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VERS UNE NOUVELLE ÉTAPE DE L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER, LA DENSIFICATION ? Mémoire de stage - Avril / Septembre 2012 Université de Lille 1 MASTER de Sciences et Technologies, mention Aménagement, Urbanisme et Développement des Territoires Spécialité : Ville & Projets - Option : Projet Urbain Tuteur Professionnel : M. Bruno Galus Tuteur Universitaire : M. Richard Lemeiter Étudiant : Philippe Hurtaux

Memoire M2 - IAUL - Habitat Minier et densification

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vers une nouvelle Étape de l’habitat industriel minier, la densification ?mémoire de stage - avril / septembre 2012université de lille 1MASTER de Sciences et Technologies, mentionAménagement, Urbanisme et Développement des Territoires

Spécialité : Ville & Projets - Option : Projet Urbain

Tuteur Professionnel : M. Bruno GalusTuteur Universitaire : M. Richard Lemeiter Étudiant : Philippe Hurtaux

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REMERCIEMENTS

En préambule à ce mémoire, je souhaite adresser mes remerciements les plus sincères à l’en-semble des services de la Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin, notamment la Direction de l’Aménagement du Territoire, pour leur accueil bienveillant et leurs conseils avisés. J’associe également les personnes m’ayant apporté leur aide et ayant contribué à l’élaboration de ce mémoire.

Je tiens à remercier sincèrement Monsieur Richard Lemeiter, tuteur universitaire, qui s’est montré à l’écoute et disponible tout au long de la réalisation de ce mémoire. Son aide a ainsi été déterminante pour guider et struturer mes travaux.

Mes remerciements s’adressent également à Monsieur Bruno Galus, Directeur Général Adjoint de la Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin chargé de l’Aménagement du Territoire, pour son écoute et son encadrement dans les tâches qu’il a pu me confier.

Je remercie également les collaborateurs rencontrés tout au long de l’élaboration du cahier des charges des Cités Durables du Louvre : Monsieur Raphaël Alessandri (Mission Bassin Minier), Madame Isabelle Colnenne (Conseil Régional), Monsieur Frédéric Delacroix (Ville de Lens), Monsieur Guillaume Hebert (Une Fabrique de la Ville), Monsieur Gilles Pette (Conseil Régional), Madame Élisabeth Vernageau (Ville de Lens). Ils ont bien voulu répondre patiemment et aimablement à mes nombreuses questions

J’exprime ma gratitude à toutes les institutions et personnes rencontrées à titre professionnel et ayant pu me faire part de leur vision du territoire et de ses spécificités : Maisons & Cités, notamment Messieurs Hervé Walczak et Régis Jamey, la Chaine des Terrils, le CERDD et le Parc Naturel Régional Scarpe-Escault, notamment Agnès Lavergne.

Une pensée particulière est adressée aux membres du service Développement Économique que j’ai côtoyés quotidiennement et dont j’ai aprécié la gentillesse et la bonne humeur.

Merci à tous et à toutes.

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SOMMAIRE

introduction 08

1 | la densification, panacÉe de la ville durable ? 17

A | CAUSES ET ENJEUX DE L’ÉTALEMENT URBAIN 18

L’étalement urbain (statistiques) 18

Quelques raisons 21

À l’avenir 24

B | LA MAîTRISE DE LA CONSOMMATION DE L’ESPACE ET LA DENSIFICATION 25

Le cadre législatif 25

Densité(s), quelques définitions 27

(Re)sentir la densité 28

La qualité de la ville dense, vers la ville intense 29

La densification en milieu urbain 30

La périurbain comme territoire de projet 32

La filière BIMBY 34

Une densité plus raisonnée en période de crise ? 38

C | LA DENSITÉ EN PRATIQUE 38

La pratique au cœur de l’acceptabilité 39

Des perspectives BIMBY 40

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2 | l’habitat industriel minier, Quelles perspectives ? 43

A | HISTORIQUE MINIER 44

L’activité minière 44

Le mode d’urbanisme minier 46

B | TYPOLOGIES DE L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER 52

Les corons (1825 – 1890) 52

Les cités pavillonnaires (1867 – 1939) 54

Les cités-jardin (1904 – 1939) 56

Les cités modernes (1946 – 1970) 58

Des premières constructions à la mutualisation d’un parc d’habitat minier 60

Maisons & Cités (SOGINORPA – EPINORPA) 60

La Société Immobilière de l’Artois (SIA) 62

C | ÉVOLUTIONS, PERSPECTIVES ET LEVIERS 63

Les ayants droits 63

L’inscription du Bassin Minier du Nord-Pas de Calais sur la liste du patrimoine mon-dial de l’UNESCO 63

Les Cités Durables du Louvre 65

D | LA DENSITÉ COMME NOUVELLE ÉTAPE DE L’HABITAT MINIER 67

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SOMMAIRE

3 | la densification sur le territoire de la call 75

A | DISPOSITIFS STRATÉGIQUES 76

B | LES CITÉ DURABLES DU LOUVRE 78

Périmètre de réflexion 79

La Cité des Provinces 82

La Cité du 12-14 84

La Cité du 9 85

La Cité Jeanne d’Arc 87

La Cité du 4 89

Protéger, valoriser et faire evoluer l’habitat minier avec ses habitants 91

Vers un habitat plus respectueux de l’environnement 92

Créer des liens entre les cités et le louvre 93

C | LA DÉMARCHE BIMBY 94

conclusion 95

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INTRODUCTION

Quelque soit l’échelle, une certaine optimisation de l’espace est toujours recherchée ; que vous fermiez votre valise à l’heure de partir en vacances, qu’un transporteur charge ses containers ou qu’un aménageur finalise son projet. Il s’agit donc d’une notion que nous appréhendons tous d’une manière ou d’une autre. En terme d’aménagement, bien que fini, l’espace offre plus de liber-tés et semble parfois moins limité. Il a cependant un coût économique et sociétal. La considérable augmentation du premier depuis des années en démontre la rareté. Sur le plan sociétal, les aména-gements de terrains de plus en plus éloignés des villes impliquent des mouvements pendulaires de plus en plus importants et consomment de plus en plus d’espaces agricoles ou naturels pourtant indispensables à l’équilibre de nos sociétés.

Selon l’outil européen d’observation de l’état de l’occupation des sols et de son évolution dans le temps (Service de l’Observation et des Statistique (SOeS), CORINE Land Cover (CLC), 2006), entre 2000 et 2006, l’artificialisation des sols a augmenté de 3% en France métropolitaine. Ces statistiques peuvent être expliquées par l’augmentation de la population durant le dernier siècle conjuguée à la diminution de la taille des foyers et à la grande augmentation de la part de logements individuels amenant ainsi à un étalement de l’urbanisation.

Devant l’importance de ce phénomène, l’état a entrepris des initiatives afin de prendre en compte les problématiques foncières. Si le sujet est d’actualité, la prise de conscience a plus de trente ans avec les premières mises en garde contre le mitage, puis les premières mesures en 2000 à travers la loi Solidarité Renouvellement Urbain (SRU). Dernièrement, le Grenelle de l’environnement et les lois portant Engagement National pour l’Environnement du 12 juillet 2010, dite loi Grenelle 2, et de modernisation de l’agriculture et de la pêche du 13 juillet 2010 ont fixé comme un des objectifs de « développer un urbanisme économe en ressources foncières et énergétiques ».

Conjuguer ces problématiques avec celles du manque de logements en France suggère de devoir développer plus d’habitations et d’équipements sur moins d’espace, donc de densifier les aménagements. Cette logique permet également à la puissance publique de limiter de nouveaux investissements en rentabilisant davantage ceux existants. C’est en effet le cas de tous les réseaux, voiries, assainissements etc. ; ceux-ci ont été construits avec des coûts importants mais ne des-servent que peu de citoyens. La densification serait alors le moyen de « rentabiliser » ces investisse-ments, en augmentant le nombre de personnes en bénéficiant. Dans certains cas, elle permettrait même aux équipements de ne pas mettre en cause leur maintien. Par exemple les équipements tels que les écoles sont parfois amenés à décliner voir à fermer dans les milieux peu denses où l’activité est trop onéreuse et les habitants amenés à les chercher plus loin.

Rationnellement, la densité se définit comme le rapport d’une quantité sur une unité de sur-face. En terme de densité de population, on peut par exemple prendre en compte le nombre de logements, le nombre d’habitants ou encore la Surface Hors Œuvre Net (SHON). Selon l’échelle spatiale la densité est également calculée sur un kilomètre carré ou sur un hectare. Plus finement, sur la parcelle le Coefficient d’Occupation des Sols (COS) peut également traduire une densité par le rapport entre la surface construite et la surface constructible. Il existe donc une multitude de façons de mesurer la densité. La notion se complexifie encore lorsque l’on parle du ressenti. En effet,

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l’impression générale est souvent trompeuse dans ce domaine et l’imaginaire collectif ne correspond souvent pas à la réalité de densité. Ces critères dépendent également de l’époque de construction et de la qualité des aménagements liés.

Ainsi les corons constituaient un habitat assez dense pour l’époque de leurs constructions. En effet l’habitat industriel minier était conçu par les industriels de la mine pour que leurs ouvriers soient le plus proche possible de la fosse. Cet aspect avec des préoccupations de rationalisation des constructions a donc amené cet habitat atypique. Il a ainsi évolué avec son industrie, tout au long de l’aventure charbonnière. Ce fut notamment le cas dans le Nord-Pas de Calais depuis les premiers corons construits au début du XIXème siècle jusqu’à la fin de l’exploitation en 1990.

Cet habitat est au cœur de la toute récente inscription du Bassin Minier du Nord-Pas de Calais sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. En effet ce sont 124 cités minières qui intègrent ce « paysage culturel évolutif vivant ». Ce parc, parfois en très mauvais état doit donc pouvoir être réha-bilité avec soin afin de permettre la préservation de ces qualités et des valeurs qu’il véhicule tout en le repositionnant dans son époque actuel. Ainsi les enjeux environnementaux, sociaux et économiques du développement durable doivent être pris en compte dans ces réhabilitations. La rénovation ther-mique est par exemple primordiale. Qu’en est-il des questions de densité ? Le concept peut faire peur mais est abordé dans le Schéma Directeur Euralens prévoyant les diverses opérations d’amé-nagements pour l’arrivée du Louvre-Lens.

Dès lors, que peut apporter la densification à l’habitat industriel minier ?

Pour répondre à cette question, nous étudierons donc les mécanismes de la densité, sa me-sure et ses enjeux, puis nous nous intéresserons à l’habitat industriel minier dans ces différentes typologies et ces évolutions. Ceci nous permettra d’imaginer un nouvel avenir dense pour cet habi-tat, et enfin nous verrons les dispositifs de densification en cours sur le territoire de la Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin (CALL).

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INTRODUCTION

Figure 1 : Les EPCI de l’AML – Source : Atlas de l’Aire métropolitaine de Lille

Sur ces 240 km2, la Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin (CALL) et ses 36 communes (figure 2) possèdent des caractères très divers. En effet si elle est située autour d’un cœur urbain constitué des villes de Lens et de Liévin, de nombreuses communes sont plus rurales et observent des problématiques différentes.

Géographiquement, le territoire de la CALL se situe dans le bassin minier lensois, lui même au centre de l’ex-bassin minier du Nord-Pas de Calais. Cette caractéristique minière du territoire est très prégnante et a marqué son histoire sur laquelle nous reviendrons. Cependant l’agglomération s’étend jusqu’aux collines de l’Artois, ce qui explique la partie plus rurale plutôt concentrée au sud-ouest.

Comme la figure 1 le montre, la CALL est entourée d’autres Établissements Publics de Coo-pération Intercommunale (EPCI), avec lesquels elle établit diverses collaborations, notamment la conception du Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) avec la Communauté d’Agglomérations d’Hénin-Carvin (CAHC). La CALL fait également partie de l’Aire Métropolitaine de Lille (AML) et par-ticipe à ses travaux.

PRÉSENTATION DU TERRITOIRE

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Figure 2 : Les communes de la CALL – Source : CALL

Les origines de la CALL remontent aux bases de l’intercommunalité en France. En effet, le District Urbain de l’Agglomération de Lens-Liévin a été créé le 21 Août 1968. Il regroupait 30 com-munes et était fondé sur une idée solidaire de mise en commun des moyens pour faire face à la crise de l’activité charbonnière qui s’annonçait. C’est en 2000 que ce District Urbain sera transformé en Communauté d’Agglomération. Aujourd’hui elle regroupe donc 36 communes et environ 252.000 habitants.

La CALL et le territoire sont donc marqués par ce passé minier qui les a plongé dans des difficultés économiques et sociales importantes. Comme il l’est rappelé dans le Rapport d’Activités 2011 de la CALL, elle « demeure l’une des Communautés d’Agglomération les plus pauvres de France ». Cependant les efforts sont fournis pour revitaliser le territoire autour de « filières d’excel-lence » porteuses d’avenir et en interactions avec le musée du Louvre-Lens :- le développement durable autour du site du 11/19 à Loos-en-Gohelle- le numérique dédié à la culture- les métiers d’art- la logistique avec la plate-forme multimodale de Dourges et son centre de formation- le sport, la santé et le bien être autour de l’Arena stade couvert régional de Liévin

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INTRODUCTION

Obligatoires, optionnelles ou facultatives la CALL exerce les compétences listées dans la figure 3.

Com

péte

nces

Obl

igat

oire

s

Le développement économique étendu aux domaines de la création, de l’aménagement, de l’entretien et de la gestion de zones d’activités industrielle, commerciale, tertiaire, artisanale, touristique, portuaire et aéroportuaire, ainsi qu’aux actions de développement économique d’intérêt communautaire ;

 L’aménagement de l’espace communautaire exercé dans les domaines suivants : schéma directeur et schéma de secteur, création et réalisation de zones d’aménagement concerté d’intérêt communautaire, organisation des transports urbains ;

 L’équilibre social de l’habitat : programme local de l’habitat, politique du logement et notamment du logement social d’intérêt communautaire et action en faveur du logement des personnes défavorisées, amélioration du parc immobilier bâti d’intérêt communautaire ;

 La politique de la ville : dispositifs contractuels de développement urbain et d’insertion économique et social d’intérêt communautaire, dispositifs locaux de prévention de la délinquance.

 

PRÉSENTATION DE LA STRUCTURE

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Com

péte

nces

Opt

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elle

s

L’eau, compétence globale qui recouvre l’entretien, la rénovation et l’extension des réseaux, mais aussi la distribution en eau potable à l’usager ;

 

L’assainissement ;

La protection et la mise en valeur de l’environnement et du cadre de vie, qui se traduit par la lutte contre la pollution de l’air, contre les nuisances sonores, l’élimination et la valorisation des déchets ménagers.

 

Com

péte

nces

Fac

ulta

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la gestion de villages de non-sédentaires ;

 

la gestion d’un refuge intercommunal pour animaux ;la gestion de dépôts de matériaux inertes ;la gestion d’un crématorium réalisé en commun avec la Communauté d’Agglomération d’Hénin-Carvin ;

la mise en place d’un projet d’agglomération comportant l’enseignement secondaire et supérieur, la culture et la communication, les sports, le tourisme, les actions sanitaires et sociales ;

 

l’étude et la réalisation de tout projet, pouvant présenter un intérêt intercommunal dans l’éventualité où les communes intéressées lui en confieraient la responsabilité ;

la gestion des équipements réalisés par ses soins et des services exploités en commun ;

 

l’exercice aux lieu et place des communes de la gestion de plein droit des services énumérés à l’article L-164-4 de l’ancien Code des Communes, remplacé par l’article L-5213-15 du Code Général des Collectivités Territoriales.

Figure 3 : Compétences exercées par la CALL – Source : CALL – Réalisation : Auteur

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INTRODUCTION

Pour exercer ces compétences, la CALL, est dirigé par un conseil communautaire regroupant 171 délégués issus des communes. Celui-ci est présidé par Monsieur Jean-Pierre Kucheida, député honoraire et Maire de la ville de Liévin. 7 commissions instruisent les dossiers et environ 200 agents veillent au bon fonctionnement de l’EPCI organisé selon :- un cabinet dirigé par Monsieur Sébastien Plociniczak- une direction générale dirigée par Monsieur José Gulino

La direction générale se subdivise en trois grands départements, l’administration générale, l’aménagement du territoire et les services techniques. Chacun d’eux est lui même composé de différents services selon l’organigramme suivant (figure 4). La CALL se comptent ainsi d’environ 200 agents.

Figure 4 : Organigramme de la CALL – Source : CALL – Réalisation : Auteur

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Rattaché directement auprès de Monsieur Bruno Galus, Directeur Général Adjoint en charge de l’Aménagement du Territoire, ma mission a été principalement de travailler sur le concept des Éco-Cités du Louvre. Dans un premier temps, il s’agissait de préciser les attentes regroupées sous cette dénomination afin de définir et de proposer une base de réflexion sur ce sujet. Pendant la validation politique des réflexions j’ai travaillé à la rédaction d’un cahier des charges pour une étude urbaine et sociale visant à développer une stratégie de projets selon ces principes, objectif final dans le cadre de ce stage.

Au fil des réunions des différents acteurs et de la précision du projet, notamment de son arti-culation avec les autres marchés régissant la démarche Euralens, le cahier de charge a beaucoup évolué. Dans sa dernière mouture il défini alors une étude de programmation urbaine dont l’aspect social et l’étude du peuplement revêt une grande importance.

Figure 5 : Communauté d’Aggllomération de Lens-Liévin, Site Lavoisier

LE POSTE DE STAGIAIRE «ÉCO-CITÉS DU LOUVRE»

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la densification,panacÉe de la ville durable ?1A | CAUSES ET ENJEUX DE L’ÉTALEMENT URBAINB | LA MAîTRISE DE LA CONSOMMATION DE L’ESPACE ET

LA DENSIFICATIONC | LA DENSITÉ EN PRATIQUE

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LA DENSIFICATION,PANACÉE DE LA VILLE DURABLE ?1

L’étalement urbain (statistiques)

L’effet de la construction et des projets d’aménagement sur l’occupation des sols peut être traduit selon divers indicateurs. S’ils doivent être maniés avec prudence, selon les échelles géogra-phiques et temporelles et particularités de calcul qui correspondent à chacun d’eux, nous verrons qu’ils convergent sur des conclusions liées à l’étalement urbain.

En réalité l’étalement urbain est défini par l’Agence Européenne pour l’Environnement (AEE) par le fait que « la surface urbanisée croît plus vite que l’augmentation de population ». En croisant les données du SOeS, CORINE Land Cover (CLC) avec ceux d’Eurostat et de l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE) on peut alors dresser un tableau comparatif (figure 6) comme Françoise Nirascou (CGDD-SOeS, 2012) le fait. Selon la définition de l’AEE, la différence entre le taux d’évolution des surfaces urbanisées et celui de la population sur une période identique aboutit à un indice sans unité, représentatif de l’étalement urbain sur la période. Il y aurait alors éta-lement urbain si l’indice est supérieur à zéro.

 Evolution des sur-faces artificialisées entre 2000 et 2006

(en %)

Evolution des sur-faces urbanisées

entre 2000 et 2006 (en %)

Evolution de la po-pulation entre 2000

et 2006 (en %)Indice d’étalement

urbain*

Europe à 27 hors Royaume-Uni et Grèce 2,7 1,7 2,9 -1,2

France Métropolitaine 3 2,1 4,4 -2,3

Valeurs régionales en France Métro-politaine

Min. : Alsace 1,4 1 4,1 -3,1Max. :

Pays de la Loire

5,7 4,7 6,2 -1,5

* indice sans unité, construit selon la définition de l’Agence Européenne pour l’Environnement par différence entre le taux d’évolution des surfaces urbanisées et celui de la population sur des périodes identiques

Figure 6 : Comparatif des évolutions de surfaces artificialisées, urbanisées et de population – Source : SOeS, CLC ; Eurostat ; INSEE ; Françoise Nirascou

D’après la figure 6, il n’y aurait donc pas eu, au sens de l’AEE, d’étalement urbain entre 2000 et 2006 à l’échelle de l’Europe et à celle de la France Métropolitaine.

On peut également considérer l’évolution temporelle du gradient de densité. En effet la densité, de logements ou de population est toujours plus forte dans les centres urbains qu’en périphérie (par définition du centre urbain). Son gradient exprime alors à quelle vitesse elle décroit en fonction de l’éloignement du centre. Ainsi plus un gradient de densité est élevé, plus la ville est concentrée et sa densité décroit rapidement vers la périphérie. L’évolution dans le temps de ce gradient peut donc traduire la tendance de la ville étudiée à se densifier (augmentation) ou à s’étaler (diminution). C’est ce que l’on peut étudier sur la figure 7. Ces calculs témoignent alors un étalement des aires urbaines de province que sont Lille et Lyon, alors que celle de Paris, déjà très dense fluctue.

A | CAUSES ET ENJEUX DE L’ÉTALEMENT URBAIN

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L’INSEE appréhende l’étalement urbain par sa propre notion d’unité urbaine. Les unités ur-baines sont définies par « les ensembles de communes «entre lesquelles il n’y a pas de coupure de plus de 200 mètres et dans lesquelles résident au moins 2 000 habitants ». L’INSEE peut ainsi déterminer les évolutions à chaque renouvellement de la base. Ainsi, entre 1999 et 2010, 1 368 communes sont passées d’un espace rural à un espace urbain, ce qui correspond à une augmen-tation de 19% de la surface du territoire constitué par ces aires urbaines. Elles sont donc passées de 100 000 km2 à 119 000 km2. L’INSEE signale également que cette évolution semble d’accélérer.

Figure 7 : Calcul et évolution temporelle des gradient de densité de population pour les villes de Paris, Lyon et Lille – Source : Françoise Nirascou (2012)

En traitant les informations des permis de construire délivrés, le SOeS a également mis au point la base statistique Sitadel. Un travail d’anonymisation est nécessaire mais fournit des données très précises. Une des analyses appliquée à cette base est l’étude de la distance moyenne des construc-tions neuves au centre urbain. Ainsi, le tableau de la figure 8 témoigne de l’étalement urbain pour différentes aires urbaines. Les résultats diffèrent selon les aires urbaines mais sur l’ensemble on peut constater un étalement urbain important entre 1990 et 2001 puis son ralentissement jusqu’en 2010. Cet outil ne donne cependant qu’une information de distance et non d’espace consommé.

Figure 8 : Distance de la construction neuve par rapport au centre des aires urbaines – Source : SOeS, Sitadel (2012)

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LA DENSIFICATION,PANACÉE DE LA VILLE DURABLE ?1

Plus simplement, on peut considérer un sol « consommé » lorsqu’il accueille un aménagement ou un équipement physique. On parle alors d’artificialisation des sols, laquelle est le plus souvent irrémédiable. La consommation d’espace est alors l’artificialisation d’un sol qui ne l’était pas aupara-vant. Sur le principe, l’étude de son évolution semble simple. Il n’en est rien et plusieurs techniques existent allant de la projection statistique à l’observation satellitaire en passant par l’étude cadastrale. Encore une fois les avantages et inconvénients de ces techniques dépendent de l’échelle étudiée.

Ainsi la technique statistique de la source Teruti-Lucas permet de travailler au niveau national ou régional et traduit les changements rapidement puisqu’elle est renouvelée annuellement.

À l’inverse, l’utilisation des données cadastrales est beaucoup plus fine et est donc particuliè-rement utile à l’échelle communale. Cependant, elle doit être pondérée puisqu’elle ne prend pas en compte les espaces publics générés et ne peut actuellement pas servir de base de comparaison à l’échelle européenne.

Figure 9 : Portail Corine Land Cover France – Source : CLC

Enfin, la source Corine Land Cover, crée des cartographies (figure 9) désignant l’usage de l’espace et peut également prendre en compte son ancienne affectation, à partir d’image satellite. Elle est renouvelée tous les six ans et son principal inconvénient provient de la résolution que ce traitement impose (25 ha pour l’état des sols et 5 ha en évolution). En effet, les évolutions minimes ne sont pas toujours prises en compte. On éprouve par exemple des difficultés à mettre en évidence le phénomène de mitage avec cet outil. Des évolutions sont attendues et devraient aboutir à un

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renouvellement de l’information plus rapide (3 ans) et une résolution plus importante (1 ha au lieu de 5 ha). Le dernier renouvellement des données a permis de déterminer qu’en 2006, 5,1% de l’espace est artificialisé en France Métropolitaine. Entre 2000 et 2006 la surface artificialisée a progressée de 3%. Ces 3% sont majoritairement pris (88%) sur des terres agricoles, le restant l’étant sur des milieux naturels. L’étude montre également que 75% de cet espace est utilisé pour la création de tissu urbain (souvent discontinu) et 12% pour des zones industrielles et commerciales (UE, SOeS, CLC, base des changements 2000-2006).

Les villes prennent donc de plus en plus d’espace en France. Elle recouvre alors d’anciens espaces agricoles ou naturels précieux. L’augmentation de la population doit être mise en parallèle de ces statistiques, mais tentons de comprendre comment ce phénomène prend de l’importance.

Quelques raisons

Le logement est donc la première raison de consommation d’espace. La population augmen-tant en moyenne de 0,56% par an (entre 1960 et la fin des années 2000), il est normal que nous ayons besoin de plus en plus de logements.

Figure 10 : Évolutions annuelles moyenne de la population et du nombre de logements en France Métropolitaine (en %) – Source : INSEE, SOeS (Alain Jacquot)

Cependant le nombre de logement est plutôt lié au nombre de ménages. En effet chaque mé-nage a une résidence principale. Or c’est le nombre de ménage qui a considérablement augmenté en France ces dernières années : d’en moyenne 1,32% par an sur la même période. Ceci s’explique par une baisse considérable du nombre de personnes par ménage (0,74% par an). En effet, alors que le nombre de personnes par ménage était de 3,06 en 1968, il était descendu à 2,29 en 2007. Dans les années 80, cette baisse était le résultat du ralentissement du baby-boom entrainant un nombre d’enfant par ménage moins important. L’amélioration du système de retraite, permettant une meilleure autonomie des personnes âgées dans leur foyer a également eu de l’influence. Puis dans les années 90, le vieillissement de la population ainsi que les évolutions sociologiques autour du mariage ont continué à alimenter cette baisse. En effet, le vieillissement implique un nombre important de ménages dont les enfants ont pris leur autonomie, et le désaveu du mariage implique un nombre plus important de personnes vivant seules, et de familles monoparentales (Alain Jacquot, CGDD-SOeS, 2012).

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LA DENSIFICATION,PANACÉE DE LA VILLE DURABLE ?1

Figure 11 : Évolution de la surface habitable par personne selon différents critères – Source : INSEE, SOeS, Alain Jac-quot

En quarante ans, le nombre de logements en France a été multiplié par 1,7. Dans le même temps et sous l’effet des phénomènes évoqués précédemment, la surface moyenne des résidences principales est passée de 72,0 m2 en 1973 à 91,2 m2 en 2006. Ce qui correspond à une évolution de 24,6 à 40,1 m2 par personne. En moyenne, le nombre de pièce d’une résidence principale était de 3,3 pièces en 1968. Elle était passée à 4,0 pièces en 2007. Ceci peut encore une fois s’expliquer par le vieillissement de la population. En effet, et comme le montre la figure 11, la surface habitable par personne croit avec l’âge. C’est principalement le fait du parcours résidentiel qui permet en vieillissant de bénéficier de biens plus importants. De plus, très peu se détachent de ce bien même une fois que les enfants ont quitté le foyer. L’augmentation du nombre de personnes vivant seules est également responsable de cette hausse, puisqu’elles en consomment évidemment plus.

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De cette façon, Alain Jacquot (2012) a pu calculer que la surface habitable cumulée des loge-ments en France Métropolitaine a été multipliée par 2,3 en quarante ans. Il signale également la pro-babilité que « la surface cumulée des parcelles d’habitation a été multipliée par davantage que 2,3 (sans qu’il ne soit possible de donner un chiffre précis) ». En effet la proportion de l’habitat individuel a considérablement augmenté dans le volume des logements construits. Plus de 60% depuis 1975 alors qu’il était aux alentours de 40% depuis la fin de la seconde guerre mondiale (figure 12). De plus comme le montre la figure 12, la taille moyenne des parcelles sur lesquelles cet habitat individuel se construit a également augmenté selon les mêmes périodes. Concernant le collectif, leur taille moyenne a beaucoup diminué depuis les années 80.

Figure 12 : Surface des logements, des terrains et nombre d’étage des bâtiments d’habitation en 2006, selon leur époque de construction – Source : Alain Jacquot (2012)

Pour trouver plus de parcelles, de tailles plus grandes, il faut s’écarter du centre ville. Ceci n’a été possible que par l’amélioration des moyens de transport. En effet on parle ici principalement de logements puisque le travail se situe en grande partie dans les grandes villes. Dès lors c’est le développement du transport qui permet d’atteindre ces zones périurbaines. En effet, le choix de l’habitation d’un ménage se fait selon un choix de localisation de confort et de temps de trajet pour ses activités (travails, loisirs …). Le développement de l’usage de la voiture et de ses infrastructures participe donc à l’étalement urbain.

Dans les années 60, la France investit massivement dans des autoroutes au niveau national et de façon plus locale dans des rocades pénétrantes dans les villes. Les conditions de voyage s’amé-liorent et il est désormais possible d’aller plus loin plus rapidement. Ce phénomène est lié aux pro-grès techniques, des routes, des voitures et aussi à une croissance économique compatible. Cela

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a donc pour conséquence une augmentation générale des vitesses et les individus vont se loger encore plus loin du centre-ville.

L’étalement urbain semble donc pouvoir s’expliquer par des critères démographiques, socié-taux et par des avancées technologiques. Alors que ces critère semblent continuer leur évolution dans le même sens, tentons de nous projeter dans la situation à laquelle nous aboutirons si rien n’est fait.

À l’avenir

Sur le plan démographique, la population française semble continuer de progresser de la même façon (+0,5% par an environ selon l’INSEE), tout comme l’augmentation du nombre de ménage. Ainsi Alain Jacquot estime que le nombre moyen de personnes par ménage diminuerait jusqu’à atteindre 2,0 en 2030. À l’inverse, la surface habitable moyenne par personne devrait continuer de progresser. En effet, l’inverse traduirait une situation économique désastreuse pour le pays, entrai-nant une baisse considérable du niveau de vie des ménages. En revanche, l’augmentation des prix des carburants qui se profile, peut commencer à influencer les choix de logements des ménages. En effet, le choix d’aller s’installer plus loin pour diminuer les charges foncières sera de moins en moins pertinent face aux coûts engendrer par les trajets domicile-travail.

Le bilan français est néanmoins alarmant, les 4,85 millions d’hectares qui étaient artificialisés en 2009 représentent 9% du territoire en France Métropolitaine. Plus que cela, c’est l’accélération du phénomène qui est à prendre en compte. En effet, entre 2006 et 2009, l’artificialisation des sols grignote en moyenne 86 000 hectares par an. « À ce rythme, (…) les espaces agricoles et naturels perdent 236 hectares par jour, ce qui correspond à la superficie d’un département français moyen (610 000 hectares) tous les sept ans » (Paul-Michel Morel et René Jean, 2010). Lors de la dernière décennie, l’artificialisation correspondait à un département tous les dix ans. Très variable selon les départements elle n’en est que plus critique dans certains d’entre eux (Bas-Rhin, Vendée, Côtes-d’Armor, Manche) où le gain d’artificialisation dépasse 1%.

La demande de logement étant importante en France il peut sembler contradictoire de mettre des limites à la construction. Cependant, la moitié des sols consommés, l’est à destination de l’habitat. L’artificialisation des sols est un enjeu de tout premier ordre, tant elle est liée à des pro-blématiques écologiques, environnementales, agricoles, climatiques, alimentaires, économiques et sociales. Son accélération ces dernières années est inquiétante et n’est pas passée inaperçue. Un certain nombre de dispositifs ont donc été imaginés afin d’endiguer ce grignotage des terres agri-coles et naturelles.

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Si réglementairement et stratégiquement on peut limiter l’étalement urbain et l’artificialisation des sols, on ne peut s’en contenter. En effet, la pénurie de logements doit également être traitée et construire plus de logements sur moins d’espace revient à développer une forme de densification.

Le cadre législatif

Les bases de la lutte contre l’étalement urbain ont été posées le 13 décembre 2000 par la loi relative à la Solidarité et au Renouvellement Urbain (SRU) (Loi n° 2000-1208). Elle fait suite aux poli-tiques de lutte contre les disparités sociales et spatiales des années 1980 principalement dans les grands ensembles. Elle vise à créer une nouvelle manière d’aménager, en travaillant sur des quartiers existants. Il s’agit alors de rénover le cadre législatif des politiques d’aménagement et propose le renouvellement de la ville sur elle même comme principe contre l’étalement urbain. Des disposi-tifs d’incitations fiscales, de création de sociétés d’investissement régionales sont proposés pour avancer sur les premières pistes en la matière : renouveler les espaces déjà urbanisés afin d’éviter le déclin de ces zones et de ne pas générer de « fracture urbaine », limiter les développements péri-phériques et enfin planifier les rapports ville-environnement.

La loi de programmation pour la ville et la rénovation urbaine viendra compléter la loi SRU le 2 août 2003. Concernant la lutte contre l’artificialisation des sols, elle met en place un dispositif à court terme contre la pénurie de terrain. Il consiste à rendre indisponible certains terrains pour la construc-tion de logements. Elle crée également l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) le 9 février 2004. Elle permet principalement d’apporter les financements nécessaires aux projets de renouvellement urbain dans les quartiers les plus en difficultés.

La loi Engagement National pour l’Environnement (ENE) du 12 juillet 2010 (Loi n° 2010-788), dite loi Grenelle 2 est le dernier dispositif législatif mis en place sur la question. Elle affirme le rôle des outils réglementaires (PLU) et stratégiques (SCOT) de l’urbanisme dans la gestion économe des sols. En effet ces documents doivent prévoir dès le rapport de présentation une « analyse de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers » (art. L123-1-1 al. 3 du Code de l’urba-nisme). De plus ils doivent en articulation l’un avec l’autre fixer des objectifs justifiés de consomma-tion de l’espace. En effet le PADD doit alors fixer des « objectifs de modération de la consommation d’espace et de lutte contre l’étalement urbain » (art. L123-1_3 du Code de l’urbanisme). Le rapport de présentation doit alors justifier « des objectifs compris dans le PADD au regard des dynamiques économiques et démographiques » (art. L123-1-2 al. 4 du Code de l’urbanisme). À noter également le rôle de l’état déconcentré : le préfet a un droit de regard sur les Plans Locaux d’Urbanisme de territoire non couvert par un Schéma de Cohérence Territoriale.

En terme de densification, la loi Grenelle 2 évoque par exemple deux cas précis. L’alinéa 13°bis de l’article L123-1-5 prévoit « dans des secteurs situés à proximité des transports collectifs existants ou programmés, imposer dans des secteurs qu’il délimite une densité minimale de construction ». Ceci est un élément marquant qui contraint une stratégie efficace liant le développement des infras-tructures de transport avec celle de densification. Or nous avons démontré les influences mutuelles de ces deux champs.

B | LA MAîTRISE DE LA CONSOMMATION DE L’ESPACE ET LA DENSIFICATION

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Le deuxième exemple concerne les Coefficient d’Occupation des sols. La loi prévoit en effet de pouvoir dépasser ce coefficient dans certaines conditions : « Un dépassement des règles relatives au gabarit et à la densité d’occupation des sols résultant du plan local d’urbanisme ou du document d’urbanisme en tenant lieu peut être autorisé, par décision du conseil municipal ou de l’organe déli-bérant de l’établissement public de coopération intercommunale compétent en matière de plan local d’urbanisme, dans la limite de 30% et dans le respect des autres règles établies par le document, pour les constructions satisfaisant à des critères de performance énergétique élevée ou alimentées à partir d’équipements performants de production d’énergie renouvelable ou de récupération ». Mais ce dépassement ne peut excéder 20 % dans un secteur sauvegardé, dans une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager, dans le périmètre de protection d’un immeuble clas-sé ou inscrit au titre des monuments historiques, dans un site inscrit ou classé, à l’intérieur du cœur d’un parc national, ni aux travaux portant sur un immeuble classé ou inscrit au titre des monuments historiques ou adossé à un immeuble classé, ou sur un immeuble protégé » (art. L128-1 du Code de l’urbanisme).

Ces documents forment donc un cadre législatif et stratégique conséquent et permettant de mettre en place des dispositifs ambitieux en terme de préservation des zones naturelles et agricoles. Cependant les objectifs fixés dans ces documents ne sont pas contraignants, c’est à dire que la commune ou l’EPCI responsable du document n’a pas d’obligation de résultat sur l’exécution de celui-ci. Sous la pression des promoteurs, des investisseurs et des propriétaires, on peut craindre que l’ouverture à l’urbanisation perdure. De plus, l’échelle intercommunale semble être la meilleure solution pour cette dimension stratégique. En effet, développer certains aménagements de qualité et d’ampleur suffisante peut permettre de préserver certaines zones de l’étalement urbain. Ces réflexions sont considérées dans le cadre des SCOT et des PLU intercommunaux mais ils ne sont pas encore généralisés. « Le plan local d’urbanisme est élaboré à l’initiative et sous la responsabilité de l’établissement public de coopération intercommunale lorsqu’il est doté de la compétence en matière de plan local d’urbanisme, en concertation avec les communes membres. (…) Dans les autres cas, le plan local d’urbanisme est élaboré à l’initiative et sous la responsabilité de la com-mune, le cas échéant en concertation avec l’établissement public de coopération intercommunale à fiscalité propre dont elle est membre » (art. L123-6 du Code de l’urbanisme). L’échelon intercom-munal est tout de même privilégié puisque le législateur fait du PLU intercommunal le principe et du PLU communal l’exception.

Les deux principes majeurs avancés dans ces documents sont donc, la limitation de l’étalement en renforçant les contraintes d’ouverture à l’urbanisation et le développement d’une certaine forme de densité permettant à la ville de se développer malgré tout. Si les lois évoquent ces opérations de densification ou de projets favorisant la densité, elles ne donnent pas de solutions concrètes. Dès lors, comment crée-t-on de la densité dans un projet urbain ?

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Densité(s), quelques définitions

La densité est le rapport entre un élément quantifiable (habitant, emploi, mètre carré de plan-cher etc.) et la surface d’un espace de référence. Elle peut être faible ou forte et plus ou moins bien perçue selon qu’un équilibre «subtil» s’établit entre ces différents indicateurs : la concentration de population, l’intensité de l’activité, la densité du bâti, la proportion d’espaces verts publics, etc. En se complétant, ces indicateurs permettent une appréhension plus globale du concept de densité.

On distingue alors plusieurs éléments de mesure de la densité : ‐ Le Coefficient d’Occupation des Sols (COS), qui est un élément réglementaire traduisant un

« droit à bâtir », c’est le rapport de la surface constructible sur la surface de la parcelle. Ainsi, il ne traduit pas d’imposition de forme, puisque la surface constructible peut se répartir sur un ou plu-sieurs étages. ‐ La densité bâtie ou réelle, elle considère l’emprise au sol, ainsi que le nombre d’étages. Ainsi

il s’agit du rapport entre le Coefficient d’Emprise au Sol (CES) multiplié par le nombre moyen de niveaux des constructions sur la surface de l’îlot considéré. En fonction de la finesse des parcelles considérées, on calcule la densité nette ou brute. La première prend en compte la réelle occupation des sols tandis que la deuxième compte également les espaces publics (équipements collectifs, voiries etc.)

‐ La densité de population, simple rapport du nombre de logements sur une surface donnée. Les interprétations de cette densité dépendent de l’échelle choisie (de la ville à l’îlot). Elle s’exprime alors en habitants par km2 ou en habitants par hectare. ‐ Sur le même principe on peut alors décliner des densités d’emplois voir d’activité humaine

(nombre d’habitants + nombre d’emplois)

Source : IAURIF, 2005

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(Re)sentir la densité

De façon générale, parler de densité, de densification ou de ville dense fait peur. Dans l’imagi-naire collectif, la densité est souvent assimilée à des formes urbaines imposantes comme les tours ou les grands ensembles. En réalité, et comme le montre la figure 13, densité et forme urbaine ne sont pas liées. On peut obtenir la même densité réelle (c’est à dire en nombre de logements par hectare) avec une tour qu’avec un tissu de logements individuels.

Figure 13 : Modulations morphologiques à densité fixe – Source : IAURIF (2005)

La figure 14, dont le « classement » par densité bâtie ne traduit pas forcément le ressenti des populations, vient renforcer ce sentiment. En effet, les grands ensembles ont par exemple une densité bien plus faible (inférieure à 1) qu’un habitat de centre ville ou de centre bourg traditionnel. Pourtant, les habitants de ces grands ensembles évoquent souvent cette sensation de vivre les uns sur les autres. Comme l’indique Alexis Roy (DREAL Pays de la Loire, 2012), « les grands ensembles cristallisent les jugements négatifs liés à la densité (surpopulation, anonymat, précarité, insécurité, cadre de vie dégradé) alors que l’habitat individuel dense ou l’habitat intermédiaire, qui peuvent atteindre des niveaux de densité bien supérieurs, sont perçus plus positivement ». La perception de la densité est donc largement fonction de la qualité des aménagements.

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La façon de faire la densité est donc aussi importante que la densité elle même. Elle doit être acceptable voire même désirable pour les habitants qui la pratiqueront. Pour cela la densité doit prendre en compte l’existant et intégrer la densité à un projet plus ambitieux que le simple objectif de densification.

Figure 14 : Quelques formes urbaines classées par densité bâtie – Source : IAURIF (2005)

La qualité de la ville dense, vers la ville intense

Certains préfèrent alors parler d’intensification. Lille Métropole Communauté Urbaine (LMCU) mène par exemple sa politique de la ville et ses projets de développement urbain sous des objectifs de ville intense. Ceux-ci sont détaillés dans une délibération-cadre intitulée faire la Ville intense depuis 2009. La notion de Ville intense y est résumé comme « une ville qui marie la qualité à la compacité ».

Le principe général est de ne pas voir la densité comme une simple densité bâtie ou de popu-lation. En mettant en avant un souci de qualité, l’intensité urbaine suggère une densité à niveaux multiples au centre d’enjeux divers :- d’accessibilité, rapprochant une multitude de lieu par des liaisons douces comme par des trans-ports en commun selon l’échelle- d’équipements et d’aménités (commerces et services, parcs et jardins, équipements sportifs et culturels etc.), répartis intelligemment, notamment en rapport avec l’accessibilité- de mixité sociale et fonctionnelle, permettant, via certaines valeurs de partage et de solidarité, de contribuer à la réduction des inégalités et à la lutte contre les exclusions, de favoriser l’innovation et l’enrichissement mutuel, enfin elle agit sur la cohésion et l’intégration des populations- de maillage urbain, visant, grâce aux éléments évoqués ci-dessus, à ce que quartiers nouveaux et anciens s’alimentent réciproquement dans de bonnes dynamiques- des enjeux environnementaux, afin de réduire les dépenses énergétiques et les pollutions, de les traiter efficacement et de préserver, voire de renforcer la biodiversité grâce à la mutualisation.

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De façon plus concrète, d’autres éléments participent à l’acceptabilité de la densité. Ainsi, le design architectural et urbain, la qualité des espaces publics, la présence d’espaces verts ou encore la mixité des usages sont primordiaux dans l’appréhension de la densité. En effet, dans ce domaine on peut se risquer à évoquer quelques préconisations de base comme le respect du tissu existant, de l’échelle humaine, la variation des hauteurs permettant de créer des perspectives ainsi que des formes, notamment ouvertes permettant la présence d’espaces extérieurs publics ou privatifs géné-rateurs de mixités… Mais la densification doit surtout se faire avec son environnement. Elle doit être innovante afin de pouvoir faire du nouveau projet un élément créateur d’interactions avec l’existant et ainsi de limiter son impact voire d’améliorer la vie du quartier.

Dès lors, on peut appliquer et développer la densité par des processus de qualité. Cependant les façons de faire diffèrent selon les territoires. En effet la densification dépend de la typologie du quartier traité et plus généralement de la densité déjà existante.

La densification en milieu urbain

En ville, dans un milieu ayant déjà une certaine densité, elle peut y être développée grâce à :- Des opérations de renouvellement urbain de qualité qui permettent par leur montage d’inscrire la densité au centre du nouveau projet et de prendre profondément en compte les enjeux déjà évo-qués.

Figure 15 : Euratechnologie, dans l’ancien château industriel Leblan-Lafonts, au cœur de la ZAC des Rives de la Haute-Deûle qui regroupera à terme 170 000 m2 de logements, 150 000 m2 d’activités tertiaires de recherche et de formation, 5

000 m2 de commerce et 20 000 m2 d’équipements

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- L’utilisation de friches afin de tirer avantage des coupures dont elles sont généralement créatrices. En effet la conception de nouveaux projets d’aménagements sur d’anciennes friches permet de développer la ville sur elle même. Ce type de foncier est généralement public, grâce au travail des Établissements Publics Fonciers (EPF). En revanche ils nécessitent souvent d’être innovant afin de traiter les problématiques de pollution à des coûts acceptables. LMCU et sa ville intense s’inscrivent dans cette démarche avec 250 ha de friches traités entre 2001 et 2007, ainsi que 260 autres ha en projet. Dans le cadre de la métropole lilloise, les friches, importantes et en grands nombres, per-mettent de faire émerger des projets de grandes envergures tels que la ZAC des Rives de la Haute-Deûle à Lille-Lomme-Lambersart ou encore la ZAC de l’Union à Tourcoing-Roubaix-Wattrelos.

Figure 16 : Plan directeur de la ZAC de l’Union qui accueillera à terme plus de 3 000 habitants et autant d’emplois sur une ancienne friche – Source : SEM Ville Renouvelée

- Proche du point précédent, la reconversion de bâtiments non résidentiels (industriels, institution-nels, commerciaux, religieux etc.) permet de créer des logements.- Le développement de projet dans les dents creuses aussi appelé développement intercalaire consiste à utiliser les terrains résiduels entre le bâti existant. Ces dispositions n’ont rien d’anec-dotiques et contribuent souvent à la revitalisation de certains quartiers. La démarche de référentiel foncier, initialement impulsée par les EPF, permet d’identifier efficacement ces potentialités.

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La périurbain comme territoire de projet

De la même façon, la densification ne doit pas être oubliée dans le périurbain ou les milieux moins denses. En effet, la périurbanisation ne doit pas être considérée comme un territoire pestiféré. Si l’artificialisation de ces sols est irréversible, autant les exploiter un maximum et les englober dans la « ville de demain ».

Ainsi, la périurbanisation pourrait être vu comme un projet et non plus comme un problème, « passer de la ”lutte contre” aux ”politiques de” » (Stéphane Cordobes, Romain Lajarge et Martin Vanier, 2010). Il s’agirait alors de mener une politique de la périurbanisation, de la développer, non en terme d’expansion, mais en terme de qualité. C’est à dire lui donner un sens plutôt que de s’épuiser à échouer de la contenir. Dans le cadre des études prospectives de la Délégation interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale (DATAR) intitulées Territoires 2040 les trois chercheurs de la DATAR et de l’université de Grenoble 1 ont élaboré cinq scenarii de projets pour les zones périurbaines. Chaque scenario traduit à la fois le fait que l’évolution de chaque zone dépend de son contexte territorial (il n’y a pas un unique type de périurbanisation en France), et une situation générale différente allant de contraintes environnementales critiques à des progrès techniques nous permettant de les dépasser.

Le premier scenario proclame le triomphe de la densification : « l’urbain compacte l’emporte, digère le périurbain en le densifiant, et la périurbanisation s’arrête ou devient un phénomène secon-daire ». Il suggère alors un développement très différent de la ville et de la campagne, alors destiné à l’agriculture. Les problématiques de la ville telles qu’elles existent sont alors toujours présentes, voire exacerbées.

Le second, au contraire, consacre l’espace diffus : « la dispersion généralisée s’impose, grâce aux solutions techniques rendant les faibles densités soutenables et l’accès au confort spatial dési-rable ». Il anticipe des solutions techniques et technologiques abordables et permettant la soutenabi-lité de la mobilité et de l’habitat individuel pour tous. Les problématiques de l’aménageur deviennent alors principalement de la logique foncière puisque le modèle est individuel et privé au sein de chaque propriété.

Le troisième est plus à l’avantage des périphéries : « l’enjeu agrinaturel est central et structure de nouveaux rapports villes-campagnes, et les espaces intermédiaires, jadis périurbains, deviennent des conservatoires périruraux ». Dans cette situation, la situation environnementale est telle que les espaces naturels doivent être impérativement préservés. Les périphéries de part leur proximité avec ceux-ci en deviennent les remparts et jouissent de leur bienfait. Les projets de développement s’arti-culent alors autour des espaces périurbains plutôt qu’urbain sans toutefois continuer de s’étendre.

Le quatrième prévoit une grande collaboration entre les métropoles : « l’interterritorialité orga-nise l’ancien périurbain, entre les métropoles et entre les territoires, par tous leurs sites et fonc-tions d’interface ». Les espaces périurbains sont alors considérés comme autant d’interfaces entre ces métropoles, autant de support au développement de polarités secondaires permettant l’accueil d’autres fonctions (logistiques, équipements de transport, équipements récréatifs etc.). L’État serait

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donc au centre de ces projets et organiserait la coordination de tous ces projets aux différentes échelles du territoire.

Enfin le dernier scenario consacre totalement l’urbain, dans une situation catastrophique : « le périurbain est réquisitionné pour son intérêt écologique global par les villes qui dominent leur région et équilibrent ainsi leur empreinte, dans un contexte de très fortes contraintes environnementales ». La situation écologique est telle que la maîtrise foncière doit être totale et la ville se voit contrainte de vivre et de se développer sur elle même. L’équilibre ainsi formé serait donc très fragile.

Le deuxième scenario fait figure d’exception dans ces projections. En effet, il est le seul à renoncer à l’action publique. Se réfugiant derrière une logique progressiste qui rendrait n’importe quel aménagement soutenable, il laisse le marché réguler le territoire. Les aspects ségrégatifs mis en avant dans certains autres scenarii seraient également présents dans une telle situation, de façon moins concentrée mais peut être plus forte encore. Il constituerait également une fuite en avant consacrant un modèle artificiellement durable (quel recul sur ces solutions technologiques, ce mo-dèle est-il applicable sur tout le territoire, applicable par les futurs 13 milliards de terriens ?).

Excepté le deuxième donc, les scenarii convergent vers la nécessité d’une action publique volontariste pour concevoir l’aménagement et l’évolution de ces zones périurbaines. En somme, il s’agit de faire avec la périurbanisation puisqu’elle est là, mais de la réinventer (Martin Vanier propose même de changer son nom). Si les buts sont différents selon les situations, des nouvelles probléma-tiques se dégagent sur ces territoires (Martin Vanier, 2011) :- Une certaine « hybridation des aménités ou des biens dont cette position interterritoriale est por-teuse ». C’est à dire amener une diversité des fonctions, des usages et des types d’utilisations des sols afin de concevoir un projet collectif pour le territoire. L’idéal de « ville à la campagne » est un bon objectif mais les tentatives individuelles n’ont que rarement abouti.- Un concept « d’espace public de nature » qui remettrait les dispositifs abstraits de trames vertes et bleues au cœur de l’urbanité positive. Elle pourrait même jouer le rôle urbanistique structurant des rues et places de la ville.- Une « économie transactionnelle, qui pourrait guider les relations entre centres et périphéries » afin d’appréhender ces enjeux collectivement, par complémentarité entre développement et accès aux ressources.

Une des idées principales de cette réflexion est de promouvoir des logiques collectives pour repenser le territoire périurbain et ces territoires de façon collaborative. Si le Partenariat Public Privé (PPP) est particulièrement mis en avant dans le rapport, d’autres solutions sont expérimentées : c’est le cas du projet Build In My BackYard (BIMBY) qui prône un urbanisme collaboratif.

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La filière BIMBY

Figure 17 : L’intensification pavillonnaire selon le projet BIMBY – Source : BIMBY

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BIMBY est un projet de recherche sélectionné en 2009 par l’Agence Nationale de Recherche (ANR) dans le cadre de son appel à projet « Villes Durables ». Il rassemble dix partenaires publics : les Communautés d’Agglomération de Rouen et de Saint-Quentin-en-Yvelines, le CAUE de l’Eure, les Écoles Nationales Supérieures d’Architecture de Paris Belleville, Rouen et Marseille, le LATTS (ENPC) et le RIVES (ENTPE), ainsi que deux bureaux d’études du Réseau Scientifique et Technique du MEEDDTL : le CETE Normandie Centre (pilote du projet) et le CETE Ile-de-France (co-pilote).

Il vise à faire émerger une nouvelle manière de créer la ville en mobilisant le tissu pavillonnaire, son foncier et ses acteurs. Le projet tend à instaurer une dynamique de petits projets avec les acteurs de ce milieu et de l’urbain, qu’ils soient habitants, techniciens ou élus. Elaborés spécifiquement, ces projets sont adaptés à chaque situation et sont également compatibles avec l’intérêt général, c’est-à-dire avec des objectifs de renouvellement urbain, de densification et de mixité sociale et fonction-nelle. Dans cette optique le projet BIMBY préconise d’encourager, de maîtriser et de canaliser ces projets grâce à des règles d’urbanisme pertinentes et de mettre en place un dispositif de conseil pour chacun de ces projets.

BIMBY serait alors une réponse aux problématiques de la ville durable. Économiquement, les projets élaborés sur du foncier maitrisé sont donc particulièrement viables. La production d’une quantité de logements intéressante (selon des études statistiques et prospectives sur le tissu pa-villonnaire français, la filière BIMBY pourrait créer 150 000 terrains à bâtir supplémentaires par année) sans étalement urbain et donc sans engendrer de pression foncière est un atout d’un point de vue environnemental. Et enfin les projets portés l’étant pour beaucoup par les habitants sont alors autant d’entrées permettant de créer des synergies dans un quartier.

BIMBY se base donc sur les potentiels projets des habitants. L’équipe a donc entrepris de tester sa démarche directement auprès de ceux-ci en les rencontrant. À travers deux expérimenta-tions, ils ont cessé de discuter entre techniciens et élus de ce que les habitants souhaiteraient ou ne souhaiteraient pas et sont allés massivement à leur rencontre.

Au Tremblay-sur-Mauldre puis aux Essarts- le-Roi dans les Yvelines, chaque habitant le sou-haitant a été ainsi invité à être reçu par un « architecte – médiateur » afin de discuter de ses envies et projets et, pour les propriétaires d’une maison, des avenirs possibles de leur propre parcelle. La filière BIMBY entendait prouver son potentiel en se donnant les moyens d’une réelle discussion de qualité avec les habitants, c’est à dire en prenant une heure par ménage avec comme support une maquette 3D élaborée en temps réel.

Nombreux sont les habitants qui ont des idées, des projets et qui pourraient libérer des terrains à bâtir si l’on décidait de faire l’urbanisme avec eux. Sur 140 ménages à avoir fait le déplacement, 6 sur 10 sont repartis de ces entretiens en ayant fait dessiner aux architectes un, voire deux logements supplémentaires sur leur terrain. Cette expérimentation tend à montrer que dans chaque commune de France, les jardins des propriétaires de maison constituent un gisement foncier qui pourrait ali-menter une part significative des besoins en logements dans les années à venir.

Les équipes BIMBY identifient ce phénomène potentiel comme une « filière libre » de la produc-tion de logement. Cette filière vient en opposition « des filières organisées de l’individuel groupé et du

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lotissement ». Celles-ci interviennent à des échelles bien trop importantes pour pouvoir opérer dans les micro-espaces disponibles au sein des quartiers pavillonnaires existants. Cette « filière libre » opère à un niveau de granularité extrêmement fin : elle mobilise des acteurs locaux tant du côté maî-trise d’ouvrage (particuliers) que du côté maîtrise d’œuvre (entreprises locales). De cette façon, elle est la plus susceptible de mener efficacement une action au sein de tissus déjà habités et disposant d’une multitude de micro-espaces potentiellement densifiables.

Les pouvoirs publics doivent donc se saisir du développement de cette filière pouvant offrir une nouvelle entrée sur les politiques d’aménagement du territoire, de politique foncière, de lutte contre l’étalement urbain, de logements abordables, de maintien des personnes âgées à domicile, de dépendance, de réhabilitation thermique du bâti, de la redynamisation des économies locales de la construction etc. Ils doivent également être capable de la contrôler afin que les conditions de ce développement croisent les intérêts du territoire. Ainsi trois aspects doivent être dégagés et pris en compte :- « un axe générateur » visant à impulser ce phénomène au niveau de tous les acteurs, habitants, entreprises, élus, techniciens- « un axe régulateur » qui consiste notamment à modifier ou mettre en place les documents d’urba-nisme afin qu’ils permettent les aspirations des habitants mais qu’ils ne compromettent pas l’équi-libre et le développement du reste du territoire- « un axe systémique » permettant de ne pas laisser totalement la place à cette filière individuelle mais qu’elle puisse par un jeu de coordination, faire émerger des projets de plus grandes ampleurs lorsqu’ils sont valables.

Figure 18 : La démarche BIMBY et ses interactions avec la révision des documents d’urbanisme – Source : BIMBY

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La lutte contre l’étalement urbain se divise donc en deux champs. D’abord la limitation de la consommation de l’espace par des cadres législatifs nationaux et diverses préconisations locales visant à restreindre l’artificialisation des sols. Cependant ces mesures ne sont pas encore suffisantes face aux pressions du marché donnant une valeur considérable au foncier et permettant le dévelop-pement « facile » de certains territoires (parfois dépourvus d’autres opportunités).

Dès lors, il faut de donner les moyens de créer de la densité, dans tous les milieux. De la den-sité de qualité permettant d’atteindre des objectifs de logements au sein de projets beaucoup plus vastes et transversaux. Ces considérations sont la condition de l’acceptabilité de la densité et sont incontournables.

Cette densité de qualité s’applique soit par l’intermédiaire de grands projets, de rénovations urbaines, d’utilisation friches ou même dans un tissu d’origine moins dense (périurbain), soit par de petites touches en remplissant de véritables dents creuses ou des dents creuses créées par division parcellaire.

Finalement, densifier consiste avant tout à innover afin de créer le contexte le plus adéquat aux exigences d’un habitat et d’une urbanité-ruralité durable.

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LA DENSIFICATION,PANACÉE DE LA VILLE DURABLE ?1

Nous avons vu que la prise en compte de l’artificialisation des sols et de la consommation de l’espace est un enjeu mis en avant dans les politiques nationales, qu’elle est traduite législativement et donc intégrée aux problématiques de stratégie territoriale. Ainsi les territoires se dotent de docu-ments stratégiques d’aménagement du territoire visant la mise en place de politiques de préserva-tion des espaces agricoles et naturels et fixant des objectifs stricts d’étalement urbain. Cependant ces dispositifs ne sont pour la plupart que des préconisations et ne peuvent se traduire par des sanctions.

Dès lors, sous la pression des propriétaires, promoteurs et parfois face à cette seule opportu-nité de développement, les acteurs publics locaux continuent d’autoriser l’urbanisation de certains terrains. Excepté pour quelques dispositifs spécifiques ayant pris des engagements plus importants comme certains Parcs Naturels Régionaux (PNR), le phénomène devrait continuer même s’il se ralentit. C’est pourquoi, comme nous l’avons évoqué précédemment, certaines études prospectives préfèrent faire du territoire périurbain un territoire de projet. De plus le développement de la densité prend encore plus de sens, étant à la fois un moyen de moins s’étaler, mais également de rentabi-liser les opérations foncières. En effet, densifier revient à augmenter les surfaces construites sur un terrain, et donc les surfaces commercialisables.

Si les villes anciennes figurent parmi les villes les plus denses, la pratique de la densité dans de nouveaux projets n’est pas si récente. Il est donc assez difficile d’avoir un recul et des expériences sur les bénéfices de ces densités.

Une densité plus raisonnée en période de crise ?

Une réflexion menée par le site eco-quartier.fr incite à orienter les réflexions sur la densité des nouveaux quartiers en France vers des niveaux d’exigences plus bas. En effet les très grandes den-sités développées dans les éco-quartiers français suggèrent des équipements publics de très hauts niveaux et donc très coûteux. L’exemple des transports en commun, à la fois condition et argument du développement de la densité, est cité. En effet, pour ces très grandes densités (de l’ordre de 100 logements par hectare) des lignes de métro ou de tramway sont mises en place. Or elles sont extrêmement coûteuses, parfois tellement que les collectivités peineraient à investir dans de tels projets dans le contexte économique actuel. L’hypothèse évoquée pour pallier ce problème serait une densité moindre de ces quartiers, à l’image de certains éco-quartiers allemands, dont le fameux quartier Vauban de Freiburg.

Ainsi, avec une densité légèrement moins importante, les quartiers nouvellement créés pour-raient se satisfaire d’équipements moins coûteux comme des Bus ou Trolleys à Hauts Niveaux de Services (HNS). Alors qu’une ligne de métro peut être évaluée entre 30 et 80 millions d’euros par kilomètre, une ligne de tramway entre 10 et 20, une ligne de bus ou trolleybus HNS ne coûterait qu’entre 6 et 10 millions d’euros par kilomètre.

Ce raisonnement s’appuie donc sur ces considérations économiques d’investissements pour préconiser des densités plus faibles et de vanter dans ce cas, une plus grande place laissée aux

C | LA DENSITÉ EN PRATIQUE

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espaces verts et publics et en fin de compte une meilleure qualité de vie. Si les arguments écono-miques sont contestables (au point d’être révélés par l’auteur lui même, Thomas Berthet : « une économie réalisée ici ne se traduit-elle pas par une autre dépense ailleurs », d’autant plus lorsque l’on considère un quartier dense dont chaque équipement revient moins cher du fait du nombre de personne qu’il touche par phénomène de mutualisation), ils ont cependant le mérite de soulever le cœur des problématiques liées à la densité : la qualité de vie qu’elle génère.

La pratique au cœur de l’acceptabilité

Cet article est symptomatique de la peur suscitée par la densité sur les habitants. En effet, abordé le thème d’une densité moins importante a immédiatement conduit l’auteur à imaginer un quartier plus agréable à vivre et plus vert. Comme le soulignait l’Observatoire de la Ville suite à une étude de janvier 2007 « 65% des français pensent que la densité est quelque chose de négatif ». Sans revenir sur les façons de mesurer la densité et le fait que ce que l’on croit les plus denses ne le sont pas en réalité, la qualité de vie est souvent associée à tord à la densité. En effet, les nouveaux quartiers sont rarement aussi denses que les centres-villes dont le cadre de vie est habituellement apprécié.

L’Atelier Parisien d’Urbanisme (APUR) a essayé de déterminer si la densité posait problème en soit lors d’une étude en 2003. 227 personnes originaires de quatre quartiers parisiens de den-sités objectivement différentes ont ainsi été interrogées. Les résultats démontrent que la hauteur objective des bâtiments est un critère déterminant de la perception de la densité : plus les habitants vivent dans des bâtiments hauts, plus ils trouvent celle-ci oppressante et qu’un trop grand nombre de constructions sont présentes dans le quartier. À l’inverse, le tissu resserré et homogène des quartiers les plus anciens procurent un sentiment d’intimité et de bien être. Les petits immeubles considérés comme éléments à « taille humaine » sont réputés pour participer aux échanges entre les habitants. La convivialité et l’animation d’un quartier semblent donc être déterminantes quant à la perception positive de la densité. La diversité de la population, des activités et des espaces pouvant accueillir des animations est donc primordiale pour l’acceptabilité de la densité.

Il ressort également de cette étude que les quartiers dans lesquels la densité est la plus facile-ment acceptée sont les quartiers les plus anciens. Ce sont non seulement ceux qui sont construits depuis le plus longtemps mais également ceux qui ont subi le plus de modification. Ainsi cela sug-gère un certain nombre d’ajustements, que la densité ne c’est pas faite en un seul projet. Et c’est bien évident, mais nous avons tendance à l’oublier au moment de faire sortir des (éco)-quartiers denses ex-nihilo en une seule opération.

Les aménagements du projet Lyon Confluence vont à l’opposé de cela. En effet, Michel Des-vignes a proposé un plan d’aménagement dans le temps qu’il appelle processus de transformation. Cela permet ainsi d’avoir une « nature intermédiaire » au fil des étapes, et de la densification du pro-jet. Cela permet aux habitants de s’approprier l’espace et à l’inverse que celui-ci puisse muter en fonction des attentes et usages. Ainsi les espaces extérieurs sont beaucoup plus en lien avec l’habi-tat, et correspondent mieux aux espaces d’échanges et de vie pouvant faire de la densité un atout.

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LA DENSIFICATION,PANACÉE DE LA VILLE DURABLE ?1

Bien sûr le processus est ici très accéléré, mais permet d’apporter une dimension supplémentaire à l’appréhension de la densité. Des aménagements similaires ont été proposés pour les aménage-ments de la ZAC de l’Union mais sur un temps plus long cette fois (le projet est censé s’étaler sur 15 ans).

Nous n’étudierons donc pas en détail les aménagements de différents quartiers exemplaires en matière de densité, et ayant reçus ou non un bon accueil. On peut en effet, trouver des encenseurs et des détracteurs pour chacun de ces projets. Cela traduit avant tout qu’il existe autant de façon de faire la densité que de formes urbaines, voire plus. Nous pouvons alors explorer et exploiter toutes ces possibilités afin d’appliquer la densité et les qualités qu’elle peut procurer. La multiplicité de ces aspects permet également de favoriser la diversité sociale, fonctionnelle et d’attente afin de satisfaire harmonieusement le maximum de ménages.

Des perspectives BIMBY

La filière BIMBY est très récente en France et n’a que deux expérimentations à son actif. De plus ces premières expériences n’ont pas encore abouti totalement, notamment sur l’aspect régle-mentaire de la rénovation du PLU des villes tests. Cependant la promesse d’une opportunité de développement importante et d’un moyen de densifier le périurbain efficacement, et à moindre coût semblent correspondre aux préoccupations actuelles.

En effet la démarche BIMBY se base sur le gisement de la maison individuelle en France. Or celui-ci est considérable, il regroupe 19 millions de maisons individuelles. La taille moyenne de leur parcelle est de 1 000 m2, plus de la moitié font plus de 600 m2 et la taille médiane des parcelles construites après 1975 pour la maison individuelle est de 700 m2. De plus, 220 000 maisons indivi-duelles sont construites tous les ans en France, ce qui représente le tiers des logements produits en France chaque année, mais consomme 97% de l’espace qui lui est alloué.

L’équipe BIMBY a pour objectif que 1% de ce parc suive la méthode de division parcellaire chaque année. Ainsi près de 190 000 nouveaux logements verraient le jour chaque année en France. Ce chiffre correspond presque à la production annuelle de logements en ce moment et laisse donc de bons espoirs.

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LA DENSIFICATION, PANACÉE DE LA VILLE DURABLE ?Les études s’accordent toutes sur une augmentation de la consommation d’espace. Ces

dernières années, nos besoins d’espaces ont beaucoup augmenté, de par nos modes de vie, nos habitudes et par conséquent par notre choix de société. Cette évolution ne pourra pas continuer ainsi très longtemps. En effet, nous entamons un capital foncier non renouvelable et de plus en plus nécessaire pour ses fonctions environnementales et nourricières. Il convient alors de préserver nos ressources en espaces naturels et agricoles. Pour cela, il faut non seulement limiter les extensions sur ceux-ci, mais également avoir une logique de projet afin de densifier intelligemment les espaces déjà artificialisés. C’est à dire redéployer la ville sur elle même par l’aménagement de friches et de toutes autres opportunités, mais également densifier les espaces périurbains autour de logiques de projets, si possible portés par les habitants afin de rendre plus vivables ces espaces.

En plus de cet aspect environnemental et d’orientation vers une société durable, la densité, même si elle rebute encore de nos jours, est aussi le cheval de Troie de l’urbanité. En effet pour qu’elle soit efficace, la densité exige une grande qualité de projet, et suscite par ces résultats ce que l’on attend de tout projet urbain : une mixité à tous points de vue favorisant échanges et vie de quartier.

C’est ainsi que Jane Jacobs (cité par l’APUR, 2003) concluait sur la densité : « … on peut parfaitement considérer comme un bien absolu le fait de rassembler des masses de gens dans une ville raisonnablement dense, si on croit que ces gens sont les bienvenus parce qu’ils apportent une gigantesque vitalité et parce que, sur un espace limité, ils constituent un trésor de différences et de possibilités ; beaucoup de ces différences sont d’ailleurs extraordinaires et inat-tendues, ce qui fait leur prix. Si on se range à cette opinion, on ne devrait pas simplement consi-dérer la présence de cette vaste concentration de population urbaine comme un enjeu purement matériel. On devrait également considérer cette présence comme un bienfait et s’en réjouir. Et cela en densifiant encore davantage la population là où cela est nécessaire pour renforcer la vie de la cité, et ensuite, en cherchant à instaurer une vie sociale manifestement animée dans la rue, et à susciter et encourager le maximum de diversité dans l’économie et le décor de la ville ».

Les problématiques de densification que nous venons d’évo-quer sont donc d’une importance capitale et ont un caractère

universel. C’est donc le cas sur le territoire de la CALL et de l’ex-Bassin Minier du Nord-Pas de Calais en général. Ce

contexte a cependant des particularités et impose ses propres enjeux à la densité. Intéressons nous donc à ce territoire;

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l’habitat industriel minier,Quelles perspectives ?2A | HISTORIQUE MINIERB | TYPOLOGIES DE L’HABITAT INDUSTRIEL MINIERC | ÉVOLUTIONS, PERSPECTIVES ET LEVIERSD | LA DENSITÉ COMME NOUVELLE ÉTAPE DE L’HABITAT

INDUSTRIEL MINIER

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L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER,QUELLES PERSPECTIVES ?2

L’activité minière

Les premières exploitations de charbon dans le nord de la France datent de la fin du XVIIIe siècle dans le Valenciennois en raison d’une pénurie de bois qui accélère les recherches de gisements. L’économie du Nord-Pas-de-Calais repose, à l’époque, sur l’agriculture et plus particulièrement sur la culture du blé, de la pomme de terre et de la betterave à sucre en raison des approvisionnements incertains en provenance des Antilles. La région est donc avant tout rurale malgré la métallurgie de Valenciennes et le textile implanté à Calais, Béthune, Lille, Boulogne, Marquise, dans la Sambre et l’Avesnois. La découverte du charbon est tardive par rapport au bassin minier de Mons et Charleroi en raison de sa profondeur. En effet les techniques de repérage et d’extraction sont encore hési-tantes. En outre, l’exploitation minière se heurte à la Révolution et aux réflexions sur la notion de propriété puisqu’elle menace les compagnies minières concessionnaires. En résulte une disette de charbon à l’hiver 1793-94. La naissance de l’industrie charbonnière dans un milieu essentiellement rural, a bouleversé radicalement l’organisation des campagnes. Concomitante avec l’intensification et la mécanisation de la production agricole, elle favorise l’exode rural à cause du besoin de main d’œuvre des compagnies minières. De facto, le paysage s’en trouve profondément changé. Avec le développement urbain, les bourgs ruraux deviennent des villes ouvrières champignons, les réseaux routiers et ferroviaires se densifient, les compagnies s’approprient les terres cultivables (Gilbert Noël, 2007).

C’est au XIXe siècle que le Bassin Minier connait une forte période de développement. Un dy-namisme démographique, une immigration importante, la reprise du développement du chemin de fer et l’évolution des techniques de recherche déclenchent des périodes de « fièvre des houillères » et l’essor de la métallurgie. Durant la décennie 1890, l’intervention de grands groupes métallurgiques marque un tournant dans l’exploitation et dans la recherche qui devient méthodique. Après 1870, le Pas de Calais fournit deux millions de tonnes de charbon par an et emploient 12 000 personnes. En 1913, la moitié de la production de France provient de la région. Le réinvestissement de la moitié des revenus a permis une modernisation continue de l’exploitation. Cependant, la production française a des difficultés à faire face à la concurrence de la Ruhr, de la Grande-Bretagne et de la Belgique.

Durant les deux guerres mondiales, le Bassin Minier participe fortement à l’effort de guerre et doit subir l’occupation allemande en fournissant de la main d’œuvre et du charbon. C’est un véri-table enjeu stratégique pour les deux camps. C’est pourquoi, au sortir des deux guerres, la destruc-tion des infrastructures industrielles est importante. Cette destruction fournit néanmoins l’occasion de moderniser davantage l’exploitation. Priorité politique, le redémarrage rapide de l’extraction afin de ne pas dépendre des importations et ainsi de faire de la région un acteur majeur de la reconstruc-tion. À cette occasion les houillères sont nationalisées en Décembre 1944. La région prend aussi de l’importance dans la construction européenne amorcée par la Communauté Européenne du Char-bon et de l’Acier (CECA), basée sur les échanges de charbon et d’acier.

Toutefois, le développement de nouvelles énergies et la crise financière des années 1970 pré-cipitent la fin du bassin qui reposait essentiellement sur une économie mono-industrielle. L’erreur de stratégie de développement industriel pour le Bassin Minier a été de se reposer uniquement sur le

A | HISTORIQUE MINIER

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charbon et de ne pas s’orienter vers les activités de la seconde révolution industrielle : la chimie fine, la pharmacie, la mécanique de précision ou encore l’automobile (Éric Bussière, 2002). Le niveau de production et le nombre de mineurs ne font que baisser jusqu’au 21 Décembre 1990, jour où on a remonté au site 9-9 bis de Oignies, pour la dernière fois du charbon.

Figure 19 : L’histoire du Bassin Minier du Nord-Pas de Calais – Source : Bassin Minier Uni, Dossier de presse, 2012.

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L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER,QUELLES PERSPECTIVES ?2

Par conséquent, les mines ont fortement marqué le paysage socio-culturel de la région. Mal-gré son caractère rural au XVIIIe siècle, l’identité de la région repose de plus en plus sur un paysage industriel bien particulier. Outre les terrils, les carreaux de fosse et les corons comme autant de symboles, le corporatisme, les valeurs et la lutte ouvrière constituent l’identité minière. De même, les associations (fanfares, clubs sportifs), le mouvement hygiéniste (complexe sportif art déco de Bruay-La-Buissière) sont le fruit du paternalisme anonyme des concessions minières (Philippe Hur-taux, Alexandre Mikolajczak, Stéphane Mouraret, Gauthier Ternisien, 2010.) auquel nous allons nous intéresser à travers l’étude de l’urbanisme et de l’habitat minier.

Le mode d’urbanisme minier

Comme nous l’avons évoqué, l’urbanisme minier s’est développé sur un territoire dont la voca-tion était à l’époque essentiellement agricole. Ce vaste territoire, encore dépourvu d’infrastructure lourde, était uniquement parsemé de quelques cités historiques comme Douai, Valenciennes ou Bé-thune. L’influence de ces dernières n’étant pas suffisante à l’époque, c’est donc par un système de concessions minières accordées par l’État que le territoire a été façonné. « Les compagnies, privées et autonomes, décidaient donc seules des choix d’aménagement à l’intérieur de la concession. Les pouvoirs locaux n’avaient aucun droit de regard sur le développement urbain de leur commune. » (Mission Bassin Minier, 2008)

Ces concessions ont connu différentes organisations, il y en avait 43 avant 1914 reparties entre 18 compagnies minières. L’activité augmentant il y en a eu jusque 27 différentes en 1925 avant d’être nationalisées à la sortie de la seconde guerre mondiale (en 1946) dans une nouvelle struc-ture : les Houllières du Bassin Nord-Pas de Calais (HBNPC). Elles comprendront d’abord 9 groupes miniers, puis avec le recul progressif de l’activité n’en comptera plus que 5 à la fin des années 70.

C’est donc en centrant l’urbanisme sur la production que les compagnies minières ont imaginé leur implantation. Tous les sites sont donc structurés de la même façon selon une base constituée d’ :- une fosse pouvant comprendre plusieurs puits et chevalements, lieu d’accès et d’extraction du charbon- un ou des terrils afin de stocker les résidus d’extraction non-exploitables- de cavaliers, voies ferrées permettant le transport du charbon et du matériel entre les différents sites- une ou des cités minières afin de loger l’ensemble des salariés, ouvriers comme responsables ou ingénieurs

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Figure 20 : La structure minière Terril-Fosse-Cité Minière, site du 9/9bis et la Cité Declercq à Oignies – Source : Alti-mage P. Frutier pour MBM

Ces structures ont donc émergé partout sur le territoire sans autre logique que celle de l’impor-tance et de la découverte des gisements. Même si l’ex-bassin minier du Nord-Pas de Calais est maintenant identifié comme une entité morphologique, ce mode de développement accumulatif et aléatoire n’a pas aidé à la lecture de celui-ci. En effet, sans concertation entre les compagnies, cer-taines installations se situent sur plusieurs communes et laissent parfois des espaces vides.

Une étude a d’ailleurs été menée sur l’évolution de villages ruraux dans le bassin minier. Elle cite entre autres, les exemples du village de Lozinghem et de Maisnil-les-Ruitz (voir figures 21 et 22). Le village de Lozinghem a conservé son aspect traditionnel même s’il est devenu un village binu-cléaire par la projection à l’extérieur du village de la cité minière. Le tissu urbain de Maisnil-les-Ruitz a été plus profondément restructuré par l’activité charbonnière (Gilbert Noël, 2007).

Le charbon et particulièrement son point d’extraction devient le cœur de la forme urbaine, soit dans une nouvelle entité ex-nihilo attachée presque artificiellement à l’ancienne, soit en modifiant un profondeur le village. Dans les deux cas, les extensions liées à l’activité minière ont profondément changé la morphologie des villages et témoignent de cette organisation aléatoire livrée à la produc-tivité.

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L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER,QUELLES PERSPECTIVES ?2

Figure 21 : Organisation spatiale de la commune de Lozinghem (Source : NOËL G., Étude patrimoniale des communes de la Communauté d’Agglomération de l’Artois.com, 2007)

Figure 22 : photographie aérienne de la commune de Maisnil-les-Ruitz (Source : Google Earth 2007)

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En revanche la recherche de l’optimisation de la production a entrainé un développement rela-tivement dense par nécessité de loger une main d’œuvre de plus en plus importante au plus proche des unités de production. L’habitat minier est donc né du rapport étroit existant entre les fonctions de production et de logement dans l’exploitation minière. En effet la mine est une industrie qui requiert énormément de main d’œuvre et un besoin de logements spécifiques a donc émergé. Les compagnies minières ont alors saisi l’opportunité de créer des quartiers communautaires, véritables morceaux de ville, dans lequel le mode de vie était centré sur l’activité minière.

Figure 23 : Groupe scolaire au cœur de la Cité du 12 à Lens

La qualité de ces projets était une vitrine et un facteur d’attractivité pour les ouvriers qui se voyait offrir un cadre de vie propice à l’épanouissement de toute la famille (organisation d’activités de loisirs, présence d’écoles, d’églises, de commerces etc.). Mais elle était également le moyen de cantonner et de contrôler au mieux les ouvriers. Ils ont aussi permis le développement du fort sentiment corporatiste qui sert de base importante pour la naissance d’une identité ouvrière minière propre à ce bassin. Ce sentiment est assez fort à cause des déterminismes sociaux : on est souvent mineur de père en fils. Plus généralement, les champs sociaux des mineurs (famille, travail, loisirs, voisinage, organisations socioprofessionnelles et religieuses) se recoupent largement et engendrent un fort sentiment de communautarisme car le « feuilleté des réseaux est complètement écrasé » (François Ascher, 2004). Cette identité n’en est pas pour autant fermée et n’exclut pas la diversité. Au contraire, elle s’enrichit grâce aux politiques d’immigration de la France. En effet, le Bassin Minier est un point récepteur de flux migratoires. Parmi les populations étrangères importantes dans la

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région, il y a les Polonais, arrivés dans la région avec leurs prêtres, leurs instituteurs mais aussi les populations maghrébines, arrivées dans les années soixante, qui ont été victimes de discrimination des gouvernements et des sociétés de charbonnages (statut de mineurs et des droits différents).

Cette volonté d’assimilation à travers des projets d’urbanismes novateurs, mettant en avant un environnement et une qualité de vie semble emprunt de paternalisme. Mais ils sont aussi le moyen de cantonner et de surveiller les ouvriers (voir de créer un climat de surveillance mutuelle au sein des cités). « C’est que l’habitat familial, en favorisant l’individualisme de chaque chef de famille, casse le rassemblement ouvrier. Il stabilise aussi une main-d’œuvre mouvante, dont il améliore en outre l’état sanitaire, donc la capacité de travail. Enfin il permet l’allégement des salaires, grâce aux ressources d’appoint procurées par la culture, dans le jardin familial, des fruits et légumes consommés par le ménage » (Paul Blanquart, 1998). L’entretien était d’ailleurs encadré dans certaines cités, grâce à des carnets de recommandations et parfois l’aide d’une personne spécifique, mais aussi réglementé au moyen de sanctions financières.

Cette idée d’asservissement au moyen de l’urbanisme et du type d’habitat est encore mis en avant par Paul Blanquart (1998) qui estime que les « pavillons et corons ont pour objectif premier de fabriquer du travailleur pour la machine productive ». Comme pour le reste des installations, la pro-ductivité et la rentabilité économique seraient alors au centre des préoccupations des compagnies minières. « Ce n’est pas un hasard si le dressage de l’âme et du corps ouvrier a été mené au nom de théories hygiénistes : en veillant aux circulations de l’air et des eaux dans la maison et la cité, à leur exposition à la lumière, elles parlaient de bonheur, mais elles avaient d’abord un intérêt écono-mique ».

C’est aussi dans ce climat que le Bassin Minier devient une terre de revendications sociales. En effet, six ans après sa création et la loi de 1884 sur le syndicalisme, le syndicat des mineurs du Pas-de-Calais compte 20 000 adhérents. Le socialisme minier se construit et reste à part des autres mouvements socialistes en envoyant ses propres chefs de file : Basly et Lamandin (Alain Lottin et Eric Bussière, 2002). Ce socialisme et ce corporatisme évoluent par la suite vers le communisme au détriment du syndicalisme. Le vocable s’oriente de plus en plus vers celui de la lutte des classes. La catastrophe de Courrières en 1906 qui fait 1099 morts est un exemple probant de ce militantisme particulier tout comme la grève des mineurs de la fosse 7 de Dourges le 27 Mai 1941, programmée par les communistes, révélant ainsi l’attitude de beaucoup de mineurs face à l’occupation. Ces revendications sociales fortes ont duré jusqu’à la fermeture des mines. Aujourd’hui, tous les mineurs se mobilisent pour préserver leurs acquis sociaux même après l’arrêt de la production « au nom de la reconnaissance que le pays doit aux mineurs » (Joël Michel, 1993).

La culture minière repose donc sur des valeurs qui ont favorisé la cohérence et l’esprit com-munautaire de la population. Elle a donc favorisé la formation d’une identité ouvrière propre qui a pu perdurer et s’affirmer jusqu’à nos jours grâce à cet esprit communautaire.

L’omniprésence des mines dans l’économie du Bassin Minier et à chaque instant de la vie des mineurs, ainsi que la reproduction intergénérationnelle ont donc forgé cette identité culturelle. La pénibilité du travail a aussi joué un rôle structurant dans le système des valeurs tout comme la parti-

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cularité du milieu du travail, les mineurs ne se sentant pas comme des ouvriers normaux. Aujourd’hui encore, la mine est présente dans l’imaginaire populaire mais la crise, la fermeture des dernières exploitations dans les années 90 et la reconversion économique difficile ont donné à ce territoire une image dépréciée mal vécue.

D’une part, les cités minières sont donc un symbole du territoire avec ce qu’elles véhiculent de positif en terme de valeurs humaines et d’héritage. D’autre part, elles véhiculent également l’image négative d’une activité industrielle charbonnière morte et une dégradation partielle. Cependant cet héritage est désormais reconnu puisque le Bassin Minier du Nord-Pas de Calais est inscrit au patri-moine mondial de l’UNESCO en tant que paysage culturel évolutif.

Le succès de ces formes urbaines a donné lieu a de véritables compétitions entre les diffé-rentes compagnies charbonnières, poussant chacune d’entre elles à innover dans l’architecture et l’esthétique comme dans le confort des logements proposés. Les cités minières ont ainsi été un laboratoire d’innovation dans les formes urbaines, avec diverses inspirations et révélant de nouveaux types d’habitats comme le pavillonnaire ou les cités jardins. Cette compétition a duré jusqu’à la créa-tion des HBNPC et a contribué à diversifier le patrimoine selon le territoire et ainsi créer différents paysages urbains.

Ainsi la MBM a étudié les matériaux utilisés, les procédés de fabrication, les éléments de volumétrie ou encore d’ambiance de ces cités. De cette étude ressort quatre typologies d’habitat (Coron, Cité pavillonnaire, Cité-jardin et Cité moderne) et trois courants architecturaux (rationaliste, pittoresque et moderne) qui permettent d’identifier plus de 800 types de logements différents sur l’ensemble de l’ex-bassin minier. L’analyse des typologies qui suit est inspirée de ces travaux de la MBM.

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L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER,QUELLES PERSPECTIVES ?2

Les corons (1825 – 1890)

Figure 24 : Cité de la Parisienne à Drocourt – Source : Altimage P. Frutier pour MBM

Aux prémices de l’activité minière, le territoire était comme nous l’avons évoqué principalement agricole. Les premiers mineurs ont dû être logé de façon précaire dans l’habitat rural existant voir chez l’habitant. C’est la compagnie d’Anzin qui a alors lancé les premières constructions de loge-ments miniers spécifiques dans les années 1810.

Très rapidement, les préoccupations économiques de la compagnie influencent la manière de produire ces logements. L’objectif est donc de rentabiliser les terrains acquis au maximum et de faciliter la construction. C’est ainsi que les premiers modèles de corons naissent dès 1825. Le coron est ainsi « une forme urbaine économique » (MBM, 2008).

Il s’agit d’un habitat en bande pouvant rassembler de 5 à 80 maisons individuelles. Ces mai-sons de petites tailles (de 30 à 50 m2 répartis sur deux étages) sur d’étroites parcelles forment ainsi un alignement conséquent et connecté par un réseau de ruelles. On peut trouver des équipements communs aux extrémités de ces corons.

L’organisation intérieure des corons change rarement du fait de la configuration étroite. Le rez-de-chaussée abrite alors le salon et la chambre des parents dans une même pièce tandis que l’étage abrite 1 à 3 chambres pour le reste de la famille. La cave constitue alors la réserve de charbon et le

B | TYPOLOGIES DE L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER

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garde-manger. Le jardin à l’arrière de la parcelle est lui aussi modeste (entre 50 et 200 m2) il accueille égale-ment quelques dépendances comme les toilettes.

Sortir les ouvriers de l’habitat rural initial était déjà une avancée, et l’amélioration des conditions de vie a continué de progresser durant le XIXème siècle. En effet les corons ont été le moyen d’expérimenter de nom-breuses innovations techniques, notamment grâce à l’émergence des thèses hygiénistes de l’époque. Ce type d’habitat en vient alors à être présenté à l’expo-sition universelle de Paris en 1867. Le Coron des 120 à Anzin et Valenciennes est alors érigé en « modèle de salubrité et de confort » (MBM, 2008). Ce sont particu-lièrement les avancées en terme de gestion des eaux (puits d’eau potable, toilettes individuelles etc.) et de ventilation qui font des corons un habitat confortable pour l’époque.

Ces évolutions et les logiques de rationalisation font muter le modèle dans la seconde partie du XIXème siècle. En effet l’accélération de l’activité impose une accélération de la production, donnant un aspect plus urbain à certains ensembles. Cependant les mouve-ments de sols accentués par la multiplication des ga-leries (affaissements miniers) mettent en question les très grands alignements. Ils seront donc fractionnés en blocs ou petits ensembles de maisons mitoyennes. Ce pas vers un habitat individuel isolé répond également à une volonté des compagnies minières de non seule-ment « casser le rassemblement ouvrier » (Paul Blan-quart, 1998) qui prendra forme quelques années plus tard avec l’apparition du syndicalisme (1884), mais aus-si de ne pas alimenter les utopies collectivistes proches du courant de pensée socialiste.

Ces mutations sont ainsi autant de signes avant-coureurs d’une nouvelle typologie de l’habitat minier. La cité pavillonnaire tire donc ces racines d’avancées fonctionnelles, de contraintes techniques et de craintes idéologiques.

Figure 25 : Alignement de corons, Cité du 2 à Lens – Source : MBM

Figure 26 : Coron des 120 à Anzin et Valenciennes – Source : MBM

Figure 27 : Corons « fractionné », Cité du Nou-veau Monde à Bruay-la-Buissière – Source : MBM

C’est à cette époque que Charles Fourrier ima-gine le Phalanstère, cité idéale basée sur la vie communautaire et la solidarité dans laquelle « Travail, Capital et Talent » fonctionneraient en harmonie parfaite. Comme toute les utopies, elles proposent en réalité une réforme globale de la société avec « de nouvelles fondations politiques (…), un nouveau système écono-mique et éducatif, de nouvelles relations entre sexes, entre parents et enfants, entre patronat et ouvriers » (Olivier Jonas, 2003).

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L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER,QUELLES PERSPECTIVES ?2

Les cités pavillonnaires (1867 – 1939)

Figure 28 : Cité du 10 de Béthune à Sains-en-Gohelle – Source : Altimage P. Frutier pour MBM

Véritablement dérivées des dernières générations de corons, les premières cités pavillonnaires sont constituées de groupes de maisons alignées écartées à intervalle régulier. On a alors un pay-sage urbain plus aéré formé de groupes de 2 à 4 logements dans un bloc ou même élément archi-tectural entourés de jardins. Cette ambiance aérée est parfois amplifiée par le recul des façades par rapport à la voirie laissant apparaître un espace de jardin en front à rue.

Si l’architecture reste principalement rationaliste, la grande évolution réside dans la non-mi-toyenneté permettant aux pignons de prendre de l’importance. Ces nouvelles façades révélées sont alors le moyen de marquer la différence et la puissance des différentes compagnies minières. Les premiers éléments de décor font leur apparition et les ingénieurs commencent à travailler les maté-riaux (briques variées, couleurs) et les formes (modénatures).

En revanche, les logements continuent d’être de plus en plus confortables. Ils s’agrandissent (70 m2 en moyenne), tout comme leur jardin.

De plus en plus puissantes, les compagnies minières ont maintenant les moyens de s’étendre sur de grandes emprises foncières. Les cités sont donc plus aérées mais également plus grandes. Elles comptent souvent plus de 400 maisons et donnent lieu à des mises en scène spectaculaire grâce à de grandes perspectives.

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La situation économique de l’époque implique que le travail ne manque pas et attirer la main d’œuvre constitue un enjeu considérable ; de même que de la retenir, de la sédentariser. Les cités pavillonnaires sont donc suffisamment confortables pour satisfaire les ou-vriers mais sont généralement à l’écart de la ville afin de favoriser un esprit communautaire spécifique minier. L’isolement en logements individuels au sein de la com-munauté se veut en revanche garant d’un équilibre et d’un contrôle de ce «communautarisme».

C’est dans ce but que les premières expérimenta-tions d’introduction de nouvelles fonctions au sein des cités prendront place. En effet, uniquement résiden-tielles (et de loisirs via les jardins), les cités souffrent gé-néralement d’un déficit d’équipements. Ainsi les com-pagnies de Lens et de Béthune se lancent dès 1890 dans la construction d’églises, d’écoles et autres bâti-ments collectifs pour les habitants de leurs cités.

Bon nombre de ces cités pavillonnaires ont payé un lourd tribu durant la première guerre mondiale. Par-fois totalement détruites elles ont été reconstruites à l’identique ou agrandi jusque 1928.

Figure 29 : Cité n° 33 des Musiciens à Bruay-la-Buissière – Source : MBM

Figure 30 : Cité 4 à Lens et Éleu dit Leuwette – Source : MBM

Figure 31 : Groupe de 2 logements, Cité du Puits n°2 à Quiévrechain – Source : MBM

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Les cités-jardin (1904 – 1939)

Figure 32 : Cité du Pinson à Raismes – Source : Altimage P. Frutier pour MBM

Si le terme de cité-jardin fait référence au concept développé par Ebenezer Howard dès 1898, les cités-jardin du bassin minier en sont presque un détournement. Plus que de vouloir « retrouver à la ville les conditions de vie et d’équilibre que l’homme trouve dans la nature » (MBM, 2008), le projet d’Howard était beaucoup plus ambitieux de planification urbaine et visait à déterminer une nouvelle société. « Howard était un révolutionnaire qui conçut à l’origine sa Cité-Jardin comme un moyen de remplacer le capitalisme en créant une civilisation basée sur la coopération » (Robert Fishman, 1979).

Les compagnies minières, très puissantes et en concurrence étaient alors à l’affut des innova-tions dans ces domaines de la construction et de l’urbanisme. Comment ne pas réagir au succès d’Howard et de son ouvrage de 1898 To-Morrow : A Peaceful Path to Social Reform (Demain : une voie pacifique vers la réforme sociale) plus connue sous sa forme rééditée en 1902 Garden-Cities of Tomorrow (Cités-Jardin de demain) qui a un accueil retentissant ?

Benoît Levy, urbaniste français propose donc aux compagnies minières un modèle s’inspirant des Cités-Jardin d’Howard sur des points précis. Il s’agit principalement d’adapter les normes de confort et d’hygiène suggérées et de suivre ses prescriptions paysagères. Le modèle ainsi créé est en réalité beaucoup moins dense et ne change rien aux principes paternalistes et productivistes en vigueur au sein des cités minières. Le développement de nouvelles entités urbaines sur ce modèle

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colle avec les thèses d’Howard mais dans un but tout autre, celui de « maintenir les mineurs à proximité de la fosse et de les éloigner de la vie publique » (MBM, 2008).

Les premières seront alors construites dès 1904 par la compagnie de Dourges. En dix ans elle constuit les Cités Bruno, Promper, Darcy et Margodillot. Entre les deux guerres, l’augmentation de l’activité pour la reconstruction exige une rentabilité plus importante et la densité est un peu plus recherchée à cette époque.

L’arrivée d’architectes dans la conception de ces cités et la compétition d’influence et de puissance des compagnies minières marquent le début de l’architec-ture pittoresque. Le dessin des voiries est alors plus recherché et les styles architecturaux se distinguent. De nouveaux matériaux apparaissent comme le béton, les enduits, le ciment, la pierre meulière et de nouvelles peintures. C’est ainsi que pour dépayser les habitants, des styles architecturaux extérieurs au Nord-Pas de Calais sont utilisés et l’on voit par exemple de faux co-lombages en ciment.

Figure 33 : Placette arborée, Cité Taffin à Vieux-Condé – Source : MBM

Figure 34 : Parc public, Cité du Pinson à Raismes – Source : MBM

Figure 35 : Cavalier et jardins, Cité des Provinces à Lens et Loos-en-Gohèle

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L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER,QUELLES PERSPECTIVES ?2

Les cités modernes (1946 – 1970)

Figure 36 : Cité du Bois Duriez à Lallaing – Source : Altimage P. Frutier pour MBM

A l’issue de la seconde guerre mondiale, le constat pour le bassin minier est terrible. Une partie des installations et plus d’un tiers des logements miniers (environ 90 000) ont été détruits. L’acti-vité minière est alors identifiée comme l’un des moteurs les plus importants de la reconstruction. En mai 1946, les HBNPC sont créées par nationalisation des 18 compagnies minières existantes à l’époque. Le statut du mineur est alors reconnu et uniformisé, lui donnant par exemple le statut d’ayant-droit. C’est à dire que tout salarié des HBNPC obtient le droit à un logement à vie ; ainsi que sa veuve, le cas échéant.

L’époque est également marquée par le modernisme et les avancées technologiques. De nou-velles infrastructures d’extraction apparaissent comme les tours d’extractions permettant une effi-cacité bien plus importante que les chevalements « traditionnels ». C’est également le cas dans le domaine de l’architecture alors sous l’influence de la Charte d’Athènes. Le Corbusier et ses col-lègues des Congrès Internationaux d’Architecture Moderne (CIAM) mettent en avant de nouvelles techniques de construction standardisées. Elles ont l’avantage de pouvoir être produites industriel-lement donc rapidement et à coût relativement bas tout en étant très fonctionnelles et modernes.

Dans cette optique, en 1959 les Houillères commencent à construire des « Camus Hauts », logements constitués de panneaux réalisés en usine et assemblés sur place en 14 jours, portant le

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nom de l’ingénieur qui les a conçus. Puis dans la fou-lée et selon le même procédé, sont lancés les « Ca-mus Bas » qui ne possèdent qu’un seul étage (rez-de-chaussée). Ce type de logement correspond très bien aux nouveaux modes de vie de l’époque, comprenant désormais toutes les fonctions essentielles dans un logement de plain-pied sans dépendance (les toilettes et salle de bains sont amenés à l’intérieur). Ils sont éga-lement idéaux pour la population des retraités ayants-droits.

Ce type de logements avait en revanche été conçu comme une solution d’urgence et avait une durée de vie d’environ 25 ans. Leur esthétique tranche avec les précédentes typologies qui utilisaient des matériaux plus régionaux comme la brique. Ils sont les vestiges de la volonté moderniste ayant marqué la reconstruction et une nouvelle étape de l’habitat minier marquée par des innovations fonctionnelles.

Figure 37 : Logement Camus, Cité du Bois Duriez à Lallaing – Source : MBM

Figure 38 : Logement Camus, Cité des Éclusettes à Pecquencourt – Source : MBM

Durant les 150 ans de l’activité industrielle minière du Nord-Pas de Calais, l’habitat a toujours su s’adapter à la situation de son époque. Les cités minières sont parvenues à accueillir un flux très important de travailleurs dans des conditions représentant pour chaque époque un progrès et un confort avant-gardiste. Depuis les corons, les cités pavillonnaires, les cités-jardin et les cités modernes, l’habitat minier a toujours été précurseur et novateur.

Si on peut douter de la motivation de la puissante industrie charbonnière à servir l’intérêt général, il n’en ressort pas moins que cette politique de construction a permis des avancées consi-dérables. Dès lors, et depuis la cessation de l’activité, l’habitat minier n’a subi que quelques mises aux normes indispensables voir nécessaires légalement. Si l’on comprend naturellement que les moyens sont beaucoup moins importants, intéressons nous donc sur la situation du parc d’habitat minier de nos jours.

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Des premières constructions à la mutualisation d’un parc d’habitat minier

Les premières constructions de logements miniers étaient à l’initiative des différentes com-pagnies minières. Cependant le parc a par la suite été regroupé sous diverses entités, depuis les Houillères jusqu’aux deux principaux bailleurs actuels (Maisons & Cités et le groupe SIA).

L’habitat minier du Nord-Pas de Calais a représenté jusqu’à 116 000 logements à l’époque des Houillères en 1965. Dès les années 70, l’activité minière commence à décliner et afin de ne pas trop subir la reconversion industrielle, l’état impose la mise en place du Groupe Interministériel de Res-tructuration des Zones Minières (GIRZOM). Si l’objectif est de faire muter la région vers de nouvelles industries, comme celle de l’automobile par exemple, le GIRZOM a également permis les premières réhabilitations de logements miniers. Grâce à un apport initial des HBNPC, à des dispositifs de Prime à l’Amélioration des Logements à Usage Locatif et à Occupation Sociale (PALULOS) et de prêt de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), près de 27 000 logements ont été réhabilités en une quinzaine d’années. L’entretien du patrimoine reste insuffisant et par vétusté, dégradation ou vente aux occupants, le parc des Houillères décroit. Il représente encore 92 000 logements en 1985.

Maisons & Cités (SOGINORPA – EPINORPA)

L’extraction du charbon étant véritablement sur la fin, les dispositifs pour gérer la sortie de l’in-dustrie minière s’organisent. Il est alors entrepris de prendre en compte le patrimoine « logements » des Houillères de façon spécifique, c’est à dire séparément de la gestion des activités industrielles. Ainsi, une Société Civile Immobilière (SCI) est créée et prend possession du patrimoine immobilier à usage d’habitation des HBNPC. Il s’agit de la SOGINORPA créée le 31 décembre 1985. Ce nou-veau statut permet alors de continuer la réhabilitation d’une partie du parc. En effet la SOGINORPA peut alors solliciter les fonds de l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH). 38 000 logements en béné-ficieront entre 1985 et 1992. L’activité ayant continué de ralentir pour s’arrêter définitivement en décembre 1992, l’occupation des logements miniers a évolué. En effet les ayants-droits ne repré-sentent plus que 60% des occupants et laissent place à des locataires. Selon les mêmes procédés de destructions, cessions aux occupants, le parc se réduit encore pour atteindre 78 000 logements à la fin de l’année 1992.

Définitivement dissoutes en décembre 1992, les HBNPC n’assument plus la gestion du patri-moine de la SOGINORPA. Une Société d’Économie Mixte (SEM) est alors crée, elle regroupe le Conseil Régional du Nord-Pas de Calais, les conseils généraux du Nord et du Pas de Calais, l’Asso-ciation des Communes Minières et Charbonnages de France. Il s’agit de la Société d’Aménage-ment de COmmunes Minières (SACOMI) qui signe le 31 décembre 1992 un contrat de gestion du patrimoine de la SOGINORPA pour 10 ans avec l’obligation de déterminer différentes politiques : attribution et location des logements en accord avec le statut du mineur (ayants-droits etc.), res-tructuration, entretien des logements, réhabilitation et rénovation, vente de logements et de terrains.

La loi dite SRU (Solidarité Renouvellement Urbain) du 13 décembre 2000 impose par son article 191 la création d’un « établissement public régional à caractère industriel et commercial, doté

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de la personnalité morale et de l’autonomie financière dénommé Établissement Public de gestion Immobilière du Nord-Pas de Calais » (EPINORPA) (Legifrance). L’EPINORPA, créé en 2002 rachète alors toutes les parts de la SOGINORPA et en devient l’actionnaire unique. Administré par des élus régionaux, départementaux, élus des communes minières et représentant des locataires et ayants-droits, cet établissement permet de dépasser la simple vision de gestionnaire et d’impulser une dynamique ambitieuse. Si le rôle exact est mal dessiné (entre aménageur, promoteur et bailleur social ou privé) l’EPINORPA doit avoir « un rôle beaucoup plus large qui doit lui permettre d’être moteur dans la restructuration et le renouvellement urbain du Bassin Minier et de s’inscrire dans les orientations de ses garants » (Maisons & Cités).

En effet, l’établissement public régional profite de sa capacité de créer des filiales permettant de diversifier ses activités et compétences. Ainsi sous le nom Maisons & Cités, et en plus de la SOGINORPA sont créées ou achetés les filiales : ‐ M&C Habitat (Accecura) qui permet la construction de logements (collectifs ou individuels) dans le

cadre HLM ‐ M&C Développement créée à parts égales avec la SEM Artois Développement pour la réalisation

de projets principalement basés sur l’accession à la propriété et sur le développement de structures adaptées aux personnes âgées comme les Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) ‐ M&C Immobilier, permettant au groupe de commercialiser les produits des autres filières et de pra-

tiquer des activités immobilières courantes comme la gestion de copropriété par exemple.

Cette organisation est cependant remise en question. Comme le témoignait Jacques Vernier président de la SOGINORPA dans La Voix du Nord le 24 juillet 2012, une fusion des deux grandes entités est envisagée. En effet la SOGINORPA doit prochainement évoluer afin de bénéficier d’autres avantages. Son passage en SEM lui permettrait de d’avoir un véritable statut de bailleur social et ainsi de pouvoir solliciter des financements HLM pour la réhabilitation de logements miniers. Elle serait également exemptée de l’impôt sur les sociétés. Enfin une telle évolution donnerait la possi-bilité à la SOGINORPA de gérer d’elle même des projets de constructions neuves, c’est à dire sans passer par les filiales M&C Habitat ou M&C Développement.

Cependant cette nouvelle étape pourrait constituer l’occasion d’aller plus loin. « Fusionner les deux structures permettrait de mettre fin à cette sorte de bicéphalisme et d’instaurer une gou-vernance unique » (La Voix du Nord). Si le but affirmé d’une meilleure lisibilité et d’une plus grande transparence est généralement approuvé, le danger vient du coût que pourrait avoir un tel transfert de patrimoine. En effet il faudrait alors transférer le patrimoine d’une des structures dans la nouvelle, ce qui est soumis à l’impôt et pourrait, à la vue de l’ampleur du capital, être très coûteux.

Si elle aboutit, cette nouvelle grande structure serait donc en charge de gérer le parc existant comprenant encore plus de 62 000 logements, mais également de le développer à travers de nou-veaux projets.

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L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER,QUELLES PERSPECTIVES ?2

La Société Immobilière de l’Artois (SIA)

L’autre principal propriétaire de logements miniers dans le Bassin Minier du Nord-Pas de Calais est la Société Immobilière de l’Artois. Ses activités se sont désormais élargies et il représente main-tenant le deuxième opérateur privé de logement social en région Nord-Pas de Calais avec 41 285 logements locatifs gérés en 2011. Cependant ses origines sont bien minières et une partie de son parc est constitué de logements miniers.

La SIA a été créée en 1921 par les compagnies minières de Vicoigne, Noeux et Drocourt sur le modèle d’une société de statut Habitation Bon Marché (HBM). Jusqu’à la nationalisation des com-pagnies minières en 1946, la SIA construit environ 10 000 logements qui deviennent à ce moment propriétés des HBNPC. La SIA continue alors son activité mais les houillères en sont l’actionnaire majoritaire.

Suivant le même processus, avec l’activité minière et son déclin jusqu’à la dissolution des HBNPC, la SIA gère une partie des logements miniers sur le territoire de l’ex-Bassin Minier du Nord-Pas de Calais et s’est développé. Le groupe SIA, fondé en 2004 est ainsi constitué de trois filiales lui permettant d’agir sur différents champs de l’habitat social : ‐ SIA Habitat issue de la structure originelle, véritable bailleur social basé à Douai ‐ LTO Habitat également bailleur social, mais dont la formation est postérieure à SIA Habitat. LTO

Habitat est basé à Oignies ‐ Escaut Habitat coopérative HLM spécialisée dans « l’accession sécurisée à la propriété », elle a été

créée en 1998

Bien que moins marquée par son patrimoine minier la SIA qui gère encore environ 10 000 loge-ments miniers, a une structure similaire à Maisons & Cités, laquelle lui permet alors de gérer son parc et de continuer à le développer.

Le parc de logements miniers est donc principalement géré par deux grandes structures. Celles-ci sont suffisamment puissantes et organisées pour pouvoir développer des projets ambi-tieux. Les pouvoirs publics peuvent donc trouver, face à ces deux bailleurs, des interlocuteurs privi-légiés avec lesquels il est important de travailler. La cohérence et la qualité des projets pouvant être portés au sein des cités minières dépendent donc des relations entre ces institutions qu’il est alors important d’entretenir.

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Les acteurs du logement minier semblent donc capables d’impulser une nouvelle dynamique via leur patrimoine et avec les moyens dont ils disposent. Encore faut-il que les territoires soient prêts à aller dans ce sens. Qu’en est-il des analyses et des actions menées sur le territoire ?

Les ayants droits

Il s’agit d’une des particularités de la gestion de ce parc d’habitations minières. En effet, la pré-sence des ayants-droits implique des problématiques importantes. Ils occupent ainsi des logements ne suscitant que des coûts pour les organismes gestionnaires et donc doivent être encadrés par une gestion particulière. Mais c’est surtout l’évolution de cette population qu’il est primordial de surveiller.

C’est en partie l’objet des travaux effectués par la MBM avec le partenariat de l’État, de l’IN-SEE, de la Caisse Régionale d’Assurance Maladie Nord-Picardie, des Caisses d’Allocations Fami-liales (CAF) d’Arras, Douai, Valenciennes, Lille, Roubaix et Armentières-Hazebrouck, de Maisons & Cités et de l’Association Régionale pour l’Habitat Nord-Pas de Calais. En effet un observatoire sociodémographique a été lancé en 2005. Un des objectifs annoncé est d’analyser les évolutions de populations d’ayants-droits. Celles-ci peuvent considérablement affecter le peuplement des cités minières. Le remplacement de ceux-ci par des locataires plus fragiles sur le plan socio-économique est susceptible de déséquilibrer certains territoires.

Selon la veille de Maisons & Cités, il restait 23 182 ayants-droits occupant des logements minier ; ce qui représente 36,5% de leur parc. L’observatoire prévoit qu’ils ne seront plus que 12 000 en 2015. De plus la tendance est à l’accélération du phénomène du fait du vieillissement de cette population. Entre 2008 et 2015, plus de 10 000 logements seraient alors laissés libres et disponibles à la location. De telles modifications doivent donc être encadrées par des stratégies particulières et constituent ainsi un levier important pour agir sur le peuplement des cités minières (Raphaël Ales-sandri, 2012).

L’inscription du Bassin Minier du Nord-Pas de Calais sur la liste du patri-moine mondial de l’UNESCO

Au début du mois de juillet 2012, le Bassin Minier du Nord-Pas de Calais a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, au titre de « Paysage culturel évolutif vivant ». Plus qu’une reconnaissance du patrimoine et du territoire, ce travail de 10 ans « est une nouvelle étape pour pui-ser dans notre trajectoire, dans notre mémoire collective et dans nos paysages, de quoi questionner le monde d’aujourd’hui et entreprendre à nouveau » (Jean-François Caron, 2012).

Il s’agit bien d’une nouvelle étape et il est maintenant question de gérer cette inscription. Un plan de gestion avait été présenté dans le dossier de candidature, et désormais la MBM devient le gestionnaire tandis que l’instance de coordination politique est co-présidée par le Président du Conseil Régional et le Préfet de Région. Il est donc question de protéger et de gérer les biens inscrits.

C | ÉVOLUTIONS, PERSPECTIVES ET LEVIERS

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L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER,QUELLES PERSPECTIVES ?2

Élaboré avec l’ensemble des acteurs du territoire, le plan de gestion englobe l’ensemble des engagements et des orientations considérées comme nécessaires pour préserver la valeur univer-selle du Bassin Minier. En tant que « paysage culturel évolutif vivant » le plan de gestion ne doit pas figer le territoire mais au contraire le développer tout en le préservant. Il s’agit alors de trouver l’équi-libre entre la préservation et la revitalisation.

Les 353 éléments présentés et retenus dans le périmètre sont constitués de fosses et vestiges, de chevalements, de terrils, de cavaliers, de gares, d’écoles, d’édifices religieux, d’équipements de santé … et de 124 cités ouvrières. L’habitat minier est donc un enjeu important de cette inscription et tient une place particulière dans le plan de gestion. En effet, pour affirmer la volonté du territoire dans ce sens, une démarche dite de « cités pilotes UNESCO » a été initiée par la MBM pendant la candidature.

Ne se concentrant pas uniquement sur les enjeux de protection du patrimoine bâti, cette dé-marche tente d’avoir une vision globale et croisée sur des enjeux humains, sociaux, culturels, écono-miques, urbains et environnementaux. Pour la MBM, « protéger et valoriser les cités minières, c’est : ‐ Affirmer qu’elles possèdent des qualités urbaines, architecturales, paysagères, et patrimoniales qui

leur sont propres et que ces qualités peuvent garantir l’amélioration du cadre de vie. ‐ Affirmer qu’elles sont, en termes d’habitat individuel dense, la marque d’avancées et d’innovations

à exploiter et à revisiter, pour offrir au Bassin minier du Nord-Pas de Calais, un habitat de qualité qui soit fidèle à l’esprit d’innovation qui les avait engendrées et à son caractère culturel et paysager, ‐ Affirmer qu’elles sont encore aujourd’hui le symbole et le support d’une identité partagée. ‐ S’attacher à les préserver et, au-delà des formes traditionnelles, à affirmer la volonté de conci-

lier habitat individuel innovant et forme urbaine de qualité, ‐ Faire du Bassin minier un territoire d’excellence en termes d’habitat et de cadre de vie.

C’est aussi et surtout se donner les moyens d’une gestion adaptée pour protéger et tirer parti de cet héritage, afin de limiter l’effet des pressions qu’il subit, anticiper les évolutions pour garantir des transformations de qualité. » (MBM, 2009).

De cette façon le parc d’habitat minier est imaginé comme un outil de développement écono-mique, social et environnemental pour l’ensemble du territoire. Sur ces cités pilotes il s’agit alors de tirer parti des qualités architecturales, urbaines et paysagères afin de : ‐ repenser l’attractivité résidentielle ‐ améliorer la mixité sociale dans le Bassin Minier en attirant de nouvelles populations ‐ lutter contre le réchauffement climatique ‐ valoriser le cadre de vie et créer un environnement de qualité, en protégeant le patrimoine et en

promouvant ses qualités

À travers le plan de gestion du dossier UNESCO, le territoire et particulièrement l’habitat minier sont donc porteurs de perspectives et de volontés. Le parc d’habitation est ainsi pris en compte d’une part pour les efforts qu’il nécessite, mais également comme d’un levier pour le reste du ter-ritoire en le traitant comme un sujet transversal. En effet l’application des enjeux et des orientations

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VERS UNE NOUVELLE ÉTAPE DE L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER, LA DENSIFICATION ? | 65

de politique générale sur 70 000 logements peuvent participer au développement de l’ensemble de l’ex-Bassin Minier.

Les Cités Durables du Louvre

Le développement de ces cités pilotes est déjà avancé sur certains sites comme pour la cité Bruno à Dourges ou encore pour la cité des Électriciens à Bruay-La-Buissière. Avec pour objectif d’apporter des solutions innovantes pour répondre à tous les aspects du renouvellement urbain de ces cités minières, le projet des Cités Durables du Louvre va également dans ce sens.

Les Cités Durables du Louvre en sont d’ailleurs un prolongement, une spécificité. En effet le concept est à la croisée des grandes problématiques engendrées par les démarches de gestion des cités minières classées au patrimoine mondial de l’UNESCO, de celles des éco-quartiers ou de l’éco-renouvellement urbain et de celles d’intégration du Louvre-Lens dans le territoire. Trois objec-tifs phares ont alors été identifiés pour cerner le concept des Cités Durables du Louvre : ‐ protéger, valoriser et faire évoluer l’habitat minier avec ses habitants ‐ agir pour un habitat plus respectueux de l’environnement ‐ créer des liens entre les cités et le Louvre

Figure 37 : Concept des Cités Durables du Louvre

Éco-Quartiers Cités UNESCO

Louvre-Lens

Cités Durables du Louvre

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L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER,QUELLES PERSPECTIVES ?2

Si le parc minier est parfois dans des situations difficiles, et qu’il peut être urgent d’agir sur celui-ci, certains éléments nous indiquent la possibilité d’impulser une nouvelle dynamique. Certes, il reste par exemple 12 000 logements sur le parc de Maisons & Cités n’ayant jamais été isolés depuis leur construction. Mais les projets se montent et la volonté du territoire se traduit par des signaux positifs susceptibles d’accélérer les mutations dans le bon sens. C’est le cas des cités pilotes UNESCO et des Cités Durables du Louvre, soulignant pour l’ensemble du territoire les événements majeurs que sont l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO et l’arrivée du Louvre-Lens.

De plus, ces initiatives devraient être en capacité d’être portées par des institutions solides et organisées. En effet le parc d’habitation minier est presque dans une situation de propriétaire unique, ce qui facilite les interactions avec les pouvoirs publics et les différents acteurs de ces projets.

C’est dans ce contexte que les pistes évoquées ambitionnent une nouvelle étape pour l’habi-tat industriel minier. Dans ces cités bien souvent au cœur de villes ou d’agglomérations, les enjeux recoupent gestion du patrimoine et enjeux environnementaux pour lesquels, nous l’avons vu, cer-tains critères de densité sont recommandés.

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VERS UNE NOUVELLE ÉTAPE DE L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER, LA DENSIFICATION ? | 67

Après avoir dressé l’histoire, l’état actuel et les perspectives de l’habitat minier, nous pouvons déterminer quels sont ses manques. De cette façon, nous avons pu identifier les besoins de ce parc afin qu’il soit plus en adéquation avec son époque et que comme le territoire sur lequel il se trouve, il se tourne vers l’avenir, qu’il retrouve le caractère novateur dont il avait fait preuve depuis sa création.

En recoupant les perspectives ayant pu être mises en avant pas les démarches UNESCO et Cités Durables du Louvre, le parc de logements miniers souffre principalement de :- la nécessité de rénovation, notamment thermique- de typologies de logements trop peu variées et de moins en moins adaptées aux modes de vie actuels- d’espaces publics et privés également éloignés des modes de vie actuels- d’un manque d’équipements au sein de cités presque uniquement résidentielles- d’un manque de mixité sociale

De plus l’habitat minier était considéré comme dense lors de ce début, mais a eu tendance à s’éclater de plus en plus avec l’apparition des cités pavillonnaires puis des cités-jardins. En réalité la densité y était moyenne. En effet, pour les raisons évoqués de proximité des travailleurs de leurs outils de production l’habitat devait être dense, mais afin que les travailleurs ne soient pas trop en communauté, et afin de ne pas trop alimenter les syndicats, et le partage de revendication, il ne devait pas l’être trop.

Dès lors, une certaine adéquation avec non seulement les enjeux, mais aussi les critères d’ac-ceptabilité de la densité apparaît. La densification pourrait alors être le moyen d’impulser ou de relayer une dynamique depuis le territoire sur ce parc d’habitat minier.

Les cités minières étant de véritables quartiers voire des bouts de ville, il s’agirait alors de densification dans le cas d’une rénovation urbaine. Cependant ce processus est souvent associé à de fortes restructurations basées sur la démolition-reconstruction. Or ce parc, doit également gérer des problématiques patrimoniales majeures puisque bon nombre de cités minières sont inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre du paysage culturel évolutif vivant que constitue le Bassin Minier du Nord-Pas de Calais. Le traitement se doit donc d’être beaucoup plus fin. Si des restructu-rations lourdes sont possibles, l’adaptation de l’existant sera privilégiée.

En revanche, les particularités de l’habitat minier que nous venons d’explorer laissent des opportunités importantes. En effet excepté pour les corons, les cités minières sont principalement composées de maisons non-mitoyennes ou regroupées par blocs non-mitoyens. Cette morphologie correspond à un milieu pavillonnaire assez lâche sur laquelle il est possible d’intervenir. En effet c’est le principe même du projet BIMBY.

D | LA DENSITÉ COMME NOUVELLE ÉTAPE DE L’HABITAT MINIER

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68 | VERS UNE NOUVELLE ÉTAPE DE L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER, LA DENSIFICATION ?

L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER,QUELLES PERSPECTIVES ?2

Figure 38 : Exemple d’une densification par redécoupage parcellaire entre les pavillons – Source : Atelier Desvigne-Portzamparc, Schéma Directeur Euralens

Dans le cas des corons, la densification est également possible. En effet, ceux-ci sont la plu-part du temps construit sur des de longues parcelles étroites laissant de grands fonds de parcelle. Ceux-ci sont souvent délaissés et ont perdu leur usage de culture vivrière pour le ménage. Ils laissent alors de grandes possibilités pour développer des programmes denses, notamment lorsque les ali-gnements de corons sont dos à dos et donc que ces fonds de parcelle se rejoignent.

Bien entendu, ces programmes doivent ce faire en respect et en harmonie avec le patrimoine existant, mais permettrait ainsi de transformer des espaces ayant perdu leur valeur et leur utilité et ne permettant plus que de perturber ces cités minières. On ne parle ici que des espaces privés, mais certains espaces publics ont eux aussi perdus de leur utilité d’antan au sein de ces cités minières. Des opérations de densification pourraient également prendre place sur ces espaces publics. Il ne s’agit pas pour autant de supprimer toute verdure et tout espace public des cités minières, mais simplement de repenser les interactions et les rapports entre ces espaces.

Ainsi ils pourraient également être mobilisés dans le but de les densifier ou, pour compenser la perte de certaines fonctions dans les opérations décrites précédemment. Les fonctions vivrières de certains jardins privés isolés pourraient par exemple être mutualisées et déplacées dans les espaces

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VERS UNE NOUVELLE ÉTAPE DE L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER, LA DENSIFICATION ? | 69

centraux de ces cités qui actuellement, peuvent être ressentis comme inutile et vide. Ils participe-raient alors à la vie de quartier et susciteraient des relations entre les espaces et les habitants.

On peut également combiner les deux principes d’intensification. L’essentiel étant comme nous l’avons vu de le faire avec mesure et de créer l’urbanité nécessaire pour que le quartier soit vivable. Ainsi les nouvelles constructions amenées, permettent non seulement de varier les typologies de logements, permettant d’accueillir d’autres types de ménages, mais également des commerces de proximité et des services. Avec le vieillissement d’une certaine tranche des habitants des cités minières (en particulier les ayants-droits), l’accès aux services médicaux est essentiel. Cette densifi-cation pourrait par exemple permettre d’accueillir quelques dispensaires ou centres médicaux.

Figure 39 : Exemple d’une densification sur les espaces centraux au sein de la Cité des Provinces – Source : Atelier Desvigne-Portzamparc, Schéma Directeur Euralens

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L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER,QUELLES PERSPECTIVES ?2

Figure 40 : Exemple d’une densification combinée en fonds de parcelle et espaces centraux sur la Cité du 4 – Source : Atelier Desvigne-Portzamparc, Schéma Directeur Euralens

Un travail spécifique sur les jardins vient s’articuler dans ce contexte. En effet, l’atelier Des-vigne-Portzamparc est chargé d’établir des prescriptions paysagères ainsi que des guides permet-tant de dynamiser et d’harmoniser les Cités Durables du Louvre par leur jardins (la réflexion est dans un premier temps porté sur ces quelques cités, mais le dispositif sera amené à s’étendre, il s’agit d’une expérimentation). Ces prescriptions devront cependant être relayées très fortement sur le ter-rain afin qu’elles se mettent en place efficacement avec le plus grand nombre d’habitants possibles. Dans le cadre du programme « Art de jardin en sol mineur », une étude est sur le point d’être lancée par la Mission Bassin Minier (MBM). Elle devrait aboutir à établir une méthode permettant de mettre en œuvre opérationnellement les préconisations de l’atelier Desvigne-Portzamparc sur ces jardins. Cette étude prendra également en compte leur intégration dans une réflexion spécifique aux jardins et à de nouveaux usages, notamment des projets culturels grands publics comme du LandArt.

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VERS UNE NOUVELLE ÉTAPE DE L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER, LA DENSIFICATION ? | 71

Figure 41 : Esquisses de projets d’intensification et résultats attendus – Source : Atelier Desvigne-Portzamparc, Sché-ma Directeur Euralens

L’intensification de l’habitat minier peut donc lui permettre de désenclaver certaines de ses cités en y amenant, un nouveau dynamisme basé sur de nouveaux équipements de proximité leur permettant de sortir d’un mono-fonctionnalisme résidentiel, de nouveaux logements plus adaptés aux modes de vie actuels et à une diversité de ménage et sur une nouvelle approche des espaces publics incitant au partage et à la vie de quartier. Tant d’aspects à concilier avec les démarches patri-moniales liées à l’UNESCO. Ils sont cependant compatibles, notamment en respectant l’histoire de ces cités et en renouant avec leur passé riche d’innovations.

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L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER,QUELLES PERSPECTIVES ?2

L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER, QUELLES PERSPECTIVES ?Tout au long de leurs constructions, les cités minières ont représenté un modèle d’avant-gar-

disme, de confort, d’innovations, de qualités et de recherches architecturales. Elle était le moyen et le reflet de la puissance de l’industrie charbonnière de cette période. Le retrait de l’activité, a amené des problèmes de gestion considérables. En effet comment gérer un parc aussi vaste avec des moyens de moins en moins important. L’entretien du parc insuffisant, le parc n’a plus évolué et s’est détérioré par manque d’entretien. L’âge d’or avait donc permis à l’habitat industriel de toujours progresser et d’atteindre des standards élevés que le déclin n’a pas permis de maintenir.

Ainsi, ne serait-ce que pour les remettre aux normes de confort actuelles, les cités minières nécessitent maintenant de lourdes interventions. Quelques unes ont déjà été réhabilitées partiel-lement, mais 45 000 logements ont également été détruits car jugés trop vétustes et certains ne correspondent pas aux critères de « logements décents » de la loi SRU. Si les moyens sont tou-jours en cause, les gestionnaires de ce parc ont du se structurer suite à la fermeture des HBNPC. 20 ans plus tard, les statuts évoluent encore comme c’est le cas pour Maisons & Cités qui devrait obtenir le statut de bailleurs social d’ici peu. Ces structures ont une position de force de part le patrimoine qu’ils gèrent. Mais ils ont également des situations complexes à gérer avec le niveau social de leur locataire. En effet l’enjeu est de pouvoir rénover et faire évoluer ce parc sans mettre en difficultés les populations résidentes souvent fragiles financièrement.

Ces problématiques couplées à celles ayant attrait au patrimoine et à l’environnement, sont donc sensibles. Mais certaines pistes laissent transparaitre de bonnes perspectives. D’une part certaines opérations ont prouvé la capacité d’adaptation des cités minières et sont parvenues à mettre en avant les qualités architecturales et paysagères de ce patrimoine. D’autre part, les ambitions de densification ou intensification de l’habitat minier, pourraient permettre en s’imposant comme une nouvelle étape, un nouveau modèle pour l’habitat minier du Nord-Pas de Calais, de financer une partie des rénovations nécessaires et évoquées par l’apport aux bailleurs de nou-velles ressources après investissements.

Après avoir évoqué les enjeux de densification, nous avons vu ce qu’il pouvait représenter comme perspectives d’évolutions

pour l’habitat minier. Mais qu’est-il fait sur le territoire de la CALL, pour développer cette densité ?

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VERS UNE NOUVELLE ÉTAPE DE L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER, LA DENSIFICATION ? | 73

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74 | VERS UNE NOUVELLE ÉTAPE DE L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER, LA DENSIFICATION ?

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la densificationsur le territoire de la call3A | DISPOSITIFS STRATÉGIQUESB | LES CITÉS DURABLES DU LOUVREC | LA DÉMARCHE BIMBY

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LA DENSIFICATIONSUR LE TERRITOIRE DE LA CALL3

La principale difficulté pour mener une politique efficace en terme de lutte contre l’étalement urbaine relève d’une question de compétence. En effet, les communautés d’agglomérations pos-sèdent la compétence habitat, mais sont généralement dépourvues de la compétence urbanisme. Ainsi elles sont responsables de la mise en place d’une politique, mais ne sont pas en capacité de la mettre en œuvre par elle même. Ce pouvoir communal est très convoité et reste bien souvent entre les mains du maire. C’est le cas au sein de la CALL.

En effet, les SCOT et PLH qui en découlent sont à la charge des EPCI et doivent être com-patibles entre eux. Cependant l’application fine de ces documents se fait sur les communes, et les documents locaux d’urbanisme ne sont pas toujours en conformité avec ceux-ci. Ainsi, on trouve encore des Plan d’Occupation des Sols, ou d’ancien PLU, qui régissent encore l’accord de permis de construire même s’ils sont contraires aux principes énoncés dans les PLH ou SCOT.

Cependant, le PLH du SCOT Lens-Liévin-Hénin-Carvin (LLHC) a été approuvé en 2007, et le SCOT en 2008. Ils sont actuellement en cours de révision. Conformément à la loi de mobilisation pour le logement et la lutte contre l’exclusion dite loi « molle » du 25 Mars 2009 (Loi n°2009-323) il permet dorénavant de territorialiser ces dispositifs. C’est notamment le cas en terme de lutte contre l’étalement urbaine pour les actions et préconisations de densité. Auparavant, le territoire du PLH était séparé en trois secteurs sur lesquels couraient des objectifs de densité de logements : ‐ le cœur urbain, secteur le plus dense avec 30 logements par hectare ; ‐ les collines de l’Artois (Sud), communes plus rurales avec 15 logements par hectare ; ‐ le secteur Nord, intermédiaire, avec 20 logements par hectare ; ‐ le long du futur Transport en Commun en Site Propre (TCSP), un corridor de grande densité est

prévu aves des objectifs de 50 logements par hectare.

Ces objectifs devront donc être projeté sur chaque commune afin d’éviter les phénomènes de report. C’est pourquoi la CALL effectue un travail spécifique sur chaque commune afin d’évaluer leur densité actuelle, les projets en cours sur chacune d’elle, et de les alerter quant aux objectifs.

Ce travail se présente sous forme de fiches synthétiques (figure 42), et vise à renverser l’opinion des communes sur cette territorialisation, notamment en y introduisant les perspectives foncières. En effet la mise en perspective du bilan foncier et de ses opportunités avec les estimations de den-sité permet d’avoir une approche plus positive et d’impulser une logique de projet.

En conformité avec les lois et les prérogatives en la matière, la CALL développe donc une stratégie territorialisée contre l’étalement urbain et l’artificialisation des sols. Si celle-ci s’articule prin-cipalement autour d’objectifs ambitieux de densité, la CALL met également en place des outils permettant d’avoir une logique de projet. Un peu en marge des pratiques dans le cadre de PLH, le traitement de la question foncière permet donc d’avoir cette démarche de projet et ainsi de dépasser la stricte logique comptable des objectifs.

La CALL cherche donc à pratiquer la densité à travers des projets concrets sur tout le territoire. Elle tente également d’impulser une dynamique de densité à travers des projets phares et d’expé-

A | DISPOSITIFS STRATÉGIQUES

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VERS UNE NOUVELLE ÉTAPE DE L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER, LA DENSIFICATION ? | 77

rimentations. C’est notamment le cas des Cités Durables du Louvre pour lesquels la CALL effectue des études en tant que maître d’ouvrage.

Structures spécifiques projetées:

* 2 Béguinages EPHAD

Objectifs du PLH en cours : 30 logements / ha

*

*

4. ENJEUX / POINTS DE VIGILANCE

REVISION PLH - Commune de AvionFiche analytique

1. PRODUCTION DE LOGEMENTS

2. CONSOMMATION FONCIERE projetée

* Source : surface (PLU ou POS en vigueur)/nombre de logements en 2009 (filocom)

Superficie des zones urbaines actuelles destinées à l'habitat 374 ha pour 7397 logements*

3. DENSITE (logements/ha)

Superficie des projets envisagés : 49,72 hapour 1286 logements

Zone A Urbaniser - 42,38 ha

73%

17%0%4%

6%

Locatif socialLocatif privéAccession socialeAccession privéeNon renseigné

116 12233 110

248354

89 32148

663

0100200300400500600700

Loca

tif so

cial

Loca

tif priv

é

Accessi

on socia

le

Accessi

on privée

Non rense

igné

nombre logements existants 2006-2012 nombre logements projetés

20,7525,919,78

05

1015202530

Densité actuelle enzone habitable

Densité desopérationsprojetées

Densité projetée

Zone Urbaine - 7,34 ha

3%

17%5% 0%

Locatif socialLocatif privéAccession socialeAccession privéeNon renseigné

Récap PLH Avion - FKmise à jour le 20/09/2012

Figure 42 : Exemple de fiche synthétique en vue de la révision du PLH, Commmune d’Avion - Source : CALL

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78 | VERS UNE NOUVELLE ÉTAPE DE L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER, LA DENSIFICATION ?

LA DENSIFICATIONSUR LE TERRITOIRE DE LA CALL3

Elles sont donc un projet pilote et une vitrine dans la mesure où elles touchent les sujets majeurs d’actualités du Bassin Minier du Nord-Pas de Calais : l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO, et l’arrivée du Louvre-Lens. Elles sont également le moyen pour la CALL de développer et d’expérimenter sur les processus de densification, intensification de l’habitat minier.

Le terme « Cité » mérite tout d’abord un éclaircissement. En effet il doit être précisé dans le contexte et la géographie propre au territoire. Il désigne généralement une ville dans sa globalité, il s’agit alors de son sens historique le plus ancien. Il a notamment été utilisé dans ce sens lors des différents appels à projets « Éco-Cités » lancés par le Ministère de l’Écologie de l’Énergie, du Déve-loppement Durable et de la Mer. Dans notre cas, il se rapproche plus d’une notion urbanistique mo-derne et désignant un quartier, le plus souvent résidentiel, un « groupe d’immeubles ayant la même destination » (Larousse, 2002). Dans notre contexte « cité » renvoie aux cités minières et donc à un habitat spécifique, témoin de l’activité mono-industrielle et de son influence passée.

Dans le projet Euralens et plus précisément dans son schéma directeur et le marché de grou-pement de commande passé avec l’atelier Desvigne-Portzamparc, les études liées au concept de « Cités Durables du Louvre » appartiennent au Marché Subséquent 2. Celui-ci prévoit la production des faisabilités et des fiches détaillées définissant les orientations d’aménagement détaillées ainsi qu’une participation aux réunions de mise au point des projets et phases d’études et de réalisations. L’équipe de maîtrise d’œuvre identifiera clairement sur l’ensemble des cités les sites de mutation, le patrimoine à conserver et précisera les premières orientations du plan directeur en lien avec l’en-semble des acteurs concernés en détaillant :- un plan directeur et les orientations urbaines structurantes pour chaque cité- la délimitation précise des secteurs de densification et de mutation et leur situation foncière- la délimitation des premières opérations de réhabilitation du bâti engagées par les bailleurs- les constructions situées dans une position permettant d’imaginer leur mutation à long terme

Il est également envisagé la conception de différents guides, à la fois technique pour cerner et expliquer les enjeux et les processus à mettre en place au sujet des cités minières labélisées « Cités Durables du Louvre», et également pédagogique pour permettre l’appropriation du projet par les habitants et leur participation, notamment sur la thématique jardinière et paysagère.

Tous ces points devront être cohérents avec le Cahier des Préconisations Architecturales Urbaines et Paysagères (CAUP) et le Cahier des Prescriptions Techniques et Environnementales (CPTE) dont la rédaction est également inscrite aux exigences du Marché Subséquent 2.

B | LES CITÉ DURABLES DU LOUVRE

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VERS UNE NOUVELLE ÉTAPE DE L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER, LA DENSIFICATION ? | 79

Périmètre de réflexion

Les cités minières se situant dans le périmètre Euralens Centralité que nous avons déjà défini sont évidemment une première base de réflexion. Cinq d’entre elles ont pourtant été plus clairement examinées et semblent en mesure de porter le concept des Cités Durables du Louvre. Il s’agit de la Cité des Provinces (Lens), de la Cité du 12-14 (Lens et Loos-en-Gohelle), de la Cité du 9 (Lens), de la Cité Jeanne d’Arc (Lens) et de la Cité du 4 (Lens).

Le territoire - et les cités en particulier - témoignent de l’évolution de l’activité minière depuis la fin du XIXème siècle jusqu’aux années 1970. En effet, le type de bâti et les modes de construction des différentes cités minières révèlent les époques et traduisent les modes de vie. Ainsi on trouve une variété d’habitats miniers sur le territoire et sur les cités identifiées, depuis les corons, les cités pavillonnaires, les cités jardins et enfin les cités modernes.

Figure 43 : Cités minières identifiées pour développer le concept de Cités Durables du Louvre

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LA DENSIFICATIONSUR LE TERRITOIRE DE LA CALL3

Figure 44 : Typologie d’Habitats Miniers

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Figure 45 : Typologie d’Habitats Minier sur les cinq cités identifiées

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LA DENSIFICATIONSUR LE TERRITOIRE DE LA CALL3

La Cité des Provinces

La Cité des Provinces ou Cité Saint Pierre représente 49,11 hectares. Elle est positionnée en limite des villes de Lens, Liévin et Loos-en-Gohelle. Le site regroupe donc 640 logements (dont presque 90% appartiennent au bailleur social SIA) constituant une cité pavillonnaire construite en 1925 par la compagnie des Mines de Lens. Elle a été identifiée comme « cité exceptionnelle » par les travaux effectués pour la candidature du Bassin Minier du Nord-Pas de Calais au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Elle est située au pied du site de référence du développement durable qu’est la base du 11/19 (ancien carreau de fosse en réhabilitation) et plus précisément à l’intérieur du triangle stratégique constitué par les terrils du 11/19 (base 11/19), le stade Bollaert et le futur Louvre-Lens. Si elle est quelque peu enfermée par la voie ferrée au sud, elle bénéficie cependant d’une très bonne acces-sibilité grâce à la proximité de l’autoroute A21 (au nord) et de la nationale N43 (à l’est). Une liaison douce est également prévue entre le grand site de mémoire du 11/19, la Cité des Provinces et le Louvre-Lens, ainsi que la Boucle 18 empruntant les cavaliers.

Figure 46 : Plan de situation générale de la Cité des Provinces - Monographie MBM / SIA

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VERS UNE NOUVELLE ÉTAPE DE L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER, LA DENSIFICATION ? | 83

Figure 47 : Plans de situations de la Cité des Provinces - Monographie MBM / SIA

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LA DENSIFICATIONSUR LE TERRITOIRE DE LA CALL3

La Cité du 12-14

Sur le secteur Nord de la ville de Lens, environ 1500 logements constituent un ensemble for-mant la Cité du 12-14. En réalité il s’agit de trois cités distinctes, la Cité du 12, la Cité du 14 et la Cité des Jardins. Majoritairement propriété de la SOGINORPA, elle a été construite par la compagnie des Mines de Lens. La Cité du 12-14 a été répertoriée comme « cité remarquable » par la MBM et l’association BMU.

Le site bénéficie de la proximité des équipements rayonnant de l’agglomération que sont la base du 11/19, le stade Bollaert et le musée du Louvre-Lens. Parallèlement la cité souffre d’un certain enclavement entre la route de Béthune et la route de la Bassée. Ces coupures et sa relative autonomie en terme d’équipements en font une zone manquant de connexions et ayant sa propre logique d’aménagement. La trame verte de l’agglomération et les terres agricoles proches au Nord sont en revanche un atout pour les liaisons douces.

Figure 48 : Plan de situation générale de la Cité 12-14 – Agence PATTOU-TANDEM

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VERS UNE NOUVELLE ÉTAPE DE L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER, LA DENSIFICATION ? | 85

La Cité du 9

Entièrement sur le territoire de la ville de Lens, la Cité du 9 ou Cité Sainte Théodore regroupe environ 570 logements sur 39,47 hectares et près de 90% de ces habitations appartiennent à la SOGINORPA. Elle a été construite entre 1921 et 1924 par la compagnie des Mines de Lens. La Cité du 9 a été répertoriée comme « cité remarquable » par la MBM et l’association BMU.

Elle était la cité la plus proche du carreau de fosse du puits 9, site qui accueillera le Louvre-Lens. Sa proximité immédiate avec le futur musée est un atout considérable et un enjeu d’aména-gement. La cité est également très proche du centre ville (20 minutes à pied) et de la gare ce qui lui octroie une bonne accessibilité. D’autant plus qu’elle bénéficie de cette façon de l’accessibilité globale de la ville de Lens (autoroutes A21 et A211, nationale N43, gare TGV etc.). La Cité du 9 est cependant contrainte par la proximité de la voie ferrée sur sa frange nord.

Figure 49 : Plan de situation générale de la Cité du 9 - Monographie MBM

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86 | VERS UNE NOUVELLE ÉTAPE DE L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER, LA DENSIFICATION ?

LA DENSIFICATIONSUR LE TERRITOIRE DE LA CALL3

Figure 50 : Plans de situations de la Cité du 9 - Monographie MBM

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VERS UNE NOUVELLE ÉTAPE DE L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER, LA DENSIFICATION ? | 87

La Cité Jeanne d’Arc

La Cité Jeanne d’Arc est une cité minière de petite envergure. Elle ne regroupe que 150 loge-ments, sur 14,4 hectares. Excepté quelques cessions, le parc est entièrement la propriété de la SOGINORPA. Comme la Cité du 9, dont elle est toute proche, elle a été construite par la compagnie des Mines de Lens entre 1923 et 1924 (puis retravaillée en 1959) et a été répertoriée comme « cité remarquable » par la MBM et l’association BMU.

Sa situation géographique se rapproche également de celle de la Cité du 9 et bénéficie donc de la même accessibilité. Elle est également contrainte par la présence du cimetière ouest et par la topographie sur laquelle joue le Louvre-Lens et qui la place en dépression par rapport à celui-ci. La taille de cette citée est également à prendre en compte puisqu’elle n’est en réalité constituée que de quatre rues.

Figure 51 : Plan de situation générale de la Cité Jeanne d’Arc – Monographie MBM

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Figure 52 : Plans de situations de la Cité Jeanne d’Arc - Monographie MBM

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La Cité du 4

Sur les communes de Lens et de Éleu-dit-Leauwette, la Cité du 4 rassemble presque 680 loge-ments sur une superficie de 35,61 hectares. Le parc est entièrement propriété de la SOGINORPA sauf pour quelques logements vendus aux habitants. La Cité du 4 a été construite par la compagnie des Mines de Lens entre 1921 et 1927 (puis de nouveaux travaux en 1959) et a été répertoriée comme « cité remarquable » par la MBM et l’association BMU.

Au sud de la ville de Lens, elle bénéficie de l’accessibilité immédiate d’axes structurants comme l’autoroute A211 et la départementale D58 ainsi que la route d’Arras et l’avenue Alfred Maës. Elle est également proche du centre-ville et de la gare (17 minutes à pied). Cette bonne situation géogra-phique est confortée par des équipements récréatifs proches tels que le Parc des Glissoires, le Val de Souchez et le Stade Bollaert, et bien sur le Louvre-Lens.

Figure 53 : Plan de situation générale de la Cité du 4 - Monographie MBM

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Figure 54 : Plans de situations de la Cité du 4 - Monographie MBM

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Protéger, valoriser et faire evoluer l’habitat minier avec ses habitants

Repenser l’attractivité résidentielle

L’image dégagée actuellement par les cités minières est assez négative en raison, selon les cas, de leur état, de leur enclavement, de leur peuplement, ou d’un processus de stigmatisation général. Dans ces conditions les cités ne sont pas attractives pour d’éventuels nouveaux habitants. Il s’agirait donc de faire en sorte de pouvoir accueillir de nouvelles populations. Ceci pourrait égale-ment être traité par l’apport d’une mixité fonctionnelle. Sortir du strictement résidentiel et créer de nouveaux usages pour ces cités permettraient d’y amener de nouvelles activités économiques et sociales et ainsi d’attirer de nouveaux habitants. Ce point est évidemment à mettre en relation avec les aspects de mixité sociale et d’amélioration du cadre de vie.

Améliorer la mixité sociale en attirant de nouvelles populations

D’après l’étude de stratégie de peuplement effectuée sur la ville de Lens, les cités minières sont caractéristiques d’un type de population. Ainsi, les familles de quatre enfants y sont surreprésentées en raison du type d’habitat propice à l’hébergement de telles familles et d’une très faible diversité. La typologie de logement influe sur la typologie sociale des cités, et doit donc être diversifiée pour attirer de nouvelles populations avec de nouvelles attentes. Une mixité sociale est également à envisager en multipliant les dispositifs de montages de logements sociaux (PLAI, PLS, PLUS, accession à la propriété).

Valoriser le cadre de vie et créer un environnement de qualité, en protégeant le patri-moine et en promouvant ses qualités

Le bassin minier est depuis peu inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les cités minières seront donc encore confortées dans leur dimension patrimoniale. Afin de tirer bénéfice de ce dispo-sitif, les qualités de ces éléments patrimoniaux structurants doivent être mises en exergue et servir de base pour traiter qualitativement les autres espaces. Cela passe donc par affirmer qu’elles pos-sèdent des qualités urbaines, architecturales, paysagères et patrimoniales qui leur sont propres et que ces qualités peuvent garantir l’amélioration du cadre de vie.

Densifier pour répondre aux modes de vies des actuels résidents tout en mettant en place de la mixité

Afin de répondre aux enjeux évoqués précédemment, la densification de certains cœurs d’îlots permettrait d’atteindre ces objectifs de mixité sociale et fonctionnelle ne serait-ce que dans ces nou-veaux programmes. La densité est en effet une composante de la ville durable, et permet de stimuler

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les solutions innovantes pour l’habitat. Toutefois c’est au sein de la structure urbaine et des formes traditionnelles que doivent s’insérer avec respect ces nouveaux aménagements.

Vers un habitat plus respectueux de l’environnement

Améliorer l’efficacité thermique grâce à l’isolation et à de nouveaux modes de chauf-fage

La dernière réhabilitation de la majorité des habitations minières date des années 60. L’isolation ainsi que le chauffage (parfois encore au charbon) y sont donc sommaires. Le défi à relever sur cet enjeu est considérable si l’on souhaite atteindre des normes énergétiques intéressantes sur le plan environnementales et répondre aux enjeux des lois « Grenelle ». Ce traitement de l’habitat doit tenir compte de ses spécificités, et il serait alors intéressant de travailler avec les atouts du territoire. En effet, le pole de référence du développement durable que constitue la base du 11/19 et ses diverses éco-entreprises sont à mobiliser. À noter qu’avec des objectifs chiffrés de performance entre 135 et 104 kW/m2/an, des fonds FEDER sont mobilisables. Les solutions apportées à ce titre se devront également d’être viables économiquement et/ou de faire partie de montages financiers innovants. Tout ceci doit également tenir compte des répercussions de loyers et faire en sorte qu’elles soient acceptables pour des populations parfois en difficultés. Ce point est également à articuler avec le plan 100 000 logements mis en place par le conseil régional Nord-Pas de Calais et reprenant ces thématiques énergétiques dans l’habitat ancien.

Mettre en place des modes de gestion alternatifs et pédagogiques permettant une meilleure efficacité et un changement de mentalité

La gestion des eaux, des déchets, des espaces verts et publics, de la circulation, des trans-ports publics et des divers services … sont autant de points à améliorer dans le cadre d’une réhabi-litation et de la confection de nouveaux projets urbains sur les cités minières. En effet ces enjeux sont primordiaux de part leur influence sur les comportements quotidiens et le changement de mentalité qu’ils provoquent. Un travail est donc nécessaire et suggérera des moyens innovants de traiter ces problématiques en adéquation avec le patrimoine et les habitants des cités.

Ces efforts sur les modes de gestions doivent être mis en relation avec les modes de faire de la ville et de l’agglomération afin d’être le plus cohérent possible. C’est déjà le cas au niveau de la gestion de l’eau, des espaces verts et publics ou encore des déchets. Une attention toute particu-lière doit être apportée pour les nouveaux dispositifs, et ainsi veiller à une bonne intégration dans la cité comme dans le réseau communautaire. De même la conception de l’offre de transport public doit tenir compte des projets de Transports en Commun en Site Propre et suggérer des interactions avec celui-ci.

Créer des liens entre les cités et le louvre

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Interactions bilatérales cités / Louvre (en tant que bâtiment et institution)

La plupart des cités étudiées sont accolées à l’ancien carreau de fosse qui accueillera le musée du Louvre-Lens. Cette proximité ne peut être leur seule spécificité. Il est alors primordial de lier ces différentes entités et de créer de nouvelles interactions. Celles-ci se doivent d’être présentes à toutes les étapes et à tous les niveaux de la conception. En effet, la participation des habitants à la réflexion menée sur leurs lieux de vie et dans le cadre d’un projet d’envergure aurait une dimension sociale importante. De plus cela gommerait le décalage qui peut être ressenti vis à vis de l’institution du Louvre, de ce qu’elle représente et de ce qui est mis en œuvre pour l’accueillir. L’étape de réalisation pourrait également permettre de mobiliser les habitants en imaginant des dispositifs d’emplois et d’insertion professionnelle spécifiques.

Ces interactions doivent également se poursuivre dans le temps. En effet les relations doivent être entretenues et être posées sur le long terme. Dans ce sens des programmes pédagogiques de sensibilisation seraient à imaginer. Ils pourraient englober les thématiques évoquées jusqu’ici de patrimoine, de développement durable, de cohésion sociale et de solidarité à travers la gestion des espaces privés et publics (espaces verts et jardins publics) ou l’organisation de manifestations cultu-relles en lien avec le musée ; ces manifestations culturelles peuvent aussi bien venir depuis le Louvre dans les cités en étant élaborées avec des associations de quartier que l’inverse. Ainsi le projet « Art de jardin en sol mineur » va dans ce sens et devrait être intégré aux réflexions. C’est également le cas de « Mine d’Art en sentier » mené par le Parc Naturel Régional Scarpe-Escaut dont le retour d’expérience serait à prendre en compte.

Interactions entre les cités autour du Louvre

Le terme « Cités Durable du Louvre» regroupe donc cinq cités minières réparties sur le territoire de la ville de Lens. Si les problématiques traitées et les réflexions apportées dans chacune de ces cités seront assez similaires, chacune aura un projet urbain distinct s’intégrant dans celui de la ville, dans le Schéma Directeur Euralens et dans un objectif de ville durable. Il serait alors pertinent d’ima-giner des relations particulières entre ces cités dont les spécificités seront alors mises en valeur. Ainsi les programmes évoqués au point précédent pourraient prévoir des rencontres, échanges, organi-sations partenariales et/ou alternées entre les différentes cités et leurs associations. Le Louvre, aurait alors un rôle fédérateur pour ces différentes cités et permettrait d’estomper le maillage et certaines coupures du territoire. Une manière de lier et d’établir une couture urbaine par la culture entre les cités, la ville et l’agglomération.

La définition de ce concept des Cités Durables du Louvre et les études en cours s’intègrent complétement dans la volonté de faire muter l’habitat minier extrêmement présent sur le territoire de la CALL et d’en faire émerger une nouvelle étape. Les réflexions menées suggèrent l’intensification mais également une recherche de qualité de création d’un environnement propice à l’urbanité.

La CALL évoque actuellement les pistes pour mener des réflexions avec les équipes du projet BIMBY. Des réunions avec les membres de l’équipe BIMBY ont été organisées afin de sensibiliser les

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techniciens de la CALL à la démarche. La Communauté a également participé au «Grand Colloque BIMBY» les 17 et 18 septembre 2012 à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belle-ville. Avant d’aller plus loin, ce sont les élus de la CALL qui doivent maintenant se familiariser avec ce projet afin de décider de quelles façons les expérimentations pourront se traduire sur le territoire.

Le projet BIMBY sera très certainement amené à se développer sous la forme d’un produit du type de la démarche « Approche Environnementale de l’Urbanisme » (AEU) lancée par l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME). En revanche si le dispositif AEU est contrôlé par l’ADEME via un « copyright », celui de BIMBY devrait être libre de droit et collaboratif, c’est à dire que la majeure partie des contenus produits lors de ces études devra être disponible en ligne. La CALL tend à s’intégrer dans ces démarches et, sous réserve de validation politique, devra effectuer des études dans ce sens et avec ces partenaires.

C | LA DÉMARCHE BIMBY

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CONCLUSIONAlors que l’habitat industriel minier vient, avec l’ensemble du Bassin Minier du Nord-Pas

de Calais, d’être reconnu internationalement comme paysage culturel évolutif vivant, sa situa-tion reste parfois difficile. En effet, ce parc d’habitation a déjà subi de lourds dommages : 45 000 logements détruits. De nombreux logements sont encore en mauvais état et parfois insa-lubres, ne correspondant pas aux critères de « logements décents » de la loi SRU, et très sou-vent désastreux sur le plan énergétique (parfois dépourvus de toute isolation). Cependant, les opérateurs gérant ce parc d’une importance considérable, continuent de se structurer et des initiatives laissent présager de bonnes perspectives.

En effet, sans aborder les enjeux de la rénovation thermique, les difficultés rencontrées au sein des cités minières et de façon générale sur l’habitat industriel minier peuvent être résumées par les problèmes liés à la concentration d’une typologie unique d’habitation. Ainsi, les cités minières regroupent presque exclusivement des habitations dont les typologies sont très peu variées, et ne sont plus en adéquation avec les modes de vies actuels. Il est donc nécessaire d’apporter plus de mixité, qu’elle soit sociale ou fonctionnelle au sein de ces cités. Le patrimoine que constitue ces entités urbaines joue également un rôle dans ce processus, puisqu’il condi-tionne la façon d’envisager ces apports. Il s’agirait alors de les densifier afin de combler ces manques par de nouvelles constructions, en harmonie avec celles-ci. La densification est alors le moyen de développer plus de différentes typologies, plus de différents standards, et plus de différentes activités tertiaires, économiques, commerciales, de santé ou culturelles. Des opéra-tions pilotes doivent être mises en place pour concrétiser ces théories. Cela sera donc le cas à travers les Cités Durables du Louvre.

Ce processus de densification apporterait une cohérence avec les politiques de lutte contre l’étalement urbain, et serait le signe du renouveau de cet habitat. Les reconnaissances en sont le début, mais c’est véritablement l’enjeu du renouement avec l’innovation dont il avait fait preuve jusqu’ici qui portera l’habitat industriel minier vers une nouvelle étape. Une nouvelle étape d’urbanité dense ?

Selon les initiatives, des études stratégiques et opérationnelles sont encore nécessaires afin de pouvoir aboutir à une mise en œuvre suffisamment conséquente pour enclencher cette nouvelle étape. Cependant, quelques modifications institutionnelles et légales pourraient per-mettre d’accélérer les processus. Ainsi, c’est à l’échelle intercommunale que les problématiques de densification sont les plus cohérentes mais les EPCI ne disposent qu’exceptionnellement de la compétence urbanisme permettant de les mettre en place. Des discussions dans ce sens risquent d’être lancées et le relais du prochain acte de décentralisation pourrait également bou-leverser les pratiques.

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Communauté d’Agglomération du Douaisis, www.douaisis-agglo.com

Communauté Urbaine d’Arras, www.cu-arras.fr

Communauté Urbaine de Lille, www.lillemetropole.fr

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Mission Bassin Minier Nord-Pas de Calais, www.missionbassinminier.org

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TABLE DES FIGURES

Figure 1 : Les EPCI de l’AML – Source : Atlas de l’Aire métropolitaine de Lille 10

Figure 2 : Les communes de la CALL – Source : CALL 11

Figure 3 : Compétences exercées par la CALL – Source : CALL – Réalisation : Auteur 13

Figure 4 : Organigramme de la CALL – Source : CALL – Réalisation : Auteur 14

Figure 5 : Communauté d’Aggllomération de Lens-Liévin, Site Lavoisier 15

Figure 6 : Comparatif des évolutions de surfaces artificialisées, urbanisées et de population – Source : SOeS, CLC ; Eurostat ; INSEE ; Françoise Nirascou 18

Figure 7 : Calcul et évolution temporelle des gradient de densité de population pour les villes de Paris, Lyon et Lille – Source : Françoise Nirascou (2012) 19

Figure 8 : Distance de la construction neuve par rapport au centre des aires urbaines – Source : SOeS, Sitadel (2012) 19

Figure 9 : Portail Corine Land Cover France – Source : CLC 20

Figure 10 : Évolutions annuelles moyenne de la population et du nombre de logements en France Métropolitaine (en %) – Source : INSEE, SOeS (Alain Jacquot) 21

Figure 11 : Évolution de la surface habitable par personne selon différents critères – Source : INSEE, SOeS, Alain Jacquot 22

Figure 12 : Surface des logements, des terrains et nombre d’étage des bâtiments d’habitation en 2006, selon leur époque de construction – Source : Alain Jacquot (2012) 23

Figure 13 : Modulations morphologiques à densité fixe – Source : IAURIF (2005) 28

Figure 14 : Quelques formes urbaines classées par densité bâtie – Source : IAURIF (2005) 29

Figure 15 : Euratechnologie, dans l’ancien château industriel Leblan-Lafonts, au cœur de la ZAC des Rives de la Haute-Deûle qui regroupera à terme 170 000 m2 de logements, 150 000 m2 d’activités tertiaires de recherche et de formation, 5 000 m2 de commerce et 20 000 m2 d’équipements 30

Figure 16 : Plan directeur de la ZAC de l’Union qui accueillera à terme plus de 3 000 habitants et autant d’emplois sur une ancienne friche – Source : SEM Ville Renouvelée 31

Figure 17 : L’intensification pavillonnaire selon le projet BIMBY – Source : BIMBY 34

Figure 18 : La démarche BIMBY et ses interactions avec la révision des documents d’urbanisme – Source : BIMBY 36

Figure 19 : L’histoire du Bassin Minier du Nord-Pas de Calais – Source : Bassin Minier Uni, Dossier de presse, 2012. 45

Figure 20 : La structure minière Terril-Fosse-Cité Minière, site du 9/9bis et la Cité Declercq à Oignies – Source : Altimage P. Frutier pour MBM 47

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Figure 21 : Organisation spatiale de la commune de Lozinghem (Source : NOËL G., Étude patrimo-niale des communes de la Communauté d’Agglomération de l’Artois.com, 2007) 48

Figure 22 : photographie aérienne de la commune de Maisnil-les-Ruitz (Source : Google Earth 2007) 48

Figure 23 : Groupe scolaire au cœur de la Cité du 12 à Lens 49

Figure 24 : Cité de la Parisienne à Drocourt – Source : Altimage P. Frutier pour MBM 52

Figure 25 : Alignement de corons, Cité du 2 à Lens – Source : MBM 53

Figure 26 : Coron des 120 à Anzin et Valenciennes – Source : MBM 53

Figure 27 : Corons « fractionné », Cité du Nouveau Monde à Bruay-la-Buissière – Source : MBM 53

Figure 28 : Cité du 10 de Béthune à Sains-en-Gohelle – Source : Altimage P. Frutier pour MBM 54

Figure 29 : Cité n° 33 des Musiciens à Bruay-la-Buissière – Source : MBM 55

Figure 30 : Cité 4 à Lens et Éleu dit Leuwette – Source : MBM 55

Figure 31 : Groupe de 2 logements, Cité du Puits n°2 à Quiévrechain – Source : MBM 55

Figure 32 : Cité du Pinson à Raismes – Source : Altimage P. Frutier pour MBM 56

Figure 33 : Placette arborée, Cité Taffin à Vieux-Condé – Source : MBM 57

Figure 34 : Parc public, Cité du Pinson à Raismes – Source : MBM 57

Figure 35 : Cavalier et jardins, Cité des Provinces à Lens et Loos-en-Gohèle 57

Figure 36 : Cité du Bois Duriez à Lallaing – Source : Altimage P. Frutier pour MBM 58

Figure 37 : Logement Camus, Cité du Bois Duriez à Lallaing – Source : MBM 59

Figure 38 : Logement Camus, Cité des Éclusettes à Pecquencourt – Source : MBM 59

Figure 37 : Concept des Cités Durables du Louvre 65

Figure 38 : Exemple d’une densification par redécoupage parcellaire entre les pavillons – Source : Atelier Desvigne-Portzamparc, Schéma Directeur Euralens 68

Figure 39 : Exemple d’une densification sur les espaces centraux au sein de la Cité des Provinces – Source : Atelier Desvigne-Portzamparc, Schéma Directeur Euralens 69

Figure 40 : Exemple d’une densification combinée en fonds de parcelle et espaces centraux sur la Cité du 4 – Source : Atelier Desvigne-Portzamparc, Schéma Directeur Euralens 70

Figure 41 : Esquisses de projets d’intensification et résultats attendus – Source : Atelier Desvigne-Portzamparc, Schéma Directeur Euralens 71

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TABLE DES FIGURES

Figure 42 : Exemple de fiche synthétique en vue de la révision du PLH, Commmune d’Avion - Source : CALL 77

Figure 43 : Cités minières identifiées pour développer le concept de Cités Durables du Louvre 79

Figure 44 : Typologie d’Habitats Miniers 80

Figure 45 : Typologie d’Habitats Minier sur les cinq cités identifiées 81

Figure 46 : Plan de situation générale de la Cité des Provinces - Monographie MBM / SIA 82

Figure 47 : Plans de situations de la Cité des Provinces - Monographie MBM / SIA 83

Figure 48 : Plan de situation générale de la Cité 12-14 – Agence PATTOU-TANDEM 84

Figure 49 : Plan de situation générale de la Cité du 9 - Monographie MBM 85

Figure 50 : Plans de situations de la Cité du 9 - Monographie MBM 86

Figure 51 : Plan de situation générale de la Cité Jeanne d’Arc – Monographie MBM 87

Figure 52 : Plans de situations de la Cité Jeanne d’Arc - Monographie MBM 88

Figure 53 : Plan de situation générale de la Cité du 4 - Monographie MBM 89

Figure 54 : Plans de situations de la Cité du 4 - Monographie MBM 90

Page 103: Memoire M2 - IAUL - Habitat Minier et densification

VERS UNE NOUVELLE ÉTAPE DE L’HABITAT INDUSTRIEL MINIER, LA DENSIFICATION ? | 103

Page 104: Memoire M2 - IAUL - Habitat Minier et densification

Hurtaux P., 2012, Vers une nouvelle étape de l’habitat industriel minier, la densification ?

Institut d’Aménagement et Urbanisme de Lille, Université Lille 1, mémoire de fin d’étude du Master AUDT, spécia-lité Ville & Projets, option Projets Urbains, 104 p.

Mots clefs : Bassin Minier du Nord-Pas de Calais, Habitat, Densité

Key-words : Nord-Pas de Calais coal mining area, Housing, Density

Résumé :La pénurie de logements en France est maintenant reconnue par tous. Cependant, la consommation de l’espace ne cessant d’augmenter, les enjeux de lutte contre l’étalement urbain et de préservation des ressources foncières naturelles et agricoles sont au cœur des préoccupations environnementales. Dès lors, et même si le concept est rarement apprécié tel quel, la densité semble être la seule alternative.Parallélement à cela, l’habitat minier vient, avec l’ensemble du Bassin Minier du Nord-Pas de Calais, d’être recon-nu internationalement par son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. Sa situation reste parfois difficile, mais les formes urbaines qu’il a pu mettre en place pourraient être mobilisées afin de développer une certaine densité. Ainsi, l’habitat minier pourrait-il renouer avec son caractère novateur en portant un développement de la ville sur elle même et en impulsant une nouvelle dynamique autour de la densité ?

Abstract :The housing shortage in France is now well known. However, the space consumption continues to grow. Issues of struggling against urban sprawl and the preservation of natural or agricultural areas are in the focus of environ-mental concerns. Therefore, even if the concept is rarely appreciated, density seems to be the only alternative.At the same time, the mining housing with all the Nord-Pas de Calais coal mining area, has just been recognized by its inclusion in the World Heritage of UNESCO. Its situation is sometimes difficult, but urban forms that could have been implemented could be mobilized to develop a kind of density. Thus, is mining housing could resume its innovative character wearing a development of the city on itself by boosting a new dynamic around density?