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Valentina Calzolari, Jonathan Barnes L’oeuvre de David l’Invincible et la transmission de la pensée grecque dans la tradition arménienne et syriaque Commentaria in Aristotelem

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  • Luvre de David lInvincible

  • Philosophia AntiquaA Series of Studies on Ancient Philosophy

    Previous Editors

    J.H. Waszink W.J. Verdenius

    J.C.M. Van Winden

    Edited by

    K.A. AlgraF.A.J. De Haas

    J. MansfeldC.J. Rowe

    D.T. RuniaCh. Wildberg

    VOLUME 116

  • Luvre de David lInvincibleet la transmission de la pense

    grecque dans la traditionarmnienne et syriaque

    Commentaria in AristotelemArmeniaca Davidis Opera

    Vol. 1

    Textes runis et dits parValentina Calzolari et Jonathan Barnes

    LEIDEN BOSTON2009

  • ISSN 0079-1687ISBN 978 90 04 16047 7

    Copyright 2009 by Koninklijke Brill NV, Leiden, Th e Netherlands.Koninklijke Brill NV incorporates the imprints Brill, Hotei Publishing, IDC Publishers, Martinus Nijhoff Publishers and VSP.

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    printed in the netherlands

    Th is book is printed on acid-free paper.

    Library of Congress Cataloging-in-Publication Data

    Luvre de David linvincible et la transmission de la pense Gecque dans latradition Armnienne et Syriaque / textes runis et dites par Valentina Calzolariet Jonathan Barnes.

    p. cm. (Philosophia antiqua, ISSN 0079-1687 ; v. 116)Includes bibliographical references and index.ISBN 978-90-04-16047-7 (hardback : alk. paper)1. David, the Invincible. 2. Aristotle. 3. Logic. I. Bouvier, Valentina Calzolari.

    II. Barnes, Jonathan, 1942- III. Title. IV. Series.

    B765.D184L64 2009186.4dc22

    2009029441

  • TABLE DES MATIRES

    Remerciements ................................................................................... ixAvant-propos ...................................................................................... xi

    Valentina CalzolariListe des collaborateurs ..................................................................... xvAvertissement au lecteur .................................................................. xvii

    INTRODUCTION

    David and the Greek Tradition ....................................................... 3Jonathan Barnes

    David et la tradition armnienne .................................................... 15 Valentina Calzolari

    LE TEXTE GREC DES UVRES DE DAVID ET LESVERSIONS ARMNIENNES

    La version armnienne des Prolegomena philosophiae de Davidet son rapport avec le texte grec ................................................. 39

    Valentina Calzolari

    David the Invincibles Commentary on Porphyrys Isagoge.A Collation of the Greek and Armenian Versions ................. 67

    Gohar Muradyan

    Th e Armenian Version of David the Invincibles Commentaryon Aristotles Categories ................................................................ 89

    Manea Erna Shirinian

  • vi table des matires

    LA VERSION ARMNIENNE DU COMMENTAIRESUR LES ANALYTIQUES PREMIERS DARISTOTE

    Th e Authorship of an Armenian Commentary on AristotlesPrior Analytics ................................................................................ 105

    Michael Papazian

    Remarks on David the Invincibles Commentary on AristotlesPrior Analytics. Its Structure, Contents, Language, and theProblems of Translator and Authorship ................................... 119

    Aram Topchyan

    Th e Relationship between the Armenian Translation of the Commentary on Aristotles Analytics of David and the GreekText of the Commentary on Aristotles Analytics of Elias ...... 137Clive Sweeting

    LA DIFFUSION ET LA RCEPTION DES UVRESNOPLATONICIENNES EN ORIENT : SYRIE ET ARMNIE

    La tradition grco-syriaque des commentaires dAristote .......... 153 Henri Hugonnard-Roche

    David the Invincible in Armenia and other Countries:the Fate of his Legacy ................................................................... 175

    Sen Arevshatyan

    On the Basic Idea of the History of the Armenians by Moses Khorenatsi ...................................................................................... 181

    Albert Stepanyan

    Bibliographie et liste des abrviations ............................................ 197Sigla .................................................................................................. 197 I. Littrature primaire .................................................................. 197II. Littrature secondaire .............................................................. 206

  • table des matires vii

    Index codicum et papyrorum .......................................................... 219Index locorum .................................................................................... 221Index nominum et rerum ................................................................ 225Index verborum potiorum ............................................................... 233

  • REMERCIEMENTS

    Nos remerciements vont au Fonds National Suisse de la Recherche Scientifi que (programme SCOPES) qui a accept de fi nancer le projet international de recherche sur luvre de David lInvincible ainsi que la publication de ses premiers rsultats. Nous remercions galement la Fondation des Frres Ghoukassiantz et la Facult des lettres de lUniver-sit de Genve qui ont soutenu lorganisation du colloque genevois li au projet. Que tous les participants de cette entreprise trouvent ici lex-pression de notre reconnaissance pour la qualit de leur engagement.

    Notre gratitude va galement au comit ditorial de la collection Philosophia Antiqua, pour avoir accept lensemble du projet et dont la confi ance nous honore.

    Nous remercions le Journal of the Society for Armenian Studies davoir autoris la publication de la version revue et augmente de larticle de M.B. Papazian, Th e Authorship of an Armenian Com-mentary on Aristotles Prior Analytics, paru dans le numro 10 (1998, 1999 [2000]), aux p. 5562.

    David Bouvier a relu certains articles de ce volume. Ses remarques avises nous ont t trs prcieuses et nous lui exprimons ici notre gratitude.

  • AVANT-PROPOS

    Ce volume runit les contributions prsentes au Colloque internatio-nal, tenu Genve les 2728 fvrier 2004, sur Luvre de David lIn-vincible et la diff usion de la pense et des uvres noplatoniciennes dans la tradition armnienne et grco-syriaque.1 Il constitue lintro-duction une srie douvrages portant sur les commentaires de David et veut poser la question de la transmission de lhritage grec dans la tradition orientale et de la circulation des ides et des changes culturels entre Orient et Occident dans lAntiquit tardive. La prsente publi-cation marque la premire tape importante dun projet international de recherche soutenu par le Fonds National Suisse de la Recherche Scientifi que. Elle rentre dans le cadre du programme SCOPES (Scien-tifi c Co-operation between Eastern Europe and Switzerland) qui veut favoriser les collaborations entre chercheurs occidentaux et chercheurs des pays de lEst. La premire phase de ce projet a prvu la coopration de lUniversit de Genve, lInstitut et Bibliothque des manuscrits anciens (Matenadaran) dErevan et lUniversit dtat dErevan. La recherche a t conduite par quatre quipes, deux Genve et deux en Armnie, formes de spcialistes dtudes armniennes et dhistoire de la philosophie antique.2 En eff et, les diffi cults que reprsentent ldi-tion et le commentaire dun corpus aussi complexe que les uvres de David exigent la collaboration de chercheurs aux comptences com-plmentaires. Soulignons que, dans le cas des tudes armniennes, un tel concours de forces constitue un cas trs rare.

    Llaboration et la coordination gnrale du projet ont t assures par Valentina Calzolari (professeure dtudes armniennes lUni-versit de Genve), seconde par Jonathan Barnes (professeur dhis-toire de la philosophie antique lUniversit de Genve, dabord, et

    1 Le colloque a t organis par le Centre de recherches armnologiques den-tente avec la chaire dhistoire de la philosophie antique de lUniversit de Genve et tait plac sous les auspices de lAssociation Internationale des Etudes Armniennes (AIEA). Madame Loucine Dessingy, assistante de colloque, nous a donn sans comp-ter son temps et son nergie. Quelle soit ici vivement remercie.

    2 Dans la deuxime phase du projettoujours en cours au moment o ces lignes sont critesune nouvelle quipe a t associe. Elle est dirige par Dominic OMeara, professeur dhistoire de la philosophie antique lUniversit de Fribourg.

  • xii avant-propos

    lUniversit de Paris IV-Sorbonne, ensuite) ; en Armnie, les travaux ont t placs sous la responsabilit respectivement de Sen Arevshatyan, alors Directeur du Matenadaran, et dAlbert Stepanyan, professeur au Dpartement dhistoire gnrale de lUniversit dtat dErevan.

    Dans sa premire phase, le projet a t articul sur deux volets fon-damentaux, complmentaires, lun philologico-linguistique et lautre historico-philosophique. Le premier volet consiste dans lanalyse com-parative du texte grec et de la version armnienne des uvres de David.Cette tude a quatre objectifs : a) identifi er la position des tmoins indirects armniens lintrieur de la tradition directe grecque des uvres de David lInvincible ; b) valuer les apports off erts par lesversions armniennes en vue de la restitution du texte grec ; c) ana-lyser les divergences des versions armniennes par rapport au grec et essayer didentifi er leur nature (omissions, ajouts, remaniements, tmoignages de passages primitifs perdus en grec, etc.) et leur origine (intra-armnienne ? Lie au passage du grec larmnien ?) ; d) dun point de vue plus troitement li la tradition armnienne, prter une attention particulire lexamen de la langue, ceci dans le cadre plus gnral de ltude de lEcole hellnisante do sont issues les versions armniennes des uvres de David. Soulignons quune telle analyse systmatique sur lensemble des textes de David, en grec et en arm-nien, na encore jamais t eff ectue.3

    Le deuxime volet, indissociable du premier, a pour but de prciser les critres qui ont guid le traducteur (ou les traducteurs) dans son (leur) entreprise de traduction, afi n dapprcier les stratgies dadap-tation de la version armnienne son nouveau public. Cette enqute a t conduite dans le cadre plus gnral de la recherche sur la tradi-tion grecque ancienne des commentaires la logique aristotlicienne, qui constitue larrire-plan de luvre de David. Lalignement ou, au contraire, lcart des versions armniennes par rapport aux caractris-tiques dominantes du genre du commentaire continu grec constituent en eff et autant de repres ou de jalons intressants pour compren-dre les modalits de transmission de lhritage grec en dehors de son

    3 Cf. Mah (1990), p. 205 : La version armnienne de ses (scil. de David) com-mentaires sur lOrganon a t encore trs insuffi samment compare aux textes grecs qui nous sont conservs. Cette comparaison pourrait, dans lavenir, se rvler assez instructive pour lhistoire de la tradition de ces textes .

  • avant-propos xiii

    milieu de production. Dun point de vue historique et philosophique, un traitement attentif a t consacr ltude de linfl uence des uvres noplatoniciennes sur la littrature originelle dArmnie, et notam-ment sur la littrature historiographique armnienne ancienne.

    La rencontre genevoise a respect lesprit interdisciplinaire du projet. Pour favoriser le dialogue, chacune des confrences de caractre phi-lologique avait t lue lavance par un historien de la philosophie, invit en tant que propinant et charg douvrir la discussion la fi n de la communication. La mme dmarche a t suivie pour les exposs de caractre historico-philosophique qui ont t examins et comments par des savants de domaines proches. Le dbat a pu comp-ter sur les interventions ou prsidences de sance de Jonathan Barnes, Curzio Chiesa, Alain de Libera, Ilsetraut Hadot, Philippe Hoff mann, Angela Longo, Dominic OMeara, Michael Papazian, Abraham Terian, Jos Weitenberg, B. Levon Zekiyan. Les interventions des propinants nont pas t publies en tant que telles, puisque les confrenciers ont pu intgrer les principales remarques dans la version fi nale de leurs articles. Dans une perspective toujours interdisciplinaire, Henri Hugonnard-Roche a compar les conditions de la transmission des uvres philosophiques grecques en Armnie avec celles de leur diff u-sion en syriaque. Son propinant tait Charles Genequand.

    Le projet prvoit, aprs ce volume introductif, la rvision de ldition critique et la traduction commente de chacun des quatre ouvrages attribus David existant en langue armnienne : les Prolgomnes la philosophie, le Commentaire sur lIsagoge de Porphyre, le Commentaire sur les Catgories et le Commentaire sur les Analytiques Premiers. Len-semble de cette initiative ditoriale, qui porte le titre gnral de Com-mentaria in Aristotelem Armeniaca. Davidis Opera,4 est place sousla direction de Jonathan Barnes et Valentina Calzolari.5

    La signataire de ces lignes tient exprimer ici toute sa gratitude Jonathan Barnes, vraie conscience philosophique du groupe de

    4 Lattribution de certaines uvres de ce corpus David reste problmatique (nous renvoyons pour cela aux articles dintroduction du prsent volume) ; nous avons cependant choisi de les inclure sous le titre commun de Davidis Opera, en suivant lusage le plus rpandu.

    5 Autres publications issues de la premire phase du projet : Calzolari (2005) ; Calzolari (2007a) ; Calzolari (2007c) ; Topchyan (2006).

  • xiv avant-propos

    recherche, qui ds le dpart, autour dune table de Pane e vino, a accept avec enthousiasme de sassocier ce projet. Il la ensuite sou-tenu et la enrichi avec gnrosit de son savoir et de ses conseils pr-cieux. Ce fut une chance pour nous.

    Valentina Calzolari

  • LISTE DES COLLABORATEURS

    Sen AREVSHATYANInstitut et Bibliothque des manuscrits anciens (Matenadaran), Erevan

    Jonathan BARNESHonoray Fellow of Oriel College, Oxford. Emeritus Fellow of Balliol College, Oxford

    Valentina CALZOLARIUniversit de Genve

    Henri HUGONNARD-ROCHEcole Pratique des Hautes tudes, Paris

    Gohar MURADYANInstitut et Bibliothque des manuscrits anciens (Matenadaran), Erevan

    Michael PAPAZIANBerry College, Mount Berry, GA

    Manea E. SHIRINIANInstitut et Bibliothque des manuscrits anciens (Matenadaran), Erevan

    Albert STEPANYANUniversit dtat dErevan

    Clive SWEETINGlve Titulaire de lcole Pratique des Hautes tudes, Paris

    Aram TOPCHYANInstitut et Bibliothque des manuscrits anciens (Matenadaran), Erevan

  • AVERTISSEMENT AU LECTEUR

    A) Indication des manuscrits armniens

    Pour lindication des manuscrits armniens, nous avons suivi le sys-tme de sigles mis au point par lAssociation Internationale des tudes Armniennes (AIEA) : cf. B. Coulie, Rpertoire des manuscrits arm-niens/Census of Armenian Manuscripts. Liste des sigles utiliss pour dsigner les manuscrits (dition revue : 2002)

    [http://aiea.fl tr.ucl.ac.be/aiea_fr/aiea_presentation.htm]

    B) Translittration des noms armniens et russes

    Pour la translittration des noms armniens et russes (noms de per-sonnes, toponymes, titres de revues), nous avons adopt le systme de la Revue des tudes Armniennes. Cependant, pour guider le lecteur vers une prononciation correcte de larmnien, nous avons jug oppor-tun dajouter les prcisions suivantes :

    c se prononce [ts]c se prononce [ts], comme dans les terminaisons -eci [-etsi], -aci

    [-atsi]-ean se prononce [-ian]h est toujours aspir se prononce [gh], comme le r grassey franaisj se prononce [dz]o se prononce [vo] linitialew se prononce [v] ([u] aprs la voyelle i)x se prononce [kh], comme lallemand chy est aspir linitiale

    NB Pour les rfrences bibliographiques indiques dans les notes et dans la bibliographie fi nale, nous avons dcid de transcrire les noms des auteurs en respectant la langue de publication et lorthographe adoptes par louvrage cit. Ainsi, nous crivons irinyan et Arevatyan

  • dans les rfrences bibliographiques en armnien, mais irinjan et Arevatjan dans les rfrences bibliographiques en russe. Partout ail-leurs, nous avons suivi lorthographe normalement en usage dans les publications occidentales ; on trouvera ainsi galement Arevshatyan et Shirinian.

    xviii avertissement au lecteur

  • INTRODUCTION

  • DAVID AND THE GREEK TRADITION

    Jonathan Barnes

    Th e four logico-philosophical works which are ascribed to David the Invinciblethe Prolegomena to Philosophy, the commentary on Por-phyrys Isagoge, and the commentaries on Aristotles Categories and Prior Analyticshave at least two things in common: they are all Alex-andrian, and they all travelled to Armenia.

    Ever since its foundation Alexandria had been a major centre of learning and a minor centre of philosophy. In the imperial period the city was a chief home of Platonism: in the third century Ammonius Saccas taught there and counted among his pupils Plotinus and Ori-gen; a century later Hypatia taught Platonism to a Christian bishop before she was dismembered by a Christian mob; and in the fi ft h cen-tury, Hermias, who had studied philosophy in Athens with Syrianus, settled there and established what scholars sometimes call the school of Alexandria. Th e school lasted for some two hundred years. Its best known members were Ammonius, Hermias son, and Olympiodorus. David was a pupil of Olympiodorusor else a pupil of one of his pupils.

    A vignette of life in the Alexandrian school is given in the opening pages of Zacharias Ammonius. Zacharias was a Christian. Ammon-iuslike Hermias before him and Olympiodorus aft er himwas a pagan. David was a Christian. In Alexandria, and elsewhere, religious diff erences sometimes made a diff erenceand they sometimes made a violent diff erence. But you might read the surviving works of the Alex-andrian professors without realizing who confessed which creed.

    Th e Alexandrian school had its professors who gave lectures or sem-inars to groups of young men who wantedor for whom their parents wanteda smattering of higher education. Th e professors received sti-pends from the State. Th e students paid fees. Philosophy was the main subject on the syllabus, but it was not the only subject: we happen to know that Ammonius lectured on Ptolemys astronomy and that Elias, a pupil of Olympiodorus, lectured on Galen. Th e philosophy was the philosophy of Plato, as the later Platonists understood it; but before

  • 4 jonathan barnes

    being initiated into the greater mysteries of Plato, students would have to prepare themselves by a study of Aristotle.

    We do not know when David went to Alexandria, nor how long he stayed there. As for what he did while he was there, we have the pub-lished versions of four lecture courses; and he indicates that he had also given a course on Aristotles Physics. It is highly probable that he lectured on other Aristotelian texts; it is likely that he lectured on Plato; and it is possible that he lectured on astronomy or on medicineor on rhetoric, or on mathematics, . . . But there is no positive evidence in favour of such suppositions.1

    Th e surviving writings from the Alexandrian school are all versions of lectures; and since the professors lectured on classical texts, those writ-ings are, almost all of them, in the form of commentaries.

    Th e art of the commentator had a long history. Th e fi rst commentar-ies were probably written in the fourth century B.C.; and what was at fi rst, no doubt, a learned trickle, became a bubbling stream, a majestic river, a broadand oft en sluggishwaterway. Th ere were commentar-ies on every manner of text: on poetry and on prose, on literary and on scientifi c works, on philosophy and rhetoric and history and medi-cine and astronomyon every subject under and above the moon. Th e Church Fathers dipped their mighty oars, and there were innumerable Christian commentaries on the books of the sacred scriptures.2

    It is generally supposed that the third century Platonist Crantor was responsible for the fi rst philosophical commentarya commentary on Platos Timaeus. Th ereaft er every Platonist had his commentaries to write. Th e fi rst commentaries on Aristotelian texts followed in the fi rst century B.C.: the earliest of which we hear were made by Andronicus of Rhodes, and the earliest example which we now possess is an anon-ymous papyrus fragment of a commentary on the Topics. From the fi rst century A.D. onwards, Aristotelian scholars generated a sequence of Aristotelian commentaries: several hundred are known of, several dozen still exist.3 (And the line will stretch on to the crack of doom).

    1 On the Alexandrian school see e.g. Westerink (1962), pp. ixxxii (reprinted in Sorabji [1990a], pp. 325348); Westerink (1990b), pp. xxlii.

    2 Th ere is a vast modern literature on the subject: on commentaries in general see e.g. Del Fabbro (1979); and the articles collected in Most (1999) and in Goulet-Caz (2000).On Christian commentaries see e.g. Neuschfer (1987).

    3 On philosophical commentaries see CPF 3; Barnes et al. (1991), pp. 47.On Platonic commentaries, see Drrie Baltes (1993), pp. 2054, 162226. For Crantor

  • david and the greek tradition 5

    Commentaries come in diff erent shapes and forms. Th e ancients dis-tinguished between paraphrases and commentaries in the narrow sense; between commentaries which you would read with a teacher and commentaries which you might study on your own; between advanced and elementary commentaries. Some of those which survive are vast and learned. Simplicius commentary on the Categories, for example, runs to some 400 large pages; it is lavish with historical and scholarly annotations; and it cannot stumble on a philosophical stone without turning it over. Even so, Simplicius modestly explains that he has written an introductory commentarya commentary which may perhaps train readers to approach the more ponderous volumes of Por-phyry and of Iamblichus (in Cat, 3.1317). Other commentaries are less broad in scope and less demanding in substance: they correspond to the books which modern philosophers write for the student market. Th ey are not ballasted with scholarly arcana nor freighted with philo-sophical treasures: they mean to make diffi cult texts intelligible to debutants, and they conscientiously set aside the more profound ques-tions which their texts excite.

    Davids commentaries are for the student market. Th ey seek to meet the needs of the beginner: they are not sophisticated and they are not particularly subtle. To say that is not to disparage them, nor to cast aspersions on Davids intellectual capacities: David merely did what he intended to do.

    All commentaries share a form and a function. Th e form is deter-mined by the fact that a commentary is essentially a parasitical work: it feeds off another text, and it will scarcely be understood save in the company of that text. Commentaries are not divided into chapters: they are separated into chunks, each chunk being introduced and gov-erned by a lemma or citation of the passage under scrutiny. Th e lem-mata guide the reader sentence by sentence, or paragraph by paragraph,

    see Proclus, in Tim, I 75.3076.10 (but it is unclear whether Crantor wrote a com-mentary on the Timaeus or simply off ered interpretations of some passages in the dialogue).Th e Prussian Academy saw to the publication of the Commentaria in Aristotelem Graeca (CAG), which contains all the earlier surviving texts and a small selection of the numerous Byzantine commentaries. On the Aristotelian commen-taries in general see Sorabji (1990b). Th e earliest Aristotelian commentaries are all discussed in Moraux (1973, 1984). For the later commentaries see the papers in Sorabji (1990a) and especially Praechter (1909). On Andronicus, see Barnes (1997). Th e fragment on the Topics is PFayum 3, edited with a commentary in CPF 3, pp. 1418.

  • 6 jonathan barnes

    through the text.4 Most commentaries are uneven in their coverage, some parts of the text being examined in minute detail while others are rapidly passed overand it is a familiar phenomenon that the ear-lier parts of a text receive more attention than the later. Th e comments will include textual notes, linguistic explanations, exegetic paraphrases, references to alternative interpretations, short supplementary essays, and so on.

    As to function, it is and always was a commonplacea truismthat the chief purpose of a commentary and the primary duty of a com-mentator is to elucidate a text. No doubt there are diff erent kinds and diff erent sources of obscurity; and what is obscure to one man may be plain sailing to another. But pretty well all texts are obscure in one way or another. Commentaries exist to make clear what an author left obscure, and a commentary is successful insofar as it makes a text understandableto this or that group of readers, in this or that his-torical or philosophical situation.5

    In ancient commentaries, the elucidatory function was always fun-damental, but it was not always dominant. Galen prefaces his com-mentary on Hippocrates work On Fractures with some refl ections on the nature and the aim of commentary. He begins thus:

    Before I embark on the detailed interpretation of the text, it is a good idea to say something about interpretation in general. Its function is to make clear whatever is unclear in the texts. To prove that what has been written is true or to refute it as false, and to defend it against any sophis-tical accusationsall that is quite separate from interpretation. And yet pretty well everyone who writes commentaries now customarily takes it on. Th ere is indeed no reason why an interpreter should not touch lightly on such things; but a complete examination of the authors opinions goes beyond the bounds of an interpretation (in Hipp fract, XVIIIB 318319).

    Galen allows commentators to caress questions of truth and falsity, and he implies that many or mostcommentators do some heavy petting.

    Origens long essay Against Celsus and Cyrils vast commination Against Julian are each of them commentaries in all but name: each takes a text and runs through it paragraph by paragraph, each is punc-tuated by lemmata. But the primary aim of each work is, of course, to

    4 On which see Wittwer (1999).5 On some ancient notions of obscurity see Erler (1991); Barnes (1992).

  • david and the greek tradition 7

    demonstrate the imbecilities of the pagan tract to which it is devoted. Syrianus commentary on Aristotles Metaphysics is a commentary in name, and it oft en addresses detailed questions of comprehension; but its primary and avowed purpose is to determine which elements of Aristotles theories are consonant with the truth (that is to say, with Platonism), and which must be rejectedand why.

    As for David, he is perfectly clear that a commentator has an interest in the truth of what his author says:

    A commentator must not use every means to force the text and say that the ancient author he is interpreting is completely right. Rather, he should always repeat to himself: Th e man is dear to me and so is the truthand of the two dear things, the truth is the dearer (in Cat, 122.33123.1).

    A commentator is an interpreter; and he is also a judge.David does not explain why a commentator should be interested in

    the truth of what he interprets. Several diff erent reasons come to mind. A commentator might, for example, simply be interested in philo-sophyaft er all, why should I want to understand Plato unless I am also interested, at least marginally, in the truth of what Plato says? (To be sure, we all know scholars who work on Plato and who yet have no interest in the truth of Platos philosophy; but such neutrality is surely curious.) A commentator might, for another example, hold that it is scarcely possible to understand what Aristotle was sayingto interpret his wordswithout inquiring into questions of truth and falsity. (If you have to choose between rival interpretations, one criterion of choice must surely be the truthor at least the plausibility or truth-likenessof the rivals.)

    Or consider the case of Galens endless commentaries on the medi-cal writings of Hippocrates. He wrote them, of course, because the Hippocratic works were, or had become, obscure, and he wanted his students to understand Hippocrates odd idioms. But why did he want his students to understand those idioms? Well, Hippocrates is an important medical writer, a writer with whose works any physician must make himself familiar. You dont read Hippocrates for the literary pleasures he provides, and you dontor at least, in Galens day you didntread him from an interest in the history of medicine: you worked through the texts because you were, or wanted to become, a doctor. Th at being so, any commentator on Hippocrates must discuss the truth and falsity of Hippocrates theories.

  • 8 jonathan barnes

    Th e ultimate purpose of Galens medical commentaries was medical. Th e ultimate purpose of ancient philosophical commentaries was philo-sophical. Modern scholars like to observe that, from the second century A.D. onward, the commentary became the chief form of philosophical writing. Th e phenomenon was recognized at the time. Epictetus, for example, raps his students on the knuckles: they read a bit of Chrysip-pus; they off er a clever interpretation of his words; and they think that that is what philosophy is all about. Th e Platonists recognized the pheno-menon; but they applauded it, and off ered an historical justifi cation: the golden truths of philosophy were all revealed long ago to Pythagoras and to Plato; but time and human frailty have tarnished and discoloured them; and it is the job of the modern philosopher to take a tin of metal polish and a soft duster and shine the truths up againthat is to say, the modern philosopher must read and explain the ancient texts in order that the truths they contain may once more be evident.

    Severe scholars fi nd the historical justifi cation risible and the pheno-menon it seeks to justify lamentable: philosophers, they explain, had lost confi dence in their capacity to discover the truth; their activities were restricted to the interpreting of other mens views; and philosophy thereby ceased to be innovative or exploratory or imaginativeit became conservative, and dull, and scholastical. Th ere is a pinch of truth in all that. But it should not be supposed that imperial philo-sophers turned away from philosophy, nor that their conception of philo-sophy had radically changed. Th ey did not even think that they had discovered a spanking new way of doing philosophy or of addressing philosophical questions. Had not Aristotle announced that the best way, or perhaps the only decent way, of starting out a philosophical investigation was by a careful consideration of the views of earlier thinkers? Had not all philosophers always taught, in part at least, from classical texts? (And dont most of them still do so?)

    Nevertheless, the sorts of things which Porphyry or Proclus got up to, and the ways in which they got up to them, were noticeably diff er-ent from the sorts of things which Plato or Aristotle had got up to, and the ways in which they had got up to them; and an external sign of the diff erences is the dominance of the philosophical commentary. Ammo-nius commentary on the De Interpretatione aims, of course, to explain an Aristotelian text. But that elucidatory purpose itself serves a philo-sophical endthe end of expressing and of transmitting certain philo-sophical truths. So too with David: he aims, of course, to explain the

  • david and the greek tradition 9

    Categories or the Prior Analytics to his students; but he does that in order to instruct them in logic.

    Aft er some havering, ancient philosophers came to agree that the fi rst thing a philosophy student needs to learn is logic. As David puts it,

    those who said that you should start with logic asserted that logic is a tool and that you must fi rst get to know the tools and then use them where they should be used. Aft er all, it is like that in the craft s: if you are apprenticed to a carpenter you fi rst get to know the toolsthe drill, say, and the planeand only then do you begin to do carpentry proper (in Cat, 118.2024).

    Th at passage reports an opinion; but in the following paragraph David accepts the opinion as his ownlogic is a tool of philosophy, and a tiro philosopher must begin by mastering the tools of his profession.

    Th at being so, ancient Platonists found themselves in a spot. On the one hand, they had to start by teaching logic, and they taught by com-menting on texts: on the other hand, Plato had written no text on logic. So they had to import logic from abroad; and the logic they imported was the logic of Aristotle. Now Aristotles logic might have been taught in a variety of ways; and it could well the thought that the best and the easiest way would be to use a manualthe De Interpretatione ascribed to Apuleius, for example, if you taught in Latin, or one of its numerous (and lost) Greek siblings if you taught in Greek. But in fact the Alex-andrian school followed the practice which had perhaps been initiated by Porphyry: they took Aristotles logic from the horses mouththey drilled their students in Aristotles Organon.

    Who fi rst put together the Organon or Instrument we do not knowsave that he was certainly not Aristotle. Th e compilation, in its standard form, consists of the Categories, the De Interpretatione, the Prior and the Posterior Analytics, the Topics, and the Sophistical Refutations. Th ose six Aristotelian works needed a preface or introduction. Porphyry pro-vided one, and later professors taught his Isagoge or Introduction to Philosophy before they began on the Categories. Since the seven works formed a fi rst course in philosophy, they were generally introduced by a set of prolegomena which off ered an explanation of what philosophy was, how it was benefi cial, in what varieties it came, and so on.

    Prolegomena, Isagoge, Organon: it is a curious sequence of texts, and a strange introduction to philosophy. In particular, the Organon simply does not hang together as a unitary or unifi ed work in logic.

  • 10 jonathan barnes

    Nonetheless, that was how things were introduced to the wretched stu-dents in Alexandria (and elsewhere).6 Of course, it was not only tiros who worked through the Organon; and one of the Alexandrian com-mentariesAmmonius on the De Interpretationeis as learned and as refi ned as any surviving example of the genre. But most of the Alexan-drian commentaries, among them those ascribed to David, are pretty elementary: they did for the students of Alexandria what countless Introductions to Formal Logic do for the students of North America.

    Did the Alexandrian students get value for their money from Davids lectures? And what value is there for us, now, in Davids remains? If such questions are to be addressed, a few preliminary comments need to be made.

    Th e fi rst comment is this. We can still read several thousands of pages from the ancient commentaries on Aristotles works, and several hundreds of pages of the commentaries on the Organon. Nonetheless, what we now possess is only a fragment of what once existed. It follows that any judgement about the novelty or the originality of Davids con-tribution to the traditionor, come to that, of anyone elses contribu-tion to the traditionis perilous if not foolhardy. Very oft en, of course, we can determine that what David says had been said, and said several times, by earlier scholars; but David sometimes off ers things which we do not fi nd in any earlier Alexandrian commentary, and the Alexan-drians oft en off er us items which we do not fi nd before them. No doubt some of those items are in fact original contributions; but our evidence virtually never allows us to say, with any degree of probability, that this or that particular notion is original to that or this particular commentator.

    Such enforced scepticism distresses certain modern scholars who appear to be obsessed by the question of originality. Butthis is the second preliminary pointit was a question which scarcely exercised the ancients themselves. On the contrary, novelty, in their eyes, was suspect rather than admirable; and they were always happy to borrow from their predecessors. Th ere is still enough comparative material to demonstrate that the commentaries of David rely heavily on those of his predecessorsand that the same is true of those predecessors.

    6 For the history of the Organon see Brunschwig (1989); for a critical account of the theory which underlies it see Morison (2005).

  • david and the greek tradition 11

    Now it will be observed, and truly, that modern commentaries too are tralaticious by natureit would be a bad commentator (a foolish commentator, an insane commentator) who did not make abundant use of his predecessors. Yet the ancient commentators used their pred-ecessors in ways whichin principle, at leastare out of bounds to their modern successors. Th ey lift ed great chunks from the earlier commentaries: they paraphrased them, sometimes closely; they copied out, pretty well word by word, sentences and paragraphs and pages; and they did all that without a blushand sometimes without an acknowledgement. Simplicius commentary on the Categories relies heavily on the works of his predecessorsand Simplicius explicitly says so. Asclepius commentary on the Metaphysics includes numerous passages lift ed directly from Alexander of Aphrodisias: Asclepius does not disguise the fact that he sometimes invokes Alexanders views; but could we not still read Alexander for ourselves we should have no idea of the extent and the detail of his borrowings.

    It would be inept to denounce such practices as theft and plagiarism. Th at was the way in which ancient scholarship worked. In his com-mentary on Ptolemys Harmonics Porphyry remarks that pretty well all of Ptolemys text had been taken over from his predecessors, even where he gives the impression of writing Marte suo; Porphyry states plainly and fi rmly that this is normal and excellent practice; and he adds that his own commentary has been put together by the same method. It is not that the ancients had no conception of literary prop-erty or of plagiarismon the contrary, Porphyry himself wrote some stern pages on the subject. Rather, plagiarism was one thing and scholarly convention another; and the ancient convention allowedexpectedthat you would make your bouquet from other mens fl owers.

    Th e surviving works of the Alexandrian school show the closest affi nities one to another.7 Th ey were all hand-me-downs. It is not merely that each man learned a lot from his predecessors: rather, each man took a lota lot of words and a lot of sentencesfrom his predecessors. Sometimes we are able to detect such takings. It must be supposed that many are hidden from us.

    A third preliminary comment follows naturally enough. It is this: ancient commentaries were treated as open texts. Some texts are

    7 For the very close connections among the surviving works from the Alexandrian school see the tabular display in Westerink (1990b), pp. xliiilvi.

  • 12 jonathan barnes

    valued for their literary merits, some are esteemed for their utilityand no doubt some have both intrinsic and extrinsic merits. A lexicon, say, is essentially a functional text: its virtues are entirelyor almost entirelyinstrumental: it is good insofar as it is useful, and it is useful to you insofar as it answers to your needs. Th at being so, users and owners of lexicons may well annotate or edit their copies according to their own needs and interests. Th at is what I do with my copy of Bonitz Index Aristotelicus. Th at is what ancient readers did with their copies of Timaeus Lexicon Platonicum. But there is a diff erence between the ancient and the modern practice: whereas no-one is ever likely to copy my Bonitz, annotations and all, ancient copies of Timaeus would be made from amended exemplars and the amendments would be transmitted as part of the text. Th e single mediaeval manuscript which preserves Timaeus Lexicon off ers a text which is miles away from any-thing which Timaeus himself can have written.8

    In that way a lexicon would be treated as an open text. Literary works were unlikely to be so treated, and the same perhaps holds for classical non-literary texts. You might think, for example, that readers would not meddle with their Hippocrates, or with their Aristotle. (Yet there was some tampering with Hippocrates; and our manuscripts of Aristotle show variant readings which can scarcely all be due to chance or scribal inattention). But it was always open season for comment-aries. Alexanders commentary on the Metaphysics survives (up to book Delta) in two forms, one of them a later simplifi cation of the other. Ammonius commentary on Porphyrys Isagoge is preserved in several diff erent versions: the Berlin Academy published a hodge-podgeand there is no reason to believe that we might somehow recover Ammo-nius original text.

    Indeedand this is the last preliminary comment, there is no reason to believe that there ever was such a thing as Ammonius orig-inal version. Mostperhaps allof the Aristotelian commentaries which we possess had their origin in the lecture-room. Sometimes a lecturer would have his notes copied and circulated. Sometimes a pupil, or per-haps a group of pupils, would make and circulate copieswhat we refer to as Philoponus commentary on the Posterior Analytics is called

    8 For details see Bonelli (2007).

  • david and the greek tradition 13

    by the manuscripts: John the Grammarian of Alexandria: school notes on the fi rst book of the Posterior Analytics, taken from the seminars of Ammonius, son of Hermias. A lecturer would doubtless give the same course several times over; and his notesif they were anything at all like minewould bear traces of additions and subtractions and modifi -cations. When such things are copied and circulated, they will appear in a variety of formsand oft en enough in forms which are not inter-nally coherent.

    Our manuscripts of Davids works contain numerous variants, not all of which can be explained by appeal to hazard or scribal error. (And the diff erences multiply when account is taken of the Armenian trans-lations). Some of the diff erences may derive from David himself. In addition, his texts were probably modifi ed in various ways, most of the undetectable, by later readers and users. And much of what he wrote was taken over from earlier works. In such circumstances, it is no easy business to estimate the value of what he did. Indeed, a prudent scholar would simply refrain from off ering an estimate. But prudence is a tedi-ous virtue.

    So then, what is the utility of Davids work? What use was it to his contemporaries, and what use is it to us?

    As for Davids own Alexandrian pupils, and the readers of his Greek commentaries, they will surely have profi ted and may even have been grateful. For Davids commentaries are not at all badindeed, his com-mentary on Porphyrys Isagoge seems to me to be one of the two best commentaries written on that much commented work. But his work was certainly not epoch-making (and of course David had not the slightest desire to make an epoch); and it is unlikely to have given the young men anything much which they could not have got in equal measure and with equal advantage from the earlier works of Elias, or Olympiodorus, or Ammonius.

    As for us, no modern reader will turn to David for a commentary on an Aristotelian text, still less for an introduction to Aristotelian logic. In the same way, no modern student will take Porphyrys Isagoge as an introduction to philosophy. (Th ere is, of course, nothing remotely surprisingnor remotely dispiritingabout that: on the contrary, it would be a scandal were it not so.) So if David is still valuable, today and to us, then that must be because he is valuable to editors of Aris-totelian texts and to historians of Aristotelian philosophy.

  • 14 jonathan barnes

    An editor of Aristotle will read David with the thought that he might help to establish the text of Aristotles works. In general, the ancient commentaries on Aristotle bear witness to the state of his texts at a date far earlier than that of our oldest mediaeval manuscripts so that, in principle, their value for the constitution of Aristotles texts is con-siderable. But it turns out that, as a matter of fact (and for several convergent reasons), David off ers little or nothing to the editor of Aris-totle. Editors of other Aristotelian textsI mean, of the ancient com-mentaries on Aristotlewill also, of course, read David; for in principle it is possible that the text of one commentary may shed light on the text of another. And there, I suspect, David has something to off erand his texts have not yet been adequately exploited.

    David will interest historians insofar as they are concerned with the transmission of Aristotelian philosophy, with the ways in which that philosophy was understood in late antiquity, with the history of philo-sophical education and with the history of philosophical commentary. On such matters, there is, to be sure, much to be gleaned from Davids writings; and had David been entirely lost, there would be even more gaps than there are in our knowledge of the philosophical activities of the Alexandrian school. But of course we have a fair amount of Ammo-nius, and of Olympiodorus, and of Elias (and of pseudo-Elias); and Davids works serve rather to corroborate and to elaborate known facts than to shed light on otherwise unilluminated parts of the terrain.

    All that may seem to make David a fi gure of minor importance. And indeed, like almost everyone else in the history of philosophy, David was a fi gure of minor importancesave for one thing. Th e one thing is this: he was translated into Armenian. Whether or not David was himself Armenian, whether or not he translated the works himself, whether or not the four works all come from the same handwher-ever the truth may lie in such matters, the central fact and the proper signifi cance of Davids work is unaff ected. Aristotelian logic in Arme-nianthat was something wholly new. It was also something of the fi rst importance to the development of culture and philosophy on the borders of the hellenophonic world. It is that which makes David a very great man indeed.

  • DAVID ET LA TRADITION ARMNIENNE

    Valentina Calzolari

    1. Les origines de la spculation philosophique en Armnie et lcole hellnisante

    Avant de connatre un essor original dans la langue nationale, avec la circulation duvres crites directement en armnien, le dveloppe-ment de la spculation philosophique de lArmnie ancienne fut troite-ment li lactivit des traducteurs de lcole hellnisante (en armnien Yunaban Dproc) qui se dveloppa de la fi n du Ve sicle/dbut du VIe jusquau VIIIe.1 Sous forme de traductions, les uvres philosophiques et plus gnralement les uvres profanes grecques furent transmises en armnien et ont ainsi contribu jeter les fondements du savoir scientifi que de lArmnie ancienne et mdivale.2 Ces uvres taient dites en armnien artakin extrieures, du dehors , quivalent dune expression grecque dj utilise par les Pres grecs la suite de Paul (1 Tim 3.7) pour dsigner les auteurs ou les textes paens (ex. ceux du dehors , la [paideusis] du dehors ).

    Parmi les premires uvres traduites en armnien lpoque de lEcole hellnisante, on trouve la Grammaire attribue Denys de Th race (IIe sicle avant J.-C.)3 qui fi t lobjet, durant les sicles suivants, de nom-breux commentaires directement crits en armnien.4 Nous pouvons citer galement la version armnienne des Progymnasmata (exercices propdeutiques ltude de la rhtorique) dAelius Th on (Ier sicle aprs J.-C.),5 ainsi que le Livre des Chries (en arm. Girk Pitoyic), une

    1 Sur lcole hellnisante, cf. Calzolari (1989) ; Manandean (1928) ; Mercier (19781979) ; Muradyan, A.N. (1971) ; Terian (1982) ; Zekiyan (1997).

    2 Sur les arts libraux, cf. Hadot, I. (20052). Sur lintroduction des arts libraux en Armnie, cf. Mah (1987) ; Mah (2007) ; Sirinian Mancini Lombardi Nocetti (2003). mentionner galement la journe internationale dtudes sur Les arts lib-raux et les sciences dans lArmnie ancienne et mdivale organise par le Centre de recherches armnologiques de lUniversit de Genve le 8 dcembre 2007 (publication des Actes envisage).

    3 Voir entre autres Sgarbi (1991) ; Sgarbi (2004) ; Weitenberg (2001).4 Cf. Adontz (1970) ; Ervine (1995) ; Jahukyan (1954) ; Xa eryan (1992).5 Cf. Th on, Prog ; Th on, Prog arm.

  • 16 valentina calzolari

    rdaction christianise des Progymnasmata dAphthonius dAntioche (IVeVe sicle aprs J.-C.).6 Ces uvres furent utilises comme manuels pour lapprentissage des deux premires disciplines (artes) du cursus dtudes encyclopdique (trivium), prcisment la grammaire et la rh-torique. Lintroduction du troisime art libral, la dialectique, fut en grande partie lie aux traductions des uvres grecques de David et des crits dAristote et de Porphyre ; elle rvle le tribut de lArmnie lhritage noplatonicien grec et notamment alexandrin (voir infra), ainsi que le rle important de David dans la formation de la spcula-tion philosophique armnienne. Lintroduction des arts du quadrivium, quant elle, est essentiellement lie au Knnikon, savoir luvre ency-clopdique du savant du VIIe sicle Anania irakaci, qui ne nous est parvenue que sous forme fragmentaire. Dans sa forme originelle, cette summa encyclopdique devait comprendre des textes (originaux et en traduction) relatifs aux sciences mathmatiques (arithmtique, gomtrie, astronomie, musique), suivis de leurs applications pratiques.7

    1.1. Lhritage noplatonicien transmis lArmnie par les traductions des textes philosophiques grecs

    Une partie du corpus des textes philosophiques traduits en armnien par les traducteurs de lEcole hellnisante concide avec les programmes en usage dans les coles de philosophie noplatoniciennes, notamment dans lcole dAlexandrie.

    Rappelons tout dabord que le programme dtudes philosophiques des coles noplatoniciennes prvoyait un parcours organis selon les deux axes fondamentaux du cursus aristotlicien et du cursus platoni-cien, le premier tant considr comme ltape propdeutique ncessaire pour accder au second. Les deux cursus taient structurs selon un ordre hirarchique prcis qui allait des textes considrs comme les plus faciles vers les textes jugs progressivement plus diffi ciles.8 Chaque commentaire tait prcd par des introductions organises autour dune srie dfi nie de points traiter qui avaient pour fonction, entre autres, dorienter la lecture des uvres.9

    6 Cf. Girk pitoyic .7 Cf. Mah (1987) ; voir infra, 4.8 Cf. Hadot, I. (1987), p. 120122 ; Hadot, I. (1997), p. 173174. Sur la tradition des

    commentaires Aristote, cf. Sorabji (1990a).9 Cf. Hadot, I. (1997), p. 173 ; voir aussi Mansfeld (1994) ; Mansfeld (1998).

  • david et la tradition armnienne 17

    Ltude dAristote comprenait tout dabord une introduction gnrale la philosophie, o quatre questions fondamentales dinspiration aris-totlicienne10 taient poses et rsolues sur la base des dfi nitions for-mules par les philosophes anciens (Pythagore, Platon, Aristote) : la philosophie existe-t-elle ? Quest-ce que la philosophie ? Comment est-elle ? Pourquoi est-elle ? Cette introduction abordait galement la ques-tion des diff rentes parties de la philosophie, thorique et pratique, avec leurs subdivisions respectives.11 Cest le schma suivi par les Pro-lgomnes la philosophie de David. Aprs cette introduction gnrale la philosophie, le cursus continuait avec une introduction spcifi que lIsagoge de Porphyre (commentaire sur lIsagoge) accompagne de la lecture de lIsagoge elle-mme. Aprs ce premier livre dtudes, et une fois initi la biographie dAristote, llve pouvait aborder la lecture directe des uvres du philosophe, en commenant par les Catgories. Un cours accompagnait cette lecture qui a par la suite donn lieu aux commentaires sur les Catgories ; il en allait de mme pour le trait De Interpretatione, pour les Premiers Analytiques et ainsi de suite.12

    Le cursus platonicien, galement introduit par une biographie de Platon et une introduction sa philosophie en dix questions, prvoyait la lecture du Premier Alcibiade, du Gorgias, du Phdon, du Cratyle, du Th tte, du Sophiste, du Politique, du Phdre, du Banquet, du Philbe, du Time et du Parmnide.13

    Or, si nous comparons ces programmes dtudes avec le corpus des traductions armniennes issues de lcole hellnisante, nous pouvons reprer plusieurs rapprochements possibles, surtout avec le cursus aris-totlicien. Parmi les uvres philosophiques traduites en armnien, on compte en eff et les Catgories et le De Interpretatione dAristote ;14 lIsagoge de Porphyre ;15 les commentaires de David sur lIsagoge, les Catgories et les Premiers Analytiques, ainsi que ses Prolgomnes la philosophie.16 Le mme corpus comprend encore deux commentaires

    10 Arist., APost, II 89b 23 ; Barnes (19942), p. 203204 ; Hadot, I. (1987), p. 100, note 1.

    11 Cf. Hadot, P. (1990).12 Cf. Hadot, I. (1987) ; Hadot, I. et al. (1990), fasc. 1, chap. 1, et notamment p. 4445.13 Cf. Hadot, I. et al. (1990), fasc. 1, p. 4647.14 Sur les traductions armniennes des uvres dAristote, cf. Bods (2001),

    p. clviiclxi ; Tessier (1979) ; Tessier (2001). Pour dautres rfrences bibliographi-ques, voir Zuckerman (1995), p. 1315 ; Th omson (1995), p. 3536; Th omson (2007a), p. 170.

    15 Cf. Sgarbi (1972).16 Au XIe sicle, Grigor Magistros fait allusion lexistence de la traduction armnienne

  • 18 valentina calzolari

    armniens anonymes sur les Catgories et sur le De Interpretatione jadis attribus David,17 ainsi quun troisime Commentaire sur les Catgo-ries fragmentaire et anonyme.18

    Le corpus platonicien armnien, qui est constitu par la traduction de lEuthyphron, de lApologie de Socrate, du Minos, des Lois et du Time, est en revanche loign du curriculum platonicien des coles grecques,19 lexception du Time. Il convient nanmoins de rappeler que, selon certains savants, les traductions des uvres de Platon ne seraient pas issues de lactivit de lcole hellnisante,20 mais auraient t eff ectues seulement au XIe sicle par Grigor Magistros (9901058).21 Le dossier des uvres de Platon traduites en armnien demande encore tre mieux tudi. Aux diff rentes considrations possibles, ajoutons que lhypothse dune traduction tardive pourrait expliquer lcart entre le choix des dialogues traduits en armnien et les listes des uvres de Platon au programme dans les coles noplatoniciennes aux VeVIe sicles. ce propos, le parallle avec la transmission des uvres plato-niciennes dans le monde syriaque constitue son tour une donne intressante. En eff et, le corpus philosophique syriaque, qui se forma

    du livre dOlympiodore que mentionne David , mais cette information nest confi r-me par aucune autre source. Rappelons encore que la version armnienne des El-ments de thologie de Proclus nappartient pas lcole hellnisante, mais a t eff ectue en 1248 par Simon Garneci, sur la base dune plus ancienne traduction gorgienne : cf. Zuckerman (1995), p. 29.

    17 Attribus par les manuscrits un certain Amelawxoy, ou Amelaxos, nom dans lequel on a vu une dformation du grec : cf. Mah (1989), p. 160, qui conteste cette hypothse.

    18 A ce sujet, voir larticle de M.E. Shirinian publi dans le prsent volume.19 Cf. Tarrant (1998), p. 1115.20 Lattribution des versions armniennes des uvres de Platon aux traducteurs de

    lcole hellnisante revient Sen Arevatyan : cf. Arevatyan (1971), suivi par Mah (1998), p. 1131 et Terian (1982), p. 183. Selon Arevatyan, les versions de Platon seraient antrieures aux versions de David.

    21 Cf. Leroy (1935) ; Nicoll (1966) ; Solari (1969) ; Dragonetti (1986). Cette hypo-thse sappuie sur le tmoignage de Grigor Magistros qui, dans une lettre, dit avoir tra-duit en armnien le Time et le Phdon. A signaler encore, rcemment, Saff rey (2007) qui suppose que la traduction armnienne des uvres de Platon a t faite par Grigor Magistros sur la base du clbre manuscrit grec A des uvres de Platon (Parisinus gr. 1807), dont il reconstruit litinraire dAlexandrie et Byzance jusqu lItalie de Petrar-que. Plus rserve tait la position de Conybeare (1889), qui nexcluait pas lhypothse dune traduction prexistante : I do not feel sure that the writer (scil. Magistros) did not mean to say that the Phaedo and Timaeus are among the books he had found already translated into Armenian (p. 340). Sur la traduction armnienne du Time, voir galement mon article sur les Prolgomnes dans le prsent volume ( 3.3). Sur les versions armniennes des uvres de Platon, voir bibliographie dans Zuckerman (1995), p. 2628 ; Th omson (1995), p. 78 ; Th omson (2007a), p. 177.

  • david et la tradition armnienne 19

    la mme poque que lcole hellnisante (voir infra), ne comprend pas la traduction des uvres de Platon.

    Toujours propos de la tradition armnienne, rappelons encore que le corpus philosophique issu de la Yunaban Dproc comprenait gale-ment le De Mundo et le De Virtutibus du pseudo-Aristote, des crits du Corpus hermtique, un recueil de Dfi nitions et le trait De Natura attribu Znon.22 Les uvres de Philon dAlexandrie ont galement jou un rle important.23

    La comparaison de la collection philosophique armnienne peut tre largie avec profi t au domaine syriaque. Cest cette enqute que sest attach H. Hugonnard-Roche dans larticle publi dans le prsent volume. Les nombreuses concidences quil a pu reprer entre les deux corpora peuvent tre considres comme un tmoignage de la circula-tion dun ensemble duvres communes dans ces deux aires orientales la mme poque (VIeVIIIe sicles). Cette constatation est intres-sante du point de vue de la circulation des bibliothques des noplato-niciens en dehors de leur milieu de production ;24 elle dmontre en mme temps la vitalit de la transmission de lhritage grec dans ces deux aires priphriques de lEmpire byzantin une poque o, pour la capitale, on a pu parler de sicles obscurs .25

    La philosophie armnienne a emprunt la tradition noplatonicienne galement le genre du commentaire continu26 qui, dans lAntiquit

    22 Cf. Ps.-Zeno. Liste non exhaustive. Sur la traduction des uvres philosophiques en armnien, cf. Zuckerman (1995). Voir aussi Mah (1998) ; Stone Shirinian (2000), p. 715. Il convient en outre de remarquer que plusieurs manuscrits armniens de la Bibliothque des manuscrits anciens dErevan (Matenadaran) contiennent des uvres encore indites et non identifi es : cf. Stone Shirinian (2000), p. 1112 et notes 4042. Nos connaissances sur le corpus philosophique armnien ancien demeurent donc incompltes. Rappelons quun travail de description des manuscrits du Matenadaran contenu philosophique est actuellement eff ectu par Armin Melkonyan (chercheuse au Matenadaran), associe au projet international de recherche sur David dans sa deuxime phase.

    23 Quaestiones et Solutiones in Genesim et in Exodum, De Providentia III, De Ani-malibus, Legum Allegoriae III, De Abrahamo, De Vita Contemplativa, Ps.-Philon, De Jona, De Sampsone : cf. Zuckerman (1995), p. 3644.

    24 Sur ce thme, voir les rsultats du projet international de recherche soutenu par la European Science Foundation, coordonns et publis par Cristina DAncona dans DAncona (2007a).

    25 Cf. Lemerle (1971), chap. 4 ; sur lhritage classique dans les traditions orientales, voir aussi Cavallo (2001), p. 189199.

    26 Il sagit dune explication continue du texte, et non uniquement limite des extraits : cf. Hadot, I. (1997), p. 169170.

  • 20 valentina calzolari

    tardive, constituait la forme littraire la plus rpandue de lenseignement philosophique .27 Malgr le dclin des coles noplatoniciennes, vers le VIe sicle, ce genre continua dtre en usage encore jusqu la fi n de lEmpire byzantin au moins. Il est intressant de remarquer que, lpoque mme de la dcadence des coles grecques, on assiste un nouvel essor de ce genre du ct armnien. Le commentaire continu, entr en Armnie grce aux traductions de lcole hellnisante, sera en eff et encore employ par les penseurs armniens du Moyen Age, en suivant le modle des uvres de David (voir 4).

    2. David lInvincible

    2.1. La biographie de David selon les sources grecques

    Avant de prsenter les uvres de David, conformons-nous la tradi-tion en usage dans les coles noplatoniciennes pour donner dabord quelques informations sur sa biographie. L examen des tmoignages qui peuvent nous clairer rvle une opposition frappante entre labondance des donnes fournies par la tradition armnienne et le silence presque absolu des sources grecques. Cest en eff et uniquement sur la base de quelques allusions contenues dans les commentaires grecs qui lui sont attribus, ou de quelques paralllismes intertextuels entre les uvres conserves, que nous pouvons supposer, en toute vraisemblance, que David fut, dans la deuxime moiti du VIe sicle, llve dOlympiodore et le condisciple dElias28 lcole dAlexandrie.29 Malgr le caractre indirect de ces donnes, il importe de souligner que le contenu et la forme littraire des uvres grecques de David constituent des lments suffi sants pour dmontrer lappartenance de ce philosophe au courant noplatonicien alexandrin, et notamment la ligne AmmoniusOlympiodoreElias.

    2.2. La biographie de David selon les sources armniennes

    Bien plus riches sont les informations biographiques qui nous ont t transmises par la tradition armnienne.30 Elles attestent de limportance

    27 Cf. Hadot, I. (1997), p. 169.28 Elve dElias selon certains savants : cf. Kendall Th omson (1983), p. xi et note 2.29 Cf. Westerink (1990b), p. xxxvii.30 Cf. Kendall Th omson (1983), p. xixxi ; voir aussi Arevatyan (1981) ; Mah

    (1990) ; Mah (1997) ; Ouzounian (1994).

  • david et la tradition armnienne 21

    de David en Armnie. Souvent trs contradictoires, et avec une orien-tation apologtique certaine, ces sources ne nous permettent pas de prciser dune faon fi able les dtails de la vie du philosophe. Daprs les principaux tmoignages armniens, tous dpoque mdivale, David apparat comme un Armnien originaire du village de Nergin,31 dans le canton du Tarn (dans le sud-ouest de lArmnie), ou, selon dautres sources, du village de Heret, dans le canton de Hark (au nord-ouest du lac de Van). Disciple de linventeur de lalphabet armnien, Matoc, et du catholicos32 Sahak, David aurait fait partie, dans la premire moiti du Ve sicle,33 du cercle des premiers traducteurs qui, avec la traduction de la Bible et des uvres des Pres de lEglise, ont donn le dpart une littrature en langue armnienne et ont ainsi contribu jeter les bases de lidentit religieuse du peuple armnien. La tradition en a fait galement un condisciple de Mose de Khorne (Ve ? VIIIe ?)le pater historiae de lArmnie, avec qui David aurait eff ectu une partie de ses tudes dans des coles grecques, et tout particulirement dans la prestigieuse cole dAthnes, lieu rput pour ltude de la rhtorique. Auteur dun certain nombre de textes crits en grec, David, de retour en Armnie, se serait adonn la traduction non seulement de ses propres uvres, mais galement dautres uvres scientifi ques grecques ; il aurait ainsi contribu dune faon essentielle lintroduction des arts du trivium en Armnie jusqu tre considr comme le reprsentant principal de lcole hellnisante elle-mme. Il aurait en eff et traduit ses propres commentaires la logique aristotlicienne,34 ainsi que les uvres dAristote et de Porphyre et la Grammaire attribue Denys de Th race. En ralit, comme nous le verrons plus bas, lattribution de lensemble de ces traductions un seul traducteur, que ce soit David lui-mme ou un autre, est impossible pour diff rentes raisons (voir 3).

    31 Dans les manuscrits armniens David est parfois appel Nerginaci, savoir ori-ginaire de Nergin . Rappelons que selon Akinean (1959), p. 64, cette pithte ne doit pas tre considre comme une indication dorigine. Elle doit plutt tre explique partir de larmnien nerkin intrieur, chrtien et ferait ainsi allusion au domaine des sciences religieuses dans lequel David se serait distingu en mme temps que dans les sciences profanes.

    32 Chef suprme de lglise armnienne.33 Selon Arevatyan (1981), p. 3435, David serait n vers 475 ; ses uvres auraient

    t traduites en armnien vers 550.34 Cest lavis de Terian, qui considre David comme un contemporain de Jean

    Philopon et dtienne dAlexandrie. Selon Terian, David aurait prcd ses collgues alexandrins Constantinople lpoque dHraclius (610641) ; cest dans la capitale byzantine quil aurait traduit ses uvres : cf. Terian (1982), p. 180.

  • 22 valentina calzolari

    Toujours selon la tradition mdivale armnienne, David ne se serait pas consacr uniquement la littrature profane, mais aurait galement rdig, directement en armnien, un certain nombre douvrages de caractres religieux, la fois de louange et exgtiques. Parmi ceux-ci on compte un Commentaire sur les Psaumes,35 un Pangyrique de la Croix,36 un Encomium pour la fte de la Transfi guration,37 un Encomium pour la fte de saint tienne le protomartyr,38 un recueil de patark causes, motifs (scholies) de la Bible.39 Linsistance sur la foi chrti-enne de David et son rle de thologien constitue une donne frap-pante. Alors que dans les uvres grecques comme dans leurs traductions armniennes nous navons aucune expression explicite des vues reli-gieuses de lauteur, chose normale lintrieur de traits sur la logique dpourvus de toute intention apologtique,40 la tradition mdivale fait de David un saint. Dans les manuscrits mdivaux qui conservent ses crits, David est dailleurs reprsent sous les traits dun vangliste (ou dun prophte de lAncien Testament). Dans la page de titre des Pro-lgomnes la philosophie conservs dans le manuscrit 1746 du Mate-nadaran de lan 1280, cest un personnage nimb qui, calamus et encrier la main, est en train de rdiger son uvre.41

    Face aux informations si disparates de la tradition armnienne que je nai fait que rsumer, il est diffi cile de faire la part entre les aspects lgendaires et les aspects rels de la biographie de David. Remarquons que, si rien ne prouve lhypothse de lorigine armnienne de David,

    35 Cf. Ajamian (1993).36 Publi aux p. 925 de ldition des uvres de David parue Venise en 19322 (voir

    Bibliographie fi nale du prsent volume) ; cf. Nersoyan (1986).37 Cf. par exemple le ms. 866 du Matenadaran. Dans cette note et les suivantes, les

    indications relatives aux tmoins indits du Matenadaran mont t communiques par Armin Melkonyan (voir supra, note 22).

    38 Cf. par exemple le ms. 118 de la Bibliothque nationale de Paris.39 Cf. par exemple le ms. 1398 du Matenadaran.40 Cf. Frede (2005), p. 171. Comme le relve Westerink (1990b), p. xxxviii : Dans

    lensemble, le but principal de tous ces auteurs [Elias, David, pseudo-Elias] semble avoir t de tenir, dans toute la mesure du possible, la philosophie lcart de leur religion . En dpit de leurs convictions chrtiennes, ces auteurs nont pas hsit men-tionner par exemple la doctrine de lternit de la matire, ou la divinit des corps clestes, ou encore des fi gures de la dmonologie noplatonicienne, en salignant sur les usages de la tradition philosophique dans laquelle ils sinscrivent (ibid.). A ce propos, voir aussi mes considrations sur un extrait contenu cosmologique des Prolgomnes (voir p. 4954 du prsent volume).

    41 Cf. Vardanyan (2007).

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    rien ne la contredit non plus. Malgr leur caractre contradictoire, nous navons pas de raisons suffi santes pour mettre en doute le consen-sus des sources armniennes. En eff et, la frquentation des coles grecques par des tudiants armniens partir du IVe sicle constitue un fait assur. Le plus clbre fut larmnien Prohrsios dont parlent Eunape de Sardes et Grgoire de Nazianze. Elve brillant lcole dAthnes, il se distingua jusqu devenir professeur de rhtorique dans lcole qui lavait form, o il compta ensuite, parmi ses disciples les plus clbres, Grgoire de Nazianze, Basile de Csare et lempereur Julien.42 Cependant, la diff rence de Prohrsios, aucune source grecque ne nous renseigne sur la prsence de David dans des coles grecques. Par ailleurs, le lien tabli par les sources armniennes mdivales entre David et lcole dAthnes contraste avec les donnes que lon peut tirer des uvres grecques de David, qui dmontrent lappartenance de ce philosophe lcole noplatonicienne dAlexandrie. En outre, tant donn que le fl oruit de David doit tre plutt situ au VIe sicle, il devient plus diffi cile dadmettre un sjour dans lcole philosophique dAthnes qui, comme on le sait, avait t ferme par Justinien en 529 aprs J.-C.

    Soucieuses dtablir des liens avec quelques-unes des fi gures fonda-mentales de la pense religieuse de lAntiquit et en dpit dun ana-chronisme vident, les sources armniennes nont pas hsit faire de Davidconsidr comme un auteur du Ve sicleun condisciple de Grgoire de Nazianze, de Grgoire de Nysse et de Basile de Csare qui, eux, ont vcu au IVe !43 Cest probablement lassociation de David avec les Pres de Cappadoce, dont on sait quils ont frquent lcole dAthnes, qui a contribu entriner la tradition dun sjour de David dans cette ville et ses coles.

    La mme volont dassocier David dautres fi gures fondatrices de lidentit culturelle et religieuse armnienne se retrouve dans la men-tion dune prtendue parent entre David et Mose de Khorne : cest ce que nous lisons par exemple dans la prface du Pangyrique la Croix qui fait de David le fi ls de la sur de Mose.44

    42 Cf. Goulet (2000c). Rappelons encore qu lcole dAntioche aussi, Libanius eut, parmi ses lves, des tudiants dorigine armnienne : Petit (1956), p. 132 : De tou-tes les provinces orientales, cest lArmnie qui fournit Libanius son plus important contingent [. . .] .

    43 A relever galement la confusion autour de la fi gure de lempereur Th odose, tantt confus avec Th odose Ier (379397), tantt avec Th odose II (408450).

    44 Cf. Mah (1990), p. 191, note 18 ; Calzolari (2007a), p. 259260.

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    Au XIXe sicle encore, le lien tabli par la tradition armnienne entre David et Mose de Khorne est voqu dans un court rcit en prose de lcrivain armnien romantique Raffi (18351888). Dans Paroyr Hay-kazn ( Parouyr lArmnien ),45 Raffi voque le retour la patrie de nombreux jeunes armniens qui taient partis, aux IVeVe sicles, pour parfaire leur ducation dans les coles grecques. Inspir par les idaux du Zartnk Eveil (Romantisme) dont il est lun des principaux reprsentants, Raffi explique comment ces jeunes armniens se sen-taient investis dune mission : cest dans le but d clairer () leur peuple et de sauver () leur patrie (), en pril cause de la domination iranienne, que ces jeunes rentrrent en Armnie. Parmi ces tudiants armniens, Raffi cite David et Mose de Khorne.

    2.2.1. Les donnes biographiques contenues dans le Livre des tants (Girk akac) et leur postrit mdivaleAprs cette prsentation densemble, attardons-nous encore sur quelques sources armniennes mdivales qui vont nous permettre dillustrer le problme de lidentifi cation de David dont le nom semble avoir t port par dautres personnages.46 Le tmoignage le plus ancien qui nous soit parvenu de cette tradition lgendaire voquant un sjour commun de David et de Mose de Khorne Athnes est probablement con-stitu par le texte des Questions des saints docteurs dArmnie Movss et Dawit adresses aux dyophysites, mieux connus sous le titre de Girk akac Livre des tants .47 La datation de cette uvre est lie un colophon problmatique qui date le texte de 576/578. Plusieurs prob-lmes sopposent nanmoins cette date qui, accepte par certains savants,48 a t rejete par dautres qui proposent une datation plus rcente.49

    45 Rcit dat de 18831884, dont le protagoniste est Prohrsios.46 Nos informations sont tires pour lessentiel de lintroduction de B. Kendall

    et R.W. Th omson leur traduction anglaise des Prolgomnes (Kendall Th omson [1983]). Un nouvel examen des sources ne rentre pas dans les propos de cette tude, ni du projet international de recherche sur David.

    47 Parmi les travaux rcents sur cette uvre, cf. van Esbrck (19941995) ; van Esbrck (19961997) ; voir aussi Arevatyan (1984).

    48 Cf. Terian (1982), p. 178179.49 M. van Esbrck, qui avait rcemment repris le dossier sur une base manuscrite

    plus largie, le considrait comme antrieur au VIIIe (voir supra, note 47).

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    Selon le Livre des tants, lexcellente matrise de la langue grecque ainsi que la science acquises par David Athnes lui valurent le surnom dInvincible ; cette pithte lui aurait t donne suite au dchiff re-ment dune sentence des Sept sages de lAntiquit grave sur une stle, sentence qui avait rsiste aux capacits dinterprtation de ses con-disciples lcole dAthnes.50 Une variante de la lgende rattache lpithte dInvincible plutt au contexte des controverses thologiques dans lesquelles David aurait t imbattable. ce propos, le Livre des tants mentionne en particulier la controverse avec lvque du Palais imprial, Juvnal, au sujet du concile de Chalcdoine. Cette discussion aurait eu lieu dans la capitale de lEmpire byzantin lpoque de lempereur Mar-cien (le promoteur du concile), o David et Mose de Khorne se se raient arrts lors du voyage de retour vers lArmnie.

    Les informations contenues dans le Livre de tants sont prsup-poses par dautres sources armniennes partir du XIIe sicle. Avant cette poque, les mentions de personnages rpondant au nom de David sont attestes, mais rien ne nous prouve quelles concernent le philoso-phe noplatonicien. Rappelons ainsi brivement quau VIIIe sicle, le thologien Stepanos de Siwnik, traducteur de Nmsius dEmse et de Denys lAropagite, mentionne dans un contexte thologique un cer-tain David (de Hark?) qui aurait vcu dans la deuxime moiti du VIe sicle et dans lequel certains savants modernes ont voulu reconnatre le philosophe alexandrin.51 Au XIe sicle, Stepanos Tarneci Asoik reprend le tmoignage de Stepanos Siwneci et prcise que ce David tait un disciple de Mose de Khorne ; Asoik relate que tous deux auraient reu, ensemble, une partie de leur formation ltranger (le lieu nest pas indiqu) pour revenir ensuite en Armnie lpoque du marzban (gouverneur) Vahan Mamikonean (aprs 484).52 Ajoutons encore que le chroniqueur Samul Aneci (XIIe sicle) situe galement David au Ve sicle et en fait un contemporain de Mose de Khorne.53

    A partir du XIIe sicle, les tmoignages armniens renforcent la tra-dition du sjour de David ltranger. Ainsi, Nerss norhali (11021173), dans son commentaire au Pangyrique la Croix attribu David, rapporte que le philosophe aurait rcit son discours Athnes,

    50 Cf. Calzolari (2007a), p. 260261.51 Cf. Kendall Th omson (1983), p. xv et note 16, sur la base de Khostikian (1907),

    p. 2 ; cf. Mah (1990), p. 189190.52 Cf. Stepanos Tarneci, Hist, II, 2.53 Cf. Samul Aneci, Tables, p. 387.

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    o il avait t envoy par Sahak et Matoc pour parfaire sa formation aussi bien dans les sciences profanes que dans les sciences religieuses. A lpoque de Nerss, la tradition devait dj tre embrouille, si le catholicos prend soin dinformer que, selon dautres, cest une occa-sion diff rente que David aurait rcit son Pangyrique.54

    Au XIIIe sicle, dans son Histoire de la province du Siwnik, lhisto-rien Stepanos rbelean55 mentionne la prsence de David non pas Athnes, mais Constantinople ; il en fait un compagnon dEznik et de Koriwn, deux auteurs de la premire moiti du Ve sicle appartenant au cercle de Matoc, qui, quant eux, furent rellement envoys dans la capitale byzantine vers 435, non pas pour parfaire leurs connais-sances philosophiques, mais pour recueillir auprs de lglise grecque des exemplaires fi ables (dun point de vue doctrinal) de la Bible ainsi que les canons du premier concile cumnique de Nice (325 ap. J.-C.). rbelean renforce davantage limage de David en tant que dfen-seur averti de lorthodoxie de lglise armnienne, en voquant sa participation au concile de Chalcdoine (en 451), o David et ses com-pagnons auraient lutt contre les positions des hrtiques en les cou-vrant de honte.

    Aux XIVeXVe sicles, Arakel Siwneci, auteur dun commentaire sur les Prolgomnes, affi rme que David aurait crit son uvre principale lors dun sjour Athnes, et lui prte comme compagnon de voyage Eznik : on retrouve, encore une fois, la tradition de lappartenance de David la premire cole de traducteurs armniens.

    Sans prolonger cet aperu, il importe encore de signaler la rcente ten-tative de V.K. aloyan de dbrouiller lcheveau de ces informations disparates. Au milieu de multiples sources qui mentionnent David et ses uvres prtendues, le savant armnien est all jusqu distinguer non moins de six (sinon sept) personnages diff rents portant le nom de David :56 1) David lInvincible, llve dOlympiodore au VIe sicle ; 2) David le Grammairien, le commentateur de la Grammaire attribue

    54 Cit dans Kendall Th omson (1983), p. xvi.55 Cf. Stepanos rbelean, Hist, 22.56 Cf. aloyan (1975), p. 9398 et aloyan (1980), dont les conclusions ont t rsu-

    mes en franais par Mah (1990), p. 194195, qui je renvoie pour les dtails. Rap-pelons que Akinean (1959), p. 107163, ne distinguait que deux personnages du nom de David, savoir le philosophe noplatonicien alexandrin du VIe sicle, et David Har-kaci Hypatos, du VIIeVIIIe sicle ; cf. Mah (1990), p. 193. Les limites de telles recons-titutions sont sans doute de vouloir rationaliser des donnes en partie lgendaires.

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    Denys de Th race ; 3) David de Bagrewand, ayant vcu lpoque de lempereur Constant II Hraclius (642668) ; 4) David Hypatos, le col-laborateur de Stepanos Siwneci dans lentreprise de traduction des uvres de Denys lAropagite, dEusbe dmse, etc., Constantinople (VIIeVIIIe sicle) ; 5) David Harkaci, un thologien monophysite du VIIe sicle ; 6) David Kerto : ce nom ne cache peut-tre pas une per-sonnalit dfi nie, mais pourrait tre rapport la fois aux personnages n 1, 2 ou 5. Daucuns ont voulu identifi er, tort, le philosophe no-platonicien (n 1) au moine du VIe sicle David de Th essalonique, qualifi de Niketas Invincible par les sources grecques.57

    3. Les uvres de David

    La question de la biographie de David est troitement lie celle de lauthenticit des crits qui lui ont t attribus. La tradition lui accorde en eff et un ensemble duvres tout aussi bien religieuses que profanes (voir supra) ; par ailleurs, comme je lai relev plus haut, David aurait t la fois un traducteur de textes grecs et un auteur duvres crites directement en armnien.

    Le choix de textes publis dans le premier recueil des uvres attribues David lInvincible, dit Venise en 1833, refl te les don-nes de la tradition armnienne mdivale. Sous le titre gnral de uvres de David, le philosophe Invincible ,58 on trouve :

    un Pangyrique de la sainte Croix, prcd par une introduction et par un change pistolaire qui aurait eu lieu entre David et Giwt Arahezaci, catholicos de 461 478 ;

    la traduction armnienne des Prolgomnes la philosophie ; Cinq adages ; un crit Sur la division ; la traduction armnienne de lIsagoge de Porphyre ; la traduction armnienne du Commentaire sur lIsagoge ; la traduction armnienne des Catgories ; la traduction armnienne du Commentaire sur les Catgories ; la traduction armnienne du De Interpretatione ;

    57 Cf. Rose (1887).58 Cf. Dav., in APr arm. (1833), Dav., in Cat arm (1833), Dav., in Isag arm. (1833),

    Dav., Prol arm. (1833).

  • 28 valentina calzolari

    un Commentaire sur le De Interpretatione ; la traduction armnienne du Commentaire sur les Analytiques Premiers ; des scholies Sur la grammaire ; la traduction armnienne du De Mundo ; la traduction armnienne du De Virtutibus.

    Un examen plus approfondi du dossier a cependant dmontr lim-possibilit dattribuer David notamment les scholies Sur la gram-maire, ceci cause des incohrences quelles prsentent avec le contenu des Prolgomnes.59 La paternit de la traduction des uvres dAristote et de Porphyre, quant elle, avait t rejete par Manandean dans son ouvrage capital sur lcole hellnisante, un rejet fond sur les caractris-tiques linguistiques qui particularisent ces textes et qui, selon Manan-dean, les diff rencient trop des versions armniennes des uvres grecques de David.60

    Aujourdhui, la majorit des savants saccorde pour attribuer David dune faon assure un corpus de trois uvres, existant en grec et en armnien, auxquelles sajoute une quatrime uvre, atteste unique-ment en armnien, moins que lon reconnaisse dans le texte grec fragmentaire du Commentaire sur les Analytiques Premiers dElias son modle grec. La question est dbattue (voir infra).

    3.1. Les uvres grecques

    Les manuscrits grecs attribuent David trois uvres :61

    a) Prolgomnes la philosophie : Intro-duction la philosophie sur la base de lenseignement oral de David, le philosophe trs aim par Dieu et la sagesse divine ;

    b) Commentaire sur lIsagoge de Porphyre : Avec Dieu, introduction lIsagoge de Por-phyre sur la base de lenseignement oral de David, le philosophe trs aim par Dieu et la sagesse divine ;

    c) Commentaire sur les Catgories dAristote : Avec Dieu, exgse des dix catgories de la philosophie

    59 Cf. Adontz (1970), p. cxxiv.60 Cf. Manandean (1928), p. 161, 183, 190191, 197 et passim.61 Par uvre on entend une uvre base sur lenseignement oral du

    professeur ; dans les textes plus tardifs, lexpression prit ensuite le sens de par : cf. Richard (1950).

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    sur la base de lenseignement oral de David, le philosophe trs aim par Dieu .62

    3.1.1. La question de la paternit du Commentaire sur les CatgoriesLa paternit du Commentaire sur les Catgories fait lobjet dun dbat. En 1900, malgr le tmoignage des manuscrits, Adolf Busse, lditeur du texte grec, rejeta son attribution David pour en attribuer la pater-nit plutt Elias. Les arguments de Busse taient bass sur le constat dincohrences prsumes entre les propos du Commentaire sur lIsagoge de David et le contenu du Commentaire sur les Catgories.63 Sans entrer dans les dtails de cette question complexe, examinons son argument principal : dans le Commentaire sur lIsagoge, David annonce quil abor-dera la question de savoir si la logique est une partie ou un instrument de la philosophie lorsquil traitera des Catgories. Or, le Commentaire sur les Catgories ne traite gure de cette question : pour Busse, il faut donc rejeter lattribution David, puisque la promesse na pas t tenue. Busse dita ainsi le Commentaire sur les Catgories sous le nom dElias qui, lui, dans lintroduction de son Commentaire sur lIsagoge (26.3527.1) annonce quil traitera de la question de la logique dans son exgse des Analytiques Premiers, ce que lon peut vrifi er (voir infra). Les conclusions de Busse avaient t suivies par lditeur de la version armnienne, Y. Manandean, qui en 1911, dita son tour le texte armnien du Commentaire sur les Catgories sous le nom dElias.64 Plus rcemment, cet argument a t rexamin par le dernier diteur des uvres armniennes, Sen Arevatyan, qui a rejet les positions de Busse en constatant que des passages du Commentaire sur les Catgo-ries contiennent des allusions au rle de la logique, considre comme

    62 Cf. Dav., Prol, Dav., in Isag, Dav., in Cat.63 Cf. Praefatio Dav., in Cat ; voir aussi Praefatio Porph, Isag. 64 Cf. Manandean (1911). Lacadmicien armnien poussa plus loin ses conjectu-

    res. Dans son ouvrage systmatique sur lcole hellnisante, Manandean se basa tout dabord sur le tmoignage de deux auteurs armniens mdivaux, savoir Yovhanns Orotneci (XIVe s.)qui dans son commentaire sur les Catgories mentionne au moins quinze fois les propos d Olympiodore et Grigor Magistros (XIe s.)qui rappelle lexistence de la traduction armnienne du livre dOlympiodore que mentionne David . L acadmicien voqua ensuite les allusions aux crits dOlympiodore conte-nues dans les Prolgomnes de David, pour attribuer, en conclusion, le Commentaire sur les Catgories et le Commentaire (grec) sur lIsagoge dElias Olympiodore. Pour Manandean, Elias et Olympiodore seraient une seule personne ; Elias serait le nom de baptme dOlympiodore, suite une prtendue conversion au christianisme de ce dernier ! (Manandean [1928], p. 3652). De telles hypothses extravagantes nont pas besoin de commentaire.

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    un instrument de la philosophie.65 Pour Arevatyan, la promesse de David aurait donc t satisfaite.66 Faisons-nous lavocat du diable et remarquons que, sil avait pu lui rpondre, Busse aurait probablement object au savant armnien que ces allusions au rle de la logique ne peuvent pas tre mises sur le mme niveau quun expos systmatique en bonne et due forme.

    Par del la question philologique, ce dbat nest pas sans intrt dans la mesure o il touche une conception pdagogique de la philosophie. Quel est le bon moment, dans une formation philosophique, pour traiter la question de savoir si la logique est partie ou instrument de la philosophie ? La place traditionnelle, dans les coles grecques, tait dans lintroduction aux Analytiques Premiers (Alexandre dAphrodise, Th emistius, Ammonius, Philopon, Scholies Anonymes aux Analytiques Premiers), ce qui implique que sa porte se limitait la syllogistique.67 Mais on voit certains auteurs penser une place diff rente. Cest le cas par exemple dEutocius, qui traita du problme dans son introduction lIsagoge,68 et dOlympiodore, qui le traita dans son introduction au Commentaire sur les Catgories ; un emplacement au dbut des cours sur lOrganon implique que sa porte tait largie la tout entire. Rien ninterdit alors de penser quun commentateur, infl uenc par dautres, pouvait revenir par la suite sur son programme initial. Cest la voie qua choisie rcemment Ilsetraut Hadot. Elle voque ainsi la possibilit que, un moment donn de sa carrire de professeur, David ait chang lemplacement du dveloppement de cette question lintrieur du programme des ses cours pour suivre la tradition.69 Lhypothse dI. Hadot off re une explication possible, mais sans preuve,

    65 Pour un examen dtaill des arguments de Busse, cf. Arevatyan (1969), rsum en franais par Mah (1990), p. 196205. Les conclusions dArevatyan ont t suivies par Sanjian (1986), p. 8. Au contraire, les positions de Busse et de Manandean ont t nouveau reprises par Petrosyan (1991), qui ignore cependant lidentifi cation du texte grec du Commentaire sur les Analytiques dElias par Westerink (cf. Westerink [1961]).

    66 Avis partag par Mah (1990), p. 202 et passim. Le mme type dargumentation est utilis propos des autres incohrences prsumes du commentaire sur les Catgo-ries : cf. Arevatyan (1969), repris et comment par Mah (1990), p. 196205.

    67 Cf. Westerink (1961), p. 131 (= Westerink [1980], p. 64).68 Cf. Westerink, ibid.69 Cf. Hadot, I. et al. (1990), fasc. 1, chap. XII et notamment p. 167168 ; voir aussi

    p. 21, note 3, p. 151152 et p. vii, note 2, o I. Hadot conclut: Nous en tirons la conclusion quil ne reste pour le moment plus assez darguments pour retirer David la paternit de ce commentaire et que la question devrait tre rexamine en comparant les textes grecs avec les textes armniens .

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    du fait que le propos annonc par David dans le Commentaire sur lIsagoge na pas t maintenu dans le Commentaire sur les Catgories.

    Nanmoins, en 2000, Richard Goulet est revenu une position scep-tique laissant ouverte la question de lattribution du Commentaire sur les Catgories.70 En conclusion de son article, Goulet souligne, entre autres, la ncessit de recourir la prise en compte systmatique de la tradition armnienne , dj releve par I. Hadot.71

    Cest l une piste que nous explorons dans notre projet gnral, en confrontant la tradition grecque lensemble de la tradition armni-enne. La comparaison des textes grecs et armniens se rvle dailleurs particulirement intressante sur le point prcis que Goulet considre comme largument peut-tre le plus impressionnant avanc par Busse en faveur dune attribution du Comme