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Options Futurs n°10 , Mars 2012 - 1 - OPTIONS FUTURS OPTIONS FUTURS Mensuelle N°10 MARS 2012 MEDIA, DEVELOPPEMENT DURABLE, MEDIA, DEVELOPPEMENT DURABLE, PROSPECTIVES PROSPECTIVES SOMMAIRE : P. 1 Edito Dossier : le forum de l’eau P 2 FEM : une grande messe inutile ? P 3 FEM déclaration ministérielle : à suivre P 4 Que fait-on en France P5 Et dans le monde ? P6 Respect des ODM ? Rio+20 P7 : UNEP, bilan Pourquoi a t on échoué ? P 8 : Rio, un Nouvel élan ? P 9 : nexus eau et paix Portrait P 10 Roger Belbeoch En Débat (suite) 11 Les terres rares Cercle de lecture P 12/13 l’appel d’Albert Camus retrouvé Medias P 14 Nouveaux media A Voir P 15/16 R Wilson, Einstein on the beach Témoignages et voyages P 17 Agenda P 18 EDITORIAL EDITORIAL L’incohérence actuelle de la politique, faite de déclarations qui se percutent ,et la disparition de l’environnement des préoccupa- tions de nos présidentiables est telle, que partout des arbitrages nécessaires et urgents restent en attente . Urgents, notamment pour le tissu PMI/PME qui attend les subventions retardées, les décisions sur les dossiers, ou l’application des décrets. Combien de petites et moyennes entreprises vont encore souffrir de ces retards administratifs ? Côté écologie, Il n’y a plus de Ministre de l’environnement français à Bruxelles pour les arbitrages prochains sur les OGM. Lamentable ! Alors que la globalisation s’invite à toutes les tables , les mesurettes nationales s’alignent. Les territoires de pêche sont menacés de rachat , le Forum de l’eau est perçu comme une vaste foire commerciale, l’éolien français pourtant innovant est menacé. Tournée vers un monde passé, la France se replie sur elle-même, incapable même de laisser parler d’autres voix que celles qui ont conduit le monde d’hier. Et tandis que l’on s’occupe de sauver des industries définitivement appelées à entrer dans l’histoire, rien ne se développe en France pour construire une nouvelle économie : ni formation à une nouvelle comptabilité intégrant les prix des ressources finies, ni regards vers l’étranger. Dans ce numéro, nous nous sommes longuement attardés sur le forum mondial de l’eau . Bien des débats qui y ont eu cours sont connus, mais il nous semble important d’y revenir et de souligner que de plus en plus le politique est interpellé, afin de prendre des responsabilités, que le temps où il renvoyait ses responsabilités aux financiers ou aux techniciens s’achève. Les citoyens réunis au forum alternatif ne veulent plus laisser passer les mauvaises décisions L’eau va prendre une place très impor- tante au sommet de Rio+20 . Entre énergie, sécurité alimentaire, et droit à l’eau pour tous , la ressource est incroyablement con- voitée et bien au delà de ses capacités . La semaine dernière se tenait à Rio une nouvelle réunion informelle de tous ceux qui travaillent au draft zéro qui sera présenté à Rio. Nous revien- drons longuement dans le numéro d’Avril sur les conclusions, et avons choisi de vous présenter les bilans. Une nouvelle semaine de consultation informelle est prévue début Mai. Il y a beaucoup à faire car face à une situation qui s’aggrave, la mobilisation est insuffisante. Dominique Martin Ferrari

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Options Futurs n°10 , Mars 2012 - 1 -

OPTIONS FUTURSOPTIONS FUTURS Mensuelle N°10 MARS 2012

MEDIA, DEVELOPPEMENT DURABLE, MEDIA, DEVELOPPEMENT DURABLE, PROSPECTIVESPROSPECTIVES

SOMMAIRE : P. 1 Edito Dossier : le forum de l’eau P 2 FEM : une grande messe inutile ? P 3 FEM déclaration ministérielle : à suivre P 4 Que fait-on en France P5 Et dans le monde ? P6 Respect des ODM ? Rio+20 P7 : UNEP, bilan Pourquoi a t on échoué ? P 8 : Rio, un Nouvel élan ? P 9 : nexus eau et paix Portrait P 10 Roger Belbeoch En Débat (suite) 11 Les terres rares Cercle de lecture P 12/13 l’appel d’Albert Camus retrouvé Medias P 14 Nouveaux media A Voir P 15/16 R Wilson, Einstein on the beach Témoignages et voyages P 17 Agenda P 18

EDITORIALEDITORIAL L’incohérence actuelle de la politique, faite de déclarations qui se percutent ,et la disparition de l’environnement des préoccupa-tions de nos présidentiables est telle, que partout des arbitrages nécessaires et urgents restent en attente . Urgents, notamment pour le tissu PMI/PME qui attend les subventions retardées, les décisions sur les dossiers, ou l’application des décrets. Combien de petites et moyennes entreprises vont encore souffrir de ces retards administratifs ? Côté écologie, Il n’y a plus de Ministre de l’environnement français à Bruxelles pour les arbitrages prochains sur les OGM. Lamentable ! Alors que la globalisation s’invite à toutes les tables , les mesurettes nationales s’alignent. Les territoires de pêche sont menacés de rachat , le Forum de l’eau est perçu comme une vaste foire commerciale, l’éolien français pourtant innovant est menacé. Tournée vers un monde passé, la France se replie sur elle-même, incapable même de laisser parler d’autres voix que celles qui ont conduit le monde d’hier. Et tandis que l’on s’occupe de sauver des industries définitivement appelées à entrer dans l’histoire, rien ne se développe en France pour construire une nouvelle économie : ni formation à une nouvelle comptabilité intégrant les prix des ressources finies, ni regards vers l’étranger. Dans ce numéro, nous nous sommes longuement attardés sur le forum mondial de l’eau . Bien des débats qui y ont eu cours sont connus, mais il nous semble important d’y revenir et de souligner que de plus en plus le politique est interpellé, afin de prendre des responsabilités, que le temps où il renvoyait ses responsabilités aux financiers ou aux techniciens s’achève. Les citoyens réunis au forum alternatif ne veulent plus laisser passer les mauvaises décisions L’eau va prendre une place très impor-tante au sommet de Rio+20 . Entre énergie, sécurité alimentaire, et droit à l’eau pour tous , la ressource est incroyablement con-voitée et bien au delà de ses capacités . La semaine dernière se tenait à Rio une nouvelle réunion informelle de tous ceux qui travaillent au draft zéro qui sera présenté à Rio. Nous revien-drons longuement dans le numéro d’Avril sur les conclusions, et avons choisi de vous présenter les bilans. Une nouvelle semaine de consultation informelle est prévue début Mai. Il y a beaucoup à faire car face à une situation qui s’aggrave, la mobilisation est insuffisante. Dominique Martin Ferrari

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LE FORUM MONDIAL DE L’EAULE FORUM MONDIAL DE L’EAU Une grande messe inutile Une grande messe inutile ?? Marseille sous le soleil, premiers jours de vrai printemps et de chaleur. Guidés par les gouttes d’eau du 6° forum , quelques 20 000 « fans » de l’eau se sont pressés dans le dédale des salles de conférences. Dans le parc du Prado avaient été dressées les mappemondes imaginées par des groupes de jeunes. Bleue, blanche, noire, habillée de bouteilles plastiques, de détritus , dotée d’un robinet , ou simplement d’une maxime elles étaient là pour rappeler un message simple : 1 milliard d’hommes et de femmes dans le monde n’ont encore pas accès à l’eau potable et 6 vivent sans assainissement. Un message simple, mais des situations si complexes que « le temps des solutions » se fait attendre. Le Forum mondial le plus gros lobby international de l ‘eau. Nous le rappelions dans notre dernier numéro d’Option Futurs : le Forum Mondial n’a aucun pouvoir , si ce n’est la force de ses engagements. Emanation du Conseil Mondial de l’eau (CME) né en 1996 et créé à l'initia-tive des groupes français de l'eau , il est considéré comme un lobby international qui regroupe quelque 300 structures publi-ques et privées, et des ONG du monde entier afin d'influencer les politiques de l'eau. Il est présidé depuis 2005, par Loïc Fauchon qui est aussi le PDG du Groupe Eaux de Marseil-le depuis 1997, une société d'économie mixte appartenant à Veolia. C’est donc essentiel-lement ce statut de lobby qui est reproché à la structure que les ONG ont baptisé « la foire de l’eau », dont Danièle Mitterrand fonda-trice de la Fondation France Libertés disait : «C’est une supercherie, c’est un club business, c’est une place de marché, c’est une foire commerciale. Ils s’arrogent une légitimité qu’ils n’ont pas, veulent donner leur avis et gérer l’eau dans le monde entier, laissant notamment penser qu’ils sont une émanation de l’ONU, ce qui est faux. Il faut rétablir la vérité. » et mettre en avant la "gabegie d'argent public" : le budget de l'événement s'élève à près de 30 millions d'euros, dont 17 millions venant de subven-tions publiques. Alors une manifestation inutile ? Au fil des six forums qui se déroulent tous les trois ans les choses ont changé. Le forum est devenu une caisse de résonance médiati-. que. Il a permis de faire avancer le dialogue entre parties et entre pays. C’est également

l’occasion pour des milliers de jeunes, asso-ciés à l’événement, aux collectivités territo-riales régionales d’approcher les grandes questions de l’eau, de découvrir sa rareté et sa préciosité, de comprendre ce qu’est un bien commun de l’humanité, de s’initier aux gran-des questions internationales en étudiant des exemples concrets. C’est aussi l’occasion d’une longue préparation entre grandes régions du monde avec l’OIE-eau et d’un grand débat sur l’eau, puisque le forum officiel se double d’un forum alternatif où femmes et hommes de terrain dénoncent la corruption, l’oubli des solutions simples qui ne rapportent rien aux grands groupes, les gaspillages de l’eau, les mauvais choix de progrès. Car il reste un grand débat de fond : l’eau doit elle avoir un prix ou doit elle être gratuite ? La gestion de l’eau doit-elle être publique ou privée ? L’eau peut elle être une marchandise ? La ligne de fracture reste fondamentale entre ceux qui avancent que si l’on veut économiser l’eau, bien rare, il faut lui donner un prix, et parce que la durabilité de l’approvision-nement et de la gestion occasionnant des frais, ils nécessitent d’être financés , Tandis que les autres, avec à leur tête Ricardo Petrella et la Fondation France Libertés suivie par de nombreuses ONG comme « Public Services International », tiennent au fait que l’eau est un bien commun de l’humanité qui ne peut être appropriée ni vendue par des privés, que sa gestion doit rester publique et que l’accès à l’eau gratuite doit être assurée pour les plus démunis . L’histoire de la gestion de l’eau tourne autour de ce conflit : dans les années 1990, la priva-

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LE FORUM MONDIAL DE L’EAULE FORUM MONDIAL DE L’EAU Une déclaration ministerielle à suivreUne déclaration ministerielle à suivre

Article 30 de la déclaration ministèrielle signée à Marseille par 130 pays (83 étant physiquement représentés) mettant l’accent sur les priorités suivantes : « - L’accélération de la mise en œuvre des obligations en matière de droits de l’homme pour l’accès à l'eau potable et à l'assainissement pour le bien-être de tous et la santé, en particulier pour les plus vulnérables, et l’amélioration de la gestion des eaux usées - Les interrelations entre l’eau, l’énergie et la sécurité alimentaire, en assurant la pleine cohérence des politiques et le bon fonctionnement des écosystèmes liés à l’eau, en vue d’exploiter les synergies et d’éviter les effets négatifs entre secteurs, créatrices d’une crois-sance durable et d’emplois ; - L’incorporation de l'eau dans toutes ses dimensions, économiques, sociales et environnementales, dans un cadre de gouvernance, de financement et de coopération, en s'appuyant sur les progrès accomplis vers la réalisation des objectifs du millénaire …/… tisation de la distribution saisit le monde. Les réseaux solidaires cherchent à l’éviter ; dans certains pays, la colère popu-laire conduit même à une interdiction consti-tutionnelle de la privatisation.. Très vite, les opérateurs privés eux-mêmes, se rendent compte que certains pays ne sont pas sol-vables et qu’il y a beaucoup à perdre. La Lyonnaise des eaux en fait l’expérience avec l’abandon de la dette de l’Argentine . Les investissements reculent dans les pays très pauvres . Les entreprises privées ne respec-tent pas leurs contrats d’entretien, les cou-pures sont de plus en plus longues dans cer-taines régions, Alors que faire ? les opérateurs publics n’ont souvent pas les moyens et les sociétés s’élèvent contre l’appropriation par le privé d’un bien commun à tous ? Les PPP ( partenariats publics /privés) res-tent une solution intéressante, mais ils n’empêchent ni la corruption, ni l’augmen-tation du prix de l’eau : au Sénégal l’opé-rateur public a confié au privé la gestion et l’accès aux services de l’eau et elle a augmenté de 120% entre 1995 et 2011 ! Ce qui a changé :Indéniablement, même si les multinationales de l’eau poursuivent la construction de leur empire, démocratie et gouvernance se sont invitées au débat. Depuis le forum de Mexico en 2006, les autorités locales ont été consacrées échelon pertinent de la gestion et le pacte d’Istambul leur permet depuis 2009 de s’engager sur les

principes « d’une gestion durable de la res-source, et sur des objectifs chiffrés et véri-tables ». Ateliers et tables rondes ont planché sur la corruption encore trop souvent pré-sente. Les ALR (autorités locales et régio-nales) étaient très présentes à Marseille et préparaient leur positionnement pour Rio+20. Le politique semble décidé à se réappro-prier la sphère technique . D.Martin Ferrari Quelles décisions sont sorties du Forum de Marseille ? Une déclaration minestérielle de six pages réaffirme en vue de Rio+20 le fait que l’eau reste un « facteur clé pour la paix et la stabilité » (mais rien n’est précisé sur les zones à risque de guerre : Israel/Pales-tine, Pakistan/Inde, Mexique/Usa …) , que l’eau joue « un rôle central sur l’économie verte dans le contexte du développement durable et de l’éradication de la pauvreté » L’eau s’invite donc sérieusement à Rio+20 (p 9 ). Elle réitère l’engagement d’atteindre les objectifs du millénaire (p 6 ) en insistant sur « la planification, de la coordination locale et nationale, des mécanismes adéquats de financement et d’investissement et des cadres robustes de régulation, de suivi et de redevabilité en impliquant toutes les parties prenantes » . Elle prône « une approche intégrée de l’assainissement et de la gestion des eaux usées »- …./….

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LE FORUM MONDIAL DE L’EAULE FORUM MONDIAL DE L’EAU Grandes déclarations, mais que fait Grandes déclarations, mais que fait --on en Franceon en France ?? …/…Un pas de plus est franchi concer nant l’intégration de l’eau aux décisions économiques à venir dites « croissance verte » : « nous entendons renforcer la cohé-rence des politiques, adapter les arrange-ments institutionnels existants et établir des cadres intersectoriels plus cohérents, équi-tables et durables pour assurer le DD » Les politiques d’accès à l’eau sont désormais liées aux politiques de sécurité alimentaire et de gestion économe de l’eau dans l’agricul-ture, mais aussi dans l’énergie Une nouvelle approche de l’eau plus systémique, plus virtuelle fait son chemin. Bien sûr la décla-ration ministèrielle précise les « conditions de succès pour ces mesures : la gouvernan-ce,( reconnaissance du principe de subsi-diarité, information des parties prenantes…), la coopération avec notamment la multipli-cation des efforts dans le domaine des eaux transfrontalières. 2013 , année internationale de la coopération pour l’eau devra se pencher sur cette question. Enfin , le financement : l’eau procure en termes économiques des retours sur investissements importants. L’article 26 de la déclaration précise leur bon usage, leur redistribution, conseille le recours aux financements innovants.. De bien belles déclarations mais qu’en est-il en France ?Alors que de nombreux pays (cf la Belgique) ont désormais inscrit le droit à l’eau pour tous dans leur Constitution la France ne l’a pas fait. Un excellent docu-ment sur internet fait le point sur la mise en œuvre du droit à l’eau et analyse les dédales du droit français à l’eau http://www.vie-publique.fr/documents-vp/extrait_droit_eau.pdf On y apprend que les constitutionnalistes estimant que 99% de la population a droit à l’eau, il est donc inutile de revoir la Consti-tution. Mais les nomades et les pauvres restent exclus des législations. Il a fallu huit ans pour faire adopter en France la loi sur l’eau. Elle est incomplète sur ce terrain. Des efforts importants venant du CESE et des des ONG tentent de modifier les régles d’ac-

cés à l’eau pour les plus pauvres . Entre un droit constitutionnel qui traite ses citoyens de manière « équitable » (cf : liberté, égalité, fra-ternité) et les dérogations envisagées, la lutte juridique est complexe. Le droit à l’eau pour tous n’est pas reconnu dans sa gratuité : De-puis 1990 on y travaille afin que les plus dé-munis aient droit, non seulement à des aides pour payer les factures d’eau qu’ils ne peu-vent pas honorer, mais en plus, le droit à une certaine quantité d’un bien jugé essentiel pour la dignité humaine. Alors pourquoi ce piétine-ment, d’autant que la loi sur l’eau précise que « l’accès à l’eau est un service public, régi par les cinq principes fondamentaux d’univer-salité, de continuité, d’égalité, d’adaptabilité et de cohésion sociale. Il faut donc, de ma-nière urgente, garantir le droit de chacun d’accéder à l’eau potable pour les besoins vitaux. » Des propositions sont avancées com-me la création d’un fonds pour le paiement de factures impayées, la mise en place d’un gui-chet unique commun à tous les services pu-blics pour les familles en difficulté, la défini-tion d’un "abonnement social”. Les services de l’eau ou de l’Etat peuvent –ils ou doivent – ils financer une réduction du prix ? et/ou at-tribuer une certaine quantité d’eau en com-plément aux mécanismes de prise en charge ? Il pourrait correspondre à tout ou partie de la fourniture d’environ 40 l par personne et par jour soit 45 € par personne et par an . ( Pour l’instant, la création d’un droit à une quantité d’eau gratuite pour tous n’a pas été retenue car elle est très coûteuse (plus de 2 Md€) et impliquerait d’augmenter considérablement le prix de l’eau au delà de la consommation gra-tuite. ) Cette aide pourrait être financée par les usagers moyennant un surcoût maximum de 1% du prix de l’eau, en créant un fond de soli-darité de 100 M€. D Martin Ferrari D’autres textes politiques et géostratégiques ont été signés à Marseille. Nous y reviendrons dans OF 11 : Rio et la paix

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LE FAMELE FAME : forum alternatif L’ea : forum alternatif L’ea L’eau, une question hautement polit iqueL’eau, une question hautement polit ique

Au FAME les ONGs d’environnement mais aussi de développement étaient réunies de manière solidaire : le CCFD, ATTAC, les fédérations internationales , mais aussi les Amis de la Terre….Tous ont apporté aux débats des exemples de terrain et ont fait le lien entre les déclarations politiques, appliquées ou non, et l’urgence des situations. On notera dans ce forum l’absence des associations de conservation de la nature. Le lien entre environnement et développement tissé à Rio 1992 est –il entrain de se défaire ? Non répond le président d’ATTAC « pour Rio, nous luttons tous pour la suppression de l’article 3 du draft zéro sur la marchandisation de la nature » Mais la plate forme des luttes communes est bien faible. Parmi les témoignages des ONG venues de tous pays, nous avons choisi cet exemple donné par l’IRDF, Integrated rural deve-lopment foundation : L'impact d’une dérégulation de l’eau aux Philippines. Il représente typiquement le débat sur l’inté-gration de l’environnement dans la future croissance dite verte. Comment maintenir l’équité entre usages ? Le réservoir d'Angat permet d'irriguer 30 000 hectares de rizières, de fournir de l'électricité et 97% de l'eau potable à la population de Manille. En 1997-98, sous les recommandations de la Banque Mondiale et la Banque Asiatique de Déve-loppement, l’Etat a décidé de déréguler le secteur de l’eau. Il a privatisé la gestion de ce réservoir en reconsidérant les droits d’eau traditionnellement attribués répartis entre le barrage hydroélectrique, le réseau de distri-bution d’eau potable et le périmètre irrigué qui dépend de ce réservoir. Le constat est univoque : Les deux entrepri- ses repreneuses respectivement de la gestion du barrage hydroélectrique et de la distribu-tion de l’eau potable ont réussi à grignoter auprès du gouvernement 22% des droits d’eau alloués aux agriculteurs irriguant leurs parcelles en saison sèche. Parallèlement à cette réallocation des droits, la gestion des canaux d’irrigation ainsi que la collecte des cotisations ont été déléguées aux associations d’irrigants (AI) qui n’avaient jusque là ja-mais été formées à l’entretien des canaux. Bien que l’ensemble des agriculteurs pay-aient leur redevance, l’agence nationale d’irrigation ne reverse qu’une faible partie aux AI. Le constat est univoque: les agriculteurs dont la production moyenne a été divisée par deux en en 10 ans quelques

années, se sont considérablement appauvris et ne parviennent plus à payer les redevances pour l'entretien des canaux. Face à l’immi-nence d’une perte de récolte importante pour le pays, la cour suprême sous la pression des organisations paysannes appuyées par IRDF à ordonner en 2010 la libération d’eau depuis le barrage afin d’irriguer les 25 000 ha de rizière sur le point de sécher sur pied. » Ethiopie, Tunisie , Haiti…nous aurions pu faire d’autres choix tout aussi révélateurs des débats qui vont être menés dans la réflexion sur la croissance dite « verte » . Les déléga-tions de compétences à des structures d’état qui sont éloignées des savoirs faire tradition-nels créent souvent des conflits.. Le conflit pour l’eau entre énergie et agriculture a clai-rement débuté. Qui arbitrera les choix ? Le message du CCFD est simple : « N’asséchons pas le potentiel des agricultures familiales « (et des savoirs traditionnels : voir le travail de l’académie de l’eau et de Pierre Alain Roche) « trouvons des alternatives aux solutions standardisées » car la préservation de la res-source environnementale se fait souvent au travers de normes, d’indicateurs qui n’ont aucun intérêt dans la gestion du complexe et du local , dé- mathématisons et renforçons les compétences. « Favorisons la gestion concertée et démocratique de l’eau » : une règle bien affirmée à Rio en 1992 et encore bien peu appliquée… Voir également sur ces sujets l’ouvrage d’Yves Lacoste : l’eau dans le monde : L'eau va devenir un des problèmes majeurs de la planète dans les 25 prochaines années. La population mondiale aura augmenté de 2mds d'individus, et ce, dans les régions les moins équipées d'un point de vue hydraulique.

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LE FORUM LE FORUM MONDIAL DE L’EAUMONDIAL DE L’EAU Objectifs du millénaire : atteindre l’objectif… ou pas ` La nouvelle est arrivée quelques jours avant l’ouverture du forum de l’eau. Selon le dernier pointage effectué par l’Unicef et l’OMS, les Etats membres de l’ONU seraient tout près d’atteindre l’objectif de réduction de moitié d’ici 2015 du nombre de person-nes n’ayant pas accès à l’eau potable. Actuellement, près de 90% de la population mondiale serait desservie. Selon les projec-tions, il n’y aurait dans trois ans «plus que » 672 millions de personnes à ne pas avoir à disposition une eau bonne à boire. Selon le rapport, à l’exception de l’Afrique sub-saharienne, la plupart des régions du monde sont sur la bonne voie. Vision optimiste? À Marseille, ce résultat a surpris «même si le développement rapide de la Chine et de l’Inde implique la construction à toute vitesse de réseaux efficaces de distribution touchant des populations qui comptent pour 40% de l’humanité» note un cadre d’une multinationale française. C’est qu’il y a eau potable et eau potable, et la limite n’est pas toujours aisée à tracer entre une situation satisfaisante au niveau sanitaire et une qui ne le serait pas. Au nom d’Aquifed, fédération internationale des opérateurs privés de service d’eau, Gérard Payen a dès le premier jour de débat, noté la différence entre «eau améliorée » qui est prise en compte dans les statistiques onusiennes et une eau saine disponible à volonté. Le percement d’un puits dans un village compte-t-il pour un «accès à l’eau potable » ? aquafed.org. Les normes sanitaires de l’OMS ne peuvent donc rendre compte à elles seules de la réalité du terrain. L’association humanitaire d’aide d’urgence «Solidarités international » estime ainsi que les chiffres donnés par l’OMS et l’UNICEF sont «trop éloignés de la réalité ». L’ONG estime, elle, que 1,9 milliard d’individus «n’a d’autre choix que de boire une eau dangereuse pour sa santé selon les normes de l’OMS ». Interpellant le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, l’organisme propose que les Nations Unies revoient sérieusement leurs chiffres de référence. La polémique est beaucoup moins vive pour l’assainissement. Là, pas de communiqué de victoire. Les objectifs du millénaire visent à faire passer la part de population sans toilet-

tes de 46% à 23%. Les toutes dernières projections donnent un pourcentage de 36% en 2015. Ce qui signifie que 2,7 milliards d’individus n’auront toujours pas d’assainis-sement à cette date. Le traitement des eaux usées reste un casse-tête même si des solutions simples et peu onéreuses comme le traitement par lagunage existent. Car c’est la collecte qui pose problè-me notamment dans les immenses mégalo-poles des pays du sud qui n’ont pas l’argent pour créer des réseaux d’égouts qu’il faut par ailleurs faire passer sous un tissu urbain existant. Dans leur déclaration finale, les pays signataires des objectifs du millénaire ont réitéré leur volonté de tout faire pour tenir leurs engagements. Ce n’est pas une chimère. Il suffit juste d’y mettre tous les efforts financiers et techniques nécessaires, mais surtout politiques. Loic Chauveau ------------------------------------------------------ ‘’Les experts de l’OMS et de l’UNICEF le savent, explique Grégory Bulit, de l’ONG SOLIDARITES INTERNATIONAL, une source d’eau améliorée, protégée de toute contamination -en particulier de matières fécales- lors de sa construction, ne signifie pas qu’elle le reste. Se pose ainsi la question de la réelle qualité de l’eau, mais aussi celle de son stockage, source là aussi de contamination, celle de l’accès à cette eau, en termes de prix et de distance, sans parler des méthodes de collecte des données utilisées pour dresser un tel état des lieux de l’accès à l’eau potable.’’

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RIO+20,RIO+20, le bilan de l’UNEP Qu’est ce qui a changé en vingt ans ? En choisissant le titre de Rio +20 pour le futur sommet de la Terre de Juin prochain, il avait été précisé : « cet anniversaire ne doit pas être un bilan ». Que craignait on ? Qu’un bilan des 20 ans écoulés depuis la signature des Conventions Climat, biodiversité, déser-tification et agendas 21, RIO+ 20 puisse conduire à une rencontre bien conflictuelle ? Que Rio deviennent une chambre d’enregistrement des plaintes et doléances concernant le respect des objectifs ? une mise au banc des accusés des pays qui avaient trop tardés à s’engager sur le climat ? Que se développe une crispation des pays émergents non concernés par les textes de 1992 et encore considérés à cette époque comme PED ? Le PNUE, l’OCDE, la Commission européenne n’ont cependant pu éviter de passer par la case « bilan » pour travailler leurs « prospectives » L’organisation des Nations Unies pour l’environnement a pris l’expression « Rio+20 » au pied de la lettre et s’est demandé ce qui avait bien pu changer en bien ou en mal ces vingt dernières années. Résultat : un document de courbes et de graphiques montrant un monde en évolution rapide. Les bonnes tendances et les mauvais penchants se mélangent pour donner l’image d’une Humanité qui fait face à des alertes de très mauvais augure mais donne quelques signes d’espoir. En vingt ans, la population mondiale a augmenté de 26% (soit 1,45 milliard d’hommes supplémentaires) pour atteindre les sept milliards d’individus. Il y avait dix villes de plus de dix millions d’habitants, elles sont 21 aujourd’hui, et la moitié de la population est urbaine. Malgré cela, le pourcentage de personnes vivant dans des bidonvilles est passé de 46% à 30%. Le changement climatique et ses effets se sont accentués. Les émissions mon-diales de CO2 ont augmenté de 36%, provoquant une hausse des températures de 0,4°C et le pH des océans a diminué de 8.11 à 8.06, signant l’acidification des milieux marins. 300 millions d’hectares de forêts ont été abattus depuis 1990. En revanche, les émissions de CFC responsables de la couche d’ozone stratosphériques ont diminué de 93%. Les énergies fossiles représentent 84% de la consommation totale d’énergie dans le monde, mais 16% proviennent de renouve-

lables : la consommation de biomasse a bondi de 300 000%, l’énergie solaire de 30 000% et l’éolien de 6000%. Ces deux décennies mar-quent le réel démarrage des énergies renou-velables. Ainsi, les investissements dans ce secteur ont été multipliés par 5,4 entre 2004 et 2010. Cependant, 1,4 milliards d’hommes n’ont toujours pas l’électricité. Les extractions de matière première ont bondi de 41% , la production de ciment a grimpé de 170%, celle d’acier de 100% et celle de plastique de 130%. Mais si de plus en plus d’énergie et de ressources naturelles sont consommées, l’efficacité énergétique fait que ces consommations sont moins importantes par produit fabriqué. Sans tenir compte des limites de la planè-te, les richesses se sont accumulées. Le PIB par habitant a augmenté de 80% dans les pays en voie de développement et de 33% dans les pays développés, mais un homme gagne en moyenne 5300 dollars au sud et 33 800 dollars au nord. C’est la nature qui trinque .L’une des questions de Rio +20 sera bien de concilier biodiversité et développement. Si nous nous enrichissons, la nature s’appauvrit. L’indice «planète vivante » qui suit les populations de 8000 espèces animales et végétales indique un déclin de 12% de la biodiversité au niveau mondial en vingt ans, de 30% au niveau des tropiques. Les aires protégées terrestres ont bien augmenté de 38% pour atteindre 13% de la surface de la terre, 7% des côtes et 1,4% des aires marines, mais cela semble bien dérisoire. Loïc Chauveau

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RIO +20RIO +20

Rio + 20 , un « nouvel élan pour la transformation de notre modèle de développement ? » C’est en tout cas la question posée par Laurence Tubiana, directrice de l'Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales) et de la chaire développement durable de Sciences Po , le 23 mars lors d'une conférence à Sciences Po -------------------------------------------------------- Lucien Chabason, environnementaliste con-vaincu, conseiller auprès de la direction de l'Iddri et président du Plan Bleu pour la Méditerranée, a immédiatement rappelé que « Rio+20 n'est pas une conférence sur l'envi-ronnement, mais sur l'intégration de l'envi-ronnement et du développement. » D’abord le bilan 1992/2012 : selon Nathalie Girouard de l'OCDE, il est très difficile à établir en raison du manque d'indicateurs so-lides, mais de l'avis unanime des intervenants, il est peu brillant. Alors que peut -on attendre du prochain Sommet ? qu’est ce que Rio peut réussir ? Toute l’équipe de l’IDDRI a fait son rapport, secteur par secteur. Selon Raphaël Billé, on attend un texte final sur les Océans Quatre thèmes sont en discussion: l'exploitation pétrolière offshore, la pollution marine d'origine tellurique, la pêche illégale, la protection de la biodiversité en haute mer ( point combattu par le Canada). Sur le climat, Emmanuel Guérin , estime que le Sommet de Rio pourrait s'engager sur une évaluation indépendante du respect des ob-jectifs adoptés à Copenhague. Un outil sup-plémentaire donc, permettant le contrôle, Mais on esquivera tout débat sur la reconduction ou non du protocole de Kyoto afin d’éviter les divisions. Du côté de la sécurité alimentaire, Sébastien Treyer, attend la reconnaissance de « l'agriculture durable » comme priorité. Pous-sée par la FAO, avec une position en pointe de l’UE dans la reforme de la PAC, l ‘agriculture durable sera au cœur d’un « nexus » : travail des femmes, usage de l’ eau accès à la terre, afin de concilier sécurité alimentaire et soutenabilité .Vincent Renard, s’est inquiété du fait que le thème des villes soit si peu présent

dans le processus de Rio+20 ou dans les conférences Habitat des Nations-unies. Pourtant, des questions comme l'assainis-sement, les constructions illégales ou la difficile gouvernance des grandes agglo-mérations constituent des enjeux majeurs pour le 21° siècle . En résumé, les seuls sujets sur lesquels les représentants des Etats réunis à Rio pourraient sinon trancher, du moins faciliter une conclusion rapide après la conférence, sont la transformation du PNUE en une agence ou organisation mondiale de l'environnement (sujet non abordé au cours de la conférence de l'Iddri) et la gouvernan-ce de la haute mer. Des « ambitions » limitées donc, mais qu'on ne peut pas pour autant tenir pour quantité négligeable... Laurent Samuel Le rapport « regards sur la Terre 2012 » fait l’objet d’une publcation chez A.Colin Pierre Jacquet (AFD), Laurence Tubiana (IDDRI), Rajendra K Pachauri (TERI) sont les auteurs de ce remarquable travail. D’abord , ils « décortiquent » 2011 , mois par mois . Exercice passionnant, qui permet de voir de quoi est faite une année ! Mais redoutable, quand on mesure à quel point certains sujets tournent en rond. La forêt, les conséquences de Fukushima, les crises alimentaires, la grande crise européenne de la dette publique, les risques énergétiques, l’apprentissage de la gouvernance des biens publics mondiaux : 2011 a été une année de basculement , et elle aura révélé la fragilité de la terre, et de nos économies. Autant de savoirs à ne pas négliger pour nourrir 2012. « Regards sur la terre » est une bible qui peut accompagner tous nos travaux : bien documenté, chiffré, et objectif… Et pour tous ceux qui travaillent sur Rio+20 ,qu’ils aillent directement p117 au chapitre « processus de Rio : bilans et perspectives » par Lucien Chabason et Henri de Cazotte. DMF

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Le nexus eau et la paix Le nexus eau et la paix Faut il aller pour se préoccuper d’environnement vers encore plus d’intégration à l’économie ? Le trépied semble de plus en plus bancal et risque bientôt de n’être plus qu’une chaise de bar en recherche de croissance. Brice Lalonde interrogé par Gabrielle Grenz (AFP) croit toujours avec conviction que Rio sera concret et mise sur le thème de l’eau et de l’agriculture. Ben Cramer nous rappelle qu’une mobilisation s’intensifie autour des réaffectations des budgets défense vers des programmes plus sociétaux. G. Grenz : Comment le Forum mondial de l'Eau va-t-il s'intégrer dans Rio+20 ? Brice Lalonde :« L'eau est une des priorités de l'agenda de l'avis général de tous les Etats qui négocient la déclaration de Rio et le Forum mondial de l'Eau lui a adressé un message par sa déclaration ministérielle (p. 3) Il y aura sans doute à Rio, une espèce de paquet avec l'accès universel à l'eau et à l'assainissement, ce dernier étant le maillon faible pour l'instant, et l'énergie. Avec un double message qu'on n'a pas d'énergie sans eau et pas d'eau sans énergie. Et puis, il y aura la question des économies d'eau, et troi-sièmement la nécessité écologique de proté-ger les écosystèmes. L'eau, il n'y en aura plus dans 15 ans, il va falloir faire de grosses économies et je pense qu'on inscrira les éco-nomies d'eau dans les conclusions de Rio » Si Rio+20 débouche sur la création, d'une Organisation mondiale de l'Environne-ment, incluant dans ses attributions le développement durable et l'eau, pourra-t-on se passer de ce genre de forum? « On aura toujours besoin de ces forums. L'eau, c'est une espèce de jeu entre le global et le local. L'eau est à la fois dépendante des grands phénomènes planétaires comme le réchauffement climatique, l'évaporation, les montagnes et, sur le plan local, comme en France, elle est gérée par les maires. Dans ces grands forums, on se rend compte des difficultés, on échange ses connaissances. Quand les deux adolescents du Mali ont parlé (le jour de l'ouverture devant un par-terre de personnalités) de leurs expériences, c'était très émouvant. Les diplomates, eux, ne sont pas forcément très familiers du terrain et ils ont tendance à évoluer dans l'aristocra-tie plutôt que d'être confrontés à la réalité avec des paroles très simples. » GGrenz, AFP, 15- 03

La Paix s’invite à Rio : le Désarmement pour le Développement Durable Un appel est lancé pour que les gouver- nements réunis à Rio s’accordent, dans le cadre d’un plan pour le désarmement, pour réaffecter des budgets militaires vers des programmes sociaux, économiques et éco-logiques. Ce fond international disposerait d'un capital de plus de 150 milliards (U$) ce qui représente somme toute, moins de 10% des dépenses militaires mondiales et cor-respond aux efforts annuel estimés pour viser les ODM. Les auteurs ? Le Bureau International de la Paix (IPB) dont le siège est à Genève, le Ré-seau International d’Ingénieurs et de Scien-tifiques pour une Responsabilité Globale (INES) à Berlin et le groupe de réflexion ‘Foreign Policy in Focus’ (FPIF) à Was-hington. Alors en Juin 2012 ? Au regard du blocage occasionné il y a vingt ans par les débats sur les impacts environnementaux des armes nucléaires, (et des essais), il est peu probable, que ce projet – qui peut fâcher- soit débattu, et que cet appel figure dans le document final du Sommet. Mais il n’et jamais inutile de rappeler que sur les 27 principes de Rio, 3 font référence à la paix. Que « la guerre exerce une action intrinsèquement destructrice sur le développement durable »(principe 24) ; que la paix, le développement et la protection de l'environnement sont interdépendants et indissociables (principe 25). Rio + 20 sera l’occasion de biens des projets. Mais désormais, est débattue, au sein des mi-lieux scientifiques de Pugwash , la mise sur pied d’un GIEC du désarmement. http://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_Pugwash Ben Cramer

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PORTRAIT: Roger BelbeochPORTRAIT: Roger Belbeoch ”C’est avant l’accident qu’il faut agir. Après, il n’y a plus qu’à subir” disait Roger Belbeoch. Il est mort le 27 Décembre 2011 : Se souvenir de Roger, célébrer Roger, c'est le relire. On en sort enrichi, pensif et plus déterminé à tenir. Roger Belbeoch n'aimait pas s'afficher, ni être photographié ou filmé. C'était un grand petit bon-homme, aimant la vie, un irréductible breton. Un vrai scientifique, précis, désintéressé, visionnaire, courageux, d'une indéfectible fidélité à ses enga-gements et terriblement exigeant sur le plan intel-lectuel. Tous ceux qui l'ont approché l’ ont apprécié. Ceux, plus nombreux, qui ont lu ses écrits, souvent associé à Bella, savent ce que rigueur intellectuelle alliée au refus de toute compromission signifie ! Ils savent aussi quelle force il tirait de sa révolte contre la lâcheté, la cynique mise en danger d'autrui, le mensonge institutionnel, et tout ce que le pouvoir charrie de plus puant. Par amour de l'Humanité. Par respect de la dignité de chacun et pour qu'elle cesse d'être bafouée. Honorons sa volonté de discrétion. Lui et Bella, son épouse, ont consacré plus de trente cinq années, unis comme les deux doigts d'une main, à nous aller-ter sur les dangers immenses que font courir à l'Hu- manité, à la Vie, les applications de l'énergie ato-mique. Se souvenir de Roger, célébrer Roger, c'est le relire. On en sort enrichi, pensif et plus déterminé à tenir. Se remémorer cette longue lutte nous fait croi-ser Roger et Bella dans ces moments où ce qu'ils craignaient était advenu : Three Mile Island, Tcher-nobyl, Fukushima et tous les accidents “mineurs”, signes avant-coureurs. Roger et Bella creusaient les dossiers les plus ardus, traduisaient inlassablement de l'anglais, du russe, approfondissaient leur réflexion sur l'ensemble des implications du développement de l'énergie atomique. Pour les faire partager. Ils ont été présents partout où l'essentiel se jouait : on les trouve en 1975 dans l'équipe qui a fondé le GSIEN (Groupement de Scientifiques pour l'Infor- mation sur l'Energie Nucléaire) dont la revue, La Gazette Nucléaire, reste une référence. Une revue dont les articles ne sont pas signés… seul le contenu importe. On les trouve à La Hague en 76, à Malville, à Nogent… On ne trouvera plus Roger aux côtés de Bella. C'était un cœur droit. Les cœurs droits montrent la voie digne. Yves Lenoir

PUBLICATIONS http://resosol.org/Gazette/ http://www.dissident-media.org/stop_nogent/ Roger Belbeoch était le Directeur de publication. « Nucléaire et Santé », édité par le CCPAH, http://dissident-media.org/infonucleaire/nucleaire_et_sante.pdf Jaurès Medvedev, “Désastre nucléaire en Oural”, traduit de l'anglais par A-R Fontanet, Roger et Bella Belbéoch, Isoète 1988 « Santé et rayonnement. Effets cancérigènes des faibles doses de rayonnement ». GSIEN/CRIIRAD, 1988. « Société nucléaire » PUF, 08/1990. http://www.dissident-media.org/infonucleaire/Les_notions_philosophiques.pdf «Les effets biologiques du rayonnement » et les « Mythes de la radioprotection », SEBES, n° 2, Genève, 11/1990 « Comment sommes-nous « protégés » contre le rayonnement ? Les normes internationales de radioprotection…., éd. Georg, 1998. SEBES. http://www.unige.ch/sebes/ « Tchernobyl, une catastrophe. Quelques éléments pour un bilan », L'Intranquille, une libre contribution à la critique de la servitude, n°1, Paris, 1992, pp. 267-373 (B.P. 75, 76960, ND-de-Bondeville). « Tchernobyl, une catastrophe. Quelques éléments pour un bilan », éd. Allia, 1993. http://www.dissidentmedia.org/infonucleaire/Tchernobyl_une_catastrophe_1993.pdf « Sortir du nucléaire, c'est possible avant la catastrophe », L'Esprit Frappeur n°20, Paris 1998, 123 pages.http://www.dissident-media.org/infonucleaire/sortir_du_nuc.html « Tchernoblues. De la servitude volontaire à la nécessité de la servitude », éd. L'Esprit Frappeur n°105, Paris, 2002, 109 pages. http://www.dissident-media.org/infonucleaire/tchernoblues2.html

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TERRES RARESTERRES RARES Diplomatie et gouvernance On n’en parlera probablement pas lors du Sommet de Rio + 20. Mais les Terres rares vont hanter les couloirs, là où se mèneront les tractations diplomatiques sur les aléas et les finalités de « la croissance verte ».

«Si nous n'y prenons pas garde, expliquait récemment Irving Mintzner, responsable du fonds américain spécialisé dans les é-nergies alternatives Potomac Energy Fund, nous risquons d'échanger les inconvénients de notre dépendance au pétrole du Moyen-Orient contre les inconvénients dus à une autre dépendance, celle au néodyme chinois». Si la question des terres rares ou sensibles est venue sur le devant de la scène et même de la scène médiatique, c’est aussi et surtout parce que ces enjeux nous propulsent vers un horizon conflictuel. En effet. La Chine s’est réveillée, conformément à toutes les prédictions et prophéties, mais nul ne l’attendait sur ce front. Pourtant, les Occidentaux ont pré-féré au siècle dernier fermer leurs mines, misant sur la législation laxiste des normes environnementales des pays qu’on qualifiait déjà d’émergents ; Une législation qui permettait au Nord de bénéficier doublement des richesses géologiques du sous-sol du sud. Puis est venue la réponse du berger à la bergère, avec une Chine annonçant sans complexe qu’elle allait restreindre sa production sur le marché mondial. Au nom, justement, de l’environnement. Jolie ironie de l’histoire. D’ailleurs, la dé-

cision de l’Organisation Mondiale du Com-merce (OMC) ne couvre pas ces fameuses et discrètes terres rares. Les autres producteurs dont l’ex-URSS avec 15% des réserves mon-diales, les Etats-Unis (10%) et l’Australie (5%) vont-ils songer désormais à se coaliser, ou constituer un équivalent d’une OPEP, cette organisation qui avait, dans les années 70, alarmé un Occident assoiffé de pétrole et prêt à tout pour en garder le monopole. Pareil scénario n’est pas crédible et pour cause : ces 17 métaux si convoités pour se faire une place dans la bataille des « technologies vertes » sont aussi des produits stratégiques qui s’avèrent indispensables pour le guidage stratégique des armes, l’industrie nucléaire et constitue le must de la technologie furtive - y compris le néodyme (cf. Options Futurs n° 9) que l’on retrouve dans des composants pour radars, ou sonars. Pas exactement ce qu’il faut pour en faire un bien public de l’humanité. Ben Cramer rappel : Les 17 élements regroupés sous le nom de «terres rares» font partie d'une liste, plus large, de 14 métaux stratégiques, établie par la Commission européenne dont la sécu-rité d'approvisionnement est fragile. http://www.franceculture.fr/blog-globe-2012-02-01-les-terres-rares-en-cartes-et-dans-la- presse-un-marche-strategique

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CERCLE DE LECTURE Le manifeste censuré d’Albert Camus retrouvé aux archives d’Aix en Provence par une collaboratrice du Monde Pour tous ceux qui ont raté cet article dans le Monde , voici le manifeste d’Albert Camus pour une presse libre. Cet article devait paraître le 25 novembre 1939 dans "Le Soir républicain", un quotidien limité à une feuille recto verso que Camus codirige à Alger. L'écrivain y définit "les quatre commandements du journaliste libre : lucidité, refus, ironie et obstination. » Camus y dénonce la désinformation qui gangrène déjà la France en 1939. Mais son manifeste va plus loin. Il n’est pas qu’une réflexion sur le journalisme en temps de guerre. Il prend un caractère d’universalisme et curieuse modernité en toute période de trouble proposant au delà du choix de la collectivité le choix de chacun de se construire en homme libre. Macha Séry , collaboratrice au Monde, a retrouvé ce texte aux Archives nationales d'outre-mer, à Aix-en- Provence (Retrouvez le dans son entier : http://www.lemonde.fr/afrique/ article/2012/03/18/le-manifeste-censure-de-camus_1669778_3212.html suivi d’un nouvel article réintégrant ce manifeste dans l’œuvre philosophique et romanesque de Camus : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/03/18/les-devoirs-du-journaliste-selon-albert-camus_1669779_3212.html « Il est difficile aujourd'hui d'évoquer la liberté de la presse sans être taxé d'extrava-gance, accusé d'être Mata-Hari, de se voir convaincre d'être le neveu de Staline. Pourtant cette liberté parmi d'autres n'est qu'un des visages de la liberté tout court (…) Certes, toute liberté a ses limites. Encore faut-il qu'elles soient librement reconnues. (…) Un des bons préceptes d'une philosophie digne de ce nom est de ne jamais se répandre en lamentations inutiles en face d'un état de fait qui ne peut plus être évité. La question en France n'est plus aujourd'hui de savoir comment préserver les libertés de la presse. Elle est de chercher comment, en face de la suppression de ces libertés, un journaliste peut rester libre. Le problème n'intéresse plus la collectivité. Il concerne l'individu. Et justement ce qu'il nous plairait de définir ici, ce sont les conditions et les moyens par lesquels, au sein même de la guerre et de ses servitudes, la liberté peut être, non seulement préservée, mais encore manifestée. Ces moyens sont au nombre de quatre : la lucidité, le refus, l'ironie et l'obstination. La lucidité suppose la résistance aux entraî-nements de la haine et au culte de la fatalité. Cette vue claire des choses exclut la haine aveugle et le désespoir qui laisse faire. Un

journaliste libre, en 1939, ne désespère pas et lutte pour ce qu'il croit vrai comme si son action pouvait influer sur le cours des événe-ments. Il ne publie rien qui puisse exciter à la haine ou provoquer le désespoir. Tout cela est en son pouvoir. En face de la marée montante de la bêtise, il est nécessaire également d'opposer quelques refus. Toutes les contraintes du monde ne feront pas qu'un esprit un peu propre accepte d'être malhonnête. Or, et pour peu qu'on connaisse le mécanisme des informations, il est facile de s'assurer de l'authenticité d'une nouvelle. C'est à cela qu'un journaliste libre doit donner toute son attention. Car, s'il ne peut dire tout ce qu'il pense, il lui est possible de ne pas dire ce qu'il ne pense pas ou qu'il croit faux. Et c'est ainsi qu'un journal libre se mesure autant à ce qu'il dit qu'à ce qu'il ne dit pas. Cette liberté toute négative est, de loin, la plus importante de toutes, si l'on sait la maintenir. Car elle prépare l'avènement de la vraie liberté. En conséquence, un journal indépendant donne l'origine de ses informations, aide le public à les évaluer, répudie le bourrage de crâne, supprime les invectives, pallie par des commentaires l'uniformisation des informations et, en bref, sert la vérité dans la

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CERCLE DE LECTURE (suite)CERCLE DE LECTURE (suite) mesure humaine de ses forces. Cette mesure, si relative qu'elle soit, lui permet du moins de refuser ce qu'aucune force au monde ne pourrait lui faire accepter: servir le mensonge. Nous en venons ainsi à l'ironie. (…) Il reste que l'ironie demeure une arme sans précédent contre les trop puissants. Elle complète le refus en ce sens qu'elle permet non plus de rejeter ce qui est faux,mais de dire souvent ce qui est vrai.(…) Une vérité énoncée sur un ton dogmatique est censurée neuf fois sur dix. La même vérité dite plaisamment ne l'est que cinq fois sur dix. Cette disposition figure assez exactement les possibilités de l'intel-ligence humaine. Elle explique également que des journaux français comme Le Merle ou Le Canard enchaîné puissent publier régulièrement les courageux articles que l'on sait.(…) Cette attitude d'esprit brièvement définie, il est évident qu'elle ne saurait se soutenir efficacement sans un minimum d'obstination. Bien des obstacles sont mis à la liberté d'ex-pression. Ce ne sont pas les plus sévères qui peuvent décourager un esprit. Car les menaces, les suspensions, les poursuites obtiennent généralement en France l'effet contraire à celui qu'on se propose. Mais il faut convenir qu'il est des obstacles décourageants : la constance dans la sottise, la veulerie organisée, l'inintelligence agressive, et nous en passons. Là est le grand obstacle dont il faut triompher. L'obstination est ici vertu cardinale. Par un paradoxe curieux mais évident, elle se met alors au service de l'objectivité et de la tolérance (…) Voici donc un ensemble de règles pour préserver la liberté jusqu'au sein de la servitude. Et après ?, dira-t-on. Après ? Ne soyons pas trop pressés. Si seulement chaque Français voulait bien maintenir dans sa sphère tout ce qu'il croit vrai et juste, s'il voulait aider pour sa faible part au maintien de la liberté, résister à l'abandon et faire connaître sa volonté, alors et alors seulement cette guerre serait gagnée, au sens profond du mot.. » Albert CAMUS

Début 2012 , nous avions évoqué l’ouver-ture de six nouveaux canaux gratuits sur la TNT. Trente candidats ont postulé , six ont été retenus. Ils visent tous entre 1,5 et 2% d’audience. HD1 : chaîne de fictions, de séries et de téléfilms (famille TF1) qui ont fait la gloire et l'armature des succès de la chaîne historiqueTF1. HD1 a pour mission de travailler comme un laboratoire d'idées et de prototypes, en matière de formats courts 6 TER chaîne familiale (famille M6) : une chaîne à dominante magazines et documen-taires qui accueillera de la fiction en soirée. Il y aura également une forte présence de programmes d'animation. Cherie HD, chaîne féminine (famille NRJ): une chaîne qui entend sortir du triptyque: mode/déco-/beauté et veut remettre la femme là où elle est, c'est à dire au cœur de la société et de la vie politique et économique. Une place importante sera donnée aux magazines. Le budget pourrait être supérieur à 50 millions d'euros. RMC Découverte : (famille NextradioTV) chaîne de documentaires.S’est inspirée de France 5. Elle proposera une grille de pro-grammes alternant chaque soir une théma-tique différente. Les programmes se veulent accessibles à toute la famille. Le budget se situera autour de 35 millions d'euros. L’équipe HD (groupe amaury) chaîne de sport TV vous , (multiples actionnaires) : chaîne de toutes les diversités, du handicap à la famille mono-parentale, à base de magazines et de documentaires.

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NOUVEAUX MEDIASNOUVEAUX MEDIAS La « curation », nouvel outil du web citoyen ? Comme chacun le sait, l'information sur le net est surabondante. Que ce soit via les moteurs de recherche ou les réseaux sociaux, on se trouve vite submergé, ou égaré sur des voies de garage, et il est difficile de trouver les éléments vraiment pertinents. Pour essayer de résoudre ce problème, un nouveau type de pratique a fait son apparition depuis deux ans, avec un nom à première vue barbare : la « curation ». Comme l'explique l'excellent site Ouvertures animé par Jean-Luc Martin-Lagardette, « curation est le mot utilisé par les Américains pour nommer la pratique consistant à sélectionner, éditorialiser et partager du contenu, par analogie avec la mission du curator, le commissaire d’expo-sition chargé de sélectionner des oeuvres d’art et de les mettre en valeur pour une exposition ». Par extension, le terme désigne, selon Wikipédia, « une pratique qui consiste à sélectionner, éditorialiser et partager les contenus les plus pertinents du Web pour une requête ou un sujet donné ». Avant de parta-ger des textes, images ou vidéos comme les réseaux sociaux permettaient déjà de le faire, le « curateur » commence par les trier et les hiérarchiser. Pour cela, il utilise une « plate-forme » de « curation » comme Scoop.it ou Pearltrees, accessibles gratuitement sur le net. Le « cura-teur » choisit le sujet et le titre de sa page, qui se présente un peu comme une page d'ac-cueil de site web d'information. Dès lors, il se voit automatiquement proposer des pages web en rapport avec son sujet, qu'il peut met-tre en ligne sur sa page d'un seul clic. Si cette sélection automatique se révèle peu réactive, le « curateur » peut aller lui-même chercher les infos sur le web et « suivre » d'autres pages Scoop.it sur le même thème. Avant de mettre en ligne un contenu, le « cu-rateur » est libre d'en changer le titre, d'ajou-ter un « chapeau », de supprimer ou intégrer une image. L'ordre des sujets est aussi modi-fiable, afin de faire « monter en une » (en haut de la page) une information importante. Chaque utilisateur est aussi libre de proposer à d'autres « curateurs » de partager les conte-nus qu'il a sélectionnés. Le travail du « cura- teur » se compare ainsi à celui d'un spécia-liste de la veille stratégique, ou du documen-taliste qui recherche et classe les éléments

pertinents sur différents sujets. En France, l'emploi des termes « curateur » et « curation prête cependant à confusion, puisque le pre-mier mot désigne, selon le Littré, « celui qui est chargé d'assister un incapable, de régir des biens par autorité de justice », tandis que le second qualifie l' « ensemble des moyens employés pour obtenir la guérison d'une maladie ». Certains leur préfèrent la dénomination, guère plus claire, d' « agregation web ». « L'utilisation de la curation de contenu divise, note Wikipedia. D'un côté, les "pro-curation" revendiquent un statut de trieur ou filtre du web donnant plus de visibilité aux contenus de qualité. De l'autre, les "anti-curation" dénoncent notamment un pillage des contenus du web et des droits d'auteurs bafoués. » En permettant à tout un chacun de devenir rédacteur en chef de sa page, la « cu-ration » est en tout cas un outil de « journa-lisme citoyen ». A condition toutefois de res-pecter les règles de base de la déontologie journalistique (voir le site Ouvertures), déjà souvent mises à rude épreuve dans la presse « classique », et que les citoyens journalistes ne connaissent pas forcément... Laurent Samuel - Le site Ouvertures : http://www.ouvertures.net/portail/index.asp - Le Scoop.it d'Ouvertures sur journalisme et déontologie http://www.scoop.it/t/journalisme-et-deontologie - Le Scoop.it Actualités écologie de Laurent Samuel http://www.scoop.it/t/actualites-ecologie - Comment créer son journal personnel avec Scoop.it http://www.01net.com/editorial/559306/creer-son-journal-personnel-avec-scoop-it/

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EINSTEIN ON THE BEACHEINSTEIN ON THE BEACH Une chance incroyable : pouvoir assister à la première mondiale de la reprise d’Einstein on the Beach En 1971, Jack Lang révèle Robert Wilson et Phil Glass au Festival du Théâtre international de Nancy. En 1976 dans le cadre du festival d’Avignon , Wilson présente « Einstein on the Beach » . Fin Mars 2012, l’opéra est repris à Montpellier . Un plaisir à partager. Un immense souvenir En 1971 , à Nancy, encore étudiante, je découvrais grâce au festival mondial du théâtre « le regard du sourd » et l’extraor-dinaire metteur en scène « Bob Wilson » . Jack Lang avec ses équipes l’avait déniché aux Etats-Unis, comme il avait déniché le Bread and Pupett et quelques-uns des plus grands créateurs de la seconde moitié de ce siècle Jerzy Grotowski, Tadeusz Kantor, Shuji Terrayama, Pina Bausch... Mai 68 était passé sur le festival : nous avions occupé le théâtre en même temps que les parisiens l’Odéon, et nous faisions partie des adeptes de ce festival qui dès ses origines, s’est voulu « politiquement «engagé» : farouchement anti- colonia-liste, anti-impérialiste , anti-fasciste, anti-bourgeois… » A tel point qu’en 1969, la Municipalité de Nancy avait envisagé de mettre fin au Festival perçu comme une rencontre d’ « enragés » et de dangereux « révolutionnaires ». Pourquoi ces souvenirs ? parce que, com-me le dit Daniel Lannoy qui réalisa pour Arte un superbe documentaire sur cette aventure, j’ai eu la chance de faire partie de cette génération qui garde « Le souvenir d’un lieu où tous les allumés, tous les clochards célestes, tous les enfants du Che, tous les fils d’Artaud, tous les utopistes du monde entier se retrouvèrent pour célébrer les noces de la vie et de la jouissance, de la justice et de la fraternité. Avec un même sentiment partagé d’inno-cence et de révolte. » Après Nancy, toute approche théâtrale se fit bien tiède. Même Avignon…Et donc restèrent Wilson, Pina Bausch et quelques autres… Einstein on the Beach : J’avais raté la créationà Avignon en 1976, et voilà que je me retrouve au bon endroit ,

au bon moment. C’est à Montpellier que le reformatage d’ «Einstein on the Beach » vient d’être donné en première mondiale. Seul Jean Paul Scarpitta, patron de l’Opéra Orchestre National de Montpellier, parfois contesté localement, l’a accueilli acceptant de relever un défi refusé par le Châtelet. L’émotion a été entière. L’opéra dure quatre heures et demi. A voir son œuvre découverte par une troisième génération, Robert Wilson savait qu’elle « serait plus familière avec la technologie, mais résisterait-elle aux cinq heures de spectacle ? » . Le très bel opéra du Corum était plein à craquer. Le premier interlude passé, « le premier « knee play », tout le monde est resté collé à sa chaise. Subitement la lenteur est devenue nôtre, l’image renvoyée par la scène opère son miracle, l’esprit caracole : envie d’écriture, remémoration d’une tâche à accomplir, souvenir d’un mot d’une situation.. Errance. Dans la tête, le fantastique et l’impossible se mêlent au trivial , à l’anecdotique. Et puis le son prend la main sur l’image surprenante et magique. Seize choristes et aussi danseurs psalmodient la musique de Phil Glass , comme un chant grégorien- comme un mantras disent les critiques – Elle imprègne, ensorcelle conduit le train, noie le brouillard, poursuit les corps de sa répétition , accompagne l’enfant et le vieillard , deux récitents constante des opéras de Wilson.

La chorégraphie est de Lucinda Childs. Pro-pulsée au rang des plus grands chorégraphes mondiaux, elle fût proche de Merce Cunnin-gham et surtout de John Cage. En 1973, elle fonde la Lucinda Childs Dance Company. DMF

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ROBERT WILSONROBERT WILSON DECRYPTAGES DECRYPTAGES Montpellier accueille un événement ar-tistique mondial : le remontage d’ « Einstein on the Beach » de P. Glass, R. Wilson et L. Childs (suite)

Robert Wilson et Raymond Andrews

Einstein on the beach

Robert Wilson http://www.liberation.fr/theatre/0101591707-les-dessous-de-bob-wilson Extraits de l’interview d’Eric Dahan (lien ci –dessus) « Mon père a d’abord insisté pour que j’étudie commerce et administration avant de devenir avocat comme lui et son propre père. J’ai tenu six mois. Puis j’ai voulu étudier la peinture à New York et il a insisté ensuite pour l’architecture puis l’école d’ingénieur, et là j’ai dit : «Ça suffit !» C’est par hasard que je suis tombé sur Raymond Andrews, un adolescent noir de 13 ans en train de se faire tabasser dans la rue par un flic. J’ai demandé au flic d’arrêter ; le gamin n’était pas attardé, il était sourd-muet. Au bout de quelques jours, j’ai compris qu’il allait être mis dans une institution et j’ai tout fait pour l’adopter. Moi-même, enfant, j’avais été guéri du bégaiement par Byrd Hoffmann en apprenant simplement à ralentir mon rythme et mes mouvements corporels. Je me suis retrouvé comme consultant thérapeutique, à Harlem, à Brooklyn, dans des hôpitaux, et à ma plus grande surprise, on m’a proposé de tenir un séminaire à Harvard. ..J’ai fini par accepter, pour payer mes études d’art….» « Quand des jeunes artistes en France me disent que ça coûte cher de faire des spectacles, je leur dis qu’au même moment à Taipei, il y a des gens qui montent des spectacles dans leurs appartements, exactement comme nous à New York dans les années 60. Moi, je ne voulais pas spécialement faire du théâtre, ni être théra-peute. Vivre au quotidien avec un sourd-muet comme Raymond Andrews, puis un autiste comme Christopher Knowles m’a révélé des choses sur la perception visuelle, le temps, le langage du corps, le sens du geste, qui sont la matière littérale du Regard du sourd de 1971 et des spectacles qui ont suivi ».

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TEMOIGNAGES TEMOIGNAGES et voyages Vous revenez de voyage, de reportage, de tournage, vous avez envie de partager vos impressions, cette page est pour vous . ( envoi : [email protected]) Retour d’Inde – lettre de voyages “Incredible India”, c’est peut-être du marketing, du ‘branding’ comme disent les Anglo-saxons, mais le slogan se confirme : ce pays émergent est ‘incroyable’ avec un PNB qui a quadruplé en l’espace de dix ans. La volonté d’émerger est partout, mê-me aux abords des péages des grandes routes, où l’inscription « Il ne s’agit pas seu-lement de routes, il s’agit de construire une nation » ne peut laisser indifférent. On en oublierait presque qu’un accident intervient sur ces routes à chaque minute et que le pays détient un triste record : 10 % de tous les accidents dans le monde. Les Indiens représentent 17 % de la popu-lation et dispose de 5% de ressources en eau sur Terre. Le voisin chinois qui les titille et avec qui ce géant en devenir par-tage 3500 kilomètres de frontières, n’a que 8% des eaux de la planète et compte 22 % de la population mondiale. Mais entre ces deux poids lourds qui rivalisent, l’Indien se console tant bien que mal en affichant fièrement qu’il est le pays le plus jeune du monde. La preuve ? : 65% de sa popula-tion a moins de 35 ans et l’Inde conservera son titre de pays le plus jeune du monde jusqu’à 2050. Ceci n’empêche pas les journalistes de rappeler que le budget de la défense, soit 36 milliards U$ pour l’exercice 2011-2012 (un tiers du budget affiché par Pékin) est plus de deux fois supérieur aux budgets combinés de l’édu-cation et de la santé. Un décalage qui passe mal dans un pays où 35 millions d’enfants ne sont pas scolarisés et où 626 millions sont encore privés de sanitaires. Ben Cramer

A lire

A voir : Le site Gaia Network est actuellement en refonte. Mais le catalogue reste accessible en cliquant sur (puis sur catalogue) http://www.gaia-network.com/index1.php De nombreux documentaires réalisés sur l’eau à travers le monde permettent de revoir des exemples concrets de gestion des eaux dans le monde. Nous vous en proposons trois, mais vous pouvez vous-même faire votre panier Retour sur les enjeux du 3° forum de l’eau pour mesurer le chemin parcouru (2003) http://www.gaia-network.com/production_nv/film.php?formatique=documentaires26&thematique=societe&numero=114 Un « mariage » agriculture /industrie : la compensation (2002) Aline Houdy http://www.gaia-network.com/production _nv/film.php?formatique=documentaires26&thematique=environnement&numero=79 Mayotte : régler la question de l’assainis-sement (2002) D. Martin Ferrari http://www.gaia-network.com/production _nv/film.php?formatique=documentaires26&thematique=viedumonde&numero=78 E. Réau tourné en 1998 : la Yamuna fleuve de vie et de fleuve de mort http://www.gaia-network.com/production_ nv/film.php?formatique=documentaires26&thematique=viedumonde&numero=40 Et bien d’autres exemples au Niger, au Mali, dans les dom…

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AGENDAAGENDA 29 Mars / 1 Avril : sommet mondial des Verts à Dakar Jean-Paul Besset (EELV) : " C’est ici en Afrique et dans les pays du Sud que se joue l’avenir du monde. L’écologie n’est pas une affaire d’Occidentaux, c’est une affaire de l’humanité souffrante. La mutation écolo-gique sera universelle ou elle ne sera pas." 1-7 avril Semaine du développement durable : 3 avril 2012 à Paris - Troisième Forum du Club France RIO+20, « Rio+20 : un nouveau souffle pour une transition économique ? » [email protected] 3-4 Avril à l’Institut Pasteur Un colloque proposé par Natureparif et France Nature Environnement : « Restauration écologique : quand conserver ne suffit plus ! » 3-4-5 avril 2012 - Paris Salon des Energies Renouvelables, Porte de Versailles www.energie-ren.com 4-5 avril à Genève – Congrès international sur la sécurité énergétique – des solutions pour une croissance économique durable assurant sécurité énergétique et préservation de la planète. www.energysecuritycongress.com Jeudi 5 avril : première édition du colloque national photovoltaïque. 5 avril à PARIS – université de printemps du CJDES (Centre des Jeunes, des dirigeants et des acteurs de l’économie sociale, associa-tion historique de l’Économie Sociale) 7-8-9 avril 2012 - Aix-les-Bains Forum Terre-du-Ciel avec Pierre Rabhi au centre des Congrès sur le thème 'Incarner l'Utopie' 11-12 avril à Deauville – Premier festival international du film corporate pour l’écologie et de développement durable, [email protected] 22 avril – Journée de la Terre – www.earthday.org 24 avril à Luxembourg – Green Business Summit 2012. http://gala.greenworks.lu 22-27 avril 2012 - Montréal Conférence 'De la connaissance à l'action' sur l'Année Polaire Internationale

« Ceux » de Malevil à la Folie Théâtre, 6 rue de la Folie-Mé-ricourt, 75011 Paris Jusqu'au 13 mai 2012 Entre solidarité et chacun pour soi, comment ferions-nous face aux conséquences d'une catastrophe nucléaire majeure ? Cette question était au centre du roman Malevil de Robert Merle (1972). Une jeune troupe, la Compagnie des Barriques, en a réalisé une adaptation. Même si la nature de la catastrophe n'y est jamais précisée, Malevil était prémonitoire, puisque ce best-seller était sorti 7 ans avant Three Mile Island et 15 ans avant Tcherno-byl. On nota aussi l'étrange quasi-homonymie entre Malevil, nom du château où se déroule l'essentiel de l'intrigue, et Malville, localité où fut construit Super-Phénix , contre lequel les écologistes organisèrent de grands ras-semblements en 1976 et 1977. La Compagnie des Barriques a réussi à con-centrer l'esprit de ce roman de 536 pages (dans l'édition de 1972) en une pièce dense et enlevée d'une durée d'1 h 40. Au cœur du drame, les tensions et rapports de force psy-chologiques entre les survivants. Un an après le drame de Fukushima, comment ne pas se passionner pour leur sort ? Un spectacle à voir d'urgence ! Laurent Samuel

http://www.compagniedesbarriques.com/ceux-de-malevil

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