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Balzac Présentation par Nadine Satiat Le Colonel Chabert Édition avec dossier Extrait de la publication

Le Colonel Chabert...(1822), à Horace de Landon-Taxis, servi par le fidèle Nickel dans le trop mélodrama-tique Wann-Chlore (1825) : ce fier chef d’escadron de l’armée impériale

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BalzacPrésentation

par Nadine Satiat

Le Colonel Chabert

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Éditionavec

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Flammarion

BalzacLe Colonel Chabert

Tenu pour mort à la bataille d’Eylau, le colonel Chabert rentre chez lui après des années d’errance et de souffrance. Mais aux yeux du monde, il n’existe plus. Sa femme, héritière de sa fortune, est remariée et mère de deux enfants ; sa maison a été démolie ; la rue même où il vivait a été débaptisée : l’Empire a cédé la

place à la Restauration… Dépossédé de ses biens comme de son nom, l’ancien héros des guerres napoléoniennes se lance à cœur perdu dans une dernière bataille, pour recouvrer son identité. Y parviendra-t-il ? Le Colonel Chabert est l’histoire tragique d’un homme incarnant les restes sublimes d’une époque révolue.

Texte intégralIllustration :

Virginie Berthemet© Flammarion

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Présentation, notes, dossier,

chronologie et bibliographie par Nadine Satiat

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Prix France : 2,30 €ISBN : 978-2-0812-2472-8

editions.flammarion.com

Doss i e r

1. Le roman et ses personnages selon Balzac

2. Rêves de batailles

3. Guerre et littérature au XIXe siè cle :

Stendhal, Hugo, Maupassant

4. Le Colonel Chabert au cinéma

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Du même auteurdans la même collection

ANNETTE ET LE CRIMINEL.BÉATRIX. Préface de Julien Gracq.CÉSAR BIROTTEAU.LE CHEF-D’ŒUVRE INCONNU – GAMBARA – MASSIMILLA DONI.LES CHOUANS.LE COLONEL CHABERT suivi de L’INTERDICTION.LE CONTRAT DE MARIAGE.LE COUSIN PONS.LA COUSINE BETTE.LE CURÉ DE TOURS – LA GRENADIÈRE – L’ILLUSTREGAUDISSART.LA DUCHESSE DE LANGEAIS.EUGÉNIE GRANDET (édition avec dossier).LA FEMME DE TRENTE ANS.FERRAGUS – LA FILLE AUX YEUX D’OR.GOBSECK – UNE DOUBLE FAMILLE.ILLUSIONS PERDUES.LE LYS DANS LA VALLÉE.LA MAISON DU CHAT-QUI-PELOTE – LE BAL DE SCEAUX – LA VENDETTA

– LA BOURSE.MÉMOIRES DE DEUX JEUNES MARIÉES.NOUVELLES (El Verdugo. Un épisode sous la Terreur. Adieu. Une pas-

sion dans le désert. Le Réquisitionnaire. L’Auberge rouge.Madame Firmiani. Le Message. La Bourse. La Femme abandonnée.La Grenadière. Un drame au bord de la mer. La Messe de l’athée.Facino Cane. Pierre Grassou. Z. Marcas).

LES PAYSANS.LA PEAU DE CHAGRIN.PEINES DE CŒUR D’UNE CHATTE ANGLAISE.LE PÈRE GORIOT.PHYSIOLOGIE DU MARIAGE.PIERRETTE.LA RABOUILLEUSE.LA RECHERCHE DE L’ABSOLU.SARRASINE, suivi de Michel Serres, L’HERMAPHRODITE.SPLENDEURS ET MISÈRES DES COURTISANES.UN DÉBUT DANS LA VIE.UNE FILLE D’ÈVE.LA VIEILLE FILLE – LE CABINET DES ANTIQUES.

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BALZAC

Le Colonel Chabert

•PRÉSENTATION

NOTESDOSSIER

CHRONOLOGIEBIBLIOGRAPHIE

par Nadine Satiat

GF Flammarion

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Nadine Satiat, spécialiste de la littérature du XIXe siècle, a édité dansla collection GF-Flammarion plusieurs œuvres de Balzac (Un débutdans la vie, La Recherche de l’absolu, La Peau de chagrin, La Maison duchat-qui-pelote) et des Goncourt (Germinie Lacerteux, Renée Mauperin),ainsi que Notre cœur de Maupassant. Elle est également l’auteur d’unebiographie de Balzac (Balzac ou la fureur d’écrire, Hachette Littéra-tures, 1999) et d’une biographie de Maupassant (Maupassant, Flamma-rion, « Grandes biographies », 2003).

© 2009, Flammarion, Paris, pour cette éditionISBN : 978-2-0812-2472-8

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SOMMAIRE

P R É S E N T A T I O N 7

Le Colonel Chabert

D O S S I E R

1. Le roman et ses personnages selon Balzac 1332. Rêves de batailles 1393. Guerre et littérature au XIXe siècle :

Stendhal, Hugo, Maupassant 1484. Le Colonel Chabert au cinéma 170

C H R O N O L O G I E 191

B I B L I O G R A P H I E 199

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À Roxane et Adrien.

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P r é s e n t a t i o n

L’histoire du Colonel Chabert est simple, c’est une his-toire comme il y en a depuis qu’il y a des guerres. Unehistoire aussi vieille que celle d’Agamemnon de retour dela guerre de Troie trouvant son épouse Clytemnestre dansles bras d’Égisthe ; aussi vieille que celle d’Ulysse qui,après des années d’épreuves pour rentrer à Ithaque,retrouve son palais envahi par les prétendants. Une his-toire comme il y en eut sans doute des milliers au coursde l’Empire et au début de la Restauration : le colonelChabert, tenu pour mort à la bataille d’Eylau (1807),revient chez lui un beau jour de juillet 1815, après desannées d’errance et de souffrance, trouve sa femme, héri-tière de toute sa fortune, remariée et mère de deuxenfants, sa maison démolie et la rue même où elle setrouvait débaptisée, et tente de recouvrer son identitédans un monde aux yeux duquel il n’existe tout simple-ment plus, et dans lequel nul n’a intérêt à le voirreprendre sa place et sa fortune.

Balzac a écrit la première version de cette histoire en1832 sous le titre La Transaction. Pour être déjà l’écrivainà la mode consacré six mois plus tôt par La Peau dechagrin, ce Balzac-là n’était pas encore tout à fait celuide La Comédie humaine, où Le Colonel Chabert entreraen 1844. C’était un auteur qui, après sept ou huit anspassés à écrire sous divers pseudonymes, « pour se délierla main », cent volumes de littérature commerciale, segrisait de son récent succès, un auteur en pleine

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effervescence créatrice, désordonné, enthousiaste, dontles intuitions sociales et philosophiques commençaient àse dessiner sans qu’il en fût encore tout à fait conscient,dont les techniques de composition, affinées depuisquelques années par la pratique du conte et de la nou-velle, étaient encore empreintes d’une recherche excessivede virtuosité à la mode du moment, mais devenaient deplus en plus personnelles, et dont l’invention roma-nesque, nourrie par un talent d’observation suraigu, sedéployait avec une rapidité et une complexité croissantes.Balzac commençait évidemment à être porté par ce qu’ilavait déjà écrit. La rédaction de La Transaction fut extrê-mement rapide : le texte fut très probablement rédigécomme un feuilleton, au fur et à mesure de sa publicationdans L’Artiste, en quatre livraisons, les 19 et 26 février,et les 5 et 12 mars 1832. Éclosion brusque – sous la pous-sée d’une sève déjà riche de souvenirs, d’anecdotes, desituations et de personnages.

SOUVENIRS ÉPIQUES

Arrière-petit-fils de passementiers-brodeurs qui four-nirent l’armée républicaine, puis l’armée impériale, engalons et en aiguillettes, petit-fils de haut fonctionnaireà la Direction des Vivres, fils d’un directeur des Vivres etdes Approvisionnements de l’armée du Nord en 1793,puis de l’armée de Vendée en 1795, et qui resta fonction-naire à la Direction des Vivres jusqu’en avril 1819, Bal-zac, dix-sept ans l’année de Waterloo, a passé sa primeenfance à Tours, ville où résidaient un état-major de bri-gade mais aussi, et c’était plus inhabituel, une colonied’officiers prisonniers de guerre assignés à résidence surparole, qu’on recevait poliment. Les militaires occu-pèrent donc selon toute vraisemblance une place impor-tante dans la vie quotidienne et les conversations de la

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famille Balzac. Mme Balzac, trente-deux ans de moinsque son mari, ne se montrait sans doute pas insensibleaux charmes des fringants officiers ; est-ce l’uniforme degrenadier de la garde nationale qu’il endossait périodi-quement qui valut à Jean de Margonne, « prestigieux bel-lâtre », d’être « distingué » par Mme Balzac, comme lesuggère avec malice Maurice Bardèche 1 ? De cette liaisonnaquit en 1807 Henry, ce frère qui serait toujours le pré-féré de leur mère, blessure inguérissable au cœur de Bal-zac. Il n’en sera pas moins l’ami de M. de Margonne etde son père, lui-même ancien officier, et sera souvent reçudans leur château de Saché.

Aussi ne peut-on s’étonner que Balzac ait campé dèsses premiers romans quelques belles figures de militaires,du général Beringheld, flanqué du brave sergent Lagloiredans le gothique Centenaire (1822), à Horace de Landon-Taxis, servi par le fidèle Nickel dans le trop mélodrama-tique Wann-Chlore (1825) : ce fier chef d’escadron del’armée impériale y raconte déjà dans une lettre com-ment, grièvement blessé en Allemagne, il fut recueilli etsoigné dans une misérable baraque, tandis qu’on lecroyait mort. Cet épisode préfigure une partie de l’his-toire de Chabert, dans un roman qui est aussi unehistoire de bigamie et de vengeance contre un duc àdeux épouses : La Transaction. Après s’être intituléLa Comtesse à deux maris en 1835, ce roman deviendraLe Colonel Chabert en 1844. Quant à Lagloire et àNickel, pittoresques vétérans au parler populaire, ils pré-figurent chacun à sa manière les figures fraternelles deBoutin et de Vergniaud, le nouriceure du Colonel Cha-bert. Ces types et ces situations commençaient d’ailleursà se multiplier dans la littérature du temps, et PierreCitron a recensé, à partir de 1824, maints exemples de

1. Le lecteur trouvera en fin de volume, dans la section « Bibliogra-phie », les références complètes de tous les ouvrages et articles desauteurs cités infra.

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romans militaires situés sous l’Empire, dont les person-nages sont laissés pour morts sur les champs de bataille,voire restent fous à la suite du traumatisme pendant plu-sieurs années ; particulièrement proche du futur ColonelChabert est l’histoire du général d’Archambaud dans unroman anonyme de 1826, Éléonore, anecdote de la guerred’Espagne en 1813, laissé pour mort, gravement blessé,ramassé par les ambulances ennemies, soigné par desfemmes russes qui suivaient l’armée, puis fort maltraitépendant deux ans par les Russes, saisi par une fièvre céré-brale et placé dans un mauvais hôpital, puis retrouvantd’un coup la mémoire, écrivant à sa mère, mais sansréponse, retombant malade, décidant de retourner enFrance, à pied et sans un sou, comme un vagabond, sur-montant mille obstacles en chemin, puis enfin en France,aidé par un ancien camarade, retrouvant sa mère qui lecroyait mort depuis longtemps, et apprenant que safemme est entrée au couvent. Balzac a certainement luce roman, à un moment ou à un autre, puisqu’il s’en estinspiré plus tard, comme l’a bien montré Pierre Citron,pour le dénouement de La Duchesse de Langeais.

Puis ce fut l’intermède catastrophique des années1826-1828, au cours desquelles Balzac se rêva à la foiséditeur, imprimeur et fondeur des caractères avec lesquelsil imprimerait ses œuvres – ce qui se solda par une belledéconfiture et soixante mille francs de dettes, dont cin-quante auprès de sa mère, qu’il ne devait jamais rem-bourser. Une première Physiologie du mariage fut ainsiimprimée, mais resta dans un tiroir.

Lorsque Balzac revint à la littérature, ce fut avec unehistoire d’aventures historiques, plus ou moins imitée deWalter Scott et de Fenimore Cooper (dont Le Dernier desMohicans, publié en français en 1826, venait d’obtenir unfranc succès), située en Bretagne en 1799, l’année duretour d’Égypte de Napoléon, et au moment où le Direc-toire envoya l’armée républicaine réprimer les dernièresinsurrections chouannes : Le Dernier Chouan fut écrit

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dans les derniers mois de 1828, à Fougères, chez le géné-ral de Pommereul – le fils du préfet Pommereul qui avaitété en 1801 la bonne étoile du père de l’écrivain – et àpartir d’un fait divers que lui avait rapporté ce généralfécond en anecdotes. Selon toute probabilité, Balzac enavait déjà fait son miel pour alimenter l’année précédenteses articles de l’éphémère Album historique et anecdo-tique. Officiers et soldats – Bleus de l’excellent colonelHulot, premier des officiers d’Empire de la future Comé-die, et Blancs menés par l’aristocratique Montauran –peuplaient désormais tout un roman, et, de fait, le pre-mier roman signé « Balzac ». L’œuvre, publiée le 28 mars1829, n’eut aucun succès et se vendit très mal. Mais cettedéconvenue, comme l’a bien montré Maurice Bardèche,eut au moins un grand mérite : non seulement Balzac sedisputa avec Latouche (qui, notons-le au passage, se fai-sait appeler Henry mais se nommait Hyacinthe) parceque Latouche, associé d’Urbain Canel pour la publica-tion, voulait solder les invendus – ce qui, à terme, aboutità une rupture entre les deux hommes, et à de nouvelleset fructueuses fréquentations littéraires pour Balzac –,mais il se détourna de la fabrication de romans deconsommation courante, jetant définitivement aux ortiesHorace de Saint-Aubin le faiseur. Son activité littéraireallait désormais se déployer en plusieurs pans, chacunedes facettes contradictoires de son être cherchant sonexpression propre dans un vaste spectre de possibles, dujournalisme mondain au conte philosophique. Dans lesmois qui allaient suivre, Balzac commencerait à écrire lespremières « Scènes de la vie privée », et remettrait sur lemétier La Physiologie du mariage, qui allait le tirer del’obscurité.

Il ne renonçait pas pour autant à la veine militaire,que tout d’ailleurs, en cette année 1829, contribuait àalimenter. Faute d’argent en effet, l’ex-futur « WalterScott français » était obligé d’aller de temps en tempsvivre dans la maison de ses parents, à Versailles. Or à

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Versailles vivait Mme d’Abrantès. Née Laure Permon en1784, celle-ci était devenue veuve en 1813 du généralJunot, surnommé le « sergent La Tempête » par Bona-parte dont il fut ensuite l’aide de camp pendant la cam-pagne d’Égypte. Devenu gouverneur militaire de Parispuis commandant de l’armée du Portugal, Junot gagnason titre à la victoire d’Abrantès (1807), mais il futcontraint à la capitulation de Sintran, assista à la défaiteen Espagne et participa à la désastreuse campagne deRussie qui sonna la fin de l’épopée. Exilé dans les Pro-vinces illyriennes, Junot, frappé de folie, revint chez lui,près de Dijon, pour se suicider. L’ancienne étoile del’Empire était alors devenue l’ennemie jurée de Napo-léon, et, dans les bras d’un jeune capitaine royaliste,s’était ralliée aux Bourbons, et avait obtenu deLouis XVIII une pension et le droit de conserver sontitre. Encore quelques brillantes années de triomphemondain, et celle qui avait aussi été la maîtresse deMurat eut achevé de dilapider la fortune que son mariavait gagnée sur le pillage : elle fut contrainte en 1821 dese retirer à Versailles. C’est là que Balzac fit sa connais-sance en 1825, par des amis communs de sa sœur Laureet de son mari, le polytechnicien Eugène Surville, quivenait d’obtenir un poste d’ingénieur des Ponts et Chaus-sées dans cette ville ; et Mme d’Abrantès, quadragénairebien en chair, manières princières et brusqueries impé-rieuses, devint sa maîtresse, ce qui flatta sa vanité, servitses ambitions – et nourrit son inspiration de maints récitsde fêtes à la cour impériale et de chevauchées épiques àtravers l’Europe. En 1829, après une période consacrée àMme de Berny, Balzac renouait précisément sa liaisonavec la duchesse, qui l’introduisit alors chez plusieursgrandes dames du temps de Napoléon : dans le salon trèsprivé de Mme Récamier, qui vivait retirée à l’Abbaye-aux-Bois ; chez Mme Hamelin (1776-1851), une superbecréole, la plus élégante des « merveilleuses » du Direc-toire qui avait lancé les robes à la sauvage dites « cuisse

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de nymphe émue », qui avait été elle aussi la maîtressede Chateaubriand, de Montrond et surtout du généralBonaparte lui-même, et qui vivait depuis 1827 à l’Ermi-tage de la Madelaine près de Fontainebleau ; ou encorechez la comtesse Merlin (1788-1852), une Cubaine quiavait brillé sous l’Empire, et qui était alors la maîtressed’un camarade journaliste de Balzac, Philarète Chasles,lequel l’aida à écrire ses souvenirs comme Balzac aidaMme d’Abrantès à écrire les siens. Or ces dames, commeaussi la femme de lettres Sophie Gay, chez laquelleBalzac avait été introduit par Henri de Latouche (et dontla fille Delphine deviendrait bientôt Delphine de Girar-din), regorgeaient d’anecdotes du temps du Directoireet de l’Empire. Balzac flambait d’enthousiasme : « Jeretrouvai Balzac avec joie chez Mme d’Abrantès, raconteMme Ancelot dans un passage de ses Salons de Paris[non daté mais que Bernard Guyon, qui le cite, situe auxalentours de 1830], mais je l’y trouvai tout différent dece que je l’avais vu jusque-là : les merveilles de l’Empirel’exaltaient alors au point de donner à ses relations avecla duchesse une vivacité qui ressemblait à la passion. Unsoir, il me dit : “Cette femme a vu Napoléon enfant ; ellel’a vu jeune homme, encore inconnu ; elle l’a vu occupédes choses ordinaires de la vie, puis elle l’a vu grandir,s’élever et couvrir le monde de son nom ! Elle est pourmoi comme un Bienheureux qui viendrait s’asseoir à mescôtés, après avoir vécu au ciel tout près de Dieu.” »

Entre 1825 et 1828, Balzac s’était aussi lié à Versaillesavec tout un groupe de camarades polytechniciensd’Eugène Surville, et il avait noué en particulier une ami-tié durable avec Zulma Tourangin, une amie d’enfancede Laure, et la femme du commandant Carraud, direc-teur des études à l’École militaire de Saint-Cyr touteproche – cette amitié s’était affermie au début de 1829.Il avait ainsi fait la connaissance de plusieurs officiersqui avaient participé aux campagnes de l’Empire – lecapitaine Périolas, le capitaine Viennet. Le récit de leurs

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aventures et de leurs souvenirs s’engrangea d’abord danssa mémoire, puis, à partir du milieu de l’année 1830, dansun « album » qu’il allait bientôt appeler son « vivier » etdans lequel, pour ne pas perdre une miette de ce qu’on luiracontait, il allait se mettre à noter ses idées et ses projets.

C’est alors qu’en décembre 1829 la publication de laPhysiologie du mariage, d’une verve, d’une liberté de tonet d’une finesse d’analyse psychologique bien supérieuresà la première version non diffusée, mêlant facétieusementla statistique et la physiognomonie, et considérablementenrichie d’anecdotes du temps du Directoire et del’Empire racontées par la duchesse d’Abrantès etMme Hamelin, particulièrement abondante en récitsd’aventures piquantes, fit de lui en quelques jours unauteur à succès. Les grands thèmes et le « système » phi-losophique de l’œuvre à venir s’annonçaient : l’influencede la physiologie sur la vie morale, le pouvoir destructeurde la pensée, les « crimes purement moraux » commisdans le secret des consciences à l’abri de la loi – catégoriedéjà esquissée dans le Code des gens honnêtes 1 publiésans nom d’auteur en 1825. L’une des dernières médita-tions de la Physiologie (XXVI), donnant comme exempleune scène « déchirante » des Brigands de Schiller danslaquelle « un jeune homme fai[t], à l’aide de quelquesidées, des entailles si profondes au cœur d’un vieillard,qu’il finit par lui arracher la vie » (c’est évidemment lascène au cours de laquelle François Moor tue son pèreavec une fausse lettre de son frère), porte, déjà, surl’usage des sentiments comme des armes les plus cruellesdans la guerre conjugale.

Accueilli au sein d’une joyeuse bohème littéraire, Bal-zac goûtait enfin le plaisir d’être réclamé par les journauxet les revues élégantes : il se fit journaliste et chroniqueurmondain pour La Caricature de Philipon, pour La

1. Et que Balzac a toujours bien présent à l’esprit en écrivant LaTransaction – cf. note 1, p. 48 du Colonel Chabert.

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Silhouette, qui appartenait à Émile de Girardin (de mêmeque Le Voleur auquel il donnerait – entre septembre 1830et fin mars 1831 – dix-neuf Lettres sur Paris), et songeatout naturellement à y débiter, entre autres choses,quelques histoires de militaires récoltées auprès du petitgroupe de Saint-Cyr.

Avec un culot qui chez lui allait devenir une secondenature, Balzac commença vers cette époque à monnayerd’avance des textes dont il n’avait pas écrit la premièreligne : le 3 janvier 1830, les éditeurs Marne et Delaunayretenaient ainsi, entre autres titres proposés par Balzac,un projet intitulé La Bataille de Wagram – sans doute lemême que celui qui figurait déjà sous le titre La Batailledans une liste de projets probablement contemporaine dela rédaction du Dernier Chouan –, projet dont Balzacdécrirait en détail l’élaboration dans sa correspondancede 1832, dont il déplacerait même encore le lieu deWagram à Dresde en 1844, au moment de compléter lasection des Scènes de la vie militaire prévue dans le cata-logue de La Comédie humaine, mais qu’il n’écriraitjamais. Toujours dans la veine militaire, le 30 janvier, Bal-zac donnait à La Mode, que venait aussi de créer sonnouvel ami Émile de Girardin, El Verdugo, sous le titrecomplet : Souvenirs soldatesques, El Verdugo ; guerred’Espagne (1809). Écrit en octobre 1829 (en même tempsque Gloire et Malheur, futur Maison du chat-qui-pelote etpremière véritable étude de mœurs dans son œuvre), àMaffliers, chez le général de Talleyrand-Périgord quiavait invité Balzac avec Mme d’Abrantès, le texte étaitprobablement inspiré des souvenirs espagnols de laduchesse ; c’était aussi la première publication signée« H. de Balzac ». Puis il donnait, les 15 mai et 5 juin1830 (toujours à La Mode), Adieu – sous le titre completSouvenirs soldatesques, Adieu, qui attestait la persis-tance d’un projet de volume d’inspiration militaire. Lesecond chapitre de cette nouvelle décrit le passage dela Bérézina, probablement tel que le capitaine Périolas

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l’avait raconté à l’auteur ; le héros, Philippe de Sucy, resteensuite prisonnier en Sibérie pendant six années, puisretrouve par hasard sa maîtresse, devenue folle d’avoirété traînée pendant deux ans, dans les pires conditions, àla suite de l’armée ; les parents de celle-ci, la croyantmorte, se sont partagés sa succession, tandis qu’elle étaiten réalité enfermée dans un asile de fous dans une petiteville d’Allemagne. Toutes ces souffrances, Balzac, commele fait remarquer Pierre Citron, les accumulera sur la têtedu colonel Chabert. À la Revue de Paris, Balzac donnaitencore, le 26 décembre 1830, Une passion dans le désert,aventure de la campagne d’Égypte, puis, le 27 février1831, Le Réquisitionnaire, épisode de la vie pendant laRévolution en Normandie. Et il gardait en réserve, consi-gnés dans son album, maints récits entendus à Saint-Cyrou à Fougères : histoire du capitaine Bianchi qui, pourun pari de deux mille francs, mange le cœur d’une senti-nelle, récit de l’incendie des faubourgs de Ravenne par legénéral Pommereul, épisodes tragiques de la retraite deRussie et atrocités diverses. Autant d’amorces de contesdont ceux qui furent effectivement réalisés ne devaientparaître qu’en janvier 1832 dans les Contes bruns, unrecueil écrit en collaboration.

NOUVELLES « ESPÈCES SOCIALES »

Entre-temps avaient paru en avril 1830 les premièresScènes de la vie privée, sortes d’illustrations de la Physio-logie du mariage à l’usage des jeunes filles, et parmi ces« scènes », Les Dangers de l’inconduite, futur Gobseck,raconté par un personnage qui deviendrait dans les ver-sions postérieures l’avoué Derville : il joue un grand rôledans Le Colonel Chabert, et il assumait là pour la pre-mière fois le rôle de détecteur des secrets « ensevelis dans

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le sein des familles ». Balzac commençait donc à rameu-ter des souvenirs plus lointains, ceux des années 1816-1819, consacrées à étudier le droit – car sa mère voulaitqu’il fût notaire –, et à grossoyer chez maître Guillonnet-Merville, puis chez le notaire Victor Passez. Pour la pre-mière fois aussi dans ces « scènes », Balzac faisait de ladescription d’un quartier de Paris un élément à partentière de la peinture de telle ou telle « espèce sociale »en application de l’idée selon laquelle « la vie extérieureest une sorte de système organisé, qui représente unhomme aussi exactement que les couleurs du limaçon sereproduisent sur sa coquille » ; inspirée de Cuvier, cetteidée fut théorisée pour la première fois dans le Traité dela vie élégante, sorte de mode d’emploi de la vie socialedans le ton de la Physiologie, publié dans La Mode enoctobre 1830. Enfin, et parce qu’il concevait ces scènescomme des œuvres didactiques et morales, il y inauguraitaussi une technique de composition plus élaborée quecelle des contes, souvent en « diptyques » selon l’expres-sion de Maurice Bardèche, afin de montrer plus efficace-ment le passage du temps et les conséquences des fautescommises, aménageant des échos et des contrastes entrel’avant et l’après – voir Gloire et Malheur, le premier titrede La Maison du chat-qui-pelote –, manipulant l’émotiondu lecteur avec une subtilité nouvelle et condensant sou-vent en une dernière image tout le poids du désastre :dans Le Colonel Chabert, ce sera celle du colonel prenantle soleil sur un banc, à l’hospice de Bicêtre.

Entre-temps il y eut une révolution aussi, mais après sixmois d’un enthousiasme assez naïf, Balzac déçu était mûrpour se laisser attirer par les légitimistes – d’autant plusqu’il allait bientôt rencontrer le duc de Fitz-James, chef duparti néo-légitimiste auquel il se rallierait au début de 1832,tenté certes par la carrière politique, mais aussi et peut-êtred’abord par la nièce du duc, la marquise de Castries, àlaquelle il allait faire une cour assidue, et vaine.

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Mais évidemment la grande affaire de 1831, c’est LaPeau de chagrin, dont la publication, le 1er août, faitaccéder l’auteur à succès de la Physiologie au rang d’écri-vain à la mode. Et Balzac dès lors, reçu partout, caboti-nant dans les salons, n’a de cesse de rivaliser avec lesécrivains les plus en vue de Paris, Lautour-Mezeray,Eugène Sue, Jules Janin, qui s’affichaient dans tous leslieux chic, vêtus avec la dernière élégance, et menaientgrand train : de cette époque datent les premières extra-vagances qui feront sa légende – dépenses de décorateur,de tailleur, de traiteur, robes de chambre avec ceinture àglands d’or, cabriolet de luxe avec groom et couvertureportant une couronne comtale, baignoire à l’Opéra. Bal-zac gagne de l’argent, mais en dépense encore plus,semble oublier les cinquante mille francs qu’il doit tou-jours à sa mère depuis la faillite de l’imprimerie, et com-mence à accumuler dangereusement les dettes. Et au vrai,cette prodigalité n’a pas toujours les effets escomptés : sila verve de Balzac conteur éblouit les salons, « M. lecomte de Balzac » est d’un luxe un peu voyant, etd’aucuns le trouvent vulgaire…

Le succès de La Peau de chagrin fut tel qu’on imprimavite une deuxième édition augmentée de contes, troisvolumes de Romans et contes philosophiques – dont cer-tains n’étaient d’ailleurs « philosophiques » que pourl’occasion, ou alors au sens large, puisqu’on y retrouveentre autres El Verdugo et Le Réquisitionnaire. Au demeu-rant, la veine des « souvenirs soldatesques » n’était pastout à fait tarie : dans la Revue de Paris, en même tempsque La Peau de chagrin, avait paru par exempleL’Auberge rouge, dont les protagonistes sont deux chirur-giens militaires des armées de la République. Et, en avril,Balzac avait bel et bien entrepris pour l’éditeur Boullanddes Scènes de la vie militaire (selon Pierre Citron, dixfeuilles en avaient même été imprimées et corrigées, maison ignore de quels textes il s’agissait) ; bizarrement cesmêmes scènes se trouvent aussi adjugées aux éditeurs

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Marne et Delaunay dans un traité conclu au mois d’août.Balzac se disperse un peu dans tous les sens – c’est aussil’époque où il commence à travailler aux Contes drola-tiques. Mais ce souci de construire des ensembles cohé-rents indique cependant que l’écrivain commence àenvisager d’ordonner son œuvre.

En novembre, Balzac est à Saché. Puis, fin décembre,il séjourne une dizaine de jours à Angoulême chez lesCarraud – le commandant Carraud y a été nommé le1er juillet directeur de la Poudrerie. Ce séjour décida-t-ilde la rédaction de La Transaction ? Rien n’annonçaitl’œuvre dans l’album : c’est donc peut-être que Balzac,dans une frénésie de travail, tenu et stimulé par uncontrat avec L’Artiste (auquel il avait déjà donné en aoûtLe Chef-d’œuvre inconnu), et peut-être aussi poussé pardes dettes urgentes, exploita sur-le-champ quelque « sou-venir soldatesque » que les Carraud venaient de luiraconter ou de lui remettre en mémoire. Il a déjà à sadisposition maints éléments anecdotiques et personnagesmilitaires secondaires, qu’il combine aussitôt avec despersonnages et des thèmes explorés et exploités dans sesœuvres récentes.

L’exemple le plus flagrant de cet opportunisme est lepersonnage de la femme du colonel Chabert, la comtesseFerraud, qui est à l’évidence une nouvelle mouture dutype de la « femme sans cœur », inauguré avec tant desuccès dans la deuxième partie de La Peau de chagrin– l’expression se trouvait même textuellement dans LaTransaction ; bien que Balzac n’aille jamais jusqu’à enfaire tout à fait un personnage emblématique de la Res-tauration, elle est tout autant que Foedora « le typed’une société sans cœur », pour reprendre l’expression deFélix Davin dans son introduction aux Études philoso-phiques.

L’aventure strictement militaire, ou plutôt les circon-stances dans lesquelles Chabert est tombé à Eylau, sontdécrites en des termes expressifs qui dénotent encore un

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N° d’édition : L.01EHPN000271.N001Dépôt légal : avril 2009

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BalzacPrésentation

par Nadine Satiat

Le Colonel Chabert

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BalzacLe Colonel Chabert

Tenu pour mort à la bataille d’Eylau, le colonel Chabert rentre chez lui après des années d’errance et de souffrance. Mais aux yeux du monde, il n’existe plus. Sa femme, héritière de sa fortune, est remariée et mère de deux enfants ; sa maison a été démolie ; la rue même où il vivait a été débaptisée : l’Empire a cédé la

place à la Restauration… Dépossédé de ses biens comme de son nom, l’ancien héros des guerres napoléoniennes se lance à cœur perdu dans une dernière bataille, pour recouvrer son identité. Y parviendra-t-il ? Le Colonel Chabert est l’histoire tragique d’un homme incarnant les restes sublimes d’une époque révolue.

Texte intégralIllustration :

Virginie Berthemet© Flammarion

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Présentation, notes, dossier,

chronologie et bibliographie par Nadine Satiat

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Prix France : 2,30 €ISBN : 978-2-0812-2472-8

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Doss i e r

1. Le roman et ses personnages selon Balzac

2. Rêves de batailles

3. Guerre et littérature au XIXe siè cle :

Stendhal, Hugo, Maupassant

4. Le Colonel Chabert au cinéma

BalzacLe Colonel Chabert

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