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1 GRAINE Pays de la Loire Procès de la biodiversité Les actes Comment rendre la biodiversité plus populaire et attrayante vis-à-vis du grand public ? 27 septembre 2018 à La Roche-sur-Yon (85) - Centre Beautour PRÉFECTURE DE LA RÉGION PAYS DE LA LOIRE DIRECTION RÉGIONALE DE L’ENVIRONNEMENT DE L’AMÉNAGEMENT ET DU LOGEMENT PRÉFECTURE DE LA RÉGION PAYS DE LA LOIRE DIRECTION RÉGIONALE DE LA JEUNESSE, DES SPORTS ET DE LA COHÉSION SOCIALE et réalisée grâce au soutien de : Une journée du GRAINE Pays de la Loire organisée par : Loïc Sicallac [email protected] 02 51 05 48 30 Les journées d’échanges de l’éducation à l’environnement 2018 Illustrations : Freepik

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GRAINE Pays de la Loire

Procès de la biodiversité

Les actes

Comment rendre la biodiversitéplus populaire et attrayantevis-à-vis du grand public ?

27 septembre 2018à La Roche-sur-Yon (85) - Centre Beautour

PRÉFECTUREDE LA RÉGION

PAYS DE LA LOIRE

DIRECTIONRÉGIONALE DE

L’ENVIRONNEMENTDE L’AMÉNAGEMENT

ET DU LOGEMENT

PRÉFECTUREDE LA RÉGION

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DES SPORTS ET DELA COHÉSION SOCIALE

PRÉFECTUREDE LA RÉGION

PAYS DE LA LOIRE

DIRECTIONRÉGIONALE DE

L’ENVIRONNEMENTDE L’AMÉNAGEMENT

ET DU LOGEMENT

PRÉFECTUREDE LA RÉGION

PAYS DE LA LOIRE

DIRECTIONRÉGIONALE DE LA JEUNESSE,

DES SPORTS ET DELA COHÉSION SOCIALE

et réalisée grâce au soutien de :Une journée du GRAINE Pays de la Loire organisée par :

Loïc [email protected] 51 05 48 30

Les journées d’échanges de l’éducation à l’environnement

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Sommaire1. Problématique 4

2. Programme 4

3. Ouverture du procès 51. Introduction du juge 52. Plaidoyer de la défense 53. Plaidoyer de l’accusation 64. Témoignages d’experts à la barre 7

4. Ajournement de la séance pour étude de la question par le jury 81. Le choix de l’ambassadeur choupinou, un bon moyen de sensibiliser le grand public ? 82. En quoi le modèle socio-économique actuel permet ou ne permet pas que le grand public

s’empare de la biodiversité ? 93. Comment rendre un message anxiogène sexy ? Qu’est-ce qu’un message positif ? 94. Vis-à-vis du grand public, quel est l’enjeu prioritaire pour la biodiversité ? Agir pour préser-

ver ? Se reconnecter ? Connaître 10

5. Analyse de différents témoignages par le jury 101. Agir pour la biodiversité 102. Serious game 113. Les sciences participatives 144. L’écotourisme 15

6. Verdict du juge 17

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1. Problématique

Le climat anxiogène qui règne autour de la biodiversité - extinction, impact du réchauffement climatique - complique l’ap-propriation du sujet par le grand public.Pour contourner le problème, de nouvelles méthodes de sensibilisation et de nouveaux messages, plus positifs, apparais-sent.Certains mettent des espèces sous les feux des projecteurs, d’autres font appel aux citoyens pour inventorier la faune et la flore dite « commune », d’autres encore organisent des activités culturelles, ludiques et de loisirs, telles que les balades nature, les concours photo, le tourisme, pour sensibiliser le grand public à la nature. Et cela semble fonctionner. Serait-ce la solution ? Véhiculer une éducation positive aurait plus d’impact.Mais voilà, comment communiquer sur l’urgence de la situation ? Comment rendre la biodiversité plus populaire et at-trayante vis-à-vis du grand public ?

2. Programme

9h00 : Accueil

9h30 : Ouverture du procès• Introduction du juge• Plaidoyer des avocats• Témoignages d’experts à la barre

• Historique des actions de sensibilisation à la biodiversité menées depuis des décennies• Un déclin de la biodiversité toujours d’actualité malgré une implication des acteurs

11h00 : Ajournement de la séance pour étude de la question par le jury• Qu’est-ce qu’un message positif ? Comment rendre un message anxiogène « sexy » ?• Le choix de l’ambassadeur choupinou, est-ce un bon moyen pour sensibiliser le grand public ?• Vis-à-vis du grand public, quel est l’enjeu prioritaire de la biodiversité ? Agir pour préserver ? Se reconnecter ? Connaître ? • En quoi le modèle socio économique permet, ou ne permet pas, au grand public de s’emparer de la biodiversité ?

11h45 : Pause déjeuner, inscription aux ateliers et visite de Beautour

13h30 : Analyse de différents témoignages par le jury • Agir pour parler de biodiversité • Les jeux au service de la sensibilisation à la biodiversité • Les sciences participatives • L’écotourisme

15h30 : Délibérés du jury

15h50 : Plaidoyer des avocats

16h00 : Verdict du juge

16h30 : Fin du procès

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3. Ouverture du procès

1. Introduction du juge

« Silence ! Ou je fais évacuer la salle !J’avoue j’ai toujours rêvé de dire cela un jour. Merci à Loïc de me l’avoir permis.

Mesdames et messieurs les jurés, messieurs les avocats de la défense et de l’accusation, madame et monsieur les experts.Pourquoi sommes-nous là aujourd’hui ? Pour faire le procès de la biodiversité ? En un sens oui. Mais n’est-ce pas plutôt le procès de l’éducation, de la sensibilisation, de l’information autour de la biodiversité que nous entamons ici ?

Est-ce la biodiversité qui n’est pas attractive ou est-ce nous qui ne savons pas la vendre à nos concitoyens ?Est-ce l’araignée qui fait peur ou nous qui ne savons pas bien expliquer son rôle, sa place, son intérêt sur notre planète et dans notre vie ?

Les débats et délibérations d’aujourd’hui devront nous aider à répondre à ces questions. Pour cela les avocats de la défense et de l’accusation nous présenteront en début de journée leur plaidoirie. Ensuite les experts prendront le relais pour appor-ter les éléments scientifiques, sociaux et historiques composant le contexte de ce procès. Puis différents témoignages seront portés à notre connaissance durant des ateliers de world café. Chacun d’entre nous pourra s’exprimer alors sur les questions essentielles à se poser pour faire avancer les débats : • Comment rendre un message anxiogène « sexy » ? Qu’est-ce qu’un message positif ?• Le choix de l’ambassadeur choupinou est-il un bon moyen pour sensibiliser le grand public ?• Vis-à-vis du grand public, quel est l’enjeu prioritaire pour la biodiversité ? Agir pour préserver ? Se reconnecter ?

Connaître ?• En quoi le modèle socio-économique actuel permet, ou ne permet pas, que le grand public s’empare de la biodiversité ?

Des témoins se présenteront également devant nous pour défendre différents modes de sensibilisation et d’éducation à la biodiversité – Agir pour parler de biodiversité, les sciences participatives, l’écotourisme ou encore le serious game. Vous n’hésiterez pas à les interroger, leur faire dire la vérité et toute la vérité, les pousser dans leur retranchement pour construire votre intime conviction de juré. Les débats que vous mènerez seront sincères et sans préjugés. Ils s’appuieront sur les éléments concrets apportés tout au long de cette journée sans contrainte ni complicité malveillante.

À l’issue des débats nous nous retrouverons pour rendre conjointement un verdict et une sentence. Rarement procès n’aura eu un tel succès, voyez comme nous sommes nombreux ! Gageons que ces délibérations seront elles aussi une réussite. »

2. Plaidoyer de la défense

« Madame la Juge, Messieurs Mesdames les jurés, Mon cher confrère, bonjour.

La Biodiversité doit-elle être attrayante, attractive, divertis-sante ? C’est la Question. Je réponds Oui. Pourquoi ?Ma présentation va tenir en quelques arguments assez simples et très courts que je vais vous présenter.

Un peu d’histoire d’abord. En 1976, outre une sécheresse mé-morable comme quoi le réchauffement climatique ne date pas d’hier, une loi de protection de la nature a été votée par nos législateurs. Espèces protégées, parcs nationaux, réserves na-turelles, APPB (Arrêté préfectoral de protection de biotope), principe pollueur payeur, étude d’impact, ZNIEF.Les protecteurs de la nature étaient maintenant armés d’un ar-senal juridique complet et efficace permettant de prendre en compte la nature. Ces aménités positives, négatives, directes, indirectes, dans l’ordre, le désordre...1976 (plus de 40 ans), principe de biodiversité pas encore apparut, on utilise à la place les termes nature, environnement, paysages...(vieux termes, année 30 pour certains).

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Bilan de cette loi protection de la nature : faut-il rendre la biodiversité attrayante ? Oui

A-ton modifier nos modes de développement ? Non.Avons nous réduit l’urbanisation ? Non.Avons nous réduit nos émissions de gaz à effet de serre ? Non.A-t-on réduit l’impact des pratiques agricoles sur l’environnement ? Non.A t-on enrayer la disparition des espèces sauvages ? Non.Donc on pourrait me dire que les loutres, les cormorans, les hérons se portent mieux qu’il y a 40 ans. Je réponds épiphé-nomènes à l’heure de la 6è extinction de masse, l’écolo donneur de leçons.

Ils nous faut changer de paradigme, nos doctes discours sur la reproduction si complexe du triton dans des mares turbides par temps froid et humide ne sont plus à la hauteur du défi à relever. Il nous faut du beau, du grandiose, que ça claque et que ce soit sexy ! Alors les tritons franchement...Pour paraphraser un dirigeant du 20è siècle qui disait : « Le Vatican combien de divisions blindés ? » Je dirai la biodiversité combien de like ?Mais là il y a un problème, car la biodiversité ce n’est pas toujours très vendeur, les tritons, les araignées, les serpents, les zones humides, les friches, les ronces et bien sûr les moustiques. Parlons-en des moustiques, d’un point de vue scientifique, écologique, cette espèce est nécessaire dans son écosystème pour son équilibre blablabla. Le maintien des équilibres. Mais avouez, les moustiques franchement ? Les moustiques, est-ce franchement attrayant ? Avec la dingue, west nile , le chikungunya, zika, le palu, d’ailleurs bon nombre de ces petites bêtes ne nous aiment pas. Il faut le savoir, le loup mange les moutons, les mauvaises herbes mangent les trottoirs, les hirondelles mangent les façades, le bocage mange les avions (rire) et les zones humides qui pourraient être fonctionnelles, n’acceptent aucun gramme de béton, franchement.

Pour répondre en partie à la question parlons des coûts, la biodiversité coûte chère. Ne nous voilons pas la face, nous dépensons des centaines de milliers d’euros pour gérer des espèces invasives, comme le ragondin, la jussie. Notre amé-nagement du territoire, est contraint par tel coléoptère, le pique-prune je crois à une époque, ou par une plante à fleur la droséra ou que sais-je ? Regardons du côté des économistes, après tout nous sommes dans un monde libéral. Et bien ils affectent un prix à la bio-diversité, cette zone humide 100 000€, cette haie 2 500, la baie du Mont Saint-Michel, ils y travaillent encore. Car pas de prix, pas de valeur, pas de valeur pas d’intérêt ! Donc pour cette raison nous devons rendre la biodiversité attrayante. Ainsi elle aura un prix et, ainsi, elle sera sauvegardée !

Pour finir sur une note positive, la biodiversité a des atouts, elle peut devenir attrayante. Le tourisme de nature, l’accro-branche, nous avons un très bon exemple à Moutier les Mauxfaits en Vendée qui marche très bien, ils s’étendent, comme quoi tout est possible. La demande de tourisme de nature est forte, nous pouvons la développer il n’y à pas de problème.

Je vous remercie. »

3. Plaidoyer de l’accusation

« Madame la juge bonjour, messieurs les jurés.La biodiversité doit être attrayante, attractive, divertissante même. Sous entendu on doit la rendre attrayante. Elle ne doit pas l’être, elle l’est, attrayante. C’est une source d’émerveillement ayant inspiré les artistes de toutes les civilisations depuis les temps très anciens, et encore aujourd’hui. Le monde de la consommation l’a bien compris quand il utilise l’image de la nature, grâce à un paysage, un animal, un végétal, quand il veut exprimer la beauté, la liberté, la pureté, la violence, la puissance. Tous ces sentiments profonds qui nous habi-tent. On pourrait citer ici la publicité utilisant la nature, si on commen-çait à faire un inventaire de toutes les publicités qui entrent dans ce

champ, on pourrait se croire à une finale de coupe du monde.

La biodiversité est un critère d’évaluation de la qualité de notre environnement et donc de la santé de l’Homme. Son im-portance ne peut donc pas se résumer à savoir si elle doit être attractive. Même constatation et conclusion si on aborde le problème sous l’angle des plantes cultivées ayant besoin des pollinisateurs et prédateurs d’espèces parasites. La biodiver-

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sité est essentielle à notre survie, car sans plante cultivée que serons nous pour notre consommation directe ou celle des animaux que nous mangerons ensuite ? Nous n’irons pas loin dans l’avenir, les cartes bleues n’étant toujours pas consom-mables.

L’attractivité, tout doit être attractif ! Ce mot comme bien d’autre est un mot phare, emblématique, du monde libéral, capita-liste, qui a lui même mis à mal la biodiversité. Elle est une source importante, pour servir de socle à une activité économique centrée sur le tourisme de nature par les emplois qu’elle génère et le spectacle qu’elle peut offrir ? Donc maintenant qu’on est tous rentrés à un niveau ou à un autre dans ce système consumériste, il est très compliqué de renoncer à toutes nos addictions, pour redonner une place à la biodiversité. C’est quelque peu singulier de devoir rendre attrayante une biodiver-sité qui l’est par nature, fondamentalement, ce serait la faire rentrer dans le champ commercial, pour la rabaisser au niveau d’une marchandise. Pour qui l’Homme se prend-il ? Le fragile équilibre dont nous sommes issus, élément éphémère de bio-diversité que nous représentons, va-t-il par son orgueil scientifique, industriel et marchand faire disparaître le substrat dont il est né et précipiter sa perte, alors même que la roue continuera à tourner ? Et bien des formes de vie nous succéderons.

Merci. »

4. Témoignages d’experts à la barre

Historique des actions de sensibilisation à la biodiversité menées depuis des décennies - Hervé GauvritAu cours de ce procès, Hervé Gauvrit, Directeur de l’association La Cicadelle, a été appelé à la barre pour témoigner de son expertise en terme de sensibilisation à la biodiversité.Retrouvez l’intégralité de son témoignage grâce à cette captation sonore (à partir de la minute 15’).

Un déclin de la biodiversité toujours d’actualité malgré une implication des ac-teurs - Carole GarciaCarole Garcia, en tant que chercheuse au CNRS de Chizé, a apporté son expertise à la cour sur le déclin de la biodiversité malgré la forte implication des acteurs.Retrouvez l’intégralité de son témoignage grâce à cette captation sonore (à partir de la minute 31’55).

Constat 1 : échec de la conservation de la biodiversité (Top down)Théâtre de la 6è grande extinction sur une période de temps extrêmement resserrée.Les populations des espèces de vertébrés ont déclinées de 58 % en 40 ans.

Conséquences de pratiques non soutenables : agriculture, pêche, extraction minière, dégradation des habitats, surexploi-tation, changement climatiques, pollutions, espèces invasives.Le nombre d’êtres humains victime de la détérioration de l’environnement est égale-ment croissant.Les indicateurs sont tous au rouge :• Frontières planétaires : les processus du système Terre deviennent instables, chan-

gements climatiques, affectation des sols, flux biochimiques, dégradation de la biosphère.

• Empreinte écologique : le jour du dépassement = exploitation des ressources na-turelles et capacité de régénération au-delà d’une Terre et demi pour se procurer nos biens et nos services.

• Indice Planète Vivante : Focus sur les prairies• En 2000, 40 % des prairies tempérées ont été converties et affectées à des

activités humaines (agriculture).• En France, les effectifs d’oiseaux ont diminué d’un tiers en 15 ans.• En Europe, 80 % des insectes volants ont disparu en 30 ans et 421 millions

d’oiseaux

Constat 2 : « extinction de l’expérience de la nature »En l’espace de 30 ans, la relation entre la nature et les humains s’est profondément modifiée, et ce mouvement va en s’ac-célérant. C’est ce qu’on appelle le syndrome du « nature-deficit disorder » :

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• Diminution de l’identité communautaire (Territoire)• Perte du sens du territoire• Absence de conscience de l’espace• Oubli du rythme de la vie (les saisons)Cadre conceptuel :1. Problème de gouvernance des ressources communes, le bien commun en accès libre est limité2. L’attachement au lieu favorise l’implication dans sa protectionDeux verrous :• Des objectifs non partagés et un manque de connaissances• Face à ces constats une réponse a été élaborée : Mon Village espace de biodiversité (pour le détail cf Atelier « Agir

pour la biodiversité »)

4. Ajournement de la séance pour étude de la question par le jury

1. Le choix de l’ambassadeur choupinou, un bon moyen de sensibiliser le grand public ?

• Ambassadeur• Oui, à une espèce phare, vedette

• Focalise l’attention donne le goût de protéger• Sensibilise le public• Permet d’agir• Sous réserve de varier les emblèmes

• Non, il ne faut pas d’ambassadeur• Infantilisant• Ce sont souvent des espèces étrangères, exotiques• Réducteur• Quid des espèces parapluies ?• Quid des plantes ?• Effet non prouvé• Pas de résultat probant sur la biodiversité dans son ensemble

• Émotions esthétiques• Spontané, cerveau reptilien, peurs• Appartenance à la famille de mammifères (poils versus plumes)• Oui, efficace, une représentation emblématique fonctionne• Il ne tient qu’à nous de

• Changer les représentations• Les rendre familières créer du lien, les toucher• Rendre toutes les espèces mignonnes et attractives• Montrer les liens de l’ambassafeur avec les autres espèces• Valoriser les espèces d’un territoire• Mettre en exergue les particularités de chacune -> héros

• Écosystèmes, milieux• Quoi que nous fassions, impacts invasifs, nos tentatives de sensibilisation sont vaines• La nature réagit selon ses propres règles

• quand on sauvegarde une espèce, le résultat obtenu n’est pas celui attendu ou espéré• Risque de déséquilibre

• effet pernicieux• Donne un prétexte

• une fois l’espèce préservée, de ne pas agir sur le reste de la biodiversité• Quelle cible ?

• Populaire ?• Spécialiste ?

• Élargir la cible• Organiser des réunions publiques, des ateliers participatifs

• Les citoyens doivent s’exprimer sur le sujet, et le porter auprès des autres citoyens, avec l’aide des associations et des

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structures locales• Ver de terre humain

2. En quoi le modèle socio-économique actuel permet ou ne permet pas que le grand public s’empare de la biodiversité ?

• Vision économique et non sociale• Système à l’origine de l’érosion de la biodiversité• Augmentation et/ou croissance :

• Exploitation des ressources naturelles• industrialisation• urbanisation• artificialisation

• Augmentation de la population mondiale• Mondialisation

• Vision trop globale• On ne porte plus d’intérêt au local• Importance consacrée aux biens matériels : smartphones

• Deconnexion / destruction / oubli• En faveur du lien social et de la biodiversité

• Emergence de nouveaux modèles (économique, social et solidaire)• Modèles facilitateurs de demain• Enjeux plus humains (santé, bien-être)• Emergence de la croissance verte

• Technologie éco-responsable ?• Nécessité de communiquer / usages excessifs• Il faut trouver le juste milieu

• Emergence des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC)• Impact positif : communication essentielle par ce biais (réseaux sociaux, échanges mails, applications, ...)• Impact négatif : les écrans éloignent, pas besoin de ces technologies pour sortir dehors• Bémol : faire de l’EEDD avec des outils numériques, informatifs, gratuits, intuitifs, touchent différents publics,

impression d’avoir de moins en moins de temps libre car omniprésence des NTIC• destruction de l’importance des liens sociaux

• Réglementation• Certaines réglementations sont prises en faveur de l’environnement mais ne sont pas présentées comme telles.

Exemple de la limitation de vitesse à 80km/h, les aspects mis en avant sont la sécurité routière putôt que la réduction des gaz à effet de serre

• Transport• Innovation, on va plus vite et plus loin. Accès à des milieux jusque là peu fréquentés

3. Comment rendre un message anxiogène sexy ? Qu’est-ce qu’un message positif ?

• Ne pas cacher les dégâts causés• Sexy ou pas ?

• Oui, il faut rendre le message sexy• Non, 40 ans d’expériences, ça ne marche pas• Ne plus montrer de personne sexy

• Privilégier• L’acte• La crédibilité

• Communiquer sur des actions concrètes• Montrer que c’est possible• Que ce soit ludique• Avoir de l’humour• Rester positif• Provoquer l’émerveillement, la magie• Montrer ce qu’on fait

• Faire vivre une émotion positive• Bienveillance• Convivialité• Ecoute

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• Insister sur les solutions

4. Vis-à-vis du grand public, quel est l’enjeu prioritaire pour la biodiversité ? Agir pour préser-ver ? Se reconnecter ? Connaître

Partant du constat d’une coupure voir d’une peur à la nature dans notre société, comment faire pour que le public s’empare de la biodiversité ? • Permettre à tous les publics de se reconnecter à la nature par une approche sensorielle. Par la sensibilisation, en met-

tant du sens, de l’émotion, du vivant. En faisant vivre des expériences dehors, qui font se sentir vivant.• Pour agir, il faut passer par l’étape de la reconnexion sensible, afin de se poser des questions, de s’approprier les élé-

ments, d’avoir une vision plus globale. Les citoyens peuvent s’emparer du sujet de la biodiversité sans attendre les élues.

• L’apprentissage, le savoir sont importants pour mieux connaître.• La biodiversité et l’impact de sa vie quotidienne sur celle-ci, avoir un intérêt pour un sujet et l’approfondir.

Par conséquent, l’enjeu prioritaire serait de reconnecter le public à la biodiversité en lui permettant d’aller dehors, de lui faire vivre une expérience sensible avec du sens et de l’émotion, afin qu’il se pose des ques-tions et agisse.

5. Analyse de différents témoignages par le jury

1. Agir pour la biodiversité

Intervenante : Carole Garcia - Ligue de l’Enseignement dispositif « Mon village espace de biodiversité »

Mon village espace de biodiversité : une démarche expérentielleÀ partir de ses connaissances théoriques, Sylvie Houte, responsable de la coordination du dispositif et chercheuse au CNRS Centre d’Etudes Bilogiques de Chizé, a bâti un plan d’intervention pédagogique qui inclut des activités qui :• augmentent les connaissances• développent les perceptions et l’esprit critique• incitent à découvrir la diversité culturelle (scientifique, apicultrice, artistique, commune, voisine)• favorisent la collaboration, le service à la communauté• augmentent le lien avec la nature Sylvie Houte fait l’hypothèse qu’un objectif partagé (conservation de la biodiversité) à l’échelle du territoire peut être atteint par la mise en place d’un programme de culture scientifique autour de la biodiversité. Les effets positifs de ce programme favorisent un changement de comportements individuels et collectifs.

Une pédagogie active et affectiveChaque apprenant vit ses propres expériences, ressent des émotions. L’expérience est à la fois considérée comme person-nelle et sociale et le savoir est ancré dans la réalité.En 1995, Bell résume cette démarche en décrivant l’apprentissage expérientiel comme une relation entre un individu et son environnement au cours de laquelle l’individu découvre une réalité concrète et signifiante.Impulsion initiale : un évènement (une nouveauté) peut devenir propice au changement.L’intérêts de la démarche expérientielle (Bisson & Luckner, 1996) :• Favorise la motivation• Diminue le stress• Diminue les barrières sociales• Augmente la prise de risque• Suscite l’éveil Les principes de la culture scientifique en EEDD• Apporter des connaissances aux citoyens sur les questions de société, sur l’avenir de l’humanité face au développe-

ment (perte et dégradation des habitats, surexploitation des espèces, urbanisation, changement climatique, énergie, biodiversité, OGM, capacité alimentaire...) en s’attachant à réfléchir à un projet de société durable, pour le bien être de tous aujourd’hui et demain.

• Favoriser le sens critique des citoyens. Mettre en dialogue les connaissances scientifiques avec les choix de sociétés (éco, éthiques, sociaux...). Permettre une accessibilité sociale des résultats de la recherche.

• Ne pas céder au catastrophisme• Favoriser l’accessibilité de tous au dispositif en s’ouvrant à l’ensemble des acteurs en y associant les groupes et les as-

sociations locales qui deviennent ainsi garants de la démocratie (accès au savoir), et contribuent à trouver des solutions futures à la conservation de la nature.

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Plan d’accompagnement de mon village espace de biodiversité• Action 1 : Un programme éducatif

Partenariat avec l’Éducation nationale, les enseignants s’inscrivent annuellement

• Action 2 : Des animations publiquesRestitution du projet auprès des autres enfants du territoire et des habitants : animation itinérante de village en village, jardins au naturel, compostage, vie des abeilles...Exemple : « Les rencontres de la biodiversité », « La fête des abeilles » présentation de la ruche comme un outil pédagogique, fabrication d’abris à insectes par des chantiers d’insertion et distribution aux familles... Information des bénévoles et dans les bibliothèques, mise à disposition d’expositions...

• Action 3 : Centre de ressourcesMise à disposition d’information et de processus de suivi.

• Action 4 : Accompagnement de groupes de citoyensFaire émerger une réflexion et une implication individuelle des habitants et des acteurs du territoire (déterminer leurs choix de décision).Exemple : université populaire.

• Action 5 : Gestion et animation d’un rucher pédagogique communal et valorisation des prairies fleuries

Des défis, des axes à intégrer, à développer !• Changer de cap, ramener nos modes de développement dans les limites environnementales, maintenir voire restaurer

la résilience des écosystèmes• Travailler avec le vivant, avec la nature. Nous sommes les acteurs du changement. Remettre la nature en ville, jardins,

marres, ruches, haies bocagères. Réhabiliter restaurer les sols, les cours d’eau… Produire des émissions négatives, planter des arbres, du végétal. Redonner du sens au concept : valeur en latin veut dire « force de vie », bénéfice veut dire « activité bénéfique »

• Tendre à une transformation personnelle et à une transformation sociale et écologique• « L’humanité est menacée par sa propre barbarie intérieure. Choisir d’être heureux devient un acte politique. Le bon-

heur est une résistance » Patrick Viveret• « Il faut agir sur notre propre zone d’influence personnelle et professionnelle et être pédagogue, montrer des chemins

enthousiasmants et efficaces » Jean-Louis Etienne

Mon village : espace de biodiversité, des objectifs stratégiques à l’échelle des territoires• Répondre aux enjeux du développement responsable en terme de cohésion sociale, de solidarité territoriale, de gestion

des ressources naturelles, de production responsable, et de conservation de la biodiversité• Poursuivre la proposition de programmes d’actions dans le cadre de l’éducation• Développer et fédérer une dynamique associative autour d’un projet de territoire en créant un espace de dialogue social

local• Renforcer une mission d’éducation populaire, en rendant accessible les connaissances et en facilitant l’émancipation• Intervenir en tant qu’acteur de développement local pour le mieux vivre ensemble, la valorisation des particularités

naturelles, culturelles et patrimoniales des territoires sur lesquels nous agissons• Favoriser le pouvoir d’agir citoyen par un dispositif de science participative

Retrouvez au lien suivant une carte mentale résumant les éléments clefs de l’atelier.

2. Serious game

Le but de cet atelier était de tester différents « jeux sérieux » visant à rendre attrayante la biodiversité aux yeux du grand public. 15 personnes ont participé à cet atelier. Celui-ci était découpé en 4 temps :• 20-25 min de test• 15 min d’analyse et de critique en sous-groupe• 5-10 min de restitution de chaque sous-groupe aux autres participants de l’atelier• 45 min d’échange collectif pour répondre à certaines questions

L’atelier s’est articulé autour des témoignages des participants et de leurs expériences. Est-ce que ces jeux sont ludiques ? Est-ce que les participants ont appris quelque chose (apport de connaissances de chaque jeu) ? Pour quel public ces jeux sont-ils adaptés ?

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Les jeux

Ecosysgame (jeu numérique) Nowatera (jeu numérique) Défi Nature (jeu de cartes)

Robin de Jardins(jeu de plateau)

EcosysGame est un jeu qui a pour objectif de sensibiliser les enfants et les adolescents à l’importance de la biodiversité en Aquitaine.Le joueur doit parcourir plusieurs paysages naturels (mers, étangs, forêts, etc.) à la recherche de sym-boles. Ces symboles déclenchent dif-férentes missions de gestion durant lesquelles il doit gérer le milieu natu-rel d’un territoire. Il faut alors déve-lopper son économie, sa biodiversité et faire attention au bien-être de la population. La réussite des missions dépend des actions mises en place et des choix effectués : nom des es-pèces animales et végétales, posi-tionnement dans leur milieu respectif et respect de la chaîne alimentaire.

Le score final tient compte de trois critères : social, économie, biodiver-sité. Il faut donc élever le tout en maximum tout en conservant un cer-tain équilibre.

Dans un futur, sans doute pas si lointain que cela, des colons ont débarqué sur une planète éloignée : Nowatera. En intervenant sur le paysage (construction d’un barrage, utilisation de pesticides, construction d’un rideau végétal pour se protéger du vent), ils modifient impercepti-blement l’écosystème de la planète. Quelquefois, des conséquences dé-sastreuses bien éloignées de la cause première apparaissent.

L’objectif est de faire comprendre aux élèves l’équilibre global de notre pla-nète et de les sensibiliser à l’impor-tance de préserver la biodiversité.

Ce jeu a été conçu en Belgique avec des enseignants et l’association de protection de la biodiversité Wallone, Natagora, pour une immersion lu-dique et interactive dans les matières scientifiques.

Défis Nature emmène le joueur à la rencontre des animaux marins les plus surprenants de notre planète.Au travers de cartes illustrées, il dé-couvre les particularités des espèces animales les plus répandues comme les plus menacées, puis il parie sur les points forts de ses animaux pour collecter toutes les cartes du jeu et remporter la partie. Alors, prêts à re-lever le défi ?

Disponible : reptiles, primates, oi-seaux, insectes et dinosaures avec les 3 jeux Dino Challenge.De 2 à 6 joueurs.Dès 7 ans.

Le jeu permet au plus grand nombre de découvrir la vie secrète du jardin et d’apprendre à la protéger : les conseils de protection de la nature qui y sont abordés sont directe-ment applicables dans un jardin. Pour aller plus loin, les familles pourront créer dans leur jardin leur propre Refuge LPO et ainsi intégrer le premier réseau de jardins écologiques de France.

On peut y jouer en mode compétitif (être intraitable avec ses adversaires) ou coopératif (s’allier pour préserver la sérénité dans le jardin) de 2 à 6 joueurs à partir de 6 ans.

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Analyse des jeux

Nom des jeux Écosysgame Nowatera Défi nature Robin de jardins

Les +

• Quelques apports en cherchant bien

• Quelques apports sur les plantes

• Décors colorés• Support péda-

gogique pour un professeur des écoles

• Pas de bonne ou de mauvaise solution

• Traite bien de la complexité des problèmes qui se posent

• Les grandes questions sont abordées

• Raconte une histoire

• Sous forme d’en-quête

• Imaginaire, moins angoissant que le réel

• Belles photos• Simple d’utilisa-

tion

• De bons apports de connaissances sur les nuisibles

• Deux modes de jeu (en partena-riat et en compé-titivité)

Les -

• Pas très ludique• Absence d’expli-

cation lors des corrections

• Décors simplistes• Jeu qui se joue

seul, absence de partage

• Difficile en auto-nomie

• QCM

• Un peu redon-dant (questions / réponses)

• Pas du tout lu-dique

• Trop compliqué• Manque d’infor-

mation sur les réponses données

• On ne sait tou-jours pas sur quoi le choix se porte

• Les choix sont guidés

• Images fixes

• Jeu d’intérieur• Compétitivité• On ne retient pas

grand-chose• On ne parle pas

des espèces en question

• Aucun lien avec les espèces me-nacées

• Pas éducatif (seulement de la lecture, pas de moyens pour mémoriser)

• Le sujet n’est pas l’animal directe-ment

• Mécanique de jeu un peu complexe (double déplace-ments)

• Rôle du nuisible mal défini

• Questions com-plexes

• Pas vraiment de stratégie de jeu

Public 11 ans et + 13 ans et +lycées techniques 7 ans et + 6 ans et +

ou avec un adulte

Dans l’ensemble, l’analyse de chaque sous-groupe n’est pas très positive.Les participants s’accordent à dire que finalement, il y a peu d’apports de connaissances. Pour les jeux qui en proposent, il faut chercher soit même dans des banques de données. Malheureusement cette démarche n’est pas pédagogique (autant aller chercher dans un dictionnaire).On reste sur un mode de transmission magistral et donc peu éducatif.

Temps d’échange collectifDurant ce temps d’échange, les participants ont répondu à plusieurs questions concernant les serious games.

En quoi les serious games sont-ils pertinents pour rendre la biodiversité attrayante ?Les serious games sont, à priori, assez pertinents pour rendre la biodiversité attrayante. Malgré tout, il est possible d’ap-prendre via un système de question-réponse ou de lecture.

Quelles sont les clés d’un programme de jeu réussi ?Les clés pour un programme réussi qui sont les suivantes :• être dehors• faire du lien avec la Nature en direct• être plus dans le réel• permettre à ces jeux d’être plus ludiques• travailler davantage les visuels, les rendre plus beaux pour donner envie aux jeunes (ex : Dixit)• réinventer les escape games qui sont à la mode, en inscape games (plutôt que de devoir sortir d’une pièce, l’idée serait

de devoir y entrer). L’enquête se ferait dehors. On rassemblerait un certain nombre d’éléments trouvés dans la nature pour pouvoir accéder au luxe d’une maison (eau, électricité, …)

Ces dispositifs sont-ils, seuls, suffisants pour rendre la biodiversité attrayante au grand public ?Bien entendu, ces dispositifs ne sont pas suffisants pour rendre la biodiversité attrayante. Il est important de les articuler

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avec d’autres moyens, dispositifs ou actions qui permettraient de la valoriser et de donner envie à un citoyen, jeune ou une personne âgée de faire sa part.

Si non, avec quels autres dispositifs sont-ils le plus à même de s’articuler ?Les sorties en extérieur sont importantes pour atteindre ce but. Qu’est-ce qu’une animation nature dans une salle de classe ?

Il serait aussi important de diversifier les approches permettant aux participants du jeu d’acquérir des connaissances sans un sentiment de rapport élève – professeur.

Les serious games ne sont, au final, que des supports supplémentaires à une « animation nature classique » ou à un cours de classe.

Est-ce qu’adapter un jeu avec des données personnelles ne permettrait pas aux joueurs de se sentir plus concernés, plus investis d’une mission et de s’approprier la thématique ?Les jeux de rôles pourraient être une bonne alternative. De même pour un jeu ayant un déroulement en partenariat pour que le partage et la solidarité puissent aussi opérer.

Pour conclure, il est compliqué de trouver un jeu complet. L’animateur doit savoir choisir un jeu ou l’adapter en fonction du public qu’il vise et des objectifs qu’il souhaite atteindre.

3. Les sciences participatives

L’atelier a débuté par une brève définition des sciences participatives.Ensuite deux intervenantes ont présenté leur programme.Enfin, les participants ont été regroupés en binôme pour répondre à quelques questions :• Quelles sont les limites des sciences participatives ?• Est-ce que les sciences participatives rendent la biodiversité plus attrayante ?• Que faire pour les rendre plus efficaces ?

Intervenante 1 : Amandine Brugneaux - LPO85 programme « Les oiseaux du jardin »Le protocole consiste à faire participer des personnes bénévoles, des particuliers, à un comptage d’oiseaux observés, à partir d’une fiche. Cette fiche est remplie sur un temps et une période donnés. Ensuite les résultats sont à inscrire sur le site de la LPO pour pouvoir les comparer et suivre l’évolution.

Intervenante 2 : Valérie Cottereau - Terre des sciences programme « Vigie Nature Ecole : l’exemple des pla-cettes à vers de terre » Ce protocole est mis en place dans les écoles primaires et collèges. Une présentation rapide des autres programmes de sciences participatives proposés par Vigie Nature a également eu lieu.

À l’issu des échanges en binôme, un tour de table des réponses apportées aux questions a été fait.

SynthèseLes freins et les limites identifiés : • La rémunération des animateurs, intervenants sur ces protocoles• Le développement informatique et le développement et la confection de boîtiers à ultrasons (pour les chauves-souris)

coûtent chers• La peur du public, ou de l’animateur, de ne pas être à la hauteur au regard des enjeux d’une étude scientifique « sé-

rieuse » • La logistique : quel matériel, quelle organisation ? Et quel retour vis-à-vis des observateurs, qui pourraient renforcer leur

implication et les remercier (notamment décalage entre moment de l’observation et durée de l’analyse des données) ?• La gestion de la frustration : quand rien n’a été observé, quand le terrain n’est pas favorable...

En dépit de ces freins, il semble que les sciences participatives soient effectivement adaptées pour rendre la biodiversité attrayante :• L’accompagnement des participants, par des spécialistes ou des formateurs (à la détermination, à l’outil numérique) :

un ambassadeur humain, pour faire du lien et renforcer l’envie et la motivation• Les impacts « dérivés », non recherchés à l’origine mais très importants : création de lien social (entre participants, avec

des formateurs, des spécialistes, des personnes aux compétences variées) ; renforcement de l’estime de soi ; création d’émotions positives

• la mise en action positive, le « faire », donne le sentiment d’être utile et renforce les impacts dérivés

Quelques pistes à creuser :• Proposer une progression, d’autres actions « pour aller plus loin » (autre protocole ou pistes de gestion pour améliorer

l’accueil de la biodiversité)

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• Améliorer la communication sur les sciences participatives et les actions menées• Valoriser les participations par des suivis à long terme en ayant un retour sur les résultats• Rendre les outils informatiques plus intuitifs

4. L’écotourisme

L’écotourisme, une forme de tourisme permettant la découverte d’un territoire de manière respectueuses de l’environne-ment.

Intervenante 1 : Mélanie LAPLACE – LPO programme « Terre d’oiseaux »

Organisation de visites dans le marais poitevin :• Durant 2 ou 3 jours• Limitées au nombre de places d’un minibus• Restauration à partir du réseau Paysan de Nature• Découverte de l’environnement, de l’agriculture, du territoire

• Un paysage dans un territoire• Caractéristiques d’un paysage : lieu de biodiversité• Répondre à la curiosité du public• Etre attentif à ce qui nous entoure

• Présentation de l’écoconception du sejour• logistique : cohérence avec les enjeux environnementaux liés à l’alimentation et aux transports, limiter l’impact du

séjour sur l’environnement• contenu : découverte ornithologique et présentation des enjeux de protection

L’idée est d’éviter que la nature soit un mode de consommation comme un autre. Parfois le public consommateur recherche de la coche ornithologique : « nature objet ». La structure l’amène donc à se poser des questions sur une autre façon de voyager.

Question des participantsL’écologie et le tourisme, notamment vu par les élus, est ce antinomique ? • Besoin d’une prise de conscience que c’est la qualité écologique qui décidera de la qualité du tourisme • Nécessité d’encadrement

Intervenante 2 : Amélie BRAUD – CPIE Corcoué sur Logne dispositif « BALUDIK »Constat : • Esapces sans visiteur• Désir de faire découvrir

Comment faire visiter en autonomie un milieu environnemental ? Construction d’un outil numérique adapté : utilisation de l’interface Baludik : • Choix d’une start up nantaise• Sur smartphone• Si téléchargement préalable, pas de nécessité d’avoir une connexion internet• Environ 9 000€ nécessaires pour la création de 14 sentiers• Fonctionnement par étape à valider pour avancer dans la visite • Accès gratuit pour le public (payant pour le créateur du parcours)

Thème de l’eau : « Baladavel’eau » dans les marais bretons et vendéens : • Découverte d’une zone humide• Lieu d’intérêt biodiversité• Promotion des mobilités douces• Difficultés de communication pour inviter le public à utiliser l’application• Compétences techniques nécessaires dans la structure créatrice afin de générer du contenu et la mise en ligne• Se pose la question : est ce vraiment de l’éducation à l’environnement ?

Partenariat : CPIE Loire Océane / Association Hirondelle / CPIE Corcoué sur Logne

Démarche de compromis = une vitrine pour inviter le public à se rendre en nature et, peut être permettre d’impulser des changements des comportements, d’amener à faire des animations nature avec un intervenant. Passer de la consommation d’un produit touristique à l’intérêt pour les milieux.

Réflexions :• Comment arriver à communiquer efficacement ?• Manque de retour sur la pratique : chiffres de téléchargements sont bons mais on ne sait pas dans la réalité si toutes

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les balades ont été effectives• Faudrait il créer le contenu au sein du CPIE et confier la mission de la promotion et partie technique à un prestataire ?

Cela limiterait les compétences à avoir en interne (internet, techniques du numérique, communication)

Question des participantsS’il n’y a pas d’animateur relais, quelle plus valus par rapport à un livret papier style « baladévous » ?• Cela incite à faire du vélo, marche à pied, à sortir toute l’année• Par contre il est vrai que personne n’est là pour donner des informations sur la période favorable à l’observation de telle

ou telle espèce.• Le CPIE remarque que certaines personnes refusent ou manquent de temps pour sortir le téléphone en nature et pré-

fèrent une version papier.• Le CPIE s’interroge sur le fait de proposer 3 modes de médiation sur un même lieu : livret papier / numérique via l’ap-

plication / présence physique d’un animateur

Retour des participants sur les deux projets présentés• Cela « baisse » le rapport à la nature, alors qu’une carte IGN « suffit » pour une rando de découverte • Attention au risque de tourisme de masse qui pourrait avoir un impact environnemental fort sur un site très fréquenté

Baludik risque en effet de concentrer les usages sur un espace restreint (mais en réponse : possibilité de « piloter » la fréquentation en choisissant « quand est publiée quelle ballade » pour notamment limiter la fréquentation d’un site sur une période de reproduction)

• Existe-t-il des informations dans la balade numérique sur les animations proposées au sein du CPIE sur les thèmes ren-contres (conférences prochaines, sorties ornithologie ) ? afin de proposer une suite après cette première découverte ?

• il faudrait développer des partenariats avec des lieux à visiter sur le circuit : ferme, lieux historiques. Il est vrai que les visites à la ferme permettent de renforcer les échanges humains sur le territoire, par des gens vivant sur le territoire au quotidien

Expériences des participantsAnimation nature sur un marais :• Transversalité : lien entre patrimoine et environnement important sur des sites comme des marais salants, des marais

à poissons et des parcs ostréicoles• Séjours éducatifs pour scolaires (classes de mer) : plusieurs thématiques abordées comme le patrimoine, l’environne-

ment, les écogestes, le vivre ensemble, l’alimentation durable, etc. En quoi les actions menées sont pertinentes pour rendre la biodiversité attrayante ? Quelles sont les clés d’une action réussie ? Quelles sont les limites de ces dispositifs ? • Besoin d’articuler les outils comme baludik avec des interventions d’animateurs en face à face• La dimension « loisir » est clairement favorisée par l’outil baludik et participe donc à rendre attrayante la biodiversité

auprès du grand public• Les clés d’un projet d’écotourisme réussi sont :

• Définition d’objectifs ayant du sens• Réalisation d’une action répondant à un besoin (chaque public a ses besoins et nécessite donc des actions adap-

tées)(« autant de solutions que de publics »).

Limite : attention à la fréquentation qui pourrait dégrader l’objet de la balade (la biodiversité)Deux projets ont été présentés pour deux publics spécifiques (adeptes du smartphone en vacances souhaitant faire du vélo, touristes aisés déjà sensibilisés). Existe-t-il des dispositifs adaptés à tous les publics ? Est-ce possible ? À quel coût pour les usagers et les structures ?

Pour être efficaces ces dispositifs doivent :• Pouvoir toucher de nombreux publics• Présenter une grande diversité (formes/contenus)• Déployer une certaine transversalité dans les thèmes abordés (la biodiversité oui, mais aussi son contexte (territoire,

géologie, etc.))• Etre complémentaires (via une coopération des acteurs de l’écotourisme sur un territoire donné, et donc une limitation

de la concurrence)• Présenter une certaine cohérence (prise en compte de l’impact environnemental du séjour (transports, repas, fréquen-

tation…)).

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6. Verdict du juge

« Attendu que la biodiversité est attrayante, attendu que nos actions sont pertinentes, mais constatant que la biodiversité disparaît trop rapidement ces dernières décennies, nous devons bien reconnaître que le problème est là et bien là.Nos débats de la journée nous on permis d’identifier les éléments essentiels qui font que l’un n’implique pas l’autre. C’est à dire que nos actions sont pertinentes mais pour autant la biodiversité continue de disparaître. Les éléments essentiels que vous avez pu identifier tout au long de la journée concernent :-les publics (tous et chacun) mais il faut bien les cibler. Quel que soit le dispositif, quel que soit l’action que l’on veut engager en faveur de la biodiversité, il faut bien cibler son public, sinon on tombe à côté.-les émotions, l’affect : on a beaucoup entendu parlé de faire ressentir les choses aux gens et leur faire faire les choses. Cela ancre l’approche de la biodiversité que l’on aura dans notre action/notre dispositif, et du coup cela implique de la durabilité chez les gens à travers cet affect, ces émotions.-les objectifs ; quels sont nos objectifs ? Que voulons nous faire ? Est ce qu’on veut faire venir, faire sortir donc sensibiliser ? Est-ce qu’on veut faire connaître, voire reconnaître et donc éduquer ? Ou est-ce qu’on veut, soyons fous, faire changer de comportement les publics ? Certains objectifs peuvent être contradictoires : on veut faire venir , ça marche, mais il y a trop de monde, mais on voulais préserver et là il y a trop de monde donc ça ne va plus.Globalement la question qui est revenu beaucoup c’est l’équilibre. L’équilibre entre tous ces objectifs. l’équilibre entre les résultats de nos actions, par exemple : faire venir du monde pour sensibiliser un maximum de public et préserver le milieu sur lequel on veut faire venir les gens… Peut-être vaut-il mieux faire venir le public sur un espace que l’on a pas trop envie de préserver.Ou alors on met des règles des cadres, des choses comme ça.De même il faut trouver l’équilibre entre le plaisir du jeux et ce que l’on apprend. On s’amuse mais est-ce qu’on apprend. De plus certains de ces jeux se basent sur la compétitivité, tout ça…L’équilibre c’est notre domaine dans la justice, où l’on essaye d’équilibrer la balance entre le bien/le mal, les coupables et les innocents. Est-ce que la mygale est innocente ? Est-ce que le jardinier est coupable ? Je crois que nous n’avons pas encore répondu complètement à la question aujourd’hui et pourtant on y a beaucoup beaucoup travaillé.De retour chez nous nous allons pouvoir nous concentrer sur ces 3 éléments essentiels : nos publics, nos approches par l’émotion, l’affect et le faire faire, et nos objectifs.Soyons clairs sur nos objectifs et peut-être qu’enfin on arrivera à ramener les gens vers la biodiversité, vers la nature, avec une envie de réellement la protéger, la préserver, la restaurer soyons fous, allons-y ! »