ARPT-Bolivia)Orlando Chirino, por Partido Socialismo y Libertad (PSL-Venezuela)Liga Internacional de los Trabajadores (LIT-CI)

132

Page 135: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

«El-Assad veut finir avec les palestiniens en Syrie»28 mai 2015

Interview avec Mohamed Bitari, Réseau d’Organisations de la Société Civile Palestine-Syrie (*)

Mohamed Bitari a été obligé à partir de Yarmouk, le camp de réfugiés palestiniens du sud de Damas, où il est né et où toute sa famille vivait, après d’avoir été arrêté par le régime de Bachar el-Assad. Il maintient un contact permanent avec les activistes qui continuent sur le camp et qui se trouvent entre deux feux: l’attaque et l’encerclement du régime et ceux de l’État Islamique (EI).

LI: Quelle est la situation actuellement en Yarmuk ?

MB: Au début d’avril, l’État Islamique est entré dans le camp, grâce à un arrangement avec Front Al Nusra qui a rompu l’accord établi avec la résistance palestinienne. Ils ont pratiquement conquis le 80 % du territoire du camp. La brigade Aknaf Beit le-Maqdis et l’Armée Libre Palestinienne de Libération combattent contre l’État Islamique. Au même temps, le régime de Bachar el-Assad a profité l’entrée des djihadistes pour lancer des barils explosifs sur le camp. L’armée syrienne essaie aussi un nouveau modèle de missile de fabrication iranienne, l’Éléphant: il n’a pas bombardé les zones sous contrôle des djihadistes, mais uniquement les rues où les rebelles syriens et palestiniens se sont réfugiés. Ils ont même attaqué le cimetière du camp, où beaucoup de martyrs palestiniens étaient enterrés. Nous ne pouvons pas oublier que depuis trois ans le régime syrien soumet les palestiniens de Yarmouk à un siège féroce : à cause de ce blocage sont mortes 175 personnes de faim et un nombre supérieur par manque des médicaments. Il n’y a pas d’électricité et de l’eau courante. Environ 18.000 personnes continuent à vivre y compris 3.500 enfants. Le camp de Yarmouk est très important dans l’histoire de la Palestine et par ce motif il faut lutter pour sauver ses habitants.

LI: Le régime syrien a menacé avec l’entrée de l’armée dans le camp.

MB: Oui, le représentant de la Syrie à l’ONU a dit que dans Yarmouk seulement restent 1.000 personnes , mais ce n’est pas vrai. Ils utilisent le prétexte de l’État Islamique pour envahir le camp. Le but du régime est uniquement effacer les palestiniens de la Syrie.

LI: Comment vois-tu la politique de l’OLP devant la souffrance des réfugiés palestiniens de Yarmouk?

MB: Le chef de la délégation que l’OLP a envoyée à la Syrie pour chercher une sortie à la situation de Yarmouk a déclaré qu’il n’y a plus de palestiniens dans sur le camp. L’OLP assure depuis quelques semaines que Yarmouk est tombé, de même qu’Al Jazira. Mais la vérité est une autre. Les réfugiés qui suivent dans le camp portent plus deux ans en résistant et ils sont décidés à continuer. Ce que nous réclamons à l’OLP, à la Croix-Rouge et à l’ONU c’est un couloir humanitaire avec sûreté pour faire arriver des aliments et des médicaments au le camp et pour évacuer les blessés et les familles qui veulent partir. Mais beaucoup d’activistes ne veulent pas partir et ils ont peur que le régime les arrête s’ils sortent du camp: un instituteur très connu de Yarmouk a déclaré dans une vidéo qu’ils sortiront seulement du camp soit morts ou soit pour retourner à Palestine. Mais l’OLP défend la reddition au lieu d’appuyer la résistance.

133

Page 136: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

LI: Vous assurez que l’EI est entré dans Yarmuk avec le soutien du Front Al Nusra.

MB: Les gens d’Yarmouk savent très bien ce qui est l’État Islamique et qui est le régime syrien. Mais l’EI est entré au camp dans la zone contrôlée par Al Nusra et avec ses drapeaux. Quand ils sont arrivés au centre du camp, ils ont levé les drapeaux de l’EI. Quand une délégation de palestiniens a essayé de négocier avec l’EI le premier jour, ils les ont été décapités. 75 personnes adultes et deux filles ont arrêtés, et nous ne savons plus rien sur leur situation. Les adultes sont disposés à résister, mais ce qui nous préoccupe le plus ce sont les enfants.

LI: Comment le conflit a-t-il été vécu en Syrie depuis la levée populaire contre El-Assad en 2011 ?

MB: Les réfugiés palestiniens de Yarmouk nous avons ouvert les portes à nos frères syriens, qui fuyaient de la répression du régime: nous les avons accueillis dans les maisons, dans les écoles, dans les mosquées. Et le régime a voulu nous punir par cela. Comme il nous a passé aux palestiniens dans la Nakba [le désastre] de 1948, tous ces syriens ont été obligés à laisser tout, à fuir de sa maison et à recommencer à zéro. Sûrement, nous aussi devrons passer à nouveau par la même situation plusieurs fois. Mais, nôtre solidarité est normale parce que comme syriens et comme palestiniens, nous défendons la liberté de tous les peuples. Et si nous n’étions pas libres, nous ne serions pas des palestiniens. Nous continuons la lutte contre le régime. Et sa stratégie a été d’assiéger Yarmouk… Et maintenant l’EI nous attaque, nous sommes dans la bouche du loup.

LI: Le régime syrien assure qu’il est opposé à l’état d’Israël.

MB: Le cinéaste Taher au-Sahli a fait un court-métrage avec le titre MIG [avion de chasse de fabrication russe] et il résume la situation avec une seule question: «Comment est-il possible qu’un régime lutte contre Israël, tandis qu’il tue des palestiniens?». Et s’il y a des gens que ne nous croient pas, il suffit de voir ce qu’il dit l’état d’Israël. Dès 1973 jusqu’à présent, Israël considère à Bachard El-Assad est «meilleur ennemi» dans le Proche Orient, parce que la frontière entre la Syrie et l’Israël a toujours été la plus tranquille. En 2012, les jeunes palestiniens de Yarmouk nous sommes allés à la frontière pour commémorer la Nakba : j’ai vu comme des camarades ont été morts par les balles des soldats israéliens, tandis que l’armée syrienne regardait à cent mètres de distance et il ne faisait rien.

LI: Ce fait a provoqué à une révolte à l’intérieur du camp

MB: Je y ai participé. Nous arrivons au cimetière du camp pour enterrer les martyrs que sont sont tombés à la frontière syrienne-palestinienne. C’était une énorme manifestation, avec jeunes, des hommes et des enfants. Il y avait une femme, qui avait vécu la Nakba, qui a lancé une chaussure contre un dirigeant du Front Populaire-Commando Général et contre un autre du Front Populaire qu’ils avaient été à la frontière et au lieu d’aider ils ont continué à parler aux mas-médias. Ils n’ont pas voulu même pas transporter les blessés dans ses voitures. Dans la manifestation l’un des gardes du corps a brandi un pistolet et il a tiré en l’air. Les réfugiés palestiniens n’ont pas voulu se taire. Ça suffit qu’ils nous tuent!. Nous voulons lutter et vivre, c’est notre droit. Un journaliste palestinien, Hassan Hassan, qu’il y a peu de temps est mort dans les prisons du régime, a crié dans la manifestation en réclamant la chute de Jibril, du leader FP-CG. Jibril a

134

Page 137: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

donné toujours soutient au régime contre les palestiniens. Après nous sommes allés aux bureaux du parti : c’était une décision des familles des martyrs. Des hommes armés ont commencé à tirer sur les gens depuis la terrasse. Je l’ai vu de mes yeux. Comment peut-on être palestinien et tuer des palestiniens?

LI: Comment expliquer ce divorce entre les ce qui veulent réfugiés palestiniens en Syrie et la politique du FP-CG et de l’OLP?

MB: Je crois, comme beaucoup de gens, que ces organisations sont mortes depuis long temps. S’ils ne défendent pas les réfugiés, ils ne peuvent pas représenter le peuple palestinien. Maintenant, ces partis ne sont pas comme ils avaient été auparavant: ils n’ont pas de milliers de militants, ils ont les chefs et ses enfants. Un grand nombre de militants: ils sont très loin de représenter le peuple palestinienne. Et à Gaza et a la Cisjordanie nous voyons la même chose. Qu’est-ce qu’ils font ? Ils donnent soutient à l’Iran, au régime syrien … Le peuple palestinien n’a pas besoin de tout cela. C’est de palestiniens qui meurent dans Yarmouk. C’est un mensonge que l’OLP a fait sortir des palestiniens de Yarmouk ni que le FP-CG lutte contre l’EI. Ce sont des mensonges qui sont racontés dans la télévision palestinienne.

LI: Qu’est-ce que tu penses sur la révolution syrienne ?

MB: Je suis palestinien-syrien. Ce qui passe dans Yarmuk c’est le même qui arrive dans beaucoup de villes syriennes : que le régime et l’État Islamique coordonnent pour assassiner les gens. Comme palestiniens, notre sortie seulement peut être avec le peuple syrien. Il faut unir des palestiniens, des syriens et des Kurdes pour nous défendre du régime et de l’EI. Nous avons partagé cette révolution. Il y a des brigades syriennes en essayant d’arriver au champ pour le défendre. Nous avons besoin de la solidarité internationale.

Lucha Internacionalista (section à l’état espagnol de la UIT-CI)[email protected]://www.facebook.com/linternacionalistahttps://twitter.com/luchainternacio(*) Interview publié a: Lucha Internacionalista núm. 137 mai 2015:version castillane: http://luchainternacionalista.org/spip.php?article2500version catalane: http://luchainternacionalista.org/spip.php?article2499

135

Page 138: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Joseph Daher. Interview faite en Barcelonne, par Cristina Mas, de Lutte Internacionaliste, de la UIT-CI

7 mars 2020

Joseph Daher. Interview faite en Barcelonne, par Cristina Mas, de Lutte Internacionaliste, de la UIT-CI

Après un écrasement des vagues révolutionnaires du 2011 en Syrie, Egypte, Bahreïn, Yémen ou Libye, on voit des mouvements populaires sans précédents en Algérie, Soudan, Liban ou l’Irak.C’est bien sûr une continuation des processus révolutionnaires qui ont débuté en 2010-2011 dans la région. Il s’agit de processus à long terme, donc il va y avoir des hauts et des bas. À la fin 2018 on était plutôt vers un écrasement généralisé du processus révolutionnaire et en l’occurrence, dans les premiers mois de 2019, on a vu la chute de deux dictateurs Omar el-Béchir au Soudan et Bouteflika en Algérie. Et en ocobre, des soulèvements populaires très importants en Irak et au Liban, qui défient dans les deux cas à la fois le système confessionnel et le système économique néolibéral. Dans tous ces processus, des soulèvements populaires on trouve les mêmes raisons sous-jacentes : le refus de l’autoritarisme, bien sûr, mais cela ne s’arrête pas là. C’est aussi le refus des politiques néolibérales, qui suivent des politiques de mise en place d’austérité dans ces différents pays.

Bien sûr il y a des différences entre un pays et les autres, mais aussi des éléments en commun. Quelles sont les secteurs protagonistes dans les mobilisations ?Ce sont les classes populaires, les travailleurs et travailleuses, du secteur formel ou informel, une partie des employés du service public, et une partie de la classe moyenne paupérisée également. Ça, c’est le gros des troupes. Cela n’empêche pas qu’il peut y avoir certains secteurs de la bourgeoisie qui interviennent pour essayer de profiter de ces soulèvements populaires, mais généralement elles sont opposées à ces mouvements de contestation populaire ou en tout cas veulent en limiter leurs profondeurs.

Il y a une dynamique plus générale qui réponds a la crise économique internationale ?Tout à fait. Par exemple, un des exemples patents, qui sont très clairs dans leurs similitudes, c’est le Liban et le Chili. Les deux soulèvements populaires ont débuté à la suite de nouvelles taxes régressives qui sont des taxes les plus inégales possibles. Voir aussi des questions d’auto détermination : Je me trouve à Barcelone, alors solidarité avec les camarades catalans et catalanes, mais on voit aussi par exemple à Hong Kong la volonté de plus de démocratie, de pouvoir décider de leur destin. Et on trouve aussi cette volonté de souveraineté populaire également dans les pays de la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. C’est une crise plus profonde du néolibéralisme, des décennies de politique dit d’ajustement structurel, un terme poli pour dire des politiques d’austérité et de privatisation de l’économie, de précarisation des travailleurs et des

136

Michel DUPONT, 24/04/21,
Page 139: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

travailleuses. Et ça, on l’a vu partout de Haïti à la France, avec les gilets jaunes. Fukuyama annonçait la fin de l’histoire et la victoire du système capitaliste sans possibilité d’alternative au système néolibéral... bien au contraire : ce n’est pas la fin, il y a une crise fondamentale depuis 2008 du système néolibéral. Par contre, le souci est que cette hégémonie de la crise du néolibéralisme et de sa classe dirigeante n’a pas forcément profité à la gauche radicale. Et on voit malheureusement la montée de groupes extrémistes de droite et fascisants aux groupes fondamentalistes religieux. On ne voit pas encore la gauche radicale profiter de cette crise hégémonique du néolibéralisme et de sa classe dirigeante. La nécessité de créer une alternative politique, une direction, un programme inclusif, social, économique, anticapitaliste, démocratique qui prend en compte les questions d’exploitation et d’oppression, sans les séparer superficiellement et comprendre leur lien dialectique. Et ça, c’est là le véritable défi pour la gauche radicale partout dans le monde.

Quelles leçons vous tirez des processus révolutionnaires de 2011 au Moyen Orient et l’Afrique du Nord ?On a vu une explosion populaire sans précédent, des mouvements révolutionnaires qui, même si maintenant, c’est difficile à voir, après les guerres et les interventions. Mais ce qui caractérise un processus révolutionnaire, c’est l’intervention des masses à travers des canaux non institutionnels et des situations de tentatives de double pouvoir. Ce qui s’est déroulé parfois dans certains pays, à des degrés divers, pas partout, mais qui ont eu un écho régional et international. On a eu en Afrique subsaharienne des mouvements populaires qui ont suivi, le mouvement Occupy, le 15-M en Espagne. Et ça a rappelé que les révolutions existent, que l’on peut avoir des changements par en bas, par des millions de personnes qui s’organisent à travers des grèves ou des manifestations et autres. Par contre, la leçon c’est que sans organisations de masse, qu’elles soient de travailleurs, féministes, ou un parti qui donne une alternative politique, une perspective politique aux classes populaires, c’est très difficile de voir un changement de régime de manière radicale. Parce que la tête qui tombe n’est pas suffisant : en Tunisie, en Egypte, la tête est tombée, mais un changement radical, ce n’est pas le cas. Au contraire, en Egypte, la situation est pire que sous Moubarak.

Donc vraiment la question qui se pose à la gauche radicale c’est de créer les conditions pour aider à l’auto organisation des travailleurs et travailleuses à tous les niveaux et dans ce cadre-là, je pense qu’il y a une leçon à retenir. Si la Tunisie et le Soudan sont dans une moins mauvaise situation, c’est qu’il y a, selon moi, deux piliers importants : un mouvement des travailleurs organisé (et bien sûr il faut citer et critiquer leur limites de caractère réformiste du leadership, nationaliste parfois, mais l’UGTT et le Rassemblement Professionnel des Soudanais, ont joué un rôle moteur jusqu’à aujourd’hui de défense des droits démocratiques et sociaux) et des mouvements de femmes organisés dans les deux pays qui ont également joué un rôle très important. Ça a donné déjà des avantages et avancées non négligeables.

En Syrie on voit que l’absence de syndicats organisés de mouvements féministes de masses a joué un rôle négatif malgré l’existence de situations de double pouvoir, beaucoup plus prononcées : l’Etat avait disparu et on vu les comités de coordination locales, des conseils locaux,

137

Page 140: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

mais ce n’était pas suffisant et avaient des limites au niveau de leurs caractères démocratique et participation des femmes ou des minorités.

C’est une vraie question au niveau international parce qu’il y a souvent, même dans les mouvements populaires à Hong Kong et d’autre part, le refus des organisations, ou de structures organisationnelles, en refusant ou empêchant les volontés de structurations des mouvements avec l’argument de garantir plus « l’horizontalité », sans expliquer en précision ses caractéristiques et qui serait forcément plus démocratique. Et on voit qu’en réalité ce n’est pas le cas, que cela ne garantit pas davantage de démocratie, au contraire. La démocratie c’est aussi la capacité de s’organiser pour les travailleurs et travailleuses, de débattre des options à prendre avec un suivi dans sa mise en application, d’avoir cette perspective plus loin que simplement, la spontanéité qui est absolument nécessaire, bien sûr, mais pas suffisant.

Comment vois-tu la situation en Syrie ?Absolument catastrophique. La guerre continue. Les offensives militaires du régime militaire despotique criminel syrien d’El-Assad, avec l’aide de la Russie et de l’Iran sur la région d’Idlib, a fait plus de 900 000 déplacés. Il faut se rappeler qu’aujourd’hui, environ 90 pour cent de la population syrienne vit sous le seuil de pauvreté : sans l’aide humanitaire et sans l’envoi d’argent de l’étranger de leurs proches ou autres, c’est très compliqué pour un grand nombre de syriens de vivre. Il y a une inflation terrible. La livre syrienne est passée de 52 dollars à plus de 1000, une dévaluation terrible du pouvoir d’achat, donc une situation économique absolument catastrophique. Plus de la moitié de la population est déplacé à l’intérieur du pays ou à l’extérieur.

En l’occurrence, il y a aujourd’hui, je pense, un consensus depuis quelques années au niveau international que Assad doit rester, ce qui fait que, malheureusement, le régime est là grâce à l’assistance politique, militaire et économique de la Russie et de l’Iran, mais aussi de l’acceptation des autres pays aux niveaux régional et internationale. Cela dit, le régime fait face à un certain nombre de contradictions, et beaucoup critiquent, y compris au sein de la population qui est resté passive ou qui peut même appartenir à une base populaire loyaliste et supporter du régime, le rôle des milices qui continuent à kidnapper, la situation socio-économique, la corruption, le manque de services…On a vu au début de l’année, en janvier, des manifestations à Soueida pour protester contre la crise économique et le manque de services. On voit que à Deraa, qui est retourné sur le contrôle du régime en 2018, il y a encore de la résistance parce qu’un certain nombre de brigades de l’opposition armée ont pu garder leurs armes légères et le processus dit de réconciliation s’est très mal passé, et il y a eu des assassinats. Il y a eu plus d’une centaine des actes de résistance à travers des sit ins, des manifestations à Deraa dans les six derniers mois. Dernièrement un des villes dans la région de Daraa a été pilonné par des tanks du régime syrien à la suite d’une nouvelle rébellion armée. Ce n’est pas rien. Également dans les zones qui ont été repris par le régime, vu qu’il ne propose aucun service, et qu’il y a encore des arrestations, etc. On a pu voir des fois que ça se passe la nuit ou cacher les tags contre le régime, par exemple dans la banlieue de Damas. Mais même au sein de la base loyaliste, beaucoup de gens qui critiquent le régime parce que la situation socio-économique est catastrophique. Il y

138

Page 141: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

a eu une tentative à Lattaquié, des petits marchands, de faire une sorte de grève, de fermer leurs magasins en fin décembre pour protester contre la dévaluation de la livre, et ça a été réprimée par les services de sécurité.

Même si le régime a réussi à survivre il subit des énormes contradictions et pressions. Mais, encore une fois, toutes ces manifestations sont complètement séparées, n’ont pas de dynamique commune dans le sens de liens. Il faudrait rassembler ces différentes dynamiques, mais il faut pour cela une organisation politique et la mise en place des syndicats indépendants. Et face au régime qui est très répressif, c’est très, très compliqué. Une grande partie des militants, militantes et activistes sont à l’extérieur, sont réfugiés en exil, souvent dans une situation difficile, ou bien encore en prison, si ils n’ont pas été tué.

Le seul avantage, j’ai envie de dire, c’est qu’il y a une accumulation d’expériences politiques dans la région. Il faut aussi, qu’on apprend de nos erreurs et pour construire dans l’avenir, j’espère, de nouvelles résistances, avec, justement, cette expérience accumulée. Cette expérience ne va pas disparaître. Et la différence en Syrie par rapport aux années 70 et 80, c’est le fait qu’il y avait des organisations de gauche beaucoup plus radicales, des syndicats indépendants beaucoup plus organisés, mais cette mémoire a en grande partie disparu, malheureusement chez les jeunes activistes.

Maintenant il y a beaucoup plus de publications, de mémoires sur cette résistance civile, particulièrement entre 2011 et 2013, qui a été très, très importante en Syrie. Donc construire là-dessus sur l’avenir.

Pour nous qui étions du début à côté des révolutionnaires syriens, quelles sont d’après toi les tâches les plus importantes maintenant ?Il faut maintenir la pression sur le régime au niveau international. Le fait de justement maintenir la pression, notamment sur le sort des prisonniers, le sort des disparus, c’est des choses absolument essentielles. En Allemagne en fin 2019 y a des anciens membres des services de sécurité qui ont été poursuivis pour leurs crimes. C’est très bien et aucune impunité ne doit avoir lieu. Et ça compte que ce les criminels du régime syrien ou les criminels des forces fondamentalistes religieuses aussi coupable de violation de droits humains.

Aussi, il faut lier les luttes par rapport à tout ce qui concerne la migration et les réfugiés. L’Union européenne va maintenir ses politiques meurtrières contre les migrants, d’Europe forteresse, et peut continuer à payer des milliards de dollars d’euros à la Turquie ou la Lybie pour fermer les frontières.

De même, il faut lutter contre la soi-disant guerre contre le terrorisme qui menace les droits démocratiques des syndicats et activistes. Alors, faire les liens parce que réfugié syrien qui vient en Europe et si ses droits sont limités, ne va pas pouvoir agir politiquement, ou bien très difficilement. Est ce qu’on voit dans beaucoup de cas de réfugiés syriens ce qui d’abord va régler leur vie personnelle, ce qui est normal, trouver un travail, etc. Il y a une attaque, de manière générale, pas seulement sur les droits socio-économiques en Europe, mais sur les droits démocratiques. Il faut rappeler que l’internationalisme n’est pas simplement des belles paroles, mais une nécessité politique.

139

Page 142: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Je dirais que toutes ces différentes choses sont à faire par rapport aux Syriens. Il faut également leur offrir alternative progressiste et démocratique. Dire que les impérialistes ne sont pas une solution, je pense que c’est une des leçons que beaucoup de Syriennes ont aujourd’hui apprises. La soi-disant aide des gouvernements occidentaux, des monarchies du Golfe, ou de la Turquie, se sont révélés très souvent transformer en trahisons ou bien instrumentalisation pour des jeux géopolitiques pour beaucoup de Syriens.

Il faut dire que les véritables alliés des syriens sont les classes populaires au niveau international.

Un accord entre les rebelles et les kurdes en Syrie aurait pu changer le destin de la guerre ?On peut être critique de la direction du PYD sur différents choix politiques qu’ils ont pris depuis le début du processus révolutionnaire syrien, tout en étant en soutien total à l’autodétermination du peuple kurde en Syrie, en Turquie, en Iran et en Irak. On peut critiquer, par exemple, le soutien à l’intervention militaire russe en 2015 en Syrie soi-disant contre des organisations terroristes, alors qu’il se focalisait au début sur les factions de l’Armée Syrienne Libre ou d’avoir cru aux illusions que la Russie pouvait aider dans le maintien d’une solution en leur faveur, par exemple à Afrin. On a vu les résultats, maintenant il y a une occupation turque terrible avec des politiques de changements démographiques et autres. Certains ont cru dans leur leadership également que les États-Unis ne les abandonneraient pas. Historiquement, les États-Unis ont prouvé qu’ils n’étaient pas des amis, des Kurdes. Et même au-delà de ça, c’est que les États-Unis sont encore plus proches de Barzani qui un leader féodal et réactionnaire au Kurdistan irakien. Washington n’a pas soutenu le référendum en 2017. Au contraire, les Etats Unis ont laissé les troupes de Barzani se faire écraser par des forces pro-iraniennes avec l’assistance des Pasdaran dirigé à l’époque par le Général Soleimani.

On peut critiquer légitiment n’importe quel mouvement de libération nationale, tout en étant clair envers notre soutien à leur cause. L’histoire nous a montré qu’il ne faut pas avoir un soutien sans critique de tout mouvement de libération nationale, la Palestine étant un cas et plein d’autres.

Après, il faut se poser un certain nombre de questions dans le cas en Syrie. Le problème pourquoi le PYD n’a pas voulu collaborer avec une partie du leadership politique syrien de l’opposition en exil à l’époque, dominer par des libéraux nationalistes et des personnalités des Frères musulmans, liés à la Turquie, le pire ennemi du PYD et PKK. L'histoire leur a montré jusqu’à aujourd’hui qu’ils n’avaient pas forcément tort.

Depuis les premiers jours, même de soulever le drapeau kurde posait des problèmes, parler de fédéralisme, une solution que je soutiens, un Etat fédéral en Syrie et refusée même par des secteurs de la gauche syrienne, encore dominé par un nationalisme arabe très profond. Donc, la responsabilité politique ne peut pas être mis d’abord sous le leadership politique du PYD, mais sur la majorité, qui est arabe. Ils ont soutenu le mot d’ordre que le PYD est une organisation terroriste comme le PKK. Ils ont soutenu l’occupation de la Turquie, qui a causé un changement

140

Page 143: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

démographique à Afrin. Ils ont soutenu Erdogan et les mesures autocratiques d’Erdogan en Turquie.

Donc, il faut nuancer tout propos selon le contexte dont on parle.Il faut critiquer, par exemple, certains aspects autoritaires du PYD qui ont réprimé des activistes pro-démocratiques, kurdes et autres. Mais en même temps, il faut aussi reconnaître ses aspects positifs. Le fait que les Kurdes puissent s’auto gouverner dans certaines zones à majorité kurde, les droits des femmes et la participation des femmes au sein du mouvement et institutions, l’inclusion en partie des minorités, d’un programme laïc, ce ne sont pas des choses négligeables, particulièrement en temps de guerre.

Mais en tant que Syrien « arabe », je dois clairement affirmer mon soutien à l’autodétermination du peuple kurde. Je dois d’abord être très critique par rapport à la majorité de l’opposition, qui a été chauviniste, et qu’historiquement, il y a une question du peuple kurde en Syrie depuis l’indépendance et que notre soutien au droit à l’autodétermination doit être très clair. Et depuis, si on a cette position, on peut entrer en débat avec la direction politique kurde et dire ou ça ne va pas.

J’écrivais en 2014 déjà que le sort de l’autodétermination du peuple kurde était lié à la révolution syrienne. D’ailleurs la mise en place du « Rojava » n’aurait pas pu voir le jour sans la révolution syrienne. Et si la révolution syrienne va être écrasée, ça sera le sort des populations kurdes également. Malheureusement, ça a commencé. Toutes les demandes du PYD ont été refusées par le régime de Damas. Bachar el-Assad a d’ailleurs ressorti récemment dans une interview les vieux slogans nationalistes arabes qu’il n’ y a pas de question kurde en Syrie ou bien que la majorité des kurdes venait de Turquie, implicitement donc niant leur identité syrienne. Le régime syrien attend que les menaces de la Turquie avancent pour dire «ou vous venez chez nous, ou bien vous allez subir une nouvelle occupation turque », qui a eu des répercussions terribles sur les populations kurdes. C’est vrai que ça fait peur. Il y a eu entre 150.000 et 200,000 Kurdes qui ont été déplacés à Afrin,

L’avenir est malheureusement très obscur. D’ailleurs, comme le reste de la population syrienne, comme on le voit à Idlib. Et le fait que comme tu disais il aurait dû avoir cette alliance qui n’a pas été faite est un vrai problème. Mais c’est pour cela qu’il faut apprendre de ses erreurs passées. Il manque cette alternative politique de rassembler le lien entre exploitation et oppression, une perspective de classe. Une alternative politique socialiste, mais également laïque, féministe, et qui prend en considération l’autodétermination des peuples.

Passons au Liban. Une révolution pour un impôt au whatsapp ?C’était la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Il faut savoir qu’au Liban, les prix de télécommunications sont très, très chers. Donc, c’était le seul volet d’avoir Whatsapp pour utiliser un peu gratuitement. Il faut savoir que Telecom, c’est une cagnotte pour l’élite politique libanaise : il y a des fonds qui ont disparu, donc c’était un peu symbole. Mais là, bien sûr, les raisons sont beaucoup plus profondes : une crise socio-économique qui ne cesse d’augmenter, presque 30% de chômage, plus de 35 % chez les moins de 35 ans, dont beaucoup de diplômés. Une partie partait dans le

141

Page 144: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Golfe pour trouver du travail. Le taux de pauvreté n’a cessé d’augmenter avec la crise socio-économique. Depuis octobre, c’est encore pire. Il y a plus de 200.000 personnes qui ont perdu leur travail, ont vu leurs salaires diminuer très fortement. Le taux de pauvreté était avant octobre à peu près à 30 %, avec des différences régionales très importantes : le nord, Tripoli et ses quartiers sont les plus paupérisées.

La raison profonde c’est le système néolibéral, depuis le début des années 90 qui a été imposé, qui a bénéficié à une petite élite, tandis que les mesures d’austérité, les taxes régressives… se poursuivent. Dans ce cadre-là, depuis le 17 octobre, le mouvement de protestation continue. Ce qui a été très intéressant aussi, c’est le lien, entre néolibéralisme et confessionnalisme, parce qu’il faut lier ces deux choses. La crise, les politiques néolibérales, est intrinsèquement liée au système politique confessionnel. Les élites politiques néolibérales et confessionnelles libanaises utilisent le néolibéralisme pour privatiser certains secteurs de l’économie et aussi pour redistribuer les ressources de l’Etat à leur base clientéliste.

Depuis le début, les manifestants et manifestantes ont mis un point d’honneur à dénoncer le confessionnalisme et la crise socio-économique ensemble. Pour eux, c’est complètement lié. Cette fois, le mouvement de protestation libanais est beaucoup plus décentralisé, beaucoup plus populaire. Il y a beaucoup plus de classes travailleuses comparé aux mouvements de protestation du 2015 ou 2011, où c’était plutôt dominé par les classes moyennes libérales, même si pas uniquement. Et ça a dépassé les divisions confessionnelles : Il y avait deux quartiers très connus à Tripoli, un alaouite et l’autre sunnite depuis une dizaine d’années pour se combattre militairement de manière quasi continue. Les jeunes sont venus ensemble au début des manifestations, crier leur solidarité contre les élites politiques libanaises et contre le confessionnalisme. La ville de Tripoli, à majorité sunnite, envoyait des signes de solidarité à des villes chiites au sud.

Depuis mi-octobre, il y a une radicalisation du mouvement populaire, notamment dans des actions contre les banques. D’ailleurs, il y a un groupe formé à partir d’activistes de gauche de jeunes, qui s’appelle Nationalisation des banques. Ils font des conférences et s’attaquent également aux banques, et accompagnent les clients pour pouvoir pousser les banques à leur donner leur argent. Ça pose la question du rôle de la politique économique des banques au Liban. Il y a également une radicalisation dans les actions visant des lieux qui ont été privatisées. La question de classe est très, très présente.

Il y a une tentative de rassemblement professionnel sur le modèle du rassemblement professionnel des Soudanais au Soudan et qui regroupe des ingénieurs, des profs d’université, des professions de la culture. Des nouveaux syndicats sont en train d’apparaître parce que les syndicats au Liban sont contrôlés par l’élite politique, confessionnelle et néolibérale. Les Libanais disaient d’ailleurs au début « on essaie de faire des grèves sans syndicat ». Et d’ailleurs, il y a une certaine victoire dans certains syndicats, associations professionnelles libérales, avec l’élection de démocrates contre les représentants des élites confessionnelles. Un indépendant qui a gagné notamment chez les avocats, plutôt démocrate, pas de gauche, mais qui prend la défense des manifestants, ce qui n’est

142

Page 145: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

pas le cas avant eux. C’est le plus grand défi pour le Liban, c’est la structuration du mouvement de protestation.Les groupes féministes et étudiants ont aussi joué un rôle très important depuis le début des manifestations, en donnant une perspective féministe de classe anti-confessionnel.

Ce n’est néanmoins pas facile, surtout que la répression augmente au Liban, il y a eu plus de 300 blessés depuis la formation du gouvernement. Surtout, il y a des politiques aussi d’intimidation violente par les milices liées à certains politiques. De plus en plus d’agressions et la crise socio-économique continue de pourrir la situation.

Si on a retenu une chose de cette dernière décennie, c’est faire attention, comme disait Gramsci, pessimiste de l’intellect, mais l’optimisme de la volonté. Il y a une opportunité qui s’est ouverte, il y a des structurations de mouvement, donc c’est très intéressant, en espérant que ça va aller de l’avant. Et pour l’instant, le mouvement de protestation a encore beaucoup de soutiens. Mais il y a beaucoup de défis.

Alors, ce qui est intéressant de voir, et c’est pour moi le plus important, c’est que les illusions au sein du Hezbollah sont en train de se perdre au niveau de certains à la gauche libanaise parce qu’au niveau international. Non pas que ce n’est pas important et reste pour cette gauche soi disant alors très souvent d’inspiration stalinienne, cambiste, mais aussi, je dirais, beaucoup tiers mondiste, et des post-coloniaux. Et tout ça qui voit le monde de manière géopolitique ou bien Occident contre Orient, entre guillemets. Ce qui est en fait très proche de Huntington sur le clash des civilisations a certaines manières ou bien d’une vision que voilà une bourgeoisie, même dite nationale, pourrait pas être oppressive, liée avec d’autres impérialisme, etc. Mais au niveau, ce qui est intéressant, c’est que au sein de la gauche libanaise, il y a une radicalisation. Les gens sont beaucoup plus critiques du Hezbollah. Au début des manifestations, il faut se rappeler juste le premier discours de Hassan Nasrallah qui a accusé les manifestants, quelques jours une semaine après le début des manifestants, d’être aux ordres des ambassades étrangères, d’être partie d’un complot. Il a mobilisé à plusieurs reprises des éléments du hezbollah et de sa base populaire afin d’attaquer des manifestants dans différentes régions. Il essaye aussi de jouer sur les questions communautaires confessionnelles pour diviser le mouvement. Ces médias attaquent le mouvement pour le décrire de manière très négative. Le Hezbollah pousse pour une solution à l’intérieur du système confessionnel.

Nasrallah a depuis son premier discours modéré en partie son discours, mais au niveau pratique, il est toujours très opposé au mouvement de contestation populaire, se posant en un des principaux défenseur et pilier du système confessionnel et néolibéral libanais.

Ce qui est intéressant, c’est depuis plusieurs années, on voit des critiques contre le Hezbollah, mais qui étaient plus ponctuelles et individuelles. Des gens issus de la classe populaire chiite critiquent la manière dont Hezbollah gère des municipalités et ses députés au Parlement parce qu’ils ont soutenu des politiques néolibérales. Ils ont soutenu des réseaux clientélistes et on avait vu plusieurs manifestations de mécontentement contre le Hezbollah. Cela ai réapparu de nouveau dans le mouvement populaire mais de manière plus profonde et massive.

143

Page 146: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Les gens critiquent le Hezbollah en disant vous êtes devenu comme le reste de l’élite politique libanaise, même si vous critiquez rhétoriquement ce système, etc. Le Hezbollah a poursuivi les mêmes politiques que les autres élites politiques confessionnelles, surtout depuis qu’il est au gouvernement depuis 2005. D’ailleurs une des meilleures manières de voir cela a été son insistance à plusieurs reprises de demander le retour de Saad Hariri, qui est le symbole des politiques libérales, son père et lui, depuis le début des années 90. Hariri s’est exprimé en faveur des mesures annoncées dans la conférence du CEDRE, qui s’inscrivait dans les conférences ces Paris I, II, III qui avaient mis en place des politiques néolibérales contre l’octroi de prêts de plusieurs milliards d’euros depuis les années 2000 comme privatisation de certains secteurs de télécommunications, certains secteurs de l’économie, des mesures d’austérité, etc.

Les gens voient donc de plus en plus les contradictions au sein du Hezbollah. Et on voit cela aussi chez les jeunes du PC libanais, très critique pour beaucoup d’entre eux du Hezbollah. Même chose chez certains issus des groupes de gauche nationalistes arabes, beaucoup des jeunes qui ont participé au mouvement, qui ont vu les contradictions. Et c’est vrai que quand vous avez un mouvement populaire fort par en bas, qui met en cause le système confessionnel, qui met en cause le système néolibéral. Face à eux que disait le parti vu par beaucoup d’entre eux comme la résistance : vous vous êtes des complotiste étrangers alors que c’est les mêmes qui vont dans les manifestations pour la Palestine. Voilà donc les gens voient de plus en plus ces contradictions parce qu’ils les vivent. Malheureusement, à l’international, une certaine gauche reste dans des schémas très géopolitiques ou qui voit même l’Iran encore comme une résistance contre l’impérialisme américain. Même réaction et dynamique au niveau de la contestation populaire en Irak.

Des critiques sur le rôle du Hezbollah en Syrie ?D’abord, il faut savoir que Hassan Nasrallah n’a pas reconnu que le Hezbollah était en Syrie, jusqu’en 2013, alors qu’ils sont intervenus fin 2011, début 2012.

A cette époque, d’ailleurs oui, il y a eu des critiques de la part d’une partie de la base populaire du Hezbollah pour son intervention en Syrie du type : Pourquoi vous envoyer nos enfants, nos garçons, se battre en Syrie ? Nous, on était d’accord pour qu’ils se battent pour la résistance contre Israël. Le Hezbollah cachait d’ailleurs le fait qu’il y avait des morts en Syrie et ne leur donnait pas le statut de martyr. Cette, parce qu’il voulait cacher qu’il y avait une certaine frustration libanaise chiite.

Après la montée à partir de 2013 des mouvements djihadistes sunnites en Syrie de Daesh Qaïda et une montée du confessionnalisme dans la région, la critique est devenue moins importante. Et il faut se rappeler aussi des attentats dans des quartiers à majorité chiite au Liban. A ce moment beaucoup ont alors soutenu le discours du Hezbollah en disant oui ils vont nous défendre en allant combattre en Syrie.

La critique est réapparue après la défaite de Daesh au Liban par Hezbollah en 2017 présentée par le parti comme la deuxième libération du Liban, en référence à la première libération contre Israël en 2000.

144

Page 147: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

Par exemple, en novembre 2017, des échauffourées survenues dans la banlieue sud de Beyrouth à Dahiyeh ont mis au grand jour les conséquences de la politique urbaine du Hezbollah dans les bidonvilles. Dans le quartier pauvre de Hay Sellom, la police et les forces de la Sécurité intérieure, soutenues par le Hezbollah, ont détruit des kiosques et des échoppes édifiés sans autorisation et qui fonctionnaient depuis des années. Ces destructions ont provoqué des manifestations de rue qui ont bloqué des routes. À la télévision, des habitants ont violemment insulté, le Hezbollah et son dirigeant Hassan Nasrallah, l’accusant d’avoir détruit leur gagne-pain, mettant même en cause l’implication du parti dans la guerre syrienne et sa responsabilité dans la mort de nombreux combattants du parti. Quelques mois plus tard, en février 2018, après la publication de la liste des candidats aux élections législatives de mai par le secrétaire général du Hezbollah, des banderoles signées par des partisans du parti ont été déployées sur l’autoroute Zahlé-Baalbek pour contester la candidature du député́ et ministre de l’Industrie, Hussein Hajj Hassan et critiquer sa politique dans la région. En août 2018, lors d’une réunion publique avec le député Hassan Fadlallah, une vidéo montrait un habitant originaire du Sud critiquant le bilan du Hezbollah et d’Amal, notamment le manque de services publics et l’absence de lutte contre la corruption.

Et on a vu aussi certains soldats de manière anonyme en revenant de Syrie, en disant oui, on va se battre pour 500 700 dollars et on voit les fils du Hezbollah qui sont avec leurs grosses voitures.

Les évènements en Irak ?Non, certainement. Ce qui est une des grandes. Et encore une fois, je pense qu’il a la même chose que par rapport au Liban. Déjà, dans les deux cas, c’est l’accumulation de luttes de ces dernières années, il ne faut pas l’oublier. En Irak, on n’en a pas parlé, mais depuis 2011, il y a des mouvements de protestation dans différentes régions de l’Irak de manière importante, et notamment socio-économique dans le Sud contre le manque de services, la privatisation de l’électricité, et autres, etc. Depuis 2015, il y a eu de grosse manifestation aussi à Bagdad et dans différentes villes du sud.

Aujourd’hui, le mouvement de protestation se passe en majorité jusqu’à aujourd’hui à Bagdad et dans le sud, à majorité chiite, mais avec quelques manifestations dans les régions sunnites même si petites encore.

il y a un challenge de l’héritage du système confessionnel et ethnique, de divisions confessionnelles, du système politique irakien qui est lié aux questions du libéralisme et de la corruption, chacun se servant et privatisant telle ou telle chose.

Et ce qui est très intéressant, c’est et en mettant en avant une alternative, une volonté d’un Etat civil ou laïque, avec des politiques redistributives, sociales et de justice sociale, c’est les principaux slogans. Les questions des droits des femmes sont également très présentes. Il y a une participation massive des femmes.

Et en même temps, on voit les illusions sur Moqtada Sadr tomber. Un leader politique chiite qui a eu, pendant les premières années de l’occupation américaine un rôle terrible de ces milices ont fait des nettoyages confessionnels contre les sunnites à Bagdad. Il s’opposait

145

Page 148: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

également à l’occupation américaine. Puis après, il a fait partie du système politique, parfois s’opposant de manière rhétorique à l’Iran, parfois soutenant l’Iran. Maintenant, il s’est de nouveau rapproché de l’Iran.

Et c’est pour cela qu’il faut être aussi très clair sur l’opposition aux interventions impérialistes occidentales ou bien régionales de type iranien. Mais à la suite de l’assassinat de Qassem Soleimani, une grande partie des partis islamique fondamentalistes chiites irakiens, alliés à l’Iran ont utilisé cet assassinat pour dire voilà, la préoccupation maintenant, c’est de mettre dehors les Etats-Unis d’Irak. Et moi, je suis pour mettre dehors les Etats-Unis de tout le Moyen-Orient. Il faut rappeler qu’il y a environ 60.000 soldats américains et une dizaine de bases, au Moyen Orient etc.

Mais ils veulent étouffer le mouvement de protestation, ils ne veulent pas toucher au système confessionnel et aux questions socio-économiques.

Moqtada Sadr a joué ce rôle avec le soutien de l’Iran et a soutenu le nouveau premier ministre, maintenant démissionnaire, qui était également soutenu par l’Iran. Les supporters et milices de Sar ont attaqué les manifestants. Il y a eu plusieurs morts. Sadr a demandé à ces supporters de collaborer avec les services de sécurité pour mettre fin aux mouvements de désobéissance civile, ouvrir les écoles, pour mettre fin aux blocages de routes et jouer.

Et là aussi, des gens sont en train de voir ces contradictions à Sadr. Je rappellerai que même certains à gauche avaient catégorisé Sadr comme réformiste, dans la tradition considérer des mouvements fondamentalistes religieux comme réformiste. C’est une catastrophe. Ça crée des illusions à la place de créer un pôle indépendant de classe et démocratique. Donc là aussi, c’est intéressant de voir ce qui se passe. Mais il faut rappeler que la répression est terrible en Irak. Plus de 500 morts et souvent des morts qui ont eu ou bien une balle dans la tête ou leur poitrine, donc visée pour tuer. Et la militarisation de la société est beaucoup plus importante qu’au Liban. Le rôle des milices est plus important, donc les menaces sont très grandes, il y a eu beaucoup de kidnapping, des activistes assassinés.

Et la question kurde reste un problème aussi grave et à mentionner stalinienne quand même. La STM Weisse qu’elle a un impact sur le CNR lorsqu’elle est à Yamane. Solidarité internationale, c’est un facteur de l’achat Kostov. Mais même, c’est clair, c’est lorsqu’elle a l’attentat de la à la Ramla, et ce, à côté de ces drapeaux avec les rois espagnols. Parce que ce n’est pas la même chose lorsque les attentats l’Al-Qaïda, Madrid, Cameron, mais les même questionnaire Faugères comme ça, ça aide humanitaire et l’assistanat lestel l’extrême droite. C’était un. Alors ça sonne comme ça quand même. Cette incapacité de la rage en Amérique latine, c’est la même chose, mais par-là, même pas un beau sincère parti stalinien nationaliste. Toute cette partie est à revoir, mais c’est toi qui a posé la question, je reformulerai de la manière suivante

Quelle responsabilité Internationaliste ?On a une responsabilité. C’est ce que je disais auparavant. De dire que l’internationalisme n’est pas simplement de belle pensée, c’est aussi une nécessité politique. C’est une nécessité politique parce qu’on sait que nos destins sont liés. Notre but, c’est de détruire les frontières empêchant la

146

Page 149: AGIMO · Web viewLe président des Etats-Unis, Donald Trump, a finalement ordonné une attaque aux missiles contre la Syrie. La Maison-Blanche a exécuté l'opération en coalition

solidarité internationaliste, on ne peut pas trouver une solution dans le cadre de nos frontières et on le voit au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, avec les interventions des différents États régionaux (le rôle des monarchies du Golfe ou de l’Iran, la Turquie, Israël, etc.) pour mettre fin au processus révolutionnaire

Comme tu le disais, c’est toujours dangereux ces questions d’unité nationale, etc. Ou d’unités. 30 classes est une catastrophe, est une catastrophe et on ne va pas de la même chose. Il ne fallait pas marcher. C’était le cas de Barcelone, mais également pour Nous sommes tous Charlie.

Non c’est clair le slogan d’unité nationale est souvent une question dangereuse, et même si on peut ne pas être populaire à un moment donné, il faut avoir une vision stratégique des choses basé sur notre perspective de classe et démocratique. Cette capacité de donner une perspective et une stratégie aux classes populaires dans un cadre internationaliste, de lier les questions d’exploitation et d’oppression. Et bien sûr, comme tu dis, surtout contre l’héritage de cette gauche stalinienne, malheureusement encore vivante jusqu’à aujourd’hui et pèse d’un poids très lourd jusqu’à aujourd’hui. On voit aussi cela en partie au Moyen-Orient Afrique du Nord, avec une partie de la gauche stalinienne, sur des positions nationalistes, sur des positions qui ne prennent pas en compte les questions féministes, etc. Ou qui, parfois s’est allié avec les États. Donc finalement, c’est une catastrophe. On a donc un rôle, que ce soit au niveau de la militance quotidienne ou qu’on se trouve, mais aussi au niveau théorique, de montrer qu’il y a un réel problème avec cette partie de la gauche dans sa pratique et sa théorie, et qu’elle pèse d’un poids presque parfois mortel sur les capacités de la gauche internationaliste au niveau mondial.

Alliance des socialistes du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord ?L’alliance des socialistes du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord, c’est d’abord la volonté de mettre en réseau des gens dans la diaspora ou bien au sein de ces pays, d’avoir des discussions et d’avoir une capacité de donner un avis sur un certain nombre d’événements, de faire des réseaux. En même temps nous sommes encore relativement petit. . On est un petit réseau de gens qui communiquent, qui échangent, qui ont des débats, mais qui veulent avoir une certaine influence ou gagner des gens, des idéaux politiques, de ce qu’on parlait internationaliste, qui prennent en compte les questions d’exploitation et d’oppression, d’avoir un travail de traduction important en anglais, en arabe et en farsi et en kurde.

Alors, malgré nos moyens limités, on essaie de faire ce qu’on peut. Donner des perspectives et d’être en collaboration avec le reste de la gauche internationale qui partagent nos idéaux, nos objectifs, notre volonté d’un Moyen-Orient, libre de toute intervention impérialiste, mais également de toute forme d’autoritarisme, qu’ils soient des régimes autoritaires, des fondamentalistes religieux, et de faire des connexions à travers les régions, combattre le confessionnalisme, le racisme, etc.

147