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PARATUBERCULOSE DES RUMINANTS & MALADIE DE CROHN LES CONNAISSANCES DISPONIBLES Marc Savey directeur de recherche et conseiller scientifique

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PARATUBERCULOSE DES RUMINANTS& MALADIE DE CROHN

LES CONNAISSANCES DISPONIBLES

Marc Savey – directeur de recherche et conseiller scientifique

2 Paratuberculose des ruminants & maladie de Crohn : les connaissances disponibles

LE RAPPORT DE L’AFSSA

Publié en mars 2009 (87 p, 8 figures, 8 tableaux, plus de 250 réf)Après Report of the UE SCACHAN, mars 2000, « Possible links betweenCrohn’s disease and paratuberculosis »

Issu d’un travail d’expertise collective

par un groupe ad hoc multidisciplinaire (14 personnes)

dans le cadre des travaux conduits par les comités d’expertsspécialisés (CES) « Santé animale » et « Microbiologie » (Afssa / Derns)

17 réunions, 4 auditions (FNGDSB, SNGTV, ACERSA, GDS 22)

Synthèse des connaissances sur la paratuberculose (PTB) la maladie de Crohn (MC) la relation Mycobacterium avium subspecies paratuberculosis

et la maladie de CrohnFNGDSB : Fédération Nationale des Groupements de Défense Sanitaire du BétailSNGTV : Société Nationale des Groupements Techniques VétérinairesACERSA : Association pour la Certification de la Santé Animale GDS 22 : Groupement de défense sanitaire des Côtes-d’Armor

3 Paratuberculose des ruminants & maladie de Crohn : les connaissances disponibles

STRUCTURE DU RAPPORT AFSSA (1/2)

INTRODUCTION

- Importance de la paratuberculose

- Progression des connaissances très significatives depuis 2001 en maladie de Crohn

PARATUBERCULOSE DES RUMINANTS DOMESTIQUES

incluant

- Épidémiologie

- Méthodes de dépistage et de diagnostic

- Actions de lutte collective (France, Union européenne, États-Unis, Australie, …)

4 Paratuberculose des ruminants & maladie de Crohn : les connaissances disponibles

STRUCTURE DU RAPPORT AFSSA (2/2)

Nosologie et histoire naturelle des maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI)

Épidémiologie et facteurs de risques des MICI

Hypothèses physiopathologiques

o activation immunitaire

o interactions hôte - microbes

RELATIONS ENTRE MYCOBACTERIUM AVIUM SUBSP PARATUBERCULOSIS & LA MALADIE DE CROHN

LA MALADIE DE CROHN

dont

BILAN et RECOMMANDATIONS

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LES PRINCIPAUX ACQUIS EN MATIÈRE DE MAP

L’épidémiologie de la paratuberculose (bovine) est caractérisée par

une longue incubation (une à plusieurs années)

une circulation de MAP liée à l’excrétion, plus ou moinsintermittente, des porteurs sains et cliniques (cf. Schéma)

une réceptivité et une exposition des jeunes très significatives

MAP appartient au complexe M. avium-intracellulare (MAC)

limite des méthodes de diagnostic et de dépistage en santéanimale + caractéristiques épidémiologiques de la maladiedéterminent l’efficacité des actions de lutte et leur indication

Difficulté particulière chez l’homme lorsqu’on recherche l’implication deMAP dans la maladie de Crohn (« MAP like » et IS9OO)

6 Paratuberculose des ruminants & maladie de Crohn : les connaissances disponibles

SCHÉMA : circulation de MAP dans un élevage infecté

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LA MALADIE DE CROHN : GÉNÉRALITÉS

En extension constante depuis une quarantaine d’années en France, enEurope et AMN, émergence en Asie, au Moyen-Orient et en Amériquelatine

Une MICI qui doit être distinguée de la RCH et des colites d’originebactérienne

Un diagnostic de certitude qui reste délicat compte-tenu de l’évolutionchronique

Nosologie discutée par certains auteurs (« plusieurs maladies »)

Épidémiologie descriptive de mieux en mieux connueIncidence : 0.7 à 9.8Prévalence : 8.3 à 214

En France : incidence ~6, prévalence ~100

Une ressemblance clinique et anatomo-pathologique avec PRT(cf. tableau)

pour 100000 ha en Europe

8 Paratuberculose des ruminants & maladie de Crohn : les connaissances disponibles

Paratuberculose Maladie de Crohn

Âge moyen des signes cliniques Jeunes adultes Jeunes adultes

Altération de l’état général Oui Oui

Diarrhée ++/+++ ++/+++

Douleur abdominale Absentes Présentes

Présence de sang dans les selles Non Fréquente

Atteintes péri-anales Absentes Présentes : 20 à 30%

Symptômes extra-intestinaux AbsentsPrésents (articulaires, oculaires,

cutanées) mais inconstants

Modalités évolutivesGénéralement progressive

Rémission possible en cours de gestation

Alternance de phases d’activité/phases de rémission

TABLEAU DE COMPARAISON ENTRELA PARATUBERCULOSE ET LA MALADIE DE CROHN

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1. Environnementaux

• Tabac

Augmentation risque RCH (40%)

Diminution risque MC (x2)

• Appendicectomie

Diminution risque RCH (70%)

• Alimentation (?) / mode de vie (?)

• Environnement « hygiène élevée » augmentation MICI (disparition des helminthes digestifs, réfrigération, …)

• Virus de la rougeole : abandonné

FACTEURS DE RISQUE DES MICI (1/2)

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2. Génétiques

• Confirmé en 2001 par la découverte du premier gène de susceptibilité : NOD2/CARD15 sur chromosome 16

[RR 2 à 4 pour une mutation]

[RR 10 à 35 pour deux mutations]

• Autres gènes reconnus (IL23R, TNSF15,…) et à reconnaître sur différents chromosomes (5,6,…)

FACTEURS DE RISQUE DES MICI (2/2)

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Similitudes anatomo-cliniques entre MC et PRT(mais…nombreuses différences)

Chiodini (1989) : mise en évidence de structures comparables à MAPdans lésions MC (pas de culture)

Identification d’antigènèmie IS900 (PCR) dans lésions et sang de patients MC dans aliment, eau potable, lait pasteurisé

mais Pas d’atteinte particulière des professionnels de l’élevage/ruminants

Pas de corrélation géographique PRT/MC

Très mauvaise corrélation PCR/ culture de MAP

Signification des PCR et complexe MAP ?

Pas d’efficacité démontrée des antituberculeux en essais cliniques chez l’homme

Efficacité des corticoïdes et immunosuppresseurs dans MC (contrairement aux autres mycobactéries)

BASES DE L’INCRIMINATION DE MAP DANS MC

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1. Anomalies immunitaires : activation immunitaire par déséquilibreth1/th2

2. Agents infectieux étudiés• Agent infectieux spécifique (« origine ») : virus rougeole, Listeria

monocytogenes, Yersinia, MAP, E.coli,…• Agent infectieux non spécifique initiant l’inflammation intestinale

(« entretien par d’autres facteurs »)• Rôle de la flore saprophyte endogène (Streptococus, Bacteroïdes, E.coli,

Clostridium leptum,…)

3. Maladie multifactorielle à forte composante génétique« Au total, la MC doit être comprise comme une maladie multifactorielle résultant

de l’exposition de sujets génétiquement prédisposés à divers facteurs derisque…Très nombreux gènes à risque présents à la fois chez un individu donné et àl’échelle des populations…Les facteurs de risque environnementaux, y comprismicrobiens, sont encore largement inconnus. »

HYPOTHÈSES PHYSIOPATHOLOGIQUES ACTUELLES POUR LA MALADIE DE CROHN

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CONCLUSION SUR L’ORIGINE DE MCET LE RÔLE DE MAP

Rôle des bactéries intestinales : flore endogène ou flore exogène dontLm, E.coli, yersinia, MAP.

Les données actuelles permettent d’exclure MAP comme agentcausal sur un mode classique « pasteurien » de la MC mais nepermettent pas de l’exclure définitivement dans un rôle de cofacteur.

MAP ne peut (au même titre que d’autres agents bactériens) êtretotalement écarté comme un des facteurs de risque microbienconcourant au développement de la MC. En l’état actuel desconnaissances, on peut exclure MAP comme agent causal de la MC,sans pouvoir préciser s’il constitue un des co-facteurs de risque associéau développement de la MC.

Pour MAP double difficulté méthodologique« MAP-like » IS900Enquêtes épidémiologiques rétrospective/prospective

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Malgré les similitudes anatomo-cliniques existantes entreparatuberculose et maladie de Crohn et les associations rapportéesentre MAP et MC, le lien de causalité formelle entre MAP et MCdemeure à ce jour non démontré. L’ensemble des connaissancesdisponibles permettent d’écarter un lien de causalité de typepasteurien où MAP serait la condition nécessaire et suffisante pourentrainer la MC, celle-ci apparaissant être le résultat de la conjonctionde différents facteurs, les uns propres à l’homme, les autres à sonenvironnement.

Le rôle que peuvent jouer MAP ou d’autres bactéries exogènes(Listeria, Yersinia, certaines souches d’E. coli…) en interaction avec la

flore endogène ne peut être apprécié compte-tenu de la diversité desinteractions et mécanismes proposés par les différentes équipessans qu’un schéma univoque puisse être dégagé.

CONCLUSION GÉNÉRALE (1)

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Néanmoins, compte-tenu de l’importance de la paratuberculose chezles ruminants domestiques et des incertitudes persistantes quant aurôle de la flore microbienne intestinale, endogène ou exogène, chezl’homme dans l’interaction complexe entre gènes de susceptibilité etfacteurs environnementaux, il paraît tout à fait indiqué depromouvoir le contrôle de la maladie animale en s’intéressant dans

un premier temps à la paratuberculose cliniquement expriméedans les trois espèces de ruminants domestiques.

Cette lutte permettrait de maîtriser l’essentiel des pertes liées à lamaladie en élevage, mais aussi de diminuer significativement leniveau de contamination par MAP de l’environnement des élevageset des produits qui en sont issus.

CONCLUSION GÉNÉRALE (2)

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Des publications récentes (cf. Lancet, 2008, 372 (628), 67-81) partagent laconception exprimée par le groupe de travail en ce qui concerne la MC

Crohn’s disease results from a dysregulated response of the mucosalimmune system to intraluminal antigens of bacterial origin in people whoare genetically prédispoded to this disease…Emerging evidence suggests that disease development implicates adysregulated dialogue between the intestinal microbiota and componentsof both the innate and adaptive immune…Investigators have long sought to identify a micro-organism that causesinflammatory bowel disease. The present theory suggests a breakdown inthe balance between putative species of protective versus harmful bacteria– a notion that has been termed dysbiosis…Metagenomic and computational analyses of the so-called microbiomemight provide a foundation to achieve a more accurate understanding ofthe relevant, functional diversity of the flora in the context of inflammatorybowel disease.

LA MALADIE DE CROHNin fine …