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Panorama Quotidien du 18/09/2012 LITTERATURE GENERALE FICTION *** FIGARO MAGAZINE (14/15 SEPT 12) Harry Potter / Contes à rebours *** LE MATRICULE DES ANGES (SEPT 12) Contes à rebours 2 4 1/4 La reproduction et la diffusion numérique d'extraits de presse sont régies par l'article L.122-4 du code de la propriété intellectuelle. L'accès aux articles de ce panorama de presse est strictement limité aux utilisateurs identifiés. En revanche, il est strictement interdit aux utilisateurs autorisés de diffuser ou de redistribuer, sous quelque forme que ce soit, tout ou partie du panorama, sauf nouvelle autorisation des ayants

Les Matricules Des Anges

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Panorama Quotidien du 18/09/2012

LITTERATURE GENERALE FICTION

*** FIGARO MAGAZINE (14/15 SEPT 12) Harry Potter / Contes à rebours

*** LE MATRICULE DES ANGES (SEPT 12) Contes à rebours

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La reproduction et la diffusion numérique d'extraits de presse sont régies par l'article L.122-4 du code de la propriété intellectuelle. L'accès auxarticles de ce panorama de presse est strictement limité aux utilisateurs identifiés. En revanche, il est strictement interdit aux utilisateurs

autorisés de diffuser ou de redistribuer, sous quelque forme que ce soit, tout ou partie du panorama, sauf nouvelle autorisation des ayants

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14 BOULEVARD HAUSSMANN75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 00

14/15 SEPT 12Hebdomadaire Paris

OJD : 429079

Surface approx. (cm²) : 1111N° de page : 68-72

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GALLIMARD3175753300503/GTG/RMU/2

Eléments de recherche : GALLIMARD : maison d'éditions, toutes citations y compris ses collections Partie 1/2 (cf fiche pour détails)

F O G ll S

(LITTERATUItE ETRANGERE

En attendant J. KL'auteur de la saga« Harry Porter »fait son grand retouren librairie f inseptembre avec« Une place àprendre » (Grasset),un roman pouradultes tirant versle polar. Le livres'annonce déjàcomme le best-sellerde la fln de l'année.D'ici là, nous vousproposons unesélection desmeilleurs romansétrangers dela rentrée.

Nick Flynn

Juan Gabriel Vàsqiicz

La chute finale\ Bogota, en 1996, ce genre d'histoire était

/ \ banal. Deux hommes marchent dans la-L Xnuit après une partie de billard, une motos'arrête à leur hauteur, son passager défouraille,les deux hommes s'effondrent. L'un est mort,l'autre condamné à souffrir le restant de ses jourset surtout à se demander.- pourquoi moi ? Puis :pourquoi lui ? Pourquoi a-t-on abattu son cama-rade de jeu et de pari ancien pilote d'avion ayanttâté de la prison et sur le point de retrouver safemme après des années de séparation ? Quiétait-il vraiment ? Quelle avait été sa vie pour mé-riter cette mort ? Etait-il lié au monde des narco-trafiquants, comme presque tout le monde aupays de feu Pablo Escobar ? Peu à peu, ses interro-gations tournent à l'obsession et à l'enquête inté-rieure : sa propre femme, son propre enfant nel'intéressent plus, il est comme retiré du monde.

En quelques années, Juan Gabriel Vâsquez s'estimposé comme une yok majeure de la jeune litté-rature sud-américaine. Dans ses romans mer-veilleusement construits, il s'interroge sur le rap-port des hommes et des Etats avec l'Histoire, lajustice, la violence et la morale. Ce livre-ci est sansdoute sonmeilleui-.quidéciitavecunejoliemélan-colie la chute brutale (physique) puis lente (psy-chologique)d'un homme frappe par le destin. Ga-briel Garda Marquez et Alvaro Mutis peuventmourir en paix : ils ont un successeur.

JEAN-CHRISTOPHE BUISSONte Bruit iss choses qui tombent, de Juan Gabriel Vâsquez, Seuil.297 p., 20 e. Traduit de l'espagnol (Colombie) par Isabelle Gugnon.

Bienvenuesur terre

AiLu d é p a r t ,deux sériesde photos .

L'échographie d'unepetite fille à naître(celle de l'auteur,alors âgé de 47 ans)ct « là-bas, cians le

monde », les clichés des sévices prati-qués par l'armée américaine dans lesgeôles d'Abou Ghraïb, en Irak, où desfemmes n'étaient pas les dernières àmartyriser les prisonniers. A l'arri-vée, un récit autobiographique qui vaet vient entre magnification de la pul-sion de vie et condamnation de la tor-ture, déboussolage post-11 Septembreet foi en un « chemin » à retrouver. Par-tir à Istanbul rencontrer un ex-dé-tenu irakien traîné en laisse par unesoldate de la liberté ne suffisait pas àNick Flynn. Entre deux films de zom-bies, il lui fallait aussi faire l'inven-

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14 BOULEVARD HAUSSMANN75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 00

14/15 SEPT 12Hebdomadaire Paris

OJD : 429079

Surface approx. (cm²) : 1111N° de page : 68-72

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Rowling...taire atomisé de sa propre vie, replon-ger dans une famille sismique (pèreescroc, mère suicidaire), écluser sesamours désastreuses, se souvenir deses lectures (de Platon à Duras) et deses voyages erratiques en Europe.Ancien apprenti gangster, passé parla drogue et l'alcool, Flynn s'est perducent fois avant de s'apaiser, de ren-contrer celle qu'il appelle Inez, une ac-trice. On peut par moments trouvernaïfs ses émois paternels ou humanis-

tes, mais il s'agit d'unenaïveté théorique, mé-thodologique, s'accor-dant bien à ce « mémoired'étonnement » livré auxépiphanies et aux para-boles. Avant de casserla baraque avec un ré-cit sur les sans-abri etsur son père, Encore unenuit de merde dans cetteville pourrie, Flynn

ss'était fait connaîtrepar la poésie. A défaut d'en avoir laforme, Contes à rebours en a l'exigenceet la force. JEAN-MARC PARISISContes à rebours, Gallimard, 316 p, 20,50 6. Traduitde l'anglais (Etats-Unis) par Anne-Laure Tissut.

Alessandro PipcrnoDémencesromainesII y a un an, les lecteurs français décou-

vraient, médusés, le deuxième romand'Alessandro Piperno. Persécution (prix du

meilleur livre etranger 2011) révélait une es-pèce de Philip Roth transalpin très jeune (il estné en 1972) et pourtant si doué... Le livre,dense et éblouissant, plongeait dans la bour-geoisie juive romaine pour mettre en scène ladéchéance d'un cancérologue injustement ac-cusé de pédophilie : Leo Pontecorvo aurait en-tretenu une liaison avec la très jeune petiteamie de l'un de ses fils. La chute, brutale etmortelle, était étrangement portée par un sensde l'humour éclatant, et, surtout, une écrituresplendide d'une précision maniaque. Ce spé-cialiste de Proust enseignant la littératurefrançaise à Rome frappe à nouveau, douzemois plus tard. Avec un projet comme on envoit peu : Inséparables est la suite de Persécution,près de vingt ans après. Les inséparables, cesoiseaux hitchcockiens incapables de vivre l'unsans l'autre, ce sont les deux fils Pontecorvo,

JenniferEgan

Filippo et Samuel. L'un est un glandu volagetransformé du jour au lendemain en vedettedu dessin animé (Les Inrockuptibles lui offrentleur couverture), l'autre est un besogneuxsexuellement défaillant qui plante sa brillantecarrière dans Fimport-export. Derriére, seterre l'ombre toxique d'un défunt père déchuet calomnié. Chaque fils, naturellement, a sapropre vision du drame...

Piperno est bavard. Parfois trop. Mais l'intel-ligence de ses phrases, leur musicalité font toutpardonner : on n'avait rien vu d'aussi brillantdepuis des lustres, tout comme on n'avait ja-mais lu une citation inaugurale aussi geniale :« Maintenant que fai remporté k Grand Chelem, jesahquelquechosequetrèspeudegensswrlaterreontla chance de savoir. Lavictoire ne fait pas autant debien queladéfaitefaitmal.» André Agassi,mora-liste méconnu, révélé par le très grand Ales-sandro Piperno... NICOLAS UNGEMirmInséparables, Liana Levi, 397 p., 22,50 €. Traduit de l'italienpar Fanchita Gonzalez-Battle.

Comme le temps passePrenez une troupe de jeunes musicos entourée de quelques électrons libres, dans le San

Francisco des années 1970. Ça grattouille un peu, ça se défonce beaucoup. Retrouvez-lescinquante ans plus tard, passablement rangés et affaissés. Peut-on grandir et rester fidèle

à ses idéaux ? C'est la question que pose Jennifer Egan en filigrane de ce roman choral qui a reçule prix Pulitzer. Embrassant une période charnière, celle de l'abandon de l'analogique au profitdu numérique, la romancière a choisi de concevoir son texte comme un vinyle à double face, mi-sant sur l'ambiance, la couleur musicale, plus que sur des repères chronologiques, pour donnerà ressentir le passage du temps. Tour à tour, chaque personnage s'avance dans k lumière pourjouer son solo, chanter sa soif de réussite et ses entraves, ses victoires et ses reniements. Manièrede montrer qu'on peut revêtir plusieurs identités successives au cours d'une vie sans qu'aucunene contredise son essence. Manière aussi de dresser un portrait vibrant de notre civilisation post-moderne, bouleversée par la technologie, en s'appuyant sur ses fondations. Plus fort encore, cha-que chapitre est prétexte à une expérimentation formelle. Vous ne vous remettrez pas du journald'ado en forme dè présentation PowerPoint. Tout simplement brillant. JEANNE DE MÉNIBUSQu'avons-nous fait ile nos rêves ? de Jennifer Egan, Stock, 372 p., 22 €. Traduit de l'anglais par Sylvie Schneiter.

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18 RUE GUILLAUME PELLICIER34004 MONTPELLIER CEDEX 1 - 04 67 92 29 33

SEPT 12Mensuel

Surface approx. (cm²) : 322

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Eléments de recherche : GALLIMARD : maison d'éditions, toutes citations y compris ses collections Partie 1/2 (cf fiche pour détails)

Accro à la vieAprès Encore une nuit de merde..son existence chaotique dans une

Sa vie pourrait ressembler à un ro-man, avec tout ce qu'il faut d'ex-périences crasses pour broyer dunoir et affrioler le chaland Maîs

Nick Flynn ne croît qu'en la poésie «plusproche de la réalité ». Lui qui se dit "poète iti-nérant » use et abuse de sa marginalité, desa liberté, promène a l'oblique son regardsur les choses de son epoque, sur son pays,les États-Unis d'Amérique, et se refuse àécrire de la fiction. Il cède cependant au ré-cit autobiographique maîs en réinvente lanarration, structure et mélodie Après En-core une nuit de merde dans cette ville pourrie(Gallimard, 2006), cavalcade violente à larecherche de disparus (le père et la mère),Nick Flynn capitule face à l'annonce de lanaissance prochaine de son enfant ets'oblige à rédiger ce Contes à rebours. Il re-plonge fiévreux dans les méandres de sonhistoire personnelle sans jamais omettre defaire le lien entre lui et les autres, sans ces-ser de faire le va-et-vient entre les USA et« le reste du monde ». Il pose délicatement,à la façon d'un Petit Poucet perdu dans unejungle urbaine, des mots repères, desphrases rédemptrices L'auteur écrit par dé-flagrations, sortes de décharges electriqueset poétiques, pudiques autant qu'impu-diques. Il fouille son chaos, progresse dansle désordre sans aucun souci de chronolo-

., Nick Flynn explore à nouveauAmérique déglinguée.

gie, avance par réminiscences,flux et reflux de souvenirs en-fouis ou éparpillés, agence lesmorceaux, images réelles ou ré-inventées, tire des fils chimé-riques. Il raccommode le tout à l'émotion,reconstitue le puzzle de son parcours, et es-quisse sinon une cohérence à son existence,peut-être une réconciliation avec la vie,avec lui-mêmeL'introspection chez lui a des allures d'unmal de vivre universel . que fait-on de sonpère lorsque celui-ci vous a abandonné 'Que fait-on de sa mère qui vous laisse ungrand vide au cœur, un gouffre d'an-goisses ? Que fait-on de soi, homme arrivéà la cinquantaine, accepte-t-on la fidélité,l'idée du couple, et plus encore déran-geante, celle de la famille, la responsabilitéd'un enfant ' La filiation selon Nick Flynnest un tohu-bohu, une cicatrice toujoursbéante qui laisse entrevoir un immensemanque d'amour Pire . la peur del'amour . « Cela m'a fait prendre une consciencedouloureuse que je ne savais pas appeler amourune relation n'impliquant aucun désastre »Nick Flynn avoue se noyer dans des livresde zombies, peut-être pour rejeter l'idéequ'il ressemble trop à ces êtres déchus, dé-glingués, épuisés, vivants dans la rue. Lâ-ché par son père, un type destroy, presque

« Notre peurse doit d'êtregrandiose ».

un « animal », élevé par une mère qui sesuicidera, le gamin fricote avec des gang-sters, s'oublie dans la drogue, l'alcool, ap-prend la vie au ras du bitume Parfois, ils'offre des répits, puis retombe dans descuites phénoménales. Employé dans uncentre d'accueil de SDF - vérsion modernedes zombies - il y retrouve son père, mateses fureurs et ne cesse d'écrire. Il s'interrogesur la relation amoureuse, le sexe, peine àchoisir entre deux femmes, et tient deboutgrâce à la poésie, rien qu'une infime quêtede vérité.Bien mieux qu'un journal , bien mieuxqu'une confession, Contes a rebours explorele monde, son humanité, et met en pers-pective les hasards, les lectures, les ren-contres, les émotions, les actes politiques.Dans un pays qui justifie la torture, les hu-miliations perpétrées par l'armée améri-caine dans la prison d'Abou Ghraib, dansun pays qui voit ses tours symboles du li-béralisme s'effondrer comme par enchante-ment, comment ne pas échafauder despistes de réflexions, entrer en résistance,prendre le risque de passer aux aveux sidouloureux - si « ant i-américains » -soient-ils • « Nous refusons de croire que LeeHarvey Oswald ait pu agir seul, qu'une poignéede maniaques armés de cutters ait pu raser nostours Notre peur est si grande, si réeiïe, qu'elle se

doit d'être grandiose, et pas deprendre la forme de quelquepsychopathe maigrichon, nid'une troupe de désaxés troglo-dytes Pas nos propres ombres »Pour dompter son corps, et

par là sauver son âme, Nick Flynn nage,des heures durant, peut-être une façon dese laver de sa crasse existentielle. Desheures durant aussi, il s'en remet à la philo-sophie, appelle Platon et se sert de luicomme un aveugle une canne « Si Platonm'avait vu debout devant ma manon enflammes dans mon pyjama de fantôme cette nuitd'été, hypnotisé par les ombres, qu aurait-il dit f

(. ) Dirait-il que j'étais prisonnier des appa-rences du monde, et incapable d'en pénétrer l'es-sence ? Dirait-il que mes y eux avaient du mal às'adapter à la lumière ? »D'interrogations en examens de conscience- pourquoi moi ? - Nick Flynn creuse lepassé, laboure le présent et scrute l'avenir,l'enfant à paraître. La sérénité pointe lebout de son nez, enfin Accroc à une au-thenticité douloureuse et avec une endu-rance hors du commun, le « nonromancier » a le culot de mettre des motslumineux sur ses désastres Et les nôtres.

Martine Laval

CONTES À REBOURS DE NICK FLYNNTraduit de l'américain par Anne-Laure Tissut,Gallimard, 324 pages, 20,50 €

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