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numi_0484-8942_1983_num_6_25_1848_t1_0233_0000_2 (1)
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Revue numismatique
Arnaldo Momigliano, Problèmes d'historiographie ancienne et moderne , traduit par Alain Tachet.Dominique Gerin
Citer ce document Cite this document :
Gerin Dominique. Arnaldo Momigliano, Problèmes d'historiographie ancienne et moderne , traduit par Alain Tachet.. In: Revue
numismatique, 6e série - Tome 25, année 1983 pp. 233-235.
http://www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_1983_num_6_25_1848_t1_0233_0000_2
Document généré le 28/09/2015
7/16/2019 numi_0484-8942_1983_num_6_25_1848_t1_0233_0000_2 (1)
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BULLETIN BIBLIOGR PHIQUE
Thomas Crump, The Phenomenon of Money, London,
1981,
xiv,
368
p.
Le
principal
intérêt de cette
curieuse
et
stimulante
étude du « phénomène monétaire »
par
un
anthropologue
est de faire
apparaître la monnaie comme d une
part
essentiellement
uniforme
à un
niveau
élémentaire et d autre
part indéfiniment
adaptable
aux
systèmes
institutionnels
les plus
divers.
Du point de vue méthodologique,
historiens
et numismates
pourront
en retenir la nécessité de se méfier d une approche
étroitement « métalliste
»
dans la mesure où, partout et toujours, la monnaie fait figure
de complexe de phénomènes économiques, sociaux et politiques et
ne saurait donc en
aucun cas être réduite à un peu d or, d argent ou de bronze. Th. C. met
au
service
de son
entreprise
à
la
fois une
connaissance
encyclopédique
des
faits
et
des
théories,
une
riche
expérience
personnelle
extra-universitaire et
le
fruit
d investigations
«
sur le
terrain
» en
particulier chez les
Mayas du Mexique méridional. Au-delà de sa propre
discipline,
l anthropologie,
il
a
pris grand soin de recueillir
les avis
et
les
conseils d archéologues,
d économistes,
d épigraphistes, d historiens, de linguistes, de
numismates
et de
théologiens. Certains aspects de
sa recherche,
concernant en particulier les
facettes
linguistiques et religieuses de la
réalité
monétaire, paraissent
totalement inédits. Chacun
des dix-huit chapitres mériterait un examen
détaillé
: on retiendra
en
particulier
les
considérations sur les aspects ludiques de la monnaie, l offre de monnaie, le
rôle des
«
corporations
»
(Personnes
morales)
et
de
l Etat, les banques centrales, les Etats
socialistes et le Tiers-Monde, l inflation (L approche quantitativiste, de Fisher à
Fleming). Une bibliographie et un index détaillés facilitent l utilisation
du
volume, dont
la
présentation matérielle
est
agréable.
G. Hennequin.
Arnaldo
Momigliano,
Problèmes
d historiographie ancienne et moderne, traduit
par
Alain
Tachet,
Paris,
Gallimard, 1983, 483
p. (Bibliothèque
des histoires.)
Cela fait
plus
de
cinquante ans
qu Arnaldo Momigliano
a inauguré
la suite riche et
variée de
ses
contributions à
l histoire
de l histoire. Mais
il
aura
fallu attendre
1979 pour
que soit
traduit
en français un de ses ouvrages, Sagesses
barbares :
les limites de
Vhellénisation (Maspero). Les Problèmes d historiographie qui
nous
sont proposés
aujourd hui regroupent quelques
uns des
essais les plus importants
de l A., publiés
de
1947
à 1980,
et
déjà
recueillis
(sauf
le
dernier),
avec
de
nombreux autres
articles,
dans
les six Contribua alla storia
degli
studi classici... (Rome, 1955-1980).
C est
l article central qui nous
retiendra
ici : « L histoire ancienne et l Antiquaire
»
paru
pour la première
fois
en
1950,
dans le Journal
of
the Warburg and Courtauld
Institutes.
En
cinquante pages d une remarquable densité,
l A.
insère dans leur contexte
historique les
grands courants de
l érudition et
de
l histoire,
de
l Antiquité au xixe siècle.
Après
une
introduction
où
il
nous
présente
la
situation
au
xvnie
s. : «l Ere
des
Antiquaires», ГА. recherche les
origines
les plus anciennes
de cette
distinction entre
Revue numismatique,
1983, 6 série
XXV, p.
233-262
7/16/2019 numi_0484-8942_1983_num_6_25_1848_t1_0233_0000_2 (1)
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234
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
l antiquaire
(collectionneur
systématique de
tous
1еь
matériaux se
rapportant
à
son
sujet) et
l historien (qui
présente chronologiquement
les seuls
faits
propres
à expliquer
une
situation donnée). Archeologia
chez
Platon ou Flavius
Josèphe,
« prosopographie »
ou
histoire
;
antiquitates pour Vairon,
étude
systématique
de
la
vie
romaine, c est ce
dernier sens
qu après
une longue éclipse retrouvent
Pétrarque
ou
Biondo.
Le
xvf
s. voit
l épanouissement des
antiquités
(Fulvio Orsini, Juste
Lipse), parallèlement à une
étude
révérencieuse
des historiens antiques
: on ne
récrit
pas
l histoire après Tite-Live. Et
tandis que
s élaborent, au
xvne s., les histoires
nationales,
qu aucune idéalisation
canonique
ne
réfrène, les antiquaires, eux,
mettent
les documents archéologiques
au
service
d une histoire « compte rendu des
événements
» tel Vaillant écrivant
l histoire
des
Séleucides
à l aide des monnaies (1691).
La controverse sur la valeur
des
témoignages
historiques aux xvne et xvme
s. place les
antiquaires
en
première ligne.
Aux
historiens, discrédités dans les controverses
religieuses, mais aussi au scepticisme absolu
du pyrrhonisme
historique, les antiquaires
opposent la solidité des témoignages
autres
que littéraires : chartes, inscriptions,
monnaies. Mais
qui
sont
ces
antiquaires
?
des hommes
qui
ne sont
pas
historiens,
mais
d abord
diplomate, astronome, et très
souvent médecins.
L A.
cite Spanheim,
Spon,
Bianchini : devant
la faillite de l histoire traditionnelle, ils mettent
au
service de
la
« storia per
simboli
» (Bianchini)
leur habitude
professionnelle de
l observation
directe.
Cette synthèse entre histoire et antiquités est officialisée
en 1766 par
la fondation à
Gôttingen
de
l Institut historique,
où ce qui deviendra les
«
sciences auxiliaires
»
est pris
en
charge
par les
historiens.
Avant cet équilibre, la faveur que
connurent
les documents non
littéraires
fut
parfois
cause d excès proches de l aberration.
L A.
« épingle » un cas bien connu des
numismates : le père Hardouin, à la fin
du
xviie s., conclut, des contradictions
qu il
découvrit
entre monnaies et
textes,
que tous les textes antiques
(exceptés
Cicéron, les
Géorgiques de Virgile, les Satires et les Epîtres d Horace, et Pline l Ancien) étaient des
faux « dus à une bande de faussaires italiens de la fin du xvir s. Il avait
même
identifié
le
chef
de
bande
:
Severus
Archontius
qui,
par
mégarde,
se
dévoila pour
ce
qu il
était
dans
YHistoire Auguste : un
numismate
» (p. 269-270). Le plus étonnant est qu à
l époque
on lui répondit fort
sérieusement.
Cela dit
le
bilan du
succès
des
antiquaires
aux xvue et xvur
s.
est
impressionnant : les
règles
qu ils élaborent
en
matière de chartes,
inscriptions
ou
monnaies
sont d une
grande sûreté ; ils sont
à l origine
de
la découverte
de
l Italie
préromaine
; et c est
grâce
à
eux — en témoigne le médaillier
sicilien
d un Torremuzza — que se prépare la
redécouverte de la Grèce.
Cependant d autres conflits naissaient,
dès
le xvnie s., entre
historiens
et antiquaires,
et
allaient se poursuivre
jusqu au
xixe s. Les
historiens
philosophes, tel Voltaire, restent
indifférents,
voire méprisants,
devant le
travail
de l érudition.
Et
si le début
du xvnť
s.
avait
vu collaborer historiens et
antiquaires pour l étude comparée
des
religions, à la fin
du
siècle, la religion comparée se fera
sans
les antiquaires : on se défie de certaines
interprétations
excessives
de
l iconographie.
Le
xixe
s.,
héritier
de
Winckelmann
et
de
Gibbon, est dans l obligation de combiner histoire
philosophique
et érudition.
Fallait-il
unifier
histoire et antiquitates
?
La question
n est
toujours pas dépassée
puisqu existent,
encore au xxe s.,
des
enseignements spécialisés. Mais une époque
est
achevée : les
antiquitates sont mortes
en tant
que telles
en même
temps que
l histoire
politique,
tandis que naissait l histoire de la civilisation. Cependant, « même s il n a pas
lui-même
écrit
l histoire», conclut
l A.,
«l antiquaire
l a sauvée de l assaut des sceptiques».
Reste
aux spécialistes
que nous
sommes,
descendants directs
des
antiquaires, à écrire
leur histoire. La
nôtre. L A.,
dressant
le
bilan du
succès
des antiquaires (p. 271), laisse
le numismate sur
sa
faim :
il
expédie en deux lignes
la numismatique de Spanheim à
7/16/2019 numi_0484-8942_1983_num_6_25_1848_t1_0233_0000_2 (1)
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE 235
Eckhel. Mais son propos était de
dégager
de
grandes tendances,
d établir, sur trois
siècles
d érudition et d histoire, les structures auxquelles le numismate puisse adosser
l histoire de
sa
propre
discipline.
L A.,
du reste,
à
cette
intention
particulière,
dédie
une
longue
note
(appendice
III
:
«De
quelques
numismates»,
p.
289-290)
où
figure
la
bibliographie des textes par lesquels les numismates
du
xvne s. ont
exposé
leur doctrine
sur leur
propre
discipline.
Certes, la
bibliographie contemporaine n a pas été remise à
jour. Beaucoup de travaux ont
été
entrepris depuis 1950;
qu on me
laisse,
pour
conclure,
n en
citer
qu un
seul, et rendre
hommage au regretté
Otto Markholm,
qui nous
a laissé quelques pages lumineuses sur
l histoire
de
notre
discipline de
1760
à
1870
: « A
History
of
the Study
of
Greek Numismatics
»
Nordisk
Num. Ârsskrift
1979-1980,
p.
5-21 Signalons encore,
du
même,
«
The Danish
Contribution
to the Study of Ancient
Numismatics,
1780-1880»,
Den kongelige
Ment-og
Médaille-samling
Í781-1981,
Copenhague, 1981, p.
123-164.
D.
Gerin.
[Exposition, Forth Worth
(U.S.A.), 1983.]
— Wealth
of
the Ancient World : the Nelson
Bunker
Hunt
and
William Herbert Hunt
Collections. —
Forth
Worth : Kimbell
Art
Museum/Beverly Hills :
Summa
Publications, 1983. —
329 p. ; ill. ;
bibliogr., glossaire,
appendices, indices.
Richesse
du
monde antique, nous annonce le titre de ce somptueux
catalogue.
Mais
aussi
richesse du
nouveau monde : le Kimbell
Art
Museum
présente
les pièces maîtresses
d une collection privée — celle de la famille Hunt — qui semble
ne
compter que des
pièces
maîtresses.
Une
collection
aussi
exceptionnelle
méritait une présentation
exceptionnelle et
exhaustive
dans
sa
conception.
Après un recueil de photographies
en
couleurs des objets les plus admirables,
Margaret
Ellen
Mayo
dresse
un
passionnant
historique
de
la
collection, de
l Antiquité
à
nos jours.
A partir
du xrxe siècle, son survol
concerne exclusivement
la collection aux
Etats-Unis.
Cela
explique sans
doute
le caractère strictement
anglo-saxon de la
bibliographie1.
Dietrich von Bothmer nous parle ensuite des collectionneurs de vases,
du
xviiť siècle à
nos jours (le
catalogue
est
dû
à Jane
M. Cody).
Les
bronzes de
la
collection Hunt sont
présentés
par Jiří
Frel
(catalogue Jane
M. Cody).
Suivent les monnaies, qui
nous
intéressent
ici.
Arthur Houghton
présente,
d une
façon
à
la fois agréable et
concise,
l histoire de la
monnaie de
sa naissance
à la réforme de Dioclétien. Catharine Custis Lorber a rédigé les
notices des 112
monnaies
présentées (n° 55 à 166). L A. prévient
en
note que l ordre
suivi pour les monnaies grecques n est pas géographique, mais est fondé sur le style
et
la
chronologie
:
un
peu
déconcertant
de
prime
abord,
il
se
révèle
rapidement générateur
de
rapprochements féconds.
Chaque
notice comporte une description détaillée, suivie de
la
bibliographie
concernant
l exemplaire
;
puis
l état
de la question numismatique, le
contexte
historique, les rapprochements
iconographiques.
En fin de volume, des
notes
aux notices prolongent la bibliographie. Sur les
six
appendices joints, cinq concernent la
numismatique : notions
techniques,
étude des coins,
trésors, étalons monétaires
et
dénominations, système
monétaire romain.
1 Pour
l Europe,
signalons sur
le
même sujet
le
travail de Krzysztof
Pomian,
Entre l invisible
et le
visible: la
collection», Libre, 1978
(3), P.B. Payot 340, p.
3-56.