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SHORES, L. (1960) Instructional Materials, An Introduction For Teachers. New York: The Ronald Press Company. Dans son ouvrage intitulé Instructional Materials (1960), Louis Shores, alors doyen de l'école de bibliothéconomie à Florida State University, propose la centralisation des matériels d'enseignement autour du noyau de la bibliothèque des établissements d'enseignement qui disposent de ce service. L'ouvrage de Shores est destiné aux futurs enseignants, aux bibliothécaires éventuellement, ou aux maîtres qui souhaitent prendre le virage médiatique, c'est-à-dire le virage des moyens d'enseignement. Dès le premier paragraphe de l'introduction, en guise de mise en contexte, Shores fait état d'une crise dans l'éducation : les inscriptions augmentent si rapidement qu'il y a pénurie d'enseignants et ce déséquilibre quantitatif pourrait être atténué en rendant plus efficaces les enseignants au moyen d'une sélection d'outils et une formation adéquate à l'usage de ces outils. Ceux-ci incluent la gamme complète des médias disponibles à la fin des années 1950 : livres de la bibliothèque, équipement audio-visuel, radio et télévision, diapositives, filmstrips, images planes, cartes, et même des artéfacts (objets réels). Ces médias, de même que les savoir-faire requis pour en tirer profit efficacement, décupleraient la capacité des enseignants à universaliser l'éducation en rejoignant les apprenants dans leurs différences individuelles sur le plan de l'apprentissage 1 . Pour faire la démonstration que les livres en bibliothèque ne sont pas la seule source de référence, Louis Shores fait un rappel sommaire des deux définitions classiques : audio-visuel (i) manière d'apprentissage, c'est-à-dire apprendre par le truchement des médias qui communiquent principalement par les sens de la vue et de l'ouïe, et (ii) par extension, classes de matériels (livres) et de moyens d'enseignement (films et tout ce qui n'est pas textuel). Shores catégorise les matériels d'apprentissage d'abord en fonction de leur « format » et il propose des méthodes de citation adaptées aux matériels (encadré 1, page suivante). L’on compte quatre catégories de matériels selon le format et ces catégories visent à indiquer grosso modo le type de contenu véhiculé: (i) matériel imprimé (texuel) ; (ii) matériel graphique (supports pour géographie, images et objets ou artefacts) ; (iii) matériel projeté (diapositives, films et animations) ; (iv) 1 Without them, and without adequate knowledge of their use, the present teaching force of the nation is of no match for the overwhelming challenge of mounting individual differences in the pupil population. With an adequate selection of Instructional Materials one teacher can be as ten in the struggle to make universal education, for the first time in history, a reality. (Shores, 1960, p.3-4)

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SHORES, L. (1960) Instructional Materials, An Introduction For Teachers. New York: The Ronald

Press Company.

Dans son ouvrage intitulé Instructional Materials (1960), Louis Shores, alors doyen de l'école de

bibliothéconomie à Florida State University, propose la centralisation des matériels d'enseignement

autour du noyau de la bibliothèque des établissements d'enseignement qui disposent de ce service.

L'ouvrage de Shores est destiné aux futurs enseignants, aux bibliothécaires éventuellement, ou aux

maîtres qui souhaitent prendre le virage médiatique, c'est-à-dire le virage des moyens

d'enseignement. Dès le premier paragraphe de l'introduction, en guise de mise en contexte, Shores

fait état d'une crise dans l'éducation : les inscriptions augmentent si rapidement qu'il y a pénurie

d'enseignants et ce déséquilibre quantitatif pourrait être atténué en rendant plus efficaces les

enseignants au moyen d'une sélection d'outils et une formation adéquate à l'usage de ces outils.

Ceux-ci incluent la gamme complète des médias disponibles à la fin des années 1950 : livres de la

bibliothèque, équipement audio-visuel, radio et télévision, diapositives, filmstrips, images planes,

cartes, et même des artéfacts (objets réels). Ces médias, de même que les savoir-faire requis pour

en tirer profit efficacement, décupleraient la capacité des enseignants à universaliser l'éducation en

rejoignant les apprenants dans leurs différences individuelles sur le plan de l'apprentissage1. Pour

faire la démonstration que les livres en bibliothèque ne sont pas la seule source de référence, Louis

Shores fait un rappel sommaire des deux définitions classiques :

audio-visuel

(i) manière d'apprentissage, c'est-à-dire apprendre par le truchement des médias qui

communiquent principalement par les sens de la vue et de l'ouïe, et

(ii) par extension, classes de matériels (livres) et de moyens d'enseignement (films et tout ce

qui n'est pas textuel).

Shores catégorise les matériels d'apprentissage d'abord en fonction de leur « format » et il propose

des méthodes de citation adaptées aux matériels (encadré 1, page suivante). L’on compte quatre

catégories de matériels selon le format et ces catégories visent à indiquer grosso modo le type de

contenu véhiculé: (i) matériel imprimé (texuel) ; (ii) matériel graphique (supports pour géographie,

images et objets ou artefacts) ; (iii) matériel projeté (diapositives, films et animations) ; (iv)

1 Without them, and without adequate knowledge of their use, the present teaching force of the nation is of no match for

the overwhelming challenge of mounting individual differences in the pupil population. With an adequate selection of

Instructional Materials one teacher can be as ten in the struggle to make universal education, for the first time in

history, a reality. (Shores, 1960, p.3-4)

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transmissions (enregistrements sonores sur disque et sur support magnétique, radio et transcriptions

radiophoniques, télévision).

Aujourd’hui, par l’effet de ce que l’on a désigné sous révolution numérique, tous les mêmes contenus

sont véhiculés par l’informatique, le numérique – l’on dira également qu’ils sontdiffusés – mais pas

seulement diffusés car ils sont également et nécessairement les supports sont des dispositifs variés

dont le W3 (le même texte peut se retrouver en plusieurs endroits), des disques (durs, souples,

réinscriptibles, optiques), des clés USB, etc.

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Encadré 1 : Méthodes de citation des principales catégories de matériels d'enseignement (Shores, 1960, p.25). Book – livre ; periodical – périodique ; newspaper – quotidien ; map – carte géographique ; slide – diapositive ; filmstrip –

film fixe, bande microfilmée ; motion picture – film, cinéma ; disk - disque de musique ; tape – enregistrement magnétique

(ici, une conférence de Robert Oppenheimer).

... l’auteur raconte l'histoire de cet élève qui, pour tenter de comprendre les phénomènes électro-

magnétiques, s'est engagé dans le parcours suivant : (i) a consulté six ouvrages de physique choisis

au hasard à la bibliothèque ; (ii) a consulté et retenu deux articles encyclopédiques ; (iii) a découvert

un film sur le sujet (à la bibliothèque même) ; (iv)s'est procuré un aimant et un compas.

Finalement, pour illustrer nore propos et l’idée générale à l’effet que l’informatique fut d’abord

adaoptée aux fins d’administration et de gestion, incluant du côté de la bibliothèque, on examinera

attentivement la figure suivante qui accompaganit la copie de l’ouvrage de Shores (1960) conservée

à l’Université Laval.

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Figure 2 : Carte perforée dans un ouvrage publié en 1960.

La lecture de cette figure s’avère particulièrement instructive pour raconter un moment de l’histoire de

l’introduction de l’informatique dans l’environnement universitaire, bibliothécaire. Tout d’abord,

l’image scannée fut agrandie afin qu’elle occupe un maximum d’espace dans la page afin de faire

remarquer au lecteur (i) que la carte de bibliothèque est une carte perforée et que cette carte porte

non seulement le titre de l’ouvrage et le numéro du volume (flèche), mais aussi le nom de l’auteur et

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l’année de publication ; que la carte perforée est ornée du blason de l’Université Laval, (iii) que la

pochette affiche également le numéro du volume, (iv) les initiales r.d., et une estampe indiquant la

présence de la carte perforée. Tout ce maniérisme de l’informatique dans ses premiers balbutiements

mécaniques ont été remplacés par le numérique optique, c’est-à-dire un code barre sur la couverture

de l’ouvrage.