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Cadiot, Valentin : Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle, Paris, INALCO, 2012 1 Magistère C2I : Communication Interculturelle de l’Inalco Filière Communication et Formation Interculturelles Institut National des Langues et Civilisations Orientales Les sports d’aventure : Vecteurs de la démarche interculturelle Mémoire de fin de première année soutenu par Valentin CADIOT Directeur de recherche : Peter Stockinger Promotion 2011-2012

Les sports d'aventure : vecteurs de la démarche interculturelle

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Les sports d'aventure : vecteurs de la démarche interculturelle. Valentin Cadiot : Mémoire de 1ère année de Magistère de Communication Interculturelle de l'Inalco (Institut National des Langues et Civilisations Orientales)

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Magistère C2I : Communication Interculturelle de l’Inalco

Filière Communication et Formation Interculturelles

Institut National des Langues et Civilisations Orientales

Les sports d’aventure :

Vecteurs de la démarche interculturelle

Mémoire de fin de première année soutenu par

Valentin CADIOT

Directeur de recherche : Peter Stockinger Promotion 2011-2012

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Cadiot, Valentin : « Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle. »

R a p p o r t pour l’obtention du Diplôme du Magistère de niveau M1 en Communication

Interculturelle de l’INALCO (Mag-C2I). Paris, Institut National des Langues et Civilisations Orientales

(INALCO) – Filière de Communication et Formation Interculturelle (CFI), 2012

Jury d’examen

1 – Peter Stockinger 2 – Michel Fournié

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A François, sans qui je n’aurais jamais découvert la montagne.

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R é s u m é

« Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle ». Le

problème posé dans ce travail consiste à essayer de comprendre dans quelles mesures la pratique d’une activité sportive dite « d’aventure » engendre un dialogue des cultures, et d’analyser en quoi le tourisme d’aventure favorise-t-il la découverte et le respect des autres cultures. L’objectif est donc double. Il est à la fois de démontrer que la pratique de ces sports participe au développement de la démarche interculturelle, et de montrer que le tourisme d’aventure offre une alternative au tourisme de masse, en terme de respect de la diversité culturelle.

L’étude de ce sujet a été faite en se fondant sur trois sports d’aventures représentatifs : l’escalade, l’alpinisme et le trekking, en étudiant en particulier le développement du trekking et de l’alpinisme au Népal, et ses conséquences sur les populations, ainsi qu’en s’appuyant sur des points de vue de professionnels des sports d’aventures : des guides de haute montagne et des formateurs à l’ENSA (Ecole Nationale de Ski et d’Alpinisme).

La pratique des sports d’aventure permet donc d’engendrer des rencontres interculturelles, mais celles-ci ne sont pas sans conséquences, et il convient de les identifier et de les comprendre.

A b s t r a c t

« Adventure sports: vectors of the intercultural approach ». The problem in this

work is to understand to what extent the practice of an “adventure sport” creates a dialogue between cultures, and to analyze how adventure tourism does promote the discovery and respect of other cultures. There are two main goals in this work. It is both to demonstrate that these sports helps develop the intercultural approach, and to show that adventure tourism offers an alternative to mass tourism, in terms of respect for cultural diversity.

This study was based on three representative adventure sports: rock-climbing, mountaineering and trekking, exploring in particular the development of trekking and mountaineering in Nepal, and its consequences on local populations, as well as asking the point of view of professionals about adventure sports : mountain guides and instructors at the ENSA (National School of Ski and Mountaineering) located in Chamonix, France.

The practice of adventure sports can therefore lead to intercultural encounters, but these are not without consequences, and should be identified and understood.

レジュメ

「冒険のスポーツ:アプローチの異文化間のベクトル」。この論文の課題

は「冒険」と呼ばれるスポーツの行うことは異文化間の対話を生成します。どの程

度まで理解しようとすると、冒険旅行が推進方法を分析することであることか他の

文化のための発見と尊敬しますか?目的は 2 つあります。それは両方がこれらのス

ポーツが異文化アプローチを開発し、冒険旅行は、文化的多様性の尊敬の観点から、

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マスツーリズムに代わるものを提供することを示すに役立つことを実証することで

ある。

この主題の研究は 3つの代表的な冒険のスポーツに基づいて行われます:ロッ

ククライミング、登山、とトレッキング。特にネパールでトレッキングや登山の発

展、と国民にその結果を分析します。ついに、冒険のスポーツのプロの視点で描き

ます:そのプロは ENSA(スキーと登山の国立学校)での山岳ガイドやインストラ

クター。

冒険のスポーツの行うことは、したがって、異文化間の出会いにつながることがで

きますが、これらは影響がないわけではありません。それらを識別し、理解する必

要があります。

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S o m m a i r e

RESUME………………………………………………………………………………………………………….5 ABSTRACT……………………………………………………………………………………………………....5

レジュメレジュメレジュメレジュメ...............................................................................................................................................5

AVANT-PROPOS………………………………………………………………………………………………..8 CHAPITRE 1 INTRODUCTION : SPORTS D’AVENTURE ET INTERCUTUREL……………………….9

1.1 LES SPORTS D’AVENTURE...........................................................................................................9

1.2 L’INTERCULTUREL……………………………………………………………………………………………….10

1.3 LIEN ENTRE SPORTS D’AVENTURE ET DEMARCHE INTERCULTURELLE…………………..…….10

1.3.1 Le tourisme d’aventure…………………………………………………………………………10 1.3.2 Problématique…………………………………………………………………………………..11

CHAPITRE 2 DEMARCHE DE MA RECHERCHE…………………………………………………………12

2.1 LES OBJECTIFS DE MON ETUDE…………………………………………………………...…………12

2.2 LES DIFFERENTS AXES DE RECHERCHES……………………………………………………..……12

2.2.1 Trois sports définis……………………………………………………………………………..12 2.2.2 « Porteurs de l’Himalaya » : Un ouvrage spécifique………………………………………..13 2.2.3 Le point de vue d’un guide de haute montagne……………………………………………..13 2.2.4 L’offre de voyage des agences de tourisme d’aventure……………………………………14

CHAPITRE 3 L’ESCALADE…………………………………………………………………………………..15

3.1 PRESENTATION DU SPORT…………………………………………………………………………...15

3.2 LA « CULTURE DU ROCHER »……………………………………………………………………...….17

3.3 L’ESCALADE ET LA DEMARCHE INTERCULTURELLE………………………………………...……..18

CHAPITRE 4 LE TREKKING ET L’ALPINISME……………………………………………………………20

4.1 LE TREKKING, UN NOUVEAU MODE DE TOURISME……………………………………………..….20

4.2 L’ALPINISME, UNE SOURCE DE RICHESSE INTERCULTURELLE…………………………………..20

4.3 DES PERCEPTIONS DIFFERENTES DE LA MONTAGNE……………………………………………..22

4.3.1 Montagne et spiritualité………………………………………………………………………...22 4.3.2 La vision occidentale de la montagne………………………………………………………..24 4.3.3 Etude de cas : La vision de la montagne au Népal…………………………………………24

CHAPITRE 5 SPORTS DE MONTAGNE ET DIVERSITE CULTURELLE………………………………27

5.1 LA CONQUETE DES ALPES ET DE L’HIMALAYA…………………………………………………...…27

5.1.1 Les Alpes, un affrontement des Nations……………………………………………………..27 5.1.2 L’Himalaya, un nouveau terrain de jeux……………………………………………………..29.

5.2 L’ATTRAIT POUR LES VACANCES SPORTIVES PROCHES DE LA NATURE, UN PHENOMENE

CULTUREL ? ..........................................................................................................................................30

5.2.1 La clientèle du trekking………………………………………………………………………...30 5.2.2 Le développement du trekking dans le tourisme……………………………………………32 5.2.3 Les raisons qui poussent l’Homme à faire de l’alpinisme………………………………….33.

5.3 LES ARGUMENTS DE VENTE DES AGENCES DE VOYAGES D’AVENTURE………………………..34

CHAPITRE 6 ETUDE DE CAS : LE TREKKING ET L’ALPINISME AU NEPAL……………………….36

6.1 LA DIVERSITE ETHNIQUE DU NEPAL ET LE MYTHE DU SHERPA………………………………….36

6.2 LE RAPPORT OCCIDENTAUX/GUIDES ET PORTEURS NEPALAIS………………………………….37

6.2.1 Les conséquences de la rencontre Occident/Népal par le tourisme d’aventure………...37 6.2.2 L’acculturation : Un des risques de la rencontre interculturelle ? ...................................38

CONCLUSION …………………………………………………………………………………………………40 ANNEXE…………………………………………………………………………………………………………43 BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………………………………….44 FILMOGRAPHIE………………………………………………………………………………………………..44 RESSOURCES INTERNET…………………………………………………………………………………...44

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A v a n t - p r o p o s

Le choix de ce sujet de travail de recherche découle de ma passion pour les

sports d’aventure, et en particulier des sports de montagne, comme l’escalade et

l’alpinisme. De mon expérience personnelle, et avec le temps, j’ai peu à peu réalisé

que c’est la pratique de ces sports qui m’a encouragé à voyager et qui m’a permis de

m’ouvrir sur le monde, sur ses différentes cultures, et ses langues multiples.

Pour le mémoire de fin de première année, à rédiger dans le cadre du

magistère en communication interculturelle de l’Inalco, j’ai donc immédiatement

pensé à trouver un sujet de recherche combinant à la fois ma passion pour les sports

d’aventure, mon goût pour les voyages, et mon intérêt pour la communication

interculturelle dans tout ce qu’elle implique.

Je suis donc très heureux d’avoir pu réaliser ce travail, qui vise à démontrer

que la pratique des sports d’aventure engendre un processus de démarche

interculturelle.

Ces sujets d’études me passionnent, je vous laisse les découvrir.

Valentin Cadiot

Paris - 03/06/2012

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C h a p i t r e 1

I n t r o d u c t i o n : Sp o r t s d ’ a v e n t u r e e t

i n t e r c u l t u r e l

1.1 Les sports d’aventure

Le terme de « sport d’aventure » est assez large, est renvoie à des activités

sportives qui se pratiquent majoritairement en milieux naturels, que ce soit en

montagne, en mer, dans des déserts, des forêts, sur des rivières, etc…

Nous pouvons essayer de faire une liste des sports d’aventures : Sports de

montagne (ski, alpinisme, escalade, randonnée,…), les sports d’eau (surf, kayak,

voilier, rafting, canyoning,…), les sports aériens (parapente, kite surfing, …) ou

encore le cheval, le VTT, la spéléologie, etc… Mais il est difficile de réaliser une liste

exhaustive de ces sports. En effet, la limite de ce qu’est un sport d’aventure n’est

pas clairement définie. D’un point de vue général, le sport d’aventure implique un

goût pour l’effort physique, un goût pour l’aventure, mais également un désir de

découverte, que ce soit la découverte d’une région du globe ou d’un milieu naturel

bien précis.

Ainsi les sports d’aventure se pratiquent souvent en fonction de

l’environnement naturel du pays où l’on est, de son climat, et de sa géographie.

Selon le pays où l’on se trouve, les conditions environnementales qu’il offre ne

permettent que la pratique de tel ou tel sport d’aventure. Certains pays sont donc

connus particulièrement parce que leur milieu naturel et les conditions

géographiques permettent la pratique d’un sport d’aventure précis. Par exemple, le

froid et la neige du grand nord canadien permettent de faire du chien de traîneaux,

les vagues de Hawaii favorisent la pratique du surf, ou encore les dunes de sables

du désert du Sahara encouragent la pratique du trekking et de la randonnée.

Nous pouvons donc dire que la pratique d’un sport d’aventure bien particulier

implique à la base un intérêt ou au moins une curiosité pour la « culture

environnementale et climatique » du pays d’origine de la pratique de ce sport.

C’est pourquoi les sports d’aventures favorisent les « voyages d’aventures »

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1.2 L’interculturel

D’un point de vue très général, le terme « interculturel » désigne une situation

d’interaction entre des individus de cultures différentes. Il existe de très nombreuses

définitions de la culture, voici l’une d’entre elles : « L’ensemble des traits distinctifs,

spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un

groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits

fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les

croyances.1 »

Il est important de prendre conscience de l’ampleur de la diversité culturelle

présente sur le globe. En effet de nombreuses « aires culturelles », elles mêmes

divisées en « sous cultures » couvrent l’ensemble du monde, où chacune a ses

particularités et des codes culturels différents. En connaissance de cette réalité, il est

devient alors intéressant d’observer et de comprendre ce qu’il se passe lorsque deux

individus ou deux groupes d’individus aux codes culturels différents entrent en

interaction les uns avec les autres.

Les notions de communication interculturelle et de démarche interculturelle

prennent alors tout leur sens, et témoignent d’une volonté d’un groupe culturel aux

codes culturels bien spécifiques à entrer en interaction avec un autre, à générer un

processus de communication et de découverte de l’autre. La démarche interculturelle

signifie que l’on prend part à un processus de communication interculturelle, et cela

suppose de : se décentrer (c'est-à-dire objectiver son propre système de références,

à s’en distancier, et donc de s’ouvrir à l’existence d’autres systèmes), se mettre à la

place des autres (c'est-à-dire développer des capacités d’empathie, et ne pas

généraliser), coopérer (dépasser les préjugés, faire la démarche d’essayer de

comprendre l’autre, comment il perçoit la réalité et comment il me perçoit).

1.3 Lien entre sports d’aventure et démarche interculturelle

1.3.1 Le tourisme d’aventure

1 Définition de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture)

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Pour comprendre le lien qui relie les sports d’aventure et la démarche

interculturelle, il convient de revenir au fait que la pratique des sports d’aventure

implique majoritairement le désir de la découverte d’un nouveau milieu naturel, et

d’un nouvel environnement, souvent d’un nouveau pays. Pratiquer un sport

d’aventure encourage donc à voyager et à pratiquer ce que l’on appelle le « voyage

d’aventure », donc de pratiquer le tourisme d’aventure, c'est-à-dire voyager dans une

optique de découverte d’un nouveau lieu et ce au moyen d’une activité sportive. « Le

tourisme d’aventure désigne par là des voyages de découverte d’un pays lointain,

dans des régions peu touchées par le tourisme de masse, selon une thématique à la

fois sportive et culturelle.2 »

Le rôle du tourisme d’aventure est donc très important car c’est bien lui qui

permet de mettre en route le processus de démarche interculturelle, en envoyant les

pratiquants de sports d’aventures découvrir de nouvelles régions du monde et les

cultures qui leur sont rattachées.

1.3.2 Problématique

Ainsi, c’est en m’intéressant à la pratique des sports d’aventure et aux

voyages que celle-ci peut entraîner, que je me suis posé deux questions, auxquelles

je vais tenter de répondre tout le long de ce travail :

- Dans quelles mesures la pratique d’une activité sportive dite « d’aventure »

engendre-t-elle un dialogue des cultures?

- En quoi le tourisme d’aventure favorise-t-il la découverte et le respect des

autres cultures?

2 SACAREAU Isabelle, Porteurs de l’Himalaya, le trekking au Népal, coll. Mappemonde, Belin, 1997, p14.

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Chapitre 2

Démarche de ma recherche

2.1 Les objectifs de mon étude

Mes recherches traitent deux sujets bien distincts : les sports d’aventures et la

démarche interculturelle, et visent à comprendre le lien qui les unis. Ainsi mon

objectif pour ces études est double.

Dans un premier temps, je souhaiterais démontrer que la pratique d’un ou des

sport(s) d’aventure, participe au développement de la démarche interculturelle, et

ceci pour plusieurs raisons que nous allons étudier tout au long de ce travail.

Dans un second temps, et après avoir défini le lien qui unissait les sports

d’aventure, la démarche interculturelle, et le tourisme d’aventure, je chercherais à

montrer en quoi le tourisme d’aventure pourrait offrir une alternative au tourisme de

masse, en terme de respect de la diversité culturelle.

2.2 Les différents axes de recherches

Mon travail sur les sports d’aventure et la démarche interculturelle se fondera

sur quatre axes de recherches et d’analyses, énoncés ci-après :

2.2.1 Trois sports définis

Tout d’abord, le terme de sports d’aventure étant relativement large et lié à

plusieurs interprétations, il sera difficile de traiter le sujet dans sa globalité, c'est-à-

dire d’étudier dans le détail une liste exhaustive de tous les sports d’aventure

existant.

C’est pourquoi pour traiter mon sujet, je vais me baser sur l’étude de la

pratique de trois sports en particulier, qui sont représentatifs des sports d’aventure et

illustrent bien ce que je vais chercher à démontrer dans mon travail.

Il s’agit :

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- De l’escalade : Le but de ce sport est de gravir un rocher ou une falaise de

tailles variables à l’aide de ses mains et de ses pieds. Pour ce sport, les grimpeurs

auront également besoin d’un matériel adapté (chaussons d’escalade) pour assurer

leur sécurité (baudrier, corde, casque,…)

- Du trekking : On parle également de « randonnée » ou de « grande

randonnée » pour ce sport. Il consiste à marcher à pied pour une durée d’un à

plusieurs jours, le plus souvent dans des régions montagneuses (Himalaya, Haut-

Atlas marocain, les Andes,…), mais également dans des zones de hauts plateaux

(Tibet oriental et central, altiplano bolivien,…) ou des déserts (désert du Sahara).

- De l’alpinisme : Cette pratique sportive consiste à gravir des montagnes en

haute altitude, et ce, à l’aide de ses membres et de matériel de montagne (corde,

baudrier, crampons, piolet, casque,…). Le plus souvent, l’alpinisme se pratique par

groupes de deux ou trois alpinistes, encordés les uns aux autres pour réaliser

l’ascension d’une montagne.

2.2.2 « Porteurs de l’Himalaya » : Un ouvrage spécifique

Après avoir sélectionné trois sports représentatifs de la pratique des sports

d’aventure, j’ai également sélectionné un livre de Isabelle Sacareau, Porteurs de

l’Himalaya, le trekking au Népal, que je vais étudier en profondeur et sur lequel je

vais me baser principalement. En effet ce livre aborde plusieurs thèmes sur le

développement du trekking et le développement du tourisme d’aventure au Népal,

avec les conséquences qui en découlent, et nous apporte ainsi des connaissances

profondes sur le sujet. Il y aura donc dans mon travail une analyse poussée sur la

pratique du trekking et de l’alpinisme au Népal, et sur ses conséquences en terme de

dialogue interculturel.

2.2.3 Le point de vue d’un guide de haute montagne

Au-delà de l’étude de l’ouvrage de Isabelle Sacareau, j’ai souhaité mener un

guide d’entretien avec monsieur Julien Laurent, guide de haute montagne. Il était

intéressant de connaître l’avis d’un professionnel des sports de montagne et de

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l’aventure, sur mes questions portant sur ce domaine. Julien Laurent est un jeune

guide originaire des Pyrénées et qui vit maintenant dans les Alpes-maritimes. Il fait

de la montagne depuis toujours et pratique l’alpinisme et l’escalade a proprement

parlé depuis vingt ans. Il exerce le métier de guide de haute montagne depuis cinq

ans. Il m’a ainsi semblé pertinent de lui demander son point de vue, en tant que

guide de haute montagne, fort d’une riche expérience en matière de sport d’aventure,

de voyages et de rencontres interculturelles.

D’autres guides de haute montagne, comme Christian Ravier, ont également

eu la patience de répondre à mes questions. Parmi eux se trouvent Jean Annequin

et Rémi Thivel, qui en plus du métier de guide, sont formateurs à l’ENSA (Ecole

Nationale du Ski et de l’Alpinisme) située à Chamonix.

2.2.4 L’offre de voyage des agences de tourisme d’aventure

Enfin, je compte analyser l’offre de voyage des grandes agences de tourisme

d’aventure. Pour analyser ces offres, je chercherai à savoir si ces agences utilisent le

fait de pouvoir découvrir une autre culture comme un argument de vente pour un

voyage sportif. Si c’est le cas, je chercherai à montrer l’importance que peut prendre

cet argument dans l’offre de voyage et plus largement au sein de ces tour-

opérateurs.

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Chapitre 3

L’escalade

3.1 Présentation du sport

L’escalade est un sport qui consiste à gravir un rocher, ou une falaise de

tailles variables. Pour se faire, le pratiquant doit se servir de ses mains et des ses

pieds mais aussi mobiliser l’ensemble des muscles de son corps, tout en jouant sur

différents équilibres et placements du corps.

Bien évidemment, puisque le grimpeur prends de la hauteur, il devient

dangereux pour lui de pratiquer ce sport. C’est pourquoi il est nécessaire d’avoir un

minimum de matériel d’escalade pour assurer sa sécurité.

Au sein de cette pratique sportive, nous distinguons trois disciplines

distinctes :

- La couenne : C’est la discipline de l’escalade la plus commune et la plus

pratiquée par les grimpeurs dans le monde en général. Elle consiste à gravir une

falaise, ou un mur mais seulement sur une longueur de corde. La hauteur des

falaises gravies va généralement de dix à quarante mètres de haut, mais peut aller

au-delà. Dans cette discipline l’effort est continu sur l’ensemble de la longueur de

voie d’escalade.

- Le bloc : Cette discipline est un peu moins courante que la précédente. Il s’agit

de gravir des blocs de rochers d’une hauteur allant de deux à six mètres environ. La

particularité de l’escalade de bloc est qu’elle se pratique sans corde pour s’assurer.

La hauteur des blocs à gravir étant moins importante, seule l’utilisation d’un matelas

(que l’on appelle crash-pad), placé correctement en bas du bloc, permet d’assurer la

sécurité du grimpeur en cas de chute de ce dernier. De plus, et contrairement à une

idée reçue, l’escalade de bloc bien qu’elle nécessite moins de prise de hauteur, n’est

pas plus facile que l’escalade en couenne. En bloc, l’effort est très court (entre

quinze secondes et deux minutes d’efforts environ) mais beaucoup plus intense.

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Cette discipline nécessite souvent de mettre en œuvre des mouvements très

techniques et beaucoup plus dynamiques. Ainsi, beaucoup de grimpeurs aiment faire

du bloc pour améliorer leur technique et leur gestuelle pour ensuite reprendre la

couenne.

- La grande voie : C’est cette discipline qui peut sembler la plus impressionnante

et la plus dangereuse en escalade. En effet, elle consiste à gravir des falaises de

taille beaucoup plus impressionnante, qui nécessite plusieurs longueurs de corde.

Les falaises de grande voie font généralement entre cent et quatre cent mètres de

hauteurs, mais peuvent aller au-delà des mille mètres de haut. C’est ainsi que les

notions de verticalité et de vertige prennent tout leur sens et ont enivré plus d’un

grimpeur, le motivant à vaincre ses peurs, repousser ses limites, et trouver l’aventure

au plus profond de soi. La grande voie permet ainsi de développer un effort long et

parfois intense, et requiert beaucoup d’endurance, car l’ascension d’une grande voie

et sa redescente prennent beaucoup de temps. Cela peut prendre trois heures pour

les grandes voies les plus courtes, ou encore trois jours pour les falaises les plus

grandes (comme par exemple la voie du Nose au parc national du Yosemite, en

Californie, Etats-Unis), où il devient alors nécessaire de passer la nuit au milieu de la

paroi. Dans cette discipline d’escalade, la sécurité est extrêmement importante car la

moindre erreur peu très vite devenir très grave. La grande voie nécessite ainsi

beaucoup de matériel de sécurité, beaucoup de rigueur, et d’engagement personnel.

Ainsi, l’escalade est un sport permettant de pratiquer différentes disciplines

très différentes et complémentaires les unes des autres, où chacun peut y trouver

son compte, ses sensations différentes. Il est par ailleurs intéressant de noter

qu’après tout ce que nous allons étudier sur le trekking, l’escalade ne s’inscrit pas

vraiment dans le tourisme d’aventure, c'est-à-dire que les agences de voyages

d’aventure ne proposent pas ou peu de pratiquer l’escalade dans leurs offres de

voyages. Voyager pour faire de l’escalade relève davantage d’une démarche

personnelle sans le besoin de passer par une agence. Ainsi, même en dehors du

tourisme d’aventure, d’autres disciplines sportives dites « d’aventure » favorisent la

démarche interculturelle. Ces sports dépassent donc le cadre du tourisme qui

favorise la rencontre des cultures, et l’escalade en fait partie.

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3.2 La « culture du rocher »

Pour comprendre en quoi l’escalade favorise le dialogue des cultures, il est

intéressant de noter qu’au sein de la discipline sportive même, une grande diversité

existe, que ce soit dans les disciplines (couenne, bloc, ou grande voie), dans les

pratiques (encordé avec un partenaire, ou en solo intégral, c'est-à-dire sans aucune

assurance,…), ou encore dans le rocher (calcaire, granit, grès,…). Ainsi, en fonction

des pays, les pratiques de l’escalade peuvent réellement différer, et tout l’intérêt pour

un grimpeur sera de pouvoir découvrir cette diversité en voyageant et en partageant

sa passion avec des grimpeurs d’autres pays.

Il existe par exemple ce que l’on pourrait appeler « une culture du rocher ». En

effet, selon le pays ou la région où l’on se trouve, la nature du rocher peut être

différente, formant des falaises et donc des voies d’escalade qui n’ont rien à voir

dans le style. Les Etats-Unis par exemple sont très connues pour avoir un rocher très

compact et des voies « en fissures », là où la France est davantage connue pour ses

voies en calcaires, sans jamais aucune fissure. Ainsi, un grimpeur américain

développera davantage sa musculature au niveau des épaules là où un Français

développera plutôt ses avant-bras. Par ailleurs, un très bon grimpeur français peut se

retrouver totalement démuni face à une voie en fissure aux Etats-Unis, nécessitant

une technique particulière à laquelle il ne sera pas familiarisé.

D’autre part, et pour illustrer à nouveau mes propos, les Espagnols sont

reconnues pour exceller dans l’escalade en dévers (c'est-à-dire une escalade

surplombante sur l’ensemble de la voie), qui nécessite beaucoup plus de force

physique et de dynamisme, contrairement à une escalade en dalle (c’est-à-dire sur

une voie à peine verticale) qui demande davantage de jeux d’équilibre, de

positionnement, et de techniques.

Enfin, les grimpeurs japonais sont connus pour préférer l’escalade de bloc à la

couenne ou à la grande voie. En effet, leur corpulence leur permet d’exceller dans le

bloc, qui nécessite des efforts courts mais extrêmement intenses et parfois violents,

sur des prises très petites et difficiles à tenir. Culturellement aussi, les grimpeurs

japonais préfèrent l’escalade de bloc parce que cette discipline nécessite peu de

matériel, et peut se pratiquer sans partenaire d’escalade. Ainsi, le bloc permet une

plus grande liberté individuelle, qui convient bien aux grimpeurs japonais.

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3.3 L’escalade et la démarche interculturelle

Pour comprendre en quoi la pratique de l’escalade favorise la démarche

interculturelle, il convient de l’illustrer par un évènement bien particulier. Il s’agit d’un

évènement organisé par Petzl, une des marques de matériels d’escalade les plus

connues. Cette entreprise organise chaque année le Petzl Roc Trip. Il s’agit de faire

partir toute une équipe de grimpeurs, parmi les meilleurs du monde et sponsorisés

par Petzl, chaque année dans un coin du monde différent, pour y découvrir des

falaises d’escalade. La dernière édition de l’évènement s’est déroulée en 2O11, le

Roc Trip avait lieu en Chine, au parc national de la rivière Getu, l’année d’avant

l’évènement se déroulait dans le Sud du Mexique, et en 2009 les grimpeurs se sont

retrouvés en France aux alentours de la ville de Millau. Au retour de chacun de ces

voyages, des comptes-rendus vidéo sont diffusés en masse sur internet pour la

communauté des grimpeurs, et les encouragent à découvrir des lieux d’escalade

partout dans le monde. Dans le film du dernier Petzl Roc Trip, les meilleurs

grimpeurs du monde, venant de Suède, des Etats-Unis, d’Espagne, de Grande-

Bretagne, de France, du Japon… découvrent une région reculée de Chine sur une

falaise de plusieurs centaines de mètres de haut le long d’une rivière. Nous les

observons découvrir ce nouvel environnement, les paysans chinois qui travaillent au

pied de la falaise, et faisant connaissance avec la communauté de grimpeurs chinois.

Autant de pays, de langues, et de cultures réunis autour de ce même sport. Une

grimpeuse japonaise affirme d’ailleurs : « Nous parlons tous la même langue :

l’escalade ».

Cet évènement illustre donc bien l’idée générale que la pratique de l’escalade

permet de créer une certaine curiosité pour la diversité culturelle, et donc

d’engendrer une démarche de dialogue interculturel, entre les grimpeurs de

différents pays. Pratiquer l’escalade donne envie de voyager, car cela permet de

découvrir dans un premier temps d’autres natures de la roche, d’autres paysages,

d’autres climats, d’autres personnes partageant la même passion ou non, et au final

de se créer toute une atmosphère de découverte, d’échange, et d’effort collectif.

L’escalade donnant envie de voyager, une thématique de voyage a ainsi fait

son apparition. Il s’agit du « tour du monde de bloc ». En effet, certains grimpeurs qui

en ont les moyens, s’organisent des tours du monde, avec pour objectif principal de

découvrir les meilleurs endroits pour pratiquer l’escalade de bloc partout dans le

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Cadiot, Valentin : Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle, Paris, INALCO, 2012

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monde, et donc de s’imprégner de toute la diversité des environnements et des

populations accompagnants ces lieux, que ce soit en Afrique, en Amérique du Sud,

en Europe, en Asie, ou partout ailleurs.

Nous retiendrons donc en conclusion de ce chapitre que la pratique de

l’escalade permet de mettre en place des rencontres interculturelles, entre des

grimpeurs désireux de découvertes et les populations relativement proches des lieux

de pratique d’escalade, ainsi qu’entre les grimpeurs des différents pays. Toutes ces

rencontres se font dans une optique d’échange et de partage, car la passion du sport

accorde tous les acteurs de la rencontre ensemble, et les mettent sur un même pied

d’égalité. Ainsi le guide de haute montagne Rémi Thivel estime que la pratique de

l’escalade a été pour lui un moyen de découvrir d’autres cultures : « Car l’escalade a

toujours été un prétexte aux voyages »3.

3 Propos du guide de haute montagne et formateur à l’ENSA (Ecole Nationale du Ski et de l’Alpinisme) Rémi

Thivel, recueillis lors d’un entretien.

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Chapitre 4

Le trekking et l’alpinisme

4.1 Le trekking, un nouveau mode de tourisme

Le trekking est une pratique sportive qui consiste à marcher en milieux

naturels sur des périodes allant de une à plusieurs journées pour découvrir des

régions isolées et souvent inaccessibles autrement qu’à pied. Généralement il s’agit

de grandes randonnées dans des régions montagneuses, à moyenne altitude, mais

également des zones désertiques. Ainsi le trekking peut se pratiquer sur tous les

continents, pour découvrir des régions peu connues du grand public, loin des

sentiers battus. S’ajoute à cela une notion d’autonomie. En effet, le trekkeur

transporte souvent avec lui sa tente, sa nourriture, pour disposer d’une plus grande

liberté de voyage. Mais il arrive également que l’hébergement du trekkeur se fasse

dans des refuges ou des gîtes qui se trouvent sur son chemin, voire même

directement chez l’habitant.

Il est intéressant de noter que le trekking est devenu un mode de voyage qui

se développe de plus en plus, dans le tourisme d’aventure, ou le « tourisme

équitable », par opposition au tourisme de masse. En effet, le fait de marcher à pied

tout le long de son voyage permet de se donner un rythme plus lent et de favoriser

les rencontres durant son séjour, en particulier si le parcours que l’on choisit fait que

l’on peut dormir chez l’habitant. De plus, marcher à pied a également un faible impact

d’un point de vue davantage écologique, et cela répond à une demande croissante

de voyageurs soucieux de l’environnement et du développement durable.

En somme, le trekking offre une alternative de mode de voyage qui répond à

différentes demandes des clients : voyager et relever un défi physique, mais

également découvrir des paysages grandioses, de rencontrer des populations et

leurs coutumes dans des régions isolées et loin de la foule, pour au final découvrir un

coin du monde, et se découvrir soi même.

4.2 L’alpinisme, une source de richesse interculturelle

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Cadiot, Valentin : Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle, Paris, INALCO, 2012

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L’alpinisme est une pratique sportive se déroulant dans un environnement de

haute montagne, parfois à très haute altitude. Le but de ce sport est de réaliser des

ascensions de montagnes et de gravir des sommets plus ou moins difficiles et

techniques, ainsi que de parcourir des glaciers. L’alpinisme peut se pratiquer dans

toutes les régions montagneuses du monde, et sa pratique est réputée en particulier

dans les Alpes (Europe) , l’Himalaya (Asie) , la cordillère des Andes (Amérique du

Sud) ou encore les rocheuses (Amérique du Nord). Dans tous ces lieux, des noms

de montagnes et de sommets mythiques existent.

Ainsi, l’envie de gravir ces montagnes pousse l’alpiniste à voyager, et par

conséquent, le pousse à aller vers d’autres cultures. Plus précisément, la pratique de

l’alpinisme fait que l’on a très vite de l’intérêt pour les grands massifs montagneux du

monde, et une envie de les découvrir, avec le pays qui leurs correspondent. En effet,

l’histoire de l’alpinisme fait que les pionniers dans la matière partaient totalement à la

découverte de ces massifs montagneux et à la découverte des populations qui s’y

rattachaient, si bien que dans les récits de leur aventure qu’ils ramenaient, la place

accordée à la découverte d’une culture différente n’était pas négligeable, par rapport

au récit des ascensions de montagnes elles-mêmes.4 C’est en partie par ces récits

que tout un mythe s’est crée autour de la montagne et des expéditions lointaines en

régions isolées. Ainsi, lorsqu’un alpiniste rêve de gravir une montagne, en réalité il

est également transporté par l’idée d’aventure liée à l’ascension et la découverte de

tout ce qui l’entoure, c'est-à-dire les populations alentours, ainsi que leur culture.

En conclusion, découvrons le témoignage du guide de haute montagne Julien

Laurent, qui se demande si la pratique des sports de montagnes est un moyen de

découvrir d’autre cultures : « Je suis absolument convaincu que la pratique des

sports de montagne a été un moyen de découvrir d’autres cultures. Dans le cadre de

ces sports, j’ai fait cinq voyages en Amérique du nord, deux en Amérique du sud,

trois en Afrique, un au moyen orient, deux en Asie, ainsi que de nombreuses

incursions de différents pays d’Europe. J’ai toujours de nouveaux projets à la clé.

J’aimerai ajouter que même au niveau national la richesse culturelle se manifeste par

de nombreuses différences entre par exemple les Pyrénées, la massif central ainsi

4 On trouve une illustration de cela dans l’ouvrage « Annapurna premier 8000 », qui retrace le récit de l’alpiniste

Mauricec Herzog et de son équipe française, qui furent les premiers à réussir à gravir un sommet de plus de 8000

mètres le 3 juin 1950 : l’Annapurna au Népal. Dans ce récit d’aventure, nous découvrons avec eux la culture

népalaise et surtout la population Sherpa qui les aidera énormément dans la réussite de leur entreprise.

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que les Alpes du sud et du nord. Ces différences correspondent aux différents us et

coutumes, aux dialectes, aux accents, à l’architecture, à la gastronomie et plus

généralement aux modes de vie. La pratique des sports de montagne est

indéniablement une source de richesse interculturelle qui favorise l’écoute d’autrui et

le respect de la différence.5 »

4.3 Des perceptions différentes de la montagne

Il y a autant de représentations différentes de la montagne que de cultures.

Les regards portés sur la montagne sont ainsi différents selon la culture, et mettent

donc en scène une divergence des représentations selon le pays ou la zone

géographique où l’on se trouve. Voici un aperçu de ses différentes perceptions de la

montagne.

4.3.1 Montagne et spiritualité

Dans la plupart des civilisations traditionnelles, beaucoup de visions de la

montagne sont fortement chargées spirituellement, voire religieusement. La

montagne à très haute altitude est hostile, elle semble inaccessible, ce qui lui

confère une part de mystère, qui lui donne un caractère divin. La montagne relie le

ciel et la terre par sa verticalité, la terre au divin, si bien que le fait de la gravir peut

relever d’un rite religieux, d’un voyage initiatique pour aller puiser dans le domaine

des dieux une purification du corps et de l’esprit. La montagne symbolise alors de

nombreuses notions antinomiques : la vie et la mort, le haut et le bas, l’action et la

contemplation, etc…6

Ainsi, de très nombreuses populations ont leur montagne sacrée. Chez les

Africains par exemple, les montagnes jouent le rôle d’êtres fabuleux, hantés par des

forces cachées. C’est un lieu où réside le sacré, on ne peut y pénétrer sans un guide

Initiateur sous peine de danger de mort. Pour illustrer cela, nous pouvons parler du

sommet de la main de Fatima au Mali, situé sur la route de Ga, une ville à 1220

kilomètres de Bamako. Selon la légende, une princesse du nom de Fatima se serait

5 Propos du guide de haute montagne Julien Laurent, recueillis lors d’un entretien.

6 Lire à ce propos : SACAREAU Isabelle, Porteurs de l’Himalaya, le trekking au Népal, coll. Mappemonde,

Belin, 1997, 273p.

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Cadiot, Valentin : Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle, Paris, INALCO, 2012

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transformée en cette montagne le jour de son mariage, lui conférant un caractère

sacré. De même au Japon, la montagne représente un lieu potentiellement

dangereux car habité de Kami, des esprits, qui pourraient être impitoyable si l’on

pénétrait leur territoire sans prendre de précaution. Le mont Fuji en particulier a eu et

a toujours une nature sacrée très importante dans la culture nippone, du fait de sa

parfaite symétrie et de sa taille imposante.

Parfois, la montagne est vue comme un domaine où vivent les dieux, mais

d’autres fois, c’est la montagne elle-même qui est la divinité. La montagne est alors

personnifiée. J’ai moi-même pu faire l’expérience d’une telle vision de la montagne

lors d’un voyage au Ladakh, dans la chaîne de l’Himalaya en Inde du Nord,

lorsqu’une nuit, lors d’un orage très violent au camp de base du mont Kang Yatse à

5000 mètres d’altitude, je découvris nos guides indiens apeurés, prier la montagne

de la sorte : « Kang Yatse, holy mountain ! Holy mountain ! 7». Par ailleurs, une autre

illustration de la divinisation de la montagne peut se faire en donnant le nom tibétain

du mont Everest, la plus haute montagne du globe (8848 mètres d’altitude) :

Chomolungma, ce qui signifie littéralement « La déesse mère des vents », ce qui lui

confère son caractère sacré.

Enfin, il convient de préciser que cette vision spirituelle de la montagne peut

aller en contradiction avec la pratique sportive de l’alpinisme, car l’alpiniste

pénétrerait alors des domaines sacrés qu’il ne faudrait normalement pas approcher

sans prendre des précautions. Ainsi, certains sommets sont interdits d’accès pour les

alpinistes. C’est le cas par exemple du mont Kailash en Chine, car la montagne est

sacrée pour trois grandes religions : Les Hindous, les Bouddhistes, et les fidèles de

Bön (la religion prédominante au Tibet avant l'avènement du bouddhisme). 8 De

même, le mont Machapuchare au Népal est interdit à tout ascension, car il serait

selon l’hindouisme la demeure du dieu Shiva, et est donc considéré comme très

sacré par la population locale.9

7 « Kang Yatse, montagne sacrée ! Montagne sacrée !»

8 A ce propos, le gouvernement tibétain en exil déclara ainsi le 8 mai 2001 : « Traiter la montagne la plus sacrée

au monde comme un vulgaire terrain de sport constituerait la preuve d'une insensibilité flagrante vis-à-vis des

sentiments religieux du peuple tibétain. » 9 Voici d’ailleurs une anecdote intéressante sur le mont Machapuchare : Alors que toute ascension était interdite

pour des raisons religieuses, une équipe d’alpinistes britanniques le gravit toutefois en 1957, mais en décidant de

s’arrêter à 50 mètres du sommet, par respect pour les croyances locales.

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4.3.2 La vision occidentale de la montagne

La vision occidentale de la montagne est très différente de ce que nous avons

vu précédemment. En effet, cette perception de la montagne a davantage tendance

à désacraliser la montagne, à ne pas reconnaître totalement son côté divin et

religieux. Dans les représentations occidentales de la montagne, celle-ci est

davantage humanisée, dans un esprit de contemplation de la nature, des forêts, des

lacs, des cascades, etc… Etant humanisée, elle retransmet également le mythe du

montagnard, et toutes les valeurs qui lui sont associés, c'est-à-dire le courage, le

dépassement de soi, la persévérance, l’endurance,… mais aussi la sérénité et

l’harmonie liée au phénomène de la contemplation de la nature dans sa dimension

esthétique.

Ainsi, la vision occidentale de la montagne est davantage liée à la dimension

sportive, à l’exploit sportif pur de l’alpiniste, indépendante de toute autre motivation,

qu’elle soit religieuse, scientifique, militaire, etc… Les montagnes renversent

totalement leurs valeurs, et ne sont plus effrayantes ni mystiques, mais deviennent

des terrains de jeux pour des alpinistes en quête d’exploit sportif, de dépassement

de soi, de découverte et de conquête.

C’est cet esprit de découverte et de conquête qui découlera d’ailleurs sur la

réalisation d’ascensions de tous les sommets des Alpes, puis très rapidement au-

delà, pour gravir des sommets toujours plus hauts, dans les Andes d’Amérique du

Sud, ou encore dans le chaîne de l’Himalaya en Asie, pour finalement parvenir au

sommet du point culminant du globe, l’Everest, et ses 8848 mètres d’altitude. A de

telles hauteurs, nous pouvons bel et bien parler d’exploit sportif, tant l’oxygène y est

rare et les dangers liés à l’environnement montagneux sont nombreux.

4.3.3 Etude de cas : La vision de la montagne au Népal

Si la vision de la montagne des Occidentaux a plutôt tendance à la

désacraliser, pour la représenter davantage comme un terrain de jeux pour l’homme,

où celui-ci doit pouvoir se surpasser lui-même, mais aussi se confronter aux

éléments naturels et ainsi réaliser des exploits sportifs, il convient de préciser que

certains alpinistes et trekkeurs aspirent à chercher dans la montagne une autre

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Cadiot, Valentin : Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle, Paris, INALCO, 2012

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signification davantage spirituelle, qu’ils vont chercher notamment en Himalaya, et en

particulier au Népal.

En effet, la représentation de la montagne par les habitants du Népal est très

différente de celle des Occidentaux, car ces habitants ont davantage une vision

sacrée des montagnes de l’Himalaya, liée à la religion bouddhiste et hindouiste

présente dans le pays. Ainsi, comme nous l’avons vu plus tôt, certains sommets sont

interdits d’accès pour toute ascension pour des raisons religieuses, comme le mont

Machapuchare, haut de 6993 mètres, considéré comme la demeure du dieu hindou

Shiva, ou encore le mont Khumbilha (5761 mètres d’altitude), la montagne sacrée

des Sherpa du Khumbu, l’une des régions du Népal. « Les hautes montagnes sont

considérées dans l’ensemble de l’aire culturelle hindoue et bouddhiste comme le

séjour des dieux, le refuge des ermite et des saints. Les grandes divinités

protectrices, créatrices de l’humanité, résident sur les sommets de l’Himalaya,

associées au monde céleste et abstrait »10. Pour illustrer à nouveau ce processus de

divinisation des montagnes, nous pouvons également nous référer au nom sanskrit

de l’Everest, « Sagarmatha », qui renvoie à Sangar, l’un des noms donnés à Shiva.

Pour les Népalais donc, la montagne est un lieu sacré, un domaine des dieux, où la

présence de l’homme n’est pas recommandée. « Pour le Népalais, s’aventurer dans

le sanctuaire d’une montagne divinisée c’est commettre un sacrilège, transgresser un

interdit dont le châtiment risque d’être la mort. Le caractère sacrée de ces sommets

fait que leur ascension constitue une violation susceptible d’attirer les foudres des

divinités »11.

Mais face à l’ouverture du pays au tourisme et plus spécifiquement au

tourisme d’aventure dans les années 1950-1960, et avec l’arrivée en masse de

touristes occidentaux (pour la plupart des alpinistes désireux de conquérir les plus

hauts sommets du pays), la vision de la montagne a évolué pour de nombreux

Népalais, avec l’arrivée de ce nouveau marché économique grandissant. En effet,

sur les quatorze sommets les plus hauts de la planète (les sommets de plus de 8000

mètres d’altitude), huit sont situés au Népal, dont le plus haut l’Everest (8848 mètres),

et la majeure partie du pays est constituée de montagnes. C’est pourquoi de très

nombreux trekkeurs et alpinistes occidentaux se sont précipités dans ce pays pour y

découvrir les régions les plus hautes du monde. C’est face au développement de ce

10

SACAREAU Isabelle, Porteurs de l’Himalaya, le trekking au Népal, coll. Mappemonde, Belin, 1997 p239. 11

SACAREAU Isabelle, Porteurs de l’Himalaya, le trekking au Népal, coll. Mappemonde, Belin, 1997 p241.

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Cadiot, Valentin : Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle, Paris, INALCO, 2012

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nouveau marché du tourisme d’aventure que la représentation de la montagne pour

certains Népalais a évolué. La montagne est alors devenue un espace davantage

fonctionnel, un espace « produit», synonyme d’argent pour les porteurs Népalais.

C’est ainsi que pour ces derniers, la montagne est davantage perçue comme un

territoire professionnelle.

Mais les guides sherpa sont tiraillés entre la nécessité d’exercer leur métier

pour les touristes venus faire du trekking et de l’alpinisme, et leurs convictions

religieuses. Ainsi, ils réalisent rarement l’ascension d’une montagne sans avoir au

préalable consulté un lama astrologue, célébré un rituel au dieu de la montagne afin

de s’accorder son autorisation (le rituel s’effectue par exemple avec des autels ornés

de drapeaux à prières, des offrandes de riz et d’alcool,…).

Ces divergences dans les représentations symboliques que l’on peut se faire

de la montagne selon des codes culturels différents ne sont pas sans conséquences,

et notamment dans des situations d’interculturalité liées à la pratique sportive du

trekking et de l’alpinisme, dans le cadre du tourisme d’aventure.

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Chapitre 5

Sports de montagne et diversité culturelle

5.1 La conquête des Alpes et de l’Himalaya

La pratique sportive de l’alpinisme et des sports de montagnes en général,

s’est principalement développée en Europe, dans la chaîne montagneuse des Alpes.

Puis relativement rapidement, l’alpinisme s’est développé davantage à l’international,

en particulier dans la chaîne de l’Himalaya, puis dans la cordillère des Andes en

Amérique du Sud. Comment la conquête de ses grands massifs montagneux s’est

elle opérée ?

5.1.1 Les Alpes, un affrontement des Nations

Les Alpes sont une chaîne montagneuse qui s’étend en Europe et forme une

barrière de 1200 km, entre la Méditerranée et le Danube, en traversant de nombreux

pays. Le point culminant de ce massif est le Mont Blanc, à 4807 mètres d’altitude, et

l’ensemble de la chaîne montagneuse comporte quatre-vingt-deux sommets de plus

de 4000 mètres d’altitude. L’histoire des tous débuts de l’alpinisme remonte à une

période relativement lointaine et prend sa source dans les Alpes au 14ème siècle12.

Mais le véritable alpinisme fut réellement inventé en 1786, par Horace-Bénédict de

Saussure (un naturaliste et géologue suisse), lorsque ce dernier proposa d’offrir une

prime au premier alpiniste qui arriverait au sommet du Mont Blanc. En effet, bien que

cette montagne soit la plus haute des Alpes, elle n’en est pas la plus difficile et a été

conquise par Jacques Balmat et Michel Paccard dès les débuts de histoire de

l’alpinisme, le 8 août 1786.

Puis l’alpinisme se développa progressivement mais prit un véritable essor au

XIXème siècle, lorsque les Britanniques s’attaquèrent aux montagnes les plus

difficiles des Alpes. S’ensuivit alors une compétition, une course à la montre des

conquêtes alpines, où de nombreuses Nations d’Europe s’affrontèrent et se

confrontèrent les unes aux autres, pour assurer leur prestige. Les plus grands

12

ARDITO Stefano, Glorieux sommets, images et récits des grands alpinistes, Gründ, 1993, 144p.

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Cadiot, Valentin : Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle, Paris, INALCO, 2012

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sommets des Alpes tombèrent les uns après les autres, sous les pas décidés des

Britanniques, des Suisses, des Français, des Italiens, etc… Si bien qu’à la fin du

19ème siècle, les deux derniers sommets encore vierge des Alpes furent vaincus (le

Cervin en 1865, et la Meije en 1877).

Mais l’affrontement des Nations ne s’arrêta pas là. Le nouveau défi de ce

20ème siècle consista alors à réaliser les voies les plus difficiles de chacun de ces

sommets en s’attaquant à tous leurs versants. Cette étape constitua le début de

l’alpinisme moderne. A nouveau, les sommets tombèrent progressivement sous les

pas des alpinistes toujours plus conquérants et désireux d’apporter du prestige à leur

Nation, au travers de ces ascensions. Pour illustrer ce phénomène, nous pouvons

étudier le cas de la conquête de la face nord de l’Eiger en Suisse. Ce versant nord

de la montagne, fort d’un dénivelé de 1600 mètres, est réputé pour sa difficulté et sa

dangerosité, et constitua l’un des derniers grands problèmes des Alpes pour les

alpinistes dans les années 1930 13 . En cette période d’entre deux guerres, la

compétition internationale était à son comble et les membres du parti nazi allemand

accordaient alors beaucoup d’importance à leur propagande, pour promouvoir la

force de leur Nation. Ainsi, bon nombre d’Allemands, d’Autrichiens, mais aussi de

Français, d’Italiens, etc, s’aventurèrent sur la face nord de l’Eiger pour y tenter

l’ascension. Ils furent nombreux à finalement abandonner et rebrousser chemin, et

aussi nombreux à périr sur ce versant 14 . Finalement, c’est un groupe de deux

cordées, l’une autrichienne et l’autre allemande, qui réussirent l’exploit de gravir la

face nord le 24 juillet 1938, à la grande joie du parti national-socialiste allemand qui

exploita l’évènement pour sa propagande. Le groupe d’alpinistes fut même reçu et

félicité pour leur bravoure par Hitler lui-même.

C’est ainsi qu’à la fin des années 1930, tous les sommets des Alpes étaient

vaincus, et que l’affrontement des Nations continua, au-delà des frontières de

l’Europe, au contrefort de l’Himalaya, et à l’assaut des sommets de plus de 8000

mètres d’altitude.

13

RETTNER Rainer, Triomphe et tragédies à l’Eiger, à la conquête de la face nord, 1932-1938, coll. Hommes

et montagnes, Glénat, 2009, 320p. 14

A ce sujet, voir le film « North face, duel au sommet » de Philipp stölzl, sorti en 2008, qui retrace l’histoire

d’une tentative de la première ascension de la face nord de l’Eiger par deux cordées, l’une autrichienne et l’autre

allemande, qui perdirent la vie dans des conditions atroces.

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29

5.1.2 L’Himalaya, un nouveau terrain de jeux

Très rapidement, l’Himalaya attira l’attention des alpinistes occidentaux en

quête d’aventure et de nouveaux exploits sportifs. La densité et la démesure des

montagnes qui constituent cette chaîne de montagne ne pouvaient que laisser rêveur

tous ces grimpeurs qui faisaient tomber un à un les sommets les plus difficiles et les

plus hauts des Alpes. Tout l’enjeu dans la conquête de l’Himalaya, et ce qui attirait le

plus, était la découverte des hautes altitudes. Les alpinistes occidentaux ne

connaissaient les effets de la haute altitude qu’au sommet du Mont Blanc au

maximum (4807 mètres). Le fait de savoir que l’Himalaya abritait d’innombrables

montagnes de plus de 5000, 6000, et 7000 mètres, ainsi que quatorze sommets de

plus de 8000 mètres enflamma les passions de nombreux grimpeurs. Il s’agissait là

d’un nouveau terrain de jeux, à l’aspect infini et inépuisable pour nombre d’entre eux.

L’affrontement des Nations qui s’opérait dans les Alpes pour la conquête des

sommets européens fut ainsi transféré dans ces hautes montagnes d’Asie. Le but fut

très rapidement d’être la première Nation à atteindre le sommet d’une montagne de

plus de 8000 mètres. Ce désir commença dès la fin du 19ème siècle, notamment en

1895, pour la première tentative d’ascension du Nanga Parbat (8126 mètres), par

une expédition britannique, puis par d’autres expéditions allemandes et autrichiennes.

Mais ces premières tentatives furent des échecs. Beaucoup des expéditions en

partance pour l’Himalaya étaient Britanniques, du fait que bon nombre des

montagnes de l’Himalaya appartenaient à leur Empire des Indes. Parmi ces

alpinistes britanniques chevronnés, Georges Mallory et son compagnon Andrew

Irvine se distinguèrent lors de leur tentative d’ascension de l’Everest en 1924, dont

on ne les vu jamais revenir. On ne sut jamais s’ils avaient réussi à atteindre le

sommet ou non, si tôt dans l’histoire de l’alpinisme, soit trente ans avant les

premières ascensions réussies des autres 8000 de l’Himalaya15.

Finalement, c’est une expédition française et plus particulièrement la cordée

composée de Maurice Herzog et Louis Lachenal qui réussirent les premiers

l’ascension d’une montagne de plus de 8000 mètres et qui devinrent des héros

15

Lire le livre suivant, au sujet de l’histoire de cette tentative d’ascension de l’Everest : ANKER Conrad,

ROBERTS David, À la recherche des fantômes de l'Everest. Glénat, Grenoble, 2000, 260p.

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30

nationaux le 3 juin 1950, avec l’Annapurna (8091 mètres)16. Au même moment, la

course à la conquête de l’Everest continuait, entre les Britanniques, les Allemands,

les Suisses et les Français. Et c’est finalement le 29 mai 1953 que le Néo-Zélandais

Edmund Hillary et le Sherpa Népalais Tenzing Norgay foulèrent le sommet du toit du

monde, à 8848 mètres17. Il est intéressant de noter que les deux vainqueurs de

l‘Everest sont de cultures différentes mais qu’ils se sont battus ensemble pour fouler

ce sommet. Cette ascension permit d’ailleurs de mettre en avant les Sherpas en

Occident, peu connus du grand public auparavant. La réussite de l’ascension faite

par un membre citoyen du royaume du Commonwealth fut fortement médiatisée par

les Britanniques, qui valorisèrent cet exploit au sein de la communauté internationale.

D’autant plus qu’il concordait à trois jours près avec la date du couronnement de la

reine Elisabeth II. Ainsi, Edmund Hillary fut proclamé chevalier de l’Ordre de l’Empire

britannique, et Tenzing Norgay reçu la médaille de Georges, en récompense de son

action héroïque.

La conquête des autres 8000 se poursuivit, puis un nouveau défi fit son

apparition, et opposa à nouveau les différentes nations occidentales, mais également

des pays d’Asie, comme la Chine, la Corée, le Japon, et d’autres pays du continent

américain. Ce nouveau défi consistait à être le premier alpiniste à réaliser l’ascension

des quatorze sommets de plus de 8000 mètres. C’est finalement l’Italien Reinhold

Messner qui réussit le premier cet exploit en 1986. A ce jour, en 2012, seulement 30

alpinistes, originaires des quatre coins du monde, réussirent à clôturer l’ascension

des quatorze sommets de plus de 8000 mètres du globe.

5.2 L’attrait pour les vacances sportives proches de la nature, un

phénomène culturel ?

5.2.1 La clientèle du trekking

En se posant la question de savoir si l’attrait pour les vacances sportives

proches de la nature est un phénomène culturel, il peut être intéressant de se

16

Lire le récit de cette expédition : HERZOG Maurice, Annapurna, premier 8000, Flammarion, Paris, 2010,

381p. 17

Pour découvrir tous les détails de la première ascension réussie de l’Everest, vous pouvez regarder le film

documentaire de Georges Lowe, intitulé « La conquête de l’Everest », datant de 1953 (l’année de l’exploit), et

nommé au titre de meilleur documentaire aux Oscars de cette même année.

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Cadiot, Valentin : Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle, Paris, INALCO, 2012

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demander au préalable qui sont ces alpinistes et ces trekkeurs qui partent à la

découverte de régions isolées et de hauts sommets sauvages ? Nous avons déjà vu

que le trekking et l’alpinisme constituaient des pratiques sportives plutôt originaires

d’Occident. Mais qui sont plus précisément ces Occidentaux qui partent faire du

trekking ? En analysant la question, l’on constate que tous les pays occidentaux ne

sont pas forcément attirés par le tourisme d’aventure. Certains le sont plus que

d’autres. Mais à quoi sont dus ces différences ? Si l’on cherche à connaître la

nationalité de la majorité des trekkeurs au Népal par exemple, l’on constate que ce

sont les Européens, suivis des Nord-américains qui en fournissent le plus grand

nombre, devant les Australiens et Néo-Zélandais, ainsi que les Asiatiques. Pour ce

qui est des Européens, nous pouvons dire que globalement, les Anglo-Saxons et les

Nordiques sont plutôt intéressés par ce genre de voyage, tandis que les pays

davantage méditerranéens le sont beaucoup moins, car ces derniers ont peu voire

pas de tradition alpine, et ne s’étaient déjà pas spécialement distingués durant la

période de conquête des Alpes. En effet, seulement 8% des touristes espagnols et

moins de 5% des Italiens partent en trekking, contrairement aux Norvégiens par

exemple, qui sont plus de 45% à choisir le trekking comme façon de visiter le pays18.

Par ailleurs, la clientèle asiatique s’est développée au fur et à mesure de la

croissance économique des pays d’Asie, surtout quand elles se sont accompagnées

d’un allongement de la durée des congés annuels. D’autre part, et pour faire venir

une clientèle davantage japonaise, certaines agences de tourisme se sont adaptées

à ces clients qui ont peu de congés, en proposant des circuits d’une ou deux

semaines.

Enfin, nous pouvons observer un attrait prononcé pour certaines montagnes

spécifiques, et ce, selon la nationalité des alpinistes et des trekkeurs. Ainsi, les

trekkeurs français sont très sensibles au massif des Annapurna, et la majorité

d’entres eux se ruent dans cette région, car le souvenir de la conquête du premier

8000 par les Français Maurice Herzog et Louis Lachenal reste encore frais dans leur

mémoire. De même, les Japonais se dirigent vers le Manaslu (8163 mètres

d’altitude), où ils se distinguèrent en ouvrant les premières voies d’ascension ; alors

que les Anglo-Saxons au sens plus large se concentrent davantage vers la région du

Khumbu, où se situe l’Everest (conquis entre autres par un Néo-Zélandais).

18

SACAREAU Isabelle, Porteurs de l’Himalaya, le trekking au Népal, coll. Mappemonde, Belin, 1997, p128.

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Cadiot, Valentin : Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle, Paris, INALCO, 2012

32

5.2.2 Le développement du trekking dans le tourisme

Le trekking fait partie de ces nouvelles formes de voyages touristiques que

l’on peut regrouper aujourd’hui dans les milieux professionnels du tourisme comme

appartenant au tourisme d’aventure, c'est-à-dire un voyage de découverte d’un pays

lointain et de ses régions isolées peu touchées par le tourisme de masse, au moyen

de randonnées pédestres itinérantes. Cette pratique touristique est à la fois sportive

et culturelle et s’est développée à la fin des années 1970.

C’est au Népal que les formes pionnières du tourisme d’aventure prirent forme,

lorsque les Occidentaux recherchaient des espaces de loisirs à l’écart de la foule, et

aspiraient à découvrir des paysages esthétiques, ainsi que des cultures

traditionnelles qui leurs était rattachées. Des agences locales de trekking se sont

alors créées progressivement pour répondre à cette demande de mode de voyages.

Si bien qu’aujourd’hui, le Népal tient la première place des destinations du tourisme

d’aventure, juste devant le Maroc, et le Sahara Algérien19.

Parallèlement à l’ouverture des agences locales de trekking dans la deuxième

moitié des années 1970, les premiers guides touristiques « alternatifs »

commencèrent à être éditées, prônant une façon de voyager autrement et proposant

des circuits d’aventure vers des destinations lointaines dans des pays du Tiers

monde (la collection du Guide du routard en France, ou de Lonely Planet dans les

pays anglo-saxons). Les premiers tours-opérateurs firent également leur apparition

proposant des voyages d’aventure à pied. En France il s’agit par exemple de

Nouvelles Frontières, Terres d’Aventure, Club Aventure, Nomade, ou encore

Atalante.

Au même moment, les guides de haute montagne souhaitant diversifier leurs

activités commencèrent à développer une offre de voyages fondée sur les sports de

montagne, et la découverte culturelle d’un pays.

Dans ce milieu du tourisme d’aventure, le trekking au Népal détient la

première place, il s’agit de la première destination extra-européenne de ce type de

voyage, à peine devant les circuits du Sahara et les randonnées dans l’Atlas

marocain. Loin derrière arrivent la Turquie, et l’Inde, puis encore le Kenya et la

19

SACAREAU Isabelle, Porteurs de l’Himalaya, le trekking au Népal, coll. Mappemonde, Belin, 1997, p68.

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Cadiot, Valentin : Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle, Paris, INALCO, 2012

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Tanzanie, et les circuits des Andes (Pérou, Bolivie, Equateur, Colombie, Chili,

Argentine).

Ainsi, le trekking s’est développé dans le tourisme dans les années 1970,

comme une thématique de voyage à part entière loin des sentiers battus, se

distinguant du tourisme de masse, et dans une atmosphère de contestation de la

société de consommation touchant l’Europe et les Etats-Unis.

5.2.3 Les raisons qui poussent l’Homme à faire de l’alpinisme

Mais quelles sont les raisons qui poussent l’homme à pratiquer l’alpinisme20 ?

Que recherchent ces touristes, alpinistes et trekkeurs, en partant au quatre coins du

monde ? Ces sportifs pratiquant chez eux ont d’abord le rêve de vivre une aventure à

leur échelle, en partant dans les déserts ou en approchant à pied les géants de

l’Himalaya. Ce désir d’aventure part d’une envie de vivre une vie peu conventionnelle,

de se dégager de la vie quotidienne et de la civilisation industrielle pour retourner

davantage à un état de nature. S’ajoute à ces motivations le challenge purement

sportif, l’envie de se dépasser en gravissant des montagnes toujours plus hautes,

toujours plus difficiles. Enfin, une grande part de la motivation des alpinistes à

pratiquer ce sport est de pouvoir découvrir une autre culture. Ce sport dispense une

forme d’entrée thématique et une façon de voyager qui permet l’immersion plus

directe et plus profonde dans le pays visité, grâce au rythme lent et à la plus grande

liberté dans ce genre de périple. Pour illustrer cela nous pouvons découvrir le

témoignage du guide de haute montagne Jean Annequin, également formateur à

l’ENSA (Ecole Nationale de ski et d’Alpinisme), qui pense également que la

découverte d’une autre culture rend la pratique sportive intéressante : « C’est parce

qu’il y a çà a la clef, que cela me donne envie de le faire. Grimper pour grimper n’a

aucun intérêt et l’on en revient vite. Parcourir le monde pour les émotions partagées

est le fil conducteur.21 »

5.3 Les arguments de vente des agences de voyages d’aventure

20

SACAREAU Isabelle, Porteurs de l’Himalaya, le trekking au Népal, coll. Mappemonde, Belin, 1997, p64. 21

Propos du guide de haute montagne et formateur à l’ENSA, Jean Annequin, recueillis lors d’un entretien.

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Cadiot, Valentin : Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle, Paris, INALCO, 2012

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Comment les agences de voyages d’aventure vendent elles leurs circuits de

trekking et d’alpinisme ? Quels sont leurs arguments ?

Les principaux arguments que les agences de voyages d’aventure utilisent

reprennent tout simplement les raisons pour lesquels un trekkeur et un alpiniste

veulent partir à l’aventure. Ils reprennent les notions d’évasions, de retour à un état

de nature, et de défis sportifs, pour se confronter non seulement aux montagnes

mais également à soi-même. Un autre élément de vente notamment pour les

voyages en Himalaya, est de refaire vivre aux futurs clients les premières grandes

expéditions de conquêtes des sommets himalayens par les alpinistes qui ont marqué

l’histoire de la montagne.

Mais aussi, dans la plupart des brochures de voyages, le thème de la

découverte culturelle est abordé à multiples reprises et est réellement mise en valeur

dans l’offre de voyage. L’on parle de rencontre avec « l’autre », et l’on met en valeur

les populations locales en évoquant « d’extraordinaire variété ethnique ». Pour les

voyages au Népal on en arrive également à une mystification des populations locales,

les Sherpa : « De rudes montagnards bouddhistes d’origine tibétaine dotées de

qualités de générosité, de gaieté, et d’hospitalité malgré leur vie âpre »22. Pour le cas

des voyages en Himalaya à nouveau, la thématique religieuse est également

importante. En effet le Bouddhisme et l’Hindouisme sont perçus comme des religions

très exotiques et fascinent l’Occident, tout en renforçant la mystification des lieux. Le

tourisme d’aventure va chercher le mythe, la représentation de la montagne des

Népalais, pour faire rêver les touristes. Ainsi la culture bouddhiste est survalorisée

par le tourisme, qui vend l’Himalaya comme une région cachée et inaccessible, qui a

su préserver ses coutumes, pour attirer le trekkeur.

Du côté des guides de haute montagne, la valorisation de la découverte d’une

culture peut vraiment être un argument de taille pour donner envie à des clients de

partir en expédition à l’étranger. C’est le cas du guide Julien Laurent qui nous donne

son témoignage : « Je pense que la première motivation de mes clients reste les

activités montagnes. Cependant la curiosité pour d’autres cultures reste assurément

un argument de taille, et ce prétexte culturel est souvent très valorisé dans la

démarche commerciale des guides. Quel excellent prétexte que les voyages pour

faire par exemple un safari au Kenya après avoir grimpé le Kilimandjaro, ou partir au

22

SACAREAU Isabelle, Porteurs de l’Himalaya, le trekking au Népal, coll. Mappemonde, Belin, 1997, p72.

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Cadiot, Valentin : Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle, Paris, INALCO, 2012

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cœur de la forêt amazonienne en Equateur à la rencontre de tribus après avoir

grimpé le Cotopaxi et le Chimborazo. Je pense qu’on ne peut pas demander à tous

les guides de haute montagne de prendre le temps de faire découvrir les cultures

locales lors de voyages (car là n’est pas son métier), mais je sais aussi que cette

démarche constitue une excellente plus value pour attirer les clients et surtout réussir

un voyage.23 »

23

Propos du guide de haute montagne Julien Laurent, recueillis lors d’un entretien.

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Cadiot, Valentin : Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle, Paris, INALCO, 2012

36

Chapitre 6

Etude de cas : le trekking et l’alpinisme au Népal

6.1 La diversité ethnique du Népal et le mythe du Sherpa

S’il est une figure emblématique parmi les différentes populations locales que

se représente les Occidentaux dans une région de trekking et d’alpinisme, c’est bien

le Sherpa24. La place du Sherpa dans la représentation de l’Himalaya que se font les

trekkeurs est très importante, elle joue un des facteurs clefs dans la valorisation du

tourisme d’aventure au Népal. Cette population s’est en effet forgée une réputation

très forte, suite à leur implication dans les expéditions himalayennes et au rôle

essentiel qu’ils ont joué dans la conquête des 8000. Pourtant une utilisation erronée

est faite en ce qui concerne la désignation du Sherpa. En effet, à la base les Sherpa

forment une minorité ethnique du Népal spécifique vivant dans la région du Solo-

Khumbu. Mais l’utilisation abusive du terme par les Occidentaux a fait qu’un

glissement de sens s’est opéré, découlant sur une confusion où l’on ne sait plus très

bien si en parlant de Sherpa il s’agit d’une minorité ethnique, d’un guide népalais ou

d’un porteur, voire même de tous les Népalais. Au final le terme est désormais utilisé

dans un sens professionnel, et non plus ethnique, plus ou moins ambigu, désignant

un statut bien précis entre celui du guide et du porteur, au sein de la hiérarchie du

portage.

Dans l’histoire de la conquête des sommets himalayens, les Sherpa se

distinguèrent très vite. « Ces mercenaires étaient appréciés par les Britannique pour

leur robustesse, leur courage, leur discipline, et leur bonne adaptation à la vie

collective, ainsi que pour leur absence de tabous alimentaires, qui les firent préférer

aux Indiens de castes.25 » La légende se concrétisa particulièrement lorsque Tensing

Norgay Sherpa fut le premier vainqueur de l’Everest avec Edmund Hillary, en 1953.

Mais l’utilisation professionnelle du mot Sherpa ne doit pas être confondu avec

son utilisation ethnique. Les Sherpa ont en effet obtenu une place privilégiée dans la

hiérarchie du portage, mais cela ne doit pas occulter le fait que la diversité ethnique

24

SACAREAU Isabelle, Porteurs de l’Himalaya, le trekking au Népal, coll. Mappemonde, Belin, 1997, p74. 25

SACAREAU Isabelle, Porteurs de l’Himalaya, le trekking au Népal, coll. Mappemonde, Belin, 1997, p76.

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Cadiot, Valentin : Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle, Paris, INALCO, 2012

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du Népal est très riche, et que de nombreuses autres minorités ethniques ne sont

pas en reste. Ainsi, « les ethnies tibéto-birmanes des collines, en particulier les

Tamang, mais aussi les Magar, les Gurung, et les Raï ainsi qu’un petit nombre de

Newat et d’Indo-népalais s’investissent progressivement dans les activités de

montagne. 26»

6.2 Le rapport Occidentaux/guides et porteurs népalais

6.2.1 Les conséquences de la rencontre Occident/Népal par le tourisme

d’aventure

Les rencontres qui ont lieux entre les guides et porteurs népalais avec leurs

clients Occidentaux ne sont pas sans conséquences diverses pour les Népalais. En

effet, un rapport de promiscuité s’opère avec les clients occidentaux, modifiant leur

mentalité et leur comportement, et découlant sur de nouvelles pratiques sportives

ainsi que sur une nouvelle perception qu’ils ont de la montagne et d’eux-mêmes.

Tout d’abord, dans la rencontre entre les touristes occidentaux et les guides

népalais, les différences de niveau de vie conditionnent déjà la nature de leur rapport

l’un à l’autre. La relation est ambiguë dans la mesure où la relation clients/guides est

avant tout professionnelle, et que toutes les marques de sympathie des guides et

porteurs envers les touristes font partie du service qu’ils doivent rendre à leurs clients.

Ceci est à nuancer car il arrive évidemment que de véritables amitiés émergent entre

les touristes et les guides, les difficultés partagées en montagne aidant. Ainsi,

certains guides arrivent à se constituer parfois une clientèle fidèle.

Par ailleurs, l’on note qu’en interaction avec les Occidentaux, les guides et

porteurs népalais ont découvert une nouvelle perception de la montagne. Ainsi, le

regard esthétique que portent les trekkeurs sur la montagne et toutes ces notions de

contemplation de la nature les ont surpris. D’un coup, les alpinistes les ont emmené

avec eux sur ces terrains de jeux, et les guides et porteurs se sont appropriés ces

représentations de la montagne. L’investissement important des guides et porteurs

népalais dans les métiers de la montagne a contribué à changer leur rapport à la

montagne. Les guides népalais sont alors devenus les principaux médiateurs, entre

26

SACAREAU Isabelle, Porteurs de l’Himalaya, le trekking au Népal, coll. Mappemonde, Belin, 1997, p82-83.

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Cadiot, Valentin : Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle, Paris, INALCO, 2012

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le groupe de touristes, le milieu environnemental qu’ils explorent avec eux, et les

populations locales qu’ils rencontrent sur leur parcours. Il s’est donc bien opéré une

transformation du rapport symbolique des guides et porteurs népalais envers la

montagne, au contact des Occidentaux.

D’un autre côté, les Occidentaux sont désireux de découvrir les croyances

locales et de comprendre quelles sont les représentations que se font les Népalais

de la montagne. Certains alpinistes n’hésitent d’ailleurs pas à s’approprier ces

croyances, et à laisser des drapeaux de prières au camp de base de la montagne

qu’ils s’apprêtent à gravir par exemple. Les Népalais ont conscience de l’attrait de

leur culture (tibétaine et bouddhiste) pour les Occidentaux. Ils échangent ainsi

volontiers sur leurs danses, leurs chants, leur conception de la vie et de la religion.

Les Népalais, parfois surpris que les touristes viennent chercher l’inconfort, et les

fatigues du trekking au Népal, alors qu’ils bénéficient de conditions de vies

confortables en Occident, concluent parfois à une insatisfaction profonde sur le plan

spirituel des Occidentaux. Ayant parfois un peu de peine pour ces clients étrangers,

ils relativisent alors un peu l’écart qui les sépare. L’échange interculturel s’opère

donc bien entre les clients occidentaux, et les guides et porteurs népalais, même si

l’on remarque que l’influence des Occidentaux a des conséquences beaucoup plus

importantes sur les modes de vie des Népalais.

En effet des conséquences économiques et sociales sont également à noter

du fait de l’arrivée des touristes occidentaux au Népal. Le développement du trekking

et de l’alpinisme a en effet fait émerger l’industrie du tourisme d’aventure, qui a crée

de nombreux emplois, et changé les modes de vies des guides et porteurs népalais,

toujours en déplacement aujourd’hui, alors qu’ils travaillaient avant comme

agriculteurs, auprès de leur famille.

6.2.2 L’acculturation : Un des risques de la rencontre interculturelle ?

Parmi toutes les conséquences qui émergent lors des interactions entre les

touristes occidentaux et les guides et porteurs népalais qui travaillent pour eux, il en

est une qui n’est pas à négliger, et qui a eu des effets importants sur la société

népalaise : l’acculturation. Cette notion décrit un ensemble de phénomènes qui

résultent d’un contact continu et direct entre des groupes d’individus de cultures

différentes et qui entraîne des modifications dans les modèles culturels initiaux de

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Cadiot, Valentin : Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle, Paris, INALCO, 2012

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l’un ou des deux groupes. Il s’agit donc de la perte d’une culture d’origine mais aussi,

et peut être surtout, l’appropriation d’une nouvelle culture.

En effet, « il s’observe chez les guides népalais toute une série de

phénomènes d’imitation des étrangers, en particulier dans leurs tenues

vestimentaires, leurs goûts et habitudes alimentaires, leurs modèles de

consommation et de comportements. Les Occidentaux qui ont une vision mythique

de leur apparent détachement matériel et de la frugalité « saine » de leur mode de

vie, découvrent avec une surprise quelque peu naïve que beaucoup de Sherpa ont

adopté à leur contact des comportements de plus en plus individualistes et

mercantiles.27 »

Un autre effet encore plus grave dans ce processus d’imitation est également

apparu dans les années 1970, lorsque que dans ces années hyppies, de jeunes

occidentaux étaient en recherche de drogue bon marché auprès de la jeunesse

népalaise. Certains Sherpa se sont alors lancés dans des trafics illégaux à l’échelle

internationale.

Mais ce processus d’acculturation est à nuancer car il trouve assez vite ses

limites. En effet, malgré ces réalités, les touristes occidentaux qui viennent en

Himalaya sont là non seulement pour découvrir des montagnes mythiques, mais

également pour y rencontrer le Sherpa qu’il imaginais avant son départ au Népal, et

auquel il attribue de nombreuses valeurs : courage, dévouement, spiritualité, sens de

l’effort, sympathie, etc… Le guide népalais a alors intérêt à se rapprocher le plus

possible de cette image pour contenter ses clients qui se le représente ainsi.

« L’image valorisante que l’étranger projette sur lui renforce d’une certaine manière

son identité.28 »

Ainsi, le regard des touristes occidentaux modifie les relations sociales entre

les Népalais, tout comme leur pratique professionnelle les amène à s’approprier

progressivement leurs montagnes, jusque là ignorées ou maintenues à distance car

sacrées.

27

SACAREAU Isabelle, Porteurs de l’Himalaya, le trekking au Népal, coll. Mappemonde, Belin, 1997, p252. 28

SACAREAU Isabelle, Porteurs de l’Himalaya, le trekking au Népal, coll. Mappemonde, Belin, 1997, p253.

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Cadiot, Valentin : Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle, Paris, INALCO, 2012

40

Conclusion

Après avoir étudié les cas spécifiques de trois sports d’aventure particuliers,

l’escalade, le trekking, et l’alpinisme, nous avons pu observé et comprendre en quoi

chacun de ces sports offrait des prétextes pour voyager. En effet, la pratique de

l’escalade, du trekking, de l’alpinisme, ou quel que soit le sport d’aventure, permet de

découvrir de nouvelles régions du monde car le principe même du sport d’aventure

est fondée sur la découverte, et le désir d’aller chercher des environnements peu

accessibles en tant normal.

Le témoignage du guide de haute montagne Christian Ravier illustre bien ces

propos : « Ces activités sont prétextes au voyage, à la rencontre. Nous sommes

amenés à aller loin de grands centres touristiques, dans des endroits, des villages de

montagne où l’échange, parfois au delà du rempart de la langue, peut être très

fort.29 » Ces différents voyages passent en grande partie par le développement du

secteur du tourisme dit « d’aventure », qui se distingue du tourisme de

masse .Toutefois, peut on réellement parler de démarche interculturelle et de

dialogue interculturel lorsque que l’on voyage dans le cadre de ce mode de

tourisme ? En somme, quels sont les acteurs de la rencontre interculturelle qui a lieu

lors de ces voyages ? Quelle est la nature de ces rencontres ? Et enfin, quelles sont

les conséquences de ces rencontres interculturelles ?

Pour ce qui est des protagonistes des rencontres interculturelles lors des

voyages d’aventures, ils sont de trois sortes. Il y a d’abord le touriste, le sportif qui

part à l’aventure découvrir de nouvelles régions et de nouvelles cultures au moyen

de sa passion. Il y a ensuite les populations locales de ces régions du monde

souvent isolées, qui assistent à l’arrivée de ces touristes dans leurs pays, parfois

perplexes face à la vision de la vie de ces derniers. Et enfin, il y a les employés des

agences locales qui réceptionnent et s’occupent des touristes. Dans le cas du Népal

que nous avons étudié en profondeur, il s’agit des Sherpa et des porteurs népalais,

29

Propos du guide de haute montagne Christian Ravier recueillis lors d’un entretien.

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qui jouent le rôle important du médiateur entre les touristes, les populations

autochtones, et l’environnement du pays visité.

La nature de ces rencontres interculturelles est belle est bien de l’ordre de la

découverte, mais peut on réellement parler de dialogue interculturel ? Ce n’est pas si

évident, et c’est cela qu’explique Julien Laurent dans son témoignage : « A mon sens,

les activités montagnes favorisent les rencontres interculturelles à l’échelle nationale,

européenne et internationale. La pratique de la montagne nécessite une mobilité

géographique. Les nombreux lieux de passage pour rejoindre les sites de pratiques

alpines sont inédits, originaux et variés. Il est à mon sens très juste de parler de

découverte culturelle (architecture, gastronomie, lieux de culte, organisation des

sociétés, mode de vie…). En revanche, il est, je crois plus délicat de parler de

rencontre et surtout de dialogue avec d’autres cultures. Plusieurs raisons à cela. Les

moments de découvertes restent souvent éphémères (quelques jours à quelques

semaines), la barrière de la langue est une constante (communication à des

personnes restreintes), les visiteurs de passages restent toujours des étrangers et

les portes ne leurs sont pas toujours grandes ouvertes, les lieux régulièrement

fréquentés par les alpinistes deviennent des lieux de tourisme dont les impacts

économiques locaux ont des effets sur les structures sociales et culturelles en place.

Je crois donc que la montagne favorise grandement les échanges interculturels mais

que certaines portes méritent d’être entrouvertes au prix de quelques efforts

(rudiments linguistiques, durées des voyages, curiosité naturelle, lieux inédits,

respect des traditions…)30 ». De plus, un autre guide de haute montagne, Rémi

Thivel, précise que « les pratiques sportives favorisent des échanges, à condition

seulement qu’elles ne se fassent pas dans la démesure : par exemple les

expéditions commerciales sur les grands sommets de 8000 mètres d’altitude, ou

l’héliski en Turquie. Les échanges interculturels seront sûrement plus faciles pour un

petit groupe de backpakers que pour une collective d’agence31 ».

Enfin, l’impact des voyages et des rencontres interculturelles entre les

pratiquants de sports d’aventures, et les populations des régions isolées, n’est pas

sans conséquences, et ce, pour les deux parties de cette rencontre.

30

Propos du guide de haute montagne Julien Laurent, recueillis lors d’un entretien. 31

Propos du guide de haute montagne Rémi Thivel, également formateur à l’ENSA (Ecole Nationale de Ski et

d’Alpinisme), recueillis lors d’un entretien.

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En effet, il se produit d’abord un phénomène de choc culturel. La

représentation de la nature, du sport que pratique le touriste, la vision de la vie, la

religion, les valeurs,… tous ces points peuvent réellement différées voire être

totalement contradictoire entre les touristes et les populations locales. Cela peut être

source d’incompréhension, d’étonnement, voire même de conflits.

Un deuxième effet qui peut se produire pendant la rencontre interculturelle, et

que nous avons analysé dans le cas du Népal, et l’enclenchement d’un processus

d’acculturation, qui touche davantage les populations locales au contact des touristes

« d’aventures », que les touristes eux-mêmes. Toutefois, ce phénomène est à

nuancer car il a ses limites, et ne présente pas un si grand risque pour les

populations locales.

Au final, il convient de se souvenir que la pratique des sports d’aventures

engendre donc un processus de démarche interculturelle, mais que celle-ci n’est pas

sans conséquences pour aucun des acteurs de la rencontre interculturelle. Cette

rencontre a des effets complexes, et agit sur la dynamique des sociétés et du milieu

local. Ne peut on donc pas s’interroger sur l’impact que ses effets ont eu sur les

populations, aussi bien dans leur représentation du monde que dans la construction

de leur identité, et ainsi essayer de comprendre comment le tourisme d’aventure

devrait se développer, pour continuer au mieux à respecter la diversité culturelle ?

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Annexe

Questions à Julien Laurent, et autres guides de haute montagne

http://www.julienlaurent.com/Des_glaciers_aux_coraux/acceuil.html Dans le cadre de mon mémoire de fin de première année de master en communication interculturelle, je réalise un travail sur le sujet suivant : « Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle » En me focalisant en particulier sur la pratique de l’escalade, du trekking, et de l’alpinisme, je cherche à démontrer que la pratique de ces sports participe au développement de la démarche interculturelle, et engendre un dialogue des cultures. Pour m’aider dans mes recherches, pourriez-vous répondre aux quelques questions ci-dessous ?

1) D’une manière générale, pensez vous que la pratique de l’escalade, du trekking, ou de l’alpinisme favorise la rencontre et le dialogue vers d’autres cultures ? Pourquoi ?

2) Dans votre métier, la part des voyages à l’étranger (expéditions, trekkings,

etc…) avec des clients est-elle importante ?

3) En France, avez-vous une clientèle étrangère ? Si oui, de quels pays viennent ces étrangers principalement ?

4) Vous avez été formé à l’ENSA (Ecole Nationale de Ski et d’Alpinisme) à

Chamonix. Dans la formation des guides de haute montagne, y a-t-il un enseignement ou une sensibilisation dédiée à l’interculturel, ou destinée à vous préparer à gérer des clients ou un environnement aux codes culturels différents ? Si non, cela vous semblerait-il utile ?

5) Dans votre métier, avez-vous déjà été confronté à des problèmes liés à des

différences culturelles ? Etait-ce entre vous et vos clients ? Ou entre votre groupe et le pays ou vous voyagiez ? Comment avez-vous géré ces conflits ?

6) Pensez vous qu’au delà de la pratique sportive, une des motivations de vos

clients et de découvrir d’autres cultures ? Insistez vous sur cet aspect de votre métier pour trouver des clients ?

7) Enfin, et au-delà de votre métier, pensez-vous que la pratique des sports de

montagne a été pour vous un moyen de découvrir d’autres cultures ? Pourquoi ?

8) Depuis combien de temps faites vous de la montagne ? Depuis combien

d’années exercez-vous le métier de guide de haute montagne ?

Merci beaucoup pour vos réponses !

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Cadiot, Valentin : Les sports d’aventure : vecteurs de la démarche interculturelle, Paris, INALCO, 2012

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Bibliographie

- ANKER Conrad, ROBERTS David, À la recherche des fantômes de l'Everest.

Glénat, Grenoble, 2000, 260p.

- ARDITO Stefano, Glorieux sommets, images et récits des grands alpinistes,

Gründ, 1993, 144p.

- HERZOG Maurice, Annapurna, premier 8000, Flammarion, Paris, 2010, 381p.

- RETTNER Rainer, Triomphe et tragédies à l’Eiger, à la conquête de la face

nord, 1932-1938, coll. Hommes et montagnes, Glénat, 2009, 320p.

- SACAREAU Isabelle, Porteurs de l’Himalaya, le trekking au Népal, coll.

Mappemonde, Belin, 1997, 273p.

Filmographie

- LOWE Georges, La conquête de l’Everest, Grande-Bretagne, 1953. (DVD

78min : couleur SECAM)

- STOLZL Philipp, North face, duel au sommet, Allemagne, 2008. (DVD,

121min : couleur SECAM).

Ressources internet

Agence de tourisme d’aventure : - http://www.terdav.com/ - http://www.allibert-trekking.com/ - http://www.terresoubliees.com/ - http://www.clubaventure.fr/ - http://www.atalante.fr/ - http://www.tamera.fr/ - http://www.expeditionsmonde.com/ - http://www.akaoka.com/ Divers : - http://www.ffme.fr/ - http://www.kairn.com/