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GRANDS PATRONS en Suisse Robbie Williams Chevalier de la pop anglaise Louis XIII au pays des maharajas Depardieu On l’aime ? 9 771662 619008 102 Printemps 2013 N°102 CHF 5.–

Trajectoire N°102, Grands patrons en suisse

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Des rencontres, des opinions, de l'élégance TRAJECTOIRE est devenu, ces dernières années, le magazine ayant le plus d’abonnés payants en Suisse romande… Ce qui nous pousse à l’excellence. A la fois élitiste, qualitatif et indépendant, il s’adresse principalement aux leaders d’opinion.

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Printemps 2013 009

É- DI-TOQuestion de destinsAcheter aujourd’hui un magazine élégant, c’est être exigeant. Trajectoire se doit de l’être toujours plus et cultive cette différence. Aussi, dans le tourbillon quotidien d’infos, on aime vous offrir une pause, aller à l’essentiel et continuer à vous surprendre.Dénicher, faire émerger la vitalité, l’expertise, c’est notre plaisir. Et, vous le savez maintenant, à Trajectoire on aime mettre en lumière des destins. Alors pendant ces longs mois d’hiver (entre deux tempêtes de neige, deux jours d’hibernation forcés et quelques longues heures d’attente à l’aéroport pour cause de grève en France voisine…) on vous en a trouvé des intéressants, des surprenants, des inattendus.Pour commencer, qui sont ces grands patrons qui font vivre l’économie en Suisse ? Qui sont ces hommes et ces femmes que nous côtoyons au quotidien de par les institutions qu’ils dirigent et dont on ne mesure pas toujours le travail ?Nous avons eu le privilège d’en interviewer quelques-uns, de dresser le portrait de quelques autres, pour vous les faire connaître un peu mieux.Oui, ces grands capitaines d’entreprises et autres orfèvres de l’art d’Hippocrate ou de la fonction publique qui tiennent l’avenir de la Suisse entre leurs mains, (petit pays qui continue d’être jalousé pour sa bonne santé) méritaient bien un dossier spécial.Pour suivre, entre deux verres (page 28), nous avons attrapé Robbie Williams avant sa tournée mondiale, Jérôme Lambert, CEO de Jaeger-LeCoultre qui fête cette année ses 180 ans (sic) et sommes revenus de Birmanie pour vous donner envie de vous échapper (ou vous faire rêver) ! Bonne lecture !

Siphra M.

© Benny-t.com

Printemps 2013010

IM- PRESS-UM

Pour s’abonner à TRAJECTOIRE

A retourner àTrajectoire MagazineService des lecteursCh. de la Marbrerie 11227 CarougeSuisse

Abonnement pour 4 numéros à CHF 20.– (1 an) Abonnement pour 8 numéros à CHF 40.– (2 ans)

Nom

Prénom

Adresse

NPA/localité

E-mail

Signature

ÉditeurAndré Chevalley

Promoco Développement SAChemin de la Marbrerie 1

CH – 1227 Carouge – T. +41 22 827 71 00www.trajectoire.ch

directrice de la rÉdactionSiphra Moine-Woerlen

PublicitÉ & relations PubliquesOlivier Jordan | [email protected]

secrÉtaire de rÉdaction & coordination Nicole Degaudenzi

resPonsable artistique & graPhisme Carine Bovey

rÉdacteursMathilde Binetruy, Paul-Henry Bizon, Christine Brumm,

Gil Egger, Fabrice Eschmann, Patrick Galan, Saskia Galitch, Eric Othenin-Girard, Julia Masson, Didier Planche,

Manon Provost, Viviane Scaramiglia, Gaëlle Sinnassamy Marie-France Rigataux, Pierre Thomas, Christopher Tracy

relecture & correctionsAdeline Vanoverbeke

stagiairesAnnaëlle Marti, Justine Fieschi

couvertureSimon Emmett > Trunk Archive

tirageTirage vendu : 20’502 exemplairesCertification REMP 2012Période de relevé : 1.7.11 – 30.6.12Abonnés payants : 18’222 exemplaires

tirage imPrimÉ24’000 exemplaires

imPressionVogt-Schild Druck AG

diffusionL’abonnement au magazine Trajectoire est proposé aux clients Mercedes-Benz, Volvo, Rolls-Royce, Bentley, Bugatti et Maybach du Groupe André Chevalley SA. Trajectoire est vendu dans les kiosques Naville, envoyé par abonnement aux médecins, avocats, notaires, agences immobilières de Suisse romande ainsi qu’aux membres des clubs de golf et de polo, dans les établissements les plus prestigieux et les hôtels 5 étoiles à Genève, Crans-Montana, Divonne, Lausanne, Montreux, Gstaad, Verbier et Villars.©Trajectoire | La reproduction, même partielle, du matériel publié est interdite. Les pages « Event » n’engagent pas la rédaction. La rédaction décline toute responsabilité en cas de perte ou de dété-rioration des textes ou photos adressés pour appréciation.

Abonnements4 numéros : CHF 20.– (1 an) | 8 numéros : CHF 40.– (2 ans)[email protected] | T. +41 22 827 71 00

WebPromoco | Carine Bovey

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SOMMAIREPrintemps 2013

24 NEXT IN THE CouNTry Les dernières news du luxe

32 MuSIQuE Pour adoucir vos oreilles

40 EXpoS A travers l’œil des maîtres

126DESIGN Knoll tout en rondeur

160uNE VILLE, uN Coup DE CŒur Paris insolite

44 CoVEr Candy Robbie

50 JérôME LAMBErT Un héritage savamment géré

84 DoSSIEr SpéCIAL GrANDS pATroNS EN SuISSE

150JEAN-CLAuDE ELLENA Les Ô d’Hermès

176 5 MINuTES AVEC... Le conseiller d’Etat : Pierre Maudet

2Rencontrer...

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Protéger et faire fructifier votre Patrimoine, une affaire de famille depuis sept générations.

Perpétuant un savoir-faire qui a fait le succès familial depuis 250 ans, le Groupe edmond de rothschild propose de donner de l’envergure à la gestion de vos patrimoines.

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Cette expérience du patrimoine, venez la partager avec nous.

Diadème circulaire, Indiens Karaja, Brésil. Collection Benjamin et Ariane de Rothschild, salons de la Banque à Paris.

BANQUE PRIVÉEBanque Privée Edmond de Rothschild S.A.18, rue de Hesse - 1204 GenèveT. +41 58 818 91 11edmond-de-rothschild.ch

SOMMAIREPrintemps 2013

4Découvrir...

3(s’) Offrir...38 LITTérATurE Nos quatre coups de cœur littéraires

54 HorLoGErIE Les compagnes de voyage

116 AuToMoBILE Zoom sur la technologie AMG

146VIN La syrah dans tous ses états

154BEAuTé Haut en couleurs !

28 pSyCHoLoGIE Boire ou sortir, il faut choisir

66 MoDE Un rien... Mabille !

132oN AIME… ou pAS ? A vous de choisir !

14248 HEurES AVEC… Le baptême de Louis XIII en Inde

166DESTINATIoN Birmanie, pays aux mille pagodes

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1. Louis Vuitton Masai Checks Bob Chapeau réversible de couleur marine à l’intérieur. 100% coton. CHF 420.– 2. Marc Jacobs Katie Bunny Coque pour iPhone5 en silicone. CHF 60.– 3. Acne Blouse en soie. CHF 685.– 4. De Grisogono Fruits Boucles d’oreilles en or jaune serties de 12 saphirs orange cabochon (12 cts), 312 saphirs orange (10,45 cts) et 138 diamants blancs (2,44 cts). CHF 44’900.– 5. LaCie « RuggedKey » Clé USB 32 Go conçue pour résister à des chutes accidentelles jusqu’à 100 mètres de hauteur. USB 3.0 : jusqu’à 150 Mo/s. Protection par cryptage AES 256 bits. CHF 66.–

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Printemps 2013022

À suivre absolument… Ce printemps, Van Cleef & Arpels fait peau neuve

sur la rue du Rhône !

L’affaire est Dans le sac Après une année record pour Longchamp, le maroquinier français fondé en 1948 par Jean Cassegrain ouvre sa première boutique ge-nevoise, stratégiquement placée dans le cœur de la Cité de Calvin. L’enseigne fera le bonheur des fashionistas en leur offrant un espace spectaculaire de plus de 220 m2, la plus grande boutique Longchamp en Suisse ! Fidèle au nouveau concept de la marque, l’univers Long-champ se traduit par un design à la fois élégant et moderne, souligné par des panneaux de verre qui contrastent avec la façade historique du bâtiment. Un parfait écrin pour souffler les bougies du « it bag » Roseau Héritage, qui a été lancé il y a précisément vingt ans.

LONGCHAMP

Place du Molard 8 – 1204 Genève www.longchamp.com

Une MétaMorphose en Harmonie C’est avec les plus grandes voix de l’opéra – José Carreras, Anna Netrebko et Erwin Schrott – que Chopard a choisi d’inaugurer son « flagship store » genevois. En accord avec le nouveau concept de la marque initié par le célèbre architecte français Thierry W. Des-pont, la boutique allie délicatement modernité et intimité grâce à des technologies de pointe, un amour de l’art et un profond respect de l’environnement. Dans un esprit toujours plus contemporain, le nouvel écrin a plus que doublé tout en conservant le charme des belles demeures privées au caractère feutré et chaleureux. Un charme intemporel qui perdure à travers les 145 boutiques de la maison, et nous laisse rêveurs. —

CHOPARD

Rue du Rhône 27 – 1204 Genève – T. +41 22 310 70 50 - www.chopard.com

NEXT IN THE CITYTexte Nicole Degaudenzi

Ce n’est plus UNE RUMEUR !

Genève sera reliée à la capitale de la première puissance économique mondiale par une ligne directe assurée par Air China à partir de mai. « Cela constitue une très bonne nouvelle pour les Nations unies et l’ensemble des activités internationales à Genève et illustre bien l’impor-tance croissante de la Chine dans la diplomatie mondiale », a déclaré la conseillère d’Etat gene-voise et présidente du conseil d’administration de l’aéroport, Isabel Rochat.

LE SAVIEZ-VOUS ?Ouvert jusqu’à minuit et en plein centre de

Genève, Planet Caviar est le restaurant idéal pour vos petites faims d’après-spectacle ! Et en plus,

les avis sont unanimes, on y mange bien !{ }

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Printemps 2013026

Le tour dumonde en

80 secondes

NEXT IN THE WORLDTexte Mathilde Binetruy

2. BruxellesTout est plus bon/beau vu d’en haut. C’est le concept de Dinner in the Sky. L’idée ? Une grue à laquelle sont suspendus une table et 22 hôtes à plus de 50 mètres du sol. Après avoir fait le tour du monde (Sydney, Toron-to...) et accueilli les plus grands chefs de la planète (Joël Robuchon, Pierre Gagnaire...), Dinner in the Sky prendra possession de Bruxelles, en juin 2013. Au menu : un dîner vertigineux ! www.dinnerinthesky.fr

3. LondresIl est désormais possible de revivre les aven-tures d’Humphrey Bogart dans le film Le Faucon maltais. Il suffit de monter au bord du navire éponyme, le yacht privé le plus incroyable du monde. De conception ultra-moderne, ce géant des mers peut être di-rigé grâce à un pupitre de commande digne d’un Boeing 747. Avec un équipage de 18 personnes, il peut recevoir 12 invités pour environ CHF 490’000 la semaine !http://princessyachtcharter.fr

4. RomeImmortalisée par une séquence culte de La Dolce Vita, la fontaine de Trevi va subir une restauration, financée par la griffe Fendi. Soit 2,18 millions d’euros de travaux, en retour de quoi la maison de couture aura sa petite plaque apposée à proximité du mo-nument pendant quatre ans. Rendez-vous à l’automne 2015 pour jeter à nouveau une pièce et faire un vœu en souvenir d’Anita Ekberg et de Marcello Mastroianni.www.turismoroma.it

1. ParisC’est la chaise de la jungle. Avec Zartan – anagramme de Tarzan, personnage na-ture par excellence –, Philippe Starck et le designer catalan Eugeni Quitllet ont mis au point une chaise « verte » sans vis ni clou. L’idée est simple : sortir du plastique pour imaginer un produit eco-friendly n’utilisant que des matériaux recyclés, recyclables et biodégradables. Le secret pour avoir une bonne posture écologique ?www.starck.com

5. SingapourAprès Christian Lacroix à Bangkok et Kenzo à l’île Maurice, c’est Karl Lagerfeld qui a été choisi pour le prochain projet Sofitel So,  un tout nouveau label de « designer boutique » au style contemporain. En signant la décora-tion du Sofitel So Singapore, sa mission sera de véhiculer une image du luxe typique-ment français dans une ville ultra-moderne où tout va très vite. Ouverture prévue au début de l’été 2013.www.accorhotels.com

6. ChineC’est historique : la Chine est devenue la première puissance commerciale mondiale en 2012, détrônant ainsi les Etats-Unis. D’après les douanes chinoises, Pékin a échangé avec ses partenaires l’équivalent de 3’870 milliards de dollars (3’650 milliards de francs) de biens, contre 3’820 milliards de dollars (3’600 milliards de francs) pour les Etats-Unis. Selon l’OCDE, la Chine devien-dra la première puissance mondiale en 2016. http://french.china.org.cn

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Printemps 2013

PSYCHO

Tu t’es vu quand t’as bu ? Texte Gaëlle Sinnassamy | Photos Carine Bovey

Soûlard, moi ? Jamais ! Et pourtant… Nœud pap autour du cou ou Louboutin aux pieds, les poivrots mondains sont plus nombreux qu’on ne l’imagine. Quand l’alcoolisme s’invite dans les soirées chics…

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Printemps 2013

verre par-là, tout commence par un plaisir hédoniste d’apparence inoffen-sive, une légère allégresse qui rend la vie et la conversation plus faciles, pourtant, de la mesure à l’excès, le glissement s’avère aisé et fréquent. Or, l’abus régulier d’alcool n’est jamais le but en soi mais une addiction qui dissimule des problèmes plus profonds et qui constitue un danger pour tous. Dès lors, même combat entre l’ivrogne à la Zola et le dandy, un verre scotché à la main de l’apéritif au petit matin… Ou entre la mère de famille qui s’envoie discrètement son « remontant » entre deux lessives et la it-girl éméchée tous les soirs jusqu’à l’amnésie.

L’aLcooLorexie en GucciPas de doute, nul n’est à l’abri de virer de la consommation raisonnable à la dépendance. « L’addiction peut toucher tout le monde, sans distinc-tion de sexe, d’âge ou de milieu social, précise Eva Sekera. Il n’y a pas de profil unique de personnalité non plus. Il faut retenir que le risque de dépendance n’épargne personne. Si on estime que les femmes ont plus de peine à avouer le problème, elles n’en sont pas moins nom-breuses. » En témoigne l’une des dernières pathologies à la mode chez les party girls : l’alcoolorexie. Son principe ? Boire sans rien manger.

U n repas bien arrosé avec les col-lègues, un dîner d’affaires pour conclure un deal, une virée dans les bars branchés de la ville avec des

copines, un vernissage dans une galerie d’art, une soirée amicale à reconstruire le monde autour d’un whisky 20 ans d’âge, un menu accord mets et vins en tête-à-tête dans un restaurant étoilé, un anni-versaire où l’on trinque plus que de raison et… le compte est bon. Boire tous les jours que Dieu fait ne tient plus du challenge, mais de la contagion sociale. Car tous les prétextes amènent à siffler sa bouteille : plaisir, goût, habitude, image que l’on cherche à renvoyer de soi ou consolation. Et si Alfred de Musset écrivait « qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse », il semble en l’occur-rence difficile de résister aux sirènes du pousse-au-crime quand crus millésimés et vodkas de luxe coulent à flots. Alors, alcooliques, les mondains qui, du lundi au dimanche, titubent une flûte de Dom Pérignon à la main ?

cirrhose cinq étoiLesLes party girls des séries TV branchées s’enfilent, décomplexées, cosmos et caïpis sans compter. Frédéric Beigbeder revendique ses beuveries noctambules comme hobby. Pas de doute, le pi-lier de cabaret mondain a davantage la cote que le pochetron picolant son litron tout seul dans sa cuisine. On avoue volontiers une gueule de bois suite à une nuit blanche à descendre des jéroboams de Roederer, beaucoup moins d’avoir forcé sur la Suze au bar PMU du coin. Et pour-tant, pas de quoi fanfaronner… L’imbibition ne se mesure pas au prix de la bouteille ni au glamour de la soirée. « Médicalement parlant, le terme d’alcoolisme mondain » n’existe pas, explique la doctoresse Eva Sekera, responsable de l’un des centres de la fondation genevoise Phénix, spé-cialisée dans le traitement des addictions. « Bien évidemment nous rencontrons à nos consulta-tions des patients qui nous signalent abuser d’al-cool lors de situations festives mais la question essentielle consiste à déterminer si la quantité et la fréquence d’alcoolisation posent des pro-blèmes pour la santé de la personne, pour sa vie sociale, professionnelle ou familiale. »Pas de différence fondamentale donc entre l’éthylique qui se saoule en solo et celui qui n’écluse qu’en société. « Nous voyons autant de personnes qui s’alcoolisent en excès toutes seules et évitent toute compagnie que le contraire. La maladie de l’addiction se manifeste de manière identique. En résumé, un buveur ex-cessif mondain ou un solitaire doit se poser les mêmes questions par rapport à leur consom-mation d’alcool. Le besoin d’un contact social ou de fête n’est pas une excuse et ne justifie pas la surconsommation », poursuit l’experte. Aïe, le verdict se révèle sans appel. Un verre par-ci, un

Tu t’es vu quand t’as bu ? Texte Gaëlle Sinnassamy | Photos Carine Bovey

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EXPOSTexte Nicole Degaudenzi

Londres | ParisRoy Lichtenstein, la RétRospectivePour la première fois depuis 20 ans, près de 125 œuvres du pape du Pop Art Roy Lichtenstein ont été réunies pour retracer la car-rière de l’artiste. Vous y trouverez ses toiles et sculptures les plus iconiques, inspirées notamment de l’imagerie populaire, mais aussi des œuvres moins connues et encore jamais exposées. Une rétrospective à découvrir au Tate Modern jusqu’au 27 mai, qui a pour but d’approfondir et de dépasser les enjeux du Pop Art. L’ex-position blockbuster sera ensuite amenée à voyager au Centre Pompidou, du 3 juillet au 4 novembre 2013. Une exposition à ne manquer sous aucun prétexte !

TaTe Modern Bankside - Londres SE1 9TG - T. +44 (0)20 7887 8888 – www.tate.org.uk CenTre PoMPidou

Place Georges-Pompidou – Paris 4ème – T. +33 (0)1 44 78 12 33www.centrepompidou.fr/fr

LausanneFenêtRes de la Renaissance à nos JouRs

Depuis la nuit des temps, les fenêtres fascinent les artistes : pour les plus pragmatiques, un objet de tous les jours permettant d’ex-poser des vues réalisables ; pour les rêveurs, un moyen de s’évader dans l’imaginaire. Au gré des époques et des courants artistiques, cette thématique n’a cessée d’être réinterprétée. La Fondation de l’Hermitage nous propose de venir découvrir jusqu’au 20 mai un panel de plus de 150 interprétations réunissant des artistes majeurs de la Renaissance à nos jours – Dürer, Monet, Munch, Delaunay, de Chirico, Matisse, Duchamp, Ernst, Bonnard, Klee, Delvaux, Picasso, Balthus, Rothko, Scully et bien d’autres encore…

FondaTion de l’HerMiTage

Route du Signal 2 – 1000 Lausanne 8 Bellevaux T. +41 (0)21 320 50 01 www.fondation-hermitage.ch

Genève Le sots ARt ou le pop aRt veRsion RougeL’audacieuse Galerie Sébastien Bertrand nous fait découvrir le mouvement controversé du Sots Art à travers une exposition des œuvres symboliques de l’artiste russe Alexander Kosolapov. Ety-mologiquement élaboré à partir des vocables art et socialisme, le Sots Art se caractérise par la combinaison du mouvement com-muniste soviétique et l’idéologie du capitaliste américain. Leader du mouvement, Alexander met en exergue les contradictions et ironies fondamentales qui structurent notre société contempo-raine – un véritable cocktail Molotov à ne pas manquer du 15 mars au 13 avril prochains !

galerie SébaSTien berTrand

Rue du Simplon 16 - 1207 Genève T. +41 (0)22 700 51 51www.galeriebertrand.com

Le saviez-vous ?

Rivoli Art Gallery vient d’ouvrir ses portes à Genève, rue de

l’Arquebuse 14. Vous découvrirez dans cet espace contemporain

une rencontre unique entre la beauté de l’art et l’art de la

beauté. { }

Sweety Robbie Texte Manon Provost | Photos Samir Hussein > Getty Images

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COVER

Ancien bad boy échoué à Los Angeles après avoir fait flamber son passeport de pop star, Robbie Williams revient en armure preppy sur le sol européen. Chevalier servant de la pop anglaise, il exécute un énième saut d’obstacles dans une carrière parsemée d’embûches. Qu’on aime ou pas, il faut reconnaître que le British a le cœur bien accroché. Après trois ans d’absence, voilà qu’il remet le pied à l’étrier et s’embarque pour une tournée mondiale avec Take the Crown, un album « candy » pour saluer sa nouvelle vie de père et de mari comblé. Rencontre électrique pour patienter jusqu’à son concert zurichois le 16 août prochain.

Sweety Robbie Texte Manon Provost | Photos Samir Hussein > Getty Images

Le Roadster SL.

www.andre-chevalley.com Carouge - Meyrin - Nyon

MERCEDES-SWISS-INTEGRALLe pack service & garantie de série pour tous les modèles – une exclusivité de Mercedes-Benz Suisse SA.10 ans de services gratuits, 3 ans de garantie complète (tous deux jusqu’à 100 000 km, selon premier seuil atteint).

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soit un avantage de CHF 26 000.-

Horlogerie, nom féminin (de horloger)

Technique de la fabrication ou de la réparation des horloges, des pendules, des montres.

Projets « Black Box » de Guillaume Noiseux, « Mineral » de Sophie Depéry et « Gold Shell » de Fumiko Ito > ECALPhoto Damien Ropero

Le petit atelier d’horlogerie ouvert en 1833 par Antoine LeCoultre est devenu, 180 ans plus tard, la prestigieuse marque Jaeger-LeCoultre. A sa tête, Jérôme Lambert accorde une grande importance à l’histoire, pour mieux préparer l’avenir.

« Conserver le sensde la surprise et du plaisir » Texte Fabrice Eschmann | Photos Jean Revillard > Rezo.ch

RENCONTREHorlogerie

L’odeur des buis après l’orage ; la Migros, où il passait acheter du chocolat ; le funiculaire qui monte à Glion : lorsqu’on de-

mande à Jérôme Lambert si le passeport suisse, acquis il y a quelques années, est important pour lui, ces images d’enfance lui reviennent immédiatement. « Je venais tous les ans à Territet chez mes grands-parents. J’allais pêcher sur le lac avec mon grand-père, et ma grand-mère cuisinait nos prises le soir même. C’est un peu ma madeleine de Proust, sauf que, pour moi, elle a le goût du poisson frit ! »

La Suisse, Jérôme Lambert va y revenir sou-vent, pour finir par ne plus la quitter. Né au nord-est de la France, à 130 kilomètres des frontières helvétiques et 150 de celles de l’Allemagne, il est très tôt « porté par les pays voisins ». Le canton de Vaud et son lac

Léman, bien sûr, mais aussi le nord de Brême, où il effectue des échanges scolaires sept années durant. « Adolescent, ça a été pour moi la découverte de la liberté », sourit-il. La découverte, égale-ment, de la culture et de la langue de Goethe, qu’il affectionne particulièrement.

Alors, après l’Ecole supérieure de gestion à Paris et une première expérience professionnelle chez le grossiste Metro Cash & Carry, il décide de poursuivre sa carrière dans une région germanophone. Et c’est à Berne, en Suisse, qu’il revient. Engagé à la direction cen-trale de ce qui est encore à l’époque les PTT, ce n’est que contraint, appelé sous les drapeaux, qu’il retourne en France quelque temps plus tard. En 1997, son destin le rattrape enfin : il devient contrôleur de gestion chez Jaeger-LeCoultre, puis directeur financier.

En 2002, lorsqu’il prend la tête de la manufacture qui vient de passer dans le giron du groupe Richemont, il est, à 33 ans, le plus jeune patron de l’horlogerie suisse. « Evidemment, j’ai fait baisser la moyenne d’âge du comité de direction ! Mais la jeu-nesse est une qualité que l’on perd avec le temps… » Dix ans plus tard, Jérôme Lambert a fait de la « Grande Maison » de la

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SÉLECTIONHorlogère

il est à Tokyo lorsqu’il se trouve lui-même à Lisbonne, par exemple. Toutefois, mon-trer l’heure partout n’est pas si simple car plusieurs pays ne s’alignent pas sur les fu-seaux horaires. L’heure officielle de l’Inde, par exemple, est entre deux fuseaux, donc si vous portez une montre qui marque les fuseaux heure par heure, vous ne saurez ja-mais si vous avez 30 minutes d’avance ou 30 minutes de retard. Heureusement, les hor-logers pensent à tout et certaines marques ont surmonté cette difficulté.

Voici donc une sélection non exhaustive de certains modèles qui répondent à ces cri-tères et qui viennent d’être présentés.

poignet, surtout s’il s’agit d’obtenir une aide au voyage. De très nombreux hommes d’affaires recherchent en effet des garde-temps qui permettent d’afficher les heures de deux, voir trois endroits différents du monde.

Les marques d’horlogerie rivalisent donc de finesse et d’inventivité pour offrir le meilleur service et la meilleure lecture, entendez la lecture la plus simple, à ces managers qui voyagent et qui doivent pouvoir jongler entre les fuseaux horaires. On trouve donc des modèles qui portent les indications de 24 villes du monde, permettant ainsi au por-teur de savoir très facilement quelle heure

M ais, dans le fond, qu’est-ce qu’une grande com-plication ? Pour porter ce titre très envié, la

montre doit afficher les heures, minutes et secondes bien sûr. A cela s’ajoute un quan-tième perpétuel, réglé jusqu’à l’an 2100, un tourbillon, un chronographe et une ré-pétition minute. Une grande complication est donc ce concentré de haute technicité horlogère.

Aujourd’hui, de telles montres ont une cote certaine et les grands collectionneurs se les arrachent. Mais tout le monde n’a pas forcément envie d’une telle pièce à son

Ce début d’année 2013 est fort riche en nouveautés horlogères. Que ce soit au Salon international de la haute horlogerie ou lors de présentations privées, plusieurs maisons et manufactures de prestige ont présenté des pièces de grande complication.

Compagnes de voyage Texte Eric Othenin-Girard

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Audemars Piguet Royal Oak OffshoreLe cœur mécanique à remontage automatique de cette montre emporte trois fonctionnalités avan-cées, formant la base d’une montre à grande complication. Son mouvement mécanique auto-matique associe les complications de répétition minute, chronographe à rattrapante et calendrier perpétuel. CHF 629’400.– HT

Patek PhilippeGrande Complication 5204Ce garde-temps d’exception offre un trio de com-plications « maison » – chronographe, rattrapante et quantième perpétuel – pouvant être observées à travers un fond saphir transparent. La maison innove dans la meilleure tradition avec un remon-tage manuel, deux roues à colonnes et un em-brayage horizontal, le tout logé dans une boîte platine de 40 mm. CHF 260’000.–

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RENCONTREHorlogerie

« Nous implanter dans la capitale française est un événement important »Guido Zumbühl, CEO du groupe suisse Bucherer, n’accorde que très peu d’interviews. Pour Trajectoire, il a cependant accepté d’évoquer le succès du groupe, ses 125 ans d’existence ainsi que l’ouverture prochaine du plus grand temple du luxe au monde, sa nouvelle boutique de Paris.

La dynastie Bucherer Texte Fabrice Eschmann | Illustrations Carine Bovey

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BASTAKIADUBAI - 10 A.M.

CARvEN robe

Poggi boucles d’oreilles

DolCE & gAbbANA lunettes

AlTEA foulard

ETRo sac

DE SiENA chaussures

Mode, nom féminin (latin modus, manière)

Aspect caractéristique des vêtements cor-respondant à une période bien définie .

Projet « 09.05.12 » de Juliana Stadelmann > ECAL | Photo Nicolas Genta

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MODECréateur

Sous le ciel bas du mois de janvier, son nom a suffi à réchauffer la Fashion Week : à seulement 35 ans, Alexis Mabille fait son entrée dans le cercle de la haute couture parisienne et signe, avec le plus grand naturel, un défilé plein d’audace et de maîtrise. Pour qui connaît le talent du jeune homme, rien d’étonnant.

Voilà des années que Dita Von Teese, Keira Knightley, Léa Seydoux, Carla Bruni ou Lady Gaga… raffolent de ses créations serties de frivolité et de fantaisie. Un style reconnaissable entre mille qui enchante désormais ses deux nouvelles boutiques parisiennes.

Alexis Mabille, carnet de balTexte Manon Provost | Photos Félix & Jean Picon

Q uelques jours seulement après son défilé, Alexis Mabille nous reçoit chez lui, dans le 1er arrondissement parisien. Fatigué mais satisfait. « Je fais ce métier depuis 15 ans ! C’est la routine ! » nous glisse-t-il dans un sourire. Ne

soyons pas dupe, pour Alexis Mabille, la légèreté est un savoir-vivre. Dans ce sourire, il faut savoir mesurer le chemin parcouru. A seulement 35 ans, il vient de faire son entrée officielle dans le cercle très privé des maisons de haute couture. Fin 2012, il a troqué son blazer de simple « invité » de la Fashion Week contre un costume bien ajusté de membre officiel de l’illustre « Aca-démie ». Aujourd’hui, le jeune homme défile aux côtés de Jean Paul Gaultier, Frank Sorbier, Karl Lagarfeld (Chanel), Raf Simons (Dior) ou Riccardo Tisci (Givenchy). Un destin cousu de fil blanc ? Peut-être bien. La couture, Alexis Mabille est tombé dedans à l’âge de huit ans. Né à Lyon, berceau de la soie française, il est piqué au vif par une mère qu’il a toujours vue coudre et une tante décoratrice d’intérieur. La culture des beaux intérieurs et la curiosité des matières habillent une enfance où les dimanches en famille sont ryth-més par les facéties de personnalités hautes en couleur, teintés de cette frivolité ambiante qui imprègne chacune de ses collections.

La Couture en héritageDans cette atmosphère, l’histoire du jeune Alexis s’écrit avec évidence : une fois l’aiguille et le fil en mains, il ne s’en est plus dessaisi : « Qu’est-ce que j’ai pu embêter mes parents avec la couture. Ça a duré des années ! J’ai commencé par confectionner des costumes. C’est ce qui m’a conduit à faire un premier stage à l’Opéra de Lyon. » Il y travaille régulièrement et aiguise ses talents de couturier tout en révisant son baccalauréat. Mais le fourreau, l’épée et le feutre ont eu raison de sa passion. Les costumes de l’Opéra sont trop étriqués pour cet exalté des couleurs et des matières. Rideau. Puis, premiers stages chez Ungaro et Nina Ricci. Il y cultive son goût pour le motif floral, s’attache aux textures et éduque son art à l’es-prit canaille. Diplômé en 1997 de la Chambre syndicale de la couture parisienne – cursus qu’il survole en deux ans au lieu de quatre –, il in-tègre la garde rapprochée du génial Galliano : « A force de se croiser dans les couloirs de chez Dior, lors de mon stage de fin d’études, il a fini par me parler. Il m’a trouvé rigolo, je l’ai trouvé sympathique et ça s’est fait aussi simplement. » Une anecdote qui permet de saisir tout ce qui fait le charme d’Alexis Mabille, son énergie : « Dès le début, j’ai cultivé une stratégie non calculée, presque instinctive. De toute fa-çon, il y aura toujours des gens qui ne me prendront pas au sérieux et d’autres qui croiront en moi. Alors, autant foncer ! » Dix années « intensives » et formatrices où il met toute sa créativité au service

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MODECréateur

du pôle joaillerie chez Dior, pour Galliano et Slimane. Dans l’ombre de ses aînés, il aiguise sa propre vision de la mode : des looks interchangeables, adaptés à toutes les morphologies, aussi bien aux hommes qu’aux femmes.

un nouVeau genreEn 2005, Alexis Mabille claque poliment la porte de la maison Dior, abandonnant sa situation confortable pour épingler trois points de suspension à son avenir. Il des-sine alors les modèles de sa propre marque, Impasse 13, qui rapidement reprendra son nom, et, pour ne pas s’ennuyer, devient consultant en accessoires pour Saint Laurent. Limitées aux pantalons, aux chemises et aux vestes, ses premières collections ont l’origi-nalité d’être totalement mixtes. Créés pour l’homme puis ajustés sur une silhouette fémi-nine, les modèles sont l’équation parfaite d’un nouveau genre masculin-féminin. Et si, à pré-sent, les collections pour la femme se distin-guent de celles pour l’homme, la mixité reste l’une des signatures Mabille : « J’aime l’idée qu’une fille fouille en douce dans le placard de son mec pour lui chiper une fringue. C’est pour ça qu’il y a toujours des chemises et des vestes d’homme volontairement trop grandes dans mes collections de prêt-à-porter. Elles sont faites pour être ceinturées ou resserrées, ce qui permet de souligner avec féminité la taille et de redessiner les courbes. » Jeux de matières, su-perpositions de textiles, effets de transparence, mini-jupes et couleur rose poudré, l’habit doit sublimer toutes les silhouettes. Sans tomber dans l’excentricité débridée, Alexis Mabille s’amuse avec le vêtement. Son jeu favori ? Faire bouger les lignes : « C’est ma manière de renverser les règles et de ne pas rester dans quelque chose de trop convenu. »

Alexis Mabille en dix dates1977 naissanceàLyon.1993 costumieràl’OpéradeLyon.1997 diplômédelaChambresyndicaledelacoutureparisienne.

EntréechezDiorsousladirectiondeJohnGalliano.2001 collaborationavecHediSlimanepourlajoailleriehomme.2005 départ de la maison Dior et création de sa marque,

Impasse13.2006 premièrecollectiondeprêt-à-porterunisexe,Impasse13.2007 invitéparDidierLudotpourprésenterunesériederobes.2009 membreinvitédesdéfiléshautecouture.2011 premièrelignedelingerie.2013 premierdéfiléhautecoutureautitredemembreofficielde

laFédérationfrançaisedelacouture.

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FamilleLa maison Alexis Mabille, c’est avant tout une histoire

de famille. Epaulé par sa mère depuis ses débuts, Alexis s’est également entouré de sa belle-sœur,

ancien mannequin, et de son frère, directeur général de la marque depuis un an.

Frivolité« Lorsque j’ai commencé, la mode était très minimaliste et focalisée sur le noir. Je voulais apporter de la fantai-sie, de la couleur. Dans mes collections, j’ai cultivé une humeur heureuse, sexy, canaille. La frivolité est ce qui caractérise le mieux mon travail. »

Impasse 13C’est le premier nom qu’il donne à sa marque lors de sa création en 2005. « C’était l’adresse de la société. Et puis, c’était une façon de jouer avec le nombre 13

et la superstition. Jouer sur le contraste entre une mise en scène assez sombre et des vêtements pleins

de joie. »

Nœud papillon« Pour mes premières collections unisexes, il me fallait un accessoire qui puisse intégrer aussi bien le vestiaire de la femme que celui de l’homme. J’ai donc pensé à un accessoire très présent dans l’histoire du costume mais qui, à l’époque, faisait plutôt penser au médecin de province qu’au dandy : le nœud papillon. C’est de-venu ma signature. »

Paris« Je préfère Paris à Londres ou New York. Je m’y sens bien. Beaucoup de gens disent que c’est une ville en-nuyeuse, conservatrice, mais souvent, c’est parce qu’ils ne jouent pas son jeu. L’animation d’une ville, il faut sa-voir la créer. Lorsqu’on participe à sa vie, on s’aperçoit qu’il y a toujours quelque chose à faire. »

Atelier« Au début, je travaillais dans un petit espace sur des créations qui ne rentraient même pas dans la pièce ! Je devais finir cer-taines robes chez moi. Maintenant, j’ai un atelier très lumineux à Bastille, avec de grands plateaux, façon loft. A 4 heures du matin, je vois comme en plein jour. C’est idéal. »

Collection« Quand je commence une collection, il n’y a pas une histoire

ou une direction clairement définie. Je l’ai beaucoup fait quand je travaillais chez Dior et cela m’ennuie maintenant. Je conçois

plutôt mes collections comme un dressing où les pièces sont indépendantes les unes des autres et peuvent devenir des

‘indispensables’ dans la garde-robe. »

Dessin « Je dessine quotidiennement, de façon spontanée et impul-sive. C’est assez animal. C’est comme si mes mains décidaient à ma place. Parfois, il y a des accidents de crayon. Le crayon ne me donne pas exactement ce que je veux mais il m’offre quelque chose de joli, une direction que je décide d’approfon-dir. »

DiorPendant presque dix ans, Alexis a travaillé aux côtés de John Galliano pour la maison Dior, à la création des collections de

joaillerie homme et femme. Entre 2001 et 2005, il collabore également avec Hedi Slimane.

Une « période intense ».

Egérie« Dita Von Teese, Carla Bruni, Léa Seydoux, Mila Kunis, Keira Knightley, Gwyneth Paltrow… elles ont toutes un rapport très différent à la mode. Certaines s’habillent par obligation, d’autres adorent ça. Récemment, Sarah Jessica Parker est même venue à l’atelier pour voir les collections. C’est une véritable passion-née. »

Alexis en dix mots

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MODECréateur

Deux nouvelles Boutiques Parisiennes

L’entrée au capital de partenaires financiers a permis au jeune créateur d’amorcer une nouvelle étape dans son développement. En 2012, ce sont deux boutiques qui ont ouvert à Paris. L’architecture a été confiée à Humbert & Poyet, une agence monégasque qui a repensé l’espace comme un boudoir aux aspirations Art Déco. Pour la décora-tion intérieure, c’est Alexis Mabille en per-sonne qui a œuvré. Drapés rose poudré, canapés aux courbes généreuses et ballet de miroirs, l’ambiance est canaille et reflète la frivolité si caractéristique de son travail. D’ici à 2015, Alexis Mabille espère bien ap-poser son nœud papillon sur la devanture d’un flagship à New York, à Singapour et à Londres. En attendant son arrivée sur les terres de l’Upper East Side, les New-Yor-kaises peuvent déjà garnir leur garde-robe de quelques-unes des pièces phares du dandy parisien en vente chez Yuta Powell.

« objet culte » l’effet papillonMême Karl Lagerfeld y a suc-combé. C’est dire. Pourtant,en 2005, au moment de lan-cer sa première collection et cetaccessoire qui deviendra sa signa-ture,rienn’estjoué.Acetteépoque,le nœud papillon ne fait pas par-tie des indispensables du dressinghype,loindelà.«Si,dansl’histoireducostume,lenœudatoujoursétéprésent,aumomentoù jemesuisamuséàlerevisiter,c’étaittrèsrin-gard!EnFrance, il faisaitplusré-férence au look désuet du méde-cindeprovincequ’àceluidudandyparisien.» De toutes les couleursetdetouteslesmatières,noué,enbroche ou épinglé, l’accessoire estvite devenu un incontournable duvestiaire unisexe en même tempsquelasignaturedelamaisonAlexisMabille.Uncoupdemaître.

T H E N E W F R A G R A N C ET H E N E W F R A G R A N C E

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GRANDS PATRONS

Ces leaders qui font

Projet « Oncle Sam » de Laurent Beirnaert, Pierre Bouvier, Paul Tubiana > ECAL | Photo Nicolas Genta

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I lot de prospérité, de croissance du PIB malgré des estima-tions modestes pour cette année (de 0,6 à 1,3%), et forte d’une situation satisfaisante de l’emploi (taux de chômage d’environ 3,3% en 2013) dans le contexte global, mais encer-

clée par des pays européens aux économies vacillantes et en proie à l’endettement souvent abyssal, la Suisse, de plus en plus convoi-tée, si ce n’est même jalousée, fait désormais l’objet d’attaques en règle de l’extérieur, à commencer par son secteur bancaire et finan-cier en ligne de mire. Par volonté de clamer les capacités de la Suisse, ses atouts et son potentiel, quelque part aussi en réaction à ce dénigrement de plus en plus persistant, Trajectoire a choisi de mettre en exergue 26 leaders des secteurs de l’économie, de la banque, de l’horloge-rie, des institutions publiques et de la santé. Sélectionnées sans exhaustivité aucune, ces personna-

lités talentueuses représentent bien les protagonistes du succès de la Suisse, dont la santé resplendit en dépit d’obstacles à surmonter, qu’ils se nom-ment franc fort pénalisant les exportations, ou pénurie chronique de main-d’oeuvre spécialisée. Chaque dirigeant présenté dans cette édition poursuit à sa ma-nière ses objectifs ambitieux, même si certains secteurs, comme les industries horlogère et pharmaceutique notamment, ont davan-tage le vent en poupe que d’autres, avec de fortes projections de croissance. Leur force de caractère, leur tempérament affirmé, leur expérience professionnelle éprouvée et visionnaire leur permet-tent d’aller inlassablement de l’avant, avec sérénité. Oui, les grands capitaines d’entreprise et autres orfèvres de l’art d’Hippocrate ou de la fonction publique, tiennent l’avenir de la Suisse entre leurs mains. Pour l’heure, leurs résultats obtenus méritent des louanges.

la valeur ajoutéede la SuisseDossier entièrement réalisé par Didier PlanchePour l’horlogerie : Fabrice Eschmann et Eric Othenin-Girard

Economie

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GRANDS PATRONS

Paul Bulcke, CEOGroupe NestléChiffre d’affaires consolidé (2012) : 92,2 milliards de francsBénéfice net consolidé (2012) : 10,6 milliards de francsEffectif total (au 31.12.2012) : 339’000 collaborateurs

Paul Bulcke est l’un des chefs d’entreprise les plus puissants de la planète, la multina-tionale qu’il dirige, Nestlé, étant quasiment un Etat dans l’Etat, vue sa surface écono-mique et financière, et son implantation mondiale. Cette prépondérance ne l’em-pêche pas de monter au créneau lorsqu’il s’agit par exemple de défendre les intérêts et l’image du groupe. Lors du scandale de la viande de cheval au lieu de celle de bœuf dans certains plats surgelés, il a fait savoir que seule la société Findus Suisse appar-tient à Nestlé, et que tous les contrôles de traçabilité garantissent la composition de leurs plats à base de bœuf suisse. En re-vanche, il n’a pas hésité à faire retirer des produits Nestlé de la vente en Espagne, en Italie, en France et au Portugal, notamment. Le citoyen belge Paul Bulcke (1954), rompu aux techniques de management (IMD, Uni-versité de Louvain), fonctionne comme administrateur délégué de Nestlé depuis 2008. Entré au service de la multinationale

en 1979, il y a occupé les postes de direc-teur général, responsable de la zone Amé-riques et de plusieurs filiales. A l’occasion de ses 150 ans en 2016, Nestlé inaugurera à Vevey un complexe d’activités ludiques sur 3’380 m2, entre autres pour découvrir la passionnante histoire de la multinationale suisse. Paul Bulcke et le président du groupe en charge du dossier, Peter Brabeck, savent aussi se divertir, tout en faisant plaisir à la communauté.

Commentant les résultats 2012 du groupe, Paul Bulcke a annoncé la bonne perfor-mance générale, bâtie sur la croissance profitable réalisée de manière constante au cours des années précédentes. « Toutes nos activités, à la fois dans les marchés dévelop-pés et émergents, y ont contribué. Notre programme de nutrition, santé et bien-être

a continué d’apporter de plus grands béné-fices aux consommateurs, une meilleure dif-férenciation de nos marques sur le marché et une valeur accrue pour nos actionnaires. » L’administrateur a aussi relevé le renfor-cement du réseau mondial en recherche et développment par de nouvelles instal-lations en Inde et en Chine, les nouvelles capacités pour Nestlé Health Science et l’amélioration de l’impact environnemental des activités. En ce qui concerne l’année en cours, Paul Bulcke a déclaré que : « 2013 of-frira à nouveau des opportunités d’exploiter les avantages concurrentiels du groupe. En dépit des nombreux défis, nous prévoyons de réaliser le modèle Nestlé, soit une crois-sance organique entre 5 et 6%, ainsi qu’une amélioration de la marge et de la rentabilité du capital. »

Joos Sutter, CEOGroupe CoopChiffre d’affaires consolidé (2012): 27,8 milliards de francs Bénéfice net consolidé (2012) :452 millions de francsEffectif total (au 31.12.2012) :75’309 collaborateurs

L icencié en sciences économiques de l’Uni-versité de Saint-Gall et expert-comptable diplômé, Joos Sutter (1964) fonctionne comme CEO du Groupe Coop et chef de la direction Retail, depuis 2009. Il a commencé sa carrière professionnelle chez EMS-Che-mie jusqu’en 1990, puis a rejoint Coopers & Lybrand à Zurich, où il est resté environ cinq ans. Il a ensuite travaillé pour la société

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Import Parfümerien, toujours à Zurich, et fi-nalement chez Interdiscount pendant près de dix ans, qui appartient aujourd’hui au Groupe Coop. Joos Sutter s’est ainsi parfai-tement formé dans le commerce de détail avant d’entrer au service de l’entreprise bâ-loise. La stratégie d’entreprise ambitieuse qu’il mène, ne serait-ce qu’en matière de diversifications, s’avère probante.

Lors de la publication des résultats 2012 du Groupe Coop, à la fin février, Joos Sut-ter a décrit l’exercice passé comme ayant été marqué par une forte baisse des prix, la vigueur du franc et une vive concurrence tant en Suisse qu’à l’étranger. S’exprimant sur le nouveau recul des prix, qui a nette-ment dépassé 2%, il a précisé que, « jamais encore dans l’histoire du commerce de détail suisse, l’érosion n’a été d’une durée aussi longue et d’une ampleur aussi forte. Ce mouvement se poursuit sans disconti-nuer depuis bientôt quatre ans. Alors que la baisse des prix a été en moyenne de 0,7% en 2012 dans le secteur alimentaire, elle a été de 4,4% dans le non alimentaire. La conséquence est claire, à savoir, que pour le même chiffre d’affaires, nous devons transporter et vendre sensiblement plus

de marchandises. En termes de prix, le commerce de détail se trouve aujourd’hui ramené au niveau du début des années 90. » De leur côté, les diversifications du Groupe Coop portent leurs fruits. A l’instar du réseau Coop Pronto (chiffre d’affaires de 957 millions de francs), avec l’ouverture de son 250ème magasin, qui est devenu le nu-méro 1 des commerces de proximité en Suisse et, en même temps, le distributeur le moins cher du secteur. Ou encore de Trans-gourmet, numéro 2 européen du libre-ser-vice en gros et des services à la restaura-tion. « Nous opérons en Suisse, en France, en Allemagne, en Pologne, en Roumanie et en Russie. Avec Transgourmet, Coop est entré dans un domaine d’activité qui offre de bonnes perspectives d’avenir. La consommation hors domicile connaît une croissance exponentielle, dans un contexte de mutation démographique qui va s’accé-lérant », a commenté Joos Sutter. En matière de développement durable, l’entreprise bâloise fait également de gros efforts, par exemple avec la diversité des assortiments durables de Coop Brico+Loisirs, qui va du bois FSC aux peintures sans solvants, en passant par les plants, semences et terreaux bio. De plus, elle poursuit rigoureusement

son chemin qui doit l’amener à la neutralité CO2, d’ici à 2023. « Depuis le rachat de la société Railcare, nous disposons également de notre propre système de transport et transférons toujours plus de marchandises vers le rail », s’est félicité le CEO.

Joseph Jimenez, CEOGroupe NovartisChiffre d’affaires consolidé (2012) : 53,1 milliards de francsBénéfice net consolidé (2012) : 9,0 milliards de francsEffectif total (au 31.12.2012) : 130’115 collaborateurs

Aujourd’hui CEO de Novartis, Joseph Ji-menez a la responsabilité de conduire le portefeuille diversifié des soins de santé (médicaments, soins ophtalmologiques, génériques, vaccins, etc.). Ce manager est entré au service de la multinationale phar-maceutique en 2007, comme directeur général de la division Consumer Health. Il a ensuite occupé la fonction de directeur général de la division Pharmaceuticals. A son actif figure notamment l’évolution de l’éventail des médicaments vers un meilleur équilibre entre les produits de grande consommation et les spécialités. Fin

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Printemps 2013

GRANDS PATRONS

physionomie de jeune premier, est actif au sein de nombreux conseils d’administra-tion et comités professionnels. Il est aussi membre du conseil d’administration de la Chambre de commerce Suisse-Etats-Unis et consul honoraire de la République de Corée, à Zurich. Ses talents de manager, au sens aiguisé des affaires, lui viennent peut-être d’Asie...

Martin Senn a récemment expliqué la stra-tégie du Groupe Zurich, qui permet de maintenir une excellente rentabilité grâce à la pertinence de la discipline tarifaire et à la gestion qualitative du portefeuille. « Nous développons nos affaires sur les marchés émergents, tout en offrant de solides ré-

sultats sur ceux à maturité. Cette forte ren-tabilité sous-jacente nous assure de rester bien positionnés pour continuer à créer une valeur ajoutée en 2013, après avoir connu une performance enthousiasmante l’année dernière, laquelle s’est caractérisée par de nombreux défis économiques. » En matière de nouvelles activités ayant fait l’objet d’une acquisition, celles menées en Amérique la-tine et en Malaisie évoluent favorablement en raison de la croissance significative de ces régions. « Quant à nos accords de dis-tribution bancaire par le biais d’alliances au Moyen-Orient, en Italie, en Espagne et en Indonésie, ils ont encore été agréablement renforcés en 2012 », s’est réjoui Martin Senn.

Martin Senn, CEOZurich Insurance GroupChiffre d’affaires consolidé (2012) : 73 milliards de dollarsBénéfice net consolidé (2012) : 3,9 milliards de dollarsEffectif total (au 31.12.2012) : 60’000 collaborateurs

Martin Senn (1957) était banquier avant d’être assureur. Il a mené une carrière inter-nationale au sein de l’ex-Société de Banque Suisse (1976-1994), en travaillant à Hong

Kong, Singapour et Tokyo. Il a ensuite re-joint Crédit Suisse, où il s’est notamment occupé du redressement de la banque au Japon, chargé d’y restructurer et d’y repo-sitionner toutes ses entités juridiques. Dès 2011, il a successivement accédé aux fonc-tions de membre du comité exécutif de Crédit Suisse, responsable de la division Tra-ding & Investment Services, puis membre du comité exécutif et CIO du Groupe Swiss Life. C’est en 2006 que Martin Senn, formé à l’Insead et à la Harvard Business School, est arrivé dans l’entreprise Zurich Insurance Group en tant que CIO et membre du comi-té exécutif du groupe, avant d’être nommé CEO dès le 1er janvier 2010. L’assureur à la

connaisseur du secteur pharmaceutique, Joseph Jimenez, formé sur le plan univer-sitaire aux Etats-Unis, a auparavant dirigé l’unité Amérique du Nord, puis européenne de H.J. Heinz Company, et a été adminis-trateur d’AstraZeneca au Royaume-Uni. Les remous provoqués par les prétentions finan-cières de Daniel Vasella, l’ancien patron, ne perturbent en rien la stratégie de croissance qu’il entend fermement poursuivre.

Quelle est la force d’innovation du Groupe Novar-tis ?Le cœur de notre stratégie se focalise sur l’innovation, laquelle est fondée sur la science. En effet, nous nous efforçons de stimuler la croissance à travers le large éven-tail des soins de santé, grâce à une stratégie au croisement de la science de pointe et des besoins des patients. Nous effectuons des investissements significatifs dans la re-cherche et le développement, alors que d’autres entreprises réduisent leur budget. Nos 138 projets de R&D pharmaceutique incluent 71 nouveaux composés. Autrement dit, le nombre de nouvelles entités molé-culaires figure parmi les plus élevés du sec-teur. Ces cinq dernières années, Novartis a dépassé ses concurrents en obtenant 43 au-torisations pour de nouvelles molécules en Europe, aux Etats-Unis et au Japon.

Quel est l’engagement de Novartis dans les pays défavorisés ?Novartis propose des solutions thérapeu-tiques destinées à répondre aux besoins en constante évolution des patients et des populations du monde entier. Pour remplir cette mission, nous restons concentrés sur la recherche et le développement de médica-ments efficaces. Nous nous assurons que les patients ont accès aux soins, sans prendre en considération leur lieu d’habitation ou leurs moyens financiers. Dans les pays en voie de développement, nous œuvrons en faveur de l’éradication de la lèpre et du pa-ludisme. Nous adoptons aussi de nouvelles approches commerciales afin de fournir des soins de santé de manière durable dans les zones à faibles revenus. De plus, nos scienti-fiques recherchent de nouveaux traitements et adaptent les médicaments existants pour traiter les maladies négligées.

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président exécutif des opérations liés aux minerais et aux services environnementaux. A la fin de 2006, Chris a accédé à la fonction de PDG du Groupe SGS. Visionnaire et entreprenant, il donne des impulsions ambitieuses, donc opportunes, à son entreprise.

Le Groupe SGS est spécialisé dans les domaines du contrôle, de la vérifica-tion, de l’analyse et de la certification. Quelle est l’activité la plus porteuse, en termes de volume d’affaires, et qu’en est-il des autres ?SGS a une activité très diversifiée dans de nombreux secteurs éco-nomiques. Cependant, les deux prédominants sont ceux liés au pétrole et aux minerais pour l’un, et aux biens de consommation pour l’autre, respectivement 34,3 et 16,8% des revenus. Dans le domaine du pétrole et des minerais, nos activités couvrent une grande partie de la chaîne d’approvisionnement, de l’exploration à l’extraction, jusqu’à la transformation et le négoce. Nos services relatifs aux biens de consommation, comme les produits élec-triques ou électroniques, les composants automobiles, les tex-tiles, les jouets ou encore les produits alimentaires, constituent un autre segment important de notre portfolio. Ce n’est pas étonnant si l’on pense aux flux de produits et composants qui doivent faire l’objet de contrôles rigoureux lors des phases de conception, pro-duction, assemblage et distribution de leur pays d’origine jusqu’au consommateur final. L’exemple de la nécessité de tracer la viande bovine de son origine jusqu’à l’assiette du consommateur, est en-core plus flagrant, comme l’actualité l’a démontré en février.

Quels secteurs devraient renforcer leur importance, à l’avenir ?En ce qui concerne l’avenir, nous anticipons une forte croissance dans le domaine industriel, en particulier dans des secteurs tels que ceux du pétrole, du transport, de la construction ou encore de l’énergie. Nous comptons intensifier notre présence dans cer-taines zones géographiques, pour y accroître nos activités d’ana-lyse dans ces secteurs. Un autre domaine, qui connaîtra de toute évidence une croissance exponentielle, est celui du développe-ment durable.

A titre personnel, quelle est l’activité qui vous motive le plus et pour quelles raisons ?L’ensemble des activités SGS sont passionnantes. Nous sommes aux côtés de nos clients, développeurs, fabricants, négociants, etc. et leur fournissons des outils de pilotage leur permettant d’opérer en toute sécurité, d’être toujours plus performants, d’innover, de concevoir des produits et services de qualité, de même que d’œu-vrer de manière responsable et durable. Agir avec un concept et un état d’esprit de durabilité me motive tout particulièrement, car il s’agit de l’avenir des générations futures.

L e Britannique Christopher Kirk (1956) a réalisé presque l’ensemble de son parcours professionnel à la Société Générale de Surveillance (SGS). Entré en 1981 comme inspecteur agricole en Nouvelle-Zélande, il a été rapi-

dement nommé directeur des opérations et du développement, puis PDG de la filiale SGS en Nouvelle-Zélande. Entre 1987 et 1999, il a occupé diverses responsabilités managériales en Thaïlande, au Ghana, à Singapour et en Australie, avant d’être promu en 2002 au poste de directeur régional Asie du Sud-Est et Pacifique. Il a en-suite rejoint le siège social du groupe à Genève, en tant que vice-

Christopher Kirk, CEOGroupe SGSChiffre d’affaires consolidé (2012) : 5,6 milliards de francs | Bénéfice net consolidé (2012) : 556 millions de francsEffectif total (au 31.12.2012) : 79’000 collaborateurs

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DESIGNBauhaus

N otre époque ne peut pas s’en empêcher, elle a tendance à tout vouloir simplifier. Pour le design

par exemple, tout semble se réduire au mo-bilier et aux objets, c’est-à-dire à la déco-ration intérieure par son versant luxe. Des tics contemporains qui frôlent l’obscénité lorsqu’ils s’attaquent à des légendes telles que Knoll. Cet hiver, le canapé Florence Knoll (1964) s’est invité au catalogue dans une nouvelle déclinaison en cachemire, éditée à une dizaine d’exemplaires. On ne peut que s’en réjouir mais il faudrait se garder d’être aveuglé par ce reflet brillant de la marque de Pennsylvanie. Le travail de Knoll, lié à l’aventure globale du Bauhaus, dépasse largement le simple cadre du des-sin de mobilier. Il exprime une vision mo-derniste de l’humanité, une herméneutique de l’art de vivre nourrie à l’un des courants de pensée artistique les plus puissants du XXe siècle.

Fondée en 1937 à New York, la firme Knoll raconte ce chaos des années d’avant-guerre,  ce  temps  où  les éclats  de  la philosophie du Bauhaus  sont  allés  se  ficher dans  la  terre  fertile  des  Etats-Unis avant  de  s’épanouir  en  utopies industrielles  aptes  à  changer  nos vies. Une histoire où s’accrochent les noms de Ludwig Mies van der Rohe, Eero  Saarinen,  Isamu  Noguchi, Ross  Lovegrove,  Frank  Gehry  ou encore  Marcel  Breuer…  et  qui  a révolutionné  la définition même de la  conception  intérieure  par  son légendaire  « Planning  Unit ».  Retour sur  l’histoire de ce pionnier du total design.

Knoll           total design  Texte Paul-Henry Bizon

thétisme irréprochable demeure indissociable de sa fonctionnalité. A travers une série de meubles aux lignes sobres et efficaces, elle sculpte la légende Knoll et se fa-çonne son propre destin, celui d’une des figures majeures du design industriel de l’après-guerre. La révoLution du pLanning unitL’effroi de la Seconde Guerre mondiale dissipé, le génie humain se remet en marche. Il faut repenser, redessiner, reconstruire. Les demandes ont évolué. L’ère est à la production de masse. La vie, une course contre la montre. Fidèle aux théories du Bauhaus et adepte de la fabrication en série, Florence Knoll se penche sur l’optimisation de l’espace. De ses tables de rangement à sa banquette extra-fine éditée en 1954, toutes ses réalisations retranscrivent cette préoccupation inexorable et la volonté de Knoll de concevoir un mobi-lier dont l’exemplarité repose autant sur la forme (l’esthétisme) que sur le fond (la fonctionnalité). Finitions irréprochables, matériaux robustes, lignes épurées et graphiques sobres font le style et la force du mobilier Knoll. Toute cette pensée trouve sa quintessence dans la conception du « Planning Unit », un service mêlant design, textile, production, architecture d’intérieur, graphisme et marketing, qui va permettre à la marque d’asseoir sa renommée internationale et de s’imposer comme une référence absolue de l’aménagement intérieur. Grâce au concept innovant et transversal du « Planning

unE grandE damE du dEsign Tout commence en 1937, lorsque Hans Knoll, héritier d’une entreprise de mobilier allemande, décide d’ouvrir un magasin sur la 72ème rue de New York pour y vendre ses propres fournitures. Il engage alors le jeune designer Jens Risom pour alléger la sil-houette massive des pièces « made in Ger-many » traditionnelles. De cette collabora-tion naîtra la célèbre Risom Lounge Chair et son assise de cuir tressé. A cette époque, une jeune créatrice américaine proche des grands noms du Bauhaus – Walter Gropius et Marcel Breuer – et élève de Mies van der Rohe, intègre l’équipe de la Hans G. Knoll Furniture Company puis, en 1943, remplace Jens Risom, appelé sous les drapeaux. Elle se nomme Florence Schust et deviendra bientôt Madame Knoll, histoire de vérifier l’adage qui veut que derrière chaque grand homme se cache une femme d’envergure. C’est elle qui va théoriser les fondements de l’identité Knoll : un mobilier dont l’es-

Knoll           total design  Texte Paul-Henry Bizon

1. Florence & Hans Knoll

2. Eero Saarinen

3. Ludwig Mies van der Rohe

4. Marcel Breuer

5. Frank Gehry

6. Risom Lounge Chair

7. Harry Bertoia

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Bienvenuechez Studio Job Texte Viviane Scaramiglia | Photos M. Aukes, R. Stoops, T. Wolzak > Studio Job

Près d’Eindhoven, la sacro-sainte capitale du Dutch Design, Studio Job, le célèbre couple de créateurs décalés, a investi une iconique villa des années 60 dans le village de Bergeyk. Un écrin pour leur imaginaire luxuriant et leur précieuse collection.

C ertains créateurs sont si puissamment liés à l’Histoire qu’ils transforment tout ce qu’ils tou-chent en un fabuleux recyclage. D’abord mépri-sés pour leur position incertaine, un pied dans

le design, l’autre dans l’art, et l’esprit ailleurs, puis adulés exacte-ment pour les mêmes raisons, Nynke Tynagel et Job Smeet, sou-dés depuis leurs études à la Design Academy d’Eindhoven, ressus-citent la culture du passé à leur manière, totalement fantasque, à travers des œuvres oniriques, mordantes, parfois apocalyptiques et d’une finesse rare. Dès qu’ils ont appris que la maison des an-nées 60 était à vendre, ils n’ont pu y résister. « Pas question de gas-piller ce morceau de modernité. » La résidence témoigne effecti-vement des glorieuses années d’après-guerre à Bergeyk, quand l’avant-garde de l’architecture néerlandaise, à commencer par Ger-rit Rietveld et ses pairs, vint y construire une usine de tissage (la De Ploeg, classée depuis monument national), d’autres fabriques et des villas privées, transformant curieusement ce paisible site rural en plateforme culturelle courue par les artistes et designers. Toute

DESIGNIntérieur

blanche, typique de l’époque avec son toit plat et ses façades géométriques, elle a été restaurée dans les règles de l’art au nom de l’authenticité. Chaque détail a été pensé… jusqu’à la Ford Taunus vintage, le même modèle détenu par les anciens occupants, soigneusement rangée dans le garage.

La « maison-musée »Installé à Anvers, naviguant entre galeries et musées tout en flirtant avec quelques vénérables maisons, comme La Maison Ve-nini pour laquelle il a conçu des appliques en verre de Murano en forme de seins vi-siblement soumis à la loi de la gravité, le duo vient souvent se ressourcer dans cet espace scénarisé comme un hommage au design néerlandais. Entre œuvres cultes de

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01 | Lesalonouvertsurlebureau.Auxmurs,GrandNuassis,EugèneLeroy,1979,etBlowJob,ErikVanLieshout,2005.TotemdeSolLeWitt,1991,bureaudeCeesBraakmanpourPastoe,1950,chaiseSofa416,WimRietveldpourGispen,1957.

02 | Enfaçade,néonGriddeWimCrouwel,réaliséparGlaifa,2011.ConteneuràterrasseDinnerforTwo,StudioJob(2011).

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ON AIME... OU PAS ?

nimement suivi par ses ouailles, aux avis tranchés et clairs qu’on aime ou qu’on abhorre, Christoph Blocher n’a plus le même puis-sant pouvoir de conviction. Des membres de son parti osent désor-mais se distancier de ses prises de position, comme on a pu le voir

Christoph Blocher Texte Julia Masson | Photo Niels Ackermann

S eptième enfant d’une fratrie en comptant onze, Christoph Blocher s’est émancipé très jeune, quit-tant le giron familial à 15 ans pour entreprendre un apprentissage d’agriculteur. Puis, contre l’avis de

son père pasteur, il s’inscrit en droit, termine avec un doctorat de l’Université de Zurich. En 1983, il hypothèque tout ce qu’il possède pour racheter EMS-Chemie, l’entreprise qui l’emploie, menacée de passer en mains étrangères. En 15 ans, Blocher multiplie ses bé-néfices par 80. Et fait de son cas un exemple, qu’il ne se prive pas d’utiliser sans cesse pour illustrer son discours populiste. Petit, trapu, des dents qui rayent le parquet, l’homme a des traits bénis pour les caricaturistes, qui s’en sont toujours donnés à cœur joie. Mais depuis ce jour fatidique de décembre 2007 où il fut évincé du Conseil fédéral au profit d’Eveline Widmer-Schlumpf, le monstre terrifiant a perdu de sa superbe. D’un homme leader una-

A 72 ans, le leader de l’UDC sera au cœur du prochain film de Jean-Stéphane Bron. Ultime coup d’éclat avant la retraite ? Et tout bon joueur sait aussi qu’il vaut mieux se retirer des affaires lorsque l’on est encore en bonne posture, pour ne pas tomber plus bas que terre. « Celui qui ne lâche pas gagne ! » a rappelé Christoph Blocher au mois de janvier, dans son discours de la dernière assemblée de l’UDC zurichoise. Mais il devrait se souvenir aussi que celui qui n’avance pas recule. Et qui recule perd, forcément…

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ses partisans, homme « dangereux » qui ne récolte que ce qu’il a semé, se réjouissent ses détracteurs. Le tribun UDC ne laisse personne indifférent. Et à l’âge où tant pro-fitent d’une retraite bien méritée, il persiste et signe : « Celui qui ne lâche pas gagne ! » Le réalisateur Jean-Stéphane Bron parvien-dra-t-il à percer l’image médiatique du poli-ticien pour aller à la rencontre de l’homme, dans sa production soutenue par l’Office fédéral de la culture Blocher une vie, qui devrait sortir cette année ? Selon Ivo Kum-mer, qui dirige la section cinéma de l’OFC, « ce film doit aider à mieux comprendre les motivations, le sens et l’esprit de l’action de Christoph Blocher ». Depuis son en-trée dans l’arène politique, il y a bien des années, le Zurichois répète en boucle qu’il est un contradicteur, celui grâce à qui les politiciens ne tombent pas dans le consen-sus facile. Il est l’empêcheur de tourner en rond, qui refuse de suivre le troupeau sans réfléchir, quitte à émettre des avis extrêmes et susciter de vives réactions au sein du parlement. Christoph Blocher se voit comme un garde-fou de la démocra-tie. L’arbitre d’une partie trop engourdie, où les règles sont faites pour être bouscu-lées. Sa devise ? « Seul le résultat compte ». Sa carte préférée ? La peur. Son mot favori ? « Nein ». Sans oublier les vocables « liberté » et « bien-être », qu’il manie avec tant d’ai-sance et de démagogie dans ses discours : la Suisse est belle, forte, indépendante. Son image favorite est celle d’un pays où il fait bon vivre, les femmes à la maison, les hommes au pouvoir – voir sa prise de position sur la loi pour les familles lors des votations du 3 mars dernier. Un peu comme sur les images figées des tableaux d’Albert Anker, dont il est le plus gros collectionneur. Coincé dans son costume de conservateur, Christoph Blocher s’est laissé dépasser sur le grand plateau du jeu politique. Mais qui n’avance pas recule : l’heure est venue de ranger les dés avant de tout perdre. Et de transmettre les pions aux plus jeunes. —

le clivage entre la branche zurichoise et le reste des sections de l’Union démocratique du centre ne faisant que de se creuser. Sé-vère retour de flamme, estiment en silence

lors de la campagne portant sur l’initiative Minder. Crime de lèse-majesté ? Seront-ils, comme d’autres avant eux, sommés de quitter le parti agrarien ? Certainement pas,

Christoph Blocher Texte Julia Masson | Photo Niels Ackermann

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BEAUTÉRencontre

Maraudeur d’odeursTexte Marie-France Rigataux | Photo Ryan Mc Ginley

P aris, Faubourg Saint-Honoré. Chaque retrouvaille avec le parfumeur de la maison Hermès est un délice. L’en-tendre parler de ses créations est un bonheur dont on ne se lasse pas. Présenté comme la fragrance fémi-

nine par excellence, il vient de signer Jour d’Hermès, le « pendant » de Terre d’Hermès, véritable best-seller de la parfumerie virile.

Dans le Journal d’un parfumeur, sorti en 2011, vous évoquez déjà la future naissance de « Féminin H », un nom de code. Comment est née l’idée de Jour d’Hermès ?Tout naturellement parce que le succès magnifique de Terre d’Hermès a donné l’envie, à la famille, de sortir un « grand » féminin. Avec Pierre Hardy [directeur de création chez Hermès pour les col-lections chaussures et les bijoux précieux, ndlr], on a évoqué Bot-ticelli, Le Printemps, La Naissance de Vénus. J’ai parlé de Bonnard, de Chassériau, peintre de la même époque que Delacroix, et ses femmes plantureuses. Une notion assez peu contemporaine, sans doute, mais qui correspond à ma définition de la féminité. Le nom étant arrivé bien après, même si, d’emblée, il nous a paru logique : Hermès est une maison du jour, pas du soir. On ne trouve pas de robes longues ni de smokings chez nous.

La notion de jour suppose-t-elle que vous souhaitiez un parfum qui vous suive de l’aube au crépuscule, pour toutes les circonstances ?Oui et non. Le jour est pris dans son sens abstrait. Comme un réveil. Tenant compte d’une certaine codification qui réserve les parfums capiteux au soir ou à l’hiver, même si cela reste une question de goût. J’ai avant tout voulu offrir un bouquet généreux, toutes les fleurs de la planète. A l’opposé d’un soliflore.

Vous n’aimez jamais détailler les fleurs qui composent vos créations. Tou-jours dans la suggestion davantage que dans la copie. Mais pouvez-vous quand même en citer quelques-unes ?

Technicien autant qu’artiste, Jean-Claude Ellena porte haut les couleurs d’Hermès, dont il est le créateur olfactif attitré. Rencontre à Paris à l’occasion de la sortie de son dernier opus : Jour d’Hermès.

L’idée du pois de senteur m’est venue en passant devant la vitrine du fleuriste Lachaume, rue Royale. Je l’aime à la fois pour ses cou-leurs et son odeur, entre fleur d’oranger et rose. Il y a aussi le gar-dénia, qui est pour moi une fleur d’intérieur, d’appartement, volup-tueuse, alors que le pois de senteur est une variété de jardin. D’une manière générale, j’aime l’idée de la confusion. La dualité m’inté-resse et je désire toujours que mes parfums jouent sur le paradoxe.

L’exact opposé du parfum de masse ?Il y a quelques années, nous avons organisé une enquête pour vérifier la perception de la différence entre parfumerie de masse et haute parfumerie. Nous avons réuni des femmes adeptes des deux catégories et les avons observées derrière une glace sans tain. Pour les premières, un seul discours : « Il faut que le parfum ne change pas sur ma peau. Qu’il me soit fidèle. Intense et linéaire. Il n’a pas le droit de me changer. » Pour les autres, ce fut l’exact op-posé : « Je désire que le parfum s’adapte à ma peau, qu’il change avec moi, qu’il évolue selon ma personnalité, mes états d’âme. »

La persistance précédemment évoquée me semble un mauvais cri-tère. Je ne dispose que d’une vingtaine de produits persistants, ce qui m’obligerait à finaliser tous les parfums de la même manière. Coumarine, vanilline, muscs de synthèse, patchouli... tous finiraient par se ressembler. La « constance », c’est typiquement un argument de la parfumerie de masse. A l’opposé de la haute parfumerie que nous revendiquons.

Ne craignez-vous pas qu’une création chasse l’autre ?Non, nous veillons simplement à varier notre approche. Hermes-sence, fragrance singulière réservée aux boutiques. Les « Jardins » qui n’appartiennent à aucune catégorie existante, ni Cologne, ni parfums classiques. Les parfums-romans, ces « grands » parfums qui se déploient dans le temps... —

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BEAUTÉSérums

Sérum(s) précieuxTexte Marie-France Rigataux

C’est le succès annoncé de ce début d’année ! Un sérum, fabriqué dans un premier temps à un million d’exemplaires, dont beaucoup de femmes affirment déjà qu’il a un côté

magique. Toute dernière génération d’un soin dont la formule a déjà parue ultra-novatrice pour son époque quand il a été lancé en 1985, ce sérum aux 20 extraits de plantes – les plus performants en termes d’anti-âge – associés à de l’acide hyaluronique promet d’agir sur les cinq fonctions vitales dont dépend la jeunesse de la peau : hydratation, nutrition, oxygénation, protection et régénéra-tion. Pour en savoir plus, nous avons rencontré l’expert par excel-lence. Eric Gooris, ingénieur chimiste, directeur de la recherche du groupe Clarins.

Le sérum passe pour le nec plus ultra de la formule cosmétique. Complémentaire du soin jour ou nuit, il booste le renouvellement cellulaire, pallie les faiblesses d’une peau qui vieillit. Retour sur la sortie récente du tout nouveau Double Serum de Clarins.

La tentation de La page bLancheNom identique au sérum original, ce Double Serum tout neuf n’a conservé de la génération précédente que l’ex-trait de pin maritime, un actif antioxy-dant, très efficace en termes de pro-tection. Issu d’une plante reconnue depuis des siècles par la pharmacopée chinoise, l’extrait de cangzhu contribue à booster l’efficacité d’autres actifs pré-sents dans le sérum. Autres actifs, dont huit d’origine bio, qui permettent au produit de coller aux dernières connais-sances scientifiques. Le développe-ment de collaborations avec le CNRS, l’Institut Curie, l’Institut Pasteur et nombre d’universités le permet. « Nous avons aussi beaucoup à apprendre de la médecine traditionnelle chinoise » relève Eric Gooris. Ce d’autant plus que la Chine est un marché à progression ul-tra-rapide mais très restrictif en termes d’actifs autorisés. Avoir l’autorisation de vendre un produit cosmétique en Chine, c’est donc se cantonner à une

liste de quelque 1’500 extraits. Et il y a fort à parier que l’avenir de la cosmétique passera par là... Interrogé sur le temps de gestation d’un tel produit, le directeur de la recherche parle de trois ans. « Il y a quelques années encore, je vous aurais dit un peu plus de deux ans. Mais notre souhait de faire évoluer la marque vers un aspect scientifique, donc de mieux comprendre encore les mécanismes cutanés, ainsi que les contraintes en termes de législation, de non-toxicité et l’élaboration de tests extrêmement sophistiqués sur peaux reconstituées ou cultures de cellules ajoutent au timing. » Prix du sérum : CHF 105.–, 30 ml.

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Lierac PrescriPtion Sérum PréParateur

D’un excellent rapport qualité-prix, un soin très apaisant et rééquilibrant à l’usage des peaux ultra-délicates dont la barrière cutanée, protec-trice, a tendance à s’altérer. Des peaux qui, en prime, sont sujettes aux inflammations. La cohésion des cellules cutanées est fragilisée. Opter pour un sérum réparateur est absolument nécessaire. Enrichi en eau de source marine, puisée en Bretagne à plus de 22m de profondeur, ce soin l’est aussi en omégas 3, 6 et 9, ainsi qu’en huile d’avocat. CHF 32,90, 50 ml.

Dior caPture totale ConCentré multi-PerfeCtion Dès 2008, les laboratoires de Dior mettaient en avant le rôle fon-damental des cellules souches dans le renouvellement cellulaire. Cinq ans plus tard une nouvelle population, les cellules souches hy-podermiques, qui assurent la densité de la peau, trouvent dans ce sérum matière à se renforcer. Un extrait de longoza de Madagascar associé à un actif concentré en molécules actives responsables de la cohésion de la peau et un dérivé de vitamine E anti-oxydante contribuent à restructurer et « étoffer » la peau.CHF 225.–, 30 ml.

Vichy liftactiv Serum 10 Yeux et CilS

Ultra-fine, très sollicitée, la peau du contour de l’œil est fra-gile. On l’oublie trop souvent en omettant d’utiliser un soin approprié. Concentré à 10% de rhamnose, connu pour ses propriétés anti-âge, ce sérum à l’acide hyaluronique, aux céramides, agit autant sur la peau que sur la base des cils et convient également aux porteuses de lentilles. Des mi-cronacres contribuent à illuminer instantanément le regard. Une seule goutte suffit ! Sachant que ce sérum peut aussi servir de base pour faire tenir le maquillage. CHF 39.–, 15 ml.

Lancôme absolue oléo-Sérum Sublime régénératif Pas moins de neuf brevets pour un sérum qui parie sur les huiles (citrus, camélia, babassu originaire d’Amazonie) et l’incontournable Pro-xylane, molécule anti-âge par excellence, pour tonifier, restruc-turer, régénérer. D’une texture exceptionnelle, au fini velouté, dans une teinte subtilement nacrée, ce sérum nouvelle génération est par-fumé à la rose, sur fond de bois de cèdre, très apaisant.CHF 279.–, 30 ml.

SAVEURS14

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pêchées au large de l’Afrique du Nord, et, à l’heure où « on a banalisé le foie gras », n’hésite pas à servir des escargots, des gre-nouilles et des ris de veau. « Il faut se battre pour les bons produits et je me refuse à les cuisinier hors saison », dit-il. Ses assiettes sont un plaisir pour l’œil, avec des nuances dans le traitement et un soin esthétisant dans la garniture, comme pour ce tartare de lapin, parfaitement assaison-né, ou ce turbot réhaussé d’un jus (de veau) au porto et aux truffes. Rien que du très bon ! Avec, au final, des desserts de haut vol, apprêtés par le pâtissier Emmanuel Lebled, un ancien de Gérard Rabaey, lui aussi. « Un repas, pour moi, c’est impor-tant du début à la fin », commente le chef. Et quel que soit le (nouveau) décor, ce bon principe perdurera.

RestauRant VeRtig’O | Hôtel de la Paix

Quai du Mont-Blanc 11 – 1201 GenèveT. +41 (0)22 909 60 73 www.concorde-hotels.com/vertigoFermé samedi midi, dimanche et lundi.Vacances une semaine à Pâques et de mi-juillet à mi-août (rénovation).

dit mieux sur le quai du Mont-Blanc, où ce « gastro » bénéficie de sa propre entrée, juste à côté de celle de l’hôtel et son spec-taculaire lobby aux escaliers et lustre de pa-lais florentin ? En six ans, la cuisine a « évolué », tempère le jeune chef, qui entend placer le produit au centre de l’assiette, « sans minimalisme ; je ne mets pas de limite à ce que je fais. Si je veux proposer une blanquette de veau à midi, eh bien, elle doit juste être meilleure qu’ailleurs, c’est tout ! » Le restaurant est un des atouts de ce « boutique hôtel » avec vue sur la Rade. La même cuisine « étoilée » peut être servie dans le restaurant privatisé, dans un salon, refait à neuf ce printemps, et dans le salon Alabama, qui vient de troquer son parquet de bois contre une moquette. Pas d’outrance de style pour ce Français monté, pas à pas, du bas de l’échelle, du pré-apprentissage à 14 ans parce qu’il n’ai-mait pas l’école, aux hautes sphères du luxe. Avec des étincelles dans ses yeux mar-rons, il lance, goulûment : « Je reste un arti-san à 100% et j’adore la cuisine bourgeoise gourmande. » Au homard, il préfère les « carabineros », grosses crevettes sauvages

F ini le décor sombre, les fau-teuils (trop) bas et les tables (trop) hautes, plus adéquates dans un bar à vin que dans

un étoilé Michelin (un macaron conquis en 2009). On ne sait encore rien du Vertig’o, le nouvel écrin de 40 places. Mais une chose est sûre, le chef Jérôme Manifacier, installé ici depuis la rénovation de 2006, reste à la barre. Avec son petit équipage de six per-manents, sur une brigade d’une dizaine de pros, il est prêt à affronter sa quarantaine… en rugissant.

Engagé pour redonner un certain lustre au restaurant de l’Hôtel de la Paix, le se-cond et chef de Gérard Rabaey, alors triple étoilé Michelin au Pont de Brent près de Montreux, a pleinement assuré jusqu’ici. Râblé, dans son uniforme noir qui lui donne un bon air de moinillon d’étiquette de ca-membert, Jérôme Manifacier, accent chan-tant d’Avignon, n’a pas pris la grosse tête. A midi, du moins, le Vertig’o ne donne pas le vertige : un menu trois plats à 65 francs, et même deux plats servis en 45 minutes, top chrono, pour 45 francs, franco ! Qui

Quand           le luxe       se faitplus escargot        que           homard

Texte Pierre Thomas | Illustration Carine Bovey

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UNE VILLE, UN COUP DE COEUR

Encore un prétexte pour aller à ParisTexte Patrick Galan

Paris est une ville étonnamment belle, grandiose et insolite. On aime y passer des journées à flâner dans ses quartiers aux rues pavées, riches d’histoire et de culture. C’est peut-être pour cela que certains la surnomment la ville des romantiques. Mais Paris Ville-Lumière est aussi un terrain d’exploration idéal pour sortir des « sentiers battus ». Suivez-nous !

Le BristoLCe palace mythique, sans doute le top du top, aussi presti-gieux mais plus discret que ses « rivaux » parisiens, est comme une parenthèse de calme et de raffinement au cœur de Paris, à deux pas de l’Elysée. Une décoration dominée par les styles Louis XV et Louis XVI, un personnel discret et efficace, le luxe prend ici toute son ampleur. Les chambres et les suites, claires et spacieuses, s’ouvrent sur un magnifique jardin à la française. Au restaurant gastronomique 3 étoiles Epicure, le chef Eric Fréchon propose une cuisine généreuse et inven-tive sans aucune fausse note, sinon une addition un peu trop salée ! Mais c’est la règle d’or des palaces d’exception. Au sixième étage, la piscine habillée de teck offre une vue pa-noramique sur les toits de Paris. Le spa, Le Bristol by La Prairie complète cette adresse d’exception.Rue du Faubourg Saint-Honoré 112 (8ème)T. +33 (0)1 53 43 43 00 – www.lebristolparis.com

Le LancasterA quelques pas des Champs-Élysées et du pres-tigieux « Triangle d’Or », le Lancaster est un pa-lace intime pour une clientèle de connaisseurs, un bijou pour ceux qui privilégient la qualité à l’ostentatoire et l’élégance à la mode. Acquis en 1925 par un hôtelier suisse, Emile Wolf, qui le transforme en boutique-hôtel de luxe décoré d’une exceptionnelle collection d’antiquités, le Lancaster devient vite le refuge des célébrités. Dans les années folles, Marlene Dietrich y a élu domicile pendant trois ans. Le restaurant gas-tronomique, La Table du Lancaster, étoilé au Guide Michelin et dirigé par Julien Roucheteau, propose des plats classés par impressions gus-tatives. Affilié au label Leading Hotels of The World.Rue de Berri 7 (8ème) – T. +33 (0)1 40 76 40 76www.hotel-lancaster.com

1. Hôtels de légende

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Le Mur des « Je t’aiMe »Frédéric Baron a demandé à des gens d’écrire « je t’aime » dans leur langue et a ainsi recueilli 1’000 écrits dans plus de 300 langues du monde entier. Ce mur est fabriqué à partir de 511 carreaux de lave émaillée. Les éclats de couleur évoquent les morceaux d’un cœur brisé. Le mur des « je t’aime » est situé dans l’écrin de verdure du square Jean-Rictus, derrière la place des Abbesses.www.lesjetaime.com

Le restaurant Maison BLancheUn décor aux lignes sobres et épurées sur les toits du Théâtre des Champs-Élysées, une cuisine haut de gamme inspirée du terroir languedocien. Le chef Hervé Nepple, ancien de chez Pierre Gagnaire et Guy Savoy, interprète une carte tout en contrastes, sous la houlette des frères Pourcel du Jardin des Sens de Montpellier. Avenue Montaigne 15 (8ème) – T. +33 (0)1 47 23 55 99www.maison-blanche.fr

2. Paris Gourmand

3. Paris InsolIte

iMpasse des arBaLétriersDans cette impasse, l’une des impasses les plus anciennes de Paris, Louis d’Orléans, frère du roi Charles VI, fut assassiné sur l’ordre de Jean sans Peur en 1407. Ce crime relança la guerre de Cent Ans. Elle a conservé ses façades à colombages, son pavage irrégulier et ses vieilles bornes. Le prince revenait de chez sa belle-sœur et maîtresse Isabeau de Bavière lorsqu’il fut attaqué. Les catacoMBesVéritable labyrinthe souterrain, les Catacombes ont été amé-nagées dans les galeries des anciennes carrières de pierre qui servirent à la construction de Paris. A 20 m sous terre, l’os-suaire contient les restes d’envi-ron 6 millions de Parisiens. Les ossements furent rassemblés entre la fin du XVIIIe siècle et le milieu du XIXe siècle, au fur et à mesure que les cimetières de la capitale étaient fermés pour raison d’insalubrité.Av. du Colonel Henri-Rol-Tanguy 1, (14ème) – www.catacombes-de-paris.fr

L’hôteL drouotLe principal hôtel des ventes de Paris est situé au 9, rue Drouot (9ème). 600’000 objets y sont vendus chaque année, lors de 2’000 ventes dans les 16 salles du bâtiment. C’est la plaque tournante du marché de l’art français et international. www.drouot.com Les couLisses du stade de FranceLaissez-vous guider dans les coulisses d’un lieu mythique, accédez aux vestiaires, bords de pelouse, tribunes officielles… Revivez l’émotion des plus grands événements sportifs et des méga-concerts qui ont bâti la légende du Stade de France.www.stadefrance.com

Les puces de saint-ouenPremier marché de la mode, des antiquités et de la brocante, le marché aux puces de Saint-Ouen est mondialement connu. Sur 3 hectares, 2’500 stands proposent meubles anciens, objets insolites, vintage... pour le bonheur des chineurs, collec-tionneurs et promeneurs.www.marcheauxpuces-saintouen.com Le Marché de rungisLe plus grand marché de pro-duits frais du monde vous ouvre ses portes. Des visites à la carte orchestrée dès 5h du matin par des professionnels du marché suivies d’un petit déjeuner « rungissois ». Départ en bus depuis la place Denfert-Roche-reau à 4h30.www.visiterungis.com

Le ZyriaB By noura Repas avec vue sur Notre-Dame et les bords de Seine. Cet espace de verre et de béton sur le toit de l’Institut du monde arabe propose une cuisine gastronomique libanaise, fidèle à la tradition orientale. Accueil souriant et chaleureux.Rue des Fossés-Saint-Bernard 1 (5ème) – T. +33 (0)1 55 42 55 42 www.noura.com

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Une parenthèse délicieuse Texte Christopher Tracy

UN HÔTEL, UN COUP DE COEUR

A une époque, il est vrai, Marrakech détenait une image légèrement abîmée par un tourisme de masse quelque peu indifférent à la magie et au charme unique de la ville rouge. A tel point que les aficionados fortunés migrèrent vers des horizons plus propices à recueillir leur envie de discrétion et de calme luxueux. Intelligemment, Marrakech a évolué afin de redevenir un lieu élégant et confidentiel. Les palaces ont fleuris ici et là tandis que la mythique Mamounia a entamé une refonte en douceur tout en gardant l’essence même d’un des plus beaux palais du globe. 

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L a Mamounia ? Comment la ré-sumer, en seulement quelques lignes ? C’est insensé tant l’en-droit recèle mille et un trésors.

Tout ici est raffinement et volonté réelle d’accueillir en ami son résident. La Mamou-nia, sous la direction pointue du décorateur Jacques Garcia, a littéralement mutée. 14 hectares, une palmeraie de 9 hectares où fleurissent, épanouis, des milliers de fleurs ensorcelantes et d’orangers juteux, une pis-cine centrale entourée de transats confor-tables comme des lits, un service précis, toujours tourné vers le client. Extérieure-ment, la Mamounia est époustouflante. Si vous avez la chance – oui, parlons bien de chance à ce niveau là d’excellence – d’y rési-der quelques nuits, vous serez littéralement soufflés par les microscopiques détails qui, mis bout à bout, vont faire de votre séjour une parenthèse délicieuse.

Les chambres doubles, les junior suites et, mieux encore, les suites gigantesques et communicantes sont d’un confort rarement égalé. Les terrasses vous plongent au cœur de la végétation, au milieu des chants d’oi-seaux. Le service est d’une exquise préci-sion, où le plus insignifiant détail dénote de la volonté absolue de vous rendre le séjour absolument inoubliable. Bien entendu, la Mamounia propose une myriade de bou-tiques des plus grandes marques de luxe internationales, un spa avec un choix très large de soins excellemment bien exécu-tés. Pour les plus discrètes, vous pouvez réserver un riad privatif avec majordome particulier à votre entière disposition. Pour la restauration ? Rien de moins que quatre établissements, dont deux étoilés Michelin. Inoubliable.

Séjourner à la Mamounia ? Mieux qu’une évidence, une urgence à vous offrir une fois (voire plusieurs fois) dans votre existence. Une expérience superbe.

La MaMounia

Avenue Bab Jdid, – 40040 Marrakech, [email protected]

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DESTINATION

Mingalaba Myanmar ! Après le salut de bienvenue, il ne reste plus qu’à se laisser envoûter par l’ancienne Birmanie, la destination touristique à la mode, qui a toutes les peines du monde à faire face à l’afflux de visiteurs. Porté par un nouvel élan démocratique auquel a largement contribué le Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, ce lointain pays d’Asie libère aujourd’hui ses frontières.

Birmanie, sublime pépite de l’ Asie Texte Patrick Galan | Photos Michèle Degaudenzi

DESTINATION

par le pouvoir militaire, qui a pris le relais. Cependant, elle consti-tue toujours le point de passage obligé de tout séjour au Myan-mar, puisque seul l’accès par les airs est possible, les régions aux frontières étant peu sûres. La ville étale ses quartiers sur les rives du fleuve Yangon et de son riche delta, jusqu’à la mer à 30 km environ, là où se trouve le port le plus important. Mais ici, pas d’embouteillages comme à Bangkok, pas de buildings défiant le ciel comme à Singapour, pas de publicités géantes comme à Shanghai. « Ce pays à nul autre pareil », comme disait déjà Ru-dyard Kipling au temps de l’Empire des Indes, a les teintes sépia d’une vieille carte postale. Les gens vivent au rythme des ferries sur le fleuve et vous n’y ferez pas un « voyage » au sens habituel du terme, mais plutôt un pèlerinage dans une sorte d’Indochine révolue. Très religieux, les Birmans pratiquent un bouddhisme considéré comme l’un des plus purs d’Asie. Bien que très pauvres, ils édifient de fastueux temples couverts de joyaux, comme au-tour de la pagode de Shwedagon qui, avec ses tonnes d’or et de diamants sur 110 m de haut, est le plus fascinant monument bouddhique du monde. La légende dit qu’elle abrite huit che-veux de Bouddha et que, grâce à une énorme émeraude, elle lance chaque soir un rayon magique dans le soleil couchant. Du lever au coucher du soleil, les fidèles viennent par milliers faire le tour du grand stupa dans le sens des aiguilles d’une montre, prier sur l’esplanade de marbre et déposer des offrandes devant les petits autels dédiés aux esprits. A chaque don, un coup de gong résonne.

C inquante ans de dic-tature militaire avaient complètement isolé le pays et entraîné un boy-

cott touristique sévère, soutenu par Aung San Suu Kyi, l’icône de la démocratie. Mais deux ans après la dissolution de la junte en mars 2011 et grâce à une série de réformes politiques spectaculaires, les stigmates ont disparu. Le Myanmar est redevenu non seu-lement fréquentable, mais séduisant, un lieu où le temps s’est arrêté. Dans cette en-clave oubliée par l’Histoire, on est immédia-tement capté par le monde extraordinaire que l’on découvre. L’ambiance n’est pas comparable à celle des autres pays d’Asie et la seule inquiétude, ce serait de voir évo-luer trop vite les choses et les mœurs, à la manière de la Thaïlande voisine. Le Myan-mar perdrait alors son âme et son indicible charme.

Des tonnes D’or et De DiamantsYangon (anciennement Rangoon) n’est plus la capitale depuis 2005, c’est Naypyidaw, une ville nouvelle établie au centre du pays

sur le lac inle, les jarDins tanguentDe Mandalay à Amarapura, la « Cité immor-telle » avec ses magnifiques soieries et son pont de bois U Bein (1’200 m de long) sur le lac Taungthaman, en passant par Maha-muni, où gît un gigantesque bouddha en-robé de millions de feuilles d’or, le Myanmar est d’abord un extraordinaire kaléidoscope d’images insolites et foisonnantes, qui cou-pent le souffle et font battre le cœur. Par-fois, les images ressemblent à des mirages, avec des femmes-girafes ou des monta-gnards de l’ethnie Pao surgis, non pas du passé, mais de la jungle voisine. En chemin, on croise des paysans vêtus du « longyi », le pagne traditionnel, tandis que les femmes ont enduit leur visage de « thanakha » une pâte jaune pâle faite d’écorce broyée. L’iti-néraire idéal n’oublie pas non plus Kyaik-tiyo, le célèbre « Rocher d’or », un mono-lithe recouvert de milliers de feuilles d’or et censé tenir au-dessus du vide simplement grâce à quelques cheveux de Bouddha. Bien que recommandé par tous les guides, c’est plus un lieu de pèlerinage majeur pour les bouddhistes que pour les touristes. L’ac-