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PARCOURS INITIATIQUE A TRAVERS L’HISTOIRE DE LA POESIE ET DE LA PEINTURE LE MOYEN-AGE Tendance : L’ABSOLU FAIT DU HEROS UN SURHOMME Absolu religieux : période ancrée dans le christianisme (cf la quête mystique du Graal, coupe qui aurait recueilli le sang du Christ) Absolu politique : les chevaliers se dévouent jusqu’au sacrifice pour leur seigneur, à qui ils ont juré fidélité Absolu amoureux : les chevaliers choisissent la dame de leur cœur, pour laquelle ils ont une dévotion quasi religieuse >>le héros est le vassal de Dieu, puis par extension du seigneur et de sa Dame. On n’a pas foi en l’Humanité, mais en quelques hommes d’exception. MOT-CLE : EBLOUIR >>> AMPLIFICATION Registre épique Registre merveilleux PEINTURE POESIE Peinture religieuse sans perspective. Le personnage qui doit susciter la dévotion est mis en valeur par la verticalité, la disproportion ; refus du réalisme et langage symbolique ; l’ensemble est une construction stable, voire symétrique Illustration de combats héroïques pour le chef politique ou la Dame de son cœur : disproportion, refus du réalisme Cf La Vierge aux anges, CIMABUE, vers 1285 Etre attentif aux procédés d’amplification et au merveilleux : fond doré en aplat qui nous rapproche de l’essentiel, auréoles, hiérarchie des personnages par une disproportion volontaire, symétrie de construction qui met l’essentiel au centre et répète visages et gestes, à la fois sérénité et raideur hiératiques (= sacrées) verticalité de la construction qui, quel que soit le mouvement du regard suivant les bras des anges ou le centre, se lève vers le ciel, d’autant plus que le trône porté par les anges est prêt à s’envoler… la direction étant indiquée par le cadre lui-même. Romans de chevalerie (en vers) : tous les procédés d’amplification du registre épique, ainsi que ceux du registre merveilleux. Cf La Chanson de Roland

PARCOURS INITIATIQUE A TRAVERS

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Page 1: PARCOURS INITIATIQUE A TRAVERS

PARCOURS INITIATIQUE A TRAVERS L’HISTOIRE DE LA POESIE ET DE LA PEINTURE

LE MOYEN-AGE

Tendance : L’ABSOLU FAIT DU HEROS UN SURHOMME Absolu religieux : période ancrée dans le christianisme (cf la quête

mystique du Graal, coupe qui aurait recueilli le sang du Christ) Absolu politique : les chevaliers se dévouent jusqu’au sacrifice pour

leur seigneur, à qui ils ont juré fidélité Absolu amoureux : les chevaliers choisissent la dame de leur cœur,

pour laquelle ils ont une dévotion quasi religieuse>>le héros est le vassal de Dieu, puis par extension du seigneur et de sa Dame. Onn’a pas foi en l’Humanité, mais en quelques hommes d’exception.MOT-CLE : EBLOUIR >>> AMPLIFICATION

Registre épique Registre merveilleux

PEINTURE POESIE Peinture religieuse sans

perspective. Le personnage quidoit susciter la dévotion est mis envaleur par la verticalité, ladisproportion ; refus du réalisme etlangage symbolique ; l’ensembleest une construction stable, voiresymétrique

Illustration de combats héroïquespour le chef politique ou la Damede son cœur : disproportion, refusdu réalisme

Cf La Vierge aux anges, CIMABUE,vers 1285Etre attentif aux procédésd’amplification et au merveilleux : fonddoré en aplat qui nous rapproche del’essentiel, auréoles, hiérarchie despersonnages par une disproportionvolontaire, symétrie de constructionqui met l’essentiel au centre et répètevisages et gestes, à la fois sérénité etraideur hiératiques (= sacrées)verticalité de la construction qui, quelque soit le mouvement du regardsuivant les bras des anges ou lecentre, se lève vers le ciel, d’autantplus que le trône porté par les angesest prêt à s’envoler… la direction étantindiquée par le cadre lui-même.

Romans de chevalerie (en vers) : tous les procédés d’amplificationdu registre épique, ainsi que ceuxdu registre merveilleux.

Cf La Chanson de Roland

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LA RENAISSANCE – XVI E S

Tendance : L’HOMME DEVIENT LE CENTRE DES PREOCCUPATIONS L’Homme a des capacités en lui-même : redécouverte des idées de

l’Antiquité (mythologie, et donc art gréco-romain, Bible), passion de ladécouverte dans tous les domaines. L’humanité est vue comme unGéant, mais un géant qui reste humain (cf Rabelais, les humanistes)

Les artistes montrent donc leur virtuosité en créant l’illusion parl’utilisation de la perspective fondée sur des calculs mathématiques, ouencore par des voiles transparents, parallèlement à une poésievolontairement artificielle et compliquée (pétrarquisme)

Le corps humain, auquel on attache à présent de l’importance, estidéalisé – il porte la marque divine de son Créateur, et peut doncatteindre une beauté parfaite -, mais non divinisé : il est vulnérable,mortel

Le sentiment de l’amour, la femme aimée sont idéalisés, mais nondivinisés : l’amour est fragile

Dieu est humanisé : la Vierge ressemble à une mère, l’enfant Jésus àun enfant

MOT-CLE : ADMIRER>>>CELEBRER Registre lyrique En peinture comme en poésie, on recherche la beauté et l’harmonie Si la nature apparaît, ce n’est pas pour l’imiter, mais pour s’en servir

(effet décoratif ou symbolique)PEINTURE POESIE

Peinture religieuse davantagehumanisée ; la construction estgéométrique et stable ; proportionset perspective respectés

Représentation du corps humainmontrant sa beauté et saperfection et s’inspirant de l’artantique ainsi que de la mythologie

Cf RAPHAEL, La Belle Jardinière, 1507Noter que le nom de la Vierge n’apparaîtpas : la Vierge Marie est habillée commeune paysanne, une mère ordinaire (jeu deregards avec l’enfant Jésus, un vrai bébé,accompagné de Jean-Baptiste enfant ;geste d’une mère qui essaie de retenirson enfant contre elle, malgré samission…). Un paysage fictif donne uneperspective et un léger effet de réel.Mais les corps sont parfaits (critères debeauté de l’époque), et le sentiment dudivin se dégage de l’harmonie et de labeauté d’ensemble (paysage, corps,relations entre les personnages).Parallèlement à la perfection des corps,

Pétrarquisme : montrer savirtuosité et s’inspirer de lamythologie

Cf RONSARD, Les Amours :« J’espère et je crains… » Poésie amoureuse lyrique plus

personnelle Cf RONSARD, Sur la mort de Marie ::« Comme on voit sur la branche aumois de mai la rose… »

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la construction équilibrée entre un légermouvement et la stabilité, entre la courbeet la géométrie approchent de l’idée deperfection ; la forme du cadre et de lapyramide portent encore le regard vers leciel, mais les courbes et les jeux deregard le font aussi redescendre vers lesHommes.Cf VINCI, Canon de proportionshumaines d’après les règles de Vitruve,XVI e sImitation des anciens : Vitruve est unarchitecte romain du 1er s av. JC, dont lescanons de beauté inspireront durant dessiècles les règles de peintureeuropéennes ; l’être humain s’inscrit à lafois dans un carré et dans un cercle, lesdeux figures mathématiques de laperfection

LE BAROQUE – FIN XVI E S / DEBUT XVII E S

Tendance : ART DE LA CONTRE-REFORME (défense du catholicisme menacé parla naissance du protestantisme : guerres de religion)

Accent à nouveau porté sur l’absolu, exclusivement religieux On cherche à l’angoisser l’Homme en lui montrant sa misère sans Dieu Ou à le stimuler par des modèles : le modèle humain est le saint, le

martyre, qui doit tout à la Grâce divine (ce n’est pas un surhomme)MOT-CLE : DESTABILISER >>>PERSUADER (baroque / barocco en portugais =« perle irrégulière » : mettre en valeur par l’instabilité). Il s’agit de créer un chocémotionnel

Registre didactique Autres registres de la persuasion, notamment le registre réaliste

PEINTURE POESIE

Peinture religieuse : provoquer uneémotion forte par un chocvisuel (surcharge, instabilité,vertige, éclairage contrasté etdramatisé, métamorphose :trompe-l’œil…)

Puis peinture décorative qui utiliseà son tour le trompe-l’œil

Cf GAULLI, plafond du Gesù à Rome :l’illusion est poussée au maximum : leplafond a disparu (à l’aide de nuagesen stuc il masque les démarcationsentre la voûte et le mur et prolonge lavoûte ; cette illusion d’optique estrenforcée par l’utilisation de peinture

Ramener l’Homme à Dieu :techniques de la conviction et de lapersuasion, notamment le réalisme

Poésie précieuse utilisant destechniques équivalentes à celle dela peinture pour mettre en valeurl’objet ou la personne décrite

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dorée) ; la direction des visages, lamultiplicité des figures aux vêtementstourmentés par le vent et lesmouvements en spirale créent unvertige qui nous aspire vers le ciel ;l’extase de tous ces saints et anges etla beauté de la lumière divine sontdestinés à persuader le spectateur desuivre ces modèles

LE CLASSICISME – SUITE DU XVII E S

Tendance : PLAIRE ET EDUQUER (forger l’ « l’honnête homme », aussi agréablepour lui que pour la société)

Le gouvernement politique est fort et hiérarchisé Il doit se refléter au niveau de l’insertion de l’individu dans la société :

avoir la maîtrise de soi, se « gouverner » soi-même (la raison doitl’emporter sur les passions) . Cf la phrase de l’empereur Auguste dansla pièce de Corneille Cinna : « Je suis maître de moi-même comme del’univers »

C’est pourquoi on attache une grande importance à l’étudepsychologique de l’Homme, qui doit permettre de domestiquer soncorps et ses émotions comme on domestique la Nature dans les jardinsà la française (Honnête Homme)

C’est pourquoi c’est un siècle de règles, non seulement religieuses,sociales et politiques, mais encore artistiques : l’Art n’est pas libre, etl’on codifie les contraintes auquel il doit se soumettre pour atteindrel’Ordre, la Mesure et la Clarté

On refuse donc les excès du baroqueMOT-CLE : EQUILIBRER >>> MAITRISER

Registres divers, dans la mesure où ils sont soumis à la volonté deplaire (rendre le texte agréable à lire)

PEINTURE POESIE Art d’inspiration mythologique ou

religieuse : accent mis sur lastabilité de la construction, corpsidéalisés faisant suite à laredécouverte du corps par laRenaissance

Les tableaux doivent plaire ettoucher, mais sans excès, et sipossible éduquer

Cf POUSSIN, Le jugement de

La poésie veut plaire et toucher,mais sans excès

Refus du lyrisme excessif : « ceque l’on conçoit bien s’énonceclairement » (Boileau)

Les vers sont le plus souventréguliers, importance del’alexandrin bien équilibré

Son rôle est éducatif : messagedes pièces de théâtre en vers (qui

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Salomon : à l’époque classique,l’inspiration reste mythologique oureligieuse ; ici on nous raconte unescène de la Bible, le jugement d’un roicélèbre pour sa sagesse, devantdépartager deux mères : l’une, dontl’enfant était mort, avait volé l’enfantde l’autre ; chacune se disait la vraiemère. Le roi, pour éprouver lesentiment de maternité, ordonna quel’on coupât l’enfant en deux : à cemoment, la douleur révéla la vraiemère. Salomon est l’image idéaliséedu roi, au-dessus du monde humainpar sa sagesse et son pouvoir ; sonpouvoir est utilisé pour la justice(glorification du pouvoir royal del’époque : le tableau est un apologue).Tout le jeu de lignes est calculé pourla stabilité, la symétrie destinées àmettre en valeur le binôme des mèreset le jugement central du roi.

obéissent aux règles du théâtreclassique), des fables

Cf BOILEAU, qui codifie les règles dela poésie et du théâtre ; le vers nobleest l’alexandrin coupé de manièrerégulière (deux hémistiches)Cf LA FONTAINE, Fables : lesapologues sont destinées à former l’« honnête homme », équilibré en lui-même et au sein de la société.

LE SIECLE DES LUMIERES : XVIII E S

Tendance : LUTTE POUR LE PROGRES SOCIAL ET DONC POUR LE BONHEURSUR TERRE (métaphore de la « lumière »)

Critiquer les institutions et mœurs du passé S’en libérer (origine du mot « libertinage ») : on passe du libertinage

politique et religieux au libertinage des moeurs Lutter contre les passions à l’origine des maux de la société par la

Raison Multiplier la Connaissance sans laquelle on ne peut agir

MOT-CLE : FORMER LE CITOYEN >>>CONVAINCRE OU PERSUADER Registre didactique, qui utilise divers registres : Registre ironique, lyrique, pathétique, réaliste…

PEINTURE POESIE Peinture mettant en scène le

libertinage des mœurs ou le bonheur de vivre sur Terre

(fêtes, rencontres amoureuses)dans un décor riche et faussementnaturel : ce style s’appelle lerococo, du nom des rochers

Peu représentée, sauf sous laforme d’épigrammes satiriques

Ou par l’intermédiaire du théâtre (àbut didactique transcrivant demanière cachée les idées desLumières)

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artificiels (« rocaille ») qui semultiplient dans les jardins du XVIIIe s (elle coïncide avec le règne deLouis XV) : son rôle estornemental (costumes chatoyants,décor luxueux, ou exotique, formesélégantes un peu floues, lignesondoyantes…) : WATTEAU,FRAGONARD, BOUCHER

cf BOUCHER, Sylvie fuyant le loupqu’elle a blessé : Sylvie est une desnymphes de Diane (déesse de lachasse et de la chasteté). Le titreévocateur et métaphorique met enscène une poursuite amoureuse quel’on devine devenir coquine (faiblessedes armes de défense féminines – onblesse un cœur -, vêtements quisemblent glisser, et visage peufarouche de la jeune fille), mais le toutdans une élégance raffinée :scintillement des soieries, douceur ducadre par sa forme, douceur descouleurs et de l’éclairage d’une natureartificielle. Malgré la course, lepersonnage reste encore bien stable(son mouvement ne le porte pas horsdu cadre, il ne semble pas violent). Néo-classicisme : en fin de siècle,

la peinture néo-classique utilise lesprocédés du classicisme et laréférence à l’antiquité - on vient dedécouvrir Pompéi - dans un butéducatif, moralisant (GREUZE :scénes pathétiques) ou politique(DAVID). Selon Diderot, l’art doitservir à la réforme de la société,car il permet de « rendre la vertuattrayante, le vice odieux et leridicule éclatant » .

Cf DAVID, La mort de Socrate : onconnaît tous le philosophe antiqueSocrate, mort pour ses idéesnovatrices dans l’Athènes antique.Alors qu’il pouvait s’échapper de saprison où il était condamné à mort(par un poison appelé ciguë), il refusepour ne pas mettre par un tel acte leslois de la cité en danger. Il meurtentouré de ses disciples, qu’il

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enseigne par ses paroles et sonexemple jusqu’à la dernière minute.Ce tableau est un apologue quimélange réalisme, pathétique,tragique et registre épique (grandeurdu héros). David lui-même avouevouloir en faire « une leçon pour lespectateur » : registre didactique.

LE ROMANTISME – PREMIERE PARTIE DU XIX E S

Tendance : L’EMOTION ET L’INDIVIDU PRENNNENT LA PREMIERE PLACE On reprend certains éléments du baroque : l’émotion, la déstabilisation,

le sentiment religieux On réfléchit à la condition humaine : l’Homme n’est que de passage sur

Terre (thème de la fuite du temps) C’est pourquoi le héros romantique est un héros tragique (il est

condamné au malheur) Cette vision tragique vient également du rejet de la société : le

romantique est un révolté, un incompris, un solitaire. C’est pourquoi ledestin maudit qui le mène est avant tout un destin social (il est àl’origine de ses amours malheureuses)

Cette nouvelle attirance pour l’absolu est reporté sur le sentimentamoureux, qui idéalise la femme aimée et peut conduire au sublime(mourir d’amour) : la femme est proche de la sainte, l’amour estsacralisé

On comprend ainsi la valorisation de la Nature, qui accueille les cœursblessés

Ainsi que celle de la Nuit, où surgit l’irrationnel, où s’expriment sanshonte les sentiments

Pour pouvoir exprimer la violence de ses sentiments, le romantisme faitexploser le cadre classique et ses règles trop contraignantes

MOT-CLE : BOULEVERSER >>> SOUFFRANCE (personnelle, mais aussi mise enscène de la souffrance sociale)

Registre lyrique pour le romantisme personnel (exaltation du Moi) :lyrisme élégiaque (triste)

Registre ironique, polémique, mais aussi lyrique, pathétique pour leromantisme politique et social (lutte contre le pouvoir tyrannique,défense des misérables)

PEINTURE POESIE Importance de la nature qui par

sa beauté laisse deviner leCréateur

Peinture de ruines pour faireréfléchir à la fuite du temps

L’Homme dans la nature prendune dimension tragique, ouépique dans ses combats et sa

Poésie chantant les souffrancespersonnelles ; violence dusentiment

Poésie à but didactiquecondamnant les tyrans

Poésie exotique ou fantastique Théâtre en vers (drame romantique)

mettant en scène le héros

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révolte Reprise de certaines

caractéristiques du baroque :mouvement et obliques quientraîne une déstabilisation ; letableau semble parfois sortir ducadre ; couleurs souvent chaudeset contrastées, explosion dusentiment par la constructiond’ensemble et la violence descouleurs

Mode de l’exotisme qui fait rêver Peinture fantastique matérialisant

des cauchemarsCf DELACROIX, La mort deSardanapale : le thème est tiré d’unetragédie romantique de lord Byron,un auteur anglais (1821), et montrele moment où le tyran Sardanapale,sur le point de mourir, ordonne quetout ce qu’il a aimé l’accompagnedans sa mort : on accumule alors lesobjets précieux, on égorge lesfemmes de son harem et sesanimaux favoris. Un tel sujet exigeune agitation sanglante que lepeintre rend par le contraste descouleurs, la torsion des lignes,l’absence de premier plan, ledécoupage brutal des côtés etl’abandon d’une lecture linéaire dutableau. La violence de l’éclairagemet en valeur un trapèze oblique quitraverse le tableau et semble fairedégringoler tous les éléments sur lespectateur.Cf FRIEDRICH, Le voyageur au-dessus de la mer de nuages :l’image montrée est plus grande : il ya ¼ de ciel nuageux qui manque, etun bout de rocher. Ainsi l’Homme estplace sur une hauteur qui lui permetde mesurer son existence, faite desublime (hauteur, couleurs claires) etde tragique (abîme qui s’ouvredevant lui, couleurs sombres. Face àcette contradiction qui estresponsable de sa souffrance, lehéros tragique reste seul.

romantique maudit et révolté, ainsique ses amours impossibles etfatales

Cf la révolution amenée dans laversification par HUGO, sa vision de la« Fonction du poète » ; cf encore sonengagement politique (Les Châtiments)et les vers de Musset liant beauté etlarmes – le poème le plus célèbre à cesujet étant « Le lac » de LAMARTINE

PS : le poète Charles Baudelaire quiplus tard sera classé dans lesymbolisme, a beaucoup aimé etanalysé les tableaux romantiques. Ilrésume le romantisme en peinture decette manière : « Le romantisme n’est(…) ni dans le choix des sujets ni dansla vérité exacte mais dans la manièrede sentir. »

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LES COURANTS REALISTES – SECOND TIERS DU XIX E S

Tendance : SE TOURNER VERS L’EPOQUE CONTEMPORAINE ET MODERNE Montrer le réel tel qu’il est, sans l’idéaliser : par conséquent l’Art n’est

plus soumis au Beau Donc choisir des sujets évoquant la banalité du quotidien, son

fonctionnement (reportage social) : le réalisme Dégager en plus les lois du fonctionnement social et psychologique :

naturalisme (le réalisme devient scientifique) L’émotion devient secondaire

MOT-CLE : PHOTOGRAPHIER >>INFORMER ton réaliste

PEINTURE POESIE Dans l’ordre chronologique :

peinture réaliste « lisse » :portraits et paysages n’omettantaucun détail et ne cherchantpas à plaire (ce qui a scandalisé)

Après la découverte du tube depeinture : peintureimpressionniste qui est unepeinture de plein air (avant onrestait dans son atelier et onpeignait de mémoire). Ainsi onpeut rendre l’impression delumière du moment grâce à depetites touches juxtaposéesdonnant l’illusion de la lumièrevibrante ; ce qui a pourconséquence la dissolutioncomplète des contours. Lescouleurs sont pures, sansmélange et juxtaposées, selon leprincipe des couleurscomplémentaires déjà découvertpar Delacroix : on prend les 3couleurs primaires (bleu, rougeet jaune) et on associe 3 couleursfroides à 3 couleurs chaudes :bleu-orange, rouge-vert, jaune-violet– répondant ainsi aufonctionnement de l’œil humain,dont par ex la rétine provoque unevibration orangée si elle voit dubleu. On observe aussi que l’œilne voit pas tous les plans avecla même précision : certainssont flous. L’analyse de la

Alors que les romans décrivent leréel sans l’idéaliser ni le censurer,la poésie réaliste n’existe que sousla forme du mouvement parnassien(Le Parnasse), qui décrit certes laréalité avec précision, mais nechoisit dans le réel que ce qui estBeau (beaux paysages, beauxmonuments…)

Pour cela le Parnasse peut aussisortir de l’époque contemporaine

Cf les théories sur l’art de GAUTIER,qui célèbrent la Beauté Pure etrendent au poème son statut de« bijou » minutieusement travailléCf HEREDIA et son poème « Le récifde corail »

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lumière blanche fragmentée encouleurs pures du prisme confèrepour la première fois auxpaysages la luminosité desvrais rayons solaires. Latechnique de travail rapide sur leterrain donne également du reliefau tableau (on voit les « pâtés »de couleur et leur forme indiqueles gestes du peintre)

Mélange de la techniqueimpressionniste (réservée aufond, au paysage) et réaliste« lisse » (pour les visages, renduscomme une photographie) :peinture naturaliste

Pour rendre le réel dans soninstantanéité, on découpe lessujets comme le fait laphotographie (personnagecoupé, plongée, etc), ce qui va àl’encontre des règles académiques(traditionnelles)

Cf Réalisme : COURBET, Unenterrement à Ornans, tableau pourlequel le peintre a fait poser leshabitants d’Ornans dans le grenier desa maison ; ce tableau rassembledonc les bourgeois et les paysans deson village d’Ornans natal (Franche-Comté). Le sujet est jugé laid et trivialpar les critiques – d’autant plus queson grand format (personnagesgrandeur nature) lui donne la mêmeimportance que les scènes de batailleou mythologiques traditionnelles ; ildevient le manifeste du réalisme parl’authenticité des personnages issusdu quotidien et celle du lieu ; lesvisages ne sont pas idéalisés, et lespectateur est confronté à la fosse aupremier plan.Les paysages de Courbet sonttraités en plein air, ce quereprendront les impressionnistes,et c’est ce qui distingue le réalismedu XIX e s de certains aspectsréalistes de tableaux antérieurs.

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Cf Impressionnisme : MONET,Impression, soleil levant : Monet apeint un paysage qu’il voyait de safenêtre alors qu’il était au Havre ; letableau scandalise, et son titredevient malgré lui le manifeste del’impressionnisme : Monet a rendul’impression de flou qui règne surl’eau au lever du jour, ainsi que lesreflets lumineux sur la mer ; sa toucherapide, pour saisir l’instant présent,juxtapose les couleurs par petitestouches. Noter également le rythmedes touches qui semblent flotter auvent dans La rue Montorgueil deMONET. Les personnages sont flouset traduisent la vision normale d’unœil placé devant un spectacle animé.

Cf Naturalisme : BASTIEN-LEPAGE,Les foins : on devine le travailaccompli au fond (meules), mais lepremier plan insiste sur leharassement que provoque ce travail(il rend avec exactitude l’expressionhébétée de fatigue de la jeunepaysanne ; de près on voit ses jouesrouges et ses ongles noirs. Maisparallèlement au rendu assez lisse ducorps, la nature est traitée avec destouches impressionnistes (pour lesnaturalistes, c’est l’observation ducomportement social qui importe, lepaysage reste secondaire,contrairement aux impressionnistes)

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LE SYMBOLISME – FIN DU XIX E S

Tendance : « VETIR L’IDEE D’UNE FORME SENSIBLE » (manifeste dusymbolisme)

Ne plus exprimer directement ses émotions comme les romantiques,mais de manière allégorique (utiliser des symboles) : les sentimentssont à deviner à travers la projection d’un paysage imaginaire

Le mysticisme romantique est repris de manière ésotérique (secrète,cachée, et qui nécessite une initiation) : on cherche à découvrir /transcrire les secrets du Monde, à percer son Sens, qui est crypté. Ilfaut donc savoir décrypter

L’imagination retrouvée après le réalisme flotte entre l’évasionheureuse et le cauchemar : l’ensemble laisse une impression d’étrange

Pour transcrire ce monde affilié au rêve, des techniques nouvelles sontnécessaires en poésie comme en peinture. Ce sont ces techniques quidéclencheront l’art moderne dans les deux domaines

MOT-CLE : CODER / DECODER >>LA LECTURE DEVIENT DIFFICILE Registre fantastique Registre merveilleux Lyrisme léger

PEINTURE POESIE Refus total du réel (même si la

touche est parfois faussementréaliste) : mondes énigmatiques,étranges, fantastiques oumerveilleux (thème du sphinx) –mais un fantastique accepté, quisemble normal

Personnages allégoriques dontl’attitude souvent énigmatique créeun malaise : les figures sontsouvent gracieuses, les regardssongeurs et tournés vers l’intérieur(nous ne sommes pas loin de lapsychanalyse, qui est en train denaître). L’ensemble est trèsstatique, le silence semble la loidans ce monde intérieur etintériorisé : on se penche sur lessecrets de l’âme et les secrets dumonde…

Retour à l’inspiration biblique(thèmes de la mort, de l’enfer, du

Paysages symboliquestranscrivant les sentiments dupoète

Utilisation de correspondancessymboliques pour traduire à la foisles sentiments et la vision dumonde

Quête de l’absolu et recherche detechniques nouvelles pourl’approcher par les mots (poésie enprose, phrase qui n’est plussoumise aux codes de la raison,vocabulaire volontairementimprécis, syntaxe parfoismalmenée…)

Le poème – crypté – est àdécrypter par le lecteur, qui doitdevenir actif

Cf pour les allégories, tous lespoèmes, en particulier « Chansond’automne » de VERLAINE ou« L’Albatros » de BAUDELAIRE

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péché…), mythologique,légendaire ou littéraire (illustrationd’œuvres)

Utilisation de nouvelles techniques(absence de profondeur,techniques décoratives quirappellent le papier peint…)

Les tableaux ont l’aspectd’énigmes pour le spectateur

Cf pour l’allégorie BÖCKLIN, Lapeste : la hantise des épidémies -personnellement vécues par le peintre– se lit dans ce tableau (sa famille aété plusieurs fois menacée par letyphus, la peste ou le choléra, et il aperdu 6 de ses enfants sur les douze)KHNOPFF Le sphinx L’Art ou lesCaresses : ce sphinx énigmatiquedans tous les sens du terme vientcaresser le peintre-Œdipe, déchiffreurdu sens, comme une femmeséductrice ; mais sa caresse peutaussi être mortelle… et pénétrer dansdes mystères interdits au commundes mortels a son prix…Cf pour l’illustration des Fleurs du Malde Baudelaire, REDON, Les Fleurs duMal : la gravure permet de forcer lecontraste inquiétant entre blanc et noir(Bien et Mal, Spleen et Idéal commedirait Baudelaire) ; l’Homme sembleperdu dans cet univers contradictoire,et se recroqueville contre le rochernoir – or la Terre est en proie au Mal -,rêvant d’un autre monde que le refletdu soleil sur l’eau lui fait deviner (lespersonnages ne peuvent voir le soleiltel qu’il est disposé). Ce soleil est enmême temps un immense œil qui lui,voit / comprend les mystères del’univers…Cf pour le regard intérieur qui essaiede décrypter les mystères de l’Hommeet du monde, DELVILLE, Portrait deMme Stuart Merrill : l’impact dutableau vient à la fois du regardtroublant, retourné vers son mondeintérieur, qui rayonne comme ununivers à part (cheveux-soleil) – et del’attitude figée et symétrique de la

Cf plus particulièrement pour lessecrets du monde : BAUDELAIRE,Les Fleurs du Mal(« Correspondances »), et RIMBAUD,Illuminations, « Aube » : noter lestitres des œuvres et des poèmes,révélateurs de la quête des poètes

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jeune femme : elle tient un livre ancienmarqué d’un triangle, signe souventésotérique pour Dieu, ou signemagique. Ce livre noir semble contenirles secrets de l’univers – mais il estfermé : on ne peut que l’approcher(les mains le touchent) et la seule cléest le monde intérieur (tête poséedessus, qui quitte les émotionshumaines pour s’enfoncer dans unailleurs)Cf pour les mystères du monde,BÖCKLIN, Le bois sacré : Böcklinaime les légendes germaniques quipeuplent les bois de créaturesétranges ; deux personnages vêtusd’une tenue qui semble rituelle sontprosternés devant un autel, d’autresassistent à l’arrière-plan : le boisdevient dont temple, cérémoniesacrée comme dans le mondeceltique des druides. Les arbres et lespersonnages debout évoquent descolonnes verticales, comme dans unecathédrale. L’eau au premier plan, lavégétation, les nuages, le feupermettent une correspondance entreles quatre éléments (cf les reflets duciel et de la végétation, ainsi que del’autel, dans l’eau)et ci-dessus : KHNOPFF Le sphinx Cf pour le paysage se contentant detraduire symboliquement l’état d’âme,les sentiments du poète :Lucien LEVY-HURMER, LaBourrasque, 1898. Le dessin sedétache sur un brouillard de rêve, etmêle dans une tendre confusion lesmèches blondes d’une moderneDaphné (nymphe aimée d’Apollon etmétamorphosée en laurier) et lesfeuilles mortes. On devine unsymbolisme proche de Verlaine.

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