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Résilience du littoral marocain aux changements climatiques Dr. Mounir Hakkou - Association Pour la Protection du littoral et le développement durable - Institut Scientifique, Université Mohammed V, Rabat-Maroc E-mail. [email protected] Pr. Aicha Benmohammadi - Association pour Protection du littoral et de développement durable (Maroc) - Faculté des Sciences, Université Ibn Tofail, Kenitra-Maroc E-mail. [email protected] « Résilience et adaptation aux changements climatiques » Séminaire 25-27, Janvier 2016- Université Oran 2- Algérie

Résilience du littoral marocain aux changements …©sentation Oran... · Résilience du littoral marocain aux changements climatiques Dr. Mounir Hakkou - Association Pour la Protection

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Résilience du littoral marocain aux changements

climatiques

Dr. Mounir Hakkou

- Association Pour la Protection du littoral et le développement durable

- Institut Scientifique, Université Mohammed V, Rabat-Maroc

E-mail. [email protected]

Pr. Aicha Benmohammadi

- Association pour Protection du littoral et de développement durable (Maroc)

- Faculté des Sciences, Université Ibn Tofail, Kenitra-Maroc

E-mail. [email protected]

« Résilience et adaptation aux changements climatiques » Séminaire 25-27, Janvier 2016- Université Oran 2- Algérie

Emissions

Concentrations CO2 méthane, etc

Effet de réchauffement ‘Forçage radiatif’

Changement climatique T, pluie, vagues, vent ,

acidité… etc.

Impacts physiques

- Elévation des fréquences de tempêtes,

- Submersion marines

- Intrusion marine ,

- Recul des côte,

- Arididité,

- Déplacement des écosystèmes

- Salinisation terres agricoles,

- invasions biologiques

-,…

Impacts socio-économiques et

territoriaux

-détérioration des ouvrages maritimes

-dégradation des infrastructures

urbaines (touristiques, engorgement

des collecteurs),

-Baisse de production agricole,

dégradation santé, …

Etant un grand réservoir écologique, démographique économique et urbain, le littoral figure

parmi les territoires les plus touchés par les CC

Figure: Eléments du système productif

Système productif du littoral marocain

La dimension littorale est stratégique pour le Maroc : s’étend sur 3500 km sur deux façades

(Atlantique et Méditerranéenne). Le littoral connait une convergence exceptionnelle des pressions:

Réservoir de plus de 61% de la pop urb,

Concentre les grandes villes du pays :

Casablanca, Rabat-Salé, Tanger, Tétouan,

Larache, Kenitra, Mohammedia, Safi, Agadir,

Plus de 10 millions de touristes dont plus

de 70% de nuitées st concentrées sur le littoral

Héberge les grandes plaines agricoles (Gharb,

Souss, Saiss, Doukkala, Trifa,…)

- 67 % de la valeur ajoutée

- 92% des industries

- 80% des travailleurs permanents

La grande industrie qu’il s’agisse des

hydrocarbures, avec la raffinerie de

Mohammedia, ou des complexes phosphatiers

de Safi ou de production de l’acide

phosphorique de Jorf Lasfar à EL

Jadida, se trouvent directement implantée

dans les zones côtières,

Système productif industriel

La plupart des zones industrielles importantes sont localisées à proximité des ports comme le cas

des zones franches (Casablanca, Tanger, Kenitra, Mohammedia, Safi,...

Toute atteinte aux composantes de cet espace

notamment par les effets des CC sera vite

répercutée sur l’ensemble des secteurs socio-

économiques, urbainistiques, santé,…

Figure : simulations des (P, T°) pour l’horizon 2100

Scénarios CC pour les pécipitations et Température au Maroc

Actuellement:

il y’a quatre types de climat : humide, subhumide, semi-aride et aride;

Projections climatiques :

augmentation des températures moyennes estivales de l’ordre de 2°C à 5°C en 2100;

régression de 5 à 50% en moyenne des précipitations d’ici la fin du siècle (20% en

moyenne).

Les régions qui étaient classées sous climat humide ou subhumide régresseront

respectivement au profit des régions à climat semi-aride à aride;

De sérieux impacts sur le

système de production du

littoral (eau, agriculture,...)

et sur sa biodiversité,

stabilité des dunes et

ensablement, santé,…)

Besoins de stratégies

d’adaptation sectorielles et

transversales pertinentes

Figure : Prédictions de l'élévation du niveau de la mer entre 1990 et 2100 selon les scénarios et les modèles. Les courbes correspondent aux divers scénarios SRES. (GIEC/IPCC, 2001).

Scénarios CC / Elévation du niveau de la mer

les scénarios et les modèles du GIEC prévoient une valeur ENM médiane de 0,48 m entre 1990 et 2100.

Nécessité de revoir dès à présent

l’Occupation de l’espace côtièr

des futures installations et de

protéger les présentes contre les

risques d’ENM

Impact déjà resssentis des CC sur les zones côtières : Quelques exemples

Les tempêtes

Les dernières houles dangereuses qui ont déferlé sur les côtes marocaines durant les deux

dernières décennies se caractérisent par leurs hauteurs maximales exceptionnelles qui ont

dépassé 15 mètres.

Les houle du 6 et du 7 janvier 2014 ont dépassé les houles-projets pour lesquelles les

infrastructures portuaires ont été dimensionnées, ce qui a causé la consignation de la plupart des

ports situés sur la façade atlantique

Impact déjà resssentis des CC sur les zones côtières : Quelques exemples

Les tempêtes/ Les dégâts portuaires

Les dégâts causés ont été particulièrement enregistrés au niveau des infrastructures de

protection et d’exploitation portuaire (ports de Jebha, Larache, Kénitra, Skhirat, Mohammedia,

Casablanca, Jorf Lasfar, Safi, Essaouira, Agadir et Sidi Ifni)

Impact déjà resssentis des CC sur les zones côtières : Quelques exemples

Les tempêtes/ Exemples de dégâts urbains et touristiques

Les dégâts de la tempête de janvier 2014 sur les infrastructures touristiques balnéaires ont été

aussi importantes

Impact déjà resssentis des CC sur les zones côtières : Quelques exemples

Les tempêtes/ les dégâts urbains

Les dégâts ont aussi affecté l’engorgement des réseaux pluviaux urbains induisant des dommages

importants

De nombreuses plages souffrent en Atlantique comme en Méditerranée, d'un appauvrissement dramatique en sable.

Erosion des côtes sableuses

Impact des CC sur les zones côtières : Quelques exemples

Zones côtières Tx érosion Source

Tanger 2 à 3 m/an Snoussi et long (2002)

Tétouan 1 à 1,8 m/an Nianzi et Snoiussi (2006)

Saidia 0,56 m/an ACCMA

Mehdia 1 à 2 m/an Hakkou et al (2011)

Baie d’El Jadida 1,28 m/an Chaibi et al (2013)

Cette érosion est une conséquence des effets anthropique

(Barrages, exploitation des dunes bordière (tourisme,

sable,…).s’aggravant par les effets de CC. toutefois, il est

difficile d’estimer la part des CC dans cette érosion.

Impact déjà resssentis des CC sur les zones côtières : Quelques exemples

Inondation des zones côtières

Alors que ENM est encore faible / à ce qui est prévu, les parties basses des villes côtières

connaissent déjà de temps à autres des inondations dramatiques en raison de la conjonction de gros

apports de ruissèlement (crues) dans des périodes de vives eaux associés à des surcotes de mer

considérables.

Les événements de Tanger en hivers 2009 et

2010 et M’diq, le 5 mars 2010, ainsi que d’autres

(Casablanca et Mohammadia) en constituent

des exemples

Impact prévus des CC : Résultats de quelques études

Inondation et submersion marine

Les zones inondables de la baie Tanger

perderont 10 % sup totale en 2050

(4km²) et 24% en 2100 (10km²)

Tanger

Casablanca

Risques d’inondation de la ville de

Casablanca (Banque Mondiale 2011)

simulation d’une Submersion

actuelle et future (2030) pour

une tempête de fréquence de

50 ans. (Banque Mondiale

2011)

Submersion marine: Bouregreg (Rabat-salé ) Submersion marine: Bouregreg (Rabat-salé )

Pour une surcote supposée à 1 m et une ENM de 0,2 m en 2030, plusieurs zones du périmètre de Bouregreg sera

soumis à l’eau marine

L’an 2030

Tableau : Caractéristiques des niveaux d’eau

exploités dans les travaux de simulations

Axes de gouvernance stratégiques des CC

Le Maroc a fait des efforts considérables dans le respect de ses engagements internationaux en CC

La plupart des secteurs profitent dans le cadre de la PCCM de mesures de préventions et de

réductions de risques qui sont entrain de se consolider progressivement tant sur les plans :

- Stratégique (PCCM: transversale, donnant lieu à + programmes sectoriels),

- Institutionnel (CNCC en 1996, du CNST- CC en 2001, création d’une nouvelle Direction

dédiée au cc),

- Juridique (future Loi-Cadre de la charte de l’Environnement et du DD qui définit les structures

institutionnelles nécessaires (CNCC, CNST-CC, etc.), leurs rôles, attributions, composition,

moyens et synergies,

- Déclinaison territoriale (SRAT, SDAU, PCD résilient, PNRC / PTRC) pour renforcer

l’intégration des considérations liées aux CC dans toutes les politiques publiques,

- Formation et sensibilisation.

PCCM Politique de Changement climatiques au Maroc CNCC comité national de CC CNST Comité national scientifique et technique _CC PTRC Plans Territoriaux de lutte contre le Réchauffement Climatique

Axes de gouvernance sectorielle et territoriale

Ces efforts ont permis d’améliorer la sensibilisation et la conscience des acteurs de la chose

publique.

Les secteurs qui profiteront le plus de cette stratégie sont ceux de :

- Energie: Malgré son statut de faible émetteur de GES, il a choisi d’investir dans les énergies

renouvelables. la part de cette énergie prévue en 2020 est de 42% ,

- Elimination des substances appauvrissant la couche d’ozone : 2 projet pour l’éradication du

bromure de méthyle et son remplacement par des produits moins nocifs (effectué à 100%) et

l’élimination totale à l’horizon 2040 des CFC et HCFC

- Eau et Agriculture (SNE, Plan Maroc vert) : La SNE doit permettre de réaliser une réduction

de la demande en eau d’environ 2.5 Mds m3/an et de mobiliser un volume d’eau additionnel

équivalent. + programmes : barrages, économie en irrigation, reconversion des terres, transfert

d’eau N-S ;

- Forets et Sols : (reboisement d’1 million d’ha en 2030), Restauration des dunes,…

- Santé (surveillance épidémiologique,…),

- …..

SNE : Stratégie nation ale de l’Eau

Axes de gouvernance sectorielle dédiée au Littoral

L’arsenal juridique marocain dispose d’un nombre important de lois et décrets portant sur la

gestion de l’environnement en général. Certains textes relativement récents intéressent

indirectement l’environnement littoral par exemple:

loi n°11-03 relative à la protection et à la mise en valeur de l’environnement et dans laquelle

quatre articles (33 à 36) concernent les espaces côtiers et les ressources marines.

Loi 12-03 » relative aux EIE

La dimension CC est indirectement prescrite, notamment dans les procedures et cahiers de

charge de l’élaboration des EIE.

D’autre part, un nouveau texte, cette fois-ci dédié spécialement au littoral, vient d’être adopté

(loi n°31-06) en 2015. Cette loi prescrit des schémas d’aménagement littoraux à l’échelle

nationale et régionale ciblant la protection et la mise en valeur du littoral. Elle prescrit une

réglementation stricte de la construction (100 m non aedificandi, routes décalées de 2km,…) et

des activités économiques (interdit l’extraction sur les dunes) sur le littoral, la protection de la

qualité des eaux et surtout de la gestion intégrée des zones côtières.

Axes de gouvernance sectorielle dédiée au Littoral

Sur le plan technique, actuellement, il y’a la stratégie de protection des

littoraux des deux zones Saidia- Ras El Ma et le littoral de la baie de

Tanger. elle opte de combiner les options suivantes :

-Le rechargement artificiel en sable pour réhabiliter les plages érodées,

couplée avec la construction d’épis et de brises lames ;

-La réhabilitation et la fixation des dunes par la végétation ;

-La construction de murs de protection et/ou le renforcement des

enrochements pour protéger les zones urbanisées les plus exposées,

notamment les habitations, et les établissements touristiques et industriels ;

-La surélévation progressive des crêtes des digues portuaires

Axes de gouvernance sectorielle et territoriale

La déclinaison territoriale semble le noyau faible de cette stratégie bien que des outils de

planification (PTRC et PCD résilient) renforçant l’intégration dans les politiques publiques des

mesures de prévention et d’atténuation, et ce, en raison d’au moins quatre facteurs à notre avis:

- La faible coordination entre les différents acteurs,

- Les outils de planification même lorsqu’ils sont opposables sont peu respectables (lenteur des

réalisation, système de dérogation, dépassement par les nouveaux besoins,….exemple des Plans

d’aménagement),

- Contraintes de financement des projets de lutte contre les CC,

- Faible promotion de recherche en matière de CC dans le domaine de la dynamique marine, et

qui interpelle des investissements en appareillage de mesure et d’enregistrement des parametres de

la dynamique maritime qui devrait se faire depuis une trentaine d’années. Du coups, on se trouve

devant un probleme de données (P production des données). Sur ce point un retard important est

cumulé qui impacte directement la qualité des études sur les CC, qui à leur tour impactent la vision

et les préconisation des plans d’aménagement et de lutte contre les effets de CC, notamment en

matière de submersion marine et de l’ENM.

Toutefois

Bien que le système juridique régissant le littoral vint de se renforcer par l’approbation d’une loi

dédiée au littoral , ce dernier demeure encore vulnérable en raison d’ :

- Un éparpillement des compétences régissant ces espaces : la gestion du territoire littoral est

plutôt fragmentée, notamment en termes d’autorisation, de surveillance et d’inspection de

l’occupation de l’espace (agri, urb, tour, ind,…), du domaine public maritime, des

écosystèmes côtiers et de la biodiversité,

- Une faible coordination >>> Problème de cohérence des actions >>> Dilution des

responsabilités,

La complexité des interventions et des interactions anthropiques sur le littoral sont exacerbées

par des phénomènes naturels tels que le changement climatique et ses conséquences potentielles.

Gouvernance des CC au niveau du littoral : les mesures qui manquent

Par ailleurs, et en dépit des efforts engagés, la lutte contre les effets de CC au niveau de cet

espace très stratégique pour le Maroc attire l’attention sur le besoin de:

Réglementer certaines activités dangereuses pouvant accentuer les effets des CC : dragage,

extraction du sable dunaire, occupation spatiale sur les zones fragiles ou sensibles. La

juridiction relative à ces aspects est en cours de développement et sera valide dans les

proches délais. Toutefois, elle devra être accompagnée par une stratégie pertinente de

suivi et de contrôle.

concrétiser les prescriptions de la nouvelle loi du littoral et mettre en place des programmes

anti-érosifs et de protection contre les innondations et les intrusion marines,

La mise en place d’une instance chargée de la planification, coordination et gestion;

Investir dans la recherche scientifique, en particulier les études des risques (submersion,

ENM? toxicité du carburant lors des canicules, eau,…. Pour cela, il faut investir davantage

dans les équipements qui permettent la production de la donnée, la mise en place d’un

système informatique permettant le partage,… Cela permettra de produire des documents

administratifs fiables, fondés sur des approches quantitatives et non seulement qualitatives,

Gouvernance des CC au niveau du littoral : les mesures qui manquent

Les plans d’urbanisme doivent tenir compte des risques liés à l’implantation de

communautés ou d’entreprises dans des zones de basse topographies, sujettes à risques, et

proposer des solutions adaptées pour les projets futurs d’aménagement urbain;

Les infrastructures urbaines, telles que les ouvrages de protection du littoral et les

réseaux de drainage, devront être améliorées et renforcées;

les plans de reboisement des villes doivent investir dans les arbres créant plus d’ombre (les

palmiers n’en créent pas assez et absorbent moins de CO2 comparativement aux autres espèces)

Les institutions devront évoluer vers plus d’efficacité et une meilleure coordination afin

de prévenir et réduire les dommages à l’aide de systèmes d’alerte rapide et de communications

plus efficaces et avec des responsabilités clairement définies;

Décourager l’inaction par des études de couts-bénéfices des actions préventives

Gouvernance des CC au niveau du littoral : les mesures qui manquent

Les analyses économiques peuvent en effet aider les décideurs à évaluer le rapport coûts-bénéfices

de certaines actions préventives en tenant compte des pertes potentielles qu’entraînerait l’inaction.

Figure : Les courbes des couts d’adaptation pour Casablanca. Elles permettent d’évaluer les

bénéfices des mesures proposées par les plans d’action. La colonne verticale présente le ratio

bénéfices-couts pour des investissements ponctuels, mesures institutionnelles et infrastructures. La

ligne rouge montre le point d’équilibre, au-dessus duquel les bénéfices dépassent les couts.

Gouvernance des CC au niveau du littoral : les mesures qui manquent

Parce que la plupart des caractéristiques du changement climatique persisteront pendant de

nombreux siècles même si les émissions de CO2 seraient arrêtées, les risques prévus sur le littoral

seraient incontestables (l’inertie est de l’ordre de plusieurs siècles). Dès lors, la question de notre

inadaptation aux aléas côtiers actuels, ouvrent la perspective d’actions « sans regrets » : de

telles actions, en réduisant l’exposition et la vulnérabilité actuelle aux aléas côtiers, ont un bénéfice

immédiat et constituent un premier pas vers une adaptation au changement climatique.

Par ailleurs, la nécessité de disposer de données scientifiques valides (météorologique, océanique

biologiques, chimiques, etc.), permettrait de parvenir à une gestion durable et intégrée des zones

côtières et du milieu marin. Il est donc nécessaire de continuer de développer des programmes

nationaux et transnationaux afin d’échanger les connaissances, de favoriser le transfert de

technologies, et de tirer des leçons des recherches déjà effectuées.

Conclusion

MERCI POUR VOTRE AIMABLE

ATTAENTION