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[i]
ÉTUDE COMPARATIVE SUR LES PHILOSOPHIES DE L’ÉDUCATION DANS LES
ŒUVRES DE JEAN-JEACQUES ROUSSEAU ET MARIA MONTESSORI
A THESIS
Presented to
The Faculty of the Department of French and Francophone Studies
The Colorado College
In Partial Fulfillment of the Requirements for the Degree
Bachelor of Arts
By
Marketa Harastova
May/2018
[1]
Sommaire Résumé ............................................................................................................................................ 1
Introduction ..................................................................................................................................... 2
Partie I – La vie des auteurs et le contexte social ........................................................................... 4
Partie II – Les points d’intersection dans les œuvres ...................................................................... 7
Partie III – Les différences dans les œuvres ................................................................................. 13
Partie IV – Les idées les plus pertinentes dans les œuvres pour la société au 21ème siècle .......... 20
Partie V – Les écoles Montessori modernes ................................................................................. 23
Conclusion .................................................................................................................................... 26
Bibliographie................................................................................................................................. 28
Résumé Ce mémoire analyse les œuvres Émile ou de l’éducation de Jean-Jacques Rousseau et
L’Enfant de Maria Montessori qui captent les approches pédagogies de leurs auteurs. De manière
comparative, nous dégageons les points d’intersection et les différences dans leurs philosophies
sur l’éducation de la petite enfance (0-12 ans). Ensuite, nous avançons vers le 21ème siècle et nous
reprenons les points les plus pertinentes de ces philosophies pédagogies pour la société moderne.
Ce mémoire explore également le phénome du bilinguisme et l’expansion de la méthode
Montessori, qui est inspirée par le travail de Rousseau, dans le 21ème siècle. Nous soulignons
certaines de ses avantages et de ses problèmes. Finalement, nous concluons par les efforts
d’adapter « les écoles Montessori » modernes pour préserver les idées principales de la fondatrice
et en même répondre mieux aux besoins de l’enfant et de la société au 21ème siècle.
[2]
Introduction « L’éducation est une arme pour la paix.1 », a écrit Maria Montessori. Plus de soixante-
cinq ans après son décès, la méthode Montessori devient de plus en plus populaire dans notre
monde. Il existe environ 22 000 écoles Montessori dont la majorité est aux États-Unis (Les Écoles
Montessori En France Et Dans Le Monde - L'école Des Soleils). Elle a même inspiré le fondement
du système d’éducation finlandais renommé pour son efficacité et sa qualité. Selon la recherche,
la pédagogie Montessori, qui se focalise sur la petite enfance (0-12 ans), s’applique et reste
effective à travers des groupes démographiques différents car elle privilégie la culture et
l’individualité de chaque enfant. C’est pour ces raisons que nous explorons l’évolution de la
méthode Montessori. Qu’est-ce qui l’a inspirée cette méthode impressionnante et que pourrions-
nous améliorer dans les pédagogies actuelles en nous basant sur le travail de Montessori?
Maria Montessori est née en 1870 à Chiaravalle. Dans sa jeunesse et sa vie académique,
elle devait souvent faire face à des critiques et aussi des préjugés à cause du fait qu’elle était
femme. Cependant, elle poursuivit ses objectifs et devint une des premières médecins en Italie.
Après quelques années de pratique de sa profession, elle a commencé à travailler avec les familles
pauvres et particulièrement avec leurs enfants. A la veille du 20ème siècle, Montessori ouvrit sa
première Casa Dei Bambini où elle mit en œuvre ses idées sur l’activité indépendante et
l’éducation sensorielle comme une nouvelle approche à l’éducation de l’enfant. Étant très
passionnée par l’éducation et la science en même temps, elle découvre des œuvres de plusieurs
écrivains et éducateurs parmi lesquels figure Jean Jacques Rousseau.
Né en 1712 à Genève, Rousseau a grandi dans une époque en France où les normes
sociales, en place sous la monarchie, étaient très rigides. Néanmoins, son œuvre Émile ou de
1 Correction de grammaire par Marketa Harastova
[3]
l’éducation contient de nombreuses idées innovatrices pour son époque. Par exemple, un des
concepts principaux de sa philosophie consiste à laisser l’enfant faire ce qu’il a envie de faire et
de l’aider seulement quand c’est nécessaire. Cette forme de pensée constitue une approche plutôt
nouvelle et libérale.
Ce mémoire a pour buts de développer, analyser et élargir plusieurs thèmes. L’objectif
principal est de discuter la pédagogie de Madame Montessori, de sa création à son application
présente. Pour mieux comprendre cette philosophie de l’éducation, nous explorons les œuvres de
Maria Montessori, L’Enfant, et de Jean Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation. Dans notre
travail, nous dégageons les similarités et les différences des approches didactiques de ces deux
penseurs pour pouvoir envisager la conception d’une pédagogie adaptée aux besoins des sociétés
du 21ème siècle.
Dans la poursuite de ces objectifs, nous jetterons un coup d’œil sur la vie de ces deux
auteurs pour mieux comprendre les sources d’inspirations de leur écriture. Ensuite, nous
analyserons ces deux œuvres, dégageant leurs similarités et leurs différences. Dans le processus
d’analyse des œuvres et des philosophies de Rousseau et de Montessori et leurs œuvres, nous
chercherons à évaluer également l’application de ces idées mises en place dans les écoles
Montessori en France contemporaine. Ensuite, nous nous concentrerons sur la propagation de ces
établissements, les avantages et les dangers associés à ce « boom ». Finalement, ce mémoire
explorera les nouvelles tendances pédagogiques dans les écoles Montessori bilingues pour
concevoir une approche sur l’éducation qui conviendrait mieux aux besoins de la société de nos
jours.
[4]
Partie I – La vie des auteurs et le contexte social Jean Jacques Rousseau est né à Genève en 1712 dans une famille d’origine française qui s’était
réfugiée en Suisse à cause de sa croyance religieuse protestante. Rousseau est un enfant du siècle
des Lumières et il contribue immensément à ce siècle dans les domaines de la pensée politique
moderne, de la littérature, de l’éducation et même de la musique. « Selon Rousseau, la Raison, La
Science et le Progrès sont certes de bonnes choses, mais non en elles-mêmes. » (Martineau &
Buysse, p. 7). Sa mère meurt neuf jours après sa naissance et son père l’abandonne à l’âge de dix
ans ce qui impacte notamment sa vision du monde et de la société. Élevé pour la plupart par sa
tante, qui ne portait pas son éducation à cœur, il se livre dans la littérature où il trouve de vastes
inspirations pour son écriture. Après le départ de son père, il déménage dans un petit village,
Bossey, pour faire des études en pension chez le pasteur Lambercier. « Here his love of nature,
which had already been cultivated by the beauties of the Genevian environment, was greatly
heightened. He found a wonderful enjoyment of this rural life. » (Monteiro, p.3).2
Malheureusement, sa formation s’y termine en mauvais termes et il se réfugie chez sa futur
maitresse et amour Madame de Warrens. Nous remarquerons que son enfance et adolescence sont
remplies de changements de demeures, d’une absence d’amour familiale et d’une observation de
la nature ce qui se reflète dans son travail d’écrivain.
Certes, cette passion pour la nature apparait également dans sa philosophie sur l’éducation
présentée dans L’Émile ou de l’éducation. A ses yeux, la nature est bonne et la société corrompue
par conséquent, il faut tirer des leçons de la nature pour mieux réformer la société à travers
l’éducation des générations futures. Rousseau met l’accent sur l’honnêteté, la droiture de cœur et
la conscience droite. Une œuvre révélatrice pour son époque, écrite en 1762, L’Émile représente
2 Traduction : « Là, son amour pour la nature, dont les racines avaient déjà poussé grâce à la beauté de l’entourage
de Genève, s’est bien intensifié. Il trouvait beaucoup de joie dans cette vie rurale. »
[5]
surtout « la charte de la libération de l’enfance ». (Compayré, p.27). Rousseau y souligne
l’exceptionnalité de l’enfance, celle dont il ne connut pas l’expérience en tant qu’enfant. Le
concept principal de sa philosophie se base sur la vision que l’être humain n’est pas un moyen,
mais une fin. Alors, il est nécessaire de préserver les leçons de la nature en l’être humain. Ces idées
opposent les précédentes conceptions sur l’éducation dans lesquelles celle-ci était un moyen de
former l’individu pour les besoins de la société. Rousseau a une grande influence sur les éducateurs
et l’éducation d’aujourd’hui. Il suggère que l’enfant n’obtienne que l’assistance du côté de
l’enseignant qui doit lui servir de guide. A ses yeux, l’éducation doit respecter les besoins de
l’enfant. De plus, Rousseau veut exploiter naturellement au maximum le potentiel de l’enfant et
en même temps faire de celui-ci un membre contributeur de la société. Cette idée rousseauiste que
l’enfant doit expérimenter, manipuler, toucher et sentir est devenue une conception commune dans
les politiques sur l’éducation, largement mises en œuvre par Maria Montessori. Dans cette étude
comparative, nous nous basons sur les extraits des deux premiers livres de L’Émile parce qu’il y
discute sa philosophie sur l’éducation pour notre tranche d’âge désirée. Les paragraphes suivants
introduisent Madame Maria Montessori, son origine, les moments importants dans sa vie et son
œuvre, L’Enfant, qui capte les points structurels de sa philosophie sur l’éducation de la petite
enfance.
Maria Montessori est née à l’époque de l’unification d’Italie dans une famille bourgeoise. Son
père comptable et sa mère bien éduquée l’élevaient avec beaucoup de soins mais aussi de rigidité.
Ils envisageaient pour Maria une carrière d’enseignante même si elle aspirait à devenir d’abord
une ingénieure et ensuite une médecin. Contre les normes sociales mais avec le soutien de ses
parents, la jeune fille ambitieuse se lançât dans la sphère des hommes et elle fut la première femme
en Italie à finir ses études en médecine, en neurologie. Pendant les deux ans qui suivent, elle
[6]
travaille comme assistante à la clinique psychiatrique de l’Université de Rome. C’est là où sa
passion pour le travail avec les personnes en besoin prend racines : « Elle est notamment chargée
d’étudier le comportement d’un groupe de jeunes retardés mentaux » (Rohrs, p.2). Pour
approfondir ses connaissances en pédagogie, elle rentre à l’université. Suite à ces études, Maria
Montessori se plonge résolument dans l’éducation de la petite enfance pendant le projet de
l’amélioration de San Lorenzo, un quartier pauvre de Rome. Le résultat de ses efforts devient la
première Casa Dei Bambini où Maria Montessori explore ses idées sur l’éducation. Elle observe
et encourage la curiosité naturelle chez les enfants et note leurs réponses aux différents matériels
éducatifs. Le progrès des enfants l’encourage à développer une nouvelle pédagogie révélatrice et
accessible aux enfants de tous genres et statuts sociaux. Son œuvre L’Enfant, publiée en 1936, est
une collection de ses observations sur les enfants et ses pensées sur l’éducation depuis la naissance.
L’auteure y souligne les points essentiels pour elle comme le concept de l’éducation sensorielle
qui se développe vers l’abstraction et la nécessité d’adapter le rythme et l’environnement aux
enfants pour qu’ils puissent explorer et apprendre sans limitations du côté de l’adulte.
Même s’il est difficile de définir les sources de son inspiration à côté de ces expériences,
nous découvrons qu’« elle était très influencée par Rousseau.» (Rohrs, p.3). Un des concepts
principaux des « maisons des enfants » (Casa Dei Bambini) cherche à équilibrer la liberté avec la
discipline intérieure de soi. Nous utilisons L’Enfant comme guide de sa pédagogie et nous la
comparons à Émile. Bien qu’elle ramène une nouvelle approche sur l’éducation, nous y détecterons
certains principes fondamentaux qui apparaissent déjà dans la philosophie sur l’éducation de Jean
Jacques Rousseau.
Avant de procéder vers l’analyse des œuvres, il faut que nous mettions l’accent sur le
contexte social et historique de ces œuvres. Tout d’abord, un long 19e siècle, connu comme le
[7]
siècle de transition, sépare les auteurs. Cette époque suit juste après la tombée de la monarchie en
France pendant la Révolution française, il souffre des guerres constantes en Europe et inclut même
la deuxième Révolution industrielle et l’impérialisme européen. Conséquemment, Rousseau écrit
dans une période où l’aristocratie domine encore la société en Europe pendant que Montessori
connait la vie bourgeoise entre les Grandes guerres où la position inférieure de la femme se
transforme. Les deux auteurs mènent leur propre révolution dans leur époque. Ils luttent contre les
structures sociales qui imposent des limites sur le développement de l’enfant mais aussi sur le
progrès social. Jean Jacques Rousseau propose une approche sur l’éducation qui met l’enfant au
centre et rend les parents responsables de la formation de leur enfant bien que la société à l’époque
perçoive l’enfant comme adulte en miniature qui sert à préserver la lignée et aider les parents au
travail. Grâce aux philosophes comme Rousseau, les mouvements sociaux donnent la base aux lois
qui protègent le droit des enfants à l’éducation. Cependant, les questions de l’égalité de genre et
de classe restent ouvertes à la fin du 19ème siècle. C’est là où Maria Montessori crée sa propre
révolution. Elle arrive à entrer le monde de la médecine dominée par les hommes, elle reconnait
son fils Mario, né hors mariage et elle prouve qu’une femme est bien capable de gérer sa vie
indépendamment de l’homme. De plus, sa première Casa Dei Bambini n’est plus construite pour
éduquer les riches mais elle se dévoue aux enfants dans le besoin ; ceux qui étaient historiquement
ignorés. Étant donné que chaque auteur mène sa révolution sociale, les parties suivantes
analyserons leurs œuvres et leurs approches sur l’éducation de la petite enfance.
Partie II – Les points d’intersection dans les œuvres Le premier point d’intersection explore la notion de l’enfant en tant qu’être humain central
dans son éducation. Un de premiers conseils de Rousseau dans Émile : « Commencez donc par
mieux étudier vos élèves ; car très assurément vous ne les connaissez point ; or, si vous lisez ce
[8]
livre dans cette vue, je ne le crois pas sans utilité pour vous. » (Rousseau, p. 4). Cela affirme une
dynamique très révélatrice pour l’époque car ce conseil suggère que celui qui est dans le rôle
d’élève qui éduque d’abord le maître qui l’observe. Déjà dans le titre du livre « Émile », nous
remarquons qu’il met l’accent sur l’enfant ou l’élève. Similairement, Maria Montessori appelle
son livre en italien « Il segreto dell'infanzia »3 ce qui veut dire le secret de l’enfance. Bien qu’elle
structure son livre différemment de Rousseau, le thème de l’enfant comme personnage principal
réapparait dans chaque chapitre : « L’enfant porte en lui le plan de son développement, et nous
pouvons l’aider en organisant la vie autour de lui pendant cette première partie de sa vie, de sorte
qu’il y trouve lui-même, et y prenne, ce dont il a besoin pour devenir un homme. » (Hutin, la
préface de L’Enfant). Le message des auteurs devient évident depuis le début de leurs œuvres ; ils
exigent que la société donne plus d’espace à l’enfant pour pouvoir se développer à son propre
rythme. Ils accordent à l’enfant la capacité naturelle de connaitre le mieux la démarche pour son
développement. Alors, pousser l’enfant à sauter d’une étape à l’autre trop rapidement, parce que
l’adulte le trouve convenable, mène à la création de manquements plus tard dans sa vie. En général,
les deux œuvres sont écrites d’une manière qui cherche à conseiller et guider les adultes vers une
compréhension plus profonde de l’enfant dans sa propre nature.
Conséquemment, ces œuvres philosophiques portent également en elles une certaine
critique sociale. Rousseau la commence par les parents (riches) qui deviennent plutôt absents dans
la vie de leur nourrisson : « Ces douces mères qui, débarrassées de leurs enfants, se livrent
gaiement aux amusements de la ville » (Rousseau, p.23) … « Point de mère, point d’enfant. Entre
eux les devoirs sont réciproques ; et s’ils sont mal remplis d’un côté, ils seront négligés de l’autre.
» (ibid., p.28). Rousseau insiste sur l’importance de la mère dans la vie de l’enfant nouveau-né. Il
3 Traduction de titre: L‘Enfant
[9]
suggère que les premières émotions naturelles sont envers la mère et c’est alors sa responsabilité
de guider son nourrisson : « La première éducation est celle qui importe le plus, et cette première
éducation appartient incontestablement aux femmes - si l’Auteur de la nature eût voulu qu’elle
appartînt aux hommes, il leur eût donné du lait pour nourrir les enfants. » (ibid., p.9). Toutefois,
Rousseau inclus aussi le rôle paternel qui importe beaucoup pour le développement de l’enfant. Il
met l’accent sur l’union des parents et le système d’une famille complète où la mère représente
« la nourrice » et « le véritable précepteur est le père. » (ibid., p.32). De la même façon, l’auteur
critique l’éducation habituelle où les parents sont souvent complètement absents : « Les enfants,
éloignés, dispersés dans des pensions, dans des couvents, dans des collèges, porteront ailleurs
l’amour de la maison paternelle, ou, pour mieux dire, ils y rapporteront l’habitude de n’être
attachés à rien. » (ibid., p.33). Symboliquement, nous y voyons un parallèle qui nous permet
d’imaginer que Rousseau se base sur sa propre expérience d’enfance car ses parents n’ont pas
participé dans son éducation et il fréquentait souvent les établissements d’éducation dans différents
endroits qui lui était étrangers. Maria Montessori prend également une position qui favorise l’idée
que l’enfant reste proche de ses parents. Pourtant, elle base sa critique sociale sur la notion que la
société ne réserve pas de place pour l’enfant : « Enfin, après trente années d’études, nous le4
considérons comme l’être humain oublié par la société, et plus encore par ceux-là même qui
l’aiment, qui lui donnent et lui conservent la vie. » (Montessori, p.7). Il faut se rappeler que la
société dont Montessori parle est bien différente de celle de Rousseau. Ici, nous avons une société
de la fin du 19ème siècle, qui tient fortement aux valeurs matérielles. Néanmoins, les parents
s’absentent de l’éducation de leurs enfants de la même manière : « Les adultes n’ont pas le temps
de s’occuper de lui, quand la besogne est urgente. Le père et la mère vont tous les deux au travail ».
4 Le = l’enfant
[10]
(ibid., p.8). A ses yeux, les enfants sont trop tôt envoyés dans les crèches, « avec des étrangers
payés » (ibid.), qui sont remplies de jouets inutiles et alors, ils sont exclus du monde réel des
adultes ; du monde de ceux qu’ils aiment et dont ils dépendent. A travers ce premier chapitre,
Montessori arrive à critiquer constructivement la société qui donnait à l’enfant un statut d’« un
extra-social, que tout le monde peut traiter sans respect, insulter, battre, punir, en exerçant un
droit reçu de la nature : le droit de l’adulte. » (ibid.). En même temps, elle aperçoit et apprécie
également cette transformation de la société du 20e siècle vers l’inclusion de l’enfant : « Beaucoup
de réformateurs d’aujourd’hui tiennent compte de l’enfant. » (ibid., p.9). Montessori comme
Rousseau lutte pour rendre l’enfant plus légitime dans la sphère des adultes. Pour atteindre ceux
objectifs, les deux auteurs insistent sur l’importance des rôles parentaux qui plantent en l’enfant
les sentiments de sécurité, d’amour et de reconnaissance.
Un autre aspect commun, qui apparait comme essentiel dans les deux œuvres, est la puissance
de la nature. Elle y prend un rôle presque divin que nous devons suivre pour transformer la société.
Rousseau souligne souvent dans Émile que l’enfant sait naturellement quoi faire pour satisfaire ses
besoins primitifs. Il a appris, probablement de son expérience en grandissant à la campagne, que
c’est la nature que nous devons laisser-faire : « Observez la nature, et suivez la route qu’elle vous
trace. Elle exerce continuellement les enfants ; elle endurcit leur tempérament par des épreuves
de toute espèce ; elle leur apprend de bonne heure ce que c’est que peine et douleur. » (Rousseau,
p.29). Cette citation très poétique oppose l’idée de protéger l’enfant excessivement et suggère de
réduire les protections excessives autour de l’enfant. Il est d’opinion que la société essaye
forcément de former l’homme bien que celui-ci se forme mieux par la nature. Il affirme que quand
nous poussons l’enfant à vite grandir, « on lui apprend tout, hors à se connaître, hors à tirer parti
de lui-même, hors à savoir vivre et se rendre heureux. » (ibid., p.32). C’est là où la société « se
[11]
trompe ; c’est là l’homme de nos fantaisies : celui de la nature est fait autrement. » (ibid., p.32).
Rousseau veut mettre en relief que la société oublie de tirer les leçons de la nature et insiste à
enseigner à l’enfant à se développer précocement. Celui-ci n’aurait jamais le temps d’apprendre
comment satisfaire ses besoins essentiels. Similairement, Montessori attribue une grande
signification à la nature en tant qu’élément essentiel à la formation de l’homme. Même, son
existence se lie à la nature : « L’homme, au contraire5, est comme l’objet fait à la main : chacun
est différent, chacun a son propre esprit créateur qui fait de lui une œuvre d’art de la nature. »
(Montessori, p.23). Cette dernière est l’artiste qui donne aux hommes des traits différents et
extraordinaires. Pourtant, la société construit des barrières qui la séparent progressivement de la
nature. Montessori dépeint la naissance de l’enfant comme une transition entre deux ambiances ;
une est naturelle et l’autre fabriquée : « L’enfant qui naît n’entre pas dans une ambiance naturelle :
il entre dans la civilisation où se développe la vie des hommes. C’est une ambiance fabriquée en
marge de la nature, dans la fièvre de faciliter la vie de l’homme et son adaptation. » (ibid., p.15).
Malgré cette nouvelle « ambiance fabriquée », l’enfant cherche à trouver et à faire ce qui lui
semble naturel. Quand l’environnement extérieur correspond aux besoins intérieurs de l’enfant,
l’apprentissage se passe. Montessori appelle ces moments « les périodes sensibles ». Comme
Rousseau, elle affirme : « La nature travaille sans le faire savoir. Et c’est cet équilibre harmonieux
d’énergies combinées, que nous appelons la santé, l’état normal. » (ibid., p.37). Enfin, les deux
auteurs utilisent des exemples de la vie des animaux. Cela leur permet de démontrer comment la
nature les impacte et de souligner que les hommes aussi doivent finalement obéir aux lois de la
nature. Nous découvrons dans ces œuvres que la société, même avec toutes ses fabrications, ne
5 Au contraire de l‘animal
[12]
dépasse jamais la puissance de la nature. Par conséquent, les auteurs sont d’accords qu’il vaut
mieux l’observer et apprendre selon ses lois.
Naturellement, Jean Jacques Rousseau et Maria Montessori affirment que l’enfant apprend
d’abord par expérience et par sa propre volonté. Rousseau est même d’opinion que nous ne devons
jamais raisonner avec l’enfant de moins de douze ans. Il observe que « naturellement tous les
nouveaux objets intéressent l’homme » (Rousseau, p.62), et alors il faut laisser l’enfant explorer :
« Moins contrariés dans leur mouvement, les enfants pleureront moins » (ibid., p.74). L’auteur
remarque que l’enfant a plus de difficulté de saisir une explication sur l’interdiction même si celle-
ci semble logique à l’adulte. Par conséquent, il insiste que l’adulte s’assure seulement que l’enfant
ne soit pas en danger immédiat au lieu de le restreindre dans ses explorations : « Quand la volonté
des enfants n’est point gâtée par notre faute, ils ne veulent rien inutilement. Il faut qu’ils sautent,
qu’ils courent, qu’ils crient, quand ils en ont envie. » (ibid., p. 104). De cette façon, l’enfant fortifie
son corps et de plus, il acquiert la capacité de satisfaire ses propres besoins indépendamment de
l’adulte. Cela devient de plus en plus utile quand il grandit. Montessori adopte la même attitude ;
elle l’appelle « l’éducation sensorielle ». Elle développe les idées de Rousseau dans le cadre d’une
classe d’enfants de trois à six ans. Dans son œuvre, elle réfléchit sur ses observations des enfants
et souligne l’importance du « libre choix » : « C’est pour cette raison que l’armoire basse et
élégante parut mieux adaptée, où le matériel, tout en étant rangé, est à la disposition des enfants
qui le choisissent selon leurs besoins intérieurs. » (ibid., p.108). Similairement à Rousseau, elle
conclut que l’enfant est mieux capable de satisfaire ses besoins quand le maitre lui donne l’espace
et le droit du « libre choix ». Cela forme aussi chez enfant la notion de responsabilité. Bien que
l’enseignant(e) introduise d’abord de nouveaux matériels aux enfants. Elle doit ensuite leur donner
du temps pour les explorer individuellement utilisant leurs sens. Dans son œuvre, Montessori
[13]
observe que l’enfant se plonge dans l’activité et la répète jusqu’à ce qu’elle soit satisfaite de son
travail : « Elle6 s’arrêta, comme si elle sortait d’un rêve et sourit, heureuse : ses yeux brillaient en
regardant autour d’elle. » (ibid., p.105).
En analysant certains points d’intersections entre les philosophies sur l’éducation de Rousseau
et Montessori, nous avons découvert que celle-ci partagent certains aspects fondamentaux : la
position centrale de l’enfant, le rôle important des parents, la puissance éducative de la nature et
l’exploration selon le choix libre d’enfant. Selon nos observations de l’éducation de la petite
enfance en 21e siècle, c’est l’approche sur l’éducation développée par Maria Montessori qui reste
la plus pertinente parmi les pédagogies alternatives de la vague de l’Éducation nouvelle : « Les
écoles Montessori se multiplient dans de très nombreux pays. En France, on dénombrait 125
écoles revendiquant une appellation Montessori en 2012, et 169 en 2017, soit un taux de
progression de plus de 6 % par an. » (Viaud). La recherche de Viaud démontre que les écoles
Montessori sont presque dans chaque grande ville du monde.
Avoir exploré les aspects communs entre les pédagogies de Rousseau et celle de Montessori à
travers leurs œuvres Émile et L’Enfant, nous analysons maintenant leurs différences afin de suivre
plus profondément l’évolution de la méthode Montessori.
Partie III – Les différences dans les œuvres La première différence la plus évidente parle de la représentation des groupes sociaux et du
genre dans les œuvres de Rousseau et de Montessori. Pour Rousseau, c’est un garçon, Émile, qui
représente le sujet d’étude. Bien qu’il donne des conseils généraux sur l’éducation aux lecteurs,
nous savons que sa cible se limite aux familles de la haute classe et à l’aristocratie. Dans son
6 Elle = l‘enfant
[14]
œuvre, il souligne que sa méthode didactique ne conviendrait point au garçon des champs : « Le
pauvre n’a pas besoin d’éducation ; celle de son état est forcée, il n’en saurait avoir d’autre. »
(Rousseau, p.40). Encore une fois, Rousseau insiste sur l’importance de « l’éducation naturelle »
(ibid.). De plus, il trouve celle-ci comme suffisante pour « le pauvre ». Étant donné qu’il observe
une société très castée du 18ème siècle, il conclut qu’« il est moins raisonnable d’élever un pauvre
pour être riche qu’un riche pour être pauvre … Choisissons donc un riche ; nous serons sûrs au
moins d’avoir fait un homme de plus, au lieu qu’un pauvre peut devenir homme de lui-même. »
(ibid.). Nous voyons que même si nous considérons sa philosophie sur l’éducation très
révolutionnaire pour son époque, celle-ci ne cherche pas à bouleverser le système de classes ni à
lutter pour l’égalité entre genres. Rousseau focalise plutôt sa critique sociale sur la manière
fabriquée dont la société éduque les garçons des familles privilégiées. Contrairement à Rousseau,
la méthode de Montessori commence par son travail avec les enfants qui ont des déficiences
mentales et elle se développe vers l’éducation des « enfants normaux » et pauvres : « Il n’y avait
là qu’une cinquantaine de petits enfants très pauvres et timides ; plusieurs d’entre eux pleuraient.
Presque tous étaient enfants d’illettrés. » (Montessori, p.100). Toutefois, les institutions qui ont
chargé Montessori de ce projet ne se préoccupaient pas de leur bien-être. Ils avaient pour objectif
de rassembler tous les enfants d’« une maison populaire » pour « les empêcher d’errer dans
l’escalier, de dégrader les murs et de semer le désordre. » (ibid.). C’était l’initiative de Montessori
de les éduquer et son œuvre, L’Enfant, capte, compare et analyse ces expériences. Nous
remarquons aussi qu’elle ne parle jamais d’un homme enseignant et elle n’emploie que des
maîtresses dans ses « maisons des enfants ». De plus, nous voyons que les écoles sont fréquentées
par les filles autant que par les garçons. Enfin, nous concluons que cette lutte implicite pour
l’égalité entre genres dans ses écoles se lie à son expérience personnelle d’une femme éduquée
[15]
dans l’entourage des hommes. Pendant que Rousseau se réfère souvent à la relation entre le maître
et son élève, Montessori veut servir tous les enfants : « Ce devaient être des conditions
singulièrement favorables, pour qu’elles aient pu réaliser la « libération de l’âme de l’enfant » !
Il faut que tous les obstacles répressifs aient été supprimés ! (ibid., p.102). Cette différence dans
la définition d’élève se lie très probablement à la différence d’époques dans lesquelles les auteurs
grandissaient et travaillaient. Etant donné que Montessori, une femme ambitieuse en pouvoir,
vivait pendant la montée des mouvements féministes, explique les motivations de sa lutte pour
l’égalité de genres à travers l’éducation des nouvelles générations. En revanche, Rousseau
grandissait à l’époque où l’éducation se limitait aux enfants privilégiés et les rôles de l’homme et
de la femme y étaient strictement définis comme il le souligne dans son œuvre : « Sophie doit être
femme comme Émile est homme, c’est-à-dire avoir tout ce qui convient à la constitution de son
espèce et de son sexe pour remplir sa place dans l’ordre physique et moral. » (Rousseau, p.639).
Par conséquent, l’éducation des filles au 18ème se composait de l’apprentissage du raffinement de
soi, de la famille et surtout de la capacité de veiller sur ses enfants. Rousseau même souligne que
« la douceur » et la soumission représentent ses qualités essentielles pour une femme : « La
première et la plus importante qualité d’une femme est la douceur : faite pour obéir à un être aussi
imparfait que l’homme. » (ibid., p.665). Finalement, en étudiant les œuvres, nous découvrons que
ces différences dans la représentation du genre et de la classe sociale est très enracinée dans les
origines différentes des auteurs.
La deuxième différence que nous dégagerons dans les œuvres, Émile et L’Enfant, se trouve
dans l’approche à l’éducation intellectuelle. Bien que les deux auteurs se focalisent sur l’éducation
centralisée autour de l’enfant, ils prennent des positions très différentes sur la méthode
d’incorporation des exercices intellectuelles. Selon Rousseau, l’enfant de moins de douze ans,
[16]
« l’âge de raison » (ibid., p.149), manque la capacité de saisir les conceptions qui exigent une
réflexion raisonnée : « Je dis donc que les enfants, n’étant pas capables de jugement, n’ont point
de véritable mémoire. Ils retiennent des sons, des figures, des sensations, rarement des idées, plus
rarement leurs liaisons. » (ibid., p.150). Quand l’enfant arrive vers cet âge, bien formé par la
nature, Rousseau commence l’éducation formelle par la notion de propriété. Celle-ci ne se réfère
pas aux cadeaux, jouets ou meubles, que nous lui avons donné, mais « il s’agit donc de remonter
à l’origine de la propriété ; car c’est de là que la première idée en doit naître. » (ibid., p.130). Là,
le maître cherche à nourrir en l’enfant la responsabilité mais aussi les fruits associés au travail. Le
premier moment où l’enfant acquiert de « la propriété » arrive seulement après qu’il exerce sa
force et son énergie pour ce but. Les autres leçons comme l’apprentissage de l’écriture, de la
computation et de la lecture suivent plus tard car Rousseau les considère très vagues et difficiles à
contextualiser pour l’enfant : « Non, si la nature donne au cerveau d’un enfant cette souplesse qui
le rend propre à recevoir toutes sortes d’impressions, ce n’est pas pour qu’on y grave des noms
de rois, des dates, des termes de blason, de sphère, de géographie, et tous ces mots sans aucun
sens pour son âge et sans aucune utilité pour quelque âge que ce soit, dont on accable sa triste et
stérile enfance. » (ibid., p.159). En revanche, la méthode didactique de Maria Montessori
s’applique sur la pensée intellectuelle et critique chez l’enfant plus tôt. A travers « l’éducation
sensorielle » et la répétition de l’exercice, l’enfant progresse vers les niveaux de conceptions
abstraites. De cette même manière, l’enfant apprend à lire, à écrire et à compter à son rythme.
Cependant, Montessori observe que ce développement et cet apprentissage ont lieu chez l’enfant
beaucoup plus tôt : « Je n’enseignai d’abord aux enfants de quatre à cinq ans que quelques lettres
de l’alphabet. » (Montessori, p.121). Même si elle a commencé à leur enseigner l’écriture et la
lecture à la demande de leurs parents, elle remarque la joie et la passion que les enfants trouvent
[17]
dans ces activités. Pas à pas, la maîtresse guide chaque enfant et facilite le contexte que celui-ci
arrive à saisir : « Je surpris un jour un enfant qui se promenait tout seul en disant : « Pour faire
Sofia, il faut un S, un O, un F, un I, un A.» » (ibid.). Contrairement à Rousseau, Montessori aperçoit
« l’âge de raison » déjà dans ses Casa Dei Bambini chez des enfants de quatre à six ans. C’est
pendant « les périodes sensibles » que l’enfant fait des expériences qui le préparent à comprendre
des conceptions plus abstraites : « La base autour de laquelle agissent intérieurement les périodes
sensibles, c’est la raison. Le raisonnement germe peu à peu comme une fonction naturelle, comme
une chose vivante qui croît et qui se concentre, grâce aux images prises à l’ambiance. » (ibid.,
p.53). Quand nous réfléchissons sur les différences dans les approches de deux auteurs sur
l’éducation sensorielle, nous découvrons qu’elles pourraient se lier aux « révolutions
personnelles » des auteurs. Rousseau cherche à protéger le droit à l’enfance en laissant l’enfant de
moins de douze ans s’éduquer pour la plupart par la nature. Étant donné que la société du 18ème
percevait l’enfant comme une miniature de l’adulte, ses observations sur l’absence de contexte et
l’enseignement précoce représentent une réponse révélatrice à l’éducation habituelle de la société
à l’époque. Montessori protège les enfants en créant un environnement où l’ambiance extérieure
répond harmoniquement aux besoins intérieurs de l’enfant. Par conséquent, l’enfant entre dans les
périodes sensibles qui l’apprêtent pour la vie dans la société ; celles-ci lui permettent de prendre
ensuite ses propres décisions indépendamment de l’adulte. Alors, Montessori fait également sa
révolution contre l’oppression de l’enfant par l’adulte à travers l’éducation qui mène à la libération
du premier.
La troisième différence que nous analyserons dans cette partie se cache dans la méthode de
discipline et de traitement de l’enfant. Parmi d’autres, celle-ci apparait dans les contextes de
lamentations et d’acquisition d’habitudes. Rousseau conseille aux parents et au maître : « La seule
[18]
habitude qu’on doit laisser prendre à l’enfant est de n’en contracter aucune. » (Rousseau, p.62).
Il insiste dans son œuvre que nous mettions l’enfant dans des environnements des fois
désagréables, que nous l’exposions aux animaux dégoutants comme des araignées et des serpents
et que nous changions régulièrement la manière dont nous manipulons le bébé ou l’enfant. Pour
renforcer le nourrisson et prévenir des maladies, Rousseau suggère que [vous] « diminuez par
degré la tiédeur de l’eau, jusqu’à ce qu’enfin vous les laviez été et hiver à l’eau froide et même
glacée. » (ibid., p.55). La notion de fortifier le corps de l’enfant semble fondamentale dans la
philosophie sur l’éducation de Rousseau. Basée sur la haute mortalité des petits enfants, causée
par des infections qui s’étendaient à travers l’Europe, l’auteur met l’accent sur sa propreté et son
endurance. Il critique la société pour avoir gâté et affaibli les enfants. Selon Rousseau, il ne faut
jamais se soumettre aux caprices et aux désirs de l’enfant sinon nous encourageons son mauvais
comportement. Il ne faut que répondre à ses besoins : « Les longs pleurs d’un enfant qui n’est ni
lié ni malade, et qu’on ne laisse manquer de rien, ne sont que des pleurs d’habitude et
d’obstination. Ils ne sont point l’ouvrage de la nature, mais de la nourrice, qui, pour n’en savoir
endurer l’importunité, la multiplie, … » (ibid., p.74-75). Encore une fois, Rousseau met en
parallèle l’importance de la nature dans l’éducation première qui est mise en péril par les
interventions excessives de la société. A ses yeux, moins de soin et plus d’exposition aux
circonstances inconnus représentent de meilleures manières pour l’éducation morale et physique
de l’enfant. Bien que Maria Montessori critique aussi la société pour son intervention inutile et
dérangeante, elle adopte une approche significativement plus douce sur le traitement et la
discipline morale de l’enfant. Dans le cas de l’hygiène par exemple, elle souligne l’importance de
la propreté mais ne mentionne jamais qu’il faut des bains froids pour fortifier le corps. En fait,
Montessori prend une position opposée quand elle décrit le traitement très doux du nouveau-né
[19]
parce qu’il vient de subir une transition énorme « d’une vie à l’autre ». Elle présume donc :
« Quand l’humanité aura acquis une pleine compréhension de l’enfant, elle trouvera pour lui des
soins plus perfectionnés. » (Montessori, p.15). Dans ses observations, elle critique l’adulte de
traiter l’enfant d’une manière trop brute et invasive. Elle met en relief le fait que l’adulte ne soit
pas responsable seulement de prévenir la mort et l’infection chez le nouveau-né : « Les soins au
nouveau-né ne doivent pas se limiter à le défendre contre la mort, à l’isoler contre les agents
infectieux comme on le fait aujourd’hui dans des cliniques où les nurses se couvrent la figure pour
que leur souffle n’effleure pas l’enfant. » (ibid., p.16). Montessori dévoue un chapitre entier à ce
sujet du traitement approprié du nouveau-né. De plus, elle est d’opinion que l’enfant pleure parce
que son environnement extérieur ne s’harmonise pas avec son ambiance intérieure. Selon
Montessori, il faut que l’adulte observe l’enfant et son environnement pour déterminer la cause de
cette déconnection. Les enfants ont besoin d’une structure dont ils peuvent dépendre et des
changements abruptes distordent cet équilibre intérieur chez l’enfant : « Les caprices sont
l’expression d’une perturbation intérieure, d’un besoin insatisfait, à l’état aigu. Ils représentent
une tentative de l’âme pour réclamer, pour se défendre. » (ibid., p.36). Contrairement à Rousseau,
elle suggère de toujours chercher à rétablir cet équilibre intérieur chez l’enfant au lieu d’ignorer
les cris même au cas où l’enfant nous semble en sécurité et nous considérons avoir tout fait pour
lui. Certes, cette différence dans la méthode de l’éducation première peut être retracer également
dans la perception de l’enfant dans la société du 18ème et du 20ème siècle. Pendant que Rousseau
appartient aux philosophes qui ont commencé à former une nouvelle représentation de ce qui est
l’enfant, Montessori s’inspire de ces philosophies et étudie scientifiquement l’enfant avec plus de
compréhension de son statut et de ses besoins dans la société.
[20]
Les deux dernières parties sont focalisées sur l’étude comparative des œuvres, Émile et
L’Enfant, de Rousseau et Montessori. A travers les points d’intersection et les différences, nous
comprenons mieux l’origine de la pédagogie Montessori. Par conséquent, nous concentrons les
deux parties suivantes sur la pertinence de la philosophie montessorienne de l’éducation au 21ème
siècle.
Partie IV – Les idées les plus pertinentes dans les œuvres pour la
société au 21ème siècle Le premier point d’intersection, dans Émile et L’Enfant, que nous avons analysé, explore la
notion centrale de l’enfant dans sa propre éducation. Celle-ci semble s’étendre à travers des siècles
et la société contemporaine occidentale se retourne maintenant vers les pédagogies centrées sur de
l’enfant. Bien que nous cherchions toujours à innover et à réformer l’éducation pour mieux
répondre aux besoins de la société, nous mettons en œuvre cette idée du « maître comme guide »
qui vient déjà du 18ème siècle : « Suivant cette même logique, les dirigeants du SNI-PECG7 estiment
que l’enfant doit ainsi pouvoir organiser son cursus individuel en fonction de son rythme et de ses
aptitudes. » (Pioli, p.117). La recherche de David Pioli démontre que même l’État français a fait
des efforts pour adapter le système d’éducation de la fin du 20ème siècle aux besoins et au rythme
de l’enfant. De plus en plus, la société contemporaine explore aussi les approches alternatives à
l’éducation des enfants pour mieux éduquer : « Mais tous les élèves ne choisissent pas le cursus «
classique » de l'Éducation nationale. Certains se lancent dans des aventures alternatives.
L'Ecol'Aude Montessori et Pédagogie d'envol proposent, à Carcassonne, des solutions
pédagogiques adaptées aux besoins des élèves. » (Campech, p.1). La pédagogie de Montessori est
parmi celles qui utilise l’approche alternative aujourd’hui et celle-ci partage avec Rousseau cette
7 SNI- PEGG = Syndicat national des instituteurs et professeurs d’enseignement général de collège
[21]
notion importante de l’éducation focalisée sur l’enfant. Selon le North Central Educational
Laboratory, « learners demonstrate higher achievement when they can attribute success to their
own abilities and effort instead of luck.8 » (Teaching Excellence in Adult Literacy Center Staff,
p.2). Les critiques de cette approche soulignent que celle-ci correspond à une méthode occidentale
qui ne marchera pas bien dans les pays en voie du développement. Certes, l’aspect culturel joue
un rôle principal dans l’éducation et par conséquent, une seule approche ne conviendrait jamais à
tous. Cependant, nous trouvons que celle-ci est bien adaptable et pertinente dans la société
occidentale et surtout dans les institutions globales et internationales car elle permet de valoriser
la personnalité et le milieu d’origine de chaque élève.
La deuxième idée, très pertinente pour le 21ème siècle, dont les deux auteurs parlent dans leurs
œuvres est la conception sur « l’éducation sensorielle » ou « par expérience ». Marie Leger
analyse cette méthode où c’est « la nécessité d’utiliser le domaine sensoriel de l’enfant dans le
processus d’apprentissage. » (Leger, p.3). Elle ajoute que les sens constituent vraiment la base
dans le développement de l’enfant : « L’enfant acquiert ses sens très progressivement au cours de
sa première année. Au début, grâce à eux, il se sent en sécurité et, petit à petit, ils lui permettent
d’explorer le monde. » (ibid., p.6). Pour ces raisons, « l’éducation sensorielle » représente un
aspect très important dans l’éducation contemporaine de la petite enfance : « Le petit élève est donc
enfermé dans une discipline sensorielle très stricte et c'est à ses aptitudes les plus individuelles
que l'éducateur s'adresse. » (Wallon, p.25). Nous observons dans « les maisons des enfants »
Montessori, mais aussi dans les crèches conventionnelles, que les institutrices mettent l’accent sur
les facultés sensorielles des enfants. Elles les laissent toucher, entendre, regarder, sentir et parfois
8 Traduction : « les élèves ont plus de succès quand ils peuvent attribuer les causes de leur réussite à leur propres
capacités et à leurs efforts plutôt qu’à la chance. »
[22]
goûter pour les approcher ou pour introduire de nouveaux objets. Ensuite, nous remarquons que
l’enfant se familiarise plus vite avec l’activité ou l’objet quand nous le laissons explorer : « En
réalité, les organes sensoriels alimentent la mémoire à court terme. A force de se répéter, les
informations de cette mémoire pénètrent dans la mémoire à long terme. » (Leger, p. 6). Enfin, à
travers des observations faites dans plusieurs écoles dans le Colorado, nous concluons que cette
approche, qui forme la fondation de la méthode didactique de Rousseau et celle de Montessori,
s’applique régulièrement dans les écoles conventionnelles en 2018.
La raison pour laquelle nous trouvons toujours une forte présence de certaines idées principales
de Montessori et de Rousseau dans l’éducation au 21ème siècle peut être attribuée due à la nature
intemporelle de ces mêmes idées. Depuis l’époque de l’Éducation nouvelle, la société occidentale
dévoue progressivement plus de temps à l’étude de l’enfant, ce qui renforce la position centrale de
l’enfant dans sa propre éducation. De plus, les études en psychologie mettent en relief l’importance
de l’exercice des facultés sensorielle de l’enfant dans l’acquisition de nouvelles connaissances. En
revanche, plusieurs aspects des philosophies de l’éducation de Rousseau et de Montessori ne
s’appliquent plus dans l’éducation conventionnelle et moderne. Par exemple, les crèches utilisent
un grand nombre de jouets qui servent à confiner l’enfant dans l’espace pour sa sécurité. Cela
contredit l’idée de laisser l’enfant explorer pour qu’il puisse découvrir et comprendre comment
satisfaire ses besoins indépendamment de l’adulte. En général, nous observons que la notion de
« l’éducation naturelle » devient moins prononcée dans le système moderne. Étant donné que la
société occidentale du 21ème siècle possède des valeurs bien matérialistes, les parents préfèrent
souvent voir une classe remplie d’objets avec lesquels leur enfant peut jouer au lieu d’un grand
jardin remplie de fleurs et d’arbres. De plus, la société contemporaine a bien maitrisé la
quantification de succès. En conséquence, les marqueurs du développement poussent les parents
[23]
et les éducateurs vers « l’éducation forcée et précoce » que Rousseau critique dans Émile. L’idée
que l’enfant apprend « à son rythme », comme le dit Montessori, est mise à côté parce que chaque
classe dispose d’une tranche d’âge spécifique. Dès que l’enfant ne se conforme plus à ces normes
développementales, nous l’envoyons chez le médecin pour examiner « ses déficiences »
potentielles. C’est une des raisons pourquoi nous utilisons les trotteurs et nous poussons les enfants
à se développer précocement ; autrement dit, selon les attendes de la société. Finalement, même si
nous étudions actuellement l’enfance très attentivement du point de vue scientifique, le rythme de
la société faillit souvent à se conformer aux besoins de l’enfant. Conséquemment, certaines
méthodes didactiques alternatives comme celle de Montessori représentent une meilleure solution
pour l’enfant, mais pas pour la société et ses besoins. Alors, notre dernière partie explore le
bilinguisme/multilinguisme dans le contexte des écoles Montessori au 21ème siècle comme une
façon de respecter le rythme de l’enfant et en même temps de l’élever comme membre contributeur
dans la société.
Partie V – Les écoles Montessori modernes Cette partie s’éloignera un peu de la pédagogie traditionnelle de Maria Montessori. Nous
utilisons la méthode de Montessori et ajoutons à celle-ci l’apprentissage linguistique. Nous
explorons quelques études et recherches qui se focalisent sur l’acquisition d’une deuxième langue
déjà à l’âge de trois à six ans. Les raisons pour lesquelles nous choisissons la pédagogie de
Montessori sont axées sur l’enfant comme centre du cours et sur la capacité de cette approche de
respecter le rythme de ce dernier. De plus, nous trouvons qu’il est important de commencer à
introduire la nouvelle langue à un si jeune âge car « entre trois et six ans, l'enfant évolue en passant
progressivement d'un niveau sensori-moteur d'adaptation et de réaction immédiate aux différentes
situations à un niveau de connaissance représentative du milieu dans lequel il vit. » (Decime,
[24]
p.316). De cette façon, l’acquisition de la langue vient plus naturellement quand nous utilisons
activement la deuxième langue dans le contexte quotidien. Par exemple, Decime donne comme
exemples ses expériences d’une école maternelle franco-italienne dans la région Vallée d’Aoste
en Italie : « Le français9 ne devait pas être perçu par l'enfant comme la langue figée de certains
moments scolaires. » (ibid., p.315). Pendant les observations dans des écoles bilingues en France,
inspirées par la méthode Montessori, nous avons découvert que les administrateurs divisent les
deux instituteurs présents dans la classe ; l’un parle seulement français aux enfants et l’autre parle
exclusivement anglais. Par conséquent, l’enfant fait l’expérience de la langue seconde, l’Anglais,
à travers la communication avec l’instituteur et parfois, avec leurs camarades. Dans le cas idéal, il
y a les deux langues maternelles représentées dans la classe. Autrement dit, les enfants doivent
essayer de communiquer dans leur deuxième langue pour pouvoir interagir avec ses camarades.
De plus, il faut que les instituteurs encouragent les relations entre les enfants. Enfin, l’enfant
commencerait à différencier entre les deux langages, ce qui serait bénéfique non seulement pour
son développement cognitif mais aussi pour son intégration dans le monde globalisé : « Quant aux
effets du bilinguisme, nous savons que les bilingues réussissent mieux que les monolingues dans
certaines activités métalinguistiques et tâches cognitives qui requièrent une attention sélective ou
un contrôle inhibitoire. » (Grosjean).
En général, ce phénomène du bilinguisme devient de plus en plus prononcé dans la société
d’aujourd’hui : « Malgré l'absence de statistiques précises, on estime qu'environ la moitié de la
population mondiale se sert régulièrement de deux ou de plusieurs langues (ou dialectes) dans la
vie de tous les jours. En France environ 13 millions d'habitants, soit 20% de la population, sont
bilingues - ils parlent le français et une ou plusieurs des 400 langues qui se trouvent sur le
9 Le français = la deuxième langue
[25]
territoire. » (ibid.). Conséquemment, il est nécessaire que nous adaptions le système d’éducation
aux besoins et aux démographiques de la société au 21ème siècle.
Bien que l’addition de l’éducation bilingue dans les écoles Montessori semble très logique et
bénéfique, il faut considérer les dangers potentiels. Un aspect dangereux associé avec la réforme
de la méthode Montessori se trouve dans l’altération possible des idées fondamentales de cette
pédagogie. Si les instituteurs commençaient à consacrer trop de temps à l’apprentissage des
langues, ils ne laisseraient plus les enfants se dévouer à l’activité individuelle et « silencieuse ».
De plus, nous risquons que l’enfant ne serait plus le centre de sa propre éducation car l’instituteur
insiste sur l’aspect linguistique pour démontrer ce progrès aux parents. De cette manière, l’enfant
n’aurait plus assez d’espace pour apprendre à son rythme. Alors, il faut bien faire attention quand
nous altérons une pédagogie pour ne pas effacer certains de ses aspects fondamentaux.
Un autre problème pose des obstacles à ceux qui aspirent fréquenter une école Montessori.
C’est le problème financier. En général, les écoles Montessori en France sont privées, hors contrat,
ce qui les rend très chères et conséquemment, elles ne sont accessibles que par les hautes et
moyennes classes sociales : « Hors contrat, elles ne reçoivent aucune subvention de l'Etat. Il faut
donc compter débourser entre 5 000 et 8 500 euros par an (hors repas). » (Picut). Cela contredit
l’idée principale de Maria Montessori qui travaillait d’abord avec les enfants de familles pauvres.
Finalement, la demande et le profit financier encourage et accélère les ouvertures des « écoles
Montessori » en France. Toutefois, « Montessori n'est pas une marque déposée. N'importe qui peut
poser sa plaque et s'autoattribuer ce label sans garantie de sérieux, ni de formation digne de ce
nom. » (Isaac et al.). Picut et Icaas et al. suggèrent aux parents de faire leurs propres recherches
[26]
sur l’institution où ils veulent placer leurs enfants car « elle10 compte une centaine d'écoles
adhérentes, sur environ 200 structures recensées en France. » (ibid.). Finalement, cette partie, qui
explore le bilinguisme au 21ème siècle, réfléchit sur la méthode Montessori et ensuite, elle met en
relief certains problèmes contemporains associés à l’expansion rapide des institutions, inspirées
par la méthode de Montessori.
Conclusion Ce mémoire avait d’abord pour buts d’explorer et d’analyser de manière comparative deux
œuvres, Émile ou de l’éducation de Jean-Jacques Rousseau et L’Enfant de Maria Montessori. Dans
la poursuite de ces objectifs, nous faisons une étude critique des idées principales que les auteurs
partagent. En même temps, nous soulignons également certaines différences importantes. Même
si Rousseau et Montessori ont grandi et ont travaillé dans des époques très différentes, la pensée
de Rousseau reste bien notable dans la pédagogie de Montessori. La transition vers l’enfant qui
devient le centre de sa propre formation où il apprend avec l’aide de la nature représente seulement
quelques aspects de leurs pédagogies atemporelles. Toutefois, Montessori enrichit et adapte les
idées fondamentales de Rousseau pour atteindre et éduquer tout enfant et non pas exclusivement
pour servir les garçons des familles privilégiées. De plus, nous observons que Montessori analyse
les états psychiques dans lesquels l’enfant se trouve de manière beaucoup plus élaborée et
scientifique. Cela peut être expliqué par ses études en médecine et sa passion de vraiment
comprendre l’esprit de l’enfant. Cette approche, qui respecte et répond aux besoins de l’enfant,
devient de plus en plus appliquée par la société au 20ème et 21ème siècle. Comme le démontre la
recherche de Viaud, le nombre d’écoles Montessori en France, par exemple, suit « un taux de
progression de plus de 6 % par an. » (Viaud). Malheureusement, cette expansion ne rend pas
10 L’association Montessori France (AMF)
[27]
nécessairement la méthode de Montessori plus accessible, due aux frais de scolarité dans le
système d’éducation privé, « hors contrat ». En conséquence, nous découvrons que l’éducation de
Montessori de nos jours ne peut servir à tout enfant qu’en théorie, à cause des raisons économiques
évoquées plus haut. Par exemple, il pourrait être intéressant d’explorer un système de bourses dans
lequel un pourcentage de familles riches couvrirait les frais pour une partie de la classe défavorisée.
Malgré sa faiblesse financière, ce groupe démuni contribuerait positivement sur le plan
académique et culturel. Si c’est le cas où le groupe défavorisé était d’origine différente, il pourrait
contribuer à l’enrichissement linguistique du premier groupe. Nous pouvons imaginer un cas
incluant les descendants d’immigrés latino-américains. Un problème associé avec l’expansion
rapide des « écoles Montessori » se trouve dans la crédibilité des nouvelles institutions et leur
fidélité à la méthode montessorienne. Comme le montre les statistiques, seule une moitié des
« écoles Montessori » en France est reconnue par Association Montessori France (AMF).
Pour conclure, ce mémoire a suivi plus le développement de la méthode de Maria
Montessori. Nous y avons analysé des liens que celle-ci partage avec la vision pédagogique de
Jean-Jacques Rousseau et ensuite, nous avons examiné l’état de l’éducation à la Montessori au
21ème siècle dans la poursuite de trouver une meilleure approche didactique. Celle-ci respecterait
la personnalité et le rythme de l’enfant et en même temps, elle répondrait aux besoins de la société
contemporaine. Finalement, il serait intéressant d’explorer, comme recherche potentielle,
l’application de l’incorporation d’un bilinguisme dans les « écoles Montessori ». Bien que nous
ayons évoqué certains aspects bénéfiques de l’éducation bilingue, nous ne sommes pas arrivés à
analyser cette approche dans la pratique. Toutefois, nous sommes convaincus qu’il y existe un
potentiel considérable pour les nouvelles générations.
[28]
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