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Dossier de presse Par/ICI: Vania Vaneau (Brésil) Avec le soutien de l’ONDA - Office National de Diffusion Artistique

Par/ICI: Vania Vaneau (Brésil)ici-ccn.com › resources › private › Dossiers-Presse › DP_Vaneau.pdf31 janvier 2018 . Espace Pluriels, Pau BLANC part d’une investigation sur

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Dossier de presse

Par/ICI: Vania Vaneau (Brésil)

Avec le soutien de l’ONDA - Office National de Diffusion Artistique

SOMMAIRE

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4 Spectacle — BLANC

5 Notes

6 Extraits de presse 7 Biographies 7 Vania Vaneau 7 Simon Dijoud

8 Entretiens 8 Vania Vaneau / Chloé Guyot

9 Vania Vaneau / Wilson Le Personnic

11 Étape de travail performée — ORA (Orée)

12 Informations presse

« En revenant à certains aspects de la culture

brésilienne de laquelle je viens, trois éléments

ont nourri ma recherche : les rituels de transe

chamaniques et afro-brésiliens, le travail de

l’artiste tropicaliste Hélio Oiticica et le mouvement

artistico-intellectuel des années 1920 dit

“anthropophagique” qui proposait la “digestion” des

cultures dominantes (américaine et européenne)

et la “régurgitation” d’une troisième forme après le

mélange avec la culture populaire brésilienne.

Il m’a semblé intéressant de voir comment ces

éléments pouvaient être approchés par mon regard

blanc, européanisé et urbain, dans le contexte de

la scène contemporaine et comment ils seraient

transformés dans ce processus. »

— Vania Vaneau

BLANC (création 2014) — de Vania Vaneau

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Tarifs : 10€ / 8€ / 5€ | Pass Par/ICI : 12€Réservations : 04 67 60 06 79 / [email protected]

Mardi 12 décembre 2017 à 20h Studio Bagouet, ICI—CCN

DATES À VENIR

31 janvier 2018 . Espace Pluriels, Pau

BLANC part d’une investigation sur le rituel, la transe et la transformation.Cherchant à délier les différentes couches qui composent le corps et l’individu et en les déployant comme un paysage. Le corps est traité tant dans sa condition matérielle et périssable que dans sa dimension utopique. Il est question d’organes et de respiration mais aussi de théâtralité et de représentation.En partant de l’idée du corps comme un filtre, traversé par des flux d’énergies, d’histoires et de cultures ; se mouvant entre les strates d’un continuum qui va de la réalité à la fiction, du réel à l’imaginaire, du rationnel à l’irrationnel.

Chorégraphie et interprétation : Vania Vaneau | Musique : Simon Dijoud | Lumière : Johann Maheut |

Assistant : Jordi Galí

Production : Cie Arrangement Provisoire (Lyon) | Coproduction : CCNR-Yuval Pick, Ramdam (St.Foy-les-Lyon) | Soutiens : Les Subsistances (Lyon), L’Animal à la Esquena (Gerone, ES), CDC Le Pacifique (Grenoble)

CLUB DE DANSE Vania Vaneau accompagnée de Béatriz Acuña (tambours chamaniques) : mercredi 13 décembre 2017 de 19h à 21h[Tarif : 7€ | Inscriptions : [email protected] / 04 67 60 06 79]

BLANC est un solo de Vania Vaneau accompagnée du guitariste Simon Dijoud. La création a eu comme point de départ une recherche sur le rituel, la transe et la transformation.La pièce réunit le langage physique, chorégraphique et une forte composante plastique à travers la fabrication et l’utilisation de divers costumes et masques. La potentialité du mouvement se conjugue avec une dimension visuelle dans un travail sur la couleur et en contraste avec le noir et blanc, évoquant une sorte de carnaval ou de cérémonie où sont invités des figures se situant entre l’humain, l’animal et la nature, appartenant à des lieux et à des temporalités indéterminées. L’accompagnement musical fait du tout une oeuvre entre la performance, le concert et la pièce de danse. BLANC naît du désir d’accéder à un lieu de vertige, explorant les différentes facettes de l’individu, révélant la foule, le multiple qui habite le singulier, de même que la lumière blanche se compose de toutes les couleurs.

En considérant les différentes strates physiques et subjectives du corps, l’interprète est placée en tant que vecteur de son environnement. Comme un filtre, elle est traversée par des flux d’histoires, de cultures, d’états et d’émotions.En quête d’une extrême porosité du corps et en rapport empathique avec le public, Vania Vaneau propose un voyage qui va de la matérialité organique à l’hallucination visuelle, du réel au fictif, du rationnel a l’irrationnel. Le lieu du rituel et la figure du chaman dialoguent avec l’espace du théâtre et le rôle de l’acteur en tant que médium des forces visibles et invisibles qui le traversent.

Le corps est d’un coté « matériel et périssable », et d’un autre coté « utopique, multiple et infini ». Les métamorphoses se font physiquement et visuellement de l’intérieur vers l’extérieur et de l’extérieur vers l’intérieur, à travers une danse de vibrations et de respirations extrêmes et par la superposition des costumes qui comme des multiples peaux, parures ou vêtements de cérémonie, donnent au corps des sens et des caractères divers.Les travestissements font du corps ce dont Michel Foucault nomme « un fragment d’espace imaginaire qui va communiquer avec l’univers des divinités ou avec l’univers d’autrui ». (Michel Foucault, Le corps Utopique, 1966)

Telles des sculptures vivantes ou encore, les Parangolés de l’artiste Tropicalistebrésilien Hélio Oiticica, différentes figures sont révélées, cherchant à délierl’imaginaire et déployer dans l’espace un paysage toujours en transformation.Notre société blanche, occidentale, étant dominée par la rationalité et les désirsindividuels de possessions matérielles dans une ambiance de compétitionsociale, on serait aujourd’hui pour cette même raison, attirés par une recherchespirituelle avec tout ce qu’elle comporte de fiction et d’illusion d’un état d’êtreauthentique.

La pièce propose ainsi un dialogue entre la culture occidentale contemporaine etles cultures traditionnelles tribales ou « l’univers du sauvage », dans un doubleanthropophagisme où l’on ne sait plus quelle culture mange l’autre.La musique noise expérimentale jouée en live par Simon Dijoud du groupeDebora Kant, accompagne, ponctue et offre des dissonances et des paysagespolysémiques. D’autres sources sonores font également partie de la bande soncomme la superposition de musiques de lieux et époques diverses créant unesorte d’archéologie sonore.

Notes

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« Nous sommes des déserts, mais peuplés de tribus,

de faunes et de flores. Nous passons notre temps

à ranger ces tribus, à les disposer autrement, à en

éliminer certaines, à en faire prospérer d’autres.

Et toutes ces peuplades, toutes ces foules,

n’empêchent pas le désert, qui est notre ascèse

même, au contraire, elles l’habitent, elles passent

par lui, sur lui. »

— Gilles Deleuze

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Extraits de presse

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Corps chromatique Évoquant une histoire personnelle à travers la danse, Vania Vaneau met son âme à nu.

« Une dizaine de personnages se succèdent et une danse de derviche entérine la présence de chaque nouvel arrivant qui prend possession de son corps comme une présence amie. Fantasme multicolore, la danseuse est devenue invisible sous la masse des tissus et des accessoires qu’elle met en mouvement dans ses courses folles. L’heure est venue d’un retour à soir qui prend des allures de mues. » — Patrick Sourd, Les Inrockuptibles, mars 2016

Prix Incandescences – Beaumarchais

« Prenant comme point de départ le rituel, la transe et différents procédés de transformation, BLANC déploie les strates qui composent l’humain pour en faire un paysage. Traité comme donnée physique, psychique et utopique, le corps y est organique et théâtral. »— Marie-Juliette Verga, Ballroom, juin-juillet-août 2015

Sympathique rendez-vous chorégraphique

« Avec peu de moyens, mais tous astucieusement exploités, le soutien constant du subtil guitariste Simon Dijoud, des vêtements de parade aux couleurs vives déposés en offrande à l’avant-scène tenant lieu de scénographie, un sol en PVC immaculé, comme il se doit, des éclairages bien dosés, la jeune femme est progressivement entrée en transe, en tout cas en danse. À l’issue de sa belle et simple performance, la danseuse sort de ses limbes en tissu. Elle mettra du temps, comme les spectateurs, à reprendre son souffle. À reprendre pied sur terre. »— Nicolas Villodre, mouvement.net, janvier 2015

Vania Vaneau, BLANC, festival Vival la danse !

« Le solo se construit par ces glissements d’un état à l’autre, par épisodes que l’on tisse entre eux à mesure qu’ils se dévoilent sur le plateau. L’ensemble se tient à chaque nouvelle couche déployée et la force prend à mesure que le corps de Vania Vaneau se libère, poussant vers un corps puissant, libre et affirmé. Emerge alors au terme du rituel un corps nu, ensauvagé, peinturluré, un corps résolument expressionniste et d’un genre nouveau. C’est vers cette sortie et l’affirmation d’un ancrage fort, la naissance d’une figure finale qui nous rit au nez et éclate de joie que tend l’arc de la pièce. Ce sera l’image de fin, magnifiquement construite dans le silence et en plein feux.Et si la lumière blanche contient toutes les couleurs, le corps de Vania Vaneau, matériau conducteur, devient un filtre qui se laisse traverser en gardant sa mobile unité. Comme on chasse les mauvais esprits, pour aller vers une page vierge et tout recommencer.»— Marie Pons, inferno-magazine.com, février 2016

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Biographies

Vania VaneauNée en 1982 à São Paulo (Brésil), Vania Vaneau se forme à la danse, d’abord au Brésil puis à l’école P.A.R.T.S. à Bruxelles. En 2005 elle participe au programme Danceweb/Impulstanz. Elle obtient une Licence de Psychologie à l’Université Paris 8 et suit une formation de Body Mind Centering.

En tant qu’interprète, elle participe aux créations et reprises de Wim Vandekeybus (2004/2005), Maguy Marin (en tant qu’interprète permanente au CCN de Rillieux-la-Pape, 2005/2012), David Zambrano (2013), Marcos Simoes/Sara Manente (2014), Jordi Galí (depuis 2013), Yoann Bourgeois (depuis 2014), Anne Collod (2015) et Christian Rizzo (depuis 2016).

En 2014, elle crée son premier long solo BLANC accompagnée du guitariste Simon Dijoud, pièce récompensée par le prix Beaumarchais-SACD (Festival Incandescences 2015) et en 2016 Ornement, co-crée avec Anna Massoni. Son travail se développe au sein de la Cie Arrangement Provisoire dont elle partage la direction artistique avec Jordi Galí. Depuis 2016 et jusqu’a 2018 ils seront artistes associés au CDC Le Pacifique à Grenoble.

Simon DijoudNé en 1982, Simon Dijoud joue depuis 2006 avec Deborah Kant, dans un groupe de Noise romantique qui collectionne les guitares et l’accordage dissonant.Parallèlement, il a été régisseur au Ramdam (lieu de résidences artistiques à Ste. Foy-les-Lyon) de 2008 à 2013, ce qui lui permet de mettre les mains dans l’entretien d’un bâtiment, son aménagement, l’accueil d’équipes artistiques, la mécanique, l’informatique,...

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Entretiens Vania Vaneau / Chloé Guyot — artistup.fr - juillet 2017

Parlez-nous un peu de vous Vania – d’où venez-vous, votre parcours, votre rencontre avec la danse ?

Je suis née à São Paulo en 1982, d’une mère brésilienne chorégraphe et d’un père belge metteur en scène. J’ai commencé petite avec eux, les suivants dans les répétitions et puis sur scène. Adolescente je suis venue en France où j’ai été au conservatoire de danse contemporaine, puis à l’école P.A.R.T.S. à Bruxelles. J’ai commencé à travailler en tant qu’interprète à Bruxelles avec Wim Vandekeybus, puis j’ai été artiste permanente de la Cie Maguy Marin au CCN de Rillieux-la-Pape pendant 6 ans. Actuellement je participe aussi à des créations de Yoann Bourgeois et Christian Rizzo.

Vos pièces s’intéressent aux différentes strates physiques et subjectives du corps comme continuité de son environnement. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?J’ai commencé à faire mon travail en 2014 avec le solo BLANC, accompagnée du guitariste Simon Dijoud. Je me suis alors intéressée aux différentes strates qui nous composent et nous entourent : strates du corps, de la conscience, du paysage, du temps… dans une sorte de recherche archéologique du corps en continuité avec son environnement. Je me suis confrontée à la question de l’identité comme quelque chose d’ouvert et multiple. L’individu étant fait d’histoires, de cultures, et aussi d’animalités et d’éléments de la nature.Dans BLANC le singulier est multiple, l’individu est une foule, une multitude de facettes, de visages et de masques, intérieurs et extérieurs comme le spectre de la lumière blanche.Dans Ornement, duo cocréé avec Anna Massoni en 2016, nous avons aussi travaillé sur les différentes couches matérielles et imaginaires du corps et du paysage duquel il fait partie.

Vous avez créé votre premier long solo en 2014, intitulé BLANC et tout au long de votre performance, vous vous vêtissez de draps de couleurs, jusqu’à en être recouverte entièrement… quelle en est la symbolique ?Les costumes dans BLANC se superposent comme de multiples peaux-paysages qui recouvrent et transforment le corps petit à petit, le cachant quelque part mais en faisant surgir d’autres corps, d’autres êtres, d’autres lieux, d’autres temps…

Quels sont les thèmes que vous abordez ?Je pars de l’idée de l’interprète non pas comme acteur mais comme vecteur des forces qui le traversent. Le corps n’étant pas un centre mais un filtre, poreux, qui créé une continuité entre l’intérieur et l’extérieur, entre le matériel et l’imaginaire, le réel et le fictif, le visible et l’invisible. La peau est ainsi devenue un thème central : enveloppe, membrane ou passage ; nue, habillée ou peinte… le blanc comme couleur de ma peau mais aussi comme condition sociale.Les bases de la recherche de BLANC ont été l’idée du corps périssable et utopique de Michel Foucault, la cérémonie, le chamanisme, la transe et la transformation, l‘exploration de différents états de corps et de conscience, dans un dialogue entre le rituel et le théâtre, la culture « blanche » et pas « blanche ».

Quelles ont été vos sources d’inspiration ?Dans mon travail de création je m’inspire d’images, de textes, de films ou de peintures. Je porte un intérêt particulier pour la plasticité autant que par l’organicité. C’est dans l’expérience réelle du corps autant que dans des sources théoriques de psychologie, anthropologie, physique… que je vais chercher des sens et une cohérence plus profonde qui sert de base à la dramaturgie.

Comment abordez-vous la notion de l’espace scénique dans vos créations ?Dans les deux pièces le corps est encadré ou contraint par l’espace scénique. Il dialogue avec des matières en tant que dispositif : avec les costumes dans BLANC et avec la scénographie dans Ornement ; dans les deux cas il est manipulé et transformé par nous sur scène et devient partenaire à part entière.La musique et la lumière sont aussi très importantes dans l’idée de l’espace scénique comme un tout mais où chaque élément a sa propre vie. Dans BLANC la musique est jouée en live par Simon Dijoud qui ponctue et créé un contrepoint avec les transformations du corps dans l’espace ; la lumière participe aussi à la métamorphose du corps à un moment de la pièce.

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Du noir et blanc initial, vous passez à une vaste palette de couleurs. Pouvez-vous nous en dire plus sur la signification de cette évolution ?Le travail avec la couleur est quelque chose qui me plait beaucoup ainsi que celui sur les émotions. Dans BLANC on passe de la couleur au noir pour revenir à la couleur. J’aime jouer avec des intensités et des contrastes, du noir au blanc en passant par toutes les couleurs, ainsi que de l’indifférence à la tragédie en passant par toutes les émotions, mais toujours en métamorphose, comme des paysages en transformation.

Comment s’est faite votre rencontre avec la Compagnie Arrangement Provisoire ? Comment

s’organise votre travail avec le chorégraphe Jordi Galí ?Mon travail se construit au sein de l’association Arrangement Provisoire, que je co-dirige avec Jordi Galí . L’association a été créé au départ par Jordi en 2007 avec qui je vis et collabore depuis plusieurs années. La compagnie se structure autour de nos deux projets qui restent indépendants.Nous collaborons de différentes façons dans les projets de l’un et de l’autre, en tant qu’assistant, interprète, création des costumes, aide à la technique,... Nous formons une équipe avec Anne-Lise Chrétien, administratrice, et les différents collaborateurs des deux projets. Nous sommes tous les deux, depuis 2016, artistes associés au CDC Le Pacifique à Grenoble pour une durée de trois ans, ce qui nous permet d’avoir une base de travail et de réflexion pour le développement des différents projets.

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Vania Vaneau / Wilson Le Personnic — maculture.fr - août 2015

BLANC est votre première création personnelle, quelles ont été vos différents axes de recherche pendant sa création ?Je voulais faire une pièce organique, atteindre un état de vertige, de perte de contrôle et de volonté rationnelle. À partir de cet axe de travail, j’ai commencé par lire de nombreux textes sur la transe, sur les rituels et les états modifiés de conscience. De ces recherches a découlé la découverte de nombreux articles de neurosciences sur les nouvelles découvertes de la plasticité du cerveau, et des possibilités de la perception humaine rarement utilisées dans la vie quotidienne.

Ces recherches, a priori disparates, tressent des liens très forts et semblent trouver un chemin commun.Toutes ces recherches se croisent avec le lieu du théâtre, le rôle de l’acteur/danseur, la notion de transformation inhérente à la scène, la figure du chaman et de l’acteur en tant que « medium » ou vecteur pouvant incarner des forces naturelles, animales, humaines, etc. Une nouvelle notion s’est également imposée pendant la confection des costumes : le côté artisanal, manuel et plastique, avec un écho un peu primitif sur la façon de créer, comme de l’art brut.

Vous avez créé votre premier long solo en 2014, intitulé BLANC et tout au long de votre performance, vous vous vêtissez de draps de couleurs, jusqu’à en être recouverte entièrement… quelle en est la symbolique ?Les costumes dans BLANC se superposent comme de multiples peaux-paysages qui recouvrent et transforment le corps petit à petit, le cachant quelque part mais en faisant surgir d’autres corps, d’autres êtres, d’autres lieux, d’autres temps…

Pendant la pièce, vous traversez plusieurs étapes visuellement concrètes, pouvez-vous nous expliquer comment se construit la chorégraphie ?C’est une pièce sur les strates, sur les histoires et les matières qui composent le corps, une sorte d’archéologie corporelle. Je voulais déplier les couches visibles et invisibles du corps, les déployer dans l’espace. Cette exploration s’est réalisée dans deux directions opposées : une transformation qui vient de l’intérieur, en secouant les cellules du corps comme pour mieux voir de quoi il est fait. La seconde transformation vient de l’extérieur : les ornements, les travestissements et les peintures corporelles qui donnent des sens et des « pouvoirs » divers à celui qui s’habille. C’est la confrontation du corps « périssable et utopique », fini et infini dont parle Michel Foucault dans Corps Utopique.

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Et souvent les antipodes s’attirent…En effet, ces deux directions, finalement, n’en sont qu’une. Les figures ou personnages qui apparaissent peuvent être lus aussi bien comme des êtres existants que comme des hallucinations intérieures. Il y a également tout un travail sur le visage et le masque, sur les couleurs et les émotions comme autant de paysages sensibles, organiques et dramatiques qui nous traversent et nous transforment sans cesse.

À travers le prisme de votre corps, vous incarnez une foule d’images radicalement différentes pendant la pièce, quelles ont été les différentes matières à partir desquelles vous avez travaillé ?J’ai commencé par explorer l’idée de l’extrême porosité du corps. Un corps qui serait comme un filtre traversé par une multitude d’images, d’histoires, d’émotions, et qui prendrait certaines formes à des moments donnés. Au tout début de la pièce, j’essaie d’établir un rapport de pure empathie avec le public : je me laisse traverser par chaque visage que je vois. Ce n’est pas une simple représentation ou une imposition mais plus une rencontre qui se passe entre deux entités et qui s’exprime dans les corps. Il y a ensuite la succession de transformations à partir d’artifices : costumes, son, lumière, qui sont comme des peaux de différentes matières qui s’enfilent et s’enlèvent… mais c’est un rituel inventé qui joue avec des contrastes : blanc, noir, couleurs, vibrations verticales et dilatations horizontales, corps organiques et statues, vie et mort, etc.

La pièce semble puiser son origine dans vos racines et votre culture personnelle. Peut-on lire BLANC comme une sorte d’autoportrait ?Avant que le guitariste Simon Dijoud intègre ce projet pendant la création, l’idée était vraiment de faire un solo mais je ne voulais pas que ça parle de moi, c’était plutôt l’idée d’une pièce avec une seule personne… En même temps, le sujet même de la recherche puisait quelque part sur l’identité ou les identités, la multitude ou la foule qui habite un individu, à l’instar de la lumière blanche, qui se compose de toutes les autres couleurs.J’ai cherché du côté des rituels et célébrations afro-amérindo-brésiliens, je me suis confronté à une question très présente dans la société multiraciale brésilienne et dans ma situation d’immigrante en Europe : la rencontre et l’incorporation de différentes cultures. Au Brésil, dans les années 20, il y a eu un mouvement artistique et intellectuel qui s’appelait l’anthropophagie, ou comment la culture brésilienne pouvait digérer les cultures dominantes étrangères, européenne et américaine, pour créer quelque chose d’autre sans être simplement soumit à cette domination. En référence à certains peuples cannibales indiens qui mangeait les blancs (et finalement se sont fait « manger » à leur tour !). Les africains, venus au Brésil comme esclaves, ont du également se camoufler dans la culture chrétienne coloniale pour préserver au minimum leur croyances et leurs coutumes.On se tord, on s’étire, on s’adapte comme un fleuve ou un arbre. En tant que brésilienne arrivée en Europe, je suis passé par une première « transformation » et aujourd’hui je regarde de nouveau certains éléments de la culture brésilienne avec un regard « européanisé »… Cet aller-retour mettait en évidence ma condition de personne blanche, urbaine, occidentale, l’enveloppe et l’environnement qui me constituent…

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« Avec ORA je voudrais explorer – à partir d’un principe de continuité plutôt que d’opposition – la façon dont

le corps se lie à son environnement. Et comment il devient frontière ou passage entre intérieur et extérieur,

concret et abstrait, activité et passivité, matière et pensée. »

— Vania Vaneau

Traverser des frontières, dépasser un seuil, marcher à la lisière, pousser les limites.

ORA c’est le passage des différentes sphères, membranes, portes. Le passage du temps, de l’extrêmement lent à l’extrêmement rapide. Le contraste du noir à la lumière éblouissante. Le passage du temps. Epopée, cheminement, traversée des ténèbres, de l’ombre, de la forêt, de l’enfer... du noir en tant que superposition d’une infinité d’images.

Pour ce nouveau projet, Vania Vaneau souhaite explorer les rapports d’activitéet de passivité autour de trois thèmes : le rêve, le combat et la machine, à partir d’un principe de prolongement entre le psychique, l’organique et le matériel. Lors de cette soirée, elle partagera ses idées et questionnements en les reliant à des images, films et essais pratiques.

En jouant avec une palette de différents états physiques et psychiques qu’iraient du noir à la lumière éblouissante, de l’extrêmement lent à l’extrêmement rapide, de la passivité à l’activité, de l’abstrait au concret, de la pensée à la matière.

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Chorégraphie et interprétation : Vania Vaneau | Interprètes : (en cours) | Assistant, construction de la machinerie : Jordi Galí

Production : Cie Arrangement Provisoire | Coproduction (en cours) : ICI — centre chorégraphique national Montpellier - Occitanie / Pyrénées-Méditerranée / Direction Christian Rizzo, CDC Le Pacifique (Grenoble), CCN de Mulhouse - Ballet de l’Opéra national du Rhin

jeudi 21 décembre 2017 à 19hStudio Bagouet, ICI—CCN

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ORA (Orée) (titre provisoire) — de Vania Vaneau (création 2018/2019)

Vania Vaneau est en résidence du 9 au 22 décembre 2017

Tarif unique : 5€ | Pass Par/ICI : 12€Réservations : 04 67 60 06 79 / [email protected]

Par/ICI:

Étape de travailperformée

Presse

Contact

JULIE FOURAU

+33 (0)6 18 43 08 [email protected]

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(mot de passe sur demande, par mail auprès de Julie Fourau)

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