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Notes du mont Royal Cette œuvre est hébergée sur « No- tes du mont Royal » dans le cadre d’un exposé gratuit sur la littérature. SOURCE DES IMAGES Canadiana www.notesdumontroyal.com

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Notes du mont Royal

Cette œuvre est hébergée sur « No­tes du mont Royal » dans le cadre d’un

exposé gratuit sur la littérature.SOURCE DES IMAGES

Canadiana

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I

ŒUVRES COMPLÈTES

D’HOBACE, DE J UVÉNALDE PERSE, DE.SULPICIA, DE TURNUS, DE CATULLE

DE PROPERCE, DE GALLUS ET MAXIMIEN

DE TIBULLE, DE PHÈDRE ET DE SYRUS

AVEC LA TRADUCTION EN FRANÇAIS

PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION

DE M. NlSARDDE L’ACADEMIE FRANÇAISE

INSPECTEUR GÉNÉRAL DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

PARISCHEZ FIRMIN DIDOT FRÈRES, FILS ET C", LIBRAIRES

IMIIRIMEURS DE L’INSTITUT DE FRANCE

nm; JAcon. 56

M DCCC LXIX

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AYERTISSEMENT DES ÉDITEURS

Douze auteurs ont été réunis dans ce volume, qui contient au delà de trente

l mille vers. Ce sont Horace, Juvénal, Perse, Sulpicia, Turnus, Catulle, Pro-,perce, Gallus et Maximien , Tibulle, Phèdre et Publius Syrus. Sans vouloir

.I-agirien exagérer, nous pouvons dire de ce nouveau volume ce qui a été dit des pre-

,miers, ce qui sera vrai,saufpourdeux ou trois, desvingt-cinq volumes de la collection,,à savoir que la réunion de ces douze auteurs est motivée. En effet les genres qulilsA représentent se touchent de très-près, et quelquefois se confondent. Dans l’épi-

, gramme comme dans la satire, dans l’apologue comme dans l’épître philosophi-

’ que, qui peut nier que la matière ne soitla même, et que le cadre seul diftère? Dei même, par combien de points l’élégie ne touche-t-elle pas à la poésie érotique, l’ode

amoureuse à ces deux genres, l’ode religieuse et historique aux poèmes tels queceux de Catulle? Si la forme que reçoivent les sentiments du cœur dans les différents

pays est déterminée en grande partie par les mœurs, ne peut-on pas dire que lespoëles qui peignent ces sentiments sont frères de ceux qui peignent et critiquent lesmœurs? Dans ce volume, c’est presque partout le même ordre d’idées : seulement

les uns jugent là où les autres sentent, C’est aussi la même morale; seulement les

uns l’enseignent, et les autres nous la donnent à tirer de leurs passions et de leurségarements. Enfin on peut appliquer à ce vaste recueil, mais avec plus de raison, ce

que Juvénal, lequel y remplit à peine quelques feuilles, dit du sien:

Quidquid agunt homines, velum , limer, ira , voluptas,Gaudia, discursus, nostri est farrago libelli A.

(Snt. l, v.85.)

p h Toutes les traductions sont nouvelles. En ne les confiant qu’à des hommes deivëtalent, on a consulté les convenances de goût et d’études de chacun, et on n’a pas

l Tout on que l’ont les hommes, vous, crainte. colère, volupté, joie, intrigue, voilhln malien de mon livn..

V a.

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AVERTISSEMENT DES sermons; Ndemandé, par exemple, la traduction d’un poète élégiaque à un esprit porté vers la

satire. Cette diversité des goûts qui prouverait, à défaut d’autres raisons, combien

est légitime et conforme à l’esprit humain la diversité des genres, a déterminé

la distribution des douze auteurs, et quelquefois des parties d’un même auteur.Malgré notre résolution de ne donner place dans cette collection qu’à de courtes

notices, etd’exclure ce qu’on appelle les morceaux littéraires, nous avons dû faire une

exception soit pour des choses consacrées, comme l’excellente appréciation del’abbé Arnaud, qui se lit en tète du Catulle, soit pour un de ces morceaux à lafois exacts et brillants, où les jugements sont aussi sûrs que bien exprimés, et où les

conjectures les plus ingénieuses ne sont, à le bien regarder, que des inductions.Tel est le morceau qui précède la traduction d’Horace,et que nous devonsàla plume

si justement estimée de M. Patin. Nos lecteurs nous auraient su mauvais gré de nepas accorder qUelqucs colonnes de plus à M. Fleutelot, traducteur de Phèdre, pourune étude philologique sur ce poète, pleine de savoir et de vues neuves, et au tra-ducteur de Tibulle, M. Théophile Baudement, pour de solides et intéressantes con-

jectures biographiques sur ce poële, dont les amours sont toute la vie.7 Nos textes, revus avec un soin qui ne laisse aucune faute qui pouvait êtreévitée, sont conformes aux éditions les plus récentes, sauf en quelques endroitsoù, dans le doute, nous nous déterminons, soit d’après le plus grand nombre d’au-

torités, soit d’après les plus imposantes, là où la qualité ne nous a pas paru être du

même côté que le nombre.

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cATULLE.

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NOTICE SUR CATULLE.

Catulle, de , pour m’exprimer avec plus d’exacti-

tude, Caius Valérius Catullus, naquit à Véronel’an 668 de la fondation de Rome , quand les lettreset les arts venaient enfin de s’introduire chez les Ro-mains , qui jusqu’alors ne connaissaient d’autre vertu

que la force et le courage, d’autre science que ladiscipline militaire, et d’autre gloire que celle devaincre.

Huit ans s’étaient à peine écoulés depuis que les I

censeurs Cnæus Domitius Ænobarbus et Lucius Li-cinius Crassus avaient porte un édit par lequel lesgrammairiens et les philosophes étaient bannis deRome, comme corrupteurs de la jeunesse; et sansdoute il fut difficile d’inspirer le goût des occupationsdouces et des tranquilles études , qui seules peuventorner l’esprit et polir les mœurs, à des républicains

féroces , accoutumés aux spectacles de sang , tou-jours occupés de combats, presque toujours vain-queurs, terribles et menaçants lors même qu’ilsclaient vaincus, et conservant dans leurs défaitestout l’orgueil de leurs prétentions et de leurs espé-rances, comme si le ciel leur eût révélé le secret de

leur destitue.ll n’est guère permis de douter que Catulle n’ap-

partlnt à une famille considérable et distinguée;c’était chez Valérius , son père , que descendait etlogeait César toutes les fuis qu’il passait par Vérone,

et l’on voit encore aujourd’hui, dans la presqu’île

du lac voisin de cette ville, les restes d’un ancienédifice qu’on croit avoir été sa maison de campagne,

la même qu’il a chantée en vers si charmants, etdont. le séjour lui lit oublier ses peines et ses Ira-vaux.

Dès ses plus jeunes années, Catulle se rendit àRome , où, comme s’ils eussent voulu se faire par»donner la longue résistance qu’ils avaient opposée à

l’instruction, les citoyens les plus distingués de larépublique s’empressaient à l’envi d’apprendre et

d’enseigner l’art de la parole; art qu’on ne perfec-

tionne jamais sans perfectionner en même tempscelui du raisonnmeent et de la pensée. Il y trouval’éloquence latine déjà portée à un si haut degré de

perfection , que les Grecs en avaient conçu de la ja-lousic, et craignaientde perdre le seul avantage qu’ilseussent conservé sur leurs vainqueurs.

Cicéron faisait souvenir de DemOSthènes, car illui fut impossible de le faire oublier; Salluste pei-gnait les vices et les mœurs de son temps avec lepinceau de Thucydide; Comélius-Népos esquissaitl’imposant tableau de tout ce qui s’était passé jus-

qu’alors sur la vaste scène du monde; Varron . après

avoir exercé les grandes charges de la république,consacrait tous ses moments à la culture des lettres,et traçaità ses concitoyens l’histoire de leur langue,

de leur origine, de leur religion et de leur gouver-nement; Lucrèce parait la philosophie des charruesd’une poésie qui réunissait a la fois le caractère de

la simplicité et celui de la majesté; le même hommequi méditait la destruction de la république s’occu-

pait de perfectionner l’art de bien parler et de bienécrire; César analysait les mots, les syllabes, et necroyait point s’abaisser en descendant aux fonctionsdu grannnairien le plus scrupuleux. Voilà par quelshommes s’ouvrit ce siècle à jamais mémorable , ou

les Romains acquirent une domination bien plusglorieuse et bien plus durable que celle ou les avait

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au;conduits le succès de leurs armes et de leur poli-tique.

Lorsqu’il s’agit de la grandeur des Romains, onn’est ordinairement frappé que de l’audace de leursentreprises, de l’éclat de leurs succès et de l’étendue

de leur puissance; on ne remarque pas que ce futsurtout par leur attention à cultiver les arts de lapaix ainsi que ceux de la guerre que les Romains semontrèrent véritablement grands. Les Scipion , lesLœlius, les Lucullus, les Caton, les J ales-César, fu-rent à la fois généraux et philosophes , hommes d’état

et hommes de lettres...Les talents du jeune Catulle se firent bientôt rea

marquer; en très-peu de temps il vit au nombre deses amis les personnages les plus instruits et les pluscélèbres, parmi lesquels je me contenterai de nom-mer Cicéron, qui, de l’aveu de notre poète, lui ren-

dit un service important, celui peut-être de plaideren sa faveur, et Cornélius-Népos son compatriote,

, à qui il dédia une partie de ses ouvrages.Cependant Catulle brûlait de connaître la patrie

des arts et des lettres, et de s’abreuver aux sourcesmêmes du savoir , du bon goût et dela véritable po-litesse, celle de l’esprit et des mœurs; jamais désir

ne fut plus ardent ni plus promptement satisfait.Mummius partait pour la Bithynie en qualité de pré-teur, et Catulle fut nommé pour l’accompagner; ilparcourut les principales villes de l’Asie , et vraisem-blablement c’est à ce voyage que la poésie latine fut

redevable de ces grâces naïves et piquantes , de cestournures aimables et faciles, de cet art de traiteravec élégance et avec pureté les sujets les moins purs

et les plus libres , de ce bon ton, de cet enjouementdont la Grèce avait fourni le modèle, dont elle seuleoffrit jusqu’alors l’exemple, et que les Romains dés-

espéraient de pouvoir jamais faire passer dans leurlangue.

Il paraît que les poésies de Sapho et celles de Cal-

limaque eurent pour lui un attrait particulier; et cefut sans doute par suite de son admiration pourla muse de Lesbos , qu’il nomma Lesbie une de sesmaîtresses, dont le véritable nom , s’il faut en croireApulée , était Clodia , fille de Métellus Céler.

L’étude et l’usage heureux qu’il fit de la mytho-

logie , la connaissance qu’il acquit des beautés de la

langue grecque, et le succès avec lequel il les trans-porta dans la sienne, lui valurent la qualification dedocte , que ses contemporains s’accordèrent à luidonner et que lui confirmèrent les âges suivants.

Si son voyage en Bithynie fut utile à ses talents,il ne le fut pas à sa fortune; c’est lui-même qui prend

soin de nous en instruire dans deux pièces de vers,d’où le sentiment de sa pauvreté n’a exclu ni lagaieté , ni la bonne plaisanterie.

Du reste , à juger de ses mœurs par le ton qui rè-gne dans ses ouvrages, on serait tenté de croire qu’il

NOTICEne connut jamais l’amour ; l’amour est un sentiment

qui rarement se fait jour au travers du libertinage:il le connut cependant, et je n’en veux d’autre" Wpreuve que les vers suivants :

0 di . si vostrum est misercri . aut si quibus unquamExtremajam ipsa in morte tulistis opem ,

me miserum ailspicite. et si vitam purlter egi ,Eripite hanc pestem perniciemque mihi ,

Quæ mihi subrepcns imos , ut torpor, in arma.Expulit ex omni pectore lætitias.

a Dieux immortels! si le sort des misérables hu-n mains peut vous toucher, sijamais un malheureuxa près d’expirer éprouva votre secours tout-puissant;a voyez l’étatoù je suis, et pour prix d’une vieinno-

n cente et pure, ôtez-moi ce mal redoutable qui,a courant par tout mon corps de veine en veine,u comme un frisson mortel, a banni de mon cœura tout sentiment de plaisir et dejoie. n

Ce n’est point là le langage d’un poète dont le ta-

lent est de feindre et de tout imiter; mais bien celuid’un amant malheureux et passionné , qui s’exprimeen poète.

Catulle eut un frère qu’il aima tendrement, etqui mourut en parcourant la solitude qui fut jadisla superbe Troie. A peine en fut-il instruit, qu’ils’exposa aux dangers d’une navigation longue et pé-

nible , pour visiter et arroser de ses pleurs la terrequi couvrait les cendres de ce frère chéri; terre l’a-tale et désastreuse , qui, pour me servir de ses pro-pres expressions, avait englouti l’Asie et l’Europe.

Cette perte empoisonna le reste de ses jours, et ilremplit de ses regrets quelques pièces de vers queles âmes sensibles s’empresseront toujours de lire,et qu’elles ne liront jamais sans attendrissement. Lessentiments qu’il exprime, la manière dont ils sontexprimés , tout y peint la tendresse gémissante etdésolée; jamais la douleur n’eut des accents plustouchants ni plus vrais; et c’est véritablement laque la plaintive Élégie se montre avec les cheveuxépars et en longs habits de deuil.

Lorsque Catulle revit l’ltalie, Rome, dont la des-tinée était de parcourir, au travers des plus violentescrises , toutes les formes du gouvernement, et de nerencontrer la paix que dans l’impuissance de recon-vrer la liberté, Rome était en proie à des factions,qui devaient lui être encore plus funestes que toutescelles qui l’avaient jusqu’alors agitée. Pressée entre

l’ambition de César et la jalousie de Pompée, la linberté n’avait plus qu’un reste de vie. Catulle, dontl’âme était toute républicaine, et qui, par le hautdegré de puissance où le rival de Pompée était par-

venu, jugeait de tout le mal qu’il pouvait faire unjour à la république, s’arma contre laides traitsquijadis avaient si bien servi le ressentiment et l’indingnation d’Archiloque; il accabla César d’épîgram-

mes, qui, pour me servir de l’expression de Suétone,

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SUR CATULLE.lui firent d’éternelles blessures; mais César, à qui la

politique eût conseillé la clémence, quand même il

ne l’aurait pas due à son caractère, se contenta dequelques légères excuses, et continua de le faire as-seoir a sa table , ou, par considération pour Valériusson père, et sans doute par estime pour son talent,il l’avaittoujours admis.

Cependant le malheur dont Rome était menacée,malheur qu’avaient préparé les Gracques, et quis’était accru par les fureurs de Marius et par cellesde Sylla, fut consommé par l’ambition de J ules.Cé-

sar; mais Catulle n’était déjà plus. Le spectacle dela tyrannie s’élevant sur les ruines de la liberté n’af-

tligea point ses derniers regards; de sorte que, pourme servir d’une des plus belles phrases de Cicéron,les dieux lui ôtèrent moins la vie, qu’ils ne lui firent

présent de la mort. .Catulle est du très-petit nombre des hommes qui,en passant sur la terre, y ont laissé des traces que.e temps n’a point effacées, et que vraisemblable.ment il n’effacera jamais.

Ce poète occupa toujours un des premiers rangsdans la république des lettres; Corne’lius- Népossemble le placer à côté de Lucrèce, et les regarderl’un et l’autre comme les deux plus grands poëles de

son siècle. Ovide, Tibulle et Properce viennent-ilsà le nommer, c’est toujours avec le respect qu’onn’accorde et qui n’est dû qu’aux hommes supérieurs.

Virgile, dit Martial, n’a pas fait plus d’honneur à

Mantoue que Catulle à Vérone. Pline le jeune ad-mire l’art avec lequel, pour donner a son style plusd’effet, Catulle mêle de temps en temps a la douceurl’âpreté , et une sorte de rudesse à l’élégance; Auln-

Gelle l’appelle le plus aimable des poètes; enfin,dans la collection entière des vers lyriques des La-tins , les Grecs ne voyaient que les siens qu’on pûtentendre avec quelque plaisir après ceux d’Ana-crétin. Malheureusement nous n’avons qu’une par-

tie de ses ouvrages ; encore ne nous est-elle parve-nue que corrompue et défigurée. Le plus ancien ma-nuscrit de ce poète ne remonte pas au delà du quin-zième siècle; les exemplaires en étaient tronqués et

défectueux au temps même d’Aulu-Gelle; aussi les

éditions que nous en avons renferment-elles des versentiers , dont les uns y ont été insérés par quelques

savants modernes; les autres n’offrent absolumentaucun sens. Avant les corrections d’Avanzo, deGuarini et de Partenio, ce beau monument de lalittérature ancienne était, avec raison, comparé àune statue mutilée dans presque toutes ses parties;mais je parlerai ailleurs de tout ce qui concerne lesrestaurateurs , les commentateurs et les éditeurs deCatulle , et je ne m’occuperai ici que de ses ouvra-ges , dontj’analyserai les principaux, en me bornantà caractériser les antres.

Je commence par son ode à Lesbic, traduite du

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grec de Sapho. Quelque admirable que soit cette tra-duction, on y chercherait en vain le charme del’original. Veut-on en savoir la raison? on la trou-vera dans la différence de l’organisation des deuxlangues. Il s’en faut bien que la langue latine ait larésonnance, la douceur et l’harmonie de la languegrecque. Sans entrer dans les détails que j’ai suffi-samment expOSés dans quelques-tins de mes précé-

dents mémoires , il me suffira de faire observer quedans les trois premières strophes de Catulle, presquetous les verbes sont terminés tantôt par la plus dure,et tantôt par la plus sourde des consonnes , lorsquedans l’original ils le sont tous par un élément vocal,

on par la consonne la plus sonore de toutes.Longin, en citant cette ode, nous fait admirer

l’art avec lequel y sont réunis tous les symptômesqui caractérisent les fureurs de l’amour. Plutarqueen trouve les expressions brûlantes; il l’envisagecomme l’explosion du feu qui consumait la malheu-reuse Sapho. C’està quoi Despréaux n’a pas fait at-

tention , en traduisant cette belle ode; sa version,d’ailleurs tres-estimable , renferme une épithètequ’on n’y voit pas sans étonnement et sans peine :

Et dans les doux transports où mon âme s’égare ,

Je n’entends plus; je tombe en de douces langueurs.

Lisez Sapho z sa voix s’éteint; sa langue est im-

mobile; un feu brûlant coule dans ses veines; sesyeux s’obscnreissent; un frémissement involontaireet soudain bruit dans ses oreilles ; son corps se cou-vre d’une sueur froide; elle pâlit centime l’herbedont les feux du soleil ont dévoré les couleurs; elletremble de tous ses membres; la respiration lui estôtée; eile touche aux portes de la mort. Assurément

ce ne sont pas la de doux transports, et moinsencore (le (loures langueurs. Lucrèce ne s’y est pointmépris: pour peindre les terreurs de la superstition,sentiment on rien de doux ne saurait entrer, il em-prunte tous les traits par lesquels Sapho caractériseles redoutables effets de l’atnour.

Je dois faire observer ici qu’en traduisant l’ode deSapho. Despréaux n’avait d’autre objet que d’en ré-

véler les beautés a ceuxquine pouvaient les contem-pler dans l’original; au lieu que le poéte latin avaità exprimer un sentiment dont il était profondément.pénétré. Catulle aimait eperdumcut Lesbie; saisides mômes symptômes que Sapho avait décrits avectout de chaleur et de vérité, il ne crut pas devoir lesrendre autrement dans sa langue que Sapho n’avaitfait dans la sienne; mais en même tctnps il ne s’ap-propria que les traits qui convenaient a sa situation.Ainsi, de ce que la quatrième strophe de l’odegrecque ne se rencontre point dans l’ode de Catulle,il ne faut pas conclure, a l’exemple de plusieurssavants , que celle-ci soit incomplète et mutilée. SiCatulle s’était dépeint plus paleque l’herbe dosse

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3Bchée par les feux de l’été , tremblant de tous ses

membres, couvert d’une sueur froide , et presqueprivé de mouvement et de vie, il n’eût fait vraisem-

blablement que se rendre ridicule. L’amour se faitsentir également aux deux sexes; mais les deuxsexes ne sentent ni n’expriment point l’amour de lamême manière : c’est a celui que la nature a faittimide et sensible, faible et délicat, de passer desfureurs aux défaillances . et des excès de l’emporte-

ment aux excès de la faiblesse. Aucun poète chezaucune nation ne s’avisera jamais de prêtera unamant trompé, trahi 7 abandonné , le langage d’A-riadne ou de Didon , d’Angélique ou d’Armide.

A cette remarque j’en ajouterai encore une quine me parait pas moins essentielle, et que je necrois pas avoir été faite encore; il semble , aupremier coup d’œil, que la dernière strophe del’ode de Catulle n’a rien de commun avec les troispremières; mais pour peu qu’on y réfléchisse, ouverra qu’elle s’y trouve liée par un rapport, ou plu-

tôt par un mouvement tout à la fois très-fin ettrès-naturel. Pour mettre en état de juger, je citerai l’ode

de Catulle en entier.n Celui»là me parait égaler, et, s’il est pOSsible, sur-

i passerlesdieuxenbonheur,quijouitdeta présence,a de ton entretien et de ton sourire. Quant à moi,n j’en ai perdu l’usage de tous mes sens. Au moment

u même ou je t’ai vue, ô Lesbie, je n’ai pu retrou-

a ver la parole; ma langue est demeurée immobile,n un feu subtil a parcouru tout mon corps; un bruita soudain s’est formé dans mes oreilles, et mes yeux

I se sont couverts de ténèbres. u Quand tout àcoup, honteux de sa situation, qu’il devait sansdoute à une vie molle et désœuvrée, il ajoute : a Ca-« tulle, tu vois combien l’oisiveté t’est funeste, et tu

a t’y plais, et tu l’aimes! l’oisiveté cependant a

a perdu les plus grands monarques et les plus flo-u rissants empires. n Je ne sais si je me trompe, maiscette réflexion soudaine, à la suite du délire (le lapassion, me semble admirable; c’est un rayon qui,au moment où l’on s’y attend le moins, perce le ’

nuage et promet de le dissiper; d’ailleurs ce mou-vement me parait tout à fait selon la nature, qui, enaccordant à l’homme une excessive sensibilité,a voulu le distinguer de tous les autres êtres sensi-bles par l’inestimable présent de la raison et dupouvoir de la faire régner sur les actions et sur lespensées. Ainsi, le poète de nos jours, dont le tourd’esprit et d’imagination a le plus (l’analogie avec

celui de Catulle , l’abbé de Chaulieu , ne se montrejamais plus intéressant que lorsqu’à la peinture de

ses erreurs et de ses folies il mêle des réflexionspleines de sagesse et de vérité. Le marquis Maffeia donc en tort de prétendre que la dernière strophede cette ode appartenait à un autre morceau depoésie . ou poubelle à quelqu’un des savants qui, lors

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NOTICEde la renaissance des lettres , se permirent de mêlerleurs vers à ceux de Catulle.

Que ce rapport délicat ait échappé a la tourbe des

traducteurs et des commentateurs , je n’en suis pasétonné; mais j’ai peine à Concevoir comment il n’a

pas été saisi par un homme qui réunissait à la fois

une littérature immense , une excellente critique, ungoût très-vif et trèstéclairé pour la poésie, et un sen.

timent profond de la belle nature.Passons à l’élégie sur la chevelure de Bérénice, de

coma Bereniccs. Cette élégie est traduite de Callivmaque : voici à quelle occasion elle fut composée.

Ptolomée-Philadelpbe, le second des Ptolomée qui,depuis Alexandre, occupèrent le trône d’Égypte,fit bâtir un temple à sa femme Arsinoé , ou il voulutqu’elle fût adorée sous le nom de Vénus Zéphyn’tis.

Il eut deux enfants, Ptolomée Evergèle et Béré-nice: unis par les liens du sang, le frère et la sœurs’unirent encore par ceux du mariage; on sait queces sortes d’unions n’avaient rien de contraire auxcoutumes de l’ancienne Égypte. Peu de jours après,Ptolomée se vit obligé de s’arracher aux embrasse-ments de Bérénice, pour combattre les Assyriens.Bérénice inconsolable promit à Vénus Zéphyritis le

sacrifice de sa chevaline si le roi retournait vain-queur. Cependant Ptolomée attaque les ennemis,les bat, les disperse, unit l’Asie à l’Égypte ,et revient triomphant dans les bras de Bérénice,qui, fidèle à son serment, s’empresse de l’accoms

plir. Le lendemain même , la chevelure disparut dutemple ; les recherches furent vaines, on ne l’y re-trouva point. Pour apaiser le ressentiment de lareine , Carton , le plus célèbre des astronomes de sontemps , vraisemblablement gagné par les prêtres,feignit d’avoir vu la chevelure transportée et placée

dans le firmament. Il y avait alors entre les quatreastérismes de la Vierge, du Lion, de la grande Ourseet du Bouvier, sept étoiles qui n’avaient point denom, comme il parait qu’au temps d’Auguste onn’en avait point encore donné aux étoi’es de la Lyre,

où Virgile transporta l’image de ce prince , entre laVierge et le Scorpion.

Callimaque, pour plaire à la reine, mit en versl’apothéose de ses cheveux ; et si jamais l’adulation

ne fut portée plus loin, jamais ailssi, j’ose le dire,elle ne fut plus ingénieuse. Pour sentir la vérité dece que j’avance, il faut se transporter au temps ouCallimaque écrivit, et se bien pénétrer des mœurset des opinions de son siècle et de son pays.

On ne sera plus surpris qu’une chevelure parle,s’aftlige, désire , si l’on fait attention qu’elle est déjà

changée en étoile, et que dans le système des an-ciens philosophes, les corps célestes étaient non-seu-lement animés , mais doues d’une intelligence biensupérieure à celle de l’homme. Et de que] front lesÉgyptiens et les Grecs auraient-ils refusé de cmire

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SUR CATLLLE.à cette apothéose? ceux-ci n’avaient-ils pas mis au

nombre des constellations la couronne d’Ariadne,et ceux-là le vaisseau d’Isis, le le et le Delta , c’est-

à-dire la figure de la Basse-Egypte? D’ailleursavec quelle adresse, pour ôter à la raison la liberté(le s’attacher à ce que la fiction peut avoir d’invrai-

semblable, Callimaque, par les circonstances dontil environne son récit, prend soin de réveiller, d’oc-cuper et d’intéresser l’amour-propre! Il rappelle à

Bérénice la magnanimité qu’elle a montrée des ses

premières années: il lui parle de sa tendresse, deson courage et des preuves qu’elle a données de l’un

et de l’autre. Aux louanges de la reine il mêle cellesdu roi, qui n’a eu besoin que de se montrer pourtriompher de ses ennemis et joindre l’Asie à l’Egypte.

Il y a dans la description de cette apothéose uncharme qu’il n’est donné qu’à la poésie seule de ré-

pandre sur la pensée et sur la parole. C’est au plusdoux de tous les vents, c’est à Zéphyre , frère uniquede Memnon et fils de l’Aurore , qu’est réservé l’hon.

neur d’enlever et de suspendre au firmament lescheveux de Bérénice, encore humides des larmesdont cette jeune princesse les avait arrosés: il voleet perce les Voiles obscurs de la nuit, et dépose laprécieuse dépouille dans le sein de Vénus qui la di-

vinise et la place au nombre des étoiles. Bacchusn’est plus la seule divinité qui ait fait un présent au

ciel en y attachant la couronne d’Ariadne; nonmoins puissante et non moins heureuse, Arsinoé ya suspendu les cheveux de Bérénice sa fille, méta-

morphosée en un nouvel astre. Cependant, toutedivinisée qu’elle est , la chevelure regrette son pre-mier état; elle préférerait à l’honneur de parer les

cieux, celui de parer encore la tète de Bérénice.

Tel est le sujet et la substance de ce charmantpoème, qui, environ deux siècles après, fut mis euvers latins par Catulle; la traduction est restée ,mais l’original a péri; il n’en subsiste aujourd’hui

que deux distiques dont l’un nous a été transmispar le scoliaste d’Apollonius, et l’autre par celuid’Aratus.

Dans l’impossibilité d’examiner jusqu’à quel point

le traducteur s’est rapproché ou écarté de l’original,

je ferai quelques observations sur la forme de sesvers et sur le caractère de son style.

La manière de Catulle (qu’on me permette cetteexpression: la poésie et la peinture, filles de l’ima-gination l’une et l’autre, se touchent de si près, etpar tant de côtes qu’il doit être permis de transpor-ter à l’un des deux arts les termes particulièrementaffectés à l’autre) , la manière de Catulle tient beau-coup de l’école grecque. Catulle , dit Henri Étienne,

doit être considéré moins comme poële ancien , que

comme un imitateur des anciens poètes.le vers pentamètre, qui, dans tous les autres

poètes latins, est communément terminé par un

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dissyllabe, l’est presque toujours par un mot detrois , de quatre et souvent d’un plus grand nombreencore de syllabes dans Catulle , ainsi que dans Cal-limaque et tous les poètes grecs. Tibulle, Ovide,Properce et généralement tous leurs successeursrenferment scrupuleusement un sens complet oupresque complet dans chaque distique; mais Ca-tulle, à l’exemple de ses modèles, ose souvent. fran-

chir cette limite pour ne se repOser qu’à la fin dupremier hémistiche du troisième vers; procédé qui,en donnant plus d’espace a l’harmonie , y met aussi

plus de variété, mais qui, sans doute, parut peuconvenable au génie de la langue et de la versifica-tion latine, puisque, dans le plus beau siècle decette langue , aucun poële ne crut devoir se le per-mettre: Pour jeter plus de rapidité dans son style,en présentant à la fois deux images ou deux idées,il se sert, comme les Grecs ses maîtres, de motscomposés, c’est-à-dire incorporés les uns aux au-tres, et sa versification est pleine de libertés qu’on

ne peut justifier que par celles que prenaient lespoëles grecs, et dont on ne retrouve des exemplesdans aucun poète latin.

Catulle fait des élisions un très-fréquent usage,ce qui donne à son style un air de négligence, d’a-bandon, et quelquefois de désordre, qui éloignetoute idée d’affectation, de travail et de peine, etcaractérise en même temps très-bien ces mouve-ments du cœur, ces affections de l’âme que l’art

n’imite jamais plus parfaitement que lorsqu’il secache davantage.

Ce poète affecta d’insérer dans ses poésies des ex-

pressions , des mots auxquels toute son autorité neput assurer une longue vie, puisqu’on ne les re-trouve dans aucun des poètes qui lui succédèrent.

Il est important d’observer ici que la naissance deCatulle ne précéda que de seize aunées celle de Vir-

gile, et qu’il y a néanmoins, entre la versificationde l’un et celle de l’autre , une différence on ne peut.

plus remarquable, lors même qu’ayant le mêmegenre, on plutôt le même sujet à traiter, ils em-ploient la même sorte (le vers; connue il est aisé des’en convaincre par le poème de Catulle sur lesnoces de Thétis et Pelée, dont je ferai précéderl’analyse par quelques observations.

Je regarde encore ce poème comme une traduc-tion ou comme une imitation du grec; je soupçonnemême Catulle d’y avoir réuni deux poèmes absolu-ment différents, et je fonde mon opinion sur ce qu’iln’y a aucune sorte de proportion entre l’épisode et

le sujet principal, et que le tableau des aventuresd’Ariadue est évidemment un hors-d’œuvre peu

adroitement cousu avec la description des liguresreprésentées sur le magnifique tapis qui paraît le litnuptial (le Thétis et de Pélee. Cet épisode rappellele bouclier d’Achille et celui ti’l’ÏlltËt’; mais dans on

:24

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belles partions du ’eurs puériles, Homère et Virgilen’ont, l’lt’ll fait entrer que la sculpture et la peinture

troussent. pu traiter et qu’elles ne puissent encorereproduire; au lieu qu’il est impossible de son-mettre aux arts du dessin le long discours d’A-riadue, ni même ce que ce discours a de plus intéres-sant. Si Catulle voulait passionner son récit par letableau du désespoir d’une amante abandonnée et

trahie, et varier ainsi sa narration pour en écarterl’ennui, pourquoi parmi les ’J’hessaliens qu’il fait

assister aux noces de Thétis , n’en choisissait-il pasquelqu’uniqui, a l’aspect des ligures brodées dont

le lit nuptial était enrichi, en eût pris occasion deraconter l’histoire d’Ariadne et de Thésée?

Ceux qui vouent aux ouvrages des anciens uneadmiration sans réserve auraient-ils donc oublieque ce n’est ni sur l’antiquité, ni sur l’autorité

qu’elle imprime, que se mesure la perfection des ou-vrages, mais bien sur la convenance, règle éter-nelle et’fondamentale de la poésie et de tous les arts

imitateurs 7Du reste , l’épisode d’Ariadne , considéré en lui-

meme, et indépendamment du sujet auquel il estjoint, doit être regarde comme une des plus su-blimes productions (le la poésie ancienne; rarementla nature offrit à l’art un plus beau sujet, et plusrarement encore l’art servit aussi heureusement lanature.

Étonnée de se voir seule à son réveil, Ariadne,pale, tremblante, éperdue, se précipite vers les bordsde la mer, d’où elle aperçoit Thésée, fuyant sur un

navire que les vents, trop favorables, avaient déjàpoussé à une grande distance du rivage. A cet. as-pect, elle ne se meurtrit point le sein, elle n’éclate

point en reproches, elle ne verse point de larmes,elle demeure sans voix et sans mouvement. Le poëlecrayonne d’un seul trait et l’excès de la fureur etl’excès du saisisissement; on l’aurait prise, dit-il,pour la statue d’une Bacchante; comparaison su-blime qu’Ovide a empruntée, mais dont, en la dé-layant selon sa coutume, il a détruit toute l’énergie.

A cette image, vrai-ment digne du pinceau de Mi-chel-Ange, succède un tableau digne du pinceau del’AJbane : le diadème dontses blonds cheveux étaient

ceints, le vêtement léger qui flottait autour de sataille, le voile qui cachait son Sein et semblait s’ani-mer par le mouvement qu’il en recevait, tous ces or-nements tombés à ses pieds sont devenus le jouetdes eaux de la mer. Le premier des soins d’unefemme, celui de la parure, ne la touche plus; ellen’a qu’une pensée, elle n’a qu’un sentiment: Thé-

sée, Thésée seul remplit toute son âme.

Ici le poète décrit en vers pleins de substance, depoésie et de majesté, le noble projet de Thésée, sonimage et son arrivée dans l’île de Crèîe; (llSllile,

pont exprimer d’une manière sensible l’innocence

NOTlCEd’Ariadne, il la présente élevée dans le chaste sein

d’une mère dont elle partagea toujours la couche.1l la compare au myrte qui croit sur les bords écar-tés et solitaires de l’Eurotas, ou à la fleur dont l’ha-

leine du printemps anime les couleurs. On sentquelle impression, quels progrès, ou plutôt quelsravages doit faire l’amour sur un jeune cœur si pur,si sensible, si délicat et si tendre! Aussi des le me.ment même on la fille de Minos vit pour la pre-mière fois Thésée, ses regards demeurent suspen-dus comme par enchantement aux traits du jeuneAthenien : elle les détourne enfin; mais le poisonbrûlant de l’amour a déjà coulé dans son sein et cit s

cule dans toutes ses veines. Vénus, Amour, s’écrieici le poëte, puissantes divinités, qui mêlez à tantde plaisir tant de peines, et tant d’amertume à tantde douceurs, a quels terribles orages vous vous f’-tes un jeu de livrer le cœur de la jeune et tendreAriadnel Combien elle frémit en apprenant queThésée était venu pour combattre le MinotaurelDe quelle pâleur mortelle se couvrit son beau vi-sage au montrent du combatl Son cœur envoie auciel des vœux, des prières que sa bouche n’ose pro-noncer.

Cependant, comme on voit au sommet du mont’l’aurus un vieux chêne agitant ses longs et superbes

rameaux, déraciné tout à coup par un ouragan quid’un souffle impétueux a longtemps secoué ses for-

tes et profondes racines; tel le Minotaure, présen-tant sans cesse les cornes redoutables dont son largefront est armé, mais ne frappant jamais que l’air,cède aux coups multipliés de son intrépide adver-saire, et tombe sans vie aux pieds de Thésée. C’en

est fait : Athènes est pour jamais délivrée du bar-bare tribut qu’elle payait tous les ans à la Crète;mais son libérateur eût acheté chèrement sa vic-toire, si la prévoyante Ariadne ne lui eût mis dansla main un fil qui devait lui servir à reconnaitre lesdétours du labyrinthe, ou le monstre était renfermé.

On voit bien que le poète n’affecte d’exalter le

courage et la valeur de Thésée que pour jeter plusd’intérêt sur la passion d’Ariadne, et lui faire par-

donner d’y avoir sacrifié la tendresse d’une mère,

d’un père, d’une sœur, en un mot, les sentiments

dont la nature a fait, sinon toujours le plus cher, dumoins le plus sacré des devoirs. Tout ce qu’une nar-ration trop étendue aurait nécessairement affaibli,Catulle le concentre et le renferme dans une inter-rogation tout à la fois très-animée et très-pathétique;

puis courant au dénouement avec la plus granderapidité, conformément au précepte qu’Horace en

donna depuis, il passe des effets de l’amour et de lastupeur à ceux de l’agitation et du trouble. ln-quiete, éperdue, égarée, Ariadne porte au hasardses pas sans pouvoir les fixer nulle part; elle gravitinsqn’au sommet des plus hautes montagnes. d’un

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SUR CATULLE.585 regards puissent embrasser un plus grand es-pace, et apercevoir de plus loin le vaisseau de Thé-sée. Elle en descend avec précipitation, et court aurivage, ou, après avoir relevé son élégante chaus-

sure, elle pénètre si avant, que ses pieds nus et de-licats sont couverts des eaux que la mer pousse surses bords; le visage inondé de larmes, et presqueabandonnée de la vie, elle ne jette plus que de froids

soupirs, quand tout à coup ramassant ce qui luireste de force, elle éclate en reproches et en impré-Cations.

Toutes les différentes passions qui peuvent entrerdans le cœur d’une amante sensible et trahie, leursuccession , leurs mélanges, leurs gradations, voilàce qu’aucun poète ne traita jamais avec plus d’artet en même temps avec plus de vérité que l’a fait

Catulle. Pour mieux faire sentir ce que j’avance, jeme permettrai de mêler quelques réflexions à cetteanalyse.

Souvent l’amour-propre nous aveugle au point denous persuader que nous sommes infaillibles dansles choses que nous faisons; nous nous formons unesi haute idée des perfections de l’objet que nousavons jugé digne de notre tendresse, que lors mêmequ’il nous abandonne et qu’il nous trahit, nous nepouvons nous résoudre à nous croire trompés. Telleest la position d’Ariadne : la jeunesse, le courage etla valeur de Thésée, l’opinion qu’elle s’est faite de

la tendresse et de la constance de ce jeune héros,l’ont tellement convaincue de la bonté de son choix,que, même en se voyant abandonnée, elle n’éprouve

d’abord d’autre sentiment que celui de la surprise :tout ce qu’elle dit de l’infidélité de Thésée part. uni-

quement de cette situation (le son ante. Elle varieses phrases; mais le sentiment demeure le même;elle n’0se en croire ses propres yeux; elle doute dece qu’elle voit, et rien n’exprime mieux cet état dedoute que le discours qu’elle adresse à Thésée ; elle

lui parle, elle l’interroge comme s’il était présent

et. qu’il pût l’entendre, la plaindre et la consoler.

Eclairée enfin sur son sort, convaincue de la réa-lité de son abandon et de l’inutilité de ses plaintes,

Ariadne a peine a se regarder comme la seule femmequi ait été ainsi délaissée; et, passant de l’individu à

l’espèce, elle conclut que tous les amants sont faux,parjures et infidèles. Le propre des personnes sen-sibles et affligées est de se répandre en maximes gé-

nérales. Quelque parti qu’elles prennent, elles ren-contrent partout le malheur, s’il faut les en croire,et la nature se soulève tout entière pour les accabler.

Mais si aux yeux d’Ariadne tous les hommes sontperlides, combien Thésée doit lui paraître plus per-

lide encore que tout le reste des hommes, lors-qu’elle pense à tous les maux qu’il lui a rendus pour

tout le bien qu’elle lui a fait. Elle l’a servi coutreson propre frère; elle l’a arraché d’entre les bras de

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la mort, ellea brisé, pour le suivre, tous les mmqui l’attacltaient à une famille adorée; et, pour prix

de tant de bienfaits et de tant de sacrifices, Theseel’abandonne; il l’abandonne dans une plage sauvage

et déserte; il la laisse exposée à la rage des bêtesféroces; il lui envie jusqttià un tombeau. Ces idéesla pénètrent d’une indignation qui s’accroît encore

par l’effroi qui vient assaillir son âme, et la fait pas-ser au sentiment du mépris et de l’aversion. ’l’hésee

n’est plus a ses yeux qu’un monstre exécrable vomi

par une mer orageuse ou enfanté par une lionne, ouconçu dans les flancs d’un roulier sauvage.

Cependant l’amour n’est pas encore entièrement

banni de son cœur; elle semble condamner son em-portement et s’en repentir; sa pensée aime encoreà s’attacher à Thésée. Pourquoi ne l’a-t-il pas em-

menée sur son vaisseau P Heureuse d’être admise au

nombre de ses esclaves, elle se serait empressée deremplir auprès de lui les fonctions même les plusviles ; ses royales mains se seraient volontiers abais-sées a étendre un drap de pourpre sur le lit de Sunamant, et a lui verser sur les pieds une eau fraicheet pure.

Mais elle s’aperçoit que ses gémissements et se:vœux se perdent dans les airs ; ses regards, en quet-qne lieu qu’elle les porte, ne rencontrent aucun êtresensible qui puisse entendre ses plaintes, et c’estalors que, livrée au désespoir, elle maudit le mo-ment on, cachant sous les dehors les plus aimablesles desseins les plus perfides, Thésée aborda à laCrète. En effet, que deviendra-t elle? sur quelleespérance pourra-t-elle appuyer son cœur? retour-nera-tvelle dans sa patrie? Les mers, hélas! l’en sé-

parent par des espar-es immenses. lmph’wera-t-ellele secours d’un père? Elle l’a cruellement abandon-

né pour (attacher aux pas d’un jeune homme en-core tout fumant du sang du minotaure, son fils.’J’rouvera-t-ellc quelque soulagementa sa peine dans

les tendres sentiments d’un époux? Le barbare! ilfuit au travers des mers, et n’a ni assez de vent, niassez de voiles pour s’éloigner d’elle. Tout ce qui

l environne est désert, muet. et ne lui présentequ’une mort inévitable. Saisie tout a la fois decrainte, d’épouvante et d’horreur, elle passe de l’in-

dignation aux transports de la rage; elle ne respireplus que vengeance, elle la demande aux Furies :Venez, venez, s’écrie-belle. entendez mes plairi-

tes, vous qui seules pouvez les entendre! et nesouffrez pas qu’elles soient. vaines; elles partent dufond de mon cœur; rendez a Thésée tous les mauxque le barbare m’a faits. l’uiSse-t-il verser sur les

jours de sa famille entière, sur ses propres jours,l’affreux poison qu’il a répandu sur les miens!

Pour mieux sentir avec quel art et quelle véritéles passions s’enlrelacent, se succèdent et se si...ducnt dans ce! admirable pilÜth, on n’a qu’a mm-

-1.

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.--)s)!-pater les discours que Catulle met dans la bouched’Ariadne avec ceux que Virgile fait tenir à Didon,et ceux qu’Ovide prète a cette même Ariadne.

Le quatrième livre de I’Ènèîde est trop connupour m’y arrêter. Quant. à Ovide, les détails infinis

et minutieux ou il affecte d’entrer dans la lettrequ’il fait écrire par Ariadne à Thésée détruisent

tout ce que la passion de cette malheureuse prin-cesse a d’intérêt et de véhémence. Elle se rappelle

trop ce qui lui est arrivé pendant son sommeil; elles’occupe trop des monceaux de sable qui retardentses pas, des épaisses brousmilles dont le sommet dela montagne est couvert, de l’écueil menaçant etprécipité qui horde les eaux de la mer. Ovide ne se-rait pas plus exact s’il était chargé de lever la carte

du lieu solitaire ou se trouve Ariadne.ll faut avouer en même temps que, partout ou le

sujet ne doit avoir qtte le ton de l’épopée, Ovide ra-

conte avec tin naturel admirable. Elle appelle Thé-sée, elle l’appelle à haute voix; et lorsque la voix

lui manque, ou que, trop faible. elle se perd dansles airs, elle y sttpplée par les gestes; elle élève les

bras, elle agite son voile; mais toutes ces circon-stances sont bien plus propres à toucher le lecteurqtte Thésée. Ariadne retourne à sa tente, ou elleadresse à son lit un très-long discours; elle lui de-mande des conseils et des remèdes, quand tout àcoup elle est saisie de la peur des loups, des lions,des tigres, des monstres marins; il n’est presquepoint de bête féroce ou sauvage qtt’elle ne prennesoin de nommer; elle se repent d’avoir sauvé lesjours de Thésée! et, revenant sur ce qu’elle a déjà

dit, elle termine sa lettre, qui ne renferme rien quipuisse faire rougir et repentir Thésée de son incon-stance et (le sa perfidie.

S’il était possible de former une table où les pen-

sées et les expressions les plus propres à représen-ter les passions d’une même espèce fussent ordon-nées et disposées de manière qu’on pût en saisir les

nuances, la succession, le mélange et la gradation,on verrait que chaque passion a son langage déter-miné, et sa marche propre et particulière, dont onne peut s’écarter qu’en tombant dans le raffinement

et l’affectation. La grande difficulté c’est de savoir

appliquer aux cas particuliers les idées générales,ainsi que l’a fait Virgile, qui, en suivant les pen-sées de Catulle, d’Homère et de plusieurs autrespoètes, a ett le secret de se les rendre propres en lesindividualisant, et de leur imprimer ainsi le carac-tère de l’originalité.

Cependant le souverain des dieux entend l’impré-cation d’Ariadne, et l’approuve par un mouvement

de tête qui ébranle les fondements de la terre, sou-lève les abîmes des mers, et fait trembler l’immensevoûte (le l’Olympe; les ombres de l’oubli titvelop-pent tout à coup la mémoire de Thésée, qui n’ayant

N UTICEpu se rappeler les ordres qu’il avait reçus de sonpère , et jusqu’alors présents à son souvenir, voit ce

vieillard malheureux se précipiter du haut d’unetour dans les gouffres de la mer.

Ainsi le ciel, vengeur d’Ariadne, fait expier àThésée le crime de sa perfidie en le condamnant

aux larmes du deuil et de la douleur, au momentmême ou il s’attendait à ne verser que celles du bun-lteur et de la joie.

Cette tragédie linit par un dénoûment heureux rBacchus, épi is d’amour pour Ariadne, arrive pourla consoler, accompagné du cortège bruyant et tu-multueux des Satyres et des Silènes; les uns agitentleurs thyrses, et prenant des attitudes extravagan-tes , poussent de longs cris dans les airs; les autresse disputent les membres sanglants d’un taureauqu’ils viennent de mettre en pièces; ceux-ci. s’en-

tourent de serpents tout vifs; ceux-là , les mains éle-vées , frappent des tambours bruyants; aux accentsaigus des bassins d’airain se mêle le son enroué des

cornets, et l’air retentit au loin du chant sauvagedes flûtes barbares.

On croit voir un de ces bas-reliefs où le ciseaud’ttn sculpteur habile a représenté le triomphe deBacchus et d’Ariadne, avec cette différence néan-moins que la poésie a sur les arts du dessin l’avan-tage d’exposer les développements et les détailssuccessifs d’un sujet donné, de varier les attitudes,de multiplier les scènes, et d’en rendre le mouve-

ment même. »Cet intéressant épisode est suivi de ce qui se passe

de plus grand et de plus mémorable aux noces deThétis et de Pelée; toutes les divinités, à l’excep-

tion (l’Apollon et (le Latone , s’empressa-eut (l’y

assister; après qu’elles se furent assises autour de la

table du festin, les Parques se mirent à chanter lesdestinées des nouveaux époux: elles leur prédirent

surtout la naissance de ce fier et superbe Achille,qui devait faire tant de mal à Troie, et tant d’hon-neur àla Grèce.

La propriété des mots, le talent de les mettretoujours à leur place, une précision extrême et uneextrême élégance, des images très-hardies et destableaux toujours vrais, une proportion juste entrele sujet et la pensée, entre la pensée et l’expression,

voila ce qui distingue éminemment Catulle, et cequ’on ne retrouve plus, du moins au même degré,dans aucun poëte latin, à l’exception de Virgile et.d’Horace.

Indépendamment du poème sur les noces de Thé-tis et de Pelée, nous avons encore de Catulle deuxautres épithalames que je croîs avoir été, sinon tra-

duits littéralement, du moins imités du grec. Tou-jours est-il certain que Catulle, comme je l’ai déjà

dit , fit des poésies de Sapho sa lecture ou plutôtson étude favorite; que son ode à sa maîtresse est

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SUR CATULÏJÏ. TF7)cmprttntée de celle de Sapho, ce qui serait encoreun secret dans la république des lettres, si Longinne nous eût transmis l’original ; que Sapho dttt à sesépithalames une grande partie de sa célébrité, etqu’enfin dans ceux de Catulle on remarque une vé-rité dans les images, tine simplicité dans l’expres-

sion, un certain abandon dans les tournures, unefacilité dans les mouvements du vers et une sobriétéd’inversions qui , au jugement des anciens rhéteurs,caractérisaient particulièrement les ouvrages de Sa-pho, et que n’offrirent plus les meilleurs poëles la-tins, lorsqu’après avoir marché longtemps sur les

traces des poëles grecs, ils eurent enfin un style etune manière entièrementa eux.

Il y a dans Catulle un poème sur la bizarre etmalheureuse aventure du bel Atys , dont la versifi-cation est d’un genre particulier ou plutôt unique.Cet ouvrage est peu susceptible d’analyse; je mebornerai donc à remarquer que le rhythme sautil-lant, rapide , bruyant et précipité dont le poète afait choix , a un caractère d’agitation, d’égarement

et de désordre qui convient si parfaitement au sujetqu’il traite , queje n’en vois aucun atttre auquel onpût l’appliquer sans blesser toutes les lois de la con-venance.

.l’avoue qtte je n’ai pu voir sans étonnement quel’abbé Souchay, dans ses Mémoires surl’éléqic et sur

les poêles élégiaques, n’ait pas même fait mention

de Catulle. Je remarquerai a ce sujet que plusieurssavants ontisérieusement demandé si ce petite de-vait être rangé dans la classe des auteurs lyriques, oudes élégiaques, ou des épigrammatiques : questionsoiseuses et misérables, dont je ne conçois pas cotit-tnent de bons esprits se sont avisés. Catulle a faitdes épigrammes, et, pour parler le langage d’att-jottrd’lnti, des madrigaux et des pièces fugitives,des odes , des hymnes , des t-pithalames, des élégies;il s’est même exercé dans le genre héroïque , et par-

tout on trouve l’esprit, le ton et les couleurs pro-pres de chacun de ces genres. Et comment refuserune place partni les poètes élégiaques à celui qui ,

le premier, fit présent à sa nation de ce genre depoésie, et qui ne fttt effacé par aucun de ses succes-

seurs? Aux tableaux imposants et vastes substituerdes images tranquilles et douces; parler au cœur,l’émouroir et l’attendnr au lien d’y porter l’agita-

tion et le trouble; tirer ses comparaisons non de ceque la nature a de menaçant , de sauvage et de ter-rible, mais de ce qu’elle a de plus calme, de plusinnocent et de plus aimable; faire cottler doucementles pleurs, et ne les arraclierjamais; employer lamétaphore à orner l’expression plutôt qu’a la rele-

ver; ne faire entendre de l’amour qtte ses gémisse-

tiiriits et ses plaintes, et laisser ses fureurs et sesunporteutents aux pot-mes héroïques, c’est-a-direà la tt’agëdie et à l’épopée; plus d’aisance et de fa-

cilité que de noblesse et de dignité dans la diction,des mouvements plutôt négliges que trop soignésdans le rltytlune; enfin beaucoup de délicatessedans les pensées et beaucoup de simplicité dans lestyle, voila les traits caractéristiques et propres del’élégie; mais ces traits, ou se montrent ils d’une

manière plus sensible, plus frappante qtte dans letrop petit notnbre des élégies de Catulle qui sontparvenuesjusqu’à nous?

Passons à ses iambes ou hendécasyllabes, plusgénéralement connus sous le nom d’epigrammes.

Les épigrammes, ainsi qtte l’exprime le mot,n’étaient primitivement autre chose que des in-scriptions gravées sur les frontispices des temples,au lias des autels , sur les piédestaux des statues,sttr la pierre des tombeaux, en un mot sttr les dive-ramonuments tant publics que particuliers. Insensi-blement elles s’étendirent à d’autres objets , et reçu-

rent la force du vers; transformées en petits poèmes ,elles existèrent par elles-mêmes; enfin , sans chan-ger de nom , elles changèrent tellement de nature ,qu’il y a une infinité d’inscriptions qu’on ne saurait

mettre au nombre des épigrammes, et une infinitéd’épigrammes qui n’ont absolument rien de cont-

mun avec les inscriptions.L’épigramme ne fut (les lors considérée que

connue une petite pièce de vers qui n’a qu’un settlobjet, et n’exprime qu’une seule pensée. C’est ainsi

qtte les savants se sont tous accordés a la définir; ilsont ajotttéqu’il y en avait deux sortes , la simple etla composée. ils ont donné le nom d’épigramniesimple à celle on la pensée se développant par de-grés marche avec grâce et d’un pas égal jusqu’à ce

qu’t lie soit complétement exprimée , et telle fut cille

des Grecs et de lettr fidèle et constant imitateurCatulle; on l’a nommée composée, lorsque la pen-sée s’y cache pour ne s’y montrer qu’à la tin, et

toujours d’une manière spirituelle, piquante et inat-

tendue, ct tel est le caractère de celles de Martial.ll s’est élevé parmi des savants du premier ordre

des disputes graves pottr savoir lequel de ces deuxpoëles méritait la préférence. Muret prétend que

Martial est. à Catulle ce qu’un vil bouffon est àl’homme du tneillettrton et de la meilleure compa-gnie; Navagero, sénateur vénitien, l’ami de Fra-castor et de Betnbo,et poële presque digne du siècled’Auguste, portait encor:- plus loin son mépris pour

Martial et son culte polir Catulle; un certain jour del’année, consacré par lui aux Muses, il sacrifiait aux

mattes de ce dernier tin volume de Martial qu’il je-tait solennellement dans les flammes. Juste l.ipseetJules-César Scaligcr, au contraire, élèvent Martialbien ait-dessus de Catulle. Mais au lieu d’insister surdes comparaisons qui, loin de rien éclairer, ne scr-vcnt le plus souvent qu’a faire nallre des schismetîet à scandaliser la république des lettres, ne valait:

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il pas mieux meure ces deux pontcsà leur véritableplace, en nous faisant observer que leurs épigram-mes, pour avoir in même nom, n’en diffèrent pasmoins essentiellement les unes des antres.

Les épigrammes de Martial, et tous les petits ou-vrages de poésie qu’on désigne aujourd’hui par ce

nom, ne doivent leur prix, leur caractère, je displus, leur essence, qu’aux mots heureux ou auxtraits piquants qui les assaisonnent, et par lesquelssurtout elles sont ordinairement terminées. Envi-sagées sous cet aspect, elles prennent différentesformes.

Souvent l’épigramme est d’autant plus maligne

que son venin ne se montre qu’à la suite des (lou-ceurs et des caresses de la louange; ainsi, dans laorbeille de Cléopâtre, l’aspic était caché sous les

fleurs. Quelquefois semblable à ces animaux que lanature a hérissés (le dards et de pointes, elle piqueet blesse par tous les bouts; tantôt, après s’êtrelongtemps cachée, elle laisse tomber tout à coup

.son voile, dont elle ne s’était couverte que pour ex-citer plus (l’attention et de curiosité; tantôt, sûrede ses coups, elle se montre audacieusement à dé-couvert, et fait briller les traits aigus et perçantsdont elle est armée. Mais sous queÎque forme qu’elle

paraiSSe, on voit qu’elle n’a rien de commun avecles épigrammes de Catulle, lesquelles en généraldoivent surtout leur effet à la pureté du style , à ladélicatesse des tournures et au charme secret qui enembellit toutes les parties.

Ces dernières ressembleraient plutôt à nos ma-drigaux et à nos pièces de vers que nous nommonsfugitives, si la monotonie des terminaisons, la né-cessité des verbes auxiliaires et le manque de flexi-bilité dans les mouvements permettaient à notrelangue d’atteindre à la précision, à l’élégance et à

l’harmonie des langues grecque et latine. Et qu’onn’imagine pas qu’il en coûte moins pour réussir dans

celle-ci que dans les premières. Un seul mot heu-reux , un seul trait piquant, une seule tournure fineet neuve suffit pour faire le succès d’une de nos épi-

grammes: lorsque dam celles de Catulle, ainsi que

NOTICE SUR CA’l’ULLE.

dans nos madrigaux et nos poésies légères,il n’est

aucune de leurs parties sur lesquelles l’art ne doiveagir, sans que l’art doive se faire sentir dans aucunede leurs parties. Préférer les pensées brillantes, lestraits ingénieux épars çà et là, dans quelque ou-vrage que ce poisse être, à l’élégance, à la justesse

et à l’accord répandus sur le tout ensemble, c’estpréférer l’éblouissante et fugitive clarté des éclairs

à la douce et constante lumière du jour.

J’ai dit que nous n’avions pas aujourd’hui tous

les ouvrages de Catulle. En effet, Pline, dans sonHistoire naturelle, parle d’un poème sur les enchan-tements en amour, dont il ne reste pas un seul mot;et Térentianus Maurus cite quelques vers tirés d’unmorceau de poésie qui a également péri. Quelques

savants lui ont attribué le Pervigilium Veneris:c’est une méprise ou l’on n’a pu tomber qu’en con-

fondant les ornements recherchés et superflus avecla sage et vraie richesse, l’afféterie avec la grâce ,

et le raffinement avec la finesse.

Quant au poème intitulé Cin’s, dont quelques-uns

ont voulu que Catulle fût l’auteur, et que plus com-munément on donne à Virgile, il n’appartient, se-lon moi, ni à l’un nià l’autre.

Je terminerai ce mémoire par une onservationqui sans doute a été faite plus d’une fois. mais dont

il parait qu’on perd trop aisément le souvenir. Ona peine à concevoir comment un poète aussi aima-ble, d’un aussi bon ton, et surtout aussi pur, aussiélégant dans sa diction que l’était Catulle, a pu se

permettre tant de mots grossiers, tant d’expressionsobscènes. Un coup d’œil jeté sur les mœurs des Ro-

mains suffit pour résoudre ce problème et faire ces-ser toute surprise. Les Romains n’avaient pointavec les femmes ces conversations intimes et fami-lières de tous les jours, de toutes les heures, et surtoutes les sortes d’objets, que nous avons avec elles,et qui , sans nous rendre plus réservés et plus chas-tes dans nos mœurs, ont du nécessairement impri-mer à notre langue le caractère de la circonspec-tion , de la réserve et (le [a pudeur.

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cœosmmsccmœammmaœœ

CATULLE.

l.

Aqui dédier ce livret nouveau et tout frais polià la pierre ponce? A toi, Cornélius, à toi qui es-timais déjà quelcple peu ces bagatelles, alors quetu osas , le premier d’entre les Romains , écrireen trois’volumes l’histoire des siècles passés ,

œuvre savante et laborieuse, par Jupiter! Re-çois donc ce livre, quel que soit Son contenu ,quelle que soit sa valeur; et qu’il vive, ô museprotectrice! au delà d’un siècle.

Il.

AU MOINEAU DE LESBIE.

Moineau , délices de ma maîtresse, qui joues

GARMEN l.

Quoi donc lepidurn novum libellum ,Aridu modo pumice expolitum?Comeli , tibi : nunque tu solebnsMess esse aliquid polars nuque ,leur tum , quam ausus en unus ltalorum0mne ævum tribus expiions chartis ,Doctis , Jupiter l et laboriosis.Quam baba tibi, quidquid hoc libelli est,Qualocuuque: qund, o patronna Virgo,Plus une manant perenne socio.

GARMEN Il.

A!) PASSER]!!! assura;

ruser, déliai: men puelln ,

avec elle, qu’elle cache dans son sein , qu’elle

agace avec le doigt , et dont elle provoque lesvives morsures, lorsqu’elle cherche, en m’at-tendant, je ne sais quelles agréables distrac-tions (et cela, je pense, pour alléger sa don-leur, et calmer la violence de ses désirs) ; quene puis-je, comme elle, jouer avec toi, etrendre moins lourds les chagrins qui m’op-pressent l Ces jeux me seraient aussi doux quele fut, dit-on , à la rapide Atalante, la pommed’îr qui fit tomber enfin sa ceinture virgi-na e.

Ill.

n. minons LA mon ou nomme.

Pleurez, Grâces, Amours, et vous tous,

Quicum ludere , quem in sinu tenere ,Quoi primum digitum «lare adpetenti ,lit acris solet incitera morsus :Qunm desiderio mec nitentiCarum nescio quid lubet jocari ,,(Ut solatiolum sui doloris :Credo, ut tum gravis acquissent ardor j,Tecum ludere, aient ipse , passent ,Et tristis animi levure curas;Tom gratum mihi , quam ferunt pneumaPernici aureolum fuisse malum ,Quod zonum soluit diu ligatum.

GARMEN tu.

courus IN nous "sans.largue , o Venet-c: . Cupidinelqw»

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nommes qui avez le privilège de la beauté.Il niest plus, le moineau de ma Lesbie, moi-neau ses délices, et qu’elle aimait plus queses yeux! il était si caressant! il connaissaitsa maîtresse, comme unejeune fille connaît samère; il ne la quittait jamais, et sautillant au-tour d’elle, tantôt ici, tantôt là, il la charmait

par son gazouillement continu. Et maintenantil erre sur les sombres rivages d’où personne,dit-on, ne revient. Sois maudite, fatale nuitduTénare qui ensevelis dans tes ombres tout cequi est beau! et il était si gracieux, le moineauque tu mlas ravi! O malheur! c’est à cause detoi, pauvre petit, que les yeux gonflés demon amie sont à présent rougis de larmes.

1V.

DÉDICACE D’UN NAVIRE.

Amis , voyez ce navire; il fut , àl’en croxre,le plus rapide des esquifs , et nul autre, soità la rame, soit à la voile , ne put le devancerà la course. Il défie de le nier, et la côteorageuse de l’Adriatique, et les Cyclades, etl’illustre Rhodes, et la Thrace inhospitalière,et la Propontide, et la mer irritée du Pont,

Et quantum est homiuum venustiorumlPasser mortuus est meæ puellæ ,Passer, deliciœ meæ puellœ,

Quem plus illa coulis suis amabat :Nam mellitus erat, suamque noratlpsain tau) bene, quam puella malrem :N80 sese a gremio illius movebat;Sed circumsiliens mode hue, modo illue,Ad solam dominum usque pipilabat.Qui nunc it par iter tenebrieosum ,llluc , unde negant redire quemquam :At vobis male sit, malæ tenebræOrci , quæ omnia bella devoratis zTain bellum mihi passerem abstulistis.0 faclum male! 0 missile passer,Tua nunc opera, meæ puellæFleniln lnrgîduli rubsnt ocelli!

CARMEN lV.

DEDICATIO PHASELI.

Phaselus ille, quem videtis , hospites,Ait fuisse navium eelerrimus,Plaque ullius natantis impetum trahis

, Nequisse prælerire , sive palmulisOpus lui-et volare , sive linteo.il! hoc negat mimois AdriaticiNégus litus , insulasve Cyttlndas ,

CATULLE.dont naguère , foret chevelue, il couronnait lesrivages, troublant du sifflement de ses ra-meaux les sommets du Cytore. Tout cela vousfut, ajoute-t-il, tout cela vous est encore bienconnu, Amastris, Cytore aux bosquets debuis, toi dont la cime porta ses ancêtres de-puis l’origine la plus reculée, toi qui le vispour la première fois plonger ses rames dansles flots. C’est de la qu’à travers les ondes fu-

rieuses, il a ramené son maître, tantôt ayantle vent à droite ou à gauche, et tantôt enpoupe. Jamais, depuis son départ de mers in-connues jusqu’à son arrivée dans ce lac lim-pide, on n’offrit pour lui des vœux aux dieuxdu rivage. Mais ce temps est passé; il vieillitmaintenant dans le calme du port, et se con-sacre à vous, Castor et Pollux, tous deux frèreset jumeaux.

V.

A LESBIE.

Vivons , ô ma Lesbie , vivons pour nous ai-mer, et que les vains murmures de la vieillessechagrine ne nous inquiètent pas. La lumièredu soleil peut s’éteindre et reparaître; mais

B hodumve nobilem, horridamve Thraca’am ,

Propontida , trucamve Ponticum sinum ,[ibi isle, post Phaselus, antes faitCotnata silva : nam Cytorio in jugeLoquente stops sibilum edidit coma.Amastri Poulies , et Cytore buxifet,Tibi hase fuisse et esse cognotissimaAit Phaselus : ultima ex origineTua stetisse dicit in cacumine,Tua imbuisse palmulas in æquore ,Et inde tot pet- impotentia fretsllerum tulisse; lœva , sive dexteraVoearet aura , sive utrumque JupiterSimul secundus incidisset in pedem;Neque ulla vota litoralibus DitsSibi esse [acta , quum veniret a mariNovissimo hune ad usque limpidum lacum.Sed hæe prius fuere : nunc recouditaSenet quiete, seque dedicat tibi ,Semelle Castor, et gemelle Canaris.

CARMEN v. :au LESBIAM.

Vivamus , mea Lesbia, atque ameutas.liumoresque senum severiorumOinnes unius æstimemus assis.

Soles oreidere et redire pontant : A

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CATULLE.nous , lorsqu’une fois la lumière de nos jours,cette lueur fugitive , s’est éteinte, il nous fauttous dormir dans une nuit éternelle. Donne-moi donc mille baisers , puis cent ,- puis milleautres , et encore cent et encore mille, et centautres encore. Qu’après des milliers enfin nousen embrouillions si bien le nombre que nousne le sachions plus, et qu’un envieux ne puissenous jalouser en apprenant qu’il s’est donné

tant de baisers.

VI.

A FLAVIUS.

Flavius, si celle qui fait tes délices n’était

pas dépourvue de charmes ni de grâces, tume le dirais bien , et ne pourrais me le taire àmoi, ton cher Catulle. Assurément tu aimes jene, sais quelle basse courtisane aux caressesfiévreuses, et tu rougis de l’avouer. Car tesnuits ne se passent pas dans le veuvage; ton litle dit assez haut, bien qu’il soit muet; les guir-landes dont il est orné, les parfums qu’il ex-hale; ces carreaux, ces coussins partout fou-lés, tout me révèle ce que tu voudrais metaire. Pourquoi cette allure efflanquée , si ellene trahit tes folies nocturnes? Je veux dans

Nobis , quem seine] oecidit brevis lux,Nox est perpétua une dormieuda.Da mi basia mille , deinde centum ;Deiu mille allers, deiu secuudu centum ;Dein usque altera mille, deinde centum :Deiu ,quum millia multa fecerimus,Conturbabimus illa, ne seiamus,Aut ne quis malus invidere posait,Quuiu tantum sciat esse basiorum.

CARMEN Vl.

AD FLAVIUM.

Flavi, delicias tuas Catullo,Ni sint illepidm atque inélégantes,

Velles diacre, use tacere posses.Verum uescio quid febrieulosiScorti diligia : hoc putiet fateri.Nain, te non viduas jaoere uoclesNequidquam tacitum cubile clamat,Sortis ac Syrio fragraus olive,Pulviuuaque permque et bic et illicAttritus, tremulique quassia lectiArgutatio inambulatioque :Nam mi prtnvalet ista nil taure.Cuir nunc tam lutera enfutata pandas,Ni tu quid facial itkwtiarum ?

57?

mes vers légers immortaliser Flavius et sesamours.

Vll.

A LESBlE.

Tu me demandes Lesbie combien de tesbaisers il faudrait pour satisfaire , pour vaincremon avidité. Autant de grains de sable sontamoncelés en Lybie dans les champs parfumésde Cyrène , entre le temple brûlant de Jupiteret la tombe révérée de l’antique Battus; autant

d’astres éclairent dans le silence de la nuitlesfurtives amours des mortels , autant de baisersil faudrait à l’inseusé Catulle pour calmer ses

ardeurs. Ah! puissent les envieux n’en pou-voir compter le nombre et les enchanteurs à lalangue funeste n’en parler jamais!

VlIl.CATULLE A LUI-MÊME.

InfortuuéCatulle, mets un termeà tes trans-ports et ne cherche plus à ressaisir ce qui t’é-

chappe. De beaux jours ont brillé pour toi,alors que tu venais et revenais à la voix d’unejeune fille plus aimée de toi que nulle ne le

Quarts quidquid habes boni malique ,Die nabis. Volo le ac tues amoreaA41 cœlum lapide vocare venu.

CAMIEN Vil.

au msnuu.Quœris, quot mihi baaiatioueaTuæ, Lesbia, siut satis auperque?Quam magnas numerus Lybiuæ nous:Laserpiciferis jacet Cyreuis,Oraclum Joris inter œstuosiEt Butti veteris sacrum sepulcrum ;Aut quant sidéra multa ,quum tacet ne],Furtivos hominum vident amures :Tain le basin malta basiare,Vesauo satis et super Catullo est,Quai nec peruumerare curiosiPosaiut, nec male fascinare lingue.

CARNEN VIH.

au sa lPSUll.

Miser Catulle, deaiuas ineptire,El, quotl vides periue, perditum diton.Fulsere quoudam caudidi tibi soles,Qunm veutitnbns, que pneus (incubat t

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sera jamais. Heureux moments qu’ont signaléstant de joyeux ébats! Ce que tu voulais , elle levoulait aussi. Oui, de beaux jours alors bril-laient pour toi! Mais elle ne veut plus mainte-nant. Cesse douc toi-même de vouloir puisquetu ne peux plus rien sur elle; ne poursuis pluscelle qui te fuit, et cesse de vivre malheu-reux. Souffre avec constance; endurcis tonâme. Adieu , Lesbie. Déjà Catulle est moinssensible: il ne te cherchera plus , ne te fati-guera plus de ses prières; mais tu pleureras ,perfide, lorsque tes nuits s’écouleront sansqu’on implore tes faveurs. Quel sort t’est ré-

set-vé? Qui te recherchera? qui te trouverabelle? qui aimeras-tu? de qui seras-tu la con-quête? pour qui réserveras-tu tes baisers? surquelles lèvres s’imprimeront tes morsures? Mais

toi, Catulle, courage! endurcis ton âme.

1X.

A nummus.Verannius , ô toi le plus cher de tous mes

amis! te voilà donc rendu à tes foyers, à tesdieux pénates, à tes frères qui t’aiment toussi tendrement, à ta vieille mère. Te voilàenfin, et je vais te revoir sain et sauf; je vaisécouter ces récits où tu nous dépeindras,suivant ’ta coutume, les mœurs de l’Espagne ,

o

Amata nobis , quantum amabitur nulla.[hi illa multa tam jocosa fiebant,Quo: tu volebas, nec puella nolebat.Fulsere vere candidi tibi soles.Nuncjam illa non vult: tuqnoque,impntens,noli;N80, quæ fugit, sectare, nec miser vive :Sed obstinata mente perler, obdura.Vals, puella : jam Catullus obdurat,Nec te requiret , nec rogabit invitam.At tu doleliis , quum rogaberis uulla ,Seelesta, nocte. Que: tibi manet vita?Quis nunc te adibit? quoi videberis belle?Quem nunc amabis ? quoius esse diceris?Quam basiabis ? quoi labella mordebis?At tu , Catulle , destinatus obdura.

CARMEN 1X.

AD VERANNIUM -

l’eranni , omnibus e mois amicis

Antistans mihi millihus treceutis ,Venistiue domum ad tues Penates,Fratresque unanimes, anumqne matrem ïVenisti. 0 mihi uuutii beati!Visant te incolumeu, audiamque HiberumNarrautem lors, tacts, nationes,

CATULLE.ses contrées , ses hauts faits, ses peuples divers.Suspendu à ton cou, j’embrasserai ton aimable

visage, je couvrirai les yeux de baisers. (tvous, les plus heureux des mortels , qui devous est plus joyeux , plus heureux que moi?

X.

SUR LA MAITRESSE DE VARRUS.

Je me promenais , sans but, dans le forum ,lorsqueje rencontrai Varrus, mon cher Var-rus,qui m’entraîna chez l’objet de ses amours. Au

premier coup d’œil, je ne la trouvai dénuéeni de beauté ni de grâces. A peine entrés,la conversation s’engagea sur différents sujets,

entre autres sur la Bythinie, sur la nature dece pays, son état actuel : avais-je retiré demon voyage un grand profit? Je répondis, cequi était vrai, que ni moi, ni le préteur, niaucun de ceux qui l’accompaguaient, nous n’en

étions revenus plus riches : d’autant plus quele préteur , perdu de débauche, se souciaitdes gens de sa suite comme d’un poil de sabarbe? -- Cependant, les porteurs les plusrenommés viennent de ce pays, et l’on prétend

que vous en avez ramené quelques-uns pourvotre litière.- Moi, afin de passer pour plusheureux que les autres, aux yeux de la belle.a Le destin , dis-je , ne m’a pas été si con-

Ut mos est tuus; applicausque collum,J ucundum os, oculosque suaviabor.U quantum est bominum beatiorum.Quid me lætius est beatiusvel

CARMEN X.

DE VARRI sconro.

Varrus me meus ad sues amoresVisum duxerat e fore otiosum;Scortillum, ut mihi tutu repente visum est,Non saue illepidum, nec invenustum.il ne ut veuimus, incidere nobisSermones varii : in quibus, quid esset.Îam Bithyuia, quomodo se haberet,Et quouam mihi profuisset ære?Respnudi, id quad erat : nihil neque ipsis ,Née prætoribus esse, nec coborti,

Cur quisquam caput uuetius referret :Præsertim quibus esset iurumatorPrætor, nec faceret pili cobortem.At cette tamen, inquiunt, quad illicNatum dicitur esse, comparastiAd lectiœm bomiues : ego, ut puellæUnum me facerem beatiorem,Non, inquam, mihi tain fuit maligne, 13

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CATULLE.traire , dans cette triste expédition que je u aiepu m’en procurer huit des plus robustes. (Adire vrai je n’en avais aucun qui fût capableni chez moi, ni ailleurs, de charger seulementsur ses épaules les débris d’un vieux grabat ).s

-A ces mots,la belle,eu vraicourtisane: Prête-les-moi pour quelques instants; je t’en supplie,mon cher Catulle; je veux aller au temple deSérapis. - Un instant, ma belle, je ne saiscomment j’ai pu te dire qu’ils étaient à moi.

Tu connais Gains Cinua, mon compagnon devoyage; c’est lui qui les a ramenés. A lui ouà moi, qu’importe ; j’en use comme,s’ils m’ap-

partenaient. Mais toi, tu es une indiscrète ,une impertinente, qui ne permets pas aux gens

la moindre distraction. ’XI.

A FURIUS ET AURÉLIUS.

Furius et Aurélius, compagnons de Catulle;soit qu’il pénètre jusqu’aux extrémités de

l’Inde, que baignent au loin, sur ses rivages,les flots retentissants de la mer Orientale;

Soit qu’il parcoure l’Hyrcanie ou la molle

Arabie , le pays des Scythes , ou celui duParthe , aux flèches redoutables , ou les bordsdu Nil, jusqu’aux lieux où il se jette par sept

Ut, provincia quod mala incidisset,Non possem octo homiues parare rectos.At mi nullus erat, neque hic, neque illic,Fractum qui veteris pedem grabatiln colle sihi collocare posset.Hic illa; ut decuit cinædiorem,Qutnso, inquit, mihi, mi Catulle, paullutn[stos commode; uam volo ad SerapinDeferri. Mana , inquii puellœ;Istud, quod mode dixeram me habere,Fugit me ratio : meus sodalisCinna est Gains : is sibi paravit.Verum, utrumillius, au moi, quid ad me?Ulor tam bene, quam mihi pararim.Sed tu iusulsa male, et molesta vivis,Fer quam non licet esse uegligcntem

CARMEN XI.

an FURIUM cr AUllELlUM.

Furi et Aureli, comites Catulli,Sive in entremet; penetrnlvit indou .Litus ut longe remuante lion

Tunditur nuda;Sire in llircanos, Arabesque molles.Sen Sauts, ngiltiferosque l’ai-thon,

.779

embouchures dans la mer qu’il colore de sononde;

Soit que , franchissant les cimes escarpéesdes Alpes , il visite les trophées du grandCésar, ou le Rhin, ce fleuve des Gaules, ou lessauvages Bretons, aux limites du monde;

Je le sais, partout où me conduira la vo-lonté des dieux vous êtes prêts à me suivre;mais mon amitié ne vous le demande pas : cequ’elle réclame de vous, c’est de dire seulement

à ma maîtresse ces tristes paroles :Qu’elle vive heureuse et tranquille avec cette

foule d’amants qu’elle enchaîne à son char sans

en aimer sincèrement un seul, mais dont elleépuise les forces par ses lascifs emportements.

Qu’elle ne compte plus comme autrefois surmon amour, sur cet amour qui s’est éteint parsa faute, comme la fleur des champs qu’a bles-sée en passant le soc de la charrue.

X1].

A ASlNlL’s.

Asinius le Marrucinien , tu fais de ta maingauche, au milieu de la gaîté et du vin, unusage qui n’est pas beau; tu enlèves les ser-viettes de tes voisins trop négligents. Cela teparaît spirituel? tu te trompes, imbécille :

Sive qua septemgeminus coloratÆquora Nilus;

Sive trans nltas gradictur Alpes,Cœsaris visons monuments magni,Gallicum lihenum, horribilesque nlli.

masque Britauuos;Omnis hase, quœcumque feret volantesCœlitum, tenture simul parati,l’anse uuuriate mare puellœ

Non bona dicta :Cam suis vivat valeatque mœcbis,Quos simul complexa tenet trecentos,Nullum amans vers, sed idenlidem omnium

llia rumpeus.Net: Ineum respectet, ntante, nmorcm,Qui illius cnlpa cecidit; relut pratiUltimi iles, prœlereunte postquam

Taetus nratro est.

CARMIEN XI].

au ASINIUM.

Marrucine Asini, manu sinistraNon hello utcris in joco atque vine;’l’nllis lintea negligentiorum.

lloe salsulnessc putes? lugit tu, inepte, t

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c’est ignoble et dégoûtant. Tu ne m’en crois

pas? crois-en Pollion, ton frère, qui donneraitun talent pour racheter tes larcins : il s’entend,lui, en élégance et en bon goût. Ainsi donc, ou

prépare-toi à recevoir trois cents vers sati-riques, ou rends-moi ma serviette. Ce n’estpas pour le prix de l’objet; mais c’est un sou-venir d’ami. Fabullus et Vérannius m’ont en-

voyé en cadeau de chez les Ibères des lingesde table. Je (lois y tenir comme à Fabulluset à mon cher Vérannius.

Xlll.

A FABULLUS.

Tu feras d’ici à peu de jours un excellentsou-

per chez moi, mon cher Fabullus, si les dieuxte protégent , et si tu apportes avec toi desmets délicats et nombreux, sans oublier blanchefillette, bons vins et bons mots, et toute latroupe des Jeux et des Ris ;je te le répète, tuferas chez moi un excellent souper, mon aima-ble ami, si tu apportes tout cela; car la bourse deton pauvre Catulle, hélas ! n’est qu’un nid d’a-

raignées. Mais tu recevras en échange toutes lesmarques d’une amitié sincère; tu recevras sur-

Quamvis sordida res et invenusta est.Non credis mihi? Crede PollioniFratri, qui tua furia vel talentoMulari velit : est enim leporuinDisertus puer, ac faceliarum.Quam aut hendecasyllabos trecento:Exspecta, aut mihi linteum remitte,Quod me non niovet æslimatioue,Verum est mnemosynon mei sodalis :Nain ludaria Sætabn ex HiberisMiserunt mihi muneri FabullusEt Verannius. Hæc amem necesse est.Ut Veranniolum meum et Fabnllum.

CARMEN Xlll.

AD FABULLUM.

Glüflabis bene, mi Fabulle, apud mel’aucis, si tibi dii lavent, diebus,

Si lecum attuleris bonam nique magnamCœnam, non sine candida puella,lit vinr et sale; et omnibus cachinnis.llæc s1, inquam, atlnleris, venuste noster,Cvrnabis bene: nain lui Calullil’lenus sacculus est aranearum.

Sed contra acripies muros amures,Sen quid souvins elrgantiusve est;

CATULLE.tout œ qui rend un repas élégant et agréable .c’est-à-dire des parfums que les grâces et lesamours ont donnes à ma jeune maîtresse, ettels qu’en les respirant tu prieras les dieux dele rendre tout nez des pieds à la tète.

Xll’.

A camus mamans.

Si je ne t’aimais plus que mes yeux , ô moncharmant Calvus, je le vouerais pour ce pré-sent une haine Vatinienne. Car qu’ai-je fait, ouqu’ai-je dit pour que tu miaffligeasses de cettefoule de poètes? Que les dieux confondent leclient qui t’a envoyé tant d’impies! Que si,

connue je le soupçonne, ces belles trouvaillessont un cadeau du grammairien Sylla,je ne meplains plus, maisje me réjouis que les travauxdu Forum ne soient pas perdus. Grands dieux!l’effroyable et maudit livre que tu as dépêché.

à ton Catulle, pour le faire mourir à petit feu,un jour des Saturnales, le meilleur jour del’année! Non , non , ta malice ne passera pascomme cela : car dès qu’il fera jour je voleraiaux magasins des libraires: les Césius, lesAquinius, les Suffe’nus, je réunirai toutes les

Nain unguenlum daim, quad men: puellmIlunarunt Veneres, Cupidinesque;Quml tu quum olfacies, deos rogabis,Toluin ut le faciant, Fabulle, nasum.

CAllllIEN XlV.

An CALVUM LIClNlUM.

Ni le plus oculis meis amarem ,Jucnndissime Calve, munere islnOilissem te odio Valiniano ;Nain quid feci ego, quidve sum loculus,Cur me toi. male perderes poetis?lsti dii mala mulla dent clienli,Qui tautum tibi misitimpiorum.Quod si, ut suspicor, hoc novum ac reprrlurnMunus dal tibi Sulla literalor;Non est mi male, sed bene ac heate,Quod non dispereunt lui labores.llli Inagni7 horribilem et sacrum libellum,Quam tu scilicet ad tuum CalullumMisti, continuo ut die periret,Saturnalibus, optime diernm.Non, non hoc tibi, salse, sic abibit;Nain, si luxer-ü, ad librariorumCurrani seriniez Ctesios, Aquinios,

Suffenum, cumin coiligam veuenn, 13

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CATULLE.pestes de la littérature , et je t’enverrai cesfléaux en représailles. En attendant, bonsoir;retournez d’où vous êtes venus, pour monmalheur , empoisonneurs de notre siècle, exé-crables poëtes....... S’il prend tant envie àquelqu’un de vous de lire mes sottises, etd’oser toucher à Catulle, je lui donnerai demes nouvelles.

KV.A amuîmes.

Je te recommande à toi, Aurélius, moi etmes amours; je te demande modestement lagrâce, si tu as jamais désiré quelque chosede chaste et de pur, de me conserver purcet enfant; je ne parle pas des atteintesdu peuple; je ne crains rien de ces gens quipassent et repassent sur la place, sans autresouci que leurs affaires; mais je te redoute, toiet ta verge funeste aux enfants candides etpervers. Emploie-la selon ton gré, où tu von-dras,tant que tu voudras, à chaque occasion quiviendra s’offrir; et je n’excepte que celui-là;ce n’est pas trop, je pense. Que si, misérable,tu te laissais entraîner par une mauvaise inspi-mtion et un honteux emportement à un aussi

Ac te bis suppliciis remuncrabor.Vos bine interea valete, ubitelllinc, nnde malum pedem tulislis,Secli incommoda, pessimi poelm.

Si qui forte mearum ineptiarnmLectores eritis, manusque rosirasNon horrebitis adnioverc nobis,Pædicabo ego vos, et inrumabo.

CARNEN XV.

AD AUIŒLIUM.

Commendo tibi me se mecs amores,Aureli : veniam peto pudentem,Ut, si quidqnam animo tuo cnpisli,Qnod custum expetercs, et integellum,Conserves puerum mihi pndice;Non dico a populo : nihil veremurhalos, qui in plates mode bue, mode illuoln re prætereuut sua occupati ;Verum s te metuo, tuoquo liens,Infesto pueris bonis, mnlisque.Quam tu, que lubet, ut. lubet, movetoQuantum vis, tibi erit loris parulum.Hunc unum excipio, ut putn pndentcr.Quod site mais mens, furorqne «corsln lantnm imptileril, scoleste, culpnm

58!

grand crime que de dresser tes pièges contremoi-même, ah! alors je te plains! malheurà tut!puisses-tu, les pieds liés, être exposé au supplicedes adultères , aux raiforts et aux mugils!

t XVI.A sommes ET A FURIUS.

Je vous donnerai des preuves de ma virilité,infâme Aurélius, et toi débauché Furius , qui,

parce que mes vers sont un peu libres, sus-pectez ma pudeur. Le pieux serviteur des Musesdoit être chaste : il n’est pas nécessaire queses vers le soient. Ce qui fait leur charme pi-quant, c’est leur mollesse et leur lasciveté;c’est leur puissance pour éveiller la luxure,non pas chez les enfants, mais chez ces effé-mines qui ne peuvent remuer leurs reins épui-sés. Vous, parce que vous avez trouvé dansmes vers des milliers de baisers, vous mecroyez un mâle équivoque... Je vous prouve-rai le contraire.

XVlI.A UNE comme.

0 colonie! tu aimes les jeux sur ton pont

Ut nostrum insidiis caput lacessas;Ah! tum le miserum, malique inti ,Qunm attractis pedibus, patente ports,Percurrent raphanique, mugilesque.

CARMEN XVI.

A!) AURELIUM ET FUIHUM.

l’audiraho ego vos, et inrunmbo,

Aureli palliice, et cinœde Furi;Qui me ex versiculis niois putatis ,Quod sint ntollieuli, pantin pndieum;Nain eastum esse decel pium poelnmIpsum : versiculos nihil necesse est;Qui lnm deniqne babenl salent ac leporom,Si Sunt mollieuli , ac parum pudiei,Et , quod prurial . incilara possuut,Non dico pueris, sed bis pilosis,Qui dures neqneunl movere lumbos.Vos, quod millia innlla basiorumLogislis, mule me murent pulstis;l’œdicnbo ego vos, et inruntabo.

CARMEN XVII.

au canonna

O Colonie , qui cupis ponte indue longe,

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582

ou tu peux te donner le plaisir de sauter; maistu crains ses étais chancelants, et tu as peurqu’il ne se brise et ne tombe dans les eauxde ton marais. Eh bien! que ton pont prennetoute solidité jusqu’à se prêter aux danses etaux cérémonies du culte de Mars, si tu con-sens à me faire la grâce d’un très-divertis-sant spectacle. Il s’agit de précipiter, la têtela première , un de tes habitants dans laboue du lac, à l’endroit où l’eau est le plus

sale et le plus profonde. C’est le plus niaisde tous les hommes , il n’a pas la raison d’un

enfant de deux ans que son père endort enle berçant. Marié à une jeune fille dans lafleur de son printemps , à une jeune fille plusdélicate qu’un tendre agneau, et plus dignede soins que le raisin déjà mûr, il la laissefolâtrer comme il lui plaît, il n’en tientvnul

compte, et ne bouge pas; mais, comme unaune coupé par la hache, et aussi insensibleque s’il n’était pas, mon imbécile ne voit rien,

n’entend rien. Sait-il seulement qui il est, s’il

existe ou non? eh bien! je veux le jeter duhaut de ton peut, pour voir si cela réveillerases esprits engourdis, et s’il laissera dans lal’ange sa stupidité, comme une mule y laisseparfois son sabot de fer.

Et salire paratum habes t sed vereris ineplaCrura ponticuliassulis stantis, inredivivusNe supinus eat, cavaque in palude recuniliat;Sic tibi bonus ex tua pons Iibidine fiat,In quo vel Salisubsulis sacra suscipiantnr;Munus hoc mihi maximi da , Colonia , risus.Quemdam municipem meum de tuo voIo ponteIre præcipitem in Iutum , per caputque pedesque;Verum totius ut lacus, putidæquc paludisLividissima , maxitneque est profunda vorago.lnsulsissimus est homo, nec sapit pueri instarBimuli, tremula patris dorniientis in ulna.Quoi quum sit viridissimo nupta flore puella ,Et puella teneIIulo delicatior bœdo,Asservanda nigerrimis diligeulius uvis;Ludere hanc sinit , ut lubet, nec pili facit uni,Née se sublevat ex sua parte, sed veIutalnusIn fossa Liguri jacet supernata securi,Tantnndem omnia sentiens, quam si nulla sil usquam ,TaIis iste meus stupor nil videt, nihil audit.Ipse qui sit , utrum sit, an non sit, id quoquc urseit.Nunc cum vole de tuo ponte millere prouum ,Si pote stolidum repente excitare veternum,El supinutn animum in gravi derelinquere cœno,Forream ut sateam tenaci in roragiur mule. I I’allrntrsque cucurbitæ, ct suave elentia mais ;

CA’I’ULLE.

XVIH.

AU DIEU DES JARDINS.

Je te dédie ce bosquet, Priape, et je te leconsacre; il t’offrira l’image du temple et dubois sacréque tu as à Lampsaque; car les villesqui s’élèvent sur les côtes poissonneuses deI’Hellcspont t’honorcnt d’un culte particulier.

XIX.

même SUJET.

Jeunes gens , c’est moi dont vous voyezl’image de chêne grossièrement façonnée parla serpe d’un villageois; c’est ni01 qui ai l’er-

tilisé cet enclos, qui ai fait fructifier de plusen plus chaque année cette rustique chau-mière couverte de glaïeuls et de joncs entrela-cés. Les maîtres de cette chétive demeure,le père comme le fils, me rendent un culteassidu, me révèrent comme leur dieu tutélaire:l’un a soin d’arracher constamment les herbes

et les ronces qui voudraient envahir mon petitdomaine; l’autre m’apporte sans cesse d’abon-

dantes offrandes; ses jeunes mains ornent monimage tantôt d’une couronne émaillée de fleurs,

prémices du printemps, tantôt d’épis naissants

aux pointes verdoyantes; tantôt de brunes vio-

GABMEN XVIII.

au HORTOBUM DEUM.

"une Iucum tibi dedico, consecroque, Priape ,Qna dumus tua Lampsaci est , quaque silva , PriapeNain te præcipue in suis urbibus colit oraHellespontia , cæteris ostreosior cris.

GARDIEN Xlx.

HORTORUM DEUS.

I’quc ego, juvenes, Iocum , villulanique palustretn ,Tectam viutine junceo, earicisque maniplis,Quercus arida , rustica conformata securiNutrivi, magis et niagis ut beata quotannis:Ilujus nain Domini colunt me, Deumque saloient,I’auperis tngurii Pater filiusque COIDni

Alter, assidua coleus diligentia , ut herbaDumosa , asperaque a mec sil: remotzt sacrllo;Alter, parva ferens manu seniper muttera lai-gai.Floride mihi ponitur picta vere corollaI’rimitu, et tenera virens spica mollis arisla;Lutea: viola: mihi , Iuteumque papaver,

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CATULLE. 7.175leltcs ou de pavots dorés, de pâles courges oude pommes odorantes; tantôt de raisins quela pourpre colore sous le pampre qui lui sertd’abri. Parfois même (gardez-vous bien de ledire ), le sang d’un jeune bouc à la barbe nais-

’ saute ou celui d’une chèvre ont rougi mon au-

tel. Pour prix de leurs honneurs, Priape doitprotéger les maîtres de cette enceinte, et leurvigne et leur petit jardin. Gardez-vous donc,jeunes garçons, d’y commettre aucun larcin.Près d’ici demeure un voisin riche dont lePriape est négligent; c’est la qu’il faut vous

adresser , ce sentier vous y conduira.

XX.

MÊME SUJET.

Passant, cette image de peuplier, œuvregrossière d’un artiste de village, c’est la mienne,

c’est celle de Priape; je protégé contre la main

rapace (les voleurs cet enclos que tu vois surla gauche, la chaumière de son pauvre maîtreet son petit jardin. Au printemps, il me pared’une couronne de fleurs; en été, d’une guir-

lande d’épis dorés par les feux du soleil; en

automne, des doux fruits de la vigne et depampres verdoyants; d’olives d’un vert pâlependant les rigueurs de l’hiver. Aussi la chèvrenourrie dans mes pâturages porte-t-elle à la

Uva pampinca ruhens educata sub umbra.Sanguine banc etiain mihi (sed tacebitis) arumBarbatus linit hirculus, cornipesque rapelln;l’ro queis omnia honoribus broc necesse l’rinpo

Prœstsre, et domini hortulum, vineamqut- tueri.Quare bine, o pueri , ululas abstinete rapinas.Vicinus prope dives est, negligensque Priapus.Inde sunnite, semita haro deinde vos foret ipsa.

CARMEN XX.

ItottTOttUM nues.

Ego bœc, ego arte fabricata rustn-n ,Ego arida , o viator, ecce populusAgellulum hune , sinistra, tute quem vides,Ilerique villulam, bortulumque paiiprrisTuer, malasque furis arceo mutins.Mihi corolla picta vere ponitur;Mihi rubens nristn sole fervido;Mihi virente dulcis uva puni pine;Illihique glanes dura oliva frignrr.Mois capelle delicata pasruisln urbem adnlta lacté portut ubera;Mrnan pingnis agnus ex ovilibus

ville les mamelles gonflées de lait; et lorsqu’ilvend à la ville l’agneau engraissé dans niesbergeries , il revient au logis les mains chargéesd’argent. Alors il enlève à la vache mugissanteses tendres génisses pour en offrir le sang auxautels des dieux. Redoute donc, passant, la di-vinité protectrice de ces lieux et garde-toi del’outrager d’une main sacrilège. Il y va deton intérêt, sinon le châtiment est prêt. Cephallus rustique le l’iufligera. Par Pollux, dis-tu , je viendrai en faire l’expérience. Eh bien!par Pollux , voici le métayer. Arraché par sonbras, ce phallus va pour toi se changer enmassue.

XXI.

A amuîmes.

Aurélius, père des affamés de Rome et detout l’univers, et partant du présent, du passéet de l’avenir, tu veux corrompre mes amours,et tu ne te caches pas : des que vous êtes en-semble , te voilà qui batifolles, et te pressescontre lui , et t’y prends de toutes les façons :peines perdues l car pendant que tu me tendsles embûches, je te devancerai... Encore , si tune faisais pas cela à jeun, je me tairais. Ce quim’afflige maintenant, c’est que mon pauvreenfant s’habitue à la faim et à la soif. Cessedonc, aujourd’hui que tu le peux encore avec

Graver" domum reniittit œre dexteram ;’l’enerque, malrc iiiiigicntr, vaccula

Doum prol’undit ante temple: sanguinem.Proin’, vialor, hune Doum verebcris,lllanumqne sorsum babebis. lIoc tibi rxprdit;l’urata nainque crux , sine arle meulula.Velim pol , inquis; et pol ecce , villicusVctlit :valente cui revulsn hrachioFit ista mentula , aptu clava dexteræ.

CARMIN XXI.

un AURELIUM.

Aureli , pater esuritionum ,Non barunt modo, sed quot nul lurruut ,Aut suut, nnt aliis ernnt in annis ,l’œdicarc eupis moos anions;

Née clam : nain simul es , jocnris nua ,

llœres ad lattis , otnnia experiris.Frustra : nain insidias mihi iitslrurnleinTungain le prier inrninalione.Atqui, si id [acores sulur, laurent.Nuec ipsum id delco, qnod estime

Ah! mens puer, et sitire disert. l l

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584 CATU LLE.

honneur, si tu ne veux pas cesser après avoir I pas ce qui est dans notre besace de derrière.passé par mes mains.

XXll.

A VARRUS.

Varrus, ce Suffénus que tu connais est unhomme élégant, spirituel et poli; il fait énor-mément de vers : il en a je crois dix mille etplus d’écrits; et non pas, comme c’est l’usage,

sur l’humble palimpseste, mais sur papierroyal, avec couvertures neuves , charnièresneuves, aiguillettes rouges, texte soigneuse-ment aligné, et le tout poncé à ravir. Lisez-vous dans ces jolis livres, vous prendrez cebeau et élégant Suffénus pour un bouvier ou

un manœuvre, tant il est différent de lui-même. Qu’est-ce donc? tout à l’heure, vouscherchiez pour le définir la plus gracieuse épi-thète; le voilà, dès qu’il se mêle de vers , plus

grossier que le plus grossier des rustres; etcependant jamais il n’est aussi heureux quelorsqu’il fait des vers; jamais aussi content,aussi charmé de lui. Bons dieux! nous avonstous un tort semblable; personne qui ne soitSuffénus en quelque chose; chacun a reçuson erreur en partage; mais nous ne voyons

Quare desine , dum licet pudioo;Ne finem facias, sed inrumatus.

CABMEN XXll.

A!) VARRUM.

Sulfenus istc, Verre , quem probe nosti,Homo est venustus , et dicax et urbanus,Monique longe plurimos facit versus.Pute esse ego illi millia aut dccem, ont plura,Perscripta : nec sic, ut fit, in palimpsesteRelata ; ehartæ raglan, novi libri ,Novi uinliilici , lora rubra , membranaDirecta plumbo, et pumice omnia æquata.Haro quum legas, tum hellus ille et urbanusSuflenus, unus caprimulgus , aut fossorRursus videtur : tantuln abhorret, ac mulet.floc quid putemus esse? qui mode scurra ,Aut si quid hac te tritius, videbatur,idem inficeto est inlicetior rure ,Simul poemata atligit: neque idem unqnamÆque est bealus , ac poema quum scribit;Tarn gaudet in se , tamque se ipse miralur.Nimirum idem omnes fallimur; neque est quisqualn ,Quem non in aliqua re videra Sullenuml’oasis. Suus quoique attributus est errer;

Sed non vidimus mention: quad in tergo est.

XXlIl.

A FUlllUS.

Furius, tu n’as ni esclave, ni coffre-fort. nilit pour les punaises, ni toit pour les araignées,ni foyer pour te chauffer; mais tu as un pèreet une mère dont les dents mangeraient despierres; et tu vis heureux avec ce vieillard etson épouse desséchée. C’est tout simple z vous

vous portez tous bien; vous digérez à mer-veille; vous ne craignez ni incendies, ni dé-vastations, ni crimes, ni poisons, ni péril enfind’aucune sorte; et puis vos corps durcis parle soleil, le froid et la faim, sont plus secsque la corne, plus arides qu’on ne peut le dire.Comment ne serais-tu pas heureux? tu n’aspoint de sueur, point de salive, ni de morveet-de fâcheuse pituite au nez. A cette propretéajoutes-en une qui vaut mieux encore, celle deton derrière , plus pur qu’une salière, car tu necomptes pas dix selles par au , et ce que tu faisn’est que fèves et roches , et ne salirait pas tesdoigts, si tu le tenais et le frottais dans tes mains. ,Tant (l’heureux avantages , Furius , ne doiventpas être méprisés ni comptés pourpeu de chose;

CARMEN XXlll.l AD FUlllUn’.

Furi, quoi neque sel-vus est, neque area ,Net: cimes, neque araneus, neque ignis;Verum est et pater, et noverca , quorumDentes velsilicem comtesse possunl;Est pulchre tibi cum tuo parente ,Et cum conjuge lignea parentis.Née mirum : bene nam valelis omnes,Pulcbre concoquilis, nihil timetis,Non incendia , non graves ruinas,Non [acta impia , non (lolos veueni ,Non casus alios perieulorum.Atqui corpora sicciora cornu,Aut, si quid magis aridum est, haliotis,Sole, et frigore, et csuritione.Quare non tibi sil bene ac beate?A te sudor abest , ahest saliva,Mncusque , et male pituite nasi.Hanc ad munditiem adde mundiorem ,Quod culus tibi purior salillo est,Nec loto decies cacas in anno;Atque id durius est faba et lapillis,Quod tu si manihus teras, fricesque,Non unquam digitum inquinare posais.Hæc tu commoda tum becta , Furi,Noli spernere,’ ner. pulare parvi;

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CATULLE.

cesse de demander, comme tu fais, cent sers-terces, tu es assez heureux.

XXlV.

au JEUNE JUVENTIUS.

O la fleur des-Juventius présents, passés etfuturs, j’aimerais mieux t’avoir vu donner des

richesses à ce malheureux qui n’a ni esclave nicoffre-fort, que te livrer ainsi à son amour.Quoi? n’est-ce pas un bel homme? dis-tu. Oui,mais ce bel homme n’a ni esclave ni coffre-fort; que ce soit peu ou beaucoup pour toi,toujours est-il qu’il n’a ni esclave ni coffre-

’ fort.

XXV.

A THALLUS.

Débauché Thallus, plus mon que le poil d’un

lapin, la moelle de l’oie, le bout délicat del’oreille, la verge languissante d’un vieillardou la toile de l’araignée; Thallus plus rapaceque les tourbillons des tempêtes dont la sor-cière reconnaît l’approche au claquement de bec

des oiseaux; rends-moi mon manteau que tum’as dérobé et ma serviette de Sétabe et mes

Et sestertia , quæ soles, presariCentum desine , nam sut es bannis.

GARMEN XXIV.

au JUVENTIUM nummi.

0 qui flosculus es Juventiorum ,Non borum modo, sed quot sut fuerunt,Aut postbac sliis erunt in annis ,Mallem divitias mihi dédisses

lsti , quoi neque servus est, neque area ,l Quam sic te sineres ab illo amari.

Qui? non est homo bellus’l inquies. Est :Sed hello huic neque servus est, neque area.Hœc tu, quam lubet, abjice élevaque z

Nec servum tamen ille babel , neque arum.

CARMEN xxv.

un THALLUM.

Cinæde Thalle , mollior cuniculi cnpillo,Vel anseris medullula, vol imula oricilla,Vel pene languide mais , situque amoroso;ldemque Thalle , turbide rapacior procella ,Qunm de vis mulier aves ostendit oscitantes;Remitte pallium mihi meum, quod insolasli,Sudu-iumquo sæhbum , estsgrapbosque thyms,

583

peintures buhyniennes que tu es assez sot pourmontrer au grand jour, comme si elles te ve-naient de tes pères; détache tout cela de lesmains gluantes de larron , et rends-le moi, si tune veux pas avoir tes côtes délicates et tes fessesmoelleuses brutalement criblées de brûlantscoups de fouets; si tu ne veux pas t’agilerconvulsivement, comme la frêle barque sur-prise dans l’Océan par l’orage furieux.

XXVI.

A FURIUS.

Furius, ma villa n’est exposée ni au soufflede l’Auster, ni à celui du Zéphyre ou du cruelBore’e, ou de l’Apéliote , mais à quinze mille

deux cents sesterces hypothéqués sur elles. Ole vent horrible et pestilentiel!

XXVII.

A son aunasses.

Toi qui nous verses le vieux Falerne, es-clave , remplis nos coupes d’un vin plus amer:ainsi le veulent les statuts de Poslhumia, lareine de nos orgies. Disparaissez d’ici, eauxinsipides, fléaux du vin; allez abreuver nos Ca-tons. Ici Bacchus est sans mélange.

lnepte, quæ palam soles babere, lanqunm avita.Quœ nunc luis ab unguibus reglutina et remitte:Ne laneum latusculum , nalesque mollicellas,lnusta turpiter tibi flagella couscribillent ,Et insolenter œstues , velut minuta magneDeprensa navis in mari, vesaniente venta.

CARMEN XXVL

AD FURIUM

Furi, villula nostra non ad AustriFlatus opposite est, nec ad Favoul,Ncc sævi Borate, aut Apeliolæ ,Verum ad millia quindecim et durailles.0 ventum borribilem utque pestileulcm l

CARRIEN XXVll.

AD POCILLATOREM rusuuu.

Minister vetuli, puer, Falarni,luger ml calices amurions;Ut le: Postliumim jubet magisme.Ebriosa seins ebriosioris.At vos , que lubet, bine ahite lymphe,Vini pernicies, et ad sevcroaMigratn: bic merus est Tbyoniauuv.

23

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386

XXVlll.

A VERANNIUS E’l’ A FABULLUS.

Compagnons de Pison , couple indigent, aubagage léger et commode à porter, bon Varan-nius, et toi mon Fabullus, que faites-vous? n’a-vez-vous pas assez enduré la faim et la soif aveccette pourriture? Est-ce que sur vos tablettes lacolonne des profits se remplit avec les dépenses,comme il m’arrivait aussi lorsque , dans monvoyage à la suite de mon préteur, j’inscrivaisaux bénéfices tous mes déboursés. OMemmius!

tu as bien à loisir prolongé l’ignoble abus quetu as fait de ma personne. Mais,à ce queje vois,votre sort a été pareil, mes amis ; vous avez été

les victimes d’un personnage tout aussi dégoû-

tant. Cherchez donc de nobles amis! Que tousles dieux vous écrasent, opprobres de la nationde Romulus et de Remus !

XXlX.courus CÉSAR.

Qui pourra voir, qui pourrait souffrir, s’iln’a perdu toute pudeur, toute retenue, touthonneur, qu’un Mamurra possède les plusprécieuses richesses de la Gaule chevelue et dela Bretagne lointaine? Romain débauché, le ver-

CARMEN XXVlIl.

A!) nummum ET FABULLt’ll.

Pisonis comites , cohors inanis,Aptis sarcinulis et expeditis,Vernnui optime , tuque , mi Fahulle ,Quid rerum geritis? satisne cum istoVappa, lrigoraque et l’amem tulistis?

Ecquidnam in tabulis palet lucelli. Expensum? ut mihi, qui meum sesutus

Prætorem , relero datum lucello;O Memmil bene me , ac diu supinumTota ista trabe lentos inrumasti.Sed ,quautum vidéo, pari fuistisCasu ; nain nihilo minore verpaFarti astis. Pete nubiles amicos.At vobis mala multa Dii DeæqueDent, opprobria llomuli Remique.

CARMEN XXIX.

IN museau.Quis hoc potest videra, quis potest pati ,Nisi impudicus, et vorax, et aleo,Mamurram habere, quod Coniala Galliaflabcbat uncti et ultima Brilannia ’?

CA’l’ULlÆ.

ras-tu et le supporteras-tu? Tu as perdu toutepudeur, toute retenue, tout honneur,et mainte-nant superbe et radieux , comme une blanchecolombe ou un Adonis, cet homme se promè-nera de couche en couche? Romain débauché,le verras-tu et le supporteras-tu ? tu as perdutoute pudeur , toute retenue , tout honneur.Estæe donc pour cela, capitaine unique, est-cedonc pour que ce corps, instrument de les dé-bauches, dévorât deux outrois cents milliers(le sers-terces , que tu es allé dans la dernièreîle de l’Uccident ?- Qu’est-ce? répond la mal-

heureuse libéralité, il a consumé peu de choseen plaisirs. A-t-il englouti si peu dechose? Pourdébut, il a dilapidé les biens de son père; lestrésors du l’ont doivent être sa seconde proie;quant à la troisième, ceux des Ibères; le T ageaux flots d’or le sait. Tremblez devant lui,Gaules et Bretagnes? Comment donc gardiez-vous ce pervers dans votre sein? à quoi peut-ilêtre bon , sinon à dévorer de riches patrimoi-nes? Est-ce donc pour cela , capitaine unique ,qu’avec ton beau-père tu as tout bouleversé.

XXX.

A ALPHÉNUS.

lngrat Alphtïnus, parjure, loi qui brises les

Cinæde Romule, hæc videbis et lares?Es impudieus, et vorax, et aleo.Et ille nunc superbus et superfluensParambulabit omnium cubilia,Ut albulus colombos , aut Adoneus?Cinæde Romule, hæc videbis et feres?’

Es impudicus, et vorax , et aleo.Eone nominé , Imperator unice ,Fuisti in ultima Occidentis insola ,Ut ista vostra diliututa mentulaDurenties comesset , aut trecenties?Quid est? ait sinistra liberalitas,Parum expatravit; an parum belluatus est?Paterne prima lancinata surit houa;Secuuda præda Poulies : inde tertioHibera, quam soit omnia aurifer Tagus.Huns, Gallien , timetis, et Britanniæ?Quid hune, malum, fovetis? aut quid hic potest,Nisi uncta devorare patrimouia ?Eoue immine , lmperator unice ,Sucer generque perdidistis omnia ?

CARMEN XXX.

un ALPHEN un.

Alpbene immemor atque unanimis false sodalibus,

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JA’l’U LLE.

liens de la plus étroite amitié, tu es déjà sanspitié, cruel, pour le plus tendre des amis. Déjàtu n’hésites plus à me tromper, à me trahir,perfide l Penses-tu que les dieux voient d’unœil satisfait la trahison des impies, toi quinégliges, qui délaisses un ami malheureux.Hélas! que faire désormais et à qui se fier?C’est toi cependant , toi qui m’ordonnas d’aban-

donner mon cœur à de fatales séductions,barbare; qui m’entraînas dans cet amour quisemblait ne m’offrir que le bonheur. Et c’est toi

maintenant qui retires ta foi, toi dont les ca-resses, dont les serments, plus légers que lesnuages, se dissipent emportés par les vents.Mais si tu oublies les promesses, les dieux s’ensouviendront. Ils se souviendront de la foi vio-lée, et les remords trop tardifs me vengerontde ta perfidie.

XXXI.

A LA parsQU’itz DE smnno.

Avec quelle joie je te revois, Sirmio, avecquel bonheur, toi la perle des îles et des pres-qu’îles qu’enveloppent dans leur liquide empirel’un et l’autre Océan. J’ose à peine croire que

j’aie quitté les champs de la Thrace et de la Bi-

thynie, et que je puisse te comempler sanscrainte. Quel plus grand bonheur, alors que

Jam le nil miseret, dure, tui dulcis amiculi;Jam me prodere, jam non dubitas fanera, perfide!Nec facta impie fallacum hominum cœlicolis plawnl;Quœ tu negligis, ac me miaerum deseris in malis.filleul quid (sciant dehinchomines,quoivehabeanl (idem?Carte tutejubebas animum tradere , inique, melnduccus in amoram, quasi tuta omnia ml forent.Idem nunc relrahis te, ac tua dicta omnia inculqueVentes irrita ferre , et nebulas serins sinis.Si tu oblitus es, si. Dii meminerunt, meminit Fides;Qunm, tout pœniteat poslmodo facti, fadet, lui.

CARMEN XXXI.

au smmoNEtt PENlNSULAM.

Peninsularum, Sirmio, insulnrumqueOuille, qusscunque in liqucntibua stagnis ,Marique vasto fert utcrque Neptunus;Quam te libenter, quamque lœtus invisn!Vix ml ipse credens Thynism atque BithynosLiquisse campos, et videra te in luln.0 quid solutis est hautins curis?Qunm mens ont" reponit, ne peregrinoLahore rassi veuilnul larcin nd nostrum,Desiderntoque acquiescimus leste.

587

libres de soins et rejetant le fardeau de l’am-bition, nous revoyons nos foyers, que de trou-ver enfin après la fatigue de lointains voyages,le repos sur ce lit si longtemps désiré. Ce bon-heur suffit à mes vœux ; il est l’unique fruit detant de travaux. Salut, belle Sirmio! salut! ré-jouis-toi du retour de ton maître; etvous aussiréjouissez-vous , eaux limpides du lacde Côme.Que dans ma demeure retentissent les cris del’allégresse!

XXXII.A IPSITHILLA.

Au nom de l’amour, douce Ipsitliilla , mesdélices, charme de ma vie, accorde-moi le ren-dez-vous que j’implore pour le milieu du jour.Et si tu me l’accordes, ajoutes-y cette faveurque la porte soit interdite à tout le monde.Surtout ne va pas sortir; reste à la maison etprépare-toi à voir se renouveler neuf fois mesexploits amoureux. Mais si tu dis oui, dis-le desuite, car, étendu sur mon lit, après un hondîner,je foule, dans mon ardeur, et ma tuniqueet ma couverture.

XXXIII.

comme LES nummus.

0 le plus habile des voleurs de bains l Volum -

"on est, quod unum est pro laboribus tamis.Salve, o venusta Sirmiol atque hem gaude;Gaudete, vasque Lydia: Issus undœ;Bidele quidquid est demi cacliinuoruut.

GARDIEN XXXll.

AD lPSlTHILLAM.

Athalie, Inca dulcis lpsitbilla ,Mes: deliciœ , met laperas,Julie ad le veniam meridistum.Quod sijusscris, illud adjuvulo,Ne quis litninis absent tubellam,Non tibi lubeat foras sbire;Sed demi maneas, put-asque nobisNovem continuas fulutioues.Veruln, si quid ages , statimjulwln,Nain pransus jaceo, et satur supin"!l’ertundo tunieamqus, palliuulqur.

CARMEN XXXlll.

IN vmnumos.

U furum optime balnesriurum,..2.0.

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nius le père, et toi son fils , le debauche’; l’undont la main est plus souillée; l’autre dont lederrière est plus vorace, que ne vous exilez-vousdans quelque plage désolée? puisque les ra-pines du père sont connues de tous, et que lesfesses poilues du fils ne trouvent plus de cha-

lands. sXXXIV.

HYMNE EN L’HONNEUR DE DIANE.

Nous qui sommes voués au culte de Diane,jeunes filles et jeunes garçons au cœur chaste ,’jeunes filles et jeunes garçons , célébrons ses

louanges.O puissante fille de Latone et du grand J u-

piter , toi que ta mère enfanta sous les oliviers

de Délos; ,Toi, destinée en naissantà régner sur lesmonts , sur les forêts verdoyantes, sur les mys-térieux bocages et les fleuves aux flots reten-tissants ;

Toi que les femmes inv0quent comme uneautre Lucine, dans les douleurs de l’enfante-ment; puissante Hécate, toi à qui le soleilprète sa lumière s

Vibenni pater, et cinæde llli;Nam dexlra pater inquinatiore,Culo filins est voraciore;Cur non exsilium malasque in crasltis? quandoquidem patrie rapinæNotæ surit populo, et nates pilosas,Fili, non potes asse vendilare.

CARMIN XXXIV.

AD maman.

Dianœ sumusin fidePuellæ, et pueri integri;Dianam pueri integri ,Puellæque canalnus.

0 Latonia , maximiMagna progenies Jovis,Quam mater prope DeliamDeposivit olivam;

Montium domina ut fores,Silvarumque virentium,Saltuumque reconditorum,Amniumque sonantum.

Tu Lucina dolentibusJuno dicta puerperis;Tu potens Trivia, et notho esDicta lumine Luna.

Tu cursu, Des, menstrue

CATULLE.Toi, qui mesures le cercle de l’année dans

ton cours mensuel, et remplis d’abondantesmoissons la grange du laboureur;

Sous quelque nom qu’il te plaise d’être ado-

rée, reçois nos hommages, et accorde, commetoujours, ton appui tutélaire à l’antique racede Romulus.

XXXV.INVITATION A cècruus.

Partez , mes tablettes , allez dire à Cécilius , letendre poète, à Cécilius, mon ami, qu’il laisse

la Nouvelle-Côme et les rives de Larius pourvenir à Véronne; car je veux déposer dansson sein quelques confidences d’un de nos amiscommuns. Qu’il parte donc s’il est sage; qu’il

vole, quand bien même sa maîtresse le rappel-lerait mille fois; quand bien même, suspendueà son cou , elle le supplierait de différer, ellequi brûle pour lui du plus ardent amour, s1l’on m’a dit vrai. L’infortunée! un feu secret

la consume depuis le jour où elle lut les pre-miers vers du poème de Cécilius en l’honneurde Dindymène. J’excuse ton délire, jeune fille,

plus savante que la muse de Lesbos. C’esten effet un bel ouvrage que le poème entre-

Metiens iter annnum,Bustica agricolæ bonisTecta frugibus expies.

Sis quocunque placet tibiSancta nomine, RomuliqueAntiquam, ut solita es, bonsSospites ope gentem.

CABMEN XXXV.

CÆClLIUM lNVlTAT.’

Poetæ tenero, men sodali ,Velim Cæcilio, papyre, dicas,Veronam veniat, Novi relinquensComi mœnia, Lariumque litus ;Nain quasdam volo cogitationesArnici accipiat sui , meique.Quartz, si sapiet, viam vorabit,Quamvis candida millies puellaEuntem revocet, manusque colinAmbas injiciens, roget morari;Quæ nunc, si mihi vera nuntianlur,lllum déperit impotente amore.

Nam, quo (empote legit inehoatamDindymi dominant, ex en misellælgnes interiorem edunt medullam.

ignoseo tibi Sapphiea, pugilat , l 6

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CATULLE.pns par Cécilius en l’honneur de la mère des

dieux.

XXXVl .

CONTRE LES ANNALES DE VOLUSIUS.

Annales de Volusius, excréments littéraires,servez à accomplir le vœu de ma maîtresse :elle a juré à la sainte Vénus et à Cupidon, si

» jamais je lui étais rendu et que je cessasse delui lancer mes terribles iambes, de choisir lesécrits du plus détestable poète pour les offrir en

holocauste au dieu boiteux , et les brûler surun bûcher néfaste. Les voilà bien , les plusdétestables vers! et c’est bien la ce que lajeune fille devait sacrifier pour son spirituelet aimable vœu. Maintenant, ô toi! fille dei’Océan, qui sanctifies par ton séjour l’ltalie ,

les plaines assyriennes, Ancône et Gnide laville des roseaux , et Amathonte, et Golgos, etDyrrachium , l’hôtellerie de l’Adriatique, ac-cepte ce vœu , s’il ne manqué ni d’esprit ni de

grâce; et vous, allez au feu, rudes et grossièresannales de Volusius, excréments littéraires.

Musa doctior : est enim venusleMagna Cæcilio inchoata mater.

CARMEN XXXVl.

IN ANNALES vowsn.

Annales Volust,eaeata charte,Volum solvite pro mea puella ç

Nam sanctœ Veneti, CupidiuiqueVovit, si sihi restitutus essem,Desissemqua truces vibrera iambes ,lilectissima pessimi poetæScripts tardipedi Deo daturamlnfelicibus ustulanda lignis zEt lime pessima se puella viditJocose et lapide vovere Divis.Nunc, o cæruleo croate ponte,Que: sanctum ldalium , Syrosqne aperlos,Quæque Ancoua, Gnidumque arnndinosamColis, quæque Amatliunta, quæqne Golgos,Quæqus Durraehium, Adrim tabernam;Acceptum face, redditumqne velum,Si non iulspidum , neque invenustum est.At vos intarea venite in ignem,Pleui ruris et inflcetiarum ,Annales Volant , carats charte.

XXXVll.

AUX BABITUÉS D’UN MAUVAIS LIEU.

Taverne de débauche, la neuvième qu’onrencontre en sortant du temple des Jumeaux ,tes tristes habitués pensent- ils être seulsmunis de membres virils? tiroient-ils avoirseuls le privilège du coït, et les autres sont-ils des castrats à leurs yeux? ou bien parcequ’ils sont là cent ou deux cents, s’imagi-nent-ils que je n’oserai pas tenir tète à leurbande? Vous vous trompez, mes lâches; jenoircirai de votre honte toute la façade devotre taverne, car elle est là ma maîtresse,cette fille qui a fui de mon sein, que j’ai aimée

comme aucune autre ne le sera jamais, et pourlaquelle je me suis battu tant de fois. Genscommodes et faciles à contenter, vous êtestous ses amants, et ce qui est indigne, vousêtes tous des coureurs de bas étage; toi sur-tout, enfant aux longs cheveux de la Celtibé-rie, Egnatius, qui a pour unique mérite unebarbe épaisse et des dents blanchies par l’u-rine, à la mode ibérienne.

CARMIN XXXVII.

au CONTUBEltNALES,

Sain laberna, vosque contubernnles ,A pileatis nous fratribus pila ,Solis putatis esse mentnlas vobis?Solis licere quidquid est puellarumConfuluero, et putare cæteros liirros?An , continenter quad sedelis insulsiCeutum, aut duceuti, non pulalis ausnrumMe une ducentos inrumare sessores?Atqni putate : namque totius vobisFrontem tabernœ scipiouihus seribam.Puella nain mon, quæ mec sinn fugit,Amata tanlum, quanlum amabitur nulla ,Pro qua mihi sunt magna bulla pugnata ,Consedit istic. llano boni boutiqueOmues amatis : et quidem , quad indignant est,Onmes pusilli , et sentitarii mœchi;Tu prœtcr omîtes une de capillatisCuniculosm Celtiln-riœ llli ,Iîgtiati, option , quem bonnm iaeit barbalit dons hibera tlrlriralus urina.

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XXXVlll.

A Ctlanlv’lCIUS.

Ton ami Catulle est malheureux, Cornificius;oui, par HerCule, il est malheureux, et sestourmentss’accroissent de jour en jour, d’heure

en heure. Et pas un mot de toi, pas la moin-dre consolation! Je suis en colère contre toi.Est-ce ainsi que tu m’aimes? Écris-moi doncquelques mots de consolation ;mais qu’ils soientplus touchants que les élégies de Simonide.

XXXlX.

CONTRE EGNATIUS.

Egnatius, parce qu’il a les dents blanches ,rit toujours. Au tribunal, pendant qu’un ora-teur excite les larmes; il rit : au bûcher d’unfils unique que pleure une mère désolée, il rit .-à tout, partout, sur tout, il rit. C’est sa ma-nie, et elle n’est , je crois , ni de bon ton , ni debon goût il fautdonc queje te donne une leçon,bon Egnatius ; serais-tu Romain , ou Sabin , ouTiburtin; ou enfant des grasses races om-brienne et étrurienne, ou de Lanuvium , dontles habitants sont bruns et forts en mâchoire; ou

manas: xxxvnt.

An CORNlFlClUM.

Male est, Cornifiei , tue Catulle,Malt: est , me hercule , et laboriose,Et magie magis in dies et boras; .Quem tu, quod minimum faciliimumqne est,Que solatus es adlocutione?Irascor tibi. Sic mecs amores?Paullum quid lubet adlocutionis ,lllœstius lacrimis Simonideis.

CARMEN XXXlX.

IN EGNATIUM.

Egnatius , quod candides babel dentés ,Reuidet usquequaque : seu ad rei venlnm estSubsellium, quum orator excitatiletum,Renidet ille ;seu pii ad rogum tiliLugetur, orbe quam flet nnicnm mater,fienidet ille : quidquid est , ubicunque est,Quodcunque agit, renidet. Hum: babel morbum ,Neque elegantem , ut arbitrer, neque urbanum.Quare monendns es mihi , boue Egnati;Si urbanus esses, aut Sabiuus, ant Tiburs,Aut pastus tituber, aut obesus Etruscus ,

CATULLE.de l’Italie transpadane, pour parler aussi «lemon pays; de quelque lieu que ce soitenlin oùl’on se lave proprement les dents, je ne vou-drais pas te voir rire toujours ; car rien n’estplus sot qu’un sot rire. Or, tu es Celtibérien :et en Celtibérie , c’est avec l’urine de la veille

qu’on se nettoie la bouche, et qu’on se frotteles gencives. Ainsi plus tes dents sont blanches,plus tu témoignes avoir bu d’urine.

XL.

A RAVIDUS.

Quelle folie, pauvre Ravidus, le précipitetête baissée sur mes iambes? quel dieu funesteà ton bonheur t’excite à provoquer une lutteinégale ?

Est-ce pour faire parler de toi? que veux-tu?tu veux être connu, de quelque manière quece soit : tu le seras, puisque tu as voulu me dé-posséder de ma maîtresse; tu le seras au prixd’un supplice éternel.

XLl.

CONTRE LA MAI’I’RESSE DE MAMURRA.

A-t-elle bien sa raison cette fille qu’on se passe

Aut Lanuvinus ater atque dentatus ,Ant Transpadauus , ut mens queque attingam ,Aut quilibet, qui puriter lavit dentés;Tamen reuidere usquequaque te noliem;Nam risn inepto res ineptior nulla est.N une Celtiber es : Celtiberia in terra ,Quod quisque minxit, hoc solet sibi malteDeutem , atque russam delricare gingivam;Ut que iste vester expolitior deus est,lioc te amplius bibisse prædicetloli.

CARMEN XL.

au nav 1 oust.Quænam le mais mens, missile Bavide,Agit præcipitem in mecs iambes?Quis Deus tibi non bene advocatusVecordem parat exeitars rixam?Anne ut pervenias in ora volgi ?Quid vis 7 qualubet esse nous: optas PEris : quandoquidem mecs amoresCum longa voluisti amare pœna.

CAl’tMEN XLl. a

IN AMICAII FORllANI.

Anne sans illa puclla defntuta

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CATULLE.et se repasse? Me demander dix milles sesterces,avec ce nez , et être la maîtresse de ce mauvaisgarnement de Formies! Parents qu’elle inté-resse , convoquez amis et médecins; elle n’a pas

sa raison, et la folle ne se rend plus comptede ce qu’elle est.

XLII

comme CERTAINE nanans.

Accourez, hendecasyllabes, accourez tous etde toutes parts. Une honteuse catin se joue demoi et refuse de me rendre vos tablettes. Pou-vezcvous le souffrir? Poursuivons-la pour leslui ravir? Quellé est cette femme? demandez-vous. C’est celle que vous voyez marcher d’une

manière si ignoble, et ouvrir, pour rire commeun mime, une bouche rivale de la gueule d’unchien des Gaules. Entourez-la et criez-lui : Catinpourrie , rends-nous nos tablettes ; rends-nousnos tablettes,catin pourrie; tu n’en tienscompte.O fange! ô réceptacle de toutes les prostitu-tions, ô tout ce qu’il y a de plus vil. Mais cen’est pas encore assez : s’il n’y a d’autre moyen

(le lui arracher ce qu’elle a volé, faisons rougirson visage d’airain et sa face de chien. Criez

Tala? millia me decem popescit ,Ista turpiculo puella nase,Deeectoris arnica Formiani.l’repinqui, quibus est puella curæ,Amiens niedicosque convocatc;Non estsaua puella; nec rognu-Qualissit :solet hæc imaginosum.

CARMEN XLll.IN QUAMDABI.

Adcste, liendecasyllabi, quot estisOnines undique, quotquot eslis elnncs.Jocum me putat esse mœclia turpis,Et negut mihi vestra reddituramPupillaria , si pali potestis.l’ersequamur cain , et reflagitcmus.

Quai sit, quœritis? illa, quam vitlctisTurpc incedere, mimice se molestellidentem oatuli ere gallicani.Circumsistite eam , etrcflagitate .Mœchn putida, redde codicilles;Redde, putida moucha, codicilles.Non assis furia? 0 lutum, lupanar,Aut si perditîus potest quid esse l

Sed uen est tamen hoc satis putnmlum.Qnodai non aliud pote est, ruborrmFerme annis exprimslnns 0re.(lancinante iterum altiore vocc z

39!

de nouveau et plus haut: Catin pourrie, rends-nous nos tablettes; rends-nous nos tablettes,catin pourrie. Mais cela n’avance à rien , elle nes’émeut pas. Changeons de ton, nous seronsplus heureux peut-être : Chaste et pure jeunefille, rends-nous nos tablettes.

XLIll.

CONTRE LA MAHREŒE DE MAMURRA

Salut, jeune fille qui n’as ni le nez petit, ni lepied joli, ni les yeux noirs,ni les doigts effilés,ni la bouche nette , ni la voix trop gracieuse,maîtresse de ce mauvais garnement de Formies!La province te trouve belle; on te compare àma Lesbie! 0 siècle insensé et grossier!

XLIV.

A SA TERRE.

O mon domaine! sabin ou tiburtin, car ilest appelé tihurtin par ceux qui n’aiment pasà blesser Catulle, et sabin par ceux qui aimentle contraire; sabin donc ou mieux tiburtin , jesuis allé volontiers dans ta retraite, et j’ai chassede ma poitrine la méchante toux que je m’étais

justement attirée par mon goût pour les festins

Mœcha putida, redde codicilles,Raide, putida Inœcha, codicilles.Sed nil preficimus, nihil movetur.Mutanda est ratio, modusque vobis,Si quid proficere smplius potestis :Pudica et proba, redde codicilles.

CARMIN XMII.

IN AMICAM FORMIANI.

Salve, nec minime puella nase,Nec hello pede, nec nigris oct-Nia,Nec longis digitia, nec ure sicco,Nec sans nimis eleganle lingue ,Dececloris amica Formiani.Ten’ provincis narrat esse ballant ?

Tecum Lesbis nostrs comput-star?0 scelum insipiens et iuficetuml

(1A llMlSN XLIV.

A!) FUNDUM.

0 fundc "ester, sen Sabine, son Tiburs,Nain te esse Tiburtcui nommant, quibus non estCordi Catullum lædere : nt quibus cordi est,Quovis thinum pignon esse centenilunt :Sed seu Sabine, sive varias Tiburs,Foi libenter in tua suburhausVilla , ilialamque lit-clore expuli tanins

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somptueux. Convivc volontaire de Sextius, ilm’avait fallu entendre son discours empOI-sonné et pestilentiel en réponse à Antius. J’y

avais gagné un catharre qui m’a brisé, jus-qu’à ce que je me sois réfugié dans ton sein ,

et rétabli par le repos et les drogues. Aujour-d’hui je te rends grâce, pour ne m’avoir paspuni de ma faute; et je désire, si je reçois en-core les détestables écrits de Sextius, que leurfroideur donne une toux et un catharre non plusà moi, mais à Sextius lui-même, qui m’appelle

quand il a un mauvais ouvrage à lire.

XLV.

sont: ET SEPTlMlUS.

Pressant contre son sein Acmé, ses amours,Septimius lui disait: a 0 mon Acmé! si je net’aime éperdument, si je cesse de t’aimer jus-qu’à mon dernier soupir autant qu’amant peut

aimer sa maîtresse, puissé-je errer seul dansla Libye ou dans l’lnde brûlante , exposé à lafureur des lions dévorants. o Il dit ; et l’amour,jusqu’alors contraire à ses vœux, accueillit sonserment.

Alors Acmé, la tête doucement inclinée, et

Non immerenti quam mihi meus venter,Dum sumptuosas appeto, dédit, comas.

Nain, Sextianus dom vole esse convive,Orationem in Antium petitoremPlenam veneni et pestilentiæ legit.Hic me gravedo frigide , et frequens tussisQuassavit, usquedum in tuum sinum fugi,Et me recuravi otioque et urtica.Quare refectus maximas tibi grattesAgo, meum quod non es ulta peccatumNec daprecor jam, si nefaria scriptaSexti recepso, quin gravedinsm et tussimNon mi , sed ipsi Sextio ferat frigus ,Qui tune vocal me, quum malum legit libruin.

CARMEN XLV.

DE MIME ET SEPTIMIO.

Acmen Septimius, sues amores,Tenens in grenue :Mea, inquit, Acme ,Ni te perdite amo, atque smare perro-Ormes sum assidue paratus aunes,Quantum qui pote plurimum perire;Solos in Libye, lndiave testa,Cæsio veniam obvins leeni.Hoc ut dixit, Amer, sinistram ut ante, iDextram sternuit approbationem.

CATULLE.

pressant de ses lèvres de roses les yeux de sonamant : c Qu’il en soit ainsi, ô mon cher Septi-mius! ô ma vie! dit-elle; ne servons qu’un dieujusqu’à la mort; s’il est vrai que le feu qui

coule dans mes veines est plus ardent que letien. s Elle dit, et l’amour, jusqu’alors con-traire à ses vœux , accueillit son serment.

Unis maintenant sous des auspices si favo-rables, ils aiment tous deux, tous deux ils sontaimes. Le tendre Septimius préfère son Acméà tous les trésors de la Syrie et de la Bretagne,et la fidèle Acmé fait de son Septimius toutesses délices, tout son bonheur. Vit-on jamaiscouple plus heureux , plus comblé des faveursde Vénus l

XLVI.

LE RETOUR DU PRINTEMPS.

Déjà le printemps nous ramène les tièdeschaleurs ; déjà les vents fougeux de l’équinoxe

se taisent devant le souffle des doux zéphyrs.Allons, Catulle, il est temps; quitte les champsde la Phrygie et les fertiles plaines de la brû-

I lente Nicée. Vole vers les superbes cités del’Asie. Déjà ton esprit bouillant d’impatience

At Acme léviter caput reflectens,Et dulcis pueri ebries ocellesIllo purpureo 0re suaviata,Sic, inquit, mea vils, Septimille,Haie une domino usque serviamns,Ut multo mihi major acriorqueIgnis mollibus ardet in medullis.Hoc ut dixit, Amer, sinistram ut ante,Dextram sternuit approbationem.Nunc ab auspicio bene profecti ,Mutuis animis amant, smantur.Unam Septimius misellus AcmenMavolt, quam Syrias Britanuiasque;Une in Septimio fidelis AcnieFacit delicias, libidinesque.Quis ullos homines beatioresVidit? quis Venerem auspicatiorem?

CARMEN XLVl.

au sa lPSUM DE ADVENTU mais.

J am ver egelidos refert tepores,Jan] cœli luror æquinoclialis

Jucundis Zepbyri silescit auris.Linquanlur Phrygii, Catulle, campi,Nicææque ager ubcr æstuosæ.

Ad claras Asiæ vaincus urbes.

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CATULLE.brûle de s’élancer en liberté. Déjà tes pieds

s’apprêtent à commencer ce beau voyage. Adieudonc, mes amis; adieu, douce réunion ! Diverses

routes vont. ramener chacun de nous dans sesfoyers dont une longue distance le séparait.

XLVII.

A PORCIUS ET SOCRATION.

i Porcins et Socration, instruments des rapinesde Pison , fléaux qui poursuivez Memmiuscomme la famine et la peste, ce Priape circon-cis vous préfère donc à mon Verannius et àmon cher Fabullus? vous faites tous les joursde splendides repas , et mes amis vont de car-refours en carrefours quêtant un souper !

XLVIII.

A JUVENTIUS.

Ah! s’il m’était permis, J uventius, de baiser

tes yeux si doux , trois cent mille baisers nepourraient suffire à mon amour. Non; fussent-ils plus nombreux que les épis mûrs de la mois-son , ce serait encore trop peu de baisers.

Jam mens prtnlrepidans avet vagari,Jam læti studio pedes vigescunt.O dulces comitum valeta cœtus ,Longe quos Simul a domo protestesDiverse varia: Viæ reportant.

GABMEN XLVII.

se PORGlUM cr socnxnoann.

Porci et Socration, dus: sinistrœPisonis, arabisa famesque Memmi,Vos Versnniolo mec et FabulloVerpus prœposuit l’rispus ille?Vos’cenvîvia lsula sumptuose

De die lacilis; mai sodalesQuœrunt in triviis vocationes?

CARMEN XLVlll.

AD JUVENTIUM.

Mellitos coules tues, Juventi,Si quis me sinat usque basinre,Usque ad millia basiem trecenls,Nec unqunm satnrum inde cor futurnm est;Non si damier aridis aristisSil nanti-te sages oscillationis.

595

XLlX.

A a. T. cresson.

O toi! le plus éloquent des fils de Romulus,de tous ceux qui sont , qui furent et qui serontdans la suite des âges , Marcius Tullius , reçoisles actions de grâces de Catulle , le dernier despoètes , aussi humble parmi eux , que tu esgrand parmi les orateurs.

Il.

A LICINIUS.

Hier , Licinius et moi, dans un moment deloisir, nous nous sommes amusés, comme nousen étions convenus, àtracersur mes tablettes dejoyeux impromptus. Chacun de nous , s’escri-mant en vers badins, traitait tantôt un sujet, tan-tôt un autre, et payait son tribut, animé par levin et la joie. Je t’ai quitté, Licinius, si trans-porté de ton esprit et de ta gaîté, que, loin detoi, tous les mets semblaient fades à ton mal-heureux ami; le sommeil ne pouvait fermermes paupières; et, saisi d’une fureur que rienne pouvait calmer, je m’agitais dans mon lit,

CARMEN XLIX.

au n. T. ClCERONEM.

Disertissime Bomuli nepotumQuel. sent , quoique fuere, Marre ’l’ulli,

Quelque post aliis erunt in annis;Gratins tibi maximas CatullusAgit, pessimus omnium posta;Tante pessimus omnium pools ,Quanta tu optimus omnium patronna.

CARMIN L.

AD LlClNlUM.

llesterno, Lieini , die otiosiMultum lusimus in mais labellis ,Ut convenerst esse; délicates

Scribens versieulos uterque nestrùm ,Ludehnt numero mode hoc, mode ilion,Reddens motus per jecum ntqne vinant.Alque illinc nbii, lue leporelimeuses, Licini, facetiisqne,Ut nec me miserum cibus jevaret,Nec semnus tegeœt quinto ocelles ,Sed toto indomitus forera lentoVersnrer, eupieus videre lacent ,

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appelant de tous mes vœux le retour de lalumière, pour m’entretenir avec toi, et jouirencore du bonheur de te voir. Mais lorsqu’en-fin, épuisé de lassitude,je suis retombé presquemourant sur mon lit, j’ai composé ces verspour toi, tendre ami, afin de te faire connaîtrema douleur. Ne va pas, maintenant, lumièrede mon âme, dédaigner mes vœux , ou crainsque Némésis ne te punisse de ton orgueil.C’est une déesse redoutable; garde-toi de l’of-

fenser.

LI.

A LESBIE.

Il est l’égal d’un dieu, il est plus qu’un dieu,

s’il est donné aux mortels de surpasser lesdieux, celui qui, assis près de toi, t’entend , tevoit doucement lui sourire. Hélas, ce bonheurm’a ravi l’usage de mes sens.....

Sitôt que je te vois, ô ma Lesbie , j’oublietout; un feu subtil glisse dans mes veines; lesoreilles me tintent; mes yeux se couvrent d’unvoile épais.

L’oisiveté le sera funeste , ô Catulle! tu t’y

plais trop; elle a pour toi trop de charmes. Etcependant l’oisiveté, avant toi, a perdu les plus

Ut tecum loquerer, simulque ut essem.At defessa Iabore membra postquamSemimortua lectulo jacebant,Hue, joconde, tibi poema f8?! ,Ex que perspiceres meum dolorem.Nunc audax, cave, sis; pretesque nostras,Oratous, cave despuas, ocelle,Ne pœnas Némésis reposent a te;

Est vehemeus Des; lædere hanc cart-to.

CARMEN LI.

se LESBIAM.

"le mihi par esse Deo videlur,Ille, si les est, superare Divos,Qui scdens adversus itentideln te

Spectat et auditDolce ridentem, misero quad nomesEripit sensus mihi : nain simul le,Lesbie, adspexi , nihil est’super mi

Lingot: sed torpet : tennis sub arlusFlamma dimanat z sonitu suopteTintioant sures : gémina teguntur

Lamina nocte.Otinm, Catulle, tibi molestum est ;(Mie exsultss , nimiomque gestis ’,

p

CATULLE. tgrands rois et les empires les plus florissants.

LU.

son s-rnuua cr VATINIUS.

Que tardesotu de mourir, Catulle? NoniusStruma est assis sur la chaise curule; Vatiniusa prêté pour le fausser le serment des consulsQue tardes-tu de mourir , Catulle?

LIll.D’un QUIDAM n’r ne. camus.

J’ai bien ri l’autre jour, dans une assemblée,

où mon ami Calvus dévoilait avec une merveil-leuse éloquence les crimes de Vatinius, d’en-tendre je ne sais quel auditeur s’écrier, avecadmiration et les mains au ciel: Grands dieux!quel éloquent petit bout d’homme!

LIV.A CÉSAR.

U rustre de César, je voudrais que toi et Faf-fitius , ce vieux retors , vous eussiez de la répu-gnance , sinon pour leurs personnes tout en-.tières , du moins pour la vilaine tète d’Othon,pour les cuisses mal lavées de Vettius , pour les

Otiom et rages prius, et béatesPerdidit orbes.

CARMEN LII.

au sa 195mo DE STRUMA ET vas-une.

Quid est, Catulle, quid moraris émeri? ,Sella in curuli Struma Nonius sedet;Par consolatum pejerat Vatinius.Quid est, Catulle, quid moraris emori ?

CABMEN Lili.

un encens m cuve.Bisi nescio quem mode in corons,Qui , quum mirifice VatinianaMeus crimina Calvus explicasset,Admirans ail hæc, mannsque tollens zDii magni, salaputium disertuml

CARMEN LIV.

au CÆSAREM.

Othonis capot oppido pusillum ,Velti, rustine, semilauta crura,Subtile et leve peditom Libertin ,Si non omnia, displicere vellexn

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CATULLE.

vents indiscrets de Libon. Friche-toi encorecontre mes vers, capitaine phénix : n’ont-ilspas bien raison.

LV.

A CAMÉRIUS.

Dis-moi, de grâce, mon cher Camérinus,si ma demande ne le fâche pas, où le caches-tu?Je t’ai cherché partout, au Champ-de-Mars,au Cirque, dans les tavernes, dansle temple dugrand Jupiter, sous les galeries du cirque dePompée. J’arrêtais au passage toutes les joliesfilles; et pas une n’a changé de visage lorsqueje lui demandais : Qu’as-tu fait de mon cherCamérinus, friponne? Une d’elles, cependant,découvrant son sein; Tiens, me dit-elle, il estla, au milieu de cette gorge de roses.

Enfin, découvrir ta retraite, ciest un destravaux d’Hercule. Pourquoi donc, mon ami,mettre tant de gloire à te cacher. De grâce,dis-nous où il faut te chercher désormais;allons, ose le confier à ton ami : parais en-fin à la lumière. Est-il vrai que tu te cachesdans un sein d’albâtre? Si ta langue reste ainsifixée à ton palais , tu perds tout le fruit de tesamours; car Vénus aime les indiscrétions. Ou

Tibi , et Ful’fitio seni recoclo.

lrascere iterum meis iamliislmdlerenlibus, unice Imperator.

CARMEN LV.

an CAMEMUM.

Orainus, si [orle non molestum est,Demonslres ubi sint tua: tenebræ.Te quæsivimus in minore Campo,Te in circo, le in omnibus libellis ,Te in templo superi Jovis sacralo,ln Magni simul ambulations;Femellas omnes, amies, prendi ,Quas vultu vidi tamen sereno;Hns vel le sic ipse flagitabam :(Samarium mihi, pessimm puellæ.Quœdam inquit, nudmn sinum reduxrcns ,En bic in roseis laie! papillis.Sed le jam ferre Herculei labos est.Tnnlo le in fastu negas, (unice.Dic nuisis, uhi sis futurus : ode,Audncler commitle, crede luci.N uni le incisois: tenenl puante?Si Iinguam clauso tunes in 0re,Fruclus projicieu amoris amines;Verbosa gauchi Venus loquela.Vel, si vis, lice! obseies palatum,

395

bien , si tu ne veux pas ouvrir la bouche , per-mets-moi d’être le confident de vos amours.

Non, quand j’aurais le corps de bronze dugéant Talus, le vol rapide de. Pégase, la vitessede Ladas, les pieds ailés de Persée, la légèreté

des blancs chevaux de Rhésus; quand tu attel-lerais à mon char tous les habitants des airs;quand je serais même emporté par l’aile desvents, bientôt, mon ami, épuisé de fatigues,je tomberais accablé à force de le chercher.

LV1.

A CATON.

U l’amusante et délicieuse chose , Caton ;digne de tes oreilles et de ton rire! Ris autantque tu m’aimes , Caton : llaventure est par tropdrôle et plaisante. J’ai surpris tout à l’heure un

morveux qui besognait une jeune fille. Je l’aipuni comme le veut Vénus, avec ma verge enguise de trait.

LV1].

CONTRE MAMURRA ET CÉSAR.

Ces deux misérables débauchés de Mamurraet de César sont fort bien ensemble. Quoi d’é-

Dum vostri sim parliceps amoris.Non custos si linger ille Grelum ,Non si Pegaseo leur volatu ,Non Ladas si ego, pennipesve Forum,Non Rhesi niveæ citæque bigæ,Adde bue pluniipedes volatilesque. ,Ventorumque simul require cursum ,Quos junclos, Cameri, mihi dicares;Dolessus tamen omnibus medullis ,Et multi: languoribus peresusEsscm, te, mi amice, quærilandn.

CARMEN LV1.

AD CATONBM.

0 rem ridiculam , Cale, et jooosam,Dignamqne nuribus, et Quo œchinno.Bide, quidquid amas, Calo, Catullum;lies est ridicule et nimis juron.Deprendi modo pupulum puollœTrusantem. Hum: ego, sic placet Diona,Pro tel0 rigide mon ceddi.

CARMEN LV1].

A!) nummum ET CÆSARIM.

l’uiclirc rouvroit iinprubis einœdil

Malnurrœ jrnlllicoquc, Cæslrique.

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tonnant? ils se sont, l’un à Rome, l’autre àFormies, maculés des mêmes souillures indélé-

biles. Tous deux sont gangrenés; tous deuxjumeaux d’ordures, couchant dans le mêmelit, et formes à la même école. L’infamie du

second est au niveau de celle du premier; ilssont les rivaux des femmes qu’ils supplantentCes deux misérables débauchés sont fort bien

ensemble.

LVlll.A camus son LESBIE.

Célius, ma Lesbie, cette Lesbie adorée, cette

Lesbie que Catulle aimait plus que lui-même,plus que tous ses amis , cette Lesbie, mainte-nant vile prostituée , masturbe au coin des rueset des carrefours les magnanimes descendantsde Remus.

LlX.

SUR RUFA ET RUFULUS.

Rufulus a pour instrument de ses sales plai-sirs Rufa de Bologne, Rufa l’épouse de Méné-

nius, celle que vous avez vue souvent prendre sanourriture aux bûchers des morts , et chercher

Nec mirum : macula: pares utrisque,Urbana altéra, et illa formiana,lmpressæ resident, nec eluentur.Morbosi pariter, gemelli utrique;lino in lectulo, erudituli umbo;Non hic, quam ille, magis vera: aduller,nivales socii puellularum.Pulchre conveuit improbis ciuædis.

CARMEN LVlll.

AD CŒLIUM DE LESBIA.

lei , Lesbia nostra , Lesbia illa,"la Lesbia, quam Catullus unamPlus quam se, atque suos amavit omnes,Nunc in quadriviis et angiporlis ,Glubit magnanimes Rémi népotes.

GAIEMEN LlX.

DE RUFA ET RUFULO.

Bonouiensis Rufa Bufulum fellat,Uxor Menent, sæpe quam in sepulcrelisVidistis ipso rapere de rogo cœnam ,Qunm devolutum ex igne prosequens pancmA!) lettliraso tunderctur ustore.

CATULLE.le pain qui en tombe, malgré les coups de l’eu-clave à tète rasée, chargé de brûler-les corps.

LX.

Estoce une lionne des monts de la Libye, ouScylla transformée en chienne et hurlant, quit’a mis au monde si dur et si cruel, que tu asété sourd à mes supplications dans mon derniermalheur? 0 cœur d’airain!

LXl.

noces DE JULlE ET ne nummus.

Habitant de la colline d’llélicon, fils d’Uranie.

toi qui livres la tendre vierge à l’époux , dieud’hyménée,ô Hymen; ô Hymen, dieu d’hymé-

née!

Couronne ton front des fleurs de la marjo-laine odorante. Prends ton voile; et ceignantd’un brodequin jaune tes pieds blancs commeneige, viens joyeux parmi nous.

Animé par la joie de cette journée, chantede ta voix argentine l’hymne nuptial, frappantla terre de tes pieds , agitant dans la main tonflambleau résineux.

CARMEN LX.

N um le leæna montibus Libystinis,Aut Scylla lalrans infima inguinutn parle,Tain mente dura procreavil ac letra ,Ut suppliois vocem in novissimo casuContemptam haberes ? 0 nimis fera corde!

CARRIEN LXI.

IN NUPTIAS JULIÆ ET MANLIL

Collis et HeliconeiCultor, Uraniæ genus ,Qui rapis teneram ad virumVirginem , o Hymenæe llymen ,Hymeno Hymenæe;

(linge tempera floribusSuaveolentis amamci.Flammeum cape z hotus bue,lluc rani, niveo gerensLuteum pede soccum ;

Excitusque hilari die ,Nuptialia concinensVoce carmina tinnuia ,Pelle humum pedibus, nua:

Pineam quale (miam. 45

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CATULLIL.Pareille à la déesse d’Idalie, Vénus, lors-

qu’elle se présenta devant le juge phrygien,Julie s’unit à Manlius , et les plus heureux aus-pices sourient à la vertu.

Tel brille sur les bords de l’Asie le myrteaux ramaux fleuris, délices des Hamadryades,qui l’abreuvent d’une limpide rosée.

Porte donc ici tes pas; hâte-toi de quitter lerocher de Thespies et les grottes aoniennesque la source Aganippe rafraîchit de son ondeépanchée.

Conduis dans cette demeure la maîtressequ’elle attend ; enchaîne à l’amour de son jeune

époux son âme passionnée, comme le lierrefidèle étreint de ses mille replis l’arbre qu’il

embrasse.Et vous, vierges chastes, pour qui luira bien-

tôt un pareil jour, chantez aussi, chantez enchœur : Dieu d’hyménée, ô Hymen ; ô Hymen,dieu d’hyménée!

Afin qu’appelé par vos chants à remplir son

doux ministère, il vienne plus volontiers, luiqu’aecompagne Vénus pudique, lui qui formeles nœuds des pudiques amours.

Namqne Julia Manlio,Qualis ldalium coleusVenit ad Phrygium VenusJ udiccm, bons cum bunaNubit alite virgo;

Floridis valut enitensMyrtus Asia ramulis,Quos Hamadryades DateLudicrum sihi rescidoNutriunt humore.

Quam age, bue aditum feronsPerge linquere Thespiœllupis Aonios specus,Lympba quos super inrigatFrigerans Agnnippe :

Ac domum dominant vota,Conjugis cupidum noviMentem amoro revinciens ,Ut tenu: bedern [me et hueArborem implicat errons.

Vos item simul intcgrmVirgiues, quibus adrenitPar dies, agite, in modumDicits: 0 Hymenæe Hymen,llymen o Hymcnœe;

Ut lubentius, nudicnsSe citerier ad suamMunus , bue Idilum ferait"un bonni Veneris, boniConjugntor amoris.

597

Eh! quel dieu plus propice peuvent invoquerles amants? que] habitant des cieux est plusdigne de l’hommage des mortels? Dieu d’hy-menée, ô Hymen ; ô Hymen, dieu d’hyménée!

Le père tremblant t’invoque pour les siens ;pour toi la jeune fille dénoue sa ceinture; etl’époux inquiet recueille d’une oreille avide tes

chants joyeux.C’est toi qui livres aux mains de l’amant

fougueux la vierge florissante , ravie au sein desa mère, dieu d’hyménée, ô Hymen; ô Hymen,dieu d’hyménée.

Sans toi, Vénus ne peut goûter des joies quel’honneur avoue; mais elle le peut sous tes aus-pices. Qui oserait se comparer à un tel dieu?

Sans toi, nulle maison ne connaîtrait de pos-térité, le père ne renaîtrait point dans sa race:

il y renaît sous tes auspices. Qui oserait se com-parer à un tel dieu ?

Privée de tes mystères sacrés , un pays nepourrait donner des défenseurs à ses frontières:il le peut sous tes auspices. Qui oserait se com-parer à un tel dieu?

Ouvrez les portes de cette demeure : la vierge

Quis Deus magis ab mugisEst petendus amantibus?Quem celant homiurs magisCœlitum ? 0 Hymenœc Hymeu ,Hymen o Hymenæe.

Te suis trémulas porcins

lnvocat: tibi virginesZonula soluunt sinus;Te timens cupidn novusCaptat aure maritus.

Tu ferojuveui in menusFloridam ipse puellulumMatris a gremio sua)Dedis, o Hymenœe llymen ,Hymen o llymenœc.

Nil potest sine te Venus.Fuma quod bons comprobet ,Commodi capere : et potest ,Te volonté. Quis buic Deo

Compararier ausit?Nulln quit sine le dentus

Liberos dure, nec parensStirpu jungier : ut potestTe volente. Quis buis DuoCompararier ausit?

Quin luis curent sacris ,Non quent dare præsidcsTerra finibus : et quent ,Te volante. Quis huis Deo

Compararirr nusit? 15

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s’avance. Voyez comme les flambeaux agitentleur ardente chevelure. Ne tarde plus, le jourfuît , parais, a jeune épouse.

La pudeur ingénue retarde ses pas. et pour-tant, déjà plus obéissante, elle pleure, car il faut

venir. Ne tarde plus, le jour fuit, parais, ôjeune épouse!

Sèche tes pleurs. Ne crains point, fille d’Au-runculus, que jamais plus belle épouse ait vu,le lendemain, le jour brillant se lever du seindes ondes.

’l’el dans le jardin riant d’un maître opulent

s’élève l’hyacinthe fleuri. Ne tarde plus, lejour

fuit, parais, ô jeune épouse!Parais, jeune épouse, si tu l’oses enfin, et

écoute nos accents. Vois, les flambeaux agitentleur chevelure dorée. Parais , jeune épouse.

Jamais ton époux volage, livré à des feuxadultères, pour chercher de honteux plaisirs,ne s’éloignera de ton sein gracieux.

Pareil à la vigne flexible qui s’enlace auxarbres voisins, tu le tiendras enchaîné par

Claustra pandite jannæ ,Virgo adest. Viden’, ut faces

Splendidas quatiunt contas?Sed moraris, abit dies;Prodeas , nova nupta.

Tardat ingenuus pudor,Quæ tamen mugis audiensFlet , quod ire necesse sil.Sed moraris , obit dies;Prodeas, nova nupta.

Flere desine. Non tibi ,Aurunculeia , periculum est,Ne qua fœmina pulcbriorClarum ab Océane diem

Viderit venientem.Talis in vario solet

Divitis domini bortuloStars flos hyacinlhinus.Sed moraris; abit dies:Prodeas , nova nupta.

Prodess , nova nupta , sis :Jam videtur, et audiasNostra verba. Viden’? faces

Aureas quatiunt comas.Prodeas , nova nupta.

Non tuus levis in malaDeditus vir adultéra ,

Probra turpia persequens,A tuis teneris voletSeeubare papillis;

Lente qui velut assitasVitis implirat arbores ,Implicahilur in tuum

CATULl.F..les embrassements. Mais le jour fait , parais ,ô jeune épouse!

Couche aux pieds d’ivoire, que de voluptéstu prépares à ton maître, que de joies pour lesnuits , que de joies pour les jours! Mais le jourfuit, parais, ô jeune épouse!

Enfants, élevez vos flambeaux; j’aperçois un

voile qui s’avance. Allez, répétez en mesure zO llymen , ô hyménée; ô Hymen , ô hyménée!

Que les chants fescennins ne tardent pointa faire entendre leurs accents hardis; et quel’esclave favori, désormais condamné au mépris

de son maître, ne refuse point les noix auxenfants.

Jette des noix aux enfants, giton inutile;assez longtemps tu as joué avec les noix ;maintenant il te faut servir ’l’halassius. Esclave,

jette des noix aux enfants.Hier, ce matin encore, tes joues s’ombra-

geaient d’un duvet naissant; maintenant lebarbier va raser ton visage. Malheureux , mal-heureux esclave, jetle des noix aux enfants.

Complexum. Sed abit dies;Prodeas , nova nupta.

O cubile, quot (o nimisCandide pede lecti)

Quæ tuo veniunt héro,

Quanta gaudia, quæ vagaNocte, que: media dieGaudeat. Sed abit dies;Prodeas , nova nupta.

rl’oliite, o pueri, lares ;

Flammeum vidéo venire.

lie, concinite in modum:ln Hymen Hymenæe io,Io Hymen Hymenæe.

Neu diu taceat proraxFescennina locutio ,Neu noces pueris negetDésertum domini audiens

Concubinus amorem.Da nuces pueris , iners

Concubine. Salis diuLusisti nucibus. LubctJam servire Thalassio.Concubinenuces da.

Sordebsnt tibi villnliConcubine, hodie atque beri, ’

Nunc tuum cincrariusTondet os. Miser, ab miser

Concubine, nuces da. .;.7

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CATULLE.Et toi , époux parfumé , on dit que tu re-

nonces à regret à tes mignons imberbes; maisil fauty renoncer. O Hymen, hyménée; ôHy-men , hyménée!

Tu n’as jamais connu, nous le savons, queles plaisirs permis : mais ces plaisirs un épouxne doit plus les goûter. O Hymen, ô hyménée;ô Hymen , ô hyménée !

Et toi, jeune épouse, les faveurs que tonépoux te demandera , garde-toi de les refuser,de peur qu’il n’aille les demander à quelque au-tre. OHymen, ôhyménée; ô Hymen, hyménée.

Voici que devant toi s’ouvre la demeure puis-saute et fortunée de ton époux; permets qu’ils’y dévoue à te servir, ô Hymen , ô hyménée;

ô Hymen, hyménée!

Jusqu’au jour où viendra la vieillesse à latête tremblante, aux cheveux blanchis, pournous enlever à tous tous nos biens. 0 Hymen,hyménée ; ô Hymen , hyménée !

Que tes pieds gracieux franchissent sous desauspices fortunés le seuil et la porte brillante(le cette demeure. O Hymen, ô hyménée; ôHymen, hyménée!

Diceris male le a tuisUngueniate glabris mariteAbstinere z Sed abstine.Io Hymen Hymenæe io,Io Hymen Hymenæe.

Scimus hæc tibi, quæ Iicenl ,Sola cognita : sed mariloIsta non eadem litent.Io Hymen Hymenæe in ,Io Hymen Hymenœe.

Nupta tu quoque, quæ tousVir pélot, cave ne neges ;

Ne petitum aliunde ont.Io Hymen Ilymenæe io,Io Hymen llymenme.

En tibi domus utpoteus,Et becta viri lui,Quo tibi sine serviat,( Io Hymen Hymenœe io,Io Hymen IIymenœe.)

Unque dum Iremulum movcllsCana tempus militasOmnin omnibus aunoit.Io Hymen Iiymenœe io,Io Hymen flymenœe.

Tronafer omine cum IIOIIOLiman auréoles pédés ,

Bunlemque subi Iorem.Io Hymen Hymenæe in,Io Hymen Iymcnœe.

Adupice, intus ut acculions

599

Vois: dans la chambre nuptiale, ton épouxpenché sur le lit de pourpre, aspire à t’inonderde caresses. O Hymen , ô hyménée; ô Hymen,hyménée!

Sa poitrine brûle comme la tienne; mais uneflamme plus pénétrante le dévore. O Hymen ,Ô hyménée; ô Hymen, hyménée!

Jeune guide de l’épousée, quitte son brasarrondi : qu’elle s’approche du lit de sonl’époux. O Hymen , ô hyménée; ô Hymen, hy-menée!

Et vous, chastes matrones , que les vieil-lards connaissent et respectent , placez la jeuneépouse dans la couche nuptiale. O Hymen, ôhyménée; ô Hymen, hyménée!

Maintenant, tu peux venir, heureux époux;ton épouse est dans ta couche; son visage brillecomme une fleur; elle est pareille à la blanchepariétaire ou au pavot éclatant.

Mais toi-même (les dieux m’en sont témoins),

tu n’es pas moins gracieux, et Vénus ne t’apoint oublié; mais le jour fuit; hâte-toi, netarde point.

Tu n’as pas tardé longtemps : te voici. Que

Vir tuus Tyrio in taro,Talus immineat tibi.Io Hymen Il ymenœe io,lo Hymen Hymenæe.

llli, non minus ac tibi ,Pectore urilur intimoFlamme , sed penne magie.Io Hymen Hymenme i0Io Hymen Hymenæe.

Mitte brachiolum tercs ,Prælexlale , pucllulœ ;

Juin cubile adeat VITI-Io Hymen llymenœe io,Io Hymen Hymenæe.

Vos boum seuihus virisCognilœ bene fœmiuœ ,

Collocale puellulam.Io Hymen IIymenœe io,Io Hymen Ilymeuœe.

Je") licet venins, marile;Uxor in lhalamo est tibi0re floridulo nidens;Alba parthenico valut,Lulcumve papaver.

Al marile (ila mejuvcnlCœliles) nihilominus ,Pulcher on , neque le VenusNogligil. Sed obit (lies;Page, ne remorare.

Non diu remoulus es.

Jan] renia. Bonn le Venu! l9,

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400

Vénus te soit propice! car aujourd’hui tu goûtes

un bonheur sans mystère; tu n’as point àcacher un légitime amour.

Qu’il compte plutôt les sables de la mer«I ’Erythrée, ou le nombre des astres qui brillent

au ciel, celui qui voudrait compter toutes voscaresses.

Livrez-vous sans contrainte à ces jeux, etque bientôt des fils naissent de vos amours:une si noble race ne doit point rester sanspostérité; il faut que d’elle-même sans cesse

elle se renouvelle.Je veux qu’un jeune Torquatus, du sein de

sa mère, tendant vers son père ses faibles mains,lui sourie doucement de sa lèvre à demi close.

Qu’il soit semblable à son père Manlius, etque, soudain . reconnu par les étrangers eux-niêmes, il rende pas ses traits témoignage dela chasteté de sa mère.

Que les vertus de sa mère fassent rejaillirsur lui la même gloire que l’illustre Pénélopeassure encore aujourd’hui à Télémaque son

fils.Fermez les portes, jeunes filles; nos chants

doivent cesser. Et vous , nobles époux , vivezheureux, et que votre jeunesse robuste se

Juverit: quoniam palan!Quod cupis, capis, et. bonumNon abscondis aunerem.

Ille pulvis Erythrei,Siderumque micanliumSubducat numerum prius,Qui vostri numerare volt.Multa millia Iudi.

Ludite, utlubet, et hreviLiberos date. Non decetTam velus sine liberisNomen esse : sed indidemSemper ingenerari.

Torquatus, vole, parvnlnsMatris e gremio suasPorrigens teneras manus .Dulce rideat ad patrem,Semihianle IuheIIO.

Sil suc similis patriMoulin, et facile insciisNosciletur ab omnibus,Et pudicitiam sua:Matris indicet 0re.

’I’alis illius a buna

Matre laus genus approhel,Qualis unies ab optimalustre Telemaeho manet

CATULLE.livre sans relâche aux doux ébats de Vénus.

LXII.

CHANT NUI’TIAL,

anones nes JEUNES cens.Voici Vesper, jeunes gens, levez-vous : Ves-

per allume enfin dans les cieux son flambeaulongtemps désiré. Il est temps de se lever,d’abandonner les tables somptueuses. L’épouse

va venir; bientôt vont retentir les chants d’hy-ménée. Hymen, ô hyménée; viens Hymen, ôhyménée.

anones DES JEUNES nues.Voyez-vous, ô vierges mes compagnes, ces

jeunes gens? Levez-vous pour lutter contreeux; car déjà l’étoile du soir paraît au-dessus

de l’OEta.... Voyez-vous comme ils se sontpromptement élancés? Ce n’était point sans

dessein : ils vont chanter, et leurs chants se-ront dignes de la victoire. Hymen , ô hyménée;viens, Hymen , ô hyménée.

l JEUNES GENS.Amis, la victoire n’est pas facile z voyez com-

me ces jeunes filles ont longtemps médité leurs

Fuma Ponelopeo.Clandite ostia, virgines;

Lusimus satis. At, boniConjnges, bene vivile, etMunere assidue valentemExereete juventam.

CARMEN LXII.

CARMEN NUPTIALE.

JUVENES.Vusper adcst, Juvenes, consurgite : vesper OlympeEnpeetata diu vix tandem lumina Iollit.Surgere jam tempos, jam pingues linquerc menses;Jam véniel. virgo, jam dicetur Hymenæus.Hymen o Hymenæe, Hymen ades o Hymenæe.

PUELLÆ.

Cernitis, innuptæ, juvenes T consurgile contra ,, Nimirum OEtæos ostendit Noctii’er ignés.

Sic cerle, vidén’ ut perniciter exsiluere?

Non tomere exsiluere : canentquod vineere par est.Hymen o Hymenæe, Hymen odes o Hymenæe.

JUVENES.Non Iacilis nobis, taquoirs, palma parais est;

Adspieite, innuplæ secum ut medilata requit-nm. 42

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CA’l’ ULLE.

accords. Elles ne méditaient point en vain :leurs chants seront dignes d’être entendus.Doit-on s’en étonner? N’est-ce pas ce qui rem-

plit leur âme tout entière? Nous, nous avonspartagé entre des objets divers notre âme etnos oreilles. Nous méritons notre défaite : lavictoire aime les efforts. Que maintenant dumoins vos esprits se recueillent pour le com-bat. Bientôt elles vont chanter, bientôt il nousfaudra leur répondre. Hymen, ôhyménée;viens, Hymen , ô hyménée.

LES JEUNES FILLES.

Vesper, est-il au ciel un astre plus cruel quetoi? tu ravis une fille aux embrassements desa mère, de sa mère qu’elle retient vainementdans ses étreintes, et tu livres la chaste vierge al’amant impétueux. Quelle violence plus cruellecommettrait l’ennemi dans une ville forcée?Hymen,ô hyménée, viens, Hymen, ô hyménée.

LES JEUNES sans.

Vesper, est-il au ciel un astre plus ravissantque toi? tu sanctionnes par ta clarté l’alliancejurée , et d’avance arrêtée entre les parents etl’époux, mais qui se consomme seulement quand

a brillé ton flambeau. Quel bienfait des dieuxest plus doux que l’heure fortunée de ton retour?Hymen, ôhyme’née; viens, Il ymen, ô hyménée.

LES JEUNES FILLES.

Vesper, amis, nous a enlevé une de nos

eampagnes............Non frustra meditantur : habent memorabile quod sit.’Nec mirum z tota peuitus quæ mente laborent.

Nos allo mentes, allo divisimus sures..lureigitur vincemur. Amat victoria curam.Qunre nunc animos saltein committite vestros;Dicerejam incipient, jam respondere decehit,Hymen o Hyinenæe, Hymen ades o Hymenæe.

PUELLÆ.Ilespere, qui cœlo fertur crudelior ignis?

Qui natam possis complexu avellere malris,Complexn malris retinsntem avellere natam,Et juveni nrdenti caslaln donare puellam?Quid l’acient hostes capta crudelius urbe T

Hymen o Hymenme, Hymen ades o Hymenæe.

JUVENES.Ilespere, qui cœlo lucet jucnndior ignis?

Qui desponsa tua firmes connubia flamma ,Quod pepigere viri, pepigerunt ante parentes,Net: junxere prius quam se tuus extulit ardor;Quid datur a divis Ielici optatius liera iHymen o Hymenœe, Hymen ades o Hymennr.

PUELLÆ.IIesperua e nabis, æquales, abstulit unaui.

a....-a!...-oo

40!

A ton lever, toujours la garde veille. La nuitprotégé les voleurs; mais souvent à ton retourtu les décèles, quand tu reparais changeant denom.

LES JEUNES sans.

Laisse, Vesper, ces jeunes filles feindre con-tre toi un courroux mensonger. lit quoi! sil’objet de leur courroux était aussi l’objet des

vœux qu’elles prononcent plus bas! Hymen, ôhyménée; viens, Hymen, ô hyménée.

LES JEUNES FILLES.

Comme une fleur mystérieuse, dans l’en-ceinte d’un jardin, croît ignorée des troupeaux;

respectée du soc meurtrier, les zéphyrs la ca-ressent, le soleil affermit sa tige, la rosée lanourrit; tous les jeunes gens, toutes les jeunesfilles la désirent; puis, quand l’ongle tran-chant qui la sépara de sa tige l’a flétrie, lesjeunes gens, les jeunes filles ne la désirentplus: ainsi la vierge, tant qu’elle reste étran-gère à l’hymen, est chère à tous les siens. Mais

a-t-elle, souillant ses charmes, perdu la fleurde sa virginité, elle n’est plus ni aimée desjeunes gens, ni chérie desjeunes tilles. Hymen,ô hyménée; viens, Hymen, ô hyménée.

LES JEUNES sans.

Comme dans un champ sans culture croitune vigne solitaire, jamais elle ne s’élève, ellene se pare jamais de grappes délicieuses; mais,pliant sous le poids qui l’affaisse , son cep lan-

Namque luo adventu vigilat custodia semper.Nocte latent fores, quos idem sæpe revertens,Hespere, mutato comprendis nomine eosdem.

JUVENES.

Utluhet inuuptis ficto le cnrpere queslu.Quid tutu si carpunt, tacite quem mente requirunt’IHymen o Hymenœe , Hymen ades o Ilymenree.

PUELLÆ.

Ut flos in septis secretus nescitur hortis,Ignotus pecori , nullo contusus aratro ,Quam mnlcent auræ, firmat sol , edueat imber;Multi illum pueri , multæ optavere puellœ;Idem quum tenui carptus défloroit ungui,Nulli illum pueri , nullæ optavere paellas;Sic virgo dum intacte manet, dom cars suis est.Qunm castum amisit polluto corpore florem ,Nec puerisjucunda manet, nec cars pueIIis.Hymen o Hymeuæe, Hymen ados o Hymenæe.

JUVENES.Ut vidua in nudo vitis quin nalcitur arvo,

Nunquam se extollit , nunquam mitent edurat uvam tSed tenerum proue deflectena pandore corpus ,Jamjam contingit summum redise flagellum;

"26

:50

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402

guit; elle louche sa racine de l’extrémité de

ses rameaux; ni le laboureur, ni les taureauxne s’en soucient. Mais s’unit-elle à l’ormeau

tutélaire , les taureaux et les laboureurs la cul-tivent a l’envi. Ainsi la jeune tille, tant qu’ellereste étangère à l’amour, languit abandonnée;

et lorsque, mûre pour l’hymen, elle forme lesnœuds d’une heureuse alliance, adorée de sonépoux,elle n’en estque plus aimée de son père.

Et toi, jeune vierge , ne résiste point auxvœux d’un tel époux. ’l’u ne peux résister à

celui qui t’a reçue des mains d’un père, d’un

père et d’une mère à qui tu dois l’obéissance.

Ta virginité ne t’appartient pas tout entière;

tes parents aussi la réclament; une part enest a ton père, une autre à ta mère, une der-nière seulement à toi-môme. Ne résiste pointau double vœu de ceux qui ont transmis a leurgendre leurs droits avec ta dot. Hymen, ô hy-ménée; viens, Hymen, ô hyménée.

LXIII.

ATYS.

Franchissant les mers profondes sur un es-quif rapide, Atys, toucha d’un pied impatientla forêt Phrygienne, et pénétra sous l’ombrage

épais qui couronne dans ces bois l’asile de ladéesse. La, en proie aux transports d’une rageinsensée, l’esprit égaré, il accomplit à l’aide

llano nulli agricolm , nulli aucolnere jnvenri;At si forte codent est ulmo conjunrta marito,Nulli iliam agricolæ , multi accoluere jurent-i;Sic virgo , dum intacte manet, dutn inculte sencsrit,Qunm par connubium mature teinpore adepla est,Gara viro magis, et minus est invisa parenli.

Attu ne pugna cum tali conjuge , virgo.Non requum est pugnare , pater quoi tradidit ipse,Ipse pater cum maire, quibus parere necessr est :Virginitas non tota tua est ; ex parte parcnlum est;Tertia pars patri data , pars data tertio inalri ;Tertio solo tua est: noli pngnnre ducbus ,Qui genero sua jura simul cum dote dedernnt.Hymen o Ilymcnæe , Ilymen odes o Ilymentee.

GARDIEN LXIII.

DE A’l’ï.

Super alla vertus Atys céleri rate maria,Phryginm nemns ritale cupide pedetetigit,Adiitque opacasilvis redimita lova Deæ;Stimulatus ubi fureuli rabie , ragua animi ,

(JAT U l. I. li.

d’un caillou une affreuse mutilation. Dès qu’il

se vit dépouillé, et que le sang de sa blessureeut déjà rougi la terre, il saisit tout à coup deses blanches mainswle léger tambour, le tam-bour et la trompette, symboles dotes mvstèrcs,ô Cybèle , et faisant retentir sous ses doigts dé-licats la dépouille sonore du taureau trent-blant, il s’adrCSsa en ces termes a ses compa-gnons :

a I’Iàtez-vous, Corybantes, venez et fran-chissons les sommets des forêts de vaèle;Venez, troupeaux vagabonds de la déessé Dyn-alynnëne, vous qui, cherchant comme des exilésune région étrangère, suivant mon exemple,et, marchant sous ma conduite, avez affrontéavec moi les ondes bouillonnantes etlcs fu-reurs de la mer, et vous êtes dépouillés devétre virilité, en haine de Vénus. Égayez vos

esprits par des courses rapides. Point de re-tard; venez, suivez-moi dans la demeure deCybèle, dans les bois Phrygiens, asiles dela déesse, où résonne la voix des Cymbales,oit retentissent les tambours, on le Phrygienfait entendre les graves accords de sa flûterecourbée, où les Ménades en fureur agitentleurs têtes couronnées de lierre, où elles cé-lèbrent avec des hurlements les cérémoniessaintes, ou voltige le cortège errant de ladéesse, où nous devons nous hâter d’aller pour

nous joindre à leurs danses rapides. DA peine Atys, prêtresse nouvelle, a-t-il

Devolvit illa acuta sihi pondera silice.Itaqne ut relicta sensit sihi membra sine vire ;Et jam raconte terra: sola sanguine maculons,Niveis cilata cepit manihus love tympanum;Tympanum , tubam, Cybelle, tua , mater, initia;Qualicnsqnelerga tauri teneris cava digitis ,Cancre bæc suis adorta est tremebunda comitihns :u Agile, ile ad alla , Gallæ , Cybeles ncmora simul ;Simul ite, Dindymenæ dominæ vaga pérora ,Aliena quæ petentes, velut exsules , loea ,Sociaux meam exsecutæ, duce me , mihi comitesliapidum salut" tulistis, truculentaque pelagi,Et corpus evirastis Veneris nimio odio.Ililarate hem: citatis errorihus animum.Nora tarda mente cedat : simul ile, sequiminiPhrygiam ad domum Cybelles, Phrygia ad nomma En»,Ubi cymbalum sonat vox, uhi tympans reboant .Tibicen ubi canit I’hryx curvo grave calame ,Ubi rapita Mœnades vijaciunt bedon-igame ,Ubi sacra sancta acutis ululatihus agitant,Ubi suevit illa Divm 70litare vagit cohors,Quo nos decet citatis calcrare tripudiis. a

Simul hæc comitihus Atys cecinit notha "tuiler, 27

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GATULLE.ainsi parlé à ses compagnons, que soudain ’leur bouche furieuse éclate en hurlements; letambour mugit, les Cymbales sonores retentis-sent: le chœur rapide s’élanceà pas pressés vers

les sommets verdoyants de l’lda. Furieux, hale-tant, égaré, éperdu, Atys, le tambour en main,

guide le chœur à travers les bois épais,commela génisse indomptée qui fuit le poids du jeun.Les Corybantes s’élancent à sa suite. Et desqu’ils ont touché le seuil de la déesse, succom-

bantsous leurs efforts, ils se livrent au sommeilsans goûter de nourriture; leurs paupières lan-guissantes s’abaissent appesanties par la fati-gue; et leur rage s’éteint, vaincue par les dou-

ceurs du repos.Mais des que le soleil à la face dorée eut

éclairé de ses rayons étincelants l’air azuré, le

sol endurci, la mer orageuse, et chassé devantles pas retentissants de ses coursiers vigou-reux les ombres de la nuit, le sommeil s’é-loigne d’Atys, et s’enfuit; d’un vol rapide; la

déesse Pasithée le reçoit palpitant. dans sonsein. Au sortir de ce repos voluptueux, Atys,revenu de ses aveugles transports, rappelledans sa pensée ce qu’il a fait ; il voit claire-ment ce qu’il a perdu et les lieux où il setrouve, et le cœur gonflé d’amertumes, il re-tourne vers le rivage. Là , contemplant de sesyeux baignés de pleurs la mer immense, iladresse tristement à sa patrie ces douloureusesparoles :

Thiasus repente linguis trepidantibus ululat,Leva tympanum remugit , cava cymbala recrepant.Viridem citus adit ldam properante pede chorus.Furibunda simul, anhelans, vaga vadit, animi egens,Comitata tympano Atys, per opaca nemora dux ,Veluti juvenea vitans onus indomita jugi.Rapidœ ducem sequunturIGallæ pede propero.ltaque, ut domum Cybelles tetigere, lassulæNimio e labore somnum capiunt sine Cerere.Piger bis labuntes languore oculos snpor opcrit.Abit in quiete molli rabidus furore animi.Sed ubi oris aurei Sol radiantibus oculisLustrnvit œthera album, sole dura, mare. l’erum ,l’ppulitque noctis umbrus vegetis sonipedibus;

lbi Somnus excitant Atyn fugiens citus abiit;Trepidantem eum recepit Dea l’asithea siuu.

lta de quiete molli rabida sine rabieSimul ipsa pectore Alys sua fileta recoluit,Liquidaque mente vidit sine quis, ubique foret ,Anime œstuante ruraum reditum ad veda tetulit:lhi maria vanta visens lacrimantihus oculisl’atrium adlocuta voeu est ita nitrata miseriter;

405

t O ma patrie, tel qui m’as vu naître, Un quies ma mère, et que j’ai abandonnée, malheu-reux! comme liesclave infidèle abandonne sonmaître, pour porter mes pas vers les bois del’lda , pour habiter au milieu des neiges et dansles antres glacés des bêtes sauvages, et dis-puter a leur fureur l’entrée de leur repaires;dans quels lieux, de quel côté te chercher, ôma patrie? Mes yeux voudraient du moins tour-ner vers toi leurs regards, tandis que mon es-prit repose libre un instant de ses aveugles l’u-reurs? laIabiterai-je ces bois si loin de ma de-meure? serai-je séparé de ma patrie, de mesbiens, de mes amis, de mes parents? séparédu forum , de la palestre, du stade, des gym-nases? Malheureux! ah malheureux! il fautdonc que mon âme n’ait sans cesse qu’à exhaler

ses douleurs? Quelle sorte de métamorphOsen’ai-je point subie? Enfant, adulte, adolescent,jeune homme, j’étais la fleur du gymnase et la

gloire de la palestre. La foule qui se pressaità ma porte n’en laissait jamais refroidir leseuil, et ma demeure était couronnée de guir-landes de fleurs, à l’heure où le soleil levém’arrachait de ma couche. Et maintenant suis-je la prêtresse des dieux, la suivante de Cybèle ,une Ménade? Reste de moi-même, je ne suisplus qu’un stérile eunuque? Vais-je habiter lesretraites neigeuses etglacées de la vaste Ida;passer ma vie sur les sommets escarpés desmonts Phrygiens, asiles de la biche sauvage et

a Patria o mon creatrix, patria o men genetrix ,Ego quam miser relinquens , dominos ut lierifuganFamuli soient, ad Ida: tetuli nemora pedem;Ut apud nivem et ferarum gelida stabuia farcin ,Et earum omnia adirem luribunda latihula;Ubinam, aut quibus locis te positam , pali-in, renr?Cupit ipsa pupula ad te sihi dirigera actent ,llabie fera carens dum brevc tempus nnimus est.Egone a mca remota hæc ferar in iterum-a doum?Patrie , bonis , amicis, genitorilms almro?Abero foro , palæstra , stadio et gymnasiis?Miserah miser! querendum est ctiam atque etinm, anime.Quod enim genus figura: est, ego non quad hnbuerim tEgo puber, ego adolescens, ego cphcbus, ego plier,Ego gymnasii fui tics , ego cran! [locus olei.Mihi jaunie frequenles, mihi limine lapida,Mihi floridis corollis redimita domus crut ,Linquendum tibi essetorto mihi sole cubieulnm.Egono Deux" ministre , et Cyhcles [annula leur?Ego Mœnas, ego mei pars, ego vir sterilis en?Ego viridis algide ldte nive amicta loco miam TEgo vitam ngnm sub nltis Phrygiœ roluminibrs ,

20.1l

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du sanglier, hôte farouclte des bons? U je re-grette maintenant, je pleure ce que j’ai fait! n

A peine ces paroles, écltappées de ses lèvresde rose, avaient porté ses plaintes aux oreillesétonnées des dieux, que Cybèle, détachant les

lions attelés à son char, stintule ainsi la ragedu féroce ennemi des troupeaux z c Cours ,élance-toi terrible; qu’effrayé de ta rage etfuyant tes atteintes furieuses, il rentre dansmes bois sacrés l’audacicux qui veut se dérober

à mon entpire. Cours , bats les flancs de taqueue; déchire-les sous tes coups; fait retentirdu bruit de tes mugissements tous les lieuxd’alentour z que sur ton cou nerveux s’agite tacrinière menaçante. p

Ainsi parle Cybèle menaçante, et de ses mainsdélie le monstre. Soudain il s’excitc lui-même

à la fureur; il court, il frémit, il renverse lesarbrisseaux dans sa course vabagonde. Arrivésur les bords du rivage écumeux, il voit lejeune Atys arrêté près des flots : il s’élance....

Atys , épouvanté , s’enfuit dans les forêts sau-

vages, où, esclave de Cybèle, il passa tous lesjours au service de la déesse.

O déesse, grande déesse, Cybèle, souveraine

de Dindyme, écarte de ma maison tes pieusesfureurs. Que d’autres soient livrés à ces trans-

ports, à cette rage!

Ubicerva silvicultrix, ubi aper nemorivagus?Jamjant dolet, quod agi, jamjamque pœnitet. n

lloseis ut huit: labellis palans sonitus abiit;Geminas Deorum ad mures nova nuntia relerens ,[bi juncta juga resolvens Cybele lecnibus ,Lævumque peccris hostem stimulans , ita loquitur :a Agedum, inquit, age fores, i: face ut bine luroribus,Face ttt ltinc furoris ictu reditum in nemora ferait,lllea libere nitnis qui lugera imperia cupit.Age, cæde terga canula : tua verberu patere;Face cuncta mugienti fremitu lacs relouent;Rutilam ferox torosa cervice quate jubant. »

Aithæc mina! Cybelle, religatquejuga manu.Ferus ipse sese adhortans rapidum ineitat animum;Vadit, fremit-, relringit virgulta pede vago.At tibi ultima albicantis locu litoris adiit ,Tenerumquevidit Atyn prope marmora pelagi ,Facit impetum. Ille demens fugit in nentora fera.lLi semper 0mne vitæ spatium l’amula fuit.a Dea , magna Dea, Cybelle, Didymi"Dea domina,Pronul a Inca tuus sil luror omnis , bera , doum;Altos age incitatos , alios age raltidos. n

CATULLE.

LXlV.

barnums ne Thétis a? ne PÉLÉE.

Les pins, enfants du Pélion, s’élancèrent,

dit-on , autrefois à travers l’humide empire (leNeptune, vers les flots du Phase et les rivagesde Colchos; alors que des guerriers d’élite, laflcnrde la jeunesse argienne, brûlant d’enleverla toison d’or, osèrent pousser sur les ondesamères une nef rapide . entr’ouvrant sous leutsrames le gouffre azuré.

La déesse, reine des temples qui couronnentles hauteurs des cités, forma de ses mains cechar ailé qu’un léger souffle entraîne; elle unit

les pins recourbés pour arrondir la voûte decette arène, qui la première étonna de sa courseAmphitrite indomptée. A peine l’éperon dunavire avait-il sillonné l’abîme orageux, à peine

la rame avait-elle blanchi d’écume les flots jail-liSSants , du sein des ondes émues, les Néréides,

filles de la mer, soulevèrent leur tète sauvagepour admirer cette merveille. Alors (et ce jourfut le seul), des yeux mortels surprirent sansvoile les nymphes de la mer, dont les seinsnus s’élevaient au-dessus des vagues écu-mantes.

Alors Pelée s’enflamma d’amour pour Thétis;

alors Thétis ne dédaigna point une alliancemortelle; alors le père de Thétis lui-même

GARDIEN LXlV.

EPlTHALAMlUM PELEI ET THETIDOS.

Peliaco quondam prognalæ vertiee pinnsDicuntur liquidas Neptuui nasse per undasPhasidos ad fluctus, et fines Æetæos;Qunm lecti juvenes , Argivæ robera pubis,Auratam optanles Colcbis avertere pellent ,Ausi sunt vada salsa cita deeurrere puppi ,Cærula verrentes abiegnis æquora palmis;Diva quibus , ratinens in summis urbihus arces,lpsa levi [erit volitantem flamine cnrrum ,Pinea conjungens inflesæ testa earinæ.llla rudem cursu prima imbuit Amphitriten.Qttæ simul ac rostro ventosum proscidit roquer,Tortaque remigio spumis incanduit unda ;Emersere feri candenti e gurgite VultusÆquoreœ monstrum Nereides admiranlrs;Iliaque baudque alia viderunt luce marinasMortales oculi nudato corpore Nympltns ,Nutricum tenus exstantes e gurgite cane.

Tum Thetidis l’eleus incensus lertur amore .

Tum Thetis humanos non despexit hyntrnæos , 20

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CATULLE.

comprit qu’il fallait lui donner Pelée pourépoux.

O vous, enfants d’un âge trop fortuné, héros,

race divine, salut! Salut, ô tendre mère! vosnoms , vos noms seront souvent invoqués dansmes chants: le tien surtout, Pelée, pour quis’allumèrent les flambleaux heureux d’un il-lustre hymen, toi, l’honneur de la Thessalie, àqui Jupiter lui-même, Jupiter, le maître desdieux, sacrifia ses amours. Ainsi donc, Thétis,la plus belle des filles de Neptune t’a reçue dansses bras? ainsi tes vœux l’ont obtenue de sesaïeux, Téthys et l’Océan son époux dont les

eaux enveloppent tout l’univers.Lorsque ces jours heureux différés trop

longtemps eurent enfin brillé , la Thessalie en-tière vint se presser dans cette demeure. Unefoule joyeuse envaltit le royal séjour; les mainssont chargées de présents , et la joie éclate surtous les visages. Scyros reste déserte : on fuitle vallon de Tempe, et les champs de Gratton,et les murs de Larisse; on accourt à Pharsale,on en retnplit les demeures. Plus de cultivateursdans les campagnes; les bœufs oisifs oublientle joug; l’humble vigne attend vainement lessecours du hoyau recourbé; le taureau ne dé-chire plus la glèbe sous l’effort du soc pesant :la faucille ne dépouille plus les arbres de leurombrage; la rouille ennetttic ternit l’éclat descharrues abandonnées.

Tutu Thetidi pater ipsejugaudum Pelea sensit.O nimis optato seclorum tempore natiIleroes, salvete, Deum genusl o buna mater!Vos ego serpe mec vos carmine compcllabo.Tuque adeo eximie tœdis l’elieibus aucte,

’l’hessaliæ colutnen , Peleu, quoi Jupiter ipse ,

lpsc silos Divum genitor cotteessit amures;’l’ene Thetis lenuit pulchcrrima Neptunine?

’l’ene suam Tethys concessit dueere neptem ,

Ocranttsque, mari totutn qui amplectitur orbent?Quœ simul optatte linilo tentpore luces

Advenere , dotnum conventu tota frequentatTltessalia z oppletur lætunti regia cœtu;Doua ferunt: præ se declnrnnt gandin vullu.llrserilur Scyros: linquunt I’lttltiolira Tempe,Cranmtisque dames, ne llltPnlü Lurisstca ;l’harsaliam coeunt, Pltarsalia tenta frrqttt-tttant.

llura colit nemo; tnollescunt colla juvencis;Non huntilis survis purgatnr vineu rastris;Non gleltattt prono convellit vomerc laurus;Non falx attenuat frondntorum arboris untbram,Squalida desertis robîgo infertur aratris.

lpsins et scdes ,quacunque opuleuta reoessit

465

Cependant tout dans la demeure de Pelée,tout jusqu’aux dernières retraites de ce magni-fique séjour, resplendit de l’éclat de l’or et de

l’argent. L’ivoire brille sur les sièges; les cou-

pes étincellent sur les tables; tout le palais s’en.

orgueillit de sa pompe royale.Au centre même de cette demeure, s’élève

pour la déesse la couche nuptiale, appuyée surdes pieds d’ivoire et recouverte par de bril-lantes draperies de pourpre. Leur tissu toutchargé d’antiques itnages, merveilles de l’art,

offre aux yeux les exploits des héros. Du rivageretentissant de Naxos, Ariane contemple au loinThésée qui se hâte de fuir à pleines voiles, etson âme s’abandonne à des transports insensés.

Elle voit et ne croît point voir; car à peineéveillée d’un funeste sommeil, elle vient de se

retrouver abandonnée sur la plage solitaire.Cependant [ingrat qu’elle aime fend les flots

de sa rame fugitive, livrant au caprice des ventsorageux ses promesses mensongères. Deboutsur la rive éloignée, la fille de lllin05 le con-temple d’un œil morne, pareille à la statuede marbre d’une Bacchante en délire; elle lecontemple, et son cœur flotte bouleversé parmille pensers amers. Plus de bandeau légerqui retienne sa blonde chevelure,- plus de voiledélicat qui couvre sa poitrine; plus de ceinturequi comprime les battetnents de son sein agité.Les flots baignentaux pieds d’Ariane tout ces

Regia, fulgenli splendent aure, atque argente.Candet ebur soliis; collucent porula utensis;Tota dentus gaudet regali splendida gaza.l’ulvinarvero Divæ geniale locatur

Sedibus in mediis , ludo quod deltle polilumTint-tu tegit roseo concltyli purpura luce."me vestis, priscis hominuttt variait] liguris ,lleroum mira virtutes indicat arte.Namque fluentisono prospeclutts litore DiteThrsea cedentent celcri cuttt classe tuelurludumitns in corde gerens Ariadna furores :Necdutn etiant sese , quæ visit , visere érudit;Utpole fallaci quæ tutti printum excita somiteIlest-item in sala miseront se vernit arrna.Inttttt-ntor al jttvenis fugiens pellit tanin remis,Irritu ventosœ linquens protnissa provenir.Quant prucul ex algu tttmstis Minnis ocellis ,Saxen ttt effigies baccltantis prospirit lîvoe;

Prospicit, et tttagnis cururunt fluctuait ondin,Non flavo retinrns subtilcm verlire tnitram ,Non contesta levi velatunt perlus umirlu ,Non lereti strophio luclantes vinrta pupillas;

Omnin que: toto drlnpsa e corpore passim ou

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ornements épars , détachés de sa parure. Mais

elle, indifférente, oublie et son bandeau ctses voiles flottants; dest toi seul, ô Thésée,qui remplit-tout son coeur, toute son âme,tous ses vœux égarés. Malheureusc, la déessed’Eryx, enfonçant dans ton sein les épinesde la douleur, t’a livrée à des tourments éter-nels, depuis ce jour ou le fier Thésée, fuyant lerontour N’Courbé des rivages d’Athenes, entra

sous le toit de finjuste monarque de Crète.Vaincue, dit-on , jadis par les horreurs d’unepeste cruelle, fAttique offrait en expiation dumeurtre d’Androgée, les premiers de ses jeunesgens et l’élite de ses vierges, victimes réservées

aux festins du Minotaure. La ville était con-damnée à diéternelles angoisses, lorsque Thésée

dévoua sa tète pour Athènes, sa patrie bienaimée, préférant la mort à la douleur de voirplus longtemps liAttique payer à la Crète cesfunestes tributs. Monté sur une nef rapideentraînée parle souffle des vents propices,il arrive chez Minos, le roi magnanime, etdans ses superbes demeures. A peine parut-ilaux regards de la vierge royale, de cettevierge que sa couche innocente et parfuméevoyait croître sous les doux embrassementsde sa mère, ainsi qu’on voit les myrtes quibordent les rives de l’Eurotas, et les fleursémaillées naître des soupirs du printemps,

lpsius ante perles fluctus salis alludebant.8rd neque tun) mitræ, neque tum fluitanlis antirlus"la vicem curans, toto ex te pectore , Theseu ,Toto anime, tota pendebat perdita mente.

Ah misera! assiduis quam luetibus externavitSpiuosas Erycina serons in pectore curas."la tempestale , ferox quo (empare Theseus ,lîgressus curvis e litnribus l’iræi ,

Altigit injusti regis Gortvnia terta.Nain perliibent olim crudeli peste eoaclamAndrogeoneæ pmnas exsnlvere czlzdis7

Electos juvenes simul et drcus innuplarumCerropiam solitam esse dopent dare Minotauro :Quis augustal malis quutn mœnia vexareutur,lpse suum Theseus pro caris corpus AthenisProjict-re optavit pattus, quam talia Cretaml’utiera Cecropiæ ne limera portarentur.z’ttque ila nave lori niions ne leuibus auris

Magnanimutn ad Minoa rouit, setlcsque super-bas."une sitnul au cupido ronsprxil Iutnine vir;;«7

Ileggia , quam suaves exspimns castus odorcsLectulns in molli complcxu malris aîebat:(huiles Eurotæ prnfiignunt flumina myrtes,Anime distinctes admit venta colores :

CATULLE.Ariane n’a point encore détourné du hérosson regard enflammé, que déjà un feu dévo-rant l’a pénétrée tout entière, et la consumejusqu’au fond du cœur. Hélas! elle attise elle-meute, l’inl’ortunée! la flamine qui la dévore!

Divin enfant, qui mêles la douleur aux joies(les mortels, et toi, reine de Golgos et dela verdoyante ldalie, de quels orages avez-voustroublé le cœur de la vierge enflammée, cecœur qui soupire pour le blond étranger! Quede terreurs ont agité son âme expirante! Quede fois unehorrible pâleur a couvert son visage,alors que brûlant de combattre le monstre for-midable , Thésée cherchait la mort ou une il-lustre victoire! Cest en vain qu’elle est magni-fique dans ses promesses aux immortels; envain qulelle fait monter vers eux les vœux sus-pendus a ses lèvres pudiques.

Tel qu’au sommet du Taurus, le chêne quiagite ses bras superbes, ou le pin résineux auxcônes allongés, cède aux efforts du tourbillonindompté, dont le souffle l’ébranle : détaché de

ses racines, il va s’abattre au loin, renversant,écrasant à l’entour tout ce que rencontre sachute immense. Ainsi Thésée dompta et ren-versa le monstre qui battait en vain les airs deses cornes impuissantes. Tout glorieux de sontriomphe, il repritsain et sauf le chemin du re-tour. Un fil léger guidait sa marche incertaine,

Non prius ex illo flagrantia declinavitLumina, quam cuneto concepit pectore HammamFunditus, atque imis exarsit lota medullis,lieu l misere exauitans immiti corde turores.

Sancte puer, curis homiuum qui gaudie: misces ,Qturque regis Golgos, quæque Idaliuui froudosum ,Qualthus inemsam jactastis mente puellaiuFluctibus , in flave sæpe hospite suspiranlemQuantos illa tulit languenti corde tinteras!Quantum sape mugis fulgore expalluit auri!Qunm savum cupieus contra coulendere monstrum,Aut morteiu oppelerct Theseus , ont præniia laudis.Non ingrat: , tamen frustra, muuuseula DivisProniittens , tacite suspendit vota labelle.Nam valut in summo quatienlem brachia TaurnQuercum , aut conigeram sudanti rorpore pinum ,lndomitus turbo contorqucns flamine roburEruit z illa procul radicibus exturbataProna radit , Ian-que et continus obvia frangens:Sic dontito sævum prostravit corpore TheseusNequicquam vanis jactantem cornua ventis.Inde pedem sospes mul’a cum lande reliait,

Errabunda regens tenui vestigia tilt) ,

tut Ne lubvriutbels e flexibus rgtedieutum

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CATULLE.et les perfides détours du labyrinthe ne pou-vaientl’égarer au sortir du palais trompeur.Mais pourquoi, distrait de mes chants com-mencés, m’arrêter plus longtemps à ce récit?

Dirai-je que, filleingrate, Ariane fuit le visagede son père, les embrassements de sa sœur, etde sa mère enfin qui pleura désespérée sa fillefugitive, pour s’attacher joyeuse à l’amour deThésée, seul bien qu’elle préfère à tout le reste?

Conduirai-je le navire aux rivages écumeuxde Naxos? ou raconterai-je la fuite de sonamant ingrat qui la laisse appesantie par unfuneste sommeil? Souvent alors, dans les trans-ports d’ttn amour irrité, elle exhalait, dit-on,du fond de son âme sa douleur furieuse; ettantôt francltissait désolée la cime des mon-tagnes, d’où sa vue s’étendait au loin sur les

ondes immenses; tantôt portait ses pas au seindes flots agités, relevant les tissus qui voilaientses pieds délicats. Telles furent ses tristes etdernières plaintes qu’entre-coupaient dans sabouche de mortels sanglots : x Thésée, perfideThésée, ainsi tu m’arrachais aux champs pa-ternels pour m’abandonner surce rivage désert?

ainsi outrageant les dieux par ta fuite, ingrat!tu portes dans ta patrie le parjure qui te con-dautne! Quoi! rien n’a pu fléchir tes cruels des-seins? Nulle pensée de clémence n’a touché ton

coeur barbare? Telles n’étaient point jadis lespromesses que je reçus de ta bouche. Tel n’é-

Teeli frustraretur inobservabilis errer.Sed quid ego, a primo digressus carmine, plura

Commentorem l ut linquens genitoris filin vultum ,Ut consanguine!!! complexum , ut denique matris,[Quœ misera in gnata flevit deperdita ,j lætaOmnibus his Thrsei dulcem præoptarit amorem?[lut ttt vecta ratis spumosa ad litora Dite?Aut ut cant tristi devinctam lumina somiteLiquerit immcmori diseedens pectore conjux ?Sœpe illum perliibent ardenti corde furentemClarisonas ittto fudisse e perture roses,Ac tutu præruplos trislem consccndere montes ,Unde orient in pelagi vastes protrnderet testus :Tutu tretnuli salis adverses procurrere in undaslllollia nudatœ tollentem tcgtnimt suræ :Alque lime extremis mœstam dixisse querelis,Frigidttlos udo siugultus 0re oientem :

e Siecine me palriis uvertam , perfide, ah cris,l’erlide, déserta liquisti in litore, Theseu?

Sirt-itte discedeus, ucglecto nttmiue Divum ,Intuiemor ah! devnta domum perjuritt portas?Nullaue res potuit crudelis "entera mentisConstliuml tibi nulla fuitrlemcntin pl’mSlO ,ïtttutite ut nostri vrllcl mitesrrrr pretus 1’

407

tait point, infortunée! l’avenir que tu offraisà mon espoir; mais une union tant désirée,mais unjoveux hymen. Etmaintenant les ventslégers dispersent tes prontesscs mensongères.Que nulle femme désormais ne croie aux ser-tnents d’un homme : qu’aucune n’espère en

trouver un fidèlea sa parole. Les hommes, tantque leurs vœux avides aspirent à quelque faveur,ne reculent devant aucun serment, n’épargnent.

aucune promesse; mais des que leur passionimpétueuse a satisfait son caprice, ils s’endor-ment sur leur foi violée, et se jouent du parjure.Et pourtant, quand la mort t’envcloppait de sestourbillons, je t’ai sauvé, et je me suis résolue

à sacrifier mon frère, plutôt que de te man-quer, perfide! à l’heure suprême. Pour prixde ce secours , je suis livrée à la dent des ani-maux sauvages, a la faim des vautours, et ntoncorps expiré tte recevra point le tribut d’unpeu de poussière. Quelle lionne t’a donné lejour sur un rocher désert? Quelle mer t’aconçu et rejeté du sein de ses vagues écu-mantes? Quelle Syrte, quelle Scylla dévorante,quelle Charybde monstrueuse t’a fait naître, toiqui paies de ce prix les jours qu’on t’a sauvés?

Si tu te refusais à cette alliance, tremblantsous les lois redoutées de ton vieux père, tupouvais du moins me conduire dans ta de-meure. Heureuse de mon joug, près de toi,j’aurais rempli les devoirs d’une esclave, ré-

Al non hanc qttondam nabis prontissn dedistiVoce: mihi non hoc misera: Sperare jultel:as :Sed connubia læta , sed optatos ltymenœosQuæ cuncta aerii disrerptmt irrita venti.Jamjam nulla viro juranti l’œmina credat,

Nulla viri speret sermones esse (idoles :Qui , dutn aliquid cupiens animus prœgeslit apisci,Nil metuunt jurare, niltil promittere part-tint:Sed simul ac cupidœ mentis satiata libido est ,Dicta ttihil meluere , nihil perjuria curant.Certe ego te itt medio versatttem turbine leliEripui, et potins germanum amiltere rrevi ,Qttattt tibi fallaci supreuto in lempore deessent.Pro qtto dilaccranda loris dabor alitibusquel’rmda , neque injecta luutulahor tnortua terra.

Qureuam le gettnit sole sub rttpr Ieæua?Quod mare Conrcptttut spuutantiltus exspuit nudis?Qum Syrlis, qui" Scylla vorax , quæ vaste Char) lnlis ,’l’ttlia qui reddis pro dulri prmmia vite ’l

Si tibi non rordi tueront connubia nostra,Stem quod horrcbas prisr’t prœrepta paretttis;

Attamen in vrstrns putuisti durere sedes,Quin tibi jucundo famttlarer serve labore ,Ganditla permulcens liquidis vestigia lytnphia , 96:1

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pandit l’onde pure sur tes pieds, ou déployé

sur tu couche les riches tissus de pourpre.Mais que fais-je? égarée par la douleur, je

eonlie ma plainte inutile aux sourds aquilons,qui ne. peuvent, insensibles, prêter l’oreille ourépondre à mes gémissements! Lui cependant,il vogue déjà pres du milieu de sa course, etpersonne n’apparaît sur la plage solitaire.

Ainsi le sort trop cruel, insultant à monheure dernière, a refusé même d’entendre mes

plaintes. Puissant Jupiter, plût à Dieu que ja-mais les nefs athéniennes n’eussent touché les

rivages de GnOSse! que jamais un nocher per-fide, apportant au taureau farouche son tributsanglant, n’eût jeté l’ancre sur nos bords! et

que jamais cet hôte cruel, voilant sous tant degrâce ses desseins barbares, n’eût reposé dans

notre demeure!, Que tenter désormais? Quel espoir soutien-

dra ma misere? chercherai-je un asile sur lessommets de l’lda? mais une mer sauvage mesépare de ma patrie par ses abîmes immenses.Imploreraioje l’appui de mon père, de monpère que j’ai abandonné pour suivre l’amantbaigné du sang de mon frère? Me consolerai-jedans l’amour fidèle d’un époux? Mais il fuit ac-

cusant la lenteur de ses rames.lin ces lieux nulle demeure; un rivage et

une île déserte: la mer m’environne de toutes

l’urpureave tuum eunsterneus veste rubile.Sed quid ego ignaris nequicquam cenqueror suris,Externala male, quæ nullis sensibus auctæNet: missas audire queunt , nec reddere voees Pllle autem prope jam mediis versatur in undis,Nec quisquam adparet vacua morlalis in alga.Sic nimis insultans extremo tempore sævaFers etiam nostris invidil questibus aures.Juppiter omnipotens, utinam ne lamparo primoGnosia Cecropiæ letigissent litora pulques;lndomilo nec dira ferons stipendia tauruPerfidus in Cretam religasset navita funem:Nec malus bic, celans dulci crudelia formaConsilia, in nostris requiesset sedibus lmspeslNain que me relevant? quali spe perdita miter?ldotncniosne pelain montes? et gurgite latoDisrernens ponti trtlrlllrutum dividit æquor.An patris auxilium spern-m , quemne ipsa reliqui 7Respersum juvenem interna cæde scquula ?Conjugis au lido consoler memet annexe,Quitte fugit lentos incurvans gurgite reines ?Yræteren litus, nulle sola insula tacle:Net: palet egressus, pelagi ringenlibus nudis.

CATULLE.parts. Nul moyen, nulle espérance de fuir:tout est muet, tout est désert, tout me menacede la mort. Cependant mes yeux ne s’étein-dront pointdans l’ombre du trépas, et la viene fuira point de ce corps abattu, sans que jedemande aux dieux le juste châtiment de l’in-grat qui me trahit, et que j’implorc l’équité des

immortels à mon heure suprême.Vous donc qui poursuivez (le vos supplices

vengeurs les crimes des humains, vous dontle front couronné de serpents, respire toutesles fureurs de l’âme qu’il révèle , venez à

moi, venez! écoutez les plaintes que la souff-rance , hélas l arrache aux forces éteintesd’une infortunée, sans secours, désespérée, en

proie aux transports d’un aveugle délire. Cesplaintes , c’est un cœur ulcéré qui les exhale.

Ne souffrez point que la vengeance échappe àma douleur trompée; mais que l’horreur oùThésée me condamne par son abandon, queque cette horreur, ô déesses , il l’éprouve , etla porte aux siens dans sa demeure désolée.»

Ces paroles s’échappent de son sein abattu;tremblante , elle a imploré le châtiment d’un

attentat cruel. Jupiter accueille ses vœux deson signe formidable. A ce signe la terre et lesmers soulevées s’ébranlent , et les astres étin-celants s’émeuvent dans le ciel.

Alors Thésée, l’esprit aveuglé de ténèbres

Nulla luge: ratio, nulla spas : omnia muta,Oinnia sunt deserta : ostenlant omnia lelum.Non tamen ante mihi languescent lumina morte,N90 prius a fesse seeedent corpore sensus,Quam justain a Divis exposcam prodita multam ,Gœlestumque fidemipostrema comprimer bora.Quam farta virum multantes vindiee pœna,liumenides , quibus anguiueo redimila capilloFrons expirantes præportal pectorisiras,lluc bue adventale , mess audite querelas .Quas ego, ne miseræl extremis proferre medullis(loger inops , ardens , amenli cæca furore.Quæ qucniam relie nascuntur penture ab imo ,Vos nolite pati nustrum vanescere luclum;Sed quali salant Theseus me meute reliquit ,Tali mente , Deæ, funestet saque musque. n

llas postquam Inceste profmlit pectore roses ,Supplicium sævis exposcens anxia factis;Annuit invicto cœlestum numine reclor,Quo tune et tellus 7 atque borrida contremueruntÆquora , concussilque micantia sidéra mundus.Ipse autem cæca mentent caligiue Theseus

Consitus, oblilo dimisit pectore conclu , fics

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CATULLE.épaisses, laissa l’oubli chasser de son cœurles ordres qu’il avait jusque-là conservés dansson âme attentive. Négligeant de faire l’heu-reux signal aux regards de son père accabléde deuil, il n’annonça point qu’il revoyait vi-vant le port d’Erichtée. Car on dit qu’autre-fois, lorsqu’Égée confia aux vents son fils qui

abandonnait, avec sa flotte, les murs de ladéesse, il lui donna cet ordre en l’embrassant:

( Mon fils, toi l’unique bien que je préfère à

de longs jours; mon fils, toi qu’il me faut livrerà de tristes hasards, quand tu m’as été rendu

naguère au terme suprême de ma vieillesse,puisque ma destinée et ton bouillant couraget’enlèvent malgré moi à ton père qui n’a pu

rassasier encore ses yeux affaiblis de l’aspectbien-aimé de son fils; je ne te laisserai pointpartir satisfait et le cœur joyeux, et je ne souf-frirai point que tu emportes les signes d’unbonheur encore douteux. Laisse-moi d’abordexhaler ma douleur et souiller de poussière mescheveux blancs. Puisj’attacherai une voile som-breà ton mât voyageur, afin que cette toile parses teintes funèbres raconte mon deuil et lefeu qui consume mon âme. Que si la déesseprotectrice des murs sacrés d’ltone, qui souritau courage du défenseur de notre cité et denotre race, t’accorde de baigner ta main dansle sang du Minotaure, grave profondément

Quæ mandata prias constauti mente tenebat zDulcia nec mœsto sustollens signa parenti ,Sospitem , et ereptum se osteudit visere portum.Nalnque ferunt, olim classi quum mœnia Diva:Linquentem gnatum ventis concrederet Ægeus ,Talia complexum juvcni mandata dedisse :

a Gnale , mihi longa jucundior unice vita ,Ouate, ego quem in dubios cogor dimittere casus ,Reddite in extrcmœ nuper mihi fine seneetæ,Quandoquidem fortune men, ac tua fervida virtuslîripit invito mihi te, quoi languida nondumLumina Sunt gnati cura suturale figura ;Non ego te gaudens lælanti pectore mittam ,Nec le ferre sinam Fortnnm signa secundœ;Sed primum multas expromain mente querelas ,Canitiem terra, nique infuse pulvere fœdans;Inde infecta vngo suspendant lintea male,Nestros ut luctus, nostræquc incendia mentis,Carbasus obscurs dictat ferruginc llibera.Quod tibi si saneti concesserit incula ltoni(Quin nostruin genus , ac sedes defendere [relisAnnuit) , ut tauri reapergas sanguine dextram ;Tqu vert) facile, ut memori tibi condita corde

409

dans ta mémoire ces ordres que le temps nedoit point en effacer. Dès que tes yeux aper-cevront nos collines , que tes antennes dépouil-lent ces toiles funestes , et que les cordagesroidis élèvent des voiles blanches au sommetéclatant de la hune qui couronne ton mât,afin que rempli de joie à cette vue, je recon-naisse mon bonheur, quand un jour fortunéamènera ton retour. i

Ces ordres, jusqu’alors fidèlement conservésdans l’âme de Thésée, disparurent soudain,comme les nuages, chassés par le souffle desvents, quittent la cime élevée d’une montagne

neigeuse. Et son père, qui du haut de la cita-delle , plongeait au loin ses regards dans l’es-pace, consumant dans des pleurs intarissablesses yeux abattus, des qu’il aperçut les con-tours de la voile gonflée, se précipita du hautdes rochers , croyant Thésée moissonné par un

destin cruel.Ainsi, rentré dans sa demeure que la mort

de son père a couverte de deuil, Thésée res-sentit à son tour les douleurs où son ingrati-tude avait plongé la fille de Minos. 1

Cependant Ariane, suivant d’un œil affligéle navire qui s’éloigne, roulait mille penséesamères dans son âme brisée. Mais d’un autrecôté du rivage, Bacchus, triomphant, s’élançait

avec un chœur de Satyres et de Silènes, cn-

llæc vigeant mandata , nec ulla obliteret ætas;Ut, simul ac nostros invisent lumina colles ,Funestam autennæ deponant undique vestem ,Candidaque interli sustollant vela rudentes ,Lucida qua splendent summi rarclicsia mali;Quamprimuni cernens ut læta gandin menteAgnesram , quum te redurent trias prospcra sistel. a

Ilzec mandata prius constanli mente tellement’l’liesen, ceu pulsa: ventoruni flamine nubes

Aerium nivei mentis liquere cnrumen.At pater, ut Summa prospcrtlnn ex arec potelmt,Anxia in assidues absumens ltnnina fletus,Quum primum inflati ronspcxil lintea volt ,l’ræcipitem sese scopulurmn e vn-rlice jeeil ,Amissum crcdrns immiti ’l’liesea fate.

Sic funestn domus ingressus tenta patentaMorte furax ’l’lieseus , qualem Minoidi luctum

Olilulerat [ni-nie ilnmeuiori , talent ipse recepil.Quœ tum prospectons redoutent mœsla cariuam ,Multiplices anime volvebat saucia curas.

At parte ex alia (lurons volitabal lucclius ,Cutn Tliiasn Sulyrorum , et Nysigrnis Silruis,

, . . . n rl’e quarrent: , Ariadnn, tunique Insensus amure, sa l

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i il)

fants de Nysa; il te cherchait, Ariane, enflam-me d’amour pour toi. Les Bacchantes, ivres(fun saint transport, secouent leurs tètes etsiecrient : Évoii, livet?! Les uns agitent leursthyrses a la pointe ombragée, les autres arra-chent les 111e111bres (fun taureau déchiri zceux-ci se couronnent de serpents entrelaces :ceux-là chargés de profondes corbeilles, ce-lelirent les mystères obscurs , ces mystères oules profanes souhaitent vainement d’avoir part.D’autres frappent le lambourde leurs mainsvigoureuses , ou excitent les gémissements ai-gus (le fairain arrondi. Plusieurs font retentirles rauques accords de la corne bruyante, outirent d’horribles sons de leur flûte barbare.

Telles étaient les peintures dont étaientornées les iiiagniliques draperies qui em-brassaient la couche dans leurs contours.Lorsque la jeunesse thessalienne a nourri dece spectacle ses avides regards, elle siappréteà céder la place aux dieux immortels. Alors ,comme le zéphyr, de son souffle matinal,hérissant la mer tranquille, soulève les flotsinclinés, à liheure on faurore apparaît, oule soleil va Commencer sa course lumineuse;les ondes s’avancentd’abord lentement poussées

par un souffle paisible, et font entendre à peinele bruit de leurs murmures; puis elles s’enflentd’instant en instant avecle vent qui s’augmente,et réfléchissent en siéloignant les teintes pour-

Qui lulu alucites passim lymphata mente huchant,lime bacrhantes , evoe , capila inflectentes.llorum pars [80L] qualiebanl cuspide thymus;Pars e divulso raptabant membra jnveneo;Pars sese tortis serpenlibus incingebant;l’ars obscura cavis celebrabant orgia cislis,

Urgia , quæ frustra cupinnt anilirc profani ;l’inngebant alii proceris tvinpana palmis,Aut tereti tenues tinnitus (ne cit-liant.Multis rutmsonos efflahnnt remua bombes,Barbaraque borribili slridebal tibia canlu.Taliluls amplifies vestis décanta figurisl’ulvinar complexa suo velnbat amictu.

Quo: postquam cupide spectando Tliessala pubeslîxpleta est , sanctis cœpit deredere Divis.llie. qualis flatu placidum mare matutinollnrrilirans Zephyrus proelivas incitat (indus,Aurora escriente, vagi sub lutnina salis;Quæ larde primum clemenli flamine pulsœl’ronedunt, leni resonant plannore rachinni;Post, venta cresccnle , magis mugis increbesrunt,Purpureaque procul mutes a lure refulgent;Sic tum vestibuli linquentcs regia teela,

CAT U L LE.

prées qui les colorent : ainsi cette foule immenseabandonne le portique du séjour royal, et rega-gnantsesde111eures,se disperse de toutes parts.

Api-es leur retraite, Chiron le premier arrive(les sommets du Pélion, apportant ses donschampctres. Toutes les fleurs que voient naîtreles campagnes, qui croissent sur la cime élevéedes monts de Thessalie, que l’haleine. fécondedu tiède zéphyr fait éclore sur la rivi- des fleu-ves, il les offre tressées dans les guirlandes oùelles se confondent, et le palais s’embaume deleur dolicieux parfum. Soudain Persée accourt,quittant la verte Tempé; Tempe, quecouronnentles forets suspendues au-dessus delle, et quidoit Voir un jour les danses savantes des lillesdcMnemOsyne. Ses mains ne sont point vides; ilporte détachés de leurs racines (les hêtres im-menses, des lauriers à la tige droite et élevée,le platane mobile, l’arbre qui fut la sœur (lePhaethon foudroyé, et le long; cyprès. ll entre-lace leur feuillage autour du palais, et le porti-que se décore diun voile de verdure.

Après lui liingénieux Prométhée s’avance,

portant les traces à peine effacées du châti-ment qu’il subit jadis , quand enchaîné à son

rocher, il resta suspendu au sommet des préci-pices.

Puis le père des dieux , son épouse, et sesenfants immortels descendent de l’Ulympe.Ils t’y laissent seul, ô Phébus, et avec toi ta

Ad se quisque vago passim pede disccdebanl.Quorum post abitum , princeps e tertice Pelii

Advenit Chiron portans silvestria dona.Mm quelconque ferunt campi, quos Tllessala magnii,Montibus ora creat, quos proptcr lluminis undasAura parit flores tepidi fœeunda Favoni ,llos indistinctis plesos tulitipse corollis,Quais permulsa domusjucundo risit odore.Confestim Peneos adest, viridantia Tempe ,Tempe, quæ silvæ cingunt superimpendentes ,Muemonidum , linqnens, dnclis Celebranda clmreis ,N011 vacuus : tiamque ille tulit radicilus allasF3305 , ac recto proreras slipitc laurui ,Non sine nutanti platane , leutaque sortiraFlammati Pbaethoutis, et aeria rupressu;"me. circum sodas laie conlexta loeavit,Vestibulum ut molli velatum liron-le vireret.

Post hune consequilur solerti corde Prometbeus,Extenuata gerens veteris vestigia panne ,Quam quondam silici restrictns membra calcinal’ersolvit, pendras e verticibus præruplis.

Inde pater Divum, sancla cum ennjuge, nnlisqueAdvcnit aria, te solum7 Pluche, reliuqncus . 509

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CATI] Li,iî

sœur, habitante (les sommets del’ldrus. Commeson frère , dédaignant Pelée, elle a refusé decélébrer les noces de Thétis.

Lorsque les dieux se sont assis sur des siègesd’ivoire, les tables se couvrent de mets abon-dants, tandis que les Parques agitant leurscorps affaiblis et caducs , commencent leurschants prophétiques. Une robe blanche, or-née de guirlandes de chêne, et que borde lapourpre de Tyr , couvre leurs membres trem-blants; des bandelettes rouges ceignent leurstêtes blanchies, et leurs mains infatigables ac-complissent leur tâche éternelle. La gauchetient la quenouille chargée d’une laine moelleuse,la droite l’efiile légèrement, et l’assouplit dans

ses doigts qu’elle renverse, et le pouce imprimeau fuseau un ntouvemeut rapide. Leurs dentspromenées sur la trame en égalise le tissu, etles aspérités détachées du fil s’arrêtent aux lè-

vres desséchées qui les en arraclte. A leurs pieds

des corbeilles dejoncs tressés gardent la laineéclatante des molles toisons. Au milieu de cestravaux les déesses d’une voix sonore déroulent

les destins des époux dans un chant prophéti-que que ne démentira pas l’avenir z

a Honneur de la Thessalie, toi qui affermis sapuissance par tes vertus, mais qui devras à tonlils ta gloire la plus éclatante , écoute en ce jourde feta l’oracle infaillible que t’annoncent les

Unigenamque simul cuilricem montihus idri;Pelezinam tecum pariler soror aspernala est,NecThetidis lædas voiuit ceiehrare jugales.

Qui postquam niveos flexerunt sedibus arlus ,Large tu nllipiiei constructæ suutdape meum: ;Qunm iulerea infit-mo qualienles corpora tttolu ,Veridicns i’urcæ cœperunt edere contus.

iiis corpus iremuiutn compieclcns uttdique quercus ,Gaudida pttrpurea quant Tyro incinxerat ont;At roseo niveœ residebunl. verlice vilttn7Æteruuutque manus carpeitant rite laiton-ut.Læva coiutu moiiiiann relinebat amiclum ;Dexlcrtt tutu léviter deducens fila supinis

Formahaitiigitis; tum proue in poiiice torqueusLibralum iereti versahat turbine fusum ;Atque ila tiecerpens æquahat setuper opus drus,itatteaque ariduiis itœrebant tttorsa inbt-iiis,Quæ prius in ievi fuel-uni. evslautia file.Ante prdes autem caudenlis tuoiiin lauzeVeiiem virgali custodibnnl calalitisci.lia: tutu eiarisona peiieules veiiera vocc,Tniia tiivino iuderuttt caroline iota,Carmine, perfidie) quod post ttuiia rit-guet trias :

a 0 deeus exituiuut, unguis virlulthus augrus ,

4HParques. Et vous , qui filez la trame des destins,tournez, tournez , légers fuseaux.

«Bientôt luira pour toi Vesper qui couronnelesvœux des époux : son heureux flambeau t’amè-

nera la jeune épouse , qui versera dans ton âmeles délices de l’amour, et qui, enlaçant ses bras

gracieux à ton robuste cou, goûtera près de toiles douces voluptés du sommeil. Tournez , vousqui filez la trame des destins, tournez, légersfuseaux.

c Jamais demeure ne couvrit de si noblesamours, jamais autour n’enchaîua deux époux

par de si beaux nœuds que ceux qui unissentThétis à Péiée. Tournez, vous qui filez la trame

des destins, tournez , légers fuseaux.c De vous doit naître Achille, étranger à la

terreur, lui dont l’ennemi ne connaîtra point ledes , mais la vaillante poitrine; Achille , qui,souvent vainqueur dans la lutte rapide de lacourse , devancera les pieds brûlant le sol deiabiche légère. Tournez, vous qui filez la tramedes destins, tournez , ô mes fuseaux.

cr Aucun héros n’osera se mesurer avec luidans cette guerre oit les ruisseaux de la Phry-gie rouleront des flots de sang troyen, quand letroisième héritier du parjure Pélops , au termed’utt long siégé, renversera les remparts de

Troye. Tournez, vous qui filez la trame desdestins, tournez, légers fuseaux.

Emalitiœ tuiamen opis, charissime nalo;Accipe, quad iæla tibi pandunt lure set-ores,Vorixiicunt omnium : sed vos, quæ fala sequutttur,Currile, ducentos subleutina , currile , fusi.

a Adveniei tibi jam parians optais "tamisiicsperus : adveniet fausto cum sidere conjux,Qum tibi flexauimo mentent perfutuiat timoréLanguitiuiosque parcl lectuu ronjuttgt-re somites,Levia substerttcns robuslo brachial cuiio.Cttrrile , ducentes subteutiua , rurrile , fusi.

a Nuiia doums laies unquaut cottlcxil amorcs;Nuiius autor laii conjuuxil iœniure amantes;Quaiis odes! Titelidi , qttaiis e0uroniia l’eieo.Cttrrile , ducentos subletttinu , rurritt- , fusi.

a Nasceiur vobis expers lerroris Aritiiies ,lioslibus baud lergo , sed furli preten- uolus;Qui , persœpe vago vit-[or curlatttine cursus ,

s Finutmett prœtertet reicris vesligia corne.à Curritc , duceules subteutina . eurrile, iusi.i a Non illi quisquant lll’iiO se. roulera items,t Qutuu i’brvgit ’i’eucro utnuaitunt sanguine titi;

i Troienque oitsidensingittqttn moulin hellot Prrjurt Peiopis vaslabil tt-rtius haires.

(limite , (inventes stlbleutiua, nitrile, fusi. 5 i3

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M2t Ses exploits glorieux et ses hauts faits se-

ront redits plus d’une fois par les mères aux fu-nérailles de leurs fils, lorsqu’elles arracherontde leur tété tremblante leurs cheveux bianCS,et meurtriront de leurs mains débiles leur poi-trine ilétrie. Tournez, vous qui filez la tramedes destins, tournez, légers fuseaux.

a Connue le laboureur renversant les épis do-rés moissonne sous les feux du soleil les cain pa-gnes jaunissantes, il renversera de son glaiveredouté les guerriers Troyens. Tournez, vousqui liiez la tratttc des destins, tournez , légersfuseaux.

c Elle sera témoin de ses exploits, fonde duScamandre, qui se jette et se perd dans le ra-pide iIeilespout, elle dottt il ralentira le courspar les monceaux de cadavres qu’il aura immo-lés, et dont il tiédira les flots souilles par le ucarnage. Tournez, vous qui liiez la trahie desdestins, tournez , légers fuseaux.

t Enfin elle en sera témoin aussi la victimedévouée à la mort, lorsque le bûcher immense

recevra les ntentbres délicats de la vierge sacri-fiée. Tournez, vous qui liiez la trame des des-tins, tournez, légers fuseaux.

a Car à peine le destin aura-t-il livré aux Grecsfatigués les murs bâtis par Neptune et les rem-parts de la cité troyenne , que la tontbe élevéed’un héros sera arrosée du sang de Poiyxène.

Pareille a la victime qui tontbe sous le fer à deuxtranchants, la jeune fille laissera s’affaisser sur

« Illius egregias virtntes, clanique factaSæpc fatebuutur gnatorum in funere matras;Qunm in einerem canes solvent a vertice crines ,Putridaque infirmis variaitunt peetora paiutis.Currite, ducentes subteutitta, currite, lusi.

u Nainque, velot densas prosternens cuilor arislas,Soie suit ardenti liavenlia dentelit arva ,Trujugenum infeste prosternet corpora ferre.Currite, ducenies subteutina, currile, fusi.

«i Teslis erit Inagnis virtutiitus nuda Sratnautlri,QlllP passim rapidn tiilfuttditur Heliesponlo;Qunjus iler ræsis angustans corporutn acervis,Alla tepefaeietpermixla flumina cæde.Currite, (inventes subtemiua , rurrite , fttsi.

« Denique testis erit utorti quoque dedita præda;Qunm teres exeelso roacervatum aggere buslumExcipiet niveos perculsæ virginis artus.Currtte , (intentes subtentiua , currite, fusi.

a Nom sitttul ac fessis dcderit fors copiam AchivisUrbis Dardaniæ Neptuuia solvere vineia;Alla Poiyxeuia madéfient eæde sepuicra;Qua’e , veiut ancipili succttmbens victima ferra,Propeiet tmamm submisso poplité corpus.

CATULLE.ses genoux son corps mutilé. Tournez, vous quiliiez la trame des destins, tournez, légers fu-seaux.

I Courage donc, formez ces nœuds, objets devos désirs. Qu’une heureuse alliance unisse ladéesse à son époux ; qu’on livre la fiancée aux

caresses impatientes de son amant. Tournez,vous qui filez la tratue des destins , tournez,légers fuseaux.

l Demain sa nourrice, en la voyant au leverdu jour, ne pourra plus Ceindrc son coudesbandelettes (le la veille. Tournez, vous qui tilt-zlatrame des destins, tournez, légers fuseaux.

a Jamais sa mère n’aura la douleur de voirsa tille exilée par la discorde du lit nuptial, etjamais elle ne cessera d’espérer des petits-fils.Tournez, vous qui liiez la trame des destins,tourttez , légers fuseaux. )

Ainsi jadis , dans leurs chants divins , lesParques révélèrent à Pelée ses destinées glo-

rieuses. Car dans ces temps reculés , ou la piété

était encore en honneur, les dieux habitants del’Olvmpe visitaient les vertueuses denteures desmortels et se montraient dans leurs réunions.Souvent lorsque l’année ramenait la pompe desfêtes, le père des dieux visitait son temple res-plendissant , et contemplait cent chars roulantdans la carrière. Souvent Bacchus descenditdes sommets du Parnasse, conduisant la troupefurieuse des Bacchantes échevelées : tandis queDelphes tout entière , se précipitant. hors de

Currite, dueentes subtemina , currite, fusi.a Quare agite , oplalos auiuti ronjuugite amonts;

Accipiat conjux feiici fœdere Divam;Dedatur cupidojamdudutn nupta marito;Currite , ducenles subtemitta , currite , lusi.

(t Non iliant nulrix orienli luce revisens,liesterno collum poterit eireumdare fiio.Currite, (inocules subtemiua, currite, fusi.

a Anxia nec mater discordis mœsta pueiiæSecubitu , rams mittet sperare nepotes.Currite , ducentes subtemina, currite, lusi. n

Talia prolantes quondaut , feiicia PeieiCarmina divine eecineruui. amine Pareæ.Præsenles ttamque ante dames invisere castas,Sæpius et sese mortaii ostendere cœluCœlicolæ, nouduut sprela piclale , solebant.Sæpe pater Divum temple in iuigente revisensAnttua quuttt festis venisseni. sacra diebus,Conspexit terra centum procurrere currus.Sæpe vagus Liber Parnassi verlice summoThyadas effusis evantes crinihus egit;Qunm Delphi, tata certatim ex urbe mentes,Aceiperent lali Divum iuntanlibus aria. 295

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CATU LLE.ses murailles , accueillait le dieu avec transportprès des autels fumants. Souvent au milieu desanglantes batailles, Mars, ou la déesse quirègne sur le Triton aux ondes rapides, oula déesse de Rhammonte, se mêlant aux ba-taillons armés, encouragaient leur valeur. Maisquand une fois le crime eut souilléla terre, quandlajusticeeut fui loin desàmes avides, quand lesfrères eurent baigné leurs mains dans le sangde leurs frères , quand le fils eut cessé de pleu-rer ses parents au tontbeau , quand le père sou-haita le trépas de son premier né , pour êtrelibre (le posséder les charmes d’une jeuneépouse; quand une mère impie, se plaçant dansla couche (le son fils abusé, ne craignit pointd’outrager par l’inceste ses dieux pénates , cette

fureur coupable qui confond la justice et lecrime a détourné de nous les dieux irrités. Ilsne daignent plus maintenant visiter nos assem-blées; ils demeurent invisibles à nos regards.

LXV.

A HORTALUS.

Hortalus, il est vrai, la douleur qui me con-sume sans relâche m’enlève au culte des doctes

sœurs , et mon âme , en proie aux chagrins quila troublent, ne peut redire les douces inspira-tions des Muses. Peu de temps s’est écoulé,depuis que l’onde du fleuve Létlté baigne les

Sæpc in ietifero bellicertamiue Mavors,Aut rapidi Tritonis hem, aut Rhamnusia virgoArmatas hominuut est prœsens itartttta catcrvas.Sed paslquam telius sceiere est imbuta nefando,Justitiamquo omnes cupide de meule fugarunt;l’erfudere manus fraterno sanguine fratres;Destitit exstinctos gnatus lugera parentes;Optavit genitor primœvi funera gnati,Liber ut inuuptœ poteretur flore novercœ;ignaro mater substernens se impie guato,impia non verita est divas seclerare pénates;Omnis tamia , nefandu, maie permixta furoreJ ustiiicam nabis mentem uvertere Deorum.Quam nec tales dignantur visere cactus,Nec se contingi patiuntur lumine dura.

CARMEN LXV.

au HORTALUM.

Elsi me assidue confectum cura dolerachocata doctis, Hortale, virginihus ;

Net: poils est dulces Musarum expromere fœtusMens animi: tuttis fluctuat ipsa mails l

Namquo mei nuper Lethmo gui-gite fratrisl’allidtilum mamans allait nuda pedem;

él5

pieds glacés de mon frère, de mon frère, quela terre troyenne au rivage de Rhétée, cachepour jamais à mes regards.

Ainsi, je ne t’entendrai jamais raconter tesexploits , jamais , ô mon frère, toi que j’aimais

plus queuta vie, je ne te verrai plus. Du ntoins,je t’aimerai toujours; toujours je soupireraides chants plaintifs sur ta tombe, comme, sousl’ombre épaisse des bocages, Prague gémis-sante pleure la mort d’Ityle.

Cependant, Ilortaius , au milieu de tant dedouleurs . je t’envoie ces vers intités du fils de

Battus; afin que tu ne croies pas que tes paro-les, jouet des vents légers, se soient écltappées

de ma mémoire; connue du chaste sein de lavierge, glisse la pomme, présent furtif d’unmuant, qu’elle a cachée sous le pli de sa robe ,et qu’elle oublie, quattd, tressaillant à l’arrivée

de sa mère, la pauvre jeune fille laisse le fruittomber et rouler en bondissant à ses pieds, etsent une triste et perfide rougeur couvrir sonVisage.

LXVI.LA cusanunn DE BÉRÉNICE.

Celui qui a compté tous les flambeaux (le lavoûte du ciel, qui connaît le lever et le coucherdes étoiles , qui sait comment s’obscurcit l’éclat

des feux dévorants du soleil, comment les astres

Troïa fiitœleo quem subter iitore teiius

Ereptum noslris obterit ex oculis.Aiioquar?audieroue unquam tua facla ioquentem Y

Nunquam ego te, vita frater amabilior,Adspiciam posthac? At carte semper amabo,

Semper mœsla tua carmina morte canant;Quaiia suit densis rantorutn enneinit umbris

Duuiins, absumpti fats gentcns llyli.Sed tamen in tantis mœroribus, Hortale, milto

Hœc cxpressa tibi carmina Battindto;Ne tua dicta vagis uequicquatn crédita ventis

Effluxisse mec forte putes anima;Ut missum sponsi l’urtivo munere nullum

Procurrit enslo virginis e gremio ,Quod misera: obiitœ utoili sub veste Iocatum,

Dum adventu malris prosiiit , excutitur,Atque illud prono prœceps agitur decursu;

Huic marial tristi couscius ora rober.

CARlilEN LXVI.

on COMA transmuas.

Omuiu qui magnt diaprait luminn mundi ,Qui stellarum orins comperit atque obitus;

Flammeus ut rapidi solin nitor obscuretur, S

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disparaissent in des époques fixées, et commentl’amour, entraînant Diane sous les roches mys-[crieuses de [latinos , la détourne de sa coursecéleste; celui-là même, Conon, m’a vue détachée

du front de Bérénice briller au firmament, parla faveur du ciel: moi que la reine , élevant sesbras gracieux, avait souvent promise à tant dedivinités, alors que , dans l’ivresse d’un nouvel

hyménée, et portant encore les douces marquesdes combats nocturnes livres à la virginité vain-cue, le roi son époux, allait ravager les fron-tières de l’Assyrie. Vénus est-elle pour lesjeunes épousées un objet de haine! ou bienabusent-elles la tendresse crédule de leurs pa-rents par ces larmes mensongères , qu’ellesversent à grands flots sur le seuil de la chambrenuptiale. Non, j’en atteste les dieux, ces lar-mes ne sont point sincères. La reine me l’arévélé par ses tristes gémissements quand sonnouvel époux allait affronter les combats meur-triers.

Combien tu as pleure. l’abandon de ta couchesolitaire et le départ funeste qui t’enlevait unfrère adoré! Quel chagrin profond consumaitton cœur abattu, alors que ton âme déchiréed’inquiétudes, s’égarait dans des transportsin-

sensés! Et pourtant, vierge jeune encore, jet’avais connue courageuse. As-tu donc oublié

CATU LLIS.roi, et que n’eussent point ose les plus ion-é.pides.

Mais alors, dans tes tristes adieux à tonépoux, quelles paroles sortirentdc La bouche.U ciel, combien de fois la main essuya tespaupières! Quel dieu puissant a change tonâme. Ah! les amants ne sauraient se résoudre àvivre loin de l’objetadore.

C’est alors qu’implorant le salut de tonépoux , tu promis a tous les dieux de m’offrir

en sacrifice avec les taureaux immoles , sibientôt revenant vainqueur, il ajoutait l’Asiecaptive aux frontières de l’Egypte. Et mainte-nant offerte aux immortels pour paver ta prièreexaucée, j’vauittc en ce jour les vœux formesjadis. C’est a regret, ô reine , que j’ai quitte ton

front; à regret j’en jure par toi-nième , par tatète sacrée, etperisse celui qui prononcerait envain un tel serment! Mais qui pourrait braver lesatteintes du fer? Le fer a renversé ce mont, leplus élevé que franchisse dans les régions de laT hrace, le fils resplendissant de ’l’hia , lorsque

les Mèdes ouvrirent une mer nouvelle , et quel’armée barbare fit voguer ses navires au mi-lieu d’Athos partagé. Que pourrait une cheve-

lure , quand le fer remporte ces victoires! Ju-piter, que la race des Chah-lies périsse tout en-tière! et avec elle, celui qui le premier tenta

cet mimiL Si hardi (llli le valût la main d’un l de chercher dans ses retraites souterraines

Ut. radant certis sidera tcmporibus,Ut Triviam lurtim sub Latinia son relegans ,

Dulcis amor gym devocet aério;Idem me illa Canon cœlesti in lumine vidit

E Bereniceo vertice cæsariemFulgenlem clam : quam multis illa Deorum ,

Lœvia prolendens brachia, pollicila est;Qua rex tempeslale , novo auctus Hymenœo,

Vastatum fines iverat Assyrios ,Dulcia nocturnæ portails vestigia rixæ,

Quam de virgineis gesserat exuviis.Estne novis nuptis odio Venus? aune parcnlum

Frustrantur lalsis gandin lacrimulis,Ubertim thalami quos intra limina fundunt?

Non , ita me Divi , vera gemunt, juverint.ltl Inca me multis docuit regina querelis,

lnvisente nova prælia lorva viro.At. tu non orbum luxli deserta cubile,

lit lralris cari flebile disridium.Qunm penitus niœstas exedit cura medullas;

Ut tibi nunc toto pectore sollicitæSensibus ereptis mens exciditl Alqui ego cette

Cognoram a parva virgine magnanimam.Anne hennin oblila es lacions , quo regium adopta vs

Conjugium , quad non forlior ausitalis?Sed tout mœsla virum mitiens, quæ verba locula es l

Jupiter, ut. tristi lumina sæpe manu lQuis te mutavit tantus Deus? an quad amantes

Non longe a euro corpore abesse volunl?Atque ibi me cunctis pro dulci conjuge Divis

Non sine taurine sanguine pollicita es,Si reditum tetulissat is baud in lempore longe et

Caplam Asiam Ægypti linibus adjicrret?Queis ego pro factis cœlesti reddita matu;

Pristina vota nove munere dissolue.lnvita ; o regina , tua de vertice cessi,

lnvita : adjura taque tuumque caput;Digital lerat, quod si quis inaniter adjurarit.

Sed qui se ferre postulet esse parent ’?

llle quoque eversus mous est, quem maximum in crisProgenies Thiæ Clara supervcbitur;

Quum bledi peperere novum mare, quumque juvenlusl’or medium classi barbara navit Alban.

Quid facient crines, quum ferre talia cedanl?Jupiter , ut Chalybun 0mne genus pereat,

Et qui principio sub terra quarrera venaslnstitil , ac lerri fingere duriüeml

Ahjunctæ paullo ante comte mea luta sorores 54

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CAT ULLE.ce métal funeste, et d’en amollir la dureté!

Les tresses nies sœurs, ainsi séparées demoi, pleuraient ma destinée, lorsque je vis s’of-frir à moi le frère de Memnon l’Ethiopien , Zé-

phyr, léger époux de Cltloris Arisnoë, lequelfendant l’air de ses ailes doucement agitées,vint m’enlever à travers les plaines éthérées ,

et me déposa dans le chaste sein de Vénus.La déesse elle-même, aimable habitante desrivages de Canope, avait chargé de ce mes-sage le dieu obéissant, afin que la couronned’or détachée du front d’Ariane, ne brillât point

seule dans les régions éclatantes du ciel, maisqu’on vît aussi étinceler mes tresses blon-des, ces dépouilles de la tète consacrées auxdieux.

Encore humide de pleurs, à peine avais-jeatteint le séjour des immortels, que la déesseme plaça, nouvel astre, parmi les constella-tions anciennes. Car voisine de la Vierge et duLion sauvage, non loin de Callisto, fille deLycaon , j’incline vers le Couchant, guidantla marche du Bouvier paresseux, qui se plongeenfin à regret dans les flots de l’Oce’an. Mais

quoique, la nuit, les dieux me foulent sousleurs pas , qu’au jour, je rentre dans le sein dela blanche Téthys déesse de Rhamnonte (net’irrite point de ce discours; car nulle crainten’étouffera mes aveux sincères , et ne m’empê-

Lugebant, quum se Memnonis ÆthiopisUnigena impellens nutautibus aéra permis

Ohtulit Arsinoes Chloridos ales equus.lsque par ætherias me tollens advolat. auras,

Et Veneris rasto coulocat in gremio.lpsa suutu Zephyritis en fatuulum legarat ,

Grata Canopœis in loca litoribus.Scilicet in varia ne solum limite cœli

Ex Arindtteis nurea temporibusFin rorona foret; sed nos quoque fulgeremus

l)evotœ flavi vertiris exuviœ.

Uviilulum a lletu , redoutent ml temple Doum , meSitlus itt auliquis Diva novuttt posttit.

Virginis , et sævi contingens nnmque broutsLumina , Callisto juncta Lycuonim,

Verlor in occasum , tardum dux ante lloolen,Qui vix sero alto mergitur Oct-ana.

Sed quanquntn me nocte pretttttnt vestigia Divtlm,Lure alitent cana: ’l’cthyi restituer;

( l’arc tua lori luce liceut, llbutunmia virgo;Namque ego non ullo vera limera trgnm ,

Non , si me iulestis disccrpant sidéra tlietis,Conilita quin veri pentoris évoluant; j

4l?»

chera de révéler les secrets de mon âme; dus-sent les astres irrités se déchaîner contre moi),je ne me réjouis point de cette destinée, autantque je ni’afflige d’etre séparée , séparée pour

toujours , du front (le ma maîtresse , qui ,n’étant encore qu’une jeune vierge, écartait de

moi tous les parfums, et les lit en un jourcouler par millions sur mes antteaux.

Maintenant, ô vous pour qui l’hymen allume

enfin ses flambeaux , ne vous livrez point auxcaresses d’un époux bien aimé , ne rejetez pasde votre sein ses chastes voiles, avant que l’onjxn’ait fait couler pour moi de douces libations,des libations offertes par vos tuains, a vous quivoulez que la chasteté règne dans votre litnuptiale. Mais la femme souillée d’un impuradultère, que la poussière boive ses présentsdétestés! Loin de moi les dons offerts par lecrime! Mais pour vous, jeunes épouses, quetoujours la concorde, que toujours fatuourrègnent dans vos demeures.

Et toi, reine, lorsque, les yeux fixés vers leciel, tu invoqueras, ala clarté des flambeaux ,Venus , ennemie du sang, n’offre point seule-ment de vœux, mais des présents magnifiques,pour me rappeler près de toi. Pourquoi les as-tres me retiennent-ils exilée? Plut aux dieux queje fusse rendue à ton front royal, et qu’Ot-ioune brillait plus separé du Verseau.

Non bis tant lætor rébus, quam me obture scmper,Abfore me a domiuæ verticc disrrurior;

Quicum ego , duut virgo quouduurluit , omnibus ctprraUngueutis, una millia mullu bibi.

Nunc vos, optato quasjuuxit lutniue trotta,Non prius unanituis rorpora conjugibus

Tradile, nudantes rejectn veste pnpillas ,Quant juruudn mihi muncrn libet onyx;

Vester onyx , rush) petilis qua.- juru cubtli.Sed quæ se impure (ledit utlultt-rio,

lllius, ah l male doua levis bibat iurila pubis;Nnmqtte ego ah iudiguis prtrtnizt null.t peut.

Sir. tttagis , o ttuptæ , seutpcr roncurdio vestrasSemper autor selles moulut llSSltlllllS.

Tu vcro , regina , tuons quuut aillera divuml’lueabis lestis lutuinilitts Venercm

Sanguiuis exprrtrtu , "ou volis une tuant me ,Sed potins largis cilice tunnel-illis.

Sidera rttr refluent? titillant routa regin liant ;

Proxituus llydrorhoi fulgeret Unrion. Hi

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4m CATULLE.LXVll.

aucun.0 porte (locileà un mari complaisant, docile

à un père, salut, et que Jupiter te comble debiens! toi qu’on dit avoir été honnête et probe,

tant que Balbus a occupé cette maison , et t’être

prêtée ensuite à de honteuses intrigues, dèsque son épousea eu pris sa place. Dis-moi doncd’où vient ce bruit qui l’attribue l’abandon de

ton respect envers ton maître.

LA rams. ,Non, soit dit sans blesser Cécilius à qui j’ap-

partiens maintenant, ce n’est pas ma faute,quoiqu’on le prétende; personne n’a rien à me

reprocher. Mais c’est toujours à la porte qu’ons’en prend. Dès qu’il y a quelque mauvaise ac-

tion, tous me crient: porte , c’est ta faute.

CATULLE.Ce n’est pas assez de le dire ; il faut faire que

tout le monde le sente et le voie.LA PORTE.

Comment le puis-je? personne ne s’en in-quiète et ne cherche à le savoir.

CATULLE.

Je le veux , moi; n’hésite pas à me le dire.

GARDIEN LXVIl.

AD JANUM MŒCHÆ cuausmn.

CATULLUS.0 dulci jucunda vira , jucunda parenli ,

Salve , teque buna Jupiter auclet ope,Janua : quam Balbo dicunt servisse benigne

Olim , quum sedes ipse senex tenuit;Quamqne ferunt rursus vota servisse maligne,

Postquam est porrecto facto marila sene.Dicagedum nabis, quare muleta feraris

ln dominum veterem deseruisse fidern.

JANUA.Non , ita Cæcilio placeam , quoi tradita nunc sum ,

Culpa mea est, quanquam dicitur esse men.Nee peccatum a me quisquam pote dicere quidquam;

Vernm isti populo janua quidque tarit,Qui, quacuuque aliquid reperitur non bene factum ,

Ail me omnes clamant : Janua, culpa tua est.CATULLUS.

Non istuc satis est uno te dicere verbe;Sed lacera , ut quivis sentiat et vidant.

JANUA.Qui passant? nema quærit, nec seire laborat.

CATULLUS.Non volumus : nabis dicerc ne dubih.

LA rame.Eh bien l d’abord ce qu’on raconte de la tra-

hison envers la jeune femme est une fausseté:elle n’avait pas encore été déflorée par son mari

dont la verge languissamment pendante nes’est jamais soulevée dans sa tunique. Mais lepère a violé la couche du fils, et souillé sa mal-heureuse maison, soit par un amourimpie , soitpour suppléer l’impuissance de son fils. Il fal-

lait bien chercher quelque main vigoureusepour dénouer cette ceinture virginale.

CATULLE.

Voici un charmant père et d’une merveil-leuse piété qui ne respecte pas le lit de sonfils.

LA rams.Et ce n’est pas là tout ce que prétend savoir

Brescia , la ville adossée à la colline de Cydmus;

Brescia, que parcourt mollement de ses eauxle blond Méla ; Brescia , la mère de ma chèreVérone. Je parle aussi de Posthumius et (leCornélius avec lesquelles la jeune femme a com-mis adultère. On dira: comment sais-tu celatoi, porte,qui ne peut ni t’absenter du seuil deton maître , ni prêter l’oreille aux discours dupeuple , et n’as pour toute et unique fonction,que de fermer et d’ouvrir la maison? C’est que

j’ai entendu souvent la coupable parler à ses

JANUA.Primum igitur, virgo quad lertur tradita nabis,

Falsuln est. Non illam virprior attigent,Languidior tenera quoi pendens sieula bela, j

Nunquam se mediam sustulit ad tunicam;Sed pater illius Dali violasse cubile

Dieitur, et miseram conscelerasse domum ;Sive quad impie mens cæco flagrabat amore,

Sen quad iners sterili semine nains ont.Et quærendum unde unde foret nervosius illud ,

Quod posset zonam solvere virgineam.

CATULLUS.Egregium narras mira pietate parentem ,

Qui ipse sui gnati minxerit in gremium.JANUA.

Atqui non solum bac se dicit cognitum habereBrixia, Cycnææ supposita speculæ,

Flavus quam molli percurrit flumine Mela,Brixia, Veronæ mater amata meæ:

Sed de Poslbumio, et Corneli narrat amore,Cum quibus illa malum fecit adulterium.

Dixerit bic aliquis : Qui tu isthæc, janua , nosti ,Quoi nunquam domini limine abesse lit-et ,

Net: populum auscultare : sed buic suffixa tigilloTantum operire soles , aut nperire domum? 4°

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CA’l’ULLE.

servantes deses crimes et nommer par leur nomceux que je viens de dire : elle me croyait sanslangue et sans oreilles, et elle ajoutait un autrenom que je ne veux pas révéler, de peur d’exas-

pérer celui qui le porte. C’est un homme hautet long qui a eu autrefois de grands procès pourcertaine supposition d’enfant.

LXVIII.

A MANLIUS.

Accablé par le sort , et frappé d’un coup af-

freux, tu m’envoies cette lettre baignée detes pleurs; naufragé, battu par les flots dela mer écumante, tu veux que je te tende lamain, et que je te rappelle des portes de lamort, toi que Vénus, la puissante déesse,ne laisse plus reposer d’un doux sommeil surta couche abandonnée et solitaire , et dont lesMuses ne peuvent plus charmer par les chantsmélodieux des anciens poètes, les douloureu-ses insomnies. Il m’est doux de te voir, sûr demon amitié, me demander les Consolations desMuses et de Vénus.

Mais , afin que tu n’ignores pas mes cha-grins , et que tu ne me croies point ennemi desdevoirs d’une hospitalité reconnaissante, ap-prends dans quel abîme la fortune m’a plongé

Sæpe iIIam audivi furtiva vace quuentcmSoient cum ancillis hæc sua flagitia ,

Nomme dicentem , quos diximus : utpate que: miSperaret nec linguam esse, nec auriculam.

Prmterea addebat quemdam , quent diacre nanNomine , ne toIIat rubra supereilia.

Longue homo est, magnas quoi lites intulit olimFalsum mendaci ventre puerperium.

GARMEN LXVlll.

AD maman.

Quod mihi, fortune casaque oppressas acerbo,Conseriptum bac lacrimis mittis epistolium ,

Naufragum ut ejectum spumantibus æquoris undisSublevem, et amortis limine restituam;

Quam neque annela Venus molli requieseere sommaDésertum in Iecto cœlibe perpetitur;

Née veterum dulci scriptorum carmine MusæOblectant , quum mens anxia pervigilat;

Id gratuit) est mihi , me quoniam tibi ducis amicum ,Muneraque et Musnrum bina petis et Veneris.

Sed tibi ne mon sint ignota incommoda , Manli; aNeu me odissa putes hospitis officinal,

Accipe, queis moi-ser fortune.- fluetihus ipse,

417

moi-même, et ne demande plus à un malheu-reux des vers enfants du bonheur. Au tempsoùje fus revêtu pour la premièrefois dela robe vi-rile, quand ma jeunesse florissante était danslajoie de sonprintemps , j’ai pris assez de partaux jeux de l’Amour, et je ne suis pas in-connu à la déesse qui mêle à nos peines unedouce amertume. Mais tous ces plaisirs , ledeuil où me condamne la mort d’un frère meles a fait oublier. Malheureux! O mon frère,jet’ai perdu! Tu emportes en mourant tout monbonheur; avec toi notre famille tout entièreest entrée dans la tombe; avec toi ont dis-paru tantes les joies que nourrissait en moi lebonheur de t’aimer. Cette mort a banni demon âme tous les plaisirs qui remplissaientmes jours, et tout ce qui fit mes délices.Maintenant tu m’écris que c’est une honte pour

Catulle de rester à Vérone quand, à Rome , ungalant homme s’efforce en vain de réchaufferses membres dans son lit désert. Non, Manlius,ce n’est point une honte; c’est plutôt un mal-

heur. Ajnsi pardonne-moi, si tous ces dans quela douleur m’a ravis, je ne te les offre pas ,quand je ne puis les offrir. Car si je n’ai auprèsde moi qu’un petit nombre de mes écrits , c’est

que je vis à Rome; que là est mon foyer, là medemeure; que là s’écoule la majeure partie

Ne anIpIius a misera dona béate pelas.

’I’cmpore quo primum vestis mihi tradita pure est,

J noundum quum tatas florida ver ageret ,Multa satis lusi: non est Des nescia noslri ,

Quæ dulcem curis miscet amaritiem.Sed totum hoc studiutu Iuctu interna mihi mars

Abstulit. 0 misera frater ademple mihi!Tu men , tu mariens fregisti couunada , frater;

’l’ecunl une tata est nostra sepnIta damus;

Omnis tecum une perlerunt gaudis nostrn ,Quœ tuus in vita dulcis alehatamor.

Quojus egointerilu tata de mente [aguiHæe studia , atque omnes delicias animi.

Quare quad scribis: Veranœ turpe CatulleEsse. quad hic quisquis de meliare nota

Frigida deserto tepefecit membra cubtli :Id , ManIi, non est tut-po; mugis miseruln est.

Ignosces initur, si, quæ mihi luctus ademit ,IIœc tibi non tribuo munera , quum hoquet).

Nain, quad scriptorum non magna est copia apud me,Hou lit, quad [tonna vivimus : illa doums,

IIIa mihi sodas, illic mon carpitur mus ;Hue. une ex ntuIlis rnpsuIa me sequitur.

Quod quum ila sit, uolim statuas , ne: mente maligne

Id tarera, eut anima non satis ingmuo, 5827

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4’18

de mes jours. De tous mes portefeuilles, àpeine un seul me suità Vérone. Ne va donc paspenser que je refuse par dédain au par unecoupable ingratitude de satisfaire l’un et l’autre

de tes vœux; je les aurais devancés si celam’eût été possible.

Non, je ne vous tairai pas, ôMuses, toutes lesmarques d’amitié, tous les services que j’aireçus de Manlius; je vous le dirai au contraire(le peur que le temps, dans sa fuite, ne lescouvre du voile de l’oubli. Vous, redites-lesaux peuples à venir, et que ces pages vieillis-sent pour les raconter un jour. Que son nomgrandisse de plus en plus dans les âges, etqu’après son trépas, jamais l’araignée, sus-

pendant ses tissus légers dans les airs, necouvre de sa toile le nom oublié de Manlius.

Vous savez combien de soucis m’a causés la

t perfide Vénus; avec quelle fureur elle s’estattachéeà moi, alors que je brûlais d’autant

de feux que le volcan de Sicile, ou que lasource embrasée de Malle, voisine des Thermo-pyles; alors que mes yeux abattus ne cessaientde verser d’intarissables pleurs , et de baignermes joues d’une triste rosée.

Tel qu’au sommet d’un mont escarpé jaillit

d’une roche moussue un ruisseau limpide, quidescendant rapidement des flancs d’une colline,vient serpenter à travers une route fréquentéeet offrir un soulagement au voyageur fatigué

Quod tibi non utriusque petiti copia facta est;Ultra ego deierrem, copia si qua foret.

Non possum reticere, Deæ, que Manlius in raJuverit, ant quantis juverit officiis;

Ne Iugiens seclis obliviscentibus ætasIllius hoc ræca nacte tegat studium.

Sed dtcam vobis. Vos porro (licite mullisMillibns et facile bzec charta quuatnr anus.

Noteseatque mugis mertuus, atque magis;Ne tennem texens sublimis aranea telam ,

Descrla in Manli nomine opus faciat.Nain , mihi quam dederit duplex Amathusia cnram ,

Scitis , et in qua me corruerit genere;Qunm tantnm arderem , quantum Trinacria rupes,

Lymphaque in OEtæis Matis Thermopylis,Mœsta neque assidue tabescere Iumina fletu

Cessarent, tristique imbre madere gente.Qualis in aerii pellucens verties mentis

Bivus muscasa prasilit e lapide ,Qui , quum de prana præceps est valle volutus

Par médium densi transit iter populi,Dulac viatari lassa in sudore Ievamen ,

Qunm gravis exustos æstns hinlcal tigras,

CATULLE.et inondé de sueur, lorsque [été brûlant en-tr’ouvre les champs desséchés; ou tel qu’un

vent plus deux qui vient caresser de son soufflepropice les matelots battus par les noirs tanr-billons de la tempête, et dont la voix supplianteavait déjà imploré Castor et Pollux; tel fut pour

moi le secours de Manlius.Il a reculé les limites de mon domaine ; il m’a

donné une demeure , il m’a donné une maî-

tresse. Sous son toit, nos mutuelles amours onttrouvé un asile où ma gracieuse déesse a sou-vent porté ses pas légers, et dent le seuil, foulépar ses pieds ravissants, l’a vue s’arrêter sus-

pendant le bruit de sa chaussure muette.Ainsi, jadis embrasée d’amour pour son

époux , Laodamie entra dans la demeure deProtésilas , dans ce palais construit sans de fu-nestes auspices , avant que le sang des victimessacrées eût apaisé les dieux, maîtres du ciel.

Que jamais, ô déesse de Rhamnuse, un désirtéméraire ne me pousse à rien entreprendremalgré les dieux! Combien leurs autels sontaltérés d’un sang pieux, Laodamie l’apprit par

la perte de son éponx,qnand elle fut contraintede s’arracher à ses embrassements, avant qu’un

hiver succédant à un autre hiver eût assezassouvi dans de longues nuits d’amour sonardente passion , et I’eussent préparée à ce

cruel veuvage. Les Parques savaient bien quele jour n’était pas loin qui devait rompre ces

Ac veluti nigro jactatis turbine nantisLenius adspirans aura secundo venit,

Jam preee Pellucis , jam Castoris implanta;Tale fuit nabis Manlius auxilium.

Is clausum Iate patelecitlimite campum,Isque domum nabis, isqne dédit dominant;

Ad quam communes exerceremus amores,Quo men se molli candida Diva pede

lntulit , et trito fulgentem in limine plantamInuixa, arguta constitit in salsa; I

Conjugis ut quandam flagrans adveuit amers ,Protesilaëam Laodamia domum,

lnceptam frustra , nondum quum sanguine sacraIlostia cœlestes pacificasset héros.

Nil mihi tain valde placent, libamuusia virgo,Quod temere invitis suscipiatur beris.

Quam jejuna pium desideret ara cruerem ,Docta est amisso Laodamia vira ;

Conugis ante coacta novi dimittere collum ,Quam veniens una atque altéra rursus biems

Nactibus in longis avidum saturasset amarem ,I’asset ut abrupte vivere conjugia;

Quod seibant Parcæ non longe tempore abesse,Si miles murosisset ad lliaeos. 80

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CATUL LE.nœuds, si Protésilas allait affronter les combatsaux rivages d’llion. Car alors, l’enlèvementd’lle’lène appelait l’élite de la Grèce sous les

remparts de Troie, Troie, ville criminelle,tombeau de l’Europe et de l’Asie, Troie ous’ensevelirent tant de héros et de haut-faits,et qui a causé le trépas funeste de mon frère.Hélas! malheureux! mon frère m’a été ravi:hélas! la douce lumière du ciel a été ravie à

mon malheureux frère! Avec toi, notre familletout entière est descendue dans la tombe; avectoi se sont évanouies toutes ces joies que nour-rissait en moi le bonheur de t’aimer. Et main-tenant si loin de moi , tu ne reposes pointparmi des sépultures amies, ni près des cen-dres de tes proches; mais Troie, la cité infâme,la cité malheureuse, te retient enseveli sous unsol étranger, aux extrémités de l’univers.

Ce fut vers ces murs que s’élancèrent, dit-on,

de tous les pays de la Grèce, ces jeunes guer-riers qui abandonnèrent leurs foyers domesti-ques pour empêcher Paris de goûter librementdans sa couche paisible les plaisirs de son amouradultère. Cette guerre, belle Laodamie, t’enlèveun époux plus cher à tes yeux que la lumièredu jour; tant était immense l’abîme où t’avait

plongée l’amour qui t’entraînaitl Non moinsprofond était, au récit des Grecs, l’abîme voi-

sin de Phénée, la ville arcadienne, qui absorbe

Nain tum Helenæ raptu primores ArgivorumCœperst ad sese Trojs ciere viros;

Troja aéras, commune sepulcrnm Europœ Asiæque ,Troja virum et virtulum omnium anar-ba oints;

Quæ neinpc et noslro lelum miserabilc fralriAtlulit: bei misera frater adeinpte mihi!

[lei misero fratrijucundum lumen ademplum!Terum uns lots est nostra septilta dentus:

Omnis tecum uns perierunt gnudia nestra ,Qum tuus in vils dulcis alebal amer.

Quam nunc tain longe non inter nuls sepulera,Net: prope connalus compositum rineres,

Sed Troja obscena, Troja infelice septillumDelinel. extremo terra aliena solo.

Ad quam lum properans fertnr simul undique pubrsGrœca penctrnles deseruisse focus;

Ne Paris nbducta "avisns libern mœchaOtia paealo degeret in thalamn.

Quo tibi tqu ossu , pulchsrrima Laodamia ,Ercptuin est vita dulcius alque anima

Conjugium; tante le absorbens val-tice autoris-Æstus in nbruplum detulerat barathrum;

Quale ferunt Graii Phrneum prope CylleneumSiccnro einulsa pingur palude salant 5

419

dans son bassin fangeux les eaux du sol desse-ché, et dont le fils supposé d’Amphitryon creusa

les profondeurs dans les entrailles déchiréesd’une montagne , lorsque perçant de ses flèchesinévitables les monstres de Stymphale, il mé-ritait, par son obéissance à l’injuste pouvoird’un tyran , que le seuil de l’Olympe s’ouvrità un dieu nouveau, et qu’Hébé ne fût pointcondamnée à une virginité éternelle. Oui,il était plus profond que ce gouffre, l’a-mour qui te soumit à un joug psqu’alors in-connu. Oui, l’aieul accablé sous le poidsdes anschérit avec moins de tendresse l’enfant que safille unique donne à ses derniers jours, tar-dif héritier qui, remplissant de son nom le tes-tament paternel, confond la joie impie du col-latéral, et écarte de la tête blanchie du vieillard

le vautour qui planait sur elle. La colombe estmoins éprise de son époux au blanc plumage ,elle dont le bec lascif lui prodigue des caressesplus vives que celles d’une amante; et pourtantquels transports égalent ceux d’une femme!Mais toutes ces ardeurs, les feux les surpassèrentquand l’hymen t’eut livrée au blond Protésilas.

Elle était pareille à Laodamie , ou suivait deprès ses traces, la lumière de ma vie, lors-qu’elle vint s’abandonner à moi. Autour d’elle

voltigeait l’amour étincelant sous sa tuniqueaux reflets d’or. Mais bien qu’elle ne se

Quod quondam cæsis mentis fodisse medullisAudit falsiparens Amphitryoniades ;

Tempore que certa Stympbalis monstra sagitlaPerculit, imperio deterioris beri;

Pluribus ut carli lererelurjanun Divis,Hebe nec longa virginitale foret.

Sed tuus ailus amor barathre fuit allier ille,Qui lune indomilam l’errejugum doruil.

Nam neque tain carum confecto Irlale parenliUna caput suri finals nepotis Bill ;

Qui, quum divittis vin tandem inventas avilisNotnen lestutas inlulit in tabulas,

[lupin derisi gentilisgnmlia touons,Susrilal a cane vulturium rapite.

N00 tanlum niveo gavisn est tilla colomboConipnr : quæ mullo dicitur improbius

Osruln mordenti sempcr décapera roslrn;Quanquam prtneipue multivola est millier.

Sed tu honnit magnes vicisti sols fumures;Ut seincl es flave conciliant vira;

Au! nihil , eut paullo quoi lulu «mordore (ligna ,Lux mon se noslrum contulntin gin-miam.

Quam rirrtunrursans bine illinc saque (inpiduFaim-lin ororina candidus in lunii-a.

97

l J5

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420

berne pas aux hommages du seul Catulle , sup-portons doucement ces rares infidélités d’unemaîtresse assez réservée d’ailleurs dans ses tra-

hisons. N’imitens pas les sets et leur colèrejalouse. Junon elle-même, la plus puissantedes déesses , eut souvent à gémir des outragesjournaliers de son époux, dont elle n’ignoraitpoint les perfidies sans nombre. Mais les hem-mes ne doivent point se comparer aux immor-tels : et loin de moi les plaintes fâcheuses d’unpère affaibli pa- l’âge. Après tout, ce n’est pas

conduite par la main paternelle qu’elle est entrée

dans ma demeure, embaumée, pourla recevoir,des parfums de l’Assyrie; c’est en cachette, etdans le silence d’une nuit furtive qu’elle m’aprodigué les adorables faveurs qu’elle dérobait

à son époux. ll suffisait à mes vœux de ce seuljour d’ivresse dont une pierre blanchea mar-qué le souvenir.

Reçois, ô Manlius , ces vers , faible tribut dema muse, offert en hommage après tant debienfaits , afin que ton nom échappe à l’injure

des âges, dans la suite sans nombre des joarsà venir; et qu’à cette faveur les dieux ajoutenttous les biens (lent ils récompensaient autre-fois la piété des mortels. Soyez heureux, et toiet ma maîtresse , et la maison théâtre de nosamours, et le premier auteur de toutes mesfélicités, celui qui m’a fait ton ami, et avant

Quœ tamen etsi une non est contenta Catulle,Rare verecuuda: furia feremus herse ;

Ne nimium simus stultorum more molesti.Sæpe eliam Jane, maxima Cœlicolum ,

Conjugis in culpa flagravit quotidism ,Noscens omnivoli plurima fui-La levis.

Atqui nec Divis bomines componier æquum est ;lngraluin tremuli telle parenlis onus.

Nec tamen illa mihi dextra deduota paterneFrngranlem assyrie venit odore domum;

Sed furtiva dedit mira munuscula nocte ,lpsius ex ipso dempla viri grémio.

Quam illud satis est, si nabis is datur nous,Quem lapide illa diem candidiore notat.

floc tibi , quod petui , confectum carmine munusPro mullis , Manli , redditur officiis;

Ne veslrum scabra tangat rebigine nomenHsec atque illa dies, stque alia , talque alia,

Hue sddent Divi quam plurima , quæ Thémis olimAntiquis solila est mottera ferre piis.

Sitis félines, et tu simul, et tua Vita ,Et dentus ipse, in qua lusimus, et domina;

El qui principie nebis le tradidit , a queSunt primo nabis omnia ests bons 5

CA’I’ULLE.

tous les autres , celle qui m’est plus chère quemoi-même, ma lumière, celle dont la vie mefait chérir la mienne.

LXIX.

A BUFUS.

Pourquoi t’étenner qu’aucune femme ne

veuille te livrer ses flancs voluptueux, et ne selaisse vaincre par tes cadeaux d’habits soyeuxou de diamants éblouissants? ll court sur toncompte le mauvais bruit qu’un bouc terribleloge sous tes aisselles. Tout le monde le ra-conte; et c’est naturel : car la bête est vilaine,et aucune belle fille ne voudrait coucher avecelle. Tue-la donc, cette peste si cruelle pourl’odorat, ou cesse de t’étonner quand tu voisles femmes te fuir.

LXX.

son L’incousrmcn nes ratinas.

Ma maîtresse me dit qu’elle ne me préférerait

aucun amant, pas même Jupiter, s’il l’en priait

lui-même. Elle le dit; mais ce que femme dità un amant, il faut l’écrire sur le vent et surl’eau rapide.

Et longe ante omnes mihi quæ me carier ipso est ,Lux mon; qua viva vivere (luise mihi est.

CARMEN LXIX.

A!) surent.

Noli admirari, qusre tibi l’œmina nulla,

Rufe , velil. tenerum supposuisse femur;Non ullam rare: labefaeles munere vestis,

Aut pelluciduli déliciis lapidis.Lædit le quædam male fabula , qua tibi fertur

Valle sub alarum trux babilare csper.[lune metuunt omnes : neque mirum, nain mais vuldeesl

Beslia , nec quicum balla paella cubet.Quare sut erudelem naserum interfiee pestent :

Aut sdmirsri desine, sur fugiuut.

CARMEN LXX.

ne INCONSTANTIA FŒMINEI amonts.

Nulli se dicit mulier inca nubere malle , IQuam mihi : non si se Jupiter ipse pelat.

Dicit : sed mulier cupide quad dicit amsnli ,ln vente , et rapida scribere oporlet aqua.

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CATULLE.

LXXI.

A VIBBON.

Si quelqu’un a jamais mérité, ô Virron,d’avoir un bouc sous les aisselles , ou d’être af-

fligé de la goutte, c’est bien ton rival, qui, en

poursuivant les mêmes amours que toi, a ga-gné ton double mal. Chaque fois qu’il est àl’oeuvre , il te venge et sur lui-même et sur toninfidèle maîtresse. Il la tue sous l’odeur qu’il

exhale, et il se tue en même temps de lagoutte.

LXXII.

A LESBIE.

Jadis tu me disais, ô Lesbie, que Catulleseul avait eu tes faveurs , et que tu ne me pré-férerais pas même Jupiter. Je te chérissaisalors, non d’un amour vulgaire , mais de cettetendresse qu’un père a pour ses enfants. Au-jourd’hui, je te connais trop. Aussi, bien queje sois plus que jamais consumé d’amour, tun’as pour moi ni les mêmes charmes, ni lesmêmes attraits. Comment cela? me diras-tu.Parce que , si de telles perfidies forcent tonamant àt’aimer davantage, elles le forcent aussià t’estimer moins.

CARNEN un.

se vmnounu.

Si quoi , Virro , boue sucer alarum obstilit hircins,Aut si quem merito lards podagre recul;

Æmulus iste tous , qui vostrum exercet amarem ,Mirifioe est a te nsctus utrumque malum.

Nam quoties fuluit , loties ulciscitur umbos ;Vlllam sffligit odore, ipse perit podagre.

GARMEN LXXll.

au LESBIAM.

Dicebss quondsm, solum le nous Catullum ,Lesbie ; nec pres me voile touera Jovem.

Dilexi lum le , non tontum ut volgus amical" ,Sed pater ut gnatos diligit et generos.

Nunc le coguovi : quarts, etsi impensius uror,Malte mi tamen es vilior et levier.

Qui potin est? inquis. Quod smontem injuria filin.Cogit mais mugis, sed bene une minus.

42!

LXXlll.

CONTRE UN INGRAT.

Cessez de prétendre à la reconnaissance etde croire que quelqu’un puisse vous savoir gréd’un bienfait. Toute notre espèce est ingrate :un service n’est compté pour rien, ou plutôtc’est pour celui qui le rend une cause d’ennuiset de chagrins. Je n’ai pas aujourd’hui de plusimplacable ennemi que l’homme qui tout à.l’heure m’appelait son seul et unique ami.

LXX lV.

comme canuts.

Gellius avait entendu dire que son oncle nemanquait pas de gronder si l’on faisait ou disaitquelque farce. Pour se garantir de ses plain-tes, il- lui a pris sa femme, et voilà l’onclemuet comme Harpocrate. Il est arrivé à ses fins.Car, quoiqu’il déshonore maintenant son onclelui-même , l’oncle ne soufflera mot.

LXXV.

A LESBIE-

Nulle femme n’a pu se dire aussi tendrement

OHM-EN LXXllI.

tu inclinoit.Desine de quoquam quidquam bene relis muret-i ,.

Aut aliquem fieri pesse putare pinm.Omnis sunl. ingrate : nihil l’ecisse bénigne est;

[mine eliam tædet, tœdel obeslque mugis;Ut mihi, quem nelno gruvius nec acerbius urget ,

Quam modoquimeunum nique unicum aulicum lichait.

CARRIEN LXXIV.

IN GELLIUM.

Gellius audierst, palruum objurgue solen,Si quis delicias diceret, sut. fuceret.

floc ne ipsi accident, patrui perdepsuit ipsumUxorem , et patrnum reddidil. llsrpecratrm.

Quod volait, l’ecit : nant , qusmvis inrumot ipsum

Nunc pslruum , verbum non facial patrons.

CARM EN Lxxv.

au LESBIAII.

Nulle patent taulier tantine u dicoic suintant

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42.2

aimée que tu le fus de moi, ô ma Lesbie! Ja-mais Ia foi des traités n’a été plus religieuse-

ment gardée que nos serments d’amour ne lefurent par moi. Mais vois ou tu m’as conduitpar ta faute, et quel sacrifice est imposé à mafidélité! Carje ne peurraijamais t’estimerquand

tu deviendrais la plus vertueuse des femmes,ni cesser de t’aimer, quand tu serais la plusdébauchée.

LXXVI.

A LUI-MÊME.

Si le souvenir du bien qu’il a fait est unplaisir pour l’honnête homme; s’il peut sedire à lui-même qu’il n’a jamais violé la foi

sacrée, ni, pour tromper ses semblables, pro-fané le nom des dieux, quelle satisfaction nete promet pas pour ta vieillesse, ô Catulle, cetamour si mal récompensé! Car tout ce qu’unhomme peut faire et dire de bien, tu l’as fait,tu l’as dit, mais en vain, pour une infidèle quite paie (l’ingratitude. Pourquoi te tourmenterencore? Pourquoi ne pas affermir ton âme, etcesser d’être malheureux, puisque les dieuxs’opposent à ton amour? Sans doute il est dif-fieile de briser si vite un amour qui durait de-puis si longtemps; cependant tu dois tout faire

Vere, quantum a me, Lesbia , smala, mes es.Nulla fides ullo fuit unquam fœdere tante,

Quanta in amure tua ex parte reperta mes est.Nunc est mens adducta tua, mea Lesbie, culpa,

Atque ita se officie perdidit ipso pie ;Ut jam nec bene velle queam tibi, si optima fias,

Net: désistera amers, omnia si facias.

GARMEN LXXVI.

au sa IFSUM.

Si qua recordanti benefacta priera voluptasEst bomini, quunt se cognat esse pium,

Nec sanctam violasse fidem, nec fœdere in ulloDivum ad fa’llendos numine abusum boulines;

Multa parala marient. in longe ætate, Catulle,Ex hoc ingrate gaudit: amore tibi. [sunt’

Namquæcumque homines bene quoiquam aut dicere pos-Aut latere, hases le dictaque factaque Sunt;

Omnia quæ ingrats) perierunt crédita menti.Quatre jam te cur amplius excrueies ’?

Quin le anime eblirnias, laque istinc usque reducis,fît, Dis invitis, desinis esse miser?

Difficile est longent subite doponere amarem ;

CATI) LLE.pour y parvenir. Il n’y a pour toi qu’un seulespoir de salut, c’est de te vaincre toi-mémé z

que tu le puisses ou non, il te faut le tenter.Grands dieux! si la pitié est votre partage,ou si vous avez jamais accordé votre secoursa des infortunés prêts à succomber, regar-dez-moi dans mon malheur, et sima vie futsans tache , délivrez-moi de cette peste, qui,circulant dans mes veines , comme un poison ,a pour jamais banni la joie de mon cœur. Jene demande plus qu’elle m’aime encore, ou,ce qui n’est pas possible, qu’elle revienne auxlois de la pudeur; non, ma guérison, et l’ou-bli du mal qui me consume, c’est la seulegrâce que j’implore de vous, ô Dieux! pour prixde ma piété.

LXXVII.

A RUFUS.

Rufus, que je croyais gratuitement monami: (gratuitement? eh l non’; mais à grandsfrais et à grand dommage pour moi ; ) as-tubien pu me voler ainsi, et, fouillant dans mesentrailles, m’arracher tous mes biens? Hélas!hélas! ô fléau cruel de ma vie! Hélas! hélas!peste de mon amitié!

Difficile est : vernm hoc qnalubet officias.Una salus hase est, hoc est tibi pervincendum.

Hoc facies, sire id non pote , sire pote.0 Di , si vostrum est misereri, aut si quibus unquam

Extreina jam ipse in morte tulistis opem ;Me miserum adspicite , et si vitam puriter egi ,

Eripite hanc pestent perniciemque mihi ,Qnæ mihi subrepens imos, ut torpor, in artus,

Expulit ex omni pectore lætitias.Nenjam illud quæra, contra ut me diligat illa ,

Aiit, quad non polis est, esse pudica velil ;lpse valere opta, et tetrum hune deponere morbum.

0 Di, reddite mi hoc pro pietate mea.

GARDIEN LXXVll.

AI) BUFUM.

llufe , mihi frustra ac nequicquam ereditc amine ,Frustra? imine magna cum pretio atque msle;

Siccine subrepsti mi , alque, intestins pernrens,Mi misera eripuisti omnia nostra bons?

Eripuisti. Heu heu! nestræ crudele vencnnmVitæ , heu , heu , nestræ pestis amiciliæl

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CATULLE.

LXXVlll.

son camus.

Gallus a deux frères dont l’un a une char-mante épouse, et l’autre un charmant fils.Gallus agit en galant homme: il arrange dedouces amours entre la charmante fille et lecharmant garçon et les fait coucher ensemble.Mais c’est un sot, et il ne voit pas qu’il est ma-

ri, lui, qui apprend à son neveu à déshonorerla couche de son oncle. Mais ce qui m’affligemaintenant, c’est que lui aussi il a souillé debaisers impurs les lèvres pures de sa nièce.Cela ne restera pas impuni : tous les siècles teconnaîtront, Gallus, et ta renommée dira à lapostérité qui tu es.

LXXIX.

CONTRE LESBIUS.

Lesbins est beau: comment ne le serait-ilpas» , lui que Lesbie préfère à t0] , Catulle , età toute ta famille ? Mais cependant Catulle con-sent à ce que Leshius le vende lui et toute safamille, sijamais l’impur a reçu trois baisersde ceux qui le connaissent.

CARMEN LXXVIII.

on GALLO.

Gallus babel futiles , quorum est lepidissima conjuxAlterius, lepidus filius alterius.

Gallus homo est bellus : nain dulces jungit amorce,Cum puera ut hello belle puella cubet.

Gallus homo est stultus , nec se videt esse maritum ,Qui pstruus pstrui monstret adulterium.

Sed nunc id doleo, quad puræ impurs puellœSuavia conjunxit spurca saliva tua.

Vcrum id non impune feras : mm te omnia socleNoseent,et, qui sis, fuma loquetur anus.

GABMEN LXXIX.

m LESBIUM.

Lesbius est pulclisr : quidni? quem Lesbie malit,Quam te cum lote gente, Catulle, tua P

Sed tamen hic pulcher vendu! cum gente Catullum ,Si tria notorum saurie reppererit.

49.3

LXXX .

A GELLIUS.

Pourquoi, Gellius, tes lèvres roses sont-ellesplus blanches que la neige , quand tu sors lematin de ta maison, ou que pendant l’été lahuitième heure met fin à ta molle méridienne?Je ne sais ce qu’il en est. Est-il vrai, comme onle chuchotte , que tu aies certains goûts fâ-cheux : c’est ce dont t’accuscnt et la poitrineépuisée du pauvre Virron et la blancheur sé-reuse qui couvre tes lèvres.

LXXXI.

A JUVENTIUS.

Dans la foule qui t’entoure n’était-il donc,

Juventius , aucun homme assez beau pour êtredigne de ton premier amour , pour que tu al-lasses chercher sur les rivages de Pisaure cethôte moribond, à la face livide et inanimée, quiest maintenant l’objet de tes affections , et quetu oses nous préférer? Ah! tu ne sais pas quelcrime est le lien!

CARMEN LXXX.

A!) GELLIUM.

Quid dicam , Galli,qunre roses ista labelleHiberna liant cnndidiora nive ,

Mana douro quum exis , et quum te oelnva quieteE molli longe suscitnt bora die?

Nescio quid carte est. An vere lama susurrst ,Grandis te medii tenta vorare viri?

Sic serte clamant Virronis rupta miselli[lia , et emulso labra notata sero.

CARRIEN LXXXI.

au JUVENTICM.

Nemone in tanto potuit populo esse , J menti ,Bellus homo, quem tu diligere inciperes;

Prælerquam iste tous moribundn a sedu l’issuri

HOSpes, inaurala pallidior statua?Qui tibi nunc cordi est, quem tu præpom-re nabis

Andes? Ah! nescis, quod [acinus feulas. b

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424

LXXXII.

A QUINTIUS.

Si tu veux , Quintius , que Catulle te doive lavie et plus encore, s’il est quelque chose deplus précieux que la vie, ne cherche pas à luienlever celle qui lui est bien plus chère que lavie, s’il est quelque chose de plus cher que lavie.

LXXXlIl.

CONTRE LE MARI DE LESBIE.

Lesbie me dit force injures , en présence deson mari. C’est une grande joie pour l’imbé-

cile. Ane , tu n’y comprends rien; si elle se tai-sait et qu’elle m’oubliât , elle serait guérie de sa

passion; ses reproches et ses invectives attes-tent non-seulement qu’elle se souvient de moi ,mais, ce qui est pis pour toi, qu’elle est irritéecontre moi, c’est-à-dire qu’elle brûle d’amour,

et m’en parle.

LXXXIV.

SUR ARRIUS.

Arrius disait havantages, quand il voulaitdire avantages et hembûches pour embûches;

CARMEN LXXXII.

en gommons.

Quinti, si tibi vis oculos debere Catullum,Aut aliud , si quid carius est oculis;

Eripere ei noli, multo quad earius illiEst oculis , si quid carias est oculis.

CARMEN LXXXIH.

IN MARITUM LESBIÆ,

Lesbia mi, præsente vira , mais plurima dicit;Hac illi latuo maxima lætitia est.

Mule, nihil sentis. Si nostri ohlita tseeret,Sana esset : quad nunc gannit et oblaquitur,

Non solum meminit; sed , quæ multo scrior est res ,bats est : hoc- est uritur et loquitur.

GABMEN LXXXIV.

DE ARRIO-

Chommoda dicehat , si quando commada velletDiacre, et bineidias Arrius insidias;

CATULLE.et il était convaincu qu’il avait merveilleuse-ment parlé quand il avait dit hembûches. Ainsiprononçaient , je crois, et sa mère et son oncleLiber et ses grands parents. Quand il alla enSyrie, toutes nos oreilles se réjouissaient à tortde la trêve qu’il leur donnait; elles n enten-daient plus ces mots aveccesdouces aspirations ,et ne craignaient plus d’en entendre de pareils;quand tout à coup arrive l’effroyable nouvelleque la mer Ionienne, depuis qu’Arrius y étaitallé, ne s’appelait plus lonienne, mais Bio-menue.

Lxxxv. NSUR SON AMOUR!

J’aime et je hais à la fois. -- Comment cela?direz-vous. - Je l’ignore; mais je le sens , et"c’est une torture.

LXXXVI.

SUR QUINTIA ET LESBlE.

Quintia est belle; c’est l’avis de la foule z pour

moi, je la trouve blanche, grande et bienfaite. Je confesse qu’elle a tous ces dans; maisqu’elle soit belle pour les avoir tous , je le nie,car, dans ce grand corps, il n’y a nigrâce,ni attrait piquant. Lesbie, au Contraire, est

Et tum mirifice sperabat se esse locutum ,Qunm , quantum patent , dixerat hiusidias.

Credo sic mater, sic Liber avunculus ejus,Sic maternus avus dixerit, atque avia.

Hoc misse in Syriam , requierant omnibus aure; ,Audibant eadem hæc leniter et leviter.

Née sihi pastilla metuebant talia verbe ,Qunm subito adtertur nuntius horrihilis,

tanins fluctue, postquam illuc Arriusisset,Jam non Ionios esse , sed Hionios.

GARMEN LXXXV.

ne suons sua.

Udi et amo. Qusre id faciam , femme requiril.Nescio ; sed fieri sentia et escrocior.

CARMEN LXXXVI.

DE QUINTIA ET masers.

Quintia formons est multis : mihi candide , longs ,[tacts est. floc ego : sic singula confiteor.

Totuin illud , formosa , nego : mm nnlla venustas;

Nulle in tan magna est corpore mica salis. 4

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CATULLE.belle , belle de la tête aux pieds, et semble avoirravi pour elle seule toutes les grâces que separtagent les autres.

LXXXVII.

CONTRE GELLlUS.

Quel crime, ô Gellius, commet celui dont ladébauche incestueuse a pour complices sa mère

et sa sœur, et qui veille toute la nuit la tuniquebas? Quel est le crime du neveu qui empêcheson oncle de remplir son devoir conjugal? Sais-tu jusqu’à quel point il est coupable? Il l’est,Gellius , à ce-point que toutes les eaux de l’O-céan , père des Nymphes, que toutes celles desmers qui bornent le monde , ne suffiraient pas

. pour laver son attentat. Au delà il n’y a pas decrime possible , quand même l’infâme, courbé

en deux , se souillerait de sa propre bouche.

LXXXVIII.

SUR GELLIUS.

Gellius est maigre : comment ne le serait-ilpas? ayant une si bonne et si vigoureuse mère ,une sœur si jolie, un oncle si bon, et tant deparentes à sa disposition , comment cesserait-ild’être maigre? N’aurait-il d’occasions de dé-

Leshia formasa est : quæ quam pulcherrîma tata est,

Tum omnibus une omnes surripuit Venet-os.

CARMEN LXXXVH.

tu GELLIUM.

Quid faeit in, Gelli , qui cum matre atque tararePrurit , et alijectis pervigilat tunicis?

Quid facit is, patruum qui non sinit esse maritum?Ecquid sais, quantum suscipiat sceleris?

Suscipit, o Gelli, quantum non ultima Tethys,Non genitor Nympharum abluit Oceanua.

Nain nihil est quidqnaln sceleris, quo prodeat ultra;Non si domino se ipse voret «pite.

CARMEN LXXXVIII.

DE GELLIO.

Gellius est tenuis : quidni? quoi tain bans materTamque valena vivat, tamque venusta soror,

Tamque bonus patruus, tamque alunie plana puellisCognatis :quare il desimt une maser?

Qui ut nihil atlingst, nisi quad fla tangue non est,Quantumvis quam ait maser , invcnies.

1

425banche que celles qu’il devrait s’interdire. sa

maigreur serait encore toute naturelle.

LXXXlX.

CONTRE GELLIUS.

Qu’il naisse un mage de l’infâme union de

Gellius avec sa mère, et qu’il apprenne les ha-ruspices des Perses; il le faut, sinon c’est undémenti à l’impie religion des Perses qui met

les sacrifices des dieux entre les mains des en-fants nés de ces odieux incestes.

XC.

CONTRE LE situ E.

Je pensais, Gellius, que tu respecterais mamaîtresse , non parce que je te connaissais bienou que je te crusse fidèle et incapable d’une ac-

tion honteuse; mais parce que la femme qui mefait mourir d’amour n’était ni ta mère ni tasœur. J’étais , il est vrai, lié avec toi par desnœuds d’une ancienne amitié; mais je n’estimais

pas que ce fût suffisant pour l’entraîner; celat’a paru suffisant à toi : tant les fautes ont decharmes à tes yeux lorsqu’elles sont mêlées de

crimes.

CARMEN LXXXIX.

IN GELLIUI.

Nascatur magne ex Gelli maniaque nefandoConjugio, et discat persicum haruspicium.

Nam magne ex matre et ganta gignatur oportet ,Si vera est Persarum impia relligio ,

Gnntus ut accepta veneretur carmine Divas ,Omentum in flamme pingue liquetaciens.

CAllltlEN XC.

IN GELIJIJII.

Non ideo, Gelli, spershem le mihi fidumln misera hoc nostra, hac perdito aman fare;

Quod le cagnassem bene, constantemve pntarem,Aut passa a turpimentem inhibera probro;

Sed quad nec matrem , nec germanam envidehamHem: tibi , quojus me magnas edebat amer.

Et quamvis tecum malta aonjungerer usu;Non satis id une. cradiderun esse tibi.

Tu satis id dmti : tunturn tibi gaudiutn in omniCulpa est , in qnacunque est aliquid actions. 40

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XCI.

son 1.88815.

Lesbie ne fait que dire du mal de moi , et netarit pas sur mon compte; que je meure siLesbie ne m’aime pas. Quelle preuve en ai-je?C’est que moi-mémé je ne cesse de la maudire;

mais que je meure , si je ne l’aime!

XCIl.

comme assas.

Je ne cherche pas le moins du monde à teplaire , César, ni à savoir si tu es blanc ounoir.

XClll.

ses La vases (surnom de Mamurra).

La verge fait son métier en coïtant çà et là ;

c’est le proverbe: le pot prend les légumes.

XClV. ,son LA SMYRNE au rams crans.

Mon Ciuna a achevé sa Smyrne huit mois-sons, neuf hivers après l’avoir commencée.

CARMEN XCI.

DE LESBIA.

Lesbie mi dicit semper male; nec tacet unquamDe me: Lesbie me , dispeream , nisi anet.

Quo signa? quasi non totidem max depreaor illiAssidu: : vernm dispeream , nisi ama.

GARMEN X611.

tu CÆSAREM.

Nil nimium studeo, Cæsur , tibi velle plaœre,Nec scire, utrum sis albus, en ater homo.

CARMEN XCllI.

tu MENTULAM.

Mentula muchatur : mœchatur mentula eerte.floc est, quad dicunt : lpsa clora alla Iegit.

CARMEN XGlV.

ne sunna CINNÆ rossas.

Smyrua mei Cinnæ nonam post deuique messem ,Quam capta est, nonamque édita post hiemem;

CATULLE.Pendant œ temps Hortensias a fait cinq ceu;mille vers....... La Smyrne échappera aux flotsdu Léthé , et les siècles les plus reculés la ver-

ront encore admirée; mais les annales de Vo-lusius seront mangées des vers. J’aime, moi, lespetits chefs-d’œuvre de mon ami; que le vul-gaire applaudisse à l’ampoule Antimaque.

XCV.

A cuvas , son LA nous ne QUINTILIE.

Si les muets habitants des tombeaux peuventtrouver quelques consolations dans la douleurdes vivants; s’ils ne sont pas insensibles auxregrets que nous causent nos anciennes amours ,aux pleurs que nous donnons à des amitiés depuis

longtemps perdues , certes , ta Quintilie, ô,Calvus l doit moins s’aflliger de sa mort préma-turée que se réjouir de ton amour.

XCVl.

courus: humus.

Je ne crois pas , n’en déplaise aux dieux .qu’il y ait la moindre différence à sentir labouche d’Emilius ou bien son derrière; riende plus immonde que l’un, rien de plus im-monde que l’autre. Le dernier est cependant

Millia quem interea quingenta Hortensias une

Smyrnn cavas Atacis penitus mittetur ad nndas ,Smyrnam insane dia saoula pervoluent.

At Volusi annales . . .Et 1ans scombris saupe dahunt tunicas.

Paru mai mihi saut cardi monuments . . .At populos tumtdo gaudeat Antimacha.

CABMEN XCV.

"sa CALVUM ne QUINTILIA.

Si quidquam mutis gratum acceptumqua sepulerisAccidere a nostra , Calve, dolore potest ,

Quo desiderio veteres renovamus amures ,Atque olim amissas flemus amicitias ,

Carte non tanto mors immature dolari estQuintilite , quantum gaudet amore tuo.

CARMEN XGVI.

IN ÆMILIUI.

Non , ita me dii amant , quidquam referre putaviUtrumne os au culum olfacerem Emilia.

Nil immundius hoc, nihiloque immundiusillud.Vcrum etiam calus mundior et mélier; 4

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CATULLE.

plus propre et meilleur, car il n’a pas de dents.La bouche en a en revanche de prodigieuses ,plantées sur des gencives qui ressemblent à unvieux coffre , et, quand elle s’ouvre , on diraitla matrice d’une mule qui pisse en été. Emi-

lius a des bonnes fortunes et se croit beau ! eton ne le condamne pas au moulin ou à la meule!et les femmes qui se livrent à lui ne pensentpas qu’elles pourraient très-bien lécher le der-

rière du bourreau !

XCVll.

A VETTI US.

Dégoûtant Vettius , à toi plus qu’à personne

slapplique ce qu’on dit d’ordinaire aux bavards

et aux fats : avec une langue si bien pendue tupourrais bien lécher les derrières et les savates.Si tu veux nous perdre décidément tous , Vét-

tius, parle : Cela suffira.

XCVllI.

A JUVENTIUS.

Tandis que tu t’exerces au jeu des armes,charmant Juventius, je t’ai dérobé un petitbaiser plus doux que la douce ambroisie. Maismon bonheur n’a pas été impuni.Je me souviens

Nain sine denlibns est. floc dantes sesquipedales ,Gingivas vero plovemi babel. veteris :

Prœlerea rictum, qualem dillissus in æsluMeienlis mulæ connus habere solet.

Hic futuit maltas; et se facil. esse venuslum ,Et non pistrino traditur atque asino?

Quem si qua attingit : non illam pesse putemusÆgroti culum lingere enrnilicis?

CARMEN XGVll.

AD VBTTIUM.

ln le, si in quemquam , dici pote, putide Vetli ,Id quad verbosis dicitur et faillis;

Isis cum [influa , si nsus venin! tibi, posaisCulos et crepidas lingerie carbatinns.

Si nos omnino vis omnes perdero , Velli,Dieu : oinninu, quod omnis, clficics.

GARMEN XCVlll.

A!) JUVENTIUM.

Suri-ipui tibi , dom ladin , mellite Juventi ,Suaviolnm dulei duleiun ambrosia.

Verum id non impune luli; minque nmplius horam

427

que pendant plus d’une heure je fus comme at-taché à une croix, essayant vainement de mejustifier, et ne pouvant à force de larmes flé-chir tant soit peu votre cruauté. A peine le malfut-il fait, que tu essuyas de tes deux mains lesgouttes dont j’avais humecté les jolies lèvres ,

te purifiant de tout ce qui avait coulé de mabouche , comme de la fétide salive d’une courti-

sane en débauche. Bien plus, tu pris plaisir àme laisser sans espoir en proie à un amour in-fortuné, et tu me fis souffrir tant de tourments,que, d’ambroisie qu’était ce petit baiser, il de-vint plus triste que le triste ellébore. Si c’est là

la peine que tu réserves à mon malheureuxamour, jamais , ô Juvenjius , je ne te déroberaide baisers.

XClX.

DE CEUUS ET DE QUINTlUS.

Célius et Quintius, la fleur de la jeunessede Vérone, meurent d’amour, celui-là pourAufilénus, celui-ci pour sa sœur Aufiléna. Nevoilà-t-il pas l’union fraternelle dans toute sadouceur? Pour lequel. ferais-je le plus devœux? Pour toi, Célius: je le dois à cetteamitié unique dont tu me donnas tant depreuves , alors qulune flamme insensée me brû-

Sulfixum in somma me memini esse entre;DuIn tibi me purgo, nec possum fletibus ullis

Tantillum voslræ demere sævitiæ.Nam simul id factum est multis dilula labella

Gullis abslersisti omnibus arliculis;Ne quidquam nostro contraclum ex 0re maneret

Tanquam commincla: spurea salira lupœ.Prœterea infesto miseruln me tradere alnori

Non cessasü, omnique excruciare morio;Ut mi ex ambrosio mutatum jam foret illud

Sunviolum trisli lrislius helleboro.Quam quoniam pœuam misero proponis amori ,

Non unquam posthac basin surripiam.

GARMEN xcnx.

on CŒLIO ET QUINTIO.

Cœlius Aulilennm , et Quinliun Aulilennm ,Fins Veroncnsium depureunl juvenmn;

Hic lrnlrem, ille enrorem. Hou est, quod dit-.ilur, illudFraternum vera dolce sodalitium.

Quoi l’amant potina? Cadi , tibi : nam tua nobis

Porspecla exigit hoc unice unicitin ,Qunm venue mecs torrerclllamme meduiln.

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428

lait jusqu’à la moelle. Sois heureux , ô Céline,

et que le succès couronne tes amours!

G.

OFFRANDES au TOMBEAU un son Panna.

Après avoir parcouru bien des nations etfranchi bien des mers, je suis venu, ô monfrère, près de ta dépouille infortunée, t’of-

frir le dernier présent de mort et faire devains adieux à ta cendre muette, puisque lafortune t’a ravi à ton frère, ô toi dont m’a sé-

paré un trépas immérité! Et voilà que, fidèle

à l’antique usage de nos pères , je dépose sur

ta tombe les offrandes funèbres, mouilléesdes larmes fraternelles: reçois-les, ô monfrère , et salut et adieu pour jamais !

t

CI.

A sonnâmes.

Si jamais secret a été déposé par un amidans un cœur qui sût le taire, et dont la fidé-lité lui fût assurée, ce cœur, tu le verras, Cor-nélius , c’est le mien; à ce titre je te dois être

sacré, et sache que pour toi je suis devenuHarpocrate.

Sis felix , Cœli , sis in amure poteur.

CARMEN G

lNFERlÆ AD FRATRlS TUMULUM.

Multas per gentes, et multa per arquons veetusAdveni bas miseras, frater, ad inferias,

Ut te postreino donarem munere mortis ,Et mutum nequicquam alloquerer Cinémas;

Quandoquidem fortuna mihi tete abstulit ipsum,Heu miser indigne frater adempte mihi!

Nunc tamen interea prisco quæ more parentutnTradita surit tristes munera ad inferias ,

Accipe , fraterno multum manantia fletu;Atque in perpetuum , frater , bave atque vale.

CARMEN Cl.

A!) CORNELIUM.

Si quidquam tacite commissum est fido ab amieo,Quojus sit penitus nota fides animi;

Me unum esse invenies illo tibi jure sacrntum ,Corneli , et factum me esse pnta llarpocrstem.

CATIJLLE.

CH.

A SILON.b

Ou rends-moi mes dix sesterces, mon cherSilon , et puis tu seras à ton gré cruel etinexorable; ou, si tu tiens à mon argent, cesse,je t’en prie, d’être cruel et inexorable en même

temps que pourvoyeur.

CH].

son LESBIE.

Tu crois que j’ai pu méd’ne de ma vie , de la

femme qui m’est plus chère que mes deuxyeux? Je ne l’ai pu, et si je le pouvais je neserais pas si éperdument amoureux: mais avecTappon il n’est rien que tu n’imagines.

CIV.

son I. A venez.l La verge s’efforce d’atteindre le sommet du

Parnasse, mais les Muses la chassent à coupsde fourche.

CV.

D’UN nanar sr D’UN camus.

Quand on voit un crieur avec un bel enfin,

CARMEN CH.

A!) SlLONEM.

Aut , sodas , mihi redde decem sesteltia , Silo ,Deinde este quamvis sævus et indomitus;

Aut, si te nummi délectant , desine , qumso,Leno esse, atque idem sævus et indomitus. I -

CARMEN GUI.

au QUEMDAM on LESBIA.

Credis, me potuisse maze maiedicere vitæ;Ambobus mihi quæ carier est oculis?

Nec potui 3 nec, si possemjtam perdite amarem ;Sed tu cum Tappone omnia monstre lacis.

GARDIEN CIV.

UN MENTULAI.

Mentula œnatur Pimplæum scandera moutem;Musæ turcillis præcipitem ejiciunt.

CABMEN CV.

DE PUEBO ET PRÆCONE.

Cam puero bello præconem qui videt esse ,

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CATULLE.

que croire, sinon que cet enfant veut sevendre?

CVl.

A LESBIE.

S’il arrive quelque chose d’heurenx à qui le

désirait ardemment et l’espérait le plus, celalui est agréable dans toute la force de l’expres-sion : voilà pourquoi, Lesbie , il m’est siagréable , il m’est plus précieux que l’or, que

tu reviennes dans les bras de celui qui te dé-sire. Tu reviens àcelui qui te désire, tu tedonnes de nouveau à celui qui t’espérait leplus! ô jour qu’il faut marquer du caillou leplus blanc! Qui donc vit plus heureux quemoi, on qui peut dire qu’il y a quelque chosede plus désirable que cette vie que tu me rends?

CV Il.

CONTRE COMlNIUSo

Cominins , si le sort de ta vieillesse impureet déshonorée était livré à la volonté du peu-

ple, je suis sûr que ta langue, ennemie deshonnêtes gens, serait jetée à un vautour avide ,et que tes yeux arrachés de leur orbite , tes in-testins, et tous tes membres deviendraient laproie des corbeaux , des chiens et des loups.

Quid eredst , nisi se vendere disenpere?

GABMEN CV].

1m LESBIAII.

Si quidqnsm cupide optantique obtigit unquam , etlnsperanti, hoc est gratum animo proprie;

Qusre hoc est gratum , nabis quoqne carius anro ,Quod te restitnis, Lesbis , mi cupide.

Restitnis enpido,stque inspernnti ipsa retors teNobis. 0 lncem candidiore nota l

Quis me nuo vivit felicior, sut mugis lise quidOphndum vit: , dicere quis pourrit?

CARMEN GVII.

in commun.

Si, Comini, populisrbitrio tus sans sensctnsSpnreala impnris moribus internat;

Non quidem dubito, quin primum inimies honorumLingus exsects svido ait data voltnrio;

Ellossos oculos voret stro gutture corrus ,Intestin canes, cætera membra lnpi.

429

CVIII.

A LESBlE.

Tu me promets , ô ma vie, que notre amoursera plein de charmes et durera toujours.Grands dieux! faites qu’elle puisse promettreet tenir, et que ce soit sincèrement et du cœurqu’elle me le dise ! Ainsi, nous pourrions doncfaire durer autant que notre vie ce lien sacréd’une amitié éternelle.

CIX.

A mamans.

Aufiléna, il y a deux sortes d’amies; lesunes honnêtes, qui ont assez des éloges; lesautres qui acceptent un prix qu’elles ont fixé.Tu n’es pas des premières, puisque tu m’as fait

une promesse à laquelle tu as manqué; et queprenant souvent sans jamais rendre, tu méritespour ce crime d’être traitée en ennemie. L’hon-

neur vent, Anfiléna, qu’on tienne sa parole,comme la pudeur voulait que tu ne me pro-misses rien. Mais voler par fraude, c’est pisencore que le fait d’une courtisane avare quise prostitue à tout venant.

CABMEN (Nm.

A!) LBSBIAM.

J ucnndum , mes vita , mihi proponis amaremHuns nostrum inter-nos, perpetnnmqns foie.

Di magni , facile, ut vera promittere punit;Atque id sincere dicat et ex ultimo :

Ut lisent nobis tout producere vit:Ætemnm bos sanctæ fœdus smieitin.

CARMEN ou.

1m AUPILBNAI.

Antilens , bonis semper lsndsntnr amies;Accipiunt pretinm , que (sans institunnt.

Tu qnod promisti mihi , qnod mentits , inimiai es ,Quod une das, et fers seps, fuis (saints.

Aut lacera ingennæ est, sut non promisse pallies,Aufilena, fuit. Sed du. corripers

Fraudsndo, silicitur plus quam meutrieis "un,Qnæ me toto comme prostituit. 8

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430

(DE.

A urinaux.A ufiléna , Vivre contente avec un seul époux ,

c’est la plus belle gloire d’une femme; mais sielle ne s’en tient pas là , qu’elle se livre à tout

autre qu’à un oncle qui lui fera des enfants quiseront ses cousms germains.

CXl.

CONTRE NASON-

Nason, tu es un homme multiple, car ilssont nombreux les hommes auxquels tu t’aban-donnes; Nason, tu es un homme multiple etdébauché.

CXll.

A CINNA.

Sons le premier consulat de Pompée, oncomptait deux impudiques; dans son second ,c’est le même nombre de deux, mais en yajoutant mille. L’adultère se propage rapide-ment, comme tu vois , Cinna.

GARMEN 6X.

AD AUFlLENAH.

Anfilena , vire contentas vivere solo ,N nptarum leus e laudibus eximiis.

Sed quoivis quamvis potins succombas las est,Quam matrem fratres elliœre ex patrno.

CARMEN GXI.

IN nasonna.

Multns homo es, Naso ; nom tecum mnltns homo est, quiDescendit : Naso, mnltns es et patbicus. i

CARMEN CXll.

A!) CINNAII.

Consuls Pompeio primum duo, Cinna, solebantMœobi : ille facto consule nunc iterum,

Msnsernnt duo; sed crevernnt millia in nnnmSingnla : lœcnndum semen adnlterio.

CATUI.LE.

CXlll.

CONTRE LA VERGE.

La verge est réputée riche à bon droit poursa terre de Formies: que de trésors dans cetteterre en effet! des oiseaux de toutes les sortes,des poissons , des prés , des champs de labour,des bêtes à foison. Mais à quoi bon? la dépensedu propriétaire dépasse son revenu. Il est riche,

je le veux , mais tout lui manque. Vantons saterre, pourvu qu’il y soit dans l’indigence.

CXIV.

CONTRE LA VERGE.

La verge possède environ trente arpents deprés, quarante de terres ensemencées , et deseaux en abondance. Comment ne surpasse-t-elle pas Crésus en richesses , ayant, dans unseul domaine, des prés, des terres ensemencées.de grandes forêts et des marais qui s’étendentjusqu’aux pays hyperboréens , jusqu’à l’Ooéan ?

Voilà de grandes choses en effet ; mais aussi lepropriétaire est un immense engloutissenr ; laverge est une prodigieuse dépensière.

GABMEN CXlll.

IN MENTULAM.

Formiano saltu non falso Mentnla divesFertur; qui quot res in se babet egregiasl

Ancnpia 0mne genus , pisses , prata , arva ferasque.Nequieqnam : fructus sumptibus exsuperst.

Quare concedo sil dives, dum omnia desint.Saltum laudemus, dom modo ipse egeat.

CARMEN CXIV.

in MENTULAH.

Mentnla babel instar triginta jugera prati,Quadraginta arvi : cætera surit maria.

Cor non divitiis Grœsnm superare polis ait?Uno qui in saltn tot bons possideat;

Proie, arva,ingentes silvas, saltnsqne , paludesque ,Usque ad Hyperboreos et mare ad Oœannm?

Omnis magna banc sunt z tamen ipse est maximisa ultor,

Non homo, sed vers Mentula magna mina 3

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CATULLE.

CXV.

A Gaurus.

Je t’avais envoyé les vers du fils de Battus ,digne sujet de longues méditations, dans l’es-

CABMEN CXV.

A!) summum.

Sapa tibi studioso anima venanda requirentCarmina mi passeur minera Batündæ ,

43!

poir de tiadoucir et de briser entre œs faiblesmains les traits que tu me lances. Je vois queje n’ai pas réussi, Gellius, et que mes prièresont été vaines. Mais je ne redoute guère les .piqûres, ô moucheron : et celles que je fui faiteste feront souffrir éternellement.

Quais te lem-cm nobis, neu «mureraInfestum colis icere , mussa, sapai;

Hum: video mihi nunc frustra lumplum esse blairer,Gelli , nec nostra: bine "luisis prenez.

Contra nos in]: ista tua evitamua amictu;At fixas makis tu dab? supplicium.

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P 6’ 80! à"9-8.". a. 2:8 3833336363635533683338 638

NOTES SUR CATULLE.

’ l.Corneli tibi. Vers 5. On croit que c’est à Cornélius

Népos que ces vers sont adressés. Cornélius n’avait pas

fait que la Vie des grands capitaines; il avait composéd’autres ouvrages qui ne sont pas parvenus jusqu’à nous,

notamment celui dont parle ici Catulle. C’était unesorte d’histoire universelle, divisée en trois livres. Ilparait qu’il était encore le seul , un!!! Italorum, quieût fait un travail de ce genre.

Il.

Ad passerem Lesoiæ. Vers a. Les commentateurs,qui ne voient que des hiéroglyphes partout, n’ont paspu s’imaginer qu’il ne fût question que d’un oiseau dans

cette pièce. Ils n’ont voulu y voir qu’une allusion , et

une allusion obscène. C’était avoir bien bonne opinionde la pudeur de Catulle! Comme s’il avait habitude devoiler son langage lorsqu’il a une obscénité à dire. C’est

ce qu’on a remarqué fort justement, et ce qu’auraient

aussi remarqué nos commentateurs avec un peu de bonsans, si le bon sens était une qualité de commentateur.Il parait d’ailleurs que c’était un usage très-commun à

Rome, parmi la jeunesse, que d’instruire de petits oi-seaux pour s’en amuser. Il tout voirco que dit à ce sujet

Manilius , Art. V :Tolamque per urbem

Qui gestant cavois volucres ad justa pareras.Quorum omnis parvo consistit passera sensu.

Il n’est donc pas surprenant , d’après cela , que

Lesbie ait eu aussi un moineau, que ce moineau soitmort, et que Catulle ait fait une élégie sur cette mort,ne fût-ce que pour plaire à sa maltresse, et parler encorede son amour. Comme amant et comme poète, c’était à

la fois une occasion et un sujet. Cela est si simple qu’iln’ys guère qu’un commentateur qui puisse s’en étonner.

IV.

Rhodum. Vers 8. Rhodes, l’une des villes de le Ci.liste. On sait ce qui la rendait célèbre.

Horridam te Thraciam. Vers 9. Il faut l’entendredes mœurs des habitants. C’est en ce sans qu’Iloraoe a

dit quelque part horrida Germania. Les Thraœs étaientproprement losantlrropophages de I’antiquité.-Propou-

tis. La Propontide, entre le Bosphore et I’Hellespont.

Amastris Pontica. Vers 45. Amastris, ville de la Pn-phlagonie, voisine du mont Cytorus, surnommé Buæifer,à cause de la grande quantité de buis qui y croissait.

Neque ulla vota litoralibus dits. Vers 2l. Chaquerivage avait ses dieux qu’on invoquait au départ et qu’on

remerciait au retour, par des sacrifices, comme on L:fait aujourd’hui par des es: veto dans ces petites cha-pelles qu’on voit près de tous les ports de mer.

Gamelle Castorum. Vers 27. Castor et Fallu! étaientregardés comme les dieux protecteurs des marins.

VIL

Laserpificerisjacet Cyrenis. Vers 5. Cyràne, fertileen laser. Le laser est une sorts de pomme que quelques-uns ont prise pour Passa fœtida. - Cyràne était l’unedes villes de la Cyrénslqus,oontréo de l’Afrique, sur lesfrontières de I’Egypto.

Et Batti veteris sacrum sepulchmm. Vers 6. Bat-tus était, diton, le fondateur de Cyrano. C’est la causades honneurs qu’on rendait i son tombeau. Ce tombeauétait en Libye, au milieu des déserts, coutume le temple

de Jupiter Ammon, célèbre par ses oracles.

æ

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x.

Jam Bithynia, que mode se haberet. Vers 0. Onsvu que Catulle fut envoyé en Bithynie avec le préteurMununius.

Quant à ces mots que modo se Imberet, on a remar-qué fort plaisamment que ce n’était pas autre chose que

ce mot si connu : Comment cette province se travaille-t-elle en finances?

XI.

Stuc in Kimonos, Arabasque molles. Vers 6. Onsait que l’Hircanie était une province de l’Asie. - Les

Arabes passaient pour un peuple plein de mollesse, cequ’on attribuait surtout à la douceur du climat.

Septemgeminus Nilus. Vers 7. Le Nil se jette parsept embouchures dans la mer. C’est pour cela qu’il esttoujours appelé iflfnifippoç chez les auteurs grecs.

X11.

Marsuciui asini. Vers t. Les Marsucluiens, peuplede l’ltalie. Leur pays était situé entre celui des Vestinset des Pélignieus. Ils s’étaient rendus célèbres par leurfidélité envers Rome.

Xlll.

Mnemosynou. Vers l5. c’est l’expression grecque.

Catulle les affectionnait, et s’en sert souvent. Ce motrépond à ce que nous entendons par un souvenir.

KV.

Vers 18 et t9. Quem atlractîs pedibus. patente porta .Percussent raphanique . mugîtes que.

C’était le supplice infligé aux gens de basse condition ,

lorsqu’ils étaient surpris en adultère. Les autres trou-vaient, dit-on , moyen de s’y soustraire avec de l’argent.Du reste cette loi était atroce.

XVlllo

Priape était principalementhonm’éà Lampsaque. Lamp-saque était une ville de l’Hellespont.

Cette pièce a passé pour être de Virgile, ainsi que les

Jeux suivantes. Un les a même insérées dans un recueilde poésies détachées qu’on lui attribuait. etqu’on appelle

les Cataleetes. Mais l’opinion la plus générale est queelles sont de Catullo.

Qua damas tua Lampsaci est... Priape. Vers 9

XXl.

Pater esuritionum. Vers t. Comme on disaîtpatercama ou convioit. Catulle lait iri une opposition entre

CATULLE.le pauvre diable qui ne sait où aller dtner et le gastro-nome qui préside a une bonne table; et e’estoequi rendla plaisanterie piquante.

On appelait in Rome Pater cœnæ, celui qui donnaitun festin ou bien encure le personnage le plus considé-rable parmi les convives ,

in primls Lucanls aper: lem luit Austrocaptus; ut aiebat cœnæ pater.. ......

(Hou. ont. L. u. V. 1.)

xxu.Novi umbilici. Vers 27. L’umbilicus était un petit

bâton tres-mince qui servait à fixer les feuilles d’un vo-lume. C’était proprement le dos du livre. Les extrémités

en étaient ornées , d’habitude , de petites ligures ciselées

en or, en argent, en ivoire nu en ébène, suivant la for-tune et le goût du possesseur, comme aujourd’hui pourla beauté de nos reliures. On appelait ces deux extrémi-tés les cornes du volume. C’est ainsi qu’Ovide a dit, en

s’adressant à son livre dans les Tristes :

Candida nec nîgra cornue fronts seras( Tristes. L. I. V. 8.)

XXVH.

Utlea: Posthumiæ, jubetmagistræ. Vers5. Cettel’os-thumia était, si cela pouvait se dire, la patronne des buveur:et la législatrice de leurs assemblées. Ses lois réglaientl’ordonnance des festins, le nombre des rasadesque chaqueconvive était obligé de boire , les épreuves qu’on avait à

subir avant d’être admis, et enfin la manière dont on

devait choisir le roi de la fêle res: convioit, ce qui safaisait au sort, comme on le sait,etcomme dit Horace :

Net: rogna viri sortiere laits.(Hou. L. I. ode A. et passim.)

XXIX.

Catulle était républicain. 1l lit contre César plusieur

satires très-vives: celle-ci est une des plus véhémentesCésar ne lui répondit qu’en l’admettant à sa table. On

ignore s’il fit de nouvelles satires depuis. Ou a regardéaussi comme une preuve de clémence ce trait de César.Il nous semble pour nous qu’il ne pouvait guère miensse venger.

Ce Mamurra était un des lieutenants de César, quilui avait donné le gouvernementdes provinces de Gauleet de Bretagne. Il s’y était enrichi à force de rapines; ce

qui indignait naturellement tous ceux qui n’avaient pasde province à gouverner. Car s’il est des temps où l’ob-

servation des vertus publiques est une réalité, il en estd’autres où ce n’est qu’un mot à l’usage de l’envie, ct ces

temps-là étaient venus pour Rome, comme ils sont venusdepuis pour bien d’autres nations.

Manmrra Itabcre. Vers 5. Mainurra tulle premier,

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NOTES.suivant Pline , qui entun palais dont toutes les colonnes ,

létaient de marbre.

KXXI.

Sirmio. Vers l . La presqu’île de Sirmio surles bords

du lac Benaccus, aujourd’hui lac de Garde. Calulley pos-sédait une maison de campagne.

("arque Neplumis. Vers 5. Neptune n’était pas seu-lement le dieu des mers : c’était aussi le dieu des lacs etdes étangs.

Lydia: locus undæ. Vers l5. On appelait aussi le lacBenacrus, lac des Lydiens, parce que les libétiens quipossédaient la ville de Vérone située auprès de ce lac,

passaient pour descendre des Étrusques et des Lydiens ,d’après une vieille tradition.

XXXll.

Jubead te centum meridiatwm. Vers 5. Les anciensregardaient le milieu du jour comme le moment leplus favorable à l’amour, et c’est celui qu’ils y consa-

suaient.

XXXlll.

F une": balnean’orum. Vers l. Voleur de bains. Lesvoleurs se glissaient surtout dans les bains publics poury dérober les vêtements de ceux qui se baignaient.

un.Sapphs’ca paella. Vers 16. C’est Sapho que Catulle

désigne ainsi.

XXXVI.

In annales Volusii. Vers l. Ce Volusius était un mé-chant poète qui avait composé , à l’exemple d’Ennius,

des Annales qui le rendirent célèbre comme Ennius;mais on voit de quelle manière.

Golgos ou Colchos. Vers M. L’une des villes de l’lle

de Chypre. C’est du nom de cette ville que Vénus était

appelée aussi Golgis.

XXXIX.

Lamwitm! ater. Vers 12. Lanuvium ville munici-pale du Latium , célèbre par le culte qu’on y rendait à

Junon Sospits.

XL.

Vers S. Quls deus tibi non bene advocatusVecordem para! excilare rIxam ?

Les anciens croyaient que nos mauvaises résolutionsnous venaient des dieux comme les bonnes.

455

wa.0 fende nestes. La campagne de Catulle était siluéo

entre le Latium et le pays Sabin , sur la limite des deuxpays, de sorte qu’elle pouvait passer pour appartenir àl’un ou à l’autre. C’était aux environs de Tibur.

LI.

Celle pièce ravissante n’est qu’une copie, c’est-adire

une traduction de la fameuse ode de Sapho, traduiteaussi par Boileau, sur la pièce originale rapportée parLongin.

Dulce ridentem. Vers 16. Horace a pris cette char-mante expression de Catulle , à moins que tous deuxne l’aient prise de Sapho. Tout le monde connaît ces deux

vers:

Dulac ridentem . Lalagen amabo .Dulce loquentem ....................

L11.

Stmma Nonius sujet. Vers 2. Excepté Horace lesanciens ne savent guère plaisanter dans leurs épigram-mes, ils ne savent qu’injurier. Struma signifie écrouel-les. Catulle l’emploie ici comme surnom.

LV.

In cirre. Vers 5. Sans doute le grand Cirque , entrele Palentin et l’Aventin. Il paraît que ce Cirque était

admirable. C’était une vaste enceinte semi-circulaire,comme nos théâtres, et occupée en ligne droite par unegalerie formant la corde de l’arc , pour nous servir d’unterme d’architecture. C’était la qu’on célébrait les jeux

équestres.

In magni simul ambulalione. Vers 6. Sous-entenduPompei. Les promenades du grand Pompée. Le théâtrede Pompée était bordé tout à l’entour de grandes avenues

d’arbres plantés par l’ordre de Pompée. C’était la plus

brillante promenade de Rome. Plusieurs poètes ont ditaussi Umbra Pompeia, comme pour le remercier de lalraîcheur qu’on y respirait.

LXI .

Flommeum cape. Vers 8. Le Flammeum était uneque couleur de feu dont les jeunes filles avaient coutumede se voiler par pudeur, le jour de leurs noces.

LXIV.

Nous renvoyons pour toute cette pièce à l’excellente

analysa de l’abbé Arnaud, dans sa noticr sur Catulle,placée en tète de ces poésies.

’28.

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456

un.Hortalo. On ne sait quel était cet Hortalus. On croit

que c’était le fils du fameux orateur Hortensius.C’est il la prière d’Hortalus que Catulle avait entrepris

son poème sur la chevelure de Bérénice. Mais il ne letermina que plus tard. Il avait été interrompu par lamort de son frère qu’il déplore ici en vers si touchants.

LIVI.

Sur la chevelure de Bérénice. Ce poème est une tra-

duction du grec de Callimaque. Bérénice était reined’Égypte; elle avait fait vœu à Vénus de lui consacrer sa

chevelure si Ptolémée, son mari, parti pour combattreles Assyriens , revenait vainqueur. Le roi ayant battules Assyriens , Bérénice accomplit son vœu , et coupa sachevelure. C’est cette chevelure dont le poète Callimaque

avait fait un astre, et qu’il faisait parler dans son poème ,lequel n’est point arrivé jusqu’à nous.

LXVlllo

Ali M anlium. Quelques commentateurs ont prétenduque Catulle avait écrit ces vers pour consoler Manliusde la mort de sa femme , cette Julie dont il est ques-tion dans l’admirable épithalame sur Manlius et J u-lie. D’autres ont prétendu au contraire que Julievivait encore à cette époque et qu’il ne s’agissait de con-

soler Manlius que d’un autre accident plus ridicule quedéplorable assurément. On discutait en un mot pour sa-voir si Manlius était veuf ou trompé lorsque ce poèmea été composé. Par malheur ce point important n’a pu

être éclairci malgré les dissertations des commentateurs.

LXXXI.

Morilmnda a sede Pisauri. Vers 5. Pisaure, villemaritime de l’Ornbrie , connue par le mauvais air qui yrégnait.

Lxxxnl.

1mm est: hoc est uritur et loquitur. Vers 5.

CATULLE. - NOTES.D’autres veulent coquitur. Fontenelle a exprimé l

près la même idée dans ces vers : mTous deux ( dleux t que ne peut l’aveugle jalousie E) ,L’un pour l’autre troublés de cette lrénésle .

Abandonnalent leur âme a d’injusles soupçonsQu’ils taisaient même entendre en leurs douces chansons.Bobo les redisait aux nymphes du bocage;Un vieux faune en riait sans sa grotte sauvage.Tels sont lesjeux d’Amour. dlsaltnll . et jamaisCes guerres ne se tout qu’on n’en vienne a la paix.

LXXXVHI.

Non goutter Nympharum chiait Oceanus. Vers 6.Les anciens avaient l’habitude de se baigner dans leseaux de la mer, comme pour expier leurs fautes.

XCV.

De Smyrna China portœ. On voit par cette pièceque Cinna était un poète contemporain de Catulle. Sonpoème de Smyrna n’est pas parvenu jusqu’à nous. On ne

sait même quel en était le sujet. Mais il parait qu’iln’était pas indigne de l’éloge qu’en l’ait ici Catulle, bien

que cet éloge soit un peu exagéré peut-être.

XCVII.

On dit que cette pièce est imitée d’un poète grec.Cela ne fait l’éloge ni de sa pudeur ni de sonesprit, carnous ne voyons pas ce qu’il y a d’esprit dans de pareilles

ordures.

CI.

Boucher a écrit quelques vers asses beaux touchantle respect que les anciens portaient aux morts. Lesvoici:

ce respect pour les morts . (ml! d’une erreur grossière.Touchait peu , je le sais. une froide poussière . ’Qui . tôt ou tard s’envole éparse au gré des vents ,Et qui n’a plus enfin de nom chez les vivants;Mais ces tristes honneurs . ces funèbres hommagesRamenaieut les regards sur de chères images;Le cœur pres des tombeaux tressaillait raniméEt l’on aimait encore ce qu’on avait aimé.

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Notes du mont Royal

Une ou plusieurs pages sont omises ici volontairement.

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x

TABLE DES MATIÈRES.

wfiAVERTISSEMENT pas ÉDITEURS ........................ I Satire xn. Retour de Catulle ................. . ..... 255

Satire Kilt.LeDépôt....................... 268H 0 R A C E. Satire le. LlExempie .................... . i 74

Traduction nouvelle ........................ . ..... tu saïte xvi La superâfition’ ’ i ’, .... 281Notice sur Horace. par M. Patin. professeur à la Fa- same xvî’ memgames de [état mmmre’ -Fmg-

cuité des lettres de Paris ......................... v menti ’ ’ ’ i ’ i ’ i; ” I " 23”Unes, traduction nouvelle, par M. Chevriau. ancien NOTES a" les saines de Juvénali’" ”””””””””””” 289

élève de l’École Normale .......................... ILivre l ............. . ................................ w. PERSE-Livre Il ........... .. .............................. 20 Tradurtion nouvelle, par le même .................. au.Livre Il! ................ . ......................... 32 Nonce sur peu-5a .................................. 317hue w iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii 52 Prologue. . .............................. . ........ 3mEponEs .............................................. 85 Satire L Des poètes et des Quum". . à.au" SÉCDLAmE iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii a Satire Il. De l’intention pure ............ . .......... 322

. Sarmzs. traduction nouvelle . par M. Génin. prvtea- bau" "L Contre hi par-9559 ,,,,,,,,,,,,,,,, . ...... se,iseur à la Faculté des lettres de Strasbourg ......... et Satire "A Contre ronfle" et la Volupté des grands . 327

Ltvre I ........................................ . . ib. Saute v. ne ra "me Liberté ...................... unune n iiiii ’ iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii i’ ’05 Satire V1. A Bassus. coutre les avares. 333Brunes, traduction nouvelle, par M. Th. Gutard :33 NOTES sur les satires de perse ...................... 336Livre l ........................................ . sa,Livret! ................ I ........ . ............ "sa SULPICIA. - TURNUS.An? POÉ’NQUE. traduction nouvelle, par M. Auguste

Nisnrd , professeur de rhétorique à Paris. . ..... I7! Traduction nouvelle par le même .................... 355Noms sur Horace ............................ . ..... tu Nome 5l" smpma fi sur Tumus iiii ’ iiiiiiiiiiiii 357Sur les odes ............................... . ...... ib. Satire de Sulpicia ........................... . ....... au;Sur la épodes .................. . ....... .. .4 . . . . . . . . 138 Noms sur tu satire de Sulpicia.Sur le chant séculaire ............ . . ..... , ....... 139 Fragment de Turnus ............................. .. 36]Surlessatires ................................. 190 Nmsssurletmgment.4 .. . . 3.12Sur les é itres ................................ . mSur l*Artppoéthue .................................. 195 C A T U L L E.

J A L. Traduction nouvelle, par M. M. Collet, professeur de.rhétorique, et Joguet. ancien élève de liEcole normale. 363

Traduction nouvelle, par M. Courtaud Divernéresw, Notice sur Cmulle ............................... 3m,professeur ...... . .............................. l. . . m7 poésies de glume ,,,,,,,,,,,,,, a".

Notice sur Juvénal... ............................... me NOTES sur les poésips de Catulle ,,,,,,,,,,,,,,,,,,,, .33Satire l. Pourquoi Juvénal écrit des satires .......... 20!

Satire Il. Des Hypocrites ..................... . . . 205 p R O p E R CSatire il]. Les Embarras de Rome ................. . 209Satire 1V. Le Turbot .......................... .4 210 Traduction nouvelle, par M. Bennennron ........... unSatire V. Les Parasites .............................. au; Notice sur Propane ............ . ................... unSatire V1. Les Femmes ........................ aux ELÉGIES ----------------------------------------- unSatire Vit. Misère des gens de lettres ............. 238 Livre t ......................... . .4 V. .4 il).Satire Vlll. Les Nobles ............................. me U"? H ------------------------------------- du:Satire lX. Les Protecteurs et les Protégés obscènes.. .. au: Livre "l . - - .7 ................... . ............. cesSatire x. Les Vœux ...... . ............ . ............ 253 Livre 1V (noèmes! ............................... .. un.Satire x1. Le Luxe de la table ...................... au Nous sur les élégies (le Propane. ................. au

i ua

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une nes murènes.

" Emma... onLivrel .......... abTraduction nouvelle, par M. Louis Puget ............. n77 une u. , . ......... .. . auNotice sur les poésies attribuées à Contenus Gallon... 57 une m, ......... . ......... . ................ aumégie et fragment .................................. 683 Livre tv ..................... ............... ... ces

Noms sur les élégies de leulle ............. . ou

MAXIMIEN. PH. "RETraduction nouvelle. par le même....... . . me E imeules ........................................... il). Traduction nouvelle. par M. Fleutelot. profanent. . ou.Le poème-du Printemps . vulgairement uppele la Fête Notice sur Phèdre, par le même .......... , .. un

de Vénus ......................................... 006 Notes sur les fables de Phèdre ........... . . . mNora; sur les poésies de Galius. .. ........ 609NornssurlesélégiesdeMaximien..... L. (un PUBLIUS SYRUS.

v. Traduction nouvelle, par M. Théophile Baudement. . 729T l B U L L Notice sur Publius Syrus . par le même. . . ...... 73]

Traduction nouvelle, par M. Théophile Baudemcnt. . on Semences de Publius Syrus ................. 7&Notice sur leulle. par le même ................... on; Non-:5 sur les sentences de Publtus Syrua ......... on

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