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PHILANTHROPIE(S) THE RUSSIAN IMPERIAL FOUNDATION FOR CANCER RESEARCH MARCHÉ DE L’ART LA CHINE ET L’OCCIDENT INVITÉ JOGISHWAR SINGH : UN REGARD SIKH SUR LA DIASPORA INDIENNE INDEX ARTS ET CULTURE : 15 ACTEURS D’INFLUENCE INVESTIR LES ACTIONS SUISSES CONSERVENT LA FORME FINANCE LE GRAND RETOUR DU PRIVATE EQUITY 15 CHF LE MEDIA SUISSE DES HIGH NET WORTH INDIVIDUALS LIFESTYLE LE MEILLEUR DE L’HORLOGERIE EN 2015 DOSSIER DIASPORA INDIENNE

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PhilanthroPie(s)

The Russian impeRial FoundaTion FoR CanCeR ReseaRCh

Marché de l’art

la Chine eT l’oCCidenT

invité

JogishwaR singh : un RegaRd sikh suR la diaspoRa indienne

index

aRTs eT CulTuRe : 15 aCTeuRs d’inFluenCe

investir

les aCTions suisses ConseRvenT la FoRme

Finance

le gRand ReTouR du pRivaTe equiTy

15 chF

l e M e d i a s u i s s e d e s hi g h n e t w o r t h i n d i v i d u a l s

liFestyle

le meilleuR de l’hoRlogeRie

en 2015

dossier

diasPora indienne

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c on t rechaMP ( s )

le tremblement de terre majeur qui a frappé le népal le 25 avril 2015, d’une magnitude de 7,8 a fait plus de 8000 morts et 15000 blessés. mais katmandou continue de respirer sa spiritualité om-niprésente et les sauveteurs sont nom-breux à faire état du calme et du courage des victimes qui en sont imprégnées. alors que les moines bouddhistes sont en première ligne pour secourir les blessés,

et reconstruire le pays, d’autres, comme ici, sauvent également leurs plus pré-cieux symboles. Cette imposante statue, encore intacte, provient dumonastère shri karmaraja mahavihara, perché sur la colline sacrée de swayambhunath qui domine toute la vallée de katmandou. swayambhu signifie « auto-produit », en référence à l’autopoïèse de la pure nature de l’esprit éveillé.

Népal après le séisme : sauver des vies et des symboles

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pierre-emmanuel iseuxGeorge iwanickidaniel Kohleraxel MarguetCéline Moineantoine prazJean-Sébastien robinefrançois Savaryloïc SchmidChristian Staubthomas VeilletChristian Zeitler

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NuMÉro 123Juin 2015

éditorial

l’auTRe oubliée

l’inde n’est pas seulement celle des foules sur les toits des trains ni celle des robes safran sur les bords du gange. Cela fait bien longtemps qu’elle n’appartient plus qu’aux seuls orientalistes, aux rêveurs d’exotisme et aux touristes bardés de sacs à dos. elle est moderne, dynamique, innovante et tient bon sa place au sein des bRiCs. pour-quoi sa culture et son histoire nous demeurent néanmoins si méconnues ? Croyons-nous tout savoir de l’inde, rassasiés que nous sommes de simples couvertures de magazines et dépliants touristiques ? le déni est plus enfoui que nous

l’imaginons vis-à-vis d’une litté-rature ancestrale d’une richesse époustouflante et d’un esprit des sciences éminent qui donna le jour notamment aux chiffres repris par les arabes, au zéro mathématique, à l'écriture décimale positionnelle, ou encore à ce qu’on nomme le théo-rème de pythagore, sans parler des intuitions quantiques de l’advaita vedanta. l’université tout d’abord a longtemps fait l’impasse sur nos cousins linguistiques, pratiquants du sanskrit, pourtant aussi « indo-européen » que le latin et le grec. un évident mépris colonial voyait aussi dans le polythéisme la preuve d’un retard indépassable, nourri par les convictions aujourd’hui dépassées d’un max weber. mais un autre fac-teur provient peut-être de l’absence d’unité politique de l’inde tout au long de son histoire, sauf le règne de l’empereur ashoka (304-232 av. J.-C.), dont l’influence politique et philosophique s’étendait jusqu’en grèce. même les guptas qui uni-fièrent l’inde du iiie au vie siècles de notre ère, ne purent le faire qu’au nord du sous-continent. depuis le XXvie siècle av. J.-C., l’inde s’est donc avant tout définie comme un espace de civilisation dont la trame fut védique, hindouiste et

bouddhique, avant que l’islam ne s’y engouffre et vienne surtout y puiser bon nombre de ses aspects cultu-rels, dont on lui attribue l’origine à tort. l’inde comme état unifié n’a réellement vu le jour qu’avec la période coloniale. il n’y eut jamais de « peuple indien » avant l’époque moderne et encore moins de pays nommé « inde », terme inventé par les britanniques et qui cohabite encore dans la Constitution du pays avec l’autre appellation officielle sanskrite « bharata ». les terreaux védique et brahmanique, puis bouddhique, ont bien engendré une « civilisation indienne », mais cette formidable base spirituelle et culturelle ne put jamais déjouer le morcellement politique. même les envahisseurs de l’islam n’y par-vinrent pas, unifiant certes le nord, mais laissant le dekkan du sud en proie à des scissions continuelles entre sultans rivaux. au bout du compte, ce fut la lutte contre l’occu-pant britannique qui fut décisive pour aboutir à l’identité indienne contemporaine, synthèse complexe entre hindous, musulmans et sikhs, jouant de compromis parfois fragiles autour d’un idéal démo-cratique commun, qui se conjugue toujours en anglais.

boRis sakowiTsCh, directeur de la publication

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04 ConTReChamp(s)

06 édiToRial

chronique(s)

10 ChRonique d’un auTRe Temps par François Besse

12 la guéRison paR les données par Stéphane Zrehen

16 C’esT une RévolTe ? non siRe, C'esT une RévoluTion ! par Cédric Kohler

actualité

18 ConTeXTe(s)

dossier (couverture)

24 diaspoRa indienne 24 histoires et forces de la diaspora indienne

par Arnaud Dotézac 30 google, une entreprise indienne ?

par Arnaud Dotézac 34 inviTé : dr Jogishwar singh :

un regard suisse-sikh sur la diaspora indienne

cahier patrimoine(s)

45 sommaiRe déTaillé

46 dossieR : le grand retour du private equity

56 dossieR : les actions suisses conservent la forme

64 immosCope

70 invesTiR

index

86 aRTs eT CulTuRe : 15 acteurs d’influence

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s oMMaire n°12 3

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dossier (couverture)

104 liFesTyle(s) : horlogerie : le meilleur de l’horlogerie en 2015

culture(s)

116 maRChé de l’aRT : la chine et l’occident

118 philanThRopie(s) : The Russian imperial Foundation for Cancer Research entretien avec le Grand-Duc Georges Mikhaïlovitch de Russie

122 hédonisme(s) 122 agenda 126 Jolis flacons

128 phoTogRaphe du mois

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chronique / reg ard ( s )

non par quatre cents mais par cent, alors que les années 1600 et 2000 étaient bissextiles car divisibles par quatre cents. Cette règle permet ainsi de rattraper en partie la différence entre le nombre de jours du calendrier et le nombre de jours réels, qui est de 365,2425 jours, dès lors que la Terre n'effectue pas un nombre entier de rotations sur elle-même quand elle boucle une révolution autour du soleil.

aussi extraordinaire que cela puisse paraître, la science horlogère a su répondre magnifiquement à cette particularité de notre système de mesure du temps. C’est le quantième perpétuel, ce méca-nisme qui permet d'afficher le jour, le mois et l'année dans le cycle des années bissextiles. le passage du dernier jour du mois au premier du mois suivant ne nécessite aucune intervention de l'utilisateur, même lors des années bissex-tiles. dans le mode de réalisation classique de ce mouvement, l'affichage se fait par le biais d'une aiguille qui effectue un tour complet en quatre ans. C'est donc cette aiguille qui permet de savoir si l'année en cours est, ou non, bissextile. mais l’industrie horlogère a même poussé plus loin sa quête de la précision. en effet, le quantième perpétuel classique ne permet pas de corriger le cas particulier des années que l’on appelle « sécu-laires », et non bissextiles, dont la dernière était l’année 1900 et dont la prochaine sera l'année 2100. C’est l’invention du quantième perpétuel séculaire, qui prend en compte le fait que les années séculaires ne sont pas bissextiles, le cas échéant qui est même en mesure d'identifier que seules les années séculaires multiples de 400 sont bissextiles.

il sera dit toutefois que le temps ne se laisse pas facilement dompter. en effet, l’année 2015 pré-sente une autre particularité, beaucoup moins connue celle-là, mais source d’immenses défis pour la science horlogère. en effet, contraire-ment à l’année 2014, qui comptait 31 536 000 secondes, l’année 2015 en comptera 31 536 001, soit une seconde de plus. C’est que, à l’instar de celle des jours, la définition des secondes est évolutive, et ce pour deux raisons essentielles :

ChRoNique D’uN AutRe teMpS

l’histoire nous enseigne que l’être humain a toujours cherché à faire coïncider au plus près le temps et sa mesure. des premiers calculs en base soixante que nous devons aux mésopota-miens aux quantièmes perpétuels, en passant par le cadran solaire ou le sablier, la mesure du temps, qui implique la compréhension de celui-ci, est au cœur des préoccupations humaines. les dizaines de milliers de brevets déposés au fil du temps dans le monde n’en sont qu’un pâle reflet.

C’est que le temps ne se laisse pas aisément domestiquer, au point que certains scientifiques en viennent à conclure que le temps n’existe tout simplement pas. laissons toutefois les physiciens développer leurs théories cosmiques intégrant ou non la notion de temps et pre-nons un exemple tout simple. l’année 2016 présente la particularité qui nous est familière, celle d’être bissextile. la règle, instaurée par le calendrier grégorien en 1582, est d'ajouter un jour toutes les années dont la valeur répond à l'une des conditions suivantes : soit elle est multiple de quatre sans être multiple de cent, soit elle est multiple de quatre cents. ainsi, les années 1700, 1800 et 1900 n'étaient pas bissextiles, puisque ces chiffres sont divisibles

FRançois besse

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chronique / reg ard ( s )

la progression de la précision des mesures, qui implique une rectification ponctuelle de la valeur de la seconde, d’une part, la diminution de la vitesse de rotation de la Terre avec le temps sous l’influence des forces de marées provoquées par l’attraction gravitationnelle de la lune et du soleil, d’autre part. la seconde n’est donc plus définie, depuis la 13e Conférence générale sur les poids et mesures en 1967, par rapport à l’année, mais par rapport à une propriété de la matière. la seconde correspond désormais à 9 192 631 770 périodes de la radiation correspon-dant à la transition entre les niveaux hyperfins de l’état fondamental de l’atome de Césium 133 au repos à la température du zéro absolu. n’en jetez plus ! on peut se demander qui, de notre grand horloger ou de la communauté scientifique, a le plus grand sens de l’humour. malgré l’extraordinaire qualité d’inventivité témoignée par la science horlogère mécanique, on perçoit difficilement comment elle parvien-

drait à mettre au point un mécanisme qui s’adapterait à cette dernière définition de la seconde, alors qu’elle s’accommode parfaitement de la définition traditionnelle de celle-ci, qui veut que la seconde soit la fraction de un huitante-six mille quatre centièmes de la journée solaire terrestre moyenne. le défi mérite-t-il d’être relevé ?

l’horlogerie mécanique nous fait rêver. elle doit continuer à le faire. l’astrophysique nous apprend que les étoiles ont une vie. ainsi l’étoile située à un millier d’années-lumière de la Terre est vraisemblablement déjà morte au moment où, regardant vers le ciel, nos yeux de Terriens en perçoivent l’éclatante lumière. Cela donne certes le tourbillon, mais nous éloigne fondamentalement de la mesure du temps si chère à l’horloger. l’infiniment grand ou l’infiniment petit, temps des étoiles ou de notre univers mouvant, ne correspondent en rien au temps de l’horloger. Ce temps doit rester plus que jamais celui de la mécanique au service du rêve. en fin de compte, voltaire ne nous induit-il pas en erreur en faisant dire à l’un de ses personnages, dans les Cabales qu’il ne pouvait songer, en pensant à l’univers, que l’horloge existât sans horloger ? l’univers est certes une mécanique fascinante, mais l’horlogerie peut crânement rester ce qu’elle a toujours été, fille d’hélios et de séléné. dans les dionysiaques, nonnos nous apprend d’ailleurs que Chronos vient du néant. \

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chronique / ve n t ure caPital

LA GuéRiSoN pAR LeS DoNNéeS

ça. il s’agit de rien de moins que de collec-ter toutes les données, en tous temps et tous lieux, en dehors de tout contrôle de qualité. par exemple, s’il s’agit de compter ce que mangent les patients ou l’exercice physique qu’ils font, on se demande comment ces données seraient récoltées.

Cela dit, les sociétés qui produisent les trai-tements collectent elles-mêmes beaucoup de données. d’abord parce qu’elles ont besoin d’études médicales bien documentées pour prouver l’efficacité de leurs produits, et ensuite parce qu’elles y sont obligées. et ce, de plus en plus. les producteurs sont ainsi tenus de veiller à ce qu’aucun effet secondaire ne puisse être associé à leurs traitements. en surveillant les réseaux sociaux, les publications par des organisations indépendantes et dans tous les pays où le traitement est vendu. il n’y a eu à notre connaissance aucune procédure judiciaire pour diligence négligente, mais ça pourrait subvenir à tout moment. les légis-lations à venir très bientôt en europe et aux usa forceront la publication des données brutes issues de toutes leurs études cliniques.

en quelque sorte, le mouvement vers la transparence des données clinique copie à s’y méprendre celui qui a cherché à bannir la cigarette de l’espace public : d’abord, on a interdit la publicité, puis on a augmenté les taxes, puis on a interdit l’usage dans toutes sortes d’endroits bien définis. pour arriver à la situation actuelle où les fumeurs sont obligés de se cacher pour s’adonner à ce qui est depuis devenu un vice. pour les traitements médicaux, on a limité la publicité et la distri-bution, pour éviter l’auto-médication. ensuite, on a obligé tous les sponsors à annoncer les résultats escomptés de leurs études, à l’avance. le but avoué étant d’empêcher que des médi-caments puissent être associés à des résultats infructueux par la suite. le Freedom of infor-mation act permet effectivement de trouver sur internet tous les détails et les intervenants sur les études cliniques présentes ou passées.

une des plus grandes promesses de la recherche médicale de ces dernières années concerne la santé. l’idée est qu’il sera bientôt possible de fabriquer des traitements médicaux sur mesure, surtout adaptés au profil génétique des patients. pour ce faire, il faut analyser des quantités astronomiques de données : profiler généti-quement des millions sinon des milliards de patients, leur administrer des traitements et mesurer les résultats, afin d’être sûr de toujours proposer le bon traitement à chaque patient. grâce à ces analyses, nous devrions être prochainement capables de déduire les effets d’interactions de traitements, l’effet de traitement sur chaque type génétique et autres facteurs biologiques tels que le bmi ou le taux de cholestérol.

Collecter des données dans le cadre pourtant contrôlé d’une étude médicale s’avère être souvent une tâche fastidieuse, souvent saisie à la main, et résulte en des données pleines d’erreurs et d’incohérences. néanmoins, c’est avec ces données que la Fda et autres autorités de contrôle déterminent si un traitement peut être mis ou rester sur le marché, et s’il peut être remboursé par les assurances maladie. la promesse du big data suppose bien plus que

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mais il n’y a que les résultats statistiques. les données brutes sont encore sous clé. Comme la composition des cigarettes… mais c’est en train de changer.

le jour où ces lois vont entrer en vigueur, le public va pouvoir modifier radicalement son rapport à l’industrie de la santé. des or-ganismes privés ou indépendants pourront retravailler les données à leur guise. il n’est pas à exclure – et c’est la raison pour laquelle la loi américaine sera plus restrictive–qu’une certaine malveillance soit à attendre de la part des concurrents, mais en tout état de cause, le public devrait en sortir gagnant.

ainsi ces organisations pourront refabriquer synthétiquement des études avec un nombre significativement plus grand de patients, et mesurer vraiment les effets à court et à long terme, les effets secondaires, les interactions avec d’autres traitements, les best practices, les meilleurs dosages, le lien avec d’autres données biologiques… elles pourront aussi clus-teriser les profils de patients en sous-groupes relativement homogènes et qui répondent de manière certaine au traitement, en bien ou en mal. ainsi arrive l’idée de profilage : avant de prendre un traitement, on passe un test. suivant le résultat de ce test, le médecin préconisera de prendre le traitement ou non, à quelle dose, des modifications alimentaires, un arrêt immédiat d’un autre traitement, et des vérifications régulières.

un autre élément d’information et de contrôle post-mise sur le marché : la possibilité de vérifier les promesses des études cliniques. une étude peut en effet arriver à la conclusion qu’un traitement fonctionne bien sur 80 % de l’ensemble des patients. C’est la proportion de patients qui allaient mieux en ayant pris le traitement. on notera que dans une étude bien faite, dite en double-aveugle, un autre groupe de patients n’a pas reçu de traitement, mais un placebo, sans en informer le médecin. et dans le groupe placebo, il n’est pas rare qu’environ 25 % des patients aillent mieux aussi. est-il nécessaire de leur donner le traitement ?

une fois l’autorisation de vente donnée, plus personne ne vérifie l’efficacité du traitement. on ne s’occupe plus que d’effets secondaires

indésirables. on pense ici au vioxx par exemple. mais, est-ce que le traitement fonctionne toujours sur 80 % des patients qui l’ont pris depuis ? on ne le sait pas et personne ne fait le calcul. l’ouverture des données nous le rendra possible, ainsi que celui d’autres estimations. par exemple, des défauts de design des études originelles, des défauts de randomisation entre les groupes, des biais statistiques non détectés lors de la première analyse statistique.

Ce genre de travail pourrait entraîner des surprises désagréables pour les auteurs de ces études. les autorités pourraient par exemple envisa-ger de diminuer les prix de remboursement de certains traitements à l’efficacité écornée ou d’en limiter la prescription.

en ce qui concerne les companion tests, l’idée n’est pas nouvelle. le premier est venu avec l’herceptin, un médicament contre le cancer du sein. lors de la première étude clinique de l’herceptin, on a conclu que seules 25 % des femmes étaient en rémission. C’est après l’étude qu’un statisticien de Roche a eu l’idée de les profiler. et il a ainsi découvert qu’elles avaient toutes une certaine modification génétique commune. et sur celles qui avaient ladite modification, les résultats étaient spec-taculaires.

l’arrivée du big data et de l’ouverture au public des données va généraliser l’utilisation des companion tests. À lire les communiqués de sociétés telles que Roche ou astra Zeneca dans le domaine, elles en ont parfai-tement compris l’enjeu. au mois d’avril, medtronic, Johnson&Johnson, ibm et apple ont conclu un partenariat pour la récolte, le stockage et l’analyse de données médicales.

en attendant, malgré toutes les annonces fracassantes et fréquentes de personalized medicine, il semble que le lobby de la santé fasse tout pour en freiner l’avènement. l’auteur du présent article a développé des algorithmes pour fabriquer des companion tests informatiques à partir de données de labo simples. il ne lui a pas été possible d’intéresser la moindre société. la raison semble en être que ces sociétés tiennent à leurs données brutes comme à la prunelle de leurs yeux. que se passe-rait-il si je découvrais par hasard qu’on aurait pu identifier les patients qui auraient des effets secondaires sévères ? une autre explication est que si l’étude est faite sur une portion trop restreinte de la population, personne ne pourra empêcher les médecins de les prescrire à tout le monde, alors que l’efficacité sur tout le monde n’a pas été démontrée.

chronique / ve n t ure caPital

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chronique / ve n t ure caPital

au mieux ça coûterait très cher au système de santé, et au pire, ça pourrait causer des dommages aux patients. À éviter tant qu’on n’y est pas obligés, donc.

le problème du profilage reste entier. la collecte sauvage de données qui promet certainement l’apparition de myriades de start-up qui proposeront des apps pour récolter, sauvegarder et partager ces données est un volet important du projet. des multinationales telles que procter&gamble en utilisent déjà pour en savoir le plus possible sur la disponibilité de leurs produits en rayon. mais il faudrait les enrichir par du contrôle de qualité et une centralisation généralisée du stockage. qui pourrait ou devrait être en charge ? on a du mal à imaginer les concurrents se mettre d’accord, pourtant ce serait assez nécessaire.

une fois les données stockées, on peut se lancer dans la procédure de profilage. des algorithmes de classification automatiques permettent de rassembler des profils similaires dans des boîtes homogènes. À cha-cune de ces catégories peut être associée une liste de traitements adaptés ou déconseillés, ainsi qu’une liste de traitements complémentaires à éviter. Ce qui surprend parfois les novices en termes de classification statistique est que ce genre de catégorisation n’est pas forcément com-

préhensible. on peut très bien se retrouver avec des profils homogènes qui contiennent des jeunes et des vieux, des hommes et des femmes, qui se nourrissent de manière complètement différente, mais qui ont une certaine combinaison de ratio de leurs variables biologiques qui s’accorde bien avec un traitement. il n’en reste pas moins que s’il est simple et facilement acceptable d’admettre que tel traitement ne fonctionne que sur les femmes, pas sur les enfants ni chez les gens qui ont une insuffisance cardiaque, autant il peut être gênant de se faire profiler par un réseau de neurones artificiels qui fabrique un modèle complexe de toutes vos données pour vous dire ce que vous devez faire ou ne pas faire. et ce alors que personne ne peut me définir ni me décrire mon profil.

nous parions néanmoins sur le fait que les companion tests seront bientôt aussi communs que l’aspirine. nous aurons probablement notre profil sur nous, enregistré sur une puce sous la peau, et on ne nous administrera que les traitements que nous tolérons. l’équilibre économique de toute la chaîne de la santé risque d’être bouleversée : les assurances auront comme toujours intérêt à débourser le moins possible et donc pousseront l’usage massif des tests, elles feront des tests statistiques et sans doute des campagnes préventives. de leur côté, les pharmas plaideront pour une augmentation de leurs prix en raison de la diminution conséquente de leur clientèle. les hôpitaux feront eux

aussi leurs statistiques et optimiseront les traitements, les durées de séjour et d’opérations. de leur côté les groupes de patients continue-ront à s’organiser et à partager de l’informa-tion, à l’instar de ce qu’ils font chez impatient science, start-up californienne fondée par gilles Frydman et Roni Zeiger, l’ex docteur in house de google. Ces derniers cherchent à apprendre quels traitements expérimentaux contre le cancer peuvent être recommandés. il est difficile d’entrevoir aujourd’hui qui va se retrouver en haut de la montagne, mais on peut déjà parier que de nombreuses compa-gnies vont se créer avec l’idée d’en tirer profit : des fabricants d’apps, des sociétés de cloud computing, des vendeurs de crème miracle. on assistera à des fausses rumeurs d’effets secondaires effroyables, de morts par cause de traitement. d’ailleurs, l’année dernière, le fabricant israélien de médicaments géné-riques Teva a été victime d’une telle rumeur : des patients prenant des somnifères auraient en fait avalé un médicament pour le cœur et en seraient morts. Toute cette histoire n’était qu’un mensonge éhonté, mais elle a sans doute eu un impact retentissant sur les comptes de Teva. une nouvelle forme de terrorisme économique ? \

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chronique / Per sPec tive s

C'eSt uNe RévoLte ? NoN SiRe, C'eSt uNe RévoLutioN !

le sièCle des lumièRes

la gestion de fortune suisse a prospéré de façon extraordinaire au cours de ces 60 dernières années en sachant parfaitement influencer et tirer parti d'un cadre réglementaire et fiscal particulièrement favorable. dans un XXe siècle marqué par les conflits internationaux et la politique des blocs, sa neutralité, sa stabilité et son indépendance lui ont permis d'apparaître comme havre de paix et de sécurité dans un monde devenu plus incertain, complexe et dangereux. son savoir-faire légendaire a fait le reste. enfin pas tout à fait ; son savoir-faire et son secret bancaire ont fait le reste. en effet, en permettant à une clientèle fortunée inter-nationale de ne pas être tenue de déclarer ses comptes détenus en suisse - au nom du droit intangible au respect de la sphère privée – notre place financière a gagné une position unique dans l'activité de la gestion de fortune transfrontalière.

l'aboliTion des pRivilèges

hélas, cette législation très propice et surtout le démarchage systématique des banquiers suisses auprès des grandes fortunes de la planète qu'elle a permis, ont fini par lasser des gouvernements étrangers en proie à l'explosion de leur dette publique et à des rentrées fiscales amputées en particulier, du fait de la « performance » de nos banques suisses. bien sûr il y avait eu le précédent des amnisties fiscales italiennes mais les banquiers suisses avaient estimé alors qu'il ne s'agissait que d'un épiphénomène, certes regrettable pour lugano, mais somme toute circonscrit. évidemment, la dichotomie entre activité légale et activité éthique paraissait de plus en plus difficilement tenable. mais c'est avec la crise des subprimes que les coups de boutoirs sont venus, d'abord des usa, rejoints bientôt par les pays de la zone euro puis ceux du g20 et finalement par tous les membres de l'oCde. en réponse à une certaine forme de chantage (pas d'alignement fiscal = pas de libre accès au marché) et à la pression croissante des

la légende RappoRTe que le ban-quieR suisse ne puT êTRe Tenu in-FoRmé des événemenTs le JouR même, eT qu'au lendemain, le 7 mai, À 8 heuRes, au momenT de son Réveil, le RégulaTeuR lui annonça la Fin du seCReT banCaiRe.

– « C’est une révolte ? » demanda le banquier– « non sire, ce n’est pas une révolte, c’est une révolution. » répondit le régulateur

Cette transposition très libre du récit de la prise de la bastille le 14 juillet 1789 par le duc de la Rochefoucauld, tente de faire toucher du doigt l'impact qu'aura l'adoption par la suisse du principe de l'échange automatique d'information pour la place financière suisse et pour ses banquiers. attention, cette analogie historique n'a pas pour objet de stigmatiser une fois de trop une supposée aristocratie bancaire suisse et le cadre réglementaire privilégié dont elle a pu bénéficier pendant des années. non, cette litote souhaite juste mettre en évi-dence en quoi l'abolition du secret bancaire constitue bien la fin d'un monde, un véritable changement de régime, et qu'il y aura bien désormais pour les banquiers, un avant et un après secret bancaire.

FRédéRiC kohleR, managing director, isFb

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chronique / Per sPec tive s

actions judiciaires, la suisse a fini par renoncer à son avantage compé-titif majeur : son secret bancaire ou plutôt son secret fiscal. d'abord au printemps 2013 après avoir perdu ses derniers alliés européens (luxem-bourg et autriche) puis le 6 mai 2014 en signant l'accord de l'oCde sur l'échange automatique d'information en matière fiscale.

CRise de Régime

évidemment anticipé de longue date par les banques, cet abandon a pour autant un impact considérable sur l'activité de banque privée en suisse et donc sur ses acteurs. Car il ne s'agit pas d'une énième évolution mais bien de l'avènement d'un nouveau monde. en effet, la performance de nos banques privées se mesurait jusqu'alors à l'aulne du bénéfice fiscal procuré et du secret bancaire absolu garanti à ses bénéficiaires. de ce point de vue, les établissements bancaires suisses surclassaient tellement leurs concurrents que la notion de rendement net de la gestion des por-tefeuilles ou celle de coûts des prestations bancaires facturés passaient nettement au second plan des considérations des clients. dès lors privée de cette possibilité d'optimisation fiscale et du secret bancaire, la gestion de fortune transfrontalière suisse se retrouve sur un pied d'égalité avec ses concurrents. pour lutter avec des places financières compétitives et agressives, les banques suisses n'ont pas attendu pour faire évoluer leur business model en le basant désormais sur des critères objectifs de qua-lité de gestion et de conseil mais aussi sur un savoir-faire opérationnel reconnu. elle doit à présent encore revoir sa structure de coûts afin de retrouver une rentabilité perdue, les revenus ayant eux chuté drastique-ment depuis 2008. mais surtout, comme l'a dit récemment le président de l'asb, patrick odier : « nous devons être agiles », cela signifie ouverts, réactifs, inventifs et surtout … rapides. RévoluTion

« la vraie question pour la place financière », ajoutait-il, « est surtout d'identifier et développer les compétences dont elle aura besoin pour mettre en œuvre les moteurs de croissance de demain ». en effet, les compétences nécessaires pour cette nouvelle banque privée sont sans commune mesure avec celles qui ont prévalu pendant près de quatre décennies. la performance individuelle prévaut désormais et est mesurée en tant que contribution au résultat collectif. les généralistes cèdent déjà la place aux spécialistes, l'expertise remplace peu à peu l'expérience, et le cycle de vie des connaissances techniques se raccourcit et s'accélère de façon constante. si pour les établissements on peut parler d'évolution maîtrisée, pour les collaborateurs, cette nécessaire agilité n'est pas un vain mot et il s'agit bien pour eux d'une véritable Révolution. des métiers disparaissent, d'autres apparaissent. Faute d'avoir su ou pu maintenir une employabilité suffisante, ils se retrouvent mis à l'écart malgré leur ancienneté, leur loyauté et leur engagement. le maintien à jour de leurs compétences est désormais de leur seule responsabilité. il leur incombe de les mesurer, de les comparer, de les développer si possible ou d'en acquérir d'autres si nécessaire. C'est en cela qu'il s'agit d'une véritable révolution pour les individus. les employeurs les accompa-gneront plus ou moins mais nul n'y échappera ; personne ne peut plus dire aujourd'hui : « ça tiendra bien encore 5 ans jusqu'à ma retraite ! ». \

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Contexte(s)

ac t ualité / c on te x te ( s )

MACÉDOINE phase 3 : signaTuRe d’un paRTenaRiaT sTRaTégique enTRe l’albanie eT les usa

le 20 avril 2015, John kerry recevait brièvement le jeune ministre des affaires étrangères d’albanie ditmir bushati (38 ans), avant d’être rejoint par victoria nuland, sous-secrétaire d’état aux affaires eurasiennes. Ces deux derniers signaient une « déclaration commune pour un partenariat stratégique entre l’albanie et les états-unis », décidée au dernier sommet de l’oTan, au pays de galles en septembre 2014. dans son discours d’introduction avec un phrasé identique à celui qu’on lui connaît à l’égard de l’ukraine, victoria nuland précisait : « nous partageons tellement notre indépendance pour laquelle nous avons si âprement combattu, notre amour de la liberté et de la démocratie, notre respect de la dignité humaine, et notre sens profond de l'histoire ». elle ajoutait la fierté des états-unis à soutenir l’entrée de l’albanie dans l’union européenne.

phase 4 : RévolTe des albanophones en maCédoine

Fin avril, des hommes vêtus d’uniformes de l’uCk prennent en otage des policiers macédoniens pendant plusieurs heures. le 9 mai, jour du défilé de la victoire à moscou, auquel assiste le premier ministre macédonien nikola gruevski, un grave incident éclate à koumanovo, région albanophone et fron-talière entre la macédoine et le kosovo, faisant 20 morts. gruevski est obligé de rentrer précipitamment de moscou.

phase 5 : l’oTan appelle À la ReTenue

le 10 mai, le secrétaire général de l'otan Jens stoltenberg appelle à la retenue. il met le public en position de penser que l’organisation atlantique s'exprime de l'extérieur, en observateur neutre, alors qu’elle soutient l’albanie et le kosovo.

NOUVEAU COMPTE À REBOURS BALKANIQUE EN MACÉDOINE

les observateurs se demandent si une révolution de couleur ne prend pas forme en macédoine. la séquence des évène-ments pourrait le confirmer.

phase 1 : RévélaTion d’éCouTes illégales pRaTiquées paR le gouveRnemenT maCédonien

Février 2015, Zoran Zaev accuse le pouvoir d’écoutes illégales. Zoran Zaev, leader de l’opposition, est surnommé le « sorosite » en macédoine, en raison des liens organiques de son parti politique (sdsm) avec la fondation locale de georges soros : la Foundation open society institute macedonia (Fosim). depuis sa création en 1992, son directeur vlade milchin aurait eu à disposition pas moins de 92 millions de dollars de dotation.

phase 2 : menaCe de Fusion des Régions albanophones

le 6 avril 2015, le premier ministre albanais edi Rama rece-vant le ministre des affaires étrangères kosovar, hashim Thaçi, a affirmé devant la presse que si l’unification entre le kosovo et l’albanie, tous deux peuplés d’albanais, ne se faisait pas au sein de l’union européenne, alors elle se ferait d’une « manière plus classique ». Cette déclaration a provoqué l’ire de la serbie et l’inquiétude de la macédoine.

Zoran Zaev et vlade milchin

signature

de la déclaration

conjointe

albanie/usa

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phase 6 : négoCiaTions aveC des diplomaTes améRiCains eT euRopéens

le 15 mai, le gouvernement reçoit l’opposition en présence de l’ambassadeur des états-unis en macédoine Jess baily et du chef de la délégation de l’ue à skopje aivo orav, et ce à la demande de Zoran Zaev.

phase 7 : maniFesTaTions « sponTanées »

le 18 mai, plus de 40 000 manifestants descendent « spon-tanément » dans les rues de skopje pour réclamer la démission du gouvernement démocratiquement élu. des drapeaux albanais y sont brandis. Zoran Zaev précise à la Tribune de genève datée du 19 mai, qu’il préfère le gazoduc trans-adriatique (Tap) au gazoduc Turkish stream de gazprom.

phase 8 : À suivRe… \

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UKRAINE

CRÉATION D’UNE LÉGION ÉTRANGÈRE : POUR QUOI FAIRE ?

le mai 2015, le parlement ukrainien a approuvé en première lecture la création d’une légion étrangère sur son sol. on peut imaginer que cette loi est faite pour régulariser tous les mercenaires et combattants irréguliers se battant en ukraine, comme le prévoit son article 446. mais ce texte va un peu plus loin. en effet, les législations des états qui soutiennent l'ukraine leur interdisent de livrer du matériel militaire lourd à des armées non-régulières. Cette loi pourrait donc anticiper de telles livraisons et pourrait donc être perçue comme le signal d’une aggravation du conflit dans ce pays. \

MONACO

LOUIS VUITTON (LVMH) ET LUI CHE-WOO, À LA TABLE DU CASINO

lvmh vient d’acquérir 5 % du capital de la société des bains de mer, soit environ 32 millions d’euros, pour l’instant. la sbm l’avait ouvert par voie d’augmentation de capital, pour financer les 650 millions d’euros nécessaires aux immenses chantiers de rénovation de l’hôtel de paris et de la construction de pas moins de sept immeubles à la place de l’ancien sporting d’hiver. beaucoup plus discrètement, le groupe chinois galaxy entertainement, a également souscrit à cette augmentation de capital, pour un peu moins de 5 %. Ce groupe hôtelier et casinotier, coté à hongkong, est principalement actif à macao, avec aussi des intérêts en Chine continentale (200 filiales, 20 000 employés). il a été fondé il y a 25 ans par lui Che-woo, né en 1929, à Jiangmen, à une cinquantaine de km de macao. signe particulier : il n’enlève jamais sa casquette, ce qui lui donne un faux air ouvrier. Très faux air même, avec une fortune estimée à 21 milliards de dollars en 2013 et faisant de lui le 2e homme le plus riche de hongkong, selon Forbes. même si ses avoirs ont fondu de moitié en 2014, il a encore de beaux restes. C’est l’opération anticorruption, menée sans merci par le gou-vernement de Xi Jinping, qui a entraîné la chute drastique du marché des jeux à macao. l’arrivée de lui Che-woo à monaco ne doit rien au hasard. \

BRÉSIL

LES MILLIARDS PERDUS DE PETROBRAS…

empêtrée dans l'un des plus gros scandales de corruptions connus au monde, et frappée par la baisse des cours du pétrole, petrobras (petróleo brasileiro s.a) a perdu jusqu’à 25 milliards d'euros de capitalisation boursière depuis l’éclatement du scan-dale en octobre 2014, alors que son endettement flirtait déjà avec les 140 milliards. avec plusieurs mois de retard, aldémir denbine, le nouveau président de petrobras, a annoncé fin avril 2015 une perte de 6,5 milliards d'euros, dont un tiers environ est lié à la corruption, soit près de 2 milliards d’euros de préjudice causé par le système de pots-de-vin, qui tournait depuis 2004. l’opération « lava jato » menée par la police et la justice brésilienne a coûté sa place à l’ancienne présidente du groupe graça Foster, très proche de dilma Rousseff et qui était la seule femme à diriger un groupe classé parmi les 40 premiers mondiaux dans le secteur de l’énergie. dilma Rousseff aura très certainement des comptes à rendre puisqu’elle a présidé le conseil d'administration de petrobras entre 2003 et 2010, en sa qualité de ministre de l'énergie au sein du précédent gouvernement lula.

dilma Roussef et graça Foster

ROyAUME-UNI

LES BANQUES N’AIMENT PAS L’IDÉE DU BREXIT

le Royaume-uni entre dans une période d’incertitude prolongée, jusqu’au référendum sur le Brexit (sortie de l’union européenne) promis par david Cameron d’ici fin 2017. après anthony browne, directeur général de la très influente bba (association des banquiers britanniques), qui a mis en garde contre les conséquences très néfastes d’un succès du brexit, notamment sur l’emploi, puis de la hsbC qui avait menacé d’expatrier son siège hors du royaume, c’est au tour de la deutsche bank de préparer un déménagement vers la zone euro. Rappelons que son implantation sur le sol britannique remonte à 1873 et qu’elle y emploie 9 000 personnes. \

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outre des cadres de petrobras et d’anciens hauts fonction-naires, ce ne sont pas moins de treize sénateurs, vingt-deux députés et deux gouverneurs fédéraux qui sont sous enquête pour l’instant, tandis que Joao vaccari, ex-trésorier du parti des travailleurs (pT), dont dilma Roussef et lula sont issus, a été arrêté et placé en détention provisoire.

… auX milliaRds pRomis paR la Chine

on comprendra que la visite de trois jours au brésil, du 18 mai au 21 mai 2015, du premier ministre chinois li keqiang, avec ses valises pleines de yuan, arrive à point nommé. lors de sa réception en grande pompe en juillet 2014, le président Xi Jinping avait déjà parlé d’une « com-munauté de destins » entre les deux pays et une cinquan-taine de grands contrats avaient déjà été signés, selon les plans imaginés par la très active Cosban (Commission Chine-brésil de haut niveau pour l'entente et la coopéra-tion). il n’avait pas tort. il sait bien que la relation entre les deux pays ne date pas d’hier. les premiers Chinois sont en effet arrivés au brésil dès la fin du 19e siècle, dans ces flux de remplacement qui suivirent l’arrêt des traites d’esclaves. ils travaillaient déjà dans l’agriculture, la construction des chemins de fer, l’extraction minière et bien sûr le commerce.

le premier traité d’amitié, de commerce et de navi-gation entre les deux pays remonte quant à lui à 1881. l’intensification des échanges à partir des années 2000 s’inscrit donc dans cet héritage historique. et le brésil y a grandement trouvé son compte : entre 1990 et 2010, les exportations brésiliennes vers la Chine avaient aug-menté de 1800 %. en 2013, le commerce bilatéral entre les deux pays atteignait 83,3 milliards de dollars, une augmentation de 10,4 % par rapport à 2012 et de 13 fois par rapport à ce qu’il était 10 ans plus tôt.

les investissements directs chinois au brésil représen-taient 48,6 milliards de dollars en 2010, contre seulement 300 millions en 2009. même si, en 2014, ce chiffre était ramené à près de 20 milliards de dollars, les 35 contrats que les deux pays viennent de signer en mai 2015 repré-sentent plus de 50 milliards de dollars d’investissements garantis jusqu'en 2021. une partie de cette manne sera

affectée à la construction du chemin de fer transconti-nental reliant les océans atlantique et pacifique, distants de plus de 5000 kilomètres. Cet axe entre porto do açu (brésil, nord de Rio Janeiro) et puerto ilo (sud du pérou), reliera aussi les fleuves paraguay et parana, deux voies de transport fluvial majeures de la région. mais rien n’est dit pour l’instant, sur les conséquences écologiques d’un tel chantier.

…aveC des ReTombées pouR la suisse

deux acteurs suisses s’intéressent à la portion bolivienne d’un tracé concurrent : la société d’ingénierie et de conseil molinari Rail, basée à winterthur et le constructeur stadler Rail, basé à bussnang (Tg) qui est l’une des rares compagnies à pouvoir livrer des trains à crémaillère. l’un des points critiques de cette future ligne bi-océanique, est en effet le franchissement de la cordillère des andes, à parfois plus de 4000 mètres d’altitude (lac Titicaca). la Chine, qui a montré son savoir-faire avec sa ligne pékin-lhassa, a présenté un tracé qui contourne la bolivie par le nord, via pôrto velho. au venezuela, China Railway engineering Corporation construit déjà la première ligne à grande vitesse d’amérique latine Tinaco-anaco. un chantier à 7,5 milliards qui a débuté en avril 2014. en argentine, la China south Railway (CsR) est présente depuis 2006. \

dilma Roussef et li keqiang

Carte ligne transcontinentale brésil-pérou

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185 000 EMPLOIS EN SURSIS

selon une étude d’enform publiée le 19 mai 2015, l’industrie canadienne du pétrole et du gaz naturel pourrait perdre des dizaines de milliers d’emplois en 2015, en raison de la baisse des cours. alors qu’en 2014, ce secteur a investi 125 milliards de dollars et donné du travail directement ou indirectement à 720 000 personnes, les investissements 2015 ne devraient pas dépasser les 94 milliards de dollars faisant disparaître 185 000 emplois directs ou indirects. par exemple la société Trican well services, entrée en 2008 dans le « Canada's Top 100 employers », a annoncé un plan pour la suppression de 2000 postes début avril 2015. \

UN DÉPUTÉ GAGNE OFFICIELLEMENT SON SIÈGE À PILE OU FACE

Cela se passe sur l’Île-du-prince-édouard, la plus petite province du Canada, située à égale distance de montréal et saint-pierre-et-miquelon. lors de l'élection législative du 4 mai 2015, alan mcisaac, candidat libéral et mary ellen mcinnis candidate du parti conservateur, ont obtenu exactement le même nombre de voix. pour résoudre un tel cas, la loi électorale de la province prévoit de départager les candidats à pile ou face, sans leur laisser le choix du côté de la pièce : face pour le premier nom dans l’ordre alphabétique et pile pour l’autre. après un lancé parfait, exécuté par l’honorable juge John douglas, Chief provincial Court Judge à la cour de Charlottetown, c’est le côté pile qui l’emportait. un procédé exceptionnel ici, mais qui constituait pour la très démocratique athènes, le mode habituel de désigna-tion des magistrats (bouleutes et héliastes) et permettait un système d'alternance régulière pour les prytanes (présidents tournants de la boulê). \

INAUGURATION DE LA PREMIÈRE BOURSE AUX DIAMANTS D’AMÉRIQUE LATINE

située dans le prestigieux quartier d’affaires de santa maria (commune de Juan diaz, panama), la panama diamond exchange (pde) devient la première bourse aux diamants et joaillerie d’amérique latine. elle a été inaugurée en grande pompe du 27 au 30 avril 2015, en présence d’une très remarquée délégation indienne, menée par shri siddharth, secrétaire adjoint du ministère du commerce de l’inde et directeur général des approvisionnements et de la répartition du secteur diamants et joaillerie et vipul shah, conseil indien pour la promotion des exportations de joaillerie et de pierres (gJepC). il s’est déclaré très heureux que son pays « apporte son soutien à une entreprise qui va propulser l'amérique latine dans l’un des marchés les plus dynamiques du monde », ajoutant que « l'inde, en tant que numéro un mondial de la taille de dia-mants et leader de la manufacture de joaillerie, a un intérêt direct au succès de cette nouvelle place ouverte au panama ». effectivement, 14 diamants bruts sur 15 dans le monde sont taillés et polis en inde.

45 entreprises du secteur, parmi lesquelles 14 des plus impor-tantes au monde se sont déjà installées dans les nouveaux locaux de la pdR et vont profiter de la défiscalisation complète des zones franches, accordée par un décret d’août 2013, pour leurs activités de trading international des diamants et joailleries. les diamants seront directement acheminés depuis new-york, anvers, Tel aviv, dubaï, smolensk, hong kong, ou mumbai, évitant aux acheteurs de faire eux-mêmes le déplacement. selon les prévisions d’eli izhakoff, président honoraire de la Fédération mondiale des bourses aux diamants, (wFdb), basée à anvers, le marché actuel de la joaillerie de détail d’amérique latine devrait passer de 8 à 10 milliards de dollars d’ici 2017. selon une étude de bain & Company publiée en février 2015, « la production mondiale de diamants devrait croître de 3,8 % par an en moyenne jusqu'en 2019, avant de décliner en raison du vieillissement des mines existantes et du nombre limité de nouveaux projets en préparation ». en revanche, la demande continuera d'augmenter à un rythme soutenu. il pourra en résulter une substantielle augmentation des prix. \

ac t ualité / c on te x te ( s )

CANADA

ouverture de la 1re session de la bourse aux diamants du panama

Juge John douglas (2e en partant de la droite)

PANAMA

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d o s sier / dia sPor a indie nne

on CompTe auJouRd’hui envi-Ron 28 millions d’indiens de l’éTRangeR, vivanT dans plus de 130 pays1. CommenT se FaiT-il qu’il y aiT TanT d’indiens dissé-minés de paR le monde, depuis TanT de généRaTions ?

les TRois gRandes vagues d’émigRaTion

la première vague d’émigration de masse des indiens remonte en fait au 19e siècle. ils ont quitté l’inde en majeure partie pour remplacer la main d’œuvre des esclaves tout juste affranchis, et qui n’avaient donc plus l’obligation de travailler. Cette permutation à grande échelle s’est faite dans un état de nécessité qu’on imagine pour des colons se retrouvant du jour au lendemain sans main d’œuvre. les britanniques furent les premiers à inventer alors le système de « l’engagisme » (« identure » en anglais), consistant à importer des travailleurs à très bon marché, essentiel-lement depuis l’inde du nord. les « engagés »

étaient liés aux employeurs des colonies, certes par des contrats (généralement de cinq ans), mais qui présentaient des caractères serviles encore très marqués, comme le droit accordé aux employeurs de punir les engagés, de sus-pendre leurs salaires ou de leur imposer des conditions de travail inhumaines.

des transferts massifs de main d’œuvre furent ainsi organisés partout où il y avait de grandes plantations à cultiver mais également de grands travaux d’infrastructure à entreprendre. par exemple, entre 1896 et 1901, ce sont plus de 30 000 indiens, majoritairement sikhs, que les anglais recrutèrent pour construire la voie de chemin de fer reliant, sur 970 km, la ville por-tuaire de mombassa (kenya) à la ville lacustre (lac victoria) de kampala (ouganda). globa-lement, à partir de 1834, année de l’abolition de l’esclavage dans les colonies britanniques, au moins 6 millions de travailleurs indiens furent déplacés, dont 4,5 millions en birmanie, en malaisie et à Ceylan, 450 000 autres à l’Île maurice, 200 000 aux Caraïbes, près de 300 000 en guyane britannique et au suriname, 150 000 en afrique du sud, 60 000 aux îles Fidji, et plus de 30 000 en afrique de l’est. les Français adopteront aussi ce système, notamment pour l’île de la Réunion (île bourbon à l’époque) et les antilles. l’engagisme fut aboli à son tour par les britanniques en 1922.

la deuxième grande vague migratoire fut volontaire et toucha des indiens qualifiés, partis chercher du travail dans les pays développés, dès l’indépendance de 1947. elle s'est traduite par la création d’une élite indienne à l’étranger, conjuguant le bourgeonnement des réussites locales, le plus souvent liées à la réussite d’études poussées, et l’installation de grands patrons ou de grandes familles ayant réussi d’abord en inde.

hiStoiRe et FoRCeS De LA DiASpoRA iNDieNNe

1) source : ashook Ramsaran, président de gopio international (2013)

aRnaud doTéZaC, directeur des rédactions

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d o s sier / dia sPor a indie nne

un lien de parenté ininterrompu avec un citoyen indien, sur au plus quatre générations, et à la condition qu’ils ne soient ni pakistanais ni bengalais, alors ils peuvent bénéficier aujourd’hui du statut de Citoyen indien d’outre-mer (oCi, overseas Citizen of india) qui remplace et améliore, depuis janvier 2015, celui de pio (person of indian origin). même si la double nationalité à part entière n’est toujours pas admise par l’inde, la carte d’oCi ressemble à s’y méprendre à un passeport qui donne à son titulaire tous les droits d’un citoyen en termes de libre circulation, d’établissement, d’investissement ou encore d’éducation. les seules restrictions touchent au droit de vote, à l’accès à la fonction publique ou au droit de posséder des terres agricoles.

mais la situation des pio n’a pas toujours été si simple. dès l’indépen-dance, nehru a opté pour la dissociation de ces descendants d’émigrés d’avec la mère patrie, en phase avec ses positions tiers-mondistes bien connues et qui lui interdisaient d’empiéter d’aucune manière sur la souveraineté des pays d’installation. il était en outre persuadé que la nouvelle identité indienne ne pouvait émerger qu’à l’intérieur du terri-toire et de l’état indien, qui venaient de se former. il ne se sentait de toute façon pas assez fort économiquement pour prendre la responsabilité des millions d’indiens d’outre-mer pauvres ou illettrés, ni ne voulait soutenir ceux qui avaient réussi, en exploitant ces derniers, pensait-il.

Cette politique de déresponsabilisation de l’inde fut poursuivie par sa fille indira gandhi mais l’expulsion de dizaines de milliers de pio du kenya, puis d’ouganda dans les années 1970 marqua un tournant dans la politique indienne. en 1962, près de 180 000 pio résidaient au kenya. dès le lendemain de l’indépendance en 1963, le kenya commença à décréter des lois discriminantes à l’encontre de tous les indiens qui avaient opté pour la citoyenneté britannique d’outre-mer au lieu de la kényane à ce moment. le gouvernement kényan commença par les expulser de la fonction publique. puis il décida d’instaurer la préférence nationale pour l’emploi, interdisant de facto d’embaucher des pio. en 1967, c’est au tour des activités commerciales d’être interdites, avec effet au 1er janvier 1969.

carte oCi

famille indienne d’ouganda

en parallèle, les besoins croissants des pays producteurs de pétrole de la péninsule ara-bique renouèrent avec une certaine forme d’engagisme moderne, en attirant à eux des millions de travailleurs indiens mais aussi népalais, pakistanais, ou indonésiens. les employeurs avancent généralement le prix du voyage et les frais de visa de ces migrants, que ces derniers doivent ensuite leur rembourser à des conditions usuraires, absorbant des mois voire parfois des années de salaire sur place, sans compter la confiscation de leur passeport à l’arrivée par leur « sponsor », le kafil, le tout sans aucune protection sociale ni légale, tout en étant exposé au risque permanent de se faire renvoyer sine die au pays. quelle est la relation de l’inde avec sa diaspora ? Comment a-t-elle évolué au fil du temps ?

le sTaTuT de la diaspoRa indienne

les indiens des premières vagues d’émigration qui finirent par s’établir à l’étranger furent, pour la plupart, poussés à adopter la nationa-lité de leur pays d’installation par des leaders indiens rétifs à les prendre en charge. leurs descendants ont aujourd’hui un lien statutaire reconnu avec l’inde. s’ils peuvent prouver

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Ces décisions eurent évidemment pour conséquence de provoquer un exode massif. environ 40 000 personnes purent émigrer au Royaume-uni, avant que le gouvernement travailliste de londres n’imposa des restrictions sévères en 1969. le 4 août 1972, c’est au tour d’idi amin dada, le tristement célèbre dictateur d’ouganda, d’informer les pio de son pays qu’allah lui avait commandé en rêve de tous les expulser, soit près de 50 000 personnes, parmi lesquelles de nombreux pio qui venaient de quitter le kenya, en y espérant des jours meilleurs. il leur donna 90 jours pour partir, au cours desquels de nombreuses persécutions furent commises. le gouvernement conservateur d’edward heath accueillit près de 25 000 d’entre eux mais l’inde seulement 4500. quelques milliers d’autres se répartirent au Canada, aux états-unis et quelques pays africains limitrophes. mais au moins 20 000 pio ne purent jamais être décomptés.

la RéouveRTuRe auX indiens d’ouTRe-meR

Cette situation eut plusieurs consé-quences importantes. en premier lieu, le gouvernement d’indira gandhi en place depuis 1966 réalisa que le soutien de l’inde aux mouvements de libération africains n’était pas payé en retour à l’égard des indiens d’origine. ensuite, les indiens réalisèrent que leur potentiel de solidarité avec leurs cousins d’outre-mer était intact, en particulier face à l’opposition puis aux hésitations d’in-dira gandhi de les accueillir, au moins comme réfugiés. C’est de là qu’est parti le retour de l’engagement des gouver-nements indiens successifs en faveur de la diaspora. mais cela ne se fit pas en un jour. il fallait aussi surmonter le mépris que la politique nehruvienne avait instillé également à l’égard des expatriés volontaires de nationalité indienne, les nRi (non Resident in-dians). souvent brocardés par leurs compatriotes comme « non Required indians » (indiens non requis), voire comme « non Reliable indians » (in-diens non fiables), ils firent au contraire la preuve de leur succès dans de nom-breux domaines à l’étranger au point de devenir des « minorités modèles » dans certains d’entre eux comme les états-unis ou le Canada.

C’est Rajiv gandhi qui, dans les années 1980, va vraiment prendre conscience de l’intérêt des nRi/pio pour l’inde, en ne le considérant plus comme une élite en fuite mais comme une « banque de cerveaux » selon ses propres termes2. en 1986, il crée un premier service au sein du ministère de l’industrie afin de faciliter les procédures d’investisse-ments des indiens d’outre-mer et fait entrer sam pitroda dans son gouverne-ment, un nRi qui va permettre à l’inde de développer ses propres solutions de télécommunication et réduire forte-ment sa dépendance aux technologies étrangères. mais c’est finalement le parti nationaliste bJp qui mettra en place les structures d’une réelle poli-tique en faveur des échanges avec la diaspora, à partir de 1997, un demi-siècle après l’indépendance.

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en 2000 atal bihari vajpayee crée la haute commission de la diaspora indienne, dont il confie la présidence à laxmi mall singhvi, père du nou-veau soft power indien. Ce dernier ouvrira six axes de réformes qui seront tous mis en œuvre, notamment sous la responsabilité d’un secrétariat puis d’un plein ministère des affaires indiennes d’outre-mer, depuis 20043 :

- aide à l’investissement et aux trans-ferts de technologies et de connais-sances de la diaspora vers l’inde,

- Création d’institutions destinées à renforcer les liens culturels avec l’inde,

- protection active de la diaspora, no-tamment contre les discriminations,

- promotion de la diaspora comme ambassadrice de l’inde,

- Reconnaissance de la contribution de la diaspora à l’histoire indienne,

- Création de la citoyenneté d’outre-mer.

C’est à lm singhvi que la diaspora doit la création dès 2003 du très im-portant « pravasi bharatiya divas » (Jour des indiens d’outre-mer), orga-nisé directement par le ministère des affaires étrangères indien et qui se tient tous les 9 janvier depuis lors, en mémoire de la date du retour définitif du mahatma gandhi depuis l’afrique du sud, en 1915. il réunit plusieurs centaines de délégués triés sur le volet et décerne chaque année le « pravasi bharatiya samman » (prix des indiens de l’étranger), considéré comme la plus haute distinction en faveur des indiens d’outre-mer.

le ministère des affaires indiennes d’outre-mer a créé toute une série d’ong, afin de donner corps et co-hérence à la politique de soft power indienne, parmi lesquelles l’overseas indian Facilitation Centre (oiFC), qui assiste et forme les indiens d’outre-

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2) discours du 29 août 1985 à la conférence des ministres de l’éducation des etats et de l’union, in selected speeches and writings, Rajiv gandhi, ministère de l’information. new delhi, 1987.

3) portefeuille confié à madame sushma swaraj dans l’actuel gouvernement modi, qui est également ministre des affaires étrangères.

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mer dans leurs investissements, l’india development Foundation of overseas indians (idF-oi) qui soutient gratuitement les projets phi-lanthropiques privés et publics vers l’inde4.

selon Joydeep mukherji, directeur chez standard & poor's, la com-munauté indienne d’outre-mer génèrerait chaque année entre $300 à $500 milliards de richesses, au sein de l’économie mondiale. une manne dont on comprend que le premier ministre narendra modi veuille faire profiter son pays au maximum. mais avec la promesse d’un soutien indéfectible de la mère patrie en retour, qu’il exprima solennellement lors de sa première visite officielle aux états-unis le 28 septembre 2014 devant 20 000 nRi et pio venus l’applaudir : « i assure you, i will never do anything to let you down ». \

narendra modi, premier ministre indien, s’adressant à ses compatriotes, lors de sa première visite aux etats-unis, en septembre 2014.

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4) l’idF-oi est missionnée depuis mai 2015, par le gouverne- ment modi, pour contribuer également aux grands projets de dépollution du gange (namami gange), ainsi qu’aux grandes opérations pour une inde propre (swachh bharat) et des écoles propres (swachh vidyalaya).

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GooGLe, uNe eNtRepRiSe iNDieNNe ?

google a pour la première fois publié une statistique sur les origines ethniques de ses employés en 2014, pour les seuls états-unis : 30 % sont asiatiques, ce qui inclut les indiens d’origine, dont la proportion exacte n’est pas donnée. même si ces derniers représentent une part significative, elle est loin d’être majoritaire. donc non, google n’est pas une entreprise indienne. mais aurait-elle existé telle qu’elle est, sans les indiens ? sans doute pas.

Comme le rappelle le dr. Jogishwar singh (page 35 dans ce numéro), le premier indien à avoir significativement contribué à la conception et au lancement de google1 fut Rajeev motwani, l’un des professeurs de lawrence page et sergey brin à stanford2. C’était en 1996, lorsque le moteur de recherche n’était qu’un prototype qui s’appelait encore « backrub ». le pr. motwani aura notamment aidé larry et sergey à développer leur système original de classement des résultats pageRank.

le 15 septembre 1997, larry et sergey déposèrent « google » comme nom de domaine, qui était toujours hébergé dans leur laboratoire de stanford à l’adresse http ://google.stanford.edu/. le moteur pouvait extraire ses réponses de la « stanford webbase » qui avait indexé le nombre record de 24 millions de pages3. le second indien à intervenir dans l’aventure google fut kavitark Ram shriram4. il venait de vendre son site d’achat en ligne junglee.com à Jeff bezos (amazon) en août et décida de réinvestir immédiatement $250 000 dans google inc, le 4 septembre 1998, jour de son enregistrement. C’est d’ailleurs lui qui amena Jeff bezos comme 4e investisseur dans google deux mois plus tard. k. Ram shriram est toujours membre du conseil d’administration de google avec une fortune personnelle que Forbes estime en 2015 à $1,86 milliards.

1) le mot google est une déformation du néo- logisme mathématique « googol » qui désigne la grandeur 10100

2) né en 1962 à Jammu, en inde, Rajeev motwani était titulaire d’une licence en informatique de l'institut indien de technologie de kanpur, et d’un doctorat de l'université de berkeley. il meurt accidentellement, noyé dans sa piscine, en septembre 2009. il était membre du conseil scientifique de google depuis sa création.

3) en 2008, l’index google atteignait 1 000 milliards de pages.

4) né en 1957 à madras (inde), k. Ram shriram est licencié en mathématiques de l’université de madras. il est membre du conseil d'admi- nistration de l'université de stanford à qui, lui et sa femme, ont fait don de $61 millions, destinés au shriram Center for bioengineering & Chemical engineering.

google, diversité des origines aux usa (2014)

Radhika malpani

kavitark Ram shriram

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entré chez google en 1999, il y attire son ami ben gomes7 qu’il a connu sur les bancs de l’école, à bangalore. Ce dernier entre ainsi chez google durant la même semaine 1999 et devient le 46e employé de google. aujourd’hui vice-président de l’ingénierie, il est surnommé le « diplomate » pour sa discrétion et sa capacité à créer des ponts entre les personnes. bien qu’il soit peu connu du grand public, on le surnomme aussi le « Tsar de la recherche ». C’est à lui qu’on doit notamment les suggestions automatiques et contextuelles que les utilisateurs obtiennent quand ils commencent à taper une requête, ainsi que l’apparition des quelques lignes de texte et de liens en introduction des résultats collectés, les fameux snippet (« extraits »).

1999 voit aussi l’arrivée d’un autre ingénieur indien essentiel pour l’avenir de google : sanjay ghemawat8. C’est son tra-vail, en tandem avec Jeff dean, sur la répartition logicielle de la montée en charge de google (mapReduce et google File system), qui a ouvert la voie à l’ère du Cloud compu-ting, ce qui leur a notamment valu le prix de Computing sciences 2012 de la fondation aCm-infosys. krishna bharat convainc également amit singhal9 de rejoindre la start-up en 2000. Ce dernier deviendra patron du département search quality, avec la charge d’un dossier stratégique : celui de l’amélioration constante des algorithmes de recherche du moteur google search, afin d’obtenir une information toujours plus pertinente dès le premier rang. il ne fera rien de moins que réécrire intégralement le code du moteur de google en 2001, notamment en raison de la montée en charge vertigineuse des requêtes. il est aujourd’hui vice-président de google.

5) outil permettant de connaître les principales tendances parmi les millions de recherches effectuées chaque jour selon les pays, les langues, les sujets, les personnalités, etc.

6) né le 7 janvier 1970, à bangalore, licence en technologie iiT madras (1991), doctorat en Computer science du georgia institute of Technologie (1996).

7) né à dar-es-salaam (Tanzanie) de parents originaires de goa, il a grandi à bangalore, licence de la Case western university (ohio), doctorat de l’international Computer science institute de berkeley (1996).

8) originaire du Rajastan,

9) amitabh kumar singhal, est né en 1969 à Jhansi (uttar pradesh, inde), titulaire d’une licence en Computer science de l’iiT de Roorkee (1989), d’un master en sciences de l’université du minesota (1991), d’un doctorat en information retrieval de l’université de Cornell (1996).

plusieurs indiens sont recrutés dès l’origine. en 1998, amit patel est le premier d’entre eux et 7e employé historique de google et jouera un rôle clé dans le développement de google trends5. il est suivi par krishna bharat6 qui créera google news dès le lendemain des attentats du 11 septembre, afin de se maintenir au courant. mis en production dès septembre 2002, il n’aura fallu qu’un an pour qu’un tel projet passe du stade d’idée à sa mise sur le marché.

amit patel, premier ingénieur indien recruté par google, à gauche sur la photo.

ben gomès.krishna bharat

amitabh kumar singhal

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le passage du millénaire accueille symboliquement la pre-mière indienne dans les équipes d’ingénieurs de haut niveau de google. Radhika malpani, formée au victoria Jubilee Technical institute de mumbai (inde), se spécialisera dans l’imagerie après le rachat de picasa par google en 2004 et prendra la tête de google image search.

il faudra attendre 2003 pour que google recrute une autre femme d’importance, en la personne de sukhinder singh Cassidy10. Considérée comme une « serial entrepreneur », elle est d’origine sikh. nommée à son arrivée comme première directrice générale de google local & maps, son succès décide les patrons de google à lui confier tout le dévelop-pement des régions asie-pacifique et amérique latine. elle ouvrira 18 bureaux dans 11 pays différents, offrant les services de google à plus de 103 nouveaux pays. en octobre 2008, Fortune magazine la classe parmi les 50 femmes les plus influentes du monde.

entre temps, la présence d’indien dans des fonctions stratégiques s’est renforcée. en 2001 sont notamment arrivés sanjeev singh11 et narayanan (“shiva”) shivakumar. le premier jouera un rôle déterminant dans la développement concret du système gmail, entamé depuis quelques semaines par paul buchheit, et qui va révolutionner l’univers de la messagerie électronique.

shiva shivakumar jouera un rôle décisif dans la mise en œuvre de adsense avec gokul Rajaram12 un autre indien arrivé en 2002 et qui prendra la direction du projet. adsense, c’est la régie publicitaire de google qui permet de vendre du trafic en commun avec un détenteur de site web ou de chaine youtube, alors que adwords permet d’en acheter. on rappellera que ce système repose sur le fait que les annonceurs paient pour le clic de l'internaute sur leur publicité selon un système d'enchère et de qualité : plus l'annonce est pertinente pour l'utilisateur (en rapport avec les mots-clés choisis), plus le prix au clic est bas et l'annonce mise en évidence. au final, le prix unitaire du clic pour une annonce donnée, est fonction à la fois de l'offre de trafic (adsense) et de la demande de trafic (adwords).

mais tous ces développements n’auraient sans doute pas atteint un tel degré d’efficacité sans sridhar Ramaswamy13. Recruté en 2003, il va gérer ce qu’on appelle le « backwater », c’est-à-dire le groupe en charge de tous les algorithmes qui vont garantir la maximisation des revenus publici-taires de google par l’achat de mots-clés. il est aujourd’hui senior vice president, ads and Commerce. shivakumar venkataraman, l’un de ses fidèles, entré la même année que lui chez google, occupe aujourd’hui la fonction de vice-président de l’ingénierie pour adwords.

Radhika malpani sanjeev singh sukhinder singh Cassidy

sridhar Ramaswamynarayan shiva shivakumar gokul Rajaram

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2004 sera l’année de l’arrivée de deux poids lourds de google : sundar pichai14 et nikesh arora15. le premier est considéré aujourd’hui comme le numéro 2 de l’entreprise de mountain view. surnommé le « tsar des produits google » par Forbes, il a presque tout google entre les mains : search, maps, commerce, social, advertising products, mobile phone, et infrastructure. il ne lui manque que youtube, nest et Calico (application santé). Courtisé par Tweeter en 2011, google aurait déboursé $50 millions pour le garder. nikesh arora atteindra le poste de senior vice president et Chief business officer, faisant de lui le second cadre le mieux payé de google avec un salaire d’environ $50 millions en 2012. il ne pouvait grimper plus haut, alors il décida de quitter google en juillet 2014, pour rejoindre les plus hautes fonctions au sein de softbank.

de 2004 à 2008, les embauches d’ingénieurs indiens de haut niveau vont continuer : Rajen sheth, aujourd’hui direc-teur de « google at work » et qui fut la cheville ouvrière de la concurrence féroce avec microsoft sur les marchés des applications dédiés aux entreprises ; Ramanathan v. guha, qui compte à son actif pas loin de 50 brevets liés à l’amélioration du moteur de recherche ; shailesh Rao, homme clé de google map et google earth ; anjali Joshi, aujourd’hui vp, product management ; gayathri Rajan,

directrice en charge du product management qui a mis au point les plateformes permettant d’optimiser les paiements des annonceurs ; Rishi Chandra, en charge notamment des plateformes google Tv et chromecast ; vivek (vic) gundotra, père de google+, dont la fortune personnelle est évaluée à plus de $30 millions et qui a aussi quitté google en 2014 ; neal mohan, aujourd’hui vice president, display advertising products, également courtisé par Tweeter et qui aurait reçu le double de sundar pichai pour rester chez google ; sameer samat, aujourd’hui vice president, product management, en charge des ventes en ligne ; etc.

l’intérêt de google pour l’inde ne tarit pas. la firme vient d’annoncer qu’elle va justement construire, à hyderabad, son plus grand campus hors des états-unis, qui emploiera 13 000 personnes. la livraison des 20 000 mètres carrés de bâtiments prévus, pour un budget de ChF150 millions (10 milliards de roupies), devrait être inaugurée en 2019. \

10) née en 1979 à dar-es-salaam (Tanzanie), elle est diplômée de l’université de western ontario et titulaire d’hba (honours business administration) de la Richard ivey school of administration (ontario, Canada).

11) né en 1973, sanjeev singh a grandi à singapour, il est titulaire d’une licence en Computer science de stanford (1996).

12) né en 1965, il est titulaire d’une licence de l’indian institute of Technology, kanpur, d’un master de l’université du Texas et d’un mba de la sloan school of management (miT)

13) né en 1967 à Tiruchirapally (Tamil nadu-inde), licencié en computer sciences (Cs) de l’iiT de madras en 1989 et docteur en Cs de l’université de brown (providence, Rhode island) en 1994.

14) né en 1972 à Chennai (inde), il est diplômé d’ingénierie de l’iiT kharagpur, titulaire d’un ms de stanford et d’un mba de wharton.

15) né en 1968 à ghaziabad, près de new delhi (inde), il a fait son école à l’air Force school de delhi, son père étant officier de l’armée de l’air. il est diplômé en ingénierie de l’indian institute of Technology (bhu) varanasi et de boston College, titulaire d’un mba de northeastern university. il est également certifié Chartered Finacial analyst

nikesh arora

sundar pichai

google en quelques chiFFres :– Capitalisation boursière au 25 mars 2015 : 393,09 milliards de $

– Chiffre d’affaires 2014 : 66 milliards de $ (+ 19 % vs 2013)

– résultat net 2014 : 14,44 milliards de $ (+ 12 % vs 2013)

– effectifs (q4 2014) : 53 600 personnes

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un regard sikh sur la diasPora indienneentretien avec dr JogishwaR singh

le dr Jogishwar singh n’est décidément pas un homme ordinaire. le seul et premier sikh à occuper de hautes responsabilités au sein du groupe edmond de Rothschild à genève, est bien reconnaissable à son très distingué turban coloré, toujours parfaitement assorti à ses cravates et connu pour son aménité déjà légendaire dans la cité de Calvin. le dr singh est né en 1951 à khanna, au cœur d’un pendjab qui venait d’être déchiré dans les violences de la partition de l’inde et du pakistan. première épreuve, sa famille qui était établie dans ce qui allait devenir territoire pakistanais, dut tout quitter du jour au lendemain, comme plus de 12 autres millions d’indiens, et repartir de rien, grâce à cette résilience typique de l’âme sikhe. en inde, Jogishwar singh commença une brillante carrière dans la haute fonction publique, après avoir réussi le concours hyper-sélectif de l’ias (indian administrative service), équivalent de l’ena, dont le taux d’admission se situe entre seulement 0,1 et 0,3 % des candidats finaux, ainsi que l’admission au service des officiers fédéraux de police de l’inde (ips). mais un nouvel exode s’annonce. en 1984 indira gandhi donne l’ordre à ses blindés et ses commandos parachutistes d’attaquer le Temple d’or d’amritsar, le saint des saints des sikhs, afin d’étouffer dans l’œuf certaines velléités séparatistes. C’est la tristement célèbre opération « blue star » qui fit des cen-taines de morts civils et qui, en retour, coûta la vie à indira gandhi, assassinée par ses gardes du corps sikhs. elle ouvrira ensuite la porte à des mois de pogroms anti-sikhs à travers tout le pays, faisant entre 10 000 et 20 000 morts1. C’est ce contexte qui décidera Jogishwar singh à quitter l’inde avec son épouse vaudoise, et à venir s’installer en suisse. et la résilience fonctionnera. après plusieurs années difficiles, mais fort tout de même d’un master en physique et d’un autre en histoire de l’université du pendjab, d’un dess de la sorbonne et d’un doctorat de l’université d’heidelberg, fort aussi des neuf langues qu’il sait parler, il réussira une brillante carrière dans la banque privée. il a bien voulu partager avec nous quelques points saillants qui nous per-mettront de mieux comprendre cette diaspora indienne en générale et sikhe en particulier.

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1) en avril 2015, le parlement de Californie a qualifié officiellement ces événements de « génocide ».dr Jogishwar singh

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Comment se répartit la diaspora indienne dans les grands pays occidentaux et quelle y est la place des Sikhs ?

Je classerai la diaspora en fonction des grands secteurs d’acti-vités où on la retrouve dans ces pays, en commençant par les états-unis. les venture capitalists y sont bien entendu très présents, principalement dans la silicon valley. une de leurs figures emblématiques est kanwal Rekhi, le premier indo-américain à avoir fait entrer une société de capital-risque au nasdaq. vinod khosla est également célèbre pour avoir fondé sun microsystems en 1979, avant de créer son propre fonds d’investissement (khosla ventures). pour la petite histoire, en 1999, il avait déjà compris le potentiel de google et incita excite, dont il était actionnaire, à racheter cette start-up, qui n’était à vendre que pour $750 000 à l’époque. mais le Ceo d’excite, georges bell, refusa fermement cette opération, ce qui fit la fortune des fondateurs de google.

parmi les investisseurs de la silicon valley, il existe aussi des universitaires qui accompagnent leurs étudiants dans la création de leur start-up et peuvent en devenir actionnaires. Ce fut le cas du regretté pr. Rajeev motwani, mort prématu-rément à 47 ans (en 2009) dont deux de ses élèves de stanford n’étaient autres que larry page et sergey brin, fondateurs de google, et dont le succès est décidément très lié à l’inde (voir encadré : google, une entreprise indienne ?). en fait, les indiens ont très tôt contribué au succès de la silicon valley et s’y sont créés une aura très positive. Rien d’étonnant à ce qu’on les retrouve ensuite au sommet de la hiérarchie de quelques-unes des plus grandes entreprises high Tech. Ce qui nous conduit à une seconde grande catégorie de la diaspora, celle des Ceo de grands groupes, natifs d’inde, comme anshu Jain, co-Ceo de deutsche bank, son cousin ajit Jain, président de berkshire hathway insurance et dauphin de warren buffet, ou encore ajay banga, président et Ceo de mastercard, qui est sikh, ainsi que madame indra nooyi présidente et Ceo de pepsiCo, satya nadella, directeur général de microsoft, Rajeev suri, Ceo de nokia, et bien d’autres.

une troisième catégorie est constituée de la très vaste couche des professions libérales, en particulier les médecins, ainsi que les ingénieurs. leur revenu moyen annuel est un indi-cateur intéressant de leur efficience, puisqu’aux états-unis il est presque deux fois supérieur à la moyenne (90 000$/an contre 50 000$). parmi les médecins célèbres on connaît bien sûr le dr. deepak Chopra, endocrinologue et défenseur des médecines alternatives. en revanche, le nom du dr. balamu-rali ambati ne vous dira pas grand-chose. il fut pourtant,

en 1995, le plus jeune médecin du monde, en obtenant son doctorat aux états-unis à l’âge de seulement 17 ans ! s’agissant des ingénieurs, je signalerai qu’une proportion significative des plus hauts postes de la nasa est détenue par des indiens d’origine. Certains ont fait parler d’eux, comme le dr. ami-tabha ghosh, seul membre asiatique de la mission nasa mars pathfinder ou l’astronaute kalpana Chawla qui périt tragiquement dans la navette spatiale Columbia en 2003.

dans une quatrième catégorie, j’inclurai à présent les hauts fonctionnaires et les politiques. parmi les premiers, com-ment ne pas penser à preet bharara, de père sikh, qui est le procureur des états-unis pour le quartier de wall street, avec notamment l’affaire madoff à son actif. en angleterre, on peut citer sir Rabinder singh, qui est le premier sikh à avoir été nommé juge à la haute Cour de justice du banc de la Reine, et qui maintient le port du turban, plutôt que celui de la perruque traditionnelle.

mais c’est sans doute au Canada qu’on trouve la plus forte représentation de la communauté sikh dans le monde poli-tique. Ce n’est pas un hasard dans la mesure où ils furent les premiers immigrants indiens arrivés au Canada dans la dernière décennie du 19e siècle, installés principalement en Colombie-britannique. ujjal singh dosanjh fut le premier premier ministre de cette province de la côte nord-pacifique, en poste à partir de février 2000 et ancien ministre fédéral de la santé. aux dernières élections de 2011, huit des neuf députés de Colombie-britannique élus au parlement fédéral canadien étaient sikhs, dont deux femmes : Jinny sims (originellement Joginder kaur) et nina grewal. le gouvernement fédéral actuel compte également un sikh, Tim uppal, au poste de ministre d’état en charge du multiculturalisme.

les états-unis comptent aussi des élus indiens comme bobby Jindal, qui est le premier indien d’origine à avoir été élu au poste de gouverneur d’un état américain, en l’occurrence la louisiane. il est par ailleurs pressenti pour une candidature Républicaine aux primaires de la présidentielle 2016. nikki haley, née nimrata Randhawa, d’origine sikhe, est quant à elle gouverneur de Caroline du sud depuis 2011.

en europe, en revanche, c’est plus une immigration de « service » qui a eu lieu et qui a nourri une importante repré-sentation ouvrière au sein de la diaspora, principalement au Royaume-uni. néanmoins, aujourd’hui, les 430 000 sikhs du Royaume-uni (recensement 2011) sont représentés dans toutes les professions et principalement dans les services (management, consulting, iT, professions libérales). Côté business, des ultra high net worth individuals comme lakshmi mittal ou les frères hinduja, sont installés en partie à londres. Côté politique enfin, les indiens les plus

google , un s uccè s décidéMe n t t rè s lié à l’inde

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Créée en 2010 à Lausanne, la Fondation Race for Water

a pour mission de préserver la ressource la plus précieuse

de notre planète : l’eau. Reconnue d’utilité publique, l’orga-

nisation s’emploie à mettre en place des actions concrètes

et durables articulées autour de deux thématiques essen-

tielles : la protection des océans et celle de l’eau douce.

Race for Water initie des projets qui ont pour objectif

la sensibilisation et des actions concrètes sur le terrain.

Ces actions s’adressent à quatre audiences-cibles :

les acteurs économiques, les instances politiques, la

communauté scientifique ainsi que le grand public, avec

une attention particulière portée aux générations futures.

Race for Water collabore avec des organismes tels que

l’UNESCO, l’UNEP, l’UICN, le WWF et la WBCSD.

En 2015, la Fondation organise la « Race for Water Odyssey ».

Son objectif : dresser un premier état des lieux global de la

pollution des océans par les plastiques et mettre en exergue

les conséquences dramatiques de cette problématique

pour l’écosystème et les populations. Par la suite, Race for

Water ambitionne d’exploiter ces résultats pour développer

des solutions innovantes et viables permettant de secourir

les océans.

raceforwater.org

Avec le soutien de PIGUET GALLAND

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d o s sier dia sPor a indie nne / invité

connus sont paul uppal, qui vient de perdre son siège de député conservateur aux dernières élections de mai 2015, et indarjit singh, baron singh of wimbledon, premier sikh nommé à la chambre des lords en 2011, et premier lord également à porter le turban2.

Quelle est la contribution de la diaspora vers l’Inde ?

un phénomène complètement nouveau se confirme depuis 3 ou 4 ans : beaucoup d’entrepreneurs indiens des états-unis et d’europe reviennent en inde. C’est ce qu’on appelle le « Reverse brain drain ». on a d’abord vu des universitaires refuser des postes aux états-unis pour contribuer à la formation en inde. puis, on a assisté à un mouvement massif d’entrepreneurs, qui se traduit par la création de quantité d’entreprises3. et les liens vont se renforcer avec la croissance de l’investissement. pour en donner un simple aperçu, durant les 10 dernières années, le sensex, l’indice de la bourse de mumbai, a augmenté de 310 %, tandis que le dow Jones n’augmentait, pendant la même période, que d’un timide 62 %.

Quelle est la place de la communauté sikhe dans l’his-toire indienne ?

notre religion est d’histoire relativement récente puisqu’elle a été fondée au Xve siècle. il s’agit d’un monothéisme dont les enseignements spirituels des dix gurus fondateurs, ont été recueillis dans notre livre saint le « sri guru granth sahib ». il fut édité en 1604, du vivant de l’un des fondateurs. une première dans l’histoire des monothéismes.

la communauté sikhe est en outre marquée par sa pré-sence territoriale concentrée au nord de l’inde, dans ce qui est aujourd’hui le pendjab indien et dont le lieu saint est le célèbre Temple d’or, le gurdwârâ - darbar sahib, à amritsar, que nous avons déjà évoqué. malgré le fait que la religion sikhe se classe cinquième du monde en termes de nombre de fidèles, je pense que son contenu, autant que le fonctionnement de notre communauté, sont encore beaucoup trop méconnus et que notre poids économique est trop faible. C’est pourquoi je conseille toujours aux jeunes sikhs d’être beaucoup plus présents dans le secteur des médias et celui de la finance.

socialement, les sikhs ont été et demeurent encore majori-tairement des agriculteurs, qui ont fait du pendjab le grenier de l’inde. avec seulement 2,5 % des terres cultivables du pays,

be auc ouP d ’e n t re Pre ne ur s indie n s de s é tat s -unis e t d ’e uroPe

re vie nne n t e n inde

la répartition de la diaspora indienne dans le monde

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kanwal Rekhi Ceo d'inventus Capital partners

vinod khosla, Ceo de khosla ventures

anshu Jain, co-Ceo de deutsche bankajit Jain, président de berkshire hathway insurance avec warren buffet

ajaypal singh banga, président et Ceo de mastercard indra nooyi présidente et Ceo de pepsiCo

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cet état produit 20 % du blé et 11 % du riz de tout le pays. il contribue aussi dans des proportions massives aux réserves subventionnées par l’etat qui sont redistribuées aux plus pauvres : de 38 à 75 % pour le blé et de 25 à 50 % pour le riz, selon

les années. les sikhs savent aussi exporter leur savoir-faire agricole. on le voit en Californie par exemple où l’agriculture de comtés entiers est exploitée par des sikhs, comme celui de yuba. plus récemment, c’est devenu le cas en italie où plus de 10 000 des 65 000 sikhs, dont l’arrivée remonte aux années 1980, travaillent dans le secteur agricole. À noter que ce sont les sikhs qui font tourner les industries du parmesan et de la mozzarella, désertées par les jeunes italiens et qui, sans eux, auraient tout bonnement pu disparaître !

les sikhs sont également d’excellents soldats. ils ont repré-senté jusqu’à 30 % des recrues de l’armée indienne, forte de 1,3 million d’hommes, et qui a elle-même été dirigée au plus haut sommet à deux reprises par des sikhs. le dernier en date était le général bikram singh, qui a été chef des armées jusqu’en juillet 2014.

Pourquoi cette importante proportion de soldats ?

le peuple sikh a subi une vague d’extermination pendant l’ère moghole durant laquelle 70 % de sa population a péri pour avoir refusé de se convertir à l’islam. les gouverneurs afghans du pendjab Zakraya khan (1726-1746), yahya khan (1746-47) et muin-ul-malk (1748-53), sont restés dans les mémoires, notamment pour leurs intenses campagnes de décapitation des sikhs. Tout guerrier musulman qui ramenait la tête d’un sikh était récompensé de 10 à 50 roupies. en 1762, ce que nous appelons « le grand massacre » (vadda ghallughara) élimina d’un coup près de 50 % de la population sikhe, déjà méthodiquement décimée depuis une trentaine d’années.

ce s on t le s sikhs qui Fon t tourner le s ind u s t rie s

d u ParMe s a n e t de l a Mo z z arell a dé ser tée s Par

le s je une s italie n s

2) le premier indien (non sikh) à entrer à la Chambre des lords fut satyendra prasanno sinha, 1er baron sinha de Raipur, en 1919. le dernier sikh en date à avoir été est nommé à la Chambre haute est lord Ranbir singh suri (2014).

3) en raison de récents changements de règles en matière d'immigration, les étudiants avec un visa F1 aux états-unis ne peuvent plus devenir des créateurs d’entreprises indépendants mais seulement des salariés d’entreprises existantes et dans le domaine de leurs études.

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alors les sikhs durent se défendre et ceux qui ont survécu de justesse étaient les meilleurs combattants. C’est l’oppression qui a fait naître cette identité typique des guerriers sikhs4. et les résultats furent visibles. déjà, en 1739, le roi perse nadir shah s’inquiétait de se faire harceler par des cavaliers qui venaient sauver leurs femmes enlevées lors de ses razzias au pendjab5. un jour, il demanda à l’un de ses généraux qui étaient ces guerriers et où vivaient-ils. il lui répondit qu’il s’agissait des sikhs et que ces derniers n’avaient pour seule

demeure que la selle de leurs chevaux. À quoi le souverain perse prophétisa que les sikhs gouverneraient alors bientôt le pays. en 1783, le drapeau sikh flottait effectivement sur delhi, après les défaites cinglantes imposées à l’empereur moghol shah alam ii.

Comment expliquez-vous cet esprit de résistance ?

la religion y est pour beaucoup. en effet, nous ne reconnais-sons pas d’autre souveraineté que celle de dieu. il la délègue certes à la communauté humaine mais seulement en tant

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satya nadella, directeur général de microsoft

dr Jogishwar singh officier de l'ips 1975Rajeev suri, Ceo de nokia

Fermier sikh

nou s Pouvon s rec onn aît re le Pouvoir d ’un Mon arque

ou d ’un Pré side n t Mais uniqueMe n t c oMMe

délégué de l a c oMMun au té

que collectivité et sur la base d’un principe d’absolue égalité entre tous les humains, sans distinction. nous pouvons bien reconnaître le pouvoir d’un monarque ou d’un président mais uniquement comme délégué de la communauté. or les conquérants musulmans imposaient une allégeance personnelle et directe à un souverain qui ne représentait pas la collectivité, ce qui était inacceptable. par ailleurs, notre religion nous enseigne des valeurs très précises. J’ai déjà évoqué celle de l’égalité, qui s’applique entièrement aux femmes, envers qui notre religion nous enjoint un immense respect. dès lors, il était impossible de les laisser se faire enlever vers l’esclavage sans les secourir. d’autres valeurs fondamentales concourent à cet état d’esprit comme le devoir de défendre quiconque est agressé, l’obligation de venir en aide aux plus faibles, sans attendre rien en retour, le respect et la protection des droits d’autrui en général, jusqu’au sacrifice de sa vie. par exemple, en 1675, le neuvième guru des sikhs, Tegh bahadur sacrifia sa vie pour qu’environ un millier d’hindous, dont de grands sages (des « pandits ») puissent continuer de pratiquer leur religion sans avoir à se convertir à l’islam. ils en avaient reçu l’ultimatum du tristement célèbre aurangzeb, dernier des grands moghols. le guru des sikhs proposa le marché suivant à aurangzeb : « si tu me convertis, tu convertis tous les hindous. sinon, tu les laisses en paix ». arrêté à delhi, le guru Tegh bahadur et ses quelques compagnons, furent atrocement torturés pour les obliger à embrasser la foi islamique, mais sans succès. Tegh bahadur fut finalement décapité. C’est ainsi que le chef d’une religion se fit tuer pour permettre aux pratiquants d’une autre religion que la sienne de survivre,

gardien Temple d'or d'amritsar

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ce qui est un cas unique dans les annales historiques. parmi les autres valeurs importantes en rapport avec votre question, figure aussi l’obligation d’être persévérant, toujours loyal et parfaitement honnête, ainsi que de se défaire de toute peur.

Quelle fut la relation des Sikhs avec l’empire britannique ?

les choses furent assez complexes mêlant les oppositions et les alliances. le maharadja Ranjît singh (1780-1839) avait créé un immense état tampon entre les afghans et l’inde (le pakistan n’existant bien sûr pas à l’époque). il étendait ainsi la souveraineté sikhe sur tout le nord de l’inde, incluant notamment le Cachemire et mordant sur le Tibet. lorsqu’il vit les anglais commencer à conquérir l’inde par l’est, il comprit qu’il devait très vite moderniser son armée. il avait à cet égard un demi-siècle d’avance sur la prise de conscience japonaise de l’ère meiji. dès 1802, il prit en compte la for-mation et les tactiques britanniques et commença à engager des déserteurs de l’east india Company pour acquérir les méthodes anglaises. C’est en 1822 que les choses prirent un tournant plus décisif avec l’arrivée de généraux français des armées napoléoniennes qui avaient refusé de se rendre après la défaite de waterloo et arrivèrent à lahore, capitale

du pendjab (aujourd’hui au pakistan). il s’agissait principa-lement des généraux Jean-François allard et Jean-baptiste ventura, qui amenèrent les troupes sikhes au meilleur niveau des armées européennes et leur garantirent une suprématie militaire absolue durant tout le règne du maharadja Ranjit singh. Jean-François allard est d’ailleurs enterré à lahore et sa mémoire est encore largement vénérée de nos jours par tous les sikhs. Finalement le pendjab aura été la dernière province annexée par les anglais, en 1849. mais les anglais comprirent qu’on ne pouvait avoir les sikhs pour ennemis et réussirent à les intégrer dans les rangs de leur armée. À partir de là, les sikhs leur furent loyaux, qu’il s’agisse de la prise de delhi en 1858 qui s’est faite grâce à eux, ou de leur participation massive et trop méconnue, à la première, puis à la seconde guerre mondiale.

Après cette évocation très intéressante de l’histoire, puis-je vous demander comment vous voyez l’avenir de l’Inde ? Et si vous comptez y retourner vous y établir ?

Je suis extrêmement confiant dans l’avenir économique de l’inde. elle dispose de très nombreux atouts avec des infras-tructures qui se modernisent6, une jeunesse très bien formée, très active et déterminée, ainsi qu’une classe moyenne en

croissance et parfaitement en phase avec l’ère numérique. mais cette jeunesse, dont les 18-35 ans représentent 65 % de la population, est plus pressée et pressante que ses aînés. si elle est très réceptive aux promesses du premier ministre narendra modi, notamment sur le développement et la lutte contre la corruption, elle attend de lui des résultats rapides. l’époque de la patience des castes est révolue.

plus généralement, l’inde, dont la lingua franca reste l’anglais, ce qui est aussi un atout fondamental, dispose aujourd’hui de tout le savoir-faire nécessaire pour améliorer drastique-ment et satisfaire les besoins du pays notamment en matière d’hygiène et de santé, d’éducation, d’alimentation, de pro-duction et de distribution d’énergie, de services financiers et bancaires, etc. Ce dernier domaine a su profiter autant de la libéralisation des années 1990, que de sa maîtrise des nouvelles technologies (online banking). il a aussi prouvé sa solidité durant les dernières crises. par ailleurs, de plus en plus de banques étrangères s’installent en inde derrière les pionnières que furent : standard Chartered (depuis 1858, sous le nom de « Chartered bank of india »), bnp paribas (depuis 1860, sous le nom de « Comptoir d’escompte de paris ») ou encore hsbC (depuis 1853, sous le nom de « mercantile bank of india »), Citibank (depuis 1902, sous le nom de « The national City bank of new york ») Jp morgan (depuis 1922, via son actionnariat dans « andrew yule and Co. ltd.7 »). on commence également à voir se développer la gestion de fortune, bien que le marché soit encore modeste. mais en inde, il faut avoir de la patience, miser sur le temps long. l’inde n’est pas le pays du bénéfice à court terme. Je cite toujours nestlé comme un modèle à cet égard, dont les premiers représentants en inde sont arrivés à Chennai et kolkata en 1912, c’est-à-dire il y a plus d’un siècle ! la première usine fut construite 50 ans plus tard, à moga, au pendjab, en 1961, et aujourd’hui la compagnie de vevey emploie directement 6000 personnes en inde (et en fait travailler indirectement 500 000 autres), pour un chiffre d’affaires de ChF 1,42 milliard en 2014 et une part de l’inde dans son bilan de 12 à 14 %.

je s uis e x t rêMeMe n t c onFia n t da n s l’ave nir éc onoMique de l’inde

4) les sikhs sont connus pour pratiquer et encore transmettre de nos jours la tradition du gatka, un art de combat indien remontant à plus de 600 ans av. J.-C. et dont le premier guru fondateur des sikhs, guru nanak (1469-1539), était un expert.

5) C’est nadir shah qui s’empara, à delhi, du fameux trône orné de paons, qui fut conservé dans le trésor des shahs d’iran, et du diamant koh-inoor, lequel fut toutefois récupéré par le maharaja sikh Ranjit singh, en 1814.

6) la construction d’une autoroute de 5845 km, reliant toutes les grandes métropoles de l’inde, dont le chantier fut achevé en 2013, est devenue la métaphore de la modernisation de l’inde sous le nom de « golden quadri- lateral », en raison de sa forme à quatre côtés, ceinturant le subcontinent.

7) au 31 janvier 2015, on comptait 44 succursales de banques étrangères en inde, dont certaines gèrent des réseaux de plusieurs dizaines d’agences.

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4 2

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mais il reste beaucoup à faire, notamment pour sortir de la mentalité bureaucratique héritée de l’angleterre, avec ses centres de pouvoirs intermédiaires en cascades. naren-dra modi en est conscient. par exemple, du temps de Rajiv gandhi, pour chaque roupie destinée aux aides publiques, seulement 15 centimes arrivaient à destination. modi a

entrepris de supprimer les intermédiaires grâce à la carte aadhaar (système personnel d’identification unique) qui permet notamment de verser directement les subventions de l’état à leurs destinataires, sans ces intermédiaires qui se servent au passage.

quant à votre question sur un retour en inde, ce n’est pas à l’ordre du jour pour moi. la suisse est devenue mon pays, ma famille est ici et je suis citoyen suisse à part entière. J’aime la suisse en tant que ma patrie, celle qui m’a donné une seconde chance dans ma vie. J’éprouve d’ailleurs un sentiment analogue vis-à-vis du groupe edmond de Roths-child et de l’arbre généalogique de la famille fondatrice, que vous voyez ici affiché sur mon mur. habituellement on ne peut pas parler d’arbre généalogique d’une entreprise.

soit parce que son enseigne est anonyme, soit parce que la famille fondatrice n’est plus aux commandes, de sorte que le nom est devenu une simple marque. ici, c’est différent. Je le dis toujours aux jeunes qui entrent dans cette prestigieuse maison : c’est le nom d’une famille bien vivante qui est en

jeu dans leurs exigences professionnelles et c’est un privi-lège rare que de devoir l’assumer. Je leur rappelle toujours d’être conscients non pas des annales désincarnées d’une multinationale mais de la généalogie d’une famille, dans laquelle ils entrent. \

général Jean-François allardmaharadja Ranjit singh

gakta, art martial des sikhs

j ’aiMe l a s uis se e n ta n t que Ma Pat rie

il Fau t s or tir de l a Me n talité b ure aucr atique

héritée de l’a ngle terre

golden quadrilateral

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Information importante : Ce document ne constitue en aucun cas une offre ou une sollicitation à quelque personne que ce soit en vue de la souscription d’actions de Schroder International Selection Fund (la « Société »). Aucune information contenue dans ce document ne doit être considérée comme un conseil et, par conséquent, comme une recommandation d’acheter ou de vendre des actions. L’offre d’actions peut, sous certaines juridictions, être limitée et, le cas échéant, les personnes peuvent, à la demande de la Société, devoir se renseigner et observer ces limitations. Les souscriptions des actions de la Société ne peuvent être effectuées que sur la base du dernier prospectus en vigueur, accompagné du dernier rapport annuel audité (ainsi que de tout rapport semestriel non-audité si celui-ci a été publié ultérieurement). Le prospectus et les informations clés pour l’investisseur pour la Suisse, les statuts, les rapports annuels et semestriels peuvent être obtenus gratuitement auprès des bureaux du représentant en Suisse, Schroder Investment Management (Switzerland) AG, Central 2, Postfach 1828, CH-8021 Zurich (société agréée et contrôlée par la FINMA) et auprès de l’agent payeur en Suisse, Schroder & Co. Bank AG, Central 2, Postfach 1820, CH-8021 Zurich. La performance passée ne saurait préjuger de l’évolution de valeur future des placements collectifs de capitaux. Celle-ci dépend de l’évolution des marchés, du revenu des placements et, le cas échéant, des taux de change, ainsi que du succès de la mise en œuvre de la politique d’investissement par le gérant du portefeuille. Les données de performance ne tiennent pas compte des frais et commissions liés à l’émission et au rachat de parts. Les cours des actions ainsi que le revenu qui en découle peuvent évoluer à la baisse comme à la hausse et les investisseurs peuvent ne pas récupérer le montant qu’ils ont investi initialement. Tout investissement dans la Société comporte des risques, qui sont décrits de manière détaillée dans le prospectus. La Société a son siège au Luxembourg et est sous la surveillance de la Commission de Surveillance du Secteur Financier. Ce document est produit par Schroder Investment Management (Switzerland) AG, Central 2, Postfach 1828, CH-8021, Zurich. 1Source : Schroders, au 31 décembre 2014. 0215/w46595/CHFR0215

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d o s sier / iMMo sc oPe / inve s tir

PatriMoine(s)46 DOSSIER : Le grand retour du Private equity 46 le private equity est de retour. mode d’emploi par Anne Barrat 48 le co-investissement : plus qu’un modèle d’affaire,

une véritable philosophie d’investissement dans le private equity entretien avec Adam Said, Cofondateur & Director chez ACe & Company

50 une « one-stop-shop » qui met en relation entrepreneurs et investisseurs pour le bien-être de l’économie locale entretien avec Magali Berla Geay, Responsable entrepreneur office, Gonet & Cie

54 l’émergence de l’investissement direct dans le private equity par Xavier isaac et Catherine Grum, Salamanca Group private office

56 DOSSIER : Les actions suisses conservent la forme 56 actions suisses : un potentiel qui lorgne du côté

du marché élargi entretien avec Guy Charlet, gérant de fonds actions suisses chez piguet Galland

60 détention d’actions au porteur : vers plus de transparence par vincent tattini

62 2015 sera-t-elle l’année de la suisse ? par Laurent Bakhtiari, Market Analyst, iG Bank

64 immosCope 64 Trois questions à entretien avec Arnaud de Jamblinne,

directeur général de la Foncière 68 le rendement toujours au rendez-vous

sur un marché immobilier assaini entretien avec patrice Galland, Ceo de la Régie immobilière éponyme, Galland & Cie

70 invesTiR 70 la tribune de l’isag : prise de risque calculée

pour les stratèges de la place genevoise par patrice Gautry, Chef économiste de l’uBp, Membre de l’iSAG

72 la chronique du bas : asi-advanced sport instrument par Frank Gerritzen

76 les taux négatifs, un nouveau paradigme ? par pierre-François Donzé, Gérant discrétionnaire, Banque Bonhôte & Cie

78 indices bbgi : le franc fort impacte les performances par Alain Freymond

82 quels investissements préconisés en période de déflation ? par edouard Crestin-Billet, head of institutionnal Asset Management de 1875 Finance

Croissance décevante aux états-unis (-0,7 % sur un an au 1er trimestre 2015) et en Chine (7 % sur la même période contre les 7,4 % attendus), remontée soudaine des taux en europe, qui semble davantage résulter d’une prise de profit que corrélée aux fondamentaux économiques,… les signes d’une reprise solide et pérenne peinent à voir le jour. et ce, alors même que les banques centrales de toutes ces économies n’hésitent pas à recourir à des politiques monétaires ul-tra-accommodantes pour aider son retour. les marchés actions sont les premiers à en profiter, qui continuent leur hausse depuis le début de l’année. les marchés européens ne sont pas en reste, soutenus par les bonnes performances des entreprises, liées notamment à la faiblesse de l’euro. la suisse, en dépit de la poursuite du franc fort, s’inscrit dans cette tendance, à laquelle n’est pas étrangère la vigueur de son industrie, une des seules à ne pas avoir perdu ses parts de marché comme le révèle l’étude Roland berger de mai 2015. et, selon les analystes de market, rien ne semble indiquer de grand retourne-ment sur les marchés actions suisses en 2015. dans ce contexte, le private equity offre de belles perspectives pour les investisseurs en quête de diversification. avec des taux de rentabilité que peu de placements peuvent revendiquer, sinon certains fonds et placements immobiliers, parole d’experts. bonne lecture !

anne baRRaT

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d o s sier / Private equit yPa

triM

oine

( s)

le Private equity est de retour. Mode d’eMPloi. par anne baRRaT, Rédactrice en chef – Cahier patrimoine(s)

nels et les fonds de pension. il reste peu de place pour les particuliers. un portefeuille de private equity, cela représente 200 à 300 millions de dollars pour avoir une exposition sur une vingtaine de fonds, c’est-à-dire plusieurs centaines de sociétés, gages d’une diversification géogra-phique et sectorielle satisfaisante en termes de gestion des risques. on estime que pour créer un portefeuille diversifié, et lisser les risques de millésime, il faut compter au moins trois ans. Toutes les stratégies sont performantes, mais pas au même moment. un des critères essentiels de sélection des fonds et des entreprises concerne l’alignement d’intérêts : comment fonctionne le management, quelle est la répartition du capital dans le temps sont des questions fondamentales.

depuis trois ans environ, en parallèle de la montée des actions, le marché du private equity est devenu un marché de vendeurs. le ratio est de deux pour un, autrement dit pour 1$ investi le rapport est de 2$.

CapiTal Risque, leveRage buy ouT (lbo), un aRbiTRage enTRe RendemenT eT Risque

Capital risque, ou venture capital (vC) : c’est l’activité la plus noble, la plus gratifiante du private equity. en pleine mutation, elle redevient attractive. parce que les multinationales financent de plus en plus leur R&d en rachetant ou prenant une participation dans une start-up, le modèle de capital risque a changé. Ces grands groupes préfèrent les intégrer par la suite plutôt que de les introduire en bourse comme par le passé. Ce transfert des charges de R&d est une manière très efficace de gérer le coût du capital.

autre changement dans la manière d’investir : autrefois, on investissait dans plusieurs start-up, « pour voir ». l’affectio societatis primait dans la décision d’investissement. aujourd’hui, on investit en mode projet. l’allo-cation et la réallocation de capital se font de manière plus progressive et discriminante. les bons fonds de capital risque alimentent plusieurs projets puis coupent au fur et à mesure en fonction de leur réussite et réallouent le capital dans les meilleurs seulement afin de le rentabiliser au mieux.

le pRivAte eq uity esT souvenT À ToRT, posiTionné Comme un invesTissemenT alTeRnaTiF. en RéaliTé, la vRaie disTinCTion s e Fa i T e n F o n C T i o n d e l a l i q u i d i T é e T d e l ’ h o R i Z o n d’invesTissemenT. d’un CôTé les maRChés FinanCieRs, de l’auTRe le pRivAte equity, le non-CoTé, eT l’immobilieR, moins liquides eT plus long TeRme. le pRivAte equity a pRis le Relais de Ce que Fa isa ien T l es bouRses eT l es maRChés obligaTaiRes avanT leuR déConneXion de l’éConomie Réelle suRvenue À la Fin des a n n é es 80 av eC l’a ppa R i T ion des déRivés eT leuR dimension inTRinsèquemenT spéCulaTive.

pouRquoi eT CommenT invesTiR dans le pRivAte equity ?

si un client fait le choix du private equity, c’est avant tout pour une question d’image : « je finance le développement des entreprises ».

la part du private equity dans un portefeuille de particulier varie en général entre 10 et 30 %. et l’on parle de clients qui ont un patrimoine de plusieurs dizaines de millions. À cause de la liquidité d’abord, du timing ensuite, les deux étant liés. investir dans du private equity suppose d’avoir le temps, donc de ne pas avoir besoin de liquidité pendant plusieurs années. les clients des banques privées qui veulent du private equity n’ont pas un choix infini, surtout s’ils veulent du sur-mesure. le private equity est un marché d’accès, dont les acteurs sont essentiellement les investisseurs institution-

d u Poin t de vue d u c ouPle re ndeMe n t/ ris que , c ’e s t l a s t r atégie de re tourneMe n t d ’e n t re Prise ( lb o )

qui e s t l a Pl u s re n table .

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le capital risque est soit intégré soit semi-in-tégré ; il représente entre 5 et 10 % de l’allo-cation globale de private equity. par nature, il ne peut absorber l’argent disponible, les besoins des start-up étant moins importants que ceux des lbo (de 15 à 100 millions pour les premières, plusieurs centaines de millions pour les secondes).

Représentant globalement 1,5 trillions de dol-lars, le lbo reste un marché étroit. il grandit en fonction des besoins de financement et de transmission des entreprises. en Chine par exemple, il commence tout juste à émerger, parce que les premiers entrepreneurs, qui ont une vingtaine d’années d’activité, songent à transmettre leur activité.

l’asie s’ouvRe, l’euRope pRésenTe de belles oppoRTuniTés

il y a encore quelques années, l’asie ne pré-sentait pas un couple rendement/risque adapté. paradoxalement, le ralentissement de la croissance chinoise est une excellente nouvelle pour le private equity. la transmission des entreprises est devenue d’actualité, leur transformation aussi afin que, de locales elles deviennent régionales voire internationales. il est en train de se passer en asie ce qui s’est passé aux états-unis dans les années 80, qui a fait la fortune des kkR et bains. le marché est en train d’acquérir la profondeur qui manque encore à l’amérique latine. et ce, à l’heure où les états-unis deviennent moins intéressants, le niveau de la dette y étant trop élevé, tout comme les prix et valorisations. l’europe quant à elle bénéficie d’un arbitrage avec les us favorable. le capital risque y est très inté-ressant. la suisse offre de belles opportunités

un exeMPle réussi de lbo à réPétition : Picard surgelés

Lion Capital a racheté l’entreprise de surgelés Picard à BC Partners en 2010. La PME familiale n’en était pas à son premier LBO – BC Partners les avait rachetés en 2004 à Candover, qui les avait rachetés à Carrefour en 2000. Au cœur de la décision de Lion Capital, le potentiel de croissance organique de Picard, et ce en dépit des restructurations que les précédents LBO avaient menées à bien. Concrètement, avec un peu plus de 800 magasins, dont la moitié en Île-de-France, la France métropolitaine pouvait encore en accueillir 300 à 400 supplémentaires. Sans compter que la marque, fortement recon-nue, était également très rentable. D’un côté, elle est son propre distribu-teur, n’assume donc aucun frais de distribution. De l’autre, elle sous-traite sa production tout en la contrôlant de très près. Autrement dit, le niveau d’investissement est faible, le taux de conversion en cash très élevé, la marge opérationnelle également. Reste à réaliser le développement dans les pays limitrophes, l’Italie comptant déjà une trentaine de points de vente, défi que relèvera le boulanger industriel zurichois Aryzta qui a racheté fin mars 2015 49 % des parts de Picard (avec une option d’achat sur les 51 % restants exerçable d’ici trois à cinq ans). Une sortie avec fort effet de levier qui s’inscrit dans la « success story » de l’entreprise valorisée 2,25 milliards d’euros pour un chiffre d’affaires de 1,37 milliard d’euros.

« il ne Fau t Pa s Perdre de vue que le Private equit y

re s seMble à un c on t r at de Mariage à dix a n s .

il Fau t Pré voir le divorce dè s l’écha nge

de s allia nce s ! »

en la matière, dans les medtech notamment. israël n’est pas en reste, terre de fort développement pour le venture capital.

globalement, le private equity a de belles heures devant lui. si le ticket d’entrée reste élevé, il devient de plus en plus accessible à mesure que l’univers d’investissement s‘élargit.

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anne baRRaT

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teurs de risque, une dimension qui n’est pas toujours au cœur de la démarche classique des acteurs du private equity. et de citer un exemple, la Chine : qui achète des actifs en Chine pour dix ans, ne peut changer qu’à la marge, alors même que, très probablement, la dynamique chinoise va changer. il sera difficile de sortir sans perte. Tout l’intérêt de la sélection par stade est de mieux répartir le risque. la stratégie d’investissement s’articule principalement autour de trois axes : les opé-rations de lbo en premier lieu ; le soutien à des entreprises en voie de développement ; le capital d'amorçage en troisième lieu.

aujourd’hui, les investisseurs privés manquent de conseil sur mesure en matière de private equity. Celui des banques privées ne répond pas toujours à ce qu’ils recherchent. ils veulent avoir une prise directe (« hands-on ») sur leurs investissements. Ce sont souvent des entrepreneurs eux-mêmes, qui cherchent avant tout à diversifier leur exposition en optant pour des solutions qui optimisent le couple rendement/risque. le private equity leur permet d’investir directement ou indirectement dans des entreprises au différents stades de leur vie, que soit en phase de lancement (« early stage », au cours de laquelle sont principalement jugés la qualité de l’équipe et du projet), en phase de développement (« growth », au cours de laquelle sont recherchés des gains d’efficacité, au niveau du working capital en particulier), ou encore dans des entre-prises matures (l’exit est au centre des travaux réalisés avec le manage-ment). dans tous les cas, ce profil d’investisseurs veut avoir accès tant à l’information qu’à l’exécution. « Ce qu’ils trouvent en venant chez des acteurs du private equity comme aCe & Company, explique adam said, cofondateur d’aCe & Company, c’est d’une part cet engagement direct dans des entreprises dans lesquelles ils co-investissent avec nous, d’autre part un reporting quasiment en temps réel. » Chacun investit au même niveau. Cette opportunité de diversification leur offre des revenus complémentaires de la banque privée. et cette stratégie paie, puisque on leur a offert en 2014 des rendements de l’ordre de 29 % - une performance résultant de la sur-allocation en lbo entre 2012 et 2014. « nos portefeuilles diversifiés de co-investissements buyout, les plus conséquents en terme de capital déployé, ont surperformés avec un iRR moyen de plus de 30 % dans ces années porteuses. notre stratégie de secondaires reste néanmoins la plus performante ces derniers années ».

un modèle d’aFFaiRe diFFéRenT, FaCTeuR Clé de suCCès

la vision qu’aCe & Company a du private equity tient en quelques mots clés : co-investissement, approche globale et transparence. ils ont ainsi travaillé depuis 2005 pour créer une plateforme qui ne soit pas basée sur une taille de transactions, une région ou un secteur. Résultat ? « nous faisons partie des acteurs de référence en co-inves-tissements si l’on se réfère au périmètre de co-investissement et au nombre de transactions réalisées, se félicite adam saïd ». le stade de développement, ensuite. il est le principal critère sur la base duquel ils structurent leur offre. pourquoi ? pour mieux intégrer les fac-

adam said

le co-investisseMent : Plus qu’un Modèle d’aFFaire, une véritable PhilosoPhie d’investisseMent dans le Private equity entretien avec adam said, Cofondateur & director chez aCe & Company

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Cette combinaison, co-investissements et approche globale, est un gage de différen-ciation par rapport au système classique, qui favorise in fine la distribution de produits « plain vanilla ». ainsi en suisse, déplore le cofondateur d’aCe & Company, seuls quelques acteurs sont présents et tous, s’adressent à des investisseurs institutionnels contrairement à aCe & Company qui s’adresse principalement à des investisseurs privés.

« bRoad in sCope, naRRow in eXeCuTion »

« si notre périmètre est large, notre façon de gérer nos investissements est très stricte », insiste adam saïd. qu’il s’agisse du choix de leurs parte-naires tout d’abord. ils s’associent avec les meil-leurs experts sur leur marché. avec Carlyle par exemple, parce qu’ils ont accès aux transactions avec les leviers les plus intéressants, et ont les meilleures équipes. leur méthode ensuite : être extrêmement rapide. sur les 32 personnes qui travaillent chez aCe & Company, réparties sur 5 bureaux, 60 % sont dédiées à l’investissement, et comparent en permanence les meilleures transactions. un exemple : ils reçoivent un projet de co-investissement aux etats-unis, immédiatement les experts de hong-kong le comparent à ce qu’ils ont repéré sur le marché local. la sélection finale se fait alors sur le facteur risque. « nous restons des allocateurs de capital, mais exécutons nos investissements

avec des spécialistes. Cette approche flexible nous permet d’allouer notre capital dans les régions et industries où nous percevons les meilleurs ratios rendements/risques avec rapidité et efficacité. le monde change, les valorisations et opportunités évoluent au travers d’un cycle. nous voulons être les premiers à se positionner sur des créneaux profitables et sortir quand les marchés deviennent pleinement valorisés. »

FaiRe de genève un hub du pRivaTe equiTy

le marché suisse du private equity est peu développé : le marché est tout petit, les transactions se comptent sur les doigts d’une main sur une année. pourquoi ? la réglementation est complètement inadaptée. « né au Caire, je me sens suisse, explique adam said, qui regrette le manque de dynamisme sur le marché suisse du private equity ». la fiscalité des stock options, qui empêche une rémunération de cadres à long-terme basés sur la performance, ou encore celle des carried out interests1, un véritable must dans ce secteur d’activité, sont un véritable frein au déve-loppement du private equity. sans parler de la lenteur de l’administration dans ses réponses Cette insuffisance de l’écosystème suisse est regrettable, car il y a beaucoup d’appétit pour le private equity chez les investisseurs privés. lesquels placent leur fortune aujourd’hui majoritairement chez des banques privées, soit 2 trillions de dollars us dont seulement une infime partie sera investi en private equity, regrette adam said. « mais j’ai la conviction que cela va changer, que le private equity occupera dans les dix prochaines années une part de plus en plus importante d’un portefeuille diversifié pour des investisseurs privés, jusqu’à 10 %, soit 200 à 300 milliards. une nouvelle offre se dessinera, pour laquelle genève devrait devenir un hub incontournable. d’où l’importance de mettre en place un écosystème adapté. sinon, on vivra le même scenario que pour les hedge funds, une autre niche appréciée des investisseurs privés : tout se passe à londres, au luxembourg, pas à genève. »

et aCe & Company montrer l’exemple en lançant, le 27 mai dernier le lancement d’une plateforme d'investissement dans l'industrie agro-alimentaire suisse. destinée à fournir à des partenaires de ce secteur le soutien financier, stratégique et opérationnel nécessaire pour maximiser leurs perspectives de croissance, elle offrira par la même occasion à des investisseurs des opportunités dans des marques de qualité supérieure, établies, avec des ambitions régionales et nationales ainsi qu’un potentiel international. premier investissement de la nouvelle plateforme, luigia, une enseigne genevoise de restaurant italien contemporain et pizzeria. a suivre de très près

le pRivaTe equiTy, un CRedo

« nous sommes dans un modèle profondément déflationniste, notre génération est profondément déflationniste » commente adam saïd. Ce qui veut concrètement dire que nous chassons l’inefficience. nous croyons à l’économie réelle. nous cherchons à faire le meilleur usage du capital disponible. Toute l’économie subventionnée, « la paper economy », est appelée à souffrir. le private equity n’est pas une recherche de profit uniquement, c’est une façon efficace et juste de financer l’économie réelle.

ace & coMPany en breF– 5 bureaux, 32 collaborateurs– $400m sous gestion– 90 investissements direct– Performance 2014 : 28.97 %– 32 collaborateurs sur 5 centres

– investissements :- LBO 50 % des AuM – coinvestissement- Growth : 20 %- Business angel : 5 %- Transactions secondaires : 20 % - Special situations : 5 %

– répartition géographique :- US n°1 avec 40 % environ- EU, incluant la Suisse n°2, 40 % - Reste du monde 20 %

1) intérêts cumulés reportés

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leur offrent des services et servent leurs intérêts. le tout pour le bien de l’économie réelle locale.

FaiRe la diFFéRenCe aveC l’appRoChe TRadiTionnelle du pRivaTe equiTy

aujourd’hui une banque privée ne peut plus proposer de manière large à ses clients des investissements dans des sociétés non cotées sans courir un certain risque réputationnel. en effet, si un dossier unique et direct

– situé à l’extrémité élevée de l’échelle du risque d’investissement – ne donne pas satisfaction, il y a toujours une probabilité que le client quitte la banque privée avec la totalité de ses actifs. elle choisit donc de proposer l’exposition au private equity par l’entremise de fonds de private equity. une tendance largement suivie par les banques privées qui se sont ainsi légitimement détournées des investissements directs vers les fonds, des investissements qui remplissent très bien leur rôle de décorrélation avec les marchés boursiers dans une approche de gestion d’actifs. ainsi, l’optimisation de la gestion des risques passe par des fonds de taille relativement importante, gérés par des équipes stables ayant

adResseR les besoins des enTRe-p R e n e u R s l o C au X av e C d e s F i na nCe m e n Ts i n digè n es ou inTeRnaTionauX, qu’ils soienT appoRTés paR un vasTe Réseau ou év e n T u e l l e me n T pa R des ClienTs de l a banque pRivée , voil À l’idée-FoRCe de magali beRla geay, paRTagée eT iniTiée aveC les assoCiés de goneT & Cie. apRès avoiR passé des années Che Z lomba R d odieR , noTa m-menT À développeR le pRivaTe equiT y, CeT Te anCienne ana-lysTe FinanCièRe saiT de quoi elle paRle . elle a de plus Co-diRigé pendanT sepT ans une b ou T iq u e de m & a ava n T de meT TRe en pl aCe un ConCepT unique suR le maRChé du pRi-vaTe equiTy eT dans le monde FeuTRé de la banque pRivée.

« les banques privées doivent se rappeler qu’à leur origine, il y a quelque 200 ans, leur raison d’être était de financer des grands projets, fer-roviaires pour certains, routiers pour d’autres, et en l’occurrence lacustres pour gonet & Cie. Cela fait finalement partie de leur adn ». elles se sont depuis souvent éloignées du risque, et donc dans une certaine mesure des entrepre-neurs, au profit de la gestion de fortune, acti-vité bien moins risquée et source de revenus récurrents. il est temps qu’elles reviennent plus concrètement vers les entrepreneurs,

magali berla geay

une « one-stoP-shoP » qui Met en relation entrePreneurs et investisseurs Pour le bien-être de l’éconoMie locale entretien avec magali beRla geay, Responsable entrepreneur office, gonet & Cie

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déjà fait leurs preuves de bons résultats avec leurs fonds précédents. Rares sont sélectionnés des fonds qui viennent d’être lancés par une nouvelle équipe.

le private equity est bien présent dans la banque privée mais pas de façon massive car il se conçoit comme une classe d’actifs supplémentaire, qui permet de diversifier l’allocation d’actifs de grands clients – dont les fortunes dépassent généralement les 20 millions de francs. À un horizon d’environ dix à douze ans, les gérants des fonds ont pour mission de revendre les sociétés investies et redistribuer les mises de fonds aux investisseurs avec des gains en capitaux. il est à noter que les investisseurs n’ont pas d’interactions avec les sociétés investies dans les fonds.

de leur côté, les boutiques de private equity servent des investisseurs privilégiant une ap-proche « bottom-up ». elles sélectionnent les meilleurs dossiers parmi ceux auxquels elles

ont accès et recherchent des investisseurs prêts à prendre des risques importants en investissant en direct dans le capital-actions des sociétés. selon le réseau des boutiques, ces investisseurs sont soit des privés, soit des institutionnels, dont d’ailleurs… des fonds de private equity ! dans ce cas de figure, les investisseurs peuvent, s’ils le désirent, avoir des interactions dans les sociétés investies, par exemple en leur ouvrant des portes côté commercial, par le biais de conseils techniques, voire même une place au conseil d’administration. les approches « top-down » et « bottom-up » du private equity, contribuent toutes deux valablement au financement de l’économie réelle, alternatif aux systèmes bancaire ou boursier.

une aCTiviTé FondamenTalemenT ComplémenTaiRe

voilà pourquoi, forte des années d’expérience au service du private equity, magali berla geay a pensé une plateforme virtuelle, agnostique aussi bien en termes de secteurs que de maturité ou encore de partenaires. avec une seule restriction, le périmètre, délimité à la suisse romande. la grande majorité d’entre eux sont externes à la banque. dans la mesure du possible, tous les entrepreneurs et tous les investisseurs intéressés sont reçus et écoutés. l’étape suivante consiste à les conseiller et les diriger au mieux, les premiers vers des investisseurs directs ou indirects, telles que des boutiques de private equity, les deuxièmes auprès de cibles qui

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satisfont leurs critères d’investissement pré-alablement identifiés. les investisseurs sont externes à la banque. pourquoi ? parce que, sauf si un client en a exprimé le désir, les banques privées ne peuvent pas se permettre de risque réputationnel comme mentionné plus haut. mais il y a aussi une autre raison qui n’est que rarement évoquée, car elle touche au mode de rémunération des gestionnaires de clientèle. Celle-ci étant inévitablement corrélée à la masse des fonds activement gérée – sous mandat de gestion ou en « advisory » – les gestionnaires peuvent calculer que des investissements en private equity qui sont, par définition illi-quides, réduisent la rentabilité de leur masse sous gestion, et donc leur rémunération. Cette crainte est a priori légitime car ce calcul est parfaitement vrai, mais c’est sans prendre en compte d’autres paramètres.

premièrement, le client qui souhaite investir dans une société non cotée sait parfaitement que s’il puise les fonds dans son portefeuille intelligemment élaboré par son gestionnaire, il encourt potentiellement des frais de transac-tions importants pour le rééquilibrer. il aura donc plutôt tendance à utiliser un de ses autres comptes, celui-ci non géré, dont son banquier n’a peut-être même pas connaissance et qui pourrait d’ailleurs bien, un jour, grossir le compte existant.

deuxièmement, un client qui souhaite investir en private equity le fera d’une manière ou d’une autre. il risque en fait de puiser dans le compte suivi par le gestionnaire si c’est un autre de ses banquiers qui discute d’oppor-tunités et l’accompagne dans sa démarche. en conséquence, ne pas aborder cette classe d’actifs avec un client très fortuné par crainte de perdre des actifs sous gestion peut même conduire à l’effet inverse, c’est-à-dire préci-piter cette situation.ainsi, les connaissances du banquier en private equity représentent non seulement un gage de savoir-faire mais peuvent même devenir une source supplé-mentaire de revenu.

À la banque gonet & Cie, les gestionnaires sont au courant des dossiers en private equity de la plateforme, de façon anonyme, et s’ils peuvent contribuer à faire avancer des recherches de cibles ou de financement, ils le font sur une

base volontaire, sans aucune pression. ils sont de plus en plus alertes à cette classe d’actifs et à l’aise pour discuter de financement avec des contacts entrepreneurs, clients ou pas.

éduqueR invesTisseuRs eT enTRepReneuRs

« notre méthode consiste à regarder en premier lieu si la société est prête à être financée » explique magali berla geay. indépendamment de leur mérite, certains dossiers doivent être « retravaillés » pour être conformes aux codes des investisseurs, afin d’éviter aux entrepreneurs de s’exposer à des remarques très désagréables, qui vont le décourager et allonger dangereusement les rencontres non fructueuses lors de la recherche de financement.

d’où l’idée d’un « one-stop-shop », qui les oriente aussi bien en amont – dans les préparations documentaires et psychologiques – qu’en aval – dans l’identification d’investisseurs ou d’intermédiaires les mieux adaptés au profil de leur dossier. le principal écueil rencontré, c’est l’absence de critères affichés clairement de la part des investisseurs. Ce qui soulève de nombreuses zones d’ombre, un manque d’efficience, une perte de temps pour tous, peu de transactions et des positions illiquides trop longtemps pour attirer de nouveaux investisseurs.

les aTTRaiTs d’une plaTeFoRme

la plateforme, qui s’applique à préserver les codes de confidentialité du private banking, est en fait un lieu idéal pour faire se rencontrer l’offre et la demande quand, dans la vie réelle, ils n’ont quasi aucune chance de le faire. elle s’enrichit chaque jour de nouveaux contacts grâce à son architecture ouverte. laquelle repose essentiellement sur la force du réseau qui capitalise sur des années d’expérience, une connaissance du tissu économique local, des entités publiques de promotion économiques et la mise en commun des réseaux des collaborateurs. magali berla geay précise : « notre écosystème, c’est l’arc lémanique et au-delà la suisse romande. les entrepreneurs que nous aidons ont une base locale, les investisseurs peuvent eux provenir des quatre coins du monde, pour peu qu’ils fassent connaître leurs souhaits. et cette activité est un axe de développement additionnel de la gestion de fortune, sans risque bilantiel ni légal, pour un rapprochement vers les entrepreneurs, que nous comprenons bien puisque nous sommes nous-mêmes des banquiers-entrepreneurs, indépendants et sans conflits d’intérêt. dans tous les cas, c’est une preuve de notre confiance en l’homme car :

« mettre les sociétés locales en contact avec des investisseurs directement ou indirectement afin qu’elles se développent ou les rapprocher avec des jeunes pousses locales complémentaires à leur activité qu’ils pour-raient financer voire même des concurrents en phase de succession, c’est notre façon à nous de retrouver nos racines et contribuer à l’économie locale. notre philosophie est de se situer en facilitateur pour le plus grand nombre d’acteurs du private equity et non en concurrent, dans un jeu gagnant-gagnant ».

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Patr

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ne( s

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l’éMergence de l’investisseMent direct dans le Private equity par XavieR isaaC et CaTheRine gRum, salamanca group private office

dans un ConTeXTe de Faible RendemenT de nom-bReuses Classes d’aCTiFs eT de TauX d’inTéRêT hisToRiquemenT bas, il n’esT pas suRpRenanT que les gRandes FoRTunes eT les FAMiLy oFFiCeS inTègRenT le pRivAte equity dans leuR sTRaTégie d’invesTis-semenT.

Ces placements dans des sociétés non cotées ont gagné la réputation de générer des revenus supérieurs à ceux obtenus sur les marchés actions. le capital déployé dans le private equity peut prendre plusieurs formes. la première est celle du capital-risque et sert à financer de jeunes sociétés (« start-up »). la seconde consiste en l’acquisition de

sociétés à fort potentiel de croissance, souvent combinée avec des stratégies de consolidation dans des industries fragmentées. enfin, il peut prendre la forme d’une injection de capital au sein de sociétés désireuses d’investir dans de nouveaux projets ou de nouveaux marchés.

bien que le private equity ne soit pas une nouveauté, il s’effectue de plus en plus souvent dans le cadre d’investissements directs alors que traditionnellement, l’investisseur accédait au private equity par le biais de fonds du même nom. il est vrai que la multiplicité de l’offre de fonds disponibles sur le marché peut vite devenir déconcertante et qu’il est parfois difficile d’entrer dans les fonds les plus performants si l’on n’est pas un investisseur de renom. en outre, une gestion par fonds engendre des frais inhérents à ce type de structure.

un RendemenT poTenTiellemenT supéRieuR À Celui des Fonds

le rapport 2014 du « global Family office » montre qu’en moyenne, les family offices investissent 8 % dans des fonds de private equity aux-quels il faut ajouter des investissements directs dans le capital-risque

ou le private equity à hauteur de 9 %. Cette tendance est confirmée par un nombre crois-sant de banques privées et les gestionnaires de fortune qui offrent des placements dans le private equity – par le biais de fonds ou en direct – dans la panoplie de leurs services.

étant eux-mêmes des entrepreneurs, ils com-prennent les risques (liés à la concentration, à la liquidité réduite et à la sortie notamment), mais également les opportunités émanant de ce type d’investissement, un rendement (Roi) en cas de succès supérieur à celui d’un fonds dont la performance sera diluée par les investissements qui n’auront pas marché. en outre, ces familles cherchent à dégager des rendements supérieurs dans le long terme (15 % en moyenne) et peuvent investir une partie non négligeable de leur fortune dans des actifs moins liquides (le ticket d’entrée est de l’ordre de 1,5 million de dollars). de ce fait, beaucoup de family offices ont développé une expertise en private equity qui combine d’une part des compétences de sélection de fonds, mais également une capacité à identifier des investissements directs pour les familles dont elles gèrent le patrimoine.

les family offices sont idéalement positionnés pour investir en direct dans le private equity car ils ne sont pas soumis à la même logique

« le s uccè s gr a ndis s a n t de l’inve s tis seMe n t direc t tie n t au Fait

que l a Ma jorité de s t rè s gr a nde s For t une s on t Mis e n Pl ace le ur

FaMily oFFice à l a s uite de l a ve n te de s ocié té s FaMiliale s »

Xavier isaac

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que les fonds du même type. Ces derniers se doivent de dégager un rendement seulement après quelques années dans le cadre de leur stratégie de sortie et de levée subséquente de capitaux pour la mise en place de nouveaux fonds. ainsi, l’horizon de l’investissement direct est généralement plus long que celui des fonds, qui ont eux généra-lement un horizon de cinq ans.

pour les family offices qui souhaitent effectuer pour la première fois un investissement direct dans le private equity, il faut tout d’abord pouvoir dénicher les bonnes opportunités. hormis les contacts per-sonnels permettant d’avoir accès à ce type de transaction avec les risques que cela comporte, les opportunités de placement private equity proviennent soit d’apporteurs d’affaires, soit de sociétés de gestion spécialisées, soit enfin de banques privées qui ont accès aux transactions de leur banque d’affaires ou ont développé en leur sein une équipe qui se concentre sur le private equity.

la ReCheRChe d’oppoRTuniTés, un méTieR

Typiquement, les sociétés spécialisées dans le private equity passent en revue des dizaines de transactions avant de réaliser un investis-sement. il est donc important d’avoir un choix large et de qualité. heureusement pour les family offices, il ne manque pas d’apporteurs d’affaires dans ce domaine, auxquels s’ajoutent les « club deals » offerts au sein des banques privées ou de certains gérants de fortune. en ce

qui concerne les apporteurs d’affaires, il est bon de comprendre dès le départ qui les rémunère et sur quelle base, afin d’appréhender les conflits d’intérêts éventuels. de même, il faudra demander aux banques privées, dont les placements private equity sont issus de leurs banques d’affaires, les raisons pour lesquelles elles ouvrent à leur clientèle private banking une transaction particulière. la sélection de quelques apporteurs d’affaires intègres et professionnels est donc une étape essentielle dans la mise en place de toute stratégie d’inves-tissement dans le private equity.

la qualité d’un apporteur tient principalement à sa capacité d’effectuer un bon travail préliminaire de diligence et de présélection des transac-tions. Comme la décision d’investir revient in fine au family office, on peut considérer comme acquis le fait qu’il effectuera lui-même une due

diligence extensive sur les aspects financiers de la proposition d’investissement. Ce que bon nombre d’investisseurs omettent de faire est de considérer une due diligence sur la réputa-tion des individus qui gèrent et contrôlent la société cible. Ces vérifications méritent une attention toute particulière lorsque la société cible opère dans certains marchés émergents où les risques de corruption et de mauvaise gouvernance sont bien réels. et ce, d’autant plus que, si les opportunités sont vraiment inter-nationales, il y a un intérêt particulier pour les marchés émergents, l’afrique notamment, qui a attiré 50 milliards de dollars d’investis-sements étrangers directs en 2014.

une fois la due diligence terminée, il ne faut pas sous-estimer les ressources nécessaires à l’exécution de la transaction. il est improbable qu’un family office de taille moyenne ait la capacité suffisante pour gérer tous les aspects de celle-ci en interne et devra rechercher l’assistance d’une société fournissant ce type de prestations. Certaines banques sont actives dans ce domaine. l’alternative est de recourir à des sociétés ayant une approche de type « bou-tique », plus petites, moins coûteuses et avec des équipes dédiées dans lesquelles les family offices peuvent plus facilement se reconnaître culturellement.

enfin, un travail de surveillance prudentielle, de valorisation, voire d’intervention, relatif au placement private equity est nécessaire durant toute la durée de l’investissement. C’est pourquoi s’adjoindre les services de sociétés spécialisées dans le private equity qui, par ailleurs, souhaitent co-investir dans le projet, peut également présenter un attrait et favoriser un alignement des intérêts.

« Malhe ure u seMe n t, il e s t de s t r a n s ac tion s qui Pré se n te n t

une gr a nde at t r ac tivité Fin a ncière Mais d on t cer tain s ris que s ,

notaMMe n t ré Pu tationnel s , s on t tel s qu’il s Pe uve n t à e u x se ul s a né a n tir

l a vale ur d ’un Pl aceMe n t »

Catherine grum

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d o s sier / ac tion s s uis se s

actions suisses : un Potentiel qui lorgne du côté du Marché élargi entretien avec guy ChaRleT, gérant de fonds actions suisses chez piguet galland

Patr

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pouR CompRendRe le maRChé des aCTions en suisse, il FauT Com m e nCe R pa R R a ppe l e R sa spéCiFiCiTé qu’esT la pRésenCe de poids louRds – les TRois plus gRosses valeuRs du smi (nesTlé, novaRTis eT RoChe) RepRésenTenT 62 % de la CapiTalisaTion bouR-sièRe de l’indiCe phaRe de l a bouRse suisse. seCond poinT À souligneR suR Ce maRChé, qui déCoule du pRemieR, il n’esT pas le plus FoRT dans le CyCle aCTuel, éTanT pénalisé paR la naTuRe pluTôT déFensive de ses valeuRs.

Cela étant posé, un bref retour sur le passé récent permettra d’illustrer la tendance du marché helvétique des capitaux à suivre celle des mastodontes américains et européens. après avoir atteint un plus bas en 2009, les actions suisses ont connu une très bonne année en 2011, et ce en grande partie grâce à l’institution du taux plancher, qui a été un puissant catalyseur. la fin de cet arrimage du franc suisse à l’euro (« peg » en anglais) le 15 janvier dernier s’est traduite par un brusque et fort recul des actions suisses. depuis lors, la baisse a été gommée.

un miracle ? pas vraiment. d’un côté, le franc suisse a abandonné un peu de sa vigueur par rapport à l’euro pour s’éloigner un peu de la parité. de l’autre, le dollar s’est renforcé pour tendre à la parité avec le franc suisse au cours du premier trimestre, ce qui a été bénéfique pour beaucoup de sociétés suisses qui ont leur revenu en dollars (us). Rien d’étonnant dès lors à ce que la vague de panique immédiate provoquée par la hausse du franc suisse vis-à-vis du dollar et de l’euro qui a conduit à de

nombreuses révisions de bénéfices, sans anticiper que le dollar et l’euro s’apprécient, ni que les sociétés prennent très vite des mesures correctrices, ait cédé le pas à une reprise des esprits et des cours.

les CRises se suivenT, mais ne se RessemblenT pas

Car, contrairement à ce qui s’était passé en 2011, les entreprises suisses ont été promptes à réagir, en annonçant des mesures tendant à optimiser leurs coûts pour réduire l’impact de la politique monétaire et à corriger l’impact sur les ventes à l’aide de hausses de prix. parfois, les révisions ont été trop faibles. C’est le cas de syngenta, qui a subi d’une année sur l’autre une baisse de 14 % de ses ventes au premier trimestre à cause des variations de change, soit plus que ce qu’attendait le consensus des analystes. pour d’autres au contraire, l’impact a été inférieur aux prévisions des analystes.swatch par exemple : là où une baisse de 25 à 30 % du bénéfice par action (bpa) était attendue, nous ne nous étonnerions pas de voir finalement des bénéfices en 2015 proches de celui de l’année passée. et ce, non seulement parce que les ventes du groupe sont très exposées au dollar, mais aussi parce que le management a décidé d’augmenter les prix pour compenser la perte de change, stratégie qui s’est avérée payante pour une activité à faible élasticité-prix (autrement dit, la demande ne baisse pas quand les prix augmentent), en particulier dans le haut de gamme.

guy Charlet

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du côté des small & mid caps, la fin du plan-cher, qui faisait suite à la pause de la sur-performance connue en 2014, a eu aussi un impact supportable. si le décalage entre les ventes et les coûts y est plus important (leurs principaux partenaires commerciaux sont en europe mais une base de coûts importante demeure en suisse), l’impact a été limité par les mesures précédentes et, surtout, ces valeurs sont structurellement moins chères. elles ont encore beaucoup de potentiel, que l’année 2015 devrait voir s’épanouir. le fonds piguet actions suisse de la banque piguet galland, qui est un fonds destiné à permettre une expo-sition complète au marché suisse, est composé de grosses capitalisations suisses pour deux tiers environ, mais aussi de small & mid caps à hauteur d’un tiers (tandis qu’elles sont pré-sentes à hauteur de 16 % dans l’indice élargi du swiss performance index).

qu’aTTendRe des segmenTs gRosses CapiTalisaTions eT small & mid Caps en 2015 ?

novartis, qui a tiré le segment des large caps en 2014, a plus de peine à sur-performer cette année. beaucoup de bonnes nouvelles sont en effet connues et reflétées dans le cours et le risque est plutôt de voir une déception qui viendrait à diminuer les estimations de ventes des nouvelles molécules (surtout le lCZ696 contre l'insuffisance cardiaque). pour sa part, nestlé paraît trop chère et sa croissance tend à ralentir. Roche fait exception. le titre a peiné en 2014 mais son pipeline onco-logique attire un intérêt croissant à l’approche du congrès de l’asCo et les attentes, au contraire de novartis, sont très faibles. mais le poids de novartis et nestlé suffit à pénaliser le marché si ces deux megacaps venaient effectivement à traîner la patte.

les valorisations sont raisonnables, en particulier par rapport aux large caps, et les perspectives de croissance leur sont bien supérieures. sur ce segment de marché très dynamique, des mouvements de restructuration sont à l’ordre du jour, qui pourraient encore renforcer leur compétitivité. prenons quelques exemples : oerlikon, lonza, ou encore Calida. le repre-

nos couPs de cœur

roche : championne de l’immuno-oncologie. Elle développe plusieurs médicaments destinés à stopper/détruire certaines cellules tumorales, notamment Avastin, Rituxan, Perjeta, Kadcyla, parfois utilisés en association avec des chimio-thérapies. Ces molécules devraient permettre d’assurer une croissance d’ici les 5 prochaines années, tandis que le pipeline n’est pas valorisé par les analystes. Le congrès de l’ASCO est un catalyseur pour le sentiment après une année 2014 difficile à cause de Novartis qui lui a volé la vedette.

holcim : la fusion avec Lafarge ayant été entérinée, le mar-ché peut à présent anticiper les synergies, ce qui n’est pas encore reflété dans le cours de l’action. Nous avons initiale-ment estimé les synergies à un milliard d'euros. Lesquelles synergies, valorisées à huit fois la valeur d'entreprise (EV) et l'Ebitda, ajoutent un potentiel supérieur à 10 %

Swiss re : la surcapacité dans le secteur de la réassurance (en l’absence de catastrophes) rend les investissements peu rentables, ce qui milite pour une poursuite de la politique de création de valeur actionnariale. Les ratios de capital (Swiss Solvency Test) excèdent largement les objectifs à 223 % (contre 185 %) et plaident pour un dividende élevé et durable. À une fois la valeur comptable, le titre n'est pas sous-évalué, mais l'attrait de son rendement est un cas unique.

oerlikon : une stabilisation dans la division textile devrait permettre au marché de se concentrer sur la division des revêtements où le potentiel d'appréciation des marges suite à l'acquisition de Metco est très significatif. Les résultats

indiquent une progression séquentielle des commandes supérieure aux attentes et à un niveau qui dépasse celui des ventes (book-to-bill >1). Les marges EBITDA dans la division textile sont dans le haut de la fourchette guidée de 16-18 % à 17,8 % tandis que l'expansion dans les revêtements se poursuit (14,7 %). Cette bonne dynamique avec un point d'inflexion probablement atteint dans le textile devrait aider le titre à sur-performer, d'autant qu'il demeure bon marché avec un multiple de 14,5 à 16 fois le bénéfice par action (EPS)

lonza : détient un monopole de certains composants pour la fabrication de molécules oncologiques. Leur renforcement dans le pôle de la biopharmacie est une source de crois-sance durable sous-estimée du marché. En effet, l’émergence des anticorps monoclonaux en oncologie et la tendance de l’outsourcing des sociétés pharma procurent de nouvelles opportunités.

Calida : après l’achat d’Aubade (2005), Calida a poursuivi une stratégie de croissance externe en doublant ses ventes avec le rachat de 60 % de Lafuma en 2013 (Millet, Eider, Lafuma Outdoor, Lafuma Furniture, Oxbow). Calida pro-gresse très vite dans son travail d’intégration consistant à augmenter la rentabilité au même niveau que Calida/Aubade, c’est-à-dire à 10 % sur l’Ebit d’ici à 2018 (6,6 % actuellement), en améliorant le concept de vente (choix, surface, etc.) et la gestion centralisée des stocks dans un premier temps, puis l’expansion du nombre de boutiques dans un second temps. Le titre est encore bon marché à 15,4X16EPS par rapport à ses pairs.

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neur de la marque aubade s’est offert lafuma en 2014. si elle réussit son pari de renverser la tendance en restaurant les marges de lafuma et des marques associées (eider, millet) en appliquant la savoir-faire qu’elle a démontré avec aubade, le titre de cette small cap s’appréciera d’autant plus qu’il est aujourd’hui peu cher (voir encadré p.78). autre exemple, lonza détient un monopole de certains composants pour la fabrication de molécules oncologiques. leur renforcement dans le pôle de la biopharmacie est une source de croissance durable sous-estimée du marché. oerlikon enfin, qui a racheté metco à sulzer et devient un acteur incontournable du marché des revêtements, a été boudée à cause des déboires subis dans sa division textile. une stabilisation de cette dernière, très dépendante de la Chine, devrait toutefois permettre une focalisation des investisseurs sur les revêtements et les importantes synergies de ventes rendues possibles par metco, en particulier dans les applications pour le métier de l’automobile.

en 2015, le marché suisse devrait continuer à être un marché suiveur. si, en dépit du quantitative easing (qe) favorable à une reprise des économies européennes, des corrections intervenaient sur les bourses européennes, elles risqueraient d’impacter la bourse suisse.. le para-doxe est que les investisseurs, face à ce risque de correction, favorisent

toujours certaines « large caps » parce que leurs dividendes, attractifs du fait des taux négatifs, sont plus élevés et plus sûrs. swiss Re et Zurich illustrent parfaitement ce propos : devenues moins bon marché, offrant un profil de fon-damentaux moins solides qu’auparavant (à cause de la surcapacité dans le secteur de la réassurance et de la faiblesse du rendement des réinvestissements), elles demeurent attractives parce qu’elles garantissent un niveau élevé du dividende.

une combinaison de certaines de ces valeurs, swiss Re, Zurich, mais aussi Roche, givaudan, holcim ou ubs, avec les small & mid caps suisses, trouvent toute leur place. gageons qu’à la faveur de la dynamique mondiale qui s’est mise en place sur la base du qe, les corrections que connaîtra peut-être l’année ne dureront pas et permettront aux investisseurs de se positionner sur ce marché.

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L’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE

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MARKET_MAGAZINE_1.indd 2 01/06/2015 15:02

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Ces nouvelles disposiTions sonT assoRTies de deuX Types de sanCTions : paleTTe de sanCTions

la première résulte du droit des sociétés : les acquéreurs qui omettraient de satisfaire à leur obligation d’annonce seront déchus de l’ensemble de leurs droits sociaux (droit de vote notamment) ainsi que de l’ensemble de leurs droits patrimoniaux (droit au dividende, notamment), ces derniers s’éteignant ex lege un mois suivant la date d’achat des titres. pas question donc de capitaliser des dividendes en restant anonyme. la seconde, pénale, prévoit une amende pour les porteurs qui violeraient leur obligation d’annonce ainsi que pour les sociétés qui omettraient de tenir leurs registres d’actionnaires à jour. Ces dispositions ne s’appli-queront pas qu’aux nouvelles sociétés, mais à toute société inscrite au registre du commerce au moment de l’entrée en vigueur de ces nou-velles normes. lesquelles disposent d’un délai de deux ans pour adapter leurs statuts et règlements. quant aux actionnaires détenant des titres au porteur, ils devront s’être annoncés auprès des sociétés émettrices

le 12 décembre 2014, les Chambres fédérales ont approuvé la loi fédérale relative à la mise en œuvre des recommandations du groupe d'action financière sur le blanchiment de capitaux (gaFi), révisées en 2012. le Conseil fédéral a décidé, lors de sa séance du 29 avril 2015, de promulguer l’entrée en vigueur sans délai, à savoir au 1er juillet 2015, de la première charrette de ces modifications législatives, notamment des dispositions afférentes à la transparence des personnes morales.

l'examen de la suisse qui sera mené en au-tomne par le Forum mondial sur la transpa-rence et l'échange de renseignements à des fins fiscales n’est pas étranger à l’empressement du Conseil fédéral. les dispositions concernées portent sur les modifications du Code des obli-gations, de la loi sur les placements collectifs ainsi que de la loi sur les titres intermédiés. selon une enquête du gaFi conduite en 2005, les actions au porteur, qui garantissent l’ano-nymat de l’actionnaire et dont tout porteur est reconnu comme étant son ayant droit, ne respectent pas ses recommandations en matière de transparence. Consciencieux, le Conseil fédéral s’est attelé à trouver une solu-tion visant à régler de manière satisfaisante le manque de transparence des sociétés émettant des actions au porteur.

inTeRTiTRe soluTion ReTenue

elle prévoit une obligation d’annonce pour toute acquisition d’actions au porteur. Tout acquéreur d’actions au porteur sera ainsi tenu d’annoncer son acquisition et de décliner son identité à la société. s’il achète un nombre de titres au porteur qui le conduit à atteindre ou dépasser le seuil de 25 % de participation, il devra en outre com-muniquer l’identité de l’ayant droit économique. de leur côté, les sociétés ayant émis des titres de participation au porteur seront obligées de tenir une liste des détenteurs et des ayants droit économiques de leurs actions au porteur.

vincent Tattini

détention d’actions au Porteur : vers Plus de transParence entretien avec vinCenT TaTTini, lalive

Elen

a Bu

dnik

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dans les six mois suivant l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, soit avant le 1er janvier 2016. À défaut, ils seront déchus de leurs droits patrimoniaux. pour le bonheur des actionnaires, le projet prévoit une alternative. les sociétés qui le prévoient dans leurs statuts auront la

possibilité de déléguer la tâche de tenir les registres des actionnaires au porteur à un intermédiaire financier soumis à la lba, susceptible alors de garantir leur anonymat. aussi, toutes les sociétés qui disposent d’un actionnariat au porteur se doivent impérativement d’adopter cette alternative. À défaut, elles seraient susceptibles d’exposer leurs propres actionnaires à des risques qu’elles ne connaissent pas, ne mesurent pas, ne maîtrisent pas. pour les autres, il est temps que les actionnaires

ré s ultat de l’aPPlication de ce s nouvelle s disPo sition s ,

le s au torité s ( notaMMe n t Fiscale s ) auron t accè s à tou s le s regis t re s

de s ac tionn aire s au Por te ur. . .

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exercent leurs droits et adoptent les modifi-cations de statuts requises aux fins d’imposer au Conseil d’administration l’obligation de confier la gestion des registres d’actionnaires à un tiers qualifié. C’est la conditio sine qua non au maintien de leur anonymat.

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l a d é C i s i o n d e l a b a n q u e naTionale suisse (bns) d’aboliR le TauX planCheR euRChF, le 15 JanvieR deRnieR, a FaiT peRdRe, en une JouR née , plus de 8. 5 % au sw iss m a R k eT inde X (smi ) e T pR è s de 6 % l e l e n de m a i n. mais depuis, le smi a Comblé CeTTe ChuTe eT a suRpeRFoRmé ses paiRs améRiCains eT sous-peRFoRmé ses paiRs euRopéens, À monnaie égale. CeCi ConTRasTe dRasTiquemenT aveC 2014 où le smi a suRpeRFoRmé le daX eT sous-peRFoRmé le s&p 500, en FRanCs suisses. Ces FoRTunes diveRses peu v e n T s’e X pl iqu e R pa R u n CeRTain nombRe de FaCTeuRs : le quanTiTaTive easing euRopéen,

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2015 sera-t-elle l’année de la suisse ?

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lauRenT bakhTiaRi, market analyst, ig bank

2007 2008 2009 2010 2011 20112 2013 2014 2015

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VOLUME SPONSOR

GLOBAL M&A VOLUME – 10.2015$bn

la pRobable hausse des TauX auX éTaTs-unis, la valeuR ReFuge que RepRésenTenT les aCTiFs suisses… CeTTe TendanCe va-T-elle se pouRsuivRe ? eT esT-Ce que CeTTe année le smi va suRpeRFoRmeR ses paiRs ?

l’impaCT des banques CenTRales

Ces dernières années, comme toujours d’ailleurs, les banques centrales ont joué un rôle clef dans l’évolution des marchés actions. Commençons par les états-unis. après plusieurs programmes de quantitative easing (ou qe, soit d’achats massifs d’obligation d’état afin d’injecter de l’argent au sein de l’économie), dont le premier a été lancé en novembre 2008, la situation économique du pays a donné plusieurs signes de reprise. suite à cette tendance, les analystes prévoyaient une hausse des taux pour juin, ce qui aurait pour effet d’affaiblir le marché actions et de soutenir la monnaie. Toutefois, la Réserve fédérale américaine (Fed) a douché les attentes des investisseurs en indiquant, lors de sa réunion de mi-mars, que la situation de l’emploi ne permettait pas d’être aussi optimiste. par conséquent, les analystes programment désormais cette hausse pour sep-tembre, voire décembre, 2015. l’impact a été très important car, suite à cette annonce, un flou a été jeté sur le dollar. nous pensons que la hausse des taux n’est pas encore totalement intégrée au cours usd/ChF. d’ici à la fin de l’année, nous prévoyons que la paire se situera aux alentours de 1,06, ce qui constituerait près de 10 % de hausse.

en europe, la situation est bien différente. la banque Centrale européenne (bCe) a lancé en janvier dernier son programme de qe, ce qui dope les marchés actions et affaiblit considérablement la monnaie et les taux. lors de cette annonce, la bCe tablait sur une durée de 18 mois. en ajoutant à

source : dealogic

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cela les problèmes liés au remboursement de la dette grecque et à sa potentielle sortie de la zone euro, une frilosité s’est créée vis-à-vis de la monnaie unique. Résultat, le marché actions s’est artificiellement accéléré. ainsi, il serait logique de penser que cette tendance perdure jusqu’à septembre 2016 au moins.

la RéaCTion suisse

Face à ces décisions qui l’impactent par ricochet, la suisse a dû réagir. afin de se protéger du qe européen, elle a décidé d’abolir le taux plancher face à l’euR et d’introduire des taux négatifs. la première décision était destinée à éviter d’accu-muler trop d’euros dans les réserves de la bns et la seconde d’enrayer la forte appréciation du ChF que cela allait causer. pourtant, aujourd’hui encore, même après une décision brutale et des taux négatifs, le marché suisse et sa monnaie sont vus comme des valeurs refuges par les investisseurs. preuve en est, le smi a comblé, en deux mois seulement (au 18 mars) la chute de près de 16 % en deux jours qu’avait provoqué la décision de la bns, le 15 janvier dernier, et ne sous-performe que très légèrement le marché européen, pourtant soutenu par le qe. ainsi, les investisseurs se tournant vers la suisse pour sa sécurité, puis vers ses actions pour éviter de rester en cash et d’obtenir des taux négatifs ont permis de soutenir le smi. et étant donné la durée du qe, la situation n’est pas prête de changer.

ConséquenCes suR les RappRoChemenTs d’enTRepRises

le marché suisse pourra d’autre part être soutenu par les rapprochements d’entreprises. en effet, la hausse du marché suisse et de sa monnaie ont provoqué une hausse des fusions et acquisi-tions. sur les dernières semaines, nous avons pu observer une augmentation nette de l’activité de fusions et acquisitions. en suisse, cette tendance est très forte avec une augmentation de 134,9 % du q1 2014 au q1 2015, selon bloomberg. et ce, étant rappelé que l’année dernière était la plus élevée depuis 2007, qui constituait une année record. de nombreuses opérations ont été menées, parmi lesquelles on citera la fusion lafarge-holcim, l’acquisition de sanitec par geberit, ou encore les efforts désespérés de saint-gobain de contrôler sika. et nous avons des raisons de penser que ce bond n’est pas terminé. il n’est que

de se référer aux propos de Joe Jimenez, le Ceo de novartis, qui, en début d’année, déclarait que son entreprise n’était pas « hors du jeu des fusions et acquisitions ». nous pouvons également penser que les mouvements de devises peuvent inciter les Ceo à repenser les transactions qui ont échoué précédemment (comme monsanto et syngenta). en effet, tant que les marchés actions seront orientés à la hausse, le nombre de transac-tions continuera probablement d’augmenter. leurs actions (ayant atteint des niveaux élevés de valorisation) constituent pour ces entreprises une monnaie d’échange de choix pour acheter d’autres firmes.

quelle sTRaTégie uTiliseR ?

si un investisseur pense que la surperformance du marché suisse sur les marchés américains va s’accroître à monnaie égale, il pourra établir une stratégie dite « long/short » : être long sur l’indice suisse (via des futures ou des CFd pour davantage de levier) et être short sur l’indice américain (via les mêmes instruments). mais, il ne faudra pas oublier de se prémunir contre les effets de change et de couvrir la marge engagée et le p&l via une position négative sur le usd/ChF (les CFd offrent une grande flexibilité pour ce type de hedge). Cette stratégie peut également s’appliquer aux actions. un investisseur peut se mettre long sur les entreprises exposées en grande partie au dollar et short sur les entreprises étant très exposées à l’euro, s’il pense que le dollar us va se raffermir et l’euro se déprécier par rapport au franc suisse et que la situation desdites entreprises va en profiter/pâtir.

d o s sier / ac tion s s uis se s

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JAN.30 FEB.132015

FEB.27 MAR.16 MAR.31

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JAN.15DEC.14

S&P 500 INDEXDAX INDEXSWISS MARKET INDEX

long/short indice long/short action M&a

Patte longue indice suisseentrePrises

suisses exPosées au dollar

uniqueMent si la nouvelle entité

crée de la valeur

Patte courte indice aMéricainentrePrises

suisses exPosées à l'euro

uniqueMent si la nouvelle entité ne crée Pas de valeur

afin de profiter des opérations de fusions et acquisitions, si un investisseur pense que de la valeur sera créée et que l’acquéreur va payer une prime, il est intéressant d’acheter l’action de la cible (nous pouvons notamment penser aux rumeurs sur evonik et Clariant). mais l’investisseur devra être rapide car, suite à l’annonce, le marché adapte le prix de manière quasi-instantanée. sur le long terme, l’investisseur devra analyser la nouvelle entité créée avant de décider d’être long ou short.

source : bloomberg – les trois indices sont calculés en ChF

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trois questions à : arnaud de jaMblinne, directeur général de la Foncière

La Foncière a effectué un parcours sans faute sur soixante ans (1954-2014), quels sont les facteurs clés de ce succès ?

Fonds commun de placement immobilier créé en 1954, la Foncière se distingue des 26 autres fonds du même type par la régularité de son évolution et la constance de son rendement (voir graphiques ci-dessous).

notre succès tient avant tout à ce que nous nous concentrons sur notre cœur de métier : la mise en valeur de notre parc, principalement le locatif résidentiel qui représente 61,1 %. Ce qui ne nous empêche pas d’être diversifié, l’investissement dans l’immobilier commer-cial représentant 13,6 % de notre portefeuille. l’avantage de ce segment est qu’il offre des taux de rentabilité élevés lorsque la conjonc-ture est bonne.

notre philosophie d’investissement est égale-ment au cœur de la réussite de modèle d’affaire. ainsi, on ne prévoit pas de capital frais sauf quand on en a besoin, pour éviter la dilution. l’émission de part ne se fait que ponctuel-lement : dès que le seuil d’endettement est atteint, nous procédons à une émission de part. entre 1974 et 2014, aucune émission n’a été effectuée, donc aucune dilution n’est intervenue. il en résulte que nous ne subissons aucune pression sur les investissements. Ce qui nous permet d’être très sélectifs aussi bien sur les projets que nous choisissons que sur leur niveau de rentabilité, lequel est très élevé par rapport au reste du marché. si un projet nous plaît, c’est-à-dire si l’on attend un dividende élevé, nous faisons appel au crédit. et ce, afin d’éviter la dilution.

Cette combinaison nous a permis d’afficher une performance au 30 avril 2015 de 149 % sur dix ans. elle nous a par ailleurs valu des récompenses. d’abord le prix de la nZZ Real estate award en 2014, sur la base des critères de performance des investisseurs et l’adéquation entre ce que la gestion annonce et ce qu’elle fait effectivement. ensuite le CiFi swiss Real estate award, qui nous a été décerné en mars 2015. il s’agit du 1er prix de l’immobilier fondé sur la base des chiffres clés d’exploitation, du source : bCge asset management - advisory

PerForMance de la Foncière coMParée à celle du swiss bond index (1998-2014)

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LA FONCIERE (Pr)SXI Real Estate Funds Price Return Index

48.88%

35.50%

64.02% 64.33%62.25%

41.81%

50.61%

41.56%

50.65%

43.14%47.04% 47.21%

20.91%24.04%

30.11%

20.19%

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Différence annualiséeBCGE Asset Management / Advisory

évolution du cours de bourse Par raPPort au six real estate Funds Price return

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net cash flow notamment, qui récompense la qualité de la gestion immobilière.

Quels conseils donneriez-vous aux inves-tisseurs aujourd’hui ?

si l’immobilier est une classe d’actifs qu’un investisseur envisage, il a mieux fait d’ache-ter des fonds. C’est un élément stabilisateur, incontournable, d’un portefeuille. l’alternative, investir dans l’immobilier direct, pose des problèmes de diversification, laquelle coûte cher. Rappelons qu’il est de nos jours difficile de trouver un immeuble en dessous de 5 mil-lions de francs. Cela étant dit, les deux produits les plus rentables sont le locatif de rendement et les fonds de placements. l’arbitrage se fait entre ces deux produits en fonction de trois critères : le niveau de fortune, l’appétit pour la liquidité, l’exposition au risque.arnaud de Jamblinne et anne barrat

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iMMo sc oPe / e n t re tie n

d’alternatives sur le segment de l’immobilier, il n’y en a guère d’autres : les sociétés immobilières sont peu nombreuses et axées sur l’immobi-lier commercial, donc plus volatiles. les fondations sont réservées aux caisses de pension et sont moins performantes.

Reste à savoir pourquoi tout l’immobilier d’investissement n’est pas dans des fonds à l’instar d’autres actifs (actions, obligations). la réponse se trouve probablement dans le fait que les fonds immobiliers sont des animaux à part, que chacun se croit expert et, qu’enfin, il existe une relation sentimentale avec la pierre.

notre recommandation va par conséquent vers les fonds de placement immobilier, suisse de surcroît. en effet, il y a un différentiel très sen-sible entre la performance des fonds suisses, qui ont cru en 2008, 09 et 10 et les fonds internationaux.

Comment voyez-vous le marché immobilier évoluer dans les pro-chains mois ? Quels sont vos projets dans ce contexte ?

aujourd’hui, on assiste à un transfert entre les risques actions et les risques immobiliers. et ce, alors même que le contexte est fort différent de la flambée des prix des immeubles connue à la fin des années 80, qui n’avait d’autre visée que spéculative. laquelle s’est soldée par une traversée du désert, de 1989 à 2000, une décennie noire pour l’immobi-lier. Fort heureusement, les conditions de marché sont aujourd’hui plus saines, ce qui nous permet de mener à bien les projets créateurs de valeur actionnariale pour la prochaine décade. ils ont principalement trait à la mise en valeur du parc immobilier, qui s’effectue de deux façons :

- soit par l’entretien et la rénovation après mutation des locataires. nous reprenons des appartements loués depuis plus de trente ans, les rénovons et mettons à jour les loyers, en réa-lisant de substantielles plus-values, justifiées.

- soit par l’exploitation de nouvelles surfaces, via l’aménagement des combles et la suré-lévation – les autorités nous ayant permis d’augmenter le gabarit de certaines zones.

partant du principe qu’il y a très peu de ter-rain libre à l’achat, que très peu de choses se construisent et que, le peu qui se construit, ce sont des loyers contrôlés, notre marge de manœuvre est limitée, nous continuons à faire ce que nous faisons déjà : rénover le parc pour en augmenter la valeur ajoutée. et innovons en mettant en valeur de nouvelles surfaces : combles, surélévations.

Cette stratégie, qui nous permet de consolider toutes nos sources de revenus, est un gage de dividendes en progression constante pour nos investisseurs. et ce, quelles que soient les conditions de marchés et de l’économie, que le franc soit fort et les taux obligataires négatifs. en l'occurrence, les résultats décevnats du pib au 1er trimestre, qui aura probablement des répercussions sur l'immobilier commercial, ne devrait en revanche pas éteindre l'engouement très élevé pour l'immobilier de rapport. bien au contraire.

la Foncière versus actions suisses, obligations suisses, et concurrence

PerForMance coMParée de la Foncière

jan. 1992 - déc. 2014

lF sPi sbi doMestic bond index

indice kgast des

Fondations iMMobilières

concurrence (rüd blass iMMoFonds

index)

PerForMance totale 834,42 % 741,28 % 185,43 % 204,35 % 332,04 %

PerForMance annualisée 10,2 % 9,7 % 4,7 % 5,0 % 6,6 %

volatilité annualisée 12,90 % 14,9 % 2,91 % 1,10 % 8,22 %

Max droP-down -29,6 % -35,2 % -4,2 % -1,5 % -18,2 %

la Foncière en chiFFres– Plus de 4000 locataires avec un tournus de 10 à 15 % par an

– Valeur vénale des immeubles : Chf 1 168 700 000

– Loyers encaissés : Chf 75 321 000

- Résidentiel : 61,11 %

- Commercial : 13,62 %

- Mixtes : 25,27 %

- Cœfficient d’endettement : 19,66 %

- Vacants : 0,63 %

- Nombre de parts en circulation : 1 240 140

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GÉOPOLITIQUE (S )

LE DÉFICIT DÉMOCRATIQUE

DE L’EUROPE54 INVESTIR OPPORTUNITÉS

SUR LE MARCHÉ AMÉRICAIN

108 INVITÉ FRANÇOIS-HENRY

BENNAHMIAS, CEO D’AUDEMARS PIGUET

92 INDEX 7 ARCHITECTES

D’INFLUENCE

112 CULTURE(S) PETITE ÉTHIQUE

DE L’INSOMNIE

116 MARCHÉ DE L’ART LE SURRÉALISME

NE CONNAÎT PAS LA CRISE

44 FINANCE LE MARCHÉ

IMMOBILIER EN PÉRIL ?

102 ÉCONOMIE LA SUISSE

SUR LA VOIE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

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le rendeMent toujours au rendez-vous sur un Marché iMMobilier assaini entretien avec paTRiCe galland, Ceo de la Régie immobilière éponyme, galland & Cie

Forte de ses 120 ans, la plus vieille régie de lausanne – « même les plus vieux sont moins vieux » s’amuse patrice galland, est aujourd’hui une pme de 50 collaborateurs qui gère 455 immeubles et quelque 8 200 biens. et ce, depuis quatre générations – et la relève est prête ! depuis 2013, « la plus petite des grosses régies » est installée au Rôtillon, le quartier le plus coloré de lausanne, juste à côté de la garderie que le 4e des galland, qui siègent de père en fils à la Fondation Crèche de lausanne, a développée.

Comment une « petite » régie peut-elle servir au plus près les intérêts de ses clients et investisseurs ?

la recette tient en trois ingrédients : un ancrage local ; une concen-tration sur le métier de base, la gestion ; une culture de la discrétion et de la confiance. bien profilée pendant la crise, la régie galland & Cie a capitalisé sur la gestion d’immeubles. la promotion est trop cyclique, c’est un autre métier. Chez galland & Cie, la dispersion est une perte de temps, de ressources et d’énergie. la régie parie sur ses cœurs de métier que sont :

- la gestion d’immeubles locatifs. les clients sont alors principalement des privés et quelques institutionnels.

- le courtage de biens immobiliers confortables et de qualité que ce soit résidentiels ou de rendement.

- la rénovation d’immeubles dont elle assure la gestion.- l’administration de propriété par étages pour une clientèle exclusivement privée.

gestion immobilière, ppe, courtage, rénovation, toutes les opérations réalisées chez galland & Cie sont peu cycliques et régulières. Ce qui leur permet d’avoir une vision large du marché. « nous travaillons d’amont, du montage du projet, en aval, la commercialisation », explique patrice galland. leur reconnaissance locale leur ouvre les portes des plus gros promoteurs, comme par exemple geFiswiss sa. la confiance est le maître mot, confiance en la souplesse et l’adapta-bilité dont ces promoteurs font preuve, confiance en la souplesse des programmes qu’ils conçoivent pour s’adapter aux besoins du marché, confiance dans les qualités essentielles pour réaliser des produits adaptés aux investisseurs en quête de rendement. Chez galland, les clients sont davantage des privés que des institutionnels. pourquoi ? la discrétion, le service personnalisé.

Comment Galland & Cie voit-elle le marché immobilier et ses opportunités aujourd’hui ?

si les critères ont évolué avec l’atterrissage en dou-ceur que connaît l’immobilier, les forces de la régie s’en trouvent renforcées. Cet atterrissage, patrice galland l’attribue à la prudence des banques qui, sous la férule de la Finma, ont évité une bulle immobilière. le marché immobilier s’est calmé depuis 2013, les prix reflètent cet assainissement : une baisse de 15 % immédiatement, dont galland & Cie constate les répercussions. explication de patrice galland : « la Finma a voulu ce resserre-ment », commente patrice galland, « pour ne pas casser l’économie, donc ne pas reproduire la catas-trophe économique liée à l’augmentation des taux hypothécaires et l’éclatement de la bulle dans les années 90, où le marché avait perdu 35 %. de fait, les valeurs des biens avaient tellement baissé que les 1er et 2e rang des dettes n’étaient pas couverts.

patrice galland

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20 % de locataires). les primo-acquérants ont entre 40 et 45 ans. les prix sont chers, le tournus faible, la qualité suisse est peu accessible.

le marché est prêt à absorber des affaires plus sereines, il est régé-néré après l’euphorie que l’on a connue dans les années 2011 et 2012. l’investisseur a le temps de réfléchir. il a tout intérêt à rénover. ou encore à investir dans les nouveaux programmes de promotion. Tous les critères sont réunis : les taux bas, la fiscalité intéressante, le coût de construction plus attractif, les subventions (solaires, fenêtres, façades, etc.) toujours bonnes à prendre. geFiswiss sa propose ainsi des biens de rendement clés en mains. par rapport aux programmes 2011 et 12, les prix ont baissé, les surfaces aussi. les nouveaux biens seront plus faciles à louer à un loyer plus abordable. un appartement de 4 pièces et demie de 120 m2 est aujourd’hui commercialisé sur une base de 100 m2. le prix facial, transactionnel, est plus bas. les nouveaux programmes prennent acte de ce que l’on a constaté, à savoir que les 5 pièces et plus ne trouvent plus preneurs au même prix, les philip morris, p&g, nestlé, faisant moins faire appel à des expatriés. Ce départ de la clientèle internationale, exigeante en termes de surface et de type de biens, a sérieusement impacté les prix. enfin, le facteur démographique participe de cette baisse des prix et des surfaces, la famille suisse étant de 1,8 enfants en moyenne. le marché immobilier s’en est ressenti aussi bien à genève qu’à lausanne. de leur côté, les studios, 2 et 3 pièces n’ont pas bougé.

une mine d’oR

le marché a réagi très vite, les propriétaires ont accepté de baisser leurs prix. aujourd’hui, un particulier qui a 100 ou 200 000 francs préfère investir dans un appartement que dans sa lpp ou la bourse. les caisses de pension ont intérêt à investir dans l’immobilier, qu’il soit direct ou indirect. le premier est un investissement à long terme, avec des rendements de l’ordre de 4,5 à 5 %, le second à trois ans, avec un rendement mais un risque aussi nettement plus fort, de l’ordre de 8 à 18 % aujourd’hui. depuis 2014, elles ont certes accepté une baisse des rendements, autrefois compris dans une fourchette de 14 à 20 % – étant précisé que ce sont principalement les propriétaires de terrains qui doivent absorber la baisse en diminuant la marge qu’ils réalisent sur la valeur de leur bien. les rendements restent d’autant plus attractifs que les taux obligataires sont négatifs. sans compter que tant que les loyers ne baissent pas – ce qui vaut pour les petites surfaces –, le rendement reste stable.

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le scénario privilégié cette fois a été de freiner l’attribution hypothécaire tout en gardant les taux bas. en conséquence, le marché actuel n’offre pas les mêmes opportunités que dans les années 90 ».

depuis 2012, la réflexion s’effectue ainsi : les banques prêtent à 1 %, mais leur calcul se fonde comme si le taux était de 5 %. secundo, l’exigence de capitaux propres s’est accrue : un minimum de 10 % d’espèces hors actifs du lpp. enfin, 15 % de l’emprunt doit avoir été remboursé avant le 65e anniversaire du propriétaire. avant, il était possible d’acquérir un bien d’un million de francs sans avoir 100 000 francs sur son compte. C’est aujourd’hui impossible. or, à niveau de salaire égal, sortir 10 % de capital n’est pas évident pour tout le monde. autant de mesures qui ont arrêté la frénésie sur le marché immobilier, le tout sans toucher aux taux très attractifs, gage de confiance pour les marchés. le calcul ne dépend pas de la région ou du bien, il est mathématique. si, à genève, les prix restent plus élevés, c’est parce que les salaires sont plus élevés d’autant, 20 % environ. la hausse des dernières années a été absorbée parce que les banques n’ont jamais dépassé 80 % d’hypothèques quand, dans les années 90, elles avaient accepté 100 % d’endettement, voire 105 % !

les pRiX de la ConsTRuCTion baissenT, la pRomoTion RedevienT inTéRessanTe

le franc fort n’a eu que peu d’impact sur les prix du marché immobilier. depuis le 15 janvier dernier, si l’immobilier a baissé, c’est sous l’effet de la baisse des coûts de construc-tion d’au moins 10 %. Cette baisse a elle aussi contribué à stabiliser le marché. d’un côté, un particulier doit gagner plus pour acheter, de l’autre les taux sont négatifs, qui poussent à investir. avec la même philosophie : à la bourse, qui est du court terme, mieux vaut l’immobilier, qui offre des rendements sur le long terme. en termes de rentabilité brute d’un immeuble, on est habitué à du 5 % par an, selon patrice galland. la suisse est un marché de locataires : 65 % de locataires, 35 % de propriétaires. soit presque l’inverse de la France voisine (80 % de propriétaires pour

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Prise de risque calculée Pour les stratèges de la Place genevoise

paTRiCe gauTRy, Chef économiste de l’ubp,

membre de l’isag

les aCTions – en paRTiCulieR Celles de la Zone euRo – s’im-posenT Comme le meilleuR plaCe-menT depuis le débuT d’année. ainsi, le Consensus des sTRaTèges des banques pRivées genevoises a R aison de suRpondéReR les aCTions euRopéennes dans ses gRilles d’alloCaTion d’aCTiFs.

le pari des stratégistes en allocation d’actifs genevois met en évidence une réelle confiance envers les actifs risqués, qui amène à privilé-gier, en parallèle, les actions japonaises. parmi les placements à taux fixe, les obligations d’entreprises sont favorisées, contrairement aux obligations gouvernementales.

le scénario consensuel qui sous-tend ces allocations se veut optimiste : la croissance américaine devrait progresser à un rythme de 2,9 %, et la Fed ne devrait relever ses taux directeurs que très graduellement, pour les

porter à 0,50 % au premier trimestre 2016. À cet horizon, la parité euro-dollar devrait s’établir à 1,04 selon ce consensus, et le taux à 10 ans américain devrait remonter progressivement vers 2,25 %.

le consensus a généralement pour défaut de réduire les analyses à quelques faits stylisés, mais ses allocations traduisent en l’occurrence une position tranchée par rapport aux questions qui agiteront les marchés financiers ces prochains trimestres : faut-il craindre la hausse des taux de la Fed ? la progression des bénéfices est-elle vraiment plus favorable en europe et au Japon que dans les autres régions ? et, enfin, les taux d’intérêt à long terme peuvent-ils remonter sans porter préjudice aux actions ?

les sTRaTèges ne RedouTenT pas la hausse des TauX de la Fed

les politiques monétaires non conventionnelles ont alimenté le rebond des indices actions, et les marchés européens s’inscrivent sur une trajectoire comparable à celle observée aux états-unis. la Fed devrait toutefois rester pragmatique dans la mesure où elle condi-tionne son calendrier de relèvement des taux à la situation écono-mique. le cycle de resserrement qui s’annonce n’a rien de semblable à celui de 2004, car la croissance est moins soutenue et, donc, le taux d’équilibre de la Fed devrait vraisemblablement s’inscrire en dessous des 3,75 % prévus par les gouverneurs de la banque centrale. Cette dernière ne se hasardera pas à casser la croissance, étant donné que l’activité économique n’affiche pas d’excès en termes d’inflation, de hausse salariale ou d’endettement. la Fed pourrait ainsi adopter une

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RENDEMENTS DES CAPITAUX PROPRES DES ENTREPRISES COTÉES AUX ETATS-UNIS, EN EUROPE ET AU JAPON

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source : Thomson Financial, msCi, ubp

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stratégie de remontée des taux assez lente, ce qui affecterait peu les marchés actions, d’autant que la bCe et la banque centrale du Japon (boJ) poursuivront leurs injections de liquidités.

Fort rebond attendu des bénéfices des sociétés européennes et japonaisesla reprise de la croissance en zone euro et au Japon milite pour un rebond des bénéfices dans chacune des régions. sur les marchés de la zone euro, ce sont les secteurs cycliques qui ont logiquement le plus tiré parti de la sortie de récession et de l’action de la bCe. de plus, la baisse de l’euro permettra aux entreprises d’accroître leurs marges et / ou de gagner en compétitivité.

dans ce contexte, les profits devraient, selon le consensus des ana-lystes financiers, progresser de près de 15 % en zone euro et de 14 % au Japon en 2015. leur hausse devrait en revanche se limiter à 6 % (hors énergie) aux états-unis, et se monter à 9 % pour les marchés émergents dans leur ensemble.

au-delà de cette embellie conjoncturelle, la difficulté pour l’europe et le Japon est d’inscrire une reprise pérenne qui permette aux actions de voir leur rentabilité sur fonds propres rejoindre, à moyen terme, celle des actions américaines. Cette trajectoire devra être alimentée par une amélioration de la compétitivité et de la gouvernance des entreprises, et probablement par de nouvelles restructurations.

la hausse des TauX longs pouRRaiT-elle inTeRRompRe la dynamique suR les aCTions ? les politiques des banques centrales ont conduit à de fortes perfor-mances sur les marchés actions et ont également contribué à maintenir les taux longs à des niveaux exceptionnellement bas. la normalisation de la politique monétaire de la Fed ouvre la voie à une remontée pos-sible des taux longs américains ces prochains mois, alors que les taux européens et japonais resteraient faibles, du fait des achats des banques centrales. il est probable que, dans ce cadre, les gérants obligataires européens se portent acheteurs de la dette publique des états-unis au vu des rendements plus élevés, ce qui limiterait la remontée des taux américains, les taux du Trésor à 10 ans n’allant pas au-delà de 2,25 %.

dès lors, cette hausse plutôt lente des taux longs ne devrait pas être particulièrement pénalisante pour les marchés actions, notamment en europe et au Japon. de plus, les banques centrales devraient éga-lement veiller à ne pas déstabiliser les marchés de capitaux, afin d’éviter que le scénario de 1994 ne se répète, ce dernier ayant généré de fortes pertes au sein des portefeuilles obligataires.

« e n ab a nd onn a n t s a Politique de tau x d ’in térê t nul s , l a Fe d ris quer ait de Priver le s Marché s Fin a ncier s de l’un

de s Mote ur s clé s de le ur hau s se » .

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au final, le biais risqué des portefeuilles témoigne de la vision positive du consensus des stratèges quant à l’évolution des économies. il reflète par ailleurs la confiance à l’égard des banques centrales dans la gestion de sortie de crise, mais aussi envers les entreprises dans leur capacité à délivrer des bénéfices en pro-gression soutenue. les stratégies de placement sont assez consensuelles au premier semestre, et s’accordent sur une nette préférence pour les actions, mais elles pourraient évoluer différemment au cours des prochains mois selon les développements observés sur chacun des thèmes évoqués plus haut.

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où sonT ses CamaRades eT, CeRise suR le gâTeau, d’enRegisTReR Tous ses vols aveC leuRs données sTaTisTiques Telles que Temps de vol eT dénivelés.

nous avons invité lionel yersin, fondateur et Ceo de advanced sport instrument, à présenter son projet au bas en août 2013. nous l’avons invité parce que nous sommes des grands fans de projets originaux et différents, à l’heure où les projets de réseaux sociaux nous accablent par-fois. advanced sport instrument est né de la passion d’un parapentiste qui a décelé un manque dans la pratique de son sport favori, a trouvé une solution technologique pour pallier ce manque et s’est lancé dans l’aventure entrepreneuriale pour commercialiser son invention. voilà qui méritait un regard attentif de la part du bas.

mais rien n’est facile dans le monde de la start-up : après quelques séances de due diligence, une étude plus approfondie de la technologie asi et de la viabilité commerciale du produit, la plupart d’entre nous en sommes arrivés à la conclusion que le marché du parapente était quand même extrêmement limité : non pas qu’il n’existe pas un marché suffisant de clients potentiels, mais en tant qu’investisseur qui veut financer une telle entreprise, la perspective d’une retour sur investissements doit quand même avoisiner les 20 % annualisés1, jusqu’à ce qu’il puisse sortir, c’est-à-dire vendre ses parts à un repreneur.

une fois cette information communiquée au fondateur, un membre du bas (lionel Crassier, est-ce que l’homonymie avec le fondateur a joué un rôle, nous ne le saurons sans doute jamais…) a pourtant voulu y croire et a initié un projet de prêt convertible, en ouvrant son porte-monnaie, n’étant rejoint que par un seul autre membre. lionel Cras-sier, dans son rôle non seulement de financier mais aussi de coach du fondateur, a réussi, en presque deux ans, à convaincre le fondateur de positionner le produit sur une utilisation plus large, modulo quelques modifications technologiques nécessaires telles que permettre à des capteurs de se « parler » entre eux à une certaine distance. la personne qui a rendu cette évolution technologique possible est le nouvel associé de lionel yersin, Julien moix. Julien a rejoint le projet début 2014 et s’est concentré sur la stratégie « produit ». C’est lui qui est arrivé avec l’idée de développer un produit pour le football, son rôle est donc prépondérant dans l’évolution de asi. son background dans la gestion informatique et les systèmes eRp ont été un atout essentiel, ainsi que sa créativité, son énergie et son enthousiasme. Julien et lionel sont amis de longue date et ont fait à plusieurs reprises la patrouille des glaciers et d’autres courses de montagne ensemble : voilà une utilisation de asi à laquelle personne n’a encore pensé !

inve s tir / b u sine s s a ngel s s wit zerl a nd

asi-advanced sPort instruMent

asi-advanCed spoRT insTRumenT esT une soCiéTé suisse de TeCh-nologie spoRTive. son pRoduiT phaRe, Celui suR lequel eT pouR lequel la soCiéTé a éTé dévelop-pée, esT le « FlyneT » (www.FlyneT-vaRio.Com). FlyneT esT un boÎTieR qui se meT dans la poChe, Relié À une TableTTe, peRmeTTanT auX paRapenTisTes de ConnaÎTRe en Temps Réel, loRs d’un vol, la posi-Tion d’auTRes paRapenTisTes eT des CouRanTs asCendanTs du seCTeuR. les avanTages en sonT : la possibiliTé de TRouveR plus FaCilemenT des venTs asCen-da n Ts, é l é m e n T CR i T iqu e e n paRapenTe ; de (ne pas) se peRdRe de vue loRs de vols en équipes, mais de savoiR en Temps Réel

FRank geRRiTZen, président suisse romande, bas

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de ces réflexions, de cette collaboration et de fondamentalement la même technologie est née Fieldwiz (www.fieldwiz.com). Fieldwiz est capable de faire pour les clubs de football les plus modestes ce qui, à ce jour, était réservé à ceux de la Champions league : une analyse en temps réel des positions des joueurs sur le terrain, des distances parcourues par ceux-ci, des accélérations, et de données physiologiques (grâce à un cardiofréquencemètre intégré) pendant un match ou un entraînement. Chaque joueur porte dans son maillot un capteur qui pèse moins de 50 grammes et à la fin du match le synchronise avec n’importe quel support communiquant via bluetooth. le coût et la simplicité de l’implémentation en font un réel produit populaire, accessible aux équipes de ligues inférieures, donc sans budget. et si l’on sait ce que le football amateur représente non seulement en europe mais dans le monde, on est passé d’un marché de niche avec Flynet à un marché gigantesque avec Fieldwiz : le marché mondial du para-pente représente environ 300 000 pilotes, celui du football quelque 38 millions de joueurs enregistrés. nous ne sommes pas ici en face de ce qu’on appelle aujourd’hui dans les milieux concernés un « pivot », un changement fondamental de paradigme : c’est bien plus une évolution de la technologie, une extension de ligne et de gamme de produits, couplé et rendu possible grâce à l’arrivée de nouveaux collaborateurs

1) C’est un chiffre un peu arbitraire mais basé sur l’historique des projets : en effet, 20 %, rendement élevé certes, mais qui doit compenser le risque, donc aussi les projets qui n’aboutissent jamais et/ou font faillite. C’est donc bien plus de la gestion du risque que de la cupidité.

inve s tir / b u sine s s a ngel s s wit zerl a nd

et partenaires qui ont amené leur expertise. mais c’est aussi grâce à l’ouverture d’esprit de lionel yersin qui, contrairement à pas mal de fondateurs, ne s’est pas braqué sur son invention et a à tout prix essayé de défendre son idée initiale. il s’est rendu perméable à d’autres idées et d’autres produits, ce dont il est somme toute le premier bénéficiaire. puisse-t-il y en avoir plus de somme lui !

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Comme dans toute start-up et aventure commerciale, le résultat final ne sera connu que dans quelques années (au mieux !), mais nous avons ici un magnifique projet qui peut s’appliquer maintenant à d’autres sports : basket, handball, hockey sur glace et sur gazon ; tous les sports d’équipe où le positionnement des joueurs est essentiel sont concernés. la conséquence de cette belle évolution : un nouveau tour de financement qui a récemment eu lieu. un tour de financement sous les meilleurs auspices, car un tour pour la croissance, pas pour combler les trous pro-

quel rôle a joué lionel Crassier dans l’évolution de aSi entre 2013 et 2015 ?

J’ai une formation d’ingénieur et un esprit cartésien. Lionel m’a beau-coup aidé sur les aspects stratégiques et financiers. Il m’a permis de voir certains problèmes avec plus de recul. Il a toujours montré de la motiva-tion, ce qui m’a aidé à sortir la tête de l’eau dans les moments difficiles.

pour quand prévoyez-vous le break-even ?

Notre technologie est maintenant bien aboutie, nous avons été capables de développer un nouveau produit pour un nouveau marché en réutili-sant beaucoup notre savoir-faire et notre propriété intellectuelle. Durant l’année qui vient, nous allons concentrer nos efforts sur les ventes de FieldWiz dans le football et autres sports collectifs. Nos prévisions de ventes nous permettent de prévoir des chiffres noirs pour 2016 déjà.

de combien de fonds avez-vous besoin, ou avez-vous prévu d’avoir besoin dans les prochaines années ?

Nous sommes aujourd’hui à la recherche de CHF 300 000.- environ. L’utilisation des fonds servira à agrandir l’équipe, surtout dans le domaine commercial et de se permettre une présence marketing digne de ce nom.

la concurrence vous inquiète-t-elle ?

Globalement je pense que la concurrence nous oblige à maintenir nos technologies à jour et d’être constamment à la recherche d’idées innovantes. À mon avis, tant que nous respectons ce défi et que nous essayons de garder une longueur d’avance, il n’y a pas de raison de craindre la concurrence.

que feriez-vous différemment si c’était à refaire ?

Quand on regarde en arrière il y a toujours des choses qu’on aurait fait d’une autre façon. Mais je suis convaincu que les erreurs sont en général constructives. Si c’était à refaire, je commencerais d’abord par le produit destiné au football, mais c’est facile à dire après coup.

que faites-vous quand vous ne travaillez pas ?

Je profite de ces moments pour passer du temps en famille. J’ai une petite fille en bas âge et c’est toujours un plaisir de lui consacrer du temps. J’ai malheureusement de moins en moins de temps à consacrer à mes passions, mon dernier vol en parapente remonte à plusieurs mois.

Comment avez-vous vécu votre passage devant les membres du BaS en août 2013, avez-vous été surpris du feed-back ?

Le « Dinner Meeting » du BAS a été pour moi une expérience enrichissante sur plusieurs aspects. C’était pour moi la première fois que je présentais mon projet devant des investis-seurs. J’avais certes déjà présenté ces slides à plusieurs reprises devant mes coachs CTI et Platinn2 ou devant d’autres entrepreneurs lors de cours destinés aux entrepreneurs, mais cela n’avait rien à voir avec le regard des membres du BAS qui doivent investir leurs propres fonds. Suite à la présentation, j’ai immédiatement compris qu’il y avait de l’intérêt pour mon projet. Le feedback que j’ai reçu quant à la taille du marché ne m’a pas surpris, je savais que c’était un point critique. À ce moment-là, je prévoyais d’ailleurs déjà une extension vers d’autres sports (d’où le nom de la société), mais c’était encore trop tôt, ne sachant pas encore exactement vers quelle autre discipline sportive j’allais me diriger.

questions à lionel yersin :

lionel yeRsin

voqués par les erreurs du passé. de bien plus nombreux membres du bas se sont accrochés au wagon de l’investissement dans advanced sports instruments. une preuve de plus que les entrepreneurs doivent non seulement croire en leur projet, mais aussi convaincre leur entou-rage et, avant tout, savoir s’entourer.

2) CTi : Commission pour la Technologie et l’industrie, organisme fédéral de soutien aux start-ups sous forme de certification et de coaches, permet aux start-ups d’avoir plus de crédibilité et ainsi se faire financer plus facilement. platinn est une organisation un peu similaire mais au niveau des cantons romands.

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les rendements négatifs sur les emprunts obligataires sont la conséquence de deux éléments : d’un côté des interventions des banques centrales, et de l’autre des facteurs structurels affectant le monde occidental.

les banques centrales se lancent tour à tour dans de nouveaux plans d’assouplissement quantitatifs (« quantitative easing ») afin de relancer la croissance. elles augmentent ainsi la demande pour les emprunts obliga-taires puisque l’essentiel des injections de liquidités se fait techniquement

par l’achat d’obligations. elles parviennent également à leur second objectif : affaiblir leur monnaie dans un contexte où toute dévaluation compétitive offre un espoir de points de croissance supplémentaires par la stimulation des exportations.

inve s tir / Per sPec tive s

les taux négatiFs un nouveau ParadigMe ?

« une ré d uc tion de l’oFFre e t une augMe n tation de l a deMa nde d ’oblig ation s ind uit ine xor ableMe n t une hau s se de le ur

Prix , qui, Méca niqueMe n t, diMinue le ur re ndeMe n t ».

Patr

iMoi

ne( s

)

les TauX négaTiFs inTeRpellenT CaR ils meTTenT À mal noTRe sChéma habiTuel de pensée. il FauT TouTeFois en disTingueR deuX FoRmes. CeuX appliqués paR la banque naTionale suisse (bns) suR les liquidiTés des banques sonT assimilables À une FoRme de TaXe visanT À ConTeniR la monTée du FRanC suisse, aloRs que les RendemenTs négaTiFs suR les empRunTs obligaTaiRes RésulTenT du déséquilibRe enTRe oFFRe eT demande d’empRunTs obligaTaiRes. CeTTe nouvelle siTuaTion maRque l’avènemenT d’un nouveau paRadigme , où i l Fau T dé soR m a is pay e R u n empRunTeuR pouR qu’il daigne aCCepTeR d’êTRe FinanCé.

pieRRe-FRançois donZé, gérant discrétionnaire,

banque bonhôte & Cie

ÉVOLUTION DU TAUX À 10 ANS DE LA CONFÉRATION SUISSE

-0,5

0

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200

1

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le sauvetage du système bancaire en 2008 a forcé les états à s’endetter, à un tel point que le ratio dette/pib de certaines économies a explosé et n’est viable à long terme que sous certaines conditions : croissance positive, inflation, et faibles taux. aujourd’hui, pour ne pas détériorer leur note de crédit, les états sont contraints de contenir leur endettement et, de ce fait, l’offre d’obligations d’état se raréfie. de l’autre côté, la demande d’obligations augmente par le truche-ment des opérations de « quantitative easing » opérées de concert par les banques centrales.

Certains éléments structurels ralentissent la conjoncture en europe et contribuent également à faire pression sur les taux. parmi ceux-ci nous retiendrons : le ralentissement de la croissance démographique lié au vieillissement de la population ; une spécialisation marquée des économies occidentales dans le secteur des services dont le potentiel de gains de produc-tivité est faible ; le ralentissement du grand mouvement de délocalisation de la production occidentale vers les pays émergents ; et finale-ment la lente érosion de la classe moyenne dont la contribution en termes de consommation fait aujourd’hui cruellement défaut. la crois-sance n’est donc plus au rendez-vous et le coût économique pour tenter de la stimuler devient incroyablement élevé.

dans ce contexte, les efforts entrepris pour re-lancer la conjoncture sont quasiment sans effets. les injections de capitaux ne font que grossir le volume de liquidités déjà très excédentaire. et comme l’économie réelle n’absorbe pas ces liquidités, celles-ci se déversent en masse sur les marchés financiers, faisant inexorablement pression à la baisse sur le rendement du capital.

les ConséquenCes des TauX négaTiFs : mulTiples eT globalemenT déléTèRes

les modèles financiers permettant d’évaluer les actifs sont aujourd’hui perturbés. la notion de taux hors risque – définie comme le ren-dement obtenu après avoir renoncé à toutes les primes de risques – est aujourd’hui mis à mal. Ces taux servent de base à la plupart des modèles de valorisation d’actifs. plus les taux sont bas, plus la valeur estimée des actifs (actions et immobiliers par exemple) est élevée

et inversement. aujourd’hui l’intégration de valeurs négatives génère des résultats déconnectés de la réalité. le rendement « hors risque » devient une « perte hors risque ». une vraie gymnastique intellectuelle : il s’agit dès lors de prendre du recul par rapport aux anciens repères.

autres conséquences : des taux durablement négatifs affecteront le finan-cement des retraites, du côté de l’actif des caisses de pension. désormais, les avoirs en liquidités seront également impactés alors que le rendement moyen de la poche obligataire (qui constitue parfois 50 % du porte-feuille) est déjà proche de zéro. des rendements négatifs signifieraient soit une réduction des prestations vieillesse soit une augmentation du taux d’épargne pour pallier ce manque. pour les pouvoirs publics une réduction des rendements des placements les privera de rentrées fiscales. des taux négatifs sur l’épargne laissent même entrevoir des déductions

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COURBES DES TAUX À 10 ANS DE LA CONFÉRATION SUISSE

-1

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3M 1Y 2Y 3Y 5Y 7Y 10Y 15Y

fiscales potentielles pour les contribuables ! Finalement le risque de « l’aléa moral » – à savoir la propension à une gestion budgétaire moins rigoureuse – augmente. en effet, difficile de résister à l’envie de s’endetter quand l’emprunt devient gratuit voire même rémunérateur !

en imposant des taux négatifs sur les dépôts des banques, la bns aura cependant eu le mérite de prendre les spéculateurs à contre-pied. Cette mesure lui offre désormais un outil à « calibration variable » pour contrer la cherté du franc suisse. Finalement les grands gagnants à court terme sont les actionnaires puisque les actions se sont envolées vers des nou-veaux plus-hauts poussées par les flux de liquidités tentant d’échapper aux rendements négatifs.

Comme disait keynes : l’excès de capitaux c’est l’euthanasie des rentiers !

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7 8

eT « dynamique ». seules les aCTions suisses eT les maTièRes pRemièRes enRegisTRaienT des RésulTaTs posiTiFs, Tandis que l’immobilieR inTeRnaTional monTRaiT la plus FoRTe ConTRaCTion.

la légère embellie observée durant le mois de mars n’aura pas vrai-ment duré. le baromètre conjoncturel du koF reculait ainsi à 89,5 points, tandis que l’indice pmi restait toujours en dessous de la zone de croissance (à 47,9 points). le franc ne cesse pourtant de se renforcer,

provoquant un effet de change négatif pour les classes d’actifs originel-lement libellées en dollars (usd/ChF -4,14 %). ainsi, l’important rebond des matières premières en usd (+11,06 %) – expliqué par la hausse des produits pétroliers ainsi que de certains métaux industriels – tombe à +6,46 % en franc suisse. les obligations suisses et internationales

PB LOW RISK PB MEDIUM RISK

PB DYNAMIC RISK

OBLIGATIONS CH

OBLIGATIONS INT.

ACTIONS CH

ACTIONS INT.

PRIVATE EQUITY

GESTION ALTERN.

IMMOBILIER INT.

MATIÈRES PREMIÈRES

-0.9%

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-1.90% -0.23% -3.94% -5.60%

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le Franc Fort iMPacte les PerForMances

alain FReymond, associé bbgi group

la vigueuR du FRanC suisse a pesé suR les peRFoRmanCes des indiCes en avRil. la sTRaTégie « Risque Faible » glissaiT le plus aveC

-0,78 %, ConTRe -0,68 % eT -0,58 % pouR les sTRaTégies À Risque « modéRé »

PerForMances du Mois d'avril

Patr

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)

« se ule s t rois cl a s se s d ’ac tiF s e nregis t re n t e nc ore de s ré s ultat s

Po sitiF s de Puis le déb u t de l’a nnée : le s oblig ation s s uis se s (+2,8 0 % ) ,

le s ac tion s s uis se s (+3 ,9 6 % ) e t le Private equit y (+1,10 % ) » .

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inve s tir / indice s bb gi Private b a nking

cèdent -0,58 % et -3,09 %. les actions suisses parvenaient à enregistrer des résultats positifs (+0,78 %) tandis que les actions internationales, largement positives en dollars, cédaient -1,90 % en franc suisse. le private equity reculait quant à lui de -0,23 %, contre -3,94 % pour la

gestion alternative et -5,60 % pour l’immobilier international. les résultats décevants du mois d’avril auront eu raison des performances enregistrées depuis janvier : la stratégie « risque dynamique » stagne tout juste (+0,06 %), tandis que les stratégies « risque modéré » et « risque faible » affichent +0,29 % et +0,47 %.

après un mois de mars caractérisé par une normalisation des actifs en franc suisse – qui s’est traduite par des performances positives pour la quasi-totalité des classes d’actifs – le constat est nettement moins réjouissant en avril. et ce, principalement à cause du renfor-cement continu du franc qui a provoqué un effet de change négatif pour les classes d’actifs originellement libellées en dollars. malgré cet élément, les matières premières ont obtenu la meilleure performance du mois – favorisée par l’impressionnante remontée des cours du pétrole. ainsi, en raison d’une pondération plus importante de cette classe d’actifs dans l’indice bbgi private banking « risque dynamique », celui-ci arrive en tête en avril. il progresse ainsi de +3,79 %, suivi des indices « risque modéré » (+3,72 %) et « risque dynamique » (+3,56 %).

le s tau x de cha nge u sd / chF e t e ur / chF aFFiche n t re sPec tiveMe n t

- 6 , 2 3 % e t -13 ,0 2 % de Puis ja nvier.

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8 0

iPbl Moyenne des fonds écarts en Pdbavril -0,78 % -0,07 % -71,03

ytd 0,47 % 0,15 % 32,257

10 ans 3,56 % 1,58 % 198,04

indice bbgi Private banking « risque faible » (iPbl)

iPbM Moyenne des fonds écarts en Pdbavril -0,68 % -0,21 % -46,93

ytd 0,29 % 0,77 % -47,89

10 ans 3,72 % 2,22 % 150,51

indice bbgi Private banking « risque modéré » (iPbM)

votRe poRteFeuiLLe Le MoiS DeRNieR, DepuiS Le DéBut De L’ANNée et SuR DiX ANS

indice bbgi Private banking « risque modéré » (iPbd) iPbd Moyenne des fonds écarts en Pdbavril -0,58 % -0,20 % -38,20

ytd 0,06 % 0,64 % -58,44

10 ans 3,79 % 2,46 % 132,40

*l’univers de fonds suisses est constitué de fonds diversifiés, regroupés en trois catégories de risques correspondant aux indices bbgi private banking. Ces trois univers ont été constitués sur la base des indications fournies par les promoteurs des fonds et des allocations d’actifs publiées. Relevons que, au contraire des fonds, les indices bbgi n’incluent pas de frais de transactions.

sans être totalement exhaustifs, ces univers sont représentatifs du marché suisse des fonds destinés au public. les compositions détaillées des univers et des indices sont disponibles auprès du service de recherche de bbgi group (022 595 96 11).

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les expositions sur les obligations dont les revenus sont devenus insuf-fisants, et d’augmenter les investissements offrant des rendements plus élevés, soit en se diversifiant internationalement, soit en se positionnant sur des classes d’actifs plus rémunératrices telles que l’immobilier, les actions ou les investissements privés.

inve s tir / Per sPec tive s

quels investisseMents Préconisés en Période de déFlation ?

a pR ès avoi R éT é Con F Ron T és au XXe sièCle À l’inFlaTion, les invesTisseuRs doivenT désoRmais FaiRe FaCe À un nouveau Type de déséquilibRe, la déFlaTion.

baisse de la productivité, recul de la croissance, mondialisation, désendettement du secteur privé et public, sous-utilisation des facteurs de production sont les forces structurelles défla-tionnistes auxquelles l’évolution de l’économie mondiale ne peut plus échapper.

pour répondre aux nouveaux défis engendrés par la déflation, à savoir le recul séculaire des rendements nominaux et l’accroissement de la volatilité sur les marchés financiers, les épargnants devront modifier leur allocation stratégique et les gestionnaires de portefeuilles adapter leur processus de gestion. afin de conserver une rentabilité équivalente, il s’agira en conséquence de réduire structurellement

edouaRd CResTin-billeT, head of institutionnal asset

management, 1875 Finance

diveRsiFiCaTion opTimale

afin de pouvoir effectuer ces arbitrages sans devoir accroître de façon trop sensible les probabilités de moins-values, il faudra mettre en œuvre une allocation dynamique permettant de gérer les fluctuations sur les taux d’intérêt et les placements boursiers, mais aussi de minimiser les risques de baisse sur les changes.

l’exposition sur les monnaies étrangères devra être structurellement inférieure à la pondération déterminée pour les actifs internationaux sous-jacents, les rendements sur les devises étant globalement inférieurs à leurs risques. la modulation de l’allocation stratégique définie par l’allocation tactique devra être effectuée sur la base d’un processus intégrant le changement de paradigme caractérisant les nouveaux comportements des marchés, tels que l’influence grandissante des chocs systémiques, les excédents d’offre monétaire, le dysfonction-

source : Thomson Reuters datastream

Patr

iMoi

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INFLATION

1Y % change of CPI-ALL URBAN: ITEMS: United States1Y % change of CPI-ALL ITEMS: (HARMONISER), NSA: Euro Zone1Y % change of CPI: SwitzerlandCPI (% YOY): China ex HongKong and Macau (Country)

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nement du multiplicateur bancaire et les distorsions de valorisation. la gestion dynamique des expositions sur les marchés et les taux de change pourra s’effectuer à travers la mise en œuvre d’overlays (gestions superposées) permettant à la fois de réduire les coûts de transaction et d’avoir un horizon d’investissement différentié entre les titres, détenus

généralement pendant une longue période, et l’allocation, modifiée plus régulièrement.au niveau des classes d’actifs, les véhicules d’investissement offrant des revenus fixes devront être privilégiés en période de récession ou de ralentissement économique. nous pouvons mentionner les obliga-tions, gouvernementales plus particulièrement, et l’immobilier. en

inve s tir / Per sPec tive s

période d’évaluation excessive des marchés domestiques, une augmentation des place-ments internationaux devra être envisagée. la réduction des revenus liés au recul sensible des coupons sur certains débiteurs gouver-nementaux pourra être compensée par une diversification accrue sur les emprunts émis par les sociétés lorsque la santé financière des entreprises s’améliore.

plaCemenTs pRivés veRsus TiTRes bouRsieRs

en raison de l’augmentation du rendement sur leurs dividendes, les actions doivent être sélectivement surpondérées en période de hausse des multiples induite par un risque systémique réduit et lors de l’amélioration des perspectives bénéficiaires. les perfor-mances relatives entre les différents pays dépendront sensiblement de l’évolution des

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l’au t re Pour le s Monn aie s » .

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termes de l’échange dépendante à fois du degré de compétitivité des entreprises nationales et de l’évolution inverse des taux de change. sur le plan sectoriel, les sociétés dont l’élasticité du prix de leurs produits est rendue faible ou bénéficiant d’un « pricing power » élevé devront être favorisées. les titres issus de la technologie, de la consommation discrétionnaire de biens exclusifs, la santé et les entreprises de services à forte valeur ajoutée devront être privilégiés. a contrario, les entre-prises actives dans les secteurs des matériaux de base et de l’énergie ne devront être sélectionnées qu’en période de haute conjoncture. au sein des investissements alternatifs, les fonds de « hedge funds » doivent être sous-pondérés en raison de leurs coûts trop élevés.

source : Thomson Reuters datastream

en revanche, les placements privés représentent en période de déflation une diversification intéressante à la condition de prendre en considéra-tion les contraintes de liquidité dont ils sont grevés. le « private equity » ou le « private debt » à travers les stratégies basées sur les « corporate loans » génèrent en effet des rendements largement supérieurs aux actifs côtés. le deuxième avantage de cette classe d’actifs est d’offrir par rapport aux engagements traditionnels une véritable diversification, les premiers étant grevés avant tout de risques spécifiques (alpha) et les seconds de risques systématiques (bêta). en raison de la réduction des effets de levier au sein du système financier et des nouvelles règle-mentations définies par « bâle 3 » et « solvency 2 », les primes de risque sur les investissements privés ont en outre structurellement augmenté, tandis que les titres boursiers sont rendus onéreux sous l’influence de l’assouplissement des politiques monétaires, justifiant l’attrait relatif des premiers par rapport aux seconds.

quid des maTièRes pRemièRes ?

alors que l’or demeure une diversification intéressante aux placements financiers lors des chocs systémiques et d’expansion monétaire excessive, les matières énergétiques et industrielles ne doivent plus être considé-

rées comme des positions stratégiques, mais uniquement tactiques qui doivent être prises en considération pendant les périodes d’uti-lisation intensive des facteurs de production.

malgré les défis représentés par la déflation, les rendements réalisés par les investissements ne devraient pas être sensiblement amoin-dris à la condition d’adapter les processus de placement et d’élargir la diversification des portefeuilles vers des actifs offrant des ren-tabilités espérées plus élevées tout en gérant activement à la fois les risques de marché et de liquidité..

GOVERNMENT BOND YELD 10 YEAR: Euro ZoneUS TREAS. BENCHMARK BOND 10 YR (DS)SWITZERLAND BNCHMRK BOND 10YR (DS)CPI (% YOY): China ex HongKong and Macau (Country)

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Page 85: Lire le magazine

EN DIRECT OU EN REPLAY: TOUTE L’OFFRE VIDÉO DE LA RTS

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APPUIE SUR

Page 86: Lire le magazine

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ARtS et CuLtuRe :

15 ACteuRS D’iNFLueNCe

Ars (est) celare artem autrement dit « l’art consiste à dissimuler l’art » : c’est-à-dire l’artifice. C’est l’une des questions que nous avons posée aux acteurs de notre 8e « market influence index ».

exercice difficile pour certains, source d’inspiration pour d’autres, les réponses sont éloquentes… nous vous laissons les découvrir.

Marke t inFl ue nce inde x / ar t s e t cult ure

« L’ARt Ne RepRoDuit pAS Le viSiBLe, iL Le ReND viSiBLe »

paul klee

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ancien élève de l’école normale supérieure, agrégé de lettres classiques et docteur d’état, Charles méla est professeur honoraire à l’uni-versité de genève, où il a enseigné de 1981 à 2007 et a été doyen de la Faculté des lettres de 1992 à 1999. Jusqu’en 2003, il fut président de la Fondation martin bodmer à Cologny-genève, où il a fait créer le nouveau musée conçu par l’architecte mario botta. puis en 2004, il est devenu directeur de la Fondation et a organisé 31 expositions. depuis 2008, il est président du Centre européen de la culture fondé par denis de Rougemont en 1950.

« influence : le mot lui-même a quelque chose de fluide qui renvoie à son étymologie, du latin fluere, « couler » comme l’eau du fleuve qui s’insinue et se répand. influer, c’est entrer dans, pénétrer dans la conscience d’autrui, déterminer en lui une modification intérieure, lui faire acquérir un autre regard

sur le monde comme sur soi-même. l’influence s’exerce d’une façon qui n’est pas toujours perceptible, elle chemine dans le secret des cœurs ou des esprits avant de se révéler. on parlait autrefois de l’influence des astres… Comment la mesurer ? À grande échelle, la fameuse règle de saint benoît qui, au vie siècle organisa la vie spirituelle et le travail manuel autour des sept heures canoniques, tandis que les pays de l’europe se couvraient de monastères bénédictins, fut l’événement qui modifia le comportement des hommes, créa la civilisation et changea la face de la Chrétienté. d’autres réformes, voire révolutions, y compris techniques et matérielles, comme la « fée électricité », ont modelé en profondeur nos comportements et nos modes de vie.

mais qu’en est-il à la modeste mesure d’un magister qui a passé sa vie à enseigner ? quoi de plus beau pourtant que l’instant d’un éveil ou d’un émerveillement qu’on entrevoit parfois, fugitif, dans le regard ou le visage de jeunes présences ? la qualité d’une écoute, l’éclair d’un regard, autant de signes que

quelque chose d’essentiel a peut-être été touché, qu’un monde inaperçu s’est soudain découvert, que quelque part on en est, chacun, ressorti meilleur, plus pleinement humain. effet de résonance et d’harmonie. n’est-ce pas aussi le cas des acteurs qui ont tout donné d’eux-mêmes au terme d’une représentation quand leur bonheur éclate à la vue d’un public saisi d’émotion ? mais ce qui se joue là se préserve au secret des cœurs et je serai bien incapable de mesurer ni de qualifier ni de quantifier ce que fut mon influence au fil des 26 années de mon enseignement en Faculté des lettres à genève, devant des parterres d’étudiants ou

des petits groupes en séminaires. mais il est sûr que de longues heures solitaires ou inquiètes quant au résultat du travail mené avaient à chaque fois préparé la flamme d’une parole en devenir. dans ce registre, Rabelais avait déjà tout résumé d’un mot : « Je ne bastis que pierres vives, ce sont hommes » (tiers Livre, chap. vi).

J’ai connu une autre expérience de même richesse, le jour où, comprenant enfin quel joyau le génie de martin bodmer avait enserré à Cologny, je demandai à mario botta de créer un écrin à la hauteur d’un tel patrimoine de l’humanité. J’obéissais alors à l’injonction des grands clercs du moyen âge : « offre à tous en partage le trésor de savoir qu’il t’a été donné de recevoir ! ». J’ai porté ce projet vingt ans durant avec la joie de constater que dans la vie des genevois, ce nouveau musée gagnait les habitudes, mettant à la portée d’un chacun, sans distinction, mais dans la beauté, l’inépuisable richesse immatérielle des œuvres de l’esprit. Tel fut en tout cas le cours de ma vie. d’autres fonctions y ont aussi tenu leur part, comme d’avoir contribué au cours de mon décanat à relancer les études européennes à l’université de genève, dans la fidélité à l’héritage de denis de Rougemont, ou d’avoir fait créer en Faculté des lettres, la chaire de latin médiéval, unique dans le monde francophone, ou d’y avoir introduit les études portugaises. et puis il y a encore les livres ou les écrits qu’on laisse après soi, en attente de lecteurs inconnus, d’un autre temps ou d’autres lieux, auprès de qui, sans rien en savoir, on revivra peut-être un jour, quand ils reprendront en silence le chemin où l’on s’était soi-même engagé, celui, dans mon cas, des variations sur l’amour et le Graal, de La Reine et le Graal, d’Alexandrie la divine ou de « la grande nuit impénétrée de l’âme » dans la Recherche du temps perdu ». \

l’inFl ue nce (…) elle cheMine da n s le secre t de s c œ ur s ou

de s e sPrit s ava n t de se ré véler.

Charles Mélaprésident du Centre européen de la culture

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Formée au Conservatoire national supé-rieur de musique de paris (Cnsm), à l’école normale de musique de paris, Caroline murat poursuit ses études à vienne et à moscou, et commence sa carrière de pianiste dès l’adolescence. en parallèle, elle est à l’origine de deux festivals à gstaad : Les sommets musicaux et le New year Music Festival in Gstaad.

« Je pense avoir eu une certaine influence auprès des jeunes musiciens que j'ai pu aider, que ce soit avec des bourses d'études, le choix de leur professeur ou des contacts dans le monde des agents – auditions. Ceci étant, le côté pratique de mon influence s'apparente plus à de l'aide et du soutien, ainsi que par la transmission de mon amour profond, sincère et désintéressé pour la musique, à travers mon affection admirative pour ces jeunes. Comme l'avaient fait avant pour moi les grands professeurs et artistes que j'ai pu côtoyer dans ma jeunesse. plusieurs de ces jeunes musi-ciens m'ont d'ailleurs « attribué » de manière bouleversante leur désir de carrière au service de la musique. dès lors, com-ment mesurer cette influence de cœur et psychologique ? pas forcément par l’enseignement, mais grâce à la dédication que je leur porte et à ma disponibilité pour les conseiller, les encourager, mais aussi à travers mon parcours. et mon rêve est d'entendre toujours la plus belle des musiques à travers leurs doigts, comme je l'entendais sous les doigts de leurs aînés...

le grand art consiste à dissimuler, faire disparaître l'artifice, qui n'est qu'un pauvre média entre la pensée, l'inspiration et l'œuvre finale. pour un instrumentiste « faire de l'art » ou simplement de la musique – dans son sens le plus intégral

– consiste tout d'abord à se débarrasser des contingences techniques : de l'artifice ! une fois que les 10 petits soldats que sont les doigts obéissent au doigt et à l'œil, alors cet artifice peut être oublié. et c'est ainsi – après des heures de laborieux travail – qu'ils accomplissent leur devoir avec perfection, ne pouvant plus entraver l'inspiration du musicien. Car c'est seulement lorsque l'on peut les commander chacun indi-viduellement en leur donnant à chacun une couleur, une fonction définie, qu'ils disparaissent complètement et laissent place à l'œuvre composée, et enfin permettre à l'artiste d'inter-préter. l'inspiration n'est pas le fruit du hasard. elle résulte en fait d'un long processus de réflexion et de maturation de

l'œuvre et ne peut exister que grâce à un invisible –mais audible – artifice qu'est la technique. pas seulement celle de la virtuosité, mais aussi celle du son. l'inspiration a un guide, qui est le style de l'œuvre. un cadre qui est la partition. et à partir de là, elle peut varier en effet d'un moment à l'autre, mais toujours encadrée par ces deux piliers, et soutenue par la technique. l'inspiration donne parfois une impression voulue « d'im-

provisation », mais cela seulement si la partition le nécessite. nous avons tous une vita brevis ; seuls les grands artistes laissent une trace... l'art anonyme survit par sa seule essence, sans artifice, et est la preuve du génie humain à travers les siècles. les archéologues en retrouvent les traces troublantes pour les artistes actuels, surmédiatisés et confrontés ainsi à l'essence de l'art – éternelle – en dépit de l'artiste, son média.

en musique, l'essentiel, la véritable influence est la « chaîne » créée par la transmission d'élève à professeur. Cela marche ainsi depuis des siècles, avec pour fondement le respect pour le savoir transmis. la création anonyme revient dans notre société à travers la commercialisation – le fameux concept du « bankable » géant aux pieds d'argile – et la consommation immédiate et jetable de l'art comme un « bien matériel ». la musique en souffre aussi, puisque aujourd’hui un musicien classique – si son look le permet – peut devenir bankable à travers des contrats publicitaires et des sponsorings. la qualité musicale n'étant plus le critère numéro un, ils deviennent des produits de consommation marketés, avec le risque de disparaître, dépendants des modes... le virage a été entamé avec karajan – businessman brillant – et complété par les 3 Ténors. là heureusement, il y avait des talents uniques, fruits d'un travail acharné. aujourd'hui les communicants n'ayant souvent eux-mêmes aucune culture musicale sont trop pressés par le retour sur investissement, pour même écouter le produit qu'ils vendent. \

Caroline Muratprésidente et directrice artistique du New year Music Festival in Gstaad

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l'ar t a non yMe s urvit Par s a se ule e s se nce , s a n s ar tiFice , e t

e s t l a Pre uve d u gé nie huMain à t r aver s le s siècle s .

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edward MitterrandAssocié de Mitterrand + Cramer, Bureau de conseil en art contemporain

après une formation à l’école du louvre et dans une école de commerce, edward mitterrand devient marchand indé-pendant en 1997. puis avec son associée stéphanie Cramer, il ouvre au début des années 2000 la galerie mitterrand+Cramer, devenue aujourd’hui bureau de conseil en art contemporain. il est également directeur artistique du domaine du muy, un parc de sculptures qui ouvre dans le sud de la France, en juillet 2015.

« À mes yeux « avoir de l’influence » est un qualificatif que l’on ne peut qu’attribuer à quelqu’un, on ne peut pas s’en enorgueillir soi-même au risque de polluer cette pré-tendue influence par l’égo qui aveugle plus qu’il n’éclaire. or l’influence est bien une clarté, une lueur qui donne envie de la suivre. Cette lueur ne peut donc pas être auto-proclamée, celui qui la porte ne peut la voir, uniquement ceux qui ont l’humilité de la reconnaître chez l’autre en sont capables. l’exception est sans doute l’influence que l’on porte comme une responsabilité vis-à-vis de nos enfants. oui, je pense avoir de l’influence sur eux mais laquelle ? C’est la terrible question qui taraude tous les parents. l’autorité se décide et se distille, pas l’influence qui est la somme abstraite et incalculable des actes, des mots et des situations que mes enfants vont associer à moi. Cette somme représente une vision, parfois injuste, de ce que je suis et en partie de ce qu’ils vont être. alors j’essaie de les éloigner de la morale et de leur présenter la culture qui contient tout. J’espère avoir cette influence-là. ai-je de l’influence sur les collectionneurs qui sollicitent mon conseil, comme celui de mon associée stéphanie Cramer, pour les aider à constituer ou compléter leur collection ? Je ne sais pas, il faudrait leur demander. J’espère que la direction que j’essaie de donner à l’une ou l’autre des collections que j’anime est comprise et partagée par mes clients, qu’elle reflète la relation qu’ils entretiennent à l’art après les moments passés ensemble à voir, discuter, choisir…. et peut-être aussi un peu la relation qu’ils entretiennent avec moi, qu’ils n’obéissent pas simplement à l’autorité de celui qui se proclame « conseiller ». l’influence que l’on a malgré soi, sur les autres et par l’humilité des autres, est certainement une forme de pouvoir et si ce pouvoir m’est confié et que je suis capable de l’utiliser à un projet qui compte pour moi, alors oui, j’en aimerai toujours d’avantage ! les mystères de la création

artistique ont toujours fasciné. déterminer des règles permettrait de comprendre et surtout de déterminer qui sont les vrais artistes. ici ceux qui seraient dépassés par leur propre « force créatrice ». Je crois peu au mythe de l’artiste inné dont le travail, le courage, l’intelligence… sont en quelque sorte ignorés par la présence mystique et aléatoire d’un talent parvenu là comme il aurait pu le faire ailleurs. encore une règle pour essayer de comprendre com-ment maîtriser les ressorts de l’universalité. l’art, contrairement au design, n’a pas de fonction, il n’est fait pour rien, il doit être, c’est tout. l’art n’est pas un jeu, c’est une chose universelle donc essentielle à notre existence, à notre condition. il

faut prendre l’art et ses acteurs au sérieux ; les artistes, leurs œuvres, les galeries, les collectionneurs, les intellectuels…. l’idée que les artistes deviennent chers simplement parce que le « marché » en a décidé m’insupporte, cela ramène à en faire un produit dont la qualité du marketing détermine la valeur. en réalité 99 % des artistes de la foire de bâle sont là grâce à la qualité de leur travail et au dévouement, peu ou pas rémunérateur, de leur galerie qui permet la reconnaissance de ce travail par les commissaires d’expositions, comme par les directeurs d’institutions, les collectionneurs et les critiques. le concept de mœurs était une forme de liberté, il impliquait qu’elles pouvaient être multiples et même les « mauvaises »

avaient leurs valeurs. aujourd’hui j’ai le sentiment que tout ça a pris un tournant moralisateur dans une société occiden-tale qui considère l’homogénéité des mœurs comme garante de valeurs « universelles ». C’est assez effrayant et la culture est certainement le dernier rempart contre les dangers de la morale, comme à leurs époques molière, orson welles, pierre boulez, yves klein, samuel beckett, marcel duchamp, andy warhol ou Chris burden qui vient de nous quitter. » \

l’ar t n ’e s t Pa s un je u, c ’e s t une cho se univer selle d onc

e s se n tielle à not re e xis te nce , à not re c ondition.

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daryoush est né en 1976 à Téhé-ran. initié à la peinture par Ja-far Rouhbakhsh, ses principales influences artistiques sont paul klee, Jackson pollock et alexan-der Calder. Régulièrement exposé en France et aux états-unis, ses œuvres se trouvent principale-ment dans des collections privées. À la frontière de l’orient et de l’occident, de l’ésotérisme, de l’ornementalisme et de l’expres-sionnisme, l’œuvre de daryoush

– sorte d’impressionnisme mys-tique – conjugue spiritualité et maîtrise formelle.

« l’artiste ne crée jamais pour accroître son influence. la créa-tion est toujours une expression spontanée, par opposition à une action mue par un désir, et donc intéressée. Cependant l’influence est bien souvent le marqueur du talent et de la valeur d’une œuvre. l’univers de l’art est fondé sur des contradictions et, par un effet de miroir, l’artiste, dans sa personnalité et donc dans son travail, cultive le jeu de l’antinomie et des ambi-valences : c’est là son véritable terrain de prédilection. nietzsche ne disait-il pas que les hommes véritablement

profonds sont semblables aux artistes qui avancent tou-jours avec des masques ? Je pense souvent à cette formule de max Jacob : « donner de la réalité à l’illusion ». Car l’art est fondamentalement un désir de falsification, mais en vue d’établir une nouvelle norme ou une vérité supérieure. la grande victoire de la modernité est d’avoir émancipé l’art en évacuant le traditionnel et désuet « qu’est-ce que l’art ? » pour lui substituer un type de questionnement nou-veau et salvateur ; par exemple : « quand y a-t-il de l’art ? »,

c’est-à-dire quand est-ce qu’un objet peut devenir un référent ou quelque chose nous permettant plus largement d’appréhender et de comprendre la réalité ? Car l’art est toujours affaire de symboles.

aussi j’aime considérer mon tra-vail comme une forme d’éclec-tisme assumé, non pas pensé comme une difficulté à asseoir une personnalité artistique définie, mais conçu avant tout comme un art de choisir et de tra-vailler des sujets différents dans des systèmes symboliques variés. Superficiel en profondeur : toute l’histoire de l’art réside dans ce paradoxe. C’est dans cette même logique d’ouverture que je me suis passionné pour l’histoire de l’art et que je suis devenu collectionneur.

Je crois que la qualité et le rayon-nement d’une œuvre ne se me-

surent jamais seulement en termes de valeur marchande. Cependant c’est le soutien des grands mécènes historiques qui a donné une impulsion décisive à la propagation et à l’évolution de l’art. l’art a avant tout une valeur sociale et intersubjective : plus qu’à son créateur, l’œuvre d’art n’appartient qu’aux spectateurs qui la contemplent… car c’est eux et eux seuls qui lui confèrent un sens. Récipro-quement, c’est en lui donnant un éclairage insolite que le créateur participe au monde. par conséquent le degré d’engagement de l’artiste est toujours le marqueur de sa personnalité, par extension de son style.

avec le temps on finit par comprendre que les vrais amateurs d’art recherchent avant tout des œuvres qui leur plaisent. et le collectionneur authentique, sorte de trait d’union entre l’art et le temps, est finalement semblable à l’artiste quand il met tout son talent au service de sa passion : ici réside peut-être le sens profond du mot « génie ». « Ars longa, vita brebis » disait hippocrate. oui, l’art doit être toujours fait pour durer plus que la vie ». \

DaryoushArtiste peintre

« l’ar t d oit ê t re tou jour s Fait Pour durer Pl u s que l a vie » .

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issu de l’école des beaux-arts à lausanne, et de l’académie de la grande Chaumière à paris, pas-cal besson, artiste peintre suisse, a également été en parallèle, chargé de cours à l’école d’arts appliqués de vevey, pendant 30 ans. il présente ses œuvres pour la première fois en 1962, au Château de Cressier à neuchâtel, dans le cadre de l’exposition collective « les graphistes et le vin », puis dès 1977, dans la galerie du Château d’avenches de façon plus personnelle. il a régulièrement exposé à la galerie valotton à lausane, et on retrouve nombre de ses œuvres dans des collections d’art publiques et privées comme celles de l’ubs à bâle, de nestlé à vevey, bCv à lausanne ou encore à bruxelles, amsterdam, londres et new-york.

« Je ne travaille pas pour avoir de l’influence, mais, sans doute, mon travail peut-il en avoir. les tableaux parlent, ils voyagent, ils sont sujets à commentaires et jugements de valeur. ils jouent un rôle dans les lieux qu’ils occupent. ils s’installent dans un univers public ou privé, qu’ils finissent par caractériser non seulement par leur fonction décorative, mais par leur relation avec la sensibilité de

celui qui les a choisis parmi d’autres, pour des raisons que souvent le raisonnement ignore, mais que le cœur connaît. Je ne possède pas « d’influensomètre électronique » mais ce qu’on me dit de mes œuvres, ce que l’on veut bien y trouver, prouve qu’elles jouent un rôle dans le petit monde de ceux qui les adoptent et qui me font l’honneur de les aimer. ma technique est lisible. elle ne se cache pas, elle se montre, mais son « pourquoi » reste mystérieux en tout cas pour moi.

Je ne sais pas pour quelle raison après le graphisme, je suis entré en peinture. Je travaille de cette manière parce que je ne sais pas faire autrement. il n’y a pas, dans ma démarche, d’intentions intellectuelles, mais peut-être le souci de voler des instants à l’éternité. d’où une attirance pour ce qui demeure et non pour les éléments fugitifs. lorsque je peins en bretagne, il y a des gens qui passent, des

canots qui coupent la vague en vrombissant, mais je me concentre sur l’océan qui lui, ne passe pas. ma vie est influencée par mon art dans ses horaires, dans ses rythmes, dans l’activité inhérente aux expositions et son cortège d’agréables servitudes. Je ne sais pas si l’art est toujours fait pour durer plus que la vie, mais c’est le cas des arts plastiques. nos chefs-d’œuvre finissent dans les musées, mais je regarde toujours avec émotion les œuvres anonymes dans les brocantes.

dans un curriculum vitae, il y a des phases d’influences (dans mon cas bien sûr, l’enseignement) et la succession des expériences, qui conduit à une lente évolution dont l’artiste lui-même n’est pas maître et souvent pas vraiment conscient. Rien n’est plus mystérieux que l’entrée dans la culture ou le marché : charme, hasard, rencontres, achar-nement dans la durée, soutien de personnes influentes. mais dans cette liste, je choisis sans hésiter le hasard. le grand peintre flamand hugo van de goes a été inconnu pendant des siècles. on croyait que ses œuvres étaient de memling… découvertes dans les archives du couvent qui l’avait recueilli, son existence et son œuvre ont retrouvé soudain la lumière.

le concept des mœurs suit le rythme d’une évolution dominée par le flux des découvertes technologiques. Cela provoque un doute généralisé qui est à la fois richesse et pauvreté… la liberté bienvenue accordée à la création permet tout et n’importe quoi. souvent n’importe quoi. le temps choisira entre l’ivraie et le bon grain ». \

il n ’y a Pa s , da n s Ma déMarche , d ’in te n tion s in tellec t uelle s ,

Mais Pe u t-ê t re le s ouci de voler de s in s ta n t s à l’é ternité .

pascal BessonArtiste peintre

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né à londres en 1956, igor ustinov est un artiste sculp-teur. il entre à l’école na-tionale des beaux-arts de paris en 1975, dans l’atelier de César. mais il est égale-ment diplômé en biologie et du Conservatoire de chant de paris. il expose pour la première fois en 1980, à new-york et est aujourd’hui reconnu dans de nombreux pays et on le retrouve même répertorié comme sculpteur dans plusieurs dictionnaires.

« avoir de l’influence pour moi, c’est de se sentir vivre, contribuer et être accepté. être influent n’est pas un état statique ni une fin pour moi, bien que ce soit agréable. mon influence, si influence il y a, se transmet par mes sculptures ! en particulier celles dans l’espace public, qui ont su se faire aimer ou pas ; elles ont été créées aussi pour

interpeller, influencer. la matière est la première chose sur laquelle j’influe de façon tangible, en la modelant. Cela dit, cette influence je ne la mesure pas, car elle ne dépend pas de moi, mais de l’appréciation et de la compréhension de l’autre. le sculpteur fait rentrer son rêve dans la réalité de la matière, d’autres arts se contentent d’extraire le rêve du réel. pour le sculpteur, l’art n’est en rien dû au hasard. il traduit des expressions qui s’imposent à leur créateur, comme pour toute une langue vivante. l’artiste est le pre-mier de ses spectateurs et probablement le moins indifférent. l’art c’est d’abord une façon de vivre plus ! « exister », c’est marquer son chemin et laisser sa trace.

Tout artiste fait en soi partie de la culture par son expres-sion. C’est la compétence, les préjugés ou les intérêts du milieu culturel qui l’établissent au panthéon. pour moi la valeur d’une œuvre d’art est dans la motivation de celui

qui l’a faite et pas unique-ment dans l’intérêt que l’un ou l’autre peut avoir de la posséder ou de la revendre un jour avec une plus-va-lue. les marchés sont des chasses gardées, même celui de l’archéologie. Trop d’artistes sont hors marché par protection du prosé-lytisme.

l a comédie châtie les mœurs en riant. on dis-serte beaucoup à propos des valeurs, mais l’influence du

concept de mœurs semble aujourd’hui tomber en désuétude. quel est son lien avec la culture ? dans un monde globalisé comme le nôtre comment pouvons-nous encore utiliser le terme « Culture » comme un ordre établi ? notre monde est multiculturel, il tendra de plus en plus vers un monde multipolaire, qui refuse les hégémonies. l’art est mondial et chacun peut choisir ses modèles culturels ou même de croyances. la comédie ou de la dérision s’érige en valeurs et c’est sain, mais elle ne devrait pas outrepasser le respect de l’autre au risque de contribuer au totalitarisme qu’il semble vouloir combattre. la culture est désormais ouverte sur les autres cultures, diversifiée comme le reflet de notre destin commun. \

Pour le scul P te ur, l’ar t n ’e s t e n rie n d û au ha s ard

igor ustinovSculpteur

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monique deul a commencé sa carrière en tant qu’artiste manager avec Concer-tdirectie samama. en 1996, elle rejoint le wigmore hall de londres en tant que directrice artistique. elle revient ensuite en suisse, entre 2009 et 2011, où elle offi-cie au Festival de verbier, puis en 2012 elle décide de poursuivre sa passion pour les arts appliqués en créant le taste Contem-porary Craft.

« Je ne commence jamais en pensant que je vais avoir de l’influence. pour moi, la chose la plus importante est d’être passion-née par ce que je fais. parce que quand je me passionne, j’ai envie de le partager avec les autres, en cela c’est peut-être une forme d’influence. Cela dit, en étant très selec-tive en ce qui concerne les artistes que je choisis, et soigneuse dans la manière dont je les présente lors d’une exposition je l’espère, je peux influencer la façon dont les arts appliqués sont perçus. Juste le mot « artisanat » peut induire des réactions négatives dans certains milieux artistiques. Je souhaite qu’en présentant des expositions de très haute qualité, et des artistes importants, qui travaillent dans l’art traditionnel, cela puisse modifier les a priori négatifs. basé sur les énormes feedback positifs que nous avons reçus lors de la dernière « Taste exhi-bition », je pense que nous avons réussi à faire quelque chose de bien. Je cherche à montrer que les arts appliqués peuvent susciter de la surprise et de l’excitation. il y a également les avantages que l’on peut acquérir : un travail de très grande qualité à des prix très abordables. Je ne suis pas sûre que l’idée : « l’art véritable cache les moyens de sa création » s’applique ou soit pertinente dans les arts appliqués. Je réagis souvent de manière instinctive lorsque je vois des œuvres nouvelles. si je les aime, je serai attirée dès le premier coup d’œil. avec les arts appliqués, une partie de cette réponse positive peut être « comment a-t-il/elle créé cela ? ». l’appréciation de la tech-nique, de la manipulation et l’interaction de l’artiste avec des matériaux, peut influencer l’appréciation d’un objet… ce qui je crois ne diminue en rien l’attraction, mais favorise plutôt mon appréciation. Relativement aux beaux-arts et les arts appliqués, le succès découle de la connaissance et de l’expé-rience cumulatives avec le matériel. dans les arts appliqués, un travail qui apparaît comme spontané et improvisé est sou-

vent le résultat d’une succession de nobles échecs – jusqu’à 10 000 pour un tour de potier ! – qui sont parfois nécessaires pour affiner une technique et atteindre l’expression impulsive voulue. par consé-quent, les artistes en particulier doivent être influencés par leur propre travail. bien sûr, la sérépendité peut conduire à un art percutant, mais c’est une exception. le temps fait partie intégrante de la façon dont vous allez considérer et approcher l’art. il y a plein d’ennuyeuses pierres et de marbres sculptés, qui seront là pour des siècles. Tout comme il existe également de superbes esquisses qui sont plus éphé-mères. la nature temporaire, inévitable d’une installation Cristo ne sape en rien sa beauté… mais ajoute à son attrait. le

temps joue son rôle. il est bien connu qu’il a fallu 10 ans de vie à michelangelo pour terminer son chef d’œuvre dans la Chapelle sixtine. la regarder pour la première fois, c’est une expérience bouleversante. Cependant, apprécier sa splendeur ne requiert pas de connaître le temps que l’artiste a investi dans sa création. Toutefois, cela peut améliorer l’appréciation du caractère monumental de l’œuvre et renforcer le facteur « waou ». mais ce même plaisir enivrant peut être expérimenté avec un simple portrait bien exécuté par un talentueux artiste

de rue. la réalisation d’un bon artiste d’art appliqué nécessite à la fois l’influence d’autres artistes et la profonde expérience durement gagnée, ainsi que la compréhension et le dévelop-pement des techniques interactives du materiau qu’il a choisi. les arts appliqués, que ce soit avec du verre, de la céramique, du métal, du papier, reposent sur une longue et riche histoire de développement. et d’un point de vue pratique, les artisans ont donc tendance à travailler en équipe, sur la base d’un système d’apprentissage qui était déjà en place il y a 500 ans. avec les arts appliqués, je considère l’influence comme un fondement de l’expérience ». \

Monique DeulDirectrice de taste Contemporary Craft

avec le s ar t s aPPliqué s , je c on sidère l’inFl ue nce c oMMe un FondeMe n t de l’e x Périe nce .

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parisienne d’origine, pascale méla a fait des études dans le domaine de la litté-rature et de la philosophie notamment, puis une formation à l’école de la Cause freudienne de paris. psychanalyste de métier, elle a organisé pendant plusieurs années des colloques de psychanalyse et de littérature à l’université de genève et a participé à de nombreuses publications psychanalytiques. passionnée de théâtre et de cinéma, elle a créé en 2011, le festival « autour de mme de staël », qui se tient dans la cour d’honneur du Château de Coppet et dont la marraine est Carole bouquet. « Je pense avoir de l’influence, dans la mesure où j'ai réussi à créer et à imposer un événement qui n'existait pas dans le paysage cultu-rel valdo-genevois. C'est toujours très excitant, très stimulant d'être à l'origine d'un projet et de le voir se développer, d'être attentive et à l'écoute de ce qui peut ou non faire plaisir : car que faisons-nous d'autre avec les artistes, que de donner du plaisir, éveiller, faire réfléchir, surprendre... Ce festival a sur-pris, car rares sont les personnes qui savaient que germaine de staël avait vécu à Coppet, dans le château acheté par son père, Jacques necker en 1784 et dans lequel elle passa les dix années d'exil imposées par napoléon. surpris aussi d'apprendre qu'elle écrivait et jouait des pièces de théâtre avec ses amis byron, Cha-teaubriand, sismondi, Juliette Récamier dans la bibliothèque du château. le festival, en faisant revivre depuis 5 ans ce lieu exceptionnel, cette femme – qui fut d'après victor hugo une femme de génie –, influence certainement les responsables culturels de la région qui m'apportent leur soutien et l'ont élu avec deux autres festivals, meilleur événement culturel de la région ! alors oui, en ce sens, j'influence le paysage culturel ! mais je crois surtout que pour être une personne influente, il faut avoir été sous influence, et j'ai moi-même été influencée par des personnalités très riches que j'ai eu la chance de côtoyer pendant mon enfance jusqu'à aujourd'hui. Je pense à ma famille qui m'a donné très tôt le goût des idées, des belles lettres et de l'art. J'allais très jeune au théâtre, à l'opéra, au concert. ado-lescente, puis étudiante, j'ai rencontré des gens merveilleux, intelligents, cultivés, des artistes, des gens de cinéma, de théâtre qui me fascinaient et m'ont fait abandonner les études de droit que j'avais commencées pour faire plaisir à mes parents. la rencontre avec mon mari, grand érudit, a changé ma vie. J'ai

quitté paris pour le suivre à genève il y a 30 ans. nous recevions à la maison michel butor, Jean starobinski, qui pour la jeune étudiante que j'étais, étaient des dieux...et après les avoir lus, je pouvais les écouter et leur parler ! aujourd'hui, le festival me permet d'avoir de nouveaux compagnons : cette année malesherbes, musset, victor hugo, goethe... les années précédentes marivaux, Rousseau, diderot, voltaire, shakespeare.... Je les retrouve après mes années d'études de littérature et de philosophie à la sorbonne. ils me guident, tout comme m'ont guidé balzac, Flaubert, le grand barbey d'aurevilly ou Tennessee williams, que je dévorais

adolescente ainsi que virginia woolf, et aujourd'hui mura-kami ou houellebecq... leur vision du monde m'influence, et je la transmets certainement imperceptiblement. le choix des spectacles est influencé par ces lectures, ces rencontres, et à mon tour je les partage et quel bonheur quand un spectateur me dit qu'il n'est plus tout à fait le même après une soirée à Coppet pendant le festival ! pour être influent, je crois qu'il faut être écouté. moi-même, par ma profession – je suis psychanalyste

– j'écoute... J'ai toujours préféré les personnes que je pouvais écouter, admirer, à celles à qui je devais parler ! J'aime que l'on me comprenne à demi-mot... mais depuis la création du festival, je suis contrainte à la communication, et je vois cela comme un partage. suis-je écoutée ? Je ne sais pas. ma parole porte un peu oui, ne serait-ce qu'au sein de l'association qui organise le festival avec moi et qui, je dois l'avouer, adhère rapidement à mes choix, reconnaît mon travail, l'énergie, la volonté, les exigences et la passion qui sont inhérents à toute réussite. la réussite c'est aussi ce qui résiste au temps. oui, l'art nous rend immortel, oui l'art nous fait durer... parce que l'art nous parle d'éternité. écoutez Roméo et Juliette, Ruy Blas, Wer-ther... ils nous disent ce que nous sommes. l'art est artifice, mais c'est plus une forme de magie qu'un artifice. voyez l'illusion comique de Corneille, pièce qui met le théâtre et ses artifices en abyme. le théâtre est un lieu incroyable où les armes ne blessent pas, où les morts se relèvent, où les larmes et les rires sont communicatifs, où la neige ne fond pas, le feu ne brûle pas... « Tout y est faux, et pourtant tout y est vrai, parce qu'il nous montre ce que nous sommes dans ce que nous avons de plus grand ou de plus mesquin » Castigat Ridendo mores ».\

pascale MélaDirectrice du festival « Autour de Mme de Staël »

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en 2006, Thomas hug ouvre une galerie d’art à berlin. quelques années plus tard – en 2011 – de retour à genève, il a l’opportu-nité de reprendre le salon d’art à palexpo et devient directeur d’ar-tgenève, et aujourd’hui d’artgenève et artmonte-carlo.

« d’une manière générale, avoir de l’influence veut dire pour moi, agir sur le cours des événements et sur les personnes proches ou éloignées d’un domaine d’activité. permettre de développer des projets et de fédérer les acteurs du domaine de l’activité concernée, et de créer des synergies avec les acteurs d’autres secteurs. Je crois pouvoir dire qu'artgenève est influent, dans le sens où cette plateforme artistique com-merciale et non commerciale semble agir sur le cours de l’acti-vité culturelle et plus précisément artistique de notre région : de par le réseau global d’activités qui trouvent directement ou indirectement place dans le salon, à savoir les galeries, les institutions, les artistes, la presse, les amateurs d’art, les col-lectionneurs, etc., cette plateforme diversifiée est, par nature, destinée à opérer sur un large champ dans le milieu culturel

de notre région. en plus d’être diversifiée, mon activité est aussi clairement internationale : nous faisons chaque année venir plus de galeries, d’artistes et des collectionneurs étran-gers à genève. Cet apport enrichit et complète le panorama artistique et culturel local avec des œuvres et des acteurs qui ne se retrouveraient autrement je pense, que plus discrètement en suisse romande. Ces commentaires peuvent sembler aller de soi, mais je me réjouis quand ils me sont confirmés par les galeries participantes. nous revenons de la biennale de venise où j’ai organisé un événement artgenève à l’image de notre salon, à savoir concentré, convivial et très qualitatif. un événement similaire aura lieu à new-york, ce mois de

mai. en 2013, j’ai organisé pour faire connaître artgenève au large public du monde de l’art berlinois, un « concert-exposition » original à la philharmonie de berlin. mais c’est avant tout notre second salon d’art artmonte-carlo, au grimaldi Forum de monaco (inauguration fin avril 2016), qui est le meilleur exemple de l’influence grandis-sante de notre activité hors région.

J’ai parlé jusque là d’une popu-lation locale et internationale

relativement niche et intéressée à l’art. Je pense cela dit que le grand public aussi est touché par nos activités. un bon exemple est le parcours de sculptures (artgenève/sculptures) que nous organisons depuis la dernière édition du salon dans l’espace public. Ces dernières sont visibles et appréciables de tous et en tout temps pendant quelques semaines. il est d’ail-leurs imaginable que certaines d’entre elles prennent racine d’une manière « définitive » dans l’espace public genevois. ainsi, notre activité aura influencé le paysage urbain de la région. Finalement, je suis très heureux du fait que notre concept singulier de « salon d’art » à taille humaine, d’une intéressante mixité et d’une qualité exigeante est en train de se faire une réputation solide à l’international. les exposants que nous accueillons sont clients des meilleures foires d’art comme art basel ou encore la Fiac.

il est vrai qu’a priori, un artiste conceptuel voudra mettre en avant l’idée plutôt que la technique à son service. mais d’autres courants donnent une belle visibilité et parfois aussi la primauté à l’artisanat. À un autre niveau, nous remarquons que l’artiste doit généralement pouvoir s’appuyer sur une technique solide, afin de pouvoir faire exister ses idées et émotions sans contrainte. Je crois que l’artiste doit trouver un équilibre entre le langage qu’il développe et qui s’alimente de manière intrinsèque et l’apport d’influences extérieures. au niveau de sa notoriété, tout dépend de la qualité et de la portée de l’œuvre d’art. Techniquement parlant, il est effec-tivement plus facile de faire battre des records de longévité à un tableau qu’à un être vivant. l’art performatif est un cas différent qui peut avoir son attrait dans son côté éphémère, comme un concert de musique ». \

l’ar tis te d oit Pouvoir s ’aPPu yer s ur une technique s olide , aFin de

Pouvoir Faire e xis ter se s idée s e t éMotion s s a n s c on t r ain te .

thomas huginitiateur et directeur du salon artgenève

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depuis son plus jeune âge, Thomas Tour-nemine a fréquenté les musées et les expo-sitions. pour lui, il s’agit d’une affaire de famille, qui commence avec sa mère en 1987, puis lui-même en 2006, et enfin sa femme depuis 2012. après une école supérieure de Commerce à angers, un passage chez Christie’s paris en 2005 et quelques années comme galériste à paris, c’est en 2013 qu’il ouvre sa galerie à gstaad, avec son épouse.

« l’influence me semble être la capacité que peut avoir un individu à modifier par son action le cours des choses, des opinions, de l’histoire. les échelles sont variables évidemment. À mon niveau, je jauge mon influence à l’écoute que les col-lectionneurs accordent à mes conseils, lorsque je les guide vers des acquisitions que je considère intéressantes pour eux. la confiance qu’ils placent en moi, s’appuyant sur les 30 années d’existence de la galerie, l’expertise qu’ils me

prêtent, c’est cela mon influence. Celle-ci est naturellement corrélée à mon âge, encore jeune - 33 ans, et je ne prétends donc pas emporter avec moi tous les avis. mais si je peux simplement transmettre à mes clients un peu de ma vision, orienter leurs choix, et par là même aider mes artistes à se forger un nom et une réputation dans le milieu de l’art, le pari est gagné. si l’influence n’est pas une fin en soi, elle est en revanche nécessaire afin de garder sa liberté de choix. Je ne peux prétendre diffuser le travail de tel ou tel artiste si les collectionneurs ou les organes institutionnels ne me font pas confiance. Je dois pouvoir prendre des risques dans la ligne artistique de ma galerie, découvrir des jeunes artistes sur lesquels personne n’a encore misé, car c’est ce qui fait le sel de notre métier. par conséquent, l’influence est une notion incontournable. la virtuosité doit revêtir les atours de la simplicité. ou plutôt de la fluidité. il est clair que la technique est véritablement maîtrisée lorsqu’elle ne

se voit pas. il est clair également que la déformation professionnelle me pousse souvent à trop analyser les matières, les compositions, les rapports de couleurs, etc. mais le profane, le simple spectateur, finalement le véritable destinataire de l’œuvre, lui, ne doit pas être « dérangé » dans sa contemplation. l’analyse peut venir dans un second temps, mais la puis-sance, l’influence d’un tableau, d’une sculpture, d’une réalisation artistique en général, n’agit que si cette dernière est appréhendée dans sa totalité. la formule peut paraître ésotérique mais je pense que ce que l’on regarde ne doit pas cacher ce

que l’on ne voit pas. « C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche », la citation de pierre soulages est parlante. J’affectionne particulièrement un mot que l’on emploie peu, mais qui pourtant fait partie du destin des hommes depuis l’origine des Temps : la sérendipité, ou le hasard heureux. l’art de trouver ce que l’on ne cherchait pas. C’est alexan-der Flemming et la pénicilline. C’est Christophe Colomb qui, en route pour les indes, découvre l’amérique. il en va des scientifiques et des explorateurs comme des artistes : les écueils, les errances et les détours ouvrent de nouveaux horizons. les évolutions ne sont jamais linéaires, les progrès jamais là où on les attend.

il est communément admis qu’un artiste, quel qu’il soit, nourrisse le désir que son œuvre lui survive. l’art, qui cherche à tendre vers l’absolu et l’universel, ne devrait théorique-ment pas intégrer la notion de temporalité, même si elle lui est fatalement imposée par son support. mais l’émergence, depuis plusieurs décennies déjà, de formes d’art éphémère - happening, land art, street art (la Tour 13 à paris en est un bon exemple) - vient mettre à mal ce précepte. la notion de culture est indissociable de celle de mœurs. si les valeurs, largement invoquées dans nos débats politiques, sont l’éten-dard, la lumière qu’une nation doit suivre dans son destin collectif, les mœurs, elles, sont le liant du quotidien, relevant plus de l’ordre de l’intime et de la transmission informelle entre les individus. la culture - ce qu’un peuple a en commun

- a besoin autant de grandes notions fédératrices, comme la liberté ou la fraternité, que de minuscules rituels et consensus qui structurent la vie banale des gens ». \

je Pe n se que ce que l’on reg arde ne d oit Pa s cacher ce que l’on

ne voit Pa s .

thomas tournemineDirecteur de la Galerie tournemine

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À l’aube de ses 15 ans, doryan-emmanuel Rappaz entame l’ap-prentissage du piano et après un bref passage dans les classes du conservatoire de genève, il décide de se consacrer entièrement à la composition, de façon autodidacte. il écrit ses premières pièces alors qu’il n’a que 17 ans. son parrain musical, bogdan Zvorastenau, premier violon à l'osR, ouvre au jeune compositeur les portes de l'orchestration. doryan-emma-nuel entreprend alors l'écriture de son premier concerto pour piano qui sera donné en concert quelques années plus tard par l'orchestre symphonique de dubrovnik en Croatie. en 2011, il dirige lui-même sa Sérénade pour orchestre à cordes, lors d'une tournée en suisse au kulturcasino de berne, au stadtcasino de bâle et au victoria hall de genève. en avril 2013, sa Sonate pour piano et violon est donnée en première lors de la finale du concours « note sul mare » à Rome. en octobre 2014, la Came-rata armin Jordan composée intégralement des musiciens de l'orchestre de la suisse romande, dédie une soirée entière au jeune compositeur en interprétant quatre de ses œuvres symphoniques, dans la prestigieuse salle du victoria hall.

désireux de faire connaitre la musique classique au plus grand nombre, doryan-emmanuel a créé genevarte, une association musicale reconnue d’intérêt public, active depuis 2008. son but est de promouvoir la musique classique, en soutenant de jeunes artistes, interprètes et compositeurs, avec des concerts les mettant en valeur, et ouvrir les portes de ses concerts gratuitement afin de rendre la musique accessible à tous et de créer un événement tant social que culturel. « de mon point de vue, avoir de l’influence c’est inspirer les autres, pousser au développement et à l’évolution. selon watson emerson, philosophe américain, « toute personne que je ren-contre m’est supérieure en quelque chose » : c’est une phrase qui ne me quitte jamais. C’est la qualité de mon travail qui doit m’offrir de l’influence auprès de mon public. l’influence est un outil et non un but en soi. Je ne m’en préoccupe donc pas vraiment. de plus, il est dit que l’on mesure sa popula-

rité à la qualité de ses amis, mais aussi au nombre de ses ennemis, je dirais donc que mon influence fait preuve d’une très bonne croissance. ma composition est pulsionnelle et ma technique d’écriture pro-gresse grâce à la pratique et aux années que j’ai investies pour per-fectionner mon art. J’évite de me poser trop de questions à ce sujet, par peur de mettre en pièces mon processus créatif et de ne savoir le reconstruire. le rôle de l’artiste, s’il peut être défini, est de produire et matérialiser ses idées afin de permettre au public de se poser ses propres questions. pour que l’art ait sa part de « casus » - hasard - il faut lui laisser sa part de mystère,

trop de réflexion peut nous en éloigner. l’art est-il éternel ? C’est probablement l’une des raisons qui m’a poussé à com-mencer à écrire de la musique classique. C’était une façon de survivre à soi-même, de laisser l’empreinte de son énergie

des centaines d’années après sa mort. le « cours de la vie » ou Curriculum vitae, comme tout résumé, ne peut qu’être faux. on peut s’y intéresser, mais on ne doit pas le prendre comme argent comptant. n’oublions pas qu’il est souvent relaté par des personnes tierces qui transforment, romancent et modi-fient la réalité. Je dirais qu’il est un condensé d’expériences uniquement destiné à faire naître de l’intérêt pour un artiste auprès du public. si l’on veut avoir la chance d’inscrire son nom dans les grandes pages de la culture, il faut soigner tous les aspects de son travail, faire preuve d’excellence dans les moindres détails, et provoquer le destin afin de mettre toutes les chances de son côté ». \

Pour que l’ar t ait s a Par t de « ca s u s » - ha s ard - il Fau t

l ui l ais ser s a Par t de My s tère , t roP de réFle xion Pe u t

nou s e n éloigner.

Doryan-emmanuel Rappazpianiste-compositeur

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artiste gipsy-chic, vinc naît à genève en 1961. C’est lors d’un déplacement en Californie qu’il développe un goût profond pour le voyage, ainsi qu’une fascination pour l’American Dream. Fidèle à ses ambitions, il commence rapide-ment une carrière dans la peinture à los angeles à la fin des années 1980. « Cela fait 30 ans que je côtoie le monde de l’art contemporain. moi-même artiste, je suis parti à l’âge de 21 ans à los angeles pour réaliser mon rêve californien. l’époque était tout autre – c’était avant internet – les contacts se nouaient au hasard des rencontres. mais surtout, c’était l’époque où beaucoup de Francais richissimes se sont expatriés en Californie. C’est durant ces années-là que j’ai commencé à étoffer mon réseau. Je viens d’une famille d’entrepreneurs et j’ai voulu, moi aussi, lancer ma brand. J’ai donc élaboré une ligne de vêtements casual, ce qui m’a permis de découvrir le monde.

Ce n’est que dans les années 90, que je suis revenu en suisse, avec dans mes bagages, cet énorme réseau de connaissances, d’artistes et de people. J’avais ce feu intérieur qui brûlait en moi et que j’avais envie d’extérioriser. J’aime profondément los angeles, que je considère comme ma ville. Je l’ai donc peinte de mémoire, et c’est en 1991 qu’un ami journaliste, didier dana m’a conseillé d’en faire une exposition. Conseil que j’ai suivi et qui fut un déclic naturel pour la suite de ma carrière.

avide de connaissances, autodidacte, je me suis éduqué sur l’art contemporain au gré de mes découvertes, dans la plupart des grandes foires d’art. À l’époque, les acheteurs avaient une sensibilité plus artistique que d’investissement, comme aujourd’hui. C’est en exposant mes tableaux dans plusieurs galeries que je suis rentré dans ce cercle d’initiés aux côtés d’artistes suisses réputés. dès lors, je suis devenu

un connaisseur averti et ai trans-formé ma façon de vivre, à travers mon travail et mon réseau.

C’est en côtoyant le milieu artis-tique que j’ai eu l’envie de créer un lien entre les créateurs et moi-même. J’ai réalisé une série d’estampes en sérigraphie présen-tant 45 artistes suisses les plus en vue du marché, durant ces deux dernières décennies. et si l’on veut parler d’influence, c’est à travers cette édition qu’elle s’est le plus exprimée. mon but étant de pro-poser des œuvres originales pour de jeunes collectionneurs.

dans mes tableaux, on retrouve cette influence américaine – très marquée – à l’image des panneaux publicitaires qui m’ont guidé dans l’immensité de l.a., tels des re-

pères. mon travail n’est pas dissimulé, la seule chose que je cache, ce sont les coups de pinceaux en créant des aplats, pour donner une impression de photo-réalisme : c’est le propre du pop art. Je réalise toujours un travail prélimi-

naire sur une œuvre, il n’y a pas de hasard, c’est un travail de construction méthodique. Cependant, d’heureuses coïncidences m’ont dérouté du plan initial, comme par exemple une grossière erreur sur un tableau, qui a donné naissance à une série nommée « puzzle ».

Je considère mes œuvres comme mes enfants. et à chaque fois que je les (re)découvre dans des contextes différents, l’émotion est vive. mes tableaux me survivront et perdure-ront grâce à la transmission d’une génération à une autre… est-ce cela l’immortalité ? \

je c on sidère Me s œ uvre s c oMMe Me s e nFa n t s

vincArtiste et éditeur d’art contemporain

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Thierry barbier-mueller est diplô-mé de la Faculté de droit de l’uni-versité de genève. en 1984, il rejoint la société privée de gérance (spg) en tant que secrétaire général et éditeur de la revue l’information immobilière, puis il en devient administrateur et administrateur délégué dans les années 1990. en 2013, afin de soutenir la création littéraire suisse romande, il crée le prix littéraire spg qui récompense chaque année une première œuvre littéraire (roman, nouvelles) écrite par un auteur romand et publié par une maison d’édition suisse. il a été président de la Chambre genevoise immobilière et de l’association apgCi. il est également membre, depuis 1994, de l’association suisse des collectionneurs et du swiss advisory board de Christies’s Fine art.

« la thématique de « l'influence » en tant que telle ne m'intéresse absolument pas. Car ce mot semble indiquer qu'il est question de peser sur les autres pour les amener à adhérer à votre opinion, dans une démarche assez égocentrique qui m'est étrangère. Ce qui m'intéresse c'est le débat d'idées, la confrontation de points de vue et d'expériences de vie différents pour arriver à la meilleure synthèse dans chaque problématique distincte. si j'ai des connaissances utiles dans un domaine, je suis simplement intéressé à les partager ou à les confronter à celles d'autres personnes car l'effet est double : cela m'enrichit moi-même tout en me permettant peut-être de contribuer utilement à une solution optimale. exprimé autrement, l'influence per se n'a pas d'intérêt, sauf pour les adeptes de la pensée unique dont je ne suis pas ! Je n'aime pas les discours sur l'art et vous réponds donc par deux « contre-citations » qui me sont chères. la première est de Jean dubuffet : « L'art ne vient pas se coucher dans les lits qu'on a faits pour lui ; il se sauve aussitôt qu'on prononce son nom : ce qu'il aime c'est l'incognito. Ses meilleurs moments sont quand il oublie comment il s'appelle ». la seconde est d'anselm kiefer : « Je crains que la Beauté qui se réalise dans l’art ne devienne cendre une fois remontée au niveau du discours ». C'est magnifique. Tout est dit ! l'art concerne les sens et l'intime, pas le discours ou le raisonnement. en ce qui me concerne, j'ai la chance de pouvoir marier une activité professionnelle – qui pour d'autres ne serait qu'un gagne-pain – avec un goût personnel pour l'art, l'architecture et la création artistique. lorsque je suis

constructeur pour mon compte propre, j'ai la faculté merveilleuse de réfléchir comment, au-delà des exigences fonctionnelles, je vais pouvoir réaliser une construction qui aura une qualité et une iden-tité esthétiques, artistiques. mon premier champ d'expérimentation aura été l'immeuble sis 30 Route de Chêne, qui abrite un certain nombre d'installations d'artistes contemporains : James Turrell,

nam June paik, günther Förg, giulio paolini, michelangelo pistoletto notamment, et dont le jardin de l'amandolier est le fruit d'un concours d'architecture international. le résultat a été reconnu dans le monde de l'architecture paysagère, puisque ce jardin a fait partie des trois finalistes de l’european garden award. mais là également, il ne s'agit pas d'influencer qui-conque mais plutôt de proposer, aux locataires, aux passants, une option esthétique qui n'est pas une vérité, mais une ten-tative de faire mieux, plus que répondre à un simple besoin fonctionnel : interpeller, inspirer, faire rêver peut-être... et aussi montrer que la liberté n'est pas un danger qui nécessite un corset réglementaire, mais bien une condition nécessaire

pour que s'exprime l'art de créer. alors quelle est mon influence ? là où je peux, en tant que constructeur ou citoyen, j'essaie de faire en sorte que l'on n'aille pas au plus simple, par paresse, conformisme ou copinage, mais qu'une construction ait de l'ambition esthétique, artistique, architecturale. un bâtiment n'a pas qu'une fonction, il doit aussi avoir un sens, il doit parler à nos sens. Ce qui est important c'est de rester ouvert et de ne pas avoir des a priori qui vous amènent à décider d'avance quelle est la bonne solution. en conclusion, n'est-il pas aussi important d'être capable de se laisser influencer que de vouloir influencer ? \

l a liber té n 'e s t Pa s un da nger qui néce s site un c or se t

régleMe n taire , Mais bie n une c ondition néce s s aire Pour que s 'e x PriMe l'ar t de créer.

thierry Barbier-Muellerpromoteur-régisseur, éditeur et collectionneur d’art contemporain

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À l’âge de 17 ans, pierre amoyal part étudier le violon durant 5 ans avec Jascha heifetz aux états-unis. il com-mence alors à faire de la musique de chambre en public et des enregistre-ments avec heifetz et piatigorsky. À 22 ans, il débute une carrière européenne qui le conduit dans les principaux pays musicaux d’europe, ainsi qu’au Japon. il est depuis invité par les plus prestigieux orchestres : l’orchestre philharmo-nique de berlin, le london symphony, l’orchestre sym-phonique de vienne entre autres. il a été nommé très jeune, professeur au Conservatoire national de paris et se consacre aujourd’hui à l’enseignement au Conservatoire de lausanne. il possède l’un des plus célèbres violons du monde, le kochansky stradivarius de 1717, qui a été miraculeusement retrouvé en 1991, après le vol de 1987.

« dans mon domaine, il existe différentes formes d’in-fluence. on peut parler d’une influence artistique : nous influençons le goût du public par des concerts que nous organisons. selon ce que l’on propose dans les salles, le public va pouvoir évoluer de manière favorable ou non. Ce que je remarque, c’est que les mélomanes sont apparemment plus attirés par le style des anciens, c’est-à-dire que les enre-gistrements des grandes stars de la musique : ils reviennent toujours vers les années 1950, 1960 et 1970. Ce sont les kara-jan, Toscanini, horovitz, heifetz – qui était mon professeur. Ces valeurs sont considérées comme étant des références. alors si j’ai une quelconque influence, ce serait de diriger le goût des mélomanes vers des valeurs auxquelles je crois. en ce moment, par exemple, je suis jury au Concours musical international Reine-élisabeth-de-belgique, à bruxelles. C’est là que les meilleurs jeunes intrumentistes, chan-teurs ou compositeurs du monde – cette année, les violo-

nistes – viennent se confronter devant un jury. Jury qui, en faisant un choix, va influer sur ce que le public écoutera dans les années à venir.

un bon musicien a besoin de la tech-nique ; cependant moins elle est per-ceptible, mieux c’est. nous travaillons tous énormément nos instruments – tous les jours – pour que justement la technique s’efface

devant la créativité, et jouer du violon est un art parti-culièrement difficile. la musique comporte une part de hasard, c’est-à-dire qu’un musicien essaye souvent de ne pas faire en concert, ce qu’il avait prévu, et le résultat est souvent suprenant et réussi.

l’art est bien sûr toujours fait pour durer plus que la vie. la vie est éphémère, alors qu’un tableau de Rembrandt est immortel. pour la musique c’est un peu différent, elle est gravée et heureusement grâce à cela on peut en-tendre comment Toscanini dirigeait les symphonies de beethoven. son immortalité est transcendée grâce à la technique, cette fois-ci. Je crois que l’expérience de la vie est transformée en signes qui nous permettent de nous exprimer artistiquement. C’est ma vie qui me fait jouer, c’est l’expérience de la vie.

l’humour est un facteur indispensable dans la musique. beethoven et mozart ont écrit des musiques pleines d’hu-mour et de sarcasmes. il est important qu’un artiste ne se prenne pas au sérieux. nous sommes tous anonymes au départ de notre carrière, puis petit à petit la personnalité se dessine autour de la création et on le devient de moins en moins. la reconnaissance est la seule récompense qui vaille la peine, et c’est pour cela que ce qui m’attriste, ce sont les artistes qui n’ont pas été reconnus de leur vivant ». \

pierre Amoyalvioloniste

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hervé loichemol a suivi des études d’art dramatique à l’école du Théâtre national de strasbourg. Comédien pendant quelques an-nées, il fait ses premières mises en scène au Théâtre de Carouge et présente plusieurs pièces au Festival d’avignon dont hamlet-machine de heiner müller. dans le cadre du Comité sarajevo qu’il fonde avec plusieurs autres pro-fessionnels de genève, il met en scène des pièces de müller et de koltès en bosnie. il passe de nom-breuses commandes de textes à des écrivains, en particulier à yves laplace, michel beretti et denis guénoun. ses dernières mises en scène sont Le Roi Lear de william shakespeare et Français, encore un effort si vous voulez être républicains du marquis de sade. il présentera Cassandre de michael Jarrell au prochain Festival d’avignon. depuis juillet 2011, il est directeur de la Comédie de genève.

« il est difficile d’évaluer l’influence que nous exerçons. si j’ai de l’influence, je n’ai pas cherché à en avoir. par contre, j’ai des convictions, que je défends, et quelques principes auxquels j’obéis : quand je dis quelque chose, par exemple, je donne ma parole, je m’engage. Ce qui peut me faire apparaître comme une espèce de moraliste doublé d’« une grande gueule », alors que je suis plutôt timide. Ce mélange de réserve et de conviction peut surprendre, dérouter ou attirer.

une œuvre d’art est toujours artificielle, par définition. une des propriétés du théâtre n’est- elle pas qu’on y fait semblant ? le comédien fait semblant d’être hamlet ou agnès. pour que l’artifice ne soit pas perçu comme un simple effet technique, il faut qu’il acquiert une forme d’évidence, de naturel. l’art consiste à dissimuler une part de son artifice, comme un jeu de cache-cache, une oscillation perpétuelle entre l’apparition et la disparition. au théâtre, un comédien ne doit pas s’évertuer à être présent en permanence : il faut qu’il sache s’absenter, que

sa présence scintille, qu’elle appa-raisse et disparaisse. l’art n’est pas le hasard, il comporte une part de hasard. préparer, par exemple, une mise en scène pendant des mois, voire des années, peut aboutir à une réussite ou au contraire à un fiasco. or on ne sait pas toujours pourquoi. la limite est parfois extrêmement ténue entre le suc-cès ou l’échec. est-il fait pour du-rer toute la vie ? pour un artiste peintre, un sculpteur, un musicien, probablement oui. au théâtre – dans les arts vivants – nous ne pouvons pas confier le jugement à la postérité. nous jouons avec des vivants qui sont différents à chaque représentation. l’avenir d’un spectacle dépend du plaisir ou

de l’ennui éprouvé par le public, s’il sera oublié ou laissera quelques traces. le présent de la représentation est donc important. Je ne me considère pas comme un créateur – faisons preuve d’un minimum d’humilité – mais plutôt comme un passeur d’idées. nous faisons avec ce que nous avons reçu, et nous le transmettons à notre tour. nous avons donc des obligations. être « l’obligé » de quelqu’un est une belle idée. dépendre d’une personne signifie que nous entretenons avec elle une relation d’altérité. Cette ouverture est une hygiène de vie dans une époque d’indi-vidualisme triomphant.

la comédie châtie les mœurs. il y a humour et humour, celui qui élève, et celui qui abaisse. une histoire peut être racontée de mille façons différentes. À chaque fois la relation tissée entre celui qui raconte et celui qui écoute est différente : elle peut être de reconnaissance ou d’avi-lissement. Rire aux dépens des gens peut corriger les mœurs, mais il peut aussi les aggraver. l’important est qu’il n’y ait pas de mépris, d’envie de détruire. l’humour doit être fondé sur la reconnaissance d’une humanité commune avec autrui et inciter à jouer ensemble. il faut savoir se moquer de soi pour se moquer d’autrui. despro-ges disait : « on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui ». Tout est dit ». \

hervé LoichemolComédien, metteur en scène et directeur de la Comédie de Genève

Marke t inFl ue nce inde x / ar t s e t cult ure

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Ancre | Organe, en acier ou en laiton, composant l’échappement d’une montre ou d’une pendule. L’ancre, dont la forme rappelle celle d’une ancre de marine, a un double rôle : d’une part transmettre la force du ressort par l’intermédiaire du rouage au balancier afin de faire perdurer les oscillations et, d’autre part, empêcher le déroulement incontrôlé du rouage remonté.

AncreAmarrage ou pièce de haute horlogerie ?Découvrez l’univers de l’horlogerie d’exception, sur www.hautehorlogerie.org

PARTENAIRES DE LA FONDATION | A. LANGE & SÖHNE | AUDEMARS PIGUET | BAUME & MERCIER | BOVET 1822 | CARTIER | CHANEL | CHOPARD | CHRISTOPHE CLARET

DE BETHUNE | GIRARD-PERREGAUX | GREUBEL FORSEY | HARRY WINSTON | HERMÈS | IWC | JAEGER-LECOULTRE | LOUIS VUITTON | MONTBLANC | OFFICINE PANERAI

PARMIGIANI FLEURIER | PIAGET | RALPH LAUREN | RICHARD MILLE | ROGER DUBUIS | TAG HEUER | VACHERON CONSTANTIN | VAN CLEEF & ARPELS

atel

ier-

zupp

inge

r.ch

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vulCain50s Presidents’ Watch « Vulcain for Heiner Lauterbach »

Cette année, vulcain a développé un modèle spécial en collaboration avec son ambassadeur, l’acteur allemand heiner lauterbach. puisant donc son aspect visuel sur le légendaire modèle Cricket de 1947, ce garde-temps mêle subtilement aspect vintage et précision contemporaine. avec son mouvement manufacture à remontage manuel, son cadran nacre, sa boîte 42 mm bicolore or rose/acier et son bracelet alligator miel, cette 50s presidents’ Cricket rappelle les codes esthétiques des années cinquante.

www.vulcain-watches.ch

haute horlogerie

le meilleur des montres en 2015les coups de cœur de market

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Les intemporelles

bRegueTTradition Répétition Minute Tourbillon 7087

la répétition minute figure parmi les complications les plus séduisantes de l’horlogerie. la maison breguet a fait table rase des méthodes habituelles en concevant son garde-temps autour du son. la construction s’est ensuite effectuée en visant la transcription mécanique du son désiré. Cette démarche inédite a défini le choix de chaque aspect du garde-temps, des innovations intégrées à la forme des composants, matériaux et à l’esthétique. on y retrouve toutefois les codes chers à la manufacture, comme les aiguilles en acier bleui à la pomme évidée. Ce modèle se décline dans un boîtier en or rose ou blanc avec un timbre réalisé dans la même matière.

www.breguet.com

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blanCpainVilleret, Grande Date

la pureté des lignes et l’esthétique sobre de cette pièce incarnent les valeurs de la collection villeret. Cette pre-mière grande date de la collection permet une lisibilité optimale de la date grâce à deux larges guichets avec un changement instantané à minuit. une complication aussi élégante qu’utile, qui abrite les deux barillets du calibre automatique 6950, doté d’une protection contre les chocs. avec son balancier à inertie variable, son spiral en silicium et ses vis réglantes en or, le ton est donné pour faire de ce nouveau garde-temps un modèle intemporel.

www.blancpain.com

JaqueT dRoZGrande Seconde Morte

la seconde morte connut son temps de gloire au Xviiie siècle. Jaquet droz remet cette complication à l’honneur sur son modèle iconique revisité, équipé d’un nouveau calibre. le visage de la grande seconde a été subtilement refaçonné par les designers de la marque. historiquement décentrée, l’aiguille des secondes s’invite désormais au cœur même du cadran, tandis que le quantième rétrograde, indiquant la date du jour, occupe l’espace qui lui est traditionnellement réservé sur ce modèle. À la fois immédiatement reconnais-sable et pourtant différente, familière, mais surprenante, cette grande seconde morte fascine par ce jeu hypnotisant d’aiguilles et de chiffres « sautants ».

www.jaquet-droz.com

ludoviC ballouaRdHalf Time Platinum

ne dit-on pas que seul compte l’instant présent ? C’est ce que nous rappelle ballouard, à travers cette complication inédite, brevetée et manufacturée dans son petit atelier situé à genève. un garde-temps où toutes les heures sont brouillées et illisibles, sauf une seule…l’heure en cours ! elle se reconstitue instantanément dans son guichet situé à midi. Très fine et élégante, entièrement mécanique, entièrement en platine et gravée à la main, elle se décline aussi en version or rouge ou bien sertie. elle est réalisée artisanalement : seules moins de 20 pièces sont assemblées par année.

www.ballouard.com

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en immersion

hysekAbyss 44MM tourbillon automatique

la nouvelle abyss offre un cadran entièrement fini à la main, laissant apparaître un mouvement manufacture terminé avec la même exigence que le cadran lui-même. l’harmonie de l’ensemble est réalisée grâce à un boîtier en or rose de 44 mm de diamètre. il est équipé des cornes pivotantes propres à hysek. Ce système unique permet à l’abyss d’épouser naturellement chaque poignet, au plus juste de ses mensurations sans jamais le contraindre. Ce boîtier est surmonté d’une lunette en saphir dont les index sont de couleur or. l’abyss offre un verre saphir qui laisse apprécier les finitions réalisées à la main de chacun des 467 composants. la carrure sera prémunie des chocs du quo-tidien par une large protection latérale gauche, complétée de deux protège-couronne sur le flanc droit. une Rose des vents, finition des plus emblématiques, est entièrement réalisée à la main sur le cadran. au final, l’abyss Tourbil-lon automatique brille d’une lumière sombre et profonde.

www.hysek.com

oFFiCine paneRaiLuminor 1950 Submersible en Carbotech

le boîtier est constitué de carbotech, un matériau composite réalisé à partir de fibre de carbone. il est employé pour le boîtier, la lunette tournante et le pont protège- couronne. la lunette tourne uniquement dans le sens antihoraire et permet de mesurer les durées d’immersion : un must pour les plongeurs professionnels. À cela s’ajoute une étanchéité à 30 bars (environ 300 mètres). la montre est montée sur un bracelet en caoutchouc noir, personnalisé avec le logo op bleu panerai.

www.panerai.com

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« l a vale ur de l’horlogerie , c ’e s t s on his toire

e t l a qualité de s Mé tier s qui l a c oMPo se n t »

anTonio CalCe, Ceo de girard-perregeaux

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« l a Prochaine e t « iMMe n se » nouvau té ser a s a n s aucun d ou te l a Mon t re

c onnec tée ava n t l a Fin de l’a nnée .

Jean-Claude biveR, président de la divison montres du groupe lvmh et Ceo de Tag heuer.

omegaGlobemaster Co-Axial Master Chronometer

globemaster est la toute première montre à être soumise au test meTas, qui en plus de mesurer les performances d’un garde-temps dans des conditions d’utilisation quotidienne, teste également son fonctionnement lorsqu’il est exposé à d’intenses champs magnétiques (15 000 gauss) : la rencontre d’un design classique et d’une technologie à la pointe du progrès. elle est équipée du mouvement mécanique le plus abouti de la marque et propose un design inspiré par les tout premiers modèles Constellation. deux caractéristiques définissent tout particulièrement la globemaster : son cadran, longtemps appelé par les collectionneurs « cadran 12 pans », et la lunette cannelée.

www.omegawatches.com

La bonne pointure pour l’aventure

haRRy winsTonProject Z9

Cette montre est fabriquée en Zalium, un alliage exclusif qui possède des qualités techniques et esthétiques qui en font un matériau unique. il est ultraléger, anallergique et possède des propriétés de dureté et de résistance à l’oxyda-tion exceptionnelles. la project Z9 intègre un mouvement de haute fréquence. le nouveau calibre de chronographe hw3304 est animé par un spiral en silicium qui bat en permanence à la fréquence de 5 hz. avec un mouve-ment exceptionnel et une boîte en Zalium aux propriétés remarquables, de par son cadran complexe, la project Z9 s’affirme comme un chronographe technique, pratique et exclusif. elle est éditée en série limitée à 300 exemplaires.

www.harrywinston.com

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Rebellion540 Magnum Tourbillon

inspiré de la course automobile, le 540 magnum Tourbillon excelle en endurance horlogère. avec un mouvement en magnésium, aluminium, titane et fibre de carbone, elle a 14 jours de réserve de marche et un boîtier en fibre de carbone à l’esprit de compétition. l'imposante structure, presque carrée modulaire en fibre de carbone de haute technologie est complétée par un bracelet « prêt pour la course » en caoutchouc naturel et une boucle double déployante faite sur mesure. C’est une série limitée de 10 pièces, au boîtier en fibre de carbone.

www.rebellion-timepieces.com

Tag heueRCARRERA – Calibre Heuer 01

nouvelle boîte, nouvelle construction, nouvelle conception et nouveau calibre. C’est la Tag heuer Carrera - heuer 01. Totalement épuré, son nouveau design permet de voir les commandes du chronographe manufacture côté cadran. la boîte nouvelle génération chez Tag heuer est en titane, léger et plus résistant, et comporte 12 éléments différents. Cette conception ouvre un champ énorme de possibilités, en combinant matières, couleurs, traitements et finitions à l’infini. au final, la Carrera heuer 01 est le symbole de la continuité des investissements et de la créativité de Tag heuer qui est, depuis son origine en 1860, une marque avant-garde et qui souhaite absolument le rester !

www.tagheuer.com

paTek philippeCalatrava Pilot Travel Time 5524

patek philippe rend hommage aux pionniers de l’aviation et aux grandes heures de la conquête des airs avec sa montre « Calatrava pilot Travel Time ». Résolument masculine, elle est dotée d’un second fuseau horaire, utile lors des voyages aériens. le mouvement de 294 composants se cache sous un cadran habillé d’un élégant bleu verni qui rappelle les avions de chasse américains des années 1930, avec un boîtier en or gris. l’harmonie parfaite entre la technique pure et l’élégance contemporaine.

www.patekphilippe.com

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audemaRs pigueT Millenary 5201

Cette montre de luxe est adaptée au style de la femme indé-pendante contemporaine. montre emblématique depuis 20 ans, le nouveau calibre millenary 5201 à remontage manuel est un mouvement à la forme svelte et élégante qui consacre l’équilibre esthétique résultant de l’union entre artisanat traditionnel et design contemporain. le design ergonomique suit les courbes du poignet à la per-fection pour sublimer le style de la femme audemars. sa délicatesse apparente dissimule l’atout maître de cette ligne résolument féminine : leur complexité.

www.audemarspiguet.com

hubloTBig Bang Broderie

sexy et glamour, c’est une ode à l’ultra-féminité. en hom-mage à la mémoire des travaux d’aiguilles de nos aïeules, avec de la fine broderie de saint-gall, hublot revisite les métiers d’art à sa manière. les maisons bischoff et hublot ont développé ensemble un motif qui puisse fusionner avec le design iconique de la big bang. esprit rebelle avec le motif tête de mort, pour un cadran rehaussé de 11 dia-mants et douces arabesques pour la lunette et le bracelet. l’ensemble est complété par un mouvement mécanique automatique hub1110 de 63 composants et 21 rubis. elle se décline en 3 références qui viennent dans les tons d’or, d’argent et de all black serti de diamants noirs.

www.hublot.com

Ladies first

« no s de signer s e t horloger s on t c onçu ce s uPerbe g arde-teMP s sPécialeMe n t

Pour le s FeMMe s. ce t te Pièce rehau s se le ur s t yle s a n s jaMais le s écliP ser. »

FRanCois-henRy bennahmias, Ceo d’audemars piguet

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baume eT meRCieRPromesse 10160

montre classique et précieuse, empreinte d’une forte charge émotionnelle, promesse s’inscrit comme l’héritière d’une référence des seventies. différente en raison de ses formes non conventionnelles, elle affiche un design au tempo léger, jouant avec une lunette ovale lovée dans un boîtier rond et doux. élégante, sobre et raffinée, cette montre est animée par un calibre à quartz ou un mouvement mécanique à remontage automatique de facture suisse. la montre promesse s’expose au poignet, comme le miroir de l’âme de sa propriétaire.

www.baume-et-mercier.com

ChanelJ12 Tourbillon Volant Squelette

le tourbillon stylisé en comète précieuse tournoie avec légèreté, comme libéré de l’apesanteur. Complication noble par excellence, ce tourbillon dépourvu de pont supérieur est le fruit d’une collaboration étroite entre Chanel et les maîtres-horlogers suisses de Renaud & papi (apRp sa). d’une beauté singulière, le cadran finement ajouré laisse entrevoir la mécanique de son mouvement squeletté de haute horlogerie, qui joue sur les variations de noirs – mat, poli, brillant – et sur mille lumières diamantées.

www.chanel.com

CaRTieRMontre Clé

l’innovation est par essence liée à l’histoire de Cartier, horloger créatif. il s’agissait de créer une nouvelle forme à partir du rond : le résultat est un exploit tout en retenue et en finesse. les lignes sont fluides, élégantes et harmonieuses. Tout est question de précision, d’équilibre et de proportion. la montre Clé est d’une simplicité apparente, mais révèle un esprit moderne où l’esthétique est réduit à l’essentiel…

www.cartier.com

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– 1 500 marques représentées.– 150 000 participants : exposants, visiteurs et représentants de la presse en provenance de plus de 70 pays.

– 1 625 m2 le plus grand stand et 6 m2 le plus petit.– 141 000 m2 de surface d’exposition.– 2,4 milliards de francs générés de retombées économiques par an pour la Suisse, dont 1,2 milliards pour la région de Bâle.

– 13 000 emplois créés en Suisse dont 6'500 pour la région de Bâle.

– 70 % du chiffre d’affaires annuel réalisé par les marques pendant les 10 jours.

– 40 millions de francs, le prix de la montre « Fascination » du joallier Graff, la montre la plus chère, exposée lors de Baseworld.

les chiFFres clés de baselworld 2015

pilo waTChesMétiers d’art

Cette réalisation artistique, protégée par une glace saphir est l’œuvre d’andré martinez du locle, un peintre en miniature réputé dans l’univers de l’horlogerie d’excellence et des arts de l’émaillage. l’œuvre prend place sur un disque cadran dépouillé en nacre polynésienne originelle, libre d’index, volontairement laissé vierge de tout repère horaire afin de donner aux traits fins et aux riches couleurs leur maximum d’espace. une lunette sertie de diamants purs encercle en le transcendant le travail de l’émailleur. au centre, à 6h00, chaque petit disque tournant relié au calibre mécanique effectue ce que l’œil voyageur et initié associera à une forme d’expression spirituelle bouddhiste : six prières écrites en tibétain, s’adressant à leur divinité spécifique dont la person-nalité et la représentation terrestre ont été minutieusement reproduites sur le reste de la surface cadranière. la boîte en or blanc 18 carats, ronde et épurée, abrite un calibre horlo-ger mécanique automatique swiss made de belle naissance.

www.pilo-watches.com

Les superlatives

« le teMP s e s t Pour Moi l a se ule vale ur qu’il e s t iMPo s sible d ’avoir e n s uFFis a nce . l’horlogerie a cel a d ’e xce P tionnel ,

qu ’elle PerMe t d ’org a niser le teMP s de Fac on à e n ProFiter eFFicaceMe n t. »

maRC a. hayek, pRésidenT eT Ceo eT bRegueT, blanCpain eT JaqueT dRoZ

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boveTAmadeo Fleurier Braveheart

Cette montre-bracelet, montre de poche et horloge de bureau convertible conjugue tous les savoir-faire de la maison et fait l’objet de plusieurs innovations brevetées telles que le boîtier convertible, le mécanisme bovet de double affichage coaxial des secondes. une des particularités du boîtier réside dans le fait qu’il affiche un cadran avec les indications des heures, des minutes et des secondes des deux côtés. C’est une édition limitée à 30 pièces en or rouge 18 carats ou en or blanc, en édition limitée à 20 pièces en platine. www.bovet.com

giRaRd-peRRegauXRépétition minute Tourbillon sous Ponts d’Or

la mécanique de cette Répétition minute Tourbillon sous ponts d’or offre de façon originale la possibilité d’observer simultanément côté cadran les éléments constitutifs de la sonnerie et des marteaux produisant le son en heurtant les timbres fils. la structure mécanique, totalement originale, permet de rendre visible l’invisible. pour abriter cet excep-tionnel mécanisme, girard-perregaux a choisi le boîtier rond à la carrure bombée et prolongée par des cornes élancées caractéristiques de ses collections haute horlogerie. les emblématiques ponts et porte-marques girard-perregaux en or et en forme de flèche signent le pedigree de ce mécanisme aux finitions irréprochables dans le respect de la grande tradition de la maison. le calibre se dévoile également côté fond avec un troisième pont en or et le logo de la manufacture gravé sur la platine.

www.girard-perregaux.com

– 25e édition du Salon.– 16 Maisons exposées dont 13 du groupe Richemont, contre 5 lors de la première édition.

– 30 000 m2 de surface d’exposition contre 4 500 m2 en 1991– 14 500 visiteurs, soit une augmentation de 9 %.– 1 200 journalistes.

– Entre 250 m2 et 2 300 m2 la taille des stands en fonction de la taille du marché des marques.

– 52,2 % de la part en valeur des exportations de montres suisses dans le monde en 2013 (2,3 % du volume des exportations de montres dans le monde en volume).

les chiFFres clés du sihh 2015

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une gr a nde Mon t re ne ser t Pa s se uleMe n t à vou s d onner l’he ure , elle

t r a n sce nde ce t te Fonc tion Pr atique : c ’e s t un ProlongeMe n t d ’une Per s onn alité ,

une œ uvre qui s ’aPPrécie avec le te MP s . » stanislas de quercize, Ceo de Cartier

kRiviaTourbillon heure minute

Finesse, élégance et sobriété sont les maîtres mots de cette collection. la Tourbillon heure minute se distingue par la pureté de ses lignes et par ses exceptionnels cadrans. mécanique à remontage manuel, cette montre possède 100 heures de réserve de marche, un seul barillet. elle affiche heures, minutes ; les secondes sont comptabilisées grâce à un tourbillon qui effectue une révolution en une minute. la décoration du mouvement est réalisée à la main, ainsi que le cadran dont l’aspect poli mat est obtenu grâce à une technique de pression sur verre pilé. elle est disponible avec boîtier en acier, or 18 ct ou platine et bracelet alligator cousu main avec boucle.

www.akrivia.com

RoleXOyster Perpetual Day-Date

l’oyster perpetual day-date est dotée d’un design moder-nisé dans un boîtier de 40 mm et d’un nouveau mouvement mécanique, le calibre 3255, qui définit un nouveau stan-dard de performance chronométrique. avec des critères de précision au porté deux fois plus exigeants que ceux d’un chronomètre officiellement certifié, la nouvelle day-date réinvente le statut de chronomètre superlatif institué par Rolex dès la fin des années 1950. elle se décline en platine 950 et en or jaune, gris ou everose 18 ct, avec une large sélection de nouveaux cadrans.

www.rolex.com

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QU’EST-CE QUE LE E-MARKETING ?

le e-marketing ou marketing digital regroupe l’ensemble des méthodes et pratiques marketing sur internet. Notam-ment, la communication en ligne, les réseaux sociaux, l’optimisation du référencement et la création de trafic sur les supports numériques (ordinateurs, téléphones mobiles, tablettes, etc.). Ces nouvelles techniques de marketing changent de façon radicale la manière d’appréhender la relation avec le consommateur, en élevant celle-ci à un niveau jamais atteint auparavant. l’interaction permanente permet d’optimiser la relation avec ses consommateurs et d’avoir pour objectif avoué la transformation de leur visite en achat et la fidélisation à tout prix.

QUID DES PROCéDéS UTILISéS ?

le marketing digital utilise des outils à son image : réfé-rencement, lettre d’information, publipostage, publicité électronique et médias sociaux, mais également des moyens plus subtils comme les cookies, iptrackers, géolocalisation. Ces techniques peuvent se résumer en un acronyme : SoloMo soit Social, local, Mobile, à l’image du réseau So(cial) facebook, qui est utilisé le plus souvent sur des téléphones Mo(biles) et qui utilise la géo-lo(calisation). l’avenir du e-marketing se trouverait-il dans ces trois mots ?

la façon de consommer en ligne des clients a fonda-mentalement changé. C’est pourquoi, les entreprises sont obligées de faire évoluer leurs stratégies marketing en ciblant les consommateurs non plus seulement sur internet, mais sur l’ensemble des médias numériques. il n’est pas évident aujourd’hui de s’y retrouver parmi toutes ces nouvelles possibilités. en cela, l’agence de communication digitale WnG Solutions, basée à Genève, lausanne, et Martigny, peut vous accompagner grâce à son expertise dans le marketing digital.

avec des clients aussi variés que la halle, l’opéra de lausanne, le Beau-rivage palace, les montres Valbray ou encore Moët&Chandon, l’agence se positionne comme un leader sur le marché du e-marketing avec de très bons résultats pour ses clients.

la société propose aux entreprises trois axes pour entrer dans l’ère du e-marketing. premièrement, le « social media » ou l’art d’intégrer les réseaux sociaux dans la stratégie d’entreprise. en créant un dialogue avec sa cible, la marque rassemble et engage ses fans. À l’instar de facebook, twitter vient d’étendre son ser-vice de publicité - twitter ads - à la Suisse. il permet de sponsoriser des tweets, afin d’accroître leur diffusion et leur impact sur les personnes cibles. aujourd’hui, ce sont plus de 600 000 helvètes qui utilisent chaque mois ce réseau. une vraie bonne raison d’utiliser cet outil très prometteur.

le second axe est le « search marketing » ou Seo/Sea, ayant pour objectif la visibilité de l’entreprise grâce à un référencement naturel ou payant, optimisé grâce à l’aide de spécialistes agréés par Google. finalement, WnG Solutions met à disposition de ses clients un logiciel d’e-mailing novateur, ainsi que ses connaissances techniques et stratégiques pour gérer des campagnes de grande envergure.

www.wng.ch

communiqué

wng solutions : un savoir-Faire digital

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cult ure ( s ) / Marché de l’ar tcult ure ( s ) / Marché de l’ar t

il y a diX ans, 80 % du maRChé de l'aRT se ConCenTRaiT auTouR de londRes eT de new-yoRk. il a élaRgi ses FRonTièRes de manièRe eXponenTielle depuis : pékin, hong kong, shanghai, mais aussi séoul, singapouR, JakaRTa, Taipei, Tokyo, hang- Zhou sonT devenus quelques pilieRs du maRChé de l'aRT auX enChèRes.

l'année dernière, la puissance du marché de l'art chinois a devancé une fois encore celle des américains, et ce malgré une année record à new-york. première puissance mondiale, la

Chine se trouve pourtant dans une période d'ajustements et vise à se renouveler dans les années à venir. le marché chinois se cherche après les excès spéculatifs des années 2005-2008 et nous assistons clairement à un repositionnement des acheteurs sur des propositions plus en lien avec la tradition de l’encre (la peinture traditionnelle et la calligraphie repré-sentant 84,3 % du marché chinois). l'ajustement passe également par une volonté de sécuriser le marché interne (la politique anti-corruption tente de lutter contre les pots de vin) et de pallier le problème des impayés, qui fut lourd à porter ces dernières années pour les sociétés de ventes étrangères installées sur place. les acteurs du marché et le gouvernement chinois travaillent pour régulariser et normaliser leurs ventes aux enchères et prennent modèle sur les sociétés de ventes occidentales plus anciennes.

sur place, pékin, shanghai et hong kong sont les principaux poids lourds. pékin est le cœur du premier comme du second marché chinois. C'est là que se trouve la plus grande concentration de galeries (plus d'un millier), et que se joue près de la moitié du résultat chinois en salles de ventes (2,647 m$ sur l'année 2014). il s'y vend trois fois plus d'œuvres qu’à hong kong, et

LA ChiNe et L'oCCiDeNt

paR aRTmaRkeTinsighT

aRTpRiCe.Com

Zhang daqian (1899-1983), Lotus

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cult ure ( s ) / Marché de l’ar tcult ure ( s ) / Marché de l’ar t

ce sont généralement les œuvres les plus chères. la grande société de ventes américaine sotheby's a d'ailleurs choisi pékin (après hong kong) pour frapper le marteau. son activité stimule le mar-ché asiatique et éduque les acheteurs sur place à l’art occidental. il permet par ailleurs d’ouvrir les amateurs d’art occidentaux aux signatures asiatiques. une ouverture importante puisque deux artistes chinois reviennent régulièrement sur le podium des 10 artistes les plus cotés du monde : qi baishi (7e mondial, avec 206 m$ de produit de ventes annuel) et Zhang daqian (9e mondial, avec 193 m$ de résultat). pour les Chinois, qi baishi et Zhang daqian sont aussi importants que l'est picasso pour les occidentaux.

pablo piCasso, qi baishi eT Zhang daqian

si les noms de qi baishi et de Zhang daqian ne sont pas encore familiers aux occidentaux non initiés, ces deux artistes sont pourtant les plus respectés, célèbres et cotés en Chine. À tel point qu'un record mondial est attendu pour qi baishi (1864-1957) cette année, un record mondial qui détrônerait ceux de pablo picasso et de Francis bacon. la maison de ventes pékinoise poly international auction a en effet annoncé la mise en vente d'un lot de douze paysages à l'encre sur rouleaux (mesu-rant près de deux mètres de longueur chacun). l'ensemble est véritablement muséal et les premières enchères sont attendues autour de

160 m$ ! qi baishi – artiste chinois le plus coté - battrait alors son propre record de plus de 100 m$. une telle performance n'est pas improbable vu l'envergure de la pièce mise a l'encan. si qi baishi est méconnu des occi-dentaux, ce ne fut pas toujours le cas. il fut l'un des artistes les plus respectés du grand pablo picasso. on rapporte même que picasso disait ne pas vouloir se rendre en Chine pour ne pas se confronter au plus grand peintre

chinois du XXe siècle, qi baishi. le révolutionnaire de la peinture occidentale, qui créa l'une des plus grandes ruptures de l'histoire de l'art avec Les Demoiselles d'Avignon (1907), accepta néanmoins de recevoir Zhang daqian dans son atelier parisien. il lui dévoila alors quelques-uns de ses dessins à l'encre inspirés par l'art de qi baishi. Zhang daqian se laissa aller à critiquer ces dessins de picasso, loin d'afficher le raffinement du trait et la maîtrise requise des teintes de l'encre propres à l'art chinois. loin de se piquer de cette critique directe, picasso s'inclina en disant : « la peinture chinoise est vraiment fantastique ! quand qi baishi peint des poissons en train de nager, il n'y a aucune couleur, il ne peint même pas l'eau et pourtant, on voit la rivière, on peut même en sentir les odeurs ! il n'y a presque rien et pourtant tout y est. même votre écriture est de l'art ! (…) Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi vous, les peintres chinois, accourez tous à paris pour étudier l'art ? » (propos rapportés par l'écrivain wang Zengqi, présent lors de la rencontre des deux artistes).

les peintres chinois ayant étudié et fait carrière en France au XXe siècle (Zao wou-ki, Chu Teh-Chun, T'ang haywen, sanyue, wang keping, etc.) sont de plus en plus recherchés aujourd'hui. leurs cotes explosent, car la demande vient autant de l'europe et des états-unis, que de l'asie. il est temps que les occidentaux considèrent aussi les grands maîtres anciens et modernes chinois. \

l'a nnée dernière , l a Puis s a nce d u Marché

de l'ar t chinois a de va ncé une Fois e nc ore

celle de s aMéricain s

qi baishi, eagle Standing on pine tree. l’œuvre s’est vendue l'équivalent de 57 m$ en 2011 à pékin

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the RuSSiAN iMpeRiAL FouNDAtioN FoR CANCeR ReSeARCh

entretien avec le grand-duc geoRges mikhaïloviTCh de Russie

cult ure ( s ) / Phil a n throPie ( s )

geoRges Romanov

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la philanThRopie, du gReC anCien phi-LoS « amouReuX » eT ANthRôpoS « homme » eT paR eXTension « genRe humain » esT une doCTRine de vie qui meT l’huma-niTé au pRemieR plan. un philanThRope seRaiT donC « un amouReuX du genRe humain » ? le gRand-duC geoRges, héRiTieR d’une longue TRadiTion philanThRopique, l’esT assuRémenT, noTammenT au TRaveRs de sa FondaTion, Fondée paR sa mèRe la gRande-duChesse maRia vladimiRovna, CRéée aFin de ReCueilliR des Fonds pouR la ReCheRChe eT le développemenT des TRaiTemenTs ConTRe le CanCeR, une des pRinCipa les Causes de moRTaliTé en Russie. Ren-ConTRe, donC, aveC un homme de CœuR.

Pouvez-vous nous présenter votre Fondation ?

la Russian imperial Foundation for Cancer Research (RiFCR) est une organisation de bienfaisance que j’ai voulu établir pour aider à la recherche, contre le plus grand fléau de notre temps. notre mission est de recueillir des fonds avec lesquels nous soutenons des projets et des initiatives liés à la recherche contre le cancer. parmi les différents projets qui nous sont soumis, notre Comité scientifique (composé d’experts inter-nationalement reconnus dans le domaine de la recherche et du traitement du cancer) en sélectionne certains en vue de leur financement. nous essayons de focaliser nos actions vers des projets concrets et novateurs, en collaborant avec des centres de recherche réputés tel que le Luxembourg Centre for Systems Biomedecine.

Je précise également qu’il existe deux Fondations jumelles actuellement opérationnelles : une enregistrée à londres – the Russian imperial Foundation for Cancer Research – et une en Russie – the Russian imperial foundation for oncological Diseases. pour des raisons de transparence, la branche russe opère indépendamment de la branche européenne : elle est plus active sur le terrain, notamment dans les hôpitaux ou structures oncologiques. elle forme des médecins en Russie et facilite l’accès aux connaissances.

la Fondation européenne quant à elle, s’occupe principale-ment de financer des projets de recherche innovants. Je suis par ailleurs convaincu que l’avancement de la recherche est crucial pour permettre la progressive éradication de cette maladie. il y a quelques années encore, un cancer du sein était fatal, mais aujourd'hui l’espoir de guérison est de plus de 80 %.

Pourquoi avoir choisi cette « cause » : le cancer ?

J’ai voulu constituer cette Fondation sur l’élan des célé-brations du 400e anniversaire du premier tsar Romanoff, qui se sont déroulées en 2013. Ce fut une période très chargée pour moi, car j’ai effectué un grand nombre de voyages et de visites en Russie, et c’est là que j’ai moi-même pu constater les grandes différences entre l’avancement médical européen et russe.

malheureusement en Russie, l’accès aux soins reste très difficile et certains protocoles médicaux qui s’appliquent normalement en europe, ne le sont guère là-bas. J’ai été particulièrement touché par cette maladie, lors d'une visite dans un centre pour enfants atteints du cancer. Ce jour-là, je me suis dit que le temps était venu d’agir et que si je pouvais mettre mon nom au service d’une cause, je le ferais. aujourd’hui nous en sommes là : la Fondation a été créée, elle est enregistrée à londres, a un bureau à bruxelles et a été admise dans le « institute Fundraising » et le « Fundraising Standart Board », deux institutions garantes du sérieux de notre entreprise. nous collaborons avec des professeurs mondialement connus comme phi-lippe salem – que je tiens à remercier pour sa généreuse disponibilité. nous sommes sur le point de concrétiser une collaboration et de contribuer à financer un projet concernant le cancer du côlon avec un centre réputé.

Comment faites-vous pour inciter les donateurs ?

les gens sont très sensibles à la cause du cancer, car mal-heureusement cette maladie nous touche tous, de près ou de loin, et personne n’est à l’abri. ma première préoccupation est de montrer aux donateurs que la Fondation est 100 % transparente, et que mon équipe et moi-même sommes totalement engagés dans ce projet, car nous y croyons.

nous nous efforçons de leur expliquer nos projets, nous les invitons à se renseigner sur nous et nos strictes procédures de contrôle. ensuite, j’ai la chance de pouvoir compter sur un comité d’honneur et des ambassadeurs exceptionnels, que je tiens à remercier, et qui nous soutiennent activement pour répandre l’information sur la Fondation, mais aussi dans le cadre d’événement promotionnels ou caritatifs tels que des bals de charité, des dîners de galas, déjeuners d’affaires et autres conférences au profit de la Fondation.

nous travaillons sur le développement d’une ligne de merchandising de produits qui seront commercialisés sur notre site très bientôt et dont les bénéfices seront reversés à la Fondation. il s’agit de produits à la mode, que nous avons réussi à créer, grâce à l’aimable collaboration de professionnels tels qu’alessandra gucci et grégory breuer.

cult ure ( s ) / Phil a n throPie ( s )

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cult ure ( s ) / Phil a n throPie ( s )

Quels sont vos objectifs ?

Contribuer activement à la lutte contre le cancer. bien sûr, je suis réaliste sur le fait qu'il sera difficile d’éradiquer totalement la maladie à court-terme, cependant je reste

persuadé que face à un défi cette ampleur, chaque petit succès que nous remportons est non seulement une vic-toire pour notre génération, mais aussi un héritage pour nos descendants.

dans le même temps, notre objectif doit rester le plus large possible en termes de malades à traiter, raison pour laquelle nous poursuivons l’accroissement de nos capa-

cités de recherche et de financement. au quotidien c’est finalement l’espoir des malades qui nous stimule et qui nous motive à nous aligner sur les meilleurs standards de recherche et de thérapies possibles, permettant ainsi à notre fondation de devenir une référence et un modèle en Russie et partout ailleurs dans le monde. \

il y a quelque s a nnée s e nc ore , un ca ncer d u sein é tait Fatal , Mais

au jourd'hui l’e sPoir de guéris on e s t de Pl u s de 8 0 %

the russian iMPerial Foundation For cancer research

Rue de Pascale, 36 1040 BruxellesBELGIQUEwww.imperialfoundation.com

La Fondation est inscrite dans les registres de la UK Charity Commission sous le n°1149511, ainsi qu'auprès de l'Institute of Fundraising et du Fundraising Standards Board.

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www.clubdesleaders.com

Club des eadersL

GENEVA

GSTAAD

MONACO

LUXEMBOURG

LONDON

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hédonisme(S)

hé d onisMe ( s ) / age nda

daddy ! why did you leave me ?papa ! pouRquoi m’as-Tu abandonné ?Opéra-ballet en 2 actesCompositeur : Éric DigaudMise en scène : Mario BroccoliLe Reflet, Théâtre de VeveyDimanche 14 juin 2015

1er acte : un homme dans la cinquantaine en pleine crise existentielle supporte difficilement la solitude. il envi-sage de mettre un terme à sa vie alors qu’il a réussi dans sa carrière artistique. il a des souvenirs précis de sa petite enfance, là où tout a basculé. Ce passé, aussi pesant que flou, nourrit un grand ressentiment contre son destin. né d’une jeune vietnamienne et d’un père américain toujours en mouvement, la vie de l’enfant a basculé définitivement en 1974, moment où le père quitte le vietnam en les laissant. 2e acte : après la mort de ses parents adoptifs, cet homme découvre des correspondances qui remettent en question ses croyances sur son passé. il part au vietnam pour trouver la vérité. Cette quête plus ou moins fructueuse d’un passé fuyant trouvera-t-elle une issue heureuse ?

Le Reflet, théâtre de vevey4, rue du théâtre/1800 veveyBilletterie : + 41 (0) 21 925 94 94

www.leReFleT.Ch

FidelioOpéra en 2 actes de Ludwig van BeethovenMise en scène : Matthias HartmannDirection musicale : Pinchas SteinbergGrand Théâtre de GenèveDu 10 au 25 juin 2015

enfermement, soif de liberté et détermination aveugle de la passion amoureuse. léonore est prête à tout pour secourir son époux Florestan, emprisonné par le cruel gouverneur don pizarro dont il avait dénoncé les méfaits. des ténèbres, elle parviendra à ramener Florestan à la lueur du jour. seul et unique opéra de beethoven, Fidelio possède une aura dont très peu d’ouvrages du répertoire lyrique peuvent se prévaloir. À l’instar de la 9e symphonie, cette œuvre rayonne de l’idéalisme beethovenien. Cette musique, qui occupa le compositeur pendant plus de dix ans, tend aux valeurs universelles et véhicule un message fort : dans les plus grandes détresses où règne la tyrannie, l’homme ne doit cesser de cultiver l’espoir qui est son seul moyen d’accéder à la liberté. empruntant des éléments à l’orato-rio, au singspiel, à l’opéra de sauvetage et au grand opéra, Fidelio transcende les catégories de genre habituelles pour former une œuvre grandiose et profondément ancrée dans le patrimoine culturel mondial.

Grand théâtre de Genève5, place Neuve/1204 GenèveBilletterie : + 41 (0) 22 322 50 50/[email protected]

www.geneveopeRa.Ch

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hé d onisMe ( s ) / age nda

FesTival auTouR de mme de sTaËlThéâtreChâteau de CoppetDu 15 au 19 juin 2015

la machine à remonter le temps existe bel et bien et elle se trouve au Château de Coppet. plongez dans l’univers de germaine de staël ! dans le décor réel où la célèbre femme écrivain rédigea ses plus grands textes, vivez des soirées de théâtre comme vous n’en avez jamais vécu. un cadre enchanteur où l’histoire s’est jouée, où Chateaubriand, Juliette Récamier, sismondi, lord byron, goethe, benja-min Constant ont séjourné : venez assister aux plus belles pages de la littérature française dans un décor féerique. sous les étoiles, à l’aube des longues soirées d’été, revivez les grandes heures du théâtre français portées par des artistes d’exception. Cette saison, le festival vous propose cinq soirées : une plaidoirie offerte par le plus grand orateur genevois, maître marc bonnant. une soirée historique

avec marie-antoinette. une soirée romantique avec le philosophe Raphaël enthoven et le spectacle La Confession d’un enfant du siècle d’alfred de musset. une soirée grand public avec Ruy blas de victor hugo revisité par un metteur en scène inspiré par un cinéaste populaire (gérard oury, La Folie des Grandeurs). et une soirée musicale et littéraire avec liszt et goethe.

Billetterie : + 41 (0) 79 451 64 06/www.ticketcorner.com

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Adapter votre image à votre mode de vie, aborder certains changements avec un nouvel élan et un dynamisme. C’est un investissement dans la réussite professionnelle et personnelle.

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vaRiaTions musiCales de TannayConcertsChâteau de TannayDu 22 au 30 août 2015

Chaque été, les variations Musicales de tannay proposent des concerts de qualité dans un lieu d’exception : le château de Tannay et son parc dominant le lac. une programmation soignée avec des artistes de haut niveau répond à l’attente d’un large public, qui accède ainsi aux plus belles œuvres du répertoire classique. À quoi s’ajoutent une grande proximité avec les musiciens et une ambiance conviviale. initier les jeunes à la musique classique est également une priorité du festival en leur offrant notamment un concert didactique et gratuit le samedi après-midi. la promotion de jeunes artistes est aussi l’un de ses objectifs. les variations Musicales de tan-nay s’assurent d’année en année la présence de musiciens de très grande renommée. on peut citer ainsi parmi beaucoup d’autres les sœurs labèque, gvantsa et khatia buniatishvili, nicholas angelich, alexandre Tharaud, ophélie gaillard ou encore le trio wanderer, Renaud Capuçon, alexandra Conunova et boris beresovsky. le festival accorde aussi une place importante à de jeunes interprètes ayant déjà fait montre d’un talent rare comme louis schwizgebel, mélodie Zhao, béatrice berrut, Camille Thomas, Rachel kolly d’alba et edgard moreau. au programme cette année : Camille Thomas, violoncelliste, Renaud Capuçon, violoniste, laure Favre-kahn, pianiste, alexandra Conuva, violon, boris berovsky, piano et anne gastinel, violoncelle.

Chateau de tannay6, route F-L-Duvillard/1295 tannayBilletterie : www.ticketcorner.com/ [email protected]

www.musiCales-Tannay.Ch

ConCeRTs d’éTé À sT geRmainDirection musicale : Arié Van BeekRécitant : Alain CarréSolistes de l’OCGOrchestre de Chambre de GenèveDimanche 9 et lundi 10 août 2015

igor stravinsky (1882-1971). l’histoire du soldat sur un texte de Charles-Ferdinand Ramuz

L’orchestre de Chambre de Genève1, rue Gourgas/1205 GenèveBilletterie : + 41 (0) 22 807 17 90/[email protected]

www.ConCeRTs-sT-geRmain.Ch

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eXpéRienCes de véRiTé : gandhi eT l’aRT de la non-violenCeExpositionMusée international de la Croix-Rouge et du Croissant-RougeDu 15 avril 2015 au 3 janvier 2016

la non-violence évoque d’abord un visage, un sourire, une silhouette reconnaissable entre toutes : celle du mahatma gandhi. dès 1927, gandhi publie un récit autobiogra-phique qu’il intitule « mes expériences de vérité ». Ce titre fait référence au satyagraha, cette « force de la vérité » qui constitue la pierre angulaire de la résistance civile telle qu’il l’a défendue et illustrée tout au long de sa vie. Jalon de la pensée et de l’action non-violente, la biographie de gandhi s’imposait donc comme fil conducteur et comme titre d’une exposition sur l’art et la non-violence. le par-cours personnel, spirituel, éthique et politique de gandhi se dessine dans toute sa complexité à travers de multiples documents, dont une remarquable série de photographies d’henri Cartier-bresson. mais l’exposition évoque aussi l’ampleur de son héritage : expériences de vérité révèle la non-violence comme une force d’inspiration puissante des arts visuels. en une centaine de pièces, l’exposition fait dialoguer les cultures, les arts et les techniques : peintures tantriques, parchemins du Coran, sculptures jaïn, icônes grecques. des artistes contemporains comme marlene dumas, dan Flavin, amar kanwar, kimsooja, yves klein, Robert Rauschenberg ou ai weiwei renouvellent à leur tour les messages de non-violence. expériences de vérité : gandhi et l'art de la non-violence est organisée par the Menil Collection, houston.

Billetterie : + 41 (0) 22 748 95 95/[email protected]

www.RedCRossmuseum.Ch

gsTaad menuhin FesTival & aCademyConcertsDu 16 juillet au 5 septembre 2015

l’été, à gstaad, la vie locale est rythmée par la musique : concerts, académie de musique, classes données par des maestro. une succession de stars internationales, de jeunes artistes en séjour et de mélomanes réjouis partagent leur passion dans la nature grandiose de l’oberland bernois. Cet été, c’est le pianiste français Jean-yves Thibaudet qui, invité en résidence, ouvrira les feux le jeudi 16 juillet en l’église de saanen. sa deuxième performance le fera rencontrer l’enfant chérie du festival, la violoncelliste sol gabetta dans un programme puissant et pétri de caractère, mettant en valeur ce que l’âme russe peut avoir à la fois de plus sauvage et de plus langoureux… au milieu de la kyrielle de concerts aux programmes dits classiques – où le violon, le piano, les orchestres se taillent certes une place privilégiée – le jazz ne saurait être absent (stefano bollani, le 23 juillet à lauenen). souvenir du père yehudi menuhin qui, jouant avec stéphane grappelli et Ravi shankar, a été le premier artiste classique à rapprocher des cultures qui s’ignoraient. dès le 15 août, fidèle à une tradition qui chaque année prend de l'ampleur, c’est autour de trois chanteurs dans le vent que le gstaad menuhin Festival proposera un fantastique éventail de grandes voix : Jonas kaufmann le 21 août, erwin schrott le 29 août dans don giovanni et Franco Fagioli, le contre-ténor baroque, le 9 août en l’église de saanen. difficile de citer tous les chefs qui se succéderont : kristjan Jarvi, ivan Fischer, philippe Jordan, Zubin mehta, neeme Jarvi… les pianistes daniil Trifonov, katia buniatishvili, Fazil say, andràs schiff pour n’en citer que quelques-uns.

Billetterie : + 41 (0) 33 748 83 38

www.menuhinFesTivalgsTaad.Ch

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8 viNS GeNevoiS à L’hoNNeuRLa sélection de market

3. domaine ChâTeau du CResT ChâTeau Rouge aoC 2012 Type : vin Rouge (60 % gamaReT, 40 % pinoT noiR)

les cépages sont élevés en foudre de chêne pendant 11 mois, ce qui permet de favoriser la micro-oxygénation du vin. le nez est très expressif, avec des notes poivrées et de fruits des bois. la bouche est structurée, avec des tanins souples, qui la rendent ample. il est parfait avec de la viande rouge grillée, des fromages corsés ou encore une salade de fruits rouges.

4. domaine du ChâTeau du CResT pRemium Rouge aoC genève 2012 Type : vin Rouge (70 % meRloT, 30 % gamaReT)

Ce vin est un assemblage de nobles cépages. élevé en fût de chêne durant 11 mois, on y retrouve l’équilibre entre les tanins du bois et la puissance du vin. le nez est très aromatique, avec des arômes de fruits confits, de myrtille et d’épices. la bouche est veloutée, avec des tanins fins et soyeux. un accompagnement idéal pour un carré d’agneau, de champignons des bois ou encore d’un fromage bleu.

5. domaine des balisieRs sauvignon blanC 2011 Type : vin blanC (sauvignon)

une robe jaune pâle et lumineuse, qui ne laisse pas présager une telle explosion exotique au nez. Ce sauvignon très aromatique est marqué par la mangue, les fruits exotiques et le citron vert. en bouche, il est toujours aussi intense avec des agrumes et bourgeons de cassis et se termine par une note finale acidulée.

3.

1. domaine de la vigne blanChe assemblage de Cépages nobles 2010 Type : vin Rouge (50 % gaRanoiR, 50 % meRloT)

une robe rouge et intense. un nez épicé et fruité, avec un parfum de toast vanillé. la bouche est ronde, charpentée et bien équilibrée avec une très longue persistance aroma-tique. C’est un vin typique des assemblages rouges réalisés à genève. il est à la fois très puissant et très fruité. le vin parfait pour les viandes rouges corsées et le gibier.

2. domaine de la vigne blanChe espRiT de genève 2010 Type : vin Rouge (50 % gamay, 30 % gamaReT, 20 % CabeRneT sauvignon)

le nez libère des arômes légèrement boisés, puis laisse apparaître le caractère fruité du vin. la bouche est tout en rondeur avec une belle structure tanique, et l’on y retrouve des notes de fruits rouges et de cassis. l’accompagnement idéal des plats épicés.

4.

1. 2.

5.

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6. Cave de genève inTuiTion genève aoC 2014 Type : vin blanC (sauvignon gRis eT musCaT)

Cet assemblage de sauvignon gris et de muscat est d’une douceur remarquable et d’une grande pureté. le nez se distingue par des arômes puissants de rose et de violette. en bouche, il est mœlleux, ample, avec une finale propre aux grands vins. C’est le compagnon idéal des fromages à pâte persillée, des desserts au chocolat amer et des marrons glacés.

7. Cave de genève la Clé du Temps genève aoC 2014 Type : vin blanC (viognieR)

le viognier est un cépage qui donne un vin sec et exubérant. Ce cru offre une puissante trame aromatique basée sur la pêche blanche, la poire et l’abricot. la robe est jaune pâle, limpide. sa bouche a une attaque souple, avec une structure basée sur la fraîcheur. il se sert volontiers à l’apéritif, avec un fromage de chèvre.

8. Cave de genève la nomade 2014 Type : vin blanC (ChaRdonnay)

Ce Chardonnay a une robe jaune aux reflets dorés, un nez puissant avec d’agréables arômes typiques tels que fleurs blanches et agrume. la bouche est ample et élégante, qui se traduit par un bel équilibre entre fraîcheur et rondeur. À déguster avec des poissons, viandes blanches et fromages comme l’appenzeller et le chèvre frais. la nomade rend hommage à ella maillard, exploratrice, photographe et écrivain suisse, amoureuse des grands espaces.

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Ce grand mousseux gene-vois est produit à partir de chardonnay. Une merveille de raf nement à l’apéritif ou avec les entrées!D’autres suggestions de vins vous attendent sur mondovino.ch

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MiCheL LAGARDe*

« Je ne suis pas un photographe au sens classique du terme. Je ne photographie pas une réalité présente. Je me sers des outils de prise de vue et de retouche informatique pour inventer, tel un peintre, une « vision photographique ». dans mon travail, la photographie, le théâtre, le cinéma, la peinture se rejoignent pour créer une image épique. Je raconte des histoires, j’illustre et photographie mon inconscient. un processus de travail long et complexe

puisque je pars d’une feuille blanche. Ce n’est pas vraiment moi que je mets en scène dans les dramagraphies, ce sont plutôt des rôles que j’interprète comme acteur ; la distanciation est importante, elle me permet de « projeter » les images plutôt que de les intérioriser. Je ne raconte pas ma vie, je m’amuse à l’interpréter. »

miChel lagaRde

Photogr aPhe d u Mois

*michel lagarde vit et travaille à paris. déco- rateur, scénographe et photographe, il dessine et peint depuis l'enfance. l'idée de la série « drama-graphies » lui est venue il y a une dizaine d’année, lorsqu'il se mit à mélan- ger dessins par ordinateur et photographies.

quand la mer monte, michel lagarde. extrait de « dramagraphies » aux editions ankama

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