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Panorama Quotidien du 14/09/2012 LITTERATURE GENERALE FICTION *** Florilettres (01/09/2012) Conte à rebours *** VOGUE HORS SERIE (AUTOMNE/HIVER 13) Contes à rebours 2 3 1/4 La reproduction et la diffusion numérique d'extraits de presse sont régies par l'article L.122-4 du code de la propriété intellectuelle. L'accès aux articles de ce panorama de presse est strictement limité aux utilisateurs identifiés. En revanche, il est strictement interdit aux utilisateurs autorisés de diffuser ou de redistribuer, sous quelque forme que ce soit, tout ou partie du panorama, sauf nouvelle autorisation des ayants

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Panorama Quotidien du 14/09/2012

LITTERATURE GENERALE FICTION

*** Florilettres (01/09/2012) Conte à rebours

*** VOGUE HORS SERIE (AUTOMNE/HIVER 13) Contes à rebours

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La reproduction et la diffusion numérique d'extraits de presse sont régies par l'article L.122-4 du code de la propriété intellectuelle. L'accès auxarticles de ce panorama de presse est strictement limité aux utilisateurs identifiés. En revanche, il est strictement interdit aux utilisateurs

autorisés de diffuser ou de redistribuer, sous quelque forme que ce soit, tout ou partie du panorama, sauf nouvelle autorisation des ayants

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Romans

Nick Flynn, Contes à rebours. Traduc-tion de l’anglais (États-Unis) Anne-Laure Nick Flynn,

Tissut. En 2007, Nick Flynn attend la naissance de son premier enfant. Malgré la perspective de cet événement heu-reux, une inquiétude se profi le pourtant. Crainte de ne rien ressentir « D’être incapable de l’accueillir, d’entrer dans cette vie, de (s’) engager. », mais aussi crainte du monde terrifi ant dans lequel sa fi lle grandira. Les photographies d’ac-tes de torture commis par des soldats américains dans la prison d’Abu Ghraib

en Irak divulguées en 2004 ne cessent de le hanter. Il accepte l’invitation d’une avocate de se rendre avec d’autres artistes à Istanbul pour entendre les témoignages d’ex-détenus. Le ro-mancier nourrit son propos de cette réfl exion sur la cruauté, la capacité à humilier et à brutaliser, sur cet aveuglement à voir dans l’autre une menace et révèle un autre axe de noirceur, bien plus intime, le chaos de sa propre existence. Nick Flynn tend un miroir « sur la façon dont les photographies sont un genre de rêve, dont les ombres peuvent fi nir par nous ressembler. » Pro-fondément marqué par le suicide de sa mère et par son obses-sion à maintenir en vie son père sans-abri (sujet de son roman Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie), il scrute certains épisodes de sa jeunesse, ses errances sentimentales, l’instabilité de son père, trouve des points de similitude avec la fragilité de sa mère dans son addiction passée aux drogues et à l’alcool, « […] il s’agissait seulement d’entrer dans la nuit sans douleur, dans notre oubli privé, notre désespoir silencieux. » Vivre, écrire, étreindre des femmes mais toujours comme anesthésié, à peine plus présent qu’une ombre. Avec une acuité extrême l’écrivain rend palpable ce sentiment de dépossession de soi-même, cette dissolution, ce désespoir tapi. « Puis, après de nombreuses années désincarnées, une femme (lui) a rendu (son) corps. », une femme a ouvert une brèche de désir, une brèche lumineuse dans laquelle il a choisi de se risquer. Éd. Gal-(son) corps. », une femme a ouvert une brèche de désir, une (son) corps. », une femme a ouvert une brèche de désir, une

limard, Du monde entier, 336 p., 20,50 €. Élisabeth Miso

Lucile Bordes, Je suis la marquise de Carabas. « C’était dur de renoncer à être quelqu’un d’autre, aux nuages de l’art. […] C’était dur d’être le bout de la route, le dernier. » Ce n’est qu’au soir de sa vie que son grand-père s’est décidé à parler, à dérouler le fi l de l’histoire qui expliquait la présence dans son salon de ce piano dont personne ne jouait et des partitions de fi lms muets. Avec ce pre-mier roman, Lucile Bordes recompose le destin étonnant de sa famille, les Pitou, une dynastie de marionnettistes forains qui sillonna les routes de France au XIXe

et au début du XXe siècle. L’aventure du Grand Théâtre Pitou débute avec Auguste en 1850 et s’achève avec son grand-père Émile en 1953 le jour de la vente du cinéma familial. Entre ces débute avec Auguste en 1850 et s’achève avec son grand-père débute avec Auguste en 1850 et s’achève avec son grand-père

deux dates, toute une tradition artistique, tout un monde de rê-ves et de fantaisie, une renommée nationale qui allait culminer sous la direction de l’arrière-arrière-grand-père Émile metteur ves et de fantaisie, une renommée nationale qui allait culminer ves et de fantaisie, une renommée nationale qui allait culminer

en scène et machiniste talentueux, mais aussi deux guerres et la concurrence du cinéma qui sonneraient le glas de cette vie

nomade. En un récit ramassé, la romancière imagine la poésie et l’ingéniosité des spectacles et restitue l’incroyable énergie dé-ployée par chaque génération pour s’adapter aux progrès tech-niques de son temps. Une fois le livre achevé, d’autres traces, d’autres pistes sont venues s’ajouter à son récit. Lucile Bordes a ainsi découvert les recherches d’historiens sur sa famille de saltimbanques, les décors et les marionnettes du théâtre Pitou au musée Gadagne à Lyon et le journal d’Émile Pitou conservé saltimbanques, les décors et les marionnettes du théâtre Pitou saltimbanques, les décors et les marionnettes du théâtre Pitou

au Musée National des Arts et Traditions populaires de Paris. Transmission de l’histoire familiale, silence et exil intérieur du grand-père devenu instituteur, connexion de l’auteur à ses pro-pres souvenirs, le roman tisse tout un réseau de mouvements mystérieux de la mémoire. « Tout ce qu’il faudrait dire, tout ce qui va se perdre, malgré la volonté, la mémoire, l’amour. Et le reste, ce qui restera, ce peu là qu’on ne saura pas dire non plus. Cantonné au rêve. Reclus. » Éd. Liana Levi, 144 p., 14,50€. reste, ce qui restera, ce peu là qu’on ne saura pas dire non plus. reste, ce qui restera, ce peu là qu’on ne saura pas dire non plus.

Élisabeth Miso

Emmanuelle Guattari, La petite Borde. « Dans le Village de Cour-Che-verny du début des années soixante, la Clinique constituait encore une présence fantastique. La peur des Fous était tan-gible. » Pour Emmanuelle Guattari, la Clinique La Borde n’a jamais représenté une menace, vivre là et y côtoyer les pensionnaires lui semblait tout à fait naturel. La Borde était son royaume, avec ses frères et la bande d’enfants du personnel soignant, elle a partagé d’in-tenses moments de liberté dans le parc du château, de ceux qui donnent à votre enfance une beauté singulière. Institu-

tion modèle fondée en 1953, La Borde mettait en pratique les convictions de la psychothérapie institutionnelle, cette nouvelle approche psychiatrique née après-guerre qui préconisait la libre circulation des malades et leur implication dans les tâches quo-tidiennes et dans leur prise en charge médicale. Les trajets vers l’école dans la 2CV Citroën conduite par un des patients, le lait en poudre Régilait du petit déjeuner, l’affreux petit singe Bou-bou, à hauteur de son regard d’enfant retrouvé, l’auteur égrène quelques scènes de son expérience de ce lieu hors normes et de sa vie familiale d’où se détache la fi gure de son père Félix Guattari, psychanalyste et philosophe, qui codirigea l’établisse-ment jusqu’en 1992. Éd. Mercure de France, 142 p., 13,50 €. Guattari, psychanalyste et philosophe, qui codirigea l’établisse-Guattari, psychanalyste et philosophe, qui codirigea l’établisse-

Élisabeth Miso

Jean Grégor, L’ombre en soi. Au dé-but des années quatre-vingt, Jean Gré-gor alors adolescent, n’avait qu’une vi-sion fl oue de la situation délicate dans laquelle s’était mis son père, le journa-liste Pierre Péan, avec la parution de son livre Affaires africaines. Des appels télé-phoniques anonymes, des cambriolages, une bombe qui explosa devant leur ga-rage, l’inquiétude de sa mère, et le ballet d’étranges visiteurs qui se présentaient dans leur maison de la région parisienne, voilà ce dont il se souvient. Adulte, il ap-prend qu’un tueur avait été recruté pour éliminer le journaliste gênant. Et que

quelques années plus tard, son père provoqua une rencontre avec cet homme et qu’une estime réciproque les liait depuis. La nature romanesque de cette histoire fi nit par rattraper l’écrivain et le projet d’un livre, sorte d’enquête romanesque sur cette amitié improbable, prend forme. Péan qui a le goût du secret et des dossiers brûlants, redoute de se retrouver personnage d’un livre, mais il laisse faire. Jean Grégor écoute les analyses de son père, interroge ses proches, et au fi l des affaires évoquées cerne davantage son « indéfectible attrait pour ce qui n’était ni tracé, ni limpide », sa détermination professionnelle et sa fascination pour l’Afrique. Pour boucler son enquête, le fi ls s’en-vole pour le Gabon, recueillir les confi dences de l’ex-tueur qui a consenti à se retourner sur son passé trouble. Éd. Fayard, 262 vole pour le Gabon, recueillir les confi dences de l’ex-tueur qui a vole pour le Gabon, recueillir les confi dences de l’ex-tueur qui a

p., 19 €. Élisabeth Miso

Florilettres > numéro 137, édition septembre 2012

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DernièresparutionsPar Élisabeth Miso

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56 A RUE DU FAUBOURG SAINT HONORE75008 PARIS - 01 53 43 60 68

AUTOMNE/HIVER 13Trimestriel

OJD : 22475

Surface approx. (cm²) : 1045N° de page : 160

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Eléments de recherche : GALLIMARD : maison d'éditions, toutes citations y compris ses collections Partie 1/2 (cf fiche pour détails)

. , . . ; _le poète et essayiste Nick Rmnrevient de bin.hérita

restituehuicide eta coolisme, son

anima, — SLIPs le best-seJle

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ncore.une nuit.de merdedans cette ville.pourne » —

aurait pu le disqualirler , . , 7., . „ , Douala vie a deux.Maîs I auteur de « Contes a rebours »

â a remonte la pente.Attentr"

rfragjk.MARIAGE MODERNE

Par V IOLAINE BINET

VH i Vous confessez un parcours sentimental chaotique Ce ton,dépourvu d'ironie et de cynisme, vous attire la sympathie

NF En branca, peut-ctrc En Amerique, c'est mal jugeVH i Vraiment?Nr On n'cvoque pas ecs choses la en Amerique Lesgens se sentent mal a l'aise face ace type d'aveux Des amisviennent mc trouver comment as-tu pu laisser ta femmelire ça ' Et moi bey, on en parle aussi tous les deux '

V H | C est aussi un Imre sur le lien amoureux.V O G U E H O M M E S I N T E R N A T ON/»!. « Contes a rebours » est une méditation sur "f La lutte constante, la difficulté que cela re-

la torture en même temps qu'une mise en doute de votre capacite a presente de maintenir ce lien Ue mon experience,l'engagement a devenir pere Comment associez—vous les deux? choisir une personne plutôt qu'une autre ressemble

N I C K r i Y N N j'ai commence a écrire un genre dc pamphlet, un parfois aune tragédie Bien souvent, pendant l'ccn-cn qui s'élèverait contre la torture, disant que c'était mal, ture, )'etais alors partage entre deux femmes, il me semblaitinique, etc Seulement, une fois qu'on a dit ça, on n'a pas évident que nous dev rions vivre ensemble en communauteavance d'un metre Une question centrale m'est apparue U H I Cette période ou vous étiez partage entre deux femmes, Annapourquoi me sentais-je concerne a ce point ' II} a la guerre etlnez, aurait ete une toiture mentaleau Soudan, les pingouins meurent en Antarctique, pour NF Sur Ic moment, c'était terrible je savais quequoi cet intérêt obsessionnel, maniaque — j'en perdais le j'allais en perdre une Pendant deux ans, ]e me suis efforcésommeil Cela m'a amené a inspecter les choix conscients de clarifier la situation Avec des procedes qui n'étaientde ma propre vie Mes relations avec mon pere, ma mere,étaient un fil a tirer Mes relations amoureuses, avec leurpart d'ombre, étaient aussi sur la sellette

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Surface approx. (cm²) : 1045N° de page : 160

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Eléments de recherche : GALLIMARD : maison d'éditions, toutes citations y compris ses collections Partie 1/2 (cf fiche pour détails)

S, C.eS

ma fëmme, e n aimerais etre.niuJe partailleurs. Ic pense : « \o\hlamour

ae nia 'vie. » bt par momentse pense : « le ne te connais même pas.

Ouatons-nous fan r »/"^^^^ upas toujours honnêtes. C'est dans le livre. Un mensongeconduisant à un autre mensonge. La folie qui m'a prisquand j'ai décidé que la première qui tomberait enceinteserait la bonne. Je n'essaie pas d'établir un parallèle entremon attitude ct la torture en prison, Ie lecteur le comprend.C'est plutôt comment arrive-t-on a ce degré de confusionmentale ? Comment s'atcule-t-on dans une impasse tout »H

en justifiant nos actions ?VH i En dépit, ou à cause, des tragédies dans votre famille, vous lm

montrez un attachement indéfectible.x' En dépit ou à cause, comme vous dites. J'ajouteraiscela. En Amérique, le pourcentage de gens vivant entièrement seuls est gigantesque : plus dc 50 % de la populationPlus de 60 % des mariages finissent en divorces. Et il y aaussi une énorme proportion de gens qui n'essaient mêmepas de trouver un partenaire*H Cela vous inspire quoi ?N ' Je trouve ça v raiment étrange. Personnellement, j'aibesoin de gens autour de moi, depuis toujours. Je ne jugepas. Je m'interroge Peut-être est-ce dû à un système quiempêcherait les gens de s'accorder Je n'ai pas vraiment V H I

réfléchi. Mais écrire des livres rapproche d'une certaine NFfaçon. C'est ma contribution.V H I Dînez-vous qu'il existe un amour unique, celui pour la femme

que -vous avez épouse ?>" Certainement. Par moments. Par moments, c'est NF

sublime avec ma femme, je n'aimerais ètre nulle partailleurs. Je pense : « Voilà l'amour de ma vie. » Et par mo-ments je pense: «Je ne te connais même pas. Qu'avons-nous fait ? » Nous avons tous deux ces phases. Le grandamour reste un grand mystere. 4 reconquéri r tous les jours.Aujourd'hui, nous sommes en vacances à Paris, peut—êtreest-ce facile d'être amoureux à Paris. . Nous vivons desinstants magiques...VH Inez, dans votre livre, est l'actrice Lili Taylor, votre femme dans

la vie }

Nf Bien sûr Avant de la rencontrer en chair ct en os,avant que nous soyons présentés, Lili était l'une de mes

actrices préférées. Pour moi, elle représentait lemeilleur du cinéma indépendant. J'avais vu prati-quement tous ses films. Du point de vue de notrerelation, c'était perturbant Je voulais trouver lapersonne réelle. Ça a pris du temps. Probable que çaprend toujours, du temps, avec quiconque. Percer lapersonnalité véritable d'une d'actrice... peut-êtreest-ce une métaphore dc la relation amoureuseen généralv » ' Qu 'est-ce que ça donne d'épouser une actrice quand onest écrivain ?

» ' Je persiste à vouloir lui écrire un texte à la hauteurde son talent. J'ai écrit une pièce de théâtre dont j'aiimaginé pour elle le rôle principal, Lili en a fait deslectures, mais la pièce n'a pas eté montee Je pense à luiécrire un scénario.v" Qu'avez-voia pensé de l'adaptation de votre livre « Encore

une nuit de merde dans cette mlle pourrie » au cinéma ?"f J'adore le film. J'ai travaillé de façon tresproche avec Paul Weitz, le réalisateur, et on a fait un

film assez sombre, assez politique et, à mes yeux du moins,très beau, comme un grand cru européen, vous voyez.Cependant, Hollywood ne m'a pas laissé un excellentsouvenir. J'y ai entraperçu des histoires plutôt moches.v» Comment est venu votre désir d'enfant ?

Nf Nous en avons parlé dès la première nuit. Des cettenuit-là, nous avons ressenti tous les deux que nous pour-rions avoir un enfant ensemble. Puis le temps a passé...L'agenda, quoi qu'il en soit, était le bon puisque nousavons eu cette petite fille incroyable, parfaite.V H I Vous êtes un bon pere ?

Nf Pas de doute là-dessus. J'ai toujours su que je seraisun bon père, et en même temps... que j'aurais puen être un tres mauvais.V H I Que faites-vous avec voire fille ?

Nf On parle beaucoup, on joue beaucoup. Elle réclame :fais le monstre papa. Et je la poursuis. Ça lui fait peur etça l'amuse. Comme ça, elle saura: les monstres existent,mais on peut les chasser, vm

«CONTES A REBOURS»traduit de l 'anglais par A n n e — I arire Tissut,

editions Ga l l imard

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