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1. et Possessions E lements pour une Erika BOURGUIGNON The Ohio State University . !. •. Je poursuis dcpuis quelques anr ... ··es , avec l' aide d' un groupe d 1 a.s- socies, etude compar ative des ctats de dissociation que 1' on rencon- tre un pcu partout dans le monde . La presente communication sera done basee en partie sur les resulto.ts encore fragr1entaires de cette et ude et aussi sur les ::•echerches ethnogrttphiqucs que j ta ll. fai tea personne l- lemcnt en Ha S:ti . Les t ermea "etat de dissociation" , ou "etat de conscience al tcree" sont des tcroes tres et il ve.. snno d ro que nos rec 1crches couvrent unc crande v.:li'ict (S de ph6nomenes , le'"· cultes de possession constituant ccpend:1nt un des aspects import.n.nts de cctte in""!' vesti ca tion . cours de ccs ann6cG . lea cultes de 9ossession ont retenu 1 1 a.ttention de bcauconp de savantr; et le en fut la publicntion d 1 un .. e d'ouvr .:tgea et d' a.rticles traitnnt de ce aujet , Un point cepend:.mt de :rime• abord : le fait qu ' 'il cemble qu ' c:J. ucun culte de possession n • nit fait couler autun t d' encre que le eulte du en Ha!ti .. .r .. c te de rapports puremcnt s cientifi ques , dont le non1bre aujourd ' hui est deja respeet.) . blc , oomba en d'a.rtieles ou de livres do nt le 6e1.'tl bu.t e!3t de fa ire sensation . Je snis que les eve - netncntB politiques de l'histoirc turbu1ente d'Hal.ti n ont pas de jouer un rele d8n l' attitude de!J 6c riva.in s qui ont voulu traiter ce sujet , nt:..tin }1o ur un 11orcau de :3t d6ry , un llerskovitn ou un com- bien de Jeabroo.k , de ou de Francis Huxley .::)1us r ecerc.ment , un nom bre de psychia.tres ont a s' interesser au vodou a cause de la popularite cr-J:Lsnante d(· 1 1 ethnopgychi trie et des problcm.ea de pc ychi ... trie tra .ns cul. turclle t'e ut- tre n t ent-CC' qU ' unc d(' perception selective de ma ::.>art, !110-ic il rne semble rencontrer des r ;r .. Sren ces nu vodou dansbbon nombre d. ' articles jc lis . J\.rticles 01\ , le pl us souvent, il est question cependant d 1 autres .suj ets et d'autres f>a.ys . Leiris , par exemple atti r e l ' attention sur les similirites qui existent entre le vodou et le culto du za.r parmi les Amhara , :0 . Lewin lui compare le vo- dou au cul tc du z r prat ique en Egypte 1 tJ ndis que ·.: . Haberland le trou- ve sim.ilnire au culte du z r les 1 '\.rusi, -ua ic en tctiips il in- siste sur leo contrn.stes q.u' il ('ntre le cultc du pra tique par les · A.rusi et cc 1 me r>ra_tiquf: pc:-...r les ;i.mhara . J. Belo parle de vodou lorsqu 1 elle analyse le s cultes de possession existant a Bali , et le poete :Ro!:>ert Ciraves , a .son tour , reprend lc sujct du vodou dans son lntrotluction a sa nouvelle traduction d< 1 1 Iliade . Il ne fait au- cun doute que danr:; tous le.s croupes que no·u.e venons de cit er on peut trouvcr des ... ,s COl'!'lrr.tuns; a CO!l.U!lencer par 1 1 te.nce de la. transe de posse.GBion ou dr.· crise de !) Osscssion , pour employer 1' expression fr:1n<;aise d .. ce phenomcne . !1 y a aussi les 6lements que celt\ irnplique ct qui ont ,jtu etudies en detail p3. r H. Leiris pour J.e du z cthiopien et pnr !i.. i"J'tr2.u:x pour le culte du Vodou hal tien; il y a encore ln participat ion. d ' un groupe ou d' une s oci ete soit 1. Ces recherches ont (:te enticremcnt Pt".lr le National Institute: of nental He.:1lth (P.H .. s) Reseurch Grant 07463- 05 .

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1 . ~aladie et Possessions Elements pour une ~tude comparativ~

Erika BOURGUIGNON The Ohio State University .

!. •.

Je poursuis dcpuis quelques anr ... ··es , avec l ' aide d ' un groupe d 1 a.s­socies, un('~ etude compar ative des ctats de dissociation que 1 ' on rencon­tre un pcu partout dans le monde . La presente communication sera done basee en partie sur les resulto.ts encore fragr1entaires de cette etude et aussi sur les ::•echerches ethnogrttphiqucs que j t a ll. fai tea personnel ­lemcnt en HaS:ti . Les t ermea "etat de dissociation" , ou "etat de cons• cience al tcree" sont des tcroes tres g6n~;raux , et il ve.. snno d ro que nos rec 1crches couvrent unc crande v.:li'ict (S de ph6nomenes , le'"· cultes de possession constituant ccpend:1nt un des aspects import.n.nts de cctte in""!' vestication . ~u cours de ccs derni~res ann6cG . lea cultes de 9ossession ont retenu 1 1 a.ttention de bcauconp de savantr; et le rl~sulto.t en fut la publicntion d 1 un no~nb_ .. e impos .~t d'ouvr.:tgea et d ' a.rticles traitnnt de ce aujet , Un point cepend:.mt ft-a~.n e de :rime• abord : le fait qu ''il cemble qu ' c:J.ucun culte de possession n • nit fait couler autunt d' encre que le eulte du vodot~. en Ha!ti .. .r .. c te de rapports puremcnt s cientifiques , dont le non1bre aujourd ' hui est deja respeet.).blc , oombaen d'a.rtieles ou de livres dont le 6e1.'tl bu.t e!3t de f a ire sensation. Je snis que les eve­netncntB politiques de l'histoirc turbu1ente d'Hal.ti n ont pas .m:~nque de jouer un rele d8n l ' attitude de!J 6criva.ins qui ont voulu traiter ce sujet , nt:..tin }1our un 11orcau de :3t d6ry , un llerskovitn ou un ~1ctraux , com­bien de Jeabroo.k , de l.ocdcl~er ou de Francis Huxley • .::)1us r ecerc.ment , un nombre de psychia.tres ont com~1e11ce a s ' interesser au vodou a cause de la popularite cr-J:Lsnante d(· 1 1 ethnopgychi trie et des problcm.ea de pcychi ... trie tra.nscul. turclle •

t'eut- ~ tre n t ent-CC' qU ' unc que:.:~tion d(' perception selective de ma ::.>art, !110-ic il rne semble rencontrer des r ;r .. Srences nu vodou dansbbon nombre d. ' articles qu~ jc lis . J\.rticles 01\ , le plus souvent, il est question cependant d 1 autres .suj ets et d'autres f>a.ys . 1 ~ . Leiris , par exemple attir e l ' attention sur les similirites qui existent entre le vodou et le culto du za.r parmi les Amhara , :0 . Lewin lui compare le vo­dou au cul tc du z r prat ique en Egypte 1 t Jndis que ·.: . Haberland le trou­ve sim.ilnire au culte du z r .P~rmi les 1'\.rusi, -ua ic en 1~1 ~me tctiips il in­siste sur leo contrn.stes q.u' il ct:~couvre ('ntre le cultc du z· pratique par les · A.rusi et cc 1 me cult~ r>ra_tiquf: pc:-...r les ;i.mhara . J . Belo parle de vodou lorsqu 1 elle analyse les cultes de possession existant a Bali , et le poete :Ro!:>ert Ciraves , a .son tour , reprend lc sujct du vodou dans son lntrotluction a sa nouvelle traduction d < 1 1 Iliade . Il ne fait au­cun doute que danr:; tous le.s croupes que no·u.e venons de citer on peut trouvcr des el·~:len· ... ,s COl'!'lrr.tuns; a CO!l.U!lencer par 1 1 exi~. te.nce de la. transe de posse.GBion ou dr.· 1:~. crise de !)Osscssion , pour employer 1' expression fr:1n<;aise d .. ~:sigJFmt ce phenomcne . !1 y a aussi les 6lements th·: ~traux que celt\ irnplique ct qui ont ,jtu etudies en detail p3.r H . Leiris pour J.e cult-~ du z cthiopien e t pnr !i.. • i"J'tr2.u:x pour le culte du Vodou hal• tien; il y a encore ln participation. d ' un groupe ou d ' une s ociete soit

1 . Ces recherches ont (:te enticremcnt su~ventionn{::eG Pt".lr le National Institute: of nental He.:1lth ( P . H .. s) Reseurch Grant :~H . - 07463- 05 .

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This draft is from Erika Bourguignon's personal records and may not exactly replicate the authoritative published document. See http://www.paulbourguignon.com/Erika.html for more information.
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com.:ae n.cteurs , soit com .. le spectat~urs . Il y r.1 m.~e jusqu 1 a lacon­vention verbalc d 1 appE:ler le poss (~d~ 10 "ch<?v:::. l" ou ln. "r.1onturc" de 1 • esprit possesDeur que 1 t on retrouve etusc~i bien chez les Ha tiens 1 les !·. thiopiens • lcs :Sgypticns que chez le~~ Balin:1is ct pcut- tre m·ac chez lea Grecs de l ' an t iquits . Ces similaritf;S ne devr .:· ient cependant pas nours f·tire perdre de vue leG difi <.rences , ni surtout les probleues qui existent de faqon sous- jacentc r'3.ns cette liste quelque p"u h ..... tivc cl'unrrlogies . Il ne f.:.:.it aucun doute '1Ue ces deGcri~-:>tionn P'J.r analogiea sont la marque du besoin urgent que 1 'on ~· preuve 1 en g(Sn(:ral , de trouvcr des ctat0riaux COiirparables <!Ui }~ermettront de confronter le~ .. donnfeo que l'on vicnt de r ~colter , et cela seu l cuffir!it ~ expliqu;r lc ~ r~f~r~4-ces ~Lc l ' on trouvc b propos du voJou ho. tien, c~r coome je lc disais il y a un .':lo,:ent , la litterat1re conc0rnafl.t le vodu h<J.itien e~~t ala foi.J riche et ~)~~rt4nt d' accec f:"tcilc pour ce ccnrc de conpar .~.-ison . _lai:J c:e c~u' il nouG f_ •ut t1;lintPn:.:].nt , !,lc se•nble-t-il, ncnt deG fortlles pluc coupl~te:~ e:t :plus st_,nda.l dir,;;cs de r~?port :tf!,C , fcr ·.~tes pr:rLlf:ttant d' et tblir de v ::::-·itables COiilpr:..r[ • .i!..:;onG et non oculr·;aent des c omparHisons fragtrwntairee • basees en partie sur der;; inferences et des extra• polations . 11 nouG fuut auGr:.i d~:veloppf'r u~c typologie qui nous per­~.lct·Gr ... d • ~: tablir det:- distinctions (?ntrc le3 diffC.rcntcs variet{s de cultc:a de posc;;esc.ion , ce quj nou...., don.:cra_ les 1.oycn.:.... de proc{der pur la suite ;~:.. unc colJparaison plu.s .n~ticulP.use et :Jl.U.') d(:t~.ill :·e des ~chantillons individuels de cultes de possession qLc l ' on r cncontre d:1n.. ch.ac une Jc cE c vari{~t ~~ s J ' c::;pcre pouvoj~r publi~r sous :t>eu un P,l:1n ;ui pour:·o.it nervir dt. p·uidt\ ~ l ' ,~ tudc deG ctats de disnocLJ_tion 1

m:tiG poUr lc lliOnlent je VOUdra.iS me limiter a ctudicr 10 1JrObl >ne qUe pose 1 ' 6t.:~blisr3ElrnPnt d ' une t~rpolo;sie . Il scr~it tentant de vouloir se haGer cur de~ liens hi3toriqucs connus ou :::>trp :oc::s , .. 1a.L:.: cct ...,e tjethode llO'.!:J cntr?.iner~1 it r.·.:;._ ... idc.:.i.'"nt ch a.s le dO!J ·t inc de la s:pf·culation .Pure . ?rPnons par ex c:·~ple n. Je. nr:.: ire (1949) ,ui s oulit;ne lee Dif1ilflr~t~s fra;):.lantcG c.~u' il voit entre lc cul te du zar et lcs .: .. ynteres de .DJ onV;os et des C-orybanten , noun qontr?nt ainsi CO~ .. cnt la connaiSSRnce 1

1 U Cttlte clU zar eclair(~ leo:; documents frugrren­·caircs q"-le nou.s poss~~dons sur la Grece ... nti~ue , clocu~~nt~:s <;ui depuis toujoure ont sc1~bl(~ ob<5curr_, nux P-~ilologue,3. ..ais cette consta.t .!1 tion nous 1-:(: r.J.et-cJ..lc d ' inf ~!rer (!Ue d.:'-:; liens hiTtor:tquec o:..1t exist~! en foit? .i\ cause de la nature plutot da~eereucc d. ' une tellc cntrc11rise t b ;.;tsec , co~ ,e il se '.ioit , our de l ' i:JfOr'.iJ.t.ion li liit t~e , il "erait , me ser1blc- t - il , souh~':l ita ble d ' env isar:er 1(· probl?-me so·,Jr= un autre nne;le • Choisisons plut t un crit~re typolo~i~ue et t~chons J voir si cette m~thode ilOUs peruet~r~it d ' 0tablir un cert~in ordre Jane nos donn~es . Je couH.lencer .,_~_i done :>ar d.-)finir le cens que jc donne ;:~u:;:: ter11es "cul • tes de possesnion'' 'l3..tL3 lt' cadre de la _yr,~~s0nte co :~~ 'lunic~: tion . Je dira i qu'il s'agit de soci6t~s ou de sroupes COM?OS~s d ' indiviJus qui particiqent ~(Jrioaiquo :-,wnt 8. ccrt·.1 ins rites . i ~U C:)nrs c:€ ccs c{~r&mo..­

nieG un cert;J.in no"Jlbre de ulembrc .. , - et done pr .. s n6ccs8a irernent un indi­vidu iool~ Gp~ciGli3te 6u rite .- conn&t~rons des 6tata de transe . Il f·,uJ.t de ~luc QUe ce:.;; (~tats de tr~nse -soicnt rccon '··uo par lc groupe c 0:.:1(~ .. (' 6t,1nt uus V. ln. pos~cr.->sion. de cc D indi vidu~ p~:tr une ou plusieurs entitE:s spirituelle a . La personnAl•tte t le comportc ynent • le pr rlcr , les hcbitudes • leo pr~f~rences de ces entit6s seront e~primfes par la ou les per:JO!l:!.E:S pOS$:!dees en etat de transe . Lcurts actionr; , des lors , seront consider ~:ea cot.ame (•tant celles de ces cntiter> s:0:Lrituclles et

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3 non eel leo des personnes posnc,d{·es qu i le n inc :1rncnt tempora.ircment • Cette d e finition . qui phu,r1·a it sembler n ' tre ~u ' un lieu oo-:1nun , nous permettra cependant d ' ~carter d 1 office certains genres d ' ~tats de transe a insi 1ue certains gen~es de croyances concernant la ~ossession . iJotre terrain d ' investigat i on s ' en trouvera done limit6 de 1ani~re significntive , notre d&finition nous permettant en effet d ' ciliminer le cha~aniame sous toutes ses formes . Non seulement le chamanisme de forme class i que dans lequel le chaman en tranRe f~ it voyaeer s on lme ou 1 ' une de s es roes ou bon lui semble 1 ·u;:lis encore le char.u~nisme COGlpris \"i~.d.n 1.1n 3CnF p lu2 1a. r i;C du t cr m.e: et U.::Ul ::, lequel le: .. 3 c::;'9rits .:,.Jnrl <0n t :> .r la bo uchc du chn:uo.n. .Oan:J l c prE>tJier d€· ce.s c a~j , h i.en qu'il y a it trance , iln•y a y1s de tra.ncc de· posses;;i.on , et dans le f~(~cond , bien r.;u'il y a it tr.:U1;3e d.c po.sse~~:3i on, il n ' y a :)LI S de culte de ~oasesuion Gclon notre d0finition . La tr•J.n:.:>e e t 1:::., trance .. 'e pos;:-Jc},;r:: ion ~ont der.:; ph,.;no:,.~.encs non Gc ulcment tr;s r~p·lndus , ~~ is encore tr~~ divers ifi6s . Cert ~ ine5 soci :t0s en COn ,_lCti::.HH':n t le:_.; 'cu.:>: f orues , pn.r .. oj ~~; o!l .Le dD.nG de a Contc:x t c..- rituels et fur::wlc dir.;:·{·rento • . ·, co s u,jet , je voudr 0 i s si""',naler qu ' a.u cours a' unc revue de la lit t ~· raturc ethnographique concernant 1 • Afrique Hoire , nous u.vons trouv '-· des formes insti tutionalis·::es de transe de ::-·osses::.?ion ) •-'.rui 7j ( t~V ... ) s ur un tota l de 114 SOCi l:t,:·s etudiecs c-t Je 1 <-; tranr;~ e non .3.o.~;oci~e D.V(;C ·~ e lo. croyan~e e:-n 1 <1. :?Ossens.: on da.ns 'r!-t c ... (; ) dE: CC .:; &OCil:d;t}G • .J 1 au·~re pe rt t la croyance en lu ~' OS .SCG3 iOil 110 0 o:~..t ::)~t.:'3 n::cesr.airewun~ t r oaver bO'r. expre sn ;5_ on d::r:'3 deE. (. t ~tR r! c trL:.n ::;·e ou .. 'ir::-:;;; .: t a..cs de con .-~ cienc e a.lt~r.:~e d u.n cnre on d ' un ~J.utre . La croyanc{ en 1~ pOJDcs~ion pout , en c!fct , servlr d'e~plication ~ la ualadi~ organique ou non , elle peut encore tre une fnqon de con­ceptualider la· sorccllt:rie 1 cor;i•·K c ef:''t le c:::.s p3.r ex,: t~ple p:.lr"t i les . ( , ~ .., ,. ,.1) . t ' J t 1.., i

.J. e.n(~ _•ernan ez , -'-'JU • _,uuc nvon :...> rouv -:::~ <.A e e . .J,.es croy::l nce;,:; :· ~ .-:'trm

·:.~6 ( :50. ) der; 1111 .:> oci,:. t <o 'tudi~~es . J•out ceci es t en contr ~atr- frnp­p.:.~.ct :J..Ve c c . oue rlOUD tr0uvons en ;~meri\tue r:u f·;o r d , .:~utr·e r t'. · ~ion cthno­gr,;p.Liqur: i ;·: ::~wrt ~.ul. t 8 . I :a • l' ~...~.cccn t pl:lce t.ntr J.a r~ch0rche d~ vis i ons et l' e 1ploi. de dror;ues hallucinogenes {neyote , d3tura, (l'tc) sont des ph,~no:::·}ncs qui !!C )CUVf~nt :nanqu~ ~ r de frttp· , f~·r celui ·;ui. ·.:. t udie leG eta.ts de dis~ociution . ~n consf~uence , phr~i 102 9e~ples inriie~nea d ' ~~~ri-

- • ' •1 t 1 . .. . . . . . "' ( ·-; ~ ) r}.UC uu .HOr\.4 , no:.L:: n c ·rou.von.:3 a •;r.'n :~ ~ <.10 poo .. :E::~s1.on que p ·:1. r~:1J. _.;, ..._, ,.._ ) ·, . lie 1 :.<:,. ~::oci (t·.'· s ~~ttlc~i -~eu, a lor • ., •"· lH· 1:.~. tl"':t.nfjf> exi:~te n-: · r~•i lll noci,~~tes ( 9:: :'). : :n .mer1.que Ju For(: , !lOUt' trouvonr:, ,~c;al e r.r;~ t un .rr.o .:,bre EJ i~;ni­fJ..catif de socift~s ! lar~i lesque l l c~ la not ion de pos: e s0 ion cxiste , r;;ans ~trc tout e foi s exprimee par des ~tats de trn.nRe r ·: tuellc : 5·:! ( t't?: ' ). ,:~.:9rt: s cctGe breve tlit;resGion ot c~.:.~ -::;u ~..~l<! 1e s st .':l. ti ':;tir;ttef3 9 r ctournon b

:..'· la que,_:t i~:;n c~e l ' ·~:tabli ··sc •;H:o nt d ' u:1.e ty:,)oJ.oci~ d r: :·; c: ultc ~.~ de ;;os :-;e­~:H3 :1.or. , c_>: .e n\.;;u .. :; lt.:·.: (; Vion,::; ··~;.· · inis il y EJ: (:nel1ue -s in~:t .nt .:; . Je vou­draiG propoGcr co8ue prc~ticr cr~t~re typologicue lc ~vj0 t de 1~ m~l~die 1 son explication ct son tre.it ·::~ to:~n t • c ot1 ~e nc"'us les r encontronn G.··~nB lee culte <~; de _poc2ession . Cou.l:;.c n :-~ons done :.:>·:~r une rf'.,lll.C s uc "' int c du mo. t e• riel quo no~s oos3~don~ sur H~iti: . .. n i1a.J:.ti , lc~:; croY ~lncc- G ·po 1_.: ul~l.ireo L11 ~1uj e t des C:J.usec d<=: 1., :J.~_\ l ;;J_dia et ... :e 1a lllOrt ~v~~nt ttr~.' rant;t~·es en q,u~ltre cat'~ ?;orieG p;f:n(~r· · les: 1 '- J. ·~ :Eu::..:H~ iC Jt ltl. i.!Ort T ~SUlt ;_nt de 1.9. VOlant ··~ a~ })ieUe :J. 0 l n i.la-

lad.ic r·:oultan·t de c;~•uGeo !l<;tturelles. ;; o 1~ 'JW.ladie (et .:-tut:r-cs vicis­bi t ·Hleo ) cotL.H: envoyces :par le .. ~ et-::prits du culte vu ~"i ou i re 1 .1 ' l~:. l :! <lic d uc ,':1 l :J norc clle r i e t c 1 e 6t- e:l.-Jire • la. r1aladie r { . .sul t ~.nt des ~:u~nor.. uvres d ' ho.:.:ncs :n~: chants. Il est <..'.t. 11oter {JUG ci n nc; cc qui ' :1!.i t , t1on in terpr6-ta·tion v n.rie sur bien des point::..' de celle ~ve~n~-?e ·:.Jr~.r le p r.~.rcri~trc ~;" • i.Cicv (l ·. :.)1 , 1}6t ~o) .

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La maladie et la mort envoyeea par Dieu doivent tre acceptees avec resignation . La maladie due a des causes naturellee peut ~tre com­battue a l ' aide de remedes : plantes , substances anima1ea , medicaments ache tee a la phartnacie ou,, si necessaire , en s' adreasant au dispeneaire ou en faisant appel au medecin . Seules les deux dernierea categories retiendront notre attention . Lea maladies et ~utres tracas (sterilite , mortalite infantile , r veexangoiesante , difficultes economiques et matrimoniales , etc . ) sont diagnostiques par un pr tre ou une pretresse vodou , qui par des methodes divinatoires tres varices en recherchent lea CllJ:~es . Si des esprits du culte vodou (loa) sont reconnus respon• sables de la maladie au des deaordres signales , il est dit que lea es­prits " 11ennent• (kembe) la vic time . Il est egalement dit que ces es­prits , ou parfois les anc3tres decedee du patient , anc tree qui sont assimiles aux loa de bien des manieres ~ usent de tela moyene de puni­tion pour r.appeler a cette personne lee devoirs qu ' elle a envera ewe . Le plus souvent alora le pr tre suggerera la necessite d 1 une initiation voire d ' un avancement dans la hierarchie du culte , ou l ' offrande d *un sacrifice, selon ce qui lui semble indiqu6 pour effacer lea effete ne• faetes de cette negligence a remplir see devoirs . Prendre soin de sea obligations de cette faqon doit pouvoir apaiser la colere surnaturelle et en consequence mettre fin a la maladie ou autres difficultes . Une initiation, vue sous cet angle • peut done jouer le r le d• un agent the­rapeutique . Le concept de oes maladies ou deaordrea d ' origine eurna• turelle ne comporte cependant pas la moindre idee de possession . Lee esprlts se contentent , dans ce cas , d ' envoyer la maladie , ils "attra­pent" la personne et la "tiennent" , mais ils n ' entrent pas en elle , ou ne la "montent" pas . Il n ' e.st done nullement question ici d ' exor­ciser le malade , ni de chasser les esprits qui lui ont envoye la mala­die . Nous dirons done que dans les cas ou la maladie et autres diffi­cultes sont reconnues comme envoyees par les esprits cellea- ci ne sont jamais cons1der6es comme etant de la possession et de ce fait ne sont jamais traitees comme telle . Reate alors la derniere categorie qui considere la maladie comme resul­tant de la magie pr atiquee par des tres humaina . Comme partout ail­leurs , la magie en Hatti peut ltre regardee comrae motivee par l ' envie et la jalousie . Bien qu ' il y ait differents genres de sorcellerie , un aeul cependant sera discute ici: celui qui est le plus redoute et dans lequel l •idee de possession joue un r&le important . Il s ' agit , en effet , d ' envoyer l ' esprit d ' une ou de plusieurs personnes mortes avec pour mission de posseder la victime , de la rendre malade , voire de la tuer . L3 peur de ce genre de sorcellerie eat toujours presente dans la vie du paysan haitien et bien des histoires oirculent qui relatent de tela evenements . A. Hetraux nous rapporte un cas specifique ou le malade fut gueri par une pr trees e vodou et il souligne le fait qu ' il s*agit bien dans ce eas d ' un genre de possession , possession cependant diff'e• rente de la crise de loa qui a ete si souvent decrite . Le contraste qui existe en effet entre la possession par lea morts et la possession par les loa est des plus impor tants et merite de retenir notre attention . Noua allons done essa.yer d •en etablir une comparaison detailJee . Tout d ' abord t la possession par les morts ae manifeste sous forme de maladies , tandis que la possession par lea loa ne se presente jamais de cette maniere . D1autre part , la possession par les loa comporte un etat de dissociation (ou de tranae) alora que nous n'avons aueune evidence que ce soi t vrai dans le .cas de possession par les morts . La possession par les loa est non seulement une chose desiree , mais elle eet recherehee intentionnellement comme faisant partie du rituel collectif . Elle est enc.ouragee a l 1 aide de ch,nts , de tambours , de

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danses et stir7tulee pn.r la contagion psychologique . La transe de pos­session ne semble se produire spontan ;ment que dans deux cas bien spe­cifiques: soit dans une situation de grande peur , ou comme premiere transe de posses E; ion parmi les adolescents . La possession par lea morts est chose toute differcn'te , puiscue ls. croyance veut que seule la sorcellerie puisse en 8tre la cause . El4oe ne depend done en rien ·! e la volonte de la personne possedee ou de la volonte des esprits qui la possedent . Au lieu d ' un etat de dissociation, nous trouvons la mala­die . Il n ' est question ni de chants , ni de tambours , ni de danaee , ni de rituel eollectif . Etre posaedc par les morts eat une experience in .. dividuelle plutet qu ' une experience de groupe . L'activite rituelle cherche a mettre fin a la pos session plut8t qu ' a la produire . Elle se limite a essayer d 1 ex•rciser le malade ou de chasser les esprits qui sont la cause de la maladie . L' exorcisme exprime de l ' hostilite , en action et en fait , envers lea morts et le procede n'est pas toujours exempt de souffrances physiques pour le corps .dans lequel les esprits resident . Lee loa , par contre , ayant eta invites, sont tres bien aecueil­lia et sont oonviea a partager nourritures et breuvages. DanH les cas de premiere trans e de poaaes ;> ion , cerbu.nes actions rituelles aeront accomplies pour e tablir le loa. dana la. t te de son 11cheva l"• La rela­tion une fois ctab.lie , cell e- ci devient 11ermanente et 1' esprit doi t atre a epart; de son "cheva.lff de fat;on rituelle apres la mor ·t de celui- ci seulement. Alors que plusieura loa peuvent pos st~der une m me personne , ils ne le feront cependant qu ' en sequence ou a des occasions differen­tes . ?lusieurs morts , d ' autre part , peuvent possJder une m me victime en m'me temps . Alors que les worts sont censes etre "dans" le malade, il n'est jam.ais dit de celui- ci qu 1 11 lea a "dans la. t te" et bien qu' 1ls :.;oient envoyes "sur lui", contrairement a ce qui ae passe dans le cae des loa, il n'est pas dit qu ' ils le ttrJontenttt, pas plus qu ' il n'est appel6 leur "cheval" . nous trouvons encore d •autree diff&rences entre les deux genres de possession, differences qui s ont en relation avec les points que nous avons deja mentionnes . Le loa "monte" un "cheval" qui pendant la dur~e de la possession est en tran ;;e et joue le r8le du l oa . C' est par l'entretniHe du "cheval" que le loa ruanp;e et boit , danse et chante , fume et parle , r~pond aux questions qui lui sont pos6es , donne de.t1 conseil<$1 etc . Le "cheval" perd done sa p;ropro identite r)our devenir le loa lui- mime et il est cens~ ne rien se rappeler de ce qui s'est pass e au cours de la transe de possession . Bn d •autres termea , au sortir de la tranae il est at taint d 1 amnesie. La victime des morts , au contra1re, n' est pas en etat de tra nse , elle ne joue p ·=~ s le rSle des esprits qui la poss edent bien que son corps puis~ e ~tre convulB e et crispe otant l a proie des aymptomes varies de s a maladie, e'es t-a-dire la proie des Ctorts qui sont en elle. Lee morts tle nont pas des entit .;e individualisees et differenoiees. Ce n ' est pas leur identite qui 1m­porte , mais l ' identite du jeteur de s orts . Aucune que s tion n ' est posee aux morts . Leur presence dans le corps du malade ainsi que l ' identite du jeteur de sorts sont decouvertes gr!ce a la divination et ausei gr -. ce a l ' intervention du loa propre au guer1sneur; l'on s a it d'avance que le jeteur de sorts ne peut tre qu ' un enncmi de . l a. viojime. Pu1.sque , dans ce cas , il n •eat pas question de transe, il n•es t pas question non plus d ' amnesie en ee qui coneerne les evenements qui ae sont produita au eours de la maladie et m me au eours de la guerison . Le r, morts sont simplement chasses une fois pour toutes , sans erainte qu ' il puisse y avoir rechute , puisqu ' il ne peut ~tre question de voir le malade etablir des relations quelconques avec les es prits q,ui l ' ont poasede. Nous ajou• terons que les personnes posaedees 9ar lea morts sont reg&rdees oomme etant malades et non pas folles , car la folie est consideree comme re-. aultant d ' autres genres de s orcellerie et comme punition infligee par

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les loa . Les sympt mes de la possession exprimee par la. rnnladie , ceu:x decri ts par I·letraux et d ' autres que j ' ai eu 1 ' occasion d • observer per­sonnellement , me aemblent , en ef'fe t , plus physiques qu 1 emotionels bien que trcs souvent leur nature peychosomatique soit probable . Done , bien que la possession sous forme de ma1adie fasse partie de l'univers du vodou, elle ne fait cer>endant pas partie du vodou en tant qu·e culte de possession . Elle represente·une autre eerie de rites qui ne touchent le vodou que de faqon ·tangentielle . Si nous voulond done coneentrer notre attention sur le sujet de la maladie cor;r":le critere d ' une typologie des cultes de possession , i1 nous fau t arr1ver a la conclusion suivante en ce qui concerne Haiti.s les croya.nces et les rites goncernant lee mala­dies dues a la possession ne c onstituent I>as en Haiti un culte de posse -sion . Le vodou, qui eat un culte de possession , n •est pas centre sur le concept de la maladie . A ce point de notre expose, nous pourrions done noua demander que).les sont les origines possibles de ces croyances en la tnaladie comme resultant de la possession . Alora qu ' :ll a ete etabli depuis longtemps deja que les contributions africaines au vodou doivent 8tre recherchees en premier lieu parmi les Dahomeens et lea Yoruba , noua semblons n •avoir , a mon avis , aucune evidence concernant les origines afrioaines de ce genre de maladie resultant de la possession. D1autre part , le concept europeen de ce genre de maladie semble surtout reposer sur des aympt mes de nature hyater1que . De plus , dana les rites d •exor­cisme traditionnels chretiens et juifs , on Oherche presque toujOt~S a connattre l'identite des esprits et ceux- ci sont questionnes lorsqu ' il s'agit de personnes qui sont l 1 objet de possesnions demoniaques i1ais alors , dan~ ce cas , quelle ligne de continuite pouvons- nous etablir entre le vodou et aes antecedents africains , ou plus apecifiquement dahomeen:5? Bien qu ' il y ait toujours de nombreux el5tlents de continuite entre le vodou haitien et son pendant dahomeen , nous n ' en Gomrnea pas moine frappes par 1 ' existence de bien de .. ;:; differences importantee tant au point de vue rites qu ' au point de vue croyance·s . Tout d 1 abord il y a les facteurs de syncretisme et de reinterpretation qui ont conduit a la fusion de plusieurs traditions afrioainea aussi bien qu 'a la :fusion de certains elements chretiens et africains . Ensuite il y a lea earac­teristiques qui sont propres au vodou et qui ce sont developpees en !taiti m me au cours de son hiatoire deja vieille de deux cents ans . ;;:n ce qui cone erne la structure sociale , le vodou qui est une reli ~:i. on

pr.>pulaire , une religion de masses, diff ere c ornpl ete men t de ses formes africaines ancestrales. Le culte des esprits ~tait la religion "officielle" du Dahomey , avant que celui•ci ne subis f;e une europeani­sa tion majeure. Il y etait etroi tement lle aux oources du ,POUVOir social et politique (Herskovits , 1938; '·terger, 19.5?) . f.t cependant, nous venons de sug~erer le developpement d'une typologie des cultes de poase--:E'ion basee sur le critere de la t1aladie. V\li so us 1' angle de ce critere 1 le vodou haiticn et le culte dee vaduns du Dahomey sem­blent b5.en appartenir au m@me groupe . :~lors que les esprits peuvent a ln foi3 C ~:i.UBer et guerir la r!laladie t la possession par le s e::.;prits n ' entraine pas la maladie et un genre d~ possesnion par la maladie qui. ne se manifes-ce pas au cours de la transe no fait pas pa.r1;ie du culte de possession dana aucune de cea soci6t~s . Ces caracterist1quen etablis ·ent un contraste marquant entre lea cultes de possession hattien et dahomeon a. ' une pa~t et les cul tes d' Afrique rJrientale d' autre part • Ceux-ci s' etendent en une distribution presque sans cassure depuis les Zoulous au sud jusqu ' aux tthiopiens et aux :i~gyptiens au nord . Des cul tes de pl)sses.; ion simllaires existent ega­lement parmi des groupes musulmans d • Afrique Occident :. le , tela que

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lea Haoussa , les Wolof et les Lebou . Le trait le plus important que 1 1 on retrouve dans tous ces cultes de possession du second groupe est leur inter t majeur dans les esprits capables de causer la rnaladie par la possession . Ce trait commun est frappant quels que soient les aspects specifiques qui les distinguent lea uns des autres . Beaucoup d ' auteurs nous parlent de malades qui sont conduits chez un de•in ou leur maladie est diagnostiquee par celui-ci com.ne etant due a la posse­ssion par un esprit . Une ceremonie est alors ore~anisee au cours de laquelle le patiE·nt est encour::1.ge a danser, avec 1 'e ~?poir de declencher chez lui un etat d~;, dissociation • Cet eta.t de transe e$t considere comm€· le signe de la presence de cet esprit • Celui-ci eHt alors quea­tionne pour le forcer a devoiler son ident1te et l ' obliger de faire conna tre ses desirs . Ce n 1est que rarement qu'un tel esprit sera chasse et le mala.de exorcise . On tentera , au contraire , de eatisfaire les desirs de 1 1esprit 1 avec l ' espoir que le malade sera ainsi deba-rass€ de sea sympt mes . Par la suite . le maladc, ou plus apuvent en-core la malade , deviend:ra membre du culte de possession . On cherchera a etablir une sorte de modus vivendi avec l ' esprit, qui ae tranaformera alors en protecteur qui ne possedera plus son medium humain qu 1 A des occasions bien specifiques, et ee d 1 une maniere rituellc et en un lieu et temps ~tablis . Je me permettrai done de souligner qu ' ici , l 1 1n1tia• tion au culte debute par la maladie et que, la transe de possession , awe yeux de la societe , represente un procede therapeutique , tandis que le groupe du cul te de possession represente lui un milieu ther·apeutique . Le groupe du culte lui~tu me est constitue par d 8anciens '11alades , car la maladie et aontrait~ment semblent r:tre , en effet , la maniere princi­pale d ' entrer dana de tels groupea . Done , ~lors que la transe de pos• session ct sa fa~on dramatique de repr6senter les diff6rents esprits rees~ blent a bea.ucoup d ' egarda a.uc cul tes de possession que nous pourrions appeler du genre "d 1 Afrique Occiden-tale" , le complexe maladi.e- traitement place les cultes de posaesDion de ce deuxieme groupe , que nous appele­rona "d ' Afrique Orienta le" , en opposition marquee avec le premier . Si nous regardons de plus pr•s encore les eontrastes qui existent entre ces deux genres de cultes de possession, il nous faut ajouter le point suivant: La litterature ethnographique couvrant les royaumes d ' Afrique Occidentale ne signale pas , a m.a connais l3ance , de desordres typiquement hysteriques parmi les femrns, desordres qui jouent un rale capital dana les rfgiona que nous a,vons reco~1.nues ici conune ap . artenant au types de cultes de possession d'Afriq,ue Orientale . Ceci se:nble d'ailleura tre le cas un peu partout ou nous rencontrone ce genre de oultes , qu 11l s' :-:l.gisse de ce qui a et.t appele la "maladie bn.ntoue" (UL:uthwasa ) , (voir Calloway , 1870; Y..rige , 1936 ; Lee, 1950; e tc) de3 Zouloua et des peuplades qui leur sont appa.rent6es, la maladie "Sheitani" de la c8te Swahili , les phenomenes associes avec les cultes du z!r , ou lee mala• dies rene on trees parmi les groupea musulmans d ' Afrique Occid(;ntale • Bien qu ' il so t entierement possible que lee cultes d 1 Afrique Occ i den• tale jouent eux ausai un r le important en ce qui concerne l ' hygiene mentale 9 eoit d *un point de vue prophylaotique ou m me d ' un point de vue therapeutique , leur itnportance soeiale premiere n • est pas la. Il nou~~ faut tenir compte t en ef.fet , surtout parr:1i les Yorouba , de 1 • exis• tence de tout un reseau de guerieseurs specialises qui prat iquent en dehors des cultes de possession (Prinee , 1964$ voir a.ussi l a impor­tants travaux du Dr . Lambo) . L' inter t d2cn.:j la mala die • et , ce qui est peut-~tre plus important encore , la forme sous laouelle se presentent et la :na.ladie et la the-

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rapeutique pcuvent done tre ree:1rdees co .. .1r:1e une base possible pour l'etabliss ement d 1 uae typologie initiale des cultes de posoeesion . Ceci, pourrions- nous ajouter, ne f'3.it que suivre J..a sur.f~estion de H. Bastide (196.)} concernant la. structura.tion dec mnladies presentee dan~1 chaque culture. Notre typologie gngnerc:. it encore en complexite et en precision par 1 1 ajoute de dimensions nouvelles, par ex:mple: l ' ~tablissement de la pr~dominance numt~rique d ' hom ·:es ou de fem :es d ;~ns les diff~Srents cul­tes dr ceR groupes . Nous avons deji- signa.le que lee cultes de possession ::1 ' ·· notre deuxifY1e groupe sont composes de fa<; en pr6domin[! nte 1 pour ne pas dire exclusive• par des f'em :es , specie.lement dan: lee dif.f6rentes societes musulmanes . Des hypotheses variees et souvent c ntradictoires ont 6t 4 avanc~cs A ce sujetl Rites de r6bellion (Gluckman , 1954; Harris 1957; I!enney , 1966); C"llte.s de priv~tion (d C" privation cults) (Lewis, 1966); c:ociet,_;e matriarcales (Bauman ct ~. iesterm-lnn , 1962) . ;.'outes ces theories ont ete 6voquees comltle explicati.on possible , maie une e.na.lyse :plus pouscee me serrtble neces .sairc . Notons , par example que plusieurs observateurs des cultes pratiques en hfrique Occidental et den cultes rencontres dans les Amerique soullgnent la predominance des femnes dan~; le recensement des e ns cle possession. Le r le joue par les homu.es comme organisateurs d ·ns ce genre de cultcs demeure cependant un facte·ur important dans la vie de ces e;roupes . Lee r les divergents jouee p~r les deux sexes dans ces cultes pourraient nous donner une nouvelle clef pour en comprendre la. structure. D1 autr e part , qu ' on me permette d 1 1nsister sur 1~ fait qu ' en ce qui concerne les groupes dont les membres ne sont pas exclusivement de~ fe~ es , les donnees que nous possedons concernant les r les re~plis par les deux sexes, ainsi que les chiffres de leur participation respective sont ou basees sur de simples imprcsnions ou font totalcment defaut . Nous avono done un urgent besoin d 1 obtenir de l ' infortnation comparative adequate , qui devrait trc systematiquement asse (lblee , information de nature etatistique entre autres .

: n r6sum6 , noua pouvona done conclure:

1° 0, la neces!;; i tt~ d t enq_u~te.;s menees f1 e fac;on plus CO in-plete et plus s tandardidee • a fin q _u 1 une veri table etude comparn. ti ve puisse ~tre en­visa gee .

?. 0 l'ctabliasement d ' une etude comparative des cultes d e possession serait grnndement facilitee par le develo!)pement d•une typologie de cee cul t ·es .

3° nous proposono de diviser les cultes en deux genres: ceux"d • A.fri­que :)ccidentale11 et ceux "d' Afrique Orientale" , employ ant lee thf.nnes de maladie, diagnostic et therapeutique co'n :e criteres pre miers •

1+ 0 un recens~ment des mernb.r.es , divises en "hommes" et "fe;n·.:Jes" nous fournirait un deuxieme critere poscible pet~ le raffinecrent de notre typologie .

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