L’implication parentale en prévention de l’utilisation ... · applications relevées pour les adolescents par Dufour et ses collaborateurs en 2015 (Dufour et coll., 2016). C’est

L’implication parentale en prévention de l’utilisation problématique d’Internet chez les

adolescents

Par

Lilianne Mathieu

Essai sous la direction de Madame Magali Dufour Ph.D., présenté dans le cadre de la

Maitrise en intervention en toxicomanie

Université de Sherbrooke

Faculté de médecine et des sciences de la santé

© 21 décembre 2016

L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Mathieu, L. (2016). L’implication parentale en prévention de l’utilisation problématique d’Internet chez les adolescents . Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke

ii

RÉSUMÉ

Cet essai synthèse porte sur l’implication parentale en prévention de l’utilisation

problématique d’Internet chez les adolescents. L’objectif de cet essai était de développer

des recommandations pour l’implication parentale prévenant l’utilisation problématique

d’Internet chez les adolescents. Pour ce faire, trois experts en réadaptation en dépendance

ont été consultés lors d’entrevues individuelles. L’analyse qualitative des résultats a permis

de mettre en lumière l’importance de l’implication parentale comme facteur de protection

en utilisation problématique d’Internet. De fait, des messages de prévention concernant

l’importance de l’éducation aux technologies, de la saine relation parent-enfant ainsi que

de la mise en place de règles et de mesures de supervision devraient être faits aux parents.

Toutefois, bien que le parent soit une personne à impliquer, d’autres cibles de prévention,

telles que les adolescents et la société générale, sont ressorties comme étant déterminantes

pour permettre une responsabilité partagée de prévention. Par conséquent, des messages de

prévention sur l’autocontrôle de l’utilisation d’Internet et le rôle des amis dans celui-ci

devraient être faits pour les adolescents et une sensibilisation sur la problématique devrait

être faite en population générale.

MOTS CLÉS

Cyberdépendance, utilisation problématique d’Internet, implication parentale, prévention

et adolescent

KEYWORDS

Internet addiction, parental involvement, prevention and adolescent


iii

TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ ......................................................................................................................................... ii

MOTS CLÉS ................................................................................................................................... ii

KEYWORDS .................................................................................................................................. ii

REMERCIEMENTS ...................................................................................................................... v

LISTE DES TABLEAUX, DES FIGURES ET DES GRAPHIQUES ...................................... vi

1- INTRODUCTION ................................................................................................................. 1

1.1 Constats théoriques ............................................................................................................. 2

1.1.1 La prévention de l’utilisation de substances ....................................................... 3

1.1.2 La prévention de l’UPI .......................................................................................... 4

1.2 Constats liés à ma pratique professionnelle ...................................................................... 5

2. OBJECTIF POUSUIVI......................................................................................................... 7

3. MOYEN ET JUSTIFICATIONS ......................................................................................... 7

4. DÉROULEMENT DES ACTIVITÉS .................................................................................. 8

4.1. Choix des experts ................................................................................................................ 8

4.2. Considérations éthiques ..................................................................................................... 9

4.3. Collecte de données ............................................................................................................. 9

5. RÉSULTATS ....................................................................................................................... 11

5.1 Description de l’adolescent utilisateur problématique d’Internet et de son

environnement ......................................................................................................................... 11

5.1.1 Caractéristiques personnelles et psychologiques ..................................................... 11

5.1.2 Caractéristiques de l’environnement ........................................................................ 12

5.1.2.1 Dynamique familiale ............................................................................................ 12

5.1.2.2 Influence des pairs ............................................................................................... 14

5.2 Stratégies mises en place par les parents ......................................................................... 14

5.2.1 Tolérance ..................................................................................................................... 15


iv

5.2.2 Interdit de la technologie ........................................................................................... 15

5.3 Éducation à faire auprès des parents ............................................................................... 16

5.3.1. L’utilisation d’Internet .............................................................................................. 17

5.3.2. La dépendance .......................................................................................................... 17

5.3.4. Adolescence et rôle du parent ................................................................................... 18

5.4. Recommandations pour l’implication parentale afin de prévenir l’utilisation

problématique d’Internet ....................................................................................................... 19

5.4.1. Recommandations sur l’utilisation et le contrôle de l’ordinateur ......................... 19

5.4.2. Recommandations sur la relation parent-enfant .................................................... 21

5.4.3. Obstacles pour ces recommandations .................................................................. 23

5.4.4. Facilitateurs pour ces recommandations ............................................................. 24

6. DISCUSSION ....................................................................................................................... 24

6.1. Discussion sur les principaux constats ............................................................................ 24

6.2. Limites et forces de la démarche ..................................................................................... 29

6.3 Recommandations et retombées ....................................................................................... 30

7. CONCLUSION .................................................................................................................... 33

LISTE DES RÉFÉRENCES ........................................................................................................ vii

ANNEXE A / GRILLE D’ENTREVUE ..................................................................................... xii

ANNEXE B / QUESTIONNAIRE EXPERT INTERVIEWÉ ................................................. xiv

ANNEXE C / COURRIEL AUX EXPERTS .............................................................................. xv

ANNEXE D / FORMULAIRE D’INFORMATION ET DE CONSENTEMENT ................ xvii

ANNEXE E / GRILLE DE CODIFICATION ........................................................................... xx


v

REMERCIEMENTS

J’aimerais, dans un premier temps, remercier ma directrice d’essai, la professeure Magali

Dufour, pour son accompagnement exemplaire, chaleureux ainsi que sa disponibilité.

Également, je lui suis reconnaissante de m’avoir dirigé vers ce sujet si stimulant et d’avoir

ouvert les portes nécessaires à la réalisation de cet essai. Sans elle, je ne pense pas que ce

projet aurait pris forme.

J’aimerais également remercier la fondation Jean-Lapointe pour la bourse accordée à ce

projet. Cette aide financière a été grandement utile et appréciée.

Je souhaite remercier chaleureusement mes trois experts, Dr Bruno Rocher, Mme Sylvie

R. Gagnon et Mme Guylaine Sarrazin, pour leur générosité dans le partage de leur expertise

et la richesse de nos échanges. Sans eux, ce projet n’aurait pas été aussi intéressant et riche.

Je tiens à remercier également ma famille pour leur support et leur patience dans mon

parcours universitaire. Particulièrement, je tiens à remercier mon conjoint, Martin Renaud,

qui m’a toujours encouragé et accommodé dans la poursuite de mes ambitions ainsi que

mes filles, Annabelle et Daphnée Renaud qui sont les soleils de ma vie. Aussi, je tiens à

remercier mes parents, mes frères et mes sœurs, de sang ou de cœur, pour leurs éternels

supports et encouragements. Avoir autant de personnes qui croient en moi me permet de

vouloir toujours aller plus loin.

Pour finir, je souhaite remercier l’ensemble des enseignants de la Maitrise pour leur

passion, leurs enseignements et leur engagement. Plus spécifiquement, je souhaite

remercier Mme Maryse Paré, qui a su, par son enseignement imagé et chaleureux, me faire

apprendre comme peu d’enseignants avaient réussi avant.


vi

LISTE DES TABLEAUX, DES FIGURES ET DES GRAPHIQUES

Tableau 1 : Portrait des experts .............................................................................................. 9


1

1- INTRODUCTION

L’utilisation de la technologie permettant d’accéder à Internet fait maintenant partie

intégrante de la vie quotidienne des adolescents. En effet, une étude épidémiologique

récente, réalisée en population générale auprès d’adolescents québécois de secondaire 3, 4

et 5, a révélé que, chaque semaine, 95,5% d’entre eux utilisaient You Tube, 94.7%

utilisaient les réseaux sociaux (dont Facebook), 74,3% faisaient du téléchargement de films

ou de musiques et 38,9% utilisaient les jeux en réseau (dont 70,5% pour les garçons)

(Dufour et coll., 2016). Non seulement les adolescents utilisent une grande variété

d’applications, mais ils le font pendant un nombre d’heures significatif, soit une moyenne

de 20 heures par semaine (Dufour et coll., 2016). D’ailleurs, les chercheurs notent que le

nombre d’heures d’utilisation a presque doublé dans les dix dernières années (Dufour et

coll., 2016).

Dans une société où les adolescents utilisent Internet et reconnaissent les bienfaits

au quotidien, certains parents et intervenants se questionnent sur les méfaits que cette

utilisation peut engendrer et s’inquiètent d’une utilisation qui pourrait être considérée

problématique (Biron et Bourassa-Dansereau, 2011). Par exemple, les parents sont

préoccupés par le temps consacré à l’utilisation d’Internet et par l’impact de cette utilisation

sur le développement des adolescents et de leurs relations interpersonnelles. (Biron et

Bourassa-Dansereau, 2011). Par conséquent, avant l’émergence de problématiques ou

conséquences liées à l’utilisation d’Internet, il est important de s’attarder à la prévention

(Dufour et coll., 2016). C’est pourquoi, dans le cadre de cette démarche académique d’essai

synthèse, j’ai choisi de m’intéresser à la prévention de l’utilisation problématique

d’Internet (UPI) chez ma clientèle professionnelle de prédilection, soit les adolescents (12-

18 ans).


2

1.1 Constats théoriques

Dans les dernières années, le développement exponentiel des outils technologiques

permettant une accessibilité à Internet presque illimitée a amené plusieurs chercheurs à

s’intéresser au phénomène de l’utilisation problématique d’Internet (UPI) (Kuss et coll.,

2014 ; Nadeau et coll., 2011 ; Young, 2017). Toutefois, bien que l’on parle de l’UPI depuis

plusieurs années, à ce jour, il n’existe aucun consensus chez les chercheurs en ce qui

concerne les critères diagnostics (Juneau et Martel, 2014) ainsi que sur les activités

considérées comme problématique (Hinic, 2011). Néanmoins, en 2013, l’usage

pathologique des jeux sur Internet a fait son apparition dans la section des diagnostics à

l’essai du DSM-5 (APA, 2013). Toutefois, cette définition n’inclut pas l’ensemble des

applications relevées pour les adolescents par Dufour et ses collaborateurs en 2015 (Dufour

et coll., 2016). C’est pourquoi la conceptualisation de l’UPI de Beard et Wolf (2001) et

Block (2008), incluant l’ensemble des utilisations d’Internet, a été retenue. Elle se définit

comme étant une utilisation excessive d’Internet amenant la perte de la notion du temps,

des conséquences physiques, psychologiques ou sociales, des affects négatifs lors de non-

utilisation et un effet de tolérance (Beard et Wolf, 2001 ; Block, 2008).

Malgré cette absence de consensus, une attention importante a été portée aux

adolescents utilisateurs problématiques d’Internet. En effet, une étude épidémiologique

québécoise a relevé que 1.3 % des adolescents étaient probablement des utilisateurs

problématiques d’Internet (Dufour et coll., 2016). Ailleurs dans le monde, une revue

systématique d’études épidémiologiques a relevé des prévalences entre 1.6 % et 26.7 %

pour les adolescents probablement utilisateurs problématiques d’Internet (Kuss et coll.,

2014). Par ailleurs, différentes conséquences relatives à l’UPI, pour les adolescents, sont

identifiées telles que la présence de problèmes d’attention, de mémoire, de stress, de

sommeil, d’agressivité, des pensées erronées et d’idéations suicidaires (Kuss et Griffiths,

2012 ; Sublette et Mullan, 2012). De plus, il semble que le temps substantiel passé en ligne

affecte également la sphère sociale (Hussain et Griffiths, 2008 ; Kuss et Griffiths, 2012).

De même, l’absence d’amis non virtuels, le manque de temps pour des loisirs autres, des


3

problèmes relationnels, familiaux, amoureux et liés au travail, aux finances ou au scolaire

ont été notés (Hussain et Griffiths, 2008 ; Kuss et Griffiths, 2012).

Autant les prévalences relevées que les conséquences questionnent les chercheurs

sur comment éviter le développement de futurs problèmes (Sublette et Mullan, 2012) et sur

la nécessité d’une intervention préventive (Dufour et coll., 2016). En d’autres mots,

comment faire de la prévention. D’ailleurs, une prévalence d’adolescents à risque d’UPI

de 18% est notée au Québec (Dufour et coll., 2016) alors que des prévalences entre 3% et

26,9% sont relevées ailleurs dans le monde (Kuss et coll., 2014). Toutefois, à ma

connaissance et malgré une recherche en profondeur dans différentes banques de données,

il n’existe aucun article scientifique décrivant un programme de prévention s’intéressant à

la question.

1.1.1 La prévention de l’utilisation de substances

Puisque les recherches réalisées dans différentes banques de données ont été

infructueuses concernant la prévention de l’UPI, des recherches ont été effectuées dans le

domaine de la prévention de l’utilisation de substances, à titre d’inspiration. Une recherche

dans les banques de données PsychInfo et Medline a permis de constater que plusieurs

études ont démontré l’efficacité de programmes de prévention pour l’usage de substances

(Faggiano et coll., 2010 ; Tze, Li et Pei, 2012 ; Walton et coll., 2013). Par exemple, les

programmes « Towards No Drug Abuse (TND) », « Life Skills Training (LST) » et « All

Stars » ont été relevés efficaces concernant la prévention de l’utilisation de différentes

substances (Botvin et Griffin, 2015 ; Hansen, 2015 ; Sussman, 2015). Parmi les

programmes ayant démontré une grande efficacité, en ce qui a trait à la prévention, se

trouvent ceux impliquant les parents (Centre de lutte canadien contre les toxicomanies,

2009 ; Laventure, Boivert et Besnard, 2010). De fait, une méta-analyse indique que le fait

d’impliquer le parent a été relevé efficace en prévention de l’usage de cannabis pour des

adolescents en population générale (Vermeulen-Smit, Verdurmen et Engels, 2015). Il

semble qu’impliquer le parent soit corrélé de manière positive afin de diminuer les

comportements à risque (Cairns, Purves et McKell, 2014) et renforce les pratiques de


4

supervision et les compétences parentales menant à une saine relation parent-enfant (Prinz,

2015). Ainsi, le programme de prévention « Family Check up (FCU) », qui favorise la

communication, la qualité de la relation ainsi que l’implication parentale positive et adaptée

au stade du développement de l’adolescent (Spirito et coll., 2015), a été démontré efficace

lors d’un essai randomisé (Véronneau et coll., 2016).

Plusieurs hypothèses émergent de la littérature concernant les raisons relatives à

l’apport de l’implication parentale dans la prévention de l’utilisation de substance, dont le

fait que le parent puisse être un facteur de protection (Prinz, 2015 ; United Nation Office

on Drugs and Crime, 2009). Par exemple, Calafat et ses collaborateurs (2014) et

Vermeulen-Smit et ses collaborateurs (2015) relèvent que le soutien parental offert ainsi

que le fait d’avoir des règles établies et supervisées par le parent (générales ou liées à la

consommation) semblent être des facteurs de protection. Également, plusieurs thèmes liés

aux parents sont ciblés par les auteurs comme importants à intégrer dans les programmes

de prévention tels que les relations familiales positives, la supervision et la surveillance

parentale ainsi que la saine communication générale (Cairns, Purves et McKell, 2014 ;

United Nation Office on Drugs and Crime, 2009).

1.1.2 La prévention de l’UPI

Bien que l’implication du parent semble avoir un impact positif concernant

l’utilisation problématique de substances (Cairns, Purves, et McKell, 2014 ; Spirito et coll.,

2015 ; Véronneau et coll., 2016), jusqu’à maintenant, les études se sont peu intéressées au

rôle qu’un parent peut avoir en prévention de l’UPI. Toutefois, des auteurs mentionnent la

présence de certaines variables dans les familles d’adolescents utilisateurs problématiques

d’Internet qui pourraient être intégrées dans des programmes de prévention. Par exemple,

le manque de communication parent-enfant (sur Internet ou générale), la perception de la

supervision nécessaire ainsi que l’absence de règles concernant les utilisations (Kuss et

coll., 2014) sont des suggestions de cibles pour un futur programme. Ces variables

familiales tirées de la littérature illustrent la présence des besoins des parents et, par le fait

même, l’importance de s’intéresser à l’implication parentale en prévention de l’UPI (Kuss


5

et coll., 2014). D’ailleurs, cette importance est soulignée par un clinicien interviewé dans

la recension des connaissances réalisée par Nadeau et ses collaborateurs (2011) :

(…) Il faut regarder avec les parents par rapport à l’encadrement parce que je

trouve que c’est un incontournable. C’est quoi l’histoire familiale, en termes

soit de l’ordinateur ou au niveau de l’encadrement, jusqu’où les parents

sentent qu’ils sont encore chez eux ou qu’ils ne sont plus dans leur propre

maison. Dans ce sens-là, je pense que l’on ouvre une grosse porte avec les

parents au niveau de leur rôle parental, au niveau de l’encadrement, jusqu’où

ils sont encore à l’aise. (…)

1.2 Constats liés à ma pratique professionnelle

Lorsque j’étais éducatrice en prévention des toxicomanies, j’ai toujours eu comme

préoccupation le fait d’impliquer les parents dans mes actions de prévention primaire. La

programmation des activités de prévention était connue des parents et ceux-ci étaient

invités à assister à certaines actions préventives. De plus, dans ma programmation, je

ciblais toujours des activités s’adressant spécifiquement aux parents. À cette époque, mes

observations m’amenaient la conviction qu’impliquer les parents en prévention primaire

répondait à un besoin de ceux-ci. Aussi, je considérais que cela était un des facteurs pouvant

expliquer la diminution du niveau de risque de consommation des adolescents fréquentant

cet établissement scolaire (évalué sur trois années consécutives à l’aide du DEP-ADO). En

raison des succès observés dans ma pratique, j’émets l’hypothèse que l’implication

parentale pourrait être importante en prévention de l’UPI. D’ailleurs, étant donné que la

consommation d’Internet se fait fréquemment à la maison, contrairement à la

consommation de substances, je pense que le parent peut avoir un pouvoir d’action plus

significatif.

Bien que l’implication des parents en prévention primaire était naturelle pour moi dans

mes fonctions passées, l’implication des parents dans la prévention secondaire a toujours

représenté un défi professionnel. En effet, les parents d’adolescents ayant une

consommation à risque (jaune au DEP-ADO) m’interpellaient souvent afin de savoir

comment réagir à la consommation de substances de leur adolescent. Cela m’amenait un


6

questionnement professionnel sur la meilleure façon d’accompagner le parent à établir des

règles et des conséquences concernant la consommation de son adolescent tout en

préservant la relation et la communication avec celui-ci. Pour moi, ces deux aspects étaient

difficiles à concilier alors que je connaissais leur importance en prévention des

dépendances. De fait, il était important pour moi, dans cette démarche d’essai synthèse, de

répondre à ce questionnement professionnel, transposable à la prévention de l’UPI.

Par ailleurs, à l’ère des technologies et dans mon rôle actuel d’enseignante en

Techniques d’éducation spécialisée ayant comme mandat de former la prochaine

génération d’éducateurs spécialisés, je me sens toujours interpellée par la prévention.

Toutefois, c’est davantage la consommation d’Internet qui, comme enseignante, me

préoccupe. Étant en contact avec des étudiants majoritairement de 17-18 ans, je constate

que plusieurs sont connectés à Internet en quasi permanence. Certains collègues

enseignants et moi pensons que cela nuit à leurs apprentissages et également, à la

réalisation de leurs travaux. Par conséquent, nous tentons de mettre en place des mesures

de supervision en classe qui s’avèrent souvent inefficaces. Cela m’amène à m’interroger

sur le fait que, si ce type de stratégies avaient été mises en place préalablement par les

parents, elles auraient plus d’efficacité aujourd’hui. Également, je me questionne autant

sur le rôle préventif que je peux jouer auprès de mes étudiants que sur les actions à poser

afin de les préparer à faire de la prévention auprès de leurs futurs clients. Enfin, étant donné

l’augmentation de cette problématique chez la clientèle des adolescents ainsi que les

impacts et répercussions de ce trouble, il est possible que cela devienne éventuellement un

sujet important à enseigner aux futurs éducateurs spécialisés.

En résumé, étant donné que 18% des adolescents sont considérés à risque (Dufour

et coll., 2016) et qu’ils vivent, à différents degrés, certaines conséquences liées à leur

utilisation (Hussain et Griffiths, 2008 ; Kuss et Griffiths, 2012 ; Sublette et Mullan, 2012),

il semble primordial de faire de la prévention pour l’UPI. De plus, tant la littérature

scientifique que mon expérience clinique soulignent l’importance de l’implication des

parents dans la prévention. C’est pourquoi cet essai s’intéressera à l’implication parentale

en prévention de l’UPI pour les adolescents.


7

2. OBJECTIF POUSUIVI

L’objectif de cet essai est de développer des recommandations pour l’implication

parentale prévenant l’utilisation problématique d’Internet chez les adolescents.

3. MOYEN ET JUSTIFICATIONS

Afin d’atteindre l’objectif ciblé, le moyen utilisé a été la consultation d’experts par

des entrevues individuelles semi-dirigées. Ce moyen était pertinent, car l’entrevue

individuelle permet de documenter la perception d’individus (Bertrand, 2016), ce qui, étant

donné le peu d’écrits disponibles sur la prévention de l’UPI, était l’un des seuls moyens

réalistes dans le cadre d’un essai. Par ailleurs, le fait que l’entrevue soit individuelle et

semi-dirigée a laissé plus d’espace aux experts pour développer leurs idées permettant ainsi

d’obtenir une information plus riche et profonde (Seidman, 2006) et de faire émerger des

thèmes différents de ceux prévus dans la grille d’entrevue.

Ces entrevues individuelles d’experts ont été effectuées à partir d’une grille

d’entrevue thématique semi-dirigée (annexe A) permettant de recueillir des données

qualitatives. La rédaction des thèmes a été faite en collaboration avec la directrice de cet

essai, la professeure Magali Dufour. Une recension initiale des écrits a permis de relever

les variables familiales ayant une influence possible en prévention de l’usage de substances

et de l’UPI. Cela a permis de rédiger les premières questions abordant la relation entre les

parents et adolescents. Les deuxièmes et troisièmes thèmes abordés en entrevues ont été

déterminés afin de recenser les interventions réalisées auprès des parents. Enfin, des

questions ont été posées afin que les experts puissent émettre des recommandations et

souhaits concernant la prévention.


8

4. DÉROULEMENT DES ACTIVITÉS

4.1. Choix des experts

Le nombre d’experts interrogés (3) a été déterminé en prenant en compte à la fois

des considérations pratiques et méthodologiques. De fait, la consultation de trois experts

s’avère un choix réaliste dans le cadre d’un essai synthèse et permet d’aller explorer une

diversité d’opinions tout en évitant la dichotomie des points de vue. Également, le fait que

l’UPI soit un phénomène assez récent fait en sorte qu’il y a peu de cliniciens ayant

développé une expertise sur ce phénomène.

Les critères qui ont déterminé le choix des participants au projet ont été : travailler

auprès de la clientèle d’adolescents à risque ou diagnostiqués UPI, être reconnu comme un

expert (ou la personne responsable du dossier) dans son milieu de travail et avoir développé

une expertise en UPI (via de la formation continue ou en participant à des projets de

recherche). Un quatrième critère a été établi, mais a servi davantage de critère de

priorisation dans le choix des experts que de critère éliminatoire : avoir développé une

expertise en intervention auprès des familles ou des parents et/ou avoir travaillé auprès des

parents d’adolescents à risque ou UPI.

Afin de favoriser le contact avec des praticiens experts ayant les critères requis, la

directrice de cet essai, la professeure Magali Dufour, a permis ma participation à la journée

sur l’UPI chez les adolescents, où des résultats du projet Virtuado, s’intéressant à la

description des adolescents en traitement pour l’UPI, étaient présentés. Celle-ci m’a

également recommandé à certains experts, côtoyés dans des projets de recherche sur le

sujet. L’échantillon était constitué de trois cliniciens en réadaptation en dépendance, dont

deux au Québec et un en France. Afin de dresser un portrait de chacun des experts et de

valider que ces derniers correspondaient aux critères établis, un questionnaire (Annexe B)

a été envoyé avant l’entrevue. Un portrait des experts est détaillé dans le tableau suivant.


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Tableau 1 : Portrait des experts

Informations des experts Mme Sylvie R.

Gagnon

Dr Bruno

Rocher

Mme Guylaine

Sarrazin

Formation Travail social Psychiatre-

Addictologue

Psychologie

Travail social

Toxicomanie

Lieu de travail

Québec France Québec

Titre professionnel Agente de

réadaptation

Psychiatre Agente de

réadaptation

Années d’expérience en

intervention en dépendance.

22 ans 8 ans 25 ans


intervention familiale.

22 ans 8 ans 20 ans


intervention en UPI chez les

adolescents et leur famille.

12 ans 8 ans

8 ans

4.2. Considérations éthiques

Chaque expert a d’abord été contacté par courriel afin d’expliquer le projet ainsi

que de sonder l’intérêt pour la participation à celui-ci (annexe C). À la suite de leur

acceptation par courriel, une rencontre téléphonique a eu lieu où le formulaire de

consentement (annexe D) a été présenté. Les experts ont été informés que les données

seraient utilisées à des fins académiques et ont consenti à ce que leur nom soit cité. En

début d’entrevue, le consentement a été revalidé afin qu’il soit libre et éclairé et pour

assurer la compréhension de la démarche (Miles, Huberman et Saldaña., 2014).

4.3. Collecte de données

Les experts ont été rencontrés les 21, 28 et 29 juin 2016. La grille d’entrevue

(annexe A) avait été acheminée aux experts une semaine avant l’entrevue. Les entrevues

auprès des experts du Québec ont été réalisées en présence et l’entrevue auprès de l’expert

de France a été effectuée via un appel téléphonique (sans vidéo) en utilisant le logiciel

Skype. Les entrevues ont été enregistrées vocalement. À la suite de la première entrevue,


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une discussion téléphonique a eu lieu avec la directrice de cet essai, la professeure Magali

Dufour, afin de s’assurer que les informations recueillies permettent bien de répondre à

l’objectif de l’essai. À la suite de chaque entrevue, un résumé post-entrevue a été rédigé

afin de conserver les informations centrales retenues en lien avec mon objectif ainsi que

mes impressions et réflexions. Ces notes brutes m’ont permis de me « stimuler à me

rappeler des éléments qui n’étaient pas nécessairement dans les notes plus formelles »

(traduction libre, Miles, Huberman et Saldaña, 2014, P. 71). Les résumés ont été revérifiés

à la suite de la rédaction des résultats afin de s’assurer que rien n’avait été omis.

Pour chaque entrevue, d’une durée d’environ une heure, un verbatim a été rédigé

afin de faciliter l’analyse qualitative de type thématique (Ghiglione et Matalon, 1998 ;

Miles, Huberman et Saldaña., 2014). Une personne externe a été engagée pour la

transcription des verbatims. J’ai effectué une revalidation par la suite, en faisant l'écoute et

la relecture simultanée du verbatim, afin d’assurer la fidélité (Roy et coll., 2006). Pour

faciliter l’analyse des données, le verbatim a été codifié à l’aide d’une grille de codification

(annexe E) (Miles, Huberman et Saldaña, 2014). Pour le premier verbatim, une codification

intercodeur, en équipe, a été effectué avec la directrice de cet essai (la professeure Magali

Dufour) afin d’assurer la validité et la fidélité de la codification (Miles, Huberman et

Saldaña.., 2014). À la suite de la codification des trois verbatims, j’ai utilisé une grille

d’analyse afin de regrouper les données codifiées par découpage. J’ai regroupé les

différentes informations selon les thèmes principaux déterminés dans ma grille d’entrevue

(procédure close) tout en identifiant les thèmes qui ont émergé lors de l’entrevue

(procédure ouverte) (Ghiglione et Matalon., 1998). Une démarche avec la directrice de cet

essai a été faite afin de regrouper les thèmes récurrents à la suite de l’analyse du premier

verbatim. Dans l’analyse du regroupement thématique, j’ai dégagé les divergences et les

ressemblances dans les informations données (Miles et Huberman, 1994) par les différents

experts.


11

5. RÉSULTATS

Cette section présente l’analyse des données recueillies lors des entrevues individuelles

d’experts sur l’implication parentale en prévention de l’utilisation problématique d’Internet

(UPI). Quatre thèmes sont ressortis de cette analyse, soient : la description de l’adolescent

utilisateur problématique d’Internet et de son environnement, les stratégies généralement

utilisées par les parents, l’éducation à faire auprès des parents et les recommandations pour

l’implication parentale pour prévenir l’UPI.

5.1 Description de l’adolescent utilisateur problématique d’Internet et de son

environnement

Les experts décrivent l’adolescent utilisateur problématique d’Internet principalement

par ses caractéristiques personnelles, psychologiques et environnementales. Ces

caractéristiques peuvent souvent être des facteurs de risque à l’UPI. De plus, les experts

soulignent l’importance de différencier un adolescent utilisateur problématique d’un

adolescent n’ayant pas de règles concernant l’utilisation d’Internet. Pour certains cas, cela

complexifie le diagnostic. C’est pourquoi les experts appellent à la prudence dans les

hypothèses diagnostiques posées :

Parce qu’il y a des jeunes qui vont super bien réagir, on fait de l’intervention

juste auprès des parents puis 2-3 rencontres, on leur dit : « Écoutez, vous devriez

regarder ça de même, vous devriez diminuer le nombre d’heures, garder des

périodes définies, ajouter dans l’agenda ». Un coup qu’on a tout placé ça,

l’adolescent se met à suivre la ligne, aucune réaction, tout se passe bien. Ce

jeune-là il n’était pas dépendant. Il n’était juste pas cadré. On en a ça,

actuellement (Expert, 2016)

5.1.1 Caractéristiques personnelles et psychologiques

Selon les experts, l’UPI s’installe lorsqu’il y a un temps significatif passé en ligne

et sur une longue période. Cependant, l’ensemble des experts mentionne que le temps passé

en ligne n’est pas un critère clé pour l’évaluation du problème. Ce sont les conséquences


12

sur les sphères de la vie qui indiquent le mieux la présence d’une problématique. Par

exemple, certains experts mentionnent que ce sont les perturbations du fonctionnement

quotidien (heures de sommeil décalées), le manque d’interactions sociales hors ligne ainsi

que les problèmes scolaires (la baisse des notes) qui sont à la base des demandes d’aide

reçues : « Les notes à l’école ont baissé, mon fils ne sort plus, il ne voit plus ses amis… »

(Expert, 2016).

Un consensus émerge des experts concernant le fait qu’il y a présence, en plus de

l’UPI, de plusieurs vulnérabilités telles des problèmes de socialisation (rejet, intimidation

difficultés relationnelles et/ou de communication, etc.), des problèmes intériorisés

(angoisse, anxiété, dépression, faible estime de soi, etc.) et différents troubles du

développement diagnostiqués (langagier, du spectre de l’autisme (TSA), de l’attention avec

hyperactivité ou impulsivité, etc.). La présence de ces vulnérabilités et comorbidités,

souvent observées avant l’émergence de l’UPI, fait parfois en sorte que les suivis sont longs

et complexes.

5.1.2 Caractéristiques de l’environnement

L’environnement de l’adolescent utilisateur problématique d’Internet est

caractérisé, majoritairement, par une dynamique familiale complexe, qui comprend des

difficultés en ce qui a trait à la communication et aux relations qu’il entretient avec le

parent. De plus, les pairs semblent également influencer le développement de la

problématique.

5.1.2.1 Dynamique familiale

La famille semble jouer un rôle important dans le développement de l’UPI. Ainsi,

pour certaines familles d’adolescents, il semble y avoir plusieurs conflits en ce qui a trait

aux rythmes de vie. Par exemple, certains conflits concernent les heures de sommeil, les

tâches à accomplir et les responsabilités qui augmentent avec l’âge (par exemple, l’entrée

au collège ou sur le marché du travail). Ceux-ci perturbent la dynamique familiale et


13

peuvent prendre racine dans l’UPI qui vient interférer avec les obligations qu’ont les jeunes

à effectuer. Le parent peut devenir las ou exaspéré de la passivité de son adolescent. Selon

les experts, cette répétition des consignes liées aux obligations, qui ne sont jamais suivies

par l’adolescent, envenime le climat familial qui devient tendu. Qui plus est, certains

experts mentionnent une peur des parents que leur enfant ne s’insère pas dans la société et,

du coup, ils mettent de la pression sur celui-ci :

« Mais ça ne sert à rien », « Va travailler », « Cherche un boulot », « Mets-

toi aux études », « Bosse tes cours », « Inscris-toi à la fac » ou « Dans telle

ou telle école ». Et ils sont du coup autour de l’attitude, de la passivité du

jeune homme. Contre la possibilité du jeune homme à entrer dans une vie…

une vie plus active quoi. Une vie insérée dans le monde actuel. (Expert,

2016)

De cela, la communication et la relation parent-enfant se sont souvent détériorées avant la

demande d’aide. Toutefois, il est important de noter que ces conflits étaient parfois présents

avant que l’utilisation d’Internet soit considérée comme problématique par le parent.

Par ailleurs, il y a consensus sur le fait que la communication entre les parents et

l’adolescent est généralement axée sur l’utilisation d’Internet et peu présente sur d’autres

sujets. Ainsi, la communication est souvent teintée d’incompréhensions, d’une

impossibilité de se mettre d’accord sur l’utilisation d’Internet et sa possible plus-value, de

mensonges liés à l’utilisation, d’irritabilité ainsi que d’un manque de flexibilité de la part

des parents et de l’adolescent : « Non, je n’ai pas le goût de t’écouter, pis de toute façon

c’est inutile » (Expert, 2016).

La relation parent-enfant est également influencée par le style parental. Il semble y

avoir souvent deux pôles : parents très absents ou parents très impliqués. Les parents

absents vont souvent combler les besoins matériels, mais ils sont peu présents dans la

sphère affective. Du coup, ils supervisent peu l’utilisation d’Internet jusqu’au moment où

l’utilisation devient trop importante. Les parents très impliqués, quant à eux, semblent

souvent motivés par une anxiété de performance, notamment en ce qui concerne l’aspect

scolaire. Cela peut amener l’adolescent à chercher refuge dans l’utilisation d’Internet


14

comme exutoire à cette pression de performance ou comme source de valorisation advenant

la présence de difficultés scolaires qui lui amènent l’impression de décevoir son parent.

5.1.2.2 Influence des pairs

Il est rapporté par certains experts que l’initiation à la technologie ou aux nouvelles

applications se fait souvent par les pairs. Toutefois, les parents des adolescents utilisateurs

problématiques d’Internet rapportent souvent aux experts que le réseau social hors ligne

est « inexistant » ou « très peu présent ». L’absence de réseau d’amis hors ligne préoccupe

beaucoup les parents puisqu’il devient difficile pour le jeune de réintégrer la vie sociale.

Néanmoins, les experts nuancent ces propos en indiquant qu’il est possible qu’il y ait

d’autres explications pour lesquelles l’adolescent n’amène pas d’amis à la maison,

notamment en raison des problèmes familiaux ou des conditions de vie présentes dans la

maison. Une fois de plus, les experts mentionnent qu’il faut être prudent dans les liens de

cause à effet.

Au début, début que j’ai commencé, la mère est arrivée puis m’a dit : « Il a

des problèmes mon fils. Il n’a pas d’ami ». Écoute, il a 15 ans. Là il devient

émotif puis il se met à pleurer. Puis il dit : « moi ça m’écœure quand elle dit

ça », puis il est sorti. Je suis allée le voir après, lui dire : « Qu’est-ce qui se

passe ? ». Il dit : « J’en ai des amis, mais chez nous c’est tellement le

désordre que j’ai honte d’amener mes amis ». Puis c’était vrai, il avait des

amis. (Expert, 2016)

5.2 Stratégies mises en place par les parents

Selon l’ensemble des experts, la relation qu’a le parent avec la technologie, caractérisée

par deux pôles soient la peur des technologies ou une utilisation fréquente, va influencer le

choix des stratégies mises en place par les parents. En effet, ceux qui ont peur vont avoir

tendance à mettre un interdit rapidement alors que ceux qui sont plus à l’aise vont souvent

tolérer en banalisant les risques ou même, refuser de voir la problématique.


15

5.2.1 Tolérance

Un consensus est présent chez les experts concernant la stratégie de tolérance

qu’adoptent certains parents et qui dure souvent longtemps, voire même trop longtemps.

Cette tolérance se fait sous la forme d’un continuum avec différents niveaux allant d’une

tolérance sans aucune surveillance à une tolérance avec surveillance (limitation de temps,

logiciels ou paramètres de sécurité, retrait des manettes à certains moments, éducateurs à

domicile, etc.). La raison d’opter pour cette stratégie est fréquemment liée au fait que le

parent préfère avoir son adolescent en sécurité à la maison :

Notamment deux situations où c’était un jeune garçon qui, dès l’enfance, a eu

des difficultés de socialisation. Il a vécu un peu de rejet. Au primaire. Donc

je pense qu’il y avait un peu de protection de dire que : « Tant qu’il est ici,

tant qu’il socialise en ligne, bien notre fils il est protégé. Il développe ses liens

de façon plus protégée. Plus satisfaisante. Satisfaisante pour lui ». (Expert,

2016)

Par ailleurs, la tolérance a également pour raisons le fait de ne pas priver le reste de

la famille de l’accessibilité aux technologies ou est due à une peur liée à la réaction qu’aura

l’adolescent si des limitations sont mises. Selon les experts, il semble que certains

adolescents ont des réactions violentes ou de désaffection (refus de leur parler, bouder,

refus des marques d’affection, etc.) envers leurs parents lors de l’application de limitations.

En outre, il est mentionné que lorsque l’adolescent joue, il est tranquille et a du plaisir.

Alors c’est parfois plus facile pour un parent de le laisser continuer, ce qui lui permet de

vaguer à ses occupations. Cependant, à long terme, cette sorte de tolérance comporte le

risque qu’Internet devienne le seul loisir : « Souvent ce qu’on dit nous, c’est on achète la

paix pour mieux déclarer la guerre. » (Expert, 2016)

5.2.2 Interdit de la technologie

À l’opposé de la tolérance, l’interdit de la technologie est souvent mis en place en raison

des conséquences de l’utilisation d’Internet (ex. : chute des notes scolaires). Cet interdit est

actualisé sur un continuum allant d’un interdit avec restrictions (ex. : sur un jeu en


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particulier) à un interdit complet (confisquer les appareils ou déplacer l’adolescent dans un

environnement où il y a moins d’accessibilité) :

Moi j’ai vu des parents ici arriver avec tout le stock dans le coffre. Me dire :

« Madame Gagnon, j’ai tout dans mon coffre, qu’est-ce que je fais avec ça

? ». Donc vraiment tu sais, d’arriver de… OK, peu d’encadrement, peu de

vigilance, de surveillance à on passe complètement à… on arrache tout puis

on enlève tout dans l’accessibilité (Expert, 2016)

Ces interdits se mettent en place souvent de manière non graduelle, sans négociation et

amènent généralement un questionnement chez l’adolescent concerné : « pourquoi

maintenant ? ». De fait, ces stratégies se sont avérées peu efficaces, sauf pour certains cas.

Les défis posés par ces stratégies sont liés au manque de cohérence entre les deux parents

(particulièrement lors d’un divorce), aux difficultés de supervision constante, à la facilité

d’accessibilité des technologies et au besoin, parfois réel, des technologies (ex. : travaux

scolaires). En outre, l’emplacement des outils technologiques (parfois dans la chambre) et

le fait que les adolescents ont souvent de la facilité à déjouer les contrôles parentaux

compliquent la supervision. Enfin, le maintien de ces règles, lorsque les adolescents

approchent de dix-huit ans, questionne les parents sur leur pouvoir d’intervention. Ils ont

parfois l’attente irréaliste que l’avancement en âge fasse en sorte que l’adolescent concerné

sera en mesure de se contrôler seul.

Par ailleurs, concernant la stratégie de déplacer l’adolescent dans un autre milieu de

vie, il est mentionné que cela s’avère généralement peu efficace lors du retour de

l’adolescent dans son milieu de vie naturel. Toutefois, cela permet parfois un répit aux

parents qui était nécessaire.

5.3 Éducation à faire auprès des parents

Pour avoir une implication parentale optimale en prévention de l’UPI auprès de leur

adolescent, l’ensemble des experts rapporte l’importance d’éduquer les parents

d’adolescents. C’est pourquoi cette section présente les différentes cibles éducatives.

Toutefois, les experts soulignent à nouveau la notion de prudence dans l’éducation à faire


17

concernant l’UPI étant donné que ce phénomène est nouveau. Différentes stratégies

peuvent être utilisées pour cette éducation, notamment une approche motivationnelle.

5.3.1 L’utilisation d’Internet

Dans l’éducation d’utilisation d’Internet, il semble exister un « fossé

intergénérationnel » (Expert, 2016) qui peut se creuser entre l’adolescent et son parent.

C’est pourquoi il faut commencer par éduquer les parents sur l’utilisation de la technologie

dans son sens large (logiciels, applications, outils, paramètres, etc.). Par ailleurs, dans cette

éducation, il faut tenir compte du contexte actuel où la technologie fait partie de notre

culture, de celle des adolescents et qu’elle a à la fois de bons côtés (facilitateur de vie,

sentiment de plaisir et de satisfaction) et un côté risqué. De cela, il est important d’éduquer

les parents sur l’utilisation sans risque d’Internet, les signes d’UPI et ses conséquences

ainsi que sur les actions à poser :

Déjà de rendre les parents plus conscients, mieux informés, je me dis que ça

va être fantastique. Déjà ça là. Si on pouvait juste améliorer ce bout-là, là. Les

rendre plus conscients, je n’ai pas d’autre mot. C’est vraiment « Ça existe et

vous pouvez agir ». (Expert, 2016)

Tout cela dans l’objectif d’augmenter leur vigilance. Parmi les stratégies possibles pour

contrôler l’utilisation d’Internet, les experts soulignent l’importance de montrer aux

parents comment instaurer des limites, une routine et des stratégies d’autocontrôle pour

l’adolescent. De même, il est important que les parents connaissent les paramètres de

contrôle des logiciels ainsi que la manière dont les adolescents arrivent à les contourner.

5.3.2. La dépendance

Un consensus émerge des experts concernant l’importance de donner de l’éducation

sur la dépendance à Internet aux parents. Par exemple, le cycle de l’assuétude, la loi de

l’effet et le processus de rétablissement sont tous mentionnés comme étant des sujets qui

pourraient être abordés avec les parents. Également, il est important d’expliquer que

l’utilisation d’Internet a une fonction et, parfois, l’analyse fonctionnelle de la


18

consommation de l’adolescent peut être faite avec le parent ou le parent et l’adolescent

ensemble. Cela permet au parent, non seulement de comprendre le sens de celle-ci, mais

également de pouvoir comprendre l’implication possible :

On va faire l’analyse fonctionnelle, puis on va essayer de travailler avec eux.

« Maintenant que vous connaissez les raisons pour lesquelles votre garçon ou

votre fille à ce problème, puis votre enfant vient vous en parler, vient de vous

en parler, comment vous pouvez l’accompagner et le seconder ? Et comment

vous pouvez l’aider à développer des facteurs de protection ? » Donc si par

exemple le jeune a de la difficulté à socialiser, ben comment vous pouvez

aider votre enfant à socialiser. Quelle opportunité vous pouvez lui donner ?

C’est vraiment donc dans l’optique de travailler à la compréhension de la

raison, la fonction de la dépendance et de travailler avec les parents de

comment vous pouvez être utiles. « Vous faites partie de la solution ». « Au-

delà de ce que vous êtes comme facteur de risque ou aggravant, vous pouvez

aussi aider votre garçon, votre enfant dans sa propre réadaptation » (Expert,

2016).

Dans cette analyse fonctionnelle, la question de la gestion du stress quotidien, liée à la

pression de performance (commune pour le parent et l’adolescent) décrite dans les

caractéristiques de l’environnement de l’adolescent utilisateur problématique d’Internet,

est un thème à travailler.

5.3.4 Adolescence et rôle du parent

Pour certains experts, il semble important d’éduquer le parent sur ce qu’est un

adolescent (phase de développement et surestimation de ses compétences réelles), une

adolescence saine et ce que sont les besoins des adolescents. Également, éduquer sur le

rôle en transformation du parent, comprenant certains défis, et l’implication nécessaire :

De voir c’est quoi une adolescence qui est saine versus une adolescence qui

est problématique. Les étapes de développement d’un adolescent aussi. Les

chemins par lesquels on peut passer aussi, mais comme parents aussi, les

défis. (Expert, 2016)


19

5.4 Recommandations pour l’implication parentale afin de prévenir l’utilisation

problématique d’Internet

L’ensemble des experts indique que l’implication du parent est un incontournable

que ce soit dans la prévention, la supervision générale ou la réadaptation de l’UPI. C’est

pourquoi les experts mentionnent plusieurs recommandations préventives aux parents

concernant l’utilisation et la supervision d’Internet ainsi que la relation parent-enfant.

Cependant, malgré l’importance du rôle du parent, il peut être nécessaire et important qu’un

intervenant spécialisé soit impliqué, notamment, car il comprend bien les fonctions de

l’utilisation d’Internet et est en mesure de détecter les problématiques sous-jacentes. Enfin,

tous indiquent que le parent n’est pas le seul acteur préventif, mais toute la société doit se

mobiliser.

5.4.1 Recommandations sur l’utilisation et le contrôle de l’ordinateur

Un consensus des experts est présent concernant le fait que les parents doivent avoir

une réflexion sur les normes à établir concernant l’utilisation d’Internet, et ce, avant

l’émergence d’une situation problématique. Ils peuvent être accompagnés d’un intervenant

pour alimenter cette réflexion. Pour s’aider, certains experts utilisent les propositions de

Tisseron, S. (2012) (pour les adolescents, possibilité d’Internet seul à l’âge de douze ans)

et le site du Centre canadien d’éducation aux médias et de littératie numérique,

HabiloMedias.ca, qui éduque les parents sur les différentes applications et les normes d’âge

pour les jeux vidéo. Bien que ces références ne donnent pas de normes validées et ont été

construites en absence d’étude scientifique robuste, elles permettent de donner un barème

de base aux parents, ce que ceux-ci apprécient. De même, lorsqu’un intervenant est

impliqué, l’ensemble des experts énonce l’importance de partir des souhaits et des valeurs

du parent afin d’établir ces normes :

Moi j’ai toujours dit que les plus belles règles, normes parentales qu’un parent

peut mettre en place, c’est celles dans lesquelles, avec lesquelles il est à l’aise.

(Expert, 2016)


20

De surcroît, les règles établies devraient être discutées, négociées ainsi que connues de

l’adolescent afin de l’impliquer, de protéger son intimité et l’aider à développer

l’autocontrôle sur son comportement. Ces règles devraient prévoir des périodes restreintes

de jeu plutôt qu’un arrêt complet et ce temps d’utilisation devrait être planifié (inscrit à

l’agenda ou par un autre moyen imagé) et équilibré, comme tout autre loisir.

Concernant les règles liées aux outils technologiques et leur emplacement, plusieurs

idées émergent des experts : retarder l’achat ou l’exposition aux outils technologiques le

plus possible (interdit), établir une règle permettant au parent de vérifier l’historique

d’Internet après l’utilisation de son l’adolescent, interdire l’utilisation dans la chambre

avant la fin de l’adolescence et laisser les outils technologiques dans une aire centrale et

commune. Toutefois, une nuance est amenée concernant le fait que c’est parfois seulement

certains outils et/ou applications qui sont problématiques et qu’il est envisageable

d’appliquer ce type de mesures seulement pour ceux-ci.

Dans l’application de ces règles, l’ensemble des experts pense que l’adolescent doit

aussi être éduqué concernant l’utilisation d’Internet et les risques associés. Le parent

devrait être un acteur dans cette éducation en informant l’adolescent sur les raisons des

règles et en stimulant la réflexion sur celles-ci par des questionnements lui permettant de

développer sa pensée critique sur l’utilisation d’Internet :

Pour moi ce n’est pas juste l’interdit, mais pourquoi c’est si important. Puis

s’il joue à Grand Theft Auto 5 chez son ami, bien peut-être qu’on pourrait en

prendre une belle possibilité d’en parler à la maison puis de dire : « Bien,

pourquoi ici on en veut pas. Puis qu’est-ce que tu penses que ? ». Qu’au moins

il ait ses ingrédients, un peu comme les facteurs de protection. Il va peut-être

aller ailleurs, mais peut-être par lui-même il va dire : « Oui, c’est peut-être

vrai ce que mes parents disent. Oui, c’est violent ». C’est moins dans mes

valeurs. Moi je pense que c’est là qu’on a du pouvoir avec notre jeune. Mais

quand c’est fait d’une façon qu’il ne sent pas que c’est « je vais te dire quoi

faire », mais que c’est plus, c’est quoi le but final dans le fond. (Expert, 2016)


21

Cette éducation, au même titre que l’établissement de règles, devrait se faire dès qu’il y a

utilisation d’Internet et comprendre un aspect sur les saines habitudes de vies générales

(alimentation, sport, équilibre, etc.).

Toujours concernant l’application des règles, il est certain que l’instauration de

règles et mesures éducatives demande pour les parents du temps, une supervision ainsi que

la mise en place de conséquences lorsque les règles ne sont pas respectées. Les experts

précisent l’importance d’oser intervenir lors de manquements aux règles établies, malgré

les réactions de l’adolescent, et proposent que les conséquences soient discutées, négociées

et connues de l’adolescent. Également, les deux parents devraient agir en congruence dans

le respect de celles-ci, les adapter en fonction de l’âge de l’adolescent et rester flexibles.

Par exemple, lorsqu’un jeu est nouveau, il peut permettre des périodes plus longues

d’utilisation. L’attrait de la nouveauté ne dégénère pas nécessairement en UPI et on peut

faire un comparatif avec les adultes qui écoutent des séries télévisées entières en peu de

temps.

5.4.2 Recommandations sur la relation parent-enfant

Un consensus émerge des experts concernant l’importance pour le parent de poser

des questions et de s’intéresser à ce que son adolescent fait sur Internet, sans poser de

jugement négatif et en respectant les limites de son rôle de parent :

Les conseils, c’est de rester, à mon avis, le plus possible, connecté à l’enfant

par rapport à cet intérêt-là. Comment dire ça… ? Rester vigilant sur les

usages, sans rentrer dans l’intrusion de savoir ce qui se passe à l’intérieur des

murs. Ou à l’intérieur de l’Internet. C’est la question du compte Facebook et

d’être ami ou pas de son enfant sur Facebook. Je pense que c’est bien que le

parent puisse débattre de l’utilisation que l’enfant fait de ce média social, de

Facebook ou d’un jeu vidéo. Je ne pense pas forcément que ce soit bien qu’il

se mette à son niveau et qu’il veuille être son ami et il y ait négation du coup

que la différence parentale, de l’autorité parentale qui doit garder sa place à

mon avis. (Expert, 2016)

Également, il est primordial pour le parent de poser des questions à l’adolescent sur ses

désirs et ses besoins à lui. Par exemple, aller valider si c’est important pour l’adolescent


22

d’avoir des amis en présence physique. Au-delà du fait de rester connecter à leur

adolescent, les parents doivent également discuter de leurs inquiétudes, de leurs désirs ou

de leur besoin d’être en présence avec l’adolescent :

(..) Puis je lui dis aussi c’est : « Qu’est-ce que vous aimeriez vous ? ».

« J’aimerais tellement ça aller à la pêche avec mon fils ». « Est-ce que vous

avez organisé un voyage ? Est-ce que vous avez proposé quelque chose ? »

Et la réponse était non. « Donc, osez le faire ». (Expert, 2016)

Ces discussions contribuent à établir une saine relation avec l’adolescent permettant ainsi

de mieux répondre à ses besoins affectifs : « Quand ils sont petits, ils ont besoin de

protection (…) Puis quand ils sont ados, ils ont besoin de relations » (Expert, 2016). Ainsi,

les parents peuvent être un meilleur facteur de protection pour les caractéristiques

psychologiques et environnementales de l’adolescent utilisateur problématique d’Internet,

décrites précédemment.

Par ailleurs, l’ensemble des experts met en lumière l’importance pour les jeunes

d’avoir un modèle adéquat de gestion de leur utilisation des technologies et le parent

devrait fournir ce modèle dans la relation qu’il entretient avec la technologie. Le modèle

que le parent pourra donner sera teinté de sa propre utilisation :

Et forcément, un parent ne pourra pas être crédible autour d’une surutilisation

de l’Internet ou nouveau média si lui-même est en permanence connecté à son

smartphone ou la tête dans les réseaux sociaux ou dans les vidéos ou dans le

travail à distance et qu’il perdra toute crédibilité aux yeux de son enfant s’il

essaie de faire un reproche de ce côté-là. (Expert, 2016)

De même, les experts recommandent aux parents de prévoir des moments sans technologie

en famille : repas, pause technologie, activités familiales, etc. Ces moments peuvent

également constituer des rituels pour les adolescents, qui sont un facteur de protection

important selon certains experts.


23

Pour finir, les experts mentionnent l’importance pour le parent, autant pour

l’utilisation d’Internet que pour les autres défis de l’adolescence, de ne pas rester seul avec

problème et d’aller chercher des appuis de différents intervenants :

Et que les parents, à mon avis, quand ils commencent à se sentir dépassés ou

débordés par ça, qu’ils n’hésitent pas et qu’ils puissent avoir des recours pour

obtenir de l’aide par rapport à ça. Alors ça peut être des aides très informelles

d’un voisin ou d’un frère, d’une sœur qui connait bien ou bien n’importe qui.

Et autrement, bien d’avoir au niveau de la ville, de la commune, au niveau

d’un centre d’action sociale, ça dépendrait des trucs en action, quelqu’un qui

puisse les guider, les accompagner là-dedans. (Expert, 2016)

5.4.3 Obstacles pour ces recommandations

Pour faire ces recommandations aux parents et que ceux-ci puissent les mettre en

pratique, plusieurs obstacles sont mentionnés par les experts : l’absence de normes validées

pour une utilisation sans risque d’Internet, la facilité d’accessibilité à Internet, la pression

sociale d’utilisation, le fait que c’est un facilitateur du quotidien et l’émergence continuelle

de nouvelles technologies :

Et l’obstacle, c’est la rapidité de l’émergence de ces problématiques-là. Le

temps de construire ce que vous faites là. Et d’ailleurs ce qu’on est en train

de discuter, un programme de prévention sur tel ou tel outil, bien finalement

on n’aura pas prévu l’émergence. Il y a dix ans on n’avait pas prévu

l’émergence de Facebook. Là, on n’aura pas prévu l’émergence de ce qui va

éventuellement poser problème dans dix ans. (Expert, 2016)

Par ailleurs, les experts notent qu’il y a des incohérences, dans les messages adressés

aux adolescents, entre la valorisation de la technologie et son interdiction. Par exemple, le

fait d’utiliser la technologie pour des exercices pédagogiques en milieu scolaire, sans

jamais parler des risques associés. Effectivement, la prévention actuelle en milieu scolaire

est principalement axée sur le problème de la cyber intimidation. Cependant, avant de

parler d’un problème précis lié à la technologie, les experts soulignent qu’il pourrait être

intéressant de parler des habitudes sans risques d’utilisation, par exemple, le fait que cette

utilisation soit équilibrée comme un loisir normal.


24

Enfin, certains experts mentionnent qu’il y a toujours un risque de banalisation des

messages par les adolescents et c’est pourquoi la prévention devrait être hautement

réfléchie par des gens très qualifiés.

5.4.4 Facilitateurs pour ces recommandations

Afin de faciliter l’actualisation de ces recommandations, les experts relèvent

l’importance d’une sensibilisation aux parents, aux adolescents et au grand public sur

l’utilisation sans risque d’Internet. Cette sensibilisation devrait être prise en charge par une

instance gouvernementale, et, pour ce faire, ils recommandent que des fonds soient

disponibles pour de la recherche afin de déterminer ce qu’est une utilisation sans risque.

Également, ils mentionnent qu’il est important, dans cette action de prévention, de ne pas

« démoniser » l’utilisation d’Internet et d’admettre que celle-ci peut être une plus-value au

quotidien.

6. DISCUSSION

Cette section discutera des principaux constats concernant les données recueillies

lors des entrevues individuelles d’experts ainsi que des forces et des limites de cette

démarche. Par la suite, trois cibles de prévention ont été déterminées permettant de

formuler des recommandations de prévention ainsi que des messages ciblés.

6.1. Discussion sur les principaux constats

Cet essai avait pour objectif de développer des recommandations pour l’implication

parentale prévenant l’utilisation problématique d’Internet (UPI) chez les adolescents.

Tout d’abord, un portrait de l’adolescent utilisateur problématique d’Internet a été

dressé. La présence de vulnérabilités sociales, psychologiques et du développement chez

ces adolescents est relevée autant par les experts que les chercheurs (Dufour et coll., 2016


25

; Kuss et Lopez., 2016). D’ailleurs, les experts soulignent que la présence de vulnérabilités

peut être un facteur de risque à considérer dans la prévention de l’UPI tout comme des

auteurs le mentionnent pour la prévention de l’utilisation de substances (Laventure, Boivert

et Besnard, 2010 ; Sloboda, 2015). Pour l’UPI, ces constats rejoignent la réflexion

professionnelle d’une clinicienne américaine en UPI, Jodi Gold, qui relève l’importance de

considérer les vulnérabilités présentes dans la mise en place de règles et de stratégies de

supervision (Gold, 2015). Du coup, la présence de ces vulnérabilités commande de

modifier et d’adapter les messages de prévention. Ces derniers doivent donc être multiples

et ciblés pour les différents groupes à risque. Par ailleurs, les vulnérabilités observées chez

les utilisateurs problématiques d’Internet soulignent la nécessité de faire des messages de

prévention dans des populations en traitement pour diverses problématiques autres que

l’UPI. Ce point soulevé m’amène une réflexion en tant qu’enseignante d’un cours portant

sur l’accompagnement des parents de personne ayant un trouble du spectre de l’autisme

(TSA). En effet, je pense qu’il pourrait être pertinent de sensibiliser mes étudiants sur

l’importance du dépistage de l’UPI et l’adaptation des stratégies de supervision pour cette

clientèle spécifique.

Également, les experts décrivent l’adolescent utilisateur problématique d’Internet

comme passant un temps significatif en ligne et sur une longue période. De fait, ils

recommandent de faire des messages portant sur l’autocontrôle de l’utilisation d’Internet.

Cette opinion des experts trouve écho dans des programmes de prévention pour l’utilisation

de substances où le développement d’habiletés d’autocontrôle est relevé comme étant un

facteur de protection (Simons, Carey et Wills, 2009 ; Wills et coll., 2013). Dans plusieurs

de ces programmes, ces habiletés sont travaillées par l’entraînement à différentes

compétences telles que la planification, l’auto-observation et la prise de décision

systématique (Oaten et Cheng, 2006 ; Sussman et coll., 2004). Les parents peuvent être des

acteurs dans l’acquisition de ces habiletés, ce qui a une influence positive (Wills et Dishion,

2004). Du coup, cela commande de faire des messages sur l’importance de favoriser le

développement d’habiletés d’autocontrôle pour l’adolescent. Ces messages devraient être

adressés autant aux adolescents qu’aux parents. Pour l’adolescent utilisateur d’Internet, ces


26

messages devraient être précédés de messages de sensibilisation sur les signes et

conséquences de l’UPI afin de favoriser les habiletés d’auto-observation.

D’autre part, cet essai a permis de dresser un portrait de l’environnement de

l’adolescent utilisateur problématique d’Internet concernant les pairs et la famille. D’abord,

les experts mentionnent que l’initiation à Internet se fait souvent par les pairs et que les

adolescents utilisateurs problématiques d’Internet ont souvent un réseau d’amis hors ligne

relativement pauvre. Toutefois, plusieurs auteurs en prévention de l’utilisation de

substances rapportent que le fait d’avoir des pairs non utilisateur peut être un facteur de

protection avant ou pendant l’utilisation de substances psychoactives (Boxmeyer et coll.,

2015 ; Cairns, Ourves et Mckell, 2014 ; United Nation Office on Drugs and Crime, 2009).

En effet, le programme de prévention « Peer Group Connexion », encourageant les pairs

aidants pour les adolescents utilisateurs à risque de substances, semble prometteur malgré

des enjeux d’implantation complexes. (Pandina, Johnson et Barr, 2015). De cela, il

pourrait être pertinent de faire des messages ciblés pour les adolescents afin de leur parler

de l’importance d’avoir aussi un réseau d’amis hors ligne et du rôle qu’ils peuvent jouer

s’ils voient un ami qui investit trop de temps en ligne.

Parallèlement, les experts décrivent la dynamique familiale de l’adolescent

utilisateur problématique d’Internet comme étant complexe, ce qui influence négativement

la relation parent-enfant. Ce constat est commun à l’environnement des adolescents

utilisateurs problématiques de substances, bien que les auteurs relèvent qu’une saine

relation parent-enfant est considérée comme un facteur de protection pour le

développement de problèmes de dépendance (Boxmeyer et coll., 2015). D’ailleurs,

plusieurs programmes de prévention recommandent d’aborder le thème des saines relations

parent-enfant (Cairns, Purves et McKell, 2014 ; United Nation Office on Drugs and Crime,

2009). Par exemple, le programme de prévention FCU travaille cette saine relation parent-

enfant en abordant les thèmes de la communication, la qualité de la relation et les règles et

mesures de supervision adaptées au stade du développement de l’adolescent (Dishion et

coll., 2015 ; Spirito et coll., 2015 ; Véronneau et coll., 2016).


27

Bien que les études sur l’UPI soient moins robustes que celle pour l’utilisation de

substances, les experts et les auteurs relèvent la saine relation parent-enfant comme étant

un facteur de protection pour l’UPI (Bach et coll., 2013 ; Zhu, Zhang et Bao, 2015).

Différentes stratégies parentales sont recommandées par les experts et les auteurs afin de

favoriser une relation saine parent-enfant telles que s’intéresser à ce que son adolescent fait

sur Internet (Hayez, 2009 ; Gold, 2015), agir en modèle dans son utilisation d’Internet

(Gold, 2015) ainsi que maintenir un dialogue parent-enfant, par exemple, sur les besoins

mutuels (Shek et al, 2009). D’ailleurs, ce dialogue peut permettre d’ouvrir une porte vers

des discussions sur l’utilisation sans risque d’Internet, ce que 74% des parents d’une étude

australienne adoptent déjà comme stratégie et qui semble avoir des effets positifs (Smith,

Gradisar et King, 2015). En outre, les experts et les auteurs en UPI et en utilisation de

substances soulignent l’importance d’établir des rituels familiaux agréables, sans

technologies, qui peuvent être des facteurs de protection (Boxmeyer et coll., 2015 ; Gold,

2015 ; Sandoz, 2004). Donc, pour les parents, les messages doivent porter sur les actions à

poser pour préserver une saine relation parent-enfant.

Afin de poser des actions en ce sens, les parents devraient être éduqués sur les

concepts généraux de l’adolescence, leur rôle à cette période, l’adaptation des règles

établies à l’âge de l’adolescent et la dépendance générale. Ces thèmes sont communs à la

majorité des programmes de prévention pour l’utilisation de substances ciblant les parents

(Cairns, Purves et McKell, 2014). La nécessité de cette éducation pour une saine relation

parent-enfant m’amène une réflexion en tant qu’enseignante. Étant donné que je forme de

futurs éducateurs spécialisés, qui, pour certains, auront à jouer un rôle de substitution

parentale auprès d’adolescents, je pense qu’il serait pertinent qu’ils connaissent

l’importance du rôle de la saine relation en prévention.

Dans un autre ordre d’idées, les experts observent que, devant leur jeune en perte

de contrôle, plusieurs parents tentent de mettre en place différentes stratégies de gestion de

l’utilisation d’Internet. Cependant, autant les experts que les auteurs indiquent que les

stratégies relatives à l’interdit s’avèrent souvent peu efficaces étant donné qu’elles amènent

des réactions négatives chez l’adolescent (Young, 2017 ; Hayez 2009), qu’elles nuisent à


28

la relation parent-enfant (Dini, 2008) et sont très difficiles à superviser. Également, les

experts émettent l’hypothèse que le manque de gradation et de négociation des stratégies

utilisées favoriserait ce type de réaction. De fait, ces règles (temps, endroit ou autre)

devraient être supervisées par le parent et des conséquences devraient être appliquées en

cas de non-respect. Le tout devrait être négocié avec l’adolescent. Cette négociation, selon

les experts, permettrait à l’adolescent de protéger son intimité et favoriserait la préservation

de la relation parent-enfant.

Toutefois, la méconnaissance des outils technologies, du phénomène de l’UPI ainsi

que l’absence de normes basées sur des études robustes semble un obstacle important pour

le parent. Il est donc nécessaire que le parent reçoive une éducation sur l’utilisation

générale des outils technologiques, les signes de l’UPI, ses conséquences ainsi que sur les

actions à poser lorsque leur adolescent est en difficulté. Le tout dans l’objectif d’améliorer

leur supervision. D’ailleurs, le fait d’informer les parents sur l’UPI améliore les pratiques

de supervision parentale pour les adolescents utilisateurs problématiques d’Internet en

traitement (Shek et coll., 2009). Également, les experts rapportent que, pour contrer

l’absence de norme, le parent devrait tenter d’utiliser ses valeurs familiales et considérer

Internet comme un loisir normal.

Finalement, les experts soulignent l’importance d’une responsabilité partagée de

prévention pour l’UPI. De fait, les experts pensent que de la prévention universelle au

grand public, sous la forme d’une sensibilisation, serait un facilitateur pour rejoindre les

parents, les adolescents et leur entourage. Dans un premier temps, cela permettrait une

conscientisation de la société pour soutenir le parent dans ses actions de prévention.

Ensuite, cela permettrait de rejoindre les adolescents et les parents pour les différentes

cibles éducatives mentionnées. D’ailleurs, selon un guide pour les intervenants en

prévention, une approche globale touchant à la fois les utilisateurs, la famille, l’école et les

communautés est recommandée en prévention de l’utilisation de substances (Centre de

lutte canadien contre les toxicomanies, 2015). Également, Prinz (2015) rapporte qu’une

approche multi niveaux de santé publique est souvent une stratégie gagnante étant donné

la nature généralisée d’un problème de dépendance et du rôle du parent. Toutefois, les


29

experts appellent à la prudence dans les messages à passer étant donné que, contrairement

aux substances psychoactives, Internet est un outil presque universel qui facilite le

quotidien. De fait, les messages pourraient faire réagir négativement les récepteurs et

devenir contreproductifs.

En résumé, les messages de prévention devraient être multiples et ciblés pour les

adolescents et les parents. Pour les adolescents, les messages devraient porter sur

l’autocontrôle de l’utilisation d’Internet ainsi que les signes et conséquences de l’UPI. Le

tout adapté aux vulnérabilités présentes. Pour les parents, les messages devraient porter sur

l’importance d’aider son adolescent à développer des habiletés d’autocontrôle, de

maintenir un dialogue, d’établir des rituels familiaux ainsi que de négocier des règles, les

superviser, agir en modèle dans celles-ci et mettre des conséquences lors d’un non-respect.

Une prévention universelle sous la forme d’une sensibilisation sur ce qu’est l’UPI, pour la

population générale, serait un excellent premier pas pour la prévention de ces problèmes.

6.2. Limites et forces de la démarche

D’abord, cet essai comporte certaines limites. Dans un premier temps, le fait que

les experts interviewés travaillent tous dans un contexte de réadaptation en dépendance est

une limite importante quant à l’angle préventif énoncé dans l’objectif de l’essai. Cela rend

les résultats moins spécifiques aux adolescents ayant une utilisation à risque. Également,

cela a fait en sorte qu’il ressort moins de cet essai une application concrète des

recommandations de prévention. Les quelques stratégies de mise en action proposées

s’actualisent plus facilement dans une intervention de réadaptation (en individuelle), ce qui

est moins possible en prévention. Cependant, les enjeux de faisabilité n’ont pas permis

d’aller chercher une expertise en prévention de l’utilisation problématique d’Internet qui

est, à ce stade du phénomène, presque qu’inexistante au Québec et en France.

Dans un deuxième temps, les enjeux de faisabilité liés à l’essai synthèse ont limité

le nombre d’entrevues à trois. Compte tenu de ce nombre restreint d’entrevues, on ne peut

pas affirmer qu’il y a eu saturation de l’information, ce qui ne permet pas de transférer les


30

résultats (Boutin, 2008). D’autres entrevues auraient peut-être permis de mieux nuancer les

résultats.

D’autre part, cet essai comporte des forces. L’une d’entre elles est son côté novateur

étant donné que peu de chercheurs se sont intéressés jusqu’à maintenant à la prévention de

l’UPI, malgré la nécessité d’une intervention préventive relevée (Dufour et coll., 2016).

Également, l’expertise des personnes interviewées pour cet essai était issue d’une

expérience clinique significative et remplissait tous les critères établis au préalable. En

outre, le fait d’avoir des experts issus de deux pays différents et de professions différentes

a permis de diversifier les données avec des philosophies d’intervention et des réalités

familiales parfois différentes.

Le choix de l’entrevue individuelle est aussi une force de cet essai. Effectivement,

ce moyen a permis de recueillir des informations que la littérature consultée ne permettait

pas d’explorer compte tenu du peu d’écrits canadiens ou européens publiés spécifiquement

sur la tranche d’âge ciblée, soit 12-18 ans. De plus, les résumés post-entrevue,

l’enregistrement de celles-ci et la transcription du verbatim ont permis à la fois d’assurer

le rappel de l’ensemble des informations et à la fois de faciliter la codification ainsi que

l’analyse des données recueillies. La démarche qualitative était donc rigoureuse (Miles,

Huberman et Saldaña., 2014).

6.3 Recommandations et retombées

À la lumière des résultats de cet essai, trois cibles de prévention doivent être mises

de l’avant concernant l’UPI : les adolescents, les parents et la société générale. Bien qu’à

la base, l’intention préventive ciblait davantage les parents d’adolescent utilisateur

d’Internet, l’analyse des résultats a mis en relief l’importance d’une responsabilité partagée

entre plusieurs acteurs de la société.

Considérant la récente augmentation du nombre d’heures passées sur Internet des

adolescents et la prévalence des adolescents à risque rapportées par Dufour et ses


31

collaborateurs (2016). Considérant que le fait de développer des habiletés d’autocontrôle à

l’adolescence est un facteur de protection des problèmes de dépendance (Simons, Carey et

Wills, 2009 ; Wills et coll., 2013). Considérant que l’initiation à Internet se fait souvent par

les pairs et l’importance de ceux-ci dans la prévention des dépendances (Cairns, Ourves et

Mckell, 2014 ; Spirito et coll., 2015 ; United Nation Office on Drugs and Crime, 2009).

Je recommande qu’une prévention ciblée et adaptée aux caractéristiques

individuelles des adolescents soit faite sur les thèmes des habiletés d’autocontrôle,

de l’importance du réseau hors ligne et du rôle que peuvent avoir les amis dans

l’autocontrôle.

Considérant l’importance du rôle du parent dans la prévention de l’UPI.

Considérant qu’une saine relation parent-enfant (Bach et coll., 2013 ; Zhu, Zhang et Bao,

2015) et que le fait d’avoir des règles qui sont supervisées par les parents (Calafat et coll.,

2014 ; Vermeulen-Smit et coll., 2015) sont des facteurs de protection.

Je recommande que de l’éducation soit faite auprès des parents d’adolescents sur

l’adolescence, la dépendance et l’utilisation générale des technologies.

Je recommande que de la prévention ciblée soit faite auprès des parents sur

l’importance de mettre en place des stratégies permettant de maintenir une saine

relation parent-enfant.

Je recommande que de la prévention ciblée soit faite auprès des parents sur

l’importance de négocier, d’établir et de superviser des règles, adaptées à

l’adolescent, tout en agissant en modèle dans celles-ci.

Considérant que l’absence de normes établies à l’aide d’étude robuste est un

obstacle pour les parents dans la mise en place de règles concernant l’utilisation d’Internet.

Considérant qu’une sensibilisation à la population générale serait un facilitateur pour le

rôle qu’un parent peut jouer dans prévention de l’UPI pour son adolescent. Considérant

l’importance d’une approche globale et à multi cibles en prévention des dépendances

(Centre de lutte canadien contre les toxicomanies, 2015 ; Prinz, 2015).


32

Je recommande que de la recherche soit faite afin d’établir des normes d’utilisation

d’Internet sans risque pour les adolescents.

Je recommande que des messages de prévention universelle soient faits, en

population générale et chez les populations à risque, afin de sensibiliser la

population sur l’utilisation problématique d’Internet, sur les conséquences et sur les

actions à poser.

Je recommande que de la recherche soit faite afin de mettre sur pied un programme

de prévention intégré ciblant les adolescents et leurs parents.

Considérant l’importance de cette problématique et les conséquences possibles.

Considérant mon rôle d’enseignante en Techniques d’éducation spécialisée et le rôle

préventif que les éducateurs spécialisés peuvent avoir auprès des adolescents.

Je recommande que la prévention sur l’utilisation problématique d’Internet soit

incluse dans les compétences à enseigner aux futurs éducateurs spécialisés.

Je recommande que les étudiants en Techniques d’éducation spécialisée se

questionnent sur leur utilisation d’Internet pour projeter un modèle d’utilisation

saine, contrôlée et sécuritaire d’Internet.

Pour actualiser les recommandations sur ces trois cibles, le dossier de la prévention

de l’UPI devrait être pris en charge par une instance gouvernementale qui pourrait investir

dans de la recherche sur le sujet. Ainsi, des études populationnelles sur l’utilisation

d’Internet chez les adolescents pourraient être faites permettant d’établir un seuil en terme

de temps passé sur Internet ou concernant l’utilisation d’outils ou d’applications. Ce seuil

permettrait de statuer sur les utilisations sans risque ou à moindre risque d’Internet selon

les différentes tranches d’âge à l’adolescence.

Également, des intervenants qualifiés en prévention pourraient amorcer une

réflexion pour déterminer des stratégies efficaces afin d’aborder la population sur le sujet

de l’UPI tout en évitant que les messages deviennent contre-productifs. Selon moi, des


33

stratégies de prévention telles que des messages utilisant différents médias pourraient être

pertinents pour rejoindre les populations ciblées. D’ailleurs, le programme de prévention «

Universelle Positive Parental System » utilise cette stratégie dans son premier niveau

d’intensité de prévention universelle (Prinz, 2015). Par ailleurs, mes anciennes fonctions

d’éducatrice en prévention des toxicomanies dans une école secondaire m’amènent à

penser que les éducateurs en milieux scolaires pourraient être des portes d’entrée

intéressantes pour actualiser ses recommandations auprès des adolescents et de leur parent.

Bien entendu, une formation sur la question serait nécessaire et j’émets le souhait que cet

essai permettra à mes collègues enseignants et mes étudiants d’être sensibilisé sur l’UPI.

Ainsi, ils pourront devenir des acteurs préventifs.

7. CONCLUSION

En conclusion, les actions passées concernant la prévention de l’usage de

substances pour les adolescents peuvent nous guider pour établir des lignes directrices dans

la prévention de nouvelles dépendances comme l’UPI. Bien que ce phénomène s’actualise

dans un contexte différent, l’implication des parents demeure importante. De fait, il faut

s’intéresser aux actions de prévention posées antérieurement afin de bâtir des messages et

des outils de prévention qui seront à la fois efficaces et adaptables pour l’UPI ainsi que

pour les caractéristiques des adolescents et de leurs parents. Toutefois, Internet n’est pas

une substance comme les autres et les messages doivent considérer l’importance de cet

outil de communication dans la vie quotidienne, particulièrement pour les adolescents. Du

coup, quelle que soit la stratégie de prévention qui sera utilisée, il sera important d’en

mesurer les effets afin de s’assurer des bienfaits et de l’absence d’effets iatrogènes. Bref,

bien que les recommandations de cet essai peuvent être considérées comme idéalistes, il

n’en demeure pas moins que la prévention de l’UPI est un sujet important. Nous sommes

qu’au début de la compréhension de l’UPI et cet essai est une première pierre de réflexion

sur ce que pourrait être des programmes de prévention où tant les parents que les jeunes

seront impliqués. J’espère que cet essai inspirera de nouveaux programmes de prévention

et les futurs TES à considérer l’UPI dans leur pratique professionnelle.


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Wills, T. A., Bantum, E. O., Pokhrel, P., Maddock, J. E., Ainette, M., G., Morehouse, E.,

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http://www.unodc.org/pdf/youthnet/family%20based/FINAL_ENGLISH_version%20for%20PRINTING%20received%20120209.pdf

http://www.unodc.org/pdf/youthnet/family%20based/FINAL_ENGLISH_version%20for%20PRINTING%20received%20120209.pdf

xii

ANNEXE A

GRILLE D’ENTREVUE

ESSAI SYNTHÈSE : L’IMPLICATION PARENTALE EN PRÉVENTION DE L’UTILISATION

PROBLÉMATIQUE D’INTERNET CHEZ LES ADOLESCENTS

Objectif du projet : développer des recommandations pour l’implication parentale pour

prévenir l’utilisation problématique d’Internet chez les adolescents.

Consignes de passation : cette entrevue va durer environ entre 45 à 60 minutes. Elle porte

sur vos expériences auprès les familles d’adolescents concernant l’utilisation

problématique d’Internet. Plus spécifiquement, les thèmes abordés seront la relation

parent-enfant, les interventions des parents et la prévention et ses messages. Durant

l’entrevue, il est possible que je vous interrompe par moment pour vous demander des

précisions. Les informations colligées ne serviront qu’à la rédaction de cet essai synthèse

et votre nom sera cité, si vous le souhaitez, comme collaborateur de cet essai. Avez-vous

des questions ? Est-ce que cela vous convient ?

1. Thème 1 : relation parent-enfant

1.1 Selon vos expériences, comment les parents influencent-ils les habitudes Internet de

leur adolescent ?

1.2 Comment décririez-vous la relation parent-enfant en contexte d’un adolescent ayant

une utilisation problématique d’Internet ? (Explorer la communication, la gestion des

comportements, des conflits et des sorties, le contrôle, la discipline, l’attachement, le

sentiment d’impuissance, l’implication des parents, résolution de conflits et

interventions adaptées au niveau de développement de l’enfant)

1.3 D’après vous, quel rôle (direct ou indirect) le parent joue-t-il dans la problématique de

son adolescent en utilisation problématique d’Internet ?

1.4 Selon vos expériences passées, quelles sont les stratégies que les parents ont mises en

place pour prévenir l’utilisation problématique d’Internet de leur adolescent (avant,

pendant ou après l’émergence du trouble) ? (Explorer l’efficacité de ces actions)


xiii

2. Thème 2 : interventions des parents

2.1 Présentement, quelles interventions faites-vous auprès des parents qui ont un

adolescent en utilisation problématique d’Internet ?

2.2 Qu’aimeriez-vous travailler avec les parents d’un adolescent à risque d’une utilisation

problématique d’Internet s’ils se présentaient ? Pourquoi ? Comment ? (Explorer les

interventions qu’ils n’ont pas eu la possibilité de faire chez les parents qu’ils ne voient

pas).

2.3 De manière générale, que recommanderiez-vous à un parent qui souhaiterait avoir des

conseils sur la supervision de l’utilisation d’Internet de son adolescent ? Pourquoi ?

3. Thème 3 : la prévention et ses messages

3.1 Est-ce que vous pensez qu’en prévention de l’utilisation problématique d’Internet,

l’implication parentale est une avenue prometteuse. Pourquoi ? (Explorer les avantages

et les inconvénients d’utiliser les parents en prévention)

3.2 Quels seraient les messages à passer aux parents concernant la prévention de

l’utilisation problématique d’Internet ?

3.3 Qu’est-ce qui faciliterait ces messages de prévention et qu’elle serait les obstacles ?

3.4 Quelles seraient vos recommandations pour des messages de prévention ? (Explorer

quoi cibler : programme de prévention, messages ou autre)

4 Conclusion

4.1 Y a-t-il des choses que vous aimeriez aborder, mais que nous n’avons pas eu le temps

?


xiv

ANNEXE B

QUESTIONNAIRE POUR LE PORTRAIT DE LA PERSONNE INTERVIEWÉE

1.1 Quelle est votre formation académique ?

1.2 Quel est votre milieu de travail actuel ?

1.3 Depuis combien d’années travaillez-vous en intervention en dépendance ?

1.4 Depuis combien d’années travaillez-vous en intervention auprès des familles en

dépendance ?

1.5 Depuis combien de temps travaillez-vous avec des adolescents ayant un trouble d’usage

d’Internet ?

1.5.1 Auprès de combien de famille et/ou d’adolescent en contexte de trouble d’usage

Internet êtes-vous intervenu dans cette période ?


xv

ANNEXE C

COURRIEL AUX EXPERTS

Madame / Monsieur,

Mon nom est Lilianne Mathieu et je suis étudiante au 2e cycle de la Maitrise en intervention

en toxicomanie, de l’Université de Sherbrooke. Nous nous sommes rencontrés brièvement,

le 26 mai dernier, lors de la présentation du projet de recherche « Virtuado ». Votre nom

m’a également été recommandé par Magali Dufour, directrice de cet essai synthèse.

Étant à la fin de mon parcours universitaire, j’ai été invitée à réaliser un essai synthèse

demandant d’appliquer une démarche systématique au regard d’un questionnement lié à un

aspect de l’intervention. J’ai choisi de faire cet essai synthèse sur la supervision parentale

en prévention du trouble d’usage d’Internet. Mon objectif est de développer des

recommandations pour l’implication parentale pour prévenir l’utilisation problématique

d’Internet chez les adolescents.

C’est dans ce contexte que je fais appel à votre expertise auprès de la clientèle adolescente

et leurs parents en contexte d’intervention concernant l’utilisation problématique

d’Internet. Afin d’atteindre l’objectif ciblé, je souhaite réaliser des entrevues individuelles

semi-dirigées et j’ai pensé que vous seriez un expert intéressé à participer à mon projet afin

de m’informer sur les pratiques d’implication parentale auprès des adolescents en trouble

d’usage d’Internet.

Si vous acceptez de participer à mon projet, voici les différentes modalités entourant

l’entrevue semi-dirigée :

Signer un formulaire de consentement me permettant d’utiliser les informations

recueillies.

Prévoir de 45 à 60 minutes. Les principaux thèmes abordés lors de l’entrevue seront

les suivants : la relation parent-enfant, les pratiques de prévention et la supervision

parentale d’Internet.

Les entrevues se feront en présence, par Skype ou par téléphone, selon votre

convenance.

Les interviewés sont volontaires et ne recevront pas de compensation monétaire.

L’entrevue sera enregistrée afin de faciliter l’analyse.

Si vous en faites la demande, les entrevues seront confidentielles. Ni votre nom ou

celui de l’établissement n’apparaîtra dans l’analyse des résultats de l’essai synthèse.

Si vous acceptez de participer à mon projet, je vous prie de bien vouloir confirmer votre

participation au plus tard le lundi 20 juin 2016. De plus, afin de faciliter l’arrimage de la

procédure, je vous invite à m’indiquer, si possible, 3 plages auxquelles vous seriez disposé à

réaliser l’entrevue (idéalement, d’ici la fin juillet 2016). Ainsi, je pourrai vous confirmer

rapidement la date de l’entrevue. Toujours dans un souci d’arrimer les formalités de l’entrevue,

indiquez-moi si vous préférez l’entrevue par téléphone, Skype ou en personne.


xvi

Pour toute autre question ou précision concernant cette démarche, je vous invite à

communiquer avec moi par courriel.

Dans l’attente d’une réponse favorable, je vous prie de recevoir, Madame/ Monsieur,

l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Lilianne Mathieu

Étudiant à la Maitrise en intervention en toxicomanie


xvii

ANNEXE D

FORMULAIRE D’INFORMATION ET DE CONSENTEMENT

ESSAI SYNTHÈSE : L’IMPLICATION PARENTALE EN PRÉVENTION DE

L’UTILISATION PROBLÉMATIQUE D’INTERNET

A. INTRODUCTION

Dans le cadre de la formation de maitrise professionnelle en intervention en toxicomanie

(MIT) à l’Université de Sherbrooke, nous demandons votre collaboration pour réaliser un

essai synthèse. Le sujet de cet essai est l’implication parentale en prévention de l’utilisation

problématique d’Internet et l’objectif est de développer des recommandations pour

l’implication parentale pour prévenir l’utilisation problématique d’Internet chez les

adolescents. Cet essai synthèse sera mené par Lilianne Mathieu, étudiante à la MIT de

l’Université de Sherbrooke, et sera encadré par Magali Dufour, directrice.

Leurs coordonnées sont les suivantes :

Lilianne Mathieu

Étudiante à la MIT

Tél. : 514-605-1418

[email protected]

Magali Dufour, Ph.D.

Professeure agrégée

Tél. :450 463-1835 (61847) ou 1-888-

463-1835 poste 61847

[email protected]

B. DESCRIPTION DE VOTRE IMPLICATION

L’implication consiste en une entrevue individuelle d’une durée d’environ 45 à 60 minutes.

Le guide d’entrevue vous sera remis quelques jours avant la date prévue de rencontre. Les

principaux thèmes abordés seront la relation parent-enfant, les interventions des parents et

la prévention et ses messages. Les rencontres auront lieu en présence, par Skype ou par

téléphone, selon votre convenance. Lors de la rédaction, il est possible que je vous

recontacte brièvement pour clarifier des informations. Les données recueillies dans les

différentes entrevues individuelles seront amalgamées entres-elles.


mailto:[email protected]


xviii

C. RISQUES ET BÉNÉFICES

Cette démarche ne comporte aucun risque. En ce qui concerne les bénéfices de votre

participation, cette rencontre pourrait vous permettre : 1) de faire le point sur votre

expérience d’intervenant avec les familles d’adolescents en contexte d’utilisation

problématique d’Internet ; 2) de réfléchir à la prévention via une implication parentale en

utilisation problématique d’Internet.

D. CONFIDENTIALITÉ

Si vous en faites la demande, tous les renseignements colligés dans le cadre de votre

implication dans cet essai synthèse seront traités de façon strictement confidentielle. Votre

nom et tout renseignement permettant de vous identifier ne seront mentionnés dans aucun

document. Si la demande n’est pas faite, votre nom sera cité et votre apport sera mentionné

dans l’essai. Les renseignements recueillis (enregistrement des entrevues) ne pourront être

utilisés et entendus que par la directrice d’essai et l’étudiante et ils seront détruits dans les

six mois suivant le dépôt de l’essai synthèse ou encore au maximum, trois ans suivant cette

rencontre.

À noter que, si la demande de confidentialité est faite, la confidentialité sera assurée

conformément aux lois et règlements en vigueur.

E. COMPENSATION

Aucune compensation ni rémunération ne sera allouée pour votre participation à cet essai.

F. PERSONNES-RESSOURCES

Pour toute question, commentaire ou préoccupation concernant votre participation à cet

essai synthèse, vous pouvez contacter l’étudiante ou la directrice d’essai (voir coordonnées

ci-dessus). Si, pour une quelconque raison, vous ne désirez pas en discuter avec ces

personnes ou si vous désirez porter plainte quant à vos droits à titre de participant(e) à cet

essai synthèse, vous pouvez contacter :

Karine Bertrand, Directrice du service de toxicomanie

Tél. : (450) 463-1835, poste 61604

[email protected]



xix

G. CONSENTEMENT

Par la présente, je reconnais :

- avoir lu le présent formulaire d’information et de consentement. Je reconnais qu’on a

répondu à toutes mes questions, qu’on m’a laissé le temps voulu pour prendre une décision

et qu’on m’a offert une copie du présent formulaire.

- avoir compris que ma participation à cet essai synthèse est volontaire et que je peux me

retirer de l’essai à tout moment sans aucune conséquence ;

- accepter que les résultats obtenus dans le cadre de cet essai synthèse soient rendus publics,

conformément aux exigences du programme de maitrise de l’Université de Sherbrooke.

- consentir à participer à cet essai synthèse, tel que décrit dans le présent formulaire de

consentement et d’information.

Je souhaite que les informations relatives à ma participation à cet essai

synthèse demeurent confidentielles.

J’accepte que mon nom, celui de mon établissement ainsi que ma

participation soient mentionnés dans cet essai synthèse.

Nom de la participante

Signature de la participante

Date

Nom de la personne

obtenant le consentement

Signature de la personne

obtenant le consentement

Date


xx

ANNEXE E

GRILLE DE CODIFICATION

ESSAI SYNTHÈSE : L’IMPLICATION PARENTALE EN PRÉVENTION DE L’USAGE

PROBLÉMATIQUE D’INTERNET

1.Description de l’adolescent en usage problématique d’Internet 1.1 Caractéristiques psychologiques

1.2 Caractéristiques de leur environnement

1.3 Dynamique familiale

1.4 Influence des pairs

2. Stratégies mises en place par les parents 2.1 Tolérance

2.2 Interdit de la technologie

3. Éducation à faire auprès des parents

3.1 L’utilisation d’Internet

3.2 La dépendance

3.3 L’adolescence et rôle du parent

4. Recommandations pour l’implication parentale afin de prévenir l’UPI

4.1 Sur l’usage et le contrôle de l’ordinateur

4.2 Sur la relation parent-enfant

4.3 Obstacles pour ces recommandations

4.4 Facilitateur pour ces recommandations


Documents

L’implication parentale en prévention de l’utilisation ... · applications relevées pour les adolescents par Dufour et ses collaborateurs en 2015 (Dufour et coll., 2016). C’est