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Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

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L'héritage du

Machaultune collection d'artefacts du XVIIIe siècle

Catherine Sullivan

f:tudes en archéologie architecture et histoire

Direction des lieux et des parcs historiquesnationauxParcs Canada Envirotuu-meut Canada

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©Ministre des Approvisionnements et ServicesCanada 1986.

En vente au Canada par l'entremise de nosagents libraires agréés et autres librairies, oupar la poste au Centre d'édition du gouverne­ment du Canada, Approvisionnements et Ser­vices Canada, Hull, Québec, Canada KIA OS9.

This issue is available in English as Legacy ofthe Machault: A Collection of 18th.centuryArtifacts (catalogue no. R61-2/9-31E) in Ca­nada through authorized bookstore agentsand other bookstores, or by mail from theCanadian Government Publishing Centre,Supply and Services Canada, Hull, Quebec,Canada KIA OS9.

Prix Canada: 9,50 $Prix à l'étranger: 11,40 $Prix sujet à changement sans préavis.

N° de catalogue: R61-2/9-31FISBN: 0-660-91715-7ISSN: 0821-1035

Publié avec l'autorisation du ministre de l' En­vironnement, Ottawa, 1986.

Traduction: Secrétariat d'ÉtatRévision: Louis D. RichardConception: James Miller et Werner Wicke

Les opinions exprimées dans le présent ou­vrage sont celles de l'auteur et ne sont pasnécessairement partagées par EnvironnementCanada.

Photo de la couverture: Rock ChanPhotos du frontispice: David L. Arnold,© National Geographic Society

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Table des matières

,J . . . . . . . . . . . . . . . .. Avant-propos7 . . . . . . . . . . . . . . . . .. Introduction9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. Le navire

13 . . . . . . .. La manoeuvre du navire27 . . . . . . . . . . . . . . . . .. Le commerce:~3 . . . . . . . . . . . . . . . . . .. L'armement45 . . . . . . . . . .. Outils et équipement55 . . . . . . . . .. Nourriture et boisson75 . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. Vêtements8:) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. Divers95 . . . . . . .. Illustrations en couleurs

105 '. Bibliographie

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Le port de Bordeaux(aoec la permission ril' SIl'jJ/œll H,Davis)

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La recherche relative aux artefactsdu Machault est l'oeuvre d'une équipede chercheurs en culture matérielle deParcs Canada. S'étendant sur de nom­breuses années, elle a été pour cet orga­nisme l'une de ses premières expérien­ces visant à établir la relation entre desobjets d'usage domestique et militaire,et un site aquatique.

La documentation historique con­cernant ce navire n'avait préparé per­sonne à la découverte de telles quantitésd'objets presque semblables. On a doncdû se poser les questions suivantes.Quels étaient ceux que la France avaitfournis pour sauver la colonie? Quelsétaient ceux que transportaient à bordles soldats, marins, officiers de marineet de l'armée de terre, pour répondre àleurs exigences personnelles en matièrede confort au cours de la traversée?Pouvait-on dire que certains artefactsde nature clairement domestique fai­saient partie de l'équipement du na­vire? Quelle était la proportion d'objetsréglementaires dans les possessions del'équipage? Comment un bâtimentfrançais avait-il pu charger à Bordeauxde la marchandise fabriquée en Angle­terre, alors que les deux pays étaient enguerre? D'autre part, le site du Machaultn'était pas resté intact. En effet, contrai­rement aux sites terrestres où lescouches d'occupation se déposent habi­tuellement de façon successive, les ma­tériaux tombant postérieurement surl'épave furent soumis aux mêmes forcesque les matériaux du XVIIIe siècle et se

Avant-proposrépartirent de façon identique à cesderniers. Ce mélange de matériaux futla cause de diverses controverses sur ladate d'apparition de méthodes de fabri­cation données ainsi que sur la prove­nance de certains objets.

La présente brochure montre unepartie des artefacts trouvés sur leMachault. On les a choisis parce qu'ils'agit d'objets typiques ou d'un carac­tère insolite. Il aurait été impossible derédiger cette brochure sans les rensei­gnements généreusement commu­niqués par nos collègues, Charles Brad­ley, Douglas Bryce, Stephen Davis,Gérard Cusset, Virginia Myles, RonWhate, Eileen Woodhead et WalterZacharchuk; ils nous ont fourni le ma­tériel de recherche résumé dans lespages qui suivent et nous ont grande­ment encouragée dans notre travail derédaction.

Les photos ont été prises par RockChan, sauf celles des pages 14, 28 et 47(extrême droite) qui sont de GeorgeVandervlugt. Dorothy Kappler Larsen(p. 15, 34, 35, 73, 88), Susan Laurie­Bourque (p. 25, 28, 36, 59, 64, 82), Ca­rol Piper (p. 14, 18, 41), Ron Whate(p. 72) et Derek Ford (p. 19) ont dessinéles objets en ne se basant parfois que surdes petits morceaux d'artefacts uniquesen leur genre.

Le nettoyage des dépôts divers re­couvrant les surfaces délicates, la récu­pération de minuscules artefacts dansdes concrétions amorphes importantes,les conseils sur la manutention et la pré-

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sentation des objets, ainsi que la préser­vation et la stabilisation des lourdescomposantes de la coque ont exigébeaucoup d'imagination, de persévé­rance et de travail de la part de la divi­sion de la conservation de Parcs Canadaà Ottawa. Plusieurs membres del'équipe méritent des remerciements.notamment Lorne Murdock, Thomas

Daley, Robert Marion et Victoria Jens­sen dont les efforts ont été particulière­ment remarqués.

A Walter Zacharchuk qui a assuréla direction archéologique du recouvre­ment du Machault, nous offrons nos re­merciements pour son aide dans larédaction de la présente brochure.

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A l'automne 1759, alors que laguerre de Sept Ans fait rage en Europe,l'avenir des possessions françaises duCanada est compromis. Pensant pou­voir expulser les Anglais de la colonie etde la ville de Québec qui avait été priseau mois de septembre, le gouverneurde la Nouvelle-France expédie au roides demandes pressantes d'envoi detroupes, de munitions et de provisionspour rallier ses concitoyens et repren­dre la capitale. En avril 1760, une petiteescadre part de Bordeaux pour le Ca­nada. Arrivés dans le golfe Saint-Lau­rent, les Français apprennent qu'une

Introduction

oo IOOllllllnl ,

escadre anglaise les a précédés sur lefleuve et protège la ville. Ils jettent alorsl'ancre dans la baie des Chaleurs prèsde la mission de Ristigouche, car ils ontbesoin d'accoster pour cuire le pain ets'approvisionner en eau potable. Parvoie de terre, ils envoient des messagersà Montréal demander au gouverneurses instructions.

Pendant ce temps, ils débarquentdes provisions et des vêtements destinésà leurs alliés micmacs et aux réfugiésacadiens de Ristigouche. Ils installentaussi des batteries côtières de défense etsont rejoints par d'autres loyaux sujets

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du roi de France. Fin juin, une puis­sante escadre anglaise les découvre etles défait au cours de la bataille quis'ensuit.

Parcs Canada a dégagé le Machault,vaisseau de commandement de la petiteescadre française, deux siècles aprèsqu'il ait été coulé. La quantité de maté­riel retrouvée a été énorme et inatten­due. En effet, on s'attendait à découvrirles vestiges de l'approvisionnementdestiné à la colonie et guère plus. Tou­tefois, après étude des artefacts, leschercheurs pensent que les Françaisavaient débarqué du Machault la plu­part des provisions de bouche, des mu­nitions, des outils et des autres fourni­tures envoyées par la France poursoutenir la cause du Canada, ainsi quela majeure partie des possessions per­sonnelles des marins, soldats et offi­ciers, tout comme une vaste proportiond'objets servant à la vie quotidienne.Parmi le matériel restant à bord, setrouvaient l'armement du Machault, lesobjets perdus, cassés ou mis aux rebuts,les pièces de rechange ainsi que les ou­tils et la vaisselle de ceux qui restèrentsur le navire jusqu'au dernier momentet finalement, en quantité inattendue,une cargaison d'objets que les Françaisne pouvaient utiliser dans le campterrestre ou qui a ppartenaient à desparticuliers. La majeure partie de cettecargaison était de la marchandise pri­vée consistant surtout en des articles detable, qui, pour la plupart, semblaient

Introduction

avoir été rassemblés à la hâte à Bor­deaux et chargés au fond de la cale duMachault.

Dans les pages qui suivent, les arte­facts du Machault illustreront plusieursaspects des voyages et des moyens dedéfense sur mer, ainsi que diverses acti­vités de la vie quotidienne au XVIIIesiècle. Certains ont uniquement trait àla mer et d'autres rappellent des objetsretrouvés dans des sites terrestres enrapport avec le régime français au Ca­nada ou dans des natures mortes fran­çaises du XVIIIe siècle. Plusieurs ce­pendant, se retrouvent peu souventdans des sites terrestres, même si l'onsait qu'ils servaient couramment àl'époque. Ils démontrent qu'au XVIIIesiècle, les Canadiens qui pouvaient se lepermettre, recevaient des biens de con­sommation du monde entier. Ils confir­ment également la cupidité de certainsfonctionnaires qui utilisèrent l'argentde l'état à des fins personnelles au coursdes dernières années du régime fran­çais au Canada. En effet, la cargaison debiens de consommation faisait routeaux frais du roi, vers une colonie meur­trie par des années de guerre.

Cependant, le désastre dont a étévictime le Machault nous permet de pré­senter aujourd'hui une collection à lafois riche et diverse de biens matérielsprovenant de l'un des derniers envoisde la France à sa colonie nord­américaine.

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Le navire

Une fd'WJlI' en panne, dérivantlentement sous If uent. (DanielLescallier, Traité pratique dugréement des vaisseaux et au­tres bât.ime nr s de mer . . .[Paris, Clousier, 1791J, 1)/. N)

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Le navire

Frégate du XVIIIe siècle, arméede 26 canons (Daniel Lescallier,Traité pratique du gréementdes vaisseaux et autres bâti­ments de mer... [Paris, Clou­sier; 1791], pl. 18)

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La frégate Machault a été lancée àBayonne en 1758 pour faire la guerrede course. Elle a été ensuite réarméepour servir de bâtiment de convoi. Sesplans ne nous sont pas parvenus et seu­les certaines parties du navire subsis­tent. Il existe une controverse sur sontonnage estimé entre 500 et 550 ton­neaux et sur le nombre de ses canons.Quoi qu'il en soit, le Machault ressem­blait au navire illustré ici. La reconstruc­tion de sa section centrale permet depenser que le bâtiment mesurait 34 mè­tres de long à la quille, 39 à 41 mètres de

Le navire

long au pont principal, Il mètres delarge à l'intérieur de la coque et 5,5mètres de hauteur du fond de la cale aupont. Sous le pont principal semblaitexister un pont inférieur situé sur l'ar­rière et sans doute un faux pont situésur l'avant. Les membrures du Muchaultainsi que les planchers et bordés inté­rieurs et extérieurs étaient en chênerouge. Le bordé extérieur mesurait enmoyenne 9 centimètres d'épaisseur en­tre le pont principal et la ligne de flot­taison afin de renforcer la coque et de laprotéger contre les boulets ennemis.

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La manoeuvre du navire

Pas-Caert van Terra Nova...,Amsterdam, [1670-1705](A rchioes publiques Canada,Collection nationale de cartes etplans, NMC 249(7)

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Les manoeuvres dormantes

Sur les voiliers, les manoeuvresdormantes - étais et haubans - sou­tiennent les mâts en position verticale.Les étais sont de gros filins tendus àl'avant de chaque mât. Les haubanssont des ensembles de filins disposés ensections verticales qui assujettissent lesmâts par le travers. Les haubans supé­rieurs sont attachés par des caps demouton et des rides aux cornières cin-

trées qui relient un ensemble de hau­bans à un autre, situé plus bas, parl'intermédiaire de plates-formes de boisfixées aux mâts. Les ensembles de hau­bans inférieurs sont reliés par des capsde mouton et des rides à de grosseschaînes ancrées dans la coque du na­vire. Pour raidir les haubans, on tendles rides passant entre les paires de capsde mouton.

Cornière cintrée amarrée il uncaf) de mouton

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Les manoeuvres dormantes

Ce cal) de mouton en orme (lI1l(J/Té

ri une chaîne de fer ancrait unhauban ri la coque; CI' haubanmesurait 21 mètres de long

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Une poulie simple contient un ouplusieurs réas mobiles (roues à gorge)pivotant sur des axes à l'intérieur d'unecaisse de bois monocoque. Utiliséespresque de la même façon que les pa­lans d'aujourd'hui pour déplacer desobjets lourds, pour manoeuvrer les voi­les, le gréement et les canons, des cen­taines de poulies mobiles formantpalans permettaient de faire fonction­ner le Machault. La plupart des caisses

Une poulie simple à réa uniquevue sous deux angles (modèle leplus courant sur le Machault)

Les pouliesont des rainures gougées à la partie in­férieure et sur les côtés pour recevoirles estropes de cordage assurant leuramarrage. Les poulies simples utiliséesdans les palans de guinderesse étaiententourées de solides estropes en ferayant un croc permettant d'ancrer lapoulie à un chouquet. Les palans deguinderesse servaient à monter ou àdescendre les sections su périeures de lamâture.

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Les poulies

Poulie double Poulie à réa unique d'un palan def{uinderesse accompagnêe de sonestrope defer et de SOI/ croc

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Les poulies simples avaient desfonctions précises. La poulie plate étaitamarrée des deux côtés à un mât supé­rieur et servait à la manoeuvre d'unevoile d'étai auxiliaire. La pomme dumât qui comprenait à l'origine deuxréas, entourait un mât supérieur. Dansses deux réas passaient les drisses designaux permettant de monter oud'abaisser les pavillons servant à com­muniquer entre les navires ou avec laterre. Le moufle allongé à caisse mono-

Les pouliescoque comprenant deux réas de diffe­rente grandeur est plus plat que lespoulies doubles ordinaires, permettantainsi de réduire les risques d'emmêle­ment des filins. Les moufles allongésservaient surtout à la manoeuvre de lavoilure et au déplacement de la cargai­son. Les oreilles d'âne sont de gros ta­quets fixes placés sur les lisses ouautour du grand mât pour assurer ouamarrer des cordages de gros diamètre.

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Pomme de mât à deux réas

Fragment de pomme de mât sévè­rement brûlée

Poulie plate

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Poulie à oreilles d'âne, 59,9 cmde longueur

Poulie allongée, parfèJis appeléeviolon, assemblée pourformer unmoufle

Les poulies

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Sur les navires, les taquets serventsurtout de points de tournage pour at­tacher les cordages ou comme points depassage pour empêcher ces derniers des'emmêler et leur donner la directionvoulue. Toutefois, le taquet d'arrêttriangulaire faisait probablement partied'une série clouée autour d'un mât oud'un beaupré pour retenir des rouleauxde cordage. Les quatre taquets de pontétaient sans doute boulonnés au pont etservaient de points de passage à des

Les taquets

filins. Le taquet de pont métallique au­rait pu cependant être utilisé pouramarrer des cordages. La base creusedu taquet de hauban fait d'une seulepièce s'emboîte sur ce dernier auquel ilest d'ailleurs attaché, servant de pointde tournage aux cordages de la voilure.Le taquet d'amure pouvait être fixé ho­rizontalement ou verticalement à unmât, à un pont ou à une vergue pourservir de point de tournage.

Taquet métallique de pont

Trois taquets de pont en bois

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Taquet d'arrêt en bois

Taquet d'amure en bois

Les taquets

Taquet de hauban en bois

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Pour déterminer sa route en pleinemer, sans l'aide de repères côtiers, lenavigateur du XVIIIe siècle se fiait àdivers instruments et à des cartes. Tou­tefois, en 1760, la navigation n'était pasencore une science exacte. Le naviga­teur calculait la latitude en mesurantl'angle entre l'horizon et un point duciel, puis traduisait le résultat en degrésde latitude. D'après ces relèvements etles notations soigneuses de cap et devitesse, il calculait la position du navire

La navigation

et la distance parcourue de façon aussiprécise que son équipement et le déga­gement du ciel le permettaient.

Parmi les instruments de naviga­tion retrouvés sur le Machault figurentdes pièces d'un quartier de Davis (ser­vant à mesurer l'angle entre l'horizon etle soleil par visée indirecte), une pairede compas à pointes, probablement unboîtier de rose des vents, un crayond'ardoise et un morceau d'ardoise.

Boîtier circulaire en bois tourné,appartenant peut-être à une rosedes uents; le cou verde à vismanque

Compas de cuivre [ondu dont lespointes d'acier ont été mangéespar la rouille

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Les outils des voiliers et les pompes

Lorsqu'un navire de bois mettait àla voile, il fallait le réparer et l'entretenirconstamment pour qu'il reste en état denaviguer. Il incombait aux voiliers, auxcalfats et aux charpentiers d'inspecteret de réparer la voilure, le gréement, lacoque et les autres composantes de boisdu navire, y compris les barils de provi­sions en bois. Un voilier s'est sans douteservi de ces espèces de perçoirs qui ontperdu leurs pointes, afin de percer destrous sur la bordure d'une voile en vued'y coudre une ralingue. Le disque delaiton, fixé par ses trois attaches à unebande de cuir passant autour de la maindu voilier, lui servait de dé pour pousserles grosses aiguilles à travers la fortetoile.

Les pompes principales d'une fré­gate de bois étaient des appareils fixessitués près du grand mât; elles plon-

geaient jusqu'au fond de la cale et enramenaient l'eau sur un pont pourqu'elle puisse s'écouler dans la mer. Lesbâtiments de bois ne pouvaient flottersans que l'on pompe plusieurs fois parjour. En effet, l'eau suintait par lacoque, même par beau temps; lorsquela mer était grosse, les vagues se brisantsur les ponts inondaient la cale.

Le Machault avait primitivementquatre de ces pompes autour de songrand mât, mais on n'en a retrouvé quetrois complètes; on a cependant décou­vert une quantité de clapets de pied etde pistons destinés à remplacer les piè­ces usées. Les pompes fonctionnaientselon le principe de la succion, évacuantl'eau de la cale en deux étapes. Il s'agitde modèles couramment utilisés àl'époque sur les navires et dans les puits.

Poignées dl' bois j}()U l' des pl'r­çoirs: {'UIlI' dl' [orme OC!O§;O uale,l'autre dl' "stvle aIl§;lràs"

Pistou de bois auec sa garnitureel/ ClI/ l'

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Page 27: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Les larges interstices laissés dans lebordé d'un bâtiment de bois permet­taient la dilatation du bois au contact del'eau de mer. Ces interstices étaientremplis d'un matériau malléable et col­lant (poils d'animaux ou fibres végéta­les mêlés à du brai) enfoncé profondé-

Maillet de calfat en bois

Le calfatage

ment au moyen d'un ciseau affuté etd'un maillet. Le matériau était com­primé à l'aide d'un ciseau comportantune ou plusieurs engoujures, lequelpermettait également de finir la bor­dure extérieure de la couture.

Ciseaux de calja:

Ces têtes de maillet de calfat enbois durfurent renforcées de ban­des métalliques II leurs extrémitéset de chevilles de métal des deuxcôtés de chaque poignée

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Page 28: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Pour garder le navire propre etprêt à l'action, il fallait fréquemment lebalayer, le laver et le gratter. La peinturedu bois, du métal et du cuir au moyen

Le nettoyaged'un liquide protecteur noir par exem­ple, aidait à empêcher la détériorationdes matériaux exposés aux éléments.

Seau ri douues dl' bois (d'a/m'sJean Boudriot, Le vaisseau de74 canons [Grenoble, QlIatlt'Seigneurs, 1974-1977J, uol. 2,/)!,33)

Tète de pinceau ri noircir dont le»soies sont maintenues ri l'aided'une cordelette

Balai de msrte !ié aure des lamesd'osier '

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Le commerce

Le port de Bordeaux(avec la permission de Stephen R.Davis)

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Les tonneaux de chêne contenantles provisions, les munitions, le gou­dron et les clous retrouvés sur leMachault étaient de différentes capaci­tés. Ce dessin d'un baril de balles defusil illustre l'assemblage des douvesavec deux jeux de sept cerceaux de boisliés avec de l'osier et fixés à l'aide declous de fer. Un homme était incapablede transporter ce petit baril présenté icien morceaux, lorsqu'il était rempli depetites balles de plomb.

Un autre type de contenant - unecaisse rectangulaire - devait être defortes dimensions à en juger par ce qu'ilen reste (fond ou couvercle). Cettecaisse avait été fermée avec des clous et

L'emballage

renforcée par deux bandes de fer.Certaines marchandises n'étaient

pas envoyées dans des contenants debois, mais plutôt en balles, ce qui enfaisait des paquets mous liés avec de lacorde ou des bandes de métal. On pliaitle sceau de mise en balle sur un des lienset on refermait ensuite ses coins. Sa pré­sence garantissait que le paquet étaitintact. Celui qui est illustré ici porte lamarque de la maison Joseph RouffioFrères. Cette famille de négociants pro­testants qui garantissait le paquet habi­tait Montauban dans le sud-ouest de laFrance. Une branche de la famille tra­vaillait au Canada pendant le régimefrançais.

f'_t ""'''111.,fflll))

Reconstitution d'un barilde balles de[usil

Petit baril qui a contenu de petitsprojectiles; environ 29 cm de haut

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L'emballage

Le port de Bordeaux, détail(avec la permission de Stephen R.Davis)

Couvercle d'une seulepit'ced'unecaisse dl' chêne: 130,6 (fil sur53,5 sur 2,2

Sceau de plomb j)()ur balle.fai: dedeux disques de 2,5 cm de diamè­tre reliés par une étroitebande deplomb

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Ces poids servaient sans doute àmesurer en gros des provisions ou desbiens de négoce. On ne pouvait s'y fierlorsqu'il s'agissait de peser avec préci­sion des monnaies ou des produitspharmaceutiques bruts. Les indications

Le commerce

de poids sont frappées sur leur partiesupérieure, alors que sur leur base, onretrouve ce qui pourrait être des poin­çons de vérification commerciale desports où ces poids étaient légalementautorisés.

Encyclopédie ... Recueil deplanches ..., sect. 2, part.L, "Ba­lancier", l)l. 1

••• Une collection de poids pleins l'II

plomb pour usage domestique oucommercial; 2 onces li 1() livres

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Page 34: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Ce jeton fort mince en alliage decuivre faisait partie d'un jeu destiné à

une table de calcul servant aussi bien àeffectuer de sim pIes opérations depointage de marchandises que des ope-

Jeton d'environ 2 cm de diamètre,portant à l'avers une effigie deLouis XV adulte, roi de France etde Navarre, et au revers un lionhéraldique, les initiales du mê­daillew;JJD, et les mots RECHEPFENNIG, sigmfiant qu'il nes'agit pas d'une piècede monnaie

Le commerce

rations compliquées relatives aux tauxde change. Ils ont été fabriqués à l'in­tention du marché français probable­ment par Johann Jacob Dietzel, célèbremédailleur de Nuremberg.

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L'armement

Solda! dl' marine, 1755 (coll ..1ean Boudriotï

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Les vaisseaux traversant l'océanAtlantique transportaient de gros ca­nons montés sur affût destinés à proté­ger leur cargaison et à donner dessignaux lorsque la visibilité était mau­vaise. Lors de sa construction, leMachault avait 26 sabords. Toutefois, ilpeut avoir été armé de 32 canonslorsqu'il fit voile vers le Canada en 1760.Les trois canons de 12 livres en fontedégagés du bateau mesurent environ 3mètres de long et pèsent approximati­vement 1364 kilos. Dans une bataillenavale, les canons servaient à bombar­der les coques des vaisseaux ennemisavec des boulets de fer plein. Ils pou-

Ar/ut et canon de navire (d'aprèsJean Boudriot, Le vaisseau de74 canons [Grenoble, QuatreSeigneurs, 1974-1977], uol. 2,pl. 39)

L'artillerie

vaient également tirer des projectilesanti-personne ou anti-gréement.

Tous les canons du Machault de­vaient être montés à leur emplacementsur des affûts de bois d'un modèle iden­tique à celui qui est présenté ici. Pouratténuer le recul causé par le coup, onavait un système composé d'anneaux,de crochets de fer, de poulies et de câ­bles. On a retrouvé deux morceauxd'affût de canon sur le Machault, à sa­voir l'une des sus-bandes de fer s'em­boîtant sur les tourillons du canon afinde l'attacher à son affût et une bande derenfort en fer pour roulette ou roued'affut.

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L'artillerie du M achault comprenaitégalement des pierriers fixés sur la lissedu gaillard d'avant et montés sur despivots en forme de fourche. Les pier­riers ressemblent à des canons en mi­niature. Ils pouvaient être tournés pourtirer de petits projectiles de fer ou deplomb sur les ennemis tentant de mon­ter à l'abordage ou même sur ceux quiétaient déjà parvenus sur le pont. Les

Pierrier et support transportable(d'après jean Boudriot, Le vais­seau de 74 canons (Grenoble,Quatre Seigneurs, 1974-1977J,uo]. 2,fig. 2(3)

Pierrier du Machault

L'artillerie

deux pierriers de fonte retrouvés sur lenavire sont identiques et mesurent 92centimètres de longueur.

Le pierrier pouvait être monté surun support de façon qu'on puisse letransporter et l'installer à différents en­droits du navire, notamment sur les pla­tes-formes situées dans la mâture. Ledessin présente un pierrier monté surun support transportable.

\~

35

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Le chargement des canons

L'entretien, le chargement et le tirde chaque canon du Machault était as­suré par ses servants. A l'image des fu­sils et des autres armes à âme lisse del'époque, les canons étaient chargés parla bouche. On introduisait une mesurede poudre noire dans la culasse à l'aided'une cuillère, ou on enfonçait une gar­gousse. On refoulait ensuite la bourresur la poudre, puis on chargeait le pro­jectile. Lorsqu'il s'agissait d'un boulet,on ajoutait de la bourre pour l'empê­cher de rouler hors du canon. On ver­sait de la poudre d'amorçage dans la

lumière et dans une rainure (traînée)situées à l'arrière de la culasse pourcommuniquer le feu à la charge.

La poudre noire était extrême­ment instable et devait être emmagasi­née et manutentionnée avec des maté­riaux peu sujets à provoquer desétincelles. Les soutes à poudre étaienthabituellement renforcées, alors queles cuillères, les refouloirs et les barils depoudre étaient faits de bois et de cuivre,car le fer pouvait provoquer des étincel­les et déclencher une explosion acci­dentelle.

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Gargousse

Baril il poudre en bois avec bourseen cuir, clous de cuivre (d' aprè»Jean Boudriot, Le vaisseau de74 canons {Grenoble, QuatreSeigneurs, 1974-1977], uol. 2,fig. 20])

Cuiller il poudre en bois et cuivre

Page 40: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

En mer, on utilisait principalementles boulets pleins en fonte pour creverla coque des bateaux ennemis. Ces bou­lets étaient parfois chauffés au rougedans l'espoir d'incendier les ponts debois ou de faire exploser la soute à pou­dre. On a retrouvé plus de 500 bouletsde canon sur le Machault. La plupartsont d'origine française et portent lafleur de lys. Deux boulets sont marquésd'une flèche à pointe évasée signalantleur appartenance à la couronne bri­tannique. Ils ont probablement atteintle Machault avant qu'il ne coule. On a

Les munitions

également retrouvé de petites ballespleines en plomb parmi les projectilesde forme ronde découverts sur leMachault. Ces petites balles regroupéesdans des sacs de grosse toile ou dans desboîtes de fer blanc tombaient en pluiemeurtrière dans les rangs ennemislorsqu'elles étaient tirées par les canons.

La grenade à main est un bouletcreux en fer rempli de poudre à canonallumée par une fusée de bois. On pou­vait lancer les grenades des ponts, dugréement ou de plates-formes situéesdans la mâture.

Grenade à main enfer ayant unefusée de bois

Bouletfrançais de 12 livres Boulet anglais de 12 liures

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Page 41: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Ces projectiles de fer aux formesétranges ont été conçus pour être tiréspar des canons afin d'abattre le grée­ment et la voilure des navires ennemis.Le boulet ramé est une barre pleine enfer aux extrémités cylindriques égale­ment pleines et en fer. Il était chargé ettiré de la même façon que les bouletsordinaires. Les boulets étoilés et lesboulets maillés étaient attachés avec une

Les munitions

cordelette et emballés dans des sacs deforte toile qui s'enf1ammaient lors de lamise à feu, libérant ainsi les grosses piè­ces de métal qui s'ouvraient et tour­noyaient en vol. Celles-ci taillaient enpièces le gréement du navire ennemi,brisant les espars, déchirant les voiles etarrachant les cordages de leursattaches.

Boulet ramé

Boulet maillé Boulet étoilé

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Les bombes de mortier étaientcreuses et en fonte. On les remplissaitde poudre à canon dont l'explosionétait provoquée par une fusée de bois.Les bombes étaient tirées sur une tra­jectoire élevée à partir de petits canons

B ombe de mortier

Les munitions

de fort calibre appelés mortiers. Untrois-mâts du type du Machault ne pou­vait se servir de mortiers et les 50 bom­bes retrouvées dans l'épave devaientdonc faire partie des envois de muni­tions destinés au Canada.

Maniemeni d'un canon léger de 6liures et d'un mortier; par C.W.Rudserd (auec la permission dumusée de l'Armée, citadelle dellatijàx)

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Page 43: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

En plus des gros canons sur affût,les navires transportaient des arsenauxd'armes de poing ou portatives utiliséespar les marins lors de la capture d'unautre navire ou pour défendre le leur.Les armes à feu de l'arsenal du Machaultcomprenaient deux types de fusils, untromblon (non illustré) ainsi que lespremiers pistolets réglementaires ar­mant la cavalerie française, manifeste­ment utilisés également sur les bâti­ments français. Deux des exemplairesportent l'inscription LE MACHAULTsur leur fût.

Les armes blanches jouaient égale­ment un rôle important dans l'arsenal

L'arsenal du navire

-les sabres pour le combat individuelet les haches pour abattre le gréementet trouer le bordé au moment de l'abor­dage. On a retrouvé sur l'épave plu­sieurs exemplaires du sabre d'arsenalprésenté ici. Il a une fusée octogonaleen os et une garde de laiton ornée demotifs torsadés. Il possédait autrefoisune lame. Sauf pour sa lame en fer,cette arme solide, fabriquée de maté­riaux qui ne se corrodaient pas, conve­nait bien à l'environnement marin. Onportait probablement ce sabre passé à laceinture, car son fourreau ne présenteaucune attache. La hache d'abordageest en fer forgé.

Armes légères françaises prove­nant de l'arsenal du Machault;de haut en bas: fusil, pistolet decavalerie modèle 1733 -1734,hache d'abordage et sabred'abordage

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Page 44: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Plusieurs exemplaires de ce fusil àâme lisse découverts sur le Machault ap­partenaient à l'arsenal. La seule crosseretrouvée est gravée au nom du navire.Il mesurait primitivement environ 149centimètres de longueur et était de cali­bre 0,69 comme les fusils militairesfrançais de l'époque, bien que ce n'ensoit pas un. Une courroie de cuir fixéesur le canon permettait aux marins de

Emplacement de la platine

Contre-platine de laiton

• • D'dll &2

Sous-garde de laiton

Porte-baguette de laiton

L'arsenal du navirele passer en bandoulière et d'utiliser lesdeux mains pour grimper dans la mâ­ture afin de trouver un poste de tir. Lesgarnitures de cuivre du fusil n'ont pasété trop détériorées par le séjour dansl'eau, alors que le canon de fer qui de­vait s'emboîter dans le canal creusé dansla partie supérieure du fût de noyerainsi que le mécanisme de la platine àpierre ont été mangés par la rouille.

Fusil (l'arsenal

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Page 45: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Le fusil de type Long Land, plusconnu sous le nom de "Brown Bess",était l'arme à feu réglementaire de l'in­fanterie anglaise au cours du XVIIIesiècle. Cette image présente la crosse enbois et sa plaque de couche en laiton,son écusson et sa sous-garde. L'écussonnous indique que cette arme apparte-

l~'cusson dejusil

Fusil anglais Long Land

L'arsenal du navire

nait primitivement au 50e régimentd'infanterie du colonel William Shirley.Ce fusil a dû être saisi en 1756 au fortOswego, sur la rive sud du lac Ontario,lorsque les Français ont défait le régi­ment colonial américain, et on l'auraensuite affecté au Machault.

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Page 46: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

L'épée dite "à la mousquetaire"était une arme réglementaire de diffé­rents corps de l'armée française entre lafin du XVIIe siècle et le milieu duXVIIIe. Toutefois, à cette époque, ellen'était pas l'arme principale du soldat.La garde et le pommeau sont en laitonalors que la fusée consiste en une pièce

l'

Epée de soldatde bois recouverte de fil de laiton tor­sadé. La lame manquante aurait été enacier. La durabilité de cette épée étaitinférieure à celle du sabre d'arsenal etles quelques exemplaires qui ont été re­trouvés sur le navire ont probablementété abandonnés par les troupes trans­portées au Canada.

Poignée d'une épée françaiseréglementaire, dite "lI lamousquetaire"

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Page 48: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Outils et équipement

Encyclopédie ... Recueil deplanches ... , sect. 2, part. l,"Charpenterie", pl. 1

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Page 49: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Les outils pour le travail du boisretrouvés sur le Machault comprenaientaussi bien des coins à fendre, des hacheset des scies pour les travaux grossiers,que des outils de façonnage tels des pla­nes, des ciseaux de tourneur, des per­ceuses et des marteaux, ainsi que desrabots pour la finition et une fausseéquerre pour le mesurage.

Le travail du bois

Partie supérieure d'une hermi­nette de tonnelier en [er forgépré sen tan t und l' u x i l'ln l'

tranchant

Outil de fer forgé ou d'acier ser­vant à donner l'angle convenableaux dents dl' scie (la poignéemanque)

Tête de hache ri un seul tranchantenfèuillardfiJrgé dont le manchede bois est cassé

Maillet de bois d'une seule pièce

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Page 50: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Après deux siècles de séjour dansl'estuaire de la Ristigouche, la plupartdes pièces d'acier des outils pour tra­vailler le bois se sont décomposées.Toutefois, un échantillonnage de poi­gnées en bois à survécu et se présenteen bon état. Voici une belle collectiond'outils de façonnage: planes, ciseauxde tourneur, tarières et vrilles ainsi que

Le travail du boisdes outils de traction et de poussée nonidentifiés. De plus, on a retrouvé sur leMachault des manches de marteaux enbois, une mèche de tarière en fer, unelame de gouge en fer, des vestiges demasses en fer accompagnées de leurmanche de bois, ainsi que des lamesd'outils non identifiés.

Poignée de bois de scie de char­pentier

Fausse équerre de bois et de cuivremarquée aux /1, pouces, aux //2

pouces, aux pouces et au pied

Poignées de bois d'outils deiaçon­nage

Encyclopédie ... Recueil deplanches ... , sect. 3, "Ebêniste­rie... ", pl. 1

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Page 51: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Lorsqu'un menuisier désirait apla­nir une planche non dégrossie, il pou­vait débuter avec une demi-varlope. Ilse servait de rabots cintrés pour aplanirles surfaces concaves. L'exemplaire pré­senté ici aurait pu servir aux travaux demenuiserie générale ainsi qu'à la ton­nellerie. A l'aide du bouvet, on pouvait

Le travail du boisfabriquer des rainures en quart de cer­cle ou d'ovale. Le bouvet mâle et fe­melle servait à fabriquer des assembla­ges à rainure et languette ne nécessitantni clou ni colle et permettant à deuxplanches de s'emboîter exactement,tout en laissant le bois se dilater et secontracter sans se fendre.

Dans le sens des aiguilles d'unemontre à partir du coin gauche:une demi-varlope, un rabot àlanguette, un bouvet, un rabotcintré et une demi-varlope avecpoignée

Encyclopédie ... Recueil deplanches... , sect. 6, "Menuisieren bâtiments", pl. 2

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Page 52: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Les feuillards et les barres de ferforgé que l'on a retrouvés en grandequantité sur le Machault peuvent avoirfait partie de l'approvisionnement dunavire mais, plus vraisemblablement, ilsétaient destinés à la colonie. Un forge­ron ne peut travailler sans une bonneprovision de fer affiné, or la productiondes forges du Saint-Maurice près deTrois-Rivières était inférieure aux be­soins de la colonie. L'affinage des mé­taux de base - le cuivre et ses alliages,tous les métaux gris et l'acier - n'exis-

Le travail du métaltait pratiquement pas en Amérique duNord au cours du XVIIIe siècle. Lescolonies dépendaient des importationsde métal en provenance de l'Europe.Les assiettes, les casseroles, les ustensi­les de cuisine, les chandeliers, les arma­tures, les outils et autres objets métal­liques, y compris les jouets, étaientrecyclés lorsqu'ils étaient brisés ou usés.C'est pourquoi, on découvre peu d'ob­jets de ce genre dans les fouilles de sitesterrestres.

LI' rémouleur, Les cris de Paris(Parc historique national dl' la[orieresse dl' Louisbourg, ParesCanada)

CI' disque dl' grès. jJl'Psl'lltallt 11111'

surface dl' meulage IégèrementCOlIVI'XI'. est II/II' meule à aiguiserqui aurait étf dfgrossil' par .1011

propriétaire [niur l'adapter aill'V/J(' d'auge dans laquelle il oou­lait la mouler

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Page 53: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Le travail du métal

l~'tau de [er jingé ou d'acier; lesbrides defixation à l'établi, le res­sort et le pied manquent

Tous ces outils servaient à tenir et àmanutentionner le métal chaud. Ilsétaient tenus à la main, sauf l'étaumonté sur un établi. Un des marins duMachault, ayant certaines connaissancesdu métier de forgeron, devait être res­ponsable des réparations d'urgenceaux attaches métalliques, aux armes àfeu et à l'artillerie lourde du bateau. Ilaurait également pu réparer divers ob­jets dont le bougeoir de laiton retrouvésur le navire.

Tranche en [er

Pinces deferfort corrodées

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Perçoir servant à faire des trouscarrés

Page 54: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Le travail du métal

Encyclopédie ... Recueil deplanches ... , sect, 8, "Serrurier",pl. 1

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Page 55: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Ce fer de foène est le mieux con­servé des quatre qui ont été retrouvéssur le Machault. Il était muni d'une lon­gue hampe et servait à harponner despetites baleines, des dauphins, des an­guilles et de gros poissons. A la poignéeétait attaché un long filin auquel onpouvait donner du mou ou qu'on pou­va~t haler pour ramener la foène et lapnse.

La pêcheLes filets de pêche avaient besoin

d'être lestés de poids de plomb et soute­nus par des flotteurs, probablementcomposés de bouchons, de vessiesd'animaux ou de petits tonneaux étan­ches. On a trouvé sur le navire un sactissé en corde rempli de bouchons qui apeut-être été utilisé comme f1otteur.

Poids en plomb de filet de pêche;12,3 cm de longueur

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Foène de [er à sept dents

Page 56: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

La pêche

Encyclopédie ... Recueil deplanches... , seci. 7, "Pêches... ."pl. 4

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Page 57: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

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Nourriture et boisson

Repas enjamille, dansjohann B.Basedow, Eleme n tarwe rk ...(üipzi~, V()~el, 1774)

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Page 59: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Les briques retrouvées sur leMachault, dont certaines d'ailleursétaient encore réunies par du ciment,proviennent probablement de l'infras­tructure d'une cuisine de forme rectan­gulaire située en proue,juste à l'arrièredu mât de misaine. Dans la plupart deces cuisines à l'époque, une marmite degrande capacité placée sur un foyer fai­sait partie de la structure même du na­vire. Quelques bûches de bois décou­vertes sur le navire servaient probable­ment à alimenter le foyer.

Les marmites de poterie communeétaient d'usage courant au XVIIIe siè­cle. La cargaison du Machault en comp­tait plusieurs douzaines. Ces récipientsne fuyaient pas, conduisaient bien lachaleur et étaient bon marché. Toute­fois, au bout d'un certain temps, ils de­venaient fragiles et se brisaient facile­ment. Leurs tessons se retrouvent sou­vent dans les sites des colonies fran-

La cuissonçaises occupés entre la première moitiédu XVIIe siècle et la fin du XVIIIesiècle.

Les marmites à fond rond peuventêtre placées sur des trépieds de fer au­dessus des braises ou directement surles ouvertures des cuisinières pourbouillir ou fricasser des viandes salées- du boeuf ou du porc habituellement- accompagnées de légumes. Leurconstruction appelle un couvercle, maisnous n'en avons pas trouvé qui corres­pondent à leur grandeur. Ce modèle demarmite en poterie n'est qu'un de ceuxque pouvaient acheter au XVIIIe siècleles consommateurs habitant les coloniesfrançaises. Il en existe au moins deuxautres modèles que l'on a retrouvés surle Machault, à savoir un en poterie ver­nissée verte à trois pieds et un autre sansdé~orations à fond rond et à poignéeumque.

Une petite et une grande marmi­tes il deux poignées, en poteriecommune, non décorées et partiel-lement vernissées, faites enFrance

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Page 60: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Les marmites en métal étaient à lafois légères, durables et pratiques, cequi les rendait extrêmement intéres­santes, même si elles étaient beaucoupplus chères que les modèles en céra­mique. Elles étaient des objets de traiteextrêmement appréciés des Indiens del'Amérique du Nord et ont été retrou­vées dans des sites d'ensevelissement in­diens. Les marmites du Machault relè­vent de deux catégories: celles en laitonde grande et de petite taille qui s'em­boîtent les unes dans les autres, et lesmarmites de cuivre de grande tailledont les lourds couvercles sont étamés àl'intérieur. Les deux modèles présen-

L'une des grandes marmites dl'laiton P01W(l1lt s'emboîter dansd'autres

La cuissontent des anses qui permettent de lessuspendre au-dessus d'un feu.

Les ustensiles de cuisine de ce mo­dèle illustrent parfaitement le matérielde cuisine des navires du XVIIIe siècle.Le cuisinier égouttait les aliments dansla passoire, utilisait la broche pour tenirles pièces de viande durant la cuisson etécumait la graisse des soupes et des ra­goûts avec l'écumoire. Ces ustensilesn'ont pas beaucoup changé au coursdes âges, sauf qu'aujourd'hui ils sontprobablement fabriqués en aluminiumou en acier inoxydable, métaux incon­nus au XVIIIe siècle.

Passoire l'II cuivre l'II [euill«

-----_.~i'cullloire en cuiurr [org« etbroche en Ierfàrgr

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Page 61: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

La conservation et le service des liquidesLes cruches en poterie commune

vernissée verte se rangeaient probable­ment parmi les récipients de céramiqueles meilleur marché destinés à la con­servation et au service, dont disposaientles habitants des colonies françaises auXVIIIe siècle. Ces 5 cruches illustrent laforme caractéristique du milieu du siè­cle et donnent une idée des grandeursde fabrication. Elles étaient probable­ment destinées à divers usages, mais laplus grande aurait pu servir de seaupour transporter des liquides dans lesbuanderies, les étables, les chambres àcoucher ou ailleurs dans les maisons.Les plus petites ont la taille d'une tasse

de petite dimension, alors que celles degrandeur moyenne sont extrêmementproches des mesures officielles desti­nées à la bière et au vin dont on scservait dans les tavernes de la Nouvelle­France pour verser les boissons alcoo­liques en vogue à l'époque: le vin, labière et le rhum.

Ce pichet de poterie à glaçure stan­nifère probablement utilisé à bord duMachault, est plus élégant que les cru­ches en poterie commune. Sa décora­tion monochrome jaune-orange estassez exceptionnelle si l'on se fie auxpoteries à glaçure stannifère retrouvéesdans les sites nord-américains.

Pichets saintongeais de poteriecommune à glaçure verte

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La conservation et le service des liquidesLes deux bouteilles d'origine an­

glaise peuvent provenir du mess desofficiers ou d'une cargaison mar­chande. Les bou teilles "à vin" en verrevert foncé étaient couramment utiliséesen Europe et en Amérique du Nord parles marchands de vin, de spiritueux etd'eau minérale comme récipients àusage commercial, et par les particu­liers pour décanter, entreposer et servirles boissons achetées en tonneau ou fa­briquées à la maison. La croyance po­pulaire voulait que la couleur vert foncé

protège le contenu des effets nocifs dela lumière. On a également retrouvéquelques exemplaires de modèles fran­çais de la bouteille "à vin" en verre vertfoncé.

Deux bidons du Machault étaientemployés dans le service à l'équipage.Chaque bidon avait une contenanced'environ cinq litres et servait à la distri­bution de la ration quotidienne de vinaux équipes de matelots comprenantquatre à sept hommes.

B ulon à douves de bois avec poi­Kllée de corde (d'après [eanBoudriot, Le vaisseau de 74 ca­nons IGIt'lloble, QuatreSeigneurs, 1974-1977], l'Vi. 2,IiK' 154)

B outeilles "à 1lill" anglaises enverre 1II'rt [oucê

Pichet de 23 on de haut en poterieà glaçure stannifère [abriquê enFrance, peut-être à Montauban

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Page 63: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

L'entreposage des aliments et boissons

Les pots d'entreposage de diffé­rentes tailles en poterie commune nonvernissée ont été fabriqués à grandeéchelle pendant des siècles dans les paysméditerranéens. Cet exemplaire pour­rait avoir remplacé un tonnelet de boisde taille comparable pour entreposer ettransporter différents types d'alimentset de liquides. Son ouverture est assezlarge pour que l'on puisse y puiser avecla main ou avec une tasse. Toutefois, sahauteur n'est que de 49 centimètres,probablement inférieure à celle despots utilisés sur les navires du XVIIIesiècle pour conserver les provisionsd'eau potable.

Ce goulot de bouteille comprenantle bouchon provient d'une bouteille "à

vin" anglaise qui semblerait avoir étéremplie et bouchée en Angleterre. Il yen avait près de 200 à bord. Le dessusdu bouchon déborde légèrement de labouteille et a été bloqué au moyen d'unfil de cuivre.

On a également retrouvé sur leMachault diverses bouteilles et pots deverre de fabrication française pouvantservir au transport des aliments, desboissons et d'autres produits. Un ton­neau de chêne retrouvé intact contenaitencore du porc salé. Des traces de coupsde couteau dans le porc semblent prou­ver que le tonneau avait été ouvert. Lestonneaux qui contenaient des liquidesétaient mis en perce ou vidés au moyende cannelles.

Goulot d'une bouteille "à vin" deverre vert foru:é

Cannelle coulée en cuivreGrand put en poterie commune

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Page 64: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Il n'y avait que les verres à pied etles gobelets d'étain qui servaient àboire; les coupes d'amitié servaientprincipalement de décoration et por­taient parfois des inscriptions commé­morant d'heureux souvenirs. Même sila poterie de grès de Nottingham dontelles sont faites, date de l'époque duMachault, il est rare de retrouver descoupes d'amitié dans les sites d'Amé­rique du Nord du XVIIIe siècle.

Les gobelets d'étain du XVIIIe siè­cle sont également rares de nos jours,quoique certains aient survécu en ser­vant de calice. Les gobelets métalliquesqui sont des tasses sans anse, sont desformes très anciennes de vases à boire.Cet exemplaire a des lignes simples etagréables à J'oeil. Lorsque l'objet étaitneuf, sa surface polie avait un finiargenté.

Gobelet il pied,en étain coulé

Coupe d'amitié d'origine anglaiseen grès brun il glaçure saline,arec ornements en creux

Coupes et verresLe verre à vin européen à pied

creux de style dit "bouton carré" (à gau­che), provient des quelques centainesretrouvées sur le Machault. Dans ce cas,il s'agit clairement d'une cargaison mar­chande. L'autre verre à vin, fabriqué enverre de plomb, est d'origine anglaise etpossède un pied allongé et une gra­cieuse coupe évasée. Ce modèle étaitfort en demande des deux côtés del'Atlantique au cours de la guerre deSept Ans.

Ne figurent pas sur l'illustration:un verre à pied opaque rubanné d'ori­gine anglaise, ainsi qu'un gobelet enverre dépoli d'origine européennedont on retrouve souvent des exem­plaires dans les sites canadiens du ré­gime français.

Deux uerres il pied

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Poterie commune décorée

La poterie commune utilitaire seprésente souvent sans décoration. Tou­tefois, la cargaison du Machault conte­nait également diverses pièces décoréesutilisées probablement pour servir lesaliments et les préparer. Ces exem­plaires présentent des zigzags, des cer­cles, des points, des animaux et desplantes stylisés - éléments populaires- peints sur des fonds engobés de

blanc. On retrouve des ornementsidentiques sur les bols et les assiettes enpoterie commune de la collection duMachault. D'autres poteries communessont décorées en creux. On a retrouvéprès de 500 bols et assiettes décorésd'origine française sur le Machault. Plu­sieurs étaient encore empilés dans lacale.

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Page 66: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Poterie commune décorée

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Page 67: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Bols

Écuelle à oreilles, en étain coulé

Petit bol à mélanger en grès blancuni à glaçure saline

usages. Les plus petits pouvaient servirde tasses sans anse, ceux de grandeurmoyenne d'écuelles ou de vide-tasse surune table à thé, alors que les plusgrands ont pujouer le rôle de soupièresou de bols à punch. D'autre part, lagamelle de bois avait une utilisationprécise sur le navire. C'était en effet leplat comun où s'alimentaient des équi­pes de 4 à 7 matelots.

On a également retrouvé sur le siteune cargaison de bols de porcelainetendre d'origine anglaise, une écuellede poterie commune ayant des ergotsmoulés, ainsi qu'un petit bol de verrebleu foncé dont le rebord évasé est en­touré de lignes dorées. Ces exemplairesne sont pas montrés ici.

Les petits bols à rebord et les écuel­les à poignées ou anses étaient couram­ment utilisés comme couverts indivi­duels pour les bouillons et gruaux quicorn posaient une bonne partie dumenu quotidien. Les bols sans rebordpouvaient servir à mélanger ou à servirles aliments.

La cargaison du Machault compre­nait divers modèles de bols. D'autrestypes de bols étaient probablement uti­lisés sur le navire. L'échantillonnage estincroyablement varié. Il s'agit en effetde modèles européens, français, anglaiset chinois: certains étant à la fois solideset pratiques et d'autres plus ornés etplus raffinés.

Cinq bols de différentes grandeursà glaçure stannifère évoquent divers

Gamelle ou récipient communau-taire à douves de bois (d'aprèsJean Boudriot, Le vaisseau de74 canons [Grenoble, QuatreSeigneurs, 1974-1977], vol. 2,fif;. 154)

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Page 68: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Bol de porcelo.ine chinoised'exportation pouuant convenir àlajabricaiion despunchs, présen­tant desjleurs de prunier mouléesen relief,' alternant avec des car­touches contenant des branchesfleuries peintes dans les tons derose

Bols

Écuellefrançaise en poterie com­mune il glaçure verte unie

Quatre des cinq bolsde dilfrrentesgrandeurs en poten« à glaçurestanni/pre, [abrtqués en Angle­terre d'après un modèle chinois etdécorés de dragons bleu et rouge

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Page 69: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Bols

Bols de porcelaine chinoised'exportation à décorationfloralepeinte en bleu

Bol de porcel.aine chi noised'exportation servant peut-être àservir la salade, et présentani al­ternativement des bouquets defleurs et des têtes de laitue peintesen bleu

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Page 70: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Ces objets ont pu être utiliséscomme assiettes ou comme plats de ser­vice. Il s'agit en majorité d'articles detable de bonne qualité, quoique décorésassez simplement pour la période ba­roque. On a également retrouvé sur leMachault un plat saintongeais (du sud-

Assiettes et plats

ouest de la France) décoré de points,des tessons provenant d'une pièce ver­nissée ligurienne (du nord-ouest del'Italie), une cargaison d'assiettes de po­terie commune de qualité inférieure,ainsi que des fragments d'assiettes debois.

Assiette de porcelaine chinoised'exportation dans les tons derose, datant de 1755-1758

Assiette il soupe en porcelaine chi­noise d'exportation décorée d'unebordure et d'un jJa]-\a!{e bleus Fragment d'un plat de faïence

[rançaise oual ayant une bordureà lambrequin bleue

Assiette en étain

Plat de [aience [rançaise présen­tant une bordure et un moti]central bleus monochromes

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Page 71: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

La mode de prendre le thé s'étaitgraduellement répandue dans toutesles classes de la société européenne aucours de la seconde moitié du XVIIIesiècle. L'ambition des buveurs de théétait d'embellir leur table à l'aide deporcelaine et d'argenterie. Toutefois, lethé était encore une denrée chère, quel'on gardait sous clé et que l'on infusaitet servait dans de petits récipients. Toutservice à thé de l'époque devait aumoins comprendre une théière, un potà lait ou à eau chaude, un sucrier, desbols à thé, des soucoupes et un vide­tasse (bol destiné à recevoir les restes dethé froid des tasses et des théières ainsique l'eau utilisée pour les rincer). Lesinvités avaient l'habitude de retournerleur tasse dans la soucoupe et d'y poserla cuillère en équilibre pour signalerqu'ils ne désiraient plus de thé.

Au milieu du XVIIIe siècle, onpouvait se procurer des services à théassortis. Toutefois, la présence dans lacargaison du Machault de porcelaine

Tasse à thé et soucoupe avec décorpeint en bleu, et tasse à chocolat etsoucoupe à décor de glaçurebrune (batave) et réserves dans lestons de rose

Le service du thé

chinoise d'exportation de couleur bleuedémontre que parfois les acheteurs de­vaientcomposer leurs services de piècesde décors différents.

La cargaison comprenait égale­ment des articles pour le thé en porce­laine anglaise tendre de la fabrique deBow. Malheureusement, ils ont subi detels dégâts qu'on n'a pas pu les photo­graphier. On a également retrouvé unepetite quantité de bols à thé et de sou­coupes en porcelaine chinoise coquilled'oeuf d'une délicatesse exquise dontcertains exemplaires sont peints dansles tons de rose, alors que d'autres sontdorés.

On buvait le café et le chocolatchaud dans des tasses à anse, plus largeset de forme plus cylindrique que lesbols à thé. Les soucoupes étaient égale­ment de plus grandes dimensions. Lesdeux tasses à café en porcelaine chi­noise d'exportation, que l'on montre iciavec leurs soucoupes, ne diffèrent l'unede l'autre que par leurs décors peints.

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Page 72: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Bol ri thé et soucoupe en porce­laine chinoise coquille d'oeulavecdécors peints

Le service du thé

Service ri thé en porcelaine chi­noise peinte en bleu, comprenantune cuillère d'étain ri moti] rococo

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Page 73: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Les porcelaines exportées deChine que l'on retrouve dans la collec­tion du Machault sont décorées d'unepeinture sous couverte bleue et d'unecouverte de style Imari ainsi que decouleurs de la famille rose. Les orne­ments peints dans ces trois palettes decouleurs traduisent l'amour des Fran­çais de l'époque pour les paysages et lesthèmes floraux. Il n'y a qu'une scène oùfigurent des personnages. Les fa­briques de porcelaine chinoise travail-

Décoration florale peinte en bleuri bordure pendante

Porcelaine peinte

laient selon le principe de la chaîne demontage. Plusieurs artistes peignaientdifférents éléments du même motif, cequi explique les différences de couleuret de détail dans les bols décorés detreilles et de raisins. Les décorations dela couverte étaient exécutées plus soi­gneusement que celles de la sous-cou­verte. C'est pourquoi, les porcelainesdécorées sur la couverte étaient pluschères.

Détail d'un bol de grandes dimen­sions décoré d'un paysage defleurs dans le style Irnari

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Page 74: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Porcelaine peinte

Détail d'un personnage dans unjardin peint en bleu

Bols ornés de raisins et de treillesbleus

Paysage peiru en bleu sur un bolde porcelaine chinoise de grandesdimensions

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Page 75: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Porcelaine peinte

Décoration dans les tons de rosesur un bol à cannelures

Paysage dans les tons de rose

Dessin floral dans les tons de Tose

Paysage defleurs dans les tons derose

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Lorsqu'au milieu du XVIIIe siècle,les potiers anglais se mirent à fabriquerde la porcelaine, ils copièrent souventles décorations de modèles chinois, telsles dragons bleus peints sur des petitsbols de deux grandeurs différentes fa­briqués à Bow vers 1755. Le motif audragon a également été reproduit surdes bols de poterie anglaise à glaçurestannifère découverts sur le Machault.

Porcelaine anglaise ornée de dra­gons peints en bleu (coll. privpp)

Porcelaine peinteLes anglais copièrent d'autre part

divers modèles de porcelaine euro­péenne. La décoration à l'immortellepeinte sur les théières de la cargaisondu Machault a été exécutée à la fabriquede Bow entre 1755 et 1759. De nosjours, la fabrique royale de porcelainede Copenhague au Danemark offre en­core deux variantes de cet ancien motif.

L'une des théières PI/. porcelaiIII'

de Bou. aux lIlotifi' ri l'immortelle

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Vêtements

Venison & Claret. or SrHumpv Haunch Bart of Glut­ton Hall ... 1772 (avec la per­mission de la Colonial Williams­burg Foundatum, Williamsburg,Virginie, E.-U.)

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Au XVIIIe siècle, les bouclesétaient couramment utilisées pour atta­cher les vêtements. On a retrouvé sur leMachault des boucles de soulier, de cu­lotte et de jarretière, la plupart de cestrouvailles se réduisant à l'armature. Al'époque, les boucles avaient des piècesd'appui qui s'attachaient aux vête­ments. Les boucles duraient générale­ment plus longtemps que les vêtementssur lesquels elles servaient et leurs piè­ces d'appui permettaient de les transfé­rer aisément sur d'autres vêtements.

Les boucles de chaussure servaientà la fois aux hommes et aux femmes. Onpeut constater ici qu'il existe différentsmotifs décoratifs quoique ceux qui ap­paraissent au deuxième rang étaientprobablement les plus en vogue. Dans

Attaches de vêtements

la plupart des cas, seule l'armature de laboucle de chaussure a survécu. Toute­fois, deux nous sont parvenues en bonétat avec les pièces d'appui qui les atta­chaient à la chaussure.

Les boucles de culotte permet­taient de fermer les culottes masculinessous le genou. Elles sont plus petitesque les boucles de chaussure. Les bou­cles de jarretière sont encore plus peti­tes et servaient à attacher la bande detissu qui retenait les bas des hommes oudes femmes. Elles s'accrochaient parune pièce en "T" à une boutonnièresituée sur la jarretière alors qu'une lan­guette, manquante sur cet exemplaire,permettait de serrer la bande de tissusur la jambe.

C::;;;.r

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~L,~:Jl.,':~~,

1t<_ :.'

Sept boucles de chaussure en lai­ton ou en étain

oArmatures de boucles de culotte;deux sont en laiton et une en étain

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Les disques de cuir embouti fortsimples et de fabrication grossière con­trastent fortement avec les boutons dé­coratifs obtenus en sertissant le rebordd'une feuille de cuivre embouti sur desformes de bouton de bois plein. Celles­ci pouvaient également servir de sup­port à des boutons de fils entrelacésavec raffinement. La quatrième sorte

Boucle de jarretière en argentd'origine française, marquéed'une fleur de lys et du nomACHARD,' 2,7 cm sur 2,5

AgraFe de laiton

Attaches de vêtements

de boutons présentée ici est fabriquéeen étain ou en laiton coulé en deuxmorceaux qu'on réunissait ensuite parune soudure. Ces treize boutons sontassez représentatifs des modèles dispo­nibles à l'époque pour attacher les vête­ments masculins, les vêtements fémi­nins ne comportant pas de boutons.

Bouton de bois enforme debâtonnet

Agrafi' dl' vêtement en laiton

Boutons dl' manchette

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Toutes ces attaches de vêtementssont des objets utilitaires que l'on em­ploie encore aujourd'hui, quoique lesexemplaires du XVIIIe siècle présentésici ont une ornementation à la mode del'époque. Par exemple l'agrafe faite decuivre en feuille présente un reborddentelé et un centre découpé en coeur.Les deux pointes s'accrochaient à uncôté d'un gros manteau ou d'une cape

Attaches de vêtementsalors que le crochet retenait une bouclecorrespondante posée sur l'autre partiedu vêtement.

Les boutons de manchette avaientle même usage que de nos jours. Toute­fois, au début du XVIIIe siècle, ilsétaient plutôt portés par les hommesriches. Les exemplaires présentés icisont en argent, en laiton doré et enverre taillé à facettes.

Forme de bouton de bois recou­verte defil

Encyclopédie ... Recueil deplanches..., sect. 8, "Tailleur... ",pl. 1

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Attaches de vêtements

Boutons de cuir et de métal coulé

Boutons en métal embouti

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La cargaison du Machault recelaitprès de 500 chaussures pour hommes, àl'état neuf et quasiment identiques.Elles étaient peut-être destinées à dessoldats, mais des chaussures semblablesétaient communément portées par lamajorité de la population civile. Ceschaussures sont conçues pour être fer­mées au moyen de boucles. Leur fabri­cation est solide et soignée, et elles sontcousues à la main. Elles ont une semelleà trépointe et leur talon de cuir est fixé àl'aide de chevilles de bois. Dans la fabri­cation à trépointe, on coud le dessus dela chaussure à une étroite trépointe decuir qui est elle-même cousue à unesemelle extérieure, ce qui donne unefixation solide et soignée. Cette tech­nique courante au XVIIIe siècle est en­core utilisée de nos jours pour les

Chaussures

souliers de bonne qualité. Ces chaus­sures convenaient indifféremment aupied gauche ou au pied droit. Leur pro­priétaire pouvait les faire alterner pourque la paire dure plus longtemps.

Le clouage d'une plaque métal­lique au talon était un autre moyen defaire durer la chaussure. Ce fer, décoréd'un coeur découpé, provient proba­blement d'un soulier à talon haut degentilhomme ou de dame.

On a également découvert deschaussons masculins. Les composantesdes chaussons sont cousues ensemblesans trépointe, de façon à offrir unechaussure légère portée principale­ment à l'intérieur pour danser, faire del'escrime et dans le cadre d'activités dedétente.

Plaque de talon en laiton

Partie d'empeigne avec boucle delaiton

Chaussure à trépointe provenantde la cargaison

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Chaussures

Morceaux composant une chaus­sure dl' cuir à trépointe: (rangéesupérieurei deux parties latéralesde l'empeigne, renforts d'orteils etde talon; (rangée illfhipu re) rm­ppigne, semelle intérieure, semelleextérieure comprenant le talon,trépointe

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La popularité de la laine dans lafabrication de vêtements tissés et trico­tés repose sur sa capacité de retenir lachaleur et sur son imperméabilité bienconnues. On a retrouvé de nombreuxmorceaux de lainages tricotés à la mainsur le Machault. Toutefois, on n'en a puidentifier que quatre. Ces trois exem­plaires ont été tricotés au point de jerseyen utilisant quatre aiguilles et du fil re­tors à deux brins. Ils ont tous été repri­sés de façon assez grossière, probable­ment par leurs propriétaires. Les deuxbas ne proviennent pas de la même

Tuque de laine

Tricotagepaire. Ils devaient monter quasimentaux genoux et présentent tous deux desdoubles bandes de tricot uni à leur par­tie supérieure.

La tuque, tricotée en forme de tubeallongé sans couture et fermé aux deuxextrémités, était repliée sur elle-mêmepour en doubler l'isolation thermique.On créait des logements pour les oreil­les en augmentant le nombre de maillesdans la partie centrale du tube. On aaussi retrouvé une mitaine tricotée à lamam.

Bas de laine

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Les textiles retrouvés sur leMachault présentent un échantillon­nage des tissus disponibles au XVIIIesiècle. Cependant, seuls ces trois exem­plaires sont en assez bon état pour tra­duire leurs formes originales. La laine,la soie, le coton et le lin ont perdu leurscouleurs primitives pour ne présenter ànos yeux que diverses teintes de bruntacheté. Le ruban de soie avait été en­roulé et attaché avec une épingle de

Tissagelaiton. La bande de serge était enrouléeautour d'une mince planchette et rete­nue à l'aide d'une épingle de laitonsemblable à celle du ruban. Le noeud(ruban de soie replié et attaché au cen­tre par un plus petit morceau de soie)peut avoir orné un tricorne masculin.Les autres textiles retrouvés sur leMachault varient du canevas grossière­ment tricoté aux tissus de soie délicatsdestinés à des robes.

Noeud de soie

Ruban de soie de 17 mètres delongueur

Rouleau de serge (laine et coton)

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Le marchand d'épingles, Les crisde Paris (Parc historique natio­nal de la [ort.eresse dl' Lou is­bourg, Parcs Canada)

Divers

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Coiffure et santé

Depuis le début du XVIIe siècle,les gentilshommes et les dames de qua­lité portaient des perruques. Toutefois,à l'époque qui nous intéresse, les coiffu­res étaient particulièrement corn pli­quées. On bouclait et on frisait lesperruques à l'aide de fers chauds, puison les retenait en place par des peignes.Ces exemplaires d'os et de corne ont ététraités pour ressembler à de l'écaille detortue, un matériau plus cher que l'osou la corne.

Peignes d'os et de corne

Encyclopédie ... Recueil deplanches ... , sect, 7, "Perru­quier... ", pl. 1

Fer à friser en fer forgé

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Ce tout petit échantillonnage nousdonne une idée des difficultés rencon­trées au XVIIIe siècle pour respecter lapropreté et l'hygiène. Le mortier et lepilon peuvent avoir servi à broyer lesingrédients entrant dans la composi­tion de pommades, de poudres et desirops. On a également retrouvé plu­sieurs débris de fioles de verre servant àpréparer les médicaments. On utilisaitla seringue pour faire des injectionsdans la vessie du patient dans le cadre

Mortier et pilon de bronze

Coiffure et santéde divers traitements, notamment ceuxdes maladies vénériennes.

On n'a retrouvé que quelques ob­jets d'hygiène personnelle sur leMachault: des peignes à deux rangéesde dents fines opposées servant àépouiller les cheveux, un plat à barbe àrebord large et ouverture semi-circu­laire qui s'emboîtait sous le menton,ainsi que différents bouchons verseursen buis servant probablement à obturerdes bouteilles d'eau de cologne ou d'au­tres produits de toilette.

Seringue d'étain

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Peigne de buis

Encyclopédie ... Recueil deplanches..., sect. 7, "Perruquier,barbier...", pl. 1

Plat à barbe en poterie communeà glaçure verte de fabricationfrançaise

Coiffure et santé

Bouchons verseurs en bois

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Ce disque de bois est un jeton ouun marqueur qui aurait pu servir à dif­férents jeux. Les marins étaient connuspour leur goût du jeu auquel ils s'adon­naient autant au cours des longues tra­versées que pendant les brèves escales.

Un flacon de poche en verre des­tiné à transporter une petite réserved'alcool n'a pas fait l'objet d'une illus­tration. On a retrouvé de petites bou­teilles identiques dans d'autres sites serapportant aux colonies françaisesd'Amérique du Nord.

Les petites tabatières métalliquesavaient beaucoup de succès au XVIIIe

Jouer, boire et fumersiècle, alors que l'habitude de fumerétait devenue fort répandue. Bien destabatières étaient fabriquées aux Pays­Bas. C'est le cas de l'exemplaire pré­senté ici. Des passages des Evangiles(Luc 2: 44-46 et Luc 7: 2-4), écrits enflamand, y sont gravés. Le couverclemontre le Christ dans le temple et lefond, un suppliant s'approchant deJésus. Sur les côtés, quelqu'un a ajoutéun message mystérieux que l'on pour­rait traduire librement ainsi: "Je tien­drai ma promesse de ne plus manger defriandises sinon aujourd'hui, du moinsdemain."

Jl'ton de jeu en bois

Tabatière gnH'É'I' en laiton et eucuiore

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En Amérique du Nord et dans lenord de l'Europe, on fumait habituelle­ment le tabac dans des pipes, suivant encela l'exemple des indigènes d'Amé­rique du Nord. Les illustrations présen­tent deux modèles de pipe d'argilemoulée non vernissée, caractéristiquesde la fin du XVIIIe siècle.

On retrouve souvent dans les sitesarchéologiques canadiens de longuespipes d'une pièce au tuyau fin et aufourneau cylindrique droit. Les tessonsde pipe retrouvés sur le Machault dé­montrent la fragilité des pipes d'unepièce. L'exemplaire illustré a perduune grande partie de son tuyau, mais ils'agit du modèle le plus complet de lacargaison de pipes. Les empreintes dedents sur la pipe marquée TD démon-

Une pièce de la cargaison depipes, attribuée à la maison R.Tippet de Bristol en Angleterre

Pipe à talon marquée TD, proba-blement d'origine anglaise ••••

Deux jJipesà composantes dontle[ourneau présente une elfi­gie hu maine, fabriquées parGottiried Aust, artisan d'originemorave travaillant en Carolinedu Nord en 1760

"Canadiens en raquette... " [sic], dansC.C. Le Roy 13 acqueville de la Pothe­rie, Histoire de l'Amérique sep­tentrionale... (Paris, s. éd., 1722),vol. 1, en regard de la p. 51 (A rchivespubliques Canada, C-1854)

Fumertrent qu'elle a été fumée même aprèsque le tuyau soit devenu si court que sonpropriétaire risquait de se brûler les lè­vres. Il l'a peut-être jetée lorsque lefourneau s'est brisé, ou il l'a perduequand elle est tombée de son chapeauqui était le meilleur endroit pour ran­ger un objet d'une telle fragilité pen­dant le travail.

Les pipes à effigie des rangées infé­rieures sont des pipes à composantesauxquelles le ou la fumeur (euse) ajou­tait l'embouchure et le type de tuyau quilui convenaient. Il est rare de découvrirdes pipes à composantes dans les sitescanadiens du XVIIIe siècle bienqu'elles aient été couramment fabri­quées dans les colonies américaines.

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Couteaux. Bague et médailleAu XVIIIe siècle, presque tout le

monde transportait son propre couteaupour découper la nourriture et la por­ter à sa bouche, et pour d'autres usagesde nature générale. Les manches debois, d'os et de corne de couteaux fer­mants donnent une idée de la diversitédes modèles de manches et des maté­riaux dont on pouvait disposer.

La médaille et la bague sont desobjets bon marché et grossièrement tra­vaillés. La médaille porte des symboles

-

Manches de couteaux en bois, enos et en corne

chrétiens et était autrefois attachée àune chaîne, peut-être même à un cha­pelet.

On pense que les bagues de ce mo­dèle étaient des marchandises de né­goce parce qu'on les retrouve souventdans les sites de traite français primitifs.On les appelle souvent bagues de jésui­tes. Elles possèdent une ornementationrelativement individualisée. Cet exem­plaire présente une gravure entortilléeet les lettres FI.

Bague de laiton

Médaille de laiton

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Couture et raccommodageLes épingles et les dés sont des mo­

destes souvenirs qui nous rappellentque les vêtements devaient durer long­temps. Dans l'Europe du XVIIIe siècle,la fabrication des épingles était une in­dustrie solidement établie. Les exem­plaires présentés ont des têtes de filtorsadé représentatives de la période.

Les dés diffèrent fort peu de ceuxd'aujourd'hui. Le plus gros, dont la par-

tie supérieure est absente, est souventappelé dé ouvert.

L'aiguillier dont le couvercle cou­lissait, contenait probablement de gros­ses aiguilles à pointes obtuses appeléespasse-lacets. C'est avec cet outil que cor­dons et lacets dont on se servait habi­tuellement au XVIIIe siècle pour atta­cher les vêtements étaient passés dansles oeillets et les coulisses.

Épingles droites de laiton

Dés de laiton

Aiguillier en bois de 11,5 cm delongueur

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Les chandelles étaient la source delumière artificielle la plus utilisée auXVIIIe siècle. Elles ne brûlaient cepen­dant que si l'on s'en occupait fréquem­ment. En effet, il fallait les moucher,autrement dit couper le bout de lamèche brûlée deux ou trois fois parheure, pour l'empêcher de s'éteindreen grésillant. Les mouchettes ressem­blent à des ciseaux portant une boîtesur l'une des lames et son couvercle surl'autre. Décorées ou non, il fallait lesgarder sous la main en les posant dansun porte-mouchette vertical du modèleillustré ici ou sur un plateau oblong.

Bougeoir de laiton

ÉclairageOn fabriquait des chandeliers de

différents modèles et en divers maté­riaux. L'illustration présente deuxexemplaires bien distincts. L'élégantchandelier d'un style à la mode au coursdes années 1750, faisait partie d'unepaire découverte sur le navire. Le bou­geoir muni d'une poignée et d'un pla­teau pour recevoir la cire, était fait pourêtre transporté selon les besoins d'éclai­rage. Les rivets de la poignée de cetexemplaire provenant du Machault ontété réparés à la hâte pour qu'on puissecontinuer à s'en servir. Lors des fouilles,on a également retrouvé plusieurschandelles de suif.

Chandelier en laiton coulé, mou­chette et porte-mouchette vertical,en laiton

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Illustrations en couleurs

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Cap de mouton en orme de gran­des dimensions

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Boutons en laiton

Tabatière hollandaise

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Page 101: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

Peigne de bois à dents fines

Manche de cuillèreà thé en étain

Boucle de culotte en laiton

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Terrine à lait en poterie communesaintongeaise

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Épée "à la mousquetaire"

Poignée ou fusée en corde

Décoration sur la garde d'uneépée de l'arsenal

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Assiettes en poterie commune

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Couvercle de marmite en laiton eten curore

Jolie poignée de bouilloire en laiton

Petit pot de laiton pouvant s'em­boîter dans d'autres

Service à thé en porcelaine chi­noise d'exportation

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B ols en poterie anglaise à glaçurestannifère

Chandelier de laiton

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Bol de porcelaine chinoised'exportation décoré dans le style[mari

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Bien des artefacts illustrés dans cespages sont exposés au centre d'accueildes visiteurs de Parcs Canada à Pointe­à-la-Croix au Québec, où l'on rappellele souvenir de la bataille de Ristigouche.

On peut obtenir des renseignementssupplémentaires sur les objets, sur lesite et sur la bataille en consultant lessources suivantes ou en communiquantavec Parcs Canada.

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Page 108: Society for Historical Archaeology - Archaeology of the

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