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1 LE POIDS DE L’HERITAGE Vincent Bolloré se serait sans doute passé de cette nouvelle controverse. Il avait déjà censuré il y a quelques mois un article du Monde sur les violences policières dans son quotidien gratuit Direct matin, dans lequel Le Monde est actionnaire à 30 . Il vient de récidi- ver la semaine dernière, comme l’a dévoilé Rue 89, en interdisant à la dernière minute la publication d’un article sur les méthodes assez curieuses de la RATP pour pister les clients grâce à la carte Navigo. C’est le type même de polémique qui agace le financier. Quoi qu’il en dise, il est très sensible à son image. Il préfère que l’on parle de lui comme un nouveau conquistador, un des entrepreneurs prêts à tout pour bousculer le jeu.

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Enquete Bolloré

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    LE POIDS DE LHERITAGE Vincent Bollor se serait sans doute pass de cette nouvelle

    controverse. Il avait dj censur il y a quelques mois un article du Monde sur les violences policires dans son quotidien gratuit Direct matin, dans lequel Le Monde est actionnaire 30 . Il vient de rcidi-ver la semaine dernire, comme la dvoil Rue 89, en interdisant la dernire minute la publication dun article sur les mthodes assez curieuses de la RATP pour pister les clients grce la carte Navigo. Cest le type mme de polmique qui agace le financier. Quoi quil en dise, il est trs sensible son image.

    Il prfre que lon parle de lui comme un nouveau conquistador, un des entrepreneurs prts tout pour bousculer le jeu.

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    Limage est dsormais ancre dans les esprits. Il ny a pas une semaine ou presque sans que lombre de Vincent Bollor ne plane sur le monde franais des affaires. Il semble toujours lafft, quel que soit le secteur concern.

    En ce moment, il nest question que de son attaque (imminente selon certaines rumeurs) sur le groupe britannique de publicit Ae-gis, dont il dtient dj 29 . Il y a quelques jours, on lui prtait lintention de racheter lhebdomadaire Le Point Franois-Henri Pinault. Dans le mme temps, on parle de sa monte au capital de la socit italienne automobile Pininfarina, en difficult depuis la mort de son dirigeant. Auparavant, la presse avait crit sur son ambition de racheter TF1 Martin Bouygues.

    Rien ne parat devoir arrter Vincent Bollor. Pourtant, la lec-ture des comptes officiels de son groupe, son apptit parat dmesu-r par rapport ses moyens. Il a un groupe certes de taille honora-ble. Mais sa dimension financire ne parat pas tre la hauteur de

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    ses projets affichs ou supposs. En 2007, le groupe a ralis un chiffre daffaires de 6,3 milliards et un rsultat net de 322 millions deuros. Au premier semestre de 2008, le groupe a dj t pnalis par la crise: le rsultat net a chut de 61 , 140 millions deuros, en raison de la chute dHavas o il est actionnaire hauteur de 32,8 .

    Pas de quoi faire des folies donc. Dautant que sur les sept activi-ts du groupe (transports et logistiques, films plastiques et batteries, papiers minces, distribution dnergie, terminaux et systmes sp-cialiss, mdias et tlcoms et autres), seules les branches transports et logistiques, distribution dnergie, affichent un rsultat opration-nel positif (58 millions deuros au premier semestre 2008).

    Toutes les autres sont en perte. Et cest sans compter les gros pa-ris sur lavenir qua pris Vincent Bollor en misant sur le dvelop-pement de la batterie lectrique, le redressement dHavas, ses convoitises sur Aegis. Autant de chantiers qui amnent le groupe immobiliser plus de 1 milliard deuros de capitaux.

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    En dpit de cette quation financire contrainte, personne nan-moins ne remet en question les ambitions de Vincent Bollor.

    Aveuglement mdiatique? Sans doute. Mais peut-tre aussi le sentiment diffus que la puissance du financier, qui sest illustr ces dernires annes par quelques coups clbres, est plus grande que celle affiche officiellement. Sentiment plus que justifi. Il y a bien une face cache de lempire Bollor. Juste voque en quelques mots pour ne pas donner limpression du secret, mais en fait totale-ment obscure.

    Entre Afrique et Luxembourg, Vincent Bollor a bti un deuxime groupe puissant, discret et tentaculaire. Il lui permet de faire ses coups financiers labri des regards, de prosprer hors de nombreuses contraintes fiscales et rglementaires et daccumuler une richesse sans proportion avec celle revendique. Voyage dans la zone offshore de Bollor.

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    Des colonies aux paradis (fiscaux) Aux origines de cette fortune discrte, il y a lempire Rivaud.

    Puissance financire coloniale, propritaire de millions dhectares de plantations en Afrique et en Asie, elle a au fil des d-cennies accumul des centaines de millions (des milliards au-jourdhui) dans les paradis fiscaux les plus divers (Vanuatu, Guerne-sey, Jersey, Luxembourg), au travers dun cheveau inextricable de socits en autocontrle, aux noms voquant le pass colonisateur franais: Caoutchoucs de Padang, Forestire bordelaise, Terres rou-ges, Compagnie du Cambodge, Sennah Rubber...

    Un empire tenu dune main de fer par Jean de Beaumont et Edouard de Ribes. Ds que lon prononce leurs noms, les interlocu-teurs voquent la bonne noblesse napolonienne, le Bottin mondain, le Jockey Club et la cration du Club Interalli.

    Ils oublient en revanche le trafic des piastres entre la France et lIndochine au dbut des annes 1950, la collusion continuelle avec

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    les pouvoirs en place tout au long de la IVe Rpublique, laccueil dans leur banque des finances du RPR, et aussi leur immense for-tune, les liens trs troits avec certaines familles italiennes trs pro-ches du Vatican et de sa banque, lIOR (Istituto per le Opere di Re-ligione, institution pour les oeuvres religieuses). A labri des regards indiscrets, ils ont accumul des centaines de millions tirs des plan-tations asiatiques et africaines, avec lappui de la famille Fabri en Belgique, qui possde un tiers de lempire.

    Tous ceux qui ont essay de sapprocher de Rivaud, den prendre le contrle, sy sont cass les dents, dEdouard Stern et Philippe Jaf-fr Giancarlo Parretti, lhomme daffaires italien au coeur dun des plus gros scandales du Crdit lyonnais.

    Mme des membres de la famille Rivaud ont t partiellement dpouills par les deux hommes, les seuls capables de sy retrouver dans le ddale des participation.

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    Tous ont chou donc, sauf un: Vincent Bollor. Invit en 1987

    par les deux dirigeants entrer au capital comme actionnaire trs minoritaire de quelques socits Rivaud (Artois, Socfin et Terres rouges) pour dfendre le groupe contre les attaques des banques Stern et Dumnil Lebl, il na jamais lch sa proie depuis. Mme au temps de la quasi-faillite de son groupe en 1994, il na pas envi-sag de se dfaire de ses participations dans Rivaud. L tait sa for-tune. Il le savait.

    Aprs des annes de patience, lheure de la rcompense sonna. En 1996, la banque Rivaud, plaque tournante financire du dis-

    positif mis en place par Jean de Beaumont et Edouard de Ribes, est branle: un contrle fiscal a mis en lumire un dispositif dvasion fiscale en Suisse pour les fortunes du Sentier et dailleurs. Dans le mme temps, la justice enqute sur son rle dans des financements occultes destination dadministrateurs judiciaires. Enfin, la Com-

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    mission bancaire sinquite de sa solidit financire et de son sou-tien hors de proportion la compagnie arienne Air Lib, en quasi-faillite.

    Vincent Bollor souffle alors sur les braises. Au conseil, comme dans les mdias, il prdit la catastrophe bancaire. La banque est per-quisitionne, de nombreux documents sont envoys aux juges. Pr-sente comme la banque du RPR, la banque voit sortir dans la presse les comptes de certains clients dont celui dAlain Jupp, alors pre-mier ministre. En septembre, tout est consomm. Vincent Bollor a pris le pouvoir et sest install dans la banque. (Pour le rcit complet de cet assaut, lire le livre de Renaud Lecadre et Nathalie Raulin, En-qute sur un capitaliste au-dessus de tout soupon.) A peine install, Vincent Bollor se livre un grand exercice de communication. Il prsente le groupe Rivaud, donne une estimation de sa valeur aux alentours de 10 milliards de francs et promet une simplification du groupe. Il va falloir faire linventaire et mettre de lordre. Il y a au

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    moins pour trois ans de travail, assure-t-il alors. Normalisation et transparence sont lordre du jour, affirme-t-il.

    Des dizaines de socits et de filiales dans le monde Dans un premier temps, les oprations lances par Vincent Bollor paraissent sinscrire dans ce programme. Lhomme daffaires vend Air Lib British Airways, se dbarrasse de la banque Rivaud et surtout de lencombrante banque suisse, la banque dinvestissements privs (BIP) au centre de plusieurs instructions judiciaires. Il cde des plantations en Asie, de limmobilier Paris. Le recentrage avance, permettant au groupe dannoncer chaque cession des dizaines voire quelques centaines de millions deuros de plus-values. Il charge mme la banque Lazard, quil a attaque quelque temps au-paravant, de laider la simplification.

    Aujourdhui, les bonnes intentions paraissent vanouies. En douze ans, larchitecture du groupe Rivaud a peine t modifie, saccrochant juste par quelques points de passage celui de Vincent

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    Bollor. Lhomme daffaires sest gliss sans peine dans les ancien-nes structures, dcouvrant son tour tout lintrt de lautocontrle et des places financires discrtes.

    Si Vincent Bollor na pas simplifi lhritage de Rivaud, cest quil y trouve son intrt. Le maintien en ltat lui permet dviter de ddommager les minoritaires. Et puis la complexit est un moyen pratique de dcourager les curieux. Qui ira voir ce qui se cache der-rire ses dizaines de socits? note un avocat daffaires qui a eu se pencher dans le pass sur lempire Bollor.

    De fait, comment sy retrouver dans cet ensemble touffu? La pr-sentation quen donne le groupe nest quun ple reflet de lensemble. Bollor aujourdhui, ce sont des dizaines de socits et de filiales dans le monde. Une petite partie est installe en France, un certain nombre en Afrique pour les besoins de ses activits por-tuaires, logistiques et agricoles, et un bon paquet ailleurs en Europe, avec une nette prfrence pour le Luxembourg [Sur

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    www.mediapart.fr un lien vous mnera la liste des socits conso-lides du groupe. Il y en a six pages].

    Certaines ont t reues par hritage, si lon peut dire, dautres sont de cration rcente, comme Swan, Cormoran ou Carlyle inves-tissement. Vincent Bollor assure que cette dernire accueille juste des participations pour ses bateaux. La ressemblance avec un autre groupe Carlyle, un fonds amricain redout, trs proche de la famille Bush et qui sest illustr dans certaines affaires avec la CIA, est ce-pendant frappante.

    Dautant que lantenne europenne de ce fonds est aussi au Luxembourg.

    Tout fonctionne en circuit ferm. Aux conseils dadministration, on retrouve la mme poigne dhommes, cinq ou six, contrlant lensemble de la pyramide. Le mme homme, Daniel-Louis Deleau, install au Luxembourg, supervise toutes le structures, accomplit les

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    dmarches administratives, signe les procs-verbaux dassemble et les chques depuis plus de vingt ans.

    A la base, il y a des structures oprationnelles. Elles ont une acti-vit, des employs, un chiffre daffaires et des bnfices.

    Mais elles ne conservent quasiment rien pour elles. Tous les flux de trsorerie, les bnfices sont centraliss par la suite dans diffren-tes structures (Financire du Champ de Mars, Plantations de terres rouges, Socfinal, Nord Sumatra, etc.). Ce sont des socits de porte-feuille qui nont parfois aucun chiffre daffaires, pas de salaris, de multiples dividendes et des rserves de capitaux prolifiques, le tout bnficiant de grandes largesses fiscales.

    Dans le labyrinthe des participations croises Combien cet en-semble pse-t-il? Peut-tre 5, peut-tre 10 milliards deuros, peut-tre plus, En tout cas, pas dix milliards de francs (1,5 milliard deu-ros), comme lavait annonc Vincent Bollor en 1996. Il y a des actifs partout, parfois inscrits leur valeur historique des annes

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    1950 ou avant. Il y a des rserves partout. Tout en se moquant des petites caisses du comte de Ribes, Vincent Bollor en a repris lusage. La Financire du Champ de Mars (ex-Socfin) a plus de deux milliards deuros de rserves, Plantation des terres rouges 500 millions, sans compter les dizaines de millions accumules ici et l dans des structures pratiquement sans aucune dette.

    Contrler les flux dargent parat presque impossible. Les parti-cipations se croisent, se recroisent. Lautocontrle est tous les ta-ges: Plantations des terres rouges dtient 61,7 de Cambodge, qui d-tient elle-mme 36 de Moncey, qui dtient 42 de Financire dArtois, elle-mme actionnaire hauteur de 22 de Plantations des terres rouges. Ainsi de suite. Les dividendes circulent dune struc-ture lautre, reviennent, se perdent. Le tout est illisible.

    Vincent Bollor se dfend de cultiver lopacit. Les socits au Luxembourg? Cest lhritage du groupe. Dailleurs, prcise-t-il, plus aucune na le statut de holding de 1929. De fait, toutes les so-

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    cits du groupe ont abandonn ce rgime luxembourgeois, qui dis-pensait les entreprises de toute dclaration fiscale et lgale, pour un statut un peu clair, celui de Sofarpi. Les socits sont tenues un minimum de dclarations comptables, mais elles conservent lessentiel: une exonration fiscale trs large sur les bnfices et les plus-values.

    De mme, ajoute le financier, sil na pas pu conduire la grande opration de simplification quil avait promise, cest en raison des minoritaires, jure-t-il. Nous avons retir de la cote Mines Kali Sainte-Thrse, les Caoutchoucs de Padgang, Socfin.

    Mais chaque fois, il y a des actionnaires qui contestent loffre, qui compliquent les oprations. Alors, je ne suis pas press, expli-que-t-il.

    Tout au long de sa carrire, lhomme daffaires a toujours eu des difficults avec nombre de ses partenaires minoritaires. A chaque fois que ceux-ci ont demand sortir, cela ne sest pas pass sans

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    mal: Vincent Bollor est avare de son argent, conteste tout ce quil peut et verse le minimum. Il eut ainsi des bras de fer avec Axa, qui lavait pourtant accompagn et soutenu pendant plus de dix ans, avec dautres mutualistes, avec des actionnaires minoritaires belges.

    Le poids des familles belges. Mais chez Rivaud, lhomme daffaires semble stre heurt un

    autre obstacle: les autres actionnaires du groupe, Hubert Fabri et le comte de Ribes, qui possdent encore des cls importantes du groupe. Vincent Bollor semble avoir d transiger.

    Avant mme davoir lanc son coup de force, lhomme daffaires franais avait pactis avec Hubert Fabri, reprsentant des intrts belges, et mpris par le comte de Ribes.

    Ensemble, avait-il promis, ils allaient redynamiser Rivaud, lui donner sa vraie valeur.

    Sur ce point (mais pouvait-il faire autrement?), Vincent Bollor a tenu parole. Il a laiss le pouvoir oprationnel la famille Fabri et

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    ses reprsentants dans les structures lies aux plantations (Socfinal, Socfinasia, intercultures). Dans les rectifications de frontires et les partages dactifs, il leur a abandonn certaines socits lies lAsie (Sennah Rubber), ne sest pas ml de la gestion de structures finan-cires partages entre familles belges et familles nerlandaises (Mopoli).

    En change, il a revendiqu le contrle des socits financires (Socfin, Plantations de terres rouges), a pes sur la gestion des ac-tifs. Et les familles belges ne cessent de se fliciter de ce partenaire qui na pas bouscul leurs petits secrets, et qui les enrichit.

    La prsence du comte de Ribes, en revanche, est plus surpre-nante.

    Ds sa prise de pouvoir, Vincent Bollor semblait dcid se passer du dirigeant, poursuivi par la justice. Son fils, le vicomte Jean de Ribes, na fait quun passage clair au conseil du groupe avant de le quitter six mois plus tard.

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    Aujourdhui, pourtant, lancien matre du groupe Rivaud est, 85 ans, encore prsent dans un nombre incalculable de socits du groupe. Il est vrai que dans les statuts du groupe Bollor, lge li-mite pour les administrateurs est de 99 ans.

    Ainsi, le comte de Ribes est vice-prsident du groupe Bollor, au mme titre quAntoine Bernheim, le mentor de Vincent Bollor. Mais on le retrouve tous les grands carrefours financiers du groupe Bollor-Rivaud. Il est ainsi prsident du conseil de surveillance de la socit bordelaise africaine, prsident dhonneur de la financire dArtois et dIER, directeur gnral de la socit des chemins de fer et tramways du Var et du Gard, vice-prsident de Financire du Champs de Mars (ex-Socfin) , administrateur de Plantations de ter-res rouges, de Nord Sumatra investissements, de la socit anonyme forestire africaine (SAFA), des caoutchoucs du Grand-Bereby.

    Il est aussi administrateur de la discrte banque suisse, Jean-Philippe Hottinguer, spcialise dans la gestion de fortune.

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    Un tablissement bancaire qui a des liens troits avec le groupe Bollor, la compagnie du Cambodge, une des holdings de Rivaud en est actionnaire et la banque a rendu plusieurs services au groupe Bollor. On en oublie. Il ny a que Cdric de Bailliencourt, neveu de Vincent Bollor qui il a confi nombre des cls du groupe, qui a cumul autant de mandats.

    Ltrange destin judiciaire du dossier Rivaud Pourquoi un tel re-virement? Vincent Bollor minimise linfluence du comte de Ribes sur la conduite du groupe. A lentendre, il sagit dun geste amical. Des proches du dossier, connaissant bien Vincent Bollor, samusent de lexplication: lhomme dans le pass sest dbarrass sans grand mnagement de plusieurs dirigeants qui lavaient aid btir son empire puis ne pas le perdre.

    Si le comte de Ribes est toujours l, cest que Vincent Bollor ne peut pas le contourner, avance lun dentre eux. Pour lui, lan-cien dirigeant aurait des parts au porteur ou de fondateur qui le

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    rendent incontournable dans certaines socits loges notamment au Luxembourg.

    Un autre voque un pacte pass entre les deux hommes. Au d-part, Vincent Bollor semblait prt casser tout lempire, rvler tout ce quil y avait dobscur lintrieur. Puis, le monde politique est intervenu pour lui faire comprendre quil navait peut-tre pas in-trt mettre tout sur la place publique.

    Lui-mme a compris aussi que Rivaud tait beaucoup plus riche quil ne le croyait. Le comte de Ribes la sans doute aid en pren-dre conscience. A ce moment-l, il na plus eu du tout envie de faire du bruit autour de Rivaud, explique ce financier.

    A lappui de sa thse, il souligne ltrange destin qua connu le dossier judiciaire Rivaud. Lenqute sur le groupe avait commenc toute vitesse au dbut de 1996. Perquisitions, saisies, auditions, Ri-vaud semblait condamn sexpliquer sur ses pratiques, dvoiler ses secrets. Une enqute fiscale fut engage, la banque tant souponne

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    davoir ralis une vasion fiscale de prs de 300 millions de francs. En parallle, une information fut ouverte par les juges Isabelle Pr-vot-Desprez et Jean-Paul Delahaye pour abus de biens sociaux, blanchiment, corruption. Le comte de Ribes dut dposer une caution de 30 millions de francs pour rester en libert.

    Puis, brusquement, toutes les charges semblrent svanouir. Le dossier fiscal a mis, comme le racontera plus tard Le Canard encha-n, quatre mois aller de Bercy au Palais de justice. On loublia. Et la banque Rivaud fut condamne payer 48 millions damendes au lieu des 92 prvus au dpart. Le dossier pnal, qui semble avoir di-minu des deux tiers entre-temps, a t class sans suite, toutes les plaintes ayant t retires. Tout fut effac. Et le juge dinstruction Jean-Paul Delahaye rejoignit le groupe Bollor comme directeur des services juridiques.

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    Depuis, Vincent Bollor et le comte de Ribes sigent aux mmes conseils. Partagent-ils les mmes vues? Ils ont dcid en tout cas de prosprer ensemble.

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    COMMENT VINCENT BOLLOR SEST TAILL UN EMPIRE

    EN AFRIQUE Vincent Bollor aime lAfrique. Il ne sy rend pas souvent: une

    deux fois par an seulement. Mais chaque dplacement, il ne man-que pas de rpter dans la presse africaine son attachement durable au continent africain, sa croyance profonde dans son dveloppement . La Core de XXIe sicle, a-t-il mme prdit. Au-del des convictions, il y a aussi les intrts conomiques. Une grande partie de la richesse du groupe Bollor provient de lAfrique. Rcuprant des morceaux entiers de lempire colonial dlaiss par les Franais, il sest bti un royaume.

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    Aujourdhui, le groupe Bollor est un des grands acteurs cono-miques de lAfrique. Avec une vraie ralit conomique: il a des ports, des trains, des quipements de logistiques, des entrepts, des plantations, des usines de transformation. Il transporte, selon les es-timations, entre 20 et 30 des exportations de cacao, de caf, dhuile de palme, de coton du continent.

    Son maillage est des plus serrs dans toute lAfrique de lOuest, en particulier en Cte dIvoire, au Cameroun, au Congo, au Gabon.

    Il est parti dsormais la conqute de lAfrique anglophone, au Nigeria dabord puis en Afrique du Sud et en Afrique de lEst (Ke-nya, Ethiopie). Au total, le groupe est implant dans 43 pays, y em-ploie 18.480 salaris, soit 53 des effectifs du groupe. Il y ralise of-ficiellement 1,4 milliard deuros de chiffre daffaires sur 6,3 milliards au total. Mais, l aussi, il y a une part officielle et une part officieuse.

    La part officielle, cest le transport, la manutention, la logistique.

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    La premire diversification de la socit quand Vincent Bollor dcide de regarder au-del du mtier historique de la famille, le pa-pier fin. Ds 1986, lhomme daffaires rachte Suez, sur les conseils de son mentor, Antoine Bernheim, la SCAC, une socit de manutention et de logistique portuaire.

    Le mtier est austre, compliqu. Mais lhomme daffaires en comprend trs vite tout lintrt: il y a des fortunes faire en repre-nant des activits ngliges sur un continent dlaiss de tous, sans concurrence ou presque. Sans parler du pouvoir qui laccompagne: sur les quais, on connat toutes les marchandises qui sortent et ren-trent, leur prix, qui elles sont destines. En Afrique, ces informa-tions ont leur importance.

    Ainsi, Vincent Bollor commence ramasser petit petit des secteurs conomiques abandonns et devient un des piliers de la Franafrique . Dsireux de stendre trs vite, il part lassaut ds 1990 de Delmas Vieljeux , le groupe de transports maritimes qui a

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    alors la haute main sur tous les ports de lAfrique de lOuest. Comme son habitude, il opte pour une prise de contrle rampante. Pourquoi acqurir la totalit du capital et dilapider de largent, alors quune participation minoritaire peut permettre dimposer sa loi dans une socit au capital clat? Mais Tristan Vieljeux, patron du groupe maritime et vieux crocodile du monde africain, nest pas d-cid se laisser faire.

    Rseaux contre rseaux, coups tordus contre coups tordus, la ba-taille se finit par une dcision judiciaire obligeant Bollor lancer une OPA en bonne et due forme sur Delmas-Vieljeux. A la suite de cette opration, Bollor manque de couler.

    Il reprend, malgr tout, lactivit de transport maritime, la dve-loppe un peu avant de la revendre en 2005 Jacques Saad, prsi-dent de CMA-CGM. La concurrence dans le secteur, notamment face au Danois Maersk , lui semble trop dure. Et puis, entre-temps, il

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    a dcouvert quil y avait mieux faire. Prendre pied dans toutes les infrastructures portuaires et de transport dans de nombreux pays.

    Pousss, voire forcs, par la Banque mondiale et le Fonds mon-taire international, les principaux pays africains ont lanc au milieu des annes 1990, un vaste mouvement de privatisations de toutes les socits nationales et de leurs infrastructures.

    Vincent Bollor voit trs vite lintrt sinscrire dans ce proces-sus. Sil peut se placer aux noeuds stratgiques, il devient in-contournable dans les transports et le trafic de marchandises.

    Il a pour lui de bien connatre lAfrique, davoir ses entres au-prs de tout le personnel politique africain et davoir les rseaux quil convient. Et il ne manque pas de les mnager.

    Rcuprant les vestiges des rseaux Foccart et Pasqua, si puis-sants en Afrique, il sest fait nombre dobligs auprs des membres des familles gouvernantes. Pierre Am, patron de la socit de trans-ports et de logistiques Saga, rachete en 1998 par le groupe Bollor,

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    la introduit dans de nombreux cercles de pouvoir africain et tra-vaille sans relche au succs de leurs entreprises communes. En 1999, Michel Roussin , ancien directeur de cabinet du patron de la DGSE, ancien directeur de cabinet de Jacques Chirac, ancien minis-tre de la coopration du gouvernement Balladur et toujours prsident du Medef Afrique, est venu le rejoindre. Cela fait des entres sup-plmentaires. Il est devenu responsable de toute lactivit du groupe en Afrique.

    Enfin, Vincent Bollor sait lintrt que portent les gouverne-ments successifs lAfrique, plus souvent dailleurs au niveau de lElyse et du ministre de lintrieur que du Quai dOrsay. Et il ne manque pas de les tenir informs, voire un peu plus, de ses diff-rents projets. Par courtoisie, sans aucun doute. Car lhomme daffaires le rpte frquemment: il na aucune relation daffaires avec lEtat franais.

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    Fort de son exprience industrielle relle mais aussi de ses sou-tiens divers, Vincent Bollor sest donc mis sur les rangs des privati-sations. En 1998, il dcroche la concession de Sitarail, une socit ferroviaire qui exploite la ligne Ouagadougou (Burkina Faso)-Abidjan (Cte dIvoire), puis la socit de chemin de fer camerou-naise, Camrail. Il devient ainsi le premier transporteur ferroviaire de lAfrique de lOuest, l o affluent tous les transports de matires premires agricoles, quil peut acheminer directement maintenant jusquaux bateaux.

    Le maillage continue se tisser au plus serr. Aprs les trains, lhomme daffaires jette son dvolu sur les ports. Il a ainsi obtenu la concession des terminaux de conteneurs dAbidjan (Cte dIvoire), de Douala (Cameroun), de Tema (Ghana), de Lagos (Nigeria), et mme pour lensemble du port de Libreville (Gabon). Ces attribu-tions ne se font pas toujours dans la plus grande clart et donnent lieu de srieuses batailles de rseaux. Ainsi, celle du port

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    dAbidjan en 2004, ralise en pleine guerre. Les conditions ont pa-ru si peu rgulires la Banque mondiale quelle a demand une rvision du contrat.

    Entrepts, manutention, grues, chemin de fer... Malgr son implantation africaine et les soutiens gouvernemen-

    taux franais et africains, lhomme daffaires commence faire un peu peur . Le gouvernement togolais na pas voulu lui confier les cls du port de Lom, en dpit des vives incitations de la France, comme la racont le Canard Enchan. Le Sngal lui a prfr Du-ba Ports World pour grer le port de conteneurs de Dakar. Mais le groupe a bien lintention de se rattraper au Congo. Il vient de rem-porter la concession du port de Pointe-Noire . Il compte y investir 200 300 millions deuros pour construire le premier port en eaux profondes dAfrique de lOuest .

    Vincent Bollor est dsormais incontournable dans cette partie de lAfrique. Des entrepts pour stocker les matires premires la

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    gestion des ports, en passant la manutention, les grues, les chemins de fer , il a intgr toute la chane logistique permettant de transpor-ter le bois, le cacao, le caf, le coton, et bientt les minerais, du coeur de lAfrique aux ports, expdiant en retour les produits venus de Chine ou dEurope.

    Officiellement, lactivit du groupe Bollor en Afrique sarrte l. Lintgration verticale ne va pas jusqu la production des mati-res premires. A lentendre, il ne veut surtout pas toucher aux plan-tations, mme si cest le mtier historique du groupe Rivaud. Tout juste concde-t-il que son groupe exploite 8.400 hectares de pal-miers et dhvas au Cameroun, par lintermdiaire de la Socit anonyme forestire et agricole ( SAFA), un hritage de lhistoire. Pour le reste, la gestion de lensemble de lactivit a t confie aux partenaires belges de Rivaud. Cest Hubert Fabri, qui soccupe de toute cette partie du groupe, explique lhomme daffaires.

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    Dans la rorganisation discrte qui sest opre entre Vincent Bollor et la famille Fabri aprs sa prise de contrle de Rivaud, lhomme daffaires a, il est vrai, laiss aux actionnaires belges lessentiel des plantations. La plus grande partie de lactivit a t loge au sein de Socfinal , une socit luxembourgeoise, administre toujours par le mme petit noyau: Bollor, Fabri, de Ribes et un re-prsentant de chaque groupement dintrt.

    Deux filiales ont t cres: Socfinasia dun ct, qui regroupe les plantations en Asie, Intercultures de lautre qui porte les filiales africaines. Vincent Bollor dtient directement et indirectement 39 de lensemble. En apparence, une position dactionnaire minoritaire. Mais face lui, cest un groupement dactionnaires qui dtient la majorit, ce qui lui donne un peu plus de poids.

    La partie asiatique de Socfinal ne la jamais beaucoup intress. Trop loin, trop compliqu. A linverse des marchs de niche quil

    affectionne. Aussi a-t-il pouss ses partenaires allger leur position

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    en Asie et vendre un certain nombre de terrains, notamment en Malaisie. Ce qui a permis de rcolter plusieurs centaines de millions deuros de plus-values.

    Un des plus grands planteurs dAfrique Une partie a t rinves-tie en Afrique. Car cest l que Vincent Bollor voit lavenir des plantations. Socfinal sest donc install au Liberia, sest renforc en Cte dIvoire, au Cameroun, au Nigeria. Avec 83.000 hectares de plantations dhuile de palmes, dhvas, de bois exotiques, il est au-jourdhui un des plus grands planteurs dAfrique.

    Mais il rcolte aussi du caf, du cacao et mme des roses au Ke-nya. Employant plus de 24.000 personnes, il a un poids conomique et politique dans les pays o il est prsent.

    En 2007, Socfinal a ralis un bnfice net de 97 millions deu-ros pour un chiffre daffaires de 336 millions. Ce qui reprsente une marge bnficiaire de 28,8 . Des taux que lon ne retrouve que dans les secteurs de luxe. Sa filiale africaine Intercultures fait un peu

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    moins bien: 17 de marge bnficiaire seulement. Mais ce nest quune moyenne, les roses du Kenya, notamment, plombent le rsul-tat.

    En Cte dIvoire, Intercultures enregistre le rsultat stupfiant de 31 millions deuros pour 67 millions de chiffre daffaires, soit 44,9 de marge dexploitation! Un rsultat dautant plus apprciable qu linverse de lactivit en Asie, Socfinal a presque partout les mains libres en Afrique. Cela permet entre autres de ne pas abandonner les pratiques du bon vieux temps: toutes les dettes restent sur place, la trsorerie, elle, repart au Luxembourg.

    Vincent Bollor veille au plus prs du dveloppement de la fi-lire. Et pour certaines socits sensibles, il ne dlgue pas.

    Il est ainsi vice-prsident de la socit des caoutchoucs du grand Bereby et de Bereby finances. La socit est une filiale dIntercultures, dtenue 82 . Mais cest une socit qui compte dans lunivers de Bollor: elle travaille en Cte dIvoire, pays sur

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    lequel le groupe a beaucoup mis. De mme, il a tenu tre admi-nistrateur de Liberian Agricultural company (huile de palmes), Red lands Roses (roses), Sogescol (transformation des produits agrico-les). Cest beaucoup pour un homme qui cumule dj quinze postes de prsident, viceprsident et directeur gnral, sans compter les in-nombrables mandats dadministrateurs (33 dclars).

    Cette position lgrement en retrait offre Vincent Bollor limmense avantage de ne pas tre ml directement la gestion des hommes et des plantations. Ainsi, lorsque les ouvriers de Socapalm , une filiale au Cameroun exploitant des plantations dhuile de palme, se sont mis en grve en 2008 pour dnoncer leurs conditions de tra-vail et de salaire, lhomme daffaires est rest en retrait. Il napparat pas non plus lorsque les organisations internationales dnoncent la dforestation faite par Socapalm. Lui, il nest quactionnaire minori-taire. Il se contente dempocher les dividendes.

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    LES PETITES CAISSES DU LUXEMBOURG

    Vincent Bollor la toujours affirm: il a deux mtiers. Le pre-

    mier, cest celui dindustriel quil exerce depuis quil a repris lentreprise papetire familiale en 1981. Le second, cest celui de fi-nancier. Il le prfre de loin au premier. Il est vrai quil y excelle. Il est capable de mener des Blitzkrieg boursiers qui tonnent et terrori-sent ses pairs. Mme si la crise, en ce moment, paralyse un peu ses initiatives.

    Agissant seul ou presque, il est capable de ramasser en toute dis-crtion, par lintermdiaire de ses multiples socits, les titres dune entreprise qui lintresse ou quil juge dcote.

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    Plusieurs patrons (et non des moindres), comme Martin Bouygues ou Michel David-Weill, alors prsident de la banque La-zard, en ont fait lexprience. Lorsque Vincent Bollor appelle pour les prvenir quil est rentr dans leur socit, il est dj trop tard. Le financier est dj bien install dans le capital.

    Il a toutes les options qui lui permettent de monter encore et daccentuer la pression. En face, ses adversaires sont dsarms: ils nont rien vu venir.

    Le financier aime rappeler ses russites boursires. Ses plus-values boursires sont pour lui autant de titres de gloire: 1,5 milliard de francs (228 millions deuros) grce Bouygues, 900 millions de francs (137 millions deuros) en pariant sur Path, 300 millions deuros sur Lazard, autour de 2 milliards deuros sur Vallourec. Il y a eu quelques investissements moins heureux, un aller et retour rat chez Eurotunnel, lerreur destimation chez Aegis, le coup de pouce

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    amical mais sans grand effet sur Pierre et Vacances. Mais au final, peu dhommes daffaires franais peuvent lgaler sur ce terrain.

    A la lecture des comptes de son groupe, une question vient lesprit. Pourquoi tous ces coups financiers ne se voient-ils jamais dans ses comptes? Dune anne sur lautre, le groupe Bollor affiche un rsultat qui na rien de comparable avec les plus-values procla-mes.

    En 1998, anne de la plus-value sur Bouygues, le groupe a ainsi ralis 98 millions deuros de rsultat, part du groupe.

    En 2000, date du rachat de sa participation dans Lazard, le bn-fice net part du groupe slve 41 millions deuros. En 2005, anne o Vincent Bollor dclare 535 millions de plusvalues sur Vallourec (sa participation de 24 dans la socit dingnierie ptrolire a t cde sur plusieurs annes), son groupe enregistre un profit de 275 millions.

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    La rponse cette question est simple: les gains financiers sont capts ailleurs. Lhomme est peu partageux, il prfre exercer ses ta-lents financiers en dehors de son groupe officiel, dans dautres struc-tures. Ses socits personnelles dabord, les socits quil contrle par ailleurs ensuite.

    Ds la prise de contrle de Rivaud, Vincent Bollor a vu sa puis-sance de feu dcuple, le groupe lui apportant structures et finances qui lui faisaient tant dfaut auparavant. A peine install, il sest em-press de tester son nouveau pouvoir, en attaquant Bouygues.

    Mais la mthode ntait pas encore totalement prouve. Vincent Bollor passa lpoque par lintermdiaire de socits

    franaises, les siennes comme Financire du Loch, ou celles de Ri-vaud, comme Compagnie du Cambodge. Des entits installes en France, parfois obliges de faire un minimum de publicit. Cest ainsi que la Compagnie du Cambodge mentionne joliment dans son rapport annuel de 1997 que la socit a engag une diversification

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    dans le BTP en achetant des titres Bouygues. Autre inconvnient: en ralisant ces oprations par la France, celles-ci sont soumises au r-gime fiscal franais sur les plus-values.

    Depuis, Vincent Bollor a perfectionn le systme. Aprs le suc-cs de lattaque sur Bouygues, ses associs de Rivaud qui se sont notablement enrichis au passage ont, semble-t-il, accept de lui confier de plus en plus de cls de lempire. Sans surprise, il a fini par prendre si ce nest la totalit, au moins le contrle des structures qui lintressaient.

    Si le souhait de Nicolas Sarkozy de voir le Luxembourg renoncer ses passe-droits fiscaux se ralisait, son ami Vincent Bollor serait peut-tre embarrass. Car cest souvent partir de socits du Grand-Duch, les petites caisses chres au comte de Ribes, quil conduit ses oprations financires: elles sont riches, discrtes, et b-nficient de grandes largesses fiscales.

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    Dabord, il y a les Plantations des terres rouges. Autrefois instal-le au Vanuatu, ramene au Luxembourg en 1999, cest la holding discrte du groupe, contrle hauteur de 94 par diffrentes entits du groupe Bollor. Socit de portefeuille, elle est une des cls de lempire Rivaud. Elle porte un certain nombre de participations du groupe, entre autres 61 de la Compagnie de Cambodge, 17 de Fi-nancire Moncey, 55 de la Financire du Loch, une des socits fi-nancires personnelles de Vincent Bollor, 46 de la socit anonyme forestire et agricole (SAFA) et, par lintermdiaire de sous-filiales, certains actifs stratgiques en Afrique comme la socit exploitant le port de Libreville, ou Sitarail, qui gre la ligne de chemin de fer Ouagadougou-Abidjan.

    Dirige directement par Vincent Bollor, cest un coffre-fort: la socit a prs de 400 millions de capitaux propres et plusieurs dizai-nes de millions de disponibilits financires. Son chiffre daffaires? Nul ou presque. En 2007, il sest lev 34 millions. La socit a,

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    par contre, enregistr plus de 360 millions de rsultat financier consolid, et pay seulement 20 millions dimpts. Compte tenu de limportance des intrts minoritaires, cela sest traduit par un bn-fice social de 109 millions.

    En 2006, ctait mieux encore, le rsultat financier slevait 580 millions. Ce qui donna 135 millions de rsultat net part du groupe. Une partie de ces bnfices provient des dividendes, lautre, lessentiel, des plus-values de cession. Car la socit est associe tous les coups boursiers de Bollor et reoit sa quote-part au mo-ment du dnouement.

    Une autre socit est encore plus engage dans ses attaques bour-sires: Nord Sumatra investissements. Fonde pour porter des actifs lis aux plantations, cette structure, base Bruxelles, a t trans-forme en socit financire par Vincent Bollor. Lhomme daffaires semble avoir une prdilection pour cette entit. Il est vrai que l encore dorment des richesses.

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    Plus de 200 millions de fonds propres, aucune dette et 156 mil-lions deuros de trsorerie disponible. Cela donne quelques muni-tions pour partir lassaut du march.

    Aussi est-elle associe tous les coups boursiers. Elle porte ainsi une petite partie des 29,9 dAegis, la socit britannique de publicit attaque par Bollor en 2005. Cest par elle aussi que le financier a attaqu la banque Lazard, en ramassant les titres de sa holding de tte, Rue Impriale, ou a port 5 de Pierres et vacances, quelques pour cent de la Seita. Elle a aussi t une des principales structures participant au ramassage de Vallourec. Ce qui lui a permis dempo-cher de substantielles plus-values: plus de 250 millions deuros, rien quen 2005.

    Partage entre administrateurs Prudent, aimant dsormais toujours avoir de largent sous la main depuis sa quasi-faillite en 1994, Vin-cent Bollor prfre accumuler les rserves financires plutt que les distribuer.

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    Un comportement normal pour lui dans les socits cotes: moins il verse aux actionnaires minoritaires, mieux cela vaut ses yeux.

    Mais cette politique sapplique aussi aux multiples socits non cotes. Dune anne sur lautre, le dividende est maintenu au mme niveau, quel que soit le rsultat. Lensemble des actionnaires de Ri-vaud Bollor, Fabri, de Ribes semble tre daccord avec cette politique. Les administrateurs, toujours les mmes, saccordent une petite gterie supplmentaire: ils se versent des tantimes, ce qui leur permet de recevoir selon la loi belge et luxembourgeoise, entre 7 et 10 du rsultat distribu, rparti entre eux leur guise.

    Dune socit lautre, ces tantimes slvent entre quelques centaines de milliers deuros et 7-8 millions deuros.

    Compte tenu du nombre de socits concernes, cela finit par une jolie somme pour les mmes six-sept administrateurs qui sigent dans toutes les structures.

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    Quand les rserves deviennent suffisamment importantes, que le temps est mr pour tenter une opration, elles sont distribues mas-sivement en une seule fois. A quoi servent-elles? Dabord racheter les minoritaires et sortir des socits du march boursier. Cest ainsi que Socfin (devenue Financire du Champ de Mars), Nord Sumatra, Mines de Kali... ont disparu de la cote.

    Actuellement, Vincent Bollor est en train de mobiliser cinq so-cits du groupe pour racheter La Forestire quatoriale, une socit qui dtient des participations dans le ngoce de caf et de cacao en Cte dIvoire ainsi que dans Sitarail, et obtenir son retrait de la Bourse. Avec plus de 96 du capital dsormais, il nest pas trs loin du but.

    Quauraient-ils dit sils avaient t traits comme le Consortium de ralisation? Hritant des engagements du Crdit lyonnais, le CDR avait retrouv dans son portefeuille des participations dans le groupe Bollor que la banque publique avait soutenu ds ses dbuts. Elle

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    tait notamment dans la compagnie Saint-Gabriel, une structure dans la cascade capitalistique du groupe, qui avait permis Vincent Bollor de profiter fond de leffet de levier et de garder le contrle majoritaire de son groupe sans en avoir les capitaux.

    En 1998, Vincent Bollor, devenu financirement plus laise, commena dmonter cette pyramide. Il proposa au CDR de lui ra-cheter sa participation, qui accepta. Prix dachat: 34,3 millions deuros pour 24,01 du capital. Lanne suivante, il fit la mme pro-position la banque Lazard. Celleci lui vendit ses 11,92 dans la compagnie Saint-Gabriel pour 28 millions deuros. En un an, la va-leur des titres avait progress de 66! Soutenu par le Crdit Lyonnais Mais il y a mieux. Le Crdit lyonnais avait accompagn ds 1987 Vincent Bollor dans Rivaud. En 1991, Clinvest, filiale de la banque publique, cre avec le financier une socit commune, la compagnie des Glnans, regroupant les participations du groupe dans Rivaud.

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    Clinvest en prend 40 et Bollor 60 . Ensemble, ils sont bien dcids partir lassaut de lempire.

    Cette participation du Lyonnais est dterminante pour Bollor. Et tout au long de ses difficults, jamais la banque publique puis

    le CDR ne le lcheront. Mais le CDR a mission de vendre les actifs. Il propose Vincent Bollor de racheter sa participation dans la compagnie des Glnans. Aprs de longues discussions, un accord fi-nit par tre trouv en 2004: le CDR vend ses 40 pour 170 millions deuros! Une goutte deau par rapport aux fortunes amasses chez Rivaud.

    Jean-Pierre Aubert, alors prsident du CDR, se dfend davoir t dup. Ctait le seul acheteur possible. Il le savait.

    Vincent Bollor a donc fait son prix. Mais jestime avoir bien ngoci. Il voulait nous offrir seulement 130 millions deuros, la mise de fonds initiale du Lyonnais, explique-t-il. Avant dajouter: Mais il ny avait plus rien dans les Glnans, quelques titres dIER,

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    des participations ici et l, mais plus du tout laccs aux grandes holdings de Rivaud. O taient passs les titres de ces grandes so-cits? Mystre.

    Le dpart du CDR apparat, cependant, avoir t comme une le-ve dcrou pour Vincent Bollor. Il a dsormais toute libert dagir. De ce moment-l, lhomme daffaires commence afficher un pou-voir sur le groupe Rivaud. Il navait jamais os le revendiquer aussi ouvertement auparavant. Lhomme daffaires, qui avait dj com-menc se renforcer dans son groupe, acclre le mouvement.

    Dimportants mouvements de fonds, de changements de prim-tre soprent dans toute sa galaxie. Bollor prend officiellement tout le contrle de socits jusqualors classes chez Rivaud, notamment Socfin et Plantations de terres rouges.

    Hubert Fabri, lautre grand actionnaire, semble mme avoir chang de statut. Auparavant, il ne touchait que des jetons de pr-sence comme administrateur de Bollor technologies. En 2007, le

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    groupe Bollor dclare lui avoir vers 2 millions deuros de rmun-rations en plus des jetons de prsence. Cest un salaire de directeur oprationnel, pas dactionnaire.

    Le mouvement finit par la fusion de deux entits importantes de son groupe: Bollor et Bollor investissements. Officiellement, il sagit de simplifier les structures et de renforcer le flottant, qui est peine de 5 dans une des deux socits.

    Mais cette occasion, la puissance financire du groupe grandit brusquement. Dbut 2005, le groupe Bollor navait que 1,3 milliard de capitaux propres. A la fin de lanne, il en affiche plus de 3 mil-liards.

    Plus de 2 milliards deuros supplmentaires ont t ainsi inscrits au bilan dans les rserves. Sans que lon sache trs bien do ils viennent. Largent gagn dans les coups financiers et gard dans les diffrentes structures semble tre en partie rapparu ce moment-l.

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    Aujourdhui, Vincent Bollor se sent trs fort. Et il na manifes-tement plus envie de partager du tout. Diffrentes structures conti-nuent acheter les actions du groupe rgulirement.

    En 2005, aprs la fusion, son groupe tait contrl hauteur de 68,8 par les entits du groupe. Aujourdhui, elles en dtiennent plus de 77,7 . Il ny a gure de raison que le mouvement sarrte et que le groupe un jour ne sorte de la cote, pour prosprer labri des re-gards.

    Vincent Bollor nest pas encore tout fait arriv au moment o il osera afficher rellement lampleur de sa fortune.

    Mais il nen est pas trs loin. Lui qui se vantait jadis davoir le sens de lconomie et revendiquait des rmunrations mesures est en train de changer de pied. En 2005, il affichait encore une rmun-ration de 1,3 million deuros. En 2007, elle est passe 3,4 millions. Officiellement.

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    DANS LES BROUILLARDS DU LIECHTENSTEIN

    Lpisode a t oubli, tant les vnements financiers se sont

    prcipits. Il date pourtant dun an tout juste. En fvrier 2008, un sa-lari bancaire dclenche le scandale du Liechtenstein et une vraie crise entre lAllemagne et cette principaut.

    Contre la somme de 700.000 dollars, il accepte de livrer au fisc allemand un cdrom sur lequel figurent des centaines de noms. La plupart sont des trangers: fuyant les rigueurs fiscales de leur pays, de riches clients ont trouv refuge dans ce paradis fiscal, jug comme un des plus opaques par lOCDE .

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    Sans aucune complaisance, le gouvernement allemand diligenta une srie denqutes, arrta des patrons, livra les noms des coupa-bles au public. Par la suite, Berlin donna les listes tous les pays concerns. La commission parlementaire amricaine publia aussi le nom de ses exils fiscaux. En France, le gouvernement annona que 92 ressortissants franais taient sur la liste. On nen sut pas plus. Silence, lenqute du fisc se poursuit, selon les termes officiels.

    Les noms de certains actionnaires du groupe Bollor-Rivaud fi-gurent-ils dans cette liste? Mystre. Mais ils pourraient en faire par-tie. Car cest l que se termine la pyramide de Rivaud, dans les brouillards de Vaduz. Aprs avoir fait de nombreux tours et dtours par le Luxembourg, la Suisse, Guernesey, cest au Liechtenstein quune partie de largent semble chouer dans plusieurs trusts crs cet effet.

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    Le Luxembourg semblant sans doute une place ouverte tous les vents, les capitaux du groupe Rivaud ont pris lhabitude de se diriger vers des paradis fiscaux plus secrets.

    Dans le pass, les familles dirigeantes sen cachaient peine. Elles inventaient des noms, qui semblent avoir t suggrs par

    des amateurs de Queneau et de lOulipo (Ouvroir de littrature po-tentielle). On trouve ainsi une socit nomme Hoparfum, une autre surnomme Focol. Aujourdhui, la finance est chose srieuse: elle prfre les sigles PF, PNS, ou les numros DBC 773 ou 777. Cest plus discret.

    La premire destination de cet argent discret dans lempire Ri-vaud, cest Guernesey. Il y a longtemps que les actionnaires du groupe apprcient cette le anglo-normande. Ds les annes 1960, ils avaient cach quelques actifs et quelques fortunes menacs par les vagues de nationalisations en Afrique et en Asie.

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    Lhabitude tant prise, ils lont conserve notamment pour orga-niser le partage et le transfert davoirs en Asie, lors de la rorganisa-tion du groupe aprs la prise de pouvoir de Vincent Bollor en 1996.

    Cest ainsi qua t cre PF Representation. Cette structure ap-parat comme actionnaire dans les principales socits de la galaxie Rivaud. Elle a toujours un administrateur: tantt il sagit du comte de Ribes, tantt dHubert Fabri. Tous les deux sont dsigns comme reprsentants permanents de la socit.

    Le partage des rles semble organis en fonction de leur poids dans les diffrentes socits, le minoritaire reprsentant alors la so-cit commune de Guernesey. PF Representation touche des divi-dendes, ses reprsentants des tantimes. Mais il est impossible de dterminer le poids de chaque famille et largent qui a pu transiter dans cette structure.

    Les liens entre les deux familles sarrtent-ils ici ou vont-ils plus loin? En tout cas, elles ont trouv toutes les deux refuge au Liech-

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    tenstein. Ds 1961, le comte Jean de Beaumont a cr un trust per-sonnel sous le nom de Focol. Les reprsailles fiscales cette poque ne devaient pas tre trs fortes: il ne prend mme pas la peine de se dissimuler derrire un prtenom.

    Jean de Beaumont revendique son identit et indique son adresse: 1, avenue de Paris Djibouti. Ce trust a grandi et prospr jusqu sa mort en 2001. Focol a t dissous le 14 octobre 2002. Combien dargent a transit sur ces comptes secrets? Impossible de savoir.

    Mais ct de ce trust teint, dautres continuent dtre en activi-t. Geselfina, par exemple. Ce trust a t cr le 13 mai 1976 avec un apport en capital de 2 millions de francs suisses (environ 6 mil-lions de francs franais de lpoque), divis en 2.000 actions. Cha-que anne jusqu sa disparition en 1997, la banque du groupe, la Banque dinvestissements privs, loge Genve, a donn un certi-ficat de mobilisation des titres de la socit avant la tenue du conseil dadministration. Par la suite, ce sont dautres banques suisses qui

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    vont dresser le certificat de proprit. Il figure comme actionnaire minoritaire de plusieurs socits du groupe Rivaud.

    La famille Fabri parat tre lorigine de cette structure. Ce sont ses proches que lon retrouve souvent dans dautres socits lies aux intrts belges, qui servent de prte-noms, rarement plus de deux ou trois annes conscutives. La famille Fabri est-elle la seule intresse? Aucune indication nest donne sur les participations, sur les actionnaires, sur les socits qui pourraient tre directement concernes par le trust.

    Ces informations ne sont pas publies car elles engendreraient un prjudice trs important pour la socit, notifie chaque anne le rapport trs bref de gestion.

    Les comptes de Geselfina sont des plus succincts [sur mediapart. fr, lire le document sur les comptes 2006]. Toute lattention se

    porte sur les rsultats. Aprs avoir connu plusieurs exercices dfici-taires au dbut des annes 2000, le trust sest bien rtabli depuis. En

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    2006, il a enregistr 23 millions de francs suisses de bnfices (envi-ron 19 millions deuros lpoque). Cette anne-l, le bnfice dis-ponible a atteint 36,7 millions. Ce qui constitue un petit matelas pour faire face aux alas de la vie.

    En parallle, un autre trust, TwoSun finances, a t cr en sep-tembre 1997, poque de grande transformation du groupe Rivaud. Toujours Vaduz. Il tait encore actif fin 2007. Ses bnfices et ses rserves financires sont-ils plus importants que dans Geselfina? Nous navons pas de bilan pour en juger.

    L encore, ce sont des proches de la famille Fabri qui sont en couverture.

    Les actionnaires franais et notamment le comte de Ribes se tiendraient-ils lcart de toute cette organisation parallle? Cest peut-tre le cas puisque ni leur nom ni un de ceux de leurs commet-tants napparaissent jamais. Pourtant, il est difficile de croire que la famille de Ribes, qui cultive avec dlectation le got du secret et de

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    lopacit, ait renonc, aprs la dissolution du trust familial Focol, aux charmes de Vaduz.

    Il existe encore une structure qui pourrait tre proche de la fa-mille Rivaud: le trust Tristaniseu. La dcouverte de cette entit a donn lieu une trange histoire. Tout part de Micheline de Rivaud, lhritire lse. En 1987, elle dcouvre lexistence dun compte bancaire en Suisse son nom, inscrit la banque Mirabaud.

    A la suite dun examen minutieux des relevs bancaires, ses conseillers notent des virements sur des comptes trangers, dont un de 30.000 de francs suisses (environ 60.000 francs de lpoque) destination dune socit au Liechtenstein, Tristaniseu.

    Aprs une longue enqute, nous avons dcouvert que Micheline de Rivaud tait dsigne comme membre de ce trust.

    Tristaniseu est toujours en activit, explique Didier Taillet, un des conseillers de Micheline de Rivaud. Mais rien au-del.

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    Quy a-t-il dans ce trust? Qui en sont les destinataires? Tout se perd dans le brouillard.

    Et Vincent Bollor? Est-il lui aussi partie prenante de ces fonds au Liechtenstein? Il dment tout lien avec ces structures Focol, Ge-selfina, ce sont les familles Fabri et Rivaud.

    Je nai rien voir avec cela, assure-t-il. Son nom ou celui dun de ses proches napparat pas dans les documents des trusts que nous avons pu consulter.

    Sil ny participe pas, il nignore rien en tout cas de leur exis-tence: ses intrts sont si mls ceux des actionnaires historiques.

    Loin de transformer Rivaud en un groupe moderne et transpa-rent, il a repris tous les usages passs, a mnag tous les petits se-crets des familles. Ensemble, ils prosprent. Il est parfois mme dif-ficile de comprendre les vraies relations de pouvoir et dactionnariat entre les uns et les autres. Ainsi, ils nhsitent pas dsigner parfois

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    la mme personne pour les reprsenter. Il sagit souvent de Daniel-Louis Deleau, le responsable au Luxembourg de tout le groupe.

    Celui-ci, comme le prouve notre document [la feuille de prsence des actionnaires de la socit Socfinal (plantations) lors de lassemble gnrale de 2004, accessible en lien hypertexte sur me-diapart.fr], peut avoir la dlgation de signature la fois pour Gesel-fina, toutes les socits du groupe Bollor et le comte de Ribes. TwoSunfinances, Mopoli (dans lorbite de lactionnariat belge) et Hubert Fabri, eux, sont reprsents par une autre personne. Quen dduire? Au moins que tous se font une confiance relle.

    Il est impossible daller plus loin. Mais nul doute que lenqute du fisc franais finira par aboutir, clairera ce qui doit ltre et dissi-pera tous les soupons. Dautant que la lutte contre les paradis fis-caux est dsormais une priorit prsidentielle.