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Numéro 27 Juin 2013 I I M M M M I I G G R R A A T T I I O O N N I I N N T T É É G G R R A A T T I I O O N N M M É É M M O O I I R R E E S S O O U U V V E E N N I I R R S S T T R R A A N N S S M M I I S S S S I I O O N N T T É É M M O O I I G G N N A A G G E E S S

Numéro 27 Juin 2013 IMMIGRATION INTÉGRATION MÉMOIRE … · de Émile Ajar (ajar signifie en russe : brai-se, à rapprocher de gary : brûle !), en 1974, Gros-Câlin, en 1975, La

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Numéro 27 Juin 2013

IIMMMMIIGGRRAATTIIOONNIINNTTÉÉGGRRAATT IIOONN

MMÉÉMMOO II RR EESSOOUUVVEENNIIRRSS

TTRRAANNSSMMIISSSSIIOONNTTÉÉMMOOIIGGNNAAGGEESS

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Sommaire

Page 2 - Edito - info

Page 3 - Appel à souscription

Page 4 - Romain Gary

Pages 4-5 - Une nouvelle rubrique,

découvrir ou redécouvrir

nos photos

Pages 6-7 - Simon Cukier

Pages 8-9 - Le courrier des lecteurs

Page 10 - A vits

Page 11 - Avis de recherche

Pages 12-13 - Hachomer Hatzaïr

Pages 14-16 - Hannah Arendt et les

réfugiés allemands et

autrichiens.

é d i t o

INFORMATION

Notre exposition sera présentéedu vendredi 28 juin 2013 au samedi 31 août 2013

Bibliothèque Marguerite Audoux10 rue Portefoin Paris IIIe

Aux horaires habituels de la Bibliothèque

Mémoire Juive de Paris a changé de nomet devient MÉMOIRE JUIVE–mjdp

C’est pour prendre en compte l’intégration juive enFrance que nous avons adopté lors de notre Assem-blée Générale du 16 janvier l’abandon de la réfé-rence parisienne. Nous voulons témoigner del’immigration et de l’intégration de toutes les com-munautés juives à travers toute la France.

Pour accomplir pleinement notre projet de trans-mettre notre patrimoine photographique et la ri-chesse du témoignage dont nous sommes porteurs,Michèle Lévy-Bonvalot indiquait dans un précé-dent éditorial que l’association voulait nourrir desprojets de «grande envergure» dont la réalisationd’un documentaire visuel (!).

L’heure est maintenant arrivée de définir avec vousce projet. Nous avons dans un premier temps pré-cisé la nature du projet : réaliser un film présentéen premier lieu sur un DVD mais aussi dématériali-ser tout ou partie de ce film sur Internet pour unpublic plus jeune, habitué à ces technologies.

Nous devons maintenant en fixer le contenu. Com-ment donner à voir et conserver la force des photoset des témoignages ? Comment pouvons nous conserver l’âme de la mé-moire juive ? C’est l’objectif que nous nous fixons et que nousproposons à tous ceux qui voudront bien y tra-vailler avec nous.

Jean Pierre Randon

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Après la réussite exceptionnelle de l’exposition photo-graphique, notre ambition n’a plus de limite…

Nous avons l’intention de concevoir un DVD. Celui-cin’est qu’un support technique parmi d’autres, le film ré-alisé pourra également être mis sur Internet.

Il permettra ainsi d’atteindre un public plus large et plusjeune.

Ce projet est un complément indispensable à notre ex-position.

Il offre la possibilité d’explications, de communicationssupplémentaires et d’évoquer avec une richesse plusgrande l’histoire de l’immigration et de l’intégration

Nous avons commencé à le concevoir. Nous pensons de-voir travailler, accompagné d’un réalisateur profession-nel, pendant encore deux ans pour le mener à bien

Son coût est à l’image de nos ambitions et sans votreaide il sera impossible de mener ce projet à sonterme dans des délais raisonnables. C’est la raison pourlaquelle nous faisons aujourd’hui appel à votre généro-sité.

Nous vous proposons d’acheter le DVD en ouvrant unesouscription dont vous trouverez les détails sur la lettrejointe à ce bulletin.

Merci pour cette aide si précieuse.

MÉMOIRE JUIVE- mjdp lance une grandes o u s c r i p t i o n

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Pour inaugurer cette nouvelle ru-brique de notre bulletin, nousvous proposons une photo qui fait

référence à l’activité militante de cer-tains de nos fondateurs (Vic-tor Zigelman, Etienne

Raczymov,…) que nos anciens avaient choisi de mettre endouble page dans la première édition de notre livre « Ima-ges de la mémoire juive, immigration et intégration enFrance depuis 1880 »(1). Il s’agit d’un groupe de résistantsjuifs FTP-MOI du bataillon Carmagnole-Liberté, auquel ap-partenaient aussi des italiens. Cet épisode se déroule après

Dans la galerie des célébrités qui émigrèrent et s’intégrè-rent parfaitement dans la nation française, il en est une

qui est particulièrement émergente.Il s’agit de Roman Kacew, jeune juif ashkénaze né à Vilna le8 mai 1914. Fils de Arich Leïb Kacew et de Mila Owczyns-ka. Après le départ du père, Roman vit seul avec samère à Varsovie jusqu’en 1928, date où ils viennent enFrance. Ils vivent à Nice. Roman fait des études assezmoyennes dans l’ensemble, sauf en composition fran-çaise et en allemand. En 1935, il est naturalisé français.En 1936, Roman, devenu Romain,monte à Paris « faire son droit ». En 1938, il obtient difficilement saLicence en Droit et est appelé pourson service militaire, qu’il effectuedans l’aviation. Il est élève observa-teur à Salon-de-Provence. En juin1940, de Bordeaux il s’évade enavion jusqu’à Alger. Puis il se rend à Casablanca d’où ilrejoint l’Angleterre et s’engagedans les Forces Aériennes FrançaisesLibres (FAFL). On le trouve auMoyen-Orient, en Lybie, à Koufra,en Abyssinie et en Syrie où il attra-pe le typhus. Après une convales-cence il sert dans la défense côtiè-re en Palestine.En février 1943, il réside en GrandeBretagne et fait partie du Groupede bombardement Lorraine. C’està ce moment que Roman Kacew de-vient Romain Gary, du nom d’actri-ce de sa mère. (En russe, gary signifie brûle). Affecté àla destruction des bases de lancement des V1, il estblessé lors d’une opération au cours de laquelle son pi-lote est aveuglé. Romain le guide, ils réussissent la mis-sion et ramène l’escadrille à la base. Au cours de plusde 25 missions il effectue environ 70 heures de vol deguerre.Il est fait Compagnon de la Libération et nommé capi-taine de réserve.Après la guerre, il devient diplomate au service de laFrance. Il séjourne alors en Bulgarie, à Paris, en Suisse,

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à New York, à Londres puis en qualité de Consul géné-ral de France à Los Angeles de 1956 à 1960.Il a épousé une femme de lettres anglaise, Lesley Blanchpuis après un divorce l’actrice américaine Jean Sebergavec laquelle il aura un fils, Alexandre Diégo Gary, néen 1962. Romain Gary écrira toujours. Cela depuis ses études dedroit. Il publiera déjà à cette époque ses premières nou-velles dans « Gringoire ». Quand ce journal basculera vers l’extrême droite, il ces-sera toute collaboration, malgré les généreuses rétribu-tions du journal (plus de 1000 francs la page !), écri-vant à la rédaction une lettre dans laquelle il dit : « Je nemange pas de ce pain là ! ».Parmi ses nombreuses publications sous le nom de Romain

Gary : en 1945, Éducation européenne,en 1956, Les Racines du ciel (prix Gon-court) porté au cinéma par John Huston,en 1960, La promesse de l’aube qui seraporté au cinéma par Jules Dassin en 1971avec Mélina Mercouri, en 1970, Chien blanc,en 1975, Au delà decette limite, votre ticket n’est plus valable, en 1977, Clair de femme (film de Costa-Gavras, avec Romy Schneider et YvesMontand) en 1980, Les Cerfs volantsIl publie secrètement sous le pseudonymede Émile Ajar (ajar signifie en russe : brai-se, à rapprocher de gary : brûle !), en1974, Gros-Câlin, en 1975, La vie devant soi (nouveau prixGoncourt, il est donc le seul à avoir obte-nu le prix Goncourt deux fois !) et porté àl’écran par Moshé Mizrahi, avec SimoneSignoret,en 1976 : Pseudoen 1979, L’angoisse du roi Salomon.Il réalise deux films : Les oiseaux vont mourir au

Pérou et Police magnum ! Kill !Le 2 décembre 1980, il se suicide en se tirant une balle dansla bouche. Il a 66 ans. Il avait fait savoir au cours d’un entretien avec la journalisteCaroline Monney qu’il ne vieillira jamais, étant incapabled’une telle chose.

Parmi les nombreuses biographies de cet homme exception-nel, on peut noter l’œuvre de Myriam Anissimow : RomainGary, le Caméléon (Folio) <

Marcel Apeloig

Romain Gary

Une nouvelle rubrique pour découvrir ouredécouvrir des photos clefs de notre fonds

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(1) Images de la mémoire juive, Immigration et intégration en France depuis1880, préfaces : Henry Bulawko et Georges Charpak, avant-propos : Henry Rac-zymow, direction éditoriale : Nicole Priollaud, Victor Zigelman et Laurent Gold-berg, photos recueillies par l’association Mémoire Juive de Paris, Paris, coéditionLiana Lévi, 1994, réed. 2009.Coll. Krischner.(2) cf Victor Zigelman, Mémoire d’un homme ordinaire, in : bulletin MJDP no 3,2000, p.1 et 3.(3) cf le programme actuel de l’association de réalisation d’entretiens filmés deLaurent Goldberg, Frida Wattenberg et Véra Steinfeld(4) Pour visionner les témoignages de Claude Urman, André Katz, Hélène Witz-man, Philippe Daudy, Léon Landini, Gilles Najman, Balthazar Sanchez, SalomonMossovic, Jacques Szmulewicz, Etienne Raczymov, Jean Ottavi, Henri Krischer,Charles Bluwol, Nathan Chapochnik, André Fontanel, André Schmer, JacquesVictorovitch, Max Tzwangue, Dina Krischer, Roland Kamienny : http://www.canal-u.tv/video/universite_toulouse_ii_le_mirail/memoire_de_resistance_ftp_moi_rolande_trempe.4877

gine une organisation syndicale communiste. La MOI, dérivéede la Main d’œuvre étrangère créée en 1926 regroupait des im-migrés italiens, espagnols, juifs… Elle continua lors de son pas-sage à la résistance armée à fédérer des antifascistes venus detoute l’Europe : Espagnols, Italiens, Polonais, Yougoslaves, Alle-mands, Français… Peut-on alors parler d’intégration des im-migrés ?

En guise de conclusion, je forme le vœu, à l’heure des humani-tés numériques que ces fiches, trouvent à l’avenir, des nouveauxpublics via les supports technologiques contemporains et quenotre patrimoine photographique devienne grâce au numé-rique accessible à tous et en particulier aux jeunes générations.Nous aurons alors réussi notre pari d’être un maillon dans lachaîne de la transmission d’images de la mémoire juive, de l’im-migration en France entre 1880 et 1948. <

Muriel Flicoteaux

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l’insurrection de Villeurbanne en 1944. Les hommes et fem-mes sont regroupés autour du commandant interrégionalRhône-Alpes, Filip Lefort. A droite, se trouve Raymond Saks,capitaine évadé de la prison de Saint-Paul. Au centre (brascroisés), on peut repérer Henri Krischer dit Lamiral, qui com-mandait le bataillon Carmagnole–Liberté. Si nos premiersbulletins font entendre la voix des témoins et acteurs decette histoire de la résistance des Francs-tireurs et partisans– Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI) (2), nous tenterons depoursuivre la transmission avec un discours différent, celuide notre génération, tout en continuant à récolter les té-moignages sur l’expérience de l’immigration en France denos aînés.3

Le bataillon Carmagnole-Liberté est un exemple local en régionde la résistance des FTP-MOI. Créé en mars-avril 1942 parJoseph Kutin, ancien officier des brigades internationales,4 il re-groupe des résistants comme Charles Lederman, Herbert Herz,Jacques Viktorovitch, Léon Landini, Simon Fryd, Elie Amselem,Max Tzangue, Léon Rabinovitch, Léopold Rabinovitch, PaulMossovic, Francis Chapochnik, Max Bernstein… Réparti endeux branches, l’une Carmagnole à Lyon, l’autre Liberté à Gre-noble, ce groupe s’intègre dans le réseau FTP-MOI (35e BrigadeMarcel Langer à Toulouse, détachement Maurice Korzec à Mar-seille, Manouchian à Paris) chargé de mener des actions de gué-rilla urbaine contre l’occupant allemand. Lors d’une interventioncontre la Wehrmacht, les résistants de ce bataillon sontcontraints de se replier sur Villeurbanne. Ce bataillon est alors,en Août 1944, initiateur de l’insurrection populaire à Villeur-banne, aux cotés des groupes de combat de l’Union des Juifspour la résistance et l’Entraide (UJRE).

Cette photographie s’inscrit donc dans l’histoire des FTP-MOI,mouvement créé en 1941 par le Parti Communiste Français .Issu de la Main d’œuvre immigrée (MOI) de 1932, il est à l’ori-

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Simon Cukier naît à Radom (Pologne) le 11 mai1910, il décéde à Paris en juin 1987.

La famille compte douze enfants. Il est l’aîné des sixenfants de la seconde épouse de son père, sœur cadette de la première épouse décédée. Ce mariage, fondé sur un principe religieux, mal ac-cepté par Malka, la mère, qui ne s’en cache pas à sesenfants, eût pour effet de créer chez ceux-ci un pro-fond rejet de l’injustice et de forts doutes au niveau de leurs convictions religieuses. Bien qu’entourésd’une famille très impliquée dans la religion juive (le père est sacrificateur, deux des oncles sont rabbins), ilsdevinrent athées et contestataires, anti-sionistes etsensibles aux idées révolutionnaires. Ce début dans lavie allait marquer tout le parcours de Simon Cukier,futur militant syndical, communiste, résistant et achar-né à créer les conditions pour développer la notion de« solidarité » comme atout du peuple juif pour se dé-fendre contre les agressions antisémites, contre le ca-pitalisme porteur d’injustice et de misère ; il choisitdeux armes pour établir son pouvoir de conviction : lemilitantisme sans faille tout au long de sa vie, la reven-dication de l’existence d’un peuple juif non par le seulbiais de la religion mais par sa culture, ses modes depensée, sa force d’implication dans les responsabilitésciviles pour ne plus subir les violences.

Après un baccalauréat polonais obtenu en 1929, ilpart en France, à Nancy, invité par deux de ses frèresaînés. Il étudie à l’Institut dentaire de la faculté de mé-decine, mais à la fin de ses études son activisme syndi-cal estudiantin le fait renvoyer de l’imprimerie Berger-Levrault, où il travaille pour compléter la bourseenvoyée par ses parents. Il est expulsé de la ville par lapolice.Dès 1930, il adhère au Parti Communiste Français (PCF).Il se rend à Roanne où il travaille comme ouvrier dutextile puis à Paris en octobre 1932, dans la même cor-poration. En 1933, il rencontre Fejga Arynski dans unmeeting de la CGT. Elle allait devenir la compagne detoute sa vie (immigrés clandestins, ils ne se marièrentjamais officiellement). Ils eurent quatre enfants dontl’un décéda très jeune (Charles), puis deux filles. Lapremière (Sylvie) en 1940 nait durant la « drôle de

guerre », la seconde en 1942(Monique), alors qu’ils étaient trèsimpliqués dans la résistance, enfin,un fils (Michel) en 1945 alors queFejga était encore invalide, après

avoir été gravement bles-sée lors d’une mission.6

Elle était alors passeuse de documents. En 1934, Simon Cukier est engagé comme agent depublicité au quotidien en langue yiddish : « Naïe Pres-se » (la Presse Nouvelle). En 1935, il devient SecrétaireGénéral de l’organisation mutualiste « Arbeter Or-den » (Ordre Ouvrier), fondée par des ouvriers pro-gressistes en milieu d’immigrés juifs. Cette organisa-tion avait pour programme l’aide sociale et mutuelleau moment où les ouvriers juifs immigrés étaient dé-pourvus de toute couverture sociale légale. À la suite à la victoire du Front Populaire, un nouvelélan porta le nombre de sociétés de secours mutuel àtrente, tandis que s’ouvrait un grand dispensaire l’Ai-de médicale . Simon Cukier en devint le directeur. Pa-rallèlement, entre 1932 et 1938, il remplit les fonc-tions de secrétaire général du Secours Rouge Interna-tional (devenu le Secours Populaire en 1936) et desPatronatis qui avaient pour mission de venir en aideaux immigrés politiques là où sévissaient des régimesfascistes (Pologne, Roumanie, Pays baltes,…).Il s’agissait aussi de sensibiliser l’opinion juive et non-juive aux risques liés à ces régimes. Le combat se portaaussi contre l’esprit de ghetto qui, pour eux, enfer-mait la problématique juive dans une impasse. Un autre combat concerna le statut juridique des im-migrés en but à la répression administrative. S’inscri-vant dans cette logique, les organismes auxquels colla-borait Simon Cukier, soutinrent l’Espagne Républicaineet les Brigades Internationales (où s’engagea son frèreLéon, mort en 1936).En accueillant des réfugiés alle-mands ils dénoncèrent vigoureusement les exactionsdes nazis .Engagé volontaire en 1939, Simon Cukier fut versé àla Légion Étrangère puis renvoyé dans ses foyers lamême année. Il reprend la direction du dispensaire jus-qu’en mai 1941, date à laquelle l’institution se sabor-de, refusant d’intégrer l’UGIF (Union Générale des Is-raélites de France) jugé collaborationniste.

Seconde guerre mondial et clandestinité : AlfredGrant

Durant la « drôle de guerre », il participe aux activitésclandestines des progressistes juifs sous couvert del’Arbeten Orden et du Dispensaire, transformé enposte de défense passive et se procure de vrai/fauxpapiers allemands au nom d’Alfred Grant, un commis-voyageur. Cette vraie fausse identité lui collera à lapeau très longtemps, des décennies après la fin de laseconde guerre mondiale, ses camarades continuerontà l’appeler par son nom de guerre.

L’Occupation et la Résistance

Un mois après l’occupation de Paris (juin 1940), il intè-gre un mouvement clandestin de « progressistes juifs »afin de combattre le nazisme en d’autres conditions ; ils’agissait alors de répondre à l’appel à résistance deJacques Duclos du 10 juillet 1940. Naïe Presse reprend

Simon Cukier

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La Libération

Hasard et cruauté de l’histoire. Il est libéré par les FTPle 17 août 1944 et reprend sa place à la tête de l’orga-nisation juive de résistance devenue légale et fut nom-mé comme son représentant auprès du Comité Géné-ral de Défense, organisme unitaire de la communautéjuive chargé de soigner les plaies causées par la guerreet l’occupation. Il participe à la constitution de la Com-pagnie Rayman, constituée de juifs survivants, appar-tenant à la section étrangère des F.F.I et qui fut lancéeaux trousses des troupes allemandes à partir de la ca-serne de Reuilly à Paris. Simultanément, il est chargé de la reconstitution del’Union des Sociétés Juives de France (U.S.J.F.). Il en est le Secrétaire Général et administre à ce titre ledispensaire « l’Aide Médicale », au 14 rue de Paradisà Paris, à côté de l’imprimerie de la Naïe Pressedont il intègre le comité de rédaction.Le dispensaire gère aussi une caisse de prêts sans inté-rêts grâce aux dons des sociétaires, une mutuelle mé-dicale, des colonies de vacances pour enfants juifs ilest cofondateur avec Cécile Cerf de la CommissionCentrale de l’Enfance (CCE).

À l’issue de la seconde guerre mondiale, la totalité desa famille en Pologne a été exterminée, seuls trois deses frères, immigrés aux États-Unis en 1933 ont survé-cus. Simon Cukier décidera de ne pas les rejoindre auxÉtats-Unis et de rester en France avec sa famille. Il sera naturalisé français et élevé au grade de Com-mandeur de la Légion d’Honneur, Croix de guerre avecpalmes et médaillé de la résistance. En 1962, il devient président co-fondateur de l’Amica-le des Juifs Anciens Résistants (A.J.A.R.)De 1972 à 1985, il sera administrateur du Musée de laRésistance Nationale à Ivry-sur-Seine (aujourd’hui àChampigny-sur-Marne).Il meurt en juin 1987. <

Marcel Apeloig

(Récit établi selon la source Wikipedia, dont les auteurs sontmultiples et n’ont pas laissé leur nom)

sa parution sous forme clandestine, intitulée « NotreParole ». Dès septembre 1940, il prend la direction dela MOI (Main-d’œuvre immigrée) au sein de laquelleles structures progressistes juives d’avant-guerre se fé-dèrent sous le nom de « Solidarité » : celle-ci constitual’une des 14 branches de la MOI.Après la rafle du Vel d’Hiv (16 juillet 1942), le centrede l’organisation fut installé à Lyon avec plusieurs ra-mifications dans diverses villes de France ; elle prit lenom d’U.J.R.E (Union des Juifs pour la Résistance etl’Entraide) ; Simon Cukier fit partie du triumvirat de di-rection. Il fut plus particulièrement chargé de l’organi-sation parisienne, puis de ses imprimeries, puis du« Travail Allemand » (T.A.) diffusant de la littérature depropagande antinazie en Allemand auprès de la Wehr-macht et enfin du Mouvement National contre la Ra-cisme (M.N.C.R - dont les membres rescapés devinrentfondateurs du MRAP). Le MNCR avait pour tache dediffuser une propagande antiraciste auprès de la popu-lation non juive sous la forme d’un journal intitulé« J’accuse » ; une autre mission était de sauver des en-fants juifs par tous les moyens, y compris la lutte ar-mée et, à l’aide de la population non-juive . Le 12 novembre 1943, suite à l’attaque ratée deconvoyeurs de fonds allemands avec ses camaradesRino Della Negra et Robert Witchitz, Simon Cukier seréfugie chez un résistant français mais il est arrêté parla police de Vichy et emprisonné à la Santé. Grâce àun juge qui comprit que le commis-voyageur allemandAlfred Grant qu’il avait en face de lui était en fait unmembre important de la résistance et juif de surcroît, ildécide de le protéger en le faisant passer pour un pri-sonnier de droit commun et incarcérer pour faits demarché noir. Ce n’est qu’en avril 1944, sur dénoncia-tion et recoupements, que la Gestapo met enfin lamain sur Alfred Grant qu’elle piste sans relâche depuisjuin 1941. Il est déplacé dans le quartier des prison-niers politiques et torturé inutilement. En effet, à l’om-bre pendant six mois, les éventuelles informations quela Gestapo aurait pu lui soutirer n’auraient servi à rien.Dans son manuscrit sur l’analyse de l’action de l’UGIFintitulé : Nous n’irons pas comme des moutons àl’abattoir, il revient sur son incroyable libération . Cesont les nécessités logistisques de faire partir lesconvois à la date prévue qui sauva Simon Cukier de ladéportation : les Allemands ne purent faire partir sonconvoi le 13 juillet 1944, en raison du bombardementpar les Alliés de la gare de Vaires-sur-Marne. Aussi, fut-ilemprisonné à nouveau à la prison de la Santé.

Rédaction collective. Conception, mise en page : Marcel Apeloig et Jean-Pierre Randon.Tous les textes publiés ici le sont sous la responsabilité de leurs auteurs.

MÉMOIRE JUIVE - mjdp17 rue Geoffroy l’Asnier - 75004 [email protected]

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Docteur David KURCAncien Chef de clinique à la Faculté de ParisAncien Attaché Consultant des Hôpitaux de Paris Bicêtreet CochinRhumatologue retraité

À Monsieur Israël Fajgenbaum,

Cher Monsieur,

Madame Michèle Lévy m’a transmis votre lettre du8 janvier et je vous prie d’excuser le retard que j’aimis à apporter une réponse. Ce retard est dû au fait que ma femme et moiallons très prochainement publier un recueil de« vitsn » intitulé « Humour yiddish », ceci en autoédition, avec les difficultés administratives que celaimplique.

Les histoires sont précédées d’un en-tête pour pré-senter le contexte, le tout en trois versions : yid-dish, yiddish translittéré et français, selon unagencement thématique. Le livre est préfacé parMarek Halter et par Itskhok Niborski.

Ce bref résumé pour vous faire comprendre quel’anecdote publiée dans le bulletin de la MémoireJuive n’est pas un fait historique. Comme danschaque roman, il y a, dans chaque histoire humo-ristique, une part de la vie de l’auteur. Or, mafemme et moi sommes des enfants du « Pletzl ».Pour ma part, je suis né en 1934 et j’ai habité larue des Rosiers, au No 29, de 1938 à 1940 et de1945 à 1956. Mes parents ont tenu une boutiquede marchand de couleurs au No 52 entre 1950 et1965, date de leur alyah en Israël, où ils reposent.Peut-être les avez-vous connus ? Je suis sincère-ment navré que vous ayez interprété cette anec-dote comme étant historique, et à votre place, maréaction aurait sans doute été la même. Comme tous les Juifs de notre génération, vous etmoi avons vécu les mêmes évènements et sommesdes miraculés. Mais cette vérité historique n’empê-che pas pour un conteur de vitsn d’adapter les faitsavec une part d’imagination. Je n’ai pas connu le cordonnier de la rue des Ro-siers et le rapprochement avec ce que vous m’ap-prenez de votre père résulte d’une purecoïncidence.

Veuillez croire, cher Monsieur Fajgenbaum, à messentiments très cordiaux.

Le Courrier des LecteursLa réponse

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Le Courrier des Lecteurs (suite)

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Un rabbin va chez un hommeriche mais très avare, qui ne faitjamais de don. Il fait un froid decanard dehors, et le nantiinvite :– Entrez Rabbi, à la maison ilfait chaud !Intentionnellement, le rabbinlaisse la porte ouverte. Le richefrissonne de froid :– Rabbi, fermez donc la porte !– Je suis venu vous demanderde l’argent pour acheter dubois pour les pauvres. Si jeferme la porte, vous ne pourrezpas imaginer ce qu’ils endurentpar ce froid !

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AVERTISSEMENT

Nous avons vérifié dansnotre précédent numéroqu’un Dibbuk a persuadéle brave correcteurOffice de Microsoft©d’écrire le texte yiddishdu vits de gauche àdroite.

Nous présentons nos ex-cuses aux lecteurs yiddis-hisants. Comme le disentles Berachot, chacun d’en-tre nous compte unmillier d’esprits malfai-sants à sa gauche et dixmille à sa droite. Faut-il ajouter Keinehoreet que le mauvais œil soitécarté…

Nous avons égalementété désolés d’apprendreque nous avons pu irriterl’un de nos lecteurs demanière totalement invo-lontaire.

Incorrigibles, nous ne pou-vons cependant résister àl’envie de publier des bla-gues yiddish d’autant plusque nous avons parminous un éminent spécia-liste de rhumatologie, re-converti à la retraite pourune autre carrière toutaussi brillante, en spécia-liste de vitsnologie.

C’est pourquoi toute res-semblance avec un hommeriche (avare ou non) ou unrabbin qui se reconnaitraitdans le texte ci-contre se-rait parfaitement fortuite.

L’histoire suivante est tirée du recueil : « HUMOUR YIDDISH » de Jacqueline et David Kurc.Cet ouvrage, complètement bilingue, en yiddish (en lettreshébraïques) et translittéré en lettres latines et en français,va paraitre très prochainement.

A vits ...

A rebe kumt tsu zeyer a kargngevir. Keyn mol git er nishtkeyn nedove. Es iz a frost indroysn, un der gevir zogt :– Kumt arayn Rebe, in shtubiz varem !Vi oyf tsu lehakhes, lozt derrebe di tir ofn. Der gevir tsitertfar kelt :– Rebe, makht tsu di tir !– Ikh bin gekumen aykh betngelt oyf holts far di oreme-layt.Oyb ikh vel farmakhn di tir, vetir nisht farshteyn vi biter zeylaydn in aza frost !

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Nous sommes à la recherche de personnes qui auraient connu les jeunes sœurs de mon grand-père, Estera (Mindla) et Ida Szpekiman ou Szpekman (pour Ida, parfois écrit Szekiman), déportéesde Paris à Auschwitz en juillet 1942 et avril 1944. Estera est née le 1er mai 1923 à Varsovie et Ida le 19 avril 1926 à Paris XIIe. La famille habitait au 65bis, rue de Romainville à Paris dans le XIXe. Leur père Jankiel était tailleur. Toutes les deux ont été scolarisées à l’école de filles de la rue de Romainville, d’octobre 1932 àjuillet 1935 pour l’une et d’octobre1932 à juillet 1938 pour l’autre. Ida a été réinscrite à l’école de la rue de Romainville, pendant l’année scolaire 1939-1940, enclasse de pré-apprentissage, après une année passée à l’école de la rue des Bois. Estera et Ida étaient apprenties couturières.Si vous les avez connues, ou si vous connaissez des personnes susceptibles de les avoir connues,ou qui pourraient avoir des photos de classe de l’école de la rue de Romainville, nous vousserions très reconnaissants de bien vouloir nous contacter :

soit par mail :

[email protected] soit par courrier :

Mémoire Juive - mjdp17 rue Geoffroy L’Asnier 75004 Paris

qui transmettra.

Avec tous nos remerciements.

Je m’appelle Séverine Werba et suis à la recherche d’informations sur ma famille avant et pendant laguerre.Mes grands-parents paternels se nommaient Boris et Nelly Werba Ils habitaient Paris et ont survécu. Boris a vécu caché dans le VIeMes grands-parents maternels Michel et Paulette Elbaz.Ils habitaient Levallois où la famille Elbaz possédait la pharmacie du Centre (en face du marché couvert). Ils ont survécu. Michel fut interné à Drancy du 11 décembre1942 au15 juin 1943.Je cherche également des informations sur mes grands-tantes, les sœurs de mes deux grand-pères :

- Irène Elbaz (domiciliée à Levallois) internée à Drancy le 10 décembre 1942 et déportée à Auschwitz le 2 septembre 1943 (convoi 59).

- Rosa Dymetman née Werba, mariée à Joseph Dymetman. Ils habitaient 44 rue Saint André des Arts à Paris VIeJoseph reçut le billet vert, fut interné à Beaune-la-Rolande et transféré à la ferme du Rozoir. Il fut déporté le 17 juillet 1942 (convoi 6).Rosa et leur fille Lena (née en 1940) furent arrêtées le 16 juillet 1942, transférées à Pithiviers puis déportées le 26 août 1942, (convoi 24).

Si quelqu’un parmi vous les a connus, se souvient d’eux, ayez la gentillesse de prendre contact avec moi.

Séverine Werba 06 16 13 18 [email protected]

AVIS DE RECHERCHE

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C’est très émue que d’un gradin du Cirque Bou-glione, je regarde le spectacle présenté par les jeu-nes de l’Hashomer Hatzaïr de Paris qui fêtent le

centenaire de leur mouvement de jeunesse né en Galicieen 1913.Je ne peux m’empêcher de me souvenir que dans la clan-destinité, membre du Mouvement de Jeunesse Sioniste(M.J.S), nous avons appris la révolte du Ghetto de Varso-vie en avril 1943. J’ignorais alors que le chef de la Révolteà l’intérieur, Mordechaj Anielewicz était un membre del’Hashomer Hatzaïr, qu’à l’extérieur du Ghetto, AntekZuckerman essayait d’obtenir des armes et l’aide de la ré-sistance polonaise, qui ne les a pas beaucoup aidés.Après la fin de la guerre, en janvier 1946, l’HashomerHatzaïr d’Europe a réuni un colloque à Fontainebleau(voir photo). Des Haverim survivants arrivaient de toutel’Europe. La Brigade Juive (dans les rangs anglais) a aidénos membres en leur prêtant des uniformes pour pouvoirvoyager facilement. Nous avions aussi des déléguésvenus de Palestine pour ce colloque. Je m’occupais desrapports avec la mairie de Fontainebleau pour des tickets

d’alimentation qui étaient encoreen vigueur et que nous devions re-mettre à l’Hôtel.Une jeune, Berthe Zmukin, quenous avions désignée parce qu’elle

parlait yiddish pour rece-voir d’éventuels arrivants à12

Paris, m’appelle et me dit qu’elle a devant elle des survi-vants du Ghetto de Varsovie. Nous appelons un taxi pourles amener jusqu’à Fontainebleau. Je suis toujours émueme souvenant de leur arrivée où la cinquantaine quenous étions, nous nous sommes levés et avons chanté laHatikwa, puis ils ont pris la parole. Pour eux la seule solu-tion c’était la Palestine…

En aout 1945, l’Hashomer renaissante organise un campd’été d’une trentaine de jeunes à Alligny-en-Morvan. Unde nos chefs était un survivant. Les paysans ont vuson numéro sur son bras. Ils nous ont proposé leur aideen nous offrant des produits de leur terre. Un jour, je re-viens avec un sac d’oignons, les jeunes sont agglutinéspar terre autour du journal Combat sur lequel apparaîten grand le nom d’Hiroshima et un nombre de mortsavec plusieurs zéros. Richard, un de nos survivants a étébouleversé. Comment on pouvait tuer des milliers avecune seule bombe alors qu’à Auschwitz... Il a fallu une journée et une nuit pour le calmer.

À la veille de l’invasion de la Pologne en 1939, c’était lafin des vacances, un camp de jeunes de l’Hashomer, del’est du pays, a fui devant l’invasion et est arrivé jusqu’àSamarkand où ils ont passé la guerre. Ces jeunes sont arrivés à Paris en fin 1945 où nous lesavons installé dans une propriété que Léa Weintraub,dirigeante de l’Hashomer en France avait louée.

l’Hashomer Hatzaïr a 100 ans

Colloque de l’Hashomer Hatzaïr de Fontainebleau (janvier 1946). Frida Wattenberg est assiseau premier rang, la troisième en partant de la gauche, entre deux délégués en treillis mili-taire.

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conférence de Tarnów en 1913 ontfondé le mouvement Hashomer Hat-zaïr et énoncé les valeurs qui le gui-deront pendant des décennies (.…)Alors que depuis plusieurs décenniesles mouvements de jeunesse connais-sent une crise de fréquentation, lecas de l’Hashomer Hatzaïr constitueune exception notable. Le mouve-ment ne cesse d’accroître sa pré-sence en France et en Europe (…) Ence qui concerne le mouvement fran-çais, il a connu d’importantes trans-formations ces dernières années (…)réforme indispensable, le mouve-ment appartient aux jeunes, il est àeux ! » écrit Franck Benhamou, leprésident d’Hashomer HatzaïrFrance.

La fête commence par l’arrivée deMadame et Monsieur Loyal.Enchaînement sur une valse danséepar des jeunes qui visiblementconnaissent sûrement mieux le rocket le hip hop mais dont la bonne vo-lonté est évidente.

Quel cirque ! Oui, le Cirqued’Hiver où, dimanche 26 maidernier, l’organisation fêta les

cent ans d’existence du mouvementmondial, et les quatre vingt ans enFrance.

Les kvirim et haverim du ken deParis, de l’âge de huit/dix ans jus-qu’aux dirigeants, jeunes mais unpeu moins, livrèrent un spectacleendiablé sous le titre astucieux :

« La valse a 100 ans »Des tableaux au cours desquels lesannées passées furent évoquées, de-puis la création en 1913 dans la Gali-cie polonaise, jusqu’en 2013.« L’Hashomer Hatzaïr tourne depuiscent ans, comme une valse de nou-veauté, de renaissance, de change-ment où à chaque temps elle devientplus forte », écrit Ethan Assouline,Shikhva Adamit.« J’ai vécu une aventure extraordi-naire, j’ai fait des rencontres inou-bliables, j’ai appris plus de ces jeunesqu’ils n’ont certainement appris demoi », écrit Annie Cohen, la shlikhade Hashomer Hatzaïr France.Alexandre Arcady, ancien haver del’Hashomer Hatzaïr a dit dans uneamicale allocution : « … à Agen,dans la ferme-école de Zette, j’airencontré ma deuxième famille (…)L’Hashomer Hatzaïr à fait de moil’homme, l’artiste, que je suis. Mercià ceux d’hier d’avoir créé ce mouve-ment de l’esprit du cœur »« …notre reconnaissance va toutd’abord à ces jeunes juifs qui, à la

J’ai fait visiter le Louvre, La Tour Eiffel, Versailles à ces jeu-nes qui partiront en Juillet 1946 sur l’Exodus.

L’Exodus, ce bateau arraisonné par les Anglais qui ne per-mettaient pas la venue des Juifs en Palestine. Les voya-geurs étaient transférés sur trois bateaux-cages, dont lesAnglais se servaient pendant la guerre pour transférerleurs prisonniers nazis. Ces bateaux voguent versla France et s’arrêtent en dehors des eaux territoriales àPort-de-Bouc. C’est en juillet. L’Hashomer de France esten vacances avec 800 jeunes. On organise des camionsqui amèneront les jeunes de plus de seize ans à Port-de-Bouc, où ils travailleront sans relâche, sous une chaleurde près de quarante degrés pour transporter les vivresjusqu’aux embarcadères pour les 3500 prisonniers del’Exodus. Comme membre de l’Armée Juive pendant la guerre j’aiété affectée à une ambulance pour amener ceux qui des-cendraient des bateaux cages. Ils n’ont été que 85 envi-

ron à descendre, tous pour des raisons de santé. J’ai conduit à Sète avec mon ambulancier un groupe dejeunes et beaux marins de l’Exodus. Ils partaient pourl’Italie où un autre bateau les attendait qui arrivera àChypre avant que ceux de l’Exodus ne soient arrivés àHambourg, où les Anglais les ramenèrent dans un campautrefois nazi.

Ces souvenirs défilent en moi alors que les jeunesde l’Hashomer Hatzaïr qui a cent ans aujourd’hui, pré-sentent leur spectacle. Ces souvenirs sont des pages de leur histoire. <

Frida Wattenberg

De tableau en tableau, la création del’Hashomer Hatzaïr mondial et deFrance sont évoqués. Plus grave, plus émouvante aussi estl’évocation de la Révolte du Ghettode Varsovie.Poignante, le rappel de la persécu-tion avec ses arrestation et la dépor-tation dans les camps nazis.Ensuite, la vie au kibboutz, les enga-gements pour la paix avec l’existencede deux états, Israël et Palestine.Un tableau final avec tous les membresdu ken de Paris.On a remarqué, la belle voix de lafillette d’une dizaine d’année, desjeunes talents des joueurs de saxo-phone, de trompette, de djembés, de guitares et de violon.Après le tableau final, des musiciensà la jeunesse avancée offrirent unconcert de chants et de musique.

Journée terminée par un buffet etune exposition d’œuvres variées dontune floraison de photos.

Quelle fête ! <

Mai 2013

Marcel Apeloig

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Le film de Margarethe Von Trotta « Hannah Arendt »évoque la période du procès d’Eichmann à Jérusalem,les années 1960-1963. Quelques années de la vie d’-

Hannah Arendt pendant lesquelles ses articles commentantce procès pour le journal le NewYorker donnèrent lieu à uneviolente polémique. Nous n’avons pas cependant forcement qualité pour jouerle critique de cinéma. Le film n’est ici qu’un prétexte.Il ne s’agit pas non plus de commenter « Eichmann à Jéru-salem, rapport sur la banalité du mal » au delà des quelquesréflexions qui suivent. Il s’agit de faire parler Hannah Arendt, migrante forcée pardeux fois, de la situation des réfugiés du nazisme qu’ilssoient Juifs allemands ou autrichiens en France.

Eichmann, monstre ou clown ?

Adolf Eichmann, enlevé en Argentine comparaît à Jérusalemle 11 avril 1961 sous les chefs d’accusation à la fois géné-raux, crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimescontre le peuple juif selon une Loi votée par l’Etat d’Israël en1950 et qui avait fait débat. Déclaré coupable pour tous leschefs d’inculpation après un procès qui dure huit mois, il estcondamné à mort le 11 décembre 1961. Il sera pendu le 31 Mai 1962.

Hannah Arendt n’est restée que quelques semaines en Israël.Mais elle a parfaitement retenu les propos d’Eichmann, ellereconnait en lui « l’homme totalitaire » et pourtant conclut« tout le monde pouvait voir que cet homme n’était pas unmonstre mais il était vraiment difficile de ne pas présumerque c’était un clown ». Il ne s’agit que d’une phrase deconclusion d’un chapitre du livre presque contradictoireavec ce qui y est dit. Parfois tout ce que l’on retient de l’œu-vre d’Arendt, ce sont quelques phrases brutales dans leurformulation qui servent à appuyer un jugement définitif.Alors que l’idée de « banalité du mal » par exemple laisseentrevoir une explication des systèmes totalitaires ni aussisimpliciste que l’explication, qui n’en est pas une, qui consi-dère tous les acteurs et auteurs des crimes comme des« monstres » et l’explication déculpabilisante qui ne s’inté-resse qu’aux systèmes, aux rapport de force et la lutte desclasses comme si la Shoah trouvait une place dans le com-bat dialectique des prolétaires et des capitalistes.

Sans doute était-elle allée trop loin, le mal peut être « banal »mais les auteurs du mal ne sont pas des « clowns ». Long-temps après elle, les historiens élaboreront une contrehistoire du nazisme et détermineront la place importanted’Eichmann dans la machine d’extermination des Juifs. SiHannah Arendt a entendu les justifications d’Eichmann, ellen’y avait pas prêtée suffisamment attention ; il n’avait en

aucun cas une position négationniste.Il combattait un ennemi, le Juif et entant que technicien et logisticien il enacceptait la responsabilité et considé-rait ce combat comme son grand œu-

vre, son opus magnum.

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Judenrat et collaboration

Faut-il épiloguer sur le deuxième élément polémique du filmà savoir l’aide apportée par les instances juives « Pour unJuif, le rôle que jouèrent les dirigeants juifs dans la destruc-tion de leur propre peuple est, sans aucun doute, le plussombre chapitre de toute cette sombre histoire ». Petitephrase assassine. Mais cette thèse, outrancière en somme etqui n’occupe que peu de place dans le livre, en réalité, là encore,a été modérée depuis par les récits des résistances juives long-temps ignorées et par ceux des procédures mises en placepar le système nazi qui utilisait tous les ressorts psycholo-giques et coercitifs pour contraindre les populations qu’ilvoulait éliminer.

Migrant ou réfugié ? Interrogation sans fondement pour la grande majorité.

Ce qui précède constitue au fond une longue introductionqui revèle des propos difficilement acceptables comme lesont certains thèmes du texte « Nous autres réfugiés » (Werefugees), publié en janvier 1943 dans The Menorah Jour-nal.(1)On trouve dès le début cette phrase étonnante : « Nous af-firmions être partis de notre plein gré vers des pays de notrechoix et nous nions que notre situation eût rien à voir avecles prétendus problèmes juifs ». Les allemands et autrichiensqui ont survécu à la guerre n’étaient sans doute pas suffi-samment intellectuels, éclairés, émancipés ou peut être as-similés pour qu’on puisse leur prêter ce genre de propos.Personne ne renonça à sa judéité et s’ils n’étaient pas aussibrillants et n’avaient pas fréquenté Heidegger ou Jaspers, ilspouvaient, certes, n’être que commerçants mais pouvaientaussi avoir étudié à l’Université, être avocats, médecinsou ingénieurs. Et même pour ces universitaires, cela n’a-vait pas de sens ; le problème de ces réfugiés arrivés en1933, puis plus ou moins clandestinement dans les annéessuivantes, jusqu’à ce que les nazis interdisent l’émigration,n’était certainement pas celui énoncé par Hannah Arendt :« tout d’abord, nous n’aimons pas que l’on nous traite de«réfugiés». Nous nous baptisons « nouveaux arrivants » ou« immigrés ». Leur problème était qu’ils étaient apatrides,qu’ils étaient partis sans argent et qu’ils n’avaient pas ledroit de travailler officiellement, alors, qu’on les qualifie del’une ou l’autre manière, importait peu.

De la difficulté d’être déraciné

Mais on ne tombera pas dans le travers de n’accorder àHannah Arendt que la possibilité de s’exprimer par quelquescitations comme cela était dénoncé précédemment. Il fautlui «donner la parole» car sa réflexion est souvent juste : « nous avons perdu notre foyer, c’est à dire la familiarité denotre vie quotidienne. Nous avons perdu notre profession,c’est à dire l’assurance d’être de quelque utilité en cemonde. Nous avons perdu notre langue maternelle, c’est àdire nos réactions naturelles, la simplicité des gestes et l’ex-

HANNAH ARENDT et les réfugiés allemands et autrichiens

(1) in Hannah Arendt « Écrits juifs » Ed. Fayard

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réflexions sur les rapports entre la technicité et la réalité. Décidément notre optimisme est vicié…»

De la difficulté d’être réfugié allemand ou au-trichien

« Depuis 1938 (depuis l’invasion de l’Autriche par Hitler), nous avonsvu avec quelle rapidité l’optimisme éloquent pouvait se muer en pessi-misme silencieux. Au fur et à mesure que le temps s’est écoulé, leschoses ont empiré pour nous ; nous sommes devenus encore plus op-timistes et encore plus enclins au suicide. Les Juifs autrichiens sousSchuschnigg étaient des gens extrêmement sereins tous les observa-teurs impartiaux les admiraient. Il était merveilleux de voir qu’ils étaientintimement convaincus que rien ne pouvait leur arriver…Nous avons été expulsés d’Allemagne au motif que nous étions juifs.Mais à peine avions nous franchi la frontière que nous sommes deve-nus des « boches ».On nous a même dit qu’il fallait accepter cette épi-thète si nous étions vraiment opposés aux théoriesraciales d’Hitler. Pendant sept ans nous avons ridi-culement essayé de jouer le rôle de Français, outout au moins de futurs citoyens, mais au début dela guerre on nous interna en qualitéde « boches » comme si de rien n’é- 15

pression spontanée de nos sentiments. Nousavons laissé nos parents dans les guettos de Polo-gne et nos meilleurs amis ont été assassinés dansdes camps de concentration, ce qui signifie quenos vies privées ont été brisées… Combien de fois ne nous a-t-on pas répété quepersonne n’aime entendre parler de tout cela ;l’enfer n’est plus une croyance religieuse ni undélire de l’imagination mais quelque chose detout aussi réel que les maisons, les pierres et lesarbres qui nous entourent. Manifestement per-sonne ne veut savoir que l’histoire contemporainea engendré un nouveau type d’êtres humains,ceux qui ont été envoyés dans les camps deconcentration par leurs ennemis et dans descamps d’internement par leurs amis…On a pu nous considérer non seulement commedes citoyens en puissance mais comme des étran-gers ennemis réels. En plein jour bien sûr, nous nedevenons des étrangers ennemis que « techni-quement » parlant tous les réfugiés le savent.Mais lorsque des motifs techniques vous ont em-pêché de quitter votre patrie durant les heuressombres, il n’est certes pas aisé d’éviter quelques sombres

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tait. Entre temps cependant, la plupart d’entre nous étaientdevenus des Français si loyaux que nous ne pouvions mêmepas critiquer un ordre du gouvernement français ; aussiavions nous déclaré qu’il n’y a avait aucun mal à être inter-nés. Nous étions les premiers « prisonniers volontaires » quel’histoire ait jamais connus ! Après que les Allemands eurent envahis le pays le gouverne-ment français n’eut plus qu’à changer le nom de lafabrique ; emprisonnés parce que nous étions allemands, onne nous libera pas parce que nous étions juifs…

De la difficulté d’être réfugié alle-mand ou autrichien en France

Malheureusement les choses ne se présentent pas sous unmeilleur jour lorsque nous rencontrons des Juifs. Les Juifs deFrance étaient absolument persuadés que tous les Juifs arri-vant d’outre-Rhin étaient des Polacks, que les Juifs alle-mands appellent pour leur part Ostjuden. Mais les Juifs quivenaient vraiment d’Europe de l’Est n’étaient pas d’accordavec leurs frères français et nous appelaient des Jaeckes, del’allemand Jacke, veste ou costume. Les fils de ceux qui haïs-saient les Jaeckes, la seconde génération née en France etparfaitement assimilée, partageaient l’opinion des Juifs fran-çais de la grande bourgeoisie. Ainsi, au sein de la même fa-mille, vous pouviez être désigné comme Jaecke par le pèreet comme Polack par le fils. »

Les réfugiés allemands et autrichiens, premières victimes

Les passages choisis devraient recevoir l’assentiment de tousles Jaeckes qui le liront, d’autres soulèvent davantage d’in-terrogation ou de polémique. Ils montrent surtout qu’Han-nah Arendt ne connait pas les difficultés terribles queconnaitront la majeure partie de ces refugiés.La situation des réfugiés allemands et pire encore celle desJuifs autrichiens, reste quelque chose de relativement igno-rée. Des affiches enjoignaient, sous peine d’arrestation auxres-sortissants allemands, sarrois, dantzikois et étrangers de na-tionalité indéterminée, mais d’origine allemande ou autri-chienne, déchus de leur nationalité, résidant dans ledépartement de la Seine à se présenter le 14 Mai 1940 austade Buffalo à Montrouge (Seine) pour les hommes. Cettemesure touchera par exemple, Walter Benjamin, Lion Feucht-wanger, Heinrich Mann. Et le lendemain, le 15 mai 1940, lamême obligation était faite aux femmes ; la police confinaau Vélodrome d’Hiver les femmes « indésirables ». Arresta-tions parfois désigné sous le nom de « première rafle du Vé-lodrome d’Hiver », expression impropre et exagérée, il n’y aavait aucune visée antisémite, cette mesure est prise contrela « cinquième colonne ». Néanmoins le décret a été signé par Paul Reynaud, pas parVichy.Il a pour conséquence l’internement au camp de Gurs et

dans d’autres camps, de plusieursmilliers de réfugiés économiques, poli-tiques ou « confessionnels » c’est-à-dire juifs, les femmes arrêtées le 15 Maiinternées à Gurs étant appelées dans lapresse de l’époque, les « femmes de

Mai ».

Comme le dit Hannah Arendt, les réfugiés sont venus deleur plein gré croyant, de bonne foi, que les autorités trie-raient nazis et réfugiés.

Tous restèrent internés. Le 31 mai, le camp, dirigé par lecommandant Davergne, compte déjà plus de 7000 femmesinternées (dont Hannah Arendt, Lotte Eisner et Dita Parlo),toutes désignées comme « ressortissantes allemandes ». Cechiffre comporte, outre celles qui se sont présentées sponta-nément, des épouses d’Allemands mais aussi des réfugiésfuyant l’avance de la Wehrmacht.En juin, après l’effondrement de la République, le comman-dant Davergne ne recevant plus d’instructions libère les pri-sonniers. Les plus faibles resteront sur place ou dans les en-virons et seront repris rapidement, d’autres, au moment desrafles et au gré des arrestations. Seules, 600 prisonnièresétaient réellement des allemandes aryennes et pronazies,des ennemies véritables. Parmi celles là, l’actrice Dita Parloregagnera triomphalement l’Allemagne.

Hannah Arendt, quant à elle, comme plusieurs milliers dedétenus, est libérée. Elle rejoindra Marseille et bénéficiera del’appui de Varian Mackey Fry qui fournira des visas pour lesEtats-Unis à plus 2000 personnalités, juives ou non maissusceptibles d’être inquiétées par les nazis, Breton, MaxErnst, Chagall, Heinrich Mann et bien d’autres. Ainsi com-mence la période américaine d’Hannah Arendt mais cela estune autre histoire… Nous lui laisserons la conclusion qui est celle de cet article, « Nous autres, réfugiés » :

« Pour la première fois, l’histoire juive n’est pas séparéemais liée à celle de toutes les autres nations. Le bon accorddes nations européennes s’est effondré lorsque et précisé-ment parce qu’elles ont permis à leur membre le plus faibled’être exclu et persécuté » <

Jean Pierre Randon

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