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the imaginers journal the extraordinaire benji mowana from congo

The Imaginers Journal #1 - Benji Mowana

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A publication by The Imaginers focused on extraordinaire profiles and uncommon people. Each issue is dedicated to a person we met and we we thought interesting enough to feature it.

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imaginersjournal

the extraordinairebenji mowana from congo

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Molato Na Brazza is a fashion festival taking place in Brazzaville at the French Cultural Center.It features a fashion designing contest featuring stylists from all over Congo and a hair-dressing contest. Benji Mowana was in charge of coaching all the hair-dressers and finalizing the hair styles for the final show.

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the

imaginersjournal

is a publishing project by The Imaginers.

This edition is dedicated to Benji Mowanaan hairdresser living in Khinshasa, Congo.

We met him in Brazzaville .

All photographs by Romain Bernardie-JamesArt direction by Romain Bernardie-James

2011

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BENJI MOWANA, hair stylist, Native of the Democratic Republic of the Congo (RDC). We met Benji in the Republic of the Congo (RPC).He is currently based in Pointe-Noire (RPC).

I got some university education but dropped out after two years. I didn’t know what to do then so I decided to live my dream and became a hair stylist. That was in 2004. I’m now 25.

Mom wasn’t too happy about it. At first she wouldn’t hear of it. I had to explain, tell her that I had been studying economics just to make her happy but didn’t really like it, that it didn’tmean anything to me, that I’d always wanted to be a hair stylist.

It’s in my blood, I have a gift.

Braiding hair, that kind of thing, I know how to do it. That gift, I should be allowed to make use of it, so I told her I just had to.

At first my family was rather doubtful. My aunts would cometo Kin [Kinshasa] and wouldn’t allow me anywhere near theirhair. Too risky, they said. But some time later they saw peoplethey knew, and even people coming from Europe to have medo their hair, and had to admit I was quite good at it. Now I’m the family hairdresser.

Most hairdressers here are not gay. Some straight men do hair too. But I’m gay, I’m not a normal man. You’re normal, and so are you, but we gay people are different. Most hairdressers in the Congo are straight, but in Kinthey’re mostly gay.Ladies would rather have a gay man do their hair. We were also taught how to do men’s hair but it doesn’t pay as much.

As a kid, I never played football or any boy’s game. I was always with the girls. I was the youngest. I didn’t want it that way : God made me that way. Gay friends told me there was an association in Kin that organized meetings and such. But I don’t really want to be a part of this. Our race is a problem race. I don’t like it anymore; I don’t want too many friends like me around me.

In Africa, black people should learn to respect themselves if they want to earn other people’s respect. I do respect myself. If you want other people to respect you, you have to respect yourself. It has something to do with my life, and my race too. My race is downtrodden, humiliated. But if I learn how to respect myself, people will respect me.

BONJOUR BENJI MOWANA

«NOW THEY THINK IT’S NORMAL. WE’RE FINE NOW»

BENJI MOWANA, coiffeur, citoyen du Congo-Kinshasa (RDC) Nous avons rencontré au Congo-Brazzaville (RPC).

Il est aujourd’hui basé à Pointe-Noire (RPC).

Avant, j’étudiais, j’ai fait l’université, jusqu’au deuxième graduat. Puis je me suis dit je sais pas quoi faire, alors, bon je me suis dit

c’est mieux de faire l’esthétique. Et puis bon, depuis, voilà. C’est depuis 2004. Là j’ai 25 ans.

Stopper les études et faire l’esthétique à la place,c’était un peu grave pour maman.

Elle a d’abord refusé.

Et puis je lui ai expliqué. Je lui ai dit bon écoute, moi l’économie, je sais pas pourquoi je fais l’économie. C’est pour te faire plaire, mais moi c’est pas pour moi, moi j’ai mon choix : je préfère faire l’esthé-

tique. Je lui ai dit j’ai ça dans le sang, j’ai un don. Faire des tresses, et tout et tout, je sais faire ça.

J’ai un don et donc faut quand même que je puisse m’en servir,

plutôt que de laisser ça comme ça, alorsj’ai dit bon ça va maintenant, je me lance.

Dans ma famille, au début, ils étaient pas sûrs. Quand bien même mes tantes venaient à Kin [Kinshasa], si je leur disais venez je vais

vous coiffer elles me disaient mais non là toi qu’est-ce qu’il y a, c’est de l’aventure ça.

Je vais pas te donner ma tête à toi, là.

Après, quand elles ont vu des connaissances à elle ou des gens qui venaient de l’Europe se faire coiffer par moi, là elles ont dit, il coiffe

quand même bien, ça va. Alors là je suis coiffeur dans ma famille.

Ici la plupart des coiffeurs sont pas vraiment des gays, il y aussi des hommes normaux qui coiffent. Moi je suis un gay, je suis pas un

homme normal. Toi t’es normal, toi aussi t’es normal. Nous les gays, on est différents. La majorité des coiffeurs congolais sont hétéros, mais à Kin ce sont surtout des gays. Les dames préfèrent les gays.

J’ai aussi appris à coiffer les hommes mais ça paye moins bien.

Dès que j’étais petit, je n’ai jamais joué au foot, jamais joué aux jeux des gars. J’étais toujours avec les filles. J’étais le benjamin.

Je l’ai pas voulu : Dieu m’a fait comme ça.

Des amis gays m’ont dit qu’il y avait à Kin une association qui faisait des réunions et tout. Mais moi j’aime pas trop me mêler à ça. Nous, on est une race qui fait des problèmes. Moi, maintenant, j’aime pas

trop ça, j’aime pas avoir tant d’amis comme ça.

En Afrique, vous savez c’est quoi : nous les Noirs, si on veut être respectés il faut qu’on se respecte nous-mêmes.

Moi je me respecte moi-même. Si tu veux qu’on te respecte, il faut que tu te respectes.

C’est par rapport à ma vie, par rapport à ma race aussi. Avec ma race, on est négligés, on nous insulte trop.

Maintenant, si j’apprends à me respecter, les gens vont me respecter.

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I stay out of trouble. I don’t do drugs. I do drink and smoke, but stay away from Majijuana. I do my job as a hairdresser, that’s all. I’d like to go to Paris, be a hairdresser, and I’d also like to learn about hotel management, the bakery trade, do a bit of everything.

People in my neighborhood in Kin don’t tell me anything because they know me. But in more remote areas people wonder who I might be. They sometimes ask : is he a star? A celebrity of some kind?

Others think I might be a musician or whatnot. Some people, sportsmen or thugs, can be menacing. They probably wouldn’t attack me but they try to steal things from me.They provoke me : I might be getting something to drink,and some guy would just come up to me, take my drink and leave. They also try to squeeze money out of me, because they think I have a lot. They tell me they’re hungry and need the money to eat.

That’s why my friends and I, we camouflage ourselves. I like to remain inconspicuous. My mother knows about it and gives me advice. We’re like friends. I never hide anything from her. Things used to be a bit complicated with my brothers. But they understood eventually. They’ve been to Europe and saw what it’s like there. Now they think it’s normal. We’re fine now.

I’d like to say that being gay doesn’t mean you’re an evil doer, that people abuse you. We’re human beings, it’s our race. We’re not coerced into becoming gay: we were just born that way. We’re just like every one else, people should understand that.

Dans les bêtises, tu vas pas me trouver. Là où il y a des bêtises, je suis pas là. Je prends pas de drogues.

Je bois et je fume, mais je prends pas de marijuana.Je fais mon travail de coiffeur, c’est tout.

Je voudrais aller à Paris travailler à la coiffure, et puis faut que j’aille faire aussi l’hôtellerie, boulangerie-pâtisserie, essayer de mélanger.

Dans mon quartier, à Kin, quand je me promène, les gens ne me disent rien parce que je suis connu, ils me respectent.

Par contre si je vais dans des milieux reculés, il y a des gens qui s’étonnent, qui se disent oh voilà, lala, c’est qui ça, il est qui lui ?

Y a des autres qui disent : il est star ? il est vedette ?

D’autres pensent que je suis musicien, ou je sais pas quoi.

Y a des endroits avec des gens, des sportifs, des voyous, où si tu te pointes, si tu y vas, tu seras un peu menacé.

Pas menacé du genre vraiment on va t’agresser, mais juste on va cher-cher peut-être à soutirer quelque chose sur toi. On te provoque, par

exemple peut-être tu achètes la boisson, un gars vient viennent, la prend et il part. C’est juste pour chercher aussi peut-être que tu leur donnes de

l’argent. Pour eux, ils trouvent que nous on gagne plus de l’argent. Eux, c’est ça : nous on a toujours l’argent. Ils disent qu’ils ont faim, ils nous

voient et ils pensent qu’il faut qu’on leur donne l’argent.

Avec mes copains, dans la rue on se camoufle. J’aime la discrétion. Ma mère est au courant. Elle me conseille. On est comme des amis.

Je cache rien à ma maman. Avec mes frères, avant c’était un peu dur. Et puis avec les années ils ont compris. Ils sont allés en Europe, et ils ont

vu, maintenant ils trouvent ça normal. Tout le monde va bien.

Bon, ce que je dirais, c’est être gay, ça veut pas dire forcément être un sorcier, que les gens te maltraitent. On est des humains, c’est notre race : qu’ils essayent de nous comprendre, on est pas forcés de l’être, on est nés

comme ça. Nous sommes comme eux, qu’ils nous comprennent.

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THANK YOU

Les Siestes ElectroniquesLe Centre Culturel Français de Brazzaville

Etienne MenuFool House records

Canal +Le festival Molato na Brazza

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