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Livre2 Christianisme Romain en Questions

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Le Christianisme Romain en questions

LA NATIVITE

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Le Christianisme Romain en questions

DE SACRO

Le Christianisme romain

en questions

Histoire critique du christianisme romain

Hereses

2009

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Le Christianisme Romain en questions

In memoriam

Jean-Claude Picard C.N.R.S -La Sorbonne- E.P.H.E. 5ème Section

Prématurément décédé à l’âge de 53 ans

Son érudition, sa volonté de dialogue, la relativité de ses convictions,

son ironie enchantaient ses auditoires

et transformaient en complices ses élèves , qui témoignent ici par l’intermédiaire de l’auteur

de leur reconnaissance et de leur fidélité.

Un ouvrage lui a été dédié sous le titre : «Le Continent Apocryphe»

«Essai sur les littératures Apocryphes Juive et Chrétienne» édité par Brepols, à Turnhout en Belgique, en 1999.

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Le Christianisme Romain en questions

Preface : ÃPourquoi mettre en questions le christianisme romain?

Le mouvement chretien et ses ecritures» Ã

Le christianisme invente son histoire sainte» Ã

Foire aux questions Ã

Bibliographie Ã

Iconographie Ã

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PRéSENTATION DE L’AUTEUR:HERESES

L’auteur est un homme âgé, plusieurs fois arrière-grand-père. Il présente la parti-cularité d’avoir, pendant 14 années, participé assidûment et activement aux travaux de la Direction d’études des origines du Christianisme, à la 5ème section de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes de la Sorbonne à Paris. Pendant 7 ans simultanément, il a suivi également les sessions d’études sur la Patristique Grecque et l’Histoire des dogmes. L’ensemble de ces activités l’a conduit à entendre et interroger plusieurs professeurs de renommée internationale venant principalement des Etats-Unis, Russie, Canada, Angleterre, Italie, Suisse et Israël; outre les professeurs français dirigeant les travaux assistés de plusieurs chercheurs du C.N.R.S. L’auteur fut pendant plusieurs années reconnu comme élève de l’E.P.H.E. par arrêté de M. le Ministre de l ’Education Nationale, de ce fait autorisé à présenter des études personnelles.

Le moment est venu pour lui de faire le point, alors que durant ces 14 années aucun de ces universitaires renommés n’a osé poser la question préalable à toute recherche sur le Christianisme :

Jésus a-t-il historiquement existé ?

L’auteur développera, dans une histoire critique de la religion romaine dite ca-tholique et apostolique, une réponse aussi simple que dérangeante: Jésus n’est qu’un héros littéraire. Les évangiles, qui décrivent le personnage, sont en réalité des ouvrages hagiographiques, totalement anhistoriques malgré leurs «effets de réel» ; ils ont été composés progressivement, par strates parfois contradictoires, empilées au fil des siècles compte tenu du contexte des différentes époques, allant de la pure oralité des origines à la textualité variant continûment des manuscrits médiévaux. Jésus est devenu un véritable filon littéraire permettant à un corps de nombreux experts de vivre, de trouver satisfaction et notoriété;outre le fait qu’ils sont généralement des fonctionnaires de l’Etat-Eglise vaticanes-que, dont l’ambition demeure le gouvernement universel des âmes.

N’ayant aucun souci de carrière universitaire, libre d’exposer ses opinons, même si elles mettent en cause l’Institution ecclésiale, l’auteur se veut polémique et satirique lorsque les situations analysées dévoilent une supercherie ou, davantage, une im-posture. Portant un patronyme connu dans la littérature française, que RABELAIS emprunta en 1532, il protège sa liberté d’expression par le pseudonyme d’HERESES. Il sait qu’il n’émet que des opinions subjectives, tout comme les «professionnels du divin» haut-parleurs d’une vérité absolue totalement absente de notre Univers, lieu de transformations continuelles; vérité acceptée, malheureusement, par trop de nos contemporains dont les peurs viscérales les conduisent à rechercher une

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sécurité «transcendantale». Xénophane de Colophon avait déjà déclaré au VIème siècle avant notre ère que tout n’était qu’opinion et que toute religion consistait en une création par des hommes; il dévoilait les anthropomorphismes derrière lesquels les dieux créés essaient de se cacher.

L’auteur serait comblé s’il contribuait à pousser quelques lecteurs à se poser, malgré le langage conventionnel sur la sainteté de l’Eglise-Etat, à se poser enfin des questions essentielles sur les faux cultivés par le Vatican. La froide lucidité est préférable, à son avis, à l’apparente sécurité apportée par des dogmes inventés pour imposer une Loi dite «divine», mais effectivement celle de l’Eglise romaine.

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Préface: Pourquoi mettre en questions le Christianisme romain ?

Certes, l’ «Histoire critique du christianisme romain» constitue, en elle-même, une démysification convaincante de cette religion, et de l’histoire de la Papauté. Elaborée pertinemment à partir de centai-nes de documents archéologiques épigraphiques philologiques , de centaines de références bibliogra-phiques à plus de 300 ouvrages traitant de ces questions avec une autorité reconnue , et de centaines d’illusrations diverses , l’H.C.C.R. a provoqué la fureur des «profes-sionnels du divin», qui ont cru as-

séner une vérité absolue en la qualifiant de «caricature du mythisme» . Ils restent, nonobstant, les serviteurs d’un «divin» créé directement par leurs écrits et discours, supposés apporter à leurs «fidèles» obéissants un remède aux peurs qu’eux-mêmes, les «pasteurs» des troupeaux, ont suscitées pour une part non négligeable. L’hu-milité apparente de leurs propos ne peut cacher continuellement la vanité, voire la fatuité, d’attitudes, qui, sous le prétexte de conduire les «brebis» au Ciel ( ? ), leur imposent des règles de conduite, dont l’observance donne à ces «professionnels»la possibilité d’exercer leur volonté de puissance, et de gagner ainsi notoriété sociale et rémunérations.Dès le 17ème siècle, cette supercherie fut dénoncée par d’anciens membres de la «Compagnie de Jésus», missionnaires au Japon.La nature mythologique de la religion romaine, paléo-chrétienne d’abord, puis christianiste, se découvre complètement dans ses écritures supposées «divines», et d’abord dans l’Ancien Testament aux chapitres consacrés à la création, au jardin d’Eden, au déluge. On sait, depuis la fin du 19ème siècle, que ces passages retrans-crivent des récits sumériens sur tablettes cunéiformes datées du 3ème millénaire avant notre ère, tels la «Légende de Gilgamesh» et le poème de la création «Enuma Elis», dont les Judéens ont pris une connaissance approfondie, lors de leur exil à Babylone de 587 à 537 avant notre ère. La mythologie , directement issue de l’ima-gination humaine , a eu pour objet premier de fournir aux Anciens,curieux, une explication assimilable par leurs esprits, de ce qui constituait leur nature-même,

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de ce qu’est la terre, de ce qui l’entoure visiblement, et des phénomènes observables comme le vent, la pluie, les bienfaits de l’hydrothérapie, la fertilité des sols liée à l’action de la lune et du soleil ...etc. . Avant l’invention de l’écriture sous sa forme élémentaire cunéiforme, des hommes doués ont, durant des millénaires, projeté en peintures rupestres et sculptures le paysage mental des groupes auxquels ils appartenaient, leurs savoirs empreints de croyances magiques, fruits de leur ques-tionnement incessant sur eux-mêmes et leur environnement; ils cherchaient une explication à l’existence de chaque objet et structure, de chaque phénomène sen-sible, perçus comme influençant directement le cours de leur vie, pour agir éven-tuellement sur eux à la recherche d’un profit personnel. L’air qu’ils expiraient permettait d’imaginer un Acteur, habitant au-delà de la terre, soufflant le vent remuant les forêts et les remplissant de bruits étranges; de même , l’eau renversée signalait la présence d’un autre Acteur, siégeant au ciel, jetant sur la terre les pluies formant les rivières et fleuves; les vases utilisés exigeaient l’action d’un potier; l’existence de l’homme lui-même ne pouvait s’expliquer que par un Fabricant d’une taille supra-terrestre, le façonnant comme un ustensile. La relation de cause à effet s’imposait à tous les esprits comme clé de la connaissance. L’ intuition de l’évolu-tion universelle fut exprimée, pour la première fois, par Héraclite, à la fin du 6ème siècle avant notre ère, par sa célèbre formule: tout coule ( panta reï); il fallut at-tendre Lamarck et Darwin, au 19ème siècle de notre ère, pour que cette notion devint une pensée scientifique.

On ne peut manquer de s’interroger sur les raisons de ce si long délai, de plus de deux millénaires, sépa-rant l’intuition d’ Héraclite des for-mulations de Lamarck puis de Darwin. Pour l’essentiel, ce si long espace de temps est dû à l’immobi-lisme qui a frappé la majorité des esprits dès l’institution du christia-nisme et la dogmatisation de sa doctrine, mais bien plus encore à dater de la création de l’Etat Ponti-fical romain au milieu du 8ème siè-cle, étendant magiquement son influence à tout l’Occident euro-péen, dirigeant une Eglise en pos-

session supposée d’une vérité «divine» intangible, autorisant les intelligences les plus subtiles à commenter, uniquement et sans relâche, les leçons qu’Elle diffusait, par l’exercice d’un monopole absolu de la culture réfugiée dans les scriptoria des monastères et les écoles épiscopales; jusqu’aux débuts du 13ème siècle où la créa-tion des premières Universités donna corps à un essai, encore bien timoré, d’une laïcisation de l’enseignement; jusqu’à ce que l’invention de l’imprimerie mécanique, au milieu du 15ème siècle, vint marquer, concomitamment à la chute de Constan-tinople, la mort de la romanité et la fin du sombre Moyen Âge (malgré la rutilance des édifices cultuels), du fait de la revanche des langues vernaculaires sur le latin

Invitation à la recherche de la vérité.

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ecclésiastique, le développement populaire de l’alphabétisation et de la lecture provoquant, ainsi, une véritable révolution culturelle. Dès le 15ème siècle, celle-ci fut scandée par quelques voix contestataires devenues célèbres, telle, par exemple, celle de Lorenzo Valla qui réduisit à néant la fausse «Donation de Constantin», dont le contenu avait servi de justification à la création de l’Etat Pontifical en 754/756, et autorisé les Papes à se prétendre les héritiers successifs de Constantin le Grand; telle, aussi, au 17ème siècle, celle de R.Simon, qui démontra dans son «Histoire critique du Vieux Testament» l’anhistoricité du Pentateuque, attribué traditionnellement à Moïse bien que relatant des faits situés après sa mort. Tou-tefois, ces voix furent vite étouffées par la Hiérarchie de l’Eglise romaine, à l’instar de Bossuet, menacée de perdre avec sa notoriété sociale les honneurs qui lui étaient habituellement rendus; pour tout dire, elle pouvait craindre de se voir attaquée dans ses intérets matériels, ce que fit la Révolution française de 1789 en proclamant les Droits de l’Homme et du Citoyen ( dénoncés par la Papauté en 1791 comme contraires aux droits de dieu ), et décapitant, en 1793, Lois XVI, le roi de «droit divin» dont la mort entraîna,de fait en France, celle du dieu chrétien, hypostasié en «Empereur céleste et Seigneur de Majesté» par le 4ème Concile oecuménique de Constantinople en 869.L’immobilisme intellectuel de l’Administration, à Rome, de l’Eglise à l’origine ca-tholique, apparut à l’évidence à l’occasion du Concile oecumènique Vatican 1er en 1869/1870, édictant le dogme de l’infaillibilité pontificale. Depuis Grégoire VII en 1077, les Papes prétendaient à cette infaillibilité et à la maîtrise de la désignation des princes, rois ou empereurs, en qualité de «Vicaires» de dieu sur cette terre (réduite à l’Europe occidentale !) ;mais les princes, rois ou empereurs, se réclamaient aussi d’une origine «divine» et s’opposaient vigoureusement aux prétentions pontificales.Cette lutte d’influence prit diverses formes au cours des siècles, dont le gallicanisme, magnifié sous le règne de Louis XIV par la plume de Bossuet:le roi tenait son ori-gine «divine» non pas du fait d’une onction tracée par un membre de la hiérarchie ecclésiastique, mais du fait-même de sa fonction. En définitive, l’opposition sur ce point fut telle que jamais une forme quelconque d’infaillibilité pontificale ne fut promulguée avant le Concile Vatican 1er. La situation changea totalement avec le triomphe de la Révolution française en 1789 et la suppression de toute royauté d’origine «divine»; la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, et l’institu-tion de la démocratie soulevèrent l’hostilité irréductible de la Papauté, qui y voyait un empêchement définitif à l’exercice de son pouvoir théocratique. Finalement, le Pape resta le seul prince prétendant encore à une origine «sacrée». Comme peu après, au cours du 19ème siècle, l’unification italienne se concrétisa par l’intégration des Etats Pontificaux dans le royaume d’Italie, dont Rome devint la capitale en 1870, le Concile Vatican 1er s’empressa, puisque toute oppositions était effacée, de réaliser un souhait vieux de huit siècles et d’édicter une infaillibilité pontificale, même si réservée à certaines déclarations, qui vint compenser la perte de tout pouvoir temporel (faisant alors du Pape un prince de l’Europe occidentale!), et renforcer considérablement son autorité «spirituelle» et morale à l’échelle de la planète. Assurément plusieurs évêques et supérieurs d’Ordres religieux exprimèrent une vive désapprobation, mais ils ne furent jamais entendus; jamais, aucun Pape,

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désigné après ce Concile, ne proposa l’abolition du nouveau dogme puisque cette infaillibilité consacrait son autorité, sans limite, sur les populations chrétiennes du monde entier, autorité qui pouvait s’opposer aux lois prises par leurs Nations res-pectives ; désormais, ces populations chrétiennes furent soumises à deux pouvoirs, d’une part le pouvoir politique de leur Etat, d’autre part le pouvoir dit «spirituel» du Pape, qui avait réussi à profiter des circonstances pour devenir réellement, au bout de huit siècles , «Pastor Universalis». Le Pape Léon XIII illustra parfaitement cette nouvelle situation, puisque, malgré son «emprisonnement» au Vatican, il envoya des nonces dans les principaux pays chrétiens d’Europe et d’Amérique, et fit accepter l’arbitrage de l’Eglise pour régler divers conflits dressant les uns contre les autres quelques pays d’Amérique centrale ou du Sud . Cette attitude «pétrifiée», ayant pour socle, prétend-on , un livre qualifié de « divin» mais créé et imprimé seulement en 1592, s’illustra également par une opposition aux découvertes scientifiques modernes; cette opposition alluma l’un des derniers bûchers de l’Inquisition, tout au début du 17ème siècle, dressé pour punir les hérésies de G.Bruno, selon lequel l’univers contenait une multitude de mondes habités par diverses espèces dotées d’intelligence, autres que l’humanité. La papauté semble raisonner encore en fonction de l’Ancien Testamentdéclarant que le soleil s’arrêta un jour entier sur Gabaon ( Josué X - 12/14 ).Jean-Paul II a bien demandé pardon pour le procès intenté contre Galilée, mais il a utilisé des termes si restrictifs que vraisemblablement le Vatican imagine toujours le soleil tournant autour de la terre .L’attachement fautif à la lettre d’une «Ecriture» proclamée encore «sacrée», bien que foncièrement artificielle, éclate d’une manière flagrante à la lecture d’un missel en possession de nombreux «fidèles», publié en 1942 par la Maison Mame, éditeur pontifical à Tours, après l’imprimatur donné le 16 Janvier 1942 par l’Archevêque de la ville.Ce missel, oeuvre de A.Fleury, reprend dans un calendrier liturgique, imprimé tout au début du livre à la date du 25 Décembre, un extrait du Martyrologe romain, écrit par le cardinal Baronius en 1586 à la demande du Pape Grégoire XIII;ce passage du Martyrologe fixe la date de la naissance de J.C. exactement à 50 siècles après la création de l’Univers par le dieu de la bible.On savait, déjà du temps de Pie XII, que l’Univers a pris forme par l’explosion d’un Big Bang, succédant à un Big Crunch, vieux d’environ 15 milliards d’années.Son évolution continuelle s’est manifestée par l’apparition d’un système solaire, il y a environ 5 milliards et demi d’années, donnant forme à la terre un milliard d’années plus tard, résultant vraisemblablement de la collision de plusieurs proto-planètes; puis l’humanité est née, il y a environ 3 millions d’années.Le 6ème millénaire avant notre ère, date ecclésiastique de la «création» supposée, correspond, en fait, à la fin de l’ère néolithique.Un certain abbé Breuil, préhistorien renommé, s’est illustré en son temps par l’étude de gravures rupestres datant de 12.000 ans et plus avant notre ère, mais J.P.II, dans son «infaillibilité», a qualifié péjorativement la science de «scientisme».En France, en 1841, parut la première édition ( la 14ème, en notre possession, est datée de 1862 ) de «l’Histoire sainte» de V.Boreau, approuvée le 4 Octobre 1841 par le secrétaire de Mgr. Affre, Archevêque de Paris, par ordre de ce dernier, dont

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la mort, en 1848, sur une barricade du côté des royalistes, marqua l’échec de la Restauration religieuse contre-révolutionnaire de 1815/1830; concomitamment avec l’avènement de la 2ème République et l’abolition de l’esclavage aux Antilles. Si l’on considère attentivement le siècle séparant, en France, cette année 1841 de l’année 1942, date de la publication du Missel de A.Fleury, on constate que «l’His-toire sainte» diffusée par l’Eglise romaine est toujours basée sur les indications irréelles du Martyrologe romain de 1586.La création du monde est toujours fixée à 50 siècles avant la naissance de J.C. ; ce que dieu, omniscient par définition et auteur supposé de la bible, n’aurait pu laisser dire, s’il existait vraiment. Les sciences ont certes peu évolué du 16ème au 19ème siècle, mais il n’en est pas de même entre 1841 et 1942. Dans toutes les disciplines, l’esprit humain a progressé de façon spectaculaire , spécialement dans les domaines de l’archéologie, de la préhistoire, de l’astro-physique...etc.Le physicien L. de Broglie, catholique fervent, a démontré, vers 1925, que la lu-mière ( dieu, pour tous les peuples de l’aire indo-méditerranéenne!) consistait en une matière ondulatoire et corpusculaire ! Rien n’a conduit la Papauté à modifier ses dogmes et son «Histoire sainte», dont les enfants en Europe reconnaîssent le caractère affabulatoire.La pétrification de la pensée de cette Eglise, élevée sur la lecture d’un livre prétendu «divin», reste la manifestation la plus évidente d’une volonté de puissance cher-chant à maintenir la situation sociale, politique et financière de l’Etat du Vatican.Plus la science progressera et plus le fossé s’élargira entre les connaissances de l’esprit humain rationnellement instruit et la «doctrine» chrétienne, situation tragique transformant l’Eglise romaine en une secte proliférant, comme toutes les autres, à partir des peurs innées et induites d’une partie de l’humanité.

Finalement, l’Histoire critique du Christianisme romain n’a pu éviter de se pré-senter comme un travail de nature universitaire; ce qui peut rebuter des lecteurs cherchant des réponses directes à des questions simples .C’est pourquoi nous avons jugé utile de proposer sous une forme plus accessible le contenu de l’ouvrage en questionnant sans tergiversations les divers aspects du christianisme.

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Le Mouvement chrétien et ses «écritures»

Assurément , toutes les questions et réponses relatives au christianisme romain se réfèrent, directement ou non, à ses écrits «sacrés», à sa Bible, à la matérialité de laquelle nous avons réservé tout un chapitre dans la «Lecture raisonnée de l’évan-gile», à laquelle il pourrait sembler suffisant de se reporter ;toutefois, à notre époque, où l’insécurité généralisée provoque un retour vigoureux des fondamentalismes, où certains groupements chrétiens organisent des sessions d’étude pour développer la lecture d’une Bible en hébreu qualifiée de texte original, il nous paraît utile, sinon essentiel, de rappeler quelques notions primordiales concernant l’Ancien et le Nouveau Testament .Il convient ici de souligner que la doctrine de l’Eglise romaine concernant les «livres saints», ceux «dont Dieu est l’auteur unique», a été définie par le Concile oecuménique de Trente dans la quatrième session du 8 Avril 1546.Il y a été décrété que ces «livres saints»se trouvaient uniquement dans la vieille Vul-gate latine; la Papauté avait, seule, l’Autorité pour l’interpréter; elle devait l’impri-mer «le plus correctement possible»; ce qui intervint en 1592 par la publication de la Sixto-Clémentine, vingt ans après la Saint-Barthélemy, et six ans avant la signature de l’Edit de Nantes mettant fin aux horreurs des guerres de religion en France. On créait ainsi les bases de la Contre-Réforme.

- L’Ancien Testament du christianisme romain .L’A.T. a consisté en la traduction en latin, formant l’essentiel de ce que l’on a ap-pelé les veteres latinae antiques, non pas de la Bible juive lue, à l’époque, dans les synagogues, mais de l’ouvrage écrit en grec, à Alexandrie capitale de l’Egypte, vers 275 avant notre ère, et dénommé La Septante.A cette époque, le Pharaon, Ptolémée Philadelphe, voulut accomplir le dessein de son père, Ptolémée Soter, de rassembler dans la bibliothèque du Musée de la ville, des copies ou traductions en grec de tous les livres connus alors, dont la Bible juive; sa capitale, Alexandrie, comptait, alors, un nombre important d’habitants d’ancienne origine juive, qui demandaient à être jugés, le cas échéant, selon leur propre loi ancestrale, dite la Torah, incluse dans le Pentateuque comprenant les cinq livres de la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres, et le Deutéronome.A ces oeuvres, se sont ajoutés, postérieurement et progressivement , les autres li-vres de la Bible juive, mais la Septante contient,en plus de cette dernière, au moins deux autres livres;(à ce sujet, on consultera avec profit l’étude collective consacrée à «La Bible grec-que des Septante» rédigée sous la direction de Mme M.Harl, éditée par Le Cerf, à Paris , en 1988 ).Une comparaison minutieuse des textes fait ressortir plus de 3.000 variantes entre eux ; l’on ne saurait , donc, assimiler la Septante à la Bible juive, malgré des liens de filiation vraisemblables, d’autant moins que la Septante n’a jamais été considérée par les Juifs comme appartenant à leur littérature «sacrée».D’une part, en effet, le personnel sacerdotal du Temple de Jérusalem prétendit assez

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vite que cette traduction grecque de la Torah était faussée pour avoir trop voulu tenir compte des préoccupations du Pharaon initiateur; d’autre part, sa langue même s’opposait à une lecture dans les synagogues de la diaspora ou au Temple:les livres «divins» ne pouvaient être écrits qu’en hébreu. Bien avant l’orée de notre ère, la langue hébraïque ne fut plus parlée par les Juifs, religieux; ils estimaient qu’utiliser la «langue divine» dans le langage usuel aurait été blasphématoire.Leur langue vernaculaire, l’araméen, fut imposée, autrefois, par les envahisseurs Assyriens, Babyloniens, ou Perses, mêlée à un grec vulgaire, la coïné, à la suite des invasions hellénistiques du temps d’Alexandre le Grand; si bien que la lecture des écritures «saintes», en hébreu, au Temple ou dans les synagogues de la diaspora, par un personnel instruit à cette fin , obligeait à une traduction verbale immédiate, en langue populaire, pour l’édification des «fidèles».Finalement, la Septante n’était reçue qu’à Alexandrie par les judéo-alexandrins, et dans quelques colonies fondées par eux dans le sud égyptien.Les historiens spécialisés estiment généralement que la Septante, aux 1er et 2ème siècles de notre ère, était totalement absente de la pensée juive à tel point que, dans les années 130, un rabbin nommé Aquila dota le judaïsme nouveau (après la destruction en 70 de Jérusalem et de son Temple) d’une traduction complète en grec de la Bible juive, sans référence aucune à la Septante;son travail fut repris, dans les années 165, par un autre rabbin du nom de Sym-maque.

C’est en 1919 que l’hébreu fut officiellement accepté parmi les langues parlées en Palestine, encore sous mandat britannique jusqu’en 1948.Ce ne fut pas la «renaissance»d’une langue antique , mais la consécration de l’invention d’une langue dite hébraïque dûe au travail obstiné d’un homme seul : Eliezer Ben-Yehouda ( 1858/1922 ) .Né en Lithuanie, dans un milieu juif traditionnel, il étudia à Paris, et, après un séjour en Afrique du Nord, s’établit à Jérusalem, en 1881 .Il y devint journaliste et s’obstina à n’utiliser que «son hébreu», en toutes circons-tances, même dans le cadre de la vie quotidienne; il s’attacha, sans trêve, à diffuser «son hébreu» parlé, parmi les colons juifs installés en Palestine.Il inventa une langue adaptée au monde moderne, à partir de termes bibliques, michniques, médiévaux, du vocabulaire aschkénase, mais prononcés et accentués selon le parler séfarade. En 1890, il créa le Comité de la langue hébraïque, qui deviendra, par la suite, l’Académie hébraïque .En 1910, il commença la publication du Dictionnaire complet de l’hébreu ancien et moderne; l’ouvrage, terminé en 1959, comprend 17 volumes.Finalement, par la volonté d’un homme qui se pensait fidèle à l’évolution de l’his-toire juive, la jeune Nation israëlienne utilise une langue vernaculaire que ses Anciens n’auraient pas comprise .

Il y a, donc, une différence astronomique entre l’hébreu utilisé de nos jours et la langue de Moïse, si toutefois Moïse parlait bien un idiome sémitique et

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non l’égyptien de son temps; d’autant que le dieu de Moïse habitait le Mont de la Lune, ou Sinaï; ce dieu était SIN, le grand dieu mésopotamien, père de tous les dieux, maître de la Fertilité.Le Pentateuque, quelle que soit sa forme: juive traditionnelle, samaritaine, ou alexandrine dans la Septante, trahit toujours ses lointaines origines su-mériennes, consignées en écriture cunéiforme sur tablettes d’argile remon-tant au 3ème millénaire avant notre ère .

- Le mouvement paléo-chrétien : comment la Septante devint l’Ancien Testament chrétien ? De nos jours encore, on présente ordinairement les premiers chrétiens comme les membres d’une secte juive fixée en Palestine.C’est l’expression d’une conviction collective et individuelle fondamen-talement «fidéiste», déterminée non par la connaissance du contexte historique de la période et du pays considérés, mais par les besoins socio-psychologiques de l’intervention d’entités merveilleuses habitant le Ciel: dieux, anges, ou démons, représentatives du bien et du mal, dont les êtres humains dépendraient totalement.C’est l’expression hagiographique de l’existence d’êtres humains incapables de se conduire par eux-mêmes.C’est l’expression d’un infantilisme, dont la direction par des universitai-res et généralement les «professionnels du divin», leur sert à renforcer une situation sociale prééminente, et protéger des intérets matériels très concrets.L’histoire est foncièrement différente d’une telle vision «béate», et dévoile clairement le but des «prophètes» d’exercer sur les «fidèles» une volonté de

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puissance, sans solution de continuité .

En 71 avant notre ère, la défaite sanglante de Spartacus, en Italie méridionale près de Brindes, et sa disparition inexpliquée du champ de bataille constituèrent une préface historique au mouvement paléo-chrétien .

Le mouvement néo-chrétien, lui, résulta , en 325 , de la fusion à l’échelle de l’Empire de l’ancien mouvement paléo-chrétien dans le christianisme de Constantin pour former l’Eglise catholique romaine, lors du premier Concile oecuménique de Nicée en 325.

La personnalité tout à fait exceptionnelle de Spartacus, esclave, vendu comme gladiateur , son charisme, son rayonnement amenèrent son entourage à le vénérer tel une incarnation de Sabazios, dieu thrace, frère jumeau de Dionysos. Lorsqu’il décida, en 73, de s’échapper et de se révolter contre l’ordre romain, il réussit à former rapidement une armée de plus de 70.000 hommes, tous animés par un sentiment extrême de vengeance.Aussi bien, Spartacus remporta rapidement cinq victoires successives sur Crassus et ses légions; Rome eut peur !

L’armée des esclaves pilla les régions italiennes traversées pour se rendre en Cisalpine, au nord;là, de nombreux compagnons abandonnèrent Spartacus pour retrouver, libres, leur sol natal, la Gaule. Conscient de son infériorité numéri-que, Spartacus décida, alors, de gagner le sud, la région de Tarente, d’où il espérait pouvoir se rendre en Sicile, ou traverser l’Adriatique, et

ainsi échapper aux troupes romaines renforcées, entre temps, par le retour de Pompée, arrivé d’Espagne. Malgré quelques nouveaux succès sur ses poursuivants, ceux-ci réussirent à le prendre en tenaille, avant qu’il ne pût réaliser son dessein. La révolte fut noyée dans le sang , mais Spartacus disparut du champ de bataille, emporté, dit-on, sur un char par une prêtresse de Sabazios, qui le suivait dans ses déplacements .

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De nombreux esclaves furent faits prisonniers;

une répression particulièrement cruelle s’abattit sur eux, à l’échelle des peurs qui avaient secoué Rome. Ces milliers d’hommes furent condamnés au supplice «du bois», à être suspendus à un tronc d’arbre jusqu’à mourir d’une lente asphyxie, au bout de 24 ou 48 heures; on aligna ces milliers «d’arbres» le long de la Voie Appienne;le poète Catulle, meurtri par cette vision, s’en déclara torturé.Certes, durant le millénaire suivant, aucune autre révolte, armée, ne put se manifester parmi la main d’oeuvre servile, mais les sentiments se ren-forcèrent d’une hostilité de plus en plus vive à l’égard de l’Etat impérial romain et de ses successeurs;à tel point que, pour tenter d’apaiser les esprits dans les classes sociales exploitées, l’Eglise catholique romai-ne dut déclarer, au cours du Concile oecuménique de Chalcédoine en 451, que dieu s’était incarné sur terre sous la forme d’un esclave.

Cette peinture, exécutée par un élève inconnu de Rubens, est ce qui reproduit

le plus véritablement le supplice dit de la crucifixion .

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ADDENDUM: Crucifixion et Mise en croix

Il importe de distinguer crucifixion et mise en croix

Le verbe latin cruciare a le sens général de supplicier, faire périr dans les tortures; il ne prend le sens de mettre en croix que tardivement, après l’in-troduction de la croix dans la doctrine de l’Eglise romaine, en 451, par le Concile de Chalcédoine; d’autant qu’à l’époque de ce Concile le supplice, dit maintenant de la crucifixion, n’était plus exécuté depuis 150 ans (!), rem-placé par le gibet et une mort immédiate par strangulation.

La crucifixion était, durant les trois premiers siècles de notre ère, le sup-plice réservé aux esclaves; il consistait dans une lente asphyxie, ce qui lui conferrait une durée longue, parfois plus de deux jours, écourtée souvent par le bris des jambes des condamnés. L’opération revenait très cher du fait de l’obligation de surveiller son déroulement, ce qui immobilisait des forces de maintien de l’ordre parfois importantes. Il fallait réduire le coût de l’exécution, et, habituellement, on n’employait pas de croix menuisées, même grossièrement, mais de simples troncs d’arbres fichés dans le sol; à leur sommet, on fixait solidement un crochet en partie recourbé dans lequel on passait la corde épaisse qui liait les mains du supplicié, de telle sorte que ce dernier était suspendu le long de l’arbre (arbor infelix!). Les pieds étaient attachés sur une planchette située au-dessus d’eux, les jambes fléchies, afin que le supplicié pût se redresser pour happer l’air dont il avait besoin, jusqu’à ce que la fatigue, oppressante, empêchât ce mouvement et entraînât la mort. L’emploi de clous ne pouvait être qu’exceptionnel, car ils devaient être forgés à la main, un par un, ce qui augmentait le prix de revient du supplice.Dans l’aire géographique du monde indo-européen, depuis la plus haute antiquité, la croix dessinait schématiquement un arbre «sacré», tronc et branches.

L’arbre, surtout si placé au bord d’un plan d’eau ou d’une rivière, sym-bolisait la Vie perpétuée et constituait le domicile d’un dieu, dont l’action bienfaisante s’exerçait dans le périmètre de son ombre projetée. La mise en croix d’une divinité permettait la visualisation par les «fidèles» du dieu de l’action fertilisatrice développée par celui-ci, dont le sang, jaillisant des mains et pieds percés, et ( ou ) de son côté entaillé, en tombant sur la terre, communiquait au sol les qualités «divines» de la fécondation; ainsi, était assuré aux hommes leur salut, c’est à dire leur bonne santé, grâce à l’abon-dance des récoltes. Les reproductions de la mise en croix d’un dieu, par le

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dessin, l’enluminure, peinture ou sculpture, manifestaient la permanence de sa Providence et rassuraient ses «fidèles», d’autant que, de surcroît, la scène était habituellement éclairée par le Soleil et surtout la Lune, les deux Agents divinisés de la Fécondité de la Terre.Ces reproductions devinrent tout à fait nécessaires, après que l’Empereur Théodose eût décidé, en 391, à la demande d’Ambroise évêque de Milan, de n’autoriser que l’ exercice du christianisme constantinien, dont les paléo-chrétiens furent les premiers «fidèles».

En effet, cette décision ne pouvait, à elle seule, conduire les citoyens de l’Empire à changer subitement leurs habitudes cultuelles.A Rome, depuis 7 siècles, on pratiquait le culte de Cybèle et d’Attis auquel était lié le souvenir glorieux des victoires sur Carthage.Chaque année, depuis 7 siècles, les citoyens romains consacraient la «se-maine sainte», précédant l’arrivée du Printemps, au culte métroaque.On commençait par choisir dans une forêt de pins un arbre pour le dédier à Attis, parèdre de Cybèle, la Grande Mère. On l’enrubannait, on le portait en procession dans la Ville, puis, le mercredi, on enterrait le dieu, mort symboliquement, avec son arbre-croix; on se lamentait, et, le troisième jour suivant, le jour de l’équinoxe vernal, on déclarait le dieu ressuscité. Cette résurrection, toute symbolique, contenait l’explication du renou-veau de la Nature, du Printemps; elle déclenchait dans toute la Ville la joie bruyante des hilaries.Quel cataclysme aurait pu subitement effacer ces pieuses coutûmes, au risque d’empêcher, désormais, le retour annuel du Printemps ?Le christianisme constantinien établissait essentiellement la divinité, pleine et entière, de l’Empereur Constantin, fils de la Lumière, « vrai dieu de vrai dieu».

Le Credo du Concile de Nicée, en 325, articulait ses dogmes contre l’aria-nisme professé par des paléo-chrétiens d’Orient, qui ne concernait en rien les citoyens ordinaires pratiquant habituellement le culte impérial.Ce Credo ne contenait aucune allusion à l’arbre-croix utilisé pour l’ancien supplice des esclaves . Lorsque, vers 415, par l’application rigoureuse de la volonté impériale, sans raison autre qu’un ordre devait être exécuté, le culte ancestral de Cybèle-Attis fut interdit, les citoyens se «christia-nisèrent», amenant avec eux leurs traditions séculaires, que le nouveau et unique culte religieux dut absorber dans son rituel et sa doctrine, en construction. On introduisit dans le Credo nicéen la résurrection du dieu le troisième jour, souvenir précis du culte métroaque; on introduisit le culte millénaire de la croix salvatrice d’origine «païenne», par une lettre de Léon 1er, évêque de Rome ( 440/461), à Flavien patriarche de Constan-

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tinople, comprise dans les Actes du Concile de Chalcédoine, en 451. Toute-fois, la présence, parmi les «christianistes», d’esclaves en grand nombre généralement illettrés et incultes obligea à des figurations concrètes de la mise en croix, symbolique jusqu’alors. Certes, les récits de croix salvatrice et de la fertilisation du sol par le sang d’un dieu ne leur étaient pas étran-gers; eux-mêmes, ou leurs ancêtres, les avaient répétés avant d’être réduits à l’état de simples outils de production, mais leurs conditions matérielles d’existence, du fait de leur extrême dureté, avaient nécessairement réduit leur faculté d’imagination; il leur fallait visualiser concrètement une scène, décrite oralement, pour y adhérer; il leur fallait toucher les gouttes de sang tombant sur terre pour croire à leur efficacité fertilisatrice. En outre, pour eux, le dieu figuré en croix ne pouvait être que l’Empereur Constantin puisqu’il avait, en son temps, sauvé les chrétiens des périls mortels de la persécution de Dioclétien; il les avait comblés de bienfaits, construit leurs temples, transformé leurs épiscopes (évêques) en agents de l’unité impé-riale; il avait déclaré, disait-on : je suis la voie, la vérité, la vie !Bref, à ces néo-chrétiens, il fallait des représentations de toute sorte d’une mise en croix de leur Empereur pour être rassurés dans leur espoir de son retour à la fin des temps, et de leur revanche finale sur les propriétaires, même si devenus leurs coréligionnaires.

En définitive, contrairement à la confusion commise habituellement de nos jours, les représentations de la crucifixion et d’une mise en croix ont des si-gnifications tout à fait opposées. Les premières sont des signes de mort, les secondes célèbrent la Vie perpétuée par la Providence divine pour le salut de l’humanité.C’est ainsi que ces dernièrent furent dessinées, enluminées, peintes, ou sculptées durant 5 siècles, du 6ème au 11ème siècle, l’évangéliaire de Ra-bula constituant un prototype que nous avons reproduit; jusqu’à ce que les famines cataclysmiques causées par «les grandes faims» et la pratique du cannibalisme amenèrent les hommes à douter des vertus de leur dieu; ils finirent par penser que, la terre ayant perdu sa fécondité, leur dieu s’était assoupi, ou, pis, était mort.

Tout au début du 11ème siècle, des groupes de paysans se révoltèrent, péné-trèrent dans des églises et cassèrent les représentations autrefois vénérées.On commença à dessiner un dieu sur une croix le corps plié et non plus droit, dénudé et non plus habillé royalement, les bras tirés vers le bas et non plus horizontaux, la tête couchée sur une épaule, les yeux fermés.Le Soleil et la Lune, toujours présents, se mirent à pleurer devant le specta-cle catastrophique de la terre se dessèchant ......!En 1215, l’Eglise romaine jugea nécessaire de réaffirmer la permanence de

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la Providence et, à l’occasion du 4ème Concile oecuménique de Latran, in-venta la transsubstantiation, c’est à dire la transformation de dieu en pain et vin des hommes, non pas symboliquement mais réellement. Les prêtres furent, à cette fin, dotés, désormais, du pouvoir magique, par l’exécution d’un rituel théatral, d’obliger leur dieu à devenir pain et vin, tout en res-tant lui-même après chaque opération. Le pain et le vin consacrés de cette manière étaient distribués aux «fidèles», qui communiaient dans la divini-té; le pain pouvait être conservé, de surcroit, dans un ciboire, et les églises ou autres temples contenant ces vases devinrent les demeures de «la toute puissance» divine, qui ne put résister, malgré tout, à aucun incendie, à aucune destruction provoquée par une guerre.

En 1224, l’apparition des stigmates sur François d’Assise fournit la preuve visible de l’épanchement perpétuel du sang divin fécondateur;ces stigmates firent de François une relique vivante ! Les représentations de la mise en croix reprirent le thème séculaire de la fertilité, avec la pré-sence du Soleil et de la Lune, mais le dieu conserva son attitude mystérieu-se de fléchissement, illustrée magnifiquement par Cimabue, vers 1270 .En 1347, la pandémie de peste noire, entraînant un cortège d’autres ma-ladies pernicieuses, ajouta aux ravages des guerres qui dévastèrent l’Eu-rope, au-delà du siècle de la guerre dite de cent ans; ce fut la période la plus sombre de la fin du Moyen Âge, l’époque de véritables folies collectives marquée par la recherche d’une sexualité débridée, et, en même temps, par les flagellations publiques de pénitents voulant apaiser la colère divine. Le quinzième siècle vit la création des chemins de croix dans les églises, la multiplication des Pieta, des Mères douloureuses pleurant sur le cadavre abominablement torturé d’un homme, étendu sur leurs genoux. L’horreur de ce temps-là est rendue de façon particulièrement sensible dans le po-lyptique d’Issenheim de M.Grünewald, peint vers 1515 . Cependant, prati-quement à la même date, vers 1513/1515, dans d’autres régions de France, le Sud-Ouest principalement, dans la zone proche des Pyrénées, des mises en croix traditionnelles, en vitraux, continuaient à orner cathédrales et églises villageoises. En outre, au cours des 17ème et 18ème siècles, la dé-coration des temples chrétiens romains mit en oeuvre principalement des éléments floraux, des feuillages verdoyants, des pampres de vigne aux rai-sins gonflés...etc. manifestant gracieusement la fertilité de la terre, mère de l’humanité, assurée par une divine fécondité.

Finalement, on ne peut manquer d’être frappé par la contradiction gros-sière existant entre des textes évangéliques développant le thème de la mort du dieu chrétien par le fait des Juifs, au 1er siècle de notre ère, dit-on, et la doctrine de l’Eglise romaine relative à ces mêmes Juifs et basée,

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prétend-on, sur ces évangiles. Cette doctrine est établie par divers Conciles oecuméniques, depuis le 2ème Concile de Nicée en 787, jusqu’à celui de Bâle en Septembre 1434.

L’Eglise a toujours considéré les Juifs, non comme des déicides que l’on aurait dû exterminer, en toute justice, à l’intérieur de l’Empire chrétien, mais comme des Infidèles qu’ il fallait punir, avant de les convertir, par leur entassement dans les ghettos vénitiens, l’imposition de tenues vesti-mentaires distinctives, diverses sanctions financières !

Le Credo du Concile de Trente en 1545 a bien déclaré son dieu crucifié sous Ponce-Pilate, mais n’a jamais mis en cause les Juifs eux-mêmes, à ce sujet .Il faut donc considérer que les premiers évangiles décrivant la mort de leur dieu, du fait des Juifs, étaient contenus ( au plus tôt ! ) dans la Bible sixto-clémentine de 1592.

En tout état de cause, l’existence de textes évangéliques dès le 1er siècle de notre ère constitue une affabulation construite, dans le temps, en fonction des intérets de l’Eglise; d’autant que les plus anciens manuscrits en latin, langue «divine» de la Vulgate reconnue comme texte inspiré par le Concile de Trente, manuscrits porteurs de textes ou fragments de textes bibliques, ne datent jamais d’avant le 4ème siècle, mais ont été écrits majoritaire-ment entre les 5ème 6ème et 7ème siècles, et n’ont pas servi à l’élaboration de la Bible de 1592, seul texte dont dieu serait l’auteur , dit-on convention-nellement.

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Sur un terre-plein dominant la Commune , située près de la ville d’Egle-tons, se trouve un bloc de granit octogonal, autrefois taillé vraisemblable-ment par des Druides; ce bloc est surmonté par une épaisse et large pierre plate ovalisée, dont les deux faces sont sculptées en bas-relief et présentent, chacune, une mise en croix .La face, placée à droite , date de l’époque mérovingienne ( 6ème siècle ), et se signale par son caractère traditionnel «païen», tel que décrit plus avant. Le dieu en croix ( croix symbolisée par son attitude, du fait du bas-relief ) se dresse droit , les jambes non fléchies, les bras fermement hori-zontaux, la tête raide, les mains largement ouvertes en signe de don .Il s’agit d’une scène «ordinaire», éclairée par le Soleil et la Lune, signalant la fertilisation de la terre par le dieu, au profit de l’humanité représentée par les deux personnages, un homme une femme, placés en dessous des mains de la divinité.Ce bas-relief est caractéristique du syncrétisme obligé entre les cultes «traditionnels» dits païens, et le culte de l’Empereur, seul autorisé à la fin du 4ème siècle .

Croix dite des Rameaux;commune de Darnets ( département de la Corrèze )

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On pense, généralement, que cet ensemble est une figuration christianisée, parmi les plus anciennes en Europe, des anciens cultes de la Fertilité, tel le culte métroaque de Cybèle et Attis.La sculpture de la face située à gauche est datée des débuts du 12ème siè-cle; le dieu est dans une position fléchie , les mains au-dessus des épaules, les bras tirés vers le bas, les jambes croisées;les têtes des personnages représentant l’humanité prennent une attitude de doute, de questionnement, malgré la présence du Soleil et de la Lune .L’ensemble forme, dans la pierre sculptée , un prototype rude et naïf des futures peintures énigmatiques et magnifiques de Cimabue, vers 1270.

Caducée cruciformel’espoir d’une bonne santé et du salut!

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La romanisation de l’Egypte .

La traduction de la Septante

La légende de Spartacus était encore en voie de maturation lorsqu’ intervint un fait historique qui devait entraîner les conséquences les plus importantes pour le futur mouvement chrétien.En effet, 40 ans après la disparition du héros-dieu, le 2 Septembre 31, Agrippa remporta à ACTIUM une victoire écrasante sur la flotte de Cléopâtre, donnant à Octavien, le futur Auguste, la clé de l’immense Egypte, fertilisée par les eaux du Nil.

Octavien vint à Alexandrie au début d’Août 30 et y installa immédiatement l’Ad-ministration nécessaire à la mise en exploitation de sa nouvelle Province.Cette Administration répétait les usages de la Société du temps;les chefs responsables appartenaient aux classes aristocratiques de Chevaliers ou de Sénateurs; ces personnages n’écrivaient pratiquement jamais, tant le fait d’écrire était ordinairement lent, salissant, et fatiguant, comme le dira le poète Perse dans une de ses Satires, au siècle suivant;ces personnages dictaient leurs lettres, notes, ou décrets, à une compagnie de scribes, copistes, traducteurs, bibliothécaires...etc;ces employés aux écritures de toute sorte étaient des esclaves cultivés;les besoins devinrent si cruciaux que l’Empereur fut dans l’obligation de créer des écoles spéciales, les paedagogia, pour y former des esclaves choisis pour leurs qualités apparentes d’ouverture d’esprit.

Ces esclaves «lettrés» se trouvaient dans une situation fort paradoxale.D’une part, ils devenaient, contraints et forcés, les auxiliaires d’un Etat abhorré, qui les rémunérait de leurs travaux par la répartition du produit d’une taxe perçue sur la valeur du sel; ils furent les premiers «salariés». Mais, d’autre part, leur accession à la culture par le moyen de la lecture, même si leur instruction scolaire se limitait aux connaissances immédiatement utiles, leur permettait de mieux apprécier leur état de simple objet meublant, sans nom, sans nationalité, privé de tout droit, et avivait leur hostilité à l’encontre de la Société romaine et de son pouvoir politique; ils formeront plus tard le noyau actif du mouvement chrétien.C’est vraisemblablement dans les débuts du premier Empire, que Chrestus se manifesta auprès d’un certain nombre d’esclaves romains et de prolétaires;la situation matérielle de ces derniers était souvent si calamiteuse qu’ils préfè-raient se vendre comme esclaves pour s’assurer, pour le moins, du vivre et du couvert. Chrestus est un nom latin de personne signifiant «Bon» ou «Lebon», cité quel-quefois par Cicéron, mais pouvant être utilisé comme sobriquet donné à un esclave. Il ne faut donc pas le confondre avec Christos, ou Christus, adjectif grec qualifiant une personne ayant une autorité politique, généralement un prince ré-

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gnant, roi ou empereur, et stipulant une origine supposée «divine», en déclarant la personne «ointe» ou «bénie»par un dieu.On ne relève précisément le nom de Chrestus qu’une seule fois, chez Suétone, dans son récit de la vie de l’Empereur Claude ( 41/54 ) inclus dans son histoire des « Douze Césars»( Claudius -paragraphe XXV ); Chrestus y apparaît comme l’instigateur, à Rome, de tumultes fréquents, auxquels participaient des Juifs; ce qui permit à l’Empereur Claude d’expulser de la Ville ses résidents judéens.L’instigateur d’un mouvement fait partie de ce mouvement, et Chrestus partici-pait personnellement aux manifestations dénoncées par Suétone;il ne pouvait donc, en aucune manière, être confondu avec Christus, le dieu du christianisme romain mort sur une croix à Jérusalem, dit-on, dans les années 30, puis ressuscité et remonté au Ciel environ 40 jours plus tard. L’initiateur, au temps de Claude, d’une série de manifestations bruyantes participant nécessai-rement à à ces «tumultes», la confusion opérée entre les deux personnages se révèle être, d’une certaine façon, une falsification du texte latin, consciente ou non.La citation de Suétone nous éclaire, implicitement, sur plusieurs points :- Qui étaient ces manifestants bruyants, criant des slogans devant le Palais impé-rial ? ou durant leurs défilés dans les rues de la Ville ? Ce ne pouvait être que des sans-droits, des esclaves, et des miséreux prolétaires n’ayant aucune possibilité de payer les services d’un avocat, révoltés par leur situation et clamant, pacifi-quement, une détresse qui demandait à être corrigée immédiatement.Par exemple, selon le même Suétone, des propriétaires romains avaient l’habi-tude d’abandonner leurs esclaves malades aux bons soins d’Esculape, dans son temple de l’île tibérine, pour n’avoir pas l’ennui de les soigner;ce faisant, ils se déchargeaient d’une tâche leur incombant personnellement et sollicitaient la solidarité de quelques citoyens charitables ( le christianisme n’a rien inventé dans ce domaine ! ), car le dieu était, pour sa part, beaucoup plus désireux de soigner les matrones de la haute société, qui venaient dévotieuse-ment passer une nuit dans sa demeure «sacrée».[Atia, la mère d’Auguste, avait bénéficié d’un tel secours et son fils était né 10 mois après cette nuit «divine», après cette hiérogamie qui fit du futur Empereur un fils du Soleil, Apollon-Esculape ! ] .D’autres propriétaires, préoccupés d’un rendement immédiat, allaient jusqu’à tuer leurs esclaves malades ou trop âgés .Dans ces conditions extrêmes, on comprend la révolte des personnes concer-nées, révolte toute pacifique mais pouvant les conduire à crier devant l’Empereur leur désarroi sinon leur désespoir de devoir subir de tels traitements. Aussi bien, Claude décréta que les propriétaires sanguinaires seraient désormais poursuivis en justice pour meurtre, et que les esclaves abandonnés dans le temple d’Escu-lape devaient être considérés comme libres de tout lien, même après guérison.-Une autre conclusion est que ces «tumultes», qualifiés de très nombreux ( as-sidue), démontraient la conviction des participants en la puissance et l’efficacité de leur mouvement.Celui-ci devait,donc, exister depuis lontemps et rassembler de nombreux mem-bres.

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Ce mouvement manifestait un souci d’organisation qui, à Rome, devait recourir à la formation de Collegia, une sorte d’associations légales, dont les fondateurs pouvaient être des prolétaires-citoyens, accueillant dans cette structure des es-claves pour partager solidairement entre eux les maigres ressources dont les uns et les autres disposaient.La législation des Collegia, applicable à Rome, fut étendue, dès le premier Em-pire, à toute l’Italie, mais ne devint «catholique» qu’à partir du 3ème siècle, sous le règne de Septime-Sévère (193/211).-Enfin, l’initiateur de ce mouvement, la tête pensante, l’organisateur animateur, doué d’un charisme exceptionnel qui l’imposait à ces troupes de miséreux, outils indispensables de l’économie impériale, partageant avec eux la même origine servile, ce personnage était bien connu de l’Empereur et de son Administration par le fait des agents de renseignement, les fameux agentes in rebus;c’était CHRESTUS, un esclave ayant bénéficié d’une situation privilégiée, puis-que, nécessairement, il possédait une culture étendue, et raisonnait dans la perspective du développement de l’Empire, et de l’impossibilité pour la masse servile de rééditer la tentative armée de Spartacus, afin d’améliorer ses condi-tions d’existence.Comme l’économie impériale ne pouvait subsister ou se développer sans le tra-vail des esclaves, il inventa cette forme de révolte pacifique, efficace compte tenu de la menace virtuelle qu’elle constituait, qui , sous son nom de Chrestus trans-posé en «chrétien», se maintint pendant les trois premiers siècles de notre ère .Le mouvement chrétien fut originellement un mouvement urbain d’opposition pacifique à la Société romaine; le qualificatif se répandit dans tout l’Empire, du fait des échanges commerciaux, du trafis d’esclaves, des mutations de fonction-naires ...etc.;il consolida les espoirs de toute la masse servile d’obtenir des améliorations sen-sibles dans sa vie quotidienne;mais, malheureusement, dans les campagnes italiennes principalement, il se dé-veloppait, aussi, une opposition armée alimentée par des vétérans militaires qui refusaient de déposer leurs armes et devenir des colons, des agriculteurs, aux-quels se joignirent de nombreux esclaves en fuite, principalement des bergers, libres de leurs mouvements.

Le banditisme devint pratiquement une forme de contre-pouvoir et, selon Apu-lée dans ses Métamorphoses, des groupes de brigands n’hésitèrent pas à assiéger des villes entières.Dans l’opinion, l’amalgame se fit entre tous les révoltés, si bien que l’appellation de chrétien finit par susciter une vive antipathie.On les rendit vite responsables des catastrophes, telle l’incendie de Rome en Juillet 64,sous Néron (54/68). On recourut, à leur encontre, à des dénoncia-tions anonymes, qui firent l’objet de lettres échangées entre l’Empereur Trajan (98/117) et Pline, gouverneur de Bithynie en Asie mineure.Finalement, CHRESTUS, fut véritablement la «pierre», le «roc», qui servit de fondement au mouvement chrétien;compte tenu de sa notoriété, il fut tué, vraisemblablement, par les sbires de Né-

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ron après l’incendie de la Ville, et ses restes pieusement recueillis par ses «fidè-les» en l’an 67 de notre ère selon la légende,reprise, au 6ème siècle, par le Liber Pontificalis, qui fit de cette «Pierre» le premier épiscope (évêque) de l’Eglise romaine de 42 à 67. De socio-politique, le mouvement chrétien devint progressivement politico-reli-gieux, en deux siècles, sous l’aiguillon du travail des esclaves «lettrés» fonction-naires à Alexandrie, ville comparable à Rome pour la richesse des monuments, mais Centre intellectuel unique du fait de son Musée et de sa Bibliothèque, dont les centaines de milliers de manuscrits devinrent propriété du futur Empereur romain dès qu’il eut foulé le sol égyptien, en Août de l’année 30 avant notre ère.Certes, les préoccupations de l’Administration impériale relevaient du pragma-tisme le plus étroitement lié à la mise en exploitation de la nouvelle Province, toutefois l’évolution des événements obligea les membres des Services concernés à s’instruire du droit applicable aux diverses catégories de la population compo-sant la nation égyptienne.Parmi elles, les judéo-alexandrins constituaient un bloc important de plusieurs dizaines de milliers de personnes revendiquant l’emploi d’une loi particulière, dont le texte composait plusieurs rouleaux de la grande bibliothèque.Les accrochages entre les judéo-alexandrins et les autochtones gréco-alexandrins étaient fréquents mais devinrent plus violents dans les années 35/37 de notre ère, au cours desquelles les premiers manifestèrent bruyamment en vue d’obte-nir les mêmes avantages civils que les seconds;ces «tumultes» se transformèrent finalement en véritables émeutes, et les judéo-alexandrins crurent nécessaire d’envoyer à Rome une ambassade dont la direc-tion fut confiée à un écrivain célèbre: Philon le Juif.Cette ambassade s’en retourna sans que l’Empereur Caligula (37/41) ait pu tran-cher le dilemme;le problème restait sans solution lorsque Claude (41/54) accéda au trône impérial;celui-ci prit une décision négative qu’il signifia par lettre aux judéo-alexandrins, ce qui les renforça dans leur demande mais les conduisit à cesser, dans l’immé-diat, leurs manifestations publiques.

L’obligation de lire le Pentateuque alexandrin dans son texte d’origine grecque, sa traduction en latin pour une étude approfondie de ses dispositionspermirent à de nombreux «employés aux écritures» de l’Administration romainede se remémorer des récits entendus autrefois, directement ou non, dans d’autres langues, dont l’araméen.Ils découvrirent entre eux et la Septante des liens de parenté, d’autant plus que leur curiosité éveillée les conduisit à lire attentivement les livres dits «histori-ques», rattachés ultérieurement à la Torah.Ils reconnurent, ainsi, dans cette version littéraire la description de leur propre état de servitude, tant ils se sentirent proches de ces Hébreux asservis durant des siècles par des Souverainetés étrangères, dépendant totalement dans l’exercice même de leur religion de la bienveillance de ces Autorités, espérant finalement que leur dieu viendrait leur redonner la liberté dans leur Patrie reconquise grâce à son aide.

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La découverte des textes produisit chez les esclaves «lettrés» chrétiens des émo-tions si puissantes qu’ils pensèrent avoir trouvé en eux une histoire écrite pour eux, par anticipation;ils les adoptèrent d’autant plus naturellement que toute idée de l’existence d’un peuple juif disparut après les événements de 70 et la prise de Jérusalem, les ré-voltes de 115/117 en Egypte et Cyrénaïque, la tentative désespérée du Messie Bar Kocheba en 133, l’interdiction faite aux Juifs, en 135, par l’Empereur Hadrien (117/136), d’habiter dans leur ancienne Capitale et ses alentours, Jérusalem étant devenue une cité totalement romaine, et «païenne», sous le nom d’Aelia capitolina.Suivant le mouvement des mutations, ces chrétiens «lettrés» rapportèrent à Rome leurs trouvailles insoupçonnées pour que les membres de leurs Collegia respectifs puissent en profiter, s’en réjouir et alimenter leur propre espoir d’une revanche sur leurs propriétaires, «à la fin des temps» .L’adoption de la Septante par les chrétiens de Rome devint définitive après la crise marcionite de 139/144, qui mit ceux-ci en présence d’un adepte d’une autre sorte, Marcion de Sinope sur la Mer Noire, membre d’une riche famille de cette cité maritime qui n’acceptait pas l’annexion de sa Patrie par les envahisseurs romains et se sentait en opposition complète à l’Empire, comme les esclaves et prolétaires, les chrétiens.Certes, l’introduction de Marcion dans un Collegium romain se fit sans aucune difficulté, tant il apparaîssait «chrétien»; son éthique de philosophe lui com-manda de mettre sa fortune à l’entière disposition de l’Association.Toutefois, le fossé était trop large entre la culture de cet homme élevé dans la rigueur des disciplines anciennes et les «lettrés» du Collegium, «petites mains» de l’Administration impériale, qui pensaient représenter le nouveau peuple juif.Marcion estimait, au contraire, que leur mouvement ne dépendait en rien ni de la Septante ni du peuple hébreu disparu; il s’attacha à convaincre ses «associés» de leur méprise due à la force de leurs sentiments; il raisonnait logiquement mais finalement ne put obtenir leur adhésion; il lui aurait fallu être Chrestus en personne !Les échanges d’opinions durèrent cinq ans, puis le Collegium dans sa majorité décida d’exclure Marcion, qui s’en alla former une autre Association, en 144.En ce milieu du 2ème siècle, l’opposition «chrétienne» à la Société romaine fut illustrée par le «martyre» de Justin, vers 167;celui-ci était un philosophe jouissant d’une certaine renommée.La ville de Rome était alors victime d’une forte épidémie de peste faisant des victimes jusque dans la famille impériale; les Autorités décidèrent d’organiser un lectisterne, cérémonie religieuse par laquelle on conviait à un repas toutes les principales divinités vénérées dans l’Urbs; la population participait à l’événe-ment pour joindre ses prières à cette offrande officielle, afin d’obtenir, au moins, la rémission du fléau. Justin refusa de prendre part à cette action collective; son acte d’insubordination le fit condamner à mort.Les chrétiens romains se considérèrent, désormais, comme le nouveau peuple hébreu, destinataire des promesses incluses dans la Septante, confondue avec un livre juif, qui fut à l’origine des veteres latinae, multiples traductions du texte

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d’origine, lues dans les divers Collegia par les «lettrés» à l’intention de la masse analphabète des «Associés».

C’est à la fin de ce deuxième siècle que leurs croyances «religieuses» s’exprimèrent de manière suffisamment explicite ( cf. Dictionnaire de l’Antiquité de l’Université d’Oxford- chez R.Laffont, 1993- page207 );certains purent nommer précisément leur Sauveur, Jésus, appellation tradi-tionnelle de Grand-Prêtre juif, attendu avec la plus grande ferveur «à la fin des temps», fin qu’ils souhaitaient aussi proche que possible, figure magnifiée du héros «divin» Spartacus, et de Chrestus, la «pierre» du mouvement.Cependant, cette conversion «religieuse» s’effectua au milieu de sévères difficultés d’interprétation d’un texte qui allait devenir «l’Ancien Testament» chrétien, comp-te tenu que les divers Collegia romains ne possédaient pas les mêmes veteres.On alla jusqu’à s’exclure mutuellement, des coups s’échangèrent entre anciens associés, au point qu’un philosophe du temps, du nom de Celse, exprima dans un «Discours vrai» sa très vive indignation pour l’hostilité manifestée par des chrétiens contre des chrétiens :«n’ayant plus de commun, pour ainsi dire, que le nom si tant est qu’ils l’aient encore. C’est la seule chose qu’ils aient eu honte d’abandonner,car,pour le reste, les uns proposent une chose, les autres une autre».Il stigmatisait leur esprit de faction, de «parti»:«la force qu’on peut y puiser pour soi et la crainte des autres, car c’est là le fon-dement de leur communauté» ;il moquait aussi leurs enseignements ésotériques: «formés d’on ne sait quels mé-chants contes fabriqués avec de vieilles légendes» et raillait leur naïveté à propos de Jésus. ( cf. L.Rougier « Celse «chez Editions du Siècle à Paris,en 1925 - pages 368/369).

A la fin, le Collegium qui comptait le plus grand nombre de membres imposa son texte, sa vetus latina, et sa lecture, à destination des analphabètes.Ainsi naquit l’orthodoxie romaine, opposée à toutes les opinions, dites héréti-ques, exprimées par les intellectuels marcionites, valentiniens, ou autres gnos-tiques d’origine égyptienne, qu’Irénée, évêque de Lyon au début du 3ème siècle, s’emploiera à diaboliser.Ainsi naquit ce qui devait caractériser pour toujours la religion romaine: son es-prit sectaire et de domination, sa certitude affirmée de posséder, seule, la vérité, alors qu’elle n’a jamais fait qu’exposer des opinions d’une valeur toute relative, subordonnées aux découvertes progressives de la Raison humaine.

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L’ Ancien et le Nouveau Testament. peinture de Holbein le Jeune

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Le mouvement paléo-chrétien et l’invention du Nouveau Testament. Le 3ème siècle constitua «l’âge d’or» du mouvement paléo-chrétien, suivi bruta-lement d’une disparition presque totale dès le début du siècle suivant (303/305)du fait de la persécution dite de Dioclétien. Le 3ème siècle fut, d’abord, celui de l’avènement de la «catholicité» du mouvement se développant progressivement mais rapidement dans toutes les Provinces de l’Empire par l’effet d’un décret de Septime Sévère (193/211) généralisant la législation des Associations ou Colle-gia, qui ne s’appliquait, jusqu’alors, qu’à Rome et l’Italie.Cette première mesure fut complétée par la décision prise, en 212, par son fils Caracalla ( 211/217 ) de doter de la citoyenneté romaine toutes les personnes libres résidant dans l’Empire.Aussi bien, compte tenu du nombre d’esclaves et de prolétaires répandus dans tout l’Empire, les Collegia chrétiens , principalement sous le règne de l’Empereur Alexandre Sévère ( 222/235 ), se multiplièrent dans les principales villes en Pro-vince : en Espagne, Afrique du Nord [ à Carthage, Hippone, Utique, Bizerte....], Egypte qui comptera plus tard un patriarchat très influent à Alexandrie (rival de l’évêché de Rome), Syrie, Palestine, Asie Mineure....etc. Les Autorités craignaient, toutefois, l’éclosion de «tumultes» semblables à ceux qui avaient, à plusieurs reprises, semé le trouble à Rome à la fin du 2ème siècle. C’est pourquoi deux ju-risconsultes renommés: Marcien et surtout Ulpien (assassiné en 223 par la Garde Prétorienne) établirent une règlementation obligeant les Collegia chrétiens à se doter, chacun, d’un Episcopus, c’est à dire d’un surveillant, dit plus tard évêque, chargé du maintien de l’ordre dans son Association avec l’aide des «Anciens» ou Presbytes (qui deviendront les prêtres), et susceptible d’être décapité dans l’éven-tualité de soulèvements; ce que l’affaire d’Utique, dite de la Massa candida, illustra tragiquement en Août 258.

Utique est un port sis au Nord-Ouest de Car-thage, à une distance de quelques 15 Kms;ce fut la capitale de la Proconsulaire sous l’Em-pereur Hadrien (117/136) .Utique fut, au milieu du mois d’Août 258, le théatre d’une véritable émeute fomentée essen-tiellement par des «gueux» chrétiens, qu’Augus-tin qualifiera, plus tard, de (pauperes) pauvres affrontant des «riches».Ce soulèvement ne tendait nullement à mani-fester une opposition violente à la loi prise l’an-née précédente par l’Empereur Valérien, obli-geant les citoyens romains à l’honorer par les gestes d’adoration due à son «origine divine», puisque la très grande majorité de ces «gueux»était constituée par des esclaves hors-

Aperçu des ruines romaines de la ville d’Utique.

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droit, c’est à dire non concernés par la législation .L’association chrétienne d’Utique se trouvait alors sans épiscope (évêque), et la responsabilité de sa police incombait à celui de Bizerte, du nom de Quadratus.Le Proconsul fut dans l’obligation d’expédier des troupes de Carthage pour rétablir l’ordre; l’opération se solda par un bain de sang et environ 300 (ou 500) cadavres, que l’on jeta dans une fosse commune; on les recouvrit de chaux vive, d’où l’ap-pellation de Massa candida.Quadratus tenu pour responsable fut décapité le 25 Août 258.Cyprien, le pape de Carthage, jugé indirectement responsable, fut convoqué pour un interrogatoire par le Proconsul, qui lui demanda d’honorer par un geste reli-gieux l’Empereur Valérien; Cyprien, persuadé d’une imminente fin du monde et de la venue très proche du Sauveur chrétien, refusa et eut la tête tranchée, le 15 Septembre 258.Malgré la vive opposition de cinq Anciens, Cyprien avait été élu épiscope de Car-thage en 248, car il était riche, très instruit, et pouvait représenter dignement le Collegium devant l’Administration. Toutefois, les opposants à son élection ne dé-sarmèrent pas; ils organisèrent, plusieurs nuits successives, des rassemblements très bruyants devant son domaine, si bien que Cyprien crut sage, au début de 249, de quitter la ville pour n’avoir pas à subir les rigueurs de l’Administration proconsulaire, qui aurait pu le tenir responsable de ces désordres publics. Du lieu de sa retraite , il continua à diriger ses «fidèles» par le truchement d’un abondant courrier.La «persécution» consécutive aux décisions prises par l’Empereur Dèce, le 3 Janvier 250, dura jusqu’en Juin 251, date de la mort de l’Empereur, lors d’une campagne contre les Goths.Cyprien revint à Carthage et manifesta, dès lors, sa pleine autorité;on lui attribue traditionnellement une oeuvre littéraire et doctrinale très impor-tante, qui fit de lui le premier Père de l’Eglise romaine; mais nous ne pouvons, en aucune manière, penser que nous lisons, actuellement, ses textes originaux, compte tenu des erreurs inhérentes à la copie manuelle des scribes, durant 12 siècles !!!

L’obligation de placer un episcopus à la tête de chaque Collegium chrétien dévoila l’augmentation importante de cette troisième catégorie de «fidèles» illustrée au siècle précédent par Marcion et les Gnostiques égyptiens: celle des membres de la bourgeoisie et petite noblesse victimes de l’impérialisme romain puis de la décom-position de la Société romaine due à la véritable anarchie militaire qui sévit de 235 à l’avènement de Dioclétien en 284. Par exemple, en Proconsulaire tunisienne, des groupes de jeunes bourgeois et aristocrates,dont Cyprien fit vraisemblement partie, se soulevèrent, en Mai 238 à Thysdrus, contre le régime de l’Empereur Maximin, considéré comme un usurpateur; ils furent vaincus, mais restèrent plus que jamais enfermés dans leur révolte, c’est à dire «chrétiens», du fait que l’Empereur Philippe l’Arabe ( 245/249 ) battit en 245 l’Empereur africain Gordien III.Le poste d’épiscope était, donc, potentiellement dangereux, mais il demeura très convoité pour les possibilités de commandement et d’organisation qu’il accor-dait.Aucun esclave,même «lettré», ne fut jamais porté à l’épiscopat; un affranchi, richis-

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sime, du nom de Callixte, fut élu à Rome, en 212, pour lui permettre d’acheter

les catacombes qui constituèrent pour les membres du Collegium des tombes ho-norables.Hors ce cas unique, tous les évêques appartinrent aux classes sociales, cultivées et riches, habituées à commander aux esclaves, et à discuter efficacement avec les chefs de l’Administration. Chaque évêque put librement organiser ce qui devint progressivement dans son Collegium un véritable culte «privé», sous réserve des critiques de ses confrères, les évêques du voisinage, réunis en quelques Conciles régionaux, ou même d’évêques très éloignés avec lesquels il correspondait par courrier, sans omettre les consignes administratives obligeant à terminer chaque réunion de l’Association par des souhaits de bonne santé pour l’Empereur et de salut pour l’Empire.

Ainsi, le mouvement présentait des aspects contradictoires: d’une part, c’était un violent sentiment de haine à l’encontre des propriétaires exploitants qui animait et provoquait sa «catholicité», son extension organisée à tout l’Empire; d’autre part, les formes légalement autorisées, sous lesquelles il agissait, manifestaient une sorte de bienveillance conçue à son bénéfice par les Autorités impériales; le mouvement paléo-chrétien constituait, à son insu, l’embryon d’une structure politico-religieuse, unique dans tout l’Empire, qu’un Empereur habilement manipulateur, comme le sera Constantin, pourra mettre au service de ses ambitions, moyennant de nom-breuses contreparties destinées à faire apparaître en lui le Sauveur tant espéré. Dans l’immédiat, au milieu du 3ème siècle, la catholicité du mouvement entraînait une grande diversité des croyances, malgré des gestes fréquemment identiques, esquissant déjà un premièr rituel.L’obligation primordiale consistait dans la participation aux réunions plénières de l’Association, au moins une fois par mois, suivant les décisions de l’évêque;ces réunions présentaient un caractère «sacralisé»puisqu’elles permettaient de concrétiser les besoins d’entraide et de solidarité éprouvés par les membres parti-cipant; elles se clôturaient par un repas composé de mets simples compte tenu de la faiblesse des moyens financiers du groupe; ces repas rappelaient les rites observés dans différents cultes, notamment celui de Mithra, mais excluaient tout sacrifice d’animal par manque de ressources.

Il faut, de suite, remarquer que la «charité» chrétienne s’exerçait dans des limites que Cyprien, le Pape de Carthage, avait lui-même défini.Il ne s’agissait pas de libérer les «pauvres» de leur pauvreté, mais de la leur rendre plus supportable afin de les maintenir dans leur état de dépendance;permettre aux «riches» d’imposer aux «pauvres» leurs directives moyennant quelques soins, dons de nourriture, de vêtements, ou un abri, c’est devenu une caractéristique séculaire de la «caritas christiana», qui vérifie ce vieux dicton:<< les vertus se perdent dans l’intéret comme les fleuves dans la mer >>;la charité chrétienne se situe très loin de l’abandon total de la fortune, exigé par les Cyniques grecs.

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En fait, les membres d’un Collegium appartenaient à deux catégories:- celle des membres à part entière, qui assistaient aux repas ( la Cène );- celle des postulants ou «cathéchumènes»qui sollicitaient leur agrégation après avoir reçu une certaine instruction les préparant à recevoir le baptême; ils n’étaient pas admis aux repas.C’est dans les dernières décades du 2ème siècle que le baptême fut choisi, à Rome, comme la manière d’introduction de ces postulants dans un Collegium, à l’instar des cultes alors en vogue, notamment le culte métroaque et le culte mithriaqe, qui procédaient ainsi dans des circonstances analogues par le moyen de cérémonies d’initiation au caractère ésotérique.Le baptême par le sang d’un taureau, adopté par les «fidèles» de Mithra, mettait en oeuvre des symbolismes cachés, outre le fait que l’achat du bétail avait un prix trop élevé pour des chrétiens.Il fallait, toutefois,à ceux-ci, marquer d’une façon mémorable l’accession à un ni-veau véritablement religieux constitué par l’invention définitive et l’adoration de leur Sauveur, nommé Jésus.Le baptême par l’eau fut retenu parce que les vertus de l’hydrothérapie suscitaient véritablement la perspective d’une vie nouvelle, et leur contenu «religieux» avait été découvert dès le 2ème millénaire avant notre ère, par les Hittites.Ce baptême manifestait pour des chrétiens l’abandon d’une vie antérieure sans aucun idéal, pardonnée, et le choix d’une nouvelle existence entièrement axée sur l’avènement, espéré proche, du Sauveur Jésus.

La bourgade de Sbeitla, autre-fois Sufetula,est située à mi-chemin entre Kairouan, au Nord,et Gabès, au Sud ;occupée très tôt par les Ro-mains, elle devint une Province sous Alexandre Sévère;elle présente de nombreuses ruines: thermes, théatre, arc de triomphe.....etc.Au 5ème siècle, Sufetula joua le rôle d’une capitale régionale, dotée de plusieurs églises à l’architecture remarquable;le baptistère, reproduit ici, date vraisemblablement du 6ème siècle.

Assurément, les réunions plénières des Collegia ne se réduisaient pas à la «com-munion» créée par un repas pris en collectivité .Une première partie, à laquelle les «cathéchumènes» participaient, était occupée par la lecture de textes de l’Ancien Testament tirés de la vetus latina en possession de l’Association;

Baptistère de Sbeitla en Tunisie .

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cette lecture était préparée par le «fidèle» chargé de la fonction, et son évêque; elle était suivie de commentaires et instructions de ce dernier, qui pouvaient être «sténographiées» par des scribes pour une diffusion ultérieure. Les discours de l’évêque tendaient à préciser, en fonction des «promesses»( ? ) de l’A.T., l’action à venir du dieu Sauveur attendu à la fin des temps.Ce dieu se différenciait, donc, très nettement du dieu des Juifs dont l’intervention espérée se bornait à faciliter à ces derniers la reconquête, dans la liberté, de la «terre promise», la Palestine.Le dieu des chrétiens devait se manifester dans la totalité de l’Empire, et apporter une compensation heureuse à tous les opprimés, vivants et morts, d’où la nécessité d’une résurrection universelle «à la fin des temps». En outre, ce dieu était conçu tel que pouvait l’imaginer la mentalité collective des indos-européens de l’époque; il était «dyew» (pluriel deiwos), latinisé en divus et deus, c’est à dire «lumière»; aussi bien, pour fixer la date de la fête de Pâques de 243, un ouvrage écrit en Afrique du Nord, et intitulé « De pascha computus «, assimila totalement Jésus à la lumière et le fit apparaître, avec le Soleil, le 4ème jour de la création rapportée par la Genèse; il y avait une assimilation complète entre le Soleil et Jésus (cf. J.Daniélou «Les origines du christianisme latin»-édité par Le Cerf à Paris, en 1978).La conception développée par cet écrit nous emmène fort loin de ce qui est conven-tionnellement admis en matière de Nouveau Testament;le dieu chrétien, en tant que lumière créée, ne pouvait aucunement s’incarner en un homme, ni, de surcroit, mourir sur une croix, outre le fait que les chrétiens ado-raient un dieu toujours vivant pouvant surgir à tout moment pour les récompenser de leur fidélité et anéantir leurs propriétaires.Le fait historiquement établi montre, à cette époque, l’absence générale d’une fête de la naissance de Jésus; le Credo défini par le Concile de Nicée, en 325, ne contiendra pas une seule allusion à une naissance du Fils de dieu à Bethléem, ou ailleurs, et ne citera pas une seule fois le nom de sa «Mère» supposée.Le mouvement paléo-chrétien, au 3ème siècle, ignorait totalement que son dieu était né quelque part puis avait subi le supplice de l’arbor infelix, la crucifixion !Minucius Felix, un aritocrate chrétien de la première partie du 3ème siècle, dans un ouvrage remarquable intitulé OCTAVIUS, décrit la «religion» chrétienne comme un ensemble de préceptes moraux et de leçons de nature philosophique, et non comme l’adoration d’un dieu devenu homme, puis crucifié tel un esclave. C’est la première version du Nouveau Testament.

La seule fête des chrétiens était la fête de Pâques, qui leur rappelait la sortie d’Egypte des anciens Juifs, ravivait en eux l’espoir d’une prochaine libération, et surtout célé-brait, comme dans tous les principaux cultes du temps, le renouveau de la Nature, le Printemps, sans lequel la Vie n’aurait pu se maintenir. La signification vitale de cette fête était si puissamment perceptible que les cérémonies du baptême se déroulaient exclusivement en cette circonstance particulière, qui marquait symboliquement la «naissance» chrétienne des «cathéchumènes» accompagnant l’équinoxe vernal. La primordialité pascale dominait et orientait l’activité du mouvement à Rome aussi bien que dans les Provinces; chaque Collegium numériquement important cherchait à calculer précisément la date de la fête, à partir de l’indication calendaire

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de l’équinoxe. Il y eut inévitablement des résultats divergents, qui provoquèrent, particulièrement entre les sièges épiscopaux de Rome et d’Alexandrie, des rivalités persistantes, malgré un accord entériné par le Concile de Nicée de 325;jusqu’en 525, moment où les calculs de Denys le Petit amenèrent l’évêque de Rome à adopter les tables établies à Alexandrie par l’utilisation du cycle lunaire de 19 ans attribué à Meton, célèbre astronome athénien du 5ème siècle avant notre ère.

Ces incidents, parfois violents, dévoilaient l’autoritarisme avec lequel chaque évêque conduisait ses «fidèles», et émettait des avis contestables, sans se préoccuper des conséquences de ses actes. Cyprien nous en fournit un exemple édifiant; certes, il sut prendre des décisions efficaces lors de l’épidémie de peste à Carthage en 254, en organisant avec les esclaves de son Collegium un véritable service sanitaire communal d’enlèvement des cadavres empestant la ville;il prit, par contre, dans l’affaire concernant les «Vierges» de son Association et des Associations voisines une position simpliste, teintée d’hypocrisie.Dans chaque Collegium numériquement important, les «fidèles» étaient répartis en groupes typiques; les femmes seules, en particulier, étaient divisées en deux catégories : les Veuves, et les Vierges sorte de Vestales chrétiennes qui, à l’exemple des philosophes néoplatoniciens du 3ème siècle, Plotin et Porphyre entre autres, vivaient dans la chasteté. Mais nombre d’entre elles, dans plusieurs Collegia de la Proconsulaire tunisienne, entretenaient, de fait, des rapports maritaux avec des Diacres, personnages chargés de la gestion des biens de leurs Associations.L’ampleur prise par cette situation, «scandaleuse» au regard des obligations mo-rales prises par les intéressées, exigeait une solution publique. Cyprien crut bon d’organiser une sorte de visite médicale de ces Vierges par des Veuves plus âgées, plus ou moins adeptes de la recherche du plaisir solitaire ou d’une homosexualité féminime;au terme de ces examens, les fautives présumées furent placées en deux groupes: d’une part, celles, les plus naïves, qui par la simple pratique du coït vaginal avaient perdu leur intégrité; elles furent obligées ( comment? ) d’accepter un mariage ( avec qui? dans quelles conditions? ); d’autre part, celles, qui, plus habiles et instruites d’une sexualité non réduite à ce simple rapport, avaient su garder leur intégrité dans leurs jouissances; elles continuèrent à être considérées «Vierges»; elles furent, donc, à leurs yeux, autorisées à poursuivre leurs entreprises, moyennant quelques précautions supplémentaires.

Cyprien, bien qu’homme d’expérience, se satisfit d’une solution apparemment ri-goureuse mais qui n’abordait pas le vrai problème et ne résolvait rien. Pour imiter certains philosophes célèbres, il fallait s’adonner exclusivement à une intense ac-tivité spirituelle de méditation, ce qui ne pouvait être le cas des simples chrétiens et chrétiennes.

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Rien ne caractérise mieux la mise en oeuvre de la volonté de puissance des évêques que l’instauration, au 3ème siècle, de la confession des «fidèles», chargés de péchés imaginés par les confesseurs, et tenus d’exécuter en pu-blic leurs pénitences ! Les évêques, puis les prêtres, ne se sont jamais demandé quel droit les autorisait à s’insérer dans la conduite privée des membres de leurs Associations pour les amener à plus de docilité dans l’exécution de leurs direc-tives, en toutes occasions, comme des soldats disciplinés.Quelle connaissance particulière de la conscience humaine avaient-ils? Quels buts poursuivaient-ils par l’exercice de cette rigueur, sinon ceux dessinés par leurs propres personnalités avides de prééminence? L’autoritarisme de ces «roitelets», soustendu par une certitude d’infaillibilité, se gonfla vite jusqu’aux extrêmes à l’occasion de certaines déci-sions impériales et de discussions les faisant s’affronter entre eux. Dans le

premier cas, les décrets, pris en 250 par l’Empereur Dèce (et en 257 par l’Empereur Valérien) concernant la pratique obligée du culte impérial, amenèrent Cyprien, notre bon exemple, à dicter, par lettres, à ses fidèles un refus total d’obéissance à ces prescriptions, alorsqu’il avait été élu par son Association, et agréé par l’Admi-nistration impériale, pour maintenir ses membres dans le respect des lois de l’Em-pire, puisqu’il était leur episcopus; en outre, en 250, Cyprien, camouflé, depuis plusieurs mois, quelque part en Tunisie, absent de Carthage, n’avait pas pris conscience de la faiblesse de sa position, si bien que, concrètement, très peu de ses «fidèles» suivirent ses consignes; en 257, il fut exilé durant un an par les Autorités proconsulaires puis décapité le 14 Septembre 258; il fut le seul «martyre chrétien» à Carthage du fait de la «persécution» de Valérien.Dans le second cas, une rivalité sévère naquit, vers 255, entre Cyprien, suivi par d’autres évêques, espagnols et asiates ( principalement un dénommé Firminien ), et l’évêque de Rome, Etienne, à propos du double baptême à imposer éventuellement aux «renégats», très nombreux, qui, en obéissant au décret de l’Empereur Dèce, avaient, de fait, quitté leur Collegium réduit à un très petit nombre de «fidèles-citoyens»( les esclaves n’étant pas concernés ). Dans quelles conditions pouvait-on réintégrer ces fautifs ? Les deux évêques échangèrent des lettres courroucées et s’excommunièrent mutuellement . La «persécution» de l’Empereur Valérien mit fin à la dispute par le «martyre» d’Etienne en Juillet 257, suivi de celui de Cyprien, l’année suivante.

Cyprien, décapité le 14 Septembre 258, évêque de Carthage, Pape de l’Afrique.

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Fin du mouvement paléo - chrétien. Destruction de ses livres. L’hostilité, qui dressait , l’un contre l’autre, Cyprien et Etienne, dévoilait de manière dramatique les fortes dissensions qui, dans le mouvement paléo-chrétien, faisaient s’opposer, entre eux, certains évêques importants, voire les membres d’un même Collegium.Cette situation reflétait, certainement, l’état d’anarchie dans lequel se trouvait, au milieu du 3ème siècle,l’Empire romain.

Toutefois, cette anarchie cessa dès 284 à l’avènement de Dioclétien, sans que disparussent les tensions à l’intérieur du mouvement.Bien au contraire, elles ne firent que grandir, dans les deux dernières décades du siècle, avec l’éclosion de la question arienne à Alexandrie, trouble qui s’éten-dit rapidement à toute la partie orientale de l’Empire.

Arius, prêtre alexandrin, prétendait, en effet, que le dieu, imaginé par les chré-tiens, était une divinité de second ordre, puisque créée; il faisait sienne, en quelque sorte, la démonstration du «De pascha computus» et développait, à l’appui de sa thèse, des arguments assez convain-cants pour provoquer l’adhésion de nom-breux «fidèles»; il se créa, donc, une vé-ritable crise «doctrinale», une «hérésie», contrebattue violemment par les évêques et autres «Anciens», dont le pouvoir se

trouvait directement mis en cause, puisqu’ils propageaient la croyance en un dieu, pleinement dieu, au nom duquel ils s’exprimaient publiquement.Outre le fait de son extension, principalement à toute la partie orientale de l’Empire, l’hérésie arienne entraîna, chez les «lettrés», une discussion généralisée sur les «vé-rités» admises dans le mouvement; ce qui ne fut pas sans déclencher une série de désordres publics, suivant l’habitude et l’esprit sectaire chrétien.Bien plus même, un nombre assez important de chrétiens engagés dans les armées impériales, au nom des principes développés dans leurs livres, refusèrent d’obéir aux ordres et d’utiliser leurs armes; cette insubordination éclatante provoqua immédiatement, en 303/305, une réaction des Autorités, qui se voulut définitive.L’Empire était alors organisé par Dioclétien en une tétrarchie;l’Empereur avait appelé, à ses côtés, trois autres personnes, pour asssurer une meilleure administration.

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Il siégeait personnellement à Nicomédie, et avait choisi, comme co-empereur, dès 285, Maximien, fixé à Milan.Ce dernier avait désigné, en 293,comme César, son préfet du Prétoire et fils adop-tif, Constance, père de Constantin, gouvernant depuis Trèves, l’Espagne, la Gaule (jusqu’à la frontière du Rhin), et la (Grande) Bretagne.Dioclétien,à la même date, nommait César, Galère, fixé à Thessalonique.C’est celui-ci qui prit l’initiative de la répression, faussement attribuée à Dioclétien puisque ce dernier démissiona de sa charge,en 305, pour raison de santé, et se retira, chez lui, à Split, où il mourut le 3 Décembre 311.Les décrets anti-chrétiens furent diversement exécutés en Occident, mais, en Orient, foyer des troubles, cette action répressive persista jusqu’en fin 324; elle dura 20 ans, avec toutefois des périodes d’accalmie sous le règne de Licinius (313/324).Quoi qu’il en fût, la «persécution de Dioclétien» dépassa considérablement les deux précédentes organisées sous Dèce (250/251) et sous Valérien (257/260).En effet, les décrets correspondants obligeaient les citoyens, sujets de droit, à se plier, comme par le passé, au rituel du culte impérial, mais, en outre, toutes les personnes en possession de livres «chrétiens» devaient les livrer aux Autorités pour être détruits, sous peine de mort en cas de désobéissance; or ces livres se trouvaient, pour la plupart, entre les mains des esclaves «lettrés», si bien que la population entière était concernée et non plus seulement les sujets «libres»;comme, de plus, l’Administration contrôlait les Collegia chrétiens depuis un siècle, le résultat recherché fut atteint , même si, en Orient, des résistances se manifestè-rent entraînant le «martyre» de plusieurs «fidèles chrétiens».Plus tard, dans le patriarchat d’Alexandrie, on appela « ère des martyrs» les temps situés après l’année 305.Pratiquement, les bibliothèques furent vidées, les livres détruits et les Collegia dé-sorganisés, du fait soit de la disparition, temporaire ou définitive, des évêques ou Anciens, soit de la fermeture des lieux de réunion des Associations, réquisitionnés par l’Administration, ou vendus après une saisie immobilière, ou détruits.En Occident aussi, les sièges des Collegia furent interdits, et les livres détruits.Selon le Liber pontificalis, les donatistes carthaginois reprochèrent vivement aux chrétiens romains, à l’occasion du Concile d’Arles en 314, d’avoir abandonné tous leurs ouvrages aux feux des Autorités; mais il en avait été de même en Tunisie;seules, de petites bourgades, dans l’extrême Sud tunisien, avaient échappé à la fureur de la répression organisée par Galère, parce que trop éloignées.Bref, les croyances et les espoirs des chrétiens refluèrent dans les consciences individuelles, sans possibilité de s’exprimer collectivement dans un cadre légal; le mouvement paléo-chrétien était mort.

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Le Christianisme invente son « Histoire Sainte»

L’ avènement de Constantin.

En 305, la démission de Dioclétien en-traîna automatiquement celle de son co-empereur à Milan, Maximien. Le succes-seur de Dioclétien fut Galère, qui choisit parmi ses amis les collaborateurs appelés à siéger d’abord à Milan, ce fut Sévère, puis à Thessalonique, ce fut Maximin Daïa; Constance Chlore reçut à Trèves le titre honorifique d’Auguste.En opérant ces choix, Galère voulut igno-rer totalement les ambitions affichées d’une part par Maxence, fils de Maxi-mien, d’autre part par Constantin, fils de Constance et soldat aguerri choyé par la Chance, qui réclamaient, l’un et l’autre, le poste de Milan. Maxence, déçu, se ré-volta et se proclama Empereur à Rome le 28 Octobre 306;Constantin, lui, partit rejoindre les troupes de son père, qui préparait une offensive contre les Pictes en (Grande) Bretagne.Ceux-ci furent définitivement battus au début de 306, mais Constance Chlore, très malade, mourut à York le 25 Juillet

306; Constantin, appuyé par l’entourage et les troupes de son père, succéda immé-diatement à ce dernier, et s’attribua le siège de Trèves qu’il occupa dès 307.Cet état de fait s’imposa à Galère qui accepta la succession constantinienne et accorda le titre officiel de César à Constantin, âgé alors d’environ 32 ans; on ne connaît exactement ni le lieu ni la date de sa naissance.Son ambition exacerbée de devenir, un jour, le seul maître de l’Empire, se nou-rissait, toutefois, de la certitude d’avoir été conçu, dans les années 272/273, par l’intervention du Sol invictus, le dieu solaire d’Emèse, au moment de la campagne militaire menée par l’Empereur Aurélien contre Zénobie reine de Palmyre, campa-gne à laquelle participait son père, Constance, en tant qu’officier de très haut grade dans l’entourage impérial.C’est grâce aux indications fournies en rêve par ce dieu solaire à Aurélien que celui-ci put vaincre Zénobie et rendre Palmyre à l’Empire.Constantin affirma continuellement sa filiation divine et solaire dans ses monnaies, sa statuaire, et l’architecture de ses monuments.

Constantin Auguste

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Constantin était,donc, un soldat de métier expérimenté, valeureux, conquérant, dont les succès constants manifestaient la Chance l’accompagnant du fait de sa conception «divine»;il était réellement et s’affirmait CHRISTOS, béni de son père le Soleil .Son ambition suprême de devenir, un jour, le seul maître de l’Empire développait en lui des qualités de persuasion et d’habileté politique qui allaient le transformer en un manipulateur d’hommes capable de fixer sur lui l’attention des foules et d’obtenir leur adhésion à ses projets; toutefois, cette ambition envahissante excitait en lui une jalousie morbide, qui le conduisit à (faire) commettre des crimes monstrueux, tel, entre autres, l’assassinat, en 326, de son fils aîné Crispus, accusé faussement d’adultère, dont les qualités brillantes lui portaient ombrage.La forte animosité qu’il nourrissait à l’encontre de Galère [ Galère lui avait interdit de porter le titre d’Auguste qu’il avait hérité de son père, en 306 ] l’amena naturel-lement à adopter à l’égard des chrétiens une conduite contraire à celle exigée par l’Empereur; mais ceci ne suffisait pas à construire une politique efficace favorisant l’atteinte de son objectif final.La réflexion lui fit découvrir rapidement les avantages très importants que pouvait lui apporter une attitude d’apaisement puis de promotion d’un mouvement néo-chrétien.Les chrétiens: esclaves, prolétaires, et autres citoyens aisés, représentaient, en effet, le pourcentage le plus élevé de la population globale dans ses Etats, et, au-delà, dans l’Empire; leur encadrement par des évêques, issus de classes sociales élevées, et dont Constantin se sentait relativement proche, rendait possible la création d’un véritable parti politico-religieux, potentiellement «catholique», susceptible de fixer puis de développer le culte de sa personne d’origine «divine» (ce que personne ne niait), s’il savait d’abord les rassurer sur leur proche avenir, ensuite se les attacher par des subventions de toute nature, donnant finalement à ce nouveau mouvement chrétien des structures inédites.L’organisation de l’Administration fournit à Constantin un sujet supplémentaire de réflexion.Il lui apparut rapidement qu’il était impossible de gouverner les Etats dont il avait hérité, à plus forte raison l’Empire, sans une Administration dont l’efficacité résul-terait à la fois de la formation technique de son personnel et de l’attachement, voire de la vénération, de celui-ci pour sa personne de CHRISTOS. Or, cette Adminis-tration, outre les chefs originaires des classes de l’aristocratie, désignés selon une stricte hiérarchie, était composée de plusieurs milliers d’esclaves «lettrés», instruits dans les paedagogia impériaux, constituant «les petites mains-les employés aux écritures» indispensables à l’exécution des directives concernant tout le domaine ne relevant pas de l’activité militaire, principalement la fiscalité; mais le plus grand nombre de ces «lettrés» étaient des chrétiens, compositeurs vraisemblablement des veteres latinae traduites de la Septante, et lecteurs attitrés dans leurs Collegia.Appliquer strictement les décrets de Galère, de 303/305, aurait abouti à vider les services administratifs de leur personnel, sans que l’on ait pu remplacer immédia-tement la masse des exclus; l’on aurait ainsi créé une période de grande incertitude dans le Gouvernement, c’est à dire d’anarchie rampante, empêchant la réalisation des objectifs de Constantin.

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En définitive, toutes ses réflexions l’amenaient à choisir délibérément, à l’égard des chrétiens, une politique totalement contraire à celle définie par Galère.D’ailleurs, Constance-Chlore, son père, occupé à préparer sa campagne contre les Pictes, avait négligé l’exécution des sinistres décrets;si bien que, dès 307, Constantin décida de les ignorer complètement, au grand soulagement des chrétiens habitant ses Etats, délivrés de la crainte des supplices et de la mort.Il autorisa les Collegia à reprendre leurs activités, leur rendit les biens éventuel-lement saisis, compensa les pertes subies, et gratifia les Groupements chrétiens, personnifiés par leurs épiscopes (évêques), de dons et subventions en espèces, terrains et immeubles, transformant les Collegia en propriétaires fonciers et im-mobiliers soucieux désormais du bon rendement de leurs biens.Bref, Constantin incarna miraculeusement, pour les chrétiens, le Sauveur espéré à la fin des temps, ouvrant une ère d’au moins mille ans de bonheur, (pratiquement la durée du Moyen-Âge!).Il récolta les fruits du succès de sa politique dès la fin de l’année 309; Maximien, père de Maxence, revenant sur sa démission de 305, s’était mis alors en tête de reconquérir, en Gaule, son titre d’Empereur, en profitant d’une campagne de Constantin contre des Francs cherchant à franchir le Rhin; il fit courir le bruit de la mort de ce dernier.Une fois la campagne terminée victorieusement grâce aux conseils donnés, en rêve, par la grande divinité solaire Apollon, autre figure paternelle, Constantin, plus que jamais assuré de son origine «sacrée» et de sa nature christique, se lança, furieux, à la poursuite de Maximien, qui se réfugia en Arles, puis dans Marseille, ville fortifiée plus facile à défendre.Le peuple marseillais, dédaignant les ordres de Maximien, se précipita vers les remparts dont il ouvrit les portes, au moment opportun, pour laisser pénétrer dans la ville, et sans combat, l’armée constantinienne, réservant à son chef un accueil triomphal.Maximien fut assassiné ( suicide? ), à Marseille, en juillet 310, par strangulation.

L’institution du christianisme.

La «conversion» inattendue du peuple marseillais en sujets souhaitant d’être gou-vernés par Constantin soulignait, à la fois, l’efficacité et la justesse de sa politique pro-chrétienne, et l’engagea à puiser davantage dans le Trésor public pour gratifier les anciens «persécutés» dans ses Etats;informations qui transitèrent par l’Italie, la Sicile, l’Afrique du Nord, jusqu’en Orient lointain, en suscitant chez les chrétiens, encore poursuivis, l’espoir d’une prochaine venue victorieuse de l’Auguste d’Occident, et leur libération définitive.La leçon fut également retenue par les ennemis personnels de Constantin-CHRIS-TOS, notamment par Galère qui, en début de l’année 311, décida de suspendre la persécution ordonnée en 303/305; cette décision n’eut aucune suite concrète, puis-que Galère mourut brusquement à Serdique, en Mai 311, des suites d’une maladie très douloureuse; après quoi, Maximin Daïa reprit la lutte contre les chrétiens dans les mêmes conditions de dureté.

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Comme, de surcroit, Dioclétien décéda, en Décembre 311, dans son palais croate de Split, la première tétrarchie ne fut plus qu’un souvenir, et les ambitions de Constantin se ravivèrent.Il n’y avait plus en face de lui que Licinius, nommé en 308 en remplacement de Sévère, tué l’année précédente, au combat contre Maxence, et Maximin Daïa, gou-vernant l’Orient; mais aussi à Rome, l’usurpateur Maxence, homme jeune, sans véritable expérience militaire, corrompu, qui avait continué la politique anti-chré-tienne de son père, Maximien.Constantin, conscient des souhaits en sa faveur du peuple italien, franchit les Alpes en 312, remporta facilement deux victoires sur l’armée de Maxence, à Turin et à Vérone, puis vint camper devant Rome, au début du mois d’Octobre.Maxence pouvait s’enfermer dans l’Urbs, fortifiée par Aurélien;toutefois, le souvenir de ce qui s’était passé à Marseille,trois ans plus tôt, l’engagea à préférer une action immédiate et décisive, sachant que, s’il ne bénéficiait pas du soutien moral de la population romaine, il possédait un avantage numérique certain sur l’armée constantinienne rassemblée sur la rive droite du Tibre, devant les ponts menant à la Ville.Cette armée constituait, cependant, une formidable machine de guerre, parfaite-ment organisée, assurée de sa force, animée d’une véritable vénération pour son chef, insensible aux tentatives habituelles de corruption de la part de Maxence.A ce dernier incombait la tâche difficile de former, dans un délai aussi court que possible, un unique instrument de combat avec plusieurs pièces disparates, dont le nombre important ne compensait pas l’inefficacité due à l’inexpérience.Constantin, pour sa part, avait consolidé son dispositif compte tenu de l’incertitude éventuelle d’une lutte entre soldats équipés des mêmes uniformes et des mêmes armes, pouvant créer des situations confuses que tout stratège redoutait;il fit tailler des bannières ornées de son chrisme, pour que ses troupes puissent plus facilement se regrouper dans l’action, en étant persuadées d’une fin victorieuse compte tenu de la Chance promise au «fils de dieu»-CHRISTOS.Finalement, la bataille eut lieu le 28 Octobre; Maxence, entraîné par ses soldats en fuite, tomba, depuis le pont Milvius, dans le Tibre, où il se noya retenu au fond du fleuve par le poids de son armure.Cette victoire apporta à Constantin l’immense satisfaction de devenir le seul Maître de l’Occident romain, avec l’Italie y compris la Sicile, l’Afrique du Nord, l’Istrie, la côte de l’Adriatique et les contrées attenantes;elle eut, en outre, les plus bénéfiques conséquences pour les chrétiens nouvellement libérés, principalement à Rome, qui recouvrirent, avec cette liberté, les anciens biens de leurs Collegia, et reçurent de leur nouvel Empereur des dons en espèces, terrains et immeubles, nombreux et importants;d’autant plus qu’en Mars 313, à Milan, Constantin et Licinius signèrent un texte législatif reconnaîssant officiellement le nouveau culte pratiqué par les chrétiens;il s’agissait, de fait, du culte de la personne «divine» de Constantin, fils du Soleil, «vrai dieu de vrai dieu»;il s’agissait de l’ancien culte impérial pratiqué non plus d’une façon épisodique mais régulièrement, dans des locaux répartis dans toutes les villes d’Occident;l’antique culte impérial était élevé à son acmé, dans des conditions totalement

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insoupçonnées par les Empereurs précédents, cimentant autour de Constantin l’unité de l’Empire d’Occident.Sur le plan politico-militaire, l’année 313 fut particulièrement riche en événements majeurs, en ce qu’elle permit à Licinius de s’emparer du pouvoir en Orient du fait de sa victoire sur Maximin Daïa qui se suicida, à Tarse, en Août de cette année; Licinius estima nécessaire, malheureusement, pour ménager l’avenir, de faire exécuter tous les enfants, certains très jeunes, descendant de Galère, Sévère et Maximin Daïa, ainsi que la veuve de Galère, Valéria, fille de Dioclétien.Ces crimes abominables allaient peser lourdement sur l’histoire des dix prochaines années, en donnant à Constantin un prétexte d’intervention pour punir le coupa-ble.C’est à partir de cette année 313 que Constantin agit en chef véritable de la religion néo-chrétienne; il convoqua en Arles, pour le 1er Août 314, un Concile dans l’espoir de régler ( mais en vain ! ) le problème posé par le schisme donatiste carthaginois; ce Concile regroupa 33 évêques occidentaux, à la disposition desquels il avait plaçé le cursus publicus, c’est à dire la poste impériale, pour faciliter leurs dépla-cements.

Selon le Liber Pontificalis, l’évêque de Rome nommé le 31 janvier 314, Silvestre 1er, refusa de se rendre à la convocation de l’Empereur, considérant comme un dû les bienfaits de ce dernier et se croyant son égal ;il refusera, ultérieurement, pour la même raison, de se rendre à la convocation du Concile de Nicée en 325 et s’opposera aux décisions conciliaires concernant la fixation de la date de Pâques. L’animosité réelle développée par cet évêque à l’encontre de l’Empereur ruine totalement les arguments présentés plus tard, au 8ème siècle, dans la fausse «Donation de Constantin».

Pendant les dix années suivantes, Constantin, préoccupé de l’unification de l’Empire autour de sa personne, concentra ses efforts dans l’organisation de son cultepar la construction de nombreux édifices consacrés à la nouvelle religion chré-tienne, particulièrement à Rome où il avait fait don, dès 313, du Palais du Latran à l’évêché de la Ville.Il fit en sorte que l’antique et vénérable capitale de l’Empire devint la capitale in-contestée du nouveau culte par l’édificaton d’une basilique ( la demeure de l’Em-pereur ) sur la colline du Vatican, hors les murs, destinée à recueillir les reliques de celui que la tradition paléo-chrétienne honorait comme le fondateur animateur du mouvement, comme sa «Pierre», Chrestus, dont les restes avaient été recueillis dévotieusement après sa mort sous Néron, placés sous un trophée jusqu’au moment de la «persécution»de Valérien, en 258, puis déposés dans les Catacombes où ils demeurèrent jusque vers 340;à cette date, ils furent transportés, en une procession triomphale, dans la basilique dite de Saint Pierre, commencée par Constantin en 323, achevée en 349.

La construction de la basilique dédiée à «Pierre» fut un élément déterminant dans l’histoire du christianisme romain.Le rôle de fondateur, de «Pierre» du mouvement paléo-chrétien, attribué à CHRES-

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TUS, transforma «Pierre» en «portier du Ciel», propriétaire des clefs du Paradis.A peine sa construction terminée, au milieu du 4ème siècle, le monument attira à Rome tous les chrétiens d’Occident qui en eurent la possibilité pour obtenir du «Porteur des clefs» la faveur suprême d’une place au Ciel moyennant le dépot de contributions en tous genres: argent, bijoux, tissus rares, pierres précieuses, ter-rains, immeubles...etc.Par l’exploitation de la peur des hommes, et de leurs superstitions Rome devint le Centre Magique de l’Europe occidentale, et son évêché, progressivement, le pro-priétaire foncier le plus important de l’Italie.Finalement, ces possessions furent élevées au statut d’Etat indépendant, en 754/756, par Pépin le Bref, sous la tutelle des Carolingiens puis des Ottoniens allemands, en suite à la présentation d’une fausse «Donation de Constantin» , et d’une fausse lettre adressée par «Pierre» à Pépin le Bref, pour le convaincre de soutenir l’évêque de Rome, Etienne II, contre les Lombards.Aucun passage des livres «sacrés» chrétiens n’a prévu la création des Etats pon-tificaux romains.

Cependant, la véritable ambition de Constantin , encore insatisfaite, le poussa à provoquer Licinius pour diverses raisons familiales. Il pénétra dans les Balkans à l’automne 316; les opérations militaires aboutirent à la signature d’un traité, le 1er mai 317, à Serdique, qui lui accorda la plus grande partie de la région envahie. Licinius se trouvait, à l’époque, dans une situation difficile du fait des chrétiens orientaux; ceux-ci, malgré ses premiers gestes d’apaisement, se conduisaient en agents de Constantin; Licinius dut faire face à des désordres sérieux dans son armée et l’administration civile; il ne trouva d’autre solution que la reprise d’une dure répression, accusant quelques évêques de déloyauté, les faisant exécuter et détruire leurs églises; il devait, concrètement, se battre sur deux fronts, puisqu’entre-temps Constantin réunissait une armée et une flotte importantes qui convergèrent, en 324, vers Andrinople, où il remporta une victoire décisive, confirmée à Chrysopolis, le 18 Septembre de la même année.Licinius se rendit, et fut assigné à résidence à Thessalonique pour y vivre en simple citoyen, suivant la promesse de Constantin; il y mourut au printemps 325, étranglé sur ordre, avec son fils âgé de neuf ans.Constantin avait atteint son objectif final: il était le seul Maître de l’Empire réunifié, adulé par les chrétiens, en Occident et en Orient, comme leur Sauveur.Toutefois, la prise de possession de l’Orient romain réactivait un problème doctri-nal, auquel il n’avait pas, jusqu’alors, prêté suffisamment attention : l’arianisme.Il ne pouvait pas admettre, lui, Christos, fils du Soleil, n’être qu’une divinité secon-daire; c’est pourquoi, il convoqua, pour ce mois de Juin 325, à Nicée, un Concile oecuménique rassemblant 318 Pères, pour définir le Credo établissant sans dis-cussion possible qu’il était «engendré non créé», «vrai dieu de vrai dieu, lumière née de la lumière»; cet article de Foi, reproduit ultérieurement dans les Actes des Conciles successifs, ne contient aucune allusion ni à une naissance à Bethléem ou autre ville, ni à une mort par un procédé quelconque;particulièrement, ni une intervention collective des Juifs ni un jugement par le Pro-curateur Pilate ne sont suggérés; le nom d’une mère supposée n’est pas prononcé.

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Bref, le Concile de Nicée institua doctrinalement la religion de Constantin Christos, le christianisme, à laquelle les chrétiens s’étaient convertis massivement, compte tenu des avantages matériels inattendus prodigués par le Sauveur, outre leur vie et leur liberté.

Le premier Concile oecuménique de Nicée fut convoqué par Constantin pour mettre fin , principalement, à la crise arienne, et proclamer la vraie doctrine.Le Concile commença, pense-t-on, le 19 Juin 325 sous la présidence effective de l’Empereur qui participa aux séances suivantes, ou s’y fit représenter par Ossius, évêque de Cordoue, son conseiller en relations avec les chrétiens.Beaucoup de questions se posent sur le contenu exact des décisions prises à Nicée, car on ne peut se référer qu’au texte grec lu au Concile d’Ephèse en 431.L’oeuvre la plus importante consiste en une définition de la Foi rédigée sous la forme d’un Symbole qui serait très proche d’un Symbole adopté précédemment à Aelia (Jérusalem);ce qui rend d’autant plus surprenante l’absence de toute mention ou suggestion d’une naissance du Sauveur à Bethléem et de sa mort par crucifixion dans la cité d’Aelia;dans la mesure où l’on croit en la vérité historique des évangiles connus actuelle-ment après la publication de la Bible Sixto-Clémentine en 1592.

Le Concile de Nicée en 325.

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La rédaction de la Bible chrétienne.

De 325 à 330, l’édification de la nouvelle capitale, Constantinople, manifesta dans ses principaux monuments l’origine «divine» de l’Empereur, CHRISTOS de son Père le Soleil, quelle que puisse être la dénomination de ce dernier : Apollon-Esculape comme pour Auguste, Mithra, ou Sol invictus comme pour Aurélien et Constantin lui-même.L’Empereur fit ériger, particulièrement, une haute colonne de pierres rouges, do-minée par sa statue, telle un nouveau soleil éclairant de ses rayons la totalité de son Empire.Plusieurs de ses prédécesseurs s’étaient donné ce titre de «Neos Helios», Nouveau Soleil, en abrégé Noël. Aurélien, en 274, pour rappeler sa victoire sur Zénobie reine de Palmyre, grâce aux indications fournies par le dieu solaire d’Emèse, avait institué une fête anniversaire du Nouveau Soleil, le 25 Décembre, date à laquelle l’Astre divin triomphait de la nuit;cette fête célébrait simultanément l’anniversaire symbolique de la naissance de l’Empereur, en tant que Fils du Soleil, en tant que Neos Helios, Nouveau Soleil.Cette cérémonie impériale fut reconduite d’année en année, jusqu’au 25 Décembre 335. A cette date, selon la Depositio Martyrum Romae écrite, pense-t-on, au plus tard en Octobre 336, Natus ( est ) Christus;le Nouveau Soleil, Noël, prit le qualificatif de Constantin: CHRISTOS. Le rite ins-titué par Aurélien, le 25 Décembre 274, est définitivement «christianisé» ; c’est aussi dire que le christianisme, la nouvelle religion des chrétiens, le culte impérial constantinien s’est inséré, pour sa durée entière, dans le cadre romain du culte du pouvoir, transformant les «fidèles chrétiens», de notre temps, qui n’en ont pas conscience, en derniers adorateurs de l’Astre solaire.La Depositio Martyrum Romae représente la première datation historique de la naissance de CHRISTOS; naissance rendue possible du fait que :- d’une part, le seul Empereur, autre que Constantin, à s’être habituellement désigné Christos fut Licinius, assassiné sur ordre du premier, dix ans auparavant;- d’autre part, le seul évêque romain, qui distinguait en Constantin la personne d’un simple bâtard, avait été Silvestre 1er, mort cette année même 335;- en outre, la masse des chrétiens convertis à son culte voyait , dans leur vie sauve obtenue, l’accumulation des subventions diverses de Constantin et la construc-tion de multiples basiliques( ta basilica, maisons de l’Empereur) dédiées à leurs légendaires prédécesseurs, la réalisation des promesses, implicites, de leur Ancien Testament traduit de la Septante, à laquelle certains d’entre eux eurent de nouveau accès après l’occupation de l’Orient romain, en 324. Pour cette raison, les chrétiens estimaient, de plus en plus, représenter le «nouveau peuple juif», et leur Nouveau Testament eut pour objet de démontrer que leur Sauveur effectif, Christos, appar-tenait bien à la race de leur ( prétendu ) roi, David.Le Sauveur, qu’ils attendaient auparavant, était un dieu toujours vivant, ne naîs-sant ni ne mourant; mais, leur Sauveur réel était bien né, sur cette terre, d’une incarnation toute «divine», malgré les apparences;aussi bien, la Depositio Martyrum Romae précise-t-elle que Christos naquit à

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Bethléem.-enfin, Constantin, lui-même ( en 335, il était âgé d’environ 60 ans et mourrait deux ans plus tard ), Constantin ne pouvait que souhaiter cette « christianisation « du NOEL traditionnel romain, puisque, par cette qualification, son action politico-re-ligieuse allait se pérenniser, se perpétuer dans des conditions qu’aucun Empereur avant lui n‘aurait pu concevoir.Les chrétiens de tous les temps viendraient l’adorer en tant que CHRISTOS, le vé-nérer et louer en lui «l’Empereur céleste et Seigneur de Majesté», comme le dira, plus tard, le 4ème Concile oecuménique de Constantinople, en 869.Il n’existait, en effet, aucune raison pour que, dans un avenir même très lointain, on supprimât la fête de Noël, la fête du renouveau solaire, puisqu’elle préfigurait le triomphe du Printemps, et célèbrait une phase essentielle des cultes de la Fertilité dans l’aire géographique indo-européenne. Bien plus, l’attachement à la tradition romaine sera si puissant que l’on continuera, chaque année, à fêter Noël le 25 Dé-cembre malgré les modifications du calendrier, qui situent la venue du Nouveau Soleil quatre jours plus tôt.Pendant vingt ans, de 305 à la fin de 324, les chrétiens n’ avaient pu traduire à nouveau la Septante pour remplacer leurs livres détruits, leurs veteres latinae.Ils y procédèrent, avec empressement, dès que l’accès à la bibliothèque d’Alexandrie leur fut rendu possible par les conquêtes de Constantin et la fin de la «persécution» en Orient.Le texte d’origine témoignait, désormais, d’un passsé lointain; il n’avait plus d’utilité puisque, depuis les graves événements des années 115, il n’ y avait pratiquement plus de Juifs en Egypte, et que, de toute façon, depuis le décret de Caracalla en 212, l’Empire ne comptait plus que des citoyens romains soumis aux mêmes lois.Comme au temps des paléo-chrétiens, de nombreuses traductions circulèrent dans les communautés, dont les qualités littéraires restaient médiocres.Cette multiplicité déplut fortement à une personnalité, telle que l’évêque romain Damase 1er ( 366/384 ), affamé du pouvoir, dont le tempérament autoritaire et l’esprit rigide rejetaient naturellement toute agression à l’encontre de son sens de l’uniformité et de la convenance. Damase 1er fut le prototype de l’évêque romain affolé par sa volonté de puissance, qui le poussa à faire couler le sang d’autre chré-tiens pour occuper le trône épiscopal. Le 1er Octobre 366, Damase donna l’assaut à la basilique «Liberii» ( future église Ste Marie Majeure ), où s’étaient regroupés les partisans d’Ursinus, son adversaire, autre prétendant au siège d’épiscope;cette action causa la mort de quelques centaines de chrétiens et provoqua l’indi-gnation de l’historien romain Ammien Marcellin ( dans ses Res Gestae - XXVIII - 11/13 )Aussi, Damase demanda-t-il à l’un des experts de son entourage: Jérôme, vir trilinguis, une traduction «littéraire», cependant qu’il aurait dressé une liste des livres à garder et à rejeter.[il s’agit, en fait, d’une oeuvre apocryphe dite de Gélase( 492/496), écrite vers 519, mais attribuée à Damase? ].

La traduction de Jérôme s’est échelonnée de 382 à 406; Jérôme s’établit en Orient en 392, vécut en ermite, et occupa sa vie monastique à latiniser la Septante, ce qui

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devait aboutir à un texte primitif de la VULGATE .

L’écriture du Nouveau Tes-tament était d’une tout autre nature, et se démarquait com-plétement du travail de sim-ple traduction de l’Ancien, à l’origine.Présenter l’A.T. comme une préfiguration du N.T., pré-senter ce dernier telle une réalisation des promesses im-plicites du premier, bien plus encore démontrer que le N.T. consacrait la divinité de Constantin en tant que Fils et Christ de la Lumière exigeait un pur exercice d’imagina-tion, et les soins de véritables écrivains.

A l’évidence, l’essentiel du Nouveau testament est constitué par les quatre évangiles, dont l’Eglise romaine : «affirme sans hésiter l’historicité.» du fait que :«ils transmettent fidèlement ce que Jésus, le Fils du Père, du temps de sa vie parmi les hommes, a réellement fait et enseigné ........», selon le Concile oecuménique VaticanII, dans sa session n°VIII du 18 Novembre 1965, consacrée à la Constitution dogmatique sur la Révélation divine ( Chapitre V - Le Nouveau testament ).Parmi ces évangiles, seul, l’évangile dit de Luc comporte un Prologue ( I- 1/4 ) qui nous instruit des conditions de sa rédaction; plus précisément, l’auteur indique à «l’excellent Théophile», destinataire de son ouvrage, qu’il s’est informé exactement de tout depuis le début :«selon ce que nous ont transmis ceux qui (ont été) témoins oculaires dès le commencement».Malheureusement, en l’état actuel des textes, aucune indication ne nous est don-née permettant d’estimer la valeur de ces témoignages oculaires, et nous nous demandons encore :qui a vu la scène de l’annonce faite à Marie? qui a reconnu l’ange Gabriel? qui a relevé les paroles de la salutation angélique? qui a vu l’ombre du Très-Haut fécon-der Marie ?qui a entendu et noté les paroles du Magnificat? ....etc....etc. Et, à la fin, quels té-moins oculaires ont assisté à la scène dite de l’agonie, au Mont des Oliviers, alors

Jérôme traduisant la Bible.

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que tous les disciples de Jésus étaient endormis? qui a vu et entendu Jésus se lamenter? .......etc....L’évangéliste, dit Luc, paraît, en définitive, faire un travail d’illusionniste et non d’historien, assuré d’être cru du fait de sa situation sociale au milieu d’une popu-lation très généralement illettrée, apeurée et superstitieuse, dont l’existence n’était qu’obéissance à des ordres donnés par quelques maîtres, si bien qu’en la psychologie collective et individuelle cette obéissance était devenue un besoin.L’évangéliste est, donc, soit un simple scribe donnant une forme littéraire à des récits légendaires de ces temps-là, transmis jusqu’alors par voie orale, soit un auteur véritable créant, dans l’esprit de ces temps loitains, des scènes destinées à forcer la croyance des foules en une divinité, dont il se présenterait comme le serviteur.L’évangile dit de Luc, et les trois autres aussi, constituent non pas des récits histo-riques, mais des histoires saintes, des hagiographies, jugées comme telles, de nos jours, par les «fidèles» eux-mêmes, malgré le Concile Vatican II.

La Revue mensuelle «Prions en Eglise» , éditée par Bayard-Presse, distribuée dans les paroisses, a bien indiqué ( pages 10 et 11 ), dans son n° 107 de Novembre 1995, que, dans la Bible, il ne fallait pas chercher une histoire, mais une «histoire sainte»; elle ajoute que les évangélistes:<< n’ont pas le souci de faire oeuvre d’archéologues ou d’historiens, mais bien de transmettre la foi en ce Christ toujours vivant près de Dieu ...Les évangiles ont pour objectif foncier de nous faire découvrir et partager la foi des premières communautés chrétiennes....La Bible a été écrite par des croyants pour des croyants.>>

La foi chrétienne, cherchant sans cesse à faire revivre un passé très lointain es-timé représenter l’idéal, apparaît ainsi non pas fondée sur des concepts rationnels élaborés à partir d’événements historiques certains, mais comme le résultat de phénomènes psycho-sociologiques tendant à apaiser les peurs innées et induites des hommes, comme une sorte de psychothérapie collective et individuelle, exi-geant pour être efficace une obéissance sans faille aux Maîtres: prêtres, moines, évêques, et autres dignitaires ecclésiastiques, fonctionnaires de l’Etat théocratique du Vatican.

Les quatre évangélistes et leurs symboles:

Matthieu est représenté par le boeuf; Marc l’est par le lion;Luc est représenté par un homme; Jean, par l’aigle.

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Certes, seul, un ouvrage de nature hagiographique pouvait exprimer la foi reli-gieuse en un dieu devenu homme pour le salut des hommes; toutefois, même en ces temps très lointains, un homme pouvait s’interroger sur la puissance «divine», et conclure que, pour s’incarner sur terre, cet être «tout-puissant» n’avait pas besoin de «naître» ;ce que l’évangile, dit de Marc, semble sous-entendre, puisqu’il néglige totalement une «naissance» de Jésus.Mais les mentalités antiques étaient trop imprégnées de la croyance en une origine «divine» des Princes, rois ou empereurs, pour qu’au moins deux évangiles, ceux dits de Matthieu et de Luc,ne mettent en oeuvre, comme pour les pharaons égyp-tiens par exemple, une véritable hiérogamie caractérisée par le nom de la divinité agissante, l’Esprit Saint, nom prononcé pour la première fois au Concile de Nicée en 325, complètement inconnu auparavant.Il faut, en outre, redonner au mot «salut» sa signification réelle, en ces temps-là, c’est à dire: bon état du corps, bonne conservation, santé, et non le sens religieux actuel d’accession au Ciel. Les évangé-listes, scénaristes d’une hiérogamie traditionnelle, pensaient comme les humains cultivés de leur époque; ils exprimaient, à leur manière, les mythologies acceptées alors pour vérités afin d’ expliquer la Fertilité de la terre, source des nourritures et d’une bonne santé de l’espèce humaine; ces évangélistes raisonnaient en sujets de ces temps-là, postérieurs au 4ème siècle de notre ére, dans l’aire géographique indo-européenne.La lecture attentive des chapitres relatifs à la naissance de Jésus permet de bien distinguer cette naissance de celle de Christ, les deux personnes fusionnant plus tard en un seule dans la proximité de la ville de Césarée de Philippe, autrefois Pa-nias ou Panée, à l’occasion de ce qu’il est convenu d’appeler : la Profession de foi de Pierre reconnaîssant en Jésus et Christ le même personnage ( Mat. XVI - 13/20; Mc. VIII -27/30; Lc. IX - 18/21).La naissance de Jésus donne lieu à l’établissement de deux généalogies:

- La première généalogie

chez Mt.( I - 1/16) commence par Abraham; la naissance est signalée au verset 16 de la façon suivante:<< ... Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle naquit Jésus, appelé Christ... >> sans indication d’aucune circonstance, ni de lieu ni de date.Cette appellation de «Christ» marque, sans plus, la confusion opérée ici par le rédacteur compte tenu de sa connaissance, au préalable, de l’identification faite de Jésus et de Christ en une seule et même personne ;il veut prouver que Christ, issu d’une hiérogamie, descend simultanément d’Abra-ham et surtout de David, fondateur de la dynastie des rois d’Israêl , comme Jésus, mais la généalogie de ce dernier reste entièrement livresque et n’apporte aucune preuve historique de cette filiation, qui reste une simple affirmation de l’auteur.De toute manière, un même enfant ne peut avoir deux géniteurs différents, un père «homme» tel Joseph, et un dieu agissant en tant qu’Esprit Saint.Si c’était le cas, la scène, dite de la Profession de foi de Pierre, n’aurait aucun sens,

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alorsqu’elle est fondamentale et donne sa signification finale à l’évangile, comme nous le développerons peu après.Rien, d’ailleurs, n’empêchait l’évangéliste d’utiliser des noms attribués fréquem-ment: Joseph et Marie, pour caractériser l’identité d’individualités différentes;il peut exister, en l’occurence, deux couples formés d’un Joseph et d’une Marie;le premier, marié suivant l’évangile, aurait eu un enfant par des voies naturelles; le deuxième, formé de simples fiancés, présenterait cette particularité de la grossesse de la femme, fécondée, selon des explication angéliques, par une divinité nommée Esprit Saint à l’occasion d’une hièrogamie «à l’ombre du Très Haut», ombre de l’arbre sacré habité par cette divinité.L’indication de cette hièrogamie dans les deux évangiles ( Mt. I-18/24; Lc I-26/38 ) atteste l’importance de cette intervention supposée, conventionnellement, «divine», mais qui ne pouvait avoir, en ces temps-là, qu’une seule interprétation; l’annonce d’un mariage «sacré» signalait, alors, à coup sûr, la naissance d’un Prince, roi ou empereur;le procédé fut déjà utilisé pour Auguste, le premier Empereur romain, descendant de Vénus en tant que membre de la Gens Julia, mais fils d’Apollon-Esculape, la grande divinité solaire, qui avait, dit-on, «visité» sa mère Atia, endormie dans son temple de l’île tibérine.Christ, issu du mariage «sacré» de sa mère Marie et de l’Esprit Saint, était assuré-ment un Prince, et, en ces temps-là, un futur Empereur romain;d’autant qu’il naîssait comme un «Nouveau Soleil» «Noêl», qualité revendiquée par la lignée des Empereurs romains et proclamée dans les deux évangiles (Mt. II- 1 / 12; Lc. II- 1 / 20) par la visite des Mages dans le premier, et des bergers dans le second. Ces Mages étaient, en effet, les prêtres attitrés de Mithra, nouvelle divinité solaire chez les Romains, et les bergers: ses compagnons habituels; leurs démarches respectives les conduisaient à reconnaître en Christ, le nouveau né, la nouvelle incarnation du Soleil, et une filiation solaire dont se sont toujours glorifié les Empereurs romains. Indiscutablement, Christ, outre la signification de cette appellation, naîssait en tant que futur Maître de l’Empire.Cette naissance du Nouveau Soleil, de Noël-Christ, a justifié la «christianisation» de la fête annuelle traditionnelle romaine du 25 Décembre, à dater de l’an 335.

On relèvera que la paternité de l’Esprit Saint, admise par les deux évangiles, ma-nifeste l’unité intrinsèque de la Trinité sans laisser place au moindre doute sur la nature même de l’Esprit;en conséquence, si ces textes avaient existé avant 1054, aucune dispute le concer-nant n’aurait pu s’élever entre les Eglises de Rome et de Constantinople, et le schisme d’ Orient n’aurait pu naître.Cette affirmation nette de l’unité de la Trinité intervient comme un écho des travaux du 4ème Concile oecuménique de Latran de 1215, suivant lequel :<< .... Père et Fils et Saint Esprit, trois Personnes, mais une seule essence, substance ou nature absolument simple.....Le Père engendrant, le Fils naîssant et le Saint Esprit procédant, consubstantiels et semblablement égaux, également tout-puissants, également éternels.Unique principe de toutes choses..... Le Fils unique de dieu, Jésus-Christ, incarné

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par une oeuvre commune de toute la Trinité... ..etc. >>La distinction des personnes dans la Trinité relève de la simple méthodologie.La hiérogamie mariale revêt, en définitive, l’aspect d’un inceste «divin» , puisque le Fils est en même temps son propre Père, et l’Esprit ;Marie devient, ainsi, l’Epouse de son Fils et la Mère du dieu trinitaire , remplaçant les Grandes Déesses Mères des mythologies de l’antiquité indo-méditerranéenne, par exemple Isis, Cybèle, Ishtart....etc.

- La deuxième généalogie

souffre de la conception initiale de l’évangile dit de Luc. Dans celui dit de Matthieu, la généalogie de Jésus, à partir d’Abraham, forme l’essentiel du 1er chapitre, et donne toute son importance à la naissance de celui-là, même si le texte matthéen la limite aux dimensions d’un petit verset ( I-16 ).Dans l’évangile lucanien, la généalogie intervient seulement en fin du 3ème cha-pitre, donnant le sentiment que l’auteur a voulu réparer un oubli, entre la men-tion du baptême de Jésus et celle de la tentation au désert; en partant de Joseph ( lequel? ) père de Jésus, il remonte au-delà d’Abraham, jusqu’à Adam «fils de dieu»; il semble plus préoccupé de l’origine «divine» de son héros que de sa place dans la lignée royale de David. Toutefois, il n’a pas réfléchi au fait que, compte tenu du mythe de la création, tout individu humain peut revendiquer une origine adamique et se déclarer, lui aussi, «fils de dieu», du fait de cette descendance.Dans l’évangile lucanien, la première place est accordée à la naissance de Jean-Baptiste, né hors-norme de Zacharie et d’Elisabeth, bien que cette dernière ait été stérile et trop âgée pour enfanter; mais :<< Rien n’est impossible à dieu >>.Jean-Baptiste apparaît comme un autre Isaac, enfant miraculeux mais qui demeure un fils d’homme: Abraham ou Zacharie suivant le cas, et l’auteur semble s’être rendu compte tardivement de son erreur, puisqu’il lui fallait un enfant véritable-ment «divin»;aussi bien, fait-il disparaître, assez vite, Jean-Baptiste pour se consacrer unique-ment à la vie de Jésus, baptisé « comme tout le monde» par le premier, cependant que l’Esprit Saint descendait sur lui «sous la forme d’une colombe» et qu’une voix venue du ciel disait : << Tu es mon Fils bien aimé...>> ( Lc III- 21/22 ).( Mais, qui a vu la scène ? qui a entendu ces paroles ? )

En fait, les deux généalogies sont construites de manière analogue, par succession de noms pris dans l’A.T., mais sans aucun souci de rendre probant cet exercice.Dans l’évangile matthéen, la volonté de situer Jésus dans la succession davidique ne le transformait pas automatiquement en une personne royale;jamais, il n’a reçu la moindre onction d’huile requise, d’un prophète ou d’un grand-prêtre, onction d’autant plus nécessaire que le contexte de l’époque supposée ne permettait aucun espoir de rétablissement d’une royauté judéenne.La méconnaissance du contexte politique de ces temps-là, notamment du fait qu’Hérode, dit le Grand, dépendait en tout des conquérants romains, situe la composition effective des textes très lontemps après le 1er siècle de notre ère, et explique bien leur anhistoricité.

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Dans l’Antiquité tardive, et durant le Moyen Âge, plus un récit comportait de scènes «merveilleuses» plus il favorisait le développement de la foi chez les «fidèles»;de nos jours, la raison critique et la relativité continuelle des situations «historiques» détourne inévitablement les anciens «fidèles» de ces récits hagio-graphiques totalement fantaisistes et imaginaires.La divinité supposée de Jésus veut être démontrée plus par ses discours et ses miracles que par sa naissance.Toutefois, l’on trouvera aisément dans ces discours des idées dérivées des anciennes doctrines philosophiques gréco-romaines :des Cyniques, particulièrement, en ce qui concerne le rejet de la fortune et le par-tage des biens;des Stoïciens, en ce qui concerne l’amour du prochain et le pardon des offenses;certains des récits évangéliques constituent , en fait, des commentaires des «Pen-sées» de Marc-Aurèle ( 161 / 180 ).Quant aux miracles, outre ce qu’ il en est dit dans la «Lecture raisonnée de l’évan-gile», on ne saurait oublier les exemples fournis par la vie d’Apollonius de Tyane au temps de Domitien ( 81 / 96 ).

- La naissance de Jésus - Christ.

La profession de foi de Pierre, à Césarée de Philippe ( Mt. XVI - 13/20 ), constitue l’accomplissement de l’évangile en ce que :

§ d’une part, Jésus interrogeant ses disciples sur ce qu’ils pensaient de lui, Pierre répondit:<< .. Tu es le Christ , le Fils du dieu vivant ...>>.Pierre assimilait complètement les deux personnes en une seule, malgré la diffé-rence éthymologique des deux noms :Jésus, nom de personne dérivé de Josué porté par des dizaines de Juifs, n’a jamais désigné , au contraire de Christos adjectif de la langue grecque, l’oint d’un dieu, son fils béni, guidé par la Fortune et la Chance, reconnaissable à ses victoires sur ses ennemis. Cette «profession» fait de Christ, c’est à dire du nouvel Empereur ro-main, «Noël», fils de Mithra, un Juif «nouveau», semblable aux paléo-chrétiens se jugeant le «nouveau peuple juif»depuis leur adoption de la Septante; cet Empereur devenait ainsi, non plus par conquête militaire, mais par ascendance « familiale» supposée, roi des ( nouveaux) juifs, les chrétiens. Par le fait des récits évangéliques, cet Empereur est devenu un chrétien; on dira plus tard qu’il s’était «converti».En somme, l’invention du personnage de Jésus le Juif, dont aucun fait historique ne vient attester la naissance, s’est imposée aux évangélistes pour qualifier défini-tivement de chrétien le nouvel Empereur romain.Le lieu même où la «profession» de Pierre s’est tenue renforce le caractère princier, royal ou impérial, de Christ; à Césarée de Philipe, anciennement Panée ou Panias, se dressait un temple magnifique dédié à Pan, le dieu-berger symbole du pouvoir royal puisque tout roi est le «berger» de son peuple, le Maître de ses sujets. Ce symbolisme princier, royal ou impérial, fut si puissant qu’au 16ème siècle de notre

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ère, de nombreux Humanistes, dont Rabelais, assimilaient totalement Jésus-Christ à Pan.

§ d’autre part, le dialogue se poursuivant, Jésus, devenu Jésus-Christ, dit à Pierre : << ... Tu es Pierre et c’est sur cette pierre que je bâtirai mon Eglise ...>> .Le texte matthéen affirme, donc, nettement, que le Jésus évangélique, durant son séjour sur terre, n’a pa créé de religion ( qu’est-il venu faire? ) , mais qu’il revien-dra, en tant que J.C., c’est à dire sous la forme d’un personnage princier ( royal ou impérial ), pour bâtir, dans un avenir indéterminé, son Eglise sur «Pierre».La question se pose de savoir quel est ce deuxième J.C. annoncé par l’emploi du futur du verbe «bâtir»? Qui a , historiquement, «bâti» le christianisme romain , devenu la religion des chrétiens? C’est l’Empereur Constantin, indubitablement.

Non seulement , Constantin a refusé de continuer, en ses Etats, la «persécution» de Dioclétien, mais il a rendu, progressivement, dès 307, aux paléo-chrétiens, avec la vie sauve, leurs anciens Collegia et autorisé l’exercice, à nouveau, de leurs pratiques religieuses, officiellement transformées en culte impérial en 313. En outre, il les a comblés de dons de toute sorte en réparation des dommages subis, et pour favori-ser l’avenir de leurs Associations. Surtout, il a construit ou fait construire nombre de basiliques( les maisons de l’Empereur) et autres temples dans de nombreuses villes; il a doté l’Institution nouvelle d’une doctrine résumée dans le Credo de Nicée, en 325, Concile qu’il dirigea personnellement; il structura cette Institution en donnant aux évêques un pouvoir réel sur leurs «fidèles», en faisant d’eux les agents de l’unité de l’Empire, l’Institution devenant de ce fait, «catholique», c’est à dire étendue à tout l’Empire. Particulièrement, Constantin a, dès 323, fait creuser les fondations de la basilique du Vatican, destinée à recevoir, peu après sa mort en 337, les reliques du fondateur du mouvement paléo-chrétien, la «pierre» sur laquelle ce mouvement s’était élevé: Chrestus. Ce dernier s’est donc transformé en assise de la nouvelle religion du pouvoir impérial de Constantin-Christ, assurant la continuité entre les anciens et nouveaux chrétiens, donnant ainsi naissance à la tradition apostolique. Véritablement, Constantin a pris pour les paléo-chrétiens les traits de leur nouveau Sauveur, du nouveau J.C. inventé à partir de leur A.T., attendu depuis trois siècles.Emporté par une sorte «d’enthousiasme divin», l’évangéliste poursuit son effort de rédacteur et conduit J.C. à dire à Pierre :« ... Je te donnerai les clefs du royaume des Cieux...»L’expression « le royaume des Cieux» requalifie la personnalité divino-impériale de Constantin, fils du Soleil, Seigneur du Ciel, son Christ, qui le rejoindra après sa mort d’ Empereur romain;il prendra ainsi possession des clefs du Royaume céleste, et pourra les confier à «Pierre». Immédiatement après son décès d’être humain? Plus tard ?Le moment n’est pas précisé; toutefois, cette seconde promesse semble compléter la première: «C’est sur cette pierre que je bâtirai mon église» ;

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cette deuxième promesse paraît être conditionnée par la réalisation concrète de la précédente.De fait, c’est peu après la mort de Constantin que furent introduites dans la basilique du Vatican les reliques de «Pierre»- Chrestus, fondateur du mouvement paléo-chrétien, la pierre sur laquelle ce mouvement s’est édifié. Aussi, dès la terminaison des travaux de construction du monument peu avant l’année 350, des foules de pélerins se précipitèrent à Rome, pour solliciter la bienveillance du Saint et obtenir de lui l’aide nécessaire, au moment du trépas, pour entrer au Ciel.Progressivement, la Ville devint,donc, par la réalisation des volontés de Constantin, le Centre magique des pays où s’implanta le christianisme romain.Le développement incontrôlable du culte rendu à Pierre au Vatican, nourri des peurs continuelles des populations européennes illettrées et superstitieuses, l’enrichis-sement consécutif, croissant, de l’évêché de la Ville déjà installé dans le Palais du Latran depuis 313, poussèrent successivement les évêques romains à postuler puis à exiger la primauté de leur Siège sur toutes les parties constituantes de la chré-tienté; dès la fin du 6ème siècle, Grégoire 1er, appelé le Grand ( 590/604 ), se disant le «Consul de dieu», transposa l’antique volonté d’annexion animant, autrefois, l’action guerrière de Rome, en «Missions» d’implantation du culte constantinien en Saxe, en ( Grande ) Bretagne et autres régions d’Europe occcidentale.Est-ce que cette «primauté» était inscrite dans les «Ecritures»?Certes, dans le cadre de la législation impériale des deux premiers siècles de notre ère, les Collegia paléo-chrétiens se créèrent d’abord à Rome et dans les principales villes italiennes.Cependant, l’extension de la loi à tout l’Empire, sous le règne de Septime-Sévère ( 193/211 ), n’entraîna aucune prééminence des structures chrétiennes romaines; chaque Collegium tint à manifester sa spécificité; tout au plus, des conglomérats régionnaux, principalement en Afrique du Nord, aboutirent à la tenue de Conciles animés par des personnalités remarquables, comme Cyprien de Carthage, qui s’op-posa avec virulence à Etienne, l’évêque de l’ Urbs, à propos de questions liturgiques et doctrinales.Bref, il n’y avait pas, précédemment, d’organisation chrétienne inter-collégiale. Le contraste est saisissant avec l’institution officielle du christianisme, à Milan, la nouvelle «capitale» de l’Empire occidental, en 313; structuration appliquée à la totalité de l’Empire, après la victoire définitive de Chrysopolis en 324 et le Concile oecuménique de Nicée en 325.Le christianisme étant par essence la religion de Constantin-Christ, l’organisation ecclésiale devint sous la direction personnelle de celui-ci l’administration religieuse de l’Empire, c’est à dire l’élément actif de l’union des citoyens à l’Empereur, vénéré par tous les chrétiens comme leur nouveau Sauveur. Pendant 12 ans, de 313 à 325, le christianisme fut la religion de l’Occident, dont la Ville principale demeura Rome, malgré les aléas politiques et les obligations de la lutte contre les Barbares.C’est dans Rome que, pour la première fois, les paléo-chrétiens s’étaient illus-trés, selon Suétone; Rome demeura la première des villes chrétiennes. Le choix de Rome s’imposa à Constantin, ne serait-ce que pour paraître «se convertir» au mouvement paléo-chrétien; il institua, donc, cette Ville en «Capitale» de son culte: le christianisme; d’où sa décision de construire la basilique du Vatican, dédiée à

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Chrestus-»Pierre».La primauté romaine fut d’abord le résultat d’une volonté politique constantinienne, avant de s’inscrire dans un texte évangélique, qui ne fit que transposer, dans un style hagiographique, une réalité historique.Le don exclusif, par J.C. à «Pierre»- Chrestus, des clefs du «royaume des cieux» renforçait la nature exceptionnelle, unique, de cet «Apôtre», et donnait de ce «royaume» l’image d’une forteresse accessible par une seule porte; tous les Palais terrestres s’ouvrant à l’extérieur par plusieurs ouvertures, le Ciel paraîssait réservé à un petit nombre d’élus, ce qui donnait encore plus d’importance au culte du «Portier»; le séjour sur terre devenait pour le «fidèle» une simple et courte étape destinée à préparer son entrée au «Paradis»;en soi, ce séjour ne possédait aucune valeur, et n’avait d’autre finalité que de permettre à ce «fidèle» de percevoir les volontés divines à travers les homélies et ordres distribués par ses Maîtres et prêtres.Mais J.C. crut nécessaire de poursuivre son discours et de dire à son «Apôtre» préféré :«.....et ce que tu lieras sur la terre se trouvera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre se trouvera délié dans les cieux....»

La fin du discours conduit inévitablement le lecteur à s’interroger sur l’identité véritable du destinataire des promesses énoncées:serait-ce Simon le Galiléen? serait-ce Chrestus, le fondateur du mouvement chré-tien? Selon l’évangile, Simon ( ou Siméon ) aurait été un pêcheur professionnel du lac de Tibériade en Galilée; il aurait joué un rôle important auprès de J.C. , jusqu’à cette «profession» qui le mit au premier rang des disciples pour avoir identifié en une seule et même personne Jésus et le Christ impérial.Après l’Ascension supposée de Jésus, la vie de Simon, dit «Pierre» par anticipation puisqu’aucune Eglise n’existait encore, est relatée par les «Actes d’Apôtres», livre «divin» formant une suite aux évangiles; ce livre, toutefois, est consacré principa-lement à la vie romancée de Saül de Tarse, dit Paul, juif de naissance mais citoyen romain, et se termine par le long voyage de ce dernier à Rome, où il serait arrivé en 65 de notre ère, puis aurait été jugé et exécuté à mort en 67.Les premiers chapitres des «Actes» donnent un rang éminent à Simon, particuliè-rement à l’occasion du remplacement de Judas.Après la Pentecôte, Simon et ses condisciples descendirent dans les rues de Jéru-salem et se mirent à prêcher le peuple, eux qui n’étaient que des gens simples et illettrés; ils guérirent des malades; le Sanhédrin les fit emprisonner, mais «l’Ange du Seigneur» vint les délivrer miraculeusement pour qu’ils continuassent leur mis-sion dans le Temple. Simon s’enhardit à quitter la ville; il se rendit à Lydda, dans la plaine de Sarôn, puis à Joppé; là, il ressuscita une femme qui venait de décéder, nommée «la Gazelle».Entre temps, l’Empereur Tibère (14/37) était mort, remplacé par Caligula (37/41), qui désigna «Roi des Juifs» son ami Hérode Agrippa 1er; ce dernier arriva à Jéru-salem à la fin d’un long périple en Egypte, vers la fin de l’année 39.Après son installation, et pour des raisons non explicitées, Hérode fit emprisonner

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Simon, mais, dans la nuit précédant sa comparution devant le roi, il fut à nouveau miraculeusement délivré, en avertit ses amis , puis , dit le texte ( XII-17 ) :« .... il sortit et s’en alla dans un autre lieu...».Le livre des «Actes d’Apôtres» ne parle de Simon qu’une seule autre fois ( XV - 7 ), après la mort d’Hérode en 44, à l’occasion du troisième voyage de Paul à Jérusalem, où il fut question de la circoncision; depuis, nul ne sut ce qu’il fit, où il mourut, dans quelles circonstances de temps et de lieu; personne ne parla, à l’occasion, des reliques de son corps.En d’autres termes, le Simon des livres «sacrés» ne s’est jamais rendu à Rome.

Pour bien juger de l’anhistoricité des « Actes d’Apôtres», il convient de rappeler qu’au 1er siècle de notre ère la législation relative aux Collegia ne s’appliquait qu’à Rome ( le terme d’ecclesia, dans sa signification de rassem-blement du peuple chrétien, n’est utilisé qu’à partir d’Augustin, décédé en 430 );Jérusalem était l’ancienne capitale de la Pa-lestine, sous occupation romaine depuis les conquêtes de Pompée, au 1er siècle avant notre ère;il n’y avait donc aucun Collegium chrétien en Palestine aux temps supposés décrits par les «Actes». Après la catastrophe de 70, la des-truction de Jérusalem et de son Temple par Titus, la révolte de 133 et la disparition du nom de la ville devenue Aelia capitolina, l’emplacement de Jérusalem fut occupé par

des vétérans romains et interdit de séjour aux juifs;le Temple fut remplacé par des édifices dédiés aux principales divinités gréco-ro-maines.Au troisième siècle de notre ère, un Collegium chrétien fut organisé sous le contrôle d’un épiscope, comme en toute cité importante, mais dans la dépendance de Césarée, capitale administrative de la province. Ce lien de subordination fut rompu par le Concile de Nicée en 325;Constantin fit construire les premiers monuments chrétiens à partir de cette date.Trois siècles plus tard, en 638, la ville est conquise par les Arabes, islamisée; elle devient une ville sainte (seconde) de la nouvelle religion;sur l’esplanade du Temple est érigée, en 691, la Coupole du Rocher, à côté de la-quelle sera construite la mosquée Al Aqsa.Finalement, dans l’évangile dit matthéen, les paroles prêtées à J.C., concernant ce qui serait lié ou délié par l’apôtre sur terre et automatiquement dans le Ciel, pren-nent un sens précis si l’on considère la première moitié du 5ème siècle. C’est en 391 que l’Empereur Théodose (379/395) décréta que , seule, la religion chrétienne serait autorisée dans l’Empire ; il accomplissait ainsi la «pénitence» que l’évêque

Pierre délivré de la prison d’Hérode( Musée de Cluny - Paris )

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de Milan, capitale de l’Empire occidental, le «divin» Ambroise, grand aristocrate membre de la multiséculaire Gens Aurelia, lui avait imposée après la tuerie de l’hippodrome de Thessalonique, courant 390. Cependant, un texte législatif est, en lui-même, totalement impuissant à modifier des mentalités exprimées par des pensées et des gestes ancrés depuis près d’un millénaire.Les évêques chrétiens furent dans l’obligation de mobiliser des bataillons de moi-nes, vêtus de leurs robes noires, pour exécuter, par une force férocement répressive ( l’amour du prochain ?? ), les directives impériales.L’année même, en 415, où le lecteur de ( Saint? ) Cyrille d’Alexandrie étripait igno-blement, en cette ville, la philosophe Hypatia, le culte métroaque de Cybèle - Attis était interdit à Rome; il suffit, toutefois, d’une famine provoquée par une mauvaise circulation des grains des moissons pour que le peuple criât sa crainte de ne plus voir reverdir le Printemps.L’évêque de Rome se trouva, donc, obligé, pour garder ses ouailles, d’introduire ce rite dans la liturgie de sa religion.Léon 1er ( 441/460 ), dans une lettre au patriarche de Constantinople, intégrée aux Actes du Concile de Chalcédoine oecuménique en 451, fit de l’ arbre-croix d’Attis et de sa résurrection, le 3ème jour après sa mort symbolique,le jour du Printemps, le signe salutaire du christianisme;

les populations d’alors ne pouvaient en aucune manière négliger un culte de la Fertilité destiné à leur assurer les nourritures dont elles avaient besoin pour vivre satisfaites, enfin sauvées ! Les évêques chrétiens n’avaient pas la possibilité de placer un moine aux côtés de chaque habitant de l’Empire;ils se contentèrent de persécuter les philosophes néo-platoniciens et autres intellectuels, dont, entre autres sévices, ils brûlèrent avec entrain les bibliothèques; en attendant que l’Empereur Justinien (527/565) ne ferma, plus tard en 529, l’Académie d’Athènes créée par Platon environ mille années plus tôt.Pour le reste, il s’ensuivit inévitablement un syncrétisme marqué par des actions d’adoption et de rupture entre les rites les plus anciens et le culte nouveau et unique du Christ;actions signifiées par le discours évangélique sur ce que lierait et délierait sur terre et dans le Ciel l’apôtre- premier, et ses successeurs sur le siège de Rome, dont la primauté était à nouveau

proclamée.C’est ainsi que les principales divinités de l’Antiquité, dite païenne, continuèrent à vivre sous le voile trompeur du christianisme.Le dernier des Pères de l’Eglise, Isidore de Séville, mort vers 636, déclarait par son

Isidore de Séville - Don d’IsisDernier Père de l’Eglise.

Chronologiquement, le premier est Cyprien de Carthage, dont le

nom vient directement de la Vénus de Chypre, ou Aphrodite.

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nom qu’il était un don de la déesse ISIS.

Le lecteur ne peut manquer d’être intrigué par la conclusion de la «confession» ou «profession de foi de Pierre» ( Mt. XVI- 20 ):<< ...Alors il ( J.C.) enjoignit aux disciples de ne dire à personne qu’il était le Christ. >>On retrouve le même contenu final, sous des formes plus brèves, dans les deux autres évangiles dits synoptiques ( Mc. VIII-30 - Lc. IX-21 ) .Nul ne doute que ces disciples aient bien obéi à leur Maître, après avoir reconnu en lui, par «Simon-Pierre», le Christ, l’oint du dieu vivant , le Prince impérial, fils du Soleil.Dans ces conditions, qui a pu informer les évangélistes que Jésus et Christ formaient une seule et même personne ?La question est d’autant plus pressante que les récits évangéliques ne mettent en scène aucun ange ou archange, témoin muet qui aurait pu instruire, de cette iden-tification, au moment opportun, les rédacteurs des livres «sacrés» .Il faut en déduire que ce sont les évangélistes, eux-mêmes, chacun dans son style, qui ont inventé cet épisode.Mais pourquoi vouloir cacher que Jésus était Christ ?Un évangéliste appartenait, comme tout écrivain, à une Société déterminée, condi-tionnée, entre autres facteurs, par des a-priori et des peurs.La crainte d’une nouvelle révolte de la masse servile pesait lourdement sur la conscience des «Maîtres», surtout dans la deuxième moitié du 5ème siècle, qui vit se dissoudre les structures de l’Empire occidental en créant des situations propices à l’établissement d’une véritable anarchie.Aussi bien, le Concile oecuménique de Chalcédoine, en 451, avait pris la précau-tion de déclarer que dieu, en venant sur terre, s’était incarné sous la forme d’un esclave; l’esclavage devenait un état «divin», dont chaque esclave bénéficiait tant qu’il restait esclave, ce qui devait le conduire à obéir continuellement.L’affirmation des trois évangélistes stipulant que Jésus ne voulait pas être reconnu en Christ, c’est à dire en Maître, relevait certainement des mêmes sentiments de peur d’un soulèvement de la masse servile, ce qui date de la fin, au plus tôt, du 5ème siècle, ces écritures «sacrées» rattachées conventionnellement au 1er siècle de notre ère.Assurément, aucune ligne dans les quatre évangiles n’a jamais permis de découvrir en Jésus les traits d’un esclave; il n’a jamais eu de maître humain; sa conduite se réfère uniquement à son Père, dieu dans les Cieux.La contradiction atteint ici un tel sommet qu’elle ne peut être que d’origine «di-vine»!!Finalement, le christianisme constantinien demeure historiquement la reli-gion du pouvoir, et son dieu fut vénéré, par le 4ème Concile de Constan-tinople en 869, tel «l’Empereur céleste - Seigneur de Majesté». Plus prosaïquement, chaque Pape à Rome, Prince régnant dans ses Etats pon-tificaux créés en 754/756, s’est présenté en héritier de Constantin.

Tout pouvoir vient de dieu - Omnis potestas a deo.

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La Transmission des Ecritures Saintes Chrétiennes.

Le texte imprimé en 1592 sur ordre du Pape Clé-ment VIII, après l’essai manqué de Sixte - Quint en 1590, fut «commandé» au Vaticanpar le Concile oecuménique de Trente dans sa session du 8 Avril 1546 ( deuxième décret - édi-tion de la Vulgate ) .Remplaçant tous les manuscrits antérieurs, cette Bible était imprimée en latin, langue «di-vine» puisque langue employée par l’Eglise ro-maine, qui voulait interdire la lecture de toutes les bibles imprimées en langues vulgaires, à la suite de Luther. Cette Vulgate pontificale devait, dans l’esprit du Concile de Trente, se présenter comme le texte dont dieu était l’auteur unique c’est à dire comme un texte intouchable, inva-riable, image de la «divine» immobilité dans son éternité. En fait, cet ouvrage, réputé «sa-

cré», n’a fait qu’évoluer au cours des siècles, suivant les lectures et les traductions des «fidèles»; l’érudition d’un exégète l’a toujours conduit à s’estimer meilleur que ses condisciples, passés ou présents, et à donner, à son tour, une traduction «définitive»( ?) des livres «saints».Pratiquement, le Pape Paul VI créa une Commission appelée à donner une nouvelle traduction de la Bible, compte tenu des acquis de la «science biblique».Cette «néo-Vulgate» fut promulguée le 25 Avril 1979 par le Pape Jean-Paul II.Fruit de la science humaine, le texte de la Bible n’est qu’une écriture d’ hommes, attribuée à dieu par des ecclésiastiques exerçant leur pouvoir sur des «fidèles».Mais, déjà, d’autres «professionnels du divin» préparent la future «néo-néo- vul-gate»!Dans la collection «La Bible de tous les temps», chez Beauchesne à Paris, le volume n° 2, publié en 1985, intitulé «Le Monde latin antique et la Bible» contient sous la signature de P. Petitmengin une liste des plus anciens manuscrits de la Bible latine ( pages 89 à 123 ), soit 93 manuscrits ou fragments de manuscrits analysés;aucun n’est daté antérieurement au 4ème siècle; trois seulement ont été écrits à la charnière des 4ème et 5ème siècles; la très grande majorité relève du 5ème siècle et des périodes ultérieures .Cette brillante étude confirme la destruction totale des manuscrits paléo-chrétiens du fait de la persécution dite de Dioclétien, de 303 à 324 ;elle conforte notre opinion sur la nature du N.T. connu de nos jours.Le N.T. s’est écrit après le règne de Constantin pour fixer l’image de ce nouveau J.C., en le transformant, par le jeu des Ecritures, en roi des (nouveaux) juifs, les

La VULGATE Sixto-Clémentine

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chrétiens convertis au christianisme; Chrestus-Pierre étant assimilé, quant à lui, à l’apôtre Simon-Pierre, dans le cadre obligé de la tradition apostolique pour assurer la continuité entre paléo-chrétiens et chrétiens christianisés.La fin logique des deux évangiles dits de Matthieu et de Luc, auxquels il conviendrait de joindre celui de Marc qui comporte également cette «profession de Pierre», la fin logique de ces textes se situe à la «transfiguration», sorte de préfiguration de la déification définitive de Constantin, intervenue après sa mort, du fait :- d’une part, de sa divinisation par le Sénat romain- d’autre part, de l’hypostase chrétienne l’établissant progressivement en « Empe-reur céleste et Seigneur de Majesté».Comme nous l’avons démontré auparavant, tous les chapitres des évangiles consacrès à la crucifixion de J.C. sous Ponce-Pilate, à l’instigation précise des Juifs devenus des déicides, sont des parties rajoutées à des siècles de distance, compte tenu que la doctrine officielle de l’Eglise romaine, établie par ses Conciles oecuméniques successifs, de 787 ( Concile de Nicée-2 ), à 1434 ( Concile de Bâle ), a toujours considéré les Juifs non comme des déicides ( qui auraient dû, en toute justice, être exterminés, à l’intérieur de l’Empire chrétien ! ), mais comme des Infidèles, condamnés à des peines d’ordre économique et financier, ou cantonnés obligatoirement dans les ghettos vénitiens, portant définitivement des signes dis-tinctifs sur leurs vêtements.Le Concile de Trente, réuni en 1545, a bien indiqué que J.C. avait été crucifié sous Ponce-Pilate , mais sans aucunement mettre en cause les Juifs.L’insertion de ces chapitres, consacrés à la crucifixion ( crucifixion représentée conventionnellement par une simple mise en croix ! ), n’a pu intervenir, au plus tôt, que dans l’édition de la Sixto-Clémentine, en 1592, posant la question définitive de la transmission des Ecritures Saintes Chrétiennes au cours des siècles précédant l’invention de l’imprimerie, vers 1450 , la Bible de Gütenberg datant de 1455.

Rappelons que l’invention de l’imprimerie mécanique coïncide chronologiquement avec la fin du MoyenÂge; c’est le 29 Mai 1453 que l’Empire romain d’Orient fut envahi par les Turcs;l’Empire romain avait duré 15 siècles.L’invention de l’imprimerie mécanique allait permettre l’impensable révolution culturelle qui devait par le développement de la lecture faciliter le triomphe des lan-gues vernaculaires sur le latin et chasser l’illettrisme généralisé du Moyen Âge.

La transmission des «livres saints» de la Bible durant le Moyen Âge soulève trois questions principales relatives à la présentation des manuscrits, à l’écriture des manuscrits, au contenu des manuscrits.

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La présentation des manuscrits.

Depuis la parution de ses premiers manuscrits jusqu’à nos jours, la Bible latine de l’Eglise romaine a délaissé totalement l’antique présentation sous forme de rouleau, ou volumen, pour adopter celle du livre à pages, ou codex.Le volumen était constitué de feuilles de papyrus ( généralement ), rectangulaires, placées verticalement et collées l’une à l’autre par le côté le plus long; on écrivait sur une seule face, dite recto, dont les fibres étaient parallèles à la longueur du rouleau; le texte était disposé en colonnes.Le volumen était enroulé sur lui-même; le début du texte se trouvait au commen-cement de sa face interne. Son utilisation était peu commode;il fut supplanté définitivement par le codex dès le 4ème siècle.

Le codex est né fortuitement du pliage en deux parties d’une feuille de volumen par un scribe, très vraisenblablement un esclave.On s’aperçut qu’ainsi l’on créait deux folios, soit quatre pages, sur lesquelles on pouvait écrire recto - verso; on doublait la surface utilisée, en réduisant de moitié les dimensions du support, habituellement la feuille de parchemin d’un volumen. Cette découverte amenait à consulter différemment ce qui était écrit;on en arrivait à tourner des pages, sous un faible volume, au lieu de dérouler de

Codex Eyckensis - 8ème siècle .le plus ancien manuscrit conservé en Belgique ,

dans la crypte de Ste Catherine à Maaseik

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façon incommode un volumen autour de son axe.

Le codex fut définitivement créé quand on encarta, l’un dans l’autre, et fixa ensemble les feuillets pliés en deux, jusqu’à former un cahier généralement constitué de quatre feuillets pliés en deux, donnant huit folios et seize pages d’écriture;cahier dit quaternion; le texte à écrire se transformait ainsi en un nombre de cahiers, variable sui-vant sa longueur;ces cahiers, réunis entre eux par une reliure, formaient un codex.

La reliure était, alors, le produit d’une activité entièrement manuelle, pénible, c’est à dire servile; mais l’état d’inculture et d’illettrisme des esclaves s’étendit considérablement à compter du 5ème siècle du fait de la dissolution des structures impériales en Occident;la disparition de l’Empire occidental en 476 entraîna celle des paedagogia; la culture intellectuelle se réfugia étroitement dans l’aristocratie, puis dans les scriptoria monastiques créés à dater de 555 par Cassiodore dans son Vivarium d’Italie du Sud. Il en résulta des erreurs dans la mise en pages des cahiers formant un codex; erreurs dues à des inversions rompant la suite naturelle de la pagination.Ces erreurs, provoquant une présentation fautive des textes, accompagnaient d’autres détériorations matérielles des codices, causées par des rongeurs ou des vers ou la flamme du lumignon utilisé par le scribe ou le lecteur; cependant, c’est l’usage même du livre qui a fini par l’endommager le plus complètement.Le codex constituait un bien, rare; généralement, on le fixait à son support par une chaîne pour en empêcher le vol; il était destiné à la lecture et non à devenir un objet de collection;on tournait, donc, fréquemment ses pages; outre les détériorations matérielles provoquées par les flammes des luminaires, et autres, il en résultait une usure qui s’agrandissait jusqu’à la disparition du codex;aussi bien, les reliques livresques de ce passé lointain ont échappé à cette fin pour n’avoir pas été souvent utilisées, comme si elles n’avaient présenté que peu d’inté-ret pour les lecteurs de ces temps-là, alorsque nous ressuscitons ce passé à partir de ces restes.

Volumen en écriture hébraïque ( Livre d’Esther ).Le volumen était enroulé autour d’un axe;

ici, il était constitué de feuilles en parchemin, peaux de veau ou mouton, chaulé et poncé.

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§ - L’écriture des manuscrits

Le type d’écriture employé par les scribes chrétiens jusqu’au début du 9ème siècle fut habituellement l’onciale ou semi-onciale; c’était une écriture en lettres capitales qui se suivaient sans aucune séparation entre les mots, les phrases, les chapitres; son graphisme s’inspirait de la peinture, à tel point que des scribes, copistes chez des librarii ou même dans des scriptoria, ne sachant pas lire, reproduisaient sim-plement les images dessinées par les lettres du texte à copier; d’où des confusions continuelles compte tenu de la similitude de nombreuses lettres, entre elles, par exemple le f, le s, le l, le v, le u .... etc. L’écriture en onciale était destinée à la lec-ture à haute voix qui sculptait le magma de lettres sous les yeux du lecteur; chaque lecture donnait naissance à un texte déterminé par les inflexions et les pauses de la voix;finalement, chaque scribe «lettré» reproduisait, en copiant, ce qu’il croyait enten-dre, d’où des lapsus, fruits de son imagination et de son inattention.A notre époque, nous avons toujours tendance, à les assimiler à des magnétopho-nes ou des photocopieuses, oubliant totalement l’effort continu exigé par l’acte de copier et le temps très long, parfois plus d’une année, nécessité par leur travail. Comme l’a justement écrit un de ces anonymes :«... l’on écrit avec trois doigts mais c’est tout le corps qui travaille ....»

Inévitablement, venait un temps de relachement durant lequel la main traçait quel-ques lettres erronées, d’autant qu’à cette époque éloignée rien ne pouvait corriger les maux déformant la main, ou la vue, pouvant subir les attaques de migraines ophtalmiques provoquant occasionellement illuminations ou visions.

Le Codex Amiatinus est une luxueuse copie de la Vulgate;c’est un manuscrit sur parchemin de grand format, qui a nécessité les peaux de plus de 550 moutons;il est actuellement à la Biblioteca Lau-renziana de Florence . Il est écrit en une belle onciale, mais n’est pas enlu-miné;il possède cependant plusieurs pages d’illustrations qui reproduisent le Co-dex Grandior de Cassiodore , mainte-nant perdu , apporté en Angleterre par Ceolfrith, vers 678.Celui-ci devint l’Abbé des deux cou-vents de Jarrow et Monkwearmouth et commanda l’exécution de trois bibles, chacune en un seul codex , dont l’Amia-tinus reste le seul intact. *Ce magnifique exemplaire d’écriture

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en onciale devait être apporté, d’Angleterre à Rome, en cadeau au Pape régnant.Malheureusement, le porteur tomba malade peu après son arrivée en Italie; il fut recueilli par les bénédictins du Monte Amiato près de Sienne, où il mourut.Les moines du pauvre couvent reçurent ce livre comme un don du Ciel, et le gar-dèrent précieusement à l’abri des yeux envieux des étrangers;il devint ainsi le Codex Amiatinus que la Commission Carafa, nommée par Six-te-Quint en 1587, consulta mais ne retint pas pour l’élabotation de la Vulgate à imprimer « dont dieu est l’auteur unique»*Cf - « L’ aventure des Ecritures Matières et Formes « édité par la B.N.F. à Paris , en 1998 , pages107/131.La cause la plus importante des erreurs «involontaires» dans la copie manuelle des texes fut, du 9ème au 12ème siècle, la translittération progressive de l’écriture onciale en la minuscule caroline, ou bénéventine, ou autre écriture dérivée. La minuscule caroline fut inventée, à la charnière des 8ème / 9ème siècles , au mo-nastère de Corbie;elle apporta aux scribes le moyen technique d’écrire beaucoup plus vite, mais sur-tout elle les conduisit à organiser un texte enfin articulé, formé de mots séparés dans des phrases distinctes, délivré de l’obligation de la lecture à voix haute, transformée en exercice silencieux et facile, à l’origine d’une culture purement livresque.La translittération ne se réduisait pas, en effet, à diminuer la taille de lettres ma-juscules en minuscules; elle obligeait le scribe «lettré» à transposer le magma de lettres sous ses yeux en un texte prenant une signification précise, dégagée par une suite de phrases distinctes formées d’un nombre variable de mots choisis en fonction de leurs sens et de leurs fonctions grammaticales;toutefois, ce déchiffrement de la littérature en onciale restait inévitablement un exercice subjectif, résultant de l’interprétation individuelle de chaque scribe, si bien que la translittération d’un même passage littéraire en majuscules donnait naissance à autant de versions différentes que de scribes «lettrés» mobilisés, suc-cessivement, pour ce travail, puisque chacun écrivait en minuscules ce qu’il croyait entendre d’une lecture à voix haute, imaginée, du texte à transposer;cependant, la translittération constitua une avancée considérable dans le domaine de l’écriture, et donc de la littérature, dont la diffusion, malheureusement, ne put se concrétiser que très lentement en l’Europe occidentale de ces temps-là, boule-versée par des situations tragiques issues principalement : - des « grandes faims» Ces famines cataclysmiques ravagèrent l’Europe occidentale du 9ème au 11ème siècle; la dernière ayant eu lieu à la fin du règne, en France, de Robert le Pieux, vers 1033.Elles poussèrent les populations, essentiellement rurales, à pratiquer le canniba-lisme pour survivre, et mirent en défaut leurs croyances religieuses en un dieu de la Fertilité, dont le sang tombait sur la terre du haut de la croix où il était exposé, et fécondait le sol en assurant aux humains une bonne santé, leur salut, grâce à des moissons abondantes.Comme l’on était persuadé de la vérité historique des légendes, la croix du dieu, symbole de l’arbre de la vie éternelle, était située, par les chrétiens, en la ville de Jérusalem, aux mains des Infidèles depuis l’année 638;

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sa conquête devint un des buts de la première Croisade qui partit de Rome, le 15 Août 1096, pour la «Terre sainte».

- des invasions des Barbares particulièrement des Vikings ou Normands, qui, à l’époque, vinren de l’Europe septentrionnale pour étendre leur emprise de la Russie à l’océan Atlantique;ils envahirent les provinces du Nord de la France jusqu’aux portes de Paris, puis l’Angleterre. Ils s’enhardirent jusqu’à descendre en Sicile dont ils devinrent les Maîtres;ils s’installèrent en Italie du Sud et s’allièrent aux Papes.Dans les premières années de 1080, sous la direction de leur chef Robert Guiscard, ces Normands submergèrent la ville de Rome dont ils massacrèrent des milliers d’habitants, à la demande du Pape Grégoire VII, le «Vicaire de Christ», l’infaillible représentant de dieu sur terre (?) .

- des guerres féodales La féodalité naquit des débris de l’Empire carolingien, après l’année 880. Ce fut un déferlement d’ambitions débridées, qui prirent fréquemment des allures de grand banditisme; chaque «Seigneur» voulut agrandir ses possessions en terres et en hommes, jusqu’à se heurter, les armes à la main, à d’autres «Seigneurs» animés par les mêmes volontés que lui.Ces guérillas ou guerres véritables finirent par soulever l’opposition des paysans; ceux-ci se révoltèrent, armés vaille que vaille, principalement en Normandie à la fin du 10ème siècle, et en Champagne au début du 11ème siècle; ces révoltes pri-rent aussi un caractère antireligieux; des groupes pénétrèrent dans des églises ou des chapelles pour briser les représentations du dieu qui n’accomplissait plus les tâches de fécondation des sols, attendues de lui séculairement.Ces situations de crise aiguë, en gênant considérablement les déplacements, engen-drèrent un isolement relatif des monastères, dans les divers Ordres, ce qui ralentit les échanges de codices entre les établissements et freina fortement la diffusionn des nouvelles techniques d’écriture.

- la copie manuelleFinalement, quel que fût le type d’écriture employé dans un codex, le scribe «lettré» se trouvait toujours devant la même difficulté fondamentale;la lenteur relative des opérations de copie l’amenait nécessairement à relire plu-sieurs fois les mêmes passages, qui pouvaient exprimer des convictions religieuses ne correspondant plus aux croyances professées par le copiste, fréquemment un moine cultivé ou un professeur dans une école épiscopale.

Le feu de sa Foi le poussait à s’interroger sur la conduite à tenir à l’égard du texte à reproduire; devait-il maintenir ses «erreurs» doctrinales? devait-il le modifier conformément aux dogmes admis à son époque?

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Sa conscience de chrétien «fidèle» l’emporta souvent sur celle du scribe-répétiteur et le conduisit à transformer le texte, volontairement, peu ou prou.

La chose écrite ne représentait pas alors le témoignage d’un passé qu’il fallait à la fois découvrir et respecter;les scribes «lettrés» ne réagissaient pas comme des archéologues du 21ème siècle, mais en utilisateurs d’une écriture «divine» à des fins determinées par les intérets de leur moment présent.

L’Eglise romaine, certains Ordres monastiques en particulier, se trouvaient à la tête de fortunes considérables qui provoquaient l’envieuse jalousie de «Seigneurs» féodaux ou d’évêques nommés par le roi.L’écriture tenait la place, entre les mains des scribes «lettrés», d’une arme défensive très efficace qui opposait aux raids des voleurs la puissance «sacrée» de textes dits anciens manifestant la volonté protectrice de Princes de légende, amis de dieu, tel le Mérovingien Dagobert.

La période considérée, s’étendant du 8ème au 12ème siècle, se caractérisa par une production invraisemblable de faux, qui aboutirent à la création d’un passé his-torique imaginaire pour la défense, dans le présent de l’époque, d’intérets impor-tants. Plusieurs de ces faux se glissèrent dans les «Décrétales» pontificales, dont l’exemple le plus fameux reste la supposée «Donation de Constantin» à l’évêque de Rome Silvestre 1er;grâce à ce texte fabriqué vraisemblablement à Saint Denis, l’évêque de Rome Etienne II put convaincre Pépin le Bref, durant l’année 754, d’aller combattre victo-rieusement les Lombards de Pavie, désireux de s’approprier une partie importante des biens de cet évêché en Italie centrale ;la campagne du Carolingien aboutit, en 756, à l’instauration définitive des Etats pontificaux, conformément à la lettre adressée à Pépin par le Portier du Ciel, l’apôtre Pierre.

En d’autres termes, les livres «sacrés» de l’Eglise romaine, Ancien et Nouveau Testament, ne pouvaient pas être traités différemment des autres écritures;ils devaient servir à ses intérets dans la période considérée, en fonction desquels les scribes les réécrivaient ;leur action fut d’autant plus efficace que la translittération de l’onciale en minus-cule finit par rendre illisible la première, permettant ainsi à quelques spécialistes érudits de fabriquer des palimpsestes proclamant les «vérités» nécessitées par les situations dans lesquelles ces scribes se trouvaient.

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Lorenzo Valla ( 1407 / 1457 ) fut un des plus grands savants italiens du 15ème siècle;il prit pour tâche de critiquer le pouvoir temporel des papes, qui n’avait pour substrat que la « Donation de Constan-tin à Silvestre 1er» ;il en démontra fougueusement la fausseté, après la dénonciation, bien oubliée, faite par l’Empereur Otton III, dans un édit de Janvier 1001.La critique de L.Valla reste comme du vitriol jeté à la face de l’évêque régnant à Rome; sa conclusion est sans appel: *«... Ainsi, il n’y a plus nulle part ni reli-gion, ni sainteté, ni crainte de Dieu; et ....les impies trouvent auprès du pape l’excuse de leurs crimes...»A la mort de L.Valla, les Muses, dit-on, pleurèrent; pour les consoler, Phébus

leur assura qu’il serait leur Maître sur l’Hélicon.* Cf «La Donation de Constantin» chez Les Belles Lettres à Paris, en 1993.

§ - Le contenu des manuscrits

Les conditions, dans lesquelles les copistes, «lettrés» ou non, ont reproduit tout ou partie de la bible latine, petite partie dans la très grande majorité des cas ! , expliquent que leurs manuscrits aient contenu, les uns par rapport aux autres, un nombre considérable d’erreurs et de variantes. Comme l’écrivait, en 1267, R.Bacon, dans son Opus Minus :«.... Aussi , ont-ils publié des manuscrits profondément fautifs; et là-des-sus, une foule de scribes ont introduit de multiples variantes, ajoutant à la corruption du texte....»( Cf. BTT - 4 « Le Moyen Âge et la Bible « - Versions et Révisions du texte biblique - par L.Light ; page 76 )

Autant de manuscrits autant de bibles aux contenus différents, et l’on ne pourra, vraisemblablement, jamais résumer le désordre et l’infinie variété du texte, avant le 13ème siècle.Etienne Harding, abbé de Citeaux au 12ème siècle, voulant corriger un ouvrage, a recherché, parmis les manuscrits à sa disposition, le plus véridique; il a découvert que tous ces manuscrits ne contenaient pas le même texte;il exécuta son travail à partir de celui qu’il estima le plus complet, malgré ses in-cohérences.

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Il y avait une telle discordance des manuscrits au 9ème siècle que Charlemagne se préoccupa de faire établir un texte «exact», un standard qui ferait autorité dans tout l’Empire. Pour lui comme pour Constantin, l’Eglise constituait son administration religieuse, dont une bonne ordonnance lui paraîssait nécessaire à la paix civile, à l’unité et la grandeur de son Royaume.

En Mars 789, il adressa une Admonitio generalis à son clergé relative non seulement à la création d’écoles épiscopales mais à la copie «exacte» et soigneuse des évangiles et des psaumes, copie qui devait échapper aux fautes graves dues à l’ignorance et à la négligence des scribes.Cette Admonitio avait été précédée, en 784/785 (?), d’une Epistola de litteris co-lendis, au clergé, pour une meilleure compréhension de la Bible.Elle fut confirmée, en 801, par une Epistola generalis dans laquelle l’Empereur rappelait qu’il avait fait corriger rigoureusement tous les livres de l’A.et du N.T. «corrompus par l’impéritie des éditeurs».L’abbé de Corbie, Maurdramne, avait déjà , de 772 à 781, travaillé à l’élaboration d’un texte biblique amélioré;qui reste le premier élément datable écrit en minuscule caroline; cet effort d’amé-lioration fut poursuivi à l’Ecole de la cour impériale ( manuscrits du Groupe d’Ada);dans le même état d’esprit, on publia, à Metz, vers 790, la première bible caro-lingienne de grand format en un seul volume, adoptant la forme des «pandectes antérieures» , dont le prototype le plus connu fut le Codex grandior de Cassiodore, publié avant 580, décrit dans son encyclopédie « Institutions des lettres divines et séculières».Toutefois, la plus célèbre des révisions carolingiennes demeure, sans aucun doute, l’ouvrage attribué à Alcuin, qui fut offert à Charlemagne, à Noël 800, à l’occasion de son couronnement impérial à Rome.Alcuin, né près d’York vers 730/735, reçut une des meilleures éducations pos-sibles, pour l’époque. Charlemagne lui confia, vers 782, l’Ecole palatine d’Aix la Chapelle;de 796 à sa mort en 804, il fut abbé de St Martin de Tours. Sa réputation de savant, puis, après sa mort, la prééminence du scriptorium de son monastère donnèrent à son travail une importance hors-pair.A partir des manuscrits existant alors dans le Nord de la France, il a établi une Vulgate bien révisée, conformément aux Institutiones de Cassiodore;son emendatio rectifia l’orthographe et la grammaire, supprima les erreurs et bar-barismes des copistes précédents.

La bible d’Alcuin devint un modèle pour les siècles suivants, mais elle ne fut qu’un effort parmi d’autres qui tendaient aussi à la production d’un meilleur contenu des livres «sacrés», telle la bible de Théodulf, du monastère de Fleury, nommé ensuite évêque d’Orléans, que l’on a également présentée comme un ouvrage de référence, commode et scientifique.

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A vrai dire, les érudits «révisionnistes» carolingiens furent très influencés par les «Autorités» ecclésiastiques des siècles précédents, et particulièrement certains Pères de l’Eglise : Ambroise, Jérome, Augustin, Isidore de Séville, classés par Cas-siodore parmi les Introductores, c’est à dire ceux qui établirent les règles de l’in-terprétation de la Bible.La personnalité de Cassiodore domina l’exégèse carolingiennedu fait non seulement de ses origines familiales et de son rôle éminent dans l’ad-ministration du royaume des Ostrogoths, jusqu’en 550, mais surtout de sa création en Italie du Sud, à partir de 555, dans son Vivarium, du premier monastère doté d’un scriptorium, enrichi de sa bibliothèque personnelle.Dans ses Institutiones, il divisa l’activité littéraire des «Autorités» en introductio et expositio;il incita les érudits carolingiens à imiter ces «Autorités» en multipliant les commen-taires de la Bible, «Autorités» auxquelles il convient d’ajouter Grégoire le Grand ( dans ses Moralia in Job ), et Bède le Vénérable présenté tel :<< un nouveau soleil surgi de l’Occident (?) pour illuminer la terre >>.*Le travail de l’intellectuel chrétien de l’époque, consistant à interpréter les «livres sacrés», apparaîssait sans fin possible;Scot Erigène, le grand théologien du 9ème siècle, comparaîssait les Ecritures à << une forêt profonde aux branchages innombrables, une mer immense, un abîme insondable, qui offrent une gamme de sens aussi nombreux que les couleurs de la queue du paon>>** Cf. BTT-4 ; «Le Moyen Âge et la Bible « pages 154 / 159 .

Alcuin Cassiodore

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Assurément, comme toute chose humaine, le pouvoir politique, fut-il celui de l’Empereur le plus puissant, n’a qu’une efficacité relative et limitée;tous ses ordres ne sont pas exécutés. A sa mort, en 814, Charlemagne n’avait pu doter son Eglise de livres sacrés, uniques dans leur présentation, leur écriture et leur contenu;d’ailleurs, les érudits soumis à ses ordres, séparés dans le temps et l’espace, avaient travaillé isolément, sans aucun souci de concordance, et , finalement, leurs ouvrages, s’ajoutant à la multitude des manuscrits divergents et différents existant antérieu-rement, augmentèrent l’état de confusion.Mais la situation empira encore durant les trois siècles suivant la disparition de l’hégémonie carolingienne ( Xème / XII ème siècle ), qui apportèrent « une mul-titude fangeuse de problèmes jusqu’à présent non résolus» , du fait notamment de la décentralisation obligée, à l’époque, séparant les établissements religieux, si bien que l’histoire de la Bible se confond, alors, avec celle de chaque monastère important.Le sens littéral des textes devint de plus en plus obscur et l’on dut inventer une lecture à plusieurs niveaux, en distinguant, outre le sens littéral ou historique, un sens allégorique, un sens moral, et un sens anagogique.Le choix du sens ayant un caractère purement individuel, chaque lecteur aurait dû, à un moment quelconque, se poser la question de l’origine réelle de l’ «Ecriture».En effet, si dieu , possesseur par essence de la Vérité absolue, avait voulu délivrer un message à l’humanité, il aurait agi conformément à sa toute-puissance, c’est à dire qu’il n’aurait utilisé aucun intermédiaire sachant que toute retransmission mettait en oeuvre une interprétation dénaturant toujours le message d’origine, en fonction de la personnalité de l’intermédiaire.En d’autres termes, dieu aurait choisi un moyen qui serait apparu immédiatement «divin», donc non-modifiable par un être humain;dieu n’aurait pas choisi d’écrire, puisque, à sa lecture, chaque écriture est inter-prètée.La croyance en une écriture «sacrée» témoignait d’un manque de raisonnement caractéristique d’une époque d’illettrisme généralisé, dans laquelle les pensées de chaque individu étaient dirigées par les Autorités civiles et religieuses qui le dominaient, et dont les intérets collectifs réclamaient son obéissance et une partie au moins de ses biens;dans leurs mains, dieu n’était, finalement, qu’un épouvantail en posture d’écrivain de la Bible, devenue ainsi pour tous les sujets l’«Autorité première» bien que d’ori-gine simplement humaine;son qualificatif d’écriture «divine»rappelait que la Loi avait été, dans l’Antiquité, dictée par un roi, fils supposé d’un dieu;dans cette perspective, le code d’Hammurabi roi de Babylone, vers 1750 avant notre ère, demeure la plus ancienne écriture «sacrée» de notre aire géographique.Le 12ème siècle constitua le sommet de cette période «fangeuse». Certes, ce siècle s’illustra des trouvailles de théologiens comme Abélard, Pierre Lombard, et des écoles de Reims, Chartres, et surtout Saint Victor, annexe à l’origine de l’école N.D.de Paris, où se distinguèrent Hugues André et Richard de St Victor.

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Il y eut un transfert de l’exégèse du cloître à l’école; d’aliment de la rumination spirituelle du moine, le texte sacré devint matière d’étude et d’enseignement ;mais, pour tous, l’Ecriture demeurait l’Autorité inspirée par l’Esprit Saint , dont il fallait principalement rechercher le sens allégorique, à défaut d’un sens littéral obscurci de plus en plus ;à tel point qu’Anselme et son frére, maîtres de l’école de Laon, jugèrent nécessaire d’établir des commentaires, ou gloses, placés en regard des «écritures»et permettant d’éclairer le lecteur sur la signification réelle du texte qu’il avait sous les yeux. Il s’agissait d’explications relatives à un mot ou un passage du «Livre», explications empruntées le plus souvent à des Pères de l’Eglise ou à des commen-tateurs anciens.

La vaste entreprise initiée par Anselme devait trouver son aboutissement à Paris sous la forme de la Glossa ordinaria, que les écoles de théologie puis les Universités utilisèrent jusqu’à l’invention de l’imprimerie mécanique.Dès la fin du 12ème siècle, les reproductions de la Bible furent assorties obliga-toirement, par décision de Rome sous le règne de Célestin III, des gloses, qui la rendaient intelligible.

Le 13ème siècle vit , de 1200 à 1250, la naissance des Universités et le transfert, vers elles, de l’enseignement prodigué par les écoles citées précédemment.Il faut en retenir les tout-débuts durant lesquels, à Paris, E.Langton enseigna, avant d’être nommé, en 1206, archevêque de Cantorbury; son mérite principal fut de mettre de l’ordre dans les éditions de la Bible en regroupant les livres de l’A.T. et les divisant en chapitres de taille régulière; travail complété par Thomas Gallus, le dernier maître de St Victor, qui subdivisa les chapitres en paragraphes;ce système survécut jusqu’à nos jours sous le titre de Bible de Paris. Cette Bible était, donc, une bible forcément glosée, dans laquelle les gloses finirent par submerger le texte proprement dit.

Celui-ci posait toujours la même question de sens, et Thomas d’Aquin, lui-même,consacra de nombreux passages de sa «Somme théologique» à définir le sens littéral, le sens allégorique ou spirituel, le sens moral ou tropologique, et le sens anagogique; définitions reprises d’Albert le Grand;mais on négligea, peu à peu, le sens allégorique au profit du sens littéral, qui, de fait, se dérobait de plus en plus;pour l’éclairer, l’on en vint à questionner l’Histoire, et à recourir à des textes grecs ou hébreux, supposés originaux( ? ).Il appartenait à l’humanisme du 15ème siècle de se livrer, sous la plume acerbe de L.Valla en 1453, à une critique de la Vulgate que le Moyen Âge n’a jamais réa-lisée.

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La glose prit une telle im-portance qu’on fut obligé de la commenter à son tour et de la mettre à jour par des postilles;l’auteur principal en fut un moine dominicain , du nom d’Hugues de Saint Cher, sous l’influence du-quel ses frères du couvent parisien de Saint Jacques produisirent un correctoi-re, réunissant des varian-tes bibliques jugées préfè-rables à celles employées communément par l’Uni-versité, après E.Langton.Le 13ème siècle fut, donc, une période de grande ac-t i v i t é i n t e l l e c t u e l l e , d’autant que l’institution progressive des Universités initia l’établissement d’ un commerce de l’édition, ressuscitant en quelque sorte les métiers antiques de librarii.Ces éditeurs indépendants multiplièrent les présenta-tions matérielles du «Li-

vre», et le «marché» disposa, à la fois, de véritables bibles de poche destinées aux «Prêcheurs» des Ordres mendiants: dominicains et franciscains, et d’ouvrages luxueux, de grand format, magnifiquement illustrés, destinés à une clientèle fortunée, spécialement les Cardinaux de la Cour pontificale d’Avignon, au 14ème siècle.En définitive, une comparaison du travail des copistes, entre eux,de l’Antiquité gréco-romaine à la fin du Moyen Âge, amène à la conclusion générale suivante:*<< ... presque toujours, une copie d’un manuscrit diffère de celle qui en a été faite quelques années plus tôt; elle diffère aussi de celles qui en seront faites plus tard. Et cela non seulement parce que chaque scribe commet des fautes en reproduisant son modèle, mais aussi , et c’est là l’important, parce que le texte du modèle se modifie au cours des siècles . >>* Cf. J.Irigoin - « La tradition des textes grecs « chez les Belles Lettres à Paris, publié en 2003 , page 71.

Bible gloséeLe texte biblique est reproduit en gros caractères dans la

partie encadrée, au centre- haut , à côté de l’image;il est totalement enfermé par les gloses, à droite et à gau-che; au centre, se trouvent les gloses interlinéaires, entre

les lignes du texte, qui souvent sont intégrées au texte lui-même

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Finalement, la Bible, dite de Paris, conforme au modèle reproduit ci-dessus, se maintint jusqu’à l’invention de l’imprimerie mécanique, et devint un modèle imité, entre 1455 / 1500, par certains Incunables.Le 16ème siècle se signala, certes, par des éditions tout à fait remarquables comme la bible polyglotte du Cardinal espagnol Cisneros en 1517, dite complutensis, mais la révolution déclenchée par M.Luther, en 1517, se caractérisa essentiellement par la publication d’une multitude d’ouvrages en langues vernaculaires:bas et haut allemand, italien, français, anglais....etc., et non plus en latin;l’Eglise se sentit menacée dans son Magister, et réagit vivement par la censure, la destruction par le feu des livres condamnés, puis la tenue du Concile de Trente, de 1545 à 1563.Cette assemblée de la Contre-réforme réaffirma que la Bible «dont dieu est l’auteur unique» résidait dans la seule Vulgate latine, que l’Eglise était, seule, autorisée à interpréter, et que cette Vulgate serait imprimée, le plus correctement possible, à l’initiative du Vatican.Inconsciemment, le Concile créait ainsi une situation d’attente du texte «inspiré» et désacralisait toutes les versions antérieures manuscrites de la bible;si l’on avait eu, pendant le Moyen Âge, une version unique du texte «divin», c’est cette version que Gütenberg aurait imprimée !En cette période d’attente, l’Eglise ne pouvait que censurer et faire brûler, faute de pouvoir présenter le texte imprimé dont dieu était l’auteur unique ;paradoxalement, sa parution dépendait totalement du travail d’hommes aux com-pétences diverses, non seulement des exégètes «inspirés» par l’Esprit Saint, mais aussi de simples ouvriers typographes!Cette écriture «divine» était, en fait, un travail d’hommes. Le Vatican mit un demi-siècle, 46 ans précisément, avant d’exécuter l’ordre du Concile de Trente.C’est vers 1587 que Sixte-Quint désigna une Commission présidée par le Cardinal Carafa pour établir le texte à imprimer; cette Commission travailla durant deux ans, environ, consulta certains manuscrits anciens comme le Codex Amiatinus , et remit son projet au Pape. Ce dernier, sûr de sa science, prit deux ans pour revoir ce texte et décida de le publier, après ses corrections, en Mai 1590;le résultat fut tel que les exégètes romains craignirent les moqueries des Réformés; aussi bien, quelques mois après, au décès de Sixte-Quint, les Cardinaux décidè-rent non seulement d’arrêter la publication de l’ouvrage mais aussi de rappeler les exemplaires vendus.Trois Papes se succédèrent jusqu’à ce que ClémentVIII, en 1592, décida de mener l’opération à son terme.Une autre Commission fut nommée qui reprit, rapidement, les travaux de la précé-dente et soumit au Pape une Bible inspirée essentiellement d’un ouvrage imprimé en 1583 pour l’Université de Louvain par Plantin d’Anvers, le célèbre éditeur de la biblia regia, bible polyglotte financée par le roi d’Espagne PhilippeII, en rempla-cement de la biblia complutensis du Cardinal Cisneros d’Alcala, épuisée.L’édition définitive de la Vulgate , dont dieu est l’unique auteur, se situa vers 1598, en tenant compte des errata des publications précédentes.Selon «La Bible de tous les Temps» tome 5 - Le temps des Réformes et la Bible-

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(page 129 ), ce fut la fin d’«... un intense travail de rédaction d’un texte artificiel désigné par l’autorité ecclésiastique comme texte de référence»

Comment le contenu de cette Vulgate officielle pourrait-il ne pas être un texte purement artificiel, compte tenu des conditions de travail des scribes et copistes durant tout le Moyen Âge ?Dieu ne l’a ni écrite ni inspirée.Jésus -Christ reste le héros mythique d’un récit hagiographique, parsemé d’effets de réel pour faire croire à son existence.

L’image - type des supercheries développées par l’Eglise romaine.

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L’ invention de l’ «Ecriture Sainte» illustre l’art du faux.

Appel au Jugement dernier !Condamnation définitive de l’Eglise - Etat du Vatican, à Rome pour les impostures

fabriquées et utilisées sciemmentaux fins d’exercer un pouvoir totalitaire,

dit théocratique, sur des «fidèles» abusés, répartis dans le Monde entier.

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La Foire aux Questions

Certes, des suites de questions, plus que nombreuses, pourraient être posées concernant l’Eglise-Etat du Vatican, sa doctrine, son «Ecriture sainte», ses rites et rituels, ses monuments, ses personnels et leur formation. Aussi bien, l’auteur n’a pas cherché à dresser une liste d’in-terrogations, qui en toute hypothèse ne pourrait être ni exhaustive ni limi-tative. Il veut faire apparaître concrètement les supercheries, mensonges et impostures de l’Eglise dite catholique; à cette fin, il s’efforce de répondre à cinq questions principales relatives à la naissance de Jésus, Noël, l’ère dite chrétienne, Chrestus et Christus, croyances des paléo-chrétiens..... Certains lecteurs n’adhèreront pas à ses opinions et continueront à se po-ser d’autres interrogations. L’auteur se tient à leur disposition pour affronter ces problèmes person-nels si les intéressés les lui soumettent en écrivant à [email protected]; sa volonté dernière, compte tenu de son âge, est d’aider tous ses lecteurs à trouver lumière et sérénité.

- Première Question:Que sait-on en histoire de la naissance de Jésus?

Ce point est capital; s’il n’y a pas, histori-quement parlant, de date certaine à laquelle Jésus serait né, la religion romaine, dite faus-sement catholique, ne serait qu’une construc-tion mythologique.Peut-on préciser ce qui a trait à la naissance de Jésus? Est- ce que Jésus est né ?Quelle est la signification des récits de la naissance ?Quels auteurs,outre les deux évangélistes dits Matthieu et Luc, ont donné une date à la nais-sance de Jésus ?

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Naissance de l’Homme - Dieu:

La naissance, supposée par le Christianisme, d’un homme-dieu pose en premier lieu la question de la date de son incarnation humaine;question à laquelle les fonctionnaires de l’Eglise romaine répondent habituellement par l’inexistence, à l’époque considérée, d’un service d’état civil;oubliant que, malgré l ’ inexistence d’un tel service, nous connaîs-sons la biographie complète des hommes importants de l’Antiquité: Empereurs romains, écrivains,...etc.Nous devrions, en tous les cas, posséder une chronologie historiquement prouvée de la vie de cet homme-dieu, compte tenu de l’importance extrême de sa venue sur terre.Certes, il existe des récits littéraires, tenus par l’Eglise romaine pour véridiques, de la naissance et de la vie de l’homme-dieu du christianisme, mais ces récits ne concordent pas entre eux. En fait, nous nous trouvons devant des versions totale-ment différentes de sa naissance créant des écarts de plusieurs siècles, écarts tels qu’ils ôtent toute vraisemblance et contenu réel à sa parution sur terre.Nous allons examiner successivement les sources écrites dont nous disposons, en commençant par les évangiles.

§ - L’évangile dit de Matthieu.

L’évangile dit de Matthieu compose, par les 17 premiers versets de son premier chapitre, la généalogie de Jésus, né de Marie épouse de Joseph ( verset 16)naissance sans aucune indication de circonstances de temps et de lieu, qui établit Jésus, par son père : Joseph, en dernier descendant du roi David.A partir du verset 18, le récit décrit la naissance de Christ par le fait de la hiérogamie d’une femme nommée Marie, fécondée par l’Esprit Saint, ( s’agit-il de la personne signalée au verset 16? ); l’événement est rapporté sans aucune précision de temps et de lieu, ce qui constitue un oubli majeur pour en établir l’ histoire.Il s’agit bien de la naissance de deux personnes différentes puisqu’ un enfant ne peut avoir été conçu par deux pères différents;en l’occurence, on ne saurait confondre l’homme Joseph, descendant de David ( verset 16 ), avec l’Esprit Saint fécondant Marie ( verset 18 ).C’est par la « profession de Foi « de l’apôtre Pierre ( Mt. XVI - 13/20 ) que nous sommes informés de l’identification réelle de Jésus et de Christreprésentant deux aspects d’une seule et même personne : Jésus-Christ.L’évangéliste s’étant rendu compte de son oubli, s’empressa de commencer le deuxième chapitre de son ouvrage en situant, dès le premier verset, les événe-ments :<< ..... aux jours du roi Hérode....>>mais cette référence royale ne présente aucune valeur historique; ce n’est qu’un «effet de réel»trompeur, pour les raisons suivantes :Il y eut, en fait, une véritable dynastie d’Hérodiens, composée de sept person-nages, qui régnèrent sur tout ou partie de la Syro-Palestine, pendant au moins 160 ans, depuis le fondateur Antipater ( - 71/ - 41 ), Hérode son fils dit le Grand (-41/ -4 ), les trois fils de ce dernier: Archélaüs, l’aîné, Philippe, et Antipas, puis

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Hérode Agrippa 1er ( 38 / 44 ), enfin le fils de celui-ci: Hérode AgrippaII mort vers 93 de notre ère.Parmi ces personnages, trois ont porté le titre de roi ou roi des Juifs avec l’autori-sation des Autorités romaines: Hérode dit le Grand, ami de l’Empereur Auguste, Hérode Agrippa 1er, ami des Empereurs Caligula puis Claude, et Hérode AgrippaII ;Archélaüs devait aussi recevoir le titre de roi des Juifs, et a utilisé souvent cette appellation honorifique avant sa destitution et son envoi en exil par les Autorités impériales, en l’an 6 de notre ère.Si bien que, sans précision aucune dans le récit évangélique, l’on ne sait sous quel Hérode la naissance de Jésus-Christ se serait située.Prétendre, habituellement, que le roi désigné par le texte dit matthéen serait Hé-rode le Grand, ne fait qu’augmenter l’imprécision du récit, puisque «les jours» de cet Hérode se sont étalés sur 37 ans de règne, parmi lesquels «l’évangéliste» s’est montré totalement incapable de désigner celui au cours duquel la naissance de l’homme -dieu se serait produite.Cette imprécision, assurément volontaire, témoigne clairement du caractère ima-ginaire de l’incarnation humaine décrite;dans le cas contraire, la venue sur terre d’un homme- dieu n’aurait pu être qu’un phénomène planétaire ( et non simplement judéen! ) manifesté par la «lumière»constituant la nature essentielle d’un dieu pour tous les indos-européens; tous les historiens de l’époque en cause auraient non seulement signalé cet événement, mais spécifié toutes les caractéristiques de temps et de lieu permettant de le situer, compte tenu de l’importance extrême, pour le salut de l’humanité entière, de cette apparition humano-divine.La hiérogamie mariale, ou union sacrée de Marie avec l’Esprit Saint, ne fait que renforcer le caractère d’irréalité de la naissance de Jésus-Christ.Il convient de remarquer, immédiatement, que, du temps d’Hérode le Grand, les Juifs connaîssaient uniquement l’existence de leur dieu YHWH et des divinités gréco-romaines, ou syriennes.Les paléo-chrétiens des trois premiers siècles de notre ère n’élaborèrent leurs no-tions d’un Sauveur eschatologique qu’à la fin du 2ème siècle.Le dieu Esprit Saint constitua la troisième personne du dieu trinitaire du christia-nisme, et le terme même n’apparut, pour la première fois, que dans le Credo du Concile de Nicée en 325. L’évangéliste a, donc, composé son récit après cette date et, au plus tôt, vraisem-blablement, durant le 5ème siècle, pour des raisons exposées dans la «Lecture raisonnée de l’évangile».De surcroit, la hiérogamie constituait un thème littéraire habituel des mythologies indo-européennes pour :- d’une part, signaler la naissance d’un prince, roi ou Empereur, - d’autre part, insister sur la nature «divine» de sa personne, de façon à solliciter religieusement l’obéissance de ses sujets.Homère, dans l’Iliade, à l’occasion de la dispute initiale entre Agamemnon et Achille, nous renvoie un écho précis de la mentalité antique selon laquelle un prince régnant était fils d’une divinité.En Egypte, la hiérogamie fut représentée par un bas-relief du temple d’Edfou.

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A Rome, l’Empereur Auguste fut adoré comme descendant de la déesse Vénus, en tant que membre de la Gens Julia, et fils du Soleil Apollon-Esculapedu fait que sa mère Atia aurait été gratifiée d’une «visite» du dieu, dont elle portait désormais la marque, pendant son sommeil dans le temple de l’île tibérine.Cette pensée mythique de l’origine «divine» du pouvoir royal s’est maintenue jusqu’à la Révolution française de 1789.

Il convient, donc, d’interpréter la hiérogamie mariale, rappor-tée par l’évangile dit matthéen, comme toute hiérogamie anti-que, et de voir en elle l’annonce de la naissance d’un Prince, roi ou Empereur, qui, en l’occuren-ce, ne pouvait être qu’un Em-pereur romain. Cette annonce est soulignée par l’arrivée, ino-pinée, à Jérusalem, de Mages venus d’Orient, dont le texte ne nous donne ni le nombre, ni les noms, ni les lieux d’origine, ni l’indication du pays où ils se retirèrent après avoir été aver-tis en songe de ne pas retourner

vers Hérode.Ce sont, professionnellement parlant, des prêtres- sacrificateurs d’une divinité de la Perse, Mithra, membres, certes, de la noblesse, instruits en sciences multiples, mais non des rois.L’anonymat fantomatique couvrant les personnages dans le récit dit matthéen ne saurait occulter l’importance capitale de l’apparition des Mages, indiscutablement prêtres-sacrificateurs de Mithra.Le culte de cette divinité s’était progressivement développé en Perse, dans le Moyen Orient, puis l’Italie et l’Europe, depuis le 8ème siècle avant notre ère;les Romains le découvrirent à l’occasion des campagnes militaires de Pompée en Syrie, au 1er siècle avant notre ère.Primitivement, Mitra était une divinité de l’Inde, généralement associée à Varuna et Indra; Mitra représentait le dieu du ciel diurne, il incarnait « la lumière «et correspondait, à la fois, à Zeus et Jupiter; il incarnait aussi la loyauté et le cou-rage, son culte devint notamment la religion des soldats romains.Les Mages étaient venus pour se prosterner devant le roi qui venait de naître, car, disaient-ils, « nous avons vu son étoile au Levant «.Par cette déclaration, ils confirmaient, en fait, la primauté du culte impérial romain institué par Auguste, puisque « le roi qui vient de naître» ne pouvait être, dans ces circonstances de temps et de lieu, qu’un Empereur romain;confirmation et primordialité , assurément, du fait de l’affirmation solennelle de

HIEROGAMIE - BAS - RELIEF du Temple d’EdfouL’union «sacrée» est symbolisée par un échange de croix «de Vie» entre la mère du futur Pharaon

portant les insignes d’Isis, et le dieu Ra

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l’origine «divine» de cet Enfant, origine dévoilée par l’adoration de ces Mages reconnaîssant en cet Enfant la nouvelle incarnation humaine de leur dieu Mithra, le ciel diurne, dont le soleil constituait l’étoile.L’enfant-roi, qui venait de naître, représentait, non pas une création du dieu, mais «vrai dieu de vrai dieu - lumière de lumière « il était Mithra lui - même, en une nouvelle incarnation humaine.Cet enfant - roi était christos par définition, «oint, béni de son père», porteur malgré lui de la Chance, qui lui donnerait la victoire sur tous ses ennemis.L’indication supplémentaire de «roi des Juifs» soulignait que, dans tous les cas, l’Enfant-roi était bien un Empereur romain.Depuis la transformation, en 135, de Jérusalem en la cité romaine d’Aelia Capito-lina, la nation juive avait, de fait, cessé d’exister;elle perdit toute réalité juridique en 212.Mais, au 5ème siècle, date éventuelle de la rédaction des évangiles, l’indication signifiait que l’Empereur désigné était le souverain des nouveaux juifsqu’avaient prétendu être les paléo-chrétiens, du fait de leur adoption définitive, aprés 145 et la crise marcionite, de la Septante gréco-alexandrine, qu’ils considé-raient avoir été écrite pour eux, par anticipation .Dans le contexte des relations multiples tissées à partir de 307 entre ces paléo-chré-tiens et Constantin, leur Sauveur, le dieu qu’ils adoraient, créateur de la religion à laquelle ils s’étaient convertis, le but de l’évangile était de démontrer que cet Empereur était non seulement le roi de la Judée-Palestine du fait des conquêtes militaires romaines mais leur roi, chrétien, descendant de David selon leurs Ecri-tures saintes.Constantin devenait chrétien, en même temps que les chrétiens se convertissaient au christianisme, la religion du pouvoir,de Christos, l’acmé du culte impérial romain. En bref, l’épisode des Mages donnait à ce christianisme, pour toute sa durée, une origine orientale, indo-européenne, fondée sur le culte de Mithra, ce qui explique, notamment, les divers emprunts effectués par la liturgie chrétienne à cette religion. La très grande importance de l’adoration des Mages a été ressentie par tous les chrétiens, de tous les temps, dans tous les pays. Une légende est née, les transfor-mant en rois, d’origines diverses, et les statufiant en Saints.Des chapelles, artistiquement ornées, leur ont été consacrées dans de nombreuses églises, présentant souvent des reliques «royales» à la vénération des fidèles.Ce fut le cas, jusqu’en 1995, dans la magnifique chapelle des Rois Mages de l’église abbatiale de Montbenoit, dans le Haut Doubs.La «profession de Foi» de l’apôtre Pierre ( MtXVI- 13/20 ) doit être rattachée à la naissance de Jésus et de Christ, puisque Pierre, inspiré par sa Foi, au cours d’une scène située volontairement aux alentours du grand temple de Pan à Panée ( devenue Césarée de Philippe ), a désigné Jésus et Christ comme formant une seule et même personne, faisant ainsi naître Jésus-Christ, le dieu Empereur.Le dialogue établi entre l’apôtre et le dieu surprend par la promesse faite par J.C. de revenir pour bâtir sur Pierre son Eglise.Cette promesse contenait tout d’abord un aveu d’échec; J.C. reconnaîssait, en effet, que, malgré sa «toute-puissance divine», il fut incapable, durant son séjour sur

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terre, d’établir sa religion et l’institution ecclésiale correspondante. Cette promesse l’identifiait, sans aucun doute, à l’Empereur créateur de cette religion et de son Eglise, c’est à dire Constantin, dont la personne impériale est, en outre, assimilée symboliquement au dieu Pan, dont les Heures sont les parèdres, Pan le dieu-berger, conduisant son troupeau tel un Prince régnant qui dirige ses sujets, appelés à lui obéir comme les brebis obéissaient à Pan. La boucle se referme ainsi sur Constantin, dieu Sauveur des paléo-chrétiens convertis à sa religion de Christ, le christianisme, acmé du culte impérial, ciment de l’union des peuples de l’Empire autour de sa personne.

Pour l’histoire, l’énoncé de cette promesse constitue un élément supplémentaire relatif à la datation de la rédaction de l’évangile;l’indication de la construction d’une Eglise sur le corps de Pierre suppose néces-sairement que «l’évangéliste» concerné avait sous les yeux, ou dans sa mémoire, la basilique du Vatican dédiée à Pierre, dont les fondations avaient été creusées, en 323, à l’initiative de Constantin.Pierre avait été désigné, à cette occasion, le portier du Ciel, souvenir lointain de la mythologie grecque nommant les Heures gardiennes des portes du Ciel, c’est à dire des saisons.

§ - L’évangile dit de Luc .

L’évangile dit de Luc se différencie nettement du récit dit matthéen; dans son 1er chapitre, l’auteur s’est appliqué à faire naître d’abord Jean, dit postérieurement le Baptiste, et non le Christ;il décrit longuement l’événement, qui s’avère véritablement miraculeux, puisque Zacharie, père de Jean, prêtre du Temple de Jérusalem, et son épouse Elisabeth «étaient avancés en âge», et qu’en outre Elisabeth était stérile;c e t é v é n e m e n t e s t s i t u é « a u x j o u r s d ’ H é r o d e r o i d e J u d é e » ( s’agirait-il d’Archélaüs? ), ce qui constitue , comme dans le récit dit matthéen, un simple «effet de réel», pour les raisons exposées à la lecture du premier évangile. L’auteur s’est vraisemblablement rendu rapidement compte que cet enfant «mira-culeux» ne pouvait pas être le Sauveur des chrétiens puisque d’une part, tel Isaac fils d’Abraham, il restait un simple fils d’homme, et que d’autre part il n’appartenait pas à la maison de David; aussi bien l’a-t-il fait disparaître dans son 3ème chapitre (sur 24), en organisant son emprisonnement, puis plus tard son exécution, par Hérode tétrarque de Galilée, deuxième fils d’Hérode le Grand dit «roi des Juifs».Dès le verset 26 de ce 1er chapitre, l’évangéliste dit Luc a adroitement introduit l’annonce de la naissance de Jésus par hiérogamie, dans la suite concernant Jean, en nommant cousine d’Elisabeth mére miraculée de Jean, la future mère de Jésus, Marie, fécondée par l’Esprit Saint.Celle-ci, informée par l’Ange de l’Annonciation de l’état de sa cousine, se serait rendue, seule, par ses propres moyens, après un voyage de quelques jours de la Galilée vers la Judée, juchée sur un âne, chez Elisabeth, pour l’aider durant les trois derniers mois de sa grossesse, ce qui manifesterait l’existence d’une réelle connivence entre elles, fruit d’une similitude de préoccupations, de pensées....et d’âge; dans ces conditions, Marie devait avoir plus de quarante ans, à une époque

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où, habituellement, la vieillesse était dite commencer vers la cinquantaine;on l’imagine difficilement «fiancée» à Joseph , fut-il de la descendance de David, tant cette qualification dessine l’image d’une femme beaucoup plus jeune, à la personnalité moins affirmée!!Bref, ce cousinage et l’indépendance affichée en ces circonstances par Marie rendent invraisemblable la séquence du déplacement à Bethléem ( II- 5 ), dangereux du fait de la proximité de la naissance de Jésus, et manifestant une passivité incompré-hensible de la part d’une personne ayant une aussi forte individualité. D’autant que l’Ange de l’Annonciation n’a indiqué à aucun moment que l’Enfant «divin»devait naître en cette bourgade, même si :<< ....le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ...>> ( I- 32 ) ; le lieu de naissance ne constitue pas un élément dé-terminant la généalogie d’un nouveau-né; a-contrario, naître à Bethléem ne suffisait pas pour, obligatoirement, situer un nouveau-né à un rang dans la descendance de David. L’auteur a inclus ce voyage pour, d’abord, imiter le récit antérieur dit matthéen, puis ensuite développer la pensée que l’Enfant «divin» attendu appa-raîtrait clairement succéder à David s’il naîssait dans cette bourgade signalée par l’A.T., démontrant qu’il était bien le roi des nouveaux juifs, les chrétiens. Ainsi, la hiérogamie mariale s’affirmerait comme la preuve irréfutable non seulement de l’origine «divine» du Prince, déjà roi des anciens juifs du fait des conquêtes romaines, mais de son appartenance intime au mouvement paléo-chrétien du fait des écritures «sacrées» , qu’il venait accomplir.L’évangéliste chercha à donner un ton de véracité à son propos en intégrant un événement historique caractérisant cette époque, le recensement fiscal ordonné en l’an 6/7 de notre ère par Quirinius, Gouverneur de la Province romaine de Syrie.Archélaüs, ethnarque de la Judée, avait été destitué et exilé au cours de l’année 6 , sur plaintes de ses sujets. Les Autorités impériales avaient décidé de supprimer cet Etat- client, comprenant aussi la Samarie et l’Idumée, et d’intégrer ces trois ré-gions dans la Province de Syrie, après nomination d’un procurateur de l’Empereur, également préfet du Gouverneur d’Antioche, devant résider à Césarée-Maritime sur la côte méditerranéenne, sise au N.O. de Jérusalem, à environ 120 kms.L’opération devait entraîner des conséquences pratiques de paiement des impôts par les populations concernées, d’où le recensement ordonné par Quirinius.Finalement, la tentative de l’auteur aboutit à un simle « effet de réel « puisque la Galilée, autre Etat-client dirigé par Antipas deuxième fils d’Hérode le Grand, conservait sa relative autonomie financière et n’était pas concernée par les ins-tructions de Quirinius;Joseph, supposé habiter la cité de Nazareth en Galilée, n’avait aucune obligation de se rendre à Bethléem.La hiérogamie mariale se réalisa suivant les paroles de l’Ange de l’Annonciation à Marie :<< ...la puissance du Très - Haut te prendra sous son ombre...>> ( I-35);la description de ce mode opératoire rappelait de façon explicite les mythes mil-lénaires indo-européens suivant lesquels le dieu Très-Haut habitait un arbre et exerçait sa puissance à l’intérieur du périmètre déployé par son ombre;c’est en pénétrant dans l’ombre de cet arbre que Marie a été fécondée par l’Esprit Saint.Ce «mariage sacré» demeure incontestablement la partie la plus importante des

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premiers chapitres de l’évangile dit de Luc puisque, comme dans l’évangile dit de Matthieu, il annonce sans aucun doute, en réalisation des mythes traditionnels de l’aire géographique indo-européenne, l’incarnation sur terre d’un dieu principal en la personne d’un Prince appelé à régner en tant que roi ou empereur ;dans les circonstances décrites de temps et de lieux, l’Enfant «divin» attendu en tant que Christ ne pouvait être qu’un Empereur romain.Le récit dit lucanien atteste que le dieu , père de cet Enfant, est bien Mithra, dieu du ciel diurne à la couleur blanche, dieu Soleil par excellence, vénéré ici non par ses prêtres, les Mages, mais par les compagnons l’aidant habituellement à sortir de sa grotte, représentation du ciel nocturne; ces compagnons sont , dans la mytholo-gie de Mithra, les Bergers, avertis, dans leur sommeil par la multitude de l’armée céleste, de l’incarnation du Sauveur «Christ - Seigneur».Le récit dit lucanien vient donc confirmer pleinement l’origine orientale, entre autres, du christianisme;le culte mitraïque a confectionné le berceau, destiné à accueillir l’Empereur -Christ, Constantin, dont la religion, devenue celle des chrétiens , cimentera l’union des populations diverses de l’Empire autour de sa personne «divine».

L’identification de Jésus et de Christ en une seule et même personne devait être si coutumière lors de la rédaction de l’évangile que son auteur, dit Luc, confond continuellement l’un et l’autre à l’occasion de la naissance de Christ. Toutefois, l’évangéliste parle bien de deux per-sonnes différentes;la naissance de Jésus finit par s’imposer à lui, et le conduit à établir sa généa-logie, rapidement, il est

vrai, à la fin du 3ème chapitre ( versets 23 / 38 ), comme s’il réparait un oubli !Cette généalogie lui donne Joseph pour père, développe celle dressée par le 1er chapitre du récit dit matthéen, et remonte au-delà d’Abraham, jusqu’à Adam «fils de dieu».Cette affirmation soulève quelques questions relatives à l’origine véritable d’Adam. Certes, dieu l’a bien créé, mais en tant qu’animal supérieurement construit, auquel le fruit de l’arbre du bien et du mal était strictement interdit; en définitive, dieu l’avait conçu dans l’impossibilité absolue de réfléchir, privé d’intelligence, guidé dans sa conduite par ses seuls instincts.La création d’Adam, en homme intelligent, appartient au serpent qui, par l’inter-médiaire d’Eve, lui a fait croquer le fruit défendu.Adam, devenu vraiment homme, fut banni du jardin d’Eden par son propriétaire,

L’Annonce aux Bergers

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dieu, pour sa désobéissance qui lui permettait d’être comme lui.En tant qu’homme, Adam est le fils du serpent.Aussi bien, l’affirmation de l’évangéliste «Adam, fils de dieu», coupant court à toute discussion, n’a-t-elle pour but que de préparer la profession de Foi de Pierre ( IX- 20 ) :

<< Il ( Jésus ) leur dit: Mais pour vous qui suis-je? Pierre répondit: Le Christ de dieu ... >>

Les deux ne font qu’un, comme dans l’évangile dit matthéen; toutefois, l’auteur, dit Luc, s’ est dispensé de répéter ce que son prédécesseur avait si bien démontré:l’incarnation de Christ en l’Empereur Constantin, qui réalisa, en son temps, la promesse de Christ de bâtir son Eglise sur la pierre constituée par le premier des apôtres.A l’époque de la rédaction de l’évangile, dit de Luc, les preuves de l’action salvatrice de Constantin le Grand étaient encore si manifestes que l’auteur a jugé superflu d’en parler.Une hiérogamie, ou mariage sacré, union d’une divinité: dieu ou déesse, avec un être humain: homme ou femme, relève, par définition, de la mythologie;les récits qui la rapportent constituent, donc, une hagiographie, ou «écriture sainte» dont la nature ne permet de situer l’événement supposé, avec précision, ni dans le temps, ni dans l’espace.La hiérogamie mariale, dans les deux évangiles dits respectivement de Matthieu et de Luc, n’échappe pas à cette définition et les écrits concernés représentent, non pas des pages d’une histoire vérifiée, mais des adaptations, à une situation déterminée, des mythes les plus anciennement connus dans l’aire géographique indo-européenne.Certes, les deux évangiles situent bien la naissance de l’Enfant «divin», attendu, dans la même bourgade de Bethléem, par référence à l’ A.T.mais l’élément déterminant du processus décrit demeure la fécondation de Marie par le Très Haut, fécondation dont les circonstances restent cachées.Quel arbre «sacré» abritait l’Esprit Saint ? De quelle espèce était-il: cyprès, saule...? Auprès de quelle eau se situait-il: lac de Galilée, une rivière...?Quand Marie a-t-elle pénétré dans le périmètre de son ombre?La situation de cette action décisive aurait permis de calculer définitivement la date de l’Incarnation de l’Enfant «divin» , supposée à Bethléem;rien n’indique que cette naissance, tant attendue, se soit produite à une date cor-respondant à un 25 Décembre;au contraire même, une lecture rigoureuse de l’évangilr dit lucanien la situerait, au plus tôt, au Printemps de l’an 7 de notre ère, après le renouveau de la nature.L’anhistoricité de l’Incarnation se renforce même par l’examen comparatif des «effets de réel» utilisés par les deux auteurs, dits Matthieu et Luc.Le premier a fixé l’événement aux jours du roi Hérode ( Mt II- 1 ) ;à défaut d’une véritable datation, la tradition chrétienne déclare, résolument et sans preuve, qu’il s’agirait d’Hérode le Grand, dit le roi des Juifs;

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l’Enfant «divin» serait né dans les derniers mois de son règne ( le 25 Décembre de l’an 5 avant notre ère ? ) .Le second a placé cette Nativité en un pays totalement romanisé, au moment de l’exécution du recensement fiscal par Quirinius( le 25 Décembre de l’an 6 de notre ère? ) (L. II- 1/2 );vraisemblablement, écrivant son ouvrage longtemps après le dit Matthieu, il a es-timé opportun, compte tenu de la personnalité future de l’Enfant «divin» attendu, qui serait nécessairement un Empereur romain, de le faire apparaître dans un pays totalement romanisé après la destitution d’Archelaüs, en l’an 6, plutôt que dans un Etat-client dirigé par Hérode, le roi des Juifs bien que de race iduméenne, le restaurateur du Temple de Jérusalem.Cette modification d’ordre politique se traduit par un écart de 11 années entre les deux naissances, rapportées différemment, du même Enfant-Christ.Si, comme l’affirme souverainement l’Eglise romaine, dieu était «l’unique auteur» des deux Testaments chrétiens, son omniscience garantissant la vérité immarcescible des écrits qu’il aurait inspirés, l’unique événement de la venue sur terre du Sauveur des chrétiens et, par eux, de l’humanité tout entière, devrait se situer à une seule et même date, inscrite dans tous les évangiles.On remarquera, peut-être, que, dans l’éternité du Ciel, onze années du temps hu-main n’équivalent pas même à une nanofraction de seconde du temps «divin»;mais les évangiles sont destinés aux humains, qui ignorent tout du temps cé-leste;pour eux, onze années constituent une différence de temps trop longue pour ad-metttre, par exemple, que Marie aurait été fécondée «aux jours du roi Hérode» et délivrée de son Enfant aux jours de Quirinius;une grossesse durant onze ans «incarnerait» une absurdité totale, une impossibilité absolue !

Les différences constatées dans la rédaction des deux évangiles, se rapportant à la Nativité, conduisent à la conclusion logiquement simple qu’ils sont des ouvrages d’hommes, uniquement, non inspirés par dieu s’il existe.En définitive, la hiérogamie mariale et l’avènement sur terre du Sauveur demeurent des récits hagiographi-ques, non historiques.La Nativité «divine» est un non-événement !La Nativité imaginée

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§ Les récits dits de Marc et de Jean .

L’évangile, dit de Marc, se distingue très nettement des deux précédents, puisqu’il ne contient aucune scène de «Nativité», ni hiérogamie ni généalogie de Jésus; les noms de Marie et de Joseph sont totalement ignorés des premiers chapitres de l’ouvrage.Jésus apparaît subitement, en homme adulte, venant de Nazareth en Galilée pour être bâptisé dans le Jourdain par Jean ( Mc. I-9 );aucune précision n’est apportée sur son âge [ par référence à l’évangile dit de Luc, et à ses «effets de réel», le baptême pourrait se situer vers l’an 37 de notre ère ].Cette apparition de Jésus semble manifester la toute-puissance divine, dieu pou-vant s’incarner en une personne humaine sans être obligé de naître comme un homme.D’ailleurs, dès que Jésus, baptisé, fut remonté de l’eau, «l’Esprit»descendit sur lui sous la forme d’une colombe, et une voix déclara ( Mc. I- 11 ):<< .......C’est toi, mon Fils, le Bien Aimé.....>>

En fait, l’auteur déclarait, ici, immédiatement, que Jésus et Christ ne formaient qu’une seule et même personne ; ce qui sera officiellement confirmé, plus tard, par la profession de Foi de Pierre ( Mc. VIII- 27/30 ) : << .... C’est toi , le Christ ...>> La personnalité «royale» de Jésus-Christ était ainsi parfaitement reconnue, d’autant que la «profession de Foi» de Pierre se situait, comme dans les ouvrages précédents, à Césarée de Philippe, nouvelle dénomination de Panée, où était édifié un magnifique temple dédié à Pan, le symbole du roi-berger.

Quoi qu’il en fût, Jésus-Christ devait être considéré comme un simple humain, sinon on n’aurait pu le faire mourir.L’auteur lui a, donc, donné une famille tout à fait anonyme dès le chapitre III ( 21) : <<........ les siens sortirent pour se saisir de lui car ils disaient : il est hors de lui ....>>.Jésus-Christ discutait alors, selon l’évangile, avec des scribes venus de Jérusalem, qui l’accusaient de chasser les démons, porteurs de maladies et d’infirmités, par le chef des démons: Béelzeboul. :<< .... C’est alors que sa mère ( dont le nom n’est toujours pas prononcé) et ses frères l’envoyèrent appeler. Et on lui dit : Voici ta mère, et tes frères, et tes soeurs, dehors, qui te cherchent. Et, lui, répondit : Qui est ma mère , et mes frères ? ......>>Il faut voir dans cette réplique une confirmation de son origine divine; Jésus-Christ, né de dieu directement, ne pouvait avoir une famille humaine; d’ailleurs, il le précisa imédiatement:<< ... Quiconque fait la volonté de dieu, celui-là est mon frère, et ma soeur, et ma mère ...>> ( Mc. III- 31/35 ).C’était une déclaration non équivoque . Jésus-Christ, Prince d’origine «divine», appelait à obéir à son Père, l’Empereur céleste, et, en conséquence, à obéir à sa propre personne.

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Sa religion se dévoilait comme la religion du pouvoir établi, l’acmé du culte impérial romain; il dira ensuite à Jérusalem ( MC. XII-17 ) :<< Ce qui est à César, rendez le à César,et ce qui est à dieu, à dieu>>Jésus-Christ situait sur le même plan dieu et César.

En ce qui concerne notre recherche, la lecture de l’évangile, dit de Jean, s’est avérée la plus décevante; certes, la tra-dition chrétienne lui a voué une re-nommée particulière, voire admirative, symbolisant l’auteur par l’image d’un aigle; celui-ci nous est apparu déplumé, décharné, presque squelettique, tant cet auteur est pompeux, répétitif, ennuyeux, empêtré dans ses litanies de : << ....en vérité, en vérité, je vous le dis.....>>.Son homme-dieu va jusqu’à affirmer ( J. VIII-12 ): << Je suis la lumière du monde.....>> ;mais la lumière, le phénomène lumi-neux, même si le terme est utilisé en manière d’allégorie, ne relève pas de la «croyance» ; la lumière existe ou non;dans l’affirmative, le monde entier est éclairé, qu’il le veuille ou pas; c’est un phénomène «objectif»; c’est, d’ailleurs, ce qu’exprime, malgré tout, le Prologue ( J. I-9 ): «la lumière, la véritable, illu-mine tout homme» Si le Jésus, mis en scène par le dit Jean, était véritablement la «lumière du monde», il n’éprouverait pas le besoin de le prétendre, puisque

tous les humains, et pas seulement les Juifs, auraient été éclairés par lui, même allégoriquement; ce qui n’était pas le cas, si l’on considère les discussions, sans fin, soulevées par son action.Cette affirmation a toutefois l’intéret de situer cette histoire d’homme-dieu dans le cadre des mentalités de l’aire géographique indo-européenne, qui assimilaient totalement dieu ( dyew ) et la lumière, dans les mythologies de Mithra, Zeus, Ju-piter...etc., et de révéler ainsi sa véritable origine.Comme l’évangile dit de Marc, le récit attribué à Jean ne contient aucune mise en scène de hièrogamie. Là aussi, Jean le Baptiste est le premier personnage pré-senté;il séjournerait à Béthanie, au-delà du Jourdain, où prêtres et lévites se seraient rendus pour s’enquérir de sa mission.«Le lendemain» ( de quel jour ? ), Jean-Baptiste aurait vu Jésus venir à lui, «l’Esprit

JEAN l’EVANGELISTEGravure sur bois de Blaj-Roumanie ( 1765 )

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descendre comme une colombe venant du ciel» ( J.I- 32 ) et demeurer sur Jésus;le surlendemain ( ? ), J.B. aurait vu passer Jésus, car ce dernier aurait séjourné près de Béthanie; le troisième jour suivant, Jésus serait retourné en Galilée en compagnie de ses premiers disciples : André, Simon-Pierre, Philippe et Nathanaël, tous originaires de la localité de Bethsaïde.Jésus est, donc, une incarnation directe de la divinité; toutefois, l’auteur le confond souvent avec un Jésus « fils de Joseph de Nazareth», comme l’indique le verset 45 du 1er chapitre puis plus tard le verset 42 du sixième;c’est que, suivant l’exemple des évangiles précédents, le récit dit johanique contient également une sorte de «profession de Foi de Pierre»assimilant totalement le Jésus-homme au «Saint de dieu»( J.VI- 66/70 ), dénomi-nation équivalente à celle de «Christ de dieu».L’existence de la famille humaine de Jésus est attestée en quelques autres passages; sa mère intervient dès le 2ème chapitre, à l’occasion des «Noces de Cana»;ses frères, qui «ne croyaient pas en lui»( J.VII-5 ) se disputent avec lui, au chapitre VII, à propos de la fête des Tentes.Il faut remarquer, de suite, que la nature «divine» du personnage sort renforcée du fait que :- d’une part, sa mère n’est jamais nommée, elle agit anonymement, en toutes circonstances. Elle est présente près de la croix ( J.XIX - 25 ), au moment de la crucifixion, mais, seules, ses compagnes portent un nom: sa soeur, Marie femme de Clopas, et Marie de Magdala; la mère de Jésus n’a aucune consistance humaine.- d’autre part, son père est sans aucune attache familiale. Les évangiles précédents, dits de Matthieu et deLuc, avaient inscrit Joseph dans des généalogies imposantes, faisant de lui, et, en conséquence, de son fils Jésus, le dernier descendant de David, descendance royale démontrée par la naissance supposée de Jésus à Bethléem.Le récit johanique ne comporte aucune indication de cette sorte; d’où, apparemment, une certaine incertitude ( J. VII-42):<< L’Ecriture n’a-t-elle pas dit que c’est de la descendance de David et de Bethléem, le village où était David, que doit venir le Christ ? >>Cette incertitude s’évanouit totalement lorsque Jésus, développant la parabole du Bon Pasteur, confessa: << Moi, je suis le Berger, le bon ! >> ( J. X- 11 )déclarant clairement qu’il s’assimilait, en l’occurence, à Pan, le dieu-Berger, symbole du pouvoir royal;- et, bien plus encore, lorsque, par la suite, s’approchant de Jérusalem, une foule nombreuse se précipita aux portes de la ville, brandissant des rameaux de palmier, et s’écriant: << Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël ! Sois sans crainte, fille de Sion; voici que ton Roi vient.>> ( J. XII -12 )Le récit johanique établit ainsi, clairement, la nature humano-divine de Jésus: «Christ» du dieu solaire, son Fils, sur terre Empereur-Berger, nouvelle figure du dieu-Pan, certainement Empereur romain, le Sauveur des chrétiens, devenu lui-même roi d’Israël et chrétien en réalisant les promesses de leurs Ecritures.La phrase les interrogeant sur l’origine davidienne de Jésus et sa naissance supposée à Bethléem constitue un rappel précis des ouvrages dits de Matthieu et de Luc;elle est due très vraisemblablement à un scribe, qui, constatant, à son avis, une omission regrettable dans le texte johanique en sa possession, voulut la corriger

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en ajoutant une référence à ces «évangiles» précédents.Cette interpolation voisine avec beaucoup d’autres, non moins caractérisées, par-ticulièrement celles concernant «le pain de vie»;c’est le sujet d’un long discours de Jésus à l’occasion de son passage dans la syna-gogue de Capharnaüm ( J. VI - 35/59 ) :<< ... Moi, je suis le pain de vie.... le pain descendu du Ciel....celui qui consomme ma chair et boit mon sang a la vie éternelle.......ma chair est une vraie nourriture et mon sang une vraie boisson....>>

Ces paroles forment une explication transparente de la transsubstantiation dog-matisée par le 4ème Concile oecuménique de Latran, en 1215;si l’évangile dit de Jean avait contenu un tel discours antérieurement à cette date, nul doute que l’Eglise aurait spécifié cette transsubstantiation dans un Concilesuccédant le plus près possible à la parution du texte johanique, tant il définissait dans un langage «christianisé» les vertus de l’antique dieu de la Fertilité, la Provi-dence des humains depuis les temps ancestraux du néolithique.L’anachronisme du récit se manifeste encore nettement dans le chapitre relatif au crucifiement ( J. XIX- 18/22 ), apprenant au lecteur que Pilate, en personne, aurait rédigé un écriteau, placé au-dessus de la croix, écrit en latin, grec, et hébreu et disant : << Jésus le Nazaréen, le Roi des Juifs >>.Comment Pilate, procurateur de l’Empereur Tibère, de fait roi des Juifs assujettis à l’Administration romaine depuis des lustres, comment Pilate, fonctionnaire ap-précié de son Empereur qui l’a maintenu en son poste durant dix ans, aurait-il pu concéder cette qualification à un condamné au supplice des esclaves?Et, qui plus est, qualification stipulée en hébreu?On sait que l’hébreu, langue «divine», n’était employé que dans les synagogues et le Temple par un personnel spécialement formé à la copie et à la lecture des Ecritures juives.Cette lecture, dans les lieux «saints», nécessitait une traduction orale, immédiate, dans la langue vernaculaire des Juifs: l’araméen, mâtiné de la koinè grecque depuis les anciennes conquêtes d’Alexandre au 4ème siècle avant notre ère !L’hébreu, langue «divine», était, donc, illisible pour les Juifs, et bien plus encore pour Pilate; ce qu’aurait ignoré complètement le dieu des chrétiens,omniscient par définition , «auteur unique», selon l’Eglise romaine, de l’A.T.et du N.T.Cette remarque fournit l’occasion de rappeler que la Bible juive, origine du Livre lu de nos jours par les juifs, a été rédigée par l’école massorétique d’Aaron Ben Ascher, à Tibériade, vers l’an 930 de notre ère;ce texte fut établi comme la «norme», parmi tous les textes existants au début du 13ème siècle, sur l’insistance de M.Maïmonide.Il fut reproduit manuellement jusque vers 1525, avec tous les risques d’erreurs attachées à la copie manuelle.Les textes imprimés depuis lors se sont évertués à le reconstituer, mais sans aucune certitude. Les «croyances» des Juifs créent leur Bible !La chronologie dressée par le texte johanique demeure généralement évasive, ponctuée habituellement par des expressons telles que:« le lendemain» ou «le jour suivant», sans qu’une datation n’ait été, précisément ou approximativement, fixée à l’origine, à la naissance de Jésus-Christ.

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Cet évangile ne contient qu’une seule allusion à l’âge de l’homme-dieu, dans une de ces interminables discussions, répétitives, l’affrontant aux Pharisiens, Scribes et autres Juifs, alorsqu’ils se prétendaient les fils d’Abraham.Jésus-Christ ayant affirmé qu’Abraham avait «exulté à la pensée de voir mon Jour à moi; et il l’a vu et il s’est réjoui «( J VIII- 56 ), les Juifs lui dirent donc :<< Tu n’as pas la cinquantaine et tu as vu Abraham! >> ( J. VIII- 57 )Cette formule a surpris des générations de «lettrés» chrétiens, qui se voyaient devant la difficulté de choisir entre ces paroles, «divines» puisqu’évangéliques, et les affirmations, non moins «divines»puisqu’également évangéliques, de l’auteur dit Luc accordant à Jésus-Christ un âge d’environ 30 ans au moment de ses débuts en public, c’est à dire en l’an 37 de notre ère par référence au recensement de Qui-rinius. Beaucoup tinrent pour vraies les allégations du récit dit de Jean, tant était grande leur admiration pour son auteur présumé, à tel point qu’on les retrouve in extenso dans un livre, connu, intitulé «Adversus hereses» ( II ), attribué à Irénée de Lyon, une sommité intellectuelle chez les paléo-chrétiens, à la charnière des 2ème et 3ème siècles.[Il est indispensable de remarquer que ce passage d’Irénée constitue une interpol-lation certaine, puisque l’évangile dit de Jean est postérieur au 4ème siècle ]

L’âge de cinquante ans était considéré, dans l’Antiquité tardive et le Moyen - Âge, comme marquant le début de la vieillesse.L’exclamation des Juifs, interlocuteurs de l’homme-dieu, s’adressait normalement à une personne «qui a dépassé déjà la quarantaine et qui, sans avoir encore atteint la cinquantaine, n’en est cependant «pas très loin»( cf. «Anthologie des Sources chrétiennes» par L.Doutreleau, éditée par le Cerf à Paris, en 1993; page 58 ).

L’existence de telles divergences chronologiques, concernant des personnes ou des situations supposées identiques dans les «évangiles», résultent inévitablement des erreurs, volontaires ou non, dues à la copie manuelle jusqu’au 15ème siècle, mais aussi à l’instauration de la glossa ordinaria à la fin du 12ème; elles manifestent concrètement une pluralité d’auteurs successifs pour chaque livre, et l’insuffisance historique de leur documentation qui explique les «effets de réel» caractérisant des ouvrages à vocation d’hagiographies.Particulièrement, l’évangile attribué à Jean met à rude épreuve la sagacité du lecteur, lorsque, après la résurrection de Lazare, il décrit une réunion des grands-prêtres et des Pharisiens et leur fait dire à propos de J.C. ( J. XI - 47/48 ) :<< Que faisons-nous ?....Si nous le laissons ( agir )ainsi, tous croiront en lui, et vien-dront les Romains qui détruiront notre Lieu( le Temple) et notre nation >> !!

De fait, les Romains étaient déjà en Syrie et Palestine depuis les campagnes de Pompée, qui avait profané le Temple en 62 avant notre ère;les Romains exerçaient leur domination par l’intermédiaire des Etats-clients héro-diens. La destruction du Temple par Titus intervint à l’été 70, et la destruction de la nation juive en 135 par l’Empereur Hadrien, mettant fin à la révolte du «Messie»

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Bar Kochba en 133;Jérusalem devint une cité romaine appelée Aelia capitolina et fut interdite de séjour aux Juifs, ainsi que la région avoisinante.Les grands-prêtres et autres pharisiens, étant de simples mortels, n’étaient dotés d’aucune faculté «divine» de lire l’avenir; ils parlaient de ce qu’ils voyaient, ou avaient vu, ou connu, de façon certaine ou supposée. En l’occurence, l’auteur du récit leur fait rappeler des faits historiques survenus longtemps, ou très lontemps, auparavant, en leur donnant pour cause réelle l’action de J.C. ressuscitant un mort, agissant en maître de la Vie, en dieu, romain et chef des armées romaines puisqu’il les met en action, c’est à dire agissant en Empereur «divinisé».Ils assimilaient totalement J.C. à un romain,au Prince régnant, dont la religion, le culte impérial, avait entraîné la disparition de leur nationet transformé les Juifs, libres ( il y avait de nombreux esclaves ! ), en citoyens ro-mains, autorisés à pratiquer, en privé seulement, leurs rites religieux ancestraux.L’évangile dit johanique expose, là, manifestement, une opposition fondamentale des Juifs à la religion romaine du Christ, le christianisme, créé en 325 par l’Empe-reur Constantin le Grand.

Constantin se pensait, se disait, s’est manifesté dans ses monuments, ses reproductions sculptées ou peintes, ses pièces de monnaie comme le Christ, l’oint de son Père, dieu du jour diurne, le Soleil.Le Concile de Nicée l’a défini en termes de «lumiè-re de lumière» anticipant en langage théologique la légendaire hiérogamie mariale conduisant les Mages, prêtres de Mithra-Soleil, à venir se pros-terner devant Son Fils, Prince des Romains.Béni par la Chance, il vainquit ses ennemis en donnant à ses armées, dès le 28 Octobre 312, afin de les maintenir regroupées, des bannières au dessin de son chrisme: une roue solaire à six rayons, dont le rayon vertical avait la forme du rho grec. Constantin fut, historiquement, le seul Christ;sa religion constituait le moyen le plus

efficace d’assurer l’union des diverses populations de l’Empire autour de sa per-sonne adorée par tous les chrétiens, dont il était le Sauveur

[Finalement, il faut remarquer que les évangiles dits de la naissance com-mettent un double anachronisme en faisant naître Christ sous les traits d’un nouveau Mithra; d’une part, en situant cette naissance en Palestine, alors que les archéologues n’ont à ce jour découvert dans cette région aucune trace de culte mithraïque; d’autre part en la situant aux jours d’Hérode ou sous Quirinius, alors que le développement du culte mithraï-que date des 2ème et 3ème siècles, son apogée se situant au 4ème, avant son interdiction après 392.]

CONSTANTIN le GRANDCHRIST du SOLEIL

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§ - De Pascha computus .

Le « De Pascha Computus « est un ouvrage très généralement méconnu, utilisé par le Cardinal J.Daniélou dans son livre «Les origines du Christianisme latin»( livre posthume édité en 1991 par Le Cerf à Paris; cf. pages 111/114 ).Ce comput latin, écrit en Afrique du Nord vraisemblablement dans la Proconsulaire tunisienne, aux alentours de Carthage, centre intellectuel important avec Tertullien puis Cyprien, daterait de 243 et avait pour but de fixer la date de la Pâque de cette année-là;mais, le Printemps s’expliquant alors par la résurrection imaginée d’un dieu, en l’occurence le Sauveur eschatologique des chrétiens, la fête de la Pâque posait in-cidemment la question de sa mort, symbolique, et de sa naissance.En fait, cet ouvrage latin est le premier de la littérature chrétienne à s’interroger sur une origine possible du Sauveur, sur sa nature véritable;il le fait à partir de la Vetus latina lue dans les Collegia de son district; il se réfère au 1er chapitre de la Genèse contenant le premier récit de la création, et particu-lièrement aux versets 14/19 décrivant l’oeuvre divine du 4ème jour:<< .... Dieu fit les deux grands luminaires, le grand luminaire pour présider au jour, le petit luminaire pour présider à la nuit, et les étoiles.....>>Le «De Pascha computus», dans son chapitre 19, déclare que le Sauveur, espéré fié-vreusement par les chrétiens, serait né ce 4ème jour et aurait été, donc, créé avec le Soleil, le 5 des calendes d’Avril, c’est à dire les 25/26 Mars; il assimile complètement ce Sauveur au Soleil, conformément aux mentalités millénaires indo-européennes, développées sur les rives de la Méditerranée.

- d’une part, la naissance du Sauveur et du Soleil au 5 des calendes d’Avril rejette beau-coup plus tard, effectivement en 335, une apparition au 25 Décembre, comme nous le verrons au prochain paragraphe;- d’autre part, aucun évangile dit de la nais-sance n’existait au milieu du 3ème siècle; sinon, le «De Pascha Computus» l’aurait cité;- enfin, le Sauveur - Soleil est un dieu créé, et non engendré, un dieu secondaire, pré-figurant la doctrine arienne qui devait bou-leverser, à partir des rives de la Méditerra-née orientale, l’Empire tout entier, quelques dizaines d’années plus tard; de fait,cette doctrine provoqua des désordres publics tels qu’ils déclenchèrent en retour la «per-sécution» dite de Dioclétien, en 303/305.

Le DIEU - SOLEILLe culte du dieu Soleil était universel,

des rives de la Méditerranée à l’Amérique, et à l’Asie

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§ - Depositio Martyrum Romae .

La «depositio» est une inhumation; la «Depositio Martyrum Romae» établit la suite des dates d’enterrement des martyrs romains, auxquels on a ajouté trois Africains: Félicité, Perpétue et Cyprien; liste dressée en vue de commémorer à bonne date la mémoire de ces «Saints», brillants opposants à l’Ordre impérial.Ce document aurait été rédigé entre le 1er Janvier et le deux Octobre 336;ensuite calligraphié, en 354, dans l’almanach illustré de Philocalus, scribe attaché à l’évêché de Rome. IL est admis que l’écrit est entièrement valable pour l’année 335; il indique au 25 Décembre ( le 7 des calendes de Janvier ) : Natus Christi in Betléem Judeae .Deux questions se posent, donc, : pourquoi le 25 Décembre ? pourquoi en 335 ?§ - le 25 Décembre ! Depuis le 1er Empire, les Empereurs romains se sont tous suc-cessivement déclarés fils du Soleil, connu sous différents noms dont Apollon pour Auguste, et Sol invictus pour Aurélien ( 270/275 ); ce dernier, en outre, appartenait à la Gens Aurelia dont le dieu gentilice était le Soleil. A l’occasion de sa campagne contre Zénobie, reine de Palmyre, en 272/273, Aurélien fut conseillé, en songe, par le Sol invictus, adoré dans le temple d’Emèse en Syrie, près duquel il avait dressé son campement. Grâce à ces directives «divines», il put vaincre Zénobie.Pour manifester sa reconnaissance au dieu, il institua la fête du «Nouveau Soleil», Noël, à partir du solstice d’hiver du 25 Décembre 274.Comme ce titre de «Nouveau Soleil» avait été attribué à plusieurs Empereurs, la tradition pérennisa cette fête qui devint, en quelque sorte, dans le culte impérial romain, l’anniversaire symbolique de la naissance du Prince régnant. Cette céré-monie fut évidemment maintenue par Constantin, dont elle manifesta la prétention à une origine «divine» en tant que Fils du Sol invictus, Soleil-Dieu.Déclarer que cette fête traditionnelle de Noël devenait l’anniversaire, symbolique, de la naissance de Christos, qualificatif utilisé par l’Empereur sur ses bannières, revenait à l’intégrer dans sa religion impériale: le christianisme, dont les «fidèles», les chrétiens, devenaient réellement, du fait de cette appellation, les adorateurs du Soleil nouveau, au solstice d’hiver condition préalable au retour du Printemps.Le christianisme s’intégrait totalement à la tradition romaine.§-en 335 ! Cette assimilation de Constantin-Christos au Nouveau Soleil, Noël, aurait pu se concrétiser dès après le Concile de Nicée en 325.Il existait, toutefois, à Rome, depuis 313, un évêque nommé Silvestre ( 1er ), qui éprouvait une certaine animosité à l’encontre de l’Empereur, dont il déniait l’ori-gine et la nature humano-divine; il avait délibérément négligé les invitations de Constantin à participer aux Conciles d’Arles en 314, et de Nicée en 325, bien que la poste impériale, cursus publicus, ait été mise à sa disposition avec ses relais hôteliers confortables.L’influence de l’évêque de Rome demeurait telle que l’Administration impériale évitait de le hérisser, ce qui se serait produit si les prétentions «divines» de l’Em-pereur avaient été exposées de façon trop visible.La mort de Silvestre, en 335, ôta tout empêchement à célébrer la fête traditionnelle du 25 Décembre, fête de Noël, comme étant celle de la naissance de Constantin-Christos;

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l’intégration du christianisme à la tradition romaine devenait définitive.Le texte de la «Depositio Martyrum Romae» a été reproduit à notre époque, suivant les indications de J.Carcopino.( cf. « Etudes d’histoire chrétienne « édité en 1953 par Albin Michel à Paris; pages 265/266 ).On peut estimer que l’indication du lieu:<< in Betléem Judeae >>est une inter-polation placée après la parution des évangiles, dits de la naissance, attribués à Matthieu et à Luc, puisque ceux-ci avaient pour but de démontrer, par les Ecritures, la filiation «davidienne» de Christ-Constantin, qui, ainsi, devenait non seulement «chrétien», mais le roi des (nouveaux) juifs.

AURELIEN ( 270 / 275 )Initiateur de la Fête de Noël, au 25 Décembre 274

Buste sur un tetradrachme

Constantin - Christ . Nouveau SoleilC’est sa naissance qui est célébrée, symboliquement, à chaque Noël chrétien depuis le 25 Décembre 335.

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§ - Le Martyrologe romain .

Le « Martyrologe Romain» est un livre liturgique volumineux et complexe, devenu de nos jours :« le livre de tous les Saints que l’Eglise catholique vénère en tant que tels...».Il se présente désormais en « Martyrologe catholique» comptant sept mille saints et bienheureux dont le culte est officiellement reconnu et proposé à l’Eglise uni-verselle.Il a pour ancêtre lointain le Martyrologe hiéronymien, dont on peut douter qu’il ait été écrit par Jérome, vir trilinguis, illustre traducteur de la Septante, bien que, selon Cassiodore, Jérôme ait rassemblé des «passiones martyrum».L a l i s t e d e s c o m m é m o r a t i o n s r e c e n s é e s p a r c e M a r t y r o l o -g e h i é r o n i m i e n e s t c o n s t i t u é e d ’ é l é m e n t s d i v e r s p r o v e n a n t d u c a l e n d r i e r r o m a i n ( l a « D e p o s i t i o m a r t y r u m R o m a e ) , d’un martyrologe oriental, et de textes africains; on admet généralement que la première élaboration du texte remonte au 5ème siècle.Sa mise en forme et sa rédaction véritable, datée de 875, serait attribuée à Usuard, moine parisien, qui aurait accompli ce travail à la demande de Charles le Chauve.En tout état de cause, l’editio princeps, parue en 1586, est due à un grand érudit, futur Cardinal, du nom de Cesare Baronius, oeuvrant sur ordre du Pape Grégoire XIII.Le « Martyrologe romain» a été révisé à plusieurs reprises, notamment après le Concile VaticanII, compte tenu des béatifications nouvelles se succé-dant à chaque règne pontifical, et aux corrections des errata typographiques;l la dernière mise à jour semble être du 6 Décembre 2004.Le «Martyrologe romain»a inspiré la publication de plusieurs ouvrages de piété, mais aussi «l’Histoire Sainte»écrite par V.Boreau, approuvée en 1841 par Mgr Affre Archevêque de Paris, et les évêques de Chartres et de Grenoble;approbation renouvelée en 1850 par Mgr Sibour, Archevêque de Paris.L’ouvrage de V.Boreau, utilisé en Sorbonne, bénéficia d’au moins 13 éditions, et signale une naissance de J.C. 50 siècles après la Création.C’est, aussi, l’indication que donne, un siècle plus tard, le « Missel Vespéral» de A.Fleury, dont l’impression a été autorisée par l’Archevêque de Tours, le 16 Janvier 1942;son Calendrier liturgique comprend les fêtes du Calendrier romain et les principales fêtes locales de France, Belgique et Canada ; à la date du 25 Décembre, on lit :«La Nativité de N.S.J.C. ( selon la chair )-- L’an depuis la création du monde, 5199; depuis le Déluge, 2957; depuis la naissance d’Abraham, 2015; depuis Moïse et la sortie du peuple d’Israël de l’Egypte, 1510; depuis que David fut sacré roi, 1032; la 42ème année de l’empire d’Auguste, toute la terre jouissant d’une grande paix, Jésus-Christ, Dieu Eternel et Fils du Père Eternel, voulant consacrer le monde par son avènement, naît à Beth-léem de Juda de la glorieuse Vierge Marie» ( Martyrologe romain ).

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Ces indications relatives à la naissance de J.C ne sont pas sans poser des questions d’importance:- Peut-on situer la création du monde à 5199 années avant cette naissance, si l’on suit les indications des évangiles dits «de la naissance»?Assurément non, puisque cette durée correspond, en fait , à la fin de l’ère néolithique et que l’existence de notre Univers est estimée de nos jours à environ 15 Milliards d’années.L’Archevêque de Tours, en 1942, connaîssait évidemment les travaux du célèbre Abbé Breuil, datant de la fin du 19ème siècle, le préhistorien qui fit connaître, entre autres, les grottes de Lascaux et d’Altamira, dont les gravures rupestres datent de plus de 10.000 ans; l’Archevêque a agi par pur conformisme intellectuel, ne voulant pas avancer des opinions contraires à celles prônées par son Eglise.- Peut-on affirmer que la 42ème année de l’empire d’Auguste correspond à la 5199 ème après la création du monde ?Assurément non, pour les mêmes raisons.- Que représente la 42ème année de l’empire d’Auguste ?La 42ème année du 1er empire fut celle de la mort d’Auguste, correspondant à l’an 14 de notre ère.Le Martyrologe romain situe donc la naissance de J.C. sept années plus tard que l’évangile dit de Luc; le Martyrologe comporterait une erreur puisque cet évangile est supposé «parole divine» .On remarquera que Baronius a écrit son texte en 1586, entrepris sur ordre express de Grégoire XIII; d’une part, il n’a tenu aucun compte des multiples Bibles impri-mées auparavant en langues vernaculaires;d ‘autre part, il a ignoré totalement la Bible éditée par Plantin en 1583 pour l’Uni-versité de Louvain.Il a remis son ouvrage un an avant la constitution de la Commission Carafa dési-gnée par Sixte-Quint pour préparer le contenu à imprimer du Livre dont dieu est l’auteur unique , tel qu’ordonné par le Concile de Trente en 1546.Le «Livre» définitif, dit Bible Sixto-Clémentine, fut publié en 1592, sans que les divers services concernés de l’Administration pontificale aient jugé bon de coor-doner leurs travaux;bien plus , en 1942, trois siècles et demi après la publication de la Sixto-Clémentine, l’erreur supposée du Martyrologe, compte tenu de l’évangile dit de Luc constituant la parole «divine», cette erreur n’avait toujours pas été corrigée.On ajoutera que ce Martyrologe ignorait encore en 1942 l’existence de l’ère dite chrétienne en datant son texte à partir de la première année du règne d’Augusteet non de l’année supposée, de nos jours, de la naissance de J.C;pour les fonctionnaires du Vatican ayant participé à ses révisions successives, le temps ne devait être décompté qu’en fonction de l’antiquité romaine impériale, et, finalement, le Martyrologe présente J.C. comme un héritier d’Auguste sur le trône de l’Empire.

- Y a-t-il une création ?Le concept de «création» remonte à la littérature sumérienne du 3ème millénaire avant notre ère, gravée en écriture cunéiforme sur briquettes d’argile, racontant la

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légende de Gilgamesh, ou rapportant le poème de la création: Enuma Elis.En ces temps d’un très lointain passé, on estimait que les existants, objets, animaux ou humains, provenaient d’une «fabrication» exigeant, par exemple, un potier pour un pot ou autre ustensile.C’est cette pensée que traduisit beaucoup plus tard la Genèse juive, ignorant tout du Grec Héraclite.Les effets de la «création» ne sont qu’une manifestation temporaire de l’évolution universelle constatée et analysée de nos jours à chaque instant;loin de pouvoir l’expliquer entièrement, nous la subissons dans la crainte d’une mort apparente, qui n’est, en définitive, qu’une étape dans un cycle d’épanouissement infini, car la Vie est Conscience, et cette dernière est nécessairement éternelle.L’évolution universelle s’apparente à un mouvement asymptotique déterminé par un infini se rapprochant sans cesse, mais à jamais inatteignable.Il n’y a pas d’acte matériel de «fabrication» des hommes par un potier «divin», puisque, du fait même de l’évolution, ceux-ci sont engendrés par une Surpersonne, Surconscience, réalisant continuellement ses potentialités d’épanouissement, en un mouvement perpétuel engendrant, sous certaines conditions, des existants dotés d’une intelligence réflexive, capables de connaître l’Univers par leurs facultés de raisonnement et non plus seulement par leurs instincts d’animaux, libres enfin d’accepter leur destinée .Lorsque feu le pape Jean-PaulII tentait de ridiculiser les efforts des hommes pour mieux connaître le Monde, en les traitant de «scientistes», il cherchait uniquement à perpétuer une mentalité passéiste, à justifier les peurs innées des hommes pour leur imposer la loi «divine» par laquelle prospère son Eglise. Le Martyrologe romain reflète cette pensée pontificale.

Le Martyrologe romain tel qu’Usuard l’aurait rédigé en 875 .

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§ - Les calculs de Denys le Petit .

Originaire de la Scythie province de la Russie méridionale, Denys, moine se disant le Petit par humilité, vivait au 6ème siècle; il était à la fois:- un traducteur hors-pair; c’est lui qui fit connaître aux Romains les Actes du Concile de Nicée de 325;- un Canoniste et juriste de grand talent fort apprécié de l’Administration pontificale romaine; auteur de Décrétales;- un mathématicien habile rompu à tous les calculs de comput.Compte tenu de ses attaches familiales en Orient, il fut chargé, après 523, par l’en-tourage immédiat du pape Jean 1er, d’établir une base, qui deviendrait définitive pour Rome, de datation de la fête de Pâques; celle-ci était toujours célébrée en des temps différents à Rome et dans le patriarchat d’Alexandrie, malgré les décisions prises à ce sujet par le Concile de Nicée. Le patriarchat d’Alexandrie possédait, en la matière, l’avantage d’avoir adopté séculairement la doctrine de Méton, astronome athénien du 5ème siècle avant notre ère, qui avait estimé à 19 ans la durée du cycle au terme duquel les phases de la nouvelle lune se reproduisaient à la même date;le patriarchat avait fait établir sur ces bases des tables indiquant la date de la Pâque jusqu’en 247 de l’ère de Dioclétien, correspondant à l’an 532 de notre ère.Il suffisait au Patriarche d’en informer chaque année les évêques de sa circonscrip-tion, qui fêtaient la Pâque à la date indiquée.Rome appliquait un autre système très ancien donnant des résultats divergents, si bien que, dans la catholicité, la fête la plus importante de l’année liturgique se situait à des moments différents; c’était une situation grotesque !Déjà, au temps de Léon 1er ( 440/461 ), l’administration papale avait successive-ment demandé à deux mathématiciens: Prosper et Victor d’Aquitaine, de préparer une uniformisation de la datation de la Pâque. Chacun des deux computistes avait remis, à 10 ans d’intervalle, les mêmes conclusions:- d’une part, il conseillait d’adopter, purement et simplement, le système utilisé par le patriarchat d’Alexandrie;- d’autre part, chacun avait calculé un cycle complet, simultanément solaire ( durée 28 ans ) et lunaire ( durée 19 ans ), par une multiplication aboutissant à 532 années;- en outre, chacun avait considéré la dernière année portée sur les tablettes d’Alexandrie, soit 247 de l’ère dioclétienne, comme le terme de ce cycle complet de 532 ans;- enfin, chacun avait vu en l’année 28 de l’empire d’Auguste la première année ou année de référence du cycle complet, par la soustraction de 532 - 247 ( +285, accession de Dioclétien ); la première Pâque aurait été célébrée en cette année-là; la naissance de J.C. aurait eu lieu 28 ans plutôt, soit un an avant l’institution de l’Empire.Ces conclusions ne furent jamais suivies d’effet, vu les très graves événements menaçant Rome, qui, après les invasions des Wisigoths en 410 / 412, devait subir les dévastations des Vandales de Genséric en 455, et avait échappé à la furie des Huns d’Attila en 453 grâce à l’habileté diplomatique de Léon 1er.La question restait, donc, entièrement à reconsidérer au siècle suivant, au temps de Jean 1er en 523; c’est pourquoi son administration confia à la sagacité de Denys

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le Petit la recherche d’une solution que l’on espérait définitive.En fait, Denys s’inspira des opérations effectuées précédemment par Prosper et Victor d’Aquitaine; il préconisa, à son tour , en 525, l’adoption définitive du système utilisé par le patriarchat d’Alexandrie pour fixer la date de la fête de Pâque.Il établit également un cycle complet de 532 ans, et fit de l’année 28 de l’empire d’Auguste sa première année ou année de référence;toutefois, compte tenu de son animosité à l’égard du nom de Dioclétien « le persé-cuteur», il voulut l’effacer totalement du comput et institua l’année de référence en première année d’une ère nouvelle; dans cette perspective, J.C. naquit le 25 Décembre immédiatement précédent, c’est à dire le 25 Décembre de l’an 753 ab urbe condita, soit 753 ans après la fondation de Rome;la première fête de Pâque aurait été célébrée la 28ème année du comput nouveau.La démarche de Denys avait été , donc, entièrement conditionnée par son hostilité à l’encontre de Dioclétien, et se situait dans une anhistoricité absolue, mais, finale-ment, il établissait un système de datation universelle dont l’origine était constituée par la fondation de Rome; malgré l’existence de la nouvelle année de référence, le temps chrétien dépendait entièrement du temps romain; toute la future histoire de la chrétienté allait se calculer à partir de la création de la Ville;c’était une reconnaissance exclusive, définitive, de l’origine latine du christia-nisme.Très curieusement, dès 526 date de la mort de Jean 1er, les calculs de Denys le Petit disparurent complètement; ils firent l’objet de premières citations deux siècles plus tard, en Angleterre, du fait de Bède le Vénérable, qui n’avait pas en sa possession les manuscrits dionysiens d’origine.On doit, donc, émettre un doute sérieux sur l’authenticité de leur contenu, d’autant qu’à Rome, dans la première moitié du 8ème siècle, l’appétit glouton des Lombards alléché par les immenses domaines italiens de l’évêque, créait des situations très dangereuses pour les Papes.On ne peut manquer de souligner la parfaite symétrie existant entre les datations de la création des Etats pontificaux, en 753/754 de notre ère, et l’avènement supposé de J.C. le 25 Décembre 753 ab urbe condita; cette symétrie semble signifier que le Pape, soutenu par les Carolingiens, incarnait, en devenant officiellement Roi, le nouvel avènement du Sauveur, son Vicaire, et l’héritier légitime de Constantin.Lorsqu’on apprécie l’ardeur mise par des moines érudits à confectionner la fausse «Donation de Constantin», on peut légitimement soupçonner de leur part des manipulations de chiffres attribuées à Denys le Petit compte tenu de l’autorité attachée à son nom d’auteur de Décrétales.

Par cette symétrie dans les dates, on aurait voulu démontrer que le Royaume pa-pal succédait légitimement à l’empire d’Auguste et continuait l’histoire de l’ Urbs antique, créée en 753 avant notre ère .

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CONCLUSION

Nous nous trouvons, donc, devant une douzaine de propositions, qui tendent à définir,d’abord, la nature du Sauveur des chrétiens:§ - Est-il un dieu de nature lumineuse, créé le 4ème jour de la Création avec le soleil, la lune et les étoiles, qui viendra à la fin des temps?C’est ce que déclare le «De pascha computus» en 243.§ - Est-il un homme-dieu, tel qu’on imagina un Prince régnant, roi ou empereur, jusqu’à la Révolution française de 1789 ?

La question implique que l’on envisage deux processus différents :a) S’est-il incarné par le fait de la toute-puissance divine ? c’est à dire sans nais-sance véritable ?C’est la version des évangiles dits de Marc et de Jean; ce dernier donnerait à J.C., à l’approche de sa mort, un âge compris entre 45 et 50 ans.b) Est-il le fruit d’une hiérogamie, ou d’une naissance d’une sorte non précisée ?Compte tenu de la tradition romaine d’une naissance le 25 Décembre, à la fête du Nouveau Soleil, Noël, nous avons le choix entre une incarnation réalisée :- soit l’an 28 avant notre ère, suivant les calculs de Prosper et Victor d’Aquitaine, au 5ème sièccle;- soit conventionellement l’an 5 avant notre ère, au temps d’Hérode le Grand, suivant le récit dit matthéen;

Scribe à son écritoire<< on écrit avec trois doigts mais c’est tout le corps qui travaille>>

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- soit l’an 3 avant notre ère suivant les estimations d’auteurs chrétiens anciens, ayant confondu Quintilius Varus, gouverneur de la Syrie, avec Quirinius;- soi l’année 753 ab urbe condita, suivant les calculs attribués à Denys le Petit en 525 ;- soit l’an 7 de notre ère, suivant l’évangile dit lucanien, qui accorde à J.C. un âge de 30 ans à ses débuts en public ( en l’an 37 de notre ère );- soit l’an 14 de notre ère suivant les indications du Martyrologe romain;- soit l’an 5199 après la Création, suivant le même Martyrologe;- soit l’an 335 selon la «Depositio Martyrum Romae»;- soit l’an 354, suivant le contenu de l’almanach illustré attribué à Philocalus ?Si dieu, tel que conçu dans l’Antiquité, possédait une nature lumineuse, il l’aurait gardée en s’incarnant sur terre puisqu’en devenant homme-dieu il restait totale-ment dieu. La terre entière aurait été illuminée par sa présence et personne, de nos jours, ne pourrait mettre en doute son avènement universellement reconnu; ce qui n’est pas le cas.Dans leur ensemble, les récits, à l’exception du « De pascha computus», traitent d’un homme-dieu, c’est à dire d’un Prince régnant, roi ou empereur, tel qu’imaginé jusqu’à la Révolution française de 1789, fréquemment le fruit d’une hiérogamie de nature mythologique, donc irréelle, anhistorique.La doctrine de l’Eglise romaine manifeste par ses recours incessants à une parole «divine» , qu’Elle serait seule à pouvoir entendre, interpréter, et dicter , l’extrême difficulté de présenter une version acceptable pour l’esprit humain, sauf à confon-dre l’absurde et le «divin».Notamment, les définitions contenues dans les Actes du Concile de Chalcédoine, en 451, créent un imbroglio déchiffrable seulement par recours au contexte his-torique :dans la lettre de Léon1er rattachée à ces Actes, comme dans la définition de la Foi par le Concile, il est indiqué clairement que le Christ incarné a pris la forme d’un esclave; or, de toute évidence, jamais J.C. n’a agi en esclave d’un homme qui aurait été son maître et l’aurait traité comme une sorte de meuble;de toute évidence, J.C. a agi en totale liberté, par ses discours et ses actes de thau-maturge .La question se pose, donc, de savoir pour quelle raison, à un certain moment, l’Eglise a jugé bon de valoriser la condition servile,allant jusqu’à la «diviniser».Cette déclaration avait nettement pour but de prévenir des séditions possibles de la part des masses considérées, en précisant que leur situation, transformée par la naissance de J.C., esclave supposé, leur assurait, juridiquement en quelque sorte, une place au Ciel, dans la mesure où ils restaient esclaves dans leur comportement, et continuaient à obéir à leurs maîtres, prêtres et aristocrates.Au cours de ce 5ème siècle, aucun mouvement précis de révolte ne fut signalé;vraisemblablement, y eut-il une augmentation des cas de brigandage, voire de banditisme, rendus plus aisés du fait des invasions des Barbares, qui finirent par détruire l’Empire romain d’Occident, en 476.C’ est seulement à la fin du 10ème siècle qu’à la suite des cataclysmiques « grandes faims» des troupes de paysans se sont révoltées contre leurs Seigneurs féodaux et autres propriétaires ecclésiastiques, pénétrant dans des églises pour détruire les

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représentations, peintes ou sculptées, de leur Sauveur mis en croix.Des évêques estimèrent, vraisemblablement, que, compte tenu de l’autorité ac-cordée ordinairement à leur Eglise,à cette époque, il leur suffirait de transformer, par un discours, J.C. en esclave pour que les masses concernées croient en leur «élection divine» et se montrent, désormais, soumises.

Le choix d’une interpolation dans les Actes du Concile de Chalcédoine tint, sans dou-te, au fait qu’il fut le premier à introduire la croix dans la doctrine chrétienne.Les discours ordinaires de l’Eglise romaine sur la nature de J.C., l’homme-dieu, ne peuvent échapper à cette contradiction fondamentale :du fait de leurs natures respectives, un dieu ne peut devenir un homme,sur cette terre, et un homme ne peut se transformer en dieu.Le Concile de Chalcédoine n’a pu l’éviter en parlant d’un Sauveur :<< ... consubstantiel au Père suivant la divinité et le même consubstantiel à nous selon l’humanité, en tout semblable à nous, sauf le péché>>Ce n’est, finalement, qu’un sophisme tendant à établir une parenté entre le «divin» et l’humain, puisque, selon le livre de la Genèse (I- 27 ) :<< Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, mâle et femelle Il les créa....>>Or, si l’homme avait été créé à l’image de dieu, il aurait été, comme lui, intelligent, réfléchi, conscient, libre dans certaines limites de discerner le mal et de choisir le bien.La défense de manger le fruit de l’Arbre «qui est au milieu du jardin» ( Ge. III -2) n’aurait eu aucune signification et n’aurait pas été prononcée;l’homme, « image de dieu», n’aurait pas eu à lui désobéir ; le péché originel n’aurait pas été commis.Mais ce péché a bien été commis «pour acquérir l’intelligence» selon le même livre de la Genèse ( III-6 );par lui, l’homme s’est transformé passant du stade des purs instincts animaux à celui de la conscience « divine»;c’est le péché originel qui a substantiellement déterminé la nature de l’homme.En déclarant que J.C. « est en tout semblable à nous, sauf le péché», l’Eglise ro-maine a spécifié définitivement que J.C. n’etait pas un homme, qu’il n’en manifestait qu’une simple apparence .L’Eglise continue à se complaire dans l’hérésie du docétisme qu’elle a condamnée aux débuts de son histoire;cette dernière continue à exploiter de viles supercheries, commandées par la défense de ses intérets d’Eglise - Etat du Vatican.

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- Deuxième Question: Que signifie la fête de Noël? Que veut dire Noël?

NOËL

«Noël» vient de la contraction de deux mots grecs anciens, d’une part, l’adjectif «néos» signifiant nouveau, d’autre part, le substantif «hélios» signifiant «soleil».Littéralement, «Noël» exprime «le nouveau soleil»; la fête de Noël célèbre le re-nouveau solaire après sa décroissance de l’automne et l’augmentation de la durée de la nuit;elle célèbre une sorte de première «résurrection» et préfigure celle du Prin-temps.

La fête fut officiellement instituée, à Rome, par l’Empereur Aurélien ( 270 / 275 ) le 25 Décembre 274 et prit immédiatement une valeur «religieuse» qui l’intégrait au culte impérial romain. Cette valeur «sacrée» tenait au fait que, dans l’Antiquité, non seulement tout Prince régnant, roi ou empereur, était supposé tenir son pouvoir d’une divinité, suite à l’union supposée de celle-ci: dieu ou déesse, avec la mère ou le père du Prince concerné explication reprise plus tard dans la doctrine du chris-tianisme par l’Epitre aux Romains de Paul ( XIII- 7 ) : omnis potestas a deomais, surtout, au fait que ce Prince était considéré comme Fils du Soleil, la divinité millénaire du jour diurne dans l’aire géographique indo-européenne.Ainsi, le premier Empereur romain, Auguste, membre par adoption de la Gens Julia, fondée jadis par Enée, fils d’Anchise et de Vénus, pouvait se déclarer l’hé-ritier de cette déesse, mais également Fils d’Apollon-Esculape, le dieu solaire par excellence à l’époque, puisque sa mère, Atia, avait été «visitée», disait-elle, par ce dernier dans son temple de l’île tibérine.Le caractère «sacré» d’un roi ou empereur était donc unanimement reconnu ( sauf par Varron, le plus instruit des Romains aux dires de Cicéron ! );l’on donnait, parfois, cette appellation de «nouveau soleil» à l’Empereur lui-même.La littérature ancienne porte de nombreux témoignages de cette conception «sa-crée» du pouvoir. Par exemple, l’Iliade, dans son Chant 1er ( vers 176 ) rapporte la querelle faisant s’affronter le «divin» Achille et Agamemnon, interpellant le premier en ces termes: << Des rois issus de Zeus, tu m’es le plus odieux >>.Publiée à la fin du 2ème siècle de notre ère, «La Révélation d’Hermès- Trismégiste» ( traduction de A.J.Festugières ) précise dans son premier livre et «l’Instruction d’un Sage à un Roi»:<< Les trois derniers chefs - Soleil Lune et Roi- sont des émanations du Roi suprême, et plus un chef est proche du dieu plus il est royal......Si le roi est, ainsi, le dernier(né)des dieux, il est en retour le premier des hommes....Divine quant à son origine, l’âme royale a droit aussi à une révélation complète...>> révélation qu’un roi peut recevoir directement d’un dieu.

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C’est ce qui arriva à l’Empereur Aurélien à l’occasion de sa campagne contre la reine Zénobie, en 272/273 .Le déroulement des opérations militaires le conduisit aux environs d’Emèse (Homs), en Syrie, où, pour un certain temps, il installa son camp entouré de son Etat-Major, dont faisait partie Constance Chlore, le futur père de Constantin. A proximité, se trouvait le temple, très fréquenté, du Sol invictus, divinité solaire que Héliogabale (218/222), en son temps, avait installé à Rome même.Or, le dieu gentilice des Aurelii, la Gens d’Aurélien, était également le Soleil. Aurélien fut gratifié, en songe, de l’aide du Sol invictus, dont les conseils furent si bien appropriés à la situation que l’Empereur obtint rapidement la reddition de Zénobie.

L’institution de la fête de Noël par Aurélien, le 25 Décembre 274, répondait à trois objectifs politico-religieux :-normaliser les diverses manifestations de réjouissance répandues dans tout l’Empire en héritage d’un millénaire culte de la Fertilité pour saluer dans la joie le nouveau soleil du solstice d’hiver, alors qu’on pouvait craindre un non-retour;- déclarer au Soleil, Père de l’Empereur régnant, la reconnaissance de celui-ci et de tous les citoyens pour la réintégration dans l’Empire du royaume de Palmyre, qui dura une quinzaine d’années;- enfin, célébrer symboliquement l’anniversaire de la naissance de l’Empereur régnant, «nouveau soleil», pour assurer, autour de sa personne «divine», l’union des citoyens rassemblés dans l’exercice du culte impérial.

L’institution de la fête de Noël répondait si bien aux besoins de la Société romaine de l’époque qu’elle fut célébrée ponctuellement, à bonne date, chaque année, après la mort de l’Empereur Aurélien, jusqu’à l’avènement du christianisme en 325.Constantin, sauveur des paléo-chrétiens, fondateur de l’Eglise catholique romaine à Nicée, se présntait habituellement, par ses bannières, ses monnaies et sculptures, comme le Christ, l’oint, le béni de son Père, le Soleil divin; il fut donc tenté d’ajouter cette appellation christique, qui le caractérisait, à la dénomination de la fête pour renforcer l’unité de l’Empire, reconstitué, en 324, en une seule entité autour de sa personne, après la tétrarchie de Dioclétien.

Toutefois, l’évêque de Rome, nommé en 313, Silvestre ( 1er ), contestait cette désignation et considérait l’Empereur en fils d’une esclave, servante d’auberge, concubine, pendant un certain temps, de son père naturel: Constance Chlore marié en 289 à Théodora, belle-fille de l’Empereur Maximien, dont Constance devint le fils adoptif le 1er Mars 293.

Ce n’est, donc, qu’après la mort de Silvestre en 335 que la fête de Noël fut appelée, le 25 Décembre de cette année-là, fête du Nouveau Soleil, Christ.L’indication du lieu de naissance: Bethléem fut rajoutée plus tard, très vraisembla-blement à la suite de la publication des évangiles dits de Matthieu et de Luc.L’habitude manifesta une telle force que la célébration du Nouveau Soleil, Noël, resta fixée au 25 Décembre de chaque année, comme sous Aurélien, malgré les

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Le Christianisme Romain en questions

changements ultérieurs de calendrier qui désignèrent le 21 Décembre pour date du solstice d’hiver.

Deux conclusions se dégagent de ces considérations:- d’une part, aucun chrétien, avant ce 25 Décembre 335, n’avait célébré la naissance de Christ, quel qu’en fut le lieu;ce qui confirme le caractère artificiel, anhistorique, et purement littéraired’une naissance supposée aux temps du roi Hérode, suivant l’évangile dit de Mat-thieuou en l’an 7 de notre ère, suivant l’évangile dit de Lucou le 25 Décembre de l’an 753 ab urbe condita, selon les calculs attribués à Denys le Petit.Il n’y a pas eu de naissance d’un homme-dieu dit Jésus-Christ;le seul «homme-dieu», Empereur romain, appelé Christ, fut, historiquement, l’Empereur Constantin.- d’autre part, en conséquence, les «chrétiens -pratiquants», à notre époque, conti-nuent à célébrer dans leurs églises ou chapelles, chaque 25 Décembre, l’antique culte du Soleil qu’ils sont, inconsciemment, les seuls à vénérer.

On remarquera, de surcroît, que l’évan-gile dit de Luc, en faisant intervenir des bergers paîssant leurs troupeaux aux environs de Bethléem, en une saison nécessairement non-hivernale, écarte toute possibilité d’une naissance le 25 Décembre d’une année quelconque.

La Nativité imaginaireL’adoration des Mages reconnaissant

la nouvelle incarnationde leur dieu Mithra

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- Troisième Question: Qu’est-ce-que l’ère dite chrétienne ? Le mot «ère» vient du bas-latin:aera, qui signifie:nombre et par extension: époque; toutefois, ce mot ne fut introduit dans la langue française qu’en 1539et s’orthographiait:here; il s’écrivit:ère entre les années 1678/1680 et prit alors son sens définitif de<< suite d’années que l’on compte depuis un point fixe >>( cf. Dictionnaire historique de la langue française - Le Robert )C’est à partir de ces années que l’on put parler d’ère chrétienne, ou d’ère musul-mane.Continuer à présenter, conventionnellement, l’invention de l’ère chrétienne comme une suite logique des calculs de Denys le Petit, en 525, apparaît, donc, impossible, d’autant qu’à cette époque l’on désignait, pour l’an 1, l’année au cours de laquelle un Prince régnant était monté sur le trône.En 525, à Rome, l’on était en l’an 32 du règne de Théodoric, roi ostrogoth d’Italie siégeant à Ravenne, qui avait traîtreusement provoqué la mort, en 493, d’Odoacre fondateur du royaume et fossoyeur de l’Empire romain d’Occident en 476.Si, de plus, Denys le Petit avait fixé la naissance de J.C. au 25 Décembre 753 ab urbe condita, et créé l’ère chrétienne, il aurait calculé le début de celle-ci à partir de ce Noël, et non à partir du 1er Janvier suivant, puisque ce mois de Janvier te-nait son nom de Janus, ancien dieu du polythéisme romain, ce qui aurait heurté profondément les croyances chrétiennes.

L’année civile commençait alors à des dates très diverses en fonction des situations géographiques des très nombreuses suzerainetés composant l’Occident.Chez les Carolingiens, par exemple, elle débutait le 25 Décembre, mais une habitude «très répandue» était de la faire commencer à Pâques, ( selon le Dictionnaire histo-rique de la Papauté, chez Fayard à Paris, édité en 1994;article sur le Calendrier )compte tenu du poids persistant des cultes millénaires de la Fertilité suivant les-quels l’équinoxe vernal incarnait véritablement une «résurrection» de la Natureassurant la fécondité des sols et la nourriture des humains, phénomène ô combien bénéfique, que, seule, pouvait expliquer la résurrection d’un dieu, par exemple celle d’Attis dans le culte de Cybèle.En fait, cette diversité dans le calcul de l’année civile couvrit tout le Moyen Âge; c’est seulement le 9 Août 1564, en France, que par l’édit de Roussillon le roi Charles IX imposa le premier jour du mois de Janvier comme date de commence-ment de l’année civile:<< ...... voulons et ordonnons qu’en tous actes....et toute écriture privée ...l’année commence dorénavant et soit comptée du premier jour de ce mois de Janvier. >> ( article 39 )Roussillon est une ville située sur le cours du Rhône, à une vimgtaine de kilomètres au sud de Vienne; c’est là que la maladie arrêta le roi Charles IX et sa mère Catherine de Médicis pendant leur voyage d’inspection du royaume ( 1564/1566). La mesure fut appliquée à Paris en 1567, puis progressivement dans le reste du Pays.

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Elle se justifiait par le fait qu’à l’époque les lyonnais, par exemple, calculaient en-core l’année civile à compter du 25 Décembre, alorsqu’à Vienne, quelques dizaines de kilomètres au sud le long du Rhône, on la faisait débuter le 25 Mars, et dans d’autres villes soit le 1er Mars, soit le 1er Avril, soit à Pâques;cette mesure tendait, en outre, à imposer une uniformisation politique afin d’ effacer les singularités alimentant, pour partie, les affrontement des «guerres de religion».Enfin, elle fut entérinée par le calendrier promulgué par Grégoire XIII en 1582.La création de l’ère chrétienne est donc une invention des temps modernes: 16ème et 17ème siècle, et non du 6ème siècle, quoi qu’on dise à ce sujet.Pour aboutir à une opinion raisonnée, il convient de revenir aux calculs attribués à Denys le Petit. Celui-ci, au sein de l’Administration pontificale de Jean 1er ( 523 / 526 ), était considéré principalement comme un juriste éminent, spécia-lisé en ce que l’Eglise appelle le Droit Canon, auteur de Décrétales, lettres faisant jurisprudence par lesquelles le Pape répondait à des demandes d’avis.Denys était également apprécié pour ses talents de mathématicien; c’est pourquoi les plus proches collaborateurs de Jean 1er, en 525, lui demandèrent de reconsidé-rer la question de la datation de la fête de Pâques pour supprimer toute différence entre les pratiques de Rome et d’Alexandrie.Denys reprit, en fait, les calculs effectués à cet effet, au siècle précédent, par Prosper et Victor d’Aquitaine, sous le pontificat de Léon 1er.A la suite de ces derniers, il préconisa une adoption totale et définitive par l’Eglise romaine des usages centenaires du patriarchat d’Alexandrie, basés sur un cycle lunaire de 19 ans établi par Méton, ancien astronome athénien, dont les estimations se sont révélées, par la suite, inexactes.Cette recommandation dionysienne fut agréée par Jean 1er et appliquée de suite. Mais, le computiste ne s’en tenait pas à ce premier résultat.Poursuivant les travaux de Prosper et de Victor, il calcula avec eux un cycle com-plet multipliant un cycle solaire de 28 ans avec le cycle lunaire de 19 ans et obtint un chiffre de 532 années; or, les tables alexandrines fixaient les dates de la fête de Pâques jusqu’en 247 de l’ère de Dioclétien.

Les deux devanciers de Denys avaient considéré que cette date ultime coïncidait avec la fin du cycle complet et avaient soustrait 532 ans pour faire apparaître une année de référence dans leur système, année qui était l’an 28 de l’Empire d’Auguste;ils y situèrent la célébration de la première Pâque, faussement, puisque, en toute vérité historique, la première fête eut lieu après l’adoption définitive par les paléo-chrétiens des diverses traductions de la Septante gréco-alexandrine, postérieure-ment à la crise marcionite de l’an 144 de notre ère.Denys, lui, continua le travail des tables alexandrines et fixa la date de la fête de Pâques longtemps après l’an 532 de notre ère;toutefois, ses calculs disparurent dès l’anée suivante, 526, en relation,sans doute, avec la mort tragique de Jean 1er;en outre, il aurait préconisé que l’année de référence, l’an 28 de l’Empire augustéen, devint le point de départ d’une nouvelle ère, celle de la naissance du Sauveur des chrétiens, pour supprimer toute indication de Dioclétien;

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il aurait suggéré, pour celà, que cette naissance aurait eu lieu le 25 Décembre 753 ab urbe condita.Mais il est pratiquement impossible d’accepter une telle version pour la raison qu’au 6ème siècle, contrairement au 5ème siècle, un N.T. complet était constitué, dont le Codex Fuldensis porte témoignage dans les années 525.Denys, travaillant dans l’Administration pontificale, canoniste réputé, devait connaître ces évangiles, notamment ceux dits de la naissance, qui s’imposaient à sa Foi en tant que «parole de dieu»; respectueux de la doctrine catholique, il ne pouvait en aucune manière suggérer une date de naissance du Sauveur différente de celle indiquée dans les évangiles.Des calculs, attribués à Denys et déterminant la date de la fête de Pâques, furent repris, dans des circonstances peu précises, par Bède le Vénérable, en Angleterre, au début du 8ème siècle; Bède mourut en 736.

Tout conduit à penser que la date du 25 Décembre 753 ab urbe condita a été déter-minée après le 6ème siècle et attribuée à Denys dont l’autorité admise de juriste renommé rendait plus crédible cette pure invention. Elle remonte, vraisembla-blement, à l’époque des faux célèbres, particulièrement de la fausse «Donation de Constantin», contemporaine, en 754, de la création des Etats pontificaux, ( année 754 calculée à partir de l’année dionysienne de référence commençant le 25 Dé-cembre de l’an 28 de l’Empire d’Auguste ) création transformant l’évêque de Rome en successeur de Constantin-Christ sur le trône de la Ville, c’est à dire en nouvelle incarnation du Sauveur;

il s’agissait d’une ère nouvelle symbolisée par la naissance supposée de Celui-ci le 25 Décembre 753 ab urbe condita, qui se substiuait,en fait, à celle du 25 Décembre 335; elle soulignait la fin de l’attente, son triomphe final, qui marquait, en 754 de no-tre ère, le début véritable de son action salvatrice conduite par le nouveau Roi, le Pape;cette année manifestait, en définitive, par l’instau-ration des Etats pontificaux, le triomphe de la Rome «éternelle» siège de la «divinité» sur terre.On remarquera qu’une durée de 15 siècles sépare, ainsi, la création de la Ville de l’institution des Etats pontificaux; cette durée est égale à celle, effective, de l’Empire romain, sous la désignation des deux

parties Occidentale et Orientale; est-on autorisé à penser que son successeur «en esprit», l’ Etat-Egli-se romaine, durera également 15 siècles et disparaî-tra au 23ème siècle ? Pour être crédible, la nais-sance d’un Dieu -Sauveur doit constituer un fait

historique reconnu, et sa date ne doit pas résulter de calculs numériques qui conser-vent toujours un caractère hypothétique, c’est à dire artificiel.

Le Roi Charles IX (1560/1574)

inventeur de l’année civile moderne qui a servi à l’ins-

tauration de l’ère chrétienne au 17 ème siècle, en France.

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- Quatrième Question: Peut-on confondre Chrestus et Christus ?

Quelles sont les origines vraisemblables du mouvement chrétien ? Peut-on le confondre avec le christianisme ?

§ - CHRESTUS -

CHRESTUS est en latin un nom de personne signifiant «Bon», ou «Lebon»; employé par Cicéron; pouvant, quelquefois, constituer un quolibet attribué, ironiquement, à un esclave pour railler une manière d’être. Ce nom latin est vraisemblablement dé-rivé de l’adjectif grec chrèstos qualifiant la bonté, la serviabilité d’une personne( un roi était souvent dit chrèstos ) ou de dieux (chrèstoï theoï, dieux secourables). On le trouve, inopinément, au détour d’une phrase de Suétone, historien latin du 2ème siècle de notre ère, secrétaire de l’Empereur Hadrien (117/135), dans le passage de sa biographie des «Douze Césars» ( Duodecim Caesares ) relatif à l’Empereur Claude (41/54) : ..Judaeos, impulsore Chresto, assidue tumultuantes, Roma expulit .. ce qui est souvent traduit comme suit :<< .........Il chassa de Rome les Juifs, qui se révoltaient sans cesse à l’insti-gation du Christ........>>.S’il s’agit du Christ, homme-dieu des chrétiens, il faut immédiatement dénier toute valeur à cette traduction, définitivement fausse puisque:- d’une part, aucun des quatre évangiles n’a jamais mentionné un voyage du Christ à Rome, un séjour dans la Ville suffisamment long pour y fomenter des émeutes, et un retour en Palestine antérieurement à ce qu’il est convenu d’appeler sa vie publique;- d’autre part, les scènes rapportées par Suétone se situent sous le règne de l’Em-pereur Claude, c’est à dire après l’an 41 de notre ère, à une époque où le Christ était mort, ressuscité, et monté aux cieux depuis dèjà quelques années, selon les dates avancées par l’évangile dit de Luc, dates fondées, dit Luc, sur des témoignages oculaires;suivant cet évangile, en effet, JC.serait né en l’an 7 de notre ère à l’occasion du re-censement fiscal ordonné par Quirinius Gouverneur de la Province de Syrie, puis aurait commencé sa vie publique à l’âge de trente ans environ, soit en 37 vraisem-blablement, et serait mort en 38 ou en 40 suivant que sa vie publique aurait duré un ou trois ans.

En aucune manière, on ne peut confondre Chrestus et Christus.A vrai dire, la phrase de Suétone contient plus de renseignements qu’il ne paraît. L’on peut, en effet, se demander pour quelles raisons des manifestants juifs auraient accepté d’obéir, à plusieurs reprises, à une personne non-juive, désignée par un nom romain, alors que leur particularisme les a toujours conduits, dans leurs révoltes en Palestine ou en Egypte, à se ranger sous les ordres de chefs juifs.On soupçonne l’auteur d’amalgamer rapidement la situation de diverses catégories

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de personnes d’origine hébraïque, en laissant à son lecteur le soin d’effectuer les distinctions nécessaires; il y avait, alors, à Rome de très nombreux esclaves d’ori-gine juive, depuis les campagnes militaires de Pompée au siècle précédent, et, en même temps, des personnes libres d’exercer les activités de leur choix;les premiers appartenaient à de riches propriétaires, qui les traitaient comme des meubles, les autres se conduisaient en «citoyens» soumis à l’Administration im-périale, qui pouvait leur interdire de s’installer dans tels ou tels lieux. Ce ne sont, donc, pas les esclaves d’origine juive qui furent chassés de Rome, puisqu’ils étaient hors-droit, dans la dépendance totale de leurs propriétaires qui leur imposaient leurs lieux de résidence; ce furent les familles de statut «libre», qui furent (tempo-rairement!) expulsées; sans doute, n’auraient-elles jamais confié à un «étranger» le soin de défendre leurs intérets, et n’ont-elles, effectivement, jamais participé aux tumultes organisés par Chrestus. Suétone manifeste, ici, implicitement, la crainte obsessionnelle de l’Empereur Claude de voir la Ville agitée dangereusement par des mouvements semblables à ceux ayant traumatisé la grande cité d’Alexandrie, à l’initiative de Juifs désireux d’obtenir les mêmes droits civiques que les autoch-tones gréco-alexandrins;une ambassade conduite par Philon était allée à Rome dans l’espoir de rencontrer l’Empereur et lui présenter ses revendications;le décès de Tibère, à ce moment-là, établit sur le trône impérial Caligula (37/41); celui-ci négligea d’examiner la question, si bien que la solution de la crise incomba à son successeur: Claude, lequel, par lettre, refusa d’accorder aux Juifs alexandrins ce qu’ils demandaient.

Les événements égyptiens avaient été particuliè-rement violents, entraînant de nombreuses morts d’hommes et démontrant aux yeux de Claude que les Juifs constituaient une source continuelle de difficultés.

Dans ces conditions, la présence, connue de la po-lice: les agentes in rebus, d’esclaves juifs dans les manifestations tumultueuses, mais pacifiques, or-ganisées par Chrestus, lui servit de prétexte à l’ex-pulsion des familles «libres», mais de même ori-gine, installées à Rome, pour préserver, préventivement, la tranquillité de la capitale de l’Empire.

Par ailleurs, Suétone n’indique en aucune manière que les «tumultes» de Chrestus rassemblaient uniquement des Juifs; en l’occurence, Judaeos ne signifie pas «les Juifs», mais «des Juifs», laissant imaginer que d’autres personnes de diverses origines, d’autres esclaves, participaient à ces manifestations.Quoi que l’on veuille, Suétone, en citant Chrestus, atteste l’existence d’un mouve-ment constitué par des «disciples» portant le nom dérivé de «chrétiens», mouve-ment suffisamment soudé et puissant pour organiser habituellement des rassem-

L’Empereur CLAUDE (41/54)

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blements bruyants dans les rues de la Ville, afin d’obtenir par la loi l’obligation pour leurs propriètaires d’améliorer très sensiblement le sort inhumain imposé à la masse servile.Cette constatation implique que ce mouvement «chrétien» existait déjà depuis plusieurs années.Suétone, brièvement, rappelle un état de fait connu de tous les Romains de son époque. Pline le Jeune, alors gouverneur de la Bithynie sur la Mer Noire, écrivait à l’Empereur Trajan (98/117) pour savoir comment se comporter à l’égard de ces «chrétiens». A plus d’un siècle de distance, Rome était encore apeurée par le souvenir de la révolte armée des esclaves sous la conduite de Spartacus, leur chef adoré comme une incarnation de Sabazios, dieu de la Thrace, frère jumeau de Dionysos.

Spartacus, de 73 à 71 avant notre ère, avait vaincu successivement cinq armées romaines commandées par Crassus;il avait été finalement battu du fait de la défection de nombreux compagnons origi-naires de la Gaule qui regagnèrent leur pays, et de la jonction des troupes de Crassus avec celles de Pompée revenu d’Espagne; Spartacus regagna le Sud de l’Italie pour fuir avec ses «frères d’armes», mais ne put se dégager de la tenaille formée par les Romains; blessé sur le champ de la dernière bataille, il fut, dit-on, enlevé dans un char conduit par une prêtresse de Sabazios, et devint la figure magnifiée du dieu Vengeur, dont on espérait le retour pour vaincre définitivement les propriétaires romains. La vengeance, barbare, ignomineuse, décrétée par les Autorités de la Ville, en suppliciant ( supplice que nous appelons fautivement crucifixion ) le long de la Voie Appienne, les milliers d’esclaves subsistant après leur défaite, traumatisa l’imaginaire d’auteurs littéraires, tel Catulle, qui se dirent torturés avec eux.Cette vengeance suscita, dans la psychologie de la masse servile, une haine inex-piable de la Société romaine, jusqu’à ce que, à l’aube de notre ère, dans Rome, où des prolétaires, «frères» des esclaves, pouvaient créer des sortes d’associations, des groupements se formèrent à l’initiative de Chrestus, un esclave charismatique et exceptionnellement cultivé; il organisa ces Collegia, les anima, les instruisit d’une manière d’agir efficace, mais pacifique, afin d’obtenir légalement l’amélioration souhaitée de leur situation.

Chrestus fut véritablement la «pierre» de fondation du mouvement revendicatif appelé, désormais, «chrétien», à partir de son nom.La personnalité exceptionnelle de Chrestus-Pierre alimenta indiscutablement la légende pétrinne, puisque «Simon Bar-Iona», nommé Pierre, par Jésus, dans l’évangile dit de Matthieu ( XVI - 17 ), ne s’est jamais rendu à Rome, et se trouvait dans les environs de Jérusalem, en 44, à la mort de Agrippa-Hérode 1er, ami de Caligula, selon le livre «sacré» intitulé «Actes d’Apôtres».A partir du 6ème siècle de notre ère, cette légende fut développée par les rédacteurs du «Liber Pontificalis», sorte d’hagiographie des évêques de Rome, qui statufièrent «Pierre» dans la personne du premier évêque de la Ville, de 42 à 67, voulant fixer les origines de leur Eglise au moment où Suétone situait les tumultes bruyants des disciples de Chrestus.

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Celui-ci, bien connu de la police impériale en tant qu’animateur de nombreuses manifestations hostiles, fut très vraisemblablement arrêté après l’incendie de Rome en 64, et mourut en prison, ou tragiquement, peu après. Ses restes furent recueillis et vénérés comme des reliques, placés sous un trophée en fin du 2ème siècle aux dires d’un certain Gaïus, mis à l’abri des Catacombes durant les «persécutions» de Dèce et Valérien, finalement déposés «pour l’ éternité» dans les fondements de la Basilique du Vatican commencée en 323 sur ordre de Constantin-Christ.Pierre-Chrestus devint, de facto, le garant de la conversion des paléo-chrétiens au christianisme, la religion de cet Empereur, Sauveur effectif, en son temps, de ses disciples.

Le mouvement chrétien ne devint véritablement politico-religieux que dans les dernières décades du 2ème siècle de notre ère, après la crise marcionite de 144 à Rome, et l’affirmation de l’influence exercée par l’élite de la masse servile, les «employés aux écritures» de l’Administration instruits utilitairement dans les paedagogia impériaux.Il y eut certainement, parmi eux, des esclaves d’origine juive, qui firent partie des contingents envoyés en Egypte pour l’exploitation de cette nouvelle Province, ap-partenant à l’Empereur.Ces esclaves «lettrés» découvrirent, progressivement à Alexandrie, en fonction des besoins de leurs Services, la Bibliothèque du Musée et, parmi des milliers de volumina, les rouleaux contenant la Septante gréco-alexandrine.Selon notre longue démonstration, ces esclaves «lettrés» furent frappés de dé-couvrir en la Septante l’histoire, analogue à la leur, d’un peuple soumis à d’autres nations hostiles, et finirent par l’adopter, comme si elle avait été écrite pour eux par anticipation; ils la traduisirent, en latin, par morceaux qu’ils envoyèrent ou rapportèrent avec eux, à Rome, à la fin de leur séjour.Ainsi naquirent les veteres latinae commentées au cours des réunions collégiales dans la Ville; cette littérature «sainte» finit par provoquer des heurts violents entre les diverses associations chrétiennes romaines, car chacune, en fonction des textes en sa possession, généralement différents de ceux utilisés par les autres, se croyait l’unique propriétaire du véritable «Testament» source de promesses réservées à elle seule, suscitant l’envie et l’hostilité des autres Collegia.Ces heurts dégénérèrent souvent en rixes sanglantes, que, dans un écho scandalisé, le philosophe Celse, vers 180 de notre ère, a dénoncées vigoureusement par un ouvrage intitulé «Le Discours vrai». Finalement, le groupe le plus nombreux imposa sa «lecture», sa conception du Sa-lut, du Sauveur eschatologique de tous les opprimés, sa «religion», et créa la notion réductrice d’orthodoxie, manifestation de son exclusivisme, de sa volonté de puis-sance, de son attitude dominatrice le poussant à refuser toute autre interprétation que la sienne; ce que l’on appelle conventionnellement la «charité chrétienne»! Ces actions étaient totalement contraires aux enseignements, d’origine, de Chrestus;elles ne furent pas de nature à améliorer l’opinion que les citoyens romains «ordi-naires» exprimaient à l’encontre des chrétiens de la Ville.Pour ces citoyens, ces «chrétiens» se confondaient avec les esclaves dans les cam-pagnes, principalement les bergers plus libres de leurs mouvements, abandonnant

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leurs lieux de travail pour rejoindre les bandes armées formées d’abord par les anciens militaires, les «vétérans», refusant de devenir des colons, des travailleurs agricoles. Ces bandes armées étaient, en certaines circonstances, devenues si puis-santes qu’elles n’hésitaient pas à s’attaquer à des villes entières, aux dires d’ Apulée dans ses «Métamorphoses».

Bref, le nom de «chrétien» était devenu synonyme d’ennemi de la Société romaine.Le grand mouvement protestataire et pacifique ani-mé par Chrestus, en devenant «religieux», s’était morcelé en quelques sectes rivales, installées à Rome et dans certains ports italiens.

Le changement fondamental intervint au début du 3ème siècle de notre ère, non pas du fait des chré-tiens, mais de la volonté d’uniformisation mise en oeuvre par l’Empereur Septime-Sévère ( 193 / 211 ); ce dernier, en effet, étendit à tout l’Empire la législa-tion relative aux Associations, applicable jusqu’alors à Rome d’abord, puis le reste de l’Italie depuis le premier Empire;c’était une extension du droit de réunion accordé aux citoyens. Cette action fut poursuivie par son

deuxième fils Caracalla (211/ 217), dès 212, année durant laquelle le nouvel Em-pereur décida d’octroyer la citoyenneté romaine à toutes les personnes, de statut libre, habitant l’Empire;tout citoyen, quel que fût son pays d’origine, put, désormais, prendre l’initiative de créer un Collegium. Les prolétaires chrétiens en profitèrent immédiatementet organisèrent des Associations dans les cités importantes de l’Empire: Carthage, Alexandrie, Antioche, en Espagne, ....etc.Toutefois, la renommée douteuse des Collegia «chrétiens» italiens amena rapidement l’Administration impériale à encadrer étroitement cette multiplicationdes structures chrétiennes, pour prévenir les troubles éventuels de l’ordre public que pouvaient inopinément provoquer les chrétiens.Caracalla confia à l’un des plus éminents jurisconsultes de l’Antiquité, du nom de Ulpien, le soin de créer une législation de nature à leur empêcher tout déborde-ment.D’une part, chaque Association dut désigner un episcopus, ce que nous traduisons par évêque, chargé de faire respecter la discipline dans son Groupement. Ce personnage était aussi l’intermédiaire entre son Collegium et l’Administration; il devait, donc, être suffisamment cultivé pour s’entretenir avec les chefs des Servi-ces.L’episcopus devint non seulement le représentant de son Groupe, mais surtout, au péril de sa vie, le garant d’une vie collective rigoureuse, à l’égard de l’ordre public.Aussi bien, aucun esclave, même «lettré», ne fut jamais désigné à ce poste; excep-

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tionnellement, à Rome, en 212, un affranchi nommé Callixte fut élu évêqueparce qu’il était très riche, et consacra son immense fortune à doter son Association de Catacombes. Dans la pratique, l’episcopus fut choisi parmi les rares membres originaires d’une classe sociale élevée, natifs, par exemple, d’un pays occupé par les Romains dont ils ne supportaient pas le joug, devenus chrétiens de ce fait, suffisamment cultivés, et assez riches pour donner l’exemple d’une répartition «charitable» de leurs biens. D’autre part, les chrétiens furent autorisés à pratiquer, en privé, lors des réunions, leurs rites «religieux» constitués par la célébration de la fête de Pâques, la cérémo-nie initiatrice du baptême auquel on se préparait par une catéchèse, et les prières adressées à leur Sauveur, figure idéalisée de Spartacus-Sabazios modifiée par la lecture des traductions de la Septante, prières dites au cours d’un repas collectif pris à chaque rassemblement; par ces prières on exprimait le désir d’une venue très proche du Sauveur, et, en conséquence, la fin du monde.Cependant, obligation était faite par l’Administration de terminer chaque séance par le souhait d’une bonne santé pour l’Empire et l’Empereur :Domine, salvam fac rempublicam etc.... ce qui devait rappeler aux chrétiens la nécessité de reconnaître, même en privé, l’origine divine du Prince régnant et le bienfondé du culte impérial.

Cette règlementation servit à donner aux Collegia chrétiens une organisation ap-pelée à se perpétuer par la désignation des évêques, des prêtres ( les presbuteroï, ou Anciens ), des lecteurs, diacres chargés de la gestion de la propriété collective, et, dans certaines Associations importantes, des suites de Veuves, et des Vierges devenues en notre temps des «Enfants de Marie». Toutefois, l’anarchie militaire, qui sévit de l’an 235 à 284, ruina les effets attendus du travail de Ulpien, en incitant les divers Groupements, dans l’Empire, à s’opposer les uns aux autres à propos de questions dites «de doctrine»;notamment, l’ imposition (ou non) du «double baptême»aux chrétiens très nom-breux qui avaient obéi à l’Empereur Dèce (250/253) pour éviter sa «persécution» dressa plusieurs évêques d’Espagne, de Cappadoce, et Cyprien de Carthage contre Etienne, évêque de Rome, au point que Cyprien et Etienne s’excommunièrent mu-tuellement. Les disputes, autrefois contenues dans l’enceinte de Rome, s’étendirent à la surface de l’Empire et s’amplifièrent dangereusement à la fin de ce 3ème siècle par suite de la divulgation de la doctrine d’un prêtre alexandrin du nom d’Arius, selon lequel le Sauveur des chrétiens était un dieu de second ordre puisque créé.Des heurts violents surgirent à nouveau comme à la fin du siècle précédent; les désordres s’étendirent jusque dans l’armée impériale, obligeant la tétrarchie dio-clétienne à prendre, en 303 et 305, des mesures très rigoureuses pour rétablir l’ordre public;ces mesures formèrent ce que l’on appelle la «grande persécution»de Dioclétien.Pour la première fois, la répression eut un caractère de globalité s’appliquant aussi bien aux citoyens qu’aux esclaves, particulièrement les «lettrés», chargés du soin des bibliothèques collégiales et responsables des livres «sacrés», que les Autorités cherchèrent à détruire, voyant en ces «écritures» la source des conflits;leurs détenteurs encouraient la peine de mort s’ils refusaient de les remettre de

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plein gré.La «persécution» dura 20 ans, par à-coups, en Orient, et officiellement jusqu’en 313 en Occident; mais, dès 307, en Gaule, Constantin, depuis sa capitale de Trèves, adopta une attitude très bienveillante à l’égard des chrétiens, les sauva du péril, compensa généreusement leurs malheurs, et, finalement, incarna leur Sauveur en créant l’Eglise catholique romaine, établie désormais en Administration du culte impérial.

§ - CHRISTUS -

«Christus» est un adjectif dérivé directement de l’adjectif grec «christos» signifiant «oint», «qui a reçu l’onction», et plus tard, «qui a reçu l’onction sainte». «Christos-Christus», associé au nom d’un Prince, roi ou empereur, venait, dans l’Antiquité ( tardive ou non ), authentifier l’origine supposée «divine» de celui-ci, en confir-mant, en quelque sorte, la hiérogamie mythologique faisant de lui le descendant d’une divinité: dieu ou déesse. Toutefois, dans la très grande majorité des cas, les origines naturelles, ou rapportées, des Empereurs romains, rendaient inutiles un rappel de cette «onction sainte»;il était tout à fait superflu d’appeler «christus» Auguste puisque l’opinion faisait de lui un fils d’Apollon et un lointain descendant de Vénus, ou Aurélien membre, par adoption, de la Gens des Aurelïi et, en conséquence, fils du Soleil.Par contre, telle n’était pas la situation de Constantin ( 307/337 ), né d’une esclave servante d’auberge, concubine-affranchie de son père Constance-Chlorejusqu’au mariage de ce dernier à une belle-fille de Maximien, co-empereur de Dioclétien. Cette naissance, qui aurait fait de Constantin un esclave, n’eut-été sa reconnaissance par son père, nuisait considérablement à son ambitieuse carrière, et causa, malgré ses qualités indéniables de soldat valeureux, son éviction par Galère, en 305, du siège impérial de Milan; elle lui vaudra, plus tard, l’hostilité de l’évêque de Rome Silvestre 1er (313/335). Lorsque, en 305, après les démissions de Dioclétien et Maximien, Galère, devenu chef de la tétrarchie, accorda le siège de Milan à son ami Sévère, et non à Constantin qui l’avait demandé, ce dernier rejoignit son père à Boulogne sur Mer, où Constance préparait une offensive contre les Pictes, en ( Grande ) Bretagne. Les qualités militaires de Constantin l’imposèrent à l’entourage paternel, de telle sorte que, à la mort de Constance à York en Juillet 306, son état-major accepta d’emblée que Constantin lui succédât . Galère, informé, ne put qu’entériner ce fait, et Constantin s’installa, en 307, dans la ville-capitale de son père, Trèves en Rhénanie, sur la Moselle;son commandement s’étendait, donc, sur toute la partie Ouest de l’Empire occi-dental, c’est à dire l’Ibérie, la ( Grande )Bretagne, et la Gaule bordée par le Rhin et la chaîne des Alpes.En fait, dès la mort de son père Constance, Constantin décida de se présenter en son «légataire universel» et prit son titre d’Empereur-Auguste;Constance avait succédé normalement à Maximien, en 305, à la démission de ce dernier, qui l’avait adopté pour son fils le 1er Novembre 293, le faisant ainsi entrer dans une succession familiale supposée «divine»; Maximien sera, pour sa part,

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«divinisé» par le Sénat de Rome après son décès en 310. Toutefois, Galère, chef de la tétrarchie après le retrait de Dioclétien, refusa d’en-tériner l’auto-proclamation de Constantinet lui accorda le simple titre de César, désignation confirmée en Novembre 308 lors de la conférence de Carnuntum, près de Vienne . Cette attitude accentua brutalement l’hostilité de Constantin à l’encontre de Galère et de ses amis : Maximin Daïa et Licinius;elle accrut son besoin d’une revanche personnelle, son ambition du titre suprême et d’une reconnaissance «universelle» de son autorité.Dans le cadre de cette vive rivalité entre personnes ayant des pouvoirs assez voisins, Constantin ressentait une supériorité certaine du fait de ses qualités militairesqui l’avaient imposé à l’entourage de son défunt père, et lui valurent des succès continuels; il lui manquait, pour réaliser ses desseins, la reconnaissance, par les populations de ses Etats, de son statut impérial, c’est à dire de son origine «divine». Aussi bien, employa-t-il tous les moyens, obsessionnellement, pour les convaincre de sa nature de «fils de dieu».Il mit à profit les très obscures conditions de sa naissance (on n’en connaît, avec certitude, ni le lieu ni la date ! ) pour prétendre que sa mère Hélène l’avait conçu après avoir été «visitée» par le Sol Invictus d’Emèse lors de la campagne militaire de 272/73 d’Aurélien contre la reine Zénobie, campagne à laquelle son père Constance avait participé en tant qu’officier d’Etat-Major.

Il donna corps à cette légende par ses monnaies, de tout métal, portant au recto son visage, vu de côté, recouvrant en partie celui du Sol Invictus apparaîs-sant ici en «Comes»de Constantin, non seulement son «compagnon de route» mais essentiellement son «Gouverneur» puisque Constantin était supposé «son Fils», «oint» de ses vertus spécifiques, son «CHRISTOS».

En 309, en suite à sa victoire contre une tribu Fran-que qui avait réussi à traverser le Rhin, Constantin lança l’information suivant laquelle il aurait reçu, en songe, des conseils d’Apollon, grâce auxquels il avait pu dominer heureusement ses adversaires,

donnant de lui-même l’image parfaite d’un»Fils de Dieu», telle que présentée par «L’Hermès-Trismégiste». En 312, en Italie du Nord, en guerre contre l’usurpa-teur de Rome, Maxence fils de Maximien, il fit orner les bannières de ses troupes du «chrisme» affirmant ses qualités de Christ «oint des grâces du dieu Soleil», enfant béni de la Chance, appelé à triompher continuellement de ses adversaires, quel qu’en fût le nombre; il déclara plus tard à son historiographe, Eusèbe de Cé-sarée, que son Père, le Soleil, lui avait, en un autre songe, recommandé d’agir de la sorte pour assurer une heureuse fin à sa campagne. Ces bannières, au dessin inattendu et particulièrement visible, permirent à ses soldats de rester groupés malgré la pression exercée par un ennemi supérieur en nombre, mais indiscipliné

CONSTANTINFILS du SOL INVICTUS ;

son CHRISTOS.

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et mal commandé, qu’ils finirent par culbuter et mettre en déroute; l’ Empereur Maxence tomba dans le Tibre où il se noya, retenu au fond du fleuve par le poids de son armure.Ce fut la victoire du Pont Milvius, le 28 Octobre 312, faisant de Constantin l’Em-pereur de tout l’Occident romain.

Le chrisme constantinien est essentiellement formé des deux premières lettres grecques du mot CHRIS-TOS, soit le chi et le rho, entrelacées dans un cercle créant une roue solaire à six rayons.La hampe du rho, perpendiculaire, est renflée sur la droite pour dessiner complètement la lettre;c’est la claire affirmation de l’origine «divine» de l’Empereur, Fils du Soleil, « vrai dieu de vrai dieu; lumière de lumière».

Légende «christianisée» de l’invention de la bannière du Pont Milvius .

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La persistance de cette propagande de nature théologico-politique, la continuité de cette manipulation, en soi abusivement éhontée, de l’imaginaire des populations de ses Etats, qu’elles appartinssent à la masse servile ou non, finirent par apporter à Constantin le résultat recherché, la reconnaissance généralisée de son origine «humano-divine» de Fils du dieu-Lumière, son Christ; origine authentifiée par ses succès militaires, origine contestée par quelques individus particulièrement informés des conditions obscures de sa naissance. Toutefois, ce résultat n’aurait pu être obtenu sans le développement progressif d’une politique efficace en faveur des chrétiens, engagée dès l’installation de Constantin à Trèves, en 307. Cette attitude «pro-chrétienne», très bénéfique pour les intéressés, était motivée par plusieurs raisons :- la première tenait vraisemblablement à l’hostilité de Constantin à l’encontre de Galère, l’initiateur des Décrets de 303/305 qui instituèrent «la grande persécution». En fait, son père Constance Chlore en avait peu tenu compte, préoccupé essentiel-lement par la reconquête de la (Grande) Bretagne et la lutte contre les Pictes. C o n s t a n t i n n ’ é t a i t p a s n a t u r e l l e m e n t d i s p o s é à a p p l i q u e r cette législation répressive.- puis venait la considération qu’il ne suffisait pas de vaincre ses ennemis pour établir un véritable Etat. La nécessité, à cette fin, d’une forte Administration amena Constantin à estimer qu’une telle Institution avait besoin non seulement de chefs compétents issus traditionnellement de la noblesse, chevaliers ou autres Sénateurs, mais surtout de milliers de «petites mains» et autres «employés aux écritures» venus principalement de la masse servile après une formation «utilitaire» dans les paedagogia impériaux. Or, ces esclaves «lettrés» étaient habituellement des chrétiens, lecteurs dans leurs Associations ou bibliothécaires, touchés directement par les dispositions des Décrets de Galère.Comme il était impossible de les remplacer «de suite», et totalement, si on main-tenait les mesures répressives qui les auraient conduits à la prison ou, pire, à la mort, son habileté politique conseilla à Constantin d’en différer définitivement la mise en oeuvre, de délivrer ces serviteurs de tout péril, de les maintenir à leur place, éventuellement de leur restituer leur emploi, de leur conserver les indemnités séculaires alimentées par une taxe sur le sel. Cette mesure, le Salut des esclaves «lettrés», eut pour conséquence d’entraîner le Salut de tous les chrétiensrésidant dans les Etats constantiniens.- surtout, la vue de ces Associations chrétiennes, ou Collegia, dans les principales villes de ses Etats, organisées sous la responsabilité des episcopi, suscita chez Constantin l’intuition que, malgré des oppositions internes ( il n’y avait pas de doctrine chrétienne unique!), elles constituaient la potentialité certaine d’un mouvement «catholique» capable de former le lien unificateur de ses possessions, dans la mesure où il saurait «convertir» ces masses, principalement plébéiennes et serviles, au culte impérial de sa personne. Il inventa, donc, une politique de subventions diverses destinées non seulement à compenser les pertes éventuellement subies du fait de la «persécution»antérieure, mais, bien davantage, à favoriser le développement des Groupements en leur attribuant des terrains et immeubles, en facilitant leurs activités, en accordant à leurs évêques des faveurs particulièrement gratifiantes, telle l’accession gratuite

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au service public de la poste impériale, le cursus publicus.....etc.Bref, il se forgea, par les moyens différenciés d’une propagande suractive, la sta-ture d’un Sauveur omni-puissant, reconnu par tous les chrétiens à l’instigation des évêques, dont il fit progressivement les agents unificateurs de son Empire. Cette politique obtint des résultats pratiquement immédiats. En effet, à la fin de l’anée 309, Constantin, en guerre contre Maximien qui voulait usurper son titre et ses Domaines, vint mettre le siège devant Marseille, ville fortifiée dans laquelle Maxi-mien s’était réfugié pour résister, plus aisément croyait-il, au retour armé de son adversaire; mais le peuple de la cité prit spontanément le parti de Constantin contre Maximien, un des initiateurs de la «grande persécution» chrétienne; il se rendit aux remparts et, malgré la troupe, ouvrit les portes permettant au Sauveur des chrétiens d’envahir la ville; Maximien mourut étranglé (suicide?) dans le courant de l’an 310. Ces résultats sont historiquement suffisamment vérifiéspour qu’il paraîsse incongru de prétendre encore que Constantin se serait «converti»à la religion chrétienne. Se convertir eut eu pour conséquence de s’en remettre aux directives d’un évêque, comme, plus tard en 390/91, l’Empereur Théodose exécutant celles d’Ambroise, évêque de Milan; celui-ci le dominait non du fait de sa pratique religieuse, mais par la supériorité naturelle attachée à sa famille séculairement membre de la plus haute noblesse, face au soldat «parvenu» que restait Théodose. Constantin était trop jaloux de son pouvoir pour accepter un ordre quelconque d’un évêque; même Silvestre 1er, évêque de Rome en 313, ne lui manifestera son animosité qu’en refusant de participer aux Conciles d’Arles en 314 et de Nicée en 325, auxquels l’Empereur Constantin l’avait invité; Silvestre se fit représenter à Nicée par deux prêtres. De surcroit, à quelle religion Constantin aurait-il pu se convertir?Un jésuite du nom de J.Gaultier, natif d’Annonay en Vivarais, dressa, en 1625, la « Table chronographique de l’état du Christianisme»;elle faisait apparaître, pour le 4ème siècle de notre ère, l’existence de quarante huit hérésies différentes, dont l’arianisme, compte non tenu «des autres hérésies sans nom dont on ne sait ni l’auteur ni l’origine».( Table chronographique éditée à Lyon, en 1626, par P.Rigaud et Associés, rue Mercière; cf. pages 298/309 ). O u t r e l ’ o r t h o d o x i e r o m a i n e , i l y a v a i t , d o n c , a u 4 è m e s i è -c le , au moins c inquante façons d ’ê tre re l ig ieusement chrét ien; puisque l’orthodoxie romaine ne s’imposait que par le nombre de ses «fidèles», quelle doctrine choisir pour sa «vérité» ?Concrètement, chaque membre d’un Collegium chrétien faisait figure d’hérétique aux yeux de ceux rassemblés dans les autres Associations !Il n’y eut pas de véritable doctrine chrétienne s’imposant strictement dans l’Empire réunifié avant le Credo du Concile de Nicée en 325, théologisant sous la direction personnelle de Constantin, symbole de Foi établissant solennellement la nature «divine» du Fils de Dieu, Constantin - Christ, devenu maître unique de l’Empire; «vrai dieu de vrai dieu; lumière de lumière» Le Concile de Nicée paracheva l’ambition de Constantin le Grand de devenir le seul Auguste romain.

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A vrai dire, depuis la fin des anées 312/313, la situation politique s’était totalement transformée; la tétrarchie dioclétienne s’était transformée en un simple face à face, du fait des disparitions successives de SévèreII, de Maximien divinisé après l’affaire de Marseille, de Galère emporté en Avril 311 par un cancer, de Dioclétien mort dans son palais de Split le 3 Décembre 311 et divinisé, de Maxence noyé le 28Octobre 312, de Maximin Daïa décédé à Tarse du-rant l’été 313;il ne restait plus en vis à vis que Licinius et Constantin.Après sa victoire du Pont Milvius, ce der-nier était devenu, sans conteste, Empereur de l’ancien Occident romain; il se lia, par intéret, contre Maximin Gaïa, à Licinius en signant avec celui-ci le pseudo «décret» de Milan, en Mars 313, officiali-sant les cultes chrétiens.Cette mesure ne concernait pas l’Occident constantinien, dans lequel les évêques chrétiens formaient l’Administration reli-

gieuse impériale; ce «décret» était pris directement à l’intention des populations orientales qui supportaient encore les rigueurs de la «persécution» dite de Dioclé-tien, mise en oeuvre sévèrement par Maximin Gaïa. En ce début de 313, Licinius épousa la demi-soeur de Constantin, Constantia, et partit en guerre contre Maximin Gaïa;son armée, comme celle de Constantin, se battit groupée autour de bannières «chrismées», et Licinius se présenta, lui aussi, en Christ du dieu Soleil. Maximin Gaïa, assiégé dans Tarse par terre et par mer sans pouvoir s’échapper, s’empoisonna à la fin de cet été 313. Licinius devint ainsi le seul Empereur de l’Orient romain, face à Constantin seul Empereur de l’Occident romain.

Toutefois, Licinius inaugura son règne par une série d’actes criminels extrêmement cruels afin d’exterminer les personnes survivantes dans la famille de Galère, son ami défunt, en faisant noyer son épouse Valéria, fille de Dioclétien, et assassiner son fils naturel Candidianus; puis le fils de Sévère, Sévérinus; enfin les enfants de Maximin Daïa âgés de 7 et 8 ans, après avoir fait noyer leur mère dans l’Oronte.Ces actes barbares augurèrent mal de son gouvernement. De fait, son adoption, durant la campagne contre Maximin Daïa, de la bannière «chrismée» de Constan-tin lui valut l’inimitié personnelle de celui-ci qui prétendait être le seul Christ du Soleil, et fut profondément blessé dans son orgueilleuse ambition.

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En outre, si les chrétiens orientaux profitèrent, dans l’immédiat, des dispositions du «décret» de Milan signé par les deux Empereurs, début 313, ces chrétiens connaîssaient pertinemment le rôle joué par Constantin, depuis 307, au bénéfice de leurs «coréligionnaires» d’Occident, et estimaient que lui seul était en mesure de leur réserver la même heureuse situation; en définitive, à dater de l’année 317, ils agirent en «agents» de Constantin et suscitèrent des troubles qui obligèrent Licinius à prendre à leur encontre des mesures aussi rigoureuses que celles prises autrefois par Galère et Maximin Daïa.

Licinius chassa les chrétiens de son Administration et de son armée;il poursuivit plusieurs évêques envoyés à la torture et à la mort; il déclencha une véritable «persécution», et fit brûler de nombreux immeubles utilisés par les Col-legia chrétiens dans son Empire;cette «persécution» développa chez les chrétiens orientaux des sentiments en faveur de Constantin analogues à ceux qui animèrent, autrefois en 309, les habitants de la ville de Marseille.La rupture définitive entre les deux Empereurs intervint à l’automne 316, au cours duquel Constantin envahit les Balkans; sa campagne se termina rapidement par la signature du traité de Serdique, le 1er Mars 317, qui lui laissa la majeure partie des provinces balkaniques.Le calme s’installa jusqu’en 324, année durant laquelle Constantin réunit une armée et une flotte importantes; elles convergèrent vers Andrinople, où Licinius fut battu, le 3 Juillet. Licinius s’enfuit; une dernière bataille fut livrée à Chrysopolis, le 18 Septembre 324, qui se termina par une défaite complète de Licinius, fait prisonnier.Constantin l’assigna à résidence à Thessalonique, mais, finalement, le fit étrangler, avec son fils âgé de 9 ans, au Printemps 325.Si bien que, devant le Concile de Nicée 4 mois plus tard, Constantin put se pré-senter comme le seul Maître de l’Empire romain reconstitué, et l’unique Christ, Fils du Soleil.

§ - Jésus - Christ dans les évangiles.

La lecture conventionnelle des évangiles, particulièrement de ceux attribués à Mat-thieu Marc et Luc dits synoptiques, crée une confusion continuelle entre les deux personnages de Jésus et Christ. Le texte supposé matthéen indique ( I / 16 ) :< .... Jacob engendra Joseph l’époux de Marie, de laquelle naquit Jésus appelé Christ.....>>faisant, sans preuve, au terme d’une longue généalogie, de Joseph et de son fils Jésus les successeurs ultimes du roi David; mais, à vrai dire, aucun des Juifs, leurs contemporains, n’en témoigna une recon-naissance quelconque (le souvenir du «grand roi» ne devait plus être cultivé ? )Par ailleurs, le récit évangélique ne précise ni le lieu ni la date ni aucune des cir-constances de la naissance de Jésus, qualifié de Christ. De quel autre dieu que YWHW, Jésus, étant un juif, aurait-il pu être « l’oint «, le Christ?

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Absolument pas de Mithra, dieu solaire du jour diurne dans la mythologie indo-méditerranéenne, et par adoption dieu des armées romaines, dont le Fils, nouveau Soleil, vint sur terre par le fait de la hiérogamie de Marie et de l’Esprit, adoré par les prêtres de son culte, les Mages, et visité par ses compagnons habituels, les bergers, dont l’aide lui permettait, dieu pétrogène, de sortir plus aisément d’un rocher ou d’une grotte !De plus, YWHW n’avait, dans la théologie hébraïque, ni Fils ni représentation sensible.

Jésus ne pouvait, donc, qu’être un fils d’homme, supposé descendre du roi David, et dont l’auteur du récit s’ingénie à manifester la nature humano-divine par une suite de récits et de gestes «miraculeux» extra-humains, que des scribes « descendus de Jérusalem» qualifient d’actes «de Béelzéboul»( ce fumier de Baal ! ) ( Mc III-22; Mt XII- 12/24, Lc XI-15/22 ); pour les Juifs «religieux», Jésus était «satanisé»! << .... C’est par le chef des démons qu’il chasse les démons....>>

Si les chrétiens sont les «fidèles» de Jésus, adoré en tant que Fils d’une divinité trine totalement absente de la théologie hébraïque, la «satanisation» de ce Jésus par des Juifs «religieux» , «satanisation» éternelle comme l’évangile !, rend impos-sible la doctrine du judéo-christianisme inventée officiellement en 1867 et définie comme étant :«la doctrine de chrétiens du 1er siècle selon laquelle l’initiation au judaïsme leur était indispensable». Le judéo-christianisme fut créé et développé, à partir de 1835, par des «religieux» profondément traumatisés par la Révolution française et «la mort de leur dieu» qu’elle entraîna.Ils voulurent restaurer une «pure Foi en Jésus», non pas la personne, hypothétique, qui aurait vécu au 1er siècle de notre ère, mais le «Jésus» qu’ils imaginaient.

Il convient, donc, de rappeler que:- d’une part, en ce 1er siècle, la destruction de Jérusalem et de son Temple, la disparition des prêtres juifs obligèrent les rabbins à instaurer progressivement une nouvelle religion sans temple et sans sacrifices, qui devint exclusivement la religion du «Livre»;elle s’incarna dans la pratique cultuelle de rites familiers, tels le sabbat, et la célébration de fêtes rappelant les tribulations antiques, supposées, de leur peuple. Le «Livre» devint, au 13ème siècle de notre ère, selon les directives de Moïse Maï-monide, celui écrit , au 10ème siècle, par l’école massorétique de Aaron ben Ascher, à Tibériade; il fut, ensuite, copié manuellement, et modifié inévitablement jusqu’aux alentours des années 1525, où il fut imprimé pour la première fois, à Venise, par des Juifs pour des Juifs.- d’autre part, les premières croyances religieuses des paléo-chrétiens en un dieu Sauveur, à la fin des temps, s’exprimèrent à l’expiration du 2ème siècle de notre ère, après la crise marcionite de 144.

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Tous les «codices» comprenant l’Ancien Testament et, éventuellement, le Nouveau, en possession des Collegia, dans des cités de quelque importance que ce soit, fu-rent détruits du fait de la «persécution» dite de Dioclétien, à partir de 303/305, en Orient et en Occident romain; c’est pourquoi, il ne reste aucun manuscrit ou fragment de manuscrit relatif à l’Ecriture sainte, antérieur au 5ème siècle en latin, seule langue «sacrée»pour l’Eglise romaine.Le mouvement paléo-chrétien et le christianisme constantinien ont incontestable-ment des origines purement romaines. Pour sa part, l’évangile dit de Marc ne donne aucune indication relative à une hié-rogamie mariale ou à la naissance de Jésus;il fait apparaître celui-ci dès le début de son premier chapitre, en ces termes ( Mc I- 9/11 ) :<< ..... Or, en ces jours-là, Jésus vint de Nazareth de Galilée et fut baptisé dans le Jourdain par Jean.Et aussitôt en remontant hors de l’eau, il vit se déchirer les cieux , et l’Es-prit, comme une colombe, descendre vers lui.Et (advint) une voix, partie des cieux: << C’est toi, mon Fils, le Bien-aimé, tu as toute ma faveur >>

Ainsi, Jésus est désigné nettement comme le Fils de la Trinité définie par le Credo du Concile de Nicée en 325; il n’est, donc, ni un Juif ni un personnage vivant antérieurement au 4ème siècle de notre ère.En outre, l’indication de la Galilée comme contrée d’origine de ce Jésus vient rap-peler que la Judée et Jérusalem furent, à partir de 135, interdites de séjour aux Juifs;ceux-ci s’installèrent, donc, en Galilée, où, progressivement, les «religieux», les rabbis créèrent les écoles massorétiques, à dater du 6ème siècle.La bible juive fut, rappelons-le, officiellement établie, au début du 13ème siècle de notre ère, par la «normalisation», sur injonction de M.Maïmonide, du texte construit par l’école de Aaron ben Ascher, à Tibériade, au 10ème siècle.

L’évangile dit de Luc se distingue des précédents de deux façons:- premièrement par un Prologue formant les quatre premiers versets du premier chapitre, par lesquels l’auteur supposé indique qu’il s’est informé de tout depuis le début, et évoque :<< ...ce que nous ont transmis ceux qui, témoins oculaires dès le commen-cement, sont devenus ensuite serviteurs de la Parole...>> Il ne suffit pas de regretter ici que ces «témoins oculaires», dont les paroles ont servi à rédiger le(s) récit(s) évangélique(s), restent totalement anonymes, et que rien ne permette au lecteur d’évaluer la valeur historique de leurs témoignages;il faut conclure immédiatement de ce Prologue,dit lucanien, que cet évangile ( et

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les autres avec lui! ) n’a pour auteur qu’un homme simple et non pas dieu, malgré le Décret du Concile oecuménique de Trente du 8 Avril 1546 déclarant :<< ... Dieu est l’auteur unique de l’un ( Ancien Testament ) et de l’autre ( Nouveau Testament ) ...>>L’auteur, dit Luc, en se référant aux dires de « témoins oculaires dès le commencement»( mais qui a pu assister au mariage «sacré» de Marie et de l’Esprit- Saint ? ) cherche à donner à son ouvrage hagiographique l’Autorité de la Foi et non une valeur historique. En outre, incidemment, il dénonce, par anticipation, le mensonge des Pères du Concile de Trente, puisque dieu, par définition tout-puissant, omniscient et source de toute vérité, ne saurait demander à des témoins oculaires, hommes anonymes ou non, d’attester la vérité de ses «écrits»;en fait, le Prologue de l’évangile dit de Luc annonce, inconsciemment, la mort de dieu.

- deuxièmement par la primauté absolue donnée à la naissance,non pas de Jésus ou du Christ, mais de Jean, dit ultérieurement le Baptiste.

Jean était apparemment le fils de Zacha-rie prêtre au temple de Jérusalem, marié à Elisabeth appartenant à la descendance d’Aaron frère de Moïse. Toutefois, Elisabeth << ....était stérile et tous deux étaient avancés en âge....>>; mais ils étaient justes et irréprochables devant le dieu d’Israël. Aussi bien, alors que Zacharie brûlait de l’encens dans le sanctuaire de son dieu, aux jours d’Hérode roi de Judée ( Archélaus ?), un Ange lui apparut et lui apprit que sa fem-me allait enfanter un fils qu’il devrait appe-ler Jean.Pratiquement, la naissance de Jean se ré-sumait en une hiérogamie dont on devait

taire le nom du fait de la présence de Zacharie, mais également du fait que dans la théologie hébraïque le dieu des Juifs n’avait pas de fils; il était absolument seul;mais il fallait bien une puissance «divine» pour rendre «mère» une femme à la fois stérile et trop âgée pour enfanter naturellement. Jean, comme Isaac autrefois, restait pour tous les Juifs un enfant d’homme, certes miraculeux, mais non un enfant «divin» venu apporter à son peuple le Salut dont il rêvait. Quoi qu’il en fût, l’épisode de la naissance de Jean a donné matière au 1er cha-pitre de l’évangile dit lucanien, long de 80 versets, dont 12 expriment l’action

Jean-Baptiste

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de grâce de Zacharie saluant les sentiments de miséricorde du dieu des Juifs, << ... par lesquels va nous visiter l’Astre levant d’en haut....>>( c’est à dire le Soleil, le dieu des Juifs est, comme dans toute l’aire géographique indo-méditerranéenne, un dieu de la Fertilité ).Toutefois, le Sauveur des paléo-chrétiens, figure idéalisée de Spartacus, ne pou-vait être que dieu, fils de dieu, puisque Spartacus, de son vivant, avait été vénéré en tant que nouvelle incarnation de Sabazios, dieu de la Thrace, frère jumeau de Dionysos.

L’auteur(s) de l’évangile reconnut tardivement, avec son erreur due à son attache-ment excessif à son «Ancien Testament», la nécessité de quitter l’histoire juive et son dieu; il imagina, donc, durant la grossesse mythologique d’Elisabeth, une «véritable»( ? ) hiérogamie concernant sa cousine, Marie, qui «ne connaissait pas d’homme». Marie fut fécondée, non par le dieu des Juifs comme sa parente, mais par l’Esprit Saint de la Trinité nicéenne, et mit au monde le nouveau Mithra, fils du Soleil, dieu des armées romaines, c’est à dire le Christ de son Père Sol invictus, historiquement l’Empereur romain à l’époque de Nicée, Constantin le Grand.

Cette incarnation mithriaque était tout à fait conforme aux plus anciennes mytho-logies indo-méditerranéennes relatives à la naissance d’un Prince régnant: roi ou empereur, malgré quelques «effets de réel»dispersés dans l’évangile( le recensement fiscal ordonné par Quirinius Gouverneur de la Syrie, en l’an 6/7 de notre ère, et l’anonyme Hérode roi de la Judée ). Cette incarnation rendait, désormais, inutile la présence de Jean, si bien que l’auteur supposé le fit emprisonner par Hérode Antipas tétrarque de la Galilée, dès le 20ème verset du 3ème chapitre de son évangile, après avoir situé en l’an 15 du principat de Tibère sa courte vie publique consacrée à proclamer « un baptème de repentir pour la rémission des péchés «; Antipas le fit exécuter par la suite.

Jean, selon cet évangile, avait baptisé tout le monde, y compris Jésus, dont l’auteur n’avait pas encore parlé, malgré quelques confusions de nom. Jésus aurait, alors, été âgé d’environ 30 ans; il était, «à ce qu’on croyait», fils de Joseph;mais, par le fait d’une généalogie très différente de celle exposée par l’évangile dit de Matthieu, l’auteur dit Luc relie son Jésus, au-delà de David et Abraham, jusqu’à Adam, « fils de dieu».

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Il faut bien le reconnaître, l’on est ici en pleine confusion;cette liaison faite avec Adam tend à rendre indiscutable l’origine «divine» de Jésus, puisque Adam fut par sa création «fils de dieu».De ce point de vue «créationiste», tous les animaux sont «fils de dieu».En outre, selon le livre «sacré» de la Genèse, Adam est devenu véritablement homme après avoir désobéi à son créateur, sur intervention d’Eve et du serpent, créateur qui lui avait interdit de manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal; dieu avait créé Adam comme un animal supérieur soumis au régime des instincts, incapable de raisonner, de distinguer le bien du mal, de choisir ce qui était le mieux pour lui à un moment donné, d’agir librement.C’est par «la faute originelle» qu’Adam devint, selon la formule utilisée par le serpent, semblable à dieu, en quelque sorte « fils de dieu». Il y a un lien naturel entre la «faute originelle» et le statut de conscience de l’être humain. Jésus, homme, était, donc, atteint par cette faute, ce péché; aussi bien, est-il allé se faire baptiser par Jean, conscient de sa nature peccamineuse. Est, donc, contradictoire en ses propres termes la doctrine prônée par le Concile oecuménique de Chalcédoine, en 451, selon laquelle le Fils est vraiment dieu et vraiment homme « en tout semblable à nous sauf le péché».Mais si le Fils n’est pas «pécheur», il n’est pas homme; il n’est qu’un «semblant» d’homme, une figuration trompeuse.Le dit Concile a, de fait, transformé l’hérésie du docétisme en doctrine de l’Eglise. Le Fils peut être déclaré «dieu»( dans la mesure où dieu existerait ! ), mais non simultanément homme; s’il est déclaré homme, donc «pécheur», il ne peut pas être dieu en même temps.Par l’effet de la logique de la doctrine romaine relative au «péché originel» , le même «être» ne peut posséder les deux natures, humaine et «divine».L’Incarnation du Sauveur devient une impossibilité

Les trois évangiles, dits synoptiques, contiendraient-ils une explication?Chacun de ces trois évangiles comporte ce qu’il est convenu d’appeler «la profession de foi de Pierre» (Mt XVI-13/20;McVIII-27/30;LcIX-18/21).Le récit dit matthéen présente la version la plus développée; c’est, donc, celui-ci que nous analyserons.Selon ce récit, la «profession de foi» se serait produite à Césarée, capitale de Phi-lippe, le troisième fils de Hérode dit le Grand, ou roi des Juifs.Césarée était le nouveau nom de la cité de Panias, ou Panée, pratiquement aux sources du Jourdain, lieu de la victoire retentissante des Séleucides d’Antioche sur les Egyptiens, chassés définitivement de Palestine, en 200 avant notre ère;lieu hautement symbolique du fait de la présence d’un magnifique temple dédié au dieu Pan, dont la ville avait pris le nom.Pan, le dieu pasteur, figurait tout prince régnant, roi ou empereur, puisque celui-ci incarnait le berger du troupeau que constituaient ses sujets, brebis dociles qu’il conduisait en tant que «premier des hommes».

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Les innombrables illustrations du «Bon Pasteur» forment une «christianisation» de la mythologie de Pan.L’assimilation de Pan et du Christ a été fréquente, notamment chez les Humanistes du 16ème siècle.Rabelais, en particulier, dans son Quart Livre( XXVIII), à propos de la mort du Grand Pan, écrit :<<... Pan, il est notre tout, tout ce que nous sommes, tout ce que nous vivons, tout ce que nous avons, tout ce que nous espérons est lui, en lui, de lui, par lui. C’est le Bon Pan, le grand pasteur.......notre unique Sauveur, mort à Jérusalem, sous le règne de Tibère >>

Le temple de Pan, ou Panion, était à l’origine un sanctuaire semi-ru-pestre constitué d’une grotte près des sources du Jourdain, surmon-tée d’une niche. Après la victoire de Panée sur les Egyptiens, en 200, on édifia une façade à quatre colonnes, qui don-na à l’ensemble un aspect gréco-romain.( cf. M.Sartre « D’Alexandre à Zénobie»- édité par Fayard en 2001; page 923 )

La localisation de l’épisode à Césarée-Panias constituait un avertissement explicite à l’adresse des lecteurs sur le contenu de la scène décriteet le statut royal, ou impérial, des personnagés présentés.Certes, il était humainement impossible de percevoir un prince régnant dans le Jésus de l’évangile, fils de Marie et de Joseph, peut-être ultime descendant de la race davidienne, mais non un roi accrédité, de surcroit, par l’Empereur romain. Aussi, fallut-il une inspiration «divine» subite pour que Simon Bar-Iona, surnommé Pierre par l’auteur supposé du récit, reconnût en ce Jésus une personnalité royale, le Christ Fils du dieu vivant, «oint» par celui-ci et gratifié par la Chance ( Mt XVI - 16/18 ).

Ainsi naquit Jésus-Christ!

qui s’empressa de déclarer en retour :<< ..... Je te dis que tu es pierre et sur ce roc je bâtirai mon Eglise....>>

Ruines du Temple de Pan à Panias-Césarée de Philippe

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Par ce verbe au temps du futur, - d’une part, Jésus reconnaîssait l’échec de son incarnation puisque, de sa propre bouche, il admettait de n’avoir pu fonder son Eglise;

- d’autre part, il avertissait solennellement la population de l’Empire, par le tru-chement de ses disciples et des évangélistes , qu’il reviendrait sous les traits de l’Empereur Constantin, bâtisseur effectif de cette religion catholique et romaine, non seulement constructeur de ses premiers temples, particulièrement de la Ba-silique du Vatican dédiée à Pierre, mais aussi inspirateur suprême de sa doctrine, organisateur de ses structures et initiateur de ses rituels.Compte tenu des données historiques, aucun doute n’est possible à cet égard, et Constantin apparaît définitivement comme le nouveau Christ, le nouveau Sauveur des paléo-chrétiens transformés en fidèles adorateurs de cet Empereur, Fils du dieu vivant, « vrai dieu de vrai dieu - lumière de lumière».

Le christianisme catholique, fondé officiellement à Nicée en 325, était déjà, en Oc-cident, avant cette date, l’aboutissement du culte impérial, la religion du pouvoir de l’Empereur romain, Constantin le Grand, nouveau Christ, qui avait eu l’habileté d’adopter les légendes paléo-chrétiennes des trois premiers siècles de notre ère, en reconnaîssant la stature exceptionnelle du fondateur du mouvement, CHRESTUS, sa véritable pierre de fondement, dont les chrétiens avaient, disait-on, pieusement conservé les reliques.

En établissant, en 323, sa basilique, sa maison du Vatican, sur ces restes, Constantin s’était assimilé à ces anciens chrétiens et avait fait des restes de CHRESTUS le roc de fondation, la base indestructible de la religion de son pouvoir. Parallèlement et simultanément, les paléo-chrétiens, ses fervents adorateurs, in-corporaient Constantin-Christ à leur histoire imaginaire issue de la Septanteet le transformaient, par leurs écrits évangéliques, en personnage héroïque de leur Ancien Testament. Constantin-Christ figurait, à leurs yeux, non seulement le Sau-veur qui, notamment, les avait délivrés des affres de la persécution dite de Dioclé-tien, mais surtout, puisque, si Jésus était Christ, Christ devenait Jésus, Constantin, lui, figurait pour eux l’ultime rejeton de la race davidienne, l’ultime descendant des Patriarches, auteurs imaginaires de leur histoire chrétienne; ils inscrivaient définitivement, dans cette histoire, par leurs écrits évangéliques, Constantin, qui devenait ainsi un personnage inoubliable de leur Ancien Testament;ce que confirme absolument la scène suivante, sur une montagne, dite de la Trans-figuration (Mt XVII- 3/4 ), en amenant Moïse et Elie dans l’entourage de Jésus-Christ, soulevé par sa déité au-dessus de la terre.

Dans la mesure où l’on admet cette volonté pédagogique des trois évangélistes, dits synoptiques, d’enseigner en Constantin-Christ l’ultime héros de leur Ancien Testament, deux conclusions concrètes peuvent être tirées:-- la première concerne la datation de leurs récits, qui ne sauraient en aucun cas précéder le règne de cet Empereur, puisqu’ils relatent ce qu’il a réalisé pour leur Eglise; conclusion confirmée par l’enquête sur les plus anciens manuscrits, ou

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morceaux de manuscrits, du christianisme latin, dont aucun n’est antérieur à la fin du 4ème siècle;

-- la seconde fait apparaître comme beaucoup plus récente, donc surajoutée, la deuxième partie des évangiles en notre possession, relative à la «Passion»; outre les remarques définitives de W.Kelber sur le dieu des paléo-chrétiens.

D’une part, il convient de le rappeler, la croix, symbole millénaire de la vie éternelle dans l’aire géographique indo-méditerranéenne, fut introduite, en 451 seulement, dans la doctrine catholique romaine, par le Concile oecuménique de Chalcédoine, qui entérina une lettre, à ce sujet, de Léon 1er ( 440/461 ) évêque de Rome. Après la suppression officielle des cultes polythéistes à partir de 391, spécialement du culte de Cybèle et d’Attis en 415, pratiqué à Rome depuis 7 siècles, il fallut bien enrichir la doctrine et le rituel nouveaux du christianisme d’Etat par une injection des plus anciennes pratiques, tant était nécessaire l’action rèvée d’un dieu de la Fertilité, créé par des populations vivant essentiellement de l’agriculture.

D’autre part, l’idée même de la mort d’un dieu sur une croix, symbolisant la fécon-dation de la terre par le sang «divin» assimilé au vin, cette idée ne naquit, histori-quement, qu’à la fin de l’époque des «grandes faims» du 9ème au 11ème siècle;elle se concrétisa par l’invention du «crucifix», mot créé, dans ses formes les plus anciennes, aux 11ème/12ème siècles, selon le Dictionnaire historique de la langue française;or, l’existence d’un concept n’est attestée que par ses expressions écrites ou orales.

L’on peut en déduire que l’idée de la mort de J.C. sur sa croix avait pour but, no-tamment, d’inculquer aux Croisés, dès 1096, la haine des Juifs et des Musulmans occupant Jérusalem, depuis 638, où il aurait été crucifié, et de permettre, par là-même, à l’Etat-Eglise romaine de développer sa volonté de domination universelle, qu’il convient de dénoncer sans cesse en dévoilant ses «sacrées» supercheries.

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- Cinquième Question : Quand s’est organisé le corps des «croyances» paléo- chrétiennes ?

Il convient de reconstituer le contexte historique de l’époque considérée, et, à cette fin, de rappeler que: -- les mythologies de l’aire géographique indo-méditerranéenne, dont l’Empire romain, privilégiaient l’existence d’arbres «sacrés», domiciles de différents dieux, dont l’action spécifique s’exerçait à l’intérieur de l’ombre projetée par ces arbres.

Parmi ceux-ci, on citait le plus souvent le pin à cause de la persistance de ses aiguilles toujours vertes, et le saule situé à proximité d’un cours d’eau, ou d’une pièce d’eau, cette dernière représentant la fraîcheur et la fertilité attributs de la Lune, opposés à la désertification apportée par la chaleur du Soleil, dans les pays orientaux. Ces arbres étaient figurés soit simplement par un dessin de tronc nu, soit par celui d’une croix schématisant à la fois le tronc et les branches.La croix n’est donc pas une création des chrétiens; elle symbolisait dans l’aire indo-européenne, et même en Amérique, la vie éternelle, depuis des millénaires avant notre ère.Ce sont les chrétiens « christianisés «qui l’ont insérée dans leur doctrine offi-cielle par le Concile oecuménique de Chalcédoine en 451 entérinant une lettre de Léon 1er(440/461) évêque de Rome, au patriarche de Constantinople( Cf. « Les Conciles Oecuméniques»; Le Magistère de l’Eglise; édition du Cerf à Paris 1994 ) .Chez les Romains de l’Empire, la croix était une sorte de porte-bonheur, de talis-man porté habituellement par les citoyens;elle était gravée sur les cuirasses des soldats.

-- les religions polythéistes contenaient fré-quemment des rites de la Fertilité correspon-dant aux besoins élémentaires ( et alimentaires) de populations dont l’existence dépendait es-sentiellement de l’agriculture, et en conséquen-ce de la fécondité des sols.Ces rites étaient célébrés spécialement à l’oc-casion de la venue du Printemps, qui signalait le renouveau de la Nature expliqué par la ré-surrection d’un dieu, dont l’action était attestée par la présence d’un arbre «sacré» ou d’une

croix le remplaçant. Un des plus anciens et des plus renommés était le culte phrygien, dit métroaque, de Cybèle, Grande Mère des dieux,

et de son parèdre Attis.Ce culte fut introduit à Rome en l’an 204 avant notre ère à l’occasion de la deuxième guerre punique, afin d’obtenir la faveur de la Grande déesse et, par là, le départ d’Hannibal d’Italie.

Temple d’Aphrodite à Paphos, dans l’île de Chypre.

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La victoire définitive de Rome sur Carthage fut as-sociée à la pratique du culte métroaque célébré régulièrement,depuis, dans l’Urbs jusqu’en l’an 415 de notre ère, soit pendant sept siècles.

Les principales cérémonies se situaient une semaine avant l’équinoxe vernal, véritable «semaine sainte», qui commençait par le choix, en forêt, du pin devant représenter Attis; après l’avoir abattu et ébranché to-talement, on l’habillait de diverses pièces de tissu; on le portait en procession dans la Ville jusqu’au tem-ple de Cybèle sur la colline du Vatican; puis venait le jour de deuil où on l’enterrait, cérémonie symbolisant la mort du dieu, que l’on déclarait ressuscité trois jours après, le jour même de l’équinoxe du Printemps, ré-surrection qui déclenchait les «hilaries» c’est à dire la joie sans retenue de la population entière.

-- une première conclusion s’impose, au premier siècle de notre ère le mouvement chrétien n’était pas une religion. En effet, s’il avait consisté, suivant la lecture conventionnelle de ses évangiles, en une pratique religieuse adorant un dieu mis en croix, puis enterré et ressuscité le troisième jour suivant, il serait apparu comme une variante du culte métroaque célébré avec

ferveur à Rome depuis, alors, au moins deux siècles;les Autorités romaines n’auraient eu, donc, aucune raison de «persécuter» ses «fi-dèles»; d’autant moins que les superstitions des Romains avaient transformé leur Ville en Panthéon des divinités vénérées dans toutes les Provinces; l’on sait avec quelle ferveur Scipion l’Africain, en son temps, pria, par une evoca-tio, les divinités tutélaires de Carthage d’abandonner cette Cité pour Rome, où un temple magnifique leur serait dédié.Les évangiles en notre possession ont été rédigés et imprimés en 1592 et forment la Vulgate latine dite Sixto-Clémentine qui nous rapporte une histoire «divine» datant de la fin du 4ème siècle de notre ère, après l’institution du christianisme par Constantin en 325; décrivant, à preuve supplémentaire, la naissance hiérogamique de Christ sous les traits d’un nouveau Mithra, adoré par ses prêtres les Mages, et ses compagnons habituels les Bergers.Or, au 1er siècle, dans l’Empire romain, le culte mithraïque était encore peu déve-loppé, découvert dans les années 65 avant notre ère par les troupes de Pompée;il était, alors, pratiqué dans quelques unités militaires seulement; la naissance de Christ, à l’époque supposée du 1er siècle, se serait manifestée par une intervention d’Apollon, comme pour le premier Empereur romain, Auguste.

Cybèle Grande Mère des Dieux

et de la Nature.( Cf;R.Turcan «Les Cultes orientaux dans le Monde

Romain «; édition des Bel-les Lettres, en 1989 )

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-- le mouvement dit chrétien est essentiellement connu par une citation de Suétone, historien romain du début du 2ème siècle, écrivant une «Vie des douze Césars», dont un chapitre consacré à l’Empereur Claude (41/54). Dans ce passage, Suétone parle d’une persone nommée CHRESTUS, c’est à dire Bon ou Lebon, instigateur ( impulsor ) de continuelles ( assidue ) et bruyantes manifes-tations, auxquelles participaient, occasionnellement ou régulièrement, des Juifs; ce qui fournit à l’Empereur Claude une raison pour chasser ( temporairement) les Juifs, libres, de la Ville. En fait, après les émeutes sanglantes fomentées en Egypte, dans les années 35/37 de notre ère, et suivantes, par les Judéo-alexandrins, et l’Ambassade venue à Rome en 37 sous la direction de Philon d’Alexandrie pour présenter à l’Empereurles revendications d’égalité civile de ses congénères, Claude, à son arrivée sur le trône impérial en 41, avait refusé par lettre de donner une suite favorable à ces demandes.A ses yeux, les Juifs émigrés, libres, où qu’ils fussent, constituaient intrinsèquement une menace sérieuse pour l’ordre public; les tumultes bruyants, mais pacifiques, conduits et animés par CHRESTUS lui fournirent un prétexte pour protéger, pré-ventivement, Rome de toute menace de la sorte, en obligeant les Juifs y résidant à quitter la Ville immédiatement. -- la citation de Suétone dans sa brièveté est plus explicite qu’elle ne paraît de prime abord. Cette citation souligne la répétition multiple de «tumultes» publics, qui ont manifesté l’existence d’un mouvement sûr de sa force, donc déjà ancien, bien antérieur au règne de Claude, organisé et animé par un fondateur charismatique, CHRESTUS, qui, partageant les souffrances de ses associés, criait, avec eux, dans les rues de la Ville, leur désespoir de n’avoir aucun droit, d’être traités comme des «meubles», dans la pensée que ces bruits amplifiés par la rumeur iraient incom-moder les Autorités, jusqu’aux oreilles des Empereurs. Sous leur masque outrancier de «divinité faite homme», ces derniers savaient pertinemment, mais aussi CHRESTUS !, que leur puissance militaire dépendait étroitement de la richesse de l’Empire, c’est à dire de l’emploi sans aucune retenue des outils de production constitués par la foule énorme des esclaves amenés de force dans Rome et ses Provinces; ils devaient, dans les limites législatives de l’époque, alléger les tâches serviles pour éviter, au moins chez les plus instruits, une prise de conscience de ce fait primor-dial, qui aurait pu les conduire, par esprit de révolte, à refuser toute obéissance.

[ Qu’auraient-ils effectivement risqué, dans leur existence de zombi? la mort?elle signifiait une délivrance! ]

Aussi bien, ces Empereurs avaient-ils «salarié» les esclaves employés dans leur Administration; Claude, pour sa part, après les manifestations des associés de CHRESTUS, dits les «Chrétiens», prit des mesures très sévères à l’encontre des propriétaires romains abandonnant leurs esclaves malades.

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Le mouvement baptisé «chrétien», d’après le nom de CHRESTUS, fut, donc, selon les sous-entendus de Suétone,un mouvement suffisamment organisé et structuré, malgré la police impériale, pour rassembler successivement un nombre important de manifestants, dont les cris finirent par importuner Claude, au point de l’amener à prendre certaines dispositions souhaitées, assurément, par ces foules «tumul-tueuses».A l’opposé de bousculades spontanées et vite réprimées, ces «tumultes» regrou-paient, à chaque fois, une foule de participants dont l’importance provoquait les interrogations du public et l’inquiétude des Autorités; ils montraient, en effet, la multitude des «sans-droit», utilisés comme des meubles par les propriétaires romains, et sur l’exploitation desquels reposait pratiquement la richesse de l’Em-pire.A l’ordinaire, les citoyens romains ne leur prêtaient aucune attention particulière tant était vive la force des habitudes de vie!

La Ville de Rome comptait, au 1er siècle, environ un million d’habitantsdont, au moins, 300.000 esclaves et autant de prolétaires;anciens agriculteurs dépossédés de leurs lopins de terre par des «latifundistes» affa-més, ces prolétaires vivaient des allocations en nature de l’Annone, service impérial de distribution; leur état de pauvreté était tel que certains préferraient se vendre comme esclaves.

Esclave aux mains liées Esclave à Pompei

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Certains prolétaires-esclaves de Rome, dont des Juifs, avaient mis à profit une certaine législation applicable seulement dans la Ville(puis étendue par Auguste à l’Italie, puis par Septime-Sévère à tout l’Empire, au début du 3ème siècle ) pour créer des Collegia, sorte d’associations aux fins les plus diverses, d’ordre professionnel entre artisans, ou, en l’occurence, de secours mutuel. Les manifestations «chrétiennes» mobilisaient les membres d’un ou plusieurs Col-legia en fonction de l’emploi du temps des intéressés, et, en conséquence, de leur relative liberté;la fixation des dates des défilés relevait d’une direction centrale et de son souci de la plus grande efficacité. Les phrases courtes criées au cours des manifestations exprimaient la révolte des participants contre une organisation sociale qui niait totalement leurs qualités humaines en les assimilant à de simples outils;le mouvement «chrétien» était, donc, animé par une véritable «doctrine humaniste» véhiculée oralement dans les réunions préalables des Collegia. Finalement, ce mouvement devint manifestement insupportable à l’ensemble de la population des citoyens propriétaires;le terme de «chrétien» finit par signifier un individu naturellement hostile à la Société de laquelle et dans laquelle on vivait;d’autant que l’opinion associa, à la fin, ce mouvement originellement romain, et urbain, aux bandes armées dévastant les campagnes, formées d’anciens militaires, des vétérans, refusant de devenir des «colons», des travailleurs agricoles, et aussi d’esclaves profitant d’une plus grande liberté de mouvement, des bergers par exem-ple, pour fuir leurs lieux d’exploitation. Apulée, auteur latin de la deuxième partie du second siècle, a décrit abondamment dans ses «Métamorphoses» les méfaits de ce banditisme, qui allait jusqu’à s’attaquer à des villes en Province.

Il en résulta que : - d’une part, le nom de «chrétien» fut répandu dans tout l’Empire- et qu’en outre il fit l’objet de dénonciations anony-mes, à tel point que Pline, vers les années 110 de notre ère, alors Gouverneur de Bithynie sur la Mer Noire, dut écrire à l’Empereur Trajan ( 98/117) pour recevoir ses instructions sur la conduite à tenir en suite à ces dénonciations anonymes de «chré-tiens».

Esclaves aux champs;poterie grecque

du British Museum .

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CHRESTUS impulsor, bien connu de la police impériale, les agentes in rebus, fon-dateur organisateur animateur du mouvement, reste le seul nom retenu de cette histoire; il fut consigné dans les archives administratives, où Suétone le découvrit mentionné fréquemment dans les rapports relatifs au mouvement baptisé «chré-tien», qui fit beaucoup de bruit, particulièrement au temps de Claude.Doté du sobriquet de «Bon» ou «Lebon», cet homme était assurément un esclave, à la personnalité si exceptionelle que son appellation fut gardée en mémoire, tel le nom d’un Administrateur efficace, ou d’un général victorieux, ou d’un artiste, d’un écrivain, ou d’un philosophe.

On se souvenait des «tumultes» qu’il avait organisés; manifestations que de nom-breux «professionnels du divin», nos contemporains, voudraient attribuer à un «Christ» juif, «crucifié» selon leurs évangiles sous le Procurateur Ponce-Pilate qui quitta la Judée en 35 de notre ère, soit six ans au moins avant les faits rapportés par Suétone; et dont un seul disciple, dit Paul de Tarse, serait venu à Rome en 65, pour être jugé par l’Empereur Néron! CHRESTUS fut véritablement considéré comme la «pierre», le fondement du mouvement dit chrétien baptisé d’après son nom;sa mémoire fut pieusement vénérée par ses «fidèles» de tous les temps; ce qui conduisit le Liber Pontificalis, écrit au début du 6ème siècle de notre ère, à le dési-gner, anachroniquement, comme ayant été le premier évêque de l’Eglise de Rome, pour la période 42/67, c’est à dire durant le règne des deux Empereurs Claude (41/54) et Néron ( 54/68).C’est pendant le principat de ce dernier qu’eut lieu, en 64, l’incendie qui ravagea plusieurs quartiers de Rome, cataclysme dont les Autorités rendirent responsa-bles les chrétiens; nombre d’entre eux furent arrêtés, emprisonnés puis torturés et finalement tués; très vraisemblablement, leur chef, CHRESTUS, fit partie du groupe, et mourut en 67.Ses restes furent soigneusement recueillis; ils suscitèrent une dévotion assidue; un certain Gaïus, à la fin du 2eme siècle, décrivit le trophée sous lequel le peuple «chrétien»les avait ensevelis; on les déplaça dans les Catacombes pour éviter toute dégradation durant les «persécutions»de Dèce en 250, et de Valérien en 257. Finalement, ils furent déposés dans les fondations de la Basilique du Vatican dont la construction fut ordonnée par Constantin en 323;non seulement, CHRESTUS-PIERRE devint la «pierre», le fondement du nouveau culte impérial: le christianisme, mais, Christ étant assimilé à Pan, «Pierre» fut im-mortalisé en parèdre de ce dieu, et remplaça désormais les Heures de la mythologie de Pan dans leur rôle de détentrices des clefs des Cieux;il devint le portier du Ciel, et fit de Rome le centre magique de l’Europe occidentale.

--la connotation religieuse du mouvement chrétien ne s’est exprimée qu’au bout d’ environ deux siècles.( cf. «Dictionnaire de l’Antiquité» de l’Université d’Oxford; chez R.Laffont à Paris; édité en 1993; page 207 )

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Cette connotation s’est manifestée par des croyances diversifiées, d’un groupe à l’autre, aboutissement d’une lente évolution que nous avons décrite auparavant .En résumé, cette évolution historique débuta avec la bataille navale d’Actium, le 2 Septembre 31 avant notre ère, qui donna à Octavien, le futur Empereur Auguste, une victoire complète sur la flotte de Cléopâtre, et lui ouvrit les portes de l’Egypte. Il pénétra au début d’Août 30 dans Alexandrie, pour y installer une Administra-tion compétente, apte à exploiter efficacement cette nouvelle Province. Alexandrie était le théatre de fréquentes tensions entre les deux principales composantes de sa population, d’une part les gréco-alexandrins, d’autre part les judéo-alexandrins réclamant sans cesse une égalité des droits civiques. Ces tensions se transformèrent en émeutes sanglantes dans les années 35/37, puis les années 66/73; la plus grave révolte des Juifs éclata en 115 en Egypte, Cyrénaï-que, et jusqu’en Mésopotamie et Chypre. La répression romaine fut terrible et le Groupe des Juifs alexandrins se retrouva très diminué.Outre les opérations militaires, l’Administration impériale dut règler de très nom-breux procès concernant des Juifs réclamant l’application de leur loi, la Torah, tra-duite de l’hébreu en grec, vers 275 avant notre ère, dans les volumina de la Septante, rangés dans les rayons de la célèbre Bibliothèque du Musée alexandrin;loi juive que les esclaves «lettrés», «les employés aux écritures» de cette Adminis-tration chargés de la traduction découvrirent progressivement. Poussés par la curiosité, certains prirent aussi connaissance des autres livres ajoutés à la Septante au cours des siècles, notamment les livres dits historiques racontant la vie du peuple Juif soumis à la volonté d’Etats plus puissants, tels les Egyptiens, Babyloniens, Assyriens, Achéménides, Perses, Grecs, Syriens, Romains...etc.Ces esclaves «lettrés», fréquemment chrétiens même si d’origine juive, finirent par s’assimiler aux Hébreux et crurent incarner le nouveau peuple juifaprès la romanisation totale de la Judée, en 135, Jérusalem devenant Aelia Capi-tolina, interdite de séjour aux Juifs refoulés en Galilée et dans les diverses dias-poras de la Méditerranée ou de l’Asie mineure, dont la principale se trouvait en Mésopotamie. Ces traducteurs purent, grâce à la Septante, préciser leurs espoirs de «lendemains qui chantent», et, mieux, les personnaliser dans la figure d’un Sauveur, à venir au temps indéterminé de la «fin du Monde», figure magnifiée du héros Spartacus-Sa-bazios, dont la disparition du champ de sa dernière bataille permettait de croire à son retour pour une victoire définitive sur les propriétaires-exploitants.Ces traducteurs-croyants voulurent partager leur découverte et leurs sentiments avec leurs camarades des Collegia de la Ville; ils ramenèrent avec eux les copies de leurs travaux, ou les expédièrent avant la fin de leur service à Alexandrie;mais ces traductions n’étaient pas identiques et ne correspondaient pas aux mêmes parties des textes originaux de la Bibliothèque d’Alexandrie; elles constituèrent les veteres latinae.-- l’intervention de Marcion, en 139, figea les positions des chrétiens de Rome. Marcion (environ 110/160) était le descendant d’une riche famille d’armateurs de Sinope sur la Mer Noire, qui n’acceptait pas le joug romain sur son pays. Marcion, ayant décidé de voyager, se fixa finalement dans la capitale de l’Empire pour adhérer à un Collegium chrétien, où il fut accueilli d’emblée malgré la grande différence de

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statut social existante entre ce «fils de famille»et les prolétaires-esclaves formant le gros de la troupe.A vrai dire, cette adhésion fut grandement facilitée par le don de sa fortune que fit l’intéressé à son Collège, fidèle aux enseignements des anciens philosophes grecs, les Cyniques, dont il avait été nourri.Marcion, en intellectuel cultivé selon l’antique pédagogie, se donna pour tâche d’éclairer les membres de son Association sur les questions diverses leur paraîssant importantes pour leur mouvement; l’on analysa inévitablement la vetus latina en possession du Groupement. Contrairement aux sentiments créés par les chrétiens «lettrés» revenus d’Alexan-drie, Marcion s’efforça de convaincre ses auditoires de ce que leur mouvement n’avait aucun lien avec l’ancien peuple juif; que l’appropriation effectuée par les «lettrés» de certains textes de la Septante n’entraînait aucunement la création d’un lien de filiation transformant le mouvement chrétien en «nouveau peuple juif».

Marcion développa ses arguments durant cinq ans, tant les discus-sions furent vives et empruntèrent de nombreuses voies;mais, à la fin, Marcion n’était pas CHRESTUS et ne parvint à convain-cre ni les «lettrés» ni, à fortiori, les membres ordinaires du Collegium;les sentiments nourris par la misère indicible de l’esclavage et l’extrême pauvreté du prolétariat l’emportèrent sur les raisonnements de Mar-cion, qui dut quitter son Association

en 144, accompagné, malgré tout, de «disciples» avec lesquels il fonda un Grou-pement différent. Cette date de l’année 144 marque le moment capital où fut créé ce livre chrétien qui devait, plus tard, dans la Vulgate initiée au début du 5ème siècle par Jérôme, devenir l’Ancien Trstament. -- la création du marcionisme entraîna, après l’année 144, un véritable éclatement du mouvement chrétien romain. En effet, les membres des divers Collegia de la Ville ne tardèrent pas à s’apercevoir qu’ils utilisaient des livres différents, bien que chacun prétendît raconter leur propre histoire de peuple oppriméet leur assurer la venue d’un Sauveur «divin». Les rivalités inévitables entre «tra-ducteurs» attisèrent les disputes, puisque chaque écrit apparaîssait «dire le vrai». Les situations dégénérèrent, et des éclats de voix on arriva vite à des rixes musclées, et parfois sanglantes, tant la certitude de posséder le «divin» suffit à transformer l’homme en « loup pour l’homme»; le «divin» devenu un bien personnel ne se partage pas! Bref, l’ordre public fut profondément troublé par ces querelles chré-tiennes; au point qu’un philosophe romain du nom de Celse rédigea , vers 180, « Le vrai discours» pour s’indigner et moquer non seulement ces moeurs fratricides mais aussi les «croyances religieuses» des chrétiens.

Marcion enseignant les chrétiens romains.

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Ce livre fut, par la suite, jugé si important et gênant par les Autorités chrétiennes qu’il fut détruit;toutefois, un auteur célèbre du nom d’Origène avait, préalablement, cru nécessaire, au milieu du 3ème siècle, d’écrire un «Contre-Celse», ouvrage grâce auquel on peut imaginer la virulence de l’original, qui restait le témoin à charge d’un passé que l’on voulait oublier. Quoi qu’il en fût, l’Administration impériale durcit son attitude à l’encontre des Collegia chrétiens.Au début du 3ème siècle, après l’extension de leur législation à tout l’Empire par Septime-Sévère (193/211), et l’octroi de la citoyenneté romaine à toutes les per-sonnes «libres» vivant dans l’Empire par Caracalla en 212, l’implantation d’Asso-ciations chrétiennes dans les principales villes s’accompagna d’une règlementation instituée par Ulpien, éminent juris-consulte, les obligeant, chacune, à se doter d’un épiscope, devenu évêque, responsable sur sa tête de la discipline de son Groupe;la création de l’épiscopat fut la contrepartie établie par l’Administration impériale pour éviter, désormais, tout désordre public causé par les chrétiens.

Dans Rome, à la fin, ce fut le Groupement le plus important qui finit par imposer son «livre», sa lecture, ses croyances. Le concept d’orthodoxie vint au jour; il caractérisera, à jamais, la future Eglise romaine persuadée de détenir, elle seule exclusivement, la «vérité divine». L’élaboration de ce concept permit d’ex-pliciter son contraire: l’hérésie, fustigée, au début du 3ème siècle, par Irénée évê-que de Lyon, dans son «Contra Hereses».

Le paysage religieux chrétien se composait, donc, de multiples sectes; les orthodoxes ro-mains voisinaient non seulement avec les Mar-cionites, mais aussi avec tous les Gnostiques venus d’Alexandrie ou d’Antioche, disciples de Basilide, Satornil, ou Valentin, pour lesquels la Connaissance constituait la voie unique de leur Salut.

Les Symboles de la GNOSE.

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-- Quel était le dieu des paléo-chrétiens? L’expression habituelle de «Sauveur des Justes (les opprimés) à la fin du Monde», complétée par celle de «Juge des vivants et des morts» rendant nécessaire l’idée d’une résurrection de ceux-ci, ces expressions coutumières cachent par leur emploi diffus les caractéristiques du dieu chrétien.Ce Sauveur, figure magnifiée du légendaire Spartacus-Sabazios, rendue plus précise par la fréquentation de la Septante, est, comme le dieu des Juifs, un Etre seul. La conception d’un dieu trinitaire était d’autant moins «chrétienne»que la déité trine constituait la présentation traditionnelle des dei ou divi dans les mythologies indo-européennes ( par exemple Indra-Mitra-Varuna ), et donc chez les divinités vénérées par les citoyens romains. La trinité Père-Fils-Esprit naîtra, en 325, avec le Concile oecuménique de Nicée.

Ce dieu, seul, est un dieu personnel. Sa tâche consiste dans la vengeance de chacun des esclaves, vivants et morts, exploité durant sa vie comme un simple instrument de production par un propriétaire. Il est un dieu personnel à l’opposé du dieu des Juifs, dieu national, dont l’intervention espérée redonnerait à son «peuple élu» le pays qu’il lui aurait, un jour indéterminé, promis: la Palestine.Le dieu chrétien, lui, exercerait son action sur l’entière étendue de l’Empire; il est «catholique», au-dessus de toute ancienne nationnalité dans cet Empire.Peu de chrétiens ont essayé de définir leur dieu; c’est pourquoi l’ouvrage intitulé «De pascha computus», écrit, vraisemblablement, par des membres d’un Collegium tunisien, vers 243, prend, dans notre recherche, autant d’importance.A travers la mise au point d’un comput destiné à fixer la date de la fête de Pâque héritée de la Septante, le livre définit pour la première fois la nature du dieu chrétien et l’établit comme une entité divine créée en même temps que le Soleil, assimilée, de fait, à sa lumière.Ce dieu créé est, donc, un dieu secondaire; il ne peut pas changer de nature et se transformer en homme tout en restant dieu;mais, conformément aux mythologies indo-méditerranéennes, il pourrait féconder une femme par le fait d’une hiérogamie.D’une part, ce dieu n’est pas susceptible de naître, de devenir un fils d’homme; d’autre part, cette conception d’un dieu créé a fourni les premiers éléments de la future hérésie arienne qui, à dater de 280, occasionna des désordres suffisamment importants pour provoquer le déclenchement, en 303/305, de la «persécution»dite de Dioclétien, et faire réagir Constantin, dont la volonté se traduisit par le Credo du Concile de Nicée, en 325, le définissant comme « vrai dieu de vrai dieu - lumière née de la lumière - engendré et non créé...» . Le point crucial de notre démarche conduit à la conclusion que le dieu des paléo-chrétiens était une entité toujours vivante;en effet, il ne pouvait jamais être considéré comme mort, même pour un très court délai, puisque la fin du Monde, totalement imprévisible mais ardemment souhaitée la plus proche possible, pouvait intervenir à ce moment-là.

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La pensée habituelle des paléo-chrétiens était polarisée par la perspective de la fin du Monde, qui constituait pour eux l’heure de la vengeance définitive et de leur libération.Rien n’est plus instructif, à cet égard, que les lettres attribuées dans les dernièes années de sa vie à Cyprien «Pape» de la Tunisie ( 255/258 ), qui voyait dans l’épui-sement des exploitations minières de son temps la preuve d’un appauvrissement de la Terre, annonçant sa prochaine fin. Cyprien est allé au «martyre» le 14 Septembre 258 pour obliger son dieu à préparer son intervention décisive.Dix siècles plus tard, la diffusion des théories de Joachim de Flore (1135/1202) fit surgir le sentiment que «la persécution de l’Antéchrist» était procheprécédant la venue du Christ pour le «Jugement dernier». En fait, le christianisme a hérité des paléo-chrétiens, et transformé, leur désir suprême de la fin des temps, qui créait un dieu toujours vivant.

Faut-il le rappeler? Ce dieu apparaît aussi toujours en vie, pour des raisons parti-culières d’oralité héroïque, dans l’ouvrage de W.Kelber«Tradition orale et Ecriture», édité par Le Cerf, à Paris, en 1991 ( pages 93, 273 et svtes ), auquel il convient de se reporter, si l’on désire sincèrement s’informer. En conclusion, le dieu des paléo-chrétiens se manifeste à l’inverse du dieu des évangiles et du christianisme, auquel ils se convertirent, de 307 à 325, après avoir reconnu leur Sauveur en la personne de Constantin.

Jugement dernier (détail )Cathédrale de Torcello- lagune de Venise ( IX-XIième siècle ).

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BIBLIOGRAPHIE COMPLETE

Introduction L’on trouvera, ci-après, sous quatre désignations, la liste des quelques trois cents ouvrages, correspondant chacun à un ou plusieurs volumes, ayant servi à la rédac-tion de cette «Histoire critique du christianisme romain».De fait, notre enquête a débuté avec les premiers signes conservés de l’écriture cu-néiforme mésopotamienne, datant d’environ 3.200 ans avant notre ère, puisque les légendes de cette région ont fortement influencé l’écriture tardive des livres de la Bible hébraïque, puis de la Septante gréco-alexandrine; cette dernière fut adoptée définitivement par les «chrétiens» de Rome après 144 de notre ère, après qu’ils eurent chassé de leur communauté Marcion de Sinope; celui-ci tentait ,vainement, depuis 139, de leur démontrer que leur mouvement n’avait aucun lien avec ce livre d’Alexandrie. Dans cette très longue suite de siècles d’écritures diverses, l’élément le plus impor-tant demeure, sans conteste, l’invention de l’imprimerie mécanique, vers 1450.Elle permit, en effet, avec la diffusion du savoir-lire, une dissémination des connais-sances déterminant une révolution culturelle aux effets inimaginables, tendant à délivrer les humains de leurs peurs ancestrales, en les rendant peu à peu maîtres de leur destin individuel, en les délivrant, progressivement, enfin, de l’antique mentalité mythologique, cultivée encore par l’Eglise romaine du fait de sa volonté de soumettre les humains à la crainte perpétuelle d’un être imaginaire nommé conventionnellement dieu, derrière le masque duquel elle exerce ses pouvoirs. L’ invention de l’ imprimerie eut deux conséquences immédiates:

Le Livre

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d’une part, l’intrusion irrésistible des langues vernaculaires dans la littérature, reli-gieuse ou non, qui fit perdre au latin son rôle d’instrument unique de transmission du savoir, et le relégua finalement au statut de langue morte; d’autre part, la suppression radicale de la copie manuelle des livres; elle sévis-sait depuis la plus haute Antiquité, et encore durant les mille ans du Moyen Âge ( 476 / 1453 ). Le gain définitif d’une certaine fixité des textes composés mécaniquement ne nous permet plus guère de comprendre, après six siècles d’utilisation, les difficultés dirimantes du travail des copistes; ils ne disposaient ni de magnétophones, ni de machines à photocopier; parfois, ils ne savaient pas lire et s’ingéniaient à reproduire un texte en en redessinant les lettres.Les scriptoria, dont le premier fut créé par Cassiodore en 555, dans lesquels s’exer-çait l’activité des scribes, constituaient un cadre de travail mal adapté; vite refroidis, ils favorisaient engelures, rhumatismes et autres déformations des doigts et des mains; vite assombris, par une obscurité difficilement percée par des bougies et des cierges, ils causaient des défectuosités de la vue, non obstant les migraines ophtal-miques pouvant provoquer des «apparitions». Bref, les causes d’erreurs involon-taires d’écriture étaient nombreuses, mais, surtout, l’interprétation inévitable des textes à reproduire aboutissait fréquemment à des déformations volontaires : la copie d’un ouvrage, très lente, s’étendait parfois sur quelques années; le scribe, sachant lire, s’interrogeait, malgré lui, sur le sens de ce qu’il lisait; comme il n’avait pas reçu d’instruction supérieure analogue à celle d’un Ambroise, Augustin, Cassio-dore, ou autre Père de l’Eglise, il jugeait en fonction de ses propres connaissances, sans recourir au contexte de l’époque d’origine du document qu’il recopiait; des passages lui apparaîssaient, donc, erronés, qu’il corrigeait par souci de rectitude intellectuelle et morale. En outre, il faut tenir compte de la difficulté de transposition d’un système d’écri-ture: l’onciale ou semi-onciale, en celui de la minuscule caroline inventée à Corbie à la fin du 8ème siècle, transposition source de nombreux faux; plus encore, les textes «divins» devinrent si obscurs qu’à la fin du 12ème siècle l’obligation fut faite par Rome de les accompagner d’explications, qui sous forme de «gloses interlinéaires» finirent par s’incorporer aux écritures «sacrées» elles-mêmes. En définitive, on ne peut que souscrire à l’affirmation de Lorenzo Valla, au 15ème siècle, quant à l’impossibilité matérielle de présenter l’original d’un texte ancien; affirmation renforcée par un érudit du 17ème siècle, le jésuite J. Hardouin; celui-ci prétendait que les oeuvres d’Ambroise et Augustin, qu’il étudiait, étaient pratique-ment toutes «supposées»; d’autant que des causes matérielles externes ( brûlures des pages, usure des parchemins dûe aux chaines de fixation sur les supports ...etc.) rendaient plus rapide la destruction des livres utilisés.De nos jours, cette situation conduit les éditeurs de livres anciens à faire apparaître clairement le nom du philologue expert qui a établi et présenté le texte publié,outre celui du traducteur éventuel. Le lecteur est donc averti qu’il va découvrir une oeuvre de ce philologue, attribuée par tradition à l’ auteur de l’Antiquité désigné sur la page de couverture. Cette oeuvre est d’autant plus «supposée» que l’expert, malgré le caractère scientifique de son travail, n’a pu, matériellement, prendre connaissance de tous les manuscrits de l’ouvrage en cause, dont un certain nombre a, au cours des

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siècles, disparu inévitablement sans laisser aucune trace, par suite soit d’accidents ( incendies , ....etc. ) soit d’une utilisation intensive entraînantl’ effacement des caractères écrits. Dans ce contexte fortement dessiné d’incertitude textuelle, la position de l’Eglise romaine reste, de nos jours, incompréhensible et suspecte. L’inerrance biblique qu’elle dogmatise apparaît de plus en plus utopique, alors que ses livres «sacrés» dévoilent une construction effectuée progressivement par des entassements divers de récits éloignés dans le temps. Rien n’est plus caractéristique à cet égard que les chapitres du N.T. décrivant la «passion» et la mort du héros J.C., situées sous Ponce-Pilate, alors qu’à la date des scènes rapportées par ce N.T. le Procurateur désigné n’exerçait plus son activité en Palestine; l’anhistoricité des évangiles est d’autant mieux avérée qu’aucun Concile oecuménique n’a jamais condamné les Juifs pour raison de déicide; même le Concile de Trente, qui parla précisément d’une crucifixion sous Ponce-Pilate, n’ a pas mis en cause, à cette occasion, la res-ponsabilité des Judéens . Au premier siècle de notre ère, où l’on situe traditionnellement l’écriture des évangiles, les masses révoltées contre la Société romaine ne se disaient pas encore «chrétiennes» ; elles élaborèrent leurs premières croyances religieuses vers la fin du second siècle. Elles ne pouvaient, de toute façon, imaginer un dieu Vengeur et Sauveur crucifié; ç’eut été une impossibilité totale compte tenu de ce que repré-sentait, pour elles, le supplice, dit faussement, de la croix, absolument haïssable, suscitant en elles une définitive répulsion. Certes, les écrits «chrétiens», dits «vete-res latinae», se multiplièrent durant le 3ème siècle, mais ils furent détruits du fait de la persécution dite de Dioclétien, de 303 à 324; sauf dans quelques bourgades rurales isolées, au fond de la Tunisie par exemple. Le fait déterminant réside en ce que la croix fut adoptée par le christianisme en 451 seulement par le Concile oecuménique de Chalcédoine.

A cette date, «l’arbor infelix» n’était plus employé comme instrument de supplice depuis 150 ans; l’introduction de la croix dans la doctrine christianiste fut le fruit du syncrétisme de la nouvelle religion et des cultes ancestraux romains; elle repré-sentait pour tous les sujets de l’Empire l’antique symbole de la vie sans fin, d’une Fertilité éternelle; la conception de la mort du dieu de la Fécondité fut, au début de l’An Mil, provoquée par la désolation extrême des «grandes faims», qui poussèrent les populations à la pratique du cannibalisme. En fait, la position actuelle de l’Eglise romaine à l’égard de ses «écritures saintes» demeure encore conditionnée par les décisions prises en 1546 par le Concile oe-cuménique de Trente. Pour contrer le développement du «protestantisme» et le flux croissant des éditions de la Bible imprimée en langues vernaculaires, outre des mesures répétées de censure, le Concile décida d’une future impression par la Papauté d’ une «Vulgate» latine, qui serait, seule, à offrir un texte dit « inspiré divinement». La tâche difficile imposée à Rome demanda 46 ans pour être accom-plie.La «Vulgate» latine, dont la première version remontait à Jérôme au début du 5ème siècle, fut imprimée en 1592, sous l’appellation de «Sixto-Clémentine», après les travaux de deux Commissions formées de quelques experts. Toutefois, le texte retenu comme «divin» s’inspirait beaucoup d’une précédente Bible éditée à Anvers

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par Plantin pour l’Université de Louvain, et n’admettait aucun manuscrit ancien, tel le Codex Amiatinus du 8ème siècle. Le caractère artificiel de la «Sixto-Clémentine» fut clairement démontré par les travaux publiés dans la série d’ouvrages traitant de la «Bible de tous les temps».

En définitive, la Vulgate n’est qu’une simple production littéraire de nature hagio-graphique et mythologique, destinée à la propagation des croyances chrétiennes. La Foi en ces croyances se fonde sur des états socio-psychologiques, et non des faits historiquement établis. Ces états contrarient les interrogations éventuelles de la raison sur le contenu du texte; dans la mesure où ces interrogations pourraient se poser, elles réduiraient à néant les certitudes des «fidèles» en faisant apparaîtrele «mensonge ecclésiastique entretenu par la peur, l’ignorance et l’intéret».

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Liste des livres consultés:

a) Dictionnaires et Encyclopédies

Encyclopedia Universalis .18 volumes - édité à Paris en 1985 .

Grand Dictionnaire encyclopédique .15 volumes - édition hors-commerce -publié par Larousse, à Paris, en 1982 .

Dictionnaire historique de la Langue française .sous la direction d’A.Rey - édité par les Dictionnaires Le Robert, à Paris, en 1995. Dictionnaire culturel en langue française.sous la direction d’A.Rey- édité par les Dictionnaires Le Robert, à Paris, en 2005.

Le Grand Livre de l’Histoire du Monde .sous la direction de P.Vidal -Naquet - édité par Hachette, à Paris, en 1986 .

Grammaire des Civilisationns .par F . Braudel - édité par Flammarion, à Paris, en 1993 .

Dictionnaire encyclopédique d’Histoire .par M.Mourre - 5 volumes - édité par Bordas, à Paris, en 1996 .

Chronologie universelle d’Histoire .par J.Boudet - édité par Larousse, à Paris, en 1997 .

Dictionnaire de l’Antiquité . Université d’Oxford - sous la direction de M.C.Howatson - édité par R.Laffont, à Paris, en 1983 .

Dictionnaire des Philosophes Antiques . sous la direction de R.Goulet - éditions du CNRS, à Paris ; 5 volumes parus depuis 1989 à 2003 .

Dictionnaire du Moyen -Âge .sous la direction de C.Gauvard, A.de Libera, M.Zink - édité par Presses Universi-taires de France, à Paris, en 2002 .

Le Moyen - Âge en Lumière - Manuscrits enluminés des Bibliothèques de France sous la direction de J.Dalarun - édité par Fayard à Paris, en 2002 .

Dictionnaire des Lettres Françaises - Le Moyen Âge .sous la direction de G.Hasenohr et de M.Zink- édité par Fayard, à Paris, 1ère édi-tion 1964 .

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L’Europe de l’An Mil .sous la direction de P.Riché - édité par Zodiaque, La Pierre qui Vire ( Yonne ), en 2001.

Atlas de la France Romane par P.de la Malène - édité par Zodiaque - La Pierre qui Vire ( Yonne ), en 1995 .

Le Paysage Monumental de la France autour de l’An Mil .sous la direction de X.Barral I Altet - édité par Picard, à Paris, en 1987 .

Dictionnaire Historique de la Papauté .sous la direction de P.Levillain - édité par Fayard, à Paris, en 1994 .

Histoire des Conciles Oecuméniques - Le Magister de l’Eglise .sous la direction de G.Alberigo -3 volumes : Histoire et Décrets - édité par Le Cerf, à Paris, en 1994 .

Liber Pontificalis - Bibliothèque des Ecoles Françaises d’Athènes et de Rome .Texte Introduction et Commentaire par l’Abbé L.Duchesne ; édition d’origine 1886 / 1892 ; 3 volumes -le troisième volume comprend les Additions et Corrections de l’auteur, publié par C.Vogel . L’ensemble est édité par E. de Boccard, à Paris, en 1981 .C’est la légende des origines de la Papauté .

Table Chronographique de l’Estat du Christianisme ( Dictionnaire des Hérésies). depuis la naissance de Jésus-Christ, jusqu’à l’année 1625 - par J.Gaultier - édité par P.Rigaud, à Lyon, en 1626 .

Histoire des Religions .Encyclopédie de la Pléiade .sous la direction de H.C. Puech - en 3 volumes, édités par Gallimard, à Paris, de 1970 à 1976 .

Le Christianisme - ce qu’il est et ce qu’il est devenu dans l’histoire .par H.Küng - édité par Le Seuil, à Paris, en 1999 .

Les Hommes de la Fraternité .par M.Clévenot - 12 volumes, édités par Nathan à Paris, puis par Retz à Paris, de 1981 à 1993 .

Une Autre Histoire des Religions .par O.Vallet - 6 volumes, édités par Gallimard, à Paris, en 1999 / 2000 .

Histoire des Origines du Christianisme .par E.Renan - édité par R.Laffont, à Paris, en 1995 ; 2 volumes - édition établie et présentée par Laudyce Rétat .

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Dictionnaire encyclopédique du Judaïsme . édité par Le Cerf, à Paris, en 1993 .

Dictionnaire de la Bible .par A.M.Gérard - édité par R.Laffont, à Paris, en 1989

Dictionnaire des Mythologies .sous la direction d’Y. Bonnefoy - en deux volumes ; édité par Flammarion, à Paris, en 1999 .

Mythes et Mythologie - Histoire et Dictionnaire .par F.Guirand et J.Schmidt - édité par Larousse, à Paris, en 1996 .

Dictionnaire des Symboles .par J.Chevalier et A.Gheerbrant - édité par R.Laffont, à Paris, en 1982 .

Dictionnaire de la Civilisation Phénicienne et Punique .édité par Brépols, à Turnhout, en 1992 .

Atlas de la Rome Antique .par C. Scarre - Collection Atlas/Mémoires ; édité par Autrement, à Paris, en 1995.

Atlas de la Grèce Antique .par R.Morkot - Collection Atlas/Mémoires ; édité par Autrement, à Paris, en 1999.

Dictionnaire Grec - Français .par A.Bailly - édité par Hachette, à Paris, en 1950 .

Dictionnaire Latin -Français . par F.Gaffiot - édité par Hachette, à Paris, en 1934 .

Bible de Luther, en 1534

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b) Ouvrages à caractère «religieux»

La BibleLe Livre, les livres - par P. Gibert ; édité par Découvertes Gallimard, à Paris, en 2000.

La Bible,Ancien Testament - Nouveau Testamenttraduction de E.Osty et J.Trinquet - édité par Le Seuil, à Paris, en 1973 ; Nihil obstat, 10 Mai 1973, F.Tollu,

Traduction Oecuménique de la BibleAncien et Nouveau Testament,Alliance Biblique Universelle - Le Cerf, à Paris, édition revue en 1992,

La BibleEcrits Intertestamentaires,Bibliothèque de la Pléiade - édité par Gallimard, à Paris, en 1987,

La Bible de tous les Tempsen huit volumes :

- Le Monde grec ancien et la Bible- Le Monde latin antique et la Bible- Saint Augustin et la Bible- Le Moyen Âge et la Bible- Le Temps des Réformes et la Bible- Le Grand siècle et la Bible- Le siècle des Lumières et la Bible- Le monde contemporain et la Bible,édité par Beauchesne, à Paris, de 1984 à 1986,

Ecrits Apocryphes Chrétiens,Bibliothèque de la Pléiade - édité par Gallimard, à Paris, en 1977,

Paroissien expliqué et commenté- Missel vespéral- Manuel de Piété et Rituel des Fidèles,par A.Fleury - édité par la Maison Mame, éditeurs pontificaux, à Tours ; 12ème édition en 1942,Imprimatur du 16 Janvier 1942 de l’Archevêque de Tours,

La Bible d’Alexandrie - La Septante,Traduction du texte grec de la Septante - Introduction et Notes par M.Harl -édité par Le Cerf, à Paris ; 5 volumes, de 1986 à 1992,

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Le Christianisme Romain en questions

La SOMME THEOLOGIQUE de Thomas d’ Aquin,éditée par Le Cerf, à Paris, en 4 volumes, de 1984 à 1986,Coordination de A.Raulin, Traduction de A.M.Roguet, Introduction et Commen-taires d’E.Neyrand et M.J.Nicolas,

Prions en Eglise, Revue mensuelle éditée par Bayard Presse, à Paris : conçue pour aider les chrétiens qui veulent enraciner leur vie et leur prière dans la liturgie et spécialement dans l’Ecriture Sainte qui y est proclamée,

Les Confessions, de Saint Augustin,Traduction de L.de Mondadon - Nihil obstat, Imprimatur du Vicaire Général de Paris du 16 Avril 1947 -Publié par le Club Français du Livre, en 1950,

Le Protreptique, de Clément d’Alexandrie,Traduction de C.Montdésert - édité par Le Cerf, à Paris, en 1941,Sources chrétiennes, à Lyon - Nihil obstat, et Imprimatur du Vicaire Général deLyon, en 1941,

L’Erreur des Religions Païennes, de Firmicus Maternus,Texte et Traduction de R.Turcan - édition bilingue des Belles Lettres, à Paris, en 1982,

L’Apologétique, de Tertullien,Texte et Traduction de J.P.Waltzing - édition bilingue des Belles Lettres, à Paris, en 1998,

Les Discours, de Grégoire de Nazianze,Texte et Traduction de J.Mossay - édition bilingue de Le Cerf, à Paris, en 1981,avec le concours de l’Institut des Sources Chrétiennes,

Contre Celse, d’Origène,Texte et Traduction de M.Borret - présentation bilingue grec / français ; édité en 5 volumes par Le Cerf, à Paris, en 1967,Les Sources Chrétiennes ; Nihil obstat, Imprimatur du 6 Octobre 1967 du Vicaire général de Lyon,

Les Pères apostoliques- Ecrits de la primitive EgliseTraduction et Introduction de France Quéré - édité par Le Seuil, à Paris, en 1980,

p. 151

Le Christianisme Romain en questions

Les Homélies Clémentines- placées sous l’autorité de Clément de Rome,texte et traduction du grec d’A.Siouville - édité par Verdier, à Lagrasse ( 11220 ), en 1991,

Les Actes Apocryphes des Apôtres,Publications de la Faculté de Théologie de l’Université de Genève - ouvrage édité par Labor et Fides, à Genève, en 1981,

Sancti Cypriani Opera Omnia- Editio Baluziana- Editio secunda VenetaTexte latin établi par E.Baluze, moine de la Congrégation de St-Maur - édité par J.Dorigon, en 1758 ; avec la permission des Supérieurs,

Traités : A Donat- La Vertu de patience, de Cyprien de Carthage,Texte bilingue - Traduction du latin par J.Molager - édité par Le Cerf, à Paris, en 1982,Sources Chrétiennes : Nihil obstat, et Imprimatur du 6 Février 1982 du Censeur de Lyon,

Correspondance, de Cyprien de Carthage,Texte bilingue - Traduction du latin par le Chanoine Bayard - édité en 2 volumes par Les Belles Lettres, à Paris, en 1961 / 1962,

Traités et Correspondance de Cyprien de Carthage,Texte français établi par M.de Génoude et dédié à Mgr de Quelen - édité en 3 vo-lumes par Adrien Le Clere et Cie, à Paris, en 1842,

De Iside et Osiride- Oeuvres Morales de Plutarque : tome V, 2ème partie,Texte bilingue établi et traduit par C.Froidefond - édité par Les Belles Lettres, à Paris, en 1968 ;publié sous le patronage de l’Association Guillaume Budé,

Dialogues Pythiques- Oeuvres morales dePlutarque : tome VI, Sur la disparition des Oracles[ 17 - La Mort du Grand Pan ]Texte bilingue établi et traduit du grec par R.Flacelière - édité par Les Belles Let-tres, à Paris, en 1974

Les Métamorphoses - Livre XI - d’Apulée : lever de la Lune, apparition d’Isis à Lucius, initiation à ses mystères...Texte bilingue établi par D.S.Robertson, traduit du latin par P.Vallette - édité par Les Belles Lettres, à Paris, en 1985,

p. 152

Le Christianisme Romain en questions

La Religion Romaine,Textes latins choisis et traduits par M. Le Glay - édité par Armand Colin, à Paris, en 1971,

Contre les Galiléens- Imprécations de l’Empereur Julien, dit l’Apostat,Texte traduit en français par C.Gérard - édité par Ousia, à Bruxelles, en 1995,

Théogonie : La naissance des dieux, d’Hésiode,Texte bilingue traduit du grec par A. Bonnafé - édité par Rivages, à Paris, en 1993,

Celse : Le Discours vrai : Le conflit de la Civilisation antique et du Christianisme primitifprésenté par L.Rougier - édité par Editions du Siècle, à Paris, en 1925,

La Révélation d’Hermès Trismégiste,Présentation d’ensemble de l’Astrologie, des Sciences occultes, du Dieu Cosmique, les Doctrines de l’Âme, le Dieu Inconnu et la Gnose ; par A.J.Festugière - 4 volumes en 3 tomes, édités par Les Belles Lettres, à Paris, en 1989 / 1990,

p. 153

Le Christianisme Romain en questions

c) Auteurs de l’Antiquité

ApuléeLes Métamorphoses - trois volumes comprenant les Livres I à X, présentation bilingue latin / français, texte établi par D.S.Robertson et traduit par P.Vallette ; édité par Les Belles Lettres, à Paris, de 1985 à 1989.Opuscules philosophiques - un volume, présentation bilingue latin / français, texte établi et traduit par J.Beaujeu; édité par Les Belles Lettres, à Paris, en 1973.

BoèceTraités théologiques - présentation bilingue latin / français, texte traduit par A. Tisserand ; édité par Flammarion, à Paris, en 2000.Consolation de la Philosophie - texte français traduit du latin par C. Lazam ; édité par Rivages, à Paris, en 1989.

CatulleLiber - un volume, présentation bilingue latin / français, poèmes traduits par P. Feuga ; édité par Orphée / La Différence, à Paris, en 1989.

Cyniques GrecsLettres de Diogène et Cratès - texte traduit du grec par G. Rombi et D. Deleule ;

Scribe au travail

p. 154

Le Christianisme Romain en questions

édité par Babel - Actes Sud, à Paris, en 1998.Les Cyniques grecs - Fragments et Témoignages - choisis et traduits par L. Paquet de l’Université d’ Ottawa ;Avant-propos de M.O. Goulet-Cazé ; édité par Le Livre de Poche, à Paris, en 1992.

Histoire anonyme dite « Histoire Auguste «Biographie très romancée des Empereurs romains ayant régné de 117 à 285 de notre ère ;présentation bilingue latin/ français, texte traduit par A.Chastagnol ; édité par R.Laffont, à Paris, en 1994.

HomèreL’Iliade - présentation bilingue grec / français, de C. M. Cluny ; texte traduit par F. Mugler ;édité par Editions de la Différence, à Paris, en 1989.L ‘ Odysée - présentation bilingue grec / français, de M. Butor ; texte traduit par F. Mugler ;édité par Editions de la Différence, à Paris, en 1991.

LucienPhilosophes à Vendre - Extraits des Oeuvres complètes de Lucien ; texte traduit du grec par E. Talbot, édité par Hachette en 1866 ;repris par Rivages, à Paris, en 1992.

Marc - AurèlePensées pour moi-même - texte français traduit du grec par Mario Meunier; édité par Flammarion, à Paris, en 1964.

MartialEpigrammes - présentation bilingue latin/français, texte traduit par J.Malaplate ; édité par Gallimard, à Paris, en 1992.

PerseSatires - présentation bilingue latin / français, texte traduit par B.Pautrat ; édité par Imprimerie Nationale, à Paris, en 1995.

PhilostrateApollonius de Tyane - Sa vie, ses voyages, ses prodiges - Ses Lettres.Texte traduit du grec par A.Chassang ; édité par Didier et Cie, à Paris, en 1862.Le séjour d’un Dieu parmi les Hommes - par Mario Meunier, selon Philostrate ; édité par Editions d’ Aujourd’hui, à Paris, en 1978.

PlotinDu Beau - texte traduit du grec par P.Mathias ; édité par Presses Pocket, à Paris, en 1991.

p. 155

Le Christianisme Romain en questions

PorphyreL’ Antre des Nymphes dans l’Odyssée - présentation bilingue grec / français, texte établi par un « séminaire « de l’université de Buffalo,et traduit par Y. Le Lay ; édité par Verdier, à Lagrasse ( Aude ), en 1989.La Philosophie de Porphyre et la Question de l’Interprétation - par G. Lardreau, dans le même ouvrage.La Vie de Plotindeux volumes :- dans le premier, Travaux préliminaires et Index Grec complet, par L. Brisson, M.O. Goulet-Cazé, R.Goulet, et D. O’Brien ;édité par J. Vrin, à Paris, en 1982 ; préface de J.Pépin.- dans le second, Etudes d’Introduction, Texte grec et traduction française, Com-mentaire, Notes et Bibliographiepar L. Brisson, J.L. Cherlonneix, M.O. Goulet-Cazé, R.Goulet, M.Grmek, J.M. Fla-mand, S. Matton, D. O’Brien, J.Pépin, H. Saffrey,A. Segonds, M. Tardieu, et P. Tillet ;édité par J.Vrin, à Paris, en 1992 ; préface de J. Pépin.

Les Satiriques Latins :Juvénal, Perse, Lucilius, Turnus, Sulpicia.textes traduits par E.Despois ; édité par Hachette, à Paris, en 1864.

SénèqueDe la Tranquilité de l’Âme - texte établi par R. Waltz et traduit du latin par C.Lazam ; édité par Rivages, à Paris, en 1988.

SuétoneLes Douze Césars - présentation bilingue latin / français, texte traduit par E.Pessonneaux ; édité par Charpentier et Cie, à Paris, en 1875.Les Pages Immortelles de Suétone - par R.Vailland ; édité par Editions du Rocher, à Paris, en 2002.

Tite - LiveLa Fondation de Rome - Extrait de « Histoire de Rome « texte latin traduit par A. Flobert, présentation de C. Garcia ;édité par Flammarion, à Paris, en 1999.

VirgileL’ Enéide - texte traduit par P. Klossowski, édité par A. Dimanche, en 1989.L ‘ Eneide - texte traduit par J. Perret, édité par Gallimard, à Paris, en 1991.L ‘ Enéide - présentation bilingue latin / français, de C. M. Cluny ; traduction de J. P. Chausserie-Laprée ;édité par Editions de la Différence, à Paris, en 1993.

p. 156

Le Christianisme Romain en questions

d) Autres Auteurs

P. AllardHistoire des persécutions - 2 volumes - édité par Librairie V. Lecoffre, à Paris,en 1886/1887.

R. AlterL’art du récit biblique - texte traduit de l’anglais par P.Lebeau et J.P. Sonnet ;édité par Lessius, à Bruxelles; diffusion par Le Cerf, à Paris, en 1999.

E. AnatiLa religion des origines - texte traduit de l’italien par P. Michel; édité par Bayard, à Paris, en 1999.

Abbé AnsaultLe Culte de la Croix avant Jésus - Christ - édité par E. de Soye et Fils, à Paris, en 1889.

A. ArnaudLa résolution de Tertullien - édité par Le Cerf, à Paris, en 1986.

H. ArquillèresSaint Grégoire VII et sa conception du pouvoir pontifical - édité par J. Vrin, à Paris, en 1934.

C. AutranMithra, Zoroastre, et la préhistoire aryenne du christianisme - édité par Payot, à Paris, en 1935.

Ville d’ AutunLes Manuscrits d’Autun / VIème - XVIIIème siècle.Collaboration de l’Institut de Recherche et d’Histoire des textes ( CNRS )édité par la Ville d’Autun, en 1995.

Aventure des EcrituresNaissances - Matières et formes - La page.édité par la Bibliothèque nationale de France en 1997, 1998, 1999.

A. BartoloniLe Pape / Dans l’intimité d’un homme -édité par R. Laffont, à Paris, en 2001.

J. BaruziProblèmes d’histoire des religions - édité par Félix Alcan, à Paris, en 1935.

p. 157

Le Christianisme Romain en questions

G. BachelardL ‘ Air et les Songes - édité par José Corti, à Paris, en 1943.

J. BaubérotLes retours aux Ecritures. Fondamentalismes présents et passés - présentation d’E. Patlagean et A. Le Boulluec.Le Fondamentalisme - Quelques hypothèses introductives.édité par Peeters, à Louvain, en 1993.

Bède le VénérableHistoire ecclésiastique du peuple anglais -en deux volumes ; texte édité par Les Belles Lettres, à Paris, en 1999.

J. BerthierL’église de Sainte Sabine à Rome - édité par Imprimerie Roma, à Rome, en 1910.

Y. BlancEnquête sur la mort de Gilgamesh - édité par les Editions du Félin, à Paris, en 1991.

G. BoissierLa Fin du Paganisme. Etude sur les dernières luttes religieuses en Occident au quatrième siècle - en deux volumes ;édité par Hachette, à Paris, en 1903.Etudes sur la vie et les ouvrages de Varron - édité par Hachette, à Paris, en 1861.La Religion romaine - édité par Hachette, à Paris, en 1884.

P. BorgeaudLa Mère des dieux / De Cybèle à la Vierge Marie -édité par Le Seuil ; à Paris, en 1996.

J. BottéroBabylone et la Bible - édité par Les Belles Lettres, à Paris, en 1994.La religion babylonienne - édité par Les Presses Universitaires de France, à Paris, en 1952.L’ Epopée de Gilgamesh - édité pat Gallimard, à Paris, en 1992.Naissance de Dieu / La Bible et l’historien - édité par Gallimard, à Paris, en 1986.Au commencement étaient les dieux - présenté par J. C. Carrière ; édité par Tal-landier, à Paris, en 2004.Il était une fois la Mésopotamie - édité par Découvertes Gallimard, à Paris ; avec la collaboration de M. J. Stève.Babylone / A l’aube de notre culture - édité par Découvertes Gallimard, à Paris, en 1994.La plus vieille religion / En Mésopotamie - édité par Gallimard, à Paris, en 1998.Mésopotamie / L’écriture, la raison et les dieux - édité par Gallimard, à Paris, en

p. 158

Le Christianisme Romain en questions

1987.L’Orient ancien et nous - Chaire de l’I.M.A. ; en collaboration avec C. Herrensch-midt, J. P. Vernant;édité par Albin Michel, à Paris, en 1996.Initiation à l’Orient ancien - Contributions de P. Chuvin, A. Finet, B. Lafont,J.M. de Montrémy, G. Roux; édité par Le Seuil, à Paris, en 1992.

J. BoulnoisLe caducée et la symbolique dravidienne indo-méditerranéenne de l’arbre, de la pierre, du serpent et de la déesse - mère -texte édité par Librairie d’Amérique et d’ Orient, à Paris, en 1939.

P. BoyerEt l’homme créa les dieux - édité par Gallimard, à Paris, en 2004.

A. BreuilL’Invention de la Préhistoire - édité par Presses Pocket, à Paris, en 1992

P. BrownL’Essor du Christianisme occidental - édité par Le Seuil, à Paris, en 1997.

D. BurrHistoire de P. Olivi, franciscain persécuté - texte traduit par F. X. Putallaz ; édité par Le Cerf, à Paris, en 1997.

M. CamilleLe Monde gothique - édité par Flammarion, à Paris, en 1966

L. CanforaLa véritable histoire de la Bibliothèque d’Alexandrie - édité par Desjonquères, à Paris, en 1988.

E. CantarellaLes peines de mort en Grèce et à Rome / Origines et fonctions des supplices capitaux dans l’Antiquité classique -texte traduit de l’italien par N. Gallet ; édité par Albin Michel, à Paris, en 2000.

J. CarcopinoLa Vie quotidienne à Rome à l’apogée de l’Empire- édité par Hachette, à Paris, en 1939.Etudes d’histoire chrétienne :Le Christianisme secret du Carré magique ; Les Fouilles de Saint-Pierre et la Tradition -édité par Albin Michel, à Paris, en 1953.La Basilique Pythagoricienne de la Porte Majeure- édité par L’Artisan du Livre, à Paris, en 1926.Profils de Conquérants

p. 159

Le Christianisme Romain en questions

- édité par Flammarion, à Paris, en 1961.Aspects mystiques de la Rome païenne- édité par L’Artisan du Livre, à Paris, en 1941.De Pythagore aux Apôtres / Etudes sur la conversion du Monde romain- édité par Flammarion, à Paris, en 1956.

B. CerquigliniEloge de la variante - Histoire critique de la Philologie - édité par Le Seuil, à Paris, en 1989.

J. P. Changeux - A. ConnesMatière à pensée - édité par Odile Jacob, à Paris, en 1989.

E. ChiéraLes tablettes babyloniennes / Ce qu’on écrivait sur l’argiletraduit de l’anglais ( américain ) par J. Marty ; préface du Dr Contenau.édité par Payot, à Paris, en 1941.

Y. ChristeJugements derniers- édité par Zodiaque, à La Pierre qui Vire ( Yonne ), en 1999.

P. ChuvinChronique des derniers paiens- édité par Les Belles Lettres, à Paris, en 1990.

C. CohenLa Femme des origines - édité par Herscher, à Paris, en 2003.

G. ContenauLa civilisation des Hittites et des Mitaniens- édité par Payot, à Paris, en 1934.Le Déluge babylonien- édité par Payot, à Paris, en 1941.

J. N. Corvisier / W. SuderLa Population de l’Antiquité classique - édité par P.U.F.» Que sais-je ?», à Paris, en 2000.

B. CyrulnikLes nourritures affectives - édité par Odile Jacob, à Paris, en 1993.

F. DagognetEcriture et Iconographie - édité par J. Vrin, à Paris, en 1973.

p. 160

Le Christianisme Romain en questions

G. DalmanLes Itinéraires de Jésus / Topographie des évangiles - édité par Payot, à Paris, en 1930.

R. DamasioL’ Erreur de Descartes - texte édité par Odile Jacob, à Paris, en 1995.

J. DaniélouL’ Eglise des premiers temps - Des origines à la fin du IIIème siècle- édité par Le Seuil, à Paris, en 1985.Les Origines du Christianisme latin- édité par Le Cerf, à Paris, en 1991.Message évangélique et culture hellénistique aux IIème et IIIème siècles- Imprimatur du 8 Mai 1961, du Vicaire général de Tournai ;édité par Desclée, à Tournai, en 1961

M. DarakiUne religiosité sans Dieu / Essai sur les Stoïciens d’Athènes et Saint Augustin -édité par La Découverte, à Paris, en 1989.

F. DecretLe Christianisme en Afrique du Nord ancienne- édité par le Seuil, à Paris, en 1996.

C. DelacampagneUne histoire de l’esclavage / De l’Antiquité à nos jours- édité par Le Livre de Poche, à Paris, en 2002.

R. Delort ( sous la direction de )La France de l’An Mil -Etudes rassemblées par Iogna-Prat ; édité par le Seuil, à Paris, en 1990.

A. DesreumauxHistoire du roi Abgar - édité par Brépols, à Turnhout, en 1993.

M. Détienne ( sous la direction de )Transcrire les Mythologies - édité par Albin Michel, à Paris, en 1994.Ouverture - par M. DétienneQu’est-ce que la Tradition ? - par G. Lenclud

E. R. DoddsLes Grecs et l’irrationnel - édité par Flammarion, à Paris, en 1977.

L. DoutreleauMosaïques - Anthologie des Sources Chrétiennes ; édité par Le Cerf, à Paris, en 1993.

p. 161

Le Christianisme Romain en questions

R. DragonettiLe Mirage des Sources -L’Art du faux dans le roman médiéval - édité par Le Seuil, à Paris, en 1987.

E. DrewermannDieu en toute liberté- texte édité par Albin Michel, à Paris, en 1997.texte traduit de l’allemand par C. Maillard.L’ Evangile de Marc / Images de la rédemption- édité par Le Cerf, à Paris, en 1993texte traduit de l’allemand par J.P. Bagot.De la naissance des dieux à la naissance du Christ- édité par Le Seuil, à Paris, en 1992.texte traduit de l’allemand par J. Feisthauer.Le testament d’un hérétique ou la dernière prière de Giordano Bruno -texte traduit de l’ allemand par C. Grünbeck ; édité par Albin Michel, à Paris, en 1994.

G. DubyL’ Histoire continue - édité par Odile Jacob, à Paris, en 1991.

L. DuchesneLes Premiers Temps de l’Etat Pontifical- édité par Fontemoing et Cie, à Paris, en 1911.Histoire ancienne de l’Eglise- en trois volumes ; édité par Fontemoing et Cie, à Paris, de 1908 à 1910.L’Eglise auVIème siècle- édité par E. de Boccard, à Paris, en 1925.

F. DupontL’ Invention de la Littérature - édité par Editions de la Différence, à Paris, en 1994.

G. DumézilMythes et Dieux des Indo - Européens- édité par Flammarion, à Paris, en 1992.Les Dieux des Indo - Européens- édité par Les Presses Universitaires de France, à Paris, en 1952.

J. P. DumontLes Présocratiques- édité par La Pléiade, à Paris, en 1988/1989.collaborations de F. Delatre et J. L.Perrin.

p. 162

Le Christianisme Romain en questions

E. DujardinLa Première Génération Chrétienne : Son destin révolutionnaire- édité par A. Messein, à Paris, en 1935.U. EcoL’Oeuvre ouverte- texte traduit de l’italien par C. Roux de Bézieux ; édité par Le Seuil, à Paris, en 1965.La guerre du faux- texte traduit de l’italien par M. Tanant ; édité par Grasset, à Paris, en 1985.Les limites de l’interprétation- texte traduit de l’italien par M. Bouzaher ; édité par Grasset, à Paris, en 1992.

R. EisslerKant - Lexikon- édité par Gallimard, à Paris, en 1994.

J. Elayi - J. Sapin Nouveaux Regards sur la Transeuphratène- édité par Brepols, à Turnhout, en 1991.Collection « Mémoires premières « dirigée par J.C. Picard.

M. Eliade Les aspects du mythe- édité par Gallimard, à Paris, en 1963.Le Profane et le Sacré- édité par Gallimard, à Paris, en 1965.

R. Farney La religion de l’Empereur Julien- édité par F. Alcan, à Paris, en 1934.

A. J. FestugièreTrois Dévots paiens- édité par La Colombe / Le Vieux Colombier, à Paris, en 1944.L’enfant d’ Agrigente- édité par Plon, à Paris, en 1950.La vie spirituelle en Grèce à l’époque hellénistique- édité par Picard, à Paris, en 1977.

M. FinleyOn a perdu la guerre de Troie- édité par Les Belles lettres, à Paris, en 1990.Les anciens grecsédité par La découverte, à Paris, en 1993.

I. Finkelstein / N. A. SilbermanLa Bible dévoilée / Les nouvelles révélations de l’archéologie -texte traduit de l’anglais ( américain ) par P. Ghirardi ; édité par Bayard, à Paris, en 2002.

p. 163

Le Christianisme Romain en questions

A. FranceRabelais ou l’esprit français- édité par les Editions de l’Arsenal, à Paris, en 1994.

M. L. von FranzL ‘ Ane d’Or- édité par La Fontaine de Pierre, à Paris, en 1981.

S. FreudL’avenir d’une illusion- texte traduit de l’allemand par A.Balseinte, J.G.Delarbre et D. Hartmann; édité par P. U. F., à Paris, en 1995.

A. GarganiLa religion- édité par Le Seuil, à Paris, en 1994.avec la collaboration de J. Derrida, G. Vattimo, H. Gadamer.

P. J. GearyLa mémoire et l’oubli à la fin du premier millénaire- texte traduit de l’anglais ( américain ) par J. P. Ricard ; édité par Aubier, à Paris, en 1996.Le vol des reliques au Moyen Âge- texte traduit de l’anglais ( américain ) par P. E. Dauzat; édité par Aubier, à Paris, en 1993Naissance de la France / Le Monde mérovingien- texte traduit de l’anglais ( américain ) par J. Carlier et I. Détienne ; édité par Flammarion, à Paris, en 1989.Quand les Nations refont l’Histoire / L’invention des origines médiévales de l’Eu-rope- texte traduit de l’anglais ( américain ) par J. P. Ricard ; édité par Aubier, à Paris, en 2004.

P. Geoltrain ( sous la direction de )Aux Origines du Christianisme- Introduction par P. Geoltrain / La Persécution sous Dioclétien par L. Pietri.édité par Gallimard, à Paris, en 2000.

A. Giardina ( sous la direction de )L ‘ Homme Romain- édité par Le Seuil, à Paris, en 1992.textes de : J. Andreau, J.M. Carrié, A. Giardina, J. Kolendo, J.P. Morel, C. Nicolet, J. Scheid, A. Schiavone, B.D. Shaw, Y. Thébert, P. Veyne, C.R. Whittaker

p. 164

Le Christianisme Romain en questions

A. GrandaziLa fondation de Rome- édité par Les Belles Lettres, à Paris, en 1991.

J. W GoetheLe Serpent vert- texte traduit par J.J. Briu ; édité par Eole, à Paris, en 1992.

A. GrabarLe premier art chrétien- édité par Gallimard, à Paris, en 1966.

A. GraftonFaussaires et Critiques- texte traduit de l’anglais ( américain ) par M. Carlier ; édité par Les Belles Lettres, à Paris, en 1993.Les Origines tragiques de l’Erudition- texte traduit de l’anglais ( américain ) par P. A. Fabre : édité par Le Seuil, à Paris, en 1998.

Grégoire de ToursHistoire des Francs- texte traduit du latin par R. Latouche ; édité par Les Belles Lettres, à Paris, en 1999.

O. GuyotjeanninLes sources de l’histoire médiévale- édité par le Livre de Poche, à Paris, en 1998.

M. HalbwachsLa topographie légendaire des évangiles en Terre Sainte- édité par les Presses Universitaires de France, à Paris, en 1971.La mémoire collective - édité par Albin Michel, à Paris, en 1997.

E. HardingLes Mystères de la femme dans les temps anciens et modernes / Interprétations psychologiques de l’âme féminine -Introduction de C. G. Jung ; texte traduit par E. Mahyère ; édité par Payot, à Paris, en 1953.

M. HarlLa Bible grecque des Septante ; en collaboration avec G. Dorival, et O. Munnich -édité par Le Cerf, à Paris, en 1988.

p. 165

Le Christianisme Romain en questions

R. HarrisonRome, la pluie / A quoi bon la littérature ? - édité par Flammarion, à Paris, en 1994.

HengelLa Crucifixion dans l’Antiquité et la folie du message de la croix -texte traduit de l’allemand par A. Chazelle ; édité par Le Cerf, à Paris, en 1981.

P. HochartEtudes d’histoire religieuse - édité par E. Thorin, à Paris, en 1890.

D. Iogna - PratOrdonner et Exclure / Cluny et la société chrétienne, de 1000 à 1150 - édité par Aubier, à Paris, en 1998.

L. JerphagnonLe divin César - Etude sur le pouvoir dans la Rome impériale - édité par Tallandier, à Paris, en 1991.Vivre et philosopher sous l’empire chrétien - édité par Privat, à Toulouse, en 1983.

H. JonasLe Concept de Dieu après Auschwitz -texte traduit de l’allemand par P. Ivernel ; édité par Rivages, à Paris, en 1994.La Religion gnostique - édité par Flammarion, à Paris, en 1978.Le Droit de mourir - texte traduit de l’allemand par P. Ivernel ; édité par Rivages, à Paris, en 1996.Pour une éthique du futur - texte traduit de l’allemand et présenté par S. Cornille et P. Ivernel ; édité par Rivages, à Paris, en 1998.

JordanèsHistoire des Goths - texte traduit par O. Devillers ; édité par Les Belles Lettres, à Paris, en 1995.

C.G. JungPsychologie et Religion - texte traduit de l’allemand par M. Bernson, et G. Cahen ; édité par Buchet - Chastel, à Paris, en 1958.L ‘ Essence de la Mythologie - en collaboration avec C. Kerenyi - édité par Payot, à Paris, en 1980.Le divin dans l’homme - lettres sur les religions choisies et présentées par M. Cazenave;édité par Albin Michel, à Paris, en 1999.

H. Koester - F. BovonGenèse de l’Ecriture chrétienne - Mémoires premières - collection sous la direction de J.C. Picard - édité par Brepols, en 1991.

p. 166

Le Christianisme Romain en questions

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S.WilliamsDioclétien- Le renouveau de Rometexte traduit de l’anglais par A. d’Hautcourt; édité par Infolio, à Paris, en 2006

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p. 173

Le Christianisme Romain en questions

ICONOGRAPHIE

Le Culte impérial romain et le Christianisme constantinien

Aux temps des paléo-chrétiens.

Comme tous les peuples autrefois dissé-minés dans l’aire géographique indo-euro-péenne, les anciens Romains pensaient que leurs rois, ou chefs assimilés:Consuls, Généraux victorieux.....,possédaient une origine «divine»; croyance que «la Révélation d’Hermès Trismégiste» théologisera à la fin du 2ème siècle de notre ére, en affirmant qu’ un roi était à la fois « le dernier (né) des dieux, et le premier des hommes» , qu’il pouvait, à ce titre, être gratifié de «songes divins» lui donnant les moyens, la chance, de vaincre ses ennemis et d’auréoler son règne.Bien avant la publication de ce texte, les historiens romains ( Polybe, Tite-Live, Plu-tarque, Suétone...etc. ) avaient, par exemple, disserté sur les « songes divins «de Scipion l’Africain et ses entretiens avec les dieux visités dans leurs temples, grâce auxquels l’Africain avait permis à Rome de vaincre, en 202 avant notre ère, sa grande rivale Carthage ( grâce aussi à l’implantation du culte de Cybèle, Mère des dieux ).

Ces historiens avaient également célébré la «felicitas» la chance accordée par les dieux à divers hommes politiques et Généraux, comme Sylla, Pompée...etc., puis finalement vénéré le «divin» Jules César, pour lequel un temple fut érigé sur le Forum de l’Urbs, peu avant l’institution de l’Empire d’Auguste.

AUGUSTE ( 27 / 14 )premier Empereur romain

descendant de Vénus par la Gens Ju-lia, fils d’Apollon par sa mère Atia

p. 174

Le Christianisme Romain en questions

Avec le Principat d’Auguste, son appar-tenance à la Gens Julia et la révélation de son origine apollinienne, du fait de l’union «sacrée» de sa mère Atia avec le dieu solaire dans le temple d’Escula-pe-Apollon de l’île tibérine, permirent au culte de l’Empereur vivant de se répandre dans tout l’Empire, * non seulement par l’édification de temples, dédiés à son Numen, dans les cités les plus diverses ( on trouvera ci-après, à titre d’exemples, quelques reproductions de monuments érigés à la mémoire d’un Empereur vivant )

* mais aussi par l’introduction de statuettes à son effigie dans les laraires fami-liaux et gentilices;

* et par l’érection d’autels spécifiques consacrés à perpétuité à sa «divinité», comme en témoigne l’autel élevé le 29 Septembre de l’an 11 de notre ère par la po-pulation de Narbonne, en exécution d’un voeu, pour «apporter bonheur, prospérité et chance à l’Empereur César-Auguste, fils du Divus...»; la population de Narbone, en érigeant cet autel sur le forum de la cité, s’engageait « à rendre un culte perpétuel à la divinité d’Auguste.....pour qu’elle lui soit favorable et propice...».

A Rome,temple de Jules Cesar «divinisé»,sur le Forum.

Temple d’Auguste et de Livie à Vienne (Isère )

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Le Christianisme Romain en questions

Temple de l’Empereur Vespasien ( 69/79 ) à Pompeï

Temple de Vespasien et de Titus (79/81), sur le Forum à Rome

Temple d’Hadrien (117/136) à Ephèse

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Le Christianisme Romain en questions

Par ses multiples manifestations, le culte impérial créait entre le dieu-Empereur, «Père de la Patrie», (c’est à dire idéalement père de tous les citoyens romains), et chacun de ceux-ci un lien individuel politico-religieux qui cimentait l’unité de l’Empire malgré la singularité de ses diverses populations.A cet égard, le geste décisif fut accompli en l’an 212 de notre ère par Caracalla, qui accorda la citoyenneté romaine à toutes les personnes de statut libre vivant dans l’Empire, les obligeant ainsi à rendre le culte dû à sa «divinité»; l’Empire, unifié dans le culte du Prince, ne comptait plus désormais que des adorateurs «fidèles» du dieu-Empereur.

Temple de Septime Sévère (193/211)à Djemila

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Le Christianisme Romain en questions

Après avoir accordé la citoyenneté romaine à tous les habitants de l’Empire, de statut libre, il fit construire des thermes somptueux à Rome, dans un but politique affirmé; cet établissement de bains, agrémenté de gymnases et de bibliothè-ques, était, en effet, ouvert à tout le monde; les esclaves et les prolétaires pouvaient profiter des mêmes installations luxueuses que les citoyens les plus riches.

Dans la succession de Caracalla, l’Empereur Ela-gabale ( 218/222 ), prêtre et fils du Sol invictus d’Emèse, fit construire à la gloire du Soleilson père, et à la sienne-propre, deux temples magnifiques à Rome, dont l’un, situé vraisemblable-ment à l’emplacement de l’église actuelle Sainte-Croix de Jérusalem, comprenait de hautes tours,

d’où l’Empereur distribuait des dons aux foules rassemblées aux pieds du monu-ment.

L’Empereur Caracalla ( 212/217 )

Ruines d’un des temples d’Elagabal à Rome

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Le Christianisme Romain en questions

La disparition brutale de Sévère Alexandre fut suivie d’une période de véritable anarchie militaire; au moins, 20 Empereurs se succédèrent à Rome en 50 ans, de 235 à 284, compte non tenu des Empe-reurs gaulois. Le règne de chacun fut trop court et bouleversé par des luttes incessantes contre des compétiteurs et des Barbares pour que l’un d’entre eux pût se préoccuper du culte de sa personnalité. Toutefois, deux exceptions sont à signaler avec Dèce ( 250/251 ), et Valérien ( 253/260 ) décédé après avoir été capturé en 260 par Shapur, empereur des Perses. Dèce, plus précisément, fut conscient du lien particulier que le culte impérial établissait entre un Empereur vivant et chacun de ses sujets; aussi, or-donna-t-il par décret que tout citoyen participerait obligatoirement à un culte voué à sa «divinité»; cet ordre fut suivi par la population dans une très large majorité, sauf quelques citoyens «chrétiens» oppo-sés à l’organisation de la Société romaine.Ainsi naquit la première «grande persécution» qui donna l’occasion à Cyprien d’envoyer de nombreuses lettres à sa communauté de Carthage dont il s’était

préventivement éloigné, dès l’an 249, bien que son évêque.Valérien, pour les mêmes raisons, déclencha une deuxième «grande persécution» à partir de 257, qui entraîna notamment le supplice du même Cyprien, le 14 Sep-tembre 258.

Sévère Alexandre « Divinisé» à 27 anspar le Sénat romain

après 13 ans de règne.

Statue de Cyprien de Carthage, décapité le 14 Septembre 258.

Le «Divin» Aurélien ( 270/275) .Il réussit à rétablir l’intégrité

de l’Empire romain; il s’est désigné lui-même deus et dominus

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Le Christianisme Romain en questions

En 270, survint un événement qui devait avoir, notamment dans le domaine reli-gieux, des conséquences insoupçonnables: l’accession au trône impérial d’Auré-lien, successeur de Claude le Goth ( 268/270 ), mort prématurément de la peste à Sirmium, en Août 270. Non seulement Aurélien se révéla un administrateur très compétent et un guerrier valeureux qui rendit en cinq années seulement sa gloire passée à Rome, mais il institua, dès le 25 Décembre 274, une cérémonie du culte impérial dédiée au Nouveau Soleil ( Noël ), répétée régulièrement, depuis lors, à chaque solstice d’hiver; cette fête de Noël devait être intégrée totalement dans son rituel, dès le 25 Décembre 335, par le christianisme de Constantin ( 307/337 ) et devenir aujourd’hui une fête universelle;les circonstances de cette création ont été les suivantes : Encouragé par ses succès rapides, bien que difficiles parfois, sur diverses tribus germaniques: Vandales, Goths, Sarmates, Marcomans, Juthunges...etc, Aurélien (initiateur du Mur de Rome) décida en 272 de faire rentrer dans le cadre de l’Empire le royaume de Palmyre, qui avait fait sécession en 258 et contrôlait de fait les ter-ritoires situés entre l’Egypte et l’Empire Perse. Il envahit la Syrie, gagna la bataille d’ Immae sur la reine Zénobie, prit Antioche, Tyane ( ville du célèbre Apollonius) et se lança à la poursuite des Palmyréniens en direction d’Emèse, au sud. Là, se trouvait le temple du Sol invictus, figuré comme Cybèle par une météorite noire, que l’Empereur Elagabal avait, en 218/219, transporté à Rome, où l’on célébra le culte du dieu jusqu’à la mort de l’Empereur, en 222, événement qui décida du retour de la météorite à Emèse.

Il existait, donc, entre les Romains et le dieu d’Emèse des liens puissants dont la force augmentait du fait de la situation personnelle d’Aurélien. Ce-lui-ci, en effet, né dans les Balkans, était le fils du régisseur , vraisembla-blement un affranchi, du très riche Sénateur Aurelius, membre de l’anti-que et célèbrissime Gens des Aurelii. Son père et lui-même faisaient partie de la clientèle de la Gens, dont ils portaient le nom; ils étaient, en quel-que sorte, devenus des Aurelii d’adop-tion, Aurélii dont le Soleil était le dieu gentilice. De plus, selon la légende, la mère de l’Empereur était une prê-tresse du Sol invictus. Si bien que, Aurélien ayant établi son camp dans

l’environnement du temple d’Emèse, le dieu tint à le visiter en songe pour lui don-ner des conseils grâce auxquels, à la reprise des hostilités, l’armée romaine l’em-porta sur les Palmyréniens; la reine Zénobie fut arrêtée alorsqu’elle tentait de fuir en Perse sur un dromadaire rapide.Le retour du royaume de Palmyre dans le giron de l’Empire fut définitivement

Emèse, Temple du Sol invictus figuré par une météorite noire;

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Le Christianisme Romain en questions

acquis en 273. Cette victoire provoqua chez l’Empereur l’ambition d’agir de même avec l’Empire gaulois, dont il vainquit le dernier maître, Tetricus, l’année suivante. A l’automne 274, l’Empire romain était enfin réunifié.Ces résultats, d’autant plus brillants que totalement inattendus, manifestaient avec éclat, universellement, que la Chance, la Felicitas «divine» accompagnait continuellement les actes d’Aurélien, et prouvaient surabondamment, selon les croyances de ces temps-là, son origine «sacrée», sa filiation Solaire, sa qualité de «Nouveau Soleil», dont Aurélien était intimement persuadé, sa qualité de «Noël» ( neos helios, nouveau soleil,abrégé en Noël ), titre qu’avaient déjà porté plusieurs de ses prédécesseurs.C’est à la fois pour remercier son Père de son aide victorieuse et renforcer les principes du culte impérial qu’Aurélien, en 274, consacra un nouveau temple au Soleil, près du Mausolée d’Auguste; il décida, en outre, en exécution d’une intuition purement géniale, que chaque année, le 25 Décembre, serait célébré un culte à l’Empereur vivant, Nouveau Soleil. Cette date présentait l’avantage de clore par un service religieux les Saturnales annuelles commençant le 17 Décembre, occasions de réjouissances diverses, et d’assimiler symboliquement la naissance de l’Empe-reur vivant à l’événement météorologique du retour de la lumière à compter du solstice d’hiver. Les cérémonies de Noël s’établirent ainsi pour un temps toujours actuel, unissant, à l’origine, dans le culte d’adoration de l’Empereur vivant, tous ses sujets, sans provoquer une résistance quelconque de la part des chrétiens, tant les mérites d’Aurélien paraîssaient indiscutables;d’autant moins discutables qu’il mourut assassiné, en Septembre/Octobre 275, par des membres de la garde prétorienne parce qu’il voulait protéger son administra-tion de toute corruption.

Le «divin» Aurélien était le fils du Sol Invictus;il était le Nouveau Soleil, Neos Helios,en abrégé Noël, apparaîssant sym-boliquement à chaque 25 Décembre.Génial inventeur de la fête du même nom, il a renforcé l’efficacité du culte impérial non seu-lement en donnant un terme religieux aux Sa-turnales annuelles fêtes suivies par la population entière, y compris les es-

claves, mais encore en faisant de sa naissance symbolique au solstice d’hiver le point d’irruption du flux de lumière diurne grandissant jusqu’au Printemps;cette naissance devenait le préalable nécessaire à la résurrection de la Nature à

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Le Christianisme Romain en questions

l’équinoxe vernal, et s’inscrivait dans le culte universel de la Fécondité pratiqué dans une Société dont l’économie dépendait entièrement de l’agriculture

Les dix années qui ont séparé la mort d’Aurélien ( 275 ) de l’avènement de Dio-clétien ( 284 ) ont été assurément parmi les plus agitées de ce temps d’anarchie. Le successeur immédiat d’Aurélien, nommé Tacite, avait été le président du Sénat romain; son règne dura six mois, avant qu’il ne fût à son tour assassiné, au cours d’une expédition militaire, à Tyane en Syrie du Nord. C’est son demi-frère, Florien, qui accéda au trône; il fut lui aussi assassiné au bout de 88 jours.

En Septembre 276, arriva Probus, guerrier valeureux souvent comparé à Aurélien. Il combattit les Barbares envahisseurs, d’abord dans les provinces occidentales, puis orientales; mais dès les débuts de 280, il dut affronter divers usurpateurs, d’abord en Allemagne ensuite en Syrie; il fut assassiné en Septembre 282, près de Sirmium, par des sbires soutenant le préfet du prétoire Carus.Les historiens ont habituellement présenté Probus comme un Empereur travailleur et valeureux, tué par des subordonnés déloyaux et corrompus.

Carus ressentit immédiatement la difficulté pour un seul homme de faire respecter les limites de l’Empire; c’est pourquoi, le 1er Janvier 283, il confia le gouvernement des provinces occidentales à son fils Carin, tandisqu’ il se chargeait de contrôler l’Orient avec l’aide de son deuxième fils Numérien. Au Printemps de cette année, il engagea une campagne contre les Perses; toutefois, en Juillet 283, il fut foudroyé dans son camp sur les rives du Tigre; mais l’on raconta qu’en fait il avait été tué par Aper, préfet du prétoire. Numérien lui succéda aussitôt; malheureusement, il contracta, peu après, une très grave infection des yeux, qui le rendit pratiquement aveugle. Numérien resta en Syrie jusqu’au début de 284, puis se dirigea vers le Bosphore, dans une litière fermée. Il fut à son tour assassiné par Aper, son beau-père; la nouvelle s’en répandit à l’automne 284. En Novembre, Aper fut accusé de meurtre et exécuté par Dioclétien, acclamé par les troupes d’Orient comme Empereur à la place de Numérien.Le frère de Numérien, Carin, conduisit les troupes d’Occident au devant de Dio-clétien, en 285;la bataille eut lieu à la fin de l’été près de Margus ( Morava, près de Belgrade ). Carin parut l’emporter, mais fut tué par un de ses officiers. Ses troupes rejoignirent alors celles de Dioclétien, qui devint donc l’unique maître de l’Empire; une ère nouvelle s’ouvrait pour celui-ci où, durant ces dix années passées, la fête de Noël avait été, chaque année, célébrée avec ferveur, perpétuant le souvenir du grand Aurélien.

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Le Christianisme Romain en questions

L’avènement de Dioclétien marqua le début d’un gouvernement si efficace et béné-fique pour l’Empire romain que l’année 284 devint rapidement, dans le décompte du temps, l’année 1 d’ une nouvelle ère, l’ère de Dioclétien, mode de calcul utilisé au moins jusqu’en l’an 247, soit l’an 525 de notre ère, date de mise au point du comput pascal attribué à Denys le Petit. ( vraisemblablement, l’utilisation de la datation dioclétienne fut beaucoup plus longue )

La première décision majeure de l’Empereur fut de reprendre à son compte l’idée de Carus de partager le commandement militaire pour mieux résister à la poussée des divers peuples Barbares, aussi bien à l’Ouest qu’en Orient. Dès la fin de 285, Dioclétien confia le contrôle des provinces occidentales à l’un de ses généraux, loyal et valeureux, du nom de Maximien, en tant que coempereur; puis en Mars 293, l’un et l’autre se choisirent un successeur titularisé César: Maximien adopta son préfet du prétoire, Constance ( père de Constantin), marié déjà depuis 4 ans à sa belle-fille Théodora; Dioclétien fit de même avec Galère qui épousa sa fille Valéria en Juin 293. La tétrarchie était instituée.

Le «divin» Dioclétien ( 284/305 )appelé Dioclès ou «la Gloire de Jupiter»

jusqu’en 284, puis ensuite Dioclétien;autrement dit: «l’Empereur choisi

par Jupiter»

Temple de Dioclètien dans son palaisde Split;

le temple était aussi consacréà Jupiter «père divin» de l’Empereur.Dioclétien fut « divinisé» par le Sénat

romain, à sa mort en 311.

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Le Christianisme Romain en questions

Dans le domaine du culte, Dioclétien innova en se situant dans la descendance de Jupiter au lieu de Sol Invictus.Son coempereur Maximien fut déclaré fils d’Hercule, et fut représenté sur ses mon-naies d’or en Hercule exécutant son premier travail en tuant le lion de Némée.Ce changement s’expliquait vraisemblablement par les origines familiales des deux personnages.Dioclétien, en effet, était le fils d’un simple affranchi client d’un riche Sénateur, qui n’appartenait pas à une Gens célébrissime comme celle des Aurelii et n’avait pas de dieu gentilice; au contraire d’Aurélien, qui, du fait de sa famille d’adoption, était fils du Soleil (Apollon,Mithra, ou Sol Invictus ). Cependant, le caractère tout à fait exceptionnel de la réussite de Dioclétien dans l’armée impériale, s’élevant en une vingtaine d’années de l’échelon le plus bas au pouvoir suprême, son cha-risme de meneur d’hommes rayonnant sur des troupes fidélisées et admiratives de ses vertus guerrières, son intelligence des situations dans l’adversité l’amenant à vaincre continuellement l’ennemi, tous ses actes, dans la croyance du temps, manifestaient l’assistance assidue de la Chance «divine», une origine «sacrée», dont le personnage lui-même était intimement convaincu. A cet égard, son histoire répétait celle d’Aurélien sauf qu’il devait deviner et désigner personnellement le dieu dont il était le fils, hors le Soleil. Il choisit le dieu romain le plus puis-sant de la mythologie: Jupiter dieu de la foudre dont il porta le nom, Dioclétien, c’est à dire « appelé par Jupiter» .Compte tenu des qualités de Maximien, il le fit représenter, comme Marc-Aurèle autrefois, sous les traits d’Hercule autre antique divinité romaine, figure mythifiée de la force victorieuse.

Les Tétrarques Arc de triomphe de la tétrarchie,dit aussi Arc de Dioclétien

à Sbeïtla ( Tunisie ), anciennement Sufetula.

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Des temples et des monnaies d’or rappelèrent aux populations ces filiations « surhumaines» , sans que fut supprimé le culte solaire institué pour Noël, le 25 Décembre .

Dioclétien quitta le pouvoir en 305 après 20 ans de gouvernement par le fait d’une démission qu’il fut le seul Empereur de tous les temps à donner, accompagné par son Col-lègue Maximien.Les deux dernières années furent troublées par la campagne déclenchée contre les chré-tiens, appelée « persécution de Dioclétien» alorsqu’elle fut inspirée et voulue par Ga-lère, César de l’Orient. Cette «persécution» devait marquer profondément les esprits du fait de sa durée de 20 ans dans les provinces orientales, jusqu’en 324, même si des répits assez longs intervinrent à partir de 311. En

Occident, elle fut appliquée diversement: sévèrement, en Italie et Afrique du Nord par Maximien puis son fils Maxence jusqu’en 312;modérément en Gaule par Constance Chlore préoccupé essentiellement de préparer ses campagnes contre les Pictes de ( Grande ) Bretagne.La création à Alexandrie de «l’ère des martyrs» et la propagande triomphaliste du christianisme après 325 ont donné à ces événements un contenu généralement faux à cause de la confusion entretenue habituellement, à l’époque, entre le «di-vin» et le politique, comme le manifeste, à l’évidence, le culte impérial, le culte de l’Empereur vivant. La chronologie vérifiée des années 280/285 de notre ère, donc peu avant la prise du pouvoir par Dioclétien, nous apprend qu’en ces temps, à Alexandrie, un homme du nom d’Arius, un Ancien, expérimenté, de la communauté chrétienne de la ville ( presbuteros, traduit postérieurement par prêtre ) prêchait avec for-ce et persuasion; il prônait que le dieu Sauveur attendu à la fin du Monde ( espérée très proche ) était un dieu secondaire; il reprenait à son compte, consciem-ment ou non, l’essentiel du contenu du «De pascha computus» écrit vers 243 par des chrétiens de la Proconsulaire tunisienne, selon lesquels leur dieu aurait été créé le 4ème jour avec le soleil et la lune, et, de ce fait, se tiendrait dans une situation inférieure, par rapport au Créateur, malgré sa nature de lumière.Les sermons d’Arius, formant peu à peu une véritable doctrine, diffusés d’abord en Orient puis en Occident, provoquèrent les réactions les plus vives et des dénéga-tions nombreuses de la part «d’épiscopes» ( évêques) estimant que leurs fonctions étaient minimisées par ces propos.Finalement, l’arianisme, doctrine d’Arius, déferla d’Est en Ouest comme un maels-tröm de malheurs sur les Collegia chrétiens de l’Empire, avivant les rivalités entre les «épiscopes», opposant les Communautés entre elles, laissant le mouvement chrétien tout entier dans un état voisin de celui qui, à Rome, un siècle auparavant, avait incité Celse à écrire son «Discours vrai» pour dénoncer la vive hostilité de

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chrétiens à l’encontre d’autres chrétiens devenus des adversaires avec lesquels ils n’avaient plus rien de commun. A la fin des années 300/303, cette anarchie interne arriva à créer de sérieux troubles d’ordre public, et fut encore aggravée par l’attitude de révolte de certains militaires chrétiens qui décidèrent de ne plus utiliser leurs armes pour obéir, disaient-ils, à leurs «livres sacrés». La situation générale devint si tendue en Orient que Galère, en 303 puis 305, soumit à Dioclétien, pour acquiescement, une série de mesures répressives, dont les principales consistèrent en la destruction des «livres sacrés» possédés par les Collegia, et la peine de mort pour tous ceux (esclaves ou personnes de statut libre) qui refuseraient de les remettre aux Autorités.La chrétienté étant devenue un ferment de dissolution de l’unité de l’Empire, on ordonna en même temps pour la rétablir la pratique obligatoire du culte impérial dans les temples de Jupiter et d’Hercule, nonobstant la célébration de la fête de Noël dans les temples du Soleil, chaque 25 Décembre. Ces dispositions furent appliquées très rigoureusement et la destruction des «livres saints» chrétiens aboutit pratiquement à leur disparition complète, au moins dans les centres urbains. L’arianisme, cependant, continua à être prôné et diffusé à tel point qu’au bout de 40 ans le Concile de Nicée, en 325, délibérant sous l’autorité personnelle de Constantin le Grand, dut le condamner comme hérétique après avoir stipulé que l’Empereur, Christ, Fils du Soleil, était un dieu à part entière: « vrai dieu de vrai dieu». Quelques évêques refusèrent ce dogme nicéen, sans doute par référence aux conditions de naissance de Constantin fils d’une ancienne esclave.Un certain Wulfila, parmi ces réfractaires, se réfugia chez les Wisigoths, vers 330, et les convertit à ses croyances. Les Wisigoths professèrent l’arianisme jusqu’en 587, date à laquelle leur roi Récarède, à Tolède, décida de se convertir au christianisme romain pour s’assurer le dévouement des esclaves «lettrés» de son Administration, et devenir, de ce fait, roi de «droit divin».

A dire le vrai, aucune des trois «grandes persécutions» : celles de Dèce, de Valérien, et de Dioclétien, n’a eu pour but d’éradiquer un culte

chrétien, puisque le mouvement chrétien ne s’apparentait en aucune manièreà une véritable religion.

Certes, à partir du règne de Caracalla, ce mouvement s’était implanté, pratique-ment, dans tous les centres urbains importants de l’Empire sous la forme légale d’associations d’entraide mutuelle dites Collegia, dont les sièges, diversement

situés, ne pouvaient pas être confondus avec des temples, même avec les antres mithriaques les plus obscurs, où l’on aurait exercé un culte;

les premières églises ont été construites à partir de l’année 313.Or, les temples sont les nécessaires demeures terrestres des divinités pour ras-

sembler les «fidèles» désireux de vénérer tel dieu identifié, et permettre à un personnel spécialement formé d’exprimer par ses gestes, chants

et paroles la doctrine dogmatisée concernant ce dieu. Une religion, outre son personel sacerdotal, a besoin d’une doctrine, d’une théologie complète,

constituant un corps de croyances partagées par les «fidèles» .Historiquement parlant, la première doctrine prônée par les chrétiens, convertis finalement à la divinité de Constantin le Grand, figure de leur Sauveur, forma le

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Credo du Concile de Nicée en 325.Assurément, les Collegia chrétiens adoptèrent progressivement des comportements manifestant une certaine religiosité. La plus significative fut la lecture, à chaque réunion, d’un passage ou chapitre de la Septante grecque, traduite en veteres latinae par des «lettrés» ayant été en poste à Alexandrie. Les chrétiens romains, après avoir décidé, en 144, d’expulser Marcion de leur com-munauté, firent leurs, totalement, ces textes primitivement juridiques, tenus pour «sacrés» puisque dictés par des rois hébreux dits «d’origine divine». Toutefois, les exemplaires de ces veteres possédés par les divers Collegia de la Ville compor-taient inévitablement des différences plus ou moins grandes, qui formèrent, dans le temps, des causes de rivalités et provoquèrent, dans les années 160/180, les graves incidents décrits par Celse.Finalement, dans les dernières décades du 2ème siècle, la lecture assidue des veteres amenèrent les chrétiens romains d’une part à s’imaginer être le nouveau peuple juif ( l’authentique ayant disparu en 135 ), et d’autre part à créer l’image mentale collective d’un dieu Vengeur, à la fin du Monde.Après 212, ces croyances infusèrent dans les Collegia créés dans les provinces impériales, ce qui ne suffit pas à établir une doctrine commune au mouvement, puisque les «épiscopes» , devenus les chefs des communautés, s’affrontèrent entre eux parfois violemment, allant jusqu’à s’excommunier mutuellement, par exemple Cyprien de Carthage contre Etienne de Rome en 256, et que la crise aigüe de l’aria-nisme, après 285, montra à l’évidence un profond désaccord doctrinalchez les paléo-chrétiens. Au reste, si l’on continuait à considérer le mouvement chrétien comme une religion du premier siècle de notre ère, adorant un dieu mort sur une croix et ressuscitant trois jours après, le jour du Printemps, on devrait constater que ce culte aurait été très proche de celui de Cybèle - Attis pratiqué à Rome, continûment et avec ferveur, depuis l’année 204 avant notre ère; pratique religieuse ayant permis à l’Urbsde vaincre sa rivale Carthage en 202 à Zama, puis définitivement en 146. Ce culte se caractérisait, en effet, par l’institution d’une «semaine sainte» précédant l’équinoxe vernal, et la résurrection d’Attis trois jours après sa mort symbolisée par l’enterrement, dans le temple du Vatican, d’un pin «sacré» ayant la même si-gnification millénaire que la croix, celle de la vie éternelle et du salut des hommes assuré par le sang fécondateur du dieu de la Fertilité. On ne discerne pas pour quelles raisons des Autorités romaines, impériales ou autres, auraient voulu persécuter puis annihiler ce culte chrétien, puisque, s’il eût existé, il eût été considéré comme une nouvelle figure de l’antique culte métroaque, pour satisfaire le besoin de visualiser l’action «divine» fertilisatrice éprouvé par les masses illettrées. Les «persécutions», en définitive, n’ont eu pour raison principale que des motifs de nature politique, comme les conséquences unificatrices du culte impérial romain et la volonté des Autorités de rétablir un ordre public gravement troublé par des paléo-chrétiens.

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La lecture des «écritures saintes», les veteres latinae, était habituellement suivie de commentaires des «épisco-pes», pour l’édification des auditoires, illettrés en très grande partie; cette lecture intervenait, en une ou plusieurs fois, au cours des repas pris en com-mun par les participants. Ce genre de repas était en usage dans tous les cultes depuis l’Antiquité puisque, dans les temples, après l’intervention des prê-tres, on distribuait à l’assistance les offrandes de nourriture consacrées aux dieux.Chez les paléo-chrétiens, toutefois, on

se contentait de pain et de vin, compte tenu des moyens financiers pratiquement inexistants des prolétaires et des esclaves, avec parfois des gâteaux ou autres plats préparés par des associés; était exclue la viande bovine restant de sacrifices de taureaux ou vaches pratiqués dans les cultes métroaque et mithriaque.Le rituel des Collegia chrétiens s’accrut progressivement en incorporant d’autres gestes manifestant leur religiosité, comme le baptême par l’eau, nécessaire pour être admis dans une communauté.La cérémonie s’en était beaucoup simplifiée depuis le 2ème millénaire avant notre ère où le baptême fut inventé ( sans doute? )par les Hittites de Cappadoce, au temps de leur Empire ( 1380/1180 );il ne s’agissait plus de s’immerger dans un cours d’eau, mais de s’asseoir sur le bord d’une cuve pour recevoir une ablution purificatrice chargée des mêmes vertus «sacrées» que le courant d’une rivière.On se préparait au baptême en recevant une instruction préliminaire tirée des «écritures» qui apprenait aux impétrants les règles de conduite, adoptées par le Collegium, à suivre selon les circonstances.L’eau du baptême continuait à posséder, pour eux, les vertus thérapeutiques qui, en lavant les corps, symbolisaient l’accession à une nouvelle vie; mais on restait loin, pour les raisons financières évoquées plus avant, du symbolisme puissant exercé par le taurobolisme, cérémonie dans laquelle l’impétrant, en recevant le sang d’un animal figurant par le dessin de ses cornes la déesse Lune Mère des dieuxet de la Fécondité, devenait véritablement un enfant de la divinité. Le rituel comportait également des éléments relatifs à la seule fête que célébraient les paléo-chrétiens: la fête du retour du Printemps, du renouveau de la nature, des verts paturages, de la Pâque. La célébration de cette fête avait été très précoce car elle incarnait, dans leurs esprits, leur espoir de la Vengeance collective et définitive à l’encontre de leurs propriétaires exploitants. Ce faisant, ils adaptaient à leurs institutions une pratique universelle;il suffit de rappeler les cérémonies, durant plus d’une semaine dès le 3ème millé-naire, se déroulant à Babylone et mettant en scène les rois dans des processions

Baptistère primitif en Gaule découvert à Roanne, en 2005

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au cours desquelles on récitait le «Poème de la Création -Enuma Elis» en l’honneur de Shamash, le dieu Soleil, fils d’Astarté.

L’absence historique , dans les trois premiers siècles de notre ère,de toute cérémonie instituée par les paléo-chrétiens pour rappeler la naissance

supposée de leur dieu et sa prétendue mort sur une croix annihile, de facto,à ces sujets, les croyances conventionnelles.

En conclusion de cette première partie, il convient, essentiellement, de souligner la nature légale des associations paléo-chrétiennes, qui ont dû se plier aux rigu-eurs des lois élaborées, au temps de Caracalla, par les jurisconsultes éminents et renommés:Marcien et principalement Ulpien. Dans le souvenir des graves incidents opposant entre elles les associations romaines, dans les années 160/180, la préoccupation majeure des Autorités impériales fut d’assurer partout l’ordre public; d’où la création obligatoire dans chaque commu-nauté d’un poste de surveillant ( episcopus, traduit tardivemet par «évêque» )chargé de veiller à la discipline. Cet «épiscope» était élu par les membres de cha-que Collegium et devint vite le chef de l’association, du fait qu’il était en liaison régulière avec les Autorités, informées par lui de la vie de son groupement, pour lequel il finit par incarner le Pouvoir.

Selon son importance, chaque association comprenait, sous la direction de l’épis-cope, des Anciens, devenus ensuite les prêtres, un ou plusieurs lecteurs, un ou plusieurs diacres, chargés de la gestion des biens de la Communauté, une section de Veuves, une section de Vierges; on rappelait régulièrement la mémoire des ( très rares ) membres-citoyens, qui n’avaient pas obéi aux ordres de Dèce ( en 250 ), et de Valérien ( en 257 ), et étaient morts des suites de leur «mar-tyre».

Finalement, l’élément le plus important consistait dans l’obligation de terminer chaque réunion par l’expression à haute voix d’un voeu pour la santé de l’Empereur «sacré», vivant; si bien qu’ainsi tous les paléo-chrétiens devinrent, à leurs corps défendant, des «fidèles» de cet Empereur; d’où l’habitude consentie de fêter Noël, chaque 25 Décembre, après l’invention de la fête par Aurélien.

Ce trait a pu, ultérieurement, faciliter leur conversion à Constantin-Christ et marquer le renouveau de leurs associations dans cette nouvelle structure, la crise aigüe de l’arianisme, par ses conséquences, allant entraîner la fin de leur mouve-ment existant depuis 3 siècles; Constantin succéda à son père Constance Chlore, décédé à York en Juillet 306, et le remplaça à Trèves, siège de son gouvernement, au début de l’année 307.Il devint Empereur d’Occident en fin 312, et seul maître de l’Empire romain, dans sa totalité, en 324.

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Aucun Empereur romain n’a, autant que Constantin, ressenti le besoin d’affirmer, voire proclamer, dans toutes les circonstances de l’exercice du pouvoir, son «origine divine».Chaque Empereur, sauf Constantin, appar-tenait naturellement par sa naissance, ou par adoption, ou par lien de clientèle, à une famille de la haute aristocratie pouvant, si be-soin était, prétendre à une filiation « mythico-divine» ; la population en était convaincue, il ne servait à rien de ressasser l’information.Constantin, au contraire, était fils d’une ser-vante d’auberge nommée Hélène, esclave de son état, que son père, Constance Chlore, avait aimée, rachetée, affranchie, et emmenée avec lui, à l’occasion de la campagne d’Aurélien, dont il était un officier d’Etat-Major, contre la reine Zénobie, en 272.L’on ne sait rien de précis quant à la date de la naissance de Constantin ( 272, 273, vers 285 ? );l’année 273 paraît la plus vraisemblable;elle expliquerait, en effet, la rumeur suivant laquelle le Sol Invictus aurait «visité» Hélène lors du campement de l’armée romaine près d’Emèse, ce qui justifierait les prétentions ul-térieures de Constantin d’être le fils du Soleil divin, devenu sur ses monnaies son « Comes», son Gouverneur ( d’enfant).

Ces allégations extrêmes étaient, en fait , mo-tivées par une ambition dont les limites coïncidaient avec celles de l’Empire, dont Constantin voulait devenir le seul Maître;ambition exacerbée par le complexe d’infériorité qu’il éprouvait à l’égard de son père, entré du fait de son adoption par Maximien, en 293, dans la famille du «divin Hercule», sans que Constantin, âgé d’environ 20 ans à l’époque, pût hériter de cette «filiation»;il restait, en effet, le fils d’une ancienne esclave, et voulait une revanche complète sur son origine en réussissant mieux que son père,Constance Chlore, Auguste d’Occident depuis les démissions de Dioclétien et de Maximien, en 305.

Constantin -Augusterègna de 307 à 337

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L’ambition «impérialiste» de Constantin se manifesta dès l’année 305.La démission de Maximien laissait inoccupé le siège gouvernemen-tal de la ville de Milan, qui avait détrôné Rome de son rang de capita-le. Constantin se porta candidat au poste (avec Maxence, le dernier fils de Maximien); mais Galère, après avoir succédé normalement à Dioclétien, l’écarta et confia la charge à un de ses amis très proche: Sévère.Constantin, dépité, rejoignit, alors, son père, Constance Chlore, à Boulogne, où se préparait la campagne contre les Pictes, au cours de laquelle il put faire montrede ses qualités guerrières, de son charisme de meneur d’hommes, de ses aptitudes au commandement.La mort de Constance Chlore, à York en Juillet 306, lui permit de prendre le com-mandement de l’armée occidentale, avec l’acquiescement de ses troupes, et de se déclarer l’héritier de son père, avec le titre d’Auguste; toutefois, Galère, mis devant le fait accompli, lui refusa cette distinction, et lui concéda seulement l’appellation de César, accroissant ainsi l’inimitié de Constantin à son égard. En arrivant à Trèves, en 307, Constantin se trouva non seulement à la tête d’une armée mais surtout, César d’Occident, chef du gouvernement des Gaules.Qu’il fût « d’origine divine», fils du Soleil, il s’en persuada absolument et profita d’une victoire sur une tribu franque, en 309, pour raconter comment Apollon, autre nom du Sol invictus, lui était apparu en songe et lui donna les conseils utiles pour vaincre les Barbares. La seule difficulté à surmonter consistait à faire admettre sa «divinité» par ses administrés; mais ses talents, son intelligence pratique de manipulateur d’hommes l’amenèrent rapidement à régler différemment le problème des chrétiens, de façon à les convertir au culte religieux de sa seule personne.

Constantin et son «Gouverneur»: Sol Invictus, son père triomphant

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Dans la pensée de Constantin, les mesures adéquates devaient être pri-ses rapidement car d’autres éléments contrariaient ses ambitions ultimes: son armée n’était pas la plus puissan-te de l’espace latin; celle de Maxence, l’empereur auto-proclamé de Rome, en révolte contre Galère et Sévère (tué en 307) , était plus importante.Constantin se persuada qu’il devait, pour arriver à ses fins, obtenir le soutien actif d’au moins une partie de la population de l’Occident, dans laquelle le mouvement chrétien, bien que «persécuté», pesait d’un lourd poids démographique. Il décida, donc, non seulement de suspendre définitivement l’applica-tion des décrets de 303/305, c’est à dire de délivrer les chrétiens de la crainte des supplices et de la mort, , mais encore d’aider leurs Collegia à retrouver et à développer leurs an-ciennes activités en leur attribuant des aides de toute sorte en espèces, terrains, immeubles; il veilla parti-

culièrement à se concilier les faveurs et la reconnaissance des épiscopes et «lettrés», les employés aux écritures de son Administration, en leur attribuant un rôle de premier plan jusqu’à créer avec eux une sorte d’administration religieuse de son culte, facteur de l’union, autour de sa personne, des populations de ses Etats.Constantin était devenu, en Gaules, le Dieu Sauveur des chrétiens; la nouvelle s’en répandit progressivement dans tout l’espace romain. Les résultats très satisfaisants de cette politique se manifestèrent dès l’année 309.Maximien, l’ancien Auguste démissionaire, ne se résignait pas à son état de simple citoyen et rêvait d’un nouveau titre impérial. Après avoir cohabité avec Maxence, à Rome, il vint s’installer en Gaule et jugea opportun, au moment où Constantin bataillait sur le Rhin avec les Francs, de déclarer que ce dernier était mort au com-bat. Revenu victorieux de cette campagne, Constantin, furieux, se mit à la poursuite de Maximien, qui se réfugia dans le Sud, en Arles puis, début Décembre 309, à Marseille, ville fortifiée, donc facile à défendre. Au moment où la troupe constanti-nienne s’approchait des remparts, la foule marseillaise se précipita vers les portes de la cité, les ouvrit malgré les soldats de Maximien, et accueillit triomphalement Constantin, qui devint ainsi maître de Marseille sans coup férir.L’ancien Auguste, désespéré, mourut en Juillet 310, étranglé ( suicide ? );tandisque Constantin rappelait le songe qu’il avait eu d’Apollon, et manifestait

Tête colossale de Constantin découverte, au 15ème siècle,

dans les ruines d’une monumentale basilique sur le Forum de Rome.

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devant la population sa nature « divine « de fils du Soleil.En devenant ses «fidèles», les chrétiens de ses Etats donnaient enfin une figure pré-cise à leur Dieu Sauveur, dont les nombreux Ariens refusaient la primordialité.

L’anée 311 fut celle du décès de Galère en Avril, mort d’un cancer, et de Dioclétien en Décembre;si bien qu’il ne restait plus aucun membre de la première tétrarchie;mais toujours quatre personnes se partageant l’Empire:Constantin, Maxence, Licinius successeur de Sévère, et Maximin Daïa en Orient.

Constantin était conforté dans ses positions par ses victoires sur les Francs, la mort de Maximien, l’acceptation par tous les Gaulois, surtout les chrétiens, de son ori-gine «divine» , de sa filiation solaire; il était véritablement l’enfant de la Chance, le vainqueur heureux, fort des appuis paternels du Sol invictus, qui l’avait oint de son «huile sacrée» à la naissance et l’avait élevé en Christ, qualificatif dont Constantin aimait se parer fréquemment.

Dès le début de l’année 312, dégagé de tout lien avec le passé par la mort de Dioclé-tien, assuré du soutien de ses concitoyens, il pénétra en Italie, afin, si possible, de réunifier sous sa seule direction tout l’ancien Occident romain,y compris la Sicile et l’Afrique du Nord. A la tête d’une petite armée, il battit les troupes de Maxence à Turin et à Vérone; puis il vint camper devant Rome au début de l’Automne. Tous les chrétiens italiens souhaitaient vivement sa victoire sur Maxence, en outre décrédibilisé par ses exactions financières et la corruption de son Administration, haï par les habitants de la Ville pour avoir fait massacrer des milliers de Romains par sa garde, à l’occasion de mouvements populaires. Cependant, la réussite finale était loin d’être acquise compte tenu de la dispro-portion des forces en présence en faveur de Maxence, et des confusions possibles dans les combats entre soldats armés et équipés de la même manière, si Maxence choisissait de ne pas s’enfermer derrière les remparts de l’Urbs.

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Se préparant à cette éventualité, à la fois redou-tée et souhaitée, Constantin chercha le moyen de galvaniser au plus haut degré les ardeurs de ses soldats. Son choix s’arrêta sur une bannière, distribuée abondamment dans sa troupe, servant de point de ralliement, et portant un message de victoire assurée, si chacun montrait la plus grande combativité.Il fit dessiner sur chaque côté de la bannière les deux premières lettres de Christ, son titre le plus utilisé, de telle sorte que tout soldat constantinien sût à tout instant qu’il luttait pour Constantin, son dieu, fils aimé du Soleil, béni par celui-ci, son CHRIST porteur de la CHANCE victorieuse.Ces deux lettres étaient insérées à l’intérieur d’une roue solaire qui donnait encore plus de valeur au message.

Le 28 Octobre 312, Maxence, fort de sa supériorité numérique, décida de chasser Constantin, mais il mit en oeuvre une statégie insensée, concentrant son armée en un seul point, le Pont Milvius, pour traverser le Tibre, sur la rive droite duquel se trouvait son adversaire.

Celui-ci, habilement retranché aux débouchés du pont, s’opposa victorieusementà la poussée de Maxence, qui, monté sur un cheval lourdement harnaché, finalement tomba dans le fleuve, où il se noya retenu au fond par le poids de de son armure.La victoire de Constantin soulagea définitivement les chrétiens italiens et nord-africains.

Dans le cadre de sa politique religieuse, il les traita comme auparavant les chrétiens des Gaules; il attribua le Palais du Latran à l’épiscope de la Ville et combla de dons importants les Collegia romains.

Il avait, par ses victoires, conquis tout l’Occident de l’Empire, et surpassé son père, Constance, en honneurs et gloire.

Constantin était devenu l’Empereur d’Occident, adoré par les chrétiens dont il figurait le dieu Sauveur, vénéré dévotieusement par les populations de ses Etats, le 25 Décembre, en tant que Nouveau Soleil, Noël.

Le Chrisme de Constantin prototype de tous les insignes

chrétiens postérieurs, particuliè-rement dans les futures églises.

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La «vision» supposée de Constantin ( celle du chrisme et non de la croix ) rappelle trop précisément le «songe d’Apollon»,raconté après ses victoires, en 309, sur les Francs. Cette «vision» fut vraisemblablement créée, de toutes pièces, par Constan-tin lui-même, comme une preuve supplémentaire de son origine «divine», et de sa Chance, puisqu’il était Christ de son Père, le Soleil. Mais, en soi, il n’y a aucune correspondance, littéraire ou autre, entre le signe millénaire de la croix, symbole de la Fertilité, et l’exercice du pouvoir impérial, symbolisé par le chrisme.Le symbole de la croix fut, il faut le rappeler, introduit en 451, seulement, dans la doctrine christianiste. La pseudo-vision constantinienne n’a pu être racontée que longtemps après le 4ème siècle; elle illustre nettement la façon dont on crée l’his-toire par la projection d’un «présent» dans un lointain passé: le règne de Constan-tin; celui-ci est reconnu, ici, comme le vrai fondateur du christianisme.La légende est datée d’une époque où les problèmes de fertilité créaient des situa-tions dramatiques, celle des « grandes faims « ( la dernière en 1033 ) qui conduisit les hommes à se dévorer, littéralement, entre eux, et fut une des causes principales de la 1ere croisade, en 1096/1099, lancée à la conquête de Jérusalem et de la «vraie croix»pour assurer continuement (on l’espérait bien!) une nourriture abondante

La victoire du Pont Milvius fut, ultérieurement, utilisée abondamment par la propagande christianiste.

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à l’Occident . «In hoc signo vinces» « Par cet insigne( cousu sur tes vêtements), tu vaincras (l’Infidèle)»

Le palais de Latran devint l’ha-bitation de l «épiscope» romain jusqu’au départ pour Avignon en 1307; il fut reconstruit au 16ème siècle par D.Fontana.Un des premiers occupants fut Sylvestre 1er, de 313 à 335, l’évê-que qui aurait guéri l’Empereur de la peste; Constantin, reconnaîs-sant, lui aurait fait don de ses Etats occidentaux selon la fausse «Do-nation de Constantin» inventée au 8ème siècle pour circonvenir Pé-pin le Bref et le conduire à appor-ter son aide victorieuse à l’évêque EtienneII, contre les Lombards, en 754/756.En fait, Sylvestre était très réservé à l’égard de Constantin, fils d’une ancienne esclave, et ne donna ja-mais de suite favorable à ses «in-vitations».

Licinius avait été nommé par Galère, en 308, successeur de Sévère, mort en combattant.En Janvier 313, i l épousa Constanza, demi-soeur de Constantin et signa avec lui le «décret de Milan» en Avril de cette année,avant d’aller battre Maximin Gaïa qui ne pouvait ac-cepter l’officialisation de la reli-gion chrétienne, devenue le culte

de la personne de l’Empereur Constantin.Licinius devint Empereur d’Orient après le suicide de Maximin, durant l’été de cette année 313. Durant la campagne, il avait imité Constantin en utilisant sa bannière, son chrisme, et son titre préféré de Christ; ce que Constantin ne pouvait accepter. Licinius devint son dernier adversaire.

Palais du Latran( état actuel )Ce palais fut donné par Constantin, en 313, au

Collegium de Rome pour lui servir de siège.

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Les hostilités commencèrent en 316, et se terminèrent en 324 par la défaite ultime de Licinius à Chrysopolis. Il mourut étranglé, en Mars 325, sur ordre de Constantin qui resta le seul CHRIST, et seul maître de l’Empire reconstitué.

Pendant les 12 années qui séparèrent l’officialisation du culte chrétien, en 313, de la tenue du Concile de Nicée, en 325, Constantin prit deux décisions importantes qui manifestèrent son rôle de chef incontesté du mouvement néo-chrétien:

d’une part, en 314, il ordonna la réunion d’un Concile régionnal en Arles Epour tenter de résoudre les problèmes posés par le donatisme carthaginois. Plusieurs évêques furent convoqués, dont celui de Rome, Sylvestre, qui refu-sa de venir, malgré la mise à sa disposition de la Poste impériale. Le Concile n’apporta pas de solutions aux questions traitées; les donatistes donnèrent libre cours à leur détestation des Romains auxquels ils reprochèrent d’avoir livré immédiatement aux agents de Dioclétien leurs «livres sacrés».

d’autre part, en 323, Constantin lança les travaux de construction, sur la Ecolline du Vatican, de ce qui devait devenir, vers 345, la Basilique ( maison de l’Empereur ) dédiée à la «Pierre» du mouvement paléo-chrétien.

Arles - Les Arènes

Vue de la Cité du Vatican dans son état actuel

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Certes, à l’époque, Licinius se trouvait dans une situation difficile du fait que les chrétiens d’Orient se conduisaient en agents de Constantin depuis sa poussée dans les Balkans, en 316, et le traité de Serdique du 1er Mars 317.Licinius n’avait d’autre possibilité que de les «persécuter», les chasser de son ar-mée, de son Administration, incarcérer des épiscopes, les martyriser, brûler des bâtiments associatifs.Cependant, une heureuse issue finale pour Constantin n’était pas assurée compte tenu des qualités militaires des officiers luttant avec Licinius.Constantin ressentait profondément le besoin du soutien des peuples d’Occident et donc des chrétiens. Son tempérament, sa science de la manipulation l’engagèrent dans une action déterminante constituant la preuve définitive de son attachement à leur mouvement . Il connaîssait effectivement les légendes relatives à sa création, au 1er siècle de notre ère, par un nommé CHRESTUS dont Suétone avait parlé dans sa «Vie des douze Césars».Ce personnage hors du commun, à l’origine du nom de chrétien pris par le mouve-ment sous le règne de Claude ( 41/54 ) avait été vraisemblablement tué sous Néron ( 54/68 )à la suite de l’incendie de Rome attribué à ces «chrétiens» ennemis dé-clarés, mais pacifiques, de la Société romaine qui les exploitait inhumainement. Les restes de CHRESTUS, futures «reliques», avaient été dévotieusement recueillis par ses «fidèles» , placés sous un trophée à la fin du 2ème siècle, puis dans les catacombes pour les protéger de toute profanation sous Dèce, en 250, et Valèrien, en 257.Ce CHRESTUS constituait véritablement le fondement du mouvement paléo-chré-tien, sa «pierre».Constantin jugea habile de faire apparaître le culte de sa personne comme la suite naturelle du mouvement et décida de construire une basilique, sa demeure, sur les restes pieusement conservés et proclamés ceux de CHRESTUS, de telle sorte que celui-ci devînt «la pierre» du nouveau culte chrétien, celui de Constantin - Christ, fils du Soleil. Les reliques de «Pierre» furent déposées, vers 339, dans le sous-sol de la basilique suivant les volontés de l’Empereur, décédé en 337. Les bâtiments furent pillés, de fond en comble, en 846, par des pirates Maures qui remontèrent le Tibre.La basilique constantinienne menaçant ruine vers 1455, on décida de la rempla-cer par une construction neuve, dont les travaux commencèrent en 1506/1509 suivant les plans de Bramante; leur financement fut à l’origine de l’affaire des «Indulgences» et de la «protestation» de Luther en 1517.La nouvelle basilique fut consacrée le 18 Novembre 1626, et reste le plus grand sanctuaire chrétien. Avant d’en arriver à la convocation du Congrès oecuménique de Nicée en 325, il convient de recueillir avec curiosité l’écho de la construction de la basilique du Vatican renvoyé par l’évangile «canonique» de Matthieu ( XVI -13/20 ).La scène évangélique décrite se situe à Césarée de Philippe, fils d’ Hérode le Grand, nouvelle désignation de la ville de Panée ou Panias, rendue célèbre par la victoire remportée ici, en 200 avant notre ère, par les Séleucides d’Antioche sur les Ptolé-

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mées d’Alexandrie; et par le temple consacré à Pan, le dieu berger, à la fois dieu de la Fertilité et symbole royal, tout Prince, roi ou empereur, étant, bon ou mauvais, le guide, le berger de son peuple. Le choix de la ville appartenant à Jésus, on peut présumer une correspondance entre Jésus et une personne royale.De fait, c’est ce que confirme « l’apôtre Simon Bar-Iona» par sa «profession»:

<<... C’est toi le Christ, le Fils du dieu vivant...>> .Jésus, assimilé par cet «apôtre» à une personnalité royale, lui répond:<< ... Tu es Pierre ( qualificatif de CHRESTUS ) et sur cette «pierre» je bâtirai mon Eglise ...>>.

Comme il n’existe aucune basilique dédiée à «Pierre» avant 323, Jésus-Christ parle incontestablement de l’édification de la basilique constantinienne du Vatican;ce qui signifie clairement qu’il est réincarné dans la personne du constructeur de l’édifice et bâtisseur de son Eglise: Constantin reconnu «canoniquement» par l’évangile matthéen Christ, fils du dieu vivant, le Soleil.

[ Jésus parle au temps du futur, ce qui n’est qu’un faux effet oratoire; la basilique était construite avant la rédaction de l’évangile, puisque les premiers manuscrits en latin, seule langue admise par l’Eglise romaine comme «divine», datent du 5ème siècle] L’identification complète entre Pan et Christ est révélée par la suite du discoursde Jésus-Christ disant à Simon:<< .... Je te donnerai les clés du royaume des Cieux....>>

En effet, dans la parenté très rappro-chée de Pan, dieu de la Fertilité, se trouvaient les HEURES, qui , dans la mythologie, détenaient les clés du Ciel pour faire apparaître les saisons.Christ, assimilé à Pan, élève « l’apô-tre» Simon, dit finalement «Pierre», au rang des HEURES, et lui remet les clés du Ciel, dans le but d’introduire ses «fidèles» dans le Paradis. Il faisait ainsi de Rome le centre magique de l’Occi-dent.

[Au 16ème siècle, les Humanistes confondirent totalement Pan et Christ, notamment Rabelais, tour à tour fran-ciscain, bénédictin, curé de Meudon.

Cette assimilation, compte tenu des catastrophes sanitaires secouant l’Europe depuis 1347, a permis aux chrétiens de cette époque d’admettre complètement la mort de leur

Pan et Christle Bon Pasteur, Roi et Dieu de la Fertilité .

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dieu, puisque Plutarque, en son temps, avait déjà célébré la mort du Grand Pan.] enfin, en 325, Constantin, devenu le seul Maître de l’Empire, décida de réunir le premier Concile oecuménique à Nicée, près de Nicomédie, l’ancienne capitale de Dioclétien.

La bataille de Chrysopolis, en Septembre 324, était intervenue comme une ordalie,le jugement du dieu désignant son Christ unique parmi les deux prétendants.La victoire finale de Constantin lui apporta l’adoration des chrétiens d’Orient , libérés par lui de la persécution de Licinius, mais l’Empereur, retenu jusqu’alors en Occident, n’avait pas pris la mesure des troubles suscités à l’Est parmi les chrétiens du fait de la diffusion de la doctrine d’Arius.Quelle était, pour eux, la vraie nature de leur dieu?Etait-il, selon Arius, une divinité secondaire, puisque créée?Constantin estimait insupportable de mettre en discussion sa pleine nature de Fils du dieu, son Christ, égal en tout à son Père.Les divergences dans les croyances étaient telles qu’il décida de les abolir en réunis-sant les évêques d’Orient, qui promulgueraient un Credo «orthodoxe» s’imposant à tous les chrétiens. Préalablement, il lui fallait se manifester comme le seul Christ authentique, d’où l’assassinat par strangulation de Licinius et de son fils âgé de cinq ans, en Mars 325 à Thessalonique où ils vivaient en résidence surveillée.Vint ensuite la convocation d’un Concile, réuni, en Mai Juin Juillet, à Nicée près de Nicomédie, qui réunit 318 Pères. L’évêque de Rome, Sylvestre, convoqué, ne s’y rendit pas et se contenta d’envoyer deux prêtres pour le représenter.La plupart des sessions furent dirigées par Constantin en personne, dieu de l’Empire romain, et donc des chrétiens pleinement consentants; à défaut de l’Empereur, elles le furent par Ossius, évêque espagnol, son conseiller en ces matières.Le Concile se termina par la publication de vingt « canons « et d’une lettre aux Egyp-tiens, outre la profession de Foi des 318 Pères.

Concile oecuménique de Nicée, en 325;tenu sous la direction personnelle de Constantin, assis au premier rang.

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[ Ces textes n’ont probablement pas été rédigés par des secrétaires; on utilise habituel-lement le texte grec dû à Jean le Scholastique, et le texte traduit en latin par Denys le Petit au début du 6ème siècle; on peut douter sérieusement de leur authenticité ]

Le Credo en notre possession établit clairement que, s’il y a un seul dieu créateur de tous les êtres visibles et invisibles (dieu est l’ultime explication des phénomènes naturels inexplicables à un moment donné), il existe un seul Seigneur Christ, Fils du Père, engendré et non créé, vrai dieu de vrai dieu, lumière de lumière, consubstantiel au Père;cette consubstantialité étant expliquée par l’inter-vention de l’Esprit Saint.

La doctrine d’Arius était, donc, condamnée définitivement.

[ On notera encore une fois qu’il n’y a, dans ce Credo, aucune allusion d’aucune sorte à une naissance du Christ à Bethléem, à sa mère Marie, à sa mort sur une croix...!En outre, quelques évêques participants refusèrent d’accepter cette profession de Foi;ils furent chassés de leurs sièges. C’est ainsi que Wulfila alla se réfugier chez les Wisigoths, et les convertit à l’arianisme.On peut se demander si ces évêques récalcitrants n’émettaient pas des doutessur l’origine de Constantin, fils d’une ancienne esclave ?

Il convient, à ce propos, de souligner quelques décisions curieuses prises, en 451, par le Concile de Chalcédoine déclarant que le Fils s’était incarné en un homme sans être contaminé par le péché originel ( ce n’était donc plus un homme !)et avait pris la forme d’un esclave. La lecture des quatre évangiles «canoniques»ne donne en aucune circonstance l’image d’un Christ esclave, esclave de qui?, S’agirait-il d’une allusion à la naissance «servile» de Constantin?d’autant que, dans le Magnificat, Marie se déclare l’esclave du Seigneur;son enfant qui naîtrait dans quelques mois possèderait nécessairement le même statut servile ]

Icone illustrant le Credo de Nicée

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[C’est le Concile de Chalcédoine qui introduisit dans la doctrine du christianisme constantinien la croix, symbole millénaire de la Fertilité, et, de ce fait, facilita le syncrétisme entre cette religion nouvelle et les anciens cultes, notamment le culte métroaque, interdit en 415 ]

Assurément, Constantin n’a pas créé, ex nihilo, en 5 ans, la « Nouvelle Rome «, qui garda son nom. Constantinople a été le résultat de la transformation, agrandis-sement, embellissement de Byzance, ville dont l’importance tenait à sa situation stratégique, cité que l’Empereur Septime Sévère avait beaucoup abîméeau cours de ses campagnes militaires mais que son fils Caracalla avait relevée.Pour les mêmes raisons qui conduisirent, auparavant, Dioclétien à se fixer à Nico-

Concile oecuménique de Chalcédoine , en 451 .

Constantin fonde Constantinople de 325 à 330

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médie, Constantin, devenu seul Maître de l’Empire, Orient et Occident confondus, choisit de s’établir à Byzance, peu éloignée de l’ancienne capitale dioclétienne, et qui pouvait lui permettre de mieux exprimer, par l’architecture des monuments à construire, ses ambitions personnelles, la certitude de sa filiation «divine».

Parmi ces constructions, deux furent particulièrement significatives:d’une part, une très haute colonne de pierres rouges portant à sa cime une E

statue de Constantin symbolisant le Soleil éclairant de ses rayons jusqu’aux fron-tières les plus éloignées de l’Empire;

d’autre part, un mausolée destiné à l’Empereur, placé au centre dans un bâtiment Ecirculaire, e t surélevé par rapport à douze autres sarcophages figurant les douze divini-tés zodiacales réfléchissant la lumière qu’elles recevaient du mausolée impérial; ce monument devint l’église des Saints Apôtres, dont il ne reste actuellement aucun vestige.

Par contre, Constantin mit à profit le décès en 335 de l’évêque de Rome, Sylvestre 1er, qui lui était hostile, pour donner son nom de Christ à la fête tradi-tionnelle de Noël; c’est à cette date du 25 Décembre 335 que fut célébré le premier Noël christianisé;de la fête symbolisant la naissance d’un Empereur vivant, Noël vint rapppeler la naissance de Constantin - Christ pour la durée entière de sa religion, le christia-nisme romain.

Le culte impérial s’était christianisé; le christianisme incarna l’acmé du culte im-périal.

Naissance du Nouveau Soleil:Noël -Christ, Constantin,

célébré pour la première fois le 25 Décembre 335.

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Constantin s’ était persuadé de son origine « divine « au point d’en fairele sujet de ses discours ( Discours à l’Assemblée des Saints - 26 ) :<< ..... Lorsque les hommes louent mes services qui trouvent leur origine dans l’inspiration du Ciel, est-ce qu’ils n’établissent pas clairement la vérité que Dieu est la cause des exploits que j’ai accomplis ? ....>>

Mort de maladie le 22 Mai 337, Constantin fut « divinisé « immédiatement par le Sénat romain. La fête traditionnelle de Noël resta celle de la naissance symbolique de Christ-Cons-tantin le Grand parce que, dans l’histoire romaine, il incarna le dernier véritable Empereur aux yeux de tous les citoyens.Ses trois fils adultes: ConstantinII, ConstanceII, et Constant, se partagèrent l’Em-pire. ConstanceII en devint le seul maître en 350, mais, devant la difficulté de le gouverner, seul, appela à son aide son cousin Julien, en 355; Julien se fit remarquer par son abjuration de la foi christianiste dans laquelle il avait été élevé, du fait qu’elle absolvait tous les crimes d’Etat, qui avaient causé la mort de ses parents.Julien en revint aux pratiques religieuses anciennes, mais fut tué, en Orient, en 363, vraisemblablement par un de ses soldats, chrétien, sa mort n’ayant pas été revendiquée par l’ennemi.A dater de 364, l’Empire fut définitivement coupé en deux parties, l’Orient et l’Oc-cident, où, après la disparition de ValentinienI en 375, le pouvoir passa entre les mains d’adolescents influençables. Gratien, successeur de son père ValentinienI, dé-sacralisa l’emploi suprême en abandonnant, en 382, le titre de «Pontifex Maximus», à la demande expresse d’Ambroise «le Divin», évêque de Milan depuis 374.

Ambroise fut réellement le second fondateur du christianisme en 390.

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