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PETITE ENFANCE : Penser les établissements d’accueil collectif de demain Colloque Marseille 11 et 12 octobre 2009 Anthéa Poussy Crèche Maison de la famille Rôle de la P.M.I dans l’élaboration du projet architectural : fonctionnalité, polyvalence et adaptabilité des espaces Dr Martine ARAMA – Pédiatre PMI – Service des Modes d’accueil de la Petite Enfance /D.P.M.I.S. Conseil Général des Bouches du Rhône

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PETITE ENFANCE : Penser les établissements d’accueil collectif de demain

Colloque Marseille 11 et 12 octobre 2009Anthéa

Poussy CrècheMaison de la famille

Rôle de la P.M.I dans l’élaboration du projet architectural : fonctionnalité, polyvalence et adaptabilité des espaces

Dr Martine ARAMA – Pédiatre PMI – Service des Modes d’accueil de la Petite Enfance /D.P.M.I.S.Conseil Général des Bouches du Rhône

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PLAN

I. INTRODUCTION

II. HISTORIQUE ET ROLE DE LA P.M.I.

III. LES LOCAUX

IV. L’ACCUEIL DES BEBES

V. CONCLUSION

VI. BIBLIOGRAPHIE

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I - INTRODUCTION

Je remercie les organisateurs de ce colloque, Anthéa et surtout ces 2 associations qui ont un véritable

savoir faire en matière de structures d’accueil, et dont les animateurs, même si ce ne sont pas des

professionnels de la petite enfance, investissent ce métier de l’accueil, qui est un véritable métier à

l’interface de plusieurs réglementations exigeantes et qui nécessite d’importants investissements financiers et

personnels.

J’espère que ce colloque sera une étape fondatrice pour construire, ensemble, de places différentes

mais obligatoirement complémentaires, des crèches respectueuses des besoins développementaux des

enfants,et si importantes pour leur avenir.

Puisque je suis pédiatre, médecin d’enfants, je parlerai beaucoup d’eux car il ne faudrait pas que le

titre de ce colloque nous fasse oublier pour qui nous sommes réunis : nous le sommes pour l’enfant dans sa

singularité, dans sa famille, à accueillir dans des structures qui doivent prendre en compte ses besoins pour la

construction de sa personnalité et son développement harmonieux. Il ya là, des enjeux de société et de santé

publique, que certaines décisions politiques risquent de négliger, de nier, voire des droits qui pourraient être

bafoués.

Je souligne la concordance heureuse de ce colloque avec le travail qui se réalise actuellement au sein

de la Commission départementale d’accueil du jeune enfant (C.O.D.A.J.E), travail dont l’objectif est de

réaliser puis mettre en ligne un guide pour les actuels et futurs porteurs de projets de structures petite

enfance. Espérons que nous progresserons dans son élaboration avec l’aide du C.A.U.E. des Bouches du

Rhône, et grâce à la présence de Monsieur Bernard Franjou.

Car il ne suffit pas d’un guide descriptif des surfaces, qui serait celui d’une géométrie utilitaire, pour

faire percevoir la spécificité de ce geste architectural si particulier et si contraignant qu’est la construction

d’une crèche. Il est indispensable d’en expliciter le pourquoi, d’en poser les fondements qui permettront

d’inscrire cet espace crèche dans l’environnement urbain ou rural, et qui rendront harmonieuses et paisibles

les diverses fonctions complexes et parfois invisibles qui s’y déroulent.Pour cela, il faut envisager la crèche

comme un système à la fois clos et ouvert où interagissent plusieurs partenaires, système dans lequel va se

dérouler et doit se gérer la dialectique entre le particulier et le collectif.

Je baliserai mon propos grâce à un emprunt aux titres des films de Bernard Martino :

- en 1982 : « Le Bébé est une personne »,

- en 1992 : « Le Bébé est un combat »,

- en 2005 : « Une Maison pour grandir »

En 2009, proposer des espaces de qualité pour les bébés est toujours plus un combat pour le bébé…et nous

allons faire un chemin ensemble en marchant pour « la cause des enfants » ( Françoise Dolto).

Je remercie, au passage, tous les auteurs auxquels j’ai beaucoup emprunté pour rédiger ce texte qui

sont succinctement cités dans la bibliographie.

Vous avez perçu que mon propos ne traitera pas seulement de la « forme » (c.a.d. de l’architecture)

mais également du « fond » (pour qui…, et comment…).

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J’aborderai donc successivement :

- l’historique des crèches et le rôle de la PMI,

- la question des locaux et de leurs fonctions,

- avant de terminer sur 2 points particuliers pour lesquels je souhaite poser des jalons pour des

pistes de réflexion : l’aménagement des espaces extérieurs, et surtout les problématiques posées

et à résoudre de l’accueil du tout-petit en collectivité.

II - HISTORIQUE ET PLACE DE LA PMI

Commençons par l’étymologie du mot crèche, et son évolution :

Crèche : nom issu du vieux français krippia, apparu vers 1150,

- 1ère définition : mangeoire pour les bestiaux,

- 2ème définition : crèche où Jésus fut placé dans l’étable et par extension un petit édifice

représentant l’étable,

- 3ème définition (1867) : établissement, asile destiné à recevoir dans la journée des enfants de

moins de 3 ans.

Rappelons l’évolution numérique de cet équipement :

- 1946 : 360 crèches

- 1975 : 883 crèches collectives + 284 crèches familiales

- 1981 : 1306 crèches collectives + 554 crèches familiales

- 1986 : 2057 crèches collectives + 1089 crèches familiales

- 2003 : 8378 multi accueils collectifs + 914 crèches familiales

Arrêtons-nous sur les chiffres de l’étude de la DREEES, publiée en 2009 et portant sur l’année

2007 :

9129 multi accueil collectifs (MAC) + 799 crèches familiales, soit environ 10.000 établissements,

avec un taux de croissance annuel moyen de 2,26 % pour les MAC, et de décroissance – 3, 38 % pour les

MAF Relevons donc qu’en 11 ans (de 1996 à 2007) on est passé de 3146 places à 10.0000 places, qui

n’accueillent cependant que 15 à 20 % des naissances et ceci avec de fortes disparités régionales

d’équipement, la région parisienne et le Sud-est disposant de capacités d’accueil supérieur à la moyenne

nationale.

Mais de façon parallèle, notons qu’en une génération seulement, 70 à 85 % des femmes ayant un 1 er

enfant ont un emploi, que la natalité française (la 1er en Europe, même devant l’Irlande) se maintient à plus

de 2 enfants par femme et que l’égalité entre le père et la mère dans la répartition du congé parental n’existe

que très peu chez nous,contrairement aux pays nordiques (Suède) où les structures collectives n’existent qu’à

partir de 1 an.

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Un détour historique s’avèrerait indispensable pour percevoir les évolutions, et les ambiguïtés

inhérentes à la création des crèches. Celui-ci montrerait que les représentations de l’enfant, de ses besoins, de

son développement, de sa place dans la famille et la société ont joué un rôle majeur dans leur conception,

leur réalisation, l’organisation des locaux et conjointement dans l’accueil réservé aux parents, les « soins » à

l’enfant et le travail des professionnels. Résumons :après les textes fondateurs de 1965, d’autres textes sont

élaborés : décret du 15 janvier 1974 et ses arrêtés qui abrogent les précédents.

Le guide de programmation des crèches collectives et familiales publié par le Ministère de la Santé

en 1976 indique les modifications et assouplissements apportés aux circulaires de 1965 en introduisant la

notion « d’unité de vie », et en quantifiant approximativement les effectifs d’enfants.

L’abrogation de ces circulaires -qui n’ont pas été remplacées, avec les lois de décentralisation

(1982), a eu pour conséquence, faute de mieux, une perpétuation persistante à leur référencement, et ceci

pour la programmation des crèches bâties dans les années 1980-1990, mais de grandes latitudes

d’interprétation et une inadaptation, pour la plupart des lieux créés, aux évolutions de l’accueil du jeune

enfant.

Depuis 1987, à l’initiative de la PMI et de la Ville de Paris, une réflexion a été entreprise sur la

conception des établissements d’accueil, les missions de ceux-ci s’étant démarquées au fil des décennies de

leur vocation initiale et de leur fonctionnement calqué sur les règles du milieu hospitalier.

Ce travail, coordonné par Bernard Franjou, architecte de la Ville de Paris, a permis l’élaboration puis

la diffusion en 1992 du « Guide pratique : l’espace d’accueil du jeune enfant » publié par le Ministère de la

Solidarité avec le concours de la fédération des C.AU.E. (Comité d’architecture, d’urbanisme et

d’environnement) – Guide remis à jour en 2004 (édité par : L’inédite – 6 rue Deguerry 75011 Paris

01.40.21.35.42)

La genèse de ce guide et ses objectifs : « penser et réaliser les lieux d’accueil comme des lieux

relationnels » seront développés et explicités par Bernard Franjou, qui a grandement contribué à sa mise en

œuvre, puis aux procédures d’évaluation de ces pratiques architecturales innovantes dans l’abord et la

résolution des problématiques de l’accueil en collectivité du jeune enfant.

Il faut aussi indiquer comme contribution à cette réflexion l’ouvrage, « les temps de l’enfance et

leurs espaces », édité par l’Association NAVIR, paru en 1994.

Ce sont ces deux ouvrages qui ont été les références des médecins de PMI, et une aide précieuse dans

leurs rencontres avec les porteurs de projets et les architectes pour l’élaboration des structures d’accueil et

de leur cahier des charges.

Mais pour de multiples raisons, difficultés à se positionner selon les maîtres d’ouvrage et architectes,

enjeux politiques, financiers, perception insuffisantes des besoins de l’enfant dans son espace d’accueil,

difficultés à expliciter la finalité de cette organisation spécifique des locaux, et donc de cet « espace

relationnel », les recommandations de ces guides furent -trop souvent- insuffisamment prises en compte dans

la réalisation de beaucoup (trop) de crèches. Crèches qu’il serait bien nécessaire de réorganiser et modifier

par des travaux plus ou moins conséquents, ayant des incidences financières pour les gestionnaires.

Il reste donc à convaincre ceux-ci, et j’espère que ce colloque y contribuera, d’entamer cette

réflexion puis de la concrétiser pour les différents espaces dans leurs crèches.

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Il est à noter les tendances à l’inflation « législative » (sécurité incendie, accessibilité…) et les

multiples réglementations qui viennent de plus en plus encadrer la réalisation et le fonctionnement des

crèches. Celles-ci peuvent, d’ailleurs, être contradictoires avec les impératifs de sécurité à respecter dans un

espace destiné à de jeunes enfants.

Leurs applications paraissent dépendantes de négociations et/ou d’interprétations des architectes et

de certaines commissions, avec évidemment des divergences selon ceux-ci ou celles-là.

Ainsi l’élaboration successive de ces circulaires, et guides a permis de progressivement mieux

répondre aux besoins des enfants (hygiène, sécurité, accueil, …) qui ont été influencés par les contextes

historiques et sociaux des différentes époques.

Ce sont les recherches en développement et en santé mentale de l’enfant (travaux de R. Spitz, J. Piaget, J.

Bowlby, T.B.Brazelton, D.N.Stern, J.Levy, F.Dolto, S. Lebovici et bien d’autres…), comme la survenue des

événements de Mai 1968 qui ont contribué à une floraison de nouvelles pratiques et de lieux d’accueil

innovants : « maisons vertes », crèches parentales… Le bébé -jusqu’alors empêché dans ses potentialités,

maintenu dans son lit, entouré d’un personnel dont les tâches primordiales étaient la traque des microbes et

au mieux la surveillance de la courbe de croissance, réduit à un tube digestif a laissé progressivement la

place à un bébé doué de motricité « libérée » autonome et dont les compétences relationnelles faisaient

émerger dans la spirale interactive celles des parents et des professionnels.

Ainsi l’organisation et le cadre des crèches a évolué de la nécessaire survie physique des enfants vers

la prise en compte de leurs besoins relationnels, de leurs angoisses de séparation, permettant leur

« socialisation » et les échanges avec leurs « pairs », mais avec comme conséquence pour les professionnels

des manières différentes de faire et d’être avec eux et leurs parents : d’un rôle de substitution, puis

d’éducation, à un rôle en complémentarité et réciprocité avec ceux-ci pour cet enfant singulier accueilli en

collectivité.

Cette évolution du rôle social de la crèche se poursuit actuellement avec une autre étape : celle du

soutien à la parentalité, injonction faite à tous les professionnels de l’enfance, avec des dérives possibles

aboutissant à un contrôle social, (surtout vis-à-vis des populations les plus démunies) et un risque de

« normativation » des processus de parentalité.

La place et le rôle du service de PMI vont être rapidement esquissés ci-après : ce sont les lois de

décentralisation déjà citées (1989) suivies des décrets du 6 août 1992 qui ont organisé les transferts de

compétence et donné au Président du Conseil Général (et au service de PMI au sein des services du Conseil

Général) la responsabilité de l’agrément (procédures d’ouverture, d’extension ou de transformation) et du

contrôle de tous les établissements et services d’accueil des enfants de moins de 6 ans (Code de la santé

publique – articles L2324-1 à L2324-4 et décrets du 1er août 2000 et du 20 février 2007).

Au-delà du respect des impératifs législatifs, les médecins du service PMI-SMAPE (Service des

modes d’accueil de la petite enfance – D.P.M.I.S) du C.G.13 s’appuient sur leur rôle d’expertise en petite

enfance pour contribuer à la conception architecturale des crèches et à la réalisation du projet d’accueil.

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En effet, la teneur spécifique des missions du service de PMI nous confère ce rôle particulier,

missions qui sont :

- de préparer et d’aider à la naissance dans les conditions les plus favorables à la santé de la mère

et de l’enfant,

- de promouvoir le développement global et harmonieux de l’enfant de 0 à 6 ans,

- de participer à la prévention des mauvais traitements aux mineurs,

- d’améliorer les conditions d’accueil dans les différents modes de garde.

La PMI est donc le seul service de santé publique s’adressant à toute la population, au carrefour des

différentes problématiques concernant l’enfant dans sa famille et dans ses environnements, et il a vocation à

faire respecter les besoins du bébé et du petit enfant dans sa personne propre, dans les relations qu’il noue

avec ses parents, ses pairs, les professionnels, et ceci dans tous ses milieux de vie.

Donc un service de PMI digne de cette dénomination se doit d’être engagé dans une politique de

prévention globale, du collectif au singulier, qui conjuguerait ces deux termes : « faire attention, être dans

l’attention ».

III - LES LOCAUX

En préambule, je reprends les termes du titre de l’exposé qui m’est échu :

- leur fonctionnalité, oui et non, mais aussi pour quelle fonction et à quel moment,

- leur polyvalence, plutôt non, encore que …

- leur adaptabilité, sûrement non, car ce terme selon la définition du « Robert » ne s’appliquant

qu’aux « humains » et signant un « processus de modifications et d’accommodations qui dépend

des conditions d’environnement ». Ceci impliquerait donc que l’on adapte ceux qui demeurent

dans ces locaux à ceux-ci plutôt que le contraire, situation hélas bien réelle et trop fréquente.

Donc c’est le terme adaptation des locaux qui convient là, préalable à toute construction mais

aussi à mettre en œuvre pour les plus anciennes des crèches. Des plans et des photos sont

précieux à examiner pour comprendre l’évolution de l’espace et de l’architecture, concomitante

des représentations des besoins et du développement de l’enfant. Et la Mairie de Marseille avait

fait œuvre utile avec l’exposition organisée à l’occasion des 100 ans des crèches de Marseille.

On pouvait y comparer les photos montrant la vie des enfants, les plans de la première crèche

marseillaise qui date de 1901, dans le quartier Vauban (6ème arrdt). Elle a bien changé depuis, mais toujours

aussi solide ! S’y adjoignent les plans de la crèche de l'hôpital Ste Marguerite ouverte en octobre 1975, pour

60 enfants, et le tableau comparatif de ses surfaces, calqué sur les circulaires de 1965, ainsi que les plans

d’une crèche qui ouvre ce jour : la crèche Poussy III pour 70 enfants, fruit d’un travail en commun entre

l’association Poussy, Mr Anezin, architecte, et le SMAPE.

Quelques brefs éléments pour saisir ces évolutions : les circulaires de 1965 prévoyaient :

- pour une crèche de 60 enfants, une superficie de 634 m²,

- pour celle de 40 enfants, 467 m²,

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- pour une halte-garderie de 20 enfants, 120 m²,

soit un ratio de plus de 10 m² par enfant toutes surfaces confondues et de 6 m² pour une halte-

garderie.

Mais, si ce ratio de 10 m²/enfant doit être maintenu actuellement, la répartition, la destination des

espaces étaient à l’origine bien différentes ; ainsi la superficie véritablement dévolue aux enfants était de :

- 3,5 m²par enfant pour la section des bébés (de mois environ à 12/14 mois), ce qui existe encore

dans certaines crèches municipales de Marseille, salle qui servait uniquement de dortoir, car les

bébés ne sortaient pas de leur lit. Le change et le vestiaire avaient 40m² de superficie à eux

seuls : ces superficies ont été progressivement détournées de leur fonction initiale avec plus ou

moins de réussite, et la réorganisation de certaines crèches se pose avec acuité pour cette section

des bébés,

- 4 m² pour la section des « moyens » (de 12/14 mois à 20 mois), avec la même répartition de

surface pour les vestiaires et changes soit 40 m²,

- 5,25 m² pour la section des « grands » (de 2à 3 ans et plus), vestiaires et changes atteignant 50

m².

Les personnels étaient également mal lotis, 22 à 27 m² en tout et pour tout, mais ils pouvaient

préparer leur repas dans la cuisine de la crèche.

Actuellement ce critère de 10 à 11 m² de surface globale par enfant et de 6,5 m² par enfant au moins,

avec quelques variations selon la répartition des espaces reste et doit rester un impératif.

Mais cette « norme de surface » ne préjuge en rien de l’organisation intérieure des espaces, de leur

fonctionnalité, de la réponse architecturale aux besoins des enfants, des parents, des professionnels, ni de la

forme pour la fonction.

Que dit la loi ? (Article R2324-28 du décret du 20 février 2007) :

« Les locaux et leur aménagement doivent permettre la mise en œuvre du projet éducatif. Les

personnels des établissements doivent pouvoir y accomplir leurs tâches dans des conditions satisfaisantes de

sécurité, d’hygiène et de confort, en portant aux enfants une attention constante et en organisant de manière

adaptée à leurs besoins, les repas, le sommeil, le repos, les soins corporels et les activités de jeu et d’éveil.

L’aménagement intérieur des établissements doit favoriser en outre l’accueil des parents et l’organisation

de réunions pour le personnel. Les services d’accueil familial doivent disposer d’un local réservé à l’accueil

des assistantes maternelles et des parents, d’une salle de réunion et d’un espace réserve aux activités d’éveil

des enfants ».

Cette notion de relation entre projet d’espace et projet pédagogique (peut-être remplacé par le projet

social ?) et donc l’adaptation de l’espace à la pédagogie apparaît pour la première fois dans le décret d'août

2000.

Cette relation existe, certes, mais bien évidemment le projet d’espace qui se doit d’être préalable au

projet pédagogique. Pourquoi ? : parce que chaque professionnel a des sensibilités propres, sa manière de

vivre et d’investir un lieu, ses références théoriques qu’il doit mettre en oeuvre dans un espace concret et

« spatialiser » ainsi celles-ci.

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Or les projets pédagogiques, éducatifs se modifient souvent au fil des changements de personnel : de

directrice, de gestionnaire, voire même sans ces changements au sein d’une équipe selon les personnalités,

les lubies, les modes, les représentations de chacune des besoins des enfants et des modalités pour y

répondre.

Ces changements dans les pratiques quotidiennes (par exemple suppression des lits hauts et couchage

au sol des bébés et occultation des espaces vitrés) sont le plus souvent inadaptés. Ils semblent avoir pour

fonction de lutter contre une certaine monotonie, répétition de l’anodin du quotidien, de redynamiser une

équipe grâce à la négation artificielle de ces routines. Ces changements peuvent occulter la problématique

principale : la fréquente inadaptation des locaux tant dans la répartition que dans la superficie des espaces

pour répondre aux différentes fonctions inhérentes aux structures d’accueil. Ainsi le problème est le plus

souvent mal posé, voire non perçu, ni identifié par les responsables (directrices, gestionnaires) faute de

disposer d’exemples, de pouvoir concevoir d’autres modèles, mais aussi faute de participation des

personnels de terrain aux réflexions sur le réaménagement de leur crèche. Les tentatives pour le résoudre se

font souvent en occultant, faute de mieux, les besoins spécifiques des enfants en collectivité.

Certes « l’art d’accommoder les bébés » (titre d’un utile ouvrage de S. Lallemand et G Delaisi de

Parseval qui retrace les évolutions de la puériculture et ses contradictions successives au fil des époques et

aussi les cultures) suscitera encore beaucoup d’interrogations et conflits entre les divers professionnels et

avec les parents.

Donc l’espace et les fonctions qui lui sont dévolues doivent précéder l’élaboration d’un projet

pédagogique, que nous savons fluctuant selon les équipes et les époques. Mais sont maintenant connus, grâce

aux recherches et études cliniques, les principes et objectifs de l’aménagement de l’espace qui sont : (cf. e.g.

H. Montagner – l’Accueil des tout-petits – Mille et un bébés n° 10)

- « rassurer les parents, les mettre en confiance,

- rassurer les enfants, les mettre en confiance,

- leur assurer une stabilité dans leurs repères relationnels, temporels et spatiaux,

- leur assurer la cohérence et la fiabilité des professionnels,

- permettre à tous les enfants de libérer et structurer leurs diverses compétences,

- grâce à « l’observation attentionnée » des professionnels, celle-ci développée en synergie avec

celle des parents,

- et permettre à ces professionnels de réfléchir à leur pratique, de l’affiner afin de mieux répondre

à la singularité de chaque enfant dans sa famille ».

Mais le pourquoi et le comment de cet espace relationnel doit être explicité aux professionnels

pendant son élaboration, puis sûrement après, pour éviter son « dévoiement » souvent constaté lors des

visites de « contrôle » effectuées dans le cadre des missions de la PMI. Pour anecdote : sont constatés le

plus souvent : les grandes « fresques » peintes sur les espaces vitrés qui permettaient la vision sur

les bébés dans leur dortoir ; certes culturellement la sieste des adultes se fait à l’ombre dans le midi,

la chaleur et la luminosité étant plus violente, mais plus profondément ne serait-ce pas pour

échapper aux sollicitations visuelles des bébés, et perpétuer aussi des pratiques pas si anciennes

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(environ 30 ans) mais peut être toujours enseignées - cf. les circulaires de 1965 et l’importante

superficie des dortoirs.

Mais une géométrie « utilitaire » rationalisant le nombre de m² à respecter selon la destination des

espaces, pour les enfants et les adultes est insuffisante pour que ceux-ci remplissent les différentes fonctions :

- fonction d’accueil et de gestion de la structure,

- de jeux, repos, sommeil, change, repas, sorties à l’extérieur pour les enfants,

- de repos, repas, change, cuisine, lavage, rangements pour les professionnels,

- d’accueil des parents,

- de divers rangements (poussettes, manteaux, rechanges, matériel, …)

- et d’espaces intimes de séparation et de retrouvailles entre les enfants, parents et professionnels,

Ces différentes fonctions s’interpénètrent et se succèdent plus ou moins, surtout dans la section des

bébés dont les rythmes sont spécifiques.

Cette notion d’interpénétration des fonctions est capitale pour réfléchir à la manière de gérer leurs

continuités et la contiguïté des espaces, les passages des unes aux autres, les modalités de leur

« franchissement » comme celle d’une frontière fluctuante et les circulations qui facilitent cette

interpénétration tout en préservant leur relative indépendance et leur différenciation selon l’âge et le rythme

des enfants.

Alors, que serait donc un espace fonctionnel pour un pédiatre qui n’est pas architecte, qui en

méconnait plus les nombreuses et importantes contraintes et responsabilités de ce métier, qui a sans doute

des difficultés à imaginer un volume à partir d’un plan, mais qui connaît les besoins des enfants, même en

collectivité, et qui a accumulé une certaine expertise grâce à quelques erreurs antérieures, ou quelques

réussites aussi. Erreurs et réussites qu’il a pu analyser et partager pour capitalisation au sein du SMAPE qui

contrôle les 360 établissements d’accueil du jeune enfant des Bouches du Rhône ?

Réponse : un espace fonctionnel est un espace où les divers préalables sont respectés, où sont pris en compte

tous les points de cette énumération qui doivent apparaître dans le cahier des charges techniques :

- pour le personnel de service (et ce n’est pas un détail) lui permettre grâce à des vidoirs

judicieusement disposés d’effectuer ergonomiquement, correctement et facilement leurs tâches

de ménage,

- que la buanderie soit équipée d’un évier permettant un lavage,

- que la lingerie puisse permettre de plier le linge propre aisément,

- que les rangements soient accessibles, nombreux et suffisamment vastes,

- que la biberonnerie soit contiguë à l’espace bébé mais aussi aux circulations pour faciliter le

passage des repas et leur maintien au chaud,

- que l’éclairage soit indirect, surtout chez les bébés et équipé de variateurs pour les dortoirs,

- que les aérations naturelles (impostes) existent, en sus des VMC,

- que l’isolation phonique soit réelle et efficace,

- que le personnel soit bien installé pour donner les biberons, les repas,

- que les pièces bruyantes ne soient pas à proximité des dortoirs,

- que les espaces soient différenciés entre le jeu, le sommeil, le repos, les repas,

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- que la situation et l’orientation des zones de change permettent la continuité visuelle et donc

relationnelle avec le groupe d’enfants,

- que les espaces extérieurs soient accessibles pour tous les enfants, y compris les bébés,

- que l’accès des sanitaires grands et moyens soit ouvert sur l’extérieur,

- que les circulations soient faciles pour les enfants et les adultes,

- que l’intimité dans l’accueil des parents, les transmissions entre parents et professionnels, et les

retrouvailles parents-enfants soient prises en compte dans l’espace surtout chez les bébés.

Et, cela sera détaillé dans la 3ème partie de cet exposé

- que les cloisons soient vitrées au maximum pour les dortoirs, surtout chez les bébés,

- que pour les dortoirs des moyens, grands, les cloisons vitrées toute hauteur soient moins

impératives car ces pièces sont, dans la journée, réutilisées comme salles d’activité et l’intimité

entre les groupes d’enfants doit s’établir,

- que l’aire de jeux soit protégée par un préau et équipée de points d’eau, WC enfants et lave-

mains, si elle est importante en superficie,

- qu’il existe des espaces préservés pour des moments de solitude et de rêverie nécessaires aux

enfants afin qu’ils puissent se soustraire aux sollicitations des autres enfants, voire aux tenants

de l’activisme éducatif, et pour cultiver « le droit à la paresse » (bien oublié de nos jours où les

agendas de certains enfants n’ont rien à envier aux nôtres).

A dessein cette énumération n’est pas hiérarchisée et n’est pas exhaustive, mais j’espère qu’elle met

en exergue que la « forme » doit concrétiser toutes ces fonctions et les enjeux de cette forme dans le

développement de l’enfant sont capitaux puisque le temps et l’espace font partie des sensations construites au

terme d’un long apprentissage qui va de pair avec la connaissance de soi de l’enfant : il prend possession de

l’espace et de son corps dans l’espace comme il prend possession de lui-même.

Mais cet espace rationnel lui permettra-t-il de rêver des espaces plus complexes, de les explorer,

comme métaphoriquement, une cave et un grenier, avec un bas et un haut, et de mettre en forme une

« poétique de l’espace » évoquée par G. Bachelard, cité in– Le territoire des philosophes – Editions La

Découverte 2009 –p.50.

Pour conclure cette partie de mon exposé, j’essaierai de synthétiser quels sont les défis à relever ici

et maintenant pour l’élaboration des futures crèches, l’adaptation des anciennes, en synergie avec la réflexion

sur les pratiques professionnelles respectueuse des petites personnes que sont nos enfants.

Pour les anciennes structures : des adaptations sont prioritaires :

- respecter les besoins et rythmes différents des enfants selon les tranches d’âge avec la création

de dortoirs pour les bébés, ainsi que pour les moyens et les grands car dans beaucoup trop de

crèches, le personnel est sans cesse confronté à la nécessité de transformer l’espace : pièces de

vie qui deviennent pièces de sommeil, donc déplacements quotidiens du mobilier, des jeux etc .

- réaménager les anciens et vastes sanitaires en ayant une vision globale du fonctionnement des

différentes unités et des circulations et non pas de façon parcellaire en changeant uniquement

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les plans de change, et ceci du fait de l’émiettement de certains services (municipaux en

particulier…),

- profiter de la mise aux normes des cuisines pour s’interroger sur leur positionnement, leur

dimension.

Le contrôle des médecins du SMAPE doit permettre d’y réfléchir avec les gestionnaires et les

directrices, souvent peu au fait des possibilités d’aménagement des espaces, ne pouvant élaborer les

améliorations à y apporter car assumant un quotidien par ailleurs très prenant.

Ce regard extérieur des médecins du SMAPE est d’ailleurs enrichi par la découverte au fur et à

mesure des visites des solutions trouvées ici et là, mais qui ne circulent guère ou ne diffusent pas assez du

fait de l’isolement de chaque structure. Il faudrait faire « voyager » directrices et gestionnaires pour qu’ils

visualisent d’autres exemples de crèches mieux conçues… ou plus ou moins ratées.

Mais il faudrait aussi :

- renforcer l’isolation phonique,

- créer des espaces particuliers pour certaines activités, en particulier pour l’éducatrice de jeunes

enfants (EJE),

- différencier dans les locaux les groupes d’enfants dits « réguliers » et les accueils dits

« occasionnels »,

- permettre de respecter les règles d’hygiène en collectivité par l’équipement en robinetterie à

commande non manuelle dans les biberonneries et sanitaires, etc…

Cette liste non plus n’est pas exhaustive, et des points importants ont été sûrement oubliés, mais avec

d’autres, les médecins du SMAPE la compléteront sûrement avec des exigences complémentaires et peut être

différentes selon la localisation de la crèche en milieu rural ou urbain

Mais cette liste prescriptive, descriptive des différentes fonctions n’explicite pas comment le projet

architectural d’une crèche va œuvrer pour que l’espace de celle-ci soit un espace relationnel, ce qu’expose,

de sa place d’architecte, Bernard Franjou.

J’aimerais enfin insister et développer deux problématiques, d’ enjeux fort différents :

- l’accueil des bébés (qui fera l’objet de la 4ème partie de cet exposé),

- et trop rapidement l’aménagement des espaces extérieurs,

IV – L’ACCUEIL DES BEBES

Il me semble suffisamment acquis que l’accueil des très jeunes enfants en collectivité pose des

problèmes très spécifiques, et je saisis l’opportunité de ce colloque pour les aborder, et proposer de tenter de

les élaborer en commun afin d’offrir aux tout petits des conditions d’accueil qui n’entravent pas leur

développement, mais l’accompagnent et le favorisent.

C’est pour cela que l’aménagement des espaces doit être souvent (re)pensé et ainsi adapté. Il faut que

aussi grâce les bonnes pratiques des professionnelles soient soutenues au profit de leurs capacités d’attention

et d’empathie à l’égard de chaque enfant accueilli.

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Cette indispensable disponibilité psychique, émotionnelle peut conduire à des phénomènes

d’épuisement, de lassitude, susciter des contre-attitudes et de difficiles ajustement entre le trop et le trop peu.

Le travail de réflexion et d’analyse des pratiques, les formations continues destinées à l’ensemble de l’équipe

constituent un dispositif essentiel à instaurer pour tous les professionnels de l’enfance d’autant que le nombre

d’enfants en « accueil occasionnel » peut être croissant et important avec pour conséquences des temps de

présence ponctuels et irréguliers, une rotation des effectifs trop rapide pour accueillir et connaître

sereinement chaque enfants et des parents.

En sus d’un nombre « mathématique » de bébés dans leur section, les personnels accueillent des

bébés de diverses origines, mais aussi « catégorisés » selon les appartenances théoriques, professionnelles…

Cette grande variété que je vais tenter de décliner ci-après se retrouve partiellement dans chaque section…

Et cette énumération est une tentative pour appréhender la complexité des situations de ces très jeunes

enfants.

Pour rappel :

- la vie en dehors du milieu familial dans une structure collective n’est pas un besoin pour le petit

enfant,

- un bébé de 2 mois ½ n’est pas prêt à se séparer et est d’autant plus vulnérable face à la séparation

d’avec ses parents…Le congé de maternité de 2 mois ½ scandaleusement trop court, mais sa

durée dépend des orientations politiques en faveur de la petite enfance, orientations qu’il faudrait

penser sur le long terme.

Nous sommes intimement persuadés de ces postulats, et cependant nous participons tous ici à la

création de structures d’accueil collectif… Quelle ambivalence !

Alors essayons de résoudre au mieux cette équation – besoins des bébés, travail des parents, besoins

de garde – chacun à notre place avec nos responsabilités et être le moins nocif possible.

Voici donc les multiples déclinaisons des « natures » de ce bébé :

− tout d’abord, le bébé des architectes… qu’il faut aider à concevoir puis évoluer du virtuel

dessiné au réel et aux réalités,

− le bébé des gestionnaires veillant aux taux d’occupation,

− le bébé des politiques, toujours au lendemain ou à la veille d'une élection, promettant beaucoup,

tenant moins, atteints de « pandémie » législative, dont les objectifs sont les économies et la

rentabilité. Mais le bébé n'est pas une marchandise.

− le bébé des psychologues, qui ne sait pas encore parler,

− le bébé des pédagogues, qu'il va falloir éduquer, canaliser plus ou moins librement selon les

courants théoriques,

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− le bébé des psychanalystes, marqué par la détresse originelle et la perte de la plénitude

anténatale,

− le bébé des juristes, et des démographes qui comptent et recomptent les naissances pour prévoir

les besoins pour les bébés et plus tard les vieux,

− le bébé des publicistes, avec l’enfant consommateur prescripteur d'environ 50% des dépenses du

ménage,

− le bébé sexué qui mériterait tout un développement (quel refoulement de la sexualité chez tous

les professionnels de l'enfance !) dont s'occupe un personnel presque exclusivement féminin, les

rares hommes étant affectés le plus souvent chez les grands, pour éviter certaines suspicions

quand à la toilette et au change, exclusivement des filles d'ailleurs …., « Personnel dont les

attitudes éducatives reproduisent les schémas traditionnels de différenciation homme et femme,

encore très ancrés, perpétuant ainsi les écarts de statut professionnel et familial entre homme et

femme ». « Aux filles, les poupées, la dînette, les jeux d'intérieur, l'attention à autrui, le souci

de la famille et la coopération à l'économie domestique. Aux garçons, l'extérieur, les sports,

l'affrontement, les jeux de guerre, toutes activités plus propices à développer l'esprit de

compétition ».

(C. Baudelot /R. Establet - Quoi de neuf chez les filles ? – Nathan 2007).

− le bébé des sociologues qui constatent les mutations rapides de la famille, des liens d'alliance et

de filiation, les conflits autour du droit de garde, les conséquences de la résidence alternée,

l'augmentation des familles mono-parentales, les diverses modalités de devenir, d'être et de

rester parents. Ainsi 3 foyers sur 10 ne correspondent pas ou plus à la forme traditionnelle de la

famille : 1,2 millions d’enfants vivent au sein d'une famille recomposée et 2,7 millions au sein

d'une famille mono-parentale. Ces transformations atteignent les professionnels, bousculent

leurs repères pratiques comme « théoriques », les confrontent à leurs propres difficultés

familiales ou conjugales et les interrogent sur leur vocation à s’occuper des enfants des autres,

− le bébé issu d'autres cultures, dont la manière de porter, endormir, nourrir, regarder, toutes

expériences sensorielles qui sont des repères fondamentaux pour le bébé, divergent de celles des

pratiques collectives. Ces différences culturelles ne font qu'accentuer une différence plus

radicale, du point de vue du bébé et du lien mère-enfant, qui est la différence entre le monde de

la maison et celui de l'accueil collectif,

− le bébé exposé, soit à des processus de parentalité défaillants que ce soit au niveau de la pratique,

de l'expérience, ou de l'exercice, soit du fait de problèmes médicaux, d'handicaps. Ces

problématiques peuvent se révéler au fil du séjour, mais la crèche accueille surtout des parents

bien insérés socialement et qui ont prévu de longue date l'inscription de leur enfant. Même si les

textes régissant l'attribution de la PSU prévoient de réserver 2 (?) places pour les problèmes dits

psycho-médico-sociaux, dans le quotidien de la pratique ceci reste un leurre et les seules

propositions faites à ces bébés et familles sont des accueils dits occasionnels, par défaut

d’accueil à temps plein, qui accentuent encore plus les divergences de pratiques et qui ne

permettent pas l'acquisition de repères fiables et stables pour le bébé et les parents.

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L’expérience des médecins de PMI et de leurs équipes enseigne que pour assurer cette

fonction soignante de la crèche, donc un rôle presque thérapeutique afin d'éviter un placement,

pour à la fois soutenir le développement du bébé, établir l'alliance avec les parents, contrer les

projections du personnel des problématiques des parents sur le bébé, l’organisation de l'accueil –

comme le travail en partenariat doit être particulièrement réfléchie et des moyens particuliers

mis en place pour soutenir les différents protagonistes, en lien avec ces autres partenaires.

− le bébé de parents soumis aux contraintes de plus en plus violentes du monde du travail ,

rentabilité, rapidité, efficacité, stress, mais aussi précarisation pour beaucoup,

− le bébé de parents toujours « connectés » au téléphone, aux baladeurs nouveaux objets

transitionnels,

− le bébé de parents qui, outre leur besoin de garde de leur rejeton, considèrent la collectivité

comme une nécessité éducative, source d'éveil culturel, social, qui favorise son épanouissement,

le prépare à affronter la compétition dans la société et favorise son autonomie. Discours qui fait

l'impasse sur la dépendance extrême du tout-petit, l'importance des premiers liens pour sa

sécurité affective. (Pour rappel – l’étymologie du mot autonomie : « être à soi-même, sa propre

loi »),

− le bébé des professionnelles, avec leurs propres références théoriques, mais aussi leurs

représentations de « bons parents » de la « bonne mère », unique et évidemment insurpassable !

Professionnels dont les fonctions et les places sont hiérarchisées au sein du système-crèche, en

fonction des diplômes, des contrats renouvelables ou non, avec ses rotations nuisant à la

constitution d'équipes stables et de référents pour les enfants. La hiérarchisation des places et

primat de l'éducatif, entraînant la réalisation des soins corporels le plus souvent par le personnel

le moins diplômé, soins pourtant fondamentaux pour les bébés et la construction de « leur

sentiment continu d’exister »,

− le bébé de parents qui font tout avec lui, mais que font-ils pour lui... ? Ainsi, du fait de la

sacralisation de la maternité, de l'allaitement, de la pression d’un discours social favorable à« sa

Majesté bébé », celui-ci est porté, en écharpe de préférence ; il pratique le « co-sleeping »,

entouré d'une sollicitude anxieuse et culpabilisée ; tous facteurs acutisant les angoisses de

séparation des enfants et des parents, renforçant l'ambivalence des parents vis à vis de

l'admission en crèche, parents parfois désemparés aux prises avec des injonctions multiples et

contradictoires,

− le bébé de parents écolos, bio, voulant imposer des régimes farfelus voire carencés...,

− le bébé en souffrance de par son entrée en crèche ou sa vie en collectivité , souffrance plus ou

moins déniée dont les manifestations somatiques et fonctionnelles ne sont pas rapportées à une

souffrance psychique. Ces manifestations sont moins spectaculaires que celles affectant le 2ème

trimestre mais sont plus désorganisantes.

− le bébé « retourné » dans sa poussette livré à une « «folle solitude » qui nécessiterait un

questionnement sur les conséquences du retournement des poussettes intervenu massivement à

partir des années 1970 et qui oriente l'enfant vers l'avant. Olivier Rey - philosophe- en a tiré

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quelques hypothèses, mais sans aller aussi loin dans son analyse, ce dispositif laisse réellement

l'enfant dans une grande solitude face au monde. En effet, il reçoit celui-ci sans l'intermédiaire

du regard, de l'attention du pousseur et sans possibilité de le traduire, donc de l'intégrer ne

voyant plus les expressions sur le visage (qui peut aussi avoir les oreilles occupées !). Le

pédiatre et psychanalyste britannique D.W. Winnicott a évoqué l'object-presenting , la

présentation de l'objet, (le temps utilisé indiquant un processus) présentation métaphoriquement

de l’objet-monde faite par et grâce à l’intermédiaire de l’autre. Il fut un temps où l'enfant

oscillait entre le « viens de la mère et le va du père », temps traditionnel où il s'appuyait sur le

passé pour construire l'avenir. « Il n'y aurait donc plus qu'un « va », « libéré du poids du passé,

sujet d'emblée vers l'avant, autonome et auto-construit » (Olivier Rey – Une folle solitude – Le

fantasme de l’homme auto-construit - Seuil 2006) ,

− des bébés d’âges très différents, même si la temporalité ne s’exprime qu’en semaines. L’âge

d’admission varie de 2 mois ½ à environ 4/6 mois, le plus fréquemment et les plus âgés, autour

d’un an, n’ont que très rarement une place en crèche, le passage des sections et les admissions se

faisant en septembre, l’entrée en maternelle n’existant plus en cours d’année. (Quand aux

enfants de plus de 3 ans en crèche, leurs besoins spécifiques mériteraient qu’on y réfléchisse

également). Or, les besoins d’accueil après 1 an sont importants, du fait d’un congé parental, ou

d’un souhait de réintégrer le monde du travail et d’insertion, de formation – quelques très rares

crèches (1) ont prévu cet accueil dans des locaux spécifiques. Des structures à mi-chemin entre

la halte-garderie et la crèche sont sûrement à soutenir.

Ce catalogue n’est sûrement pas exhaustif, mais chacun y reconnaîtra son ou ses bébés croisés au fil

du temps et des structures.

En quelques mois, à des rythmes très différents, ces bébés vont passer de l’horizontalité à une

verticalité plus ou moins assurée, tous les stades coexistant au sein du même espace, sollicité de façon

différente, et qui doit donc répondre de façon différenciée à ces évolutions développementales rapides, ainsi

que des pratiques du personnel variées et variables. En 6 à 9 mois, ces bébés sont devenus des « moyens » mais

sont toujours dans la même section, le meme espace.

Comment donc résoudre cette équation : répondre aux besoins du bébé en évolution, des parents, du

personnel ? Comment adapter cet espace avec quelles pratiques autour de cet accueil du tout-petit ?

Or, les conditions pour que la crèche puisse offrir un lieu bénéfique à l’enfant sont précises et

connues : il s’agit d’offrir un environnement humain et matériel solide et fiable, adapté de façon précise à leurs

besoins. Et on sait –mais répétons-le que c’est dans les 3 premières années de la vie surtout, mais jusqu’à 5

ans, que se construit de manière plus ou moins solide les liens et les patterns d’attachement, cruciaux pour le

développement du bébé puis de l’enfant et la socialité ultérieure.

L’attachement s’établit autour d’un ensemble d’échanges au cours duquel le bébé éprouve grâce à la

présence d’adultes attentionnés et tendres :

- l’apaisement de ses tensions, en l’aidant à contrôler ses sources de détresse, d’alarme qu’il ne

peut résoudre seul,

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- le plaisir d’être caressé, nourri, porté, (handling et holding de Winnicott), les plaisirs partagés de

faire ensemble,

- un sentiment de sécurité,

- celui d’être aimé et de pouvoir aimer, grâce à la disponibilité physique et émotionnelle des

adultes qui s’en occupent,

- et le sentiment d’estime de soi,

« Ainsi pour pouvoir supporter l’absence de sa mère, de ses parents, le bébé à besoin de prendre

appui sur de nouvelles relations fiables et continues, avec des personnes connues et attentives, et les soins

corporels doivent être délicats et attentionnés ».

« Chaque enfant doit bénéficier de temps personnels, moments de rencontre avec l’adulte,

privilégiés et prévisibles ».

« L’environnement doit lui offrir des repères stables dans le temps mais aussi par l’aménagement de

l’espace ; celui-ci doit être conçu avec soin en fonction de ses capacités et de ses intérêts, où son activité

motrice est favorisée et protégée car considérée comme constructrice de ses connaissances et élaboratrice

de ses émotions, elle implique la nécessaire liberté des mouvements et d’initiative protégée de toute

intrusion, que ce soit par des enfants d’âges différents ou d’incessants allers et venues d’adultes » (Myriam

Rasse –Quel accueil demain pour la petite enfance ? – Eres 2007).

Alors comment et de quelle manière penser l’espace pour que celui-ci contribue à la mise en œuvre

de ces nécessités relationnelles pour cette « section » dont vous avez perçu les spécificités ?

Les propositions suivantes ne sont le reflet de mes observations et réflexions conçues au fur et à

mesure des visites de « contrôle » des 70 établissements de mon secteur d’intervention, de l’écoute des

difficultés du personnel, de leurs improvisations pour y remédier mais souvent sans en déterminer

correctement l’origine, n’osant ou ne pouvant envisager une autre conception de l’espace.

Tout d’abord, ainsi que cela est préconisé dans le guide pratique « L’espace d’accueil de la petite

enfance » dont Bernard Franjou évoquera la genèse et le pourquoi de cette architecture, des petites unités de

10 à 12 enfants maximum doivent être conçues (même si certaines associations persistent à ne pas le

comprendre…).

Ces unités d’environ 65 m² doivent comporter des salles de sommeil, d’éveil, séparées par des

cloisons entièrement vitrées, des zones de change permettant une proximité visuelle et auditive avec l’adulte

sécurisant. L’aménagement de l’espace à l’intérieur doit permettre la protection de l’intimité, de la

tranquillité, l’éclairage et l’isolation phonique doivent être particulièrement étudiées.

Ceci est un minimum, mais il me semble qu’il devrait être complété par :

- une biberonnerie située immédiatement à l’entrée de la section pour éviter le passage du chariot

des repas, et les allers-venues selon les rythmes et les horaires des repas,

- une pièce particulière, isolée de la zone de jeux où pourrait se dérouler tranquillement le repas

des bébés, abrités des sollicitations des autres, pièce qui pourrait servir à d’autres activités ou à

des bébés ayant particulièrement besoin de moments de tranquillité par rapport au groupe : je

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pense ici à ces bébés « pressés », actifs, curieux, avides de participer au détriment de leurs

besoins de repos, de nourrissage,

- un espace de transition pour les parents et les bébés à l’entrée de la section, concrétisé

spatialement. Les séparations pourraient s’y dérouler sereinement sans solliciter tout le groupe,

ainsi que les transmissions entre le parent et le professionnel, transmissions qui respecteraient

ainsi la confidentialité.

- cet espace serait aussi celui des « retrouvailles », des échanges dont je n’ai encore pas assez

évoqué les problématiques particulières, rarement prises en compte, retrouvailles pourtant si

difficiles et troublantes pour le bébé quelque soit son âge mais très perceptibles vers l’âge de 5-

6 mois. Les conditions pour que la dyade se retrouve devraient être explicitées aux parents

comme aux professionnels : « C’est en effet sens après sens que ce bébé retrouve sa mère avant

de pouvoir conjuguer dialogue visuel et intimité du corps ». Combien de mères sont frustrées de

l’évitement visuel, de la distance témoignée par le bébé à ce moment là et expliquent cette

attitude sur le mode « projectif » : « il m’en veut ». « Il est nécessaire que les rythmes de la

mère et du bébé s’ajustent avec la lenteur suffisante, pour que ce bébé ne se sente pas envahi,

englouti dans un contact fusionnel précipité. L’un et l’autre ont besoin d’être accompagnés et

la présence d’un tiers bienveillant, attentif et devenu pour lui familier peut souvent aider à

renouer les liens paisiblement. Ceci est nécessaire surtout au début de la vie en collectivité,

mais dépend aussi du stade d’évolution psychique de chaque enfant » (Patrick Mauvais,

psychologue, association Pikler-Loczy).

Mais comment matérialiser ces conditions pour les nouvelles structures ? :

- sans doute en attribuant une superficie plus importante que les 65 m² préconisés pour une

section de 10 à 12 bébés. En effet, les enfants plus grands (15 mois à 3 ans) utilisent les espaces

extérieurs très souvent pendant une journée de crèche (surtout à Marseille) ; leur salle de repos

peut être réutilisée comme salle de jeux puisque les rythmes sont presque identiques. Les

problèmes de séparation, d’angoisse peuvent certes resurgir mais les enjeux sont moindres pour

le développement de l’enfant, et de plus le groupe d’enfants se connaît, élabore ensemble des

jeux et partage la vie en collectivité depuis 2 ans environ.

- On a privilégié la superficie des sections moyens et grands du fait de leur motricité

« explosive », au détriment de celle des bébés, comme si cette motricité était une des références

principales, mais cela ne traduit –il pas aussi l’ambivalence provoqué par cet accueil des tout-

petits (est-il possible de remplacer la mère ? et comment ? quelle est la place d’une mère

écartelée entre maternité – maternage – travail – conjugalité ?…)

Est-ce aussi la difficulté de traduire spatialement ces différentes et diverses

problématiques ?

Est-ce aussi parce que nous appliquons des recommandations élaborées dans le Nord (enfin

à Paris) sans tenir compte des différences culturelles et climatiques avec le Sud ? Mais

où commence celui-ci ?

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- Une autre proposition peut sembler étrange mais ne faudrait-il pas concevoir des « espaces »

vides, aux fonctions « indéfinies », qui pourraient peut être abriter celles de l’avenir ?

Il reste donc beaucoup de pistes de réflexions à élaborer et concrétiser spatialement pour mieux

penser les établissements d’accueil collectif de demain, et l’espère des suites constructives à ce colloque.

V - CONCLUSION Cependant des locaux qui seraient adaptés en superficie, organisations, circulations pourraient rester

des espaces sans relations ni échanges, voire même violents pour ceux qui y demeurent si le soutien des

pratiques professionnelles n’y est pas instauré de façon pérenne, soutien seul garant de la mise en œuvre du

projet éducatif, soutien se réalisant grâce aux apports de théories « pragmatiques », non désengageantes

permettant de développe les savoir -faire et savoir-être.

En effet, nous sommes tous des « soignants à risque » (titre du livre paru aux éditions ESF -1985),

risques pour ceux dont nous avons la charge et pour nous même : soignant pris dans l’acceptation du sens

anglo-saxon de « prendre soin » (care-giving) et non de soigner et guérir une pathologie, (to cure),

distinction bien utile pour percevoir les diverses facettes des métiers auprès et autour de l’enfant.

Pour conclure cet exposé, je me permets de citer Mme le Dr Myriam David, cette grande dame de la

pédopsychiatrie française : celle-ci a explicité de façon concise et lumineuse l’origine de la différence entre

les soins maternels et les soins professionnels : « La relation maternelle est une relation continue qui se

poursuit toute la vie, depuis la conception jusqu’à la mort et au-delà »

« C’est une relation passionnelle, amoureuse, toujours complexe, à l’intérieur de laquelle le bébé

comme la mère vit des élans de tendresse, des colère et frustrations, inquiétudes, joies etc., … »

« Les interactions auxquelles elle donne lieu n’ont d’autres objectifs que de se prêter à cette

relation »……

« Mais, à l’inverse de la relation maternelle, cette (la relation avec la soignante) relation a un

objectif unique et précis : permettre à la soignante de prendre bien soin de l’enfant pendant le temps où il

lui est confié ; c'est-à-dire procurer au bébé toute l’attention et tous les soins dont il a besoin en l’absence

de sa mère ».

« Ici c’est le soin qui est fondateur de la relation et non l’inverse ». (Extrait du n°5/1997 Spirale :

« le bébé, ses parents, leurs soignants » coordonné par Myriam David).

Mais puisque ce colloque et mon intervention concernait aussi l’espace d’accueil, et son architecture,

je terminerai avec quelques phrases de Georges Perec extraites de l’avant propos de son livre « Espèces

d’espaces » – éditions Galilée-1974 :

« Il n’y a pas un espace, un bel espace, un bel espace alentour, un bel espace tout autour de nous, il

y a plein de petits bouts d’espaces… » « Bref, les espaces se sont multipliés, morcelés et diversifiés. Il y en a

aujourd’hui de toutes tailles et de toutes sortes, pour tous les usages et pour toutes les fonctions. Vivre c’est

passer d’un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner ».

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VI – BIBLIOGRAPHIE SUCCINTE SUR L’ACCUEIL DE L’ENFANT

« L’Accueil des tout-petits » – Mille et un bébés n° 10

Hubert. Montagner

« Accueillir »Mille et un bébés - n° 32 - Septembre 2000ERES

« L’espace d’accueil de la petite enfance »Ministère de la solidarité entre les générationsCollection FNCAUEL’Inédite - Juin 2004

« Penser l’espace du petit enfant « Bernard FRANJOU Revue Devenir n° 2 -1990

« Les temps de l’enfance et leurs espaces »Avril 1994Navir

« Les modes de garde des enfants de 0 à 3 ans »Octobre 1972Editions ESF

« Le jeune enfant et l’Architecte »Les lieux de la petite enfanceI.D.E.FEditions Syros 1991S

« Le bébé, ses parents, leurs soignants »Coordonné par Myriam DAVIDSpirale n° 5/1997Editions ERES

« L’accueil des tout-petits »Mille et un bébés - n°10 - 2002Editions ERES

« Avec Myriam DAVID : quel accueil pour les jeunes enfants ? »Spirale n° 25 - 2003Editions ERES

«Prendre soin d’un jeune enfant – de l’empathie aux soins thérapeutiques »Sous la direction de Rosella Sandri 1998Editions ERES

« Observer un bébé avec attention »Sous la direction de Michel DUGNAT2001- ARIPEditions ERES

« Protéger et traiter les bébés exposés à des défaillances parentales – Place de la rencontre interdisciplinaire »Myriam DAVID – Françoise JARDIN Revue DevenirVolume 5 - 1993 - n° 4

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Actes du 1er colloque WAIMH-France« Actions des bébés sur les personnels dans leurs lieux d’accueil et de soins »Coordonné par Bernard GOLSEVolume 9 - 1997- n° 1Revue Devenir

« Devenir des parents de l’Aide Sociale à l’Enfance »Francis MOUHOTVolume 13- n° 1 - 2001Revue Devenir

« Echec de la protection de l’enfance »Maurice BERGERVolume 14 - n° 3 - 2002Revue Devenir

« Socialisation précoce et accueil du très jeune enfant en collectivité »Patrick MAUVAISVolume 15 n° 3 - 2003Revue Devenir

« Changements sociologiques et besoins d’attachement du nouveau-né : une équation impossible ? »Nicole GUEDENEYCommunication à la journée AREPEGEMédecine et Enfance – septembre 2007N° 11 - janvier 2008 - Médecine et Enfance

« Loczy, une maison pour grandir »Dossier coordonné par Dominique CUPAN ° 65 - juillet/août 2001Le Carnet PSY

« Les collectivités, frein ou atout pour le développement des crèches d’entreprises ? »Recherche et Etudes CNAF - avril 2007

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