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HAL Id: hal-00895836 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00895836 Submitted on 1 Jan 1988 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Les boiteries chez la vache laitière B. Faye, J. Barnouin To cite this version: B. Faye, J. Barnouin. Les boiteries chez la vache laitière. INRA Productions Animales, Paris: INRA, 1988, 1 (4), pp.227-234. hal-00895836

Les boiteries chez la vache laitière - HAL archive ouverte · 2021. 1. 27. · Boiterie fonctionnelle, panaris, four-chet, cerise, blessures et abcès du pied représen-tent les

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  • HAL Id: hal-00895836https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00895836

    Submitted on 1 Jan 1988

    HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

    L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publiés ou non,émanant des établissements d’enseignement et derecherche français ou étrangers, des laboratoirespublics ou privés.

    Les boiteries chez la vache laitièreB. Faye, J. Barnouin

    To cite this version:B. Faye, J. Barnouin. Les boiteries chez la vache laitière. INRA Productions Animales, Paris: INRA,1988, 1 (4), pp.227-234. �hal-00895836�

    https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00895836https://hal.archives-ouvertes.fr

  • B. FAYE, J. BARNOUIN

    INRA TheixLaboratoire d’Eco-Pathologie63122 Ceirat

    Les boiterieschez la vachelaitièreSynthèse des résultatsde l’enquête Eco-PathologiqueContinue

    Par son incidence économique (baisse des performances liée à l’inconfort età la douleur qu’elles procurent aux animaux, réformes anticipées) et safréquence élevée, la pathologie de l’appareil locomoteur et en particulier dupied représente une part très importante des problèmes sanitaires chez lavache laitière. En effet, dans l’espèce bovine, la plupart des enquêtesépidémiologiques concordent pour affirmer que les boiteries sont autroisième rang de la hiérarchie des troubles pathologiques, après l’infertilitéet les mammites.

    Nous présentons ici une synthèse des donnéesépidémiologiques recueillies sur la pathologie del’appareil locomoteur chez la vache laitière, enti-té morbide majeure observée dans les élevages.

    Les objectifs, la stratégie et la méthodologiede l’enquête Eco-Pathologique Continue ont étépubliés par ailleurs (Barnouin 1980, Barnouin etBrochart 1986) et les résultats ont fait l’objet de

    plusieurs publications de revues (cf. numérospécial des Annales de Recherches vétérinaires,198R).La prise en compte d’un large éventail de para-

    mètres de l’environnement et de caractéristiquesindividuelles des vaches autorisent une ap-proche multifactorielle des pathologies maj euresobservées dans les élevages bovins laitiers suivisdans le cadre de cette étude. Pour des raisons decommodités terminologiques, nous engloberonsl’ensemble de la pathologie de l’appareil locomo-teur sous le vocable « boiterie ».

    1 / Fréquence des boiteries

    1.1 / Incidence

    Dans l’enquête Eco-Pathologique Continue(E.E.P.C), le symptôme « boiterie » (il s’agit desboiteries fonctionnelles, c’est-à-dire sans lésionapparente) représente 9,96 % des cas pathologi-ques observés (Barnouin et al 1983) dans 90 éle-vages laitiers français, ce qui situe cette patholo-gie en quatrième position dans la hiérarchie desfréquences pathologiques observées, après lesmammites cliniques (20,37 %), la non-délivrance(12,62 %) et les métrites (10,75 %). Cependant,en considérant l’ensemble des symptômes ou lé-sions du pied, d’origine infectieuse (panaris, ab-cès, phlegmon interdigité, fourchet, piétin ...) ounon (bleime, cerise, limace, ulcère de la sole,fourbure, décollement du sabot ...), ainsi que leslésions traumatiques (blessures du pied ou des

    Résumé

    La pathologie du pied chez la vache laitière représente un ensemble d’affections quitouche en moyenne près d’un animal sur cinq dans les élevages, et peut représenter unvéritable fléau économique dans certaines exploitations très atteintes.Cette pathologie paraît fortement liée au système de production c’est-à-dire à la na-ture du bâtiment (19,3 % de boiteries en stabulation libre permanente vs 9,7 % en sta-bulation entravée), au degré d’intensification de l’élevage (plus grande sensibilité desvaches pie-noires, hautes productrices, aux affections podales), à l’alimentation (plusgrand nombre de cas de boiteries métaboliques répertorié lorsque la ration de basecomprend de l’ensilage de maïs à volonté et lorsque les changements de ration sontplus nombreux en période hivernale).L’augmentation des fréquences observées semble être le corollaire d’une productionintensifiée.

    Cependant, il n’y a pas de lien de cause à effet. Plus simplement l’intensification né-cessite une meilleure maîtrise technique de la part de l’éleveur. Les fautes de conduiteen matière de prévention des boiteries (absence de méthodes prophylactiques tellesque parage préventif, passage au pédiluve), l’absence de complémentation minérale,les excès alimentaires, une mauvaise conception du bâtiment sur le plan du confort etde la protection contre les intempéries, sont sanctionnées par une augmentation si-gnificative des troubles podaux observés.

  • articulations des membres), les fréquences an-nuelles observées représentent 22,5 cas pour 100vaches présentes, soit un pourcentage supérieurà celui des mammites cliniques.

    Ces valeurs ne diffèrent pas fondamentale-ment de celles relevées par plusieurs auteurs surdes troupeaux laitiers en Europe Occidentale.Dans une enquête précédente, réalisée en Bre-tagne, Brochart et Fayet (1981) avaient relevé unefréquence de 25,4 % dans 15 élevages très inten-sifiés. Ces chiffres sont comparables à ceux rele-vés par Arkins (1981) en Irlande (28 %) et enGrande-Bretagne (26 %). Cependant ces valeurssont plus élevées lorsque les études comportentdes dépistages systématiques des lésions po-dales : Empel et Brzozowski (1986) relèvent enmoyenne 43 cas pour 100 vaches dans les éle-vages polonais.

    1.2 / Importance relativedes différentes pathologiesdu membre

    Dans l’E.E.P.C., 35 symptômes ou lésions po-dales ont été codifiés, regroupés ultérieurementsous 21 codes, (tableau 1) certaines lésionsn’étant que rarement ou jamais répertoriées.Au total 4 329 cas ont été relevés dans notre

    échantillon. Boiterie fonctionnelle, panaris, four-chet, cerise, blessures et abcès du pied représen-tent les symptômes ou lésions les plus observés.La comparaison avec des chiffres relevés pard’autres auteurs paraît difficile, compte-tenu desnombreuses erreurs de diagnostic dans le cas dela pathologie podale malgré des tentatives de des-criptions plus normalisées (Mahin 1982). Cepen-dant, le phlegmon interdigité (panaris), symp-tôme facilement identifiable, paraît être le plusfréquent dans notre échantillon (12,5 % des cas), J ,

    après les troubles fonctionnels regroupant sou-vent des symptômes non identifiés par l’éleveurou le vétérinaire praticien. Cette fréquence peutêtre rapprochée de celle observée (12 %) par Ar-kins (1981), ou de celle relevée parRussel etalen1982 (16,7 %) ou par Eddy et Scott en 1980(14,3 %).

    L’étude des associations pathologiques (Fayeet al1986 a et b) a montré que l’on pouvait consi-dérer la pathologie podale comme un ensemble.Ainsi une vache présentant une boiterie au coursd’une lactation a, en effet, une probabilité 7, foisplus élevée de souffrir d’un trouble métaboliquedu pied et 5,9 fois plus élevée d’avoir un pro-blème podal infectieux qu’une vache non boi-teuse (Faye et al 1986 b). Cependant pour l’étudedes relations pathologie-environnement, nousavons formé 4 groupes de pathologies podalesainsi constitués :- pathologie podale fonctionnelle : boiterie, ré-forme pour boiterie, seime, problèmesd’aplombs, démarche anormale (43,1 % des cas).- pathologie podale infectieuse : fourchet, pana-ris, inflammation de l’espace interdigité, limace,nécrose de l’onglon (29,7 % des cas).- pathologie podale traumatique et articulaire :abcès du pied, arthrite, jarret droit, hygroma, ten-dinite, blessure de pied ou de l’articulation(16,3 % des cas).- pathologie podale métabolique : fourbure, ul-cère de la sole, cerise, décollement ou allonge-ment des onglons, bleime (9,6 % des cas).Nous avons considéré le code « Réforme pour

    boiterie » comme un cas pathologique, sachantqu’il constitue un indicateur de la gravité des pro-blèmes podaux dans un élevage. La cause exactede cette réforme pour « boiterie » n’étant la plu-part du temps pas connue, nous avons choisi ar-bitrairement de situer ce code dans le groupe destroubles fonctionnels.

    1.3 / Facteurs saisonniersDans son ensemble, la pathologie podale est

    plus fréquente en période de stabulation qu’enpériode de pâturage (Faye et al 1986 c), résultatsdéjà observés par ailleurs (Rowlands et al 1983,Eddy et Scott 1980). Cet effet est à relier au confi-

  • nement des animaux pendant la période hiver-nale et au stade moyen de lactation pendant cettesaison, le maximum de cas répertoriés se situantau 3e mois de lactation (Faye et Fayet 1986).Dans la figure 1, nous avons présenté une des-

    cription de la répartition des classes de fréquencedes 4 groupes de pathologie retenus au cours despériodes de stabulation hivernale et de pâturage.Dans la première période, 8 % des exploitationsn’ont déclaré aucune pathologie podale au coursdes années 79-80 ; elles sont 9 % en période esti-vale. Sur l’ensemble de l’année, aucune exploita-tion n’est indemne de ce problème. Les fré-quences varient sur l’ensemble de la période, se-lon les exploitations, de 2,1 % à 98,8 %.

    Cependant, les variations saisonnières sontdifficiles à interpréter car certains symptômessont indépendants de la saison, comme le panaris(Peterse 1987) alors que d’autres paraissent liés àun phénomène saisonnier (fourbure, fourchet,dermatite) lui-même de nature complexe.

    2 / Boiteries et batiment

    Nous disposons, sur ce sujet, d’une littératureabondante et contradictoire sur laquelle nous nereviendrons pas (cf. revue de Faye 1986, Fostier etal,1983). Dans notre échantillon, nous observonsdes fréquences pathologiques plus élevées avec

    les stabulations libres paillées (19,3 %) par rap-port aux stabulations entravées (16,7 %) (figure2). Cette différence est d’autant plus marquée quela durée de stabulation est longue et que le sol esten ciment plutôt qu’en terre battue (19,8 % vs2,9 % de fréquence pathologique podale -P < 0,01), ce que confirment, du reste, de nom-breuses enquêtes (Peslier 1976, Rousseau 1987,Politiek 1985, Brochart et Fayet 1981).Dans les stabulations entravées, les stalles

    courtes paraissent plus défavorables à la santé du

    Les boiteries sont tplus fréquentes enpériode destabulation qu’aupâturage, enstabulation librequ’en stabulationentravée.

  • pied (fréquence de 14,2 % vs 9,4 % - P < 0,05),surtout pour les boiteries d’origine traumatique(figure 3) comme l’ont déjà signalé Maton (1987)et Thysen (1987).

    Par ailleurs, le confort des animaux assuré parune litière sèche et abondante est indispensable àla santé du pied ; dans les stabulations libres pail-lées lorsque la quantité de paille est inférieure à5 kg/vache et par jour, la fréquence des troublesmétaboliques du pied varie du simple au double(Brochart 1987).Des auges bien protégées de la pluie et des

    vents dominants, une aire d’exercice non sou-mise aux facteurs climatiques extérieures, unnombre suffisant d’abreuvoirs pour les vachesconstituent des normes du bâtiment plutôt favo-rables à la santé du pied. Sans doute la concentra-tion des animaux autour des points d’abreuve-ment, dans les stabulations libres, favorise le pié-tinement sur des sols d’autant plus humidesqu’ils sont mal protégés des intempéries, ce quiaccentue l’usure de la corne (cf. revue de Rous-seau 1987). Par ailleurs les fréquences observéessont d’autant plus élevées que la durée de stabu-lation est plus longue (Brochart 1987, Faye 1988).

    3 / Boiteries et conduite d’élevageLes conduites d’élevage visent à optimiser la

    satisfaction des besoins des animaux et leurs pro-ductions, révélant aussi le «savoir-faire» de l’éle-veur. En matière de pathologie podale, les me-sures préventives permettant d’assurer l’intégritédu pied, constituent un point fondamental de lagestion du troupeau.

    Cependant les informations recueillies sur lesméthodes prophylactiques préconisées pour lut-ter contre les boiteries (passage au pédiluve, pa-rage préventif) sont difficiles à interpréter. En ef-

    fet, les analyses multidimensionnelles utiliséespour traiter ces informations (Faye 1988) indi-quent que l’emploi du pédiluve s’accompagned’une diminution des fréquences d’infectionspodales (1,4 vs 3,5 %), mais globalement, nousobservons plus de boiteries dans les élevages pos-sédant un pédiluve (21,0 %) que dans les éle-vages qui possèdent mais ne l’utilisent pas(19,2 2 %) et surtout dans les élevages qui n’en pos-sèdent pas (16,1 %). L’écart observé entre ces2 derniers chiffres peut être imputé au fait, qu’enrègle générale, la décision de la construction d’unpédiluve par l’éleveur est associée à un problèmeimportant de boiteries dans son élevage.De la même façon, le parage préventif des on-

    glons est associé à une plus faible fréquence despathologies infectieuses du pied (1,6 % vs 3,8 %)mais nous ne notons pas de différence significa-tive sur l’ensemble de la pathologie podale(17,9 % vs 15,0 %). Arkins (1981) observe que lepédiluve améliore la qualité de la corne, mais nediminue pas le taux de boiteries. De même, seloncet auteur, le parage préventif n’a pas d’effet surla fréquence de boiteries. Ces résultats vont dansle sens de ceux de Peslier (1976) et de ceux de Bro-chart et Fayet (1981). A l’inverse Mills et al (1986)observent une diminution de l’incidence des ul-cères de la sole et de seimes avec un parage pré-ventif, et Anderson et Lundstrom (1981) indi-quent une diminution des troubles podaux grâceà la régularité de ces pratiques.En fait, ces résultats contradictoires renvoient

    à l’interaction hygiène-phophylaxie déjà rencon-trée pour les mammites cliniques (Faye et Bro-chart 1986). En effet, c’ est la présence de boiteriesconsidérées comme un problème sanitaire ma-j eur qui incite l’éleveur à posséder un pédiluve et/ou à pratiquer un parage préventif, mais ces mé-thodes n’impliquent ni leur utilisation ration-nelle, ni la conscience de la présence d’autres fac-teurs de risque, en particulier alimentaires. Unrenouvellement insuffisant des solutions anti-

  • septiques, l’utilisation de solutions trop concen-trées pour les bains sont en effet éminemment dé-favorables à la santé du pied (Greenough et al1983). Par ailleurs, on oublie trop souvent que lameilleure prévention des maladies reste la sur-veillance et l’observation des animaux : lorsquel’éleveur consacre un temps spécial pour obser-ver son troupeau, l’incidence des boiteries dimi-nue (11,9 % vs 16,8 %) en période de stabulation(Faye 1988). Enfin, nous avons noté une plusforte incidence des boiteries lorsque l’âge moyendes génisses au premier vêlage est plus faible. Se-lon Dammrich (1987) une croissance accélérée setraduit par une moins bonne qualité des struc-tures osseuses, ce qui prédispose aux boiteries.

    4 / Boiteries et alimentation

    4.1 / Complémentation minéraleL’apport d’un complément minéral en particu-

    lier sous forme de blocs à lécher paraît très favora-ble à la santé du pied chez la vache laitière, indé-pendamment du type de stabulation (tableau 2).En effet, en cas de déficit calcique, Dammrich(1987) note un accroissement des troubles os-seux et des boiteries. Nous avons d’ailleurs obser-vé que les animaux atteints de fièvre vitulaireétaient prédisposés aux pathologies du pied aucours de leur carrière (Faye et al 1986 b), ce queconfirme Payne (1983) pour qui une balance cal-cique négative durable induit une ostéoporoseprogressive et une plus grande fragilité du pied.Les blocs à lécher ont un effet particulièrementbénéfique qui peut être associé àl’apport d’oligo-éléments dont on sait le rôle dans la prévention decertaines boiteries. La carence en zinc, en parti-culier, se traduit par une diminution de la duretéde la corne, ce qui rend le pied plus sensible aux

    traumatismes et aux infections (Peslier 1976). Enl’absence de complémentation minérale, Bazeleyet Pinsent (1984) ont également observé une inci-dence plus élevée de troubles podaux métaboli-ques (notamment de fourbure aigüe).

    4.2 / Autres facteurs alimentaires

    Plusieurs études tendent à montrer que l’ali-mentation énergétique joue un rôle importantdans le développement des troubles métaboli-ques du pied (Peterse et al 1984, Nilsson 1973)bien que le lien entre ration riche en énergie (en-silage de maïs ad libitum) et taux élevé de boite-ries ne soit pas très clair (Greenough 1983). J .D’après Espinasse (1974), les régimes riches enensilage de maïs favorisent l’acidose du rumen etprovoquent une hyperhistaminémie responsabledes fourbures aigües.Dans l’enquête Eco-pathologique, nous avons

    noté que le pourcentage de quinzaines durantlesquelles sont distribuées des rations à based’ensilage de maïs est de 82,6 % en l’absence decas de fourchet, ou de 81,6 % en l’absence de casde fourbure contre respectivement 94,4 % et98,8 % en présence de l’une ou l’autre de ces pa-thologies. Dans une étude portant sur la descrip-tion des profils de ration (Gourcy 1988) 6 profilsde distribution ont été décrits : l’ensemble de lapathologie podale paraît plus importante dans lesélevages où l’ensilage de maïs est plus fréquem-ment distribué (24,6 % de boiteries lorsque l’en-silage de maïs représente plus de 50 % de la ra-tion cumuléee dans l’année vs 17,1 % lorsqu’ilen représente moins de 50 % ).La glycémie moyenne d’étable étant plus éle-

    vée lorsque la ration de base comprend de l’ensi-lage de maïs, plutôt que de l’ensilage d’herbe oudes crucifères, Brochart (1987) considère la va-

    L’ensilage de maïsdistribué à volontéet l’absence de

    complémentationminérale induisent tune fréquence plusélevée des boiteriesd’origine emétabolique.

  • La fréquence desboiteries d’origine

    non infectieuseaugmente avec

    le niveau deproduction laitière,

    surtout à partirde la 3e lactation.

    leur de la glycémie moyenne comme un indica-teur du niveau énergétique du troupeau et définitun seuil de risque accru pour les boiteries méta-boliques, lorsque cette valeur moyenne dépasse66 mg/100 ml.

    Par ailleurs, les fréquences élevées de boiteriessont observées dans les exploitations distribuantplus d’aliments différents dans une ration et sur-tout plus de changements de ration dans l’année(tableau 3).

    5 / Boiteries et production laitièreDans une étude précédente (Brochart et Fayet

    1981) une relation entre le niveau de productionlaitière et le taux de boiteries a été mise en éviden-ce : chaque augmentation de production de laitd’un litre par rapport à la moyenne des trois pre-miers contrôles, s’accompagne d’une majorationde 5,8 % de la fréquence des boiteries. Cette ma-joration provient plus particulièrement des pa-thologies podales métaboliques puisque leur fré-quence passe de 4,4 à 17,4 % lorsque la produc-tion de lait par j our (moyenne du premier mois decontrôle) passe de 15-16 kg à 25-26 kg(Brochart1987).Barnouin et Karaman (1986) ont mis en évi-

    dence une augmentation significative de la fré-quence de pathologie podale (non infectieuse)avec le niveau de production, particulièrementchez les vaches Pie-Noires en 3e lactation et plus(tableau 4).

    Ces auteurs ont également mis en évidence uneffet-seuil puisqu’il est constaté une plus forte in-cidence des boiteries chez les vaches Pie-Noires à3 lactations et plus, lorsque la production laitièremaximum dépasse 35 kg par jour. Globalement,la fréquence de boiterie passe de 10,4 à 22, lors-que la production laitière maximum passe le seuilde 3 5 kg de lait par j our. Cette relation positive en-tre le niveau de production et la sensibilité aux af-fections podales a été signalée par divers auteurs(Mortensen et Hesselhot 1982, Shanksetal1982).Du reste les observations concernant la contem-poranéité du déclenchement des pathologies po-dales chez la vache avec la période légèrementpostérieure au pic de production (Faye et al

    1986e, Dohooet al 1984, Brochart et Fayet 1981,Eddy et Scott 1980) ne peut que renforcer lesconclusions de cette étude.

    L’augmentation de la sensibilité pathologiqueavec le niveau de production peut être en relationavec les niveaux nutritionnels plus élevés desvaches à haut potentiel laitier étant donné la pro-portion plus importante de concentré ingéré parces animaux. Brochart et Fayet (1981) ont d’ail-leurs constaté une liaison positive entre la sensi-bilité aux boiteries d’origine métabolique et l’im-portance des apports azotés par le concentré. Cesrésultats renvoient donc au chapitre précédentsur les relations avec l’alimentation. En consé-quence, le «facteur de risque» principal de la pa-thologie podale paraît être l’intensification.Celle-ci s’exprime dans nos analyses multidi-mensionnelles (Faye 1988) sur l’axe principal del’analyse factorielle. Elle correspond à un type debâtiment dominant (stabulation libre), des carac-téristiques de conduite d’élevage et de structuresd’exploitation (âge précoce des génisses au pre-mier vêlage, rapport STH/SAU plutôt faible), desconduites alimentaires (ration de base compre-nant surtout de l’ensilage de maïs, pâture estivalesur prairie artificielle) et enfin par une dominantegéographique et raciale (Grand-Ouest, race Pie-Noire). De ce point de vue, la glycémie moyenneplus élevée dans les élevages fortement affectéspar les troubles podaux, peut être considérée aus-si comme un paramètre de l’intensification.

    Cependant il est à noter que la holsteinisationprogressive du cheptel français pie-noir devraitmoduler l’augmentation des fréquences patholo-giques podales que l’on pourrait attendre de lapoursuite de l’intensification, la vache Holsteinétant réputée moins sensible que la vache pie-noire aux affections podales, en dépit d’un niveaude production laitière en général plus élevé.

    Conclusion

    L’E.E.P.C. qui concerne un échantillon d’éle-vages caractérisé par une grande diversité de si-tuations, tant au niveau de leur structure que deleur conduite ou de leur situation géoclimatiqueet technico-économique, a permis de mettre en

  • évidence comme facteur essentiel de l’augmenta-tion du risque de pathologies podales, l’intensifi-cation de la production laitière, celle-ci allant depair avec une intensification fourragère.

    Cependant, l’augmentation des fréquences pa-thologiques podales n’est pas un corollaire abso-lu de l’intensification (indépendamment des pro-grès génétiques liés à la holsteinisation que l’onpeut obtenir par ailleurs). Cette relation reflètesurtout la nécessité d’une plus grande maîtrisedes paramètres de l’environnement et desconduites à tenir par l’éleveur lui-même ; les ris-ques de troubles podaux augmentent en effetd’autant plus qu’un certain nombre de règlesd’hygiène et de conduites d’élevage sont moinsrespectées (absence de pédiluve, absence decomplémentation minérale, moindre surveil-lance des animaux, etc).Dans une étude portant sur les taurillons de

    boucherie, Morisse et al(1987) concluaient en af-firmant que les boiteries n’étaient que le refletd’un certain nombre d’excès : excès de crois-sance et de précocité, excès alimentaires, excèsde simplification au niveau du confort et dessoins.

    Nous pouvons sans diffilcultés reprendre lestermes de cette conclusion pour les appliquer à lavache laitière : une bonne maîtrise de l’environ-nement est l’une des conditions majeures deréussite, au plan sanitaire, de l’intensification dela production.

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