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we like music Rythmes et racines du monde - Le magazine des nouveaux talents Trimestriel - 4,50 € ISSN 1276 - 8421 juil 2010 002 INFLUENCES Cuba, rytrhmes et danses (2/3) CULtUrE dU SoN La richesse culturelle des manouches tECHNIQUES Le timbre, acoustique et son rENCoNtrE Un groupe Pop-Rock plein de ressources !

We like music #002

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Rythmes et racines du monde - Le magazine des nouveaux talents

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INFLUENCES Cuba, rytrhmes et danses (2/3)

CULtUrE dU SoN La richesse culturelle

des manouches

tECHNIQUESLe timbre, acoustique et son

rENCoNtrE

Un groupe Pop-Rock plein de ressources !

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ÉDITO3

vous aussi, accéder au distributeur de jus de fruit. Il avale, debout, une première rasade, sans rien apprécier ou goûter de ce qu’il engloutit d’un trait. Cette première expédition ne change rien à la situation. Il est encore et toujours à la recherche de cette léthargie enveloppante dont il s’est tirée, à grand regret. La tête penchée en avant, le cheveu hirsute, il a l’œil absent. Tel un zombie, il rejoint sa place et s’assoit lourdement. La femelle, qui n’est pas de meilleure humeur que son compagnon, est assurément plus énergique. Elle prend position. A ce sujet, reconnaissons cette suprématie de l’esthétique et de la tenue féminine. Sans être maquillée ou coiffée comme elle le voudrait, elle est capable de faire montre de cette prestance qui vous fait tout oublier. Elle exhibe ses bracelets de couleur, met son chemisier en avant et vous adresse, telle une étincelle, un regard profond qui en dit long sur votre personne en quête d’une place dans la file. Car, bien qu’elle soit arrivée après tout le monde et donc censée se trouver derrière vous, elle tient à sa première place. Pour arriver à ses fins, elle ne vous bouscule pas mais vous passe devant, simplement, avec désinvolture, sans honte, comme si de rien n’était. C’est une de ses spécialités. C’est cette même personne d’ailleurs qui vous fera le coup, le matin comme le soir, au marché, comme dans la queue d’un cinéma. Evoquer plus en détails ces grincheux patentés qui, trop souvent, «se lèvent du pied gauche» serait leur donner une importance indue. Les personnels de services hôteliers qui les subissent quotidiennement, tout comme leur entourage direct, rêvent que ces nostalgiques de la position allongée appliquent la bonne vieille méthode Coué qui consisterait à leur faire dire : «tous les jours, je me lève de bonne humeur». Ce serait une formule qui aurait le mérite d’établir l’unité entre les amateurs de l’horizontalité et les vertueux champions de la verticalité.

didier-Patrick Beudaert

Rien ne favorise autant le passage de l’ombre à la lumière que les merveilleux instants du petit déjeuner. Les attitudes de la nuit sont remplacées, peu à peu, par les gestes du jour. Il y a d’abord tous ceux qui tournent leur âme vers la joie de vivre et dégustent avec gourmandise ces minutes magiques. Pour eux tout est merveilleux. La moindre attention comble leurs attentes. Ils frétillent, s’agitent et plaisantent, devant le buffet. Ils aiment la vie et la saisissent à bras le corps. Ils ont sûrement leurs craintes, leurs soucis, leurs ennuis. Ils communiquent seulement leur enchantement. Ils prennent plaisir à donner une image positive. Se trouvent aussi, quelques tables plus loin ces «tête à tête» qu’il conviendrait de qualifier plutôt de «nez à nez». Pour ceux là, grogne, discourtoisie et incorrection habillent un silence pesant. Ici se situent les gueules de travers. Il est vrai que sans sourire l’existence est un fardeau. De sources sûres, il semblerait que le manque de sommeil soit à l’origine de ce mécontent de bonne heure. Peu importe l’âge ou le sexe de ce «gros dormeur insatisfait». Il se rencontre dés potron-minet et quelle que soit son heure d’arrivée sur le théâtre des opérations. Il justifie son attitude par cet ensommeillement interrompu inopinément. Ce besoin de dormir l’oblige à faire un pied de nez à cette journée qui lui est servie sur un plateau. Il est contrarié le bougre. Le mâle est détectable par sa posture. Il déambule et vous bouscule, au moment même où vous aimeriez,

Mon édito est toujours libre et n’a jamais

rien à voir avec le contenu du magazine ;

vous aviez déjà remarqué !

Pourquoi gâcher du papier et de l’encre

pour commenter ce que vous lirez !

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3 ÉdItoL’édito de Didier-Patrick Beudaert

6 EN CE momENt Actualités musicales et sorties à prévoir

8 rENCoNtrEUne interview avec le groupeANGALYS

INFLUENCES

14 CUBa2ème partie de notre dossierUn peu de politique et de géographie, puis place aux rythmes et danses !

26 CULtUrE dU SoNLes Saintes-Maries de la Mer...

tECHNIQUE

38 dUrÉE dU SoN Le timbre : 1ère partie

45 SoNPagEJimi et ArnaudJean-Marie Loubry

we like music®© - www.welikemusic.netISSN 1276-8421. Revue trimestrielle d’informations musicales et de promotion. Groupe loi 1901 - P. Paris n°95.9071 - J.O. n°15 du 12 avril 1995 (art. 524)Directeur de publication : Didier-Patrick BeudaertRédactrice en chef : Sabine ColetteRédaction : Sabine, Pierre, Didier-PatrickDirection artistique : Dario®

Imprimeur : EasilyprintDépôt légal à parution : janvier - avril - juillet - octobre.Tirage : 4000 exemplairesAbonnement : 16€ par an (ou 4,5€ par numéro) Adhésion : [email protected] - Renseignements : [email protected] / [email protected]

Sampler music®© - www.samplermusic.frAgréé par le Ministère de la Jeunesse. SIRET 402-245-773-923APrésident national : Didier-Patrick BeudaertSiège national : 155, rue du Faubourg Saint-Denis 75010 Paris Tél. 06 85 20 48 95 / Fax. 01 46 07 11 88

Promotion et culture des musiques actuelles, traditionnelles et folkloriques. Infos, services et prestataires, gestion de contrats et cachets, deejays et animateurs, membre de l’IRMA et sélectionneur pour L19-Production...

AU SOMMAIRE

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enlargeyourpublic *Ceci n’est pas un spam.

DarioIdentités, pubs, buzz, campagnes globales

[email protected]

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CoNCErt /alice russell en acoustique

La chanteuse anglaise au timbre suave et tellement…soul, ex-voix du Quantic Soul Orchestra se produit au Cabaret Sauvage à l’occasion du festival de Jazz à La Villette. Après une étroite collaboration avec TM Juke sur ses trois derniers albums, la voix britannique se produit mais cette fois-ci, en acoustique !

Places sur www.digitick.com Cabaret Sauvage - 05/09 à 20h

dÉCoUVErtE / tournée générale !

Une guitare, une basse, un accordéon : des textes allant de la brève de comptoir aux sentiments les plus profonds, voilà les ingrédients constituant la TG!

A découvrir sans plus attendre sur www.myspace.com/tourneegenerale

aLBUm /Le roumi de Jean-marie !

Après l’album « Les Petites Conneries », Jean-Marie, Millyna et Hervé nous offrent un nouvel album : « Le Roumi ». Un disque de 16 titres dont 12 inédits et 2 en live.Sur des poèmes de Charles Baudelaire, Paul Verlaine et Raymond Radiguet, le groupe, enrichi par la venue de Michel Vivoux à la basse, nous livre un album accompli aux mélodies entêtantes.Dans les pays du Maghreb, le Roumi est l’étranger, l’impur, le romain ; on pense, bien sûr, au poète persan Omar Khayyâm, à ses rubayat qui, dix siècles plus tard n’ont pas pris la moindre ride, ivres de respect et de tolérance.Les ambiances musicales vont du blues au country en passant par le tango, les textes, savamment ciselés, ont une fine senteur de poésie, de tendresse et d’humour. (Extrait de la lettre de Cathy Borg)

Plus d’infos sur jmloubry.free.fr

aLBUm /triste Sire : « Le Prince Illusion »Si à ses débuts, Triste Sire, s’est nourri de rock et de trip hop, il y a eu aussi Satie et l’amour des mots choisis qui ont su donner au groupe un ton très personnel. La voix étonnamment androgyne fait vivre, dans une ambiguïté malicieuse, les étranges personnages qui hantent les textes. Sur scène, Triste Sire se drape dans une ambiance fantomatique, jeu d’ombres et de lumières, qui entraine le public vers un univers d’une féroce douceur, entre violence et volupté.

Plus d’infos sur leur site www.tristesire.com ou leur mySpace www.myspace.com/tristesire

En ce moment

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CHaNSoN /Steve Waring

Banjoïste et guitariste depuis ses 14 ans, Steve Waring, fortement influencé par le folksong de son pays natal les Etats-Unis, émigre en 1965 à Paris où il étudiera le mime et l’acrobatie avant de se consacrer à la chanson prétendument réservée aux enfants.Aux confins du jazz, du blues, du folksong et de paysages sonores plus insolites ou exotiques, Steve Waring investit aussi bien la scène de l’Olympia ou celle de la Cité de la music que les théâtres européens, orientaux, africains, canadiens ou japonais, les écoles,...

A découvrir sur son site...

www.stevewaring.com

ExPoSItIoN /QUaNd La Bd CroQUE La VILLE

Gil Jourdan, 1959La cité fascine les auteurs de bande dessinée. Simple décor ou personnage à part entière, elle a nourri l’imaginaire de plusieurs générations de créateurs. Une exposition à Paris retrace la relation fructueuse entre l’architecture et le 9e art.L’auteur de bandes dessinées a la réputation d’être un ermite, reclus dans son atelier. Et ce n’est pas Nicolas de Crécy qui contredira le cliché. Pendant vingt ans, le Français a imaginé New York sans y avoir jamais mis les pieds. Son «New York sur Loire» est une cité néogothique inventée, influencée par les photos de Berenice Abbott et les toiles d’Edward Hopper. (Par Etienne Sorin, publié le 09/06/2010 à 10:00)

« La Ville dessinée » à la Cité de l’architecture et du patrimoine, Du 9 juin au 28 novembre.

SHoW /C’est Bono au Stade de France !Et c’est « No Line On The Horizon » qu’interprétera le groupe irlandais sur scène le 18 septembre prochain au Stade de France. Un concert dont le prix des places oscille entre 34 et 270 euros et qui s’inscrit dans le 360° Tour du groupe qui avait plutôt mal commencé… En effet, Bono, le chanteur du groupe, souffrait d’une sciatique paralysante qui, après chirurgie, nécessitait un repos d’au moins 8 semaines. Mais c’est reparti !!!

Vos billets disponibles sur tous les bons points de vente onlineCoup d’envoi au Stade de France, le 18 septembre à 19h30.

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Rencontre

Formé en 2001 par Tizzy (basse) et

Tiju (guitares), Angalys connait les

traditionnels problèmes de line-up des

débuts mais se stabilise en 2005 avec

l’arrivée de Berga (batterie) et Lulu

(Chant). Le premier album d’Angalys,

résolument séquencé mais dont le son

conserve toute l’énergie live d’un concert

rock, s’intitule U.T.O.P.Y.S. et est le fruit

d’un travail d’équipe.

Les musiciens sont issus d’horizons

différents : un guitariste fan de Garbage,

un bassiste modelé par Pantera. A cela

sont venus s’ajouter un batteur fortement

inspiré de Toto et une chanteuse adepte

de Marc Knöpfler.

Leur album UTOPYS (2008) nous livre

plusieurs inspirations musicales : pop

musclée, punk, rock, électro, reggae

et métal ; de quoi se régaler dans la

diversité. Nous nous sommes amusés à

interviewer le groupe pour les connaître

un peu mieux…

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We Like Music: Bonjour Angalys, Bonjour Stéphane.Angalys: Bonjour !Stéphane : Bonjour !

WLM : Lorsque l’on évoque Angalys, on voit apparaître Stéphane Martinez, son manager et réciproquement. Pouvez-vous nous donner un aperçu de son rôle dans tout cela ?Angalys: Si on l’associe autant au groupe c’est qu’il est toujours très présent et qu’il est bien plus qu’un simple « managUeur », (oui chez nous on dit «managueur») !Stéphane : En réalité, seuls les « professionnels » me connaissent et ont affaire à moi, que ce soit pour la promotion ou la logistique d’un concert, avoir un seul interlocuteur est plus facile et plus efficace pour tout le monde.

WLM : Nous avons l’impression que Stéphane vit une passion avec le groupe. Est-ce le cas et de quelle façon ?Stéphane : Même s’il me fait plaisir de participer à l’aventure Angalys, mes passions passent essentiellement par la création artistique ou musicale. Aider le groupe est un moyen de conjuguer mes capacités professionnelles et différents projets d’activistes dits « underground « comme l’animation d’une émission de radio (Ultrarock) et son site ou le graphisme (Essgraphics).

WLM : Mais d’où vient ce nom d’Angalys, que veut-il dire ? Quelles sont ses origines ?Angalys : A la base, il n’y a pas de signification particulière, c’est un mot qui sonne bien et qui a un certain impact visuel. Toutefois, nous avons élaboré un concept «Angalys» qui serait notre vaisseau (parallèle évident avec la musique comme invitation au voyage) pour emmener l’auditoire sur la planète Utopys (un lieu où notre musique propose l’évasion).

WLM : Pouvez-vous nous parler, en gros, de votre groupe ? Quels sont les musiciens qui le composent et qui joue quoi ? Décrivez-vous !…Angalys : Le line up est le suivant : Tiju et Tizzy aux guitares qui sont les créateurs du groupe en 2002, Berga à la batterie et Lulu au chant les ont rejoints en 2005 et Rig’z à la basse fin 2009.

WLM : Depuis de nombreuses années, nous avons tendance à classer les groupes et la musique à l’instar de ce qui se passait pour la musique classique. En fait, quelle est votre identité ? Vous vous classeriez dans quel secteur musical ?Angalys : Dans un registre plutôt pop rock, bien que dans notre répertoire certaines chansons surfent sur le registre punk, reggae ...

WLM : Quand avez-vous démarré et quelles ont été vos premières scènes ?Angalys : Les premières scènes datent des tout débuts du groupe (2002), dans des bars, pubs, petites scènes locales, fête de la musique... un peu comme tous les groupes... on était loin d’imaginer qu’on ferait quelques années plus tard la première partie de la chanteuse Anggun (2006) !

WLM : Avez-vous eu la chance de travailler à l’étranger ? Comment cela s’est-il passé ?Berga : Orléans, c’est l’étranger ?

WLM : Avez-vous beaucoup de créations personnelles ?Angalys : la quasi totalité des morceaux, et même les quelques reprises qui ponctuent le set sont remaniées à notre sauce.

WLM : Quelle a été la formation musicale de chacun d’entre vous, car l’harmonisation de vos titres semble bien construite ? La composition a ses règles qui ne sont pas toujours évidentes ? Qu’en pensez-vous ?Angalys : Nous sommes tous autodidactes, c’est avant tout la passion qui nous anime et nous motive, certains d’entre nous ont pris des cours permettant d’acquérir ou d’améliorer la technique mais ceci toujours au service de l’émotion que nous privilégions. Les règles de la composition...? Euh... nous on ne les a jamais apprises en tout cas, donc on espère qu’on n’aura pas une trop mauvaise note...!

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WLM : Les compositions sont-elles propres à un seul d’entre vous ? Qui fait la musique, qui fait les paroles ? Et les arrangements ?Angalys : Mis à part quelques compositions individuelles (paroles et/ou musique d’un seul d’entre nous) qui restent rares, quand nous composons un morceau, l’un d’entre nous propose une idée, l’ensemble du groupe donne son avis, apporte ses propres enrichissements. Finalement le résultat est toujours un mélange de nos sensibilités respectives.

WLM : Pensez-vous que la promotion en ligne est plus importante pour un groupe comme le vôtre ?Angalys : Plus importante par rapport à quoi ? Il est clair que le média internet est aujourd’hui un vecteur de communication incontournable et efficace. Le site internet officiel est la vitrine du groupe, source d’une information accessible et maitrisable par nos soins. Nous utilisons également beaucoup les réseaux sociaux (facebook, myspace...)

WLM : La plupart des caf’conc’ sont aujourd’hui frileux de produire des groupes pour des raisons de clientèle et à ce titre, ne souhaitent que des reprises. Que vous demandent principalement les organisateurs : reprises ou compositions ?Angalys : nous ne sommes clairement pas un groupe de reprises. Angalys propose un set, qu’il soit électrique ou acoustique, à un public faisant la démarche d’aller voir un concert. Nous ne sommes pas le groupe idéal pour faire de la musique d’ambiance pendant que les gens mangent en regardant un match de rugby... Nous avons une vraie démarche scénique, l’échange avec le public est important à nos yeux.

WLM : L’ensemble de vos titres est représenté par des compositions personnelles. Malgré tout, en concert, faites-vous beaucoup de reprises ? Quelles sont les meilleures ?Angalys : nous plaçons quelques reprises dans notre set, principalement parce que nous trouvons que c’est un bon moyen de ne pas «perdre» une partie de l’auditoire en route. Explication : quand vous venez voir un groupe dont vous ne connaissez encore aucun titre, il peut être plaisant et accrocheur d’entendre une mélodie que vous identifiez, d’autant plus quand le groupe fait l’effort de la proposer à sa manière. Nous sommes d’ailleurs actuellement dans l’attente des autorisations officielles pour vous présenter une reprise ultra pêchue de «Poupée de Cire, Poupée de Son».

WLM : Est-ce alors une difficulté d’assumer ces reprises ou au contraire une facilité pour mettre le public « dans sa poche » ?Angalys : en tout état de cause on ne reprend que des titres qui nous plaisent vraiment. Donc bien sûr, nous les assumons totalement, et les revendiquons même ! Nous serions bien incapables de jouer une reprise uniquement parce qu’elle nous assure les bonnes grace du public, et dans ce cas, il faudrait déjà trouver quelles sont ces reprises «universelles» fédérant systématiquement tout public. C’est impossible !

WLM : Vous venez d’univers musicaux bien différents et malgré tout, convergez vers une musique qui vous est propre. Etes-vous tous unanimes, dans le groupe, au même style final, à la même écoute, ou avez-vous chacun vos préférences musicales ?Angalys : on écoute tous des choses différentes les uns des autres et chacun, individuellement est même éclectique dans ses propres goûts. Cela assure donc évidemment une bonne variété d’influences, au service de la création en groupe. C’est peut être ce qui fait que le résultat de nos compos plait aussi souvent à des gens écoutant à la base un tout autre style de musique.

WLM : Nous venons de rentrer dans une nouvelle décennie. Que représente le rock pour vous en 2010 ?Angalys : la même chose que depuis toujours... Ça reste un style incontournable, vecteur d’énergie et, dans notre cas, de positivité, c’est le côté «entertainement» du rock : fun, simple, joyeux et efficace.

WLM : votre public actuel, aux dires de nos confrères, se situe dans une tranche d’âges allant de 13 à 19 ans. Etes-vous d’accord avec cela ?Angalys : ce sont effectivement les teenagers qui sont les plus réceptifs à la «vitrine» du groupe (looks, couleurs, sujets abordés dans les chansons... bref, tout ce qui fait notre identité visuelle et thématique). Cette tranche d’âge est aussi très fervente (les ados sont réceptifs et réactifs en concert, enthousiastes dans leur démarche envers nous, passionnés et investis). Toutefois, il n’est pas rare que nous recevions, du coup, également un vif intérêt de la part de leurs parents ou de leurs petites sœurs ! Enormément de gens apprécient que nous proposions des titres chantés en français, et cet aspect est intergénérationnel et interculturel. Nous avons souvent eu des commentaires que nous considérons w

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comme flatteurs, tels que : «Ce n’est pas forcément ce que j’écoute d’habitude mais j’ai vraiment apprécié. Ce que vous faites est entrainant et sincère»

WLM : Parlez-nous de votre album U.T.O.P.Y.S. D’où vient le titre de votre nouvel album ? En apparence, un point sépare chacune des lettres ; il s’agit donc d’un sigle. Que veut-il dire ?Angalys : et bien raté, les points c’était juste visuel...! Et Utopys est la planète où le vaisseau Angalys vous propose de vous transporter le temps d’une écoute... On le comprend bien en écoutant les paroles du titre éponyme. Rien n’est compliqué chez Angalys, ne cherchez pas trop loin !

WLM : Croyez-vous que le support ait une importance dans une recherche sonore et musicale ? Auriez-vous aimé entendre cet album gravé sur un vinyle par exemple ?Angalys : pour certaines générations effectivement le vinyle est une référence. Actuellement le CD perd également du terrain au profit des supports dématérialisés (mp3...). Même si cela doit être au détriment d’une certaine qualité sonore, nous proposons notre musique sur toutes les plateformes de téléchargement légal, c’est incontournable. Mais nous tenons au support CD qui offre au moins l’avantage

du véritable objet, avec les paroles, des photos, etc. Dans cette idée, un 33 tours offre une version encore plus qualitative de l’objet et nous savons que notre ManagUeur apprécierait effectivement d’avoir notre disque en vinyle, mais pour notre public, ce n’est certainement pas une priorité : comment mettre un vinyle dans ton Ipod ?!

WLM : Mais indépendamment du concept évoqué ci-dessus, avez-vous réussi à obtenir des bacs pour votre distribution ?Angalys : on n’a pas encore vraiment cherché... Il faut qu’on s’y mette. Obtenir une distribution n’est pas nécessairement le plus difficile mais il faut penser au pressage des CD dans un nombre suffisant et surtout à la promo. A quoi sert d’être dans les bacs si personne n’est au courant ? Articles de presse, publicité, PLV dans les magasins... Tout cela doit être réfléchi avant d’être mis en place, et représente un coût que le groupe ne peut pas assumer seul... cela veut donc dire chercher en priorité un label, avec une approche intelligente, pas juste mercantile.

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WLM : Pour vous avoir entendu en électrique lors d’une invitation à l’un de nos show-cases Sampler music chez Total-music à Paris et lors d’une autre soirée en acoustique, nous pencherions bien évidemment pour la première formule qui reflète un professionnalisme affirmé, beaucoup plus qu’en unplugged. Qu’en pensez-vous ?Angalys : ce sont deux approches totalement différentes, sur lesquelles nous travaillons tout aussi sérieusement. L’idée est de s’adapter au mieux au lieu, afin de proposer la meilleure prestation, la plus appropriée. La version électrique se rapproche plus de « bouger, s’amuser et divertir », la version acoustique intéresse souvent les gens qui nous connaissent déjà en électrique et apprécient de découvrir autre chose, il y a un côté intimiste assez agréable aussi en acoustique. En fait, c’est une affaire de goût... Angalys est à la base un groupe électrique, l’acoustique est aussi pour nous un moyen de travailler et proposer d’autres facettes de nos personnalités artistiques.

WLM : Avez-vous d’autres passions ?Lulu : l’Equitation (je fais un gros bisou sur le nez de Lou) !! Et la montagne, été comme hiver.Tiju : le graphisme et tout ce qui touche à l’image. Et... dormir !Tizzy : la littérature SF (Franck Herbert, Pierre Bordage, Isaac Asimov...)Rig’z : les belles femmesBerga : le jardinage et le bricolage

WLM : Je crois qu’un autre album devrait également voir le jour d’ici peu, mais cette fois dans un registre acoustique. Cela ne vous fait-il pas peur devant le remplissage harmonique à fournir, donc le travail à réaliser pour combler les vides ? Le travail de percussions nécessaire au soutien musical ?Angalys : non, pas d’album acoustique en prévision, mais nous sommes effectivement en train de maquetter quelques titres accoustique pour avoir un peu de matière à faire écouter lorsqu’on démarche des lieux pour jouer dans cette configuration. Toutefois, ce n’est source d’aucune crainte, on sait ce qu’on fait, on a bien bossé ces versions, beaucoup travaillé les chœurs mais le but n’est pas de surcharger les enregistrements acoustique justement, pour avoir quelque chose de fidèle aux sessions acoustiques live du groupe. Si on a peur, on ne fait pas de musique...!

WLM : Quoi de prévu en 2010 pour Angalys?Quels sont vos projets ?Angalys : démarcher les salles, et les labels. Continuer les concerts, composer de nouveaux morceaux. On réfléchit aussi sur la réalisation d’un clip, mais c’est encore trop tôt pour vraiment en parler... en tout cas, ça va le faire !

WLM : Merci.Berga : de rien !

Retrouvez Angalys sur www.angalys.com, le site officiel !

Quelques titres, dates et expériences à vivre sur leur myspace (www.myspace.com/angalysgroupe).

Une groupe Facebook dédié au groupe relaie dates, boutique et actus !

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Situation géographique, croyances, histoire, les mouvements

ethniques et l’apport d’instruments de musique, les cigares et

le rhum, ont contribué à la richesse et au développement des

rythmes et danses de l’île, aujourd’hui mondialement connus

et exploités depuis les années 40.

Voici le second volet de notre dossier sur Cuba, si riche

musicalement !

La vida Cub 2/3

InfluencesInfluences

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uePenseur sur le MaleconCrédits photo : Didilou

Evoquant des instruments de musique typiques inévitablement sensibles aux variations climatiques et de leurs bois et peaux qui les composent, parlons du climat…De type subtropical, il comporte une saison humide de mai à octobre et une saison sèche de novembre à avril. La température moyenne oscille autour de 30°C en juillet et en août - mois les plus chauds -, et 21°C en février, période la plus fraîche.Tempêtes, ouragans et cyclones peuvent sévir de juin à début novembre et frappent régulièrement Cuba. En 2008 le cyclone a beaucoup pesé

sur l’économie cubaine, surtout l’agriculture et l’élevage: les destructions causées furent évaluées par Raul Castro à 10 milliards de dollars; 500 000 foyers affectés, 156 000 hectares de canne à sucre détruits et 500 000 inondés.Le peuple cubain et l’État ayant acquis une certaine expérience ont mis en place une logistique permettant de protéger les maisons des vents sauvages et des fréquents tsunamis.

Pays socialiste qui se veut être une république unitaire des ouvriers et paysans et une république parlementaire où le Parti communiste est le seul parti politique reconnu par la Constitution.Toutefois, ce dernier n’a pas le pouvoir de désigner des candidats aux élections différant par cela des systèmes politiques européens où les partis investissent des candidats.Fidel Castro fut premier ministre de 1959 à 1976 puis, à l’abolition de cette charge, président du conseil d’État de 1976 à 2008. Il est depuis 1965 premier secrétaire du Parti Communiste Cubain et depuis 1976 représentant à l’Assemblée nationale de la municipalité de Santiago de Cuba. Raúl Castro a été investi par l’Assemblée nationale à la tête de l’Etat en juillet 2008, succédant à son frère Fidel Castro.

Le parlement cubain est l’Assemblée nationale (Asamblea Nacional del Poder Popular). C’est l’organe suprême du pouvoir de l’État, doté des droits de voter les Lois et de modifier la Constitution. Ses 614 membres sont élus pour cinq ans au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. L’Assemblée nationale élit en son sein le Conseil d’État et son président (le chef d’État et de gouvernement, actuellement Raúl Castro) par un vote à bulletin secret. Selon la Constitution, les députés doivent rendre des comptes régulièrement à leurs électeurs et sont révocables par ceux-ci.

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Les libertés fondamentales d’expres-sion, d’association et de circulation sont réduites. Selon Christian Nadeau, dans les années 1990, le pouvoir a maintenu un contrôle strict de la société civile et augmenté la présence policière. À la Commission des droits de l’homme de l’ONU, Cuba était toujours l’objet de critiques pour violations des droits de l’Homme. Sur ce point, Cuba a dénoncé une « manipulation » de la part du gouvernement américain : les résolutions condamnant Cuba étaient présentées par les États-Unis et leurs alliés, et votées à une courte majorité, sous pression du gouvernement américain selon Cuba.En 2007, le pays est classé 165e sur 169 par Reporters sans frontières pour le peu de liberté qu’il y est laissé à la presse, mais l’objectivité de cette

organisation est contestée par certains comme Rony Brauman. Des opposants au régime sont en prison: actuellement 62 personnes sont incarcérées pour des raisons politiques condamnées par un tribunal cubain pour avoir reçu de l’argent de l’ambassade américaine afin de nuire à leur pays, ce qui relève de la trahison. Capter les chaînes étrangères de télévision resterait interdit par le gouvernement. La vente des ordinateurs aux particuliers était très limitée jusqu’en mai 2008 et les cybercafés affichent des tarifs prohibitifs et, selon RSF, ne permettent pas d’accéder aux sites étrangers tandis que l’accès à internet serait soumis à autorisation. Cuba n’a pas officiellement aboli la peine de mort: la dernière exécution remonte à 2003 et quarante prisonniers attendent toujours leur exécution dans le couloir de la mort.

HomosexualitéEn 1992, Vilma Espin, femme de Raul Castro, a dénoncé publiquement la répression et les discriminations qui ont longtemps visé les homosexuels. Ce combat a été repris par sa fille Mariela Castro. On ne peut pas dire que la discrimination sexuelle ait totalement disparue et nous ne devons pas faire semblant qu’elle n’existe plus.

Beaucoup d’étrangers viennent se faire soigner à Cuba, les hôpitaux ainsi que les traitements y étant gratuits. Les Cubains sont aussi très avancés dans le domaine de la biotechnologie. Dès 1963, des médecins cubains ont été envoyés en Algérie, indépendante depuis peu et 35 pays du Tiers-monde ont bénéficié de l’aide médicale (ainsi qu’éducative) de Cuba en 1979. En1990, Cuba offrit aux enfants victimes de la catastrophe de Tchernobyl des soins gratuits, au total, 20 000 Ukrainiens. Après le Tremblement de terre du 8 octobre 2005 qui a ébranlé le Pakistan, de nombreux blessés furent soignés par les médecins cubains participant au secours internationaux.

L’industrie pharmaceutique cubaine est l’une des six au monde produisant une protéine nommée interferon (INF). Il produit aussi le facteur de croissance épidermique, utilisé dans des crèmes

très efficace contre les brûlures; le vaccin contre l’hépatite B; le vaccin antiméningocique tape B et l’estreptoquinasa recombinante, une médecine d’action contre la crise cardiaque du myocarde. Aussi les médicaments sont élaborés contre le tromboembolismos, les chutes dans le système immunologique, l’hypertension, le cholestérol et quelques formes de cancer.Les cubains peuvent depuis 2008 faire une opération afin de changer de sexe. Cette opération est gratuite comme tout le reste de la médecine cubaine.

Cependant, le journal britannique The Economist note en décembre 2008 que le pays est « encore une fois au bord de la faillite » et en particulier le secteur médical.

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ÉducationDès 1961, Fidel Castro a nationalisé les universités et autres écoles en les rendant gratuites et sans aucun frais.La plus ancienne université du pays est celle de La Havane fondée en 1728.

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1,7 million de Cubains soit 15 % de la population totale vivent à l’étranger. Le comté de Miami-Dade est le principal foyer d’exilés cubains dans le monde. En valeur absolue, l’émigration cubaine vers les États-Unis est la deuxième ou la troisième du continent américain derrière le Mexique.Cuba est également connu pour sa médecine et son éducation gratuites. Le peuple cubain jouit également d’une absence quasi-totale de chômage : tout Cubain peut ainsi accéder à un foyer et une quantité de nourriture suffisante, bien que la population soit encore fort pénalisée dans le domaine des autres produits que ceux de première nécessité.

Avant la Révolution cubaine, la capitale possédait 135 salles de cinéma dont la plupart ont été fermées: il n’en reste plus qu’une vingtaine dans cette ville de 2,2 millions d’habitants. Après la prise de pouvoir de Fidel Castro, le nombre de titres de presse se réduit considérablement; en 1965: il ne reste plus que deux journaux tous deux dépendants du Parti communiste : Granma et Juventud Rebelde.Cuba est réputé notamment pour ses cigares, Habanos et Cohiba, des cigares cubains de renommée mondiale. Son rhum n’en est plus à son coup d’essai non plus. Le plus connu d’entre eux reste le Havana Club (dont le añejo, i.e. vieilli de 7 ans). Le rhum est une eau-de-vie brûlante obtenue par fermentation et

distillation du jus de canne. Sa musique a produit un grand nombre de genres musicaux dont le mambo et le cha-cha-cha, le son dont Buena Vista Social Club a permis la redécouverte, le boléro. Aujourd’hui elle s’exprime avant tout par la timba (proche de la salsa) et le reggaeton. Elle s’inspire aussi de la rumba congolaise, pour cause, la forte communauté originaire d’Afrique centrale (ex-Zaïre) depuis l’esclavage.Des chansons comme Guajira Guantanamera, Hasta siempre, Quizás quizás quizás sont mondialement célèbres...

Carnaval de Santiago - tous les ans depuis le XVIIè, du 24 juin au 26 juillet en l’honneur du saint patron de la ville, Santiago Apostolo.

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Sucu sucu

En 1961, un chef d’orchestre nommé Ping Ping, roi des maracas, sera à l’origine de cette danse. En moins d’un mois, le sucu sucu se lance à la conquête des hit-parades de 14 pays. Il semblerait que Ping Ping n’avait pas l’intention d’en rester là, d’autant que la concurrence s’en mêla avec l’orchestre Los Matecoco, dont la réputation dans la musique typique n’est plus à faire, et de Bob Azzam, qui en délaisse même ses rythmes orientaux.

Pilòn

Un rythme aux origines méconnues, le rythme pilón n’est pas le plus connu des rythmes de la musique cubaine, bien que toujours joué aujourd’hui, en particulier par Pachito Alonso, fils de Pacho. Sa genèse est encore moins connue. Il court des légendes fantaisistes à ce sujet (« une danse née dans les plantations de café, en imitant le geste du mortier – « pilón » - pour piler le café ») répandues par des popularisateurs du rythme. Les historiens de la musique cubaine, en général, ne rendent pas justice à l’inventeur de ce rythme.

Apparu en 1960, créé bien des années auparavant par Esmerido «Lolo» Ferrera, lequel était batteur de l’orchestre Chepín-Chóven de Santiago de Cuba depuis l’enfance. On trouve les caractéristiques du rythme dans les enregistrements de cet orchestre avant que le nom pilón n’apparaisse comme nouveau style, promotionné en tant que tel, dans la musique cubaine. (On en trouve un exemple dans la version originale du célèbre «El platanal de Bartolo», de 1956, chantée par Ibrahim Ferrer au sein de «Chepín y so Orquesta Oriental», avant que le futur participant du Buena Vista Social Club ne rejoigne la formation de Pacho Alonso «Los Bocucos». CD Mi Oriente, Tumbao).

Rythmeset

danses

Danseurs de Mambo...

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Ce style est en effet lancé commercialement par les compositions d’Enrique Bonne, percussionniste de Santiago, enregistrées par son ami Pacho Alonso. A son tour, Pacho Alonso signa une des compositions les plus connues du style: «Rico Pilón». L’une ou l’autre de ces deux personnes ne peuvent être donc créditées de l’invention du rythme pilón, comme on a pu le lire, malgré leur rôle décisif dans sa diffusion. Pacho Alonso, résidant à La Havane depuis 1954, enregistre un premier ritmo pilón (Se tambalea) avec Bebo Valdés à La Havane en 1960 (avec le jeune Chucho Valdés au piano) et postérieurement d’autres avec sa formation formée de santiagueros ‘Los Bocucos’. La première composition de Bonne enregistrée au sein de cette formation fut «Baila José Ramón» (1964); on ne peut dire comme le fait Radamés Giro que ce fut le premier pilón enregistré (Música Popular cubana, p. 76). Au sein des Bocucos le ritmo pilón était réparti entre les timbalés jouées par «Chino Pichón» et les tumbadoras de «El Kengui». Il semble bien que c’est à ce dernier qu’on doive la figure rythmique de la tumbadora dans le pilón, cet instrument ayant été introduit dans un second temps par rapport au rythme créé par «Lolo» Ferrera à la batterie seule. Fut ainsi obtenu un partage du rythme entre la batterie ou les timbalès d’une part et les tumbadoras d’autre part. Dans les Bocucos, on verra même deux congueros jouant simultanément comme le montre un enregistrement télévisé de 1965. La vogue étant créée, d’autres orchestres de l’île, en particulier ‘La Sonora Matancera’, s’emparèrent également du rythme. Le ritmo pilón a été repris dans les années ‘90 par Pachito Alonso, fils de Pacho, et Orlando «Maracas» Valle lui a rendu hommage dans un récent CD. Le style de danse pilón, avec son déhanchement et un saut syncopé avec ouverture des bras simultanée sur le quatrième temps (« un, dos, tres, pi-lón »), est postérieur à la création du rythme musical. Un pas de pilón, où on rejette un bras – et le pied correspondant - en arrière, s’intègre aujourd’hui à la danse casino (« salsa cubaine »), en alternative au pas de base de la salsa.

Le rythme pilón est apparenté à la conga, rythme du carnaval cubain. On y retrouve à la fois une syncope analogue à celle d’un tambour bimembranophone de la « conga orientale » de Santiago - appelé précisément «pilón» - et l’accentuation anticipant le quatrième temps de la « conga occidentale ». Il partage cet apparentement à la conga cubaine avec le rythme Mozambique de Pello El Afrokan apparu peu après lui. Cette parenté s’explique probablement par les liens nombreux de «Lolo» Ferrera avec la Conga de défilé de son quartier (Los Hoyos). Il assistait régulièrement aux répétitions de celle-ci et a systématisé dans son jeu de batterie le placement particulier d’une syncope rythmique de la conga orientale qui constituait une marque quasi-identitaire. Cette marque de fabrique de «Lolo» était tellement inséparable de son jeu que les musiciens de La Havane, tels ceux de l’Orquesta Riverside, appelaient ce dernier «Pilón». (selon une interview personnelle de Silvio Ferreira, fils de Lolo).

Esmerido «Lolo» Ferrera (à droite)

PHILIPPE TROYANOANIMATION DE SOIRÉES TOUS STYLES, AMBIANCE LATINO [email protected]

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gaLe rythme binaire (2/2,2/4) joué par celle-ci s’appelle aussi la conga (ou tango congo), comme la danse, qui consiste en 3 pas de côté avant de lever un pied et de repartir dans l’autre sens.Ce rythme est apparu vers 1550, lorsque les esclaves cubains ont pu se réunir dans des cercles appelés « cabildos », pour préparer l’épiphanie (la fête des rois, le 6 janvier), et danser dans la rue les dimanches.Cette musique continue d’être jouée dans les carnavals de Cuba, dont le plus important est celui de Santiago.

À la fin des années 1930, Desi Arnaz va relancer la mode de la conga (conga de salon) aux États-Unis.

En 1940, Arsenio Rodriguez va ajouter le rythme du guaguancó (une des formes de la rumba) joué par des congas à son orchestre, qui va devenir alors un « conjunto ». Ceci va révolutionner le son cubain et préfigurer la salsa.

Le boléro est une danse de bal et de théâtre à trois temps, apparue en Espagne au XVIIe siècle. En 1780, le maître à danser de Charles III Sebastián Lorenzo Cerezo le codifie et lui donne ses lettres de noblesse à la scène, participant ainsi à la naissance de la danse académique espagnole, l’« escuela bolera ». La vogue du boléro devient telle qu’en 1795 Juan Jasinto Rodríguez de Calderón rédige “La Bolerologia o quadro de las escuelas del bayle bolero, tales quales eran en 1794 y 1795, en la corte de España”, dans laquelle il fustige la multiplication des écoles de boléro et leur tendance à négliger la bienséance.

L’origine étymologique du boléro reste incertaine : pour d’aucuns le mot fait référence au chapeau ou au gilet que portaient les Andalous, pour d’autres

il désigne le danseur de bolas (boules), mais l’origine la plus vraisemblable paraît être le surnom de « Volero » (le danseur volant) qu’on donnait à Sebastián Cerezo.

Le boléro cubain

Le boléro cubain apparaît à la fin du XIXe siècle, dans la province d’Oriente, comme variante binaire et syncopée du boléro espagnol, marqué par la clave. Avec Tristeza, composée en 1883 par José Sanchez, il est adopté ensuite par les Mexicains, puis par toute l’Amérique latine. Influencé par la musique de variété américaine, le boléro cubain se transforme progressivement des pas proches du son ou du danzón.La danse de salon appelée rumba née aux États-Unis se danse en fait (malgré son nom) sur des boléros.

Le bolero et la musique

Le boléro a été utilisé en 1937 par Django Reinhardt dans sa fameuse pièce intitulée Boléro. Cette composition a été inspirée par celui de Ravel, à partir duquel Django Reinhardt a mis au point une technique rythmique de guitare particulière.Le boléro mexicain le plus célèbre est sans doute Bésame Mucho, composé par Consuelo Velásquez en 1941, et interprété entre autres par Joséphine Baker, les Beatles, Plácido Domingo, Diana Krall, João Gilberto, Cesaria Evora, Rosa Passos... et aussi, dans les coulisses du Festival de Bayreuth, par la basse wagnérienne finlandaise Matti Salminen. Une fois adapté en français par Francis Blanche en 1945, Tino Rossi, Dalida, Céline Dion, Arielle Dombasle, Michel Petrucciani, Marc Lavoine, Nicole Louvier, Guy Marchand, Lili Boniche... l’ont repris.

Quelques boléros

« Quizás, quizás, quizás », « Historia de un amor », « Piensa en mí » (interprété par Luz Casal dans le film Talons aiguilles de Pedro Almodóvar), « Dos gardenias », « Perfidia », « Lágrimas Negras de Miguel Matamoros (1929) ».

Rythme de l’Afro-Cubain (ou Conga)

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Le Cha-cha-chá est un genre musical inventé en 1954 par le violoniste cubain Enrique Jorrin, de la charanga Orquesta America, dans la première partie du morceau Engañadora (l’autre partie est un rythme de mambo). Le mot «cha-cha-chá», qui désigne également une danse, n’apparaît que dans le morceau Silver Star, et provient du son produit par le frottement des pieds des danseurs sur le sol.Enrique Jorrín, remarquant les difficultés des danseurs avec le modèle du danzón-mambo (les pas ne sont pas marqués sur le temps, mais sur la syncope), décide de composer des mélodies moins syncopées. Les arrangements de l’orchestre, quant à eux, utilisent toujours la syncope.Ce mélange - la mélodie sur le temps, et l’accompagnement sur le contretemps - est une caracteristique de ce nouveau genre, le cha-cha-chá.Après la Engañadora, d’autres succès ont suivi : Antonio Sanchez (Yo sabía) ; Félix Reina (Angoa) ; Rosendo Ruiz (Rico vacilón, Los Marcianos) ; Rosendo Rosell (Calculadora) ; Richard Egües (El Bodeguero) ; Rafael Lay (Cero codazos). En 1961, Los Machucambos (France), ont connu le succès avec les cha-cha-

chas Pepito (mi corazon) et Eso es el amor.Le Cha-cha-chá était appelé également à son origine triple mambo. D’ailleurs, il succède à la mode du Mambo, mais devra affronter la concurrence du rock’n’roll, de la Bossa nova en 1958, puis de la pachanga en 1960.Le Cha-cha-cha fait partie des danses de compétition dans la catégorie des danses latines. C’est-à-dire des danses où chacun peut ajouter ses propres figures en plus de celles recensées (à l’inverse des danses standard telles que la valse et le tango).

La musique aujourd’hui

Peu d’artistes de nos jours enregistrent des albums de cha-cha-cha uniquement, mais des artistes de salsa ou cubains continuent d’enregistrer parfois quelques cha-cha-cha sur leurs albums, ainsi que

certains chanteurs de variétés (Jarabe de Palo par exemple). Des chachas sortent régulièrement sur les ondes et continuent à marcher sans que le public se doute que ce soit du chacha. On peut citer par exemple: Jennifer Lopez : Cariño et Let’s get loud, Carlos Santana : Smooth, Corazon espinado ou encore «Pa’ gozar» du Spanish Harlem Orchestra.

La danse

Le cha-cha-cha est une danse relativement simple à apprendre, mais le pas de base est un petit peu plus compliqué que celui des danses apparentées (rumba, mambo, salsa...). Sa principale caractéristique réside en effet dans le chassé effectué sur le « quatre-et-un » du décompte de la danse. Comme dans toutes les danses latines, c’est le garçon qui guide la fille.

Le pas de base

temps 2 : le danseur avance son pied gauche en transférant le poids du corps vers l’avant (danseuse recule pied droit)temps 3 : le danseur retransfère le poids du corps vers l’arrière (le pied droit - danseuse : pied gauche)temps 4 et 1 (ou «cha-cha-cha») : le danseur exécute un chassé vers la gauche (la danseuse vers la droite)On recommence alors en inversant les rôles entre danseur et danseuse. Une autre façon de danser le cha-cha est le «carré» qui consiste à avancer d’abord le pied droit deux fois puis avancer le pied gauche à la même hauteur, puis reculer le pied droit d’un pas, puis reculer le pied gauche deux fois, puis le pied droit d’un pas puis avancer le pied gauche d’un pas et recommencer avec le pied droit comme au début et ainsi de suite.Le cha-cha-cha est une musique entraînante, qui se caractérise par un décompte original : on compte «deux-trois», «quatre-et-un», ce dernier correspondant au «cha-cha-cha» ayant donné son nom à cette danse.Le tempo du cha-cha-cha tourne le plus souvent autour de 100/120 pulsations à la minute.Pierre Lavelle, un professeur de danse anglais parti à Cuba a simplifié les pas et appelé la danse cha-cha au lieu de cha-cha-cha.

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Le Changüí est un genre musical né vers 1860 dans la partie orientale de Cuba, musique des cumbanchas (fêtes paysannes) dans les montagnes, aux origines bantoues.Ses instruments: le tres, la marimbula, les maracas, le guiro (ou guayo, rape à légumes en métal, frottée avec une baguette) et le bongo.Il est l’ancêtre du son.Selon Fernando Ortiz, la lexie provient du mot congo «quissangüi» qui signigie «danse accompagnée de chant». Il précise toutefois que Changüí signifie «déception» ou «trahison» en gitan et «farce» ou «blague» dans l’espagnol courant. A Cuba, le mot changüí désigne aussi la marimbula. À Manzanillo ce rythme est appelé bunga.

La contradanza est un genre musical et une danse, version cubaine de la contredanse.Le 17 août 1791, une révolte des esclaves éclate à Hispaniola (aujourd’hui Haïti et République dominicaine) : la Révolution haïtienne. Les colons français et leurs esclaves se réfugient à Santiago de Cuba et amènent avec eux la culture du café, mais aussi des musiques et des danses nouvelles : la contredanse, le menuet, la gaceste, la tumba francesa, et le rythme syncopé du « quintolet » (cinquillo en espagnol).

Vite adoptée dans l’île, la contredanse va se créoliser et se transformer en contradanza cubaine, constituée de deux mouvements lents : paseo et cadena, et deux plus vifs : sostenido et cedazo. San Pascual Bailón est la plus ancienne partition connue.Le cinquillo apparaît dans les compositions de Manuel Saumell (1817-1870), compositeur de quelques cinquante contradanzas.

La contradanza va évoluer de plus en plus vers la danza, une danse où le couple danse face à face et indépendamment l’un de l’autre. Vers 1830, la contradanza va donner naissance à la habanera et en 1879 au danzón.Le danzón est un genre musical créé à Matanzas (Cuba) vers 1880 par le musicien Miguel Failde. C’est une forme de contradanza - habanera, plus spontanée et sur laquelle les musiciens improvisent.D’abord joué par les tipicas, orchestres incluant instruments à vent, cuivres, cordes, guiro et Timbales , ceux-ci seront remplacés dans les années 1920 par les charangas, orchestres incluant piano, violons, violoncelles, guiro, clarinette, flûte, contrebasse et timbales).En 1910, le directeur d’orchestre José Urfé compose Bombín de Barreto, un danzón auquel il incorpore un nouveau rythme (nuevo rítmo) dérivé du son cubain, qui servira de base au mambo en 1937. Le danzónete a introduit dans le danzón une partie chantée. De grands compositeurs - George Gershwin, Leonard Bernstein - ont intégré le danzón dans leurs œuvres.

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Sainte Saraet les Saintes Maries de la Mer

Les roms

Rom (en français : Gitans, Tsiganes ou Tziganes, Manouches, Romanichels, Bohémiens, Sintis, ou parfois Gens du voyage, bien que cette dernière dénomination ne soit pas réservée aux Roms), est un nom adopté par l’Union Romani Internationale (IRU) et les Nations unies qui signifie êtres humains. La langue initiale est originaire du nord-ouest de l’Inde. Rom désigne également un chef de famille manouche.

Leurs origines sont fortement liées à l’imagination qui fait partie de leurs traditions et légendes. Ils sont ainsi et à la fois les descendants de Caïn ou affiliés à Cham - fils de Noé - ou des mages de Chaldée, des Atlantes, de Syrie, d’une tribu perdue de Palestine, des Égyptiens de l’époque

pharaonique, ou encore d’anciennes tribus celtes du temps des druides. La fascination exercée par de tels mythes a encouragé ces nomades, vivant souvent de leurs talents, à se donner eux-mêmes les origines les plus mystérieuses. Les Roms se prétendent aussi descendants de la divinité hindoue Rama, ou encore de Ramachandra, avatar de Vishnou, de Tubalkaïn le premier forgeron, des enfants de la Marie-Madeleine biblique, des manichéens de Phrygie, des Mayas, des Aztèques, des Incas, de Tamerlan, du Grand Moghol, des Mameluks.

Mais même si la transmission est non écrite, on connait de mieux en mieux l’histoire des Roms. La plupart des ethnologues s’accordent sur celle de l’Inde brahmanique, où les bouchers, équarrisseurs, tanneurs, fossoyeurs, éboueurs,

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Culture du sonCulture du son

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chiffonniers, ferronniers, mercenaires (Rajputs) et les saltimbanques exerçaient des métiers nécessaires à la communauté, mais étaient considérés comme impurs. Ils n’avaient pas le droit d’être sédentaires et étaient hors-caste (çandales), désignés comme intouchables. En Inde, où ils sont connus sous les noms de Romani, Banjaro, Doms, Lôms ou Hanabadoches, les ancêtres des Roms étaient des groupes sociaux-professionnels plutôt qu’ethniques, leurs origines étaient géographiquement et socialement multiples et leurs groupes très perméables (un enfant issu d’une union non-autorisée, un proscrit, étaient aussi « impurs » qu’eux et pouvaient donc les rejoindre).

De l’Inde, certains de ceux-ci migrèrent (peut-être pour échapper au rejet de la société brahmanique) vers le plateau iranien et l’Asie centrale où on les appela Kaoulis et Djâts. En Asie centrale, certains s’installèrent comme éleveurs de chevaux, servants et éclaireurs, au service des mongols qui les protégèrent et leur laissèrent, en échange, une part du butin. Avec la Horde d’Or et Tamerlan, les Roms parvinrent ainsi en Europe, en Anatolie et aux portes de l’Égypte.

Tsiganoi parmi les Byzantins (d’où Tziganes), Cingene parmi les Turcs, Romani-çel pour eux-mêmes (c’est-à-dire « peuple rom » - d’où Romanichels pour les Croisés francophones), Manuschen pour les Croisés germanophones et Gypsies pour les Croisés anglophones ainsi que Jipsianed pour les Croisés bretonnants, la plupart des Roms, une fois parvenus en Europe, se mirent sous la protection des seigneurs nobles et des monastères ou abbayes, échappant ainsi à la vindicte des cultivateurs sédentaires, et continuant à exercer leurs métiers traditionnels au service de leurs nouveaux maîtres (leur esclavage

était une servitude de type féodal nommée Roba dans les pays slaves, ce qui ressemble à la fois à leur nom de Roma et au mot « Robota» : travail). Au XIVe siècle, la plupart des groupes de Roms que nous connaissons avaient achevé leur installation en Europe.

Les études linguistiques établissent, dès la fin du XVIIIe siècle, les origines indiennes des Roms, hypothèse recoupée par un récit historico-légendaire datant du milieu du Xe siècle, la Chronique persane de Hamza d’Ispahan, qui fut reproduite et embellie au XIe siècle par le poète Ferdowsi. Selon cette chronique, plusieurs milliers de Zott, Djâts, Rom ou Dom (hommes) partirent du Sind actuel, et peut-être de la rivière

Sindhu vers l’an 900 selon les ordres du roi. Ils devaient rejoindre le roi de Perse, soucieux de divertir ses sujets grâce à leur culture musicale. De là, ils se divisèrent et s’éparpillèrent autour du monde.

Longtemps installés en Perse, ces Roms, déjà décrits comme refusant de vivre d’agriculture, finissent par se séparer en deux groupes migratoires : les uns vers le sud-

ouest et l’Égypte (Roms orientaux ou Caraques, terme venant soit du grec korakia : « les corneilles », soit du turc kara: « noir »), les autres vers le Nord-ouest et l’Europe (Roms occidentaux ou Zingares : mot venant peut-être une déformation du terme Sinti).

Les Roms pourraient donc avoir quitté le Nord de l’Inde autour de 1000 ap. J-C, et avoir traversé ce qui est maintenant l’Afghanistan, l’Iran, l’Arménie, une grande partie du Caucase et la Turquie. Des populations reconnues par d’autres Roms comme telles, vivent encore en Iran, y compris ceux qui ont migré vers l’Europe, et qui en sont revenus. Au XIVe siècle, les Roms vassaux des Tatars (ou Tartares) atteignent les Balkans,

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et au XVIe siècle, l’Écosse et la Suède. Quelques Roms migrent vers le sud. En 1425 ils traversent les Pyrénées et pénètrent en Espagne. La plupart des auteurs estiment que les Roms n’ont jamais transité par l’Afrique du Nord, comme certains le pensent. Toujours est-il que des preuves indiscutables manquent. Certains auteurs font le lien entre les Roms et des populations vivant aujourd’hui en Inde, notamment les nomades

Banjara ou Lamani de l’État désertique du Rajasthan. En fait aucune parenté particulière n’a été jusqu’à présent démontrée entre spécifiquement ces populations-là et les Roms. Quoi qu’il en soit, contrairement aux savants et intellectuels, d’origine rom ou non, les intéressés n’attachent aucune importance à cette « origine indienne », quand ils ne la nient pas ; ils sont pour eux-mêmes êtres humains.

Depuis de nombreuses générations les Roms sont en réalité plutôt sédentaires, si l’on prend en compte les groupes qui se revendiquent comme tels, mais ne sont pas comptabilisés comme Roms dans les recensements. Ce sont les minorités restées nomades et attachées au mode de vie traditionnel qui ont servi, depuis la fin du XVIIIe siècle, de « modèle incontournable » pour définir le Rom aux érudits essentiellement anglais, allemands et français. Ceux-ci ne pouvaient, à l’époque, concevoir d’autre scénario que celui du nomadisme originel et ont cherché, en vain, parmi les nomades de l’Inde les cousins des Roms d’Europe. Grand-mère gitane

Grand-mère, mère et fils roms

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Saintes-marie d’hier...

Il est entendu que les Gitans viennent aux Saintes-Maries de la Mer depuis un temps immémorial. Ce qui n’est qu’une façon de dire qu’on ignore à quelle date ils ont commencé à fréquenter le sanctuaire camarguais.Il est probable que, dès leur arrivée en Europe occidentale au XVème siècle, certains groupes tsiganes se rendaient aux célèbres foires de Beaucaire. On suppose que, de là, ils descendaient jusqu’en Camargue à l’époque des pèlerinages.C’est seulement vers le milieu du XIXème siècle que la presse et les écrivains s’intéressèrent à leur présence. Racontant son pèlerinage aux Saintes en 1855, Mistral écrit : «l’Eglise était bondée de gens du Languedoc, de femmes du pays d’Arles, d’infirmes, de bohémiennes, tous les uns sur les autres. Ce sont d’ailleurs les bohémiens qui font brûler les plus gros cierges, mais exclusivement à l’autel de Sara qui, d’après leur croyance, était de leur nation ». (Mémoires et Récits).En 1935, le marquis de Baroncelli et quelques chefs gitans de la région obtinrent d’organiser une procession en l’honneur de Sainte Sara, donnant au pèlerinage tout le pittoresque fervent qu’on lui connaît aujourd’hui.Certes, le temps n’est plus où arrivaient en

brinquebalant sur les routes du Delta les vieilles roulotes aux couleurs vives qui enchantaient Van Gogh.C’est pourtant bien le même peuple qui, avec la même ardeur communicative, remplit aujourd’hui les rues, les places et l’interminable bord de mer. Un peuple sans frontières, sans calcul, sans mémoire : les Gitans.

Saintes-marie d’aujourd’hui...

Voilà plus de cinq siècles qu’ils vivent au milieu de nous, sans jamais accepter de nous ressembler tout-à-fait. Plus de 60% des 120000 Gitans de France sont encore, la plus grande partie de l’année, nomades. Aussi viennent-elles de partout, les modernes caravanes, souvent surmontées d’une antenne de télévision, qui convergent chaque année vers les Saintes-Maries de la Mer. De toute la France mais aussi de Belgique, d’Espagne, des Pays-Bas, du Portugal, d’Allemagne voire de Suède ou du Danemark.Ils sont tous là, de la Bohémienne en longue robe délavée qui dit la bonne aventure aux terrasses des cafés, au riche maquignon du Sud-est ayant w

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pignon sur rue et solide compte en banque ; du pauvre vannier traînant sa marmaille dans une vieille torpédo, à Manitas de Plata, à qui la gloire n’a pas fait oublier le pèlerinage de son enfance.C’est le rendez-vous de la foi bohémienne ; mais aussi celui de l’amitié ; le point fixe, au milieu des errances, où se retrouvent les familles, se concluent les mariages, où se ressoude l’âme d’un peuple.Mais surtout (tant pis pour les chrétiens moroses !) ce pèlerinage est une fête. Entre les caravanes s’improvisent des repas joyeux, suivis d’interminables palabres ; partout résonnent les guitares et les chants rauques du flamenco ; une enfant danse, pour elle seule, à la lueur d’un feu de camp. Oubliant un instant le rejet, le racisme, les longues persécutions, le peuple gitan renaît dans la joie.

Qui sont-ils ?

Huit ou dix mille Gens du Voyage ont envahi le bourg camarguais. Observons que leurs caravanes ne sont pas disposées au hasard. Cette cité éphémère a ses avenues, ses venelles, mais aussi ses quartiers dont tous les occupants ont comme un air de famille. Le peuple gitan n’est pas un mais divers. Essayons de nous y reconnaître…

Les Gitans

Si le nom de « Gitan » est donné chez nous à l’ensemble des populations d’origine tsigane, il n’appartient légitimement qu’à un seul groupe, de loin le plus nombreux et les plus implantés aux Saintes-Maries de la Mer.L’Espagne fut longtemps leur pays de prédilection ; leurs noms de famille en gardent la trace, comme leur dialecte (le « Kâlo ») malheureusement en voie de disparition… Les femmes sont très

brunes, les hommes ont le teint basané. Ils se disent soit Catalans, soit Andalous suivant le lieu de leur principal établissement. On les trouve par dizaines de milliers dans le Midi de la France, où certains sont sédentarisés depuis plusieurs générations. Mais il y a aussi des bidonvilles gitans, dont la population a décuplé avec l’arrivée des nombreux Gitans établis en Afrique du Nord.Ce sont les Gitans qui ont donné à l’Espagne le meilleur de l’art flamenco. Mais aussi des danseurs célèbres (Luisillo, Imperio Argentina, Carmen Amaya, Lola Florès, La Chounga…) et des générations de grands toreros et, à la France, un guitariste inspiré : Manitas de Plata.

Les Roms

Ce sont les plus aisément reconnaissables car leurs femmes continuent à porter les traditionnelles jupes multicolores qui leur tombent jusqu’aux pieds et, quand elles sont mariées, un foulard noué sur la tête. Les plus riches arborent des colliers de pièces d’or, qui constituent le « trésor » de la tribu. Beaucoup disent la « bonne aventure » tandis que les hommes sont souvent rétameurs, chaudronniers ou doreurs, ces professions qui les incitent à résider dans les banlieues industrielles, notamment sur Paris, Lille et Lyon.C’est le groupe qui a le plus jalousement préservé son originalité : sa langue (proche du sanskrit), ses traditions, ses légendes. Après avoir traversé l’Europe centrale, les Roms se sont aujourd’hui répandus dans le monde entier, du canada à l’Australie et à l’Afrique du sud.

Les Manouches

Les Manouches (et leurs « cousins » les Sinti) ne se distinguent guère que par la moustache – ou bien encore la petite barbiche caractéristique – qu’arborent la plupart des hommes. Les plus pauvres sont vanniers, et ont conservé leurs roulottes à chevaux ; les autres sont marchands forains ou récupérateurs de ferraille.Les Manouches ont longtemps séjourné en Allemagne et portent des noms germaniques (ex : Django Reinhardt) ; les Sinti conservent la marque de leur passage dans le Piémont (ex : les Bouglione). Tous ont une véritable passion pour la musique, et c’est parmi eux que se recrutent les virtuoses des célèbres orchestres « tsiganes ».

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Éternels pélerinssur les routes du monde

C’est en ces termes que le Pape Paul VI accueillit, en 1965, les Gitans venus de toute l’Europe et au milieu desquels il voulut célébrer son 68ème anniversaire. Nul vocable ne saurait mieux leur convenir. Déjà quand, à l’aube du XVème siècle, leurs ancêtres arrivèrent en France, ils se présentèrent comme des pénitents, condamnés à errer de par le monde en expiation de leurs péchés. Et ils montraient, à l’appui de leurs dires, des lettres du pape Martin V. Pendant tout le Moyen-âge, ils demeurèrent fidèles au célèbre pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.De nos jours, plus que jamais, le pèlerinage – si bien adapté à leur nomadisme foncier – reste l’acte religieux essentiel des Gitans. Le mauvais accueil qui leur est parfois réservé dans d’autres églises, où ils se sentent étrangers, les incite davantage encore à se retrouver entre « Voyageurs » pour prier à leur manière et accomplir quelque vœu. Est-il dans la détresse, a-t-il l’un des siens malade, le Gitan fait un vœu à un saint. Si c’est le pèlerinage des Saintes-Maries de la Mer, il s’engage à l’accomplir dans de pénibles conditions de pénitence. Ce vœu est tenu, le péril passé, coûte que coûte.

Qui n’a pas assisté dans la semaine qui précède les fêtes, aux veillées gitanes dans la vieille église (forteresse embrasée de cierges), ne saura jamais rien de la vraie ferveur gitane. La foule arrive, certains soirs, précédée des violons et des guitares. On allume au grand cierge pascal des multitudes de petits cierges, que chacun tient haut dans sa main. On prie très fort, on clame des

invocations, on présente les enfants à bout de bras devant les statues…

Durant le pèlerinage de mai, on enseigne le catéchisme dans les caravanes et bien des conversions intérieures se font dans le secret des cœurs. De nombreux Gitans profitent aussi de ce rassemblement familial pour faire baptiser leurs enfants dans l’église des Saintes-Maries.

Si le temps n’est plus où les Gitans, venus par le train ou parfois à pied, passaient la nuit dans la crypte de Sainte Sara, c’est toujours pour leur « patronne » qu’ils viennent dans l’antique sanctuaire camarguais. Certes, Marie-Jacobé et Marie-Salomé ont aussi une place dans leur cœur. Ils les acclament lors de la descente des châsses,

et ne manquent pas de hisser jusqu’à leurs statues les enfants qui posent sur elles leurs mains et leurs lèvres. Mais c’est Sara qui est « leur sainte à eux ».

Chacun ajoute un cierge à la blanche forêt ardente qui répand dans la crypte une chaleur d’étuve. On glisse, dans la boîte réservée aux intentions, des linges d’enfants, d’humbles bijoux, de naïfs messages. Et puis, on habille Sara de neuf. Quarante, cinquante robes s’amoncellent sur la frêle statue, qui grossit de jour en jour, et dont le fin visage pâlit sous les attouchements implorants et fervents.

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Roulotte d’époque et famille rom

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Le mystere de Sara-La-Noire

Connue dans le monde entier comme la « patronne » des Gitans, Sara pose à l’historiographe une énigme qui ne semble pas près d’être résolue. Une tradition camarguaise y voit la servante des Saintes-Maries en Palestine, et leur compagne sur les bords du Rhône. Une autre tradition, attribuée aux Gitans, voudrait qu’elle fut une Gitane, installée aux rives provençales et qui, la première, accueillit ici même les exilés de Terre Sainte.Mais d’autres versions ont été également proposées. Il s’agirait de Sara l’Egyptienne, abbesse d’un grand couvent de Lybie et fêtée par l’Eglise le 13 juillet. Ou bien encore une Sara qui figurait dans un groupe de martyrs persans, avec deux Maries et une Marthe, et dont les reliques seraient parvenues jusqu’en Gaule. Enfin, un texte apocryphe, mais remontant incontestablement au IIème siècle, nous montre une Sara découvrant, avec Marthe et Marie, le tombeau vide et partant annoncer aux apôtres la nouvelle de la Résurrection du Christ.

En vérité, nul ne sait qui est Sainte Sara, ni comment son culte s’instaura aux Saintes-Maries de la Mer, où l’on venait la prier de très loin bien avant la Révolution.Pour les Gitans, elle est « Sara-la-Kâli », d’un mot tsigane qui signifie à la fois, « la Gitane » et « la Noire ». Pour quelque obscure raison, ils se reconnurent en elle et l’adoptèrent comme protectrice attitrée.La première mention de Sara se trouve dans un texte de Vincent Philippon rédigé vers 1521 :

« La légende des Saintes-Maries », et dont le manuscrit est à la bibliothèque d’Arles. On l’y voit quêtant à travers la Camargue pour subvenir aux besoins de la petite communauté chrétienne. Cette pratique de la

« chine » aurait pu, pensent certains auteurs, la faire assimiler par la suite à une Gitane.Les Gitans, eux, ne se posent pas tant de questions. Et ils suivent, par milliers, l’étonnante procession qui, le 24 mai, après la descente des châsses, conduit leur « patronne » de l’église à la mer. Etrange cohorte, en vérité. Peuple en marche, cohue débordant des rues étroites et que les

« Sainte-Sara, mets-nous sur la bonne route

Et donne-nous ta belle chance,

Et donne-nous la santé.

Et quiconque pense du mal de nous,

Change son cœur pour qu’il en pense du bien. »

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gardians à cheval ont quelque peine à canaliser, houle de têtes et de visages au-dessus de laquelle oscille la frêle statue portée à bras d’hommes.Les Arlésiennes lui font bien aussi une escorte d’honneur ; mais ce sont les Gitans qui lancent inlassablement, sur des kilomètres, cantiques et cris mille fois répétés : « Vive sainte Sara !».Folklore si l’on veut, mais folklore inoubliable. On a trop dit de sainte Sara qu’elle avait des allures d’idole païenne. C’est oublier que cette foule, à sa manière, prie. C’est ne pas vouloir comprendre que ce peuple, derrière elle, en marchant vers la mer, marche aussi vers Dieu.

Et maintenant ou vas-tu gitan ?...

Au soir du 25 mai, la belle fête est terminée. Déjà, les caravanes s’ébranlent en longues théories. Par quels chemins ? Vers quel destin ? Pour les nomades, c’est celui de la mésaventure quotidienne. Ils n’ont pas au monde un seul pied carré dont il puisse dire : « j’y suis chez moi ». Pas, dans leur existence, un seul jour dont ils sachent d’avance de quoi il sera fait.Expliquer les raisons de leur étrange existence, ils le voudraient bien. Mais comment ? Leur seule certitude est qu’ils continuent d’appartenir à un autre monde que le nôtre. Ni nos lois, ni le service militaire, ni les allocations familiales ne changeront rien à cette évidence, que renforce la suspicion sourde qui les entoure et qu’il faut bien appeler une certaine forme de racisme.Qui n’a entendu dire : « pourquoi ne retournent-ils pas chez eux ? », ou encore : « pourquoi ces gens-là ne vivent-ils pas comme tout le monde ? ». La réponse est aisée. « Chez eux, c’est ici puisque 95% de nos Gitans sont citoyens français, que beaucoup d’entre eux se sont illustrés sur nos champs de bataille et dans la Résistance. Sait-on que 300.000 de leurs frères ont péri dans des camps de la mort nazis ? Quant à vivre « comme tout le monde », leurs métiers le leur interdisent. Et puis, au nom de quelle orgueilleuse supériorité voudrions-nous que notre façon de vivre fût la seule légitime ? Il y a des pigeons de ferme et des pigeons voyageurs ; il y a des sédentaires et des nomades ; voilà tout.Alors amis visiteurs, vous qui trouvez sympathiques les Gitans quand ils sortent en longues processions ou s’enivrent de musique et

de danse aux Saintes-Maries de la Mer, de quel regard les verrez-vous le jour où ils arriveront dans vos villes et vos villages ? Leur ouvrirez-vous votre porte ? Ferez-vous l’aumône d’un sourire et d’un peu d’amitié à la Gitane qui vous proposera sa vannerie, son linge de maison ou sa petite mercerie ? L’aiderez-vous à stationner, le temps d’une bonne halte, ailleurs que sur les décharges publiques ?

Si vous le faites, vous serez en bonne compagnie. Au terme d’une déjà longue histoire, les Gitans comptent aujourd’hui beaucoup d’amis ; à l’image de Jacques Callot, qui suivit une troupe de bohémiens et les immortalisa dans ses gravures et de Stradivarius qui apprit à leur école l’art de la lutherie. Contre les préjugés, les fausses légendes, le mépris de tant de sédentaires, ils ont tissé à travers toute la France le grand filet de l’amitié gitane. Ils se sentent frères et sœurs de ce peuple méconnu qui a payé si cher et si longtemps le droit de continuer d’exister.Laissez donc agir en vous-même la grâce des Saintes-Maries de la mer, où les pauvres sont honorés, les rejetés accueillis, les mal-aimés réconfortés. Passé le temps d’un pèlerinage ou d’une trop courte visite, nous voudrions que vous deveniez de ceux pour qui l’arrivée des roulottes sur la route est une promesse de joie.

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Le timbre1ère partie

par Michelle Davène

Après l’étude de la durée du son dans le

numéro précédent, il convenait de poursuivre

l’étude des bases de l’acoustique par celle du

timbre. Mais commençons par une définition

aussi exhaustive que possible...

Le timbre est l’identité du son, son support

matériel. Il dépend du corps sonore qui

est à l’origine de son émission. Prenons

un La 440 Hertz émis à 60 Décibels : nous

identifierons immédiatement une différence

si cette fréquence est émise par un violon, un

saxophone ou un piano. Pourtant, il s’agit

de la même note, à la même intensité, mais

l’instrument change.

Le corps sonore qui vibre n’est pas le même :

corde, colonne d’air et n’est pas mis en

mouvement par le même « outil » : au violon,

corde frottée par un archet, pour le sax,

colonne d’air mise en vibration par une

anche, pour le piano, corde frappée par un

marteau recouvert de feutre.

C’est le choix de ces supports sonores et de

leur mode d’excitation qui vont déterminer

une forme d’onde caractéristique dans

chacun des trois cas. Nous reviendrons plus

tard sur le rôle de la caisse de résonance qui

ajoute encore une dimension supplémentaire

à cette définition.

Technique

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Formes d’onde

La forme d’onde la plus élémentaire est l’onde sinusoïdale (figure 1). Elle est en quelque sorte au son, ce que l’atome est à la matière.Les sons sinusoïdaux purs sont rares : diapason, friction sur le verre humide. On leur prêtait autrefois des pouvoirs étranges sur le comportement humain !Les sons qui nous entourent sont plus fréquemment de nature complexe. C’est à dire qu’à l’intérieur d’une masse sonore que nous percevons comme unique, il y a un mélange de très nombreuses petites sinusoïdes qui ont en quelque sorte « fusionné » pour produire un même son. C’est la nature de ce mélange qui détermine la forme d’onde résultante (figures 2) et qui est responsable de l’identité timbrale. On la nomme spectre.

Figure 1 : onde sinusoïdale

Figure 2a : onde - signal carré

Figure 2b : onde - signal périodique complexe

Figure 2b : onde - signal en « dents de scie »

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Fig. 3a : 1 période = 1/100 s(ou une fréquence de 100Hz)

Fig. 3b : sur le sonogramme, l’ondesinusoïdale à 100Hz est une droite

Bruits

Imaginons qu’à des puissances identiques, toutes les fréquences sinusoïdales perceptibles par l’oreille humaine (de 20 Hertz à 20 kHertz) se trouvent ainsi « mélangées » en un seul signal sonore. Nous obtiendrons ce qu’il est convenu d’appeler : un bruit blanc, c’est à dire du souffle. Si ce dernier est très bref, nous l’identifierons comme un choc plus ou moins sec. Les consonnes appartiennent à cette catégorie de son de même que le corps sonore qui reçoit l’attaque de l’ « outil » qui le met en vibration commence par produire un bruit. Ce bruit correspond au temps de stabilisation de l’onde avant qu’elle prenne sa forme définitive. Le frottement de l’archet sur la corde de violon s’apparente à un bruit de souffle, la percussion du marteau sur la corde du piano à un choc sec (fig. 4). Ces notions seront approfondies lorsque nous parlerons de la courbe d’enveloppe d’un son et des transitoires.

Dans le cas où cette suite de fréquences serait comprise entre des valeurs limites, on parlera de bande de bruits.Si une zone d’entre elles est particulièrement « gonflée » en énergie, on parlera de bruit coloré autour de cette zone émergente.Un bruit rose est un bruit blanc avec une pondération de 3 dB A par octaves.

représentation spectrale

Il existe plusieurs modes de représentation graphique pour matérialiser la forme du son. Nous en choisirons un aujourd’hui, le sonographe pour sa clarté pédagogique lors d’une première approche acoustique (fig. 3).

L’axe des abscisses (horizontal)Horizontalement : le temps en seconde. Verticalement : les valeurs des fréquences en Hertz.

Un son sinusoïdal de 100 Hertz est donc représenté par un trait horizontal à la hauteur correspondant à la valeur 100. Un son harmonique de 100 Hertz est représenté par la superposition de traits correspondant aux valeurs respectives des sinusoïdes de 100 ; 200 ; 300 : n X 100 Hertz.La longueur des traits traduit la durée du son.

Figure 4 : différents types de bruit

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Son harmonique

Nous avons mis en évidence le caractère pluriel de la composition des sons, à présent nous allons nous intéresser à une répartition particulière des fréquences dans le spectre sonore : les sons harmoniques.

Un son harmonique est un son dont les sinusoïdes qui le composent obéissent à une loi mathématique appelée loi de Fourier. Cette loi se traduit ainsi : un signal complexe périodique c’est à dire qui se reproduit identique à lui même à intervalles de temps réguliers, se décompose en un certain nombre de sinusoïdes dont les valeurs sont des multiples entiers de la plus petite d’entre elles (donc la plus grave).

Un exemple de son harmonique : un son de 100 Hertz dont les composantes seraient 100 ; 200 ; 300 ; 400 ; 500 ; 600 Hertz. La hauteur perçue est la fréquence la plus basse, c’est-à-dire 100 Hertz. Les composantes suivantes 2x100, 3x100, 4x100 etc. sont bien des fréquences calculées sur des multiples entiers (2 ; 3 ; 4, etc.) elles se nomment des harmoniques. La fréquence la plus basse qui leur sert de base de calcul se nomme le fondamental. Le rang d’un harmonique est le nombre entier par lequel on a multiplié le fondamental. On parlera par exemple d’harmonique de rang 3, dans le cas présent 300 Hertz. (fig. 5)

La hauteur d’un son harmonique est facilement perceptible par l’oreille. Ces sons se perçoivent aisément « justes ». C’est pour cette raison que les instruments musicaux mélodiques seront conçus pour produire des spectres harmoniques ou presque. Les bruits dont nous avons parlé précédemment sont des signaux apériodiques. Ils caractérisent les instruments à percussion.

répartition de l’énergie dans le spectre

Une fréquence « gonflée » en énergie s’appelle un « formant » (fig. 6). Si c’est le cas d’une bande de fréquences consécutives, on parlera de zone formantique comprise entre x et y Hertz.

Cette répartition de l’énergie joue un rôle important dans la perception timbrale, au même titre que le nombre de composantes dans le spectre, leur répartition ou leur régularité ou non par rapport au modèle harmonique.

Fig. 5 : représentation spectrale d’un son harmonique avec 4 harmoniques

Fig. 6 : son harmonique à 100Hz avec un formant à 300Hz

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Représentations graphiques de sons d’instruments

Représentations graphiques de sons qualifiés

a Un son de violon : bruit de souffle à l’attaque, spectre harmonique

b Un son de flûte : spectre harmoniquec Un piano : bruit d’attaque du marteau, choc sec et

spectre pas tout à fait régulièrement harmonique.d Son chaud : peu d’harmonique mais répartition de

l’énergie régulière du grave vers l’aigu. e Son « aigre » son harmonique à forte concentration

d’énergie dans l’aiguf Son qui sonne creux : perte d’harmoniques dans

le médiumg Son nasillard : faiblesse dans le grave, médium

gonflé, aigus affaiblish Son pas harmonique : comme une cloche

désaccordée.i Signal carré, harmoniques impairs : sonne comme

une clarinette

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Corrections sur une console...

C’est l’étage des correcteurs qui permettra de retoucher le timbre sur la console. Selon les modèles, ils seront plus ou moins sophistiqués et offriront des possibilités d’ajustements différentes. Nous laisserons de côté les « simples » correcteurs grave/aigu que l’on peut trouver sur les amplis « Hi-Fi » ou sur les mixettes d’entrée de gamme et dont l’effet sera plus celui d’une correction physiologique d’équilibre du signal par rapport aux conditions d’écoute domestique, pour aborder la section de corrections des « petits » modèles numériques actuels ou des principaux logiciels d’enregistrement.

On admettra en préambule que les correcteurs timbraux ne seront principalement utilisés que dans une logique… corrective, et non à fin d’espérer améliorer le signal capté : on ne rendra jamais « exceptionnel », par leur utilisation, un son qui ne serait que très moyen à la captation, à cause du placement du micro face à la source sonore ou de la nature même de ce micro…

Les correcteurs se partagent la bande des fréquences audibles (les fameux 20 Hertz à 20 kHertz…) en plusieurs sous-bandes. On parle ainsi généralement de correcteurs aigus, haut-médium, bas-médium et graves. Le premier travail consistera donc à évaluer, avant toute action sur le correcteur, dans quelle zone de fréquences se situe le problème à corriger et ensuite, à identifier sa nature : est-ce une coloration outrancière non détectée à la captation, un « parasite » lié à l’environnement, un effet de « masquage » lié à la présence d’autres instruments…

À quoi ça ressemble ?

Les correcteurs de timbre sont des filtres à… harmoniques et partiels ! Leur spécificité est qu’ils ne se contentent pas seulement de supprimer des composants, mais ils peuvent aussi « amplifier » une zone de fréquences choisie. Évidemment, si rien n’existe dans le signal de la zone considérée, c’est du souffle qu’on ajoutera. Un bon étage de correcteurs propose en général 4 « sous-bandes ». Chacun propose au moins deux réglages : un ajustement de fréquence et un gain d’efficacité. On les nomme alors « semi-paramétriques ». Il n’est pas rare de trouver un troisième réglage, nommé « facteur Q » ou sélectivité, dont l’objet sera de plus ou moins « resserrer » ou « d’élargir » la zone d’action du filtre. Lorsque ce 3ème réglage est présent, le correcteur est alors qualifié de « paramétrique ». L’ajustement de fréquences sera dosable dans les deux limites de la sous-bande de fonctionnement du filtre.

Le gain d’efficacité définit, en dB, le niveau d’action du filtre, au niveau de sa fréquence de coupure, autrement dit, de la fréquence à laquelle il est réglé. Comme on peut le voir sur la figure 8 empruntée à Cubase 4, ce réglage de gain peut être positif ou négatif. On remarque également que l’action du filtre est plus ou moins « raide » de part et d’autre de la fréquence de coupure sélectionnée. La « pente » de cette cloche sera précisément ajustée par le réglage de sélectivité.

Figure 8 : 2 EQs sur Cubase. Remarquez la fréquence du cut, repérsentée par

le point sur la courbe et la largeur de celle-ci, qui correspond au Q du filtre.

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Comment intervenir sur le timbre

Ne perdons pas de vue que les actions réalisées sur le son d’un instrument seront forcément destructrices par rapport au son capté, ce dernier l’étant aussi par rapport au son original. C’est donc avec prudence qu’il faudra agir. Avant de toucher à quoi que ce soit, imaginer le résultat, après correction : je veux un son plus « chaud », je veux retirer des basses, je veux faire « émerger » mon instrument du mixage, je veux supprimer cette résonance énervante qui vient du studio…

Voici un tableau qui peut servir de fiche pratique

Vous y trouverez une rapide « check-list » vous permettant de

faire vos corrections timbrales, en parfaite maîtrise de la chose.

N’oubliez cependant pas que l’écoute est le point fondamen-

tal et ultime de jugement sur la qualité de votre travail…

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Nature de la correction

Objectif Action Remarques

Ajuster le timbre d’un ins-trument capté par un micro, instrument électronique ou virtuel

Modifier le timbre d’un instrument qui a trop ou pas assez d’aigus ou de basses.

1) réglez le gain à +12 dB et ensuite, tournez le sélecteur de fréquence jusqu’à ce que vous entendiez, à l’oreille, la zone où le signal augmente le plus. Vous avez trouvez la fréquence de coupure !2) réduisez le gain à 0 dB, puis baissez progressivement jusqu’à obtenir le résultat cherché.3) comparez en « by-passant » le correcteur avec le signal d’origine.

Faites ce réglage avec l’instrument choisi en solo. Ensuite, ouvrez à nouveau les tranches des autres instruments pour évaluer le timbre corrigé dans le mixage.Conserver une « taille de cloche » large et resserrez si besoin.

Faire « ressortir » l’instrument ou le rendre plus « discret » dans le mix.

1) Evaluer la bande de fréquences, tel que ci-des-sus. Peut-être faudra-t-il utiliser deux correcteurs, si l’instrument a une large tessiture.2) Resserrez la sélectivité du filtre au plus étroit possible autour des limites de jeu de l’instru-ment.3) augmentez légèrement (pas plus de 3à 5 dB !) le gain du filtre.

Cà ne marche pas à tous les coups ! Parce que d’autres instruments sont peut-être dans la même zone de fréquences et que monter votre soliste les montera aussi. Dans ce cas, il faudra se rabattre sur le compresseur multibandes…

Mauvaise qua-lité d’une voix parlée captée par un micro

Corriger les « problèmes » sur certaines consonnes.

C’est probablement sur les « pa », « da » et ce type de syllabes que se posent les problèmes : la solution est dans le bas du spectre de fré-quences, et plus précisément dans le bruit de l’attaque. Certaines consoles proposent un « coupe-bas » fixe, dont l’objet est précisément de tenter de limiter ce souci. Choi-sissez le correcteur « grave », et ré-duisez le gain de 2 à 3 dB. Adoptez, si ce n’est pas le cas par défaut, un mode de filtrage de type « shelving » (plateau). A défaut, élargissez la cloche du filtre, au maximum.

Là encore, le résultat n’est pas forcé-ment acquis d’avance ! C’est toutefois plus facile sur une voix parlée qu’une voix chantée. Si en dépit de vos efforts, les problèmes subsistent, il faudra aussi utiliser un compresseur.

Nuisance sonore en diffu-sion ou sur un enregistrement.

Supprimer un bruit « parasite » ou un bruit de fond lié au lieu ou à la captation.

Identifiez la fréquence parasite, comme nous l’avons fait plus haut : si c’est un problème « secteur », ce sera vers 50Hz ou un harmonique de 50Hz. Dès que la fréquence est bien ciblée, resserrez la sélectivité au maximum et atténuez le gain… autant qu’il faudra pour que le signal ne gène plus dans le mixage.

Vous auriez dû vous en rendre compte à la captation ! On ne pourra donc que « sauver les meubles » ! La correction que vous appliquez sera d’autant plus efficace que la fréquence sera fixe. Mais… tout ce qui se trouvera d’utile dans la même zone disparaîtra avec le son parasite !

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Dans cette rubrique, Sampler Music® vous propose de découvrir le travail de ses adhérents en publiant, avec leur autorisation, les paroles de leurs chansons.

Aux Temps

Plus Que Parfaits

Texte de Jean Marc « Jimi » Bouisset du groupe « Jimi & Arnaud »

Des mélodies joliment travaillées

habillent histoires intemporelles,

nouveaux petits tracas bien de notre

époque croqués avec humour ou

lucidité.

Plus d’infos sur

jimietarnaud.ifrance.com

Il y avait des bateauxDes terrasses désertesUn rendez-vous de tropUne fenêtre ouverteC’était tout naturelElle l’a pris dans ses brasElle repeignait le cielA chacun de leurs pas

Voilà que sonne l’heureDu grand bouleversementIls conjuguent leurs cœursAu passé bien présentIl revient avec elle Aux temps plus que parfaitsL’important pour la belleC’est celui qu’il était

La passion refleuritAux couleurs du présentPar quel tour de magieEt pour combien de tempsIl se pose la questionDans le souffle du soirUne douce vision Lui revient dans le noir

La rencontre curieuseLes terrasses désertesL’attitude charmeuseEt la fenêtre ouverteToujours aussi mutineElle fait glisser ses basPuis elle reprend racineEn riant aux éclats

Songpage

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Ta guitare

Texte de Jean-Marie Loubry

Jean-Marie Loubry – auteur, compositeur et interprète – est fait de cette trempe

d’artistes capables de souligner le sens même de leurs poésies par d’agréables et

entêtantes mélodies.

Très justement accompagné par Millyna et Hervé Ott, Jean-Marie Loubry et Les

Millynards nous enchantent à chaque nouvel album. Une ode et un hommage aux Brassens, Vian, Rimbaud, Hugo,...

Et bien plus sur jmloubry.free.fr !

Lorsque la nuit s’avance à pas de loup vers toi,Semant l’étoile blanche au-dessus de ton toit,L’outrageuse splendeur de la cité s’efface,Heureusement ma mie que la lune a deux faces !Tamise les lumières, arrête la télé ;La propagande sournoise, la violence zélée,Le lavage de cerveau fini pour aujourd’hui,Oublie les caméras qui surveillent ton huis,Et va chercher ta guitare !

Ta guitare est un joyau,Un petit trésor de cordes,Qui te colle aux boyauxEt s’accordeAux émotions de ton cœur,Aux silences de ton âme,Parfois même aux rancoeurs,Oui madame !C’est un doux objet de boisQui pleure si t’es aux aboisQui ronronne si t’es contente,L’ombre s’élance envoûtante,Ta guitare !

Lorsque la nuit s’avance à pas de loup vers toi,Semant l’étoile blanche au-dessus de ton toit,Je reviens dans ta vie et me fais si légerQue tu ressens l’envie d’aimer et de songer.Devant le narghilé de ce thé à la menthe,Dont les parfums subtils, de la tasse fumante,S’échappent tendrement en volutes d’azur,Aspirés par le souffle des divines mesures,J’entends vibrer ta guitare !

Lorsque la nuit s’avance à pas de loup vers toi,Semant l’étoile blanche au-dessus de ton toit,Un monde merveilleux de musique et d’ivresseS’entrouvre pour nous deux en infinie caresse.Vénère Baudelaire, « Le Figaro » maudis,Un article ordurier la censure brandit !Que tous les mercantis peuplent les oubliettesCe soir nous chanterons la victoire des poètesAux accents de ta guitare !w

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