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Abridged English Version The floods of 27-28 December 1999 in the Gironde estuary caught the authorities unawares. They believed they had established an effective mathematical model of prevention. However, numerous precedents of flooding had been docu- mented since the 6 th century AD. Usually these floods are lin- ked to the volume of rain falling on the entire watershed, but other parameters come into play on the Gironde (the estuary shared by the Garonne and the Dordogne), such as its funnel shape, characteristic of macrotidal estuaries; the nature of engineered defences (poorly constructed dykes); and, signi- ficantly, the wind pattern. During the December 1999 storm, when winds frequently exceeded 150 km per hour, flood levels reached between 1.20 m (Le Verdon) downstream and 2.45 m (Le Marquis) upstream above the normal high tide level. In the Blaye district, the breaching of dykes caused flooding of 5000 ha of land and of the nuclear site of Braud-Saint-Louis which consists of four units of 900 MW. This site was flooded despite the prior existence of a dyke (inadequate and poorly constructed) and this generated considerable concern. Since then, EDF (Électricité et Gaz de France) has reviewed site protection and has increased the height of the original dyke from 4.75 m to 8 m. Frequent flooding of the Garonne high- lights the problem of risk prevention plans (Plans pour la Prévention des Risques, or P.P.R.), which the authorities are unwilling to adopt. Risk prevention requires a certain level of political courage and determination. However, out of more than 200 communes at risk of flooding, no more than about 30 mayors have agreed to subscribe to such plans. Géomorphologie : relief, processus, environnement, 2002, n° 2, p. 127-134 L'inondation dans la basse vallée de la Garonne et l'estuaire de la Gironde lors de la "tempête du siècle" (27-28 décembre 1999) Flooding in the Garonne valley and the Gironde estuary caused by the "storm of the century" (27-28 December 1999) Jean-Noël Salomon* Résumé Les inondations des 27-28 décembre 1999 dans l'estuaire de la Gironde et la basse vallée de la Garonne ont surpris les autorités par l'ampleur des dégâts provoqués, menaçant notamment une centrale nucléaire, et ce en dépit de l'élaboration de "modèles" informatiques. L'observation et l'analyse "naturalistes" (fonctionnement des hydrosystèmes et géomorphologie de l'estuaire) montrent alors qu'elles conservent toute leur pertinence. Encore faudrait-il ne pas négliger ces enseignements de la géographie physique. Le courage politique est de favoriser la prévention et non de céder à l'approche mercantile ou du clientélisme. Mots clés : tempête, inondation, estuaire, risque, aménagement, Gironde. Abstract The floods of December 27 and 28, 1999 in the Gironde estuary and the lower Garonne valley surprised the authorities by the wides- pread nature of the damage caused. This included threats to a nuclear power station even though computer risk simulations had been set up. An analysis of how hydrosystems and the geomorphology of the estuary work reminds us that the "naturalistic" approach that is specific to physical geography has lost none of its relevance. An analysis of local attitudes to risk management recommends that policy making should be motivated by the will to favour prevention rather than by short-term profiteering or vote catching. Key words: storm, flood, estuary, risk, planning, Gironde. * L.G.P.A.-INTERMET. Institut de Géographie et d'Aménagement, Université Michel de Montaigne-Bordeaux-3. Campus universitaire, 33607 Pessac. E-mail : [email protected]

L'inondation dans la basse vallée de la Garonne et l ...hmf.enseeiht.fr/travaux/CD0708/beiere/4/html/documents/surcote... · 5000 ha of land and of the nuclear site of Braud-Saint-Louis

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Abridged English Version

The floods of 27-28 December 1999 in the Gironde estuarycaught the authorities unawares. They believed they hadestablished an effective mathematical model of prevention.However, numerous precedents of flooding had been docu-mented since the 6th century AD. Usually these floods are lin-ked to the volume of rain falling on the entire watershed, butother parameters come into play on the Gironde (the estuaryshared by the Garonne and the Dordogne), such as its funnelshape, characteristic of macrotidal estuaries; the nature ofengineered defences (poorly constructed dykes); and, signi-ficantly, the wind pattern. During the December 1999 storm,when winds frequently exceeded 150 km per hour, flood levelsreached between 1.20 m (Le Verdon) downstream and 2.45 m

(Le Marquis) upstream above the normal high tide level. Inthe Blaye district, the breaching of dykes caused flooding of5000 ha of land and of the nuclear site of Braud-Saint-Louiswhich consists of four units of 900 MW. This site was floodeddespite the prior existence of a dyke (inadequate and poorlyconstructed) and this generated considerable concern. Sincethen, EDF (Électricité et Gaz de France) has reviewed siteprotection and has increased the height of the original dykefrom 4.75 m to 8 m. Frequent flooding of the Garonne high-lights the problem of risk prevention plans (Plans pour laPrévention des Risques, or P.P.R.), which the authorities areunwilling to adopt. Risk prevention requires a certain level ofpolitical courage and determination. However, out of morethan 200 communes at risk of flooding, no more than about30 mayors have agreed to subscribe to such plans.

Géomorphologie : relief, processus, environnement, 2002, n° 2, p. 127-134

L'inondation dans la basse vallée de la Garonne et l'estuaire de la Gironde lors de la "tempête du siècle"

(27-28 décembre 1999)

Flooding in the Garonne valley and the Gironde estuarycaused by the "storm of the century" (27-28 December 1999)

Jean-Noël Salomon*

RésuméLes inondations des 27-28 décembre 1999 dans l'estuaire de la Gironde et la basse vallée de la Garonne ont surpris les autorités parl'ampleur des dégâts provoqués, menaçant notamment une centrale nucléaire, et ce en dépit de l'élaboration de "modèles" informatiques.L'observation et l'analyse "naturalistes" (fonctionnement des hydrosystèmes et géomorphologie de l'estuaire) montrent alors qu'ellesconservent toute leur pertinence. Encore faudrait-il ne pas négliger ces enseignements de la géographie physique. Le courage politiqueest de favoriser la prévention et non de céder à l'approche mercantile ou du clientélisme.

Mots clés : tempête, inondation, estuaire, risque, aménagement, Gironde.

AbstractThe floods of December 27 and 28, 1999 in the Gironde estuary and the lower Garonne valley surprised the authorities by the wides-pread nature of the damage caused. This included threats to a nuclear power station even though computer risk simulations had beenset up. An analysis of how hydrosystems and the geomorphology of the estuary work reminds us that the "naturalistic" approach thatis specific to physical geography has lost none of its relevance. An analysis of local attitudes to risk management recommends thatpolicy making should be motivated by the will to favour prevention rather than by short-term profiteering or vote catching.

Key words: storm, flood, estuary, risk, planning, Gironde.

* L.G.P.A.-INTERMET. Institut de Géographie et d'Aménagement, Université Michel de Montaigne-Bordeaux-3. Campus universitaire, 33607 Pessac.E-mail : [email protected]

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Introduction

Les inondations des 27-28 décembre 1999 ont été surpre-nantes pour les autorités bien qu'elles aient été précédées pard'autres d'ampleur comparable, du moins selon les normesdes modèles mathématiques mis au point par les servicestechniques. En effet, l'estuaire et la Garonne avait déjàconnu des phénomènes de marée-tempête comparables en1981 (13 décembre) et en 1988 (18 mars), pour ne pasremonter plus avant dans le temps. Mais un modèle mathé-matique n'est pas la Nature et le fait de négliger un ou deuxparamètres (le rôle du vent par exemple) aboutit à donnerdes informations erronées, ou largement sous-estimées.L'observation et l'analyse "naturalistes" sont alors, dans biendes cas, d'un bien meilleur secours.

Les précédents

Ville portuaire, dans un site de fond d'estuaire, la ville deBordeaux est doublement menacée par les inondations à la foispar l'amont (la Garonne) et par l'aval (l'estuaire de la Gironde),sans compter les multiples "jalles" ou petits cours d'eauaffluents qui rejoignent le fleuve au niveau de l'agglomération.Comme le souligne J.-C. Yvard (1996), les crues anciennes,jusqu'au XVIIe siècle ne peuvent être comparées aux déborde-ments actuels car les paysages ne sont plus les mêmes. Le bas-sin versant de la Garonne a été largement aménagé tandis queBordeaux perdait ses remparts comme autant de "levées" pro-tectrices. C'est pourquoi la crue millénale de 1770 ne fit quepeu de dégâts tandis que celle de 1981 causa de gros ravages.

Les inondations ont été fréquentes à Bordeaux et sont par-faitement prévisibles. J. Serret (1900) a pu répertorier 213 casallant du VIe siècle à 1900. La mention la plus ancienne estcelle de Grégoire de Tours en 585. Parmi ces crues, une qua-rantaine ont eu une grande ampleur comme celles de 1435 (àAgen, l'inondation aurait été supérieure de 80 cm à celle de1875), ou de 1770 où la Garonne atteignit 8,52 m à Bordeaux.La crue de mars 1930 est également restée un temps dansles mémoires (12,20 m à Langon soit 12 cm de plus qu'en1975) qui fit environ 200 victimes. Le tableau 1 indiquequelques-unes de ces crues catastrophiques.

Ces crues ont été liées essentiellement à l'abondance desprécipitations sur une grande partie du bassin versant, maiselles furent en partie pondérées par le fait que celui-ci étaitautrefois beaucoup plus boisé que de nos jours et que lessurfaces cultivées et imperméabilisées étaient moindres :les crues ne provoquaient que des dégâts relatifs d'autantque les enjeux exposés étaient beaucoup moins importantsqu'à présent. Par ailleurs, la complexité du bassin fait qu'ilest à la fois rassurant et inquiétant de noter que la Garonnen'a jamais véritablement "fait le plein", les différentes cruesdes affluents s'étant davantage succédé que cumulées.

Cependant d'autres types d'inondations sont à mettre enrelation avec les grandes marées et/ou les tempêtes océa-niques, comme celle du 30 janvier au 3 février 1952, favori-sée par un flux de vents du nord-ouest pénétrant dans l'es-tuaire (Pardé, 1953 ; Enjalbert, 1953) et la période de maréed'équinoxe. La crue de 1879 qui éprouva durement l'agglo-mération bordelaise en submergeant les quais des deux rivesa été fortement aggravée par les fortes marées. La mise enœuvre des principaux réseaux routiers n'avait pas assez prisen compte les risques des crues extraordinaires. J.-C. Yvard(1996) cite le rapport de M. Daney, conseiller municipal :"Le fléau de l'inondation, qui avait épargné notre ville en1875, vient d'atteindre le quartier de la Bastide où il exercedepuis hier de cruels ravages, ce que rien ne laissait pré-voir" (déjà!). Un autre adjoint (M. Baysselance) précisaitque : "la situation a été aggravée par les fortes marées et lesvents violents" (soufflant du nord-ouest, c'est-à-dire dansl'axe de l'estuaire). On retrouve une situation du même ordreen décembre 1981 à Bordeaux et sur l'estuaire car il y eutcoïncidence entre les flots de la crue et les marées montantesde fort coefficient (Gazelle, 1984). En Gironde, 142 com-munes riveraines furent sinistrées.

Ainsi les principaux mécanismes de l'inondation sont-ilsconnus depuis belle lurette : fortes précipitations sur le bas-sin versant à l'amont ou au droit de l'estuaire (rôle desjalles), basses pressions et tempêtes océaniques, fortesmarées enfin. Pourtant, pour bien des "aménageurs" et élusmunicipaux les inondations restent "imprévisibles" (sic!).

Les principaux caractères de l'estuaire

L'estuaire de la Gironde est le plus vaste d'Europe (70 kmd'Ambès à la Grave, 450 km2 à marée basse et 635 km2 àmarée haute). C'est un véritable bras de mer situé à l'extré-mité nord de la plaine des Landes. Sa morphologie en enton-noir (fig. 1) permet à la fois une pénétration importante de

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Jean-Noël Salomon

Année Date Hauteur d’eau

1435 octobre 11 m (cote d’Agen)1604 22 novembre1618 février1652 26 juillet1678 fin juillet1712 10 juin1770 5-7 avril 10,84 m et 8,52 m à Bordeaux1802 juin1835 juin1855 juin 10,32 m à Bordeaux1856 12 mai1875 24 juin 11,75 m (cote d’Agen)1879 février plus de 500 morts1900 décembre1918 mai1927 11 mars1930 2 mars 10,68 m et 12,20 m à Langon1952 février 10,26 (cote de Tonneins)1975 février 9,60 m à Bordeaux1981 13-15 décembre 9,50 (cote à Marmande)1999 27-28 décembre 7,05 m à Saint-Louis-de-Montferand

Tableau 1 – Chronologie de quelques grandes crues catas-trophiques de la Garonne.

Table 1 – Chronology of some great catastrophic floods ofthe Garonne river.

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la marée et une accélération des courants par son rétrécisse-ment vers l'amont. En outre, l'estuaire est bordé de maraiscontraires, c'est-à-dire plus déprimés au fur et à mesurequ'on s'éloigne des bords du fleuve, notamment en rivedroite (fig. 2), ce qui est favorable à une permanence del'inondation, les eaux ayant beaucoup de mal à rejoindrel'estuaire, une fois installées sur les marais. Ceci est particu-lièrement notable au niveau du marais de Braud-et-Saint-Louis. Enfin, la largeur de l'estuaire (6 à 10 km) et son orien-tation (NNW) constituent une possibilité de fetch et donc laformation d'une houle, ce qui est tout à fait remarquable.

Si l'élargissement natureldu lit majeur de la Gironde estbien fait pour étaler les eauxd'inondation venues d'amont,en revanche cette dispositionconcentre le flux montant. Lapropagation de la marée dansl'estuaire est variable. L'am-pleur de la marée dynamiquedépend surtout du marnage(maximum 5,50 m), maisaussi de la pente du lit sub-mergé, de la largeur et de laprofondeur de l'estuaire et dudébit fluvial. Elle n'a donc pasla même importance en vives-eaux et en mortes-eaux, enétiage, en eaux moyennes eten crues. En période de fortscoefficients, le flot est parfoisprécédé d'un mascaret (jus-qu'à 50 cm). On remarqueraqu'il y a absence de corréla-tion absolue entre forts coeffi-cients de marée et crue : aujusant, les volumes des eauxmis en mouvement (biensupérieurs aux débits moyens

du fleuve) peuvent vidanger l'estuaire et amortir la crue. Enrevanche à marée montante, ils constituent un obstacle àl'écoulement notamment lors des hautes marées d'équinoxe(cas de mars 1976) ou de celles, à fort coefficient, des autrespériodes de l'année (février 1879, février 1893).

Lors de la tempête de fin décembre 1999, la surcote auVerdon a atteint entre 1,20 à 1,50 m (il n'y a pas eu de relevéprécis en raison de la panne de l'appareil) mais la forme enentonnoir de l'estuaire, en canalisant les flots, n'a fait qu'ag-graver les choses vers l'intérieur ; à Pauillac, où la hauteurd'eau à la pleine mer aurait dû être de 5,05 m, on a atteint les

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L'inondation dans la basse vallée de la Garonne et l'estuaire de la Gironde lors de la "tempête du siècle"

Fig. 1 – La morphologie enentonnoir de l'estuaire favorisel'inondation en amont lorsquele flux (marée et/ou vents) estmontant. 1 : chenal de naviga-tion (6 m et plus) ; 2 : slikke etschorre ; 3 : marais inondable ; 4 :profondeurs (de 1 à 6 m) ; 5 : îlesalluviales ; 6 : hauteurs de la sur-cote les 27 et 28 décembre 1999.

Fig. 1 – The funnel shape of theestuary favours flooding ups-tream when the flow (tideand/or winds) is rising. 1: navi-gation chenal (6m and more); 2:slikke and schorre; 3: submer-sible marsh; 4: deepness (from 1to 6 m); 5: alluvial islands; 6: ele-vation of the storm surge on 28and 29 December 1999.

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7,05 m, soit une surcote de 2 m. À Ambès, la surcote aatteint 2,20 m et 2,35 m à Bordeaux. Le record a été atteintau marégraphe du lieu dit Le Marquis, en aval de Saint-Louis-de-Monferrand, avec 2,45 m (4,60 m prévus pour7,05 m relevés). Ensuite, tous les marégraphes, submergés,sont devenus inopérants. Les communes de rive droite(Ambès, Saint-Louis-de-Monferrand) ont été noyées sousplus d'un mètre d'eau. À Bordeaux, le fleuve est passé par-dessus les quais et des dizaines de voitures, imprudemmentgarées en rive gauche, ont été inondées.

Contrairement à ce qui a été avancé en Gironde, le phé-nomène de surcote n'est pas aussi rarissime qu'on l'a dit : en1935, il y avait eu une surcote de 2 m au Verdon, mais sansconséquence parce que le coefficient de marée n'était que de54. Vu la simple surcote de décembre 1999, l'eau aurait dûaffleurer le sommet des digues et légèrement déborder, maisil y avait le vent (cf. infra).

Le vent : un paramètre sous-estimé

Cependant c'est sans doute un autre facteur, le vent, qui asurpris le plus les prévisionnistes. Pourtant il existait desprécédents proches. Ce dernier paramètre a toujours étésous-estimé en dépit des informations obtenues de l'inonda-tion précédente du 13-15 décembre 1981. Celle-ci avait sub-mergé Saint-Louis-de-Montferrand et Saint-Vincent-de-Paul ainsi qu'une partie de la commune de Latresne. Un rap-port officiel consécutif (DRAE-DIREN, 1982) avait taxé de"phénomènes aggravants fort importants qu'il serait dange-reux de sous-estimer" la marée et la tempête. On y souligneque le vent avait conduit "à la formation de véritablesvagues dans la basse plaine inondée". En dépit de cesremarques et du fait qu'une hauteur record avait été atteinte,sans qu'il y ait eu concordance des phénomènes naturelsparoxysmaux, aucune étude sur la probabilité d'un dépasse-ment des cotes critiques ne fut réellement entreprise.

Or c'est un véritable ouragan qui a dévasté le Sud-Ouestdans la nuit de lundi 27 à mardi 28 décembre 1999. En effet,on accorde cette appellation à une tempête lorsque les ventsatteignent force 12 sur l'échelle de Beaufort, c'est-à-dire unevitesse supérieure à 118 km/h. Il se trouve que cette vitessea été très largement dépassée en de nombreux endroits, tantsur le littoral qu'à l'intérieur des terres. Sur la côte atlantique,Météo France a relevé des pointes à 194 km/h à Royan, 162à Rochefort, plus de 200 à l'île d'Oléron, 173 au Cap Ferret,148 à Biscarrosse. Ces chiffres dépassent ceux qui furentobservés lors de l'ouragan Hortense (4 octobre 1984) où lesvents avaient soufflé à 166 km/h au Cap Ferret, 116 à Bor-deaux-Mérignac et 113 à Biscarrosse, et sont réputés commeexceptionnels. À l'intérieur, les vitesses ont été égalementstupéfiantes avec 158 km/h à Cognac, 137 à Angoulême,120 à Périgueux, 144 à Bordeaux-Mérignac, 120 à Agen,140 à Pau et 148 à Maseube, dans le Gers. Un record fut éta-bli en montagne, dans les Pyrénées, avec plus de 215 km/hau Pic du Midi.

On sait que les vagues sont dues au vent et qu'elles appa-raissent dès que sa vitesse excède 3 à 4 m/s. Les caractéris-tiques des vagues dépendent de la vitesse du vent, de ladurée pendant laquelle il souffle mais aussi de l'étendued'eau qu'il affecte : c'est le fetch. Or le fetch de l'estuaire dela Gironde est suffisamment étendu (entre 1 et 3 km) pourque des vagues importantes puissent se former. Lors de latempête, le vent a levé une houle avec des creux de 1,50 mselon les données officielles et des hauteurs significatives del'ordre de 2 m ont été observées au déferlement en rive

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Jean-Noël Salomon

Fig. 2 – Profils topographiques des marais de Braud-et-Saint-Louis et de Saint-Bonnet-sur-Gironde. Exemples de maraiscontraires, favorable à l'inondation.

Fig. 2 – Topographic profiles through the marshes of Braud-Saint-Louis and Saint-Bonnet-sur-Gironde. These typicalbackswamps are vulnerable to flooding.

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droite, particulièrement exposée. L'énergie libérée par lahoule à la côte explique que bien des digues aient étédémantelées d'autant que quelques troncs d'arbres charriéspar le fleuve se sont transformés en béliers et ont fait explo-ser les parapets en certains endroits.

Mais un autre phénomène, largement ignoré par les amé-nageurs, a joué un rôle important. On sait qu'à l'approche durivage, lorsque les vagues sont freinées par le fond, elles seréfractent tout en déferlant, ce qui se traduit par des coupsde boutoir qui fragilisent les défenses. Vu la simple surcote,l'eau aurait dû affleurer le sommet des digues (4,75 m NGF)et légèrement déborder, mais la houle a fait passer l'eau, envagues successives, par-dessus les levées, et d'autant plusfacilement que les dragages répétés des chenaux rejettent lesboues sur les rives constituant ainsi une sorte de tremplin(fig. 3). C'est ainsi que les communes de rive droite (Ambès,Saint-Louis-de-Monferrand) ont été envahies par plus d'unmètre d'eau, laquelle, en phase de vidange, ne pouvait plusretourner vers le fleuve du fait de la présence de ces mêmesdigues !

Dans l'arrondissement de Blaye, la rupture des digues aentraîné l'inondation de 5 000 ha de terres et celle du sitenucléaire de Braud-et-Saint-Louis qui comporte quatretranches de 900 MW. Or les parties les plus basses des bâti-ments ont été envahies et l'eau s'est précipitée dans les gale-ries techniques des bâtiments où le niveau a atteint de 1 à 4m (incident de niveau 2) provoquant l'arrêt durable de deuxréacteurs. Conçues pour résister au feu, les portes n'ont puempêcher l'eau de mettre hors d'usage des équipementsconçus comme cruciaux pour la sécurité de la centrale : le

circuit d'injection de sécurité (RIS), le système d'aspersionde l'enceinte (EAS) et la moitié des pompes du circuit SECqui prélèvent l'eau dans l'estuaire pour assurer le refroidis-sement nucléaire. L'inondation a mis en exergue un "défautde conception" obligeant EDF à effectuer des modificationsimportantes pour mettre le site à l'abri d'un événement sem-blable, ou supérieur en gravité. La centrale de Braud étaitprotégée par des mesures de sécurité déduites d'une modéli-sation reposant sur un système d'hypothèses. Étaient pris encompte le niveau du plan d'eau dû à une faible pressionbarométrique, des phénomènes marins tels que la surcotemarine millénale et la marée de coefficient 120, ainsi que lacrue millénale du cours d'eau. C'est ainsi que la cote majo-rée de sécurité avait été estimée à 4,00 m NGF au momentde la construction du site dans les années 70 ce qui condui-sit à un calage de la plate-forme du site à 4,50 NGF. L'Au-torité de sûreté a considéré que le risque d'inondation devaitêtre réduit (normes plus sévères, par exemple en majorant de15 % le débit de crue millénale). Le site fut donc ceinturépar une digue dont la hauteur était de 5,20 m NGF en frontde Gironde et de 4,75 m NGF ailleurs. Or les constats faitssur le site après la tempête montrent que l'eau a franchi desobstacles situés entre 5 m NGF et 5,30 m NGF.

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L'inondation dans la basse vallée de la Garonne et l'estuaire de la Gironde lors de la "tempête du siècle"

Fig. 3 – Le mécanisme de l'inondation de décembre 1999 auniveau de la centrale du Blayais.

Fig. 3 – The December 1999 flooding mechanism near the LeBlayais nuclear power station.

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La réalité a donc souligné la faiblesse de la constructionintellectuelle. Par exemple à Bordeaux, un vent d'une vitessede 100 km/h a une durée de retour de 2 ans et un de 130 km/h,une durée de retour de 10 ans. Des vents très forts ne sontdonc pas aussi rares que certains l'ont prétendu ; aussiconvient-il, en matière d'aménagement comme de protectionet sécurité civile, d'en tenir compte. D'ailleurs, le 11 janvier2000 (après la tempête), l'Autorité de sûreté nucléaire en apris acte aussitôt : "L'inondation survenue sur le site duBlayais le 28 décembre dernier révèle une prise en compteinsuffisante des phénomènes dynamiques liés à des ventsforts". En clair, on n'avait pas prévu que les digues protégeantla centrale pouvaient être submergées et pourtant les condi-tions maximales de l'inondation ont été loin d'être réunies !

La perte financière liée au problème de la centrale a étésupérieure à 150 000 euros, et de vives protestations se sontélevées de la part des associations écologistes. Depuis, ladigue a été relevée à 6,20 m et la centrale a été équipée deportes étanches. Toutefois par une lettre rendue publique le7 juin 2000, le Directeur de la Sûreté des InstallationsNucléaires met à nouveau en demeure EDF de respecter sesengagements relatifs à la protection contre les inondations(?). Aux dernières nouvelles, EDF construira une digue et unmur de 8 m NGF, complétés par un dispositif brise-houleconstitué d'enrochements de très grosses dimensions (blocsd'environ 1,50 m), placés en avant de la digue.

La difficulté de la prévention à l'épreuve des faits

Ce n'est qu'après la crue de 1981, en mars 1985, qu'unepremière étude vit le jour portant sur l'éventail de facteurssusceptibles de contribuer à des cotes élevées de la Girondeet de la Garonne. Dix-huit paramètres différents furent rete-nus, classés en trois catégories : maritimes (marée notam-ment), météorologiques (pluie et vents) et fluviaux (débit).Cette étude soulignait la prépondérance des phénomènesmaritimes avec les surcotes en mer et les coefficients demarée, sur les autres paramètres. C'est à partir de cette pre-mière étude que fut élaboré, en cinq ans, un modèle mathé-matique permettant la simulation des événements fluvio-maritimes à Bordeaux.

Le 18 mars 1988, une vague, assimilée à un mascaret horsnormes, submergea les digues et les quais de Bordeaux,comme celui de Paludate, noyant les véhicules en stationne-ment. Les parapets érigés ne servirent qu'à retenir les eaux,ralentissant l'évacuation de ces dernières vers le fleuve.L'événement était lié à la conjonction de plusieurs phéno-mènes : une crue en amont et un fort coefficient de marée(110), enfin un vent du nord prenant en grande partie l'es-tuaire en écharpe. Ces observations ne semblent pas avoirété intégrées au modèle.

En mars 1990, une nouvelle étude établit la liste de onzeévénements exceptionnels susceptibles d'affecter l'estuaireet en 1994 une cartographie des zones inondables basées surl' "événement 7" était réalisée (le maximum étant l'événe-ment 11). Cette cartographie susceptible de servir de réfé-rence pour l'établissement des Plans de Prévention aux

Risques naturels (P.P.R.) présentait un danger pour nombred'aménageurs et d'élus soucieux de préserver des zones delotissement ou d'installations de zones artisanales, etc.(Salomon, 1997). Aussi cette cartographie fut-elle accueilliepar un tollé général. Cette pression politique fit que seull' "événement 5" est désormais pris en considération pour lesplans de développement communaux. Aucune limitationdraconienne de l'urbanisation, ni soins minutieux apportésaux ouvrages existants de protection ou de drainagen'avaient été entrepris jusqu'à la tempête des 27-28décembre dont les effets sont comparables à ceux prévus parl' "événement 7".

La marée et le débit

Heureusement les 27 et 28 décembre 1999 le coefficient demarée fut modeste : 77 (sur une échelle de 120). Mais dansl'estuaire de la Gironde, comme sur la Seudre en Charente, lephénomène a été aggravé par les eaux fluviales arrivant ensens inverse, en raison des fortes précipitations enregistréessur le bassin versant au cours de la journée (environ 50 mmen moyenne). La Garonne possède un bassin versant de57 000 km2 si bien que lors des fortes crues, les débits sontsusceptibles d'atteindre 5 000 à 7 500 m3/s (contre 1500 m3/sen crue moyenne). Le bassin versant de la Dordogne est pluslimité (24 000 km2) mais encore suffisamment importantpour apporter de grandes quantités d'eaux.

Les deux masses d'eau (marée et fleuve) se sont doncopposées et l'eau douce s'est littéralement empilée sur le flotmontant. La Garonne, perçant quelques digues mal entrete-nues, s'est étalée hors du lit sur plusieurs kilomètres. Heu-reusement le débit de la Garonne était loin d'être exception-nel puisque la valeur relevée au Bec d'Ambès, à laconfluence de la Garonne et de la Dordogne, était de1500 m3/s (contre 900 m3 pour un débit moyen). Il s'agissaitdonc d'une crue modeste. Les débits récents de décembre1981 étaient largement supérieurs, et que dire de ceux de juin1875 (plus de 7500 m3/s à Toulouse !) et de ceux de 1930.

La basse Garonne sort fréquemment de son lit comme, parexemple, en 1981 (9,5 m de hauteur d'eau à Marmande),1996 et 1999 pour la période la plus récente. Les inonda-tions provoquées par la tempête de décembre 1999 ne sontdonc pas les plus fortes possibles imaginables, ce qui devraitinterpeller les élus.

Les conséquences morphologiques

Dans la nuit du 27 décembre, les eaux saumâtres passèrentpar-dessus les digues bordant l'estuaire de la Gironde, enva-hissant les terres reprises au fleuve depuis le XVIIe siècle,parfois sur plusieurs kilomètres de largeur. Les brèchess'étendaient sur une longueur de 20 km. Par ailleurs, lesembruns ont été transportés jusqu'à 50 km à l'intérieur dupays. Après le retrait de la submersion, dans le Médoccomme dans le Blayais près de 5 500 ha de zones céréalièresétaient recouverts d'une vase salée sur une épaisseur de15 cm environ. Quelles seront les conséquences pour lesfutures récoltes ?

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Jean-Noël Salomon

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Sur les terrains humides, qui étaient très boisés, la dispa-rition de nombreux arbres qui au printemps favorisaientl'évapotranspiration a entraîné une remontée des nappesphréatiques, d'autant que de nombreux fossés de drainageont été obstrués. Des dépressions ont été inondées etquelques marais se sont formés. Des proliférations de mous-tiques ont été observées. Cependant, les conséquences sur lemilieu naturel et le paysage ne sont guère significatives etdans quelques années elles ne seront plus guère percep-tibles.

Une politique de gribouille

La Garonne déborde fréquemment, c'est une évidenceattestée par les chroniques. Aussi, cet aspect devrait-il sen-sibiliser chacun des élus qui, jusqu'à ce jour, rechignentlorsque les services de l'État brandissent la nécessité demettre en place des plans de prévention des risques (PPR).En Gironde, sur plus de 200 communes répertoriées inon-dables, une trentaine seulement sont dotées aujourd'hui deces plans destinés à renforcer la protection des biens.Aucune des communes situées sur la rive droite de laGaronne, en aval de Bordeaux, ne figure sur cette liste, pasplus que Bordeaux. Nous avons vu qu'une première ébauchede cartes des zones inondables, à partir d'un calcul maxima-liste (baptisé "événement 7") avait soulevé une protestationdes édiles au cours de l'année 1998. Les élus criaient à "l'ex-cès réglementaire", à "la méconnaissance des situationslocales" et à "l'asphyxie économique". Depuis, les servicesde l'équipement ont réduit la définition des périmètres vul-nérables, mais les nouvelles cartes n'ont toujours pas eul'agrément des mêmes élus en faveur de la prévention...C'est le cas de la commune de Saint-Louis-de-Monferrandoù le PPR, basé sur l' "événement 7", avait déclenché desréactions hostiles et certains avaient souhaité avec force unerévision du plan à la baisse. Et comme la procédure des PPRpermet aux résistances locales de bloquer le système, ellesne s'en privent pas. La prévention des risques demande unecertaine forme de courage politique.

Les digues destinées à protéger les espaces conquis sur lesmarais et le fleuve ont souvent été submergées. Ces avatarsmettent en cause le Port autonome de Bordeaux, gestion-naire pour le compte de l'État du plan d'eau de l'embou-chure, de celui de l'estuaire et de la Garonne. De fait biendes digues étaient souvent délabrées et incapables de s'op-poser aux vagues. Outre son coût (estimé à 55 millions defrancs soit près de 8,5 millions d'euros), la surélévation desdigues risque d'accentuer dangereusement le creusement del'estuaire et des phénomènes d'érosion latérale, compensa-toires. En arrière de ces dernières, le formidable réseau defossés et canaux édifié par les ingénieurs hollandais étaitbien dégradé. Les éclusiers ont disparu pour raisons "écono-miques" et l'entretien des installations délaissé : nombreuxsont les canaux obstrués par la végétation. Dans les vastesétendues gagnées sur les marais pour être livrées à l'agricul-ture intensive, les petits fossés, qui faisaient perdre de la sur-face cultivable et introduisaient des discontinuités, ont étésupprimés, remplacés par des drains qui se bouchent ou se

brisent. On a également éliminé les vannes "à l'ancienne",qui portaient le joli nom de "paresseuses" – celles qui fontobstacle au flot montant pour ne laisser passer que l'excé-dent d'eau douce – et on les a remplacées par des pompes derelevage ... électriques (incapables de fonctionner lors de latempête !). Pire, certaines portes à flot du Blayais ou duMédoc ont été bloquées ou même soudées, pour empêcherl'eau de s'écouler. Les chasseurs ont procédé à ces ferme-tures pour empêcher les assèchements réalisés par les maïsi-culteurs et garder de l'eau pour les mares à gibier.

Conclusion

Outre la gravité qu'elle atteint parfois, l'inondation retientl'attention par son caractère composite. Elle résulte de lasuperposition d'un phénomène cosmique parfaitement pré-visible - la marée -, des effets directs du débit du fleuve éga-lement prévisibles, de la dépression barométrique encoreprévisible à très court terme et enfin, de ceux de la morpho-logie de l'estuaire et du vent, paramètres largement sous-estimés dans les modèles informatiques ; l'hydraulique del'ingénieur n'est pas celle du géographe et les deux auraientintérêt à travailler en collaboration.

Depuis la tempête de décembre 1999, un accent particu-lier a été mis sur la réévaluation de la sûreté des installationsnucléaires face aux phénomènes naturels de nature paroxys-male (séismes, crues ou sécheresses, grands froids, etc.).Lorsqu'il s'agit de la sécurité de dizaines ou de centaines demilliers de personnes, mais aussi du coût économique quirésulte des dégâts (l' "incident" de la centrale du Blayais acoûté 70 millions de francs sans compter la perte de pro-duction), il ne faudrait pas prendre comme maxima les évé-nements de décembre 1999. En effet, la sécurité exige quel'on prenne en compte non pas des événements forts, maisles événements extrêmes et en conjonction les uns avec lesautres ; par exemple crue centennale, avec marée de fortcoefficient (> à 110) et forte surcote (+ 2 m). Il faut égale-ment tenir compte des éléments morphologiques des lieuxconsidérés, plus statiques mais non négligeables (forme enentonnoir de l'estuaire, morphologie du lit fluvial). Dans lecas de la centrale nucléaire du Blayais, même avec un murde 8 m, on est loin du compte.

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L'inondation dans la basse vallée de la Garonne et l'estuaire de la Gironde lors de la "tempête du siècle"

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Article reçu le 8 mars 2001, accepté le 7 septembre 2001

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Jean-Noël Salomon