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FORMATION MÉDICALE CONTINUE 23 PÉDIATRIE Les 10 points clés Repérer un Tdah Le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (Tdah) souffre d’une méconnaissance et d’un retard au diagnostic. La Haute Autorité de santé vient de publier une recommandation de bonne pratique. O Le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (Tdah) est défini par une asso- ciation de symptômes : déficit attentionnel, hy- peractivité motrice et impulsivité. Mais ces trois éléments se manifestent de façon très variable selon l’âge et selon l’individu, rendant le diag- gnostic de Tdah difficile. Ces symptômes sont à différencier des traits de caractère habituels de l’enfant par le fait qu’ils deviennent un handicap et entraînent une souffrance durable. O L’évaluation de la prévalence du Tdah en France varie en fonction de la méthode diagnos- tique et des critères de mesure utilisés. Une en- quête téléphonique menée en 2011 a estimé à 3,5 % la prévalence du Tdah chez les enfants de 6 à 12 ans, et parmi eux 45,5 % présenteraient une dominante « trouble de l’attention », 35,9 % une dominante « hyperactivité-impulsivité » et 17,6 % présenteraient une combinai- son des deux composantes (Lecendreux 2011). Exemple de plaintes ou difficultés évocatrices d’un Tdah (aucune n’est spécifique du Tdah) Rapportées par enfant Rapportées par sa famille Rapportées par le milieu scolaire l Peu ou pas d’amis l En conflit avec les parents l Faible estime de soi l Facilement distrait, n’écoute pas l Difficultés à s’organiser, oublis fréquents l Coupe la parole, impatient l Rêveur, dans la lune l Fluctuation des capacités de concentration l Difficultés à se concentrer, à mémoriser, à être autonome O Les signes évocateurs de Tdah sont variables, évoquant un trouble de l’attention, une hyperactivité, une impulsivité (voir ta- bleau). Les plaintes rapportées par l’enfant, sa famille ou le milieu scolaire apparaissent généralement avant l’âge de 12 ans et per- sistent au cours du temps (plus de six mois). Elles surviennent sur l’ensemble des lieux de vie. O L’évaluation clinique devant être effectuée par le médecin de premier recours, repose sur des entretiens avec l’enfant et ses parents (antécédents médicaux et familiaux, sphère familiale, environnement scolaire, etc.), l’examen clinique, et le recueil d’informations complémentaires auprès des parents et des enseignants. O On recherchera des diagnostics associés (comorbidités) ou différentiels : troubles des apprentissages (dyslexie…), troubles du compor- tement, comportements à risque, usage de subs- tances, autisme, déficience ou précocité intellectuelle, dépression, anxiété, troubles du sommeil, autres troubles psychiatriques… O Non repéré ou mal pris en charge, le Tdah peut entraîner une aggravation des conséquences psychologiques, scolaires et sociales chez l’en- fant, qui peuvent avoir, à long terme, des réper- cussions majeures sur la qualité de vie : difficultés scolaires, désinsertion sociale, conduites à risque, etc. O En cas de suspicion de Tdah, l’enfant doit être orienté vers un médecin spécialiste en informant la famille de l’hypothèse diag- nostique, en donnant des explications sur cette pathologie, en rela- tivisant en particulier leur part de responsabilité. Il s’agira aussi de leur donner des conseils d’accompagnement, en initiant, par exemple, des aménagements pédagogiques avec les enseignants. O La prise en charge est d’abord non médicamenteuse, compre- nant des mesures psychologiques, éducatives et sociales (approches cognitivo-comportementales, psychodynamiques, systémiques et psycho-éducatives, etc.). O Concernant le traitement médicamenteux, un psychostimulant, le méthylphénidate, doit être initié si les mesures précédentes sont insuffisantes. La prescription initiale (ordonnance sécurisée) est hos- pitalière ; et le renouvellement peut être effectué mensuellement par le médecin traitant. La surveillance évaluera l’observance et la tolérance du traitement (appétit, retentissement cardiovasculaire, sommeil…). L’examen clinique comprendra en particulier la courbe staturo-pondérale, la pression artérielle, et la fréquence cardiaque. O Le Tdah est un trouble qui peut persister à l’âge adulte. Il est marqué par des difficultés sur le plan relationnel ou professionnel, mais aussi des conduites addictives. Référence Haute Autorité de santé. Recommandation de bonne pratique. Décembre 2014. Dr Marielle Ammouche, Paris 915 MARS 2015 l egora # 49 SOURCE : HAS, 2014 PHANIE TOUS DROITS RESERVES - EGORA

Le trouble déficit de l’attention avec ou sans

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FORMATION MÉDICALE CONTINUE 23

PÉDIATRIE Les 10 points clés

Repérer un TdahLe trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (Tdah) souffre d’une méconnaissance et d’un retard au diagnostic. La Haute Autorité de santé vient de publier une recommandation de bonne pratique.

OO Le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (Tdah) est défini par une asso-ciation de symptômes : déficit attentionnel, hy-peractivité motrice et impulsivité. Mais ces trois éléments se manifestent de façon très variable selon l’âge et selon l’individu, rendant le diag-gnostic de Tdah difficile. Ces symptômes sont à différencier des traits de caractère habituels de l’enfant par le fait qu’ils deviennent un handicap et entraînent une souffrance durable.OO L’évaluation de la prévalence du Tdah en France varie en fonction de la méthode diagnos-tique et des critères de mesure utilisés. Une en-quête téléphonique menée en 2011 a estimé à 3,5 % la prévalence du Tdah chez les enfants de 6 à 12 ans, et parmi eux 45,5 % présenteraient une dominante « trouble de l’attention », 35,9 % une dominante « hyperactivité- impulsivité » et 17,6 % présenteraient une combinai-son des deux composantes (Lecendreux 2011).

Exemple de plaintes ou difficultés évocatrices d’un Tdah (aucune n’est spécifique du Tdah)

Rapportées par enfant

Rapportées par sa famille

Rapportées par le milieu scolaire

l Peu ou pas d’amis l En conflit avec les parents l Faible estime de soi

l Facilement distrait, n’écoute pas l Difficultés à s’organiser, oublis fréquents l Coupe la parole, impatient

l Rêveur, dans la lunel Fluctuation des capacités de concentration l Difficultés à se concentrer, à mémoriser, à être autonome

OO Les signes évocateurs de Tdah sont variables, évoquant un trouble de l’attention, une hyperactivité, une impulsivité (voir ta-bleau). Les plaintes rapportées par l’enfant, sa famille ou le milieu scolaire apparaissent généralement avant l’âge de 12 ans et per-sistent au cours du temps (plus de six mois). Elles surviennent sur l’ensemble des lieux de vie.OO L’évaluation clinique devant être effectuée par le médecin de premier recours, repose sur des entretiens avec l’enfant et ses

parents (antécédents médicaux et familiaux, sphère familiale, environnement scolaire, etc.), l’examen clinique, et le recueil d’informations complémentaires auprès des parents et des enseignants. OO On recherchera des diagnostics associés

(comorbidités) ou différentiels : troubles des apprentissages (dyslexie…), troubles du compor-tement, comportements à risque, usage de subs-tances, autisme, déficience ou précocité intellectuelle, dépression, anxiété, troubles du sommeil, autres troubles psychiatriques… OO Non repéré ou mal pris en charge, le Tdah

peut entraîner une aggravation des conséquences psychologiques, scolaires et sociales chez l’en-fant, qui peuvent avoir, à long terme, des réper-

cussions majeures sur la qualité de vie : difficultés scolaires, désinsertion sociale, conduites à risque, etc. OO En cas de suspicion de Tdah, l’enfant doit être orienté vers un médecin spécialiste en informant la famille de l’hypothèse diag- nostique, en donnant des explications sur cette pathologie, en rela- tivisant en particulier leur part de responsabilité. Il s’agira aussi de leur donner des conseils d’accompagnement, en initiant, par exemple, des aménagements pédagogiques avec les enseignants.OO La prise en charge est d’abord non médicamenteuse, compre-nant des mesures psychologiques, éducatives et sociales (approches cognitivo-comportementales, psychodynamiques, systémiques et psycho-éducatives, etc.).OO Concernant le traitement médicamenteux, un psycho stimulant, le méthylphénidate, doit être initié si les mesures précédentes sont insuffisantes. La prescription initiale (ordonnance sécurisée) est hos-pitalière ; et le renouvellement peut être effectué mensuellement par le médecin traitant. La surveillance évaluera l’observance et la tolérance du traitement (appétit, retentissement cardiovasculaire, sommeil…). L’examen clinique comprendra en particulier la courbe staturo-pondérale, la pression artérielle, et la fréquence cardiaque.OO Le Tdah est un trouble qui peut persister à l’âge adulte. Il est marqué par des difficultés sur le plan relationnel ou professionnel, mais aussi des conduites addictives.

RéférenceHaute Autorité de santé. Recommandation de bonne pratique. Décembre 2014.

Dr Marielle Ammouche, Paris

9›15 MARS 2015l

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