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TOXICOCINETIQUETOXICOCINETIQUE
J.-P. BONHOUREISAB 2007
Introduction
• Toxicocinétique = étude descriptive et quantitative du devenir des toxiques dans l ’organisme
• Equivaut à la pharmacocinétique, dans le cas des substances médicamenteuses
Introduction
• Etude descriptive : s ’intéresse aux quatre facteurs ADME (Absorption, distribution, métabolisme, excrétion)
• Etude quantitative : description mathématique des phénomènes (Modèles, paramètres divers : clairance, demi-vie, volume de distribution…)
1. Passage au travers des membranes
• Il existe plusieurs mécanismes de passage trans-membranaire :– Deux mécanismes « naturels » : la
diffusion passive et la filtration, régis par des modèles physiques
– Deux mécanismes particuliers : le transport actif et la diffusion facilitée
– L ’endocytose (phagocytose, pinocytose)
1.1. La diffusion passive
• Concerne un très grand nombre de toxiques
• S ’effectue sans consommation d ’énergie
• Dépend du gradient de concentration de part et d ’autre de la membrane
• Dépend de la lipophilie de la substance
1.1. La diffusion passive
• Problème comparable à une partition huile-eau
• A l ’équilibre, on a :
• C0 Ci
• Dans le sens : constante k1
• Dans le sens : constante k2
• C0 = concentration du toxique en phase aqueuse
• Ci = concentration en phase lipidique
1.1. La diffusion passive
• A l ’équilibre, la concentration est constante :
• k1C0 - k2Ci = 0,
• Soit :
• k1/k2 = Ci/C0
• Le rapport k1/k2 est donc une constante Kb, appelée facteur de bioaccumulation
1.1. La diffusion passive
• Kb représente le rapport de la concentration de l ’agent toxique dans la phase lipidique à la concentration du même agent dans la phase aqueuse
• Plus Kb est grand, plus le toxique tend à diffuser (à s ’accumuler) dans l ’organisme.
1.1. La diffusion passive
• D ’après NEELY et al. (1974), il existe une corrélation linéaire entre log Kb et log P, avec P = coefficient de partage du toxique entre l ’octanol et l ’eau :
• log Kb = 0,542 log P + 0,124
• En résumé, plus une substance est lipophile, plus facilement elle diffuse
1.1. La diffusion passive
• Nombreuses observations corroborant cette hypothèse :– Les formes ionisées des toxiques ne
traversent pratiquement pas les membranes
– Les formes non ionisées traversent, elles, beaucoup plus facilement….
1.2. La filtration
• Flux de l ’eau au travers des pores membranaires peut autoriser le passage de toxiques
• Pour la plupart des cellules, le diamètre des pores est voisin de 4 nm : seuls les toxiques hydrosolubles de masse molaire faible (100-200) peuvent passer
1.2. La filtration
• Cas particulier des glomérules, dont les membranes ont des pores plus larges (environ 70 nm) : passage possible de molécules de PM < celui de l ’albumine (soit environ 60.000)
• Membranes capillaires : pores assez larges pour autoriser l ’équilibrage des concentrations en grosses molécules
1.3. Le transport actif
• Implique l ’existence d ’un transporteur macromoléculaire situé d ’un côté de la membrane
• S ’effectue contre un gradient de concentration :
• Spécifique à un toxique, ou un groupe de toxiques apparentés (possibilité, alors, d ’inhibition compétitive)
1.3. Le transport actif
• Processus saturable• Processus énergétiquement
dépendant : éventuellement inhibé par des toxiques interférant avec le métabolisme cellulaire
• Rôle important dans l ’élimination des xénobiotiques
1.3. Le transport actif
Toxique
Transporteur
Membrane
1.4. Diffusion facilitée
• Processus similaire au transport actif, mais qui ne s ’effectue pas contre un gradient de concentration : ne nécessite pas d ’énergie
• N ’est donc pas bloqué par les toxiques interférant avec le métabolisme cellulaire
1.5. Endocytose
• Concerne l ’absorption des particules :
• Solides : on parle alors de phagocytose
• Liquides : on parle alors de pinocytose
• Processus de grande importance au niveau des alvéoles pulmonaires
2. Voies de pénétration des xénobiotiques
• Principales voies d ’entrée des toxiques dans l ’organisme :– orale– pulmonaire– cutanée– oculaire– parentérale (surtout
expérimentale)
2.1. Voie orale
• La plus fréquente pour les toxiques :– aliments contaminés– accidents domestiques– tentatives de suicide et
empoisonnements criminels
• Absorption possible sur toute la longueur du tube digestif
2.1. Voie orale
• Deux sites principaux de résorption :– L ’estomac, de faible surface de
contact, et de pH franchement acide (1 - 2)
– L ’intestin, de très grande surface de contact, fortement irrigué par le sang, « riche » en transporteurs actifs, de pH neutre (6 - 8)
2.1. Voie orale
• Absorption souvent très dépendante de la lipophilie et/ou de l ’ionisation de la molécule considérée
• Transport actif pour certains toxiques : exemple des métaux lourds (Tl, Co, Mn, Pb…)
• Pinocytose parfois dans l ’intestin (colorants azoïques, polystyrène…)
2.2. Voie pulmonaire
• Souvent « négligée », mais pourtant très importante
• Surface alvéolaire considérable, débit sanguin élevé, échanges air alvéolaire / sang particulièrement intenses
• Permet l ’absorption des gaz (CO, NOx, SO2, O3, gaz de combat…)
2.2. Voie pulmonaire
• Absorption également des vapeurs de produits volatils (solvants…), des aérosols et des particules en suspension dans l ’air.
• Rétention de certains gaz par le mucus nasal (formaldéhyde, par exemple)
2.2. Voie pulmonaire
• Résorption au niveau pulmonaire de mécanisme différent de la résorption intestinale
• Espèces gazeuses non ionisées + épithélium alvéolaire très fin = diffusion très rapide de l ’espace alvéolaire vers le sang
2.2. Voie pulmonaire
• Gaz dissous dans le sang : équilibre air alvéolaire / sang atteint (exemple de la détection de l ’alcool par analyse de l ’air expiré)
• Absorption des particules = fonction de leur taille
• Les plus grosses sont déposées sur la muqueuse nasale : élimination, ou absorption dans le tractus digestif
2.2. Voie pulmonaire
• Les plus grosses sont déposées sur la muqueuse nasale : élimination, ou absorption dans le tractus digestif
• Les « moyennes » peuvent déposer dans la trachée, les bronches, les bronchioles… : remontées par mécanismes mucociliaires, puis éliminées par la toux ou réingérées
2.2. Voie pulmonaire
• Possibilité, également, de phagocytose par les macrophages, avec absorption par les voies lymphatiques
• Plus petites peuvent diffuser à travers l ’épithélium pulmonaire et passer dans le sang, si elles sont hydrosolubles et de MM < 10.000
2.3. Voie cutanée
• Peau = bonne barrière physiologique, relativement imperméable (C ’est sa fonction primaire…)
• Sensible toutefois aux agressions• Résorption de certains toxiques (gaz
de combat, CCl4, insecticides…) suffisante pour entraîner des effets systémiques
2.3. Voie cutanée
• Absorption rapide au niveau des follicules pileux, des glandes sudoripares ou sébacées, le plus souvent peu importante
• Première barrière = épiderme (surtout couche cornée) : traversée difficile, mais diffusion possible de toxiques liposolubles (solvants, par ex.)
2.3. Voie cutanée
• Derme beaucoup moins sélectif, plus facilement franchissable
• Perméabilité modifiée par :– Sueur et humidité– Dermatoses– Lésions de la couche cornée…
• Muqueuses très perméables (nez…)
2.4. Voie oculaire
• Marginale : concerne les projections dans l ’œil, ou la survenue d ’une irritation due à l ’action d ’un toxique au niveau de la muqueuse.
3. Distribution des toxiques
• Dépend de :– La liaison du toxique aux protéines
plasmatiques– l ’affinité du toxique pour les protéines
tissulaires– du débit sanguin de l ’organe concerné– des « barrières » naturelles de
l ’organisme
3.1. Liaison aux protéines plasmatiques• Essentiellement avec l ’albumine• Possible avec l ’alpha-1
glycoprotéine acide et la globuline• Xénobiotique non disponible
immédiatement pour le transfert vers l ’espace extravasculaire : rôle de transport et de stockage
3.1. Liaison aux protéines plasmatiques• Liaisons formées réversibles : le
toxique peut être libéré pour traverser la parois des vaisseaux et exercer ses effets
• Risques de compétition au niveau des liaisons protéiques : exemple des sulfamides anti-infectieuses / sulfamides anti-diabétiques - risque de coma hypoglycémique
3.2. Affinité pour les protéines tissulaires
• A l ’origine de la fixation préférentielle dans certains organes
• Le foie et le rein sont les meilleurs « fixateurs » : à cause de leurs fonctions métaboliques– fixation à court terme du plomb dans le
foie– rôle de protéines spécialisées
(métallothionéine)...
3.2. Affinité pour les protéines tissulaires
• Graisses accumulant les substances lipophiles (insecticides organochlorés…)
• Relargage possible dans les périodes de jeûne, d ’amaigrissement
• Poumon pour le paraquat (herbicide)• Tissu osseux pour le fluor, le plomb, le
strontium…(par analogie de taille, ou de propriétés)
3.3. Rôle du débit sanguin
• Organes très vascularisés fixent plus aisément que ceux à faible vascularisation
• Le foie et le rein sont les plus concernés
3.4. « Barrières » de l ’organisme
• Barrière hémato-encéphalique au niveau de la paroi capillaire : cellules de l ’endothélium assez jointives pour s ’opposer au transfert des toxiques liés à des protéines vers le cerveau
• Liposolubilité conditionne la pénétration vers le cerveau : exemple de mercure organique / minéral
3.4. « Barrières » de l ’organisme
• Barrière hémato-placentaire s ’oppose au passage des toxiques de la mère vers le fœtus
• Efficacité contrastée selon les toxiques (médicaments, nicotine…)
4. Métabolisme des xénobiotiques
• Toxicité directe, sans transformation, assez rare
• Mécanisme « normal » de défense de l ’organisme à l ’égard d ’un constituant étranger
• Mise en œuvre de processus biochimiques
4. Métabolisme des xénobiotiques
• Tendance générale à rendre les toxiques plus polaires (hydrophiles) pour faciliter leur excrétion par le rein
• Produits de transformation = métabolites
• Transformations non univoques : plusieurs mécanismes possibles pour un même produit
4. Métabolisme des xénobiotiques
• Enzymes principalement présentes dans le foie, les poumons, l ’estomac, l ’intestin, la peau, les reins
• Foie = point de passage obligé après résorption intestinale
• Normalement, biotransformations tendant à détoxifier, mais nombreuses exceptions : bioactivation
4. Métabolisme des xénobiotiques
• Deux types fondamentaux impliqués :• réactions de phase I, réactions de
dégradation :– Oxydation, réduction, hydrolyse
• réactions de phase II, réactions de conjugaison :– Destinées à accroître la solubilité des
métabolites
4.1. Réactions de dégradation (phase I)
• 4.1.1. OXYDATIONS• Plus important mécanisme de
transformation• Sous l ’action de systèmes
enzymatiques• Plus connu = mono-oxygénases
liées au cytochrome P-450
4.1.1. OXYDATIONS
• Cytochrome P-450 = hémoprotéine existant sous de nombreuses isoformes
• + NADPH-cytochrome P-450 réductase• + Phospholipide (phosphatidylcholine ou
lécithine)– Mono-oxygénases situées dans le réticulum
endoplasmique de la cellule (système canaliculaire distribué dans le cytoplasme)
4.1.1. OXYDATIONS
• Le réticulum se divise, au broyage, en vésicules, d ’où le nom d ’oxydation microsomale
• Autres oxydations possibles via les oxydoréductases des mitochondries, ou dans le surnageant (cytosol) obtenu par centrifugation à 105 000 g des homogénats tissulaires : oxydations non microsomales
4.1.1.a. Oxydations microsomales
• Oxydations aliphatiques : Oxydations du carbone situé en / -1
• Oxydations aromatiques : Hydroxylation directe ou passage via époxyde
• Epoxydation des alcènes : formation d ’époxydes potentiellement plus toxiques
4.1.1.a. Oxydations microsomales
• O - désalkylations : – Ether alcool ( passage codéine -
morphine)
• N- et S-désalkylations• Désamination oxydative
– Amphétamine - méthyl-benzylcétone
• N-oxydation
4.1.1.a. Oxydations microsomales
• N-hydroxylation (éventuellement préliminaire à la N-désalkylation)
• N-hydroxylation – (aniline - phénylhydroxylamine)
• Sulfoxydation• Désulfuration oxydative (S
remplacé par O, exemple du parathion-paraoxon)
4.1.1.a. Oxydations microsomales
• Déshalogénation oxydative– Chloroforme - phosgène
4.1.1.b. Oxydations non microsomales
• Oxydation des amines par les amines oxydases : transformation des amines en aldéhydes
• Déshydrogénation des alcools et aldéhydes : éthanol conduisant à l ’acide acétique
4.1.2. Réductions
• Peuvent impliquer des enzymes microsomales
• réduction des nitrés aromatiques• réduction des azoïques en amines
4.1.3. Hydrolyses
• Sous l ’effet d ’estérases et d ’amidases
• Nombreux exemples :– Acide acétyl-salicylique – héroïne hydrolysée en morphine– cocaïne en ecgonine...
4.2. Réactions de conjugaison (phase II)
• Visent à produire des dérivés hydrosolubles, par combinaison d ’un métabolite avec une « queue » polaire
• Concernent autant les xénobiotiques eux-mêmes que leurs métabolites
4.2.1. Glucuronoconjugaison
• Conjugaison avec l ’acide glucuronique (produit d ’oxydation du glucose)
• Sous la dépendance d ’enzymes : UDP-glucuronosyltransférases, localisées dans le réticulum endoplasmique du foie (surtout), accessoirement dans le rein, la peau et l ’intestin
4.2.1. Glucuronoconjugaison
• Concerne :– alcools aliphatiques ou aromatiques– phénols– acides carboxyliques– composés soufrés– amines
• Donne naissance à des glucuronides
4.2.1. Glucuronoconjugaison
• Si la masse molaire du conjugué est < 250, l ’excrétion a lieu par la voie urinaire
• Si MM > 350, le glucuronide est excrété dans la bile : hydrolyse possible par les glucuronidases, traversée de la barrière intestinale et retour au foie (cycle entérohépatique)
4.2.2. Sulfoconjugaison
• Catalysée par les sulfotransférases• Location cytoplasmique, surtout
dans le foie (reins, intestin poumon secondaires)
• Coenzyme = 3-phospho-adénosine-5 ’-phosphosulfate (PAPS), donneur de sulfate
4.2.2. Sulfoconjugaison
• Se forment avec les phénols, alcools, amines aromatiques…
• R-OH + PAPS PAP + R-O-Sulfate• Phénols : sulfoconjugaison >
glucuronoconjugaison à faible dose (inverse à forte dose)
4.2.3. Méthylation
• Par le biais de méthyltransférases, coenzyme = S-adénosylméthionine (SAM)
• Sur hétérocycles azotés : pyridine, quinoléine (N-méthylation), quelques phénols (O-méthylation)
• N ’augmente pas nécessairement l ’hydrosolubilité
4.2.4. Acétylation
• Sous la dépendance de N-acétyltransférases (NAT), coenzyme = acétyl-coenzyme A (Acétyl-CoA)
• Dans le cytoplasme du foie, également dans l ’intestin et les poumons
• Transfert d ’un groupement acétyl :
• - CO - CH3
4.2.4. Acétylation
• Concerne :– amines aromatiques primaires– certaines amines aliphatiques primaires– des hydrazines, hydrazides, des
sulfonamides…
• Mécanisme :• NAT + Acétyl-CoA Acétyl-NAT + CoA
• Acétyl-NAT + X X acétylé + NAT
4.2.4. Acétylation
• Grosses variations de performances dans l ’espèce humaine : il existe des acétyleurs lents et des acétyleurs rapides (en f(facteurs raciaux), notamment
• Acétyleurs lents plus sensibles aux effets cancérogènes des amines aromatiques
4.2.4. Acétylation
• Métabolites acétylés éliminés par excrétion rénale
• Sont parfois moins hydrosolubles que le produit d ’origine (sulfonamides, par ex.)
• Risque accru de précipitation et de lésion au niveau du rein
4.2.5. Conjugaison à des amino-acides
• Le groupement carboxylique d ’un xénobiotique se conjugue avec le groupement aminé d ’un amino-acide : glycine (glycocolle) ou glutamine, ce qui conduit à une amide :
• R-COOH + NH2-CH2-COOH
• R-CO-NH-CH2-COOH + H2O
• Exemple : acide benzoïque C6H5COOH
4.2.6. Conjugaison au glutathion
• Cofacteur = glutathion (GSH), tripeptide• Catalyse : glutathion-S-transférases• Avec époxydes, aromatiques halogénés,
certains aliphatiques insaturés.• Conjugués éliminés par voie biliaire• Parfois transformés en dérivés N-
acétylcystéine (acides mercapturiques), éliminés dans l ’urine.
4.3. Complexité des biotransformations
• Plusieurs types de biotransformations possibles pour un même xénobiotique : plusieurs voies métaboliques, donc
• Importance relative des voies dépendant de facteurs physico-chimiques, physiologiques, environnementaux….
4.3. Complexité des biotransformations
• Nombre des métabolites parfois élevé pour un même xénobiotique
• Différences inter-individuelles fréquentes en matière d ’équipement enzymatique
• Métabolites formés moins actifs que la substance d ’origine (détoxification), ou plus actifs ou toxiques (toxification, bioactivation)
4.3. Complexité des biotransformations
• Métabolites formés moins actifs que la substance d ’origine (détoxification), ou plus actifs ou toxiques (toxification, bioactivation)
• Xénobiotique peut être transformé en métabolite stable dans un organe, puis transporté dans un autre organe pour y être à nouveau transformé.
5. Elimination des xénobiotiques
• 5.1. Elimination rénale• Basée sur les processus
physiologiques utilisés pour l ’excrétion des substances endogènes :
• Filtration glomérulaire• Sécrétion tubulaire (éventuellement
limitée par la réabsorption)
5.1.1. Filtration glomérulaire
• Diamètre des pores des capillaires du glomérule assez large (70 nm) pour permettre le passage de molécules de MM < 60.000
• Seules les formes libres passent, celles liées aux protéines plasmatiques ne passent pas
5.1.1. Filtration glomérulaire
• Après filtration dans le tubule, les composés polaires et hydrosolubles sont excrétés dans l ’urine
5.1.2. Réabsorption tubulaire
• Des composés assez liposolubles, et à caractère acide peuvent se trouver sous forme non-ionisée dans les tubules rénaux (pH acide de l ’urine)
• Réabsorption partielle, alors, après la filtration glomérulaire
5.1.2. Réabsorption tubulaire
• Exemple bien connu des barbituriques, qui sont des molécules à caractère acide
• On « alcalinise » alors les urines, pour augmenter l ’excrétion rénale
5.1.3. Sécrétion tubulaire
• Possibilité d ’excrétion dans l ’urine par diffusion passive à travers les tubules
• pH de l ’urine légèrement acide : le mécanisme favorise l ’excrétion des bases organiques faibles
• Dépend du débit urinaire : intérêt de l ’emploi des diurétiques pour certaines intoxications.
5.1.3. Sécrétion tubulaire
• D ’autres toxiques secrétés dans l ’urine par les cellules des tubules proximaux
• Mécanisme de sécrétion active, à la différence du précédent
5.1.3. Sécrétion tubulaire
• Ce mécanisme de sécrétion active concerne :– Composés liés réversiblement aux
protéines plasmatiques– Acides organiques (salicylique,
glucuronides, sulfoconjugués)– Bases organiques (quinine,
ammoniums quaternaires…)
5.2. Elimination fécale
• Concerne :• - Les xénobiotiques non absorbés au
niveau des voies digestives • - Les xénobiotiques qui passent dans
la bile et sont déversés dans l’ intestin :– composés inchangés, métabolites et
conjugués non réabsorbés selon le cycle entérohépatique
5.2. Elimination fécale
• Concerne également quelques composés qui passent directement du sang dans la lumière intestinale (comme la digitoxine, l ’ochratoxine A l ’hexachlorobenzène, etc…)
5.3. Elimination pulmonaire
• Concerne les gaz et les liquides très volatils
• Mécanisme de diffusion passive• Elimination inversement
proportionnelle à la vitesse d ’absorption : les composés absorbés rapidement (chloroforme, par exemple) sont éliminés très lentement.
5.3. Elimination pulmonaire
• Les composés très liposolubles, stockés dans le tissu adipeux, peuvent être excrétés par cette voie très longtemps après l ’exposition : exemple des anesthésiques halogénés comme l ’halothane ou le méthoxyflurane (plusieurs semaines après une anesthésie)
5.4. Autres voies d ’élimination
• Salive et sueur : voies mineures, par diffusion passive. Par la salive, très forte réingestion dans le tractus digestif. Par la sueur, risques de dermites au contact de la peau
• Lait : risque de contaminations mère - enfant. Concerne surtout des substances basiques et/ou lipophiles
5.4. Autres voies d ’élimination
• Par les phanères (cheveux, poils, ongles) : plutôt mode de stockage que d ’élimination. Concerne des poisons minéraux thioloprives (arsenic, plomb…), voire certains médicaments cytotoxiques
6. Effets du métabolisme
• Trois effets principaux peuvent être recensés :
• Deux effets antagonistes sur l ’activité des systèmes enzymatiques :– Augmentation : induction enzymatique– Diminution : inhibition enzymatique
• Augmentation des effets toxiques : bioactivation
6.1. Induction enzymatique
• Phénomène constaté lorsqu ’un toxique stimule son propre métabolisme à la suite d ’absorptions répétées
• Apparition corrélative d ’un phénomène de tolérance
• Phénomène très connu, mis en évidence pour de nombreuses substances
6.1. Induction enzymatique
• Les enzymes microsomales très rarement spécifiques : l ’induction enzymatique peut s ’étendre à d ’autres substances que l ’inducteur lui-même
• Il y a alors intensification des biotransformations de ces substances
• Très nombreux exemples (insecticides, médicaments, notamment)
6.2. Inhibition enzymatique
• Effets contraires du cas précédent : les enzymes microsomales sont inhibées, et les mécanismes de biotransformation annulés ou ralentis
• Risque tantôt de diminution des effets (si le métabolisme les active) ou de potentialisation (si le xénobiotique est l ’espèce active)
6.2. Inhibition enzymatique
• Exemples :– Iproniazide (antidépresseur, inhibiteur de
la monoamine-oxydase) : augmente les effets cardiovasculaires de la tyramine des fromages « forts », qui n ’est plus dégradée
– Alcool : (entre autres effets) avec certains anticoagulants, hypoglycémiants, hypnotiques, etc… par inhibition de leur métabolisme
6.3. Bioactivation
• Résultat d ’un métabolisme finalement aléatoire : la détoxification est une conséquence seulement éventuelle du processus conduisant à l ’élimination
• Heureusement, la détoxification est le résultat le plus fréquent, mais une augmentation (ou une évolution) de la toxicité n ’est pas rare
6.3. Bioactivation
• Plusieurs cas possibles :– Métabolite plus actif que la molécule-
mère, avec la même activité– Métabolite doté d ’une activité
déviante – Métabolite plus toxique que la
molécule-mère : phénomène de toxification
6.3.1. Désulfuration
• « Remplacement » d ’un atome de soufre par un atome d ’oxygène dans une molécule
• Exemple très connu du parathion (insecticide) métabolisé en paraoxon, qui inhibe bien plus puissamment les cholinestérases.
6.3.2. Formation d ’époxydes, puis de liaisons
covalentes• Un des mécanismes les plus connus
d ’apparition d ’effets cancérogènes• Découle de la conversion de
molécules aromatiques en époxydes• Epoxydes se combinant facilement
par des liaisons covalentes avec l ’ADN cellulaire : risque de nécroses et de cancers
6.3.2. Formation d ’époxydes, puis de liaisons
covalentes• Nombreux exemples recensés :
– Hydrocarbures aromatiques : benzène, benzo (a) pyrène, certains HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques)
– Aflatoxine B1
– Polychlorobiphényles (PCB)– Trichloréthylène, chlorure de vinyle– Furosémide (Lasilix® = antidépresseur)...
6.3.3. N-hydroxylation
• A l ’origine des effets cancérogènes des dérivés azotés aromatiques
• Les groupements N-hydroxylés évoluent facilement vers des entités électrophiles susceptibles de former aisément des liaisons covalentes avec l ’ADN
• Cas des uréthanes, des amines/nitrés aromatiques, de quelques azoïques...
6.3.3. N-hydroxylation
• Effets « secondaires » des dérivés N-hydroxylés des amines aromatiques : induction de l ’hémolyse et de la méthémoglobinémie (conversion « irréversible » du fer II de l ’hème en fer III, impropre aux échanges d ’oxygène).
6.3.4. Radicaux libres et ions superoxydes
• Le métabolisme réductif de certains xénobiotiques (nitrobenzène, aniline, quinoniques, paraquat…) génère trois structures intermédiaires radicalaires ou promotrices de radicaux :– anion superoxyde O2
-
– peroxyde d ’hydrogène H2O2
– radical hydroxyle OH•
6.3.4. Radicaux libres et ions superoxydes
• Tétrachlorure de carbone CCl4 transformé en radical trichlorométhyle
• Liaison de toutes ces entités extrêmement facile avec les protéines et lipides insaturés : péroxydation des lipides, altération des composants cellulaires
6.3.4. Radicaux libres et ions superoxydes
• Détoxification sous l ’action de diverses enzymes :– catalase (pour H2O2)
– Superoxyde-dismutase (pour O2-)
– Glutathion-peroxydase et réductase– Vitamines C, vitamine E (plus
généralement polyphénols)….
6.3.5. Autres voies de toxification
• Ethanol converti par l ’alcool-déshydrogénase en acétaldéhyde, impliqué dans les manifestations toxiques de l ’alcool
• Thalidomide : effets tératogènes liés à un métabolite carboxylique présent chez le foetus
6.3.5. Autres voies de toxification
• N-glucuronides des N-hydroxyarylamines formés dans le foie, transportés dans l ’urine, où ils s ’hydrolysent : on libère alors des N-hydroxylamines cancérogènes dans la vessie
• Formation de nitrosamines in vivo, aux effets cancérogènes bien connus...
7. Exemple d’approche cinétique
• Exemple de l’intoxication alcoolique
• Modèle monocompartimental, non linéaire
• Absorption = processus d’ordre cinétique 1
• Oxydation (élimination) = processus cinétique d’ordre nul : la quantité éliminée est directement proportionnelle au temps
7. Exemple d’approche cinétique
• Phase intermédiaire de dilution (l’alcool « concentré » se dilue dans le plasma, supposée immédiate après l’absorption
ka
Conc. initiale = aVol. initial = V1
Volume V2
Conc. Init = aV1/V2
kox
7. Exemple d’approche cinétique
• Expérimentalement :– ka = 0,17 mn-1
– kox = 4,35.10-3 mole.l-1.h-1
• L’intégration aboutit à :
• y = aV1/V2(1 – exp(-kat)) – koxt, avec y = conc. alcool au temps t
7. Exemple d’approche cinétique
• Ymax est obtenu au bout de t = 25,3 mn
• (t = 1/ka.ln((ka/kox).aV1/V2))
• Noter que quand t est grand, la loi peut s’écrire, par approximation :
• Y = aV1/V2 – koxt, car 1-exp(-kat) est alors très proche de 1
7. Exemple d’approche cinétique
• Allure du tracé :
t
Csang
Adieu permis, bonjour ennuis !!!
7. Exemple d’approche cinétique
• Attention : valeurs moyennes, pour les constantes, dépendant du contexte et de l’individu…!!!
• Attention, enfin : approche toxicocinétique, mais pas toxicodynamique : les effets varient d’un sujet à l’autre, pour une même concentration sanguine !