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Dossier pp 3-14 Noël Un bonheur infini ! LE JOURNAL DE LA MISSION POPULAIRE ÉVANGÉLIQUE DE FRANCE ET DE SOLEIL & SANTÉ NOUVELLES NATIONALES Église et handicap p 10 Numéro de Noël - 2019 - numéro 4 - Décembre 2019 - www.missionpopulaire.org NOUVELLES NATIONALES Foulard pour tous et toutes p 8 LITURGIE… Noël subversif p 14 THEOLOGIE DE POCHE Le militant du 24 pp 4-5 www.pierrehedrich.com

LE JOURNAL DE LA MISSION POPULAIRE ÉVANGÉLIQUE DE … · je me présente. Moi, c’est Joseph. Oui, Joseph, le père putatif, le père tout court, si j’osais, car c’est quand

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Dossierpp 3-14

NoëlUn bonheur infini !

LE JOURNAL DE LA MISSION POPULAIRE ÉVANGÉLIQUE DE FRANCE ET DE SOLEIL & SANTÉ

NOUVELLES NATIONALESÉglise et handicapp 10

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NOUVELLES NATIONALESFoulard pour tous ettoutesp 8

LITURGIE…Noël subversifp 14

THEOLOGIE DE POCHELe militant du 24pp 4-5

www.pierrehedrich.com

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Édito

PRESENCE MPE - Journal trimestriel de la Mission Populaire évangélique de France et de Soleil & Santé - MPEF 47 rue de Clichy 75009 Paris -Tél. : 01 48 74 98 58 - E. mail : [email protected] - S&S 47 rue de Clichy 75009 Paris - Tél. : 01 48 74 98 58 - Directeurde la publication : Philippe Verseils - Rédacteur en chef : Stéphane Lavignotte - Comité de Rédaction : Pierre Hédrich, Jean-François Joussellin,Stéphane Lavignotte, Jean-Pierre Molina, Philippe Verseils, Stéphanie Vieuxblé - Création maquette : Stéphanie Vieuxblé - Mise en page :Sté-phanie Vieuxblé - Abonnements - Ordinaire en France : 20 euros - Abonnement de soutien : 40 euros - CCP Mission Populaire : Paris 56 06 Z- CCP Soleil & Santé : pairs 2047 13 V - En Suisse : Jean-Pierre Thévenaz, rue Vers-la-Cour 8, CH-1853-Yvorne - Compte : 12-5835-7, Missionpopulaire, Comité suisse, Yvorne - En Grande-Bretagne : Comité britannique, Revd. Geoff Miller, 80 Moorside North Fenham, Newcastler-Upon-Tyne, Ne4 9DU UK - Groupe Jouve, 1 rue du Docteur Louis Sauvé, 53100 MAYENNE - Commission paritaire n° 0620G 86689.

Histoire

d'une naissance...

… ordinaireLe premier Évangile commence par une rébarbativeénumération généalogique pour aboutir au verset 18

par cette affirmation :« Or voici comment fut engendré Jésus ».Il souligne ainsi avec force démonstration la filiation

humaine de celui qui se nommera le Fils de l’Homme, engendré à lasuite de toutes les générations humaines, enraciné dans l’humanité.Une naissance ordinaire, la banale irruption de la vie dans une famillepauvre de Palestine.

… inopportuneUne naissance « mal à propos », qui tombe mal, au mauvais moment,qui oblige Marie à accoucher sur la paille d’une étable, loin de chez elleet des siens.Une irruption de la vie qui perturbe, qui suscite la jalousie d’Hérode etprovoque le massacre des enfants de Bethléem.

… inaperçueUne naissance sans grande pompe, qui passe inaperçue sinon parquelques bergers et trois savants illuminés à la poursuite des étoiles.

… irruption de DieuJ’aime comprendre ainsi l’irruption de Dieu dans notre histoire :

Inopportune, au mauvais moment, quand on ne s’y attend pas oumême quand on ne le voudrait pas ;

Inaperçue, invisible, incertaine, un doute qui interroge, remet en causepar l’inquiétude qu’il crée et remet en route par l’espérance qu’il faitpoindre ;

Ordinaire, dans le plus quotidien de nos vies, au cœur de l’ordinairede nos préoccupations, de nos désirs, de nos amours, de nos peurs etnos combats.l

Présence - Noël 2019 - page 02

Édito

Philippe Verseils Secrétaire généralde la MPEF

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Présence - Noël 2019 - page 03

La trêve de Noël, l’esprit de Noël, la fête des enfants,je t’en foutrais, tiens ! Puisque la mode est encore à latélé-réalité et à faire pleurer dans les chaumières, je vaisvous raconter Noël, moi, comme si vous y étiez. Et, jevous assure, c’était pas de la tarte ! D’abord, faut queje me présente. Moi, c’est Joseph. Oui, Joseph, le pèreputatif, le père tout court, si j’osais, car c’est quandmême moi qui me suis tapé tous les emmerdementsavec ce sacré môme ! Mais reprenons au début… Lapetite Marie, je l’aimais bien. Bon, elle était un peugivrée, un peu Marie-couche-toi-là sur les bords, elleaimait peut-être un peu trop les garçons, comme le ditun de vos chanteurs, Bénabar, si mes souvenirs sontbons. Mais elle était si belle et si gentille… Bon, elle seretrouve en cloque. De moi ? Peut-être, pas sûr… Fautdire que ça défilait, mais de mon côté aussi. On étaitjeunes et insouciant ! Toujours est-il que je suis le seulà avoir assuré. Les autres, c’était la débandade, sansvouloir faire de jeux de mots vaseux, ça énerve Marie.Là-dessus, pour faire passer la pilule, on se marie fissamais ça collait pas les dates. Alors, Marie invente cettehistoire de conception virginale. Fallait oser. Dans levillage, ça a un peu rigolé, mais comme tout le mondel’aimait bien.

De galère en galèreEt puis, le recensement arrive. On était pas très riches,

j’étais un petit charpentier, mais on était de bonne fa-mille tout de même, vaguement descendants du roiDavid. Un peu comme tout le monde, il faut bien ledire. Alors, direction Bethléem, berceau de la famille,avec Marie enceinte jusqu’aux trous de nez. On arriveà Bethléem, plus une place d’hôtel, et puis avec le ven-tre de Marie qui faisait un peu tache comparé au certi-ficat de mariage qu’on nous demandait à chaque fois.Et Marie qui continuait : « Je porte le Fils de Dieu. »Y’a des fois, je l’aurais étranglée… De galère en galère,on trouve une vague étable. Les bergers sont plutôtsympa et puis ils ont l’air de croire aux histoires de

Marie, quand elle leur annonce que c’est leur Sauveurqui est dans ses entrailles. Bon, le marmot arrive, jevous passe les détails, mais c’était pas une partie deplaisir, et les bergers sont fous de joie. Moi aussi, maisje sentais bien que ce n’était que le début des emmer-dements. Eux, ils se contentaient de se réjouir pournous et puis ils en pinçaient un peu pour Marie… Mais,sympa, les gars, pas plus riches que nous, un peu cré-dules, ou alors ils avaient senti un truc, que le mômeétait quand même spécial.

Le gamin y a cru…Et les Rois mages, me direz-vous ? Alors, là, je sais pas,j’étais parti faire quelques courses, et Marie m’a racontécette histoire à dormir debout. Mais avec elle, tout deve-nait possible. Alors, pour moi, Noël, c’est vraiment lesouvenir d’une sacrée galère, et de Marie n’arrêtant pasde déjanter. Souvent, elle me reproche mon côté les piedssur terre, en attendant heureusement que je les ais, surterre ! En tout cas, le gamin, lui, il y a cru à toute cettehistoire. Un peu trop peut-être. Au point de se vouloirSauveur, dernier Sacrifié, j’t’en passe et des meilleurs. Çan’a pas été rose tous les jours, je vous assure. Mais quisait ? Peut-être que cette suite de catastrophes, petites etgrandes, avait un sens ? Je continue à pas trop croire auxhistoires écrites d’avance, mais incontestablement, lepetit, il a soulevé des montagnes, il a beaucoup été falsifiéaussi, mais ça, c’est une autre histoire. Et moi, je l’aimais,le gamin. Je m’en fous qu’il ait été de moi, sans doute,pas sûr, j’aurais préféré une vie plus simple pour lui. Ilme manque, terriblement... Le reverrai-je un jour ? Je saispas. En attendant, je tente de m’occuper de ses frères etsœurs du mieux que je peux. Et je tente encore et tou-jours de comprendre ce que pourrait être cet amour uni-versel dont il nous rabâchait les oreilles.Fils de l’Homme, se faisait-il appeler… Dans mes san-glots nocturnes, il me plaît à penser que je suis un peucet homme.l

Dossier : J’aime Noël/J’aime pas Noël

(faux) Témoignage

Joseph, père (?) de Jésus

Joseph oul’histoired’un mec à la ramasse

PCC : Jef Joussellin

Noël ! Noël ! Mais qu’est-ce qu’ils ont tous avec Noël ? Ils savent quoi de cette histoire?

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Le jour J c’est la veilleAvant la veille, c’est pas le jour,après la veille, c’est plus le jour

Présence - Noël 2019 -page 04

Dossier : J’aime Noël/J’aime pas Noël

Le militant du 24Textes et illustrations : Jean-Pierre Molina

Depuis toujours je suis le militant de la veille.La veille de Noël, le 24 au soir, quoi. D’accord, c’est

pas un combat majoritaire.

Mais il peut devenir populaire. Qui en effet jugeraitnormal que la République organise le défilé du

14 juillet fin juin ou le samedi 11 au motif que le 14est férié et du coup les gens partent pique-niquer à lacampagne ? Alors moi je manifeste pour que dans les

lieux où Noël a un sens on pratique sa veillée à labonne date.

Tout a commencé par le commencement, je veuxdire : l’enfance. J’étais un gamin de la guerre, terro-risé par le monde des grandes personnes et caché

entre ma mère et ma grand-mère, toutes deuxconteuses de première force. Et alors que la folie

nazie étendait ses ténèbres alentour les deuxfemmes me parlaient d’une autre nuit, celle où nais-sait sur la paille l’enfant de Noël, entre la jeune filleet le charpentier et, surtout, entre l’âne et le bœuf.

Assurément on courait alors d’autres risques que celuid’être étouffé sous les cadeaux ! Mais quand même, unPère Noël sans faste mais chargé de magie , passait à lamaison et contribuait à cette impression d’habiter unîlot de bienveillance en un temps de brutalité.

Par la suite, une fois la paix revenue, j’ai connu avecravissement le Noël du KT qui servait en même tempsde veillée de Noël de la paroisse : bougies, chants, cho-rale, conte merveilleux, humble cadeau, retour dans lanuit, folklore, famille et réjouissance…

Au cours des années 60 et 70, le temps de l’Avent estdevenu ostensiblement une phase essentielle de l’année

marchande. Hauts-parleurs crachant des cantiques de Noëldans les grands magasins, crèches en pâte d’amande et

angelots soufflant dans leur trompette au milieu des pâtéset des têtes de cochons , la ferveur récupérée au service du

commerce… Décidés à résister à ce qu’ils analysaientcomme une paganisation, ils se sont battus à coups de

belles affiches et de gestes ascétiques. Ce fut le temps de« l’Action pour un Noël chrétien ». Mais, depuis le milieudes années 90, la frénésie commerciale ne cherche plus àrassurer les croyants, devenus minoritaires. Progressive-

ment, systématiquement, elle s’approprie l’ensemble de lasaison, y compris l’Avent et son « calendrier », en évacuanttoutes les réminiscences liturgiques qu’elle remplace par ses

propres symboles et ses injonctions à consommer plus :fini les angelots clignotants et les enfants Jésus au néon,

mais des Pères Noël à gogo, les uns grimpant aux chemi-nées, d’autres en hôtes d’accueil battant la semelle à l’entrée

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Présence - Noël 2019 -page 05

Dossier : J’aime Noël/J’aime pas Noël

Années 60 : Jeune pasteur dans une paroisse plutôtconservatrice où l’on célèbre la veillée de Noël… une se-maine avant…La Miss Pop, la paroisse ERF. Toujours le même constat :il manque une partie des habitués, mais on fait connais-

sance de ceux qui ont fait faux bond à leur propreparoisse plus quelques privés de réveillon.

Et au milieu de ce merdier, les musulmans et les juifs dansnos cités fêtent Noël, et célèbrent cette fête avec un plaisir

qui n’est sans doute pas moins proche du vrai Noël quechez les descendants de chrétiens.

des hypermarchés, et des paquets enrubannés qu’on voit ac-crochés partout, à tous les murs, sur toutes les guirlandes.

La zone commerciale et les illuminations municipales ne voussouhaitent plus « Joyeux Noël et Bonne Année » mais« Joyeuses Fêtes »… Il s’agit de rendre Noël anonyme,

de le réduire au rôle de temps fort parmi les bombancesde fin d’année. Rien ne limite cette entreprise d’acculturation,

elle peut même compter sur la faveurdes milieux laïcards au front bas.

Je sais bien que mon attachement à la date du 24 présentetoutes les apparences d’un passéisme qui peut faire sou-rire. Peu me chaut. Ce que j’aime dans les traditions de laveillée de Noël, c’est ce mariage entre paganisme et foi

biblique, prophétie et rêverie, dans une construction ima-ginaire où le miraculeux se mélange avec le merveilleux

jusqu’aux limites de la confusion. J’aime ce corps à corpsamical entre la croyance et la fantaisie, qui contraste si fort

avec l’esprit de censure qu’en tous domaines les Égliseset les religions constituées exercent lorsqu’elles

sont dominantes.

Compte tenu de l’importance économique prise parl’anniversaire de Noël détourné en célébration de lasociété de consommation, il faut une position fermedes groupes qui croient au sens de cette fête : tenirla permanence pour les personnes qui y croient etpour ces musulmans et ces juifs qui font commetout le monde, mais avec une possibilité d’ouver-

ture… ou résolument et de manière affichée déser-ter l’irrécupérable veillée. (Il est aisé de trouver desprotestataires vertueux s’en prendre aux crèches

municipales censées choquer les athées et les non-chrétiens, mais improbable de les entendre s’inter-

roger sur l’effet que produit sur les chrétiens ledétournement mercantile de leur calendrier.)l

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Dossier : J’aime Noël

Présence - Noël 2019 -page 06

Plaidoyeret

Gérard Delteil, théologien, professeur honoraire à l’IPT (Montpellier).

Pour s’étonner s’ouvrirEn dépit de tout, Noël est à la fois la plus partagée et la plus intimedes fêtes. Elle porte en elle l’espoir des jours d’après.

À question personnelle, réponse toute personnelle.Oui, j’aime Noël- En dépit du grand théâtre qui le travestit.- En dépit de la débauche publicitaire et de la surconsom-mation marchande. En dépit de tout le cérémonial reli-gieux et des grandes messes qui le défigurent. Oui, endépit de tout cela, et de bien d’autres raisons, j’aime cettefête, la plus attendue, la plus populaire.

Une fête de tous et toutes !D’abord, c’est une fête qui n’appartient à personne et quiest offerte à tous. Elle plonge ses racines dans la nuit destemps, bien avant d’avoir été reprise par le christianismeau 4e siècle. Chacun, chacune la célèbre selon sa coutumeou selon son désir : fête de famille, fête des enfants,réveillon partagé, arbre de Noël, célébration religieuse.Ce qui est commun à tous, c’est un moment qui rassem-ble, qui sort de l’ordinaire, et qui a sa part de merveilleux,de rêve, de réjouissances. Noël, la fête la plus universelle-ment partagée et la plus diversement célébrée. Elle a tantde résonances possibles que chacun peut se l’appropriercomme il l’entend. J’aime ce lien qu’elle établit entre noustous par-delà ces variations.

Une fête de l’intimitéÀ la différence du Nouvel An qui explose dans l’exubé-rance, Noël se resserre sur l’intimité du foyer, le cerclefamilial. Ce ne serait pas la fête, s‘il n’y avait pas un petitcôté théâtral : l’arbre, les guirlandes, les bougies, la crèche.J’y vois, non pas une fête des enfants, mais une fête avec

les enfants. Aucune autre ne cultive autant le lien entreles générations. L’émerveillement des enfants réveille chezles adultes quelque chose de leur propre enfance, oubliéou refoulé. Les cadeaux circulent entre les uns et les au-tres. Le repas est un moment de communion entre tous.Temps hors du temps, offert à la générosité, à la surprise,au plaisir. En se resserrant sur l’intimité, Noël se resserresur ce qui compte le plus : les liens d’affection, l’échangeentre les êtres et les générations, la joie de donner et derecevoir, la reconnaissance les uns et des autres.

Une fête pour le jour d’aprèsSi j’aime Noël, c’est que c’est une fête qui éclaire le quo-tidien. Les lendemains de fête sont souvent moroses,comme un feu d’artifice qui s’est éteint. Mais Noël, c’estune fête pour le jour d’après, et pour tous les jours quisuivront. Parce-qu’elle nous dit dans son message uneespérance à ras de terre, là où la vie est difficile, parfoismême sans espoir. « La Parole a été faite chair » cesmots, un peu mystérieux nous disent un Dieu qui vient,qui habite la vie humaine dans sa fragilité : rien d’humainne lui est étranger. Une naissance : c’est le mot même deNoël. Le tout petit commencement de toute une vie hu-maine, qui deviendra pour tant d’autres créatrice de vie.Une naissance pour offrir à chacun la grâce de renaître.Car la parole de Jésus suscite en nous un regard nouveausur la vie et sur les autres : dans notre existence usée,fatiguée, un nouveau souffle qui nous apporte un nou-veau commencement. Noël : un jour pour s’étonner ets’ouvrir à cette promesse.l

TémoignageNoël, la chaleur humaine, le vrai cadeauJean-Marc Couedel s'est sorti de la rue. Pour son Noël, il ne faut pas grand chosepour que ce soit la fête.

Je ne suis plus à la rue, j'ai le RSA, mon appartement.Ce sera vraiment sympa Noël quand, j'aurai des petits-enfants. Pour l'instant, je le fais avec mes potes qui m'in-vitent. Il ne faut pas grand-chose pour faire un chouetteNoël : un bon repas, avec des amis que t'aime bien, unpeu de scintillement et de pétillant, à la maison. La cha-leur humaine… Je crois que ce ne sont pas les richesmais les pauvres qui ont inventé Noël. Sur le côté reli-gieux, je n'ai cherché plus loin, je ne sais pas si ça s'est

vraiment passé, il y a ceux qui croient et ceux qui necroient pas. Mais Noël, au fond, c'est un cadeau quiarrive : pas un cadeau matériel, mais un être humainqui est un cadeau pour l'humanité, le Messie qui étaitprévu. Les Rois mages, ce sont les Pères Noël quiamènent ensuite des cadeaux… Quand je fais àmanger, je ne sais pas cuisiner seulement pourmoi… Alors, tous les jours, je donne à manger àquelqu'un.

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Riches idées !Christophe Verrey, pasteur du Foyer de Grenelle

Regard de l’Ami du Foyer, le journal duFoyer de Grenelle, sur les journées derentrée 2019 : « trois intervenants exté-rieurs nous ont ouvert des perspectives in-téressantes, à partir de questionsembarrassantes ».

NOUVELLES NATIONALESJournées de rentrée

Un journaliste, Éric Aeschimann, interpellé sur le voletpolitique, se demandait : « de  quels  sujets  laMiss’ pop peut-elle se saisir ? » Voyant la diversitéde nos combats, il nous propose de développer l’in-tersectionnalité en défendant avec fougue une seuleidée : chaque vie humaine compte !

Puis trois praticiens nous ont parlé du pouvoir d’agirdans les Fraternités.Claire Nicolas, présidente de laMaison ouverte et ancienne éducatrice, a parlé de sonévolution dans l’action éducative, pour en arriver à uneéquipe d’amitié dans laquelle chacun est libre de la re-lation. Adrien Roux, qui se définit comme « organi-sateur de communautés », cherche à « tisser descolères » en rencontrant les habitants d’un quartierou d’un groupe pour connaître leurs difficultés et lesmobiliser, afin d’obtenir de « petites victoires » quiredonnent espoir à la population. Grâce, notre Grâce,

Mme Nkunda, directrice du Foyer de Grenelle, a faitémerger l’empowerment dans quelques pratiques duFoyer de Grenelle : le jardin, l’atelier cuisine…Enfin, c’est un sociologue, Frédéric de Coninck, qui aété invité à parler de notre spiritualité propre (mot toutaussi piégé que le terme « évangélique »).Le Saint-Esprit va au cœur de la personne, la libèrepour mieux l’engager dans la relation aux autres. La li-bération de la parole rend les échanges et les débatspossibles. Dans la première Église, juifs et non-juifsont su s’écouter pour s’entendre et vivre ensemble,c’est ce qui a fait la force du christianisme. C’est doncune spiritualité qui renvoie sur un monde où les liensse dénouent… Mais elle nécessite aussi un lieu et uncadre en vue de s’organiser pour l’action.De féconds échanges ont eu lieu, qui devraient débou-cher sur une nouvelle dynamique de la Miss’ pop, cha-cun en rentrant « regonflé ».l

Présence - Noël 2019 -page 07

Appel à candidaturesMais pourquoi Philippe Verseilspart-il déjà ?Philippe Verseils, secrétaire général de la Mission populaire

Un appel à candidatures a été lancé pour le poste de secrétaire général.

Je ne sais pas si c’est l’âge qui m’amène à regarder enarrière, mais deux citations millénaires me viennent àl’esprit au moment où je fais part de mon prochain dé-part à la retraite en juillet prochain :Celle de Sénèque tout d’abord qui écrit en 64 avantJ.-C. : « S'arrêter est bien difficile quand on croitêtre dans le bon chemin. » Non pas que j’ai quel-conque prétention à tenir le bon chemin comme ondétiendrait la vérité ! Mais j’ai eu ce paisible et bienagréable sentiment dans mon engagement à la Missionpopulaire et tout au long de mes 40 années de minis-

tère pastoral et engagements divers de suivre un che-min qui était bon pour moi.Celle de Lao-Tseu ensuite(VIe siècle. avant J.-C.) : « Qui sait s'arrêter ne péri-clite jamais ». Des paroles qui m’incitent à prendreretraite avant que l’âge ne soit synonyme d’autre choseque de sagesse !Le temps n’est pas encore celui des au-revoirs maiscelui de la recherche du.de la prochain.e secrétaire gé-néral.e qui accompagnera toutes celles et ceux qui por-tent le projet et s’engagent au sein de la Missionpopulaire. Bien amicalement.l

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Présence - Noël 2019- page 08

La première troupe de scouts fut créee en 1910 auFoyer de Grenelle et rapidement une autre à la Frater-nité de Nantes. 110 ans après, se souvenant de cettehistoire et constatant que leur mouvement s'était trop« classe moyennisé », les Éclaireuses et Éclaireurs unio-nistes de France ont décidé de lancer l'opération Fou-lards pour tous. Il s'agit d'aller à la rencontre de ladiversité du protestantisme pour se proposer auxmilieux populaires. Dans cette démarche, la Missionpopulaire a été un des premiers mouvement rencontré.Logique, non seulement en raison de l'histoire, mais

aussi d'une première expérience réussie il y a douzeans quand un groupe fut relancé à la Maison Verte(Paris 18e). Pendant dix ans, le groupe local a fonc-tionné et l'un des jeunes qui en est issu – Samba Do-cuouré – est devenu à son tour un responsable encharge de jeunes.

Après des rencontres au niveau national, des prises decontact ont eu lieu avec les premières Fraternités.À Trappes, des rendez-vous ont été pris et le projet estlancé ! À qui le tour ?l

NOUVELLES NATIONALES

Jeunesse

Le grand retour desscouts dans les Miss’ Pop ?Les premiers groupes éclaireurs en France sont nées dans les Frat.Y-reviendront-ils ?

Migrants

Mineurs à l'abri,pas à la rue

La Fraternité de la Belle de Mai à Marseille a été en première ligne dans unemobilisation qui a permis que le département des Bouches-du-Rhône mette enplace une initiative unique.

Il y a un peu plus d’un an, le Diocèse et la Fédérationprotestante de Marseille (et en particulier la FraternitéMission populaire de la Belle de Mai) se sont mobiliséspour un meilleur accueil des mineurs étrangers isolés(MNA). Constatant que trop de mineurs qui ont fui laguerre, le fanatisme ou la faim se trouvaient en dangerdans les rues de Marseille et n’avaient pas reçu la pro-tection prévue par la loi française, ils ont travaillé avecles nombreuses associations et citoyens déjà engagéset le département en charge de cet accueil.Ensemble, ils ont réussi à faire avancer le droit et au-jourd’hui le département a lancé un appel d’offrespour 500 places d’accueil en collectif (MECS) ou dansdes familles, comme ils l’avaient demandé. Cela se tra-duit concrètement par un statut officiel de « famillesbénévoles accompagnées éducativement » et unvéritable accompagnement éducatif des jeunes et desfamilles par des professionnels. Un appel a été lancé

en octobre pour que des familles répondent à cetappel. Tous les foyers qui disposent d’une chambre etse sentent appelés à cet accueil sont les bienvenus. Plu-sieurs possibilités sont proposées. L'assistant familial :pour un engagement professionnel avec agrément sim-plifié, formation et rémunération (environ1 200 €/mois).Famille bénévole accompagnée éducativement : pourun accueil sur une ou plusieurs années d’un jeune. Lafamille fournit le gîte et le couvert (indemnité d’envi-ron 600 €/mois) et est accompagnée par un éducateur.Famille bénévole répit : pour un accueil sur les week-ends et/ou les vacances en lien avec une association.Bénévole : pour des personnes qui ne peuvent pas ac-cueillir chez elles, mais souhaitent participer en don-nant des cours de français, aider aux démarchesadministratives, proposer des activités ou des sortiesculturelles…l

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Présence - Noël 2019- page09

NOUVELLESNATIONALES

Brèvesl Fin novembre, les lutin.e.s de la Frat'airese sont mis.e.s au travail.Objectif : 14 joursde marché de Noël avec des objets et nourrituresde leur production pour auto-financer la Frat’.l

l Les injustices touchent durement dans nos Frats : À Sain- Nazaire, une bénévole très investie au SO-LIDEJ et sa famille sont menacées d’expulsion de leur logement. La situation est critique pour la famille.À laMaison ouverte (Montreuil), Moro, jeune sans-papier malien, est en centre de rétention, menacé d’expulsion.Dans les deux cas, les Fraternités sont mobilisées. Tout notre soutien! l

lLa Mission populaire s'engage dans Le GrandKiff,le grand camp jeunesse qui aura lieu du 29 juilletau 2 août 2020à Albi sur le thème «La Terre en par-tage». Première contribution : une animation spirituellenée des journées de rentrée intitulée« La balade desgens heureu».Téléchargeable :http://www.legrandkiff.org/fr/les-fiches-pedago-giques-la-terre-en-partageN'hésitez pas à y envoyer des jeunes des Frats ! l

Durant la semaine des vacances de la Toussaintavec les enfants de la Miss’ Pop, nous avons tra-vaillé sur la découverte des différentes régions deFrance (avec visite à France Miniature)… Jeudimatin, nous avons parlé du patrimoine gastrono-mique et à notre grand «désespoir» , nous avonsconstaté que les enfants ne pouvaient citer quetrois fromages: la vache qui rit, le babybel et lekiri! Qu'à cela ne tienne, nous avons décidé d’or-ganiser ce matin une vraie dégustation de fro-mages avec les enfants… maintenant le roquefort,le crottin de Chavignol, le maroilles, le munster,le beaufort, le comté, le camembert, le brie, lesaint-marcellin, etc. n'ont plus de secret pour eux!Les enfants ont apprécié ce moment et se sontmontrés calmes et attentifs! Un beau momentd'éducation populaire!

Tout un fromage !Valérie Rodrigues, équipière de la Miss’ Pop de Trappes

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La Cimade a lancé les évènements pour fêterl'anniversaire de sa naissance en donnant à desrues des noms d'étrangers ayant contribué aurayonnement de la France.

Pour rappeler 80 ans de lutte pour les droits fonda-mentaux des étrangers, alors que le gouvernements’est attaqué frontalement aux droits des personnesétrangères en réduisant notamment l’accès aux soinsdes plus démuni·e·s, la Cimade est descendue dans larue le vendredi 15 novembre d'une manière originale.Dans 26 villes en France, en dessous des noms desrues, ont été rajoutées d'autres plaques (autocollantes)de Français venus d'ailleurs qui ont contribué aurayonnement intellectuel, culturel, artistique et écono-mique de la France. « Moïche Zakharovitch Chagalov,Sara Illinichtna Stern, Wilhelm Apollinaris de Kostro-wistzky ou Maria Salomea Sklodowska plus connus

sous les noms de Marc Cha-gall, Sonia Delaunay, Guil-laume Apollinaire ou MarieCurie auraient-il pu resteren France à l’heure des po-litiques répressives misesen œuvre par EmmanuelMacron et son gouvernement ? », de-mande la Cimade. À Montreuil, pour une action com-mune de la Fraternité de la Maison ouverte et de laCimade a été rajouté une plaque: celle de Robert Wi-thaker Mac All, pasteur anglo-écossais ayant fondé laMission populaire…l

NOUVELLESNATIONALES

CIMADE

80 ans pour les étrangers

Le Noël de la CimadePour s’occuper des Alsaciens et Mosellans chassés parl'invasion allemande, les mouvements de jeunesse pro-testants créent en octobre 39 le Comité inter-mouve-ment d'aide aux déplacés et évacués (Cimade). Dansles camps où ils sont regroupés, sont bientôt internés

juifs, républicains espagnols, opposants politiques al-lemands... Les équipiers de la Cimade s'y installentcomme internés volontaires pour une action de soli-darité et de résistance.l

Olivier LespinasseUn compagnon de route nous a quittés Bertrand Vergniol, ancien président de la MPEF

Olivier Lespinasse s’engagea dans la Mission populaireévangélique dès les années 1970 à la Fraternité d’Ar-cueil avec Yves et Claire Ehrmann, plus tard dans lesannées 2000 au comité national lorsque j’en étais pré-sident. Il participa avec Guy Bottinelli aux Universités ou-vrières d’été dans les années 1980, aux voyages popu-laires protestants en Côte d’Ivoire ou aux Etats-Unis.Il y était « intendant », ce qu’il était déjà dans les colo-nies de vacances de Soleil et Santé du temps de RogerCrapoulet ! À Grenoble au mitan de sa vie, il s’engageadans l’Église protestante. Il y fut président du conseil

de paroisse. C’est ainsi que l’Évangile, dans la vied’Olivier, était intimement lié à «nourriture maté-rielle» et «vie populaire». Olivier Lespinasse était né en 1941, dans une famillepastorale. Il évoquait avec tendresse les figures deHenri Nick ou de Philo Vernier, images tutélaires dela Mission populaire dans le Nord. Olivier Lespinasseétait un proche de la Mission populaire, des membresdes Fraternités et de ses équipiers. Il s’est éteintle 19 novembre, à 78 ans, à Grenoble. Nous avonsperdu un compagnon de route. l

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Dossier:J’aime Noël/J’aime pas Noël

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Noëlun jour qui n’estpas un cadeau…Jean-Marc Couedel a longtemps été à la rue. Noël, un jour comme un autre...un jour où l'on est encore plus seul.

Enfant de la DASS, je n’aiconnu de Noël en familleque deux ou trois fois,quand j’étais en familled’accueil. Dans les foyers,

il y avait des cadeaux, desbonbons… je n’avais pasde famille, donc l'ab-sence de Noël familial, çane ma manquait pas.

Noël, ça passait... Par la suite, j’ai souventété en prison. Je ne saispas pourquoi mais çatombait souvent à la pé-riode de Noël, du nouvel

an et de mon anniversairequi est en janvier! Noël

c'était à la télé et un repas à

peine amélioré… Dans la cour, on ne fait pas debonhomme de neige et pas le cœur aux bataillesde boule de neige. Je me souviens seulement unefois d'une bataille de boule de neige, avec desjeunes à Nanterre…Noël à la rue, d'un côté les personnes sont un peuplus sympa: ils donnent un peu davantage ou unchocolat; les associations de maraude offrent uncadeau, une écharpe… Mais de l’autre, t’es encoreplus seul parce que la ville se vide: les gens sonten train de festoyer ou sont partis en famille. Àla rue, tu es toujours seul, parce-que tu ne peuxte fier à personne. Noël est le jour où tu es le plusseul.

Noël ne veut plus rien dire. Les gens se stressent,ils n’ont pas d'argent, ça coûte cher, ils voudraientfaire plaisir aux enfants, mais ils sont pris à lagorge… » l«

www.istockphoto.com

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Témoignage

N’oubliez pas le cadeau de la Mission populaire !

Envoyez vos dons jusqu’au 31 décembre 2019 à la Mission populaire pourprofitez de la réduction fiscale! 

Pour une réduction de votre IFI, libellez votre don au nom de laFondation du protestantisme, Fondation individualisée

Mission populaire évangélique de France. Par chèque à: Mission populaire 47 rue de Clichy 75009 Paris 

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J’aime Noël

? Des Noëls en famille qui se passent mal : un mauvais moment pour toute lavie…

J’ai eu deux repas de Noël dans mon adolescence quise sont très mal passés. Deux Noëls de suite, mamère, malade, avait pris trop de médicaments psy-chotropes, elle était dans un état second, et mon pèreétait alors dans une colère noire.Depuis ces événements, tous les ans, dès le1er novembre, l’angoisse des fêtes de fin d’annéecommence, avec son lot de tapage publicitaire et delumières envahissantes dans les rues. Et ce même si,depuis plusieurs années, je vie des fêtes joyeuses etagréables avec mon compagnon et sa famille. Les ci-catrices du passé sont indélébiles et se rouvrent

chaque année et ce malgré mon mieux-être. Le plustriste à chaque fois, c’est que deux êtres chers qui memanquent ne sont pas là. Ce qui est insupportableaussi, c’est le regard et le jugement des gens qui lais-sent sous-entendre que l’on fait sa victime et que cene sont que des prétextes, qu’il faut s’en remettre !Et que ce n’est pas normal de ne pas aimer cette pé-riode de la fin de l’année. J’ai déjà pensé à m’engager bénévolement pour don-ner des coups de main pour des repas solidaires dansdes associations, mais je ne m’en sens pas encore lecourage, et je l’admets, par égoïsme également.l

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Noëlen familleousans familleDes mauvais souvenirs indélébiles…Sylvia

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Pierre Hédrich

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Le soir du 24 décembre, j’étais loin. Nos parentsnous avaient expédiés à la montagne pour passer lesfêtes dans le chalet de nos grands-parents. Eux, or-ganisaient le noël des sans logis, recevaient des SDFet d’anciens alcooliques au cœur des quartiers po-pulaires du nord de Paris. Je n’ai connu un vrai Noël qu’à plus de trente ansquand j’étais invité dans la famille de ma compagne.Je découvrais le prestige d’une table bien dressée, lasaveur d’un foie gras bien choisi, d’une dinde farciequi avait mijoté de longues heures l’après-midi, d’unsaumon fumé raffiné. Je comprenais l’intimité d’unNoël en famille. Rien à voir avec le buffet de la fête paroissiale, lescanapés d’œufs de lump tartinés sur du pain de miebon marché et des toasts de pâté étalés à profusionsur des plats en carton, servis avec un jus de pomme

bas de gamme dans des gobelets en plastique. Onse dépêchait de se goinfrer des victuailles, avantqu’on replie les tables dressées de la salle polyva-lente pour célébrer la naissance du Christ quelquesheures après. Les mômes étaient déjà en train de ré-péter une scénette inspirée de l’arrivée de Marie etJoseph à Bethléem. On ne louperait pas les cos-tumes de fortune découpés dans du papier créponet les répliques bafouillées d’enfants troublés faceaux parents apprêtés. Bien sûr, on se débrouillait en famille pour organiserun Noël avancé, avant notre départ pour la mon-tagne. On faisait comme si. Il y avait bien un sapin,et des cadeaux, mais ce n’était pas le jour J. On vivaitNoël avant l’heure. Ça avait le goût d’un fac-similé.On n’en parlait pas aux copains, comme une taredont on se serait aisément passée. l

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J’aime pas Noël

Privé de NoëlPierre Hédrich, comité de rédaction de Présence

«Je n’ai pas eu de Noël en famille. C’est le sort des enfants de pasteur»

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Dossier: J’aime Noël/J’aime pas Noël

Jésus mon frère, t’es venu sur terre, pour tout dérangerMais les Églises, chacune à leur guise, t’ont récupéréElles t’ont couché sur une paille qui ruisselle d’orElles t’ont rabaissé à la taille d’un bébé qui dortOn te célèbre en grande pompe sur le coup de minuitPuis après on va faire la bombe pendant toute la nuit

Jésus mon frère, t’es venu sur terre, dans la pauvretéMais le monde verse, dans le grand commerce, de la nativitéNoël est devenu la grande fête des grands magasinsLes hauts-parleurs chantent à tue-tête Minuit chrétienEt les anges dans nos campagnes n’ont plus de voixNoyés sous les flots de champagne et les kilos de foie gras

Jésus mon frère, t’es venu sur terre, apporter la paixMais ta colombe, sous le poids des bombes, se cache et se taitOn crie, on cogne, on tue, on crèvePuis pendant Noël, c’est l’hypocrisie de la trêveOn prie le ciel, le lendemain on recommence à s’entredéchirerOù est passé ton espérance ? On s’en est-elle allée ?

Jésus mon frère, ta venue sur terre a jeté un froidPour te faire taire, les hommes en colère t’ont mis sur la croixL’espérance est dans ton supplice, elle nous est rendueLe combat contre l’injustice n’est pas perduPour qu’un nouveau monde renaisse plus fraternelQue tout le monde reconnaissance, la joie de Noël l

JJésus, mon frèreDaniel Vermeilleextrait de Chanter Aujourd’hui, numéro spécial de Présencedu printemps 1984

Liturgie de poche

Présence - Noël 2019 -page 14

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Présence - Noël 2019 - page15

Édito Édito

J’aime pas Noël…Je voudrais tellement que Noël soit comme on l’es-père, que simplement on passe du temps ensemble, àrire, à se parler, à s’aimer. Chaque année, la petite mu-sique de Noël nous le promet, mais la promesse estrarement tenue, Noël n’est jamais comme on le rêve.Alors non, vraiment, j’aime pas Noël.

Pour Noël, on nous parle de fête, mais Noël, ce n’estpas une vraie fête. Une vraie fête, tu es content d’yaller, tu y es invité, attendu. Si ça ne te dit rien, tu n’yvas pas. Noël, tu ne peux pas t’y soustraire. Quelquesfois, tu voudrais ne pas en être, mais tout te rappelleque c’est Noël, que tu dois être joyeux, heureux. Si tune l’es pas, tu te sens encore plus malheureux. Et si tues seul, alors à Noël, tu l’es encore plus. Et même si tune l’es pas, seul, et que tu essaies de ne pas participerà cette obligation de bonheur, ce jour-là, au milieu dela lumière et de la foule, tout à coup, tu te sens mal,seul, oublié, à côté…

Paradoxe qui rend fou Non, j’aime pas Noël cesummum du paradoxe qui rend fou, ou pour le moins,triste. Regarde : on célèbre des gens SDF, sans argent,sans chaleur, qui malgré ce dénuement semblent heu-reux, plein d’espérance. Toi, tu voudrais pouvoir vivrecette fête dans la simplicité, tu te souviens de l’enfantdans la paille, mais tu n’y arrives pas. Tu es obligé defaire un petit cadeau à Tata Odette parce que sinonelle se fâcherait, et aussi à Paul et à Pierre, parce que…Parce que ! Parce que c’est Noël. C’est la fête de la fa-mille, des amis. C’est obligé, un cadeau pour chacun,même petit, sinon, c’est pas Noël, dit-on. Et tu ycrois…Te voilà pris dans la course, noyé sous lesachats, étouffé…Tu n’as pas le temps de penser au

destinataire du cadeau, tu prends n’importe quoi, ledestinataire est déçu, et toi aussi, parce que tu n’as passu faire plaisir. Cette obligation d’offrir enlève la légè-reté et la joie du cadeau. Noël n’est plus une fête, niune rencontre.

Magie noireEt les enfants… C’est leur fête, dit-on.On rêve de leur offrir du rêve, de la magie, et la magiede Noël se transforme en magie noire avec cette his-toire de Père Noël qui les met dans un état d’excitationfolle. Ils courent partout, ils crient, ils pleurent de fa-tigue. Ils nous épuisent. Aidés par ce libéralisme effréné qui pousse à laconsommation, trompés par les slogans et le vacarmeambiant, on a fini par croire que l’enfance se célèbreavec des objets, alors qu’elle a besoin de présence, d’at-tention. Mais il y a tant à faire, croit-on, pour que lafête en soit une. La présence et l’attention, on n’a pasle temps pour ça, on n’y arrive pas. Et cela nous rendmalheureux. On est déçu, fatigué, éreinté, dupé. Lapromesse de Noël n’est pas tenue.Mais, peut-être, peut-être qu’on va y arriver, qu’on neva pas se laisser faire. Peut-être que Noël prochain seraune vraie fête, en famille, entre amis, avec des enfantsrieurs. Peut-être. Alors, j’y serai au prochain Noël,parce que je ne voudrais pas rater ça !l

Noël, une promessejamais tenueBrigitte Brunel, sympathisante Mission populaire

«Mon père était pasteur à la

Miss pop’, Arcueil et Rouen.

J'y ai passé toute mon enfance,

et j'en garde un souvenir 

lumineux».Brigitte Brunel 

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Dossier pp 3-14

En finir avec Noël ?

LE JOURNAL DE LA MISSION POPULAIRE ÉVANGÉLIQUE DE FRANCE ET DE SOLEIL & SANTÉ

LITURGIENoël récupérép. 14

Num

éro de Noël - 2019 - num

éro 4 - Décem

bre 2019 - ww

w.m

issionpopulaire.org

NOUVELLES NATIONALESPour lesmigrants mineursp. 8

NOUVELLES NATIONALESCimade 80 ansp. 10

THEOLOGIE DE POCHELes militants du 24pp. 4-5

www.pierrehedrich.com

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