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Fold Table of Contents Introduction Acte I. De Toulouse en Aragon L'arrivée de Priscilla La traversée des Pyrénées Acte II. A la Cour du Roi d'Aragon Voyage en eaux troubles Acte III. A la merci d’un mercenaire Acte IV. Le Tribunal romain A la Cour du Pape Les intrigues hermétiques Comment démêler les intrigues ? Acte V. La bataille de Muret L’échec du front diplomatique La requête de Priscilla La stratégie militaire Dans les murs La bataille rangée Site: Villa Manlia at http://villamanlia.wikidot.com Source page: La Tiare et le Glaive at http://villamanlia.wikidot.com/tiare La Tiare et le Glaive print Introduction Le présent scénario, qui s’inscrit dans le cadre d’une Saga ayant pour toile de fond la croisade lancée contre les Cathares du Sud de la France au début du XIIIe siècle, constitue une fresque ambitieuse visant à associer les personnages aux développements diplomatiques et militaires des années 12121213, ayant culminés avec la Bataille de Muret lors de laquelle le roi Pierre II d’Aragon a trouvé la mort. Il vise également à octroyer aux personnages le second ingrédient nécessaire pour accomplir la Prophétie de Manlius . Ce scénario se décompose en cinq parties : Acte I. De Toulouse en Aragon. Les personnages sont invités à escorter le comte Raimond VI de Toulouse dans une mission diplomatique le conduisant auprès du roi Pierre II d’Aragon, dernier espoir des Provençaux dans leur lutte contre les Croisés. Acte II. D’Aragon au SaintSiège. Les personnages poursuivent leur voyage pour défendre devant le pape les intérêts conjugués de la Couronne d’Aragon et du Comté de Toulouse. Acte III. Interlude : A la merci d’un mercenaire. Episode emprunté à la saga A Midsummer Night’s Dream. Acte IV. Le double visage de la Justice. Les personnages se trouvent écartelés entre la justice de Magvillus et celle du Pape. Acte V. La Bataille de Muret. La fin de l’espoir d’un royaume catalanooccitan. Je n’ai pas hésité à mêler, dans ce long récit, des éléments empruntés à diverses sources autonomes, que je signale au fil du texte. Je me suis également très largement fondé sur les recherches historiques de M. Roquebert, L’épopée cathare, t. II, Muret ou la déposession 12131216, 2e éd., s.l., Perrin, 2001 et 2006, ainsi que d’A. Paravicini Bagliani, La cour des papes au XIIIe siècle, s.l., Hachette, 1995, tous deux cités ciaprès en abrégé.

La Tiare Et Le Glaive

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Scénario pour Ars Magica

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FoldTable of Contents

IntroductionActe I. De Toulouse en AragonL'arrivée de PriscillaLa traversée des Pyrénées

Acte II.A la Cour du Roi d'AragonVoyage en eaux troubles

Acte III. A la merci d’un mercenaireActe IV. Le Tribunal romainA la Cour du PapeLes intrigues hermétiquesComment démêler les intrigues ?

Acte V. La bataille de MuretL’échec du front diplomatiqueLa requête de PriscillaLa stratégie militaireDans les mursLa bataille rangée

Site: Villa Manlia at http://villamanlia.wikidot.com Source page: La Tiare et le Glaive at http://villamanlia.wikidot.com/tiare

La Tiare et le Glaiveprint

IntroductionLe présent scénario, qui s’inscrit dans lecadre d’une Saga ayant pour toile defond la croisade lancée contre lesCathares du Sud de la France au débutdu XIIIe siècle, constitue une fresqueambitieuse visant à associer lespersonnages aux développementsdiplomatiques et militaires des années12121213, ayant culminés avec laBataille de Muret lors de laquelle le roiPierre II d’Aragon a trouvé la mort. Ilvise également à octroyer auxpersonnages le second ingrédientnécessaire pour accomplir la Prophétiede Manlius.

Ce scénario se décompose en cinqparties :

Acte I. De Toulouse en Aragon. Les personnages sont invités à escorter lecomte Raimond VI de Toulouse dans une mission diplomatique le conduisantauprès du roi Pierre II d’Aragon, dernier espoir des Provençaux dans leur luttecontre les Croisés.Acte II. D’Aragon au SaintSiège. Les personnages poursuivent leur voyagepour défendre devant le pape les intérêts conjugués de la Couronne d’Aragon etdu Comté de Toulouse.Acte III. Interlude : A la merci d’un mercenaire. Episode emprunté à la saga AMidsummer Night’s Dream.Acte IV. Le double visage de la Justice. Les personnages se trouvent écartelésentre la justice de Magvillus et celle du Pape.Acte V. La Bataille de Muret. La fin de l’espoir d’un royaume catalanooccitan.

Je n’ai pas hésité à mêler, dans ce long récit, des éléments empruntés à diversessources autonomes, que je signale au fil du texte. Je me suis également trèslargement fondé sur les recherches historiques de M. Roquebert, L’épopée cathare, t.II, Muret ou la déposession 12131216, 2e éd., s.l., Perrin, 2001 et 2006, ainsi qued’A. Paravicini Bagliani, La cour des papes au XIIIe siècle, s.l., Hachette, 1995, tousdeux cités ciaprès en abrégé.

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Acte I. De Toulouse en Aragon

L'arrivée de Priscilla

Priscilla de Jerbiton se présente aux portes de l'Alliance avec sa servante Silvia. Noussommes au mois de septembre 1212 et Priscilla a bien changé depuis que lespersonnages l'ont vue pour la dernière fois. Après la Chute de Bellaquin, elle a "prisle maquis" et est entrée au service du comte de Toulouse. Trois années de privationont donné à son visage des traits émaciés et endurcis, elle a perdu du poids, maisn'a rien perdu de sa morgue.

Sans détour, elle annonce au Conseil des Mages que l'heure est grave. Certes, à l'été1211, Toulouse a résisté au siège entrepris par les Croisés (auquel ont participé lenouvel abbé de SaintAntonin ainsi que Dominique de Guzman), mais Montfort a eutôt fait de mener une contreoffensive qui a mis à feu et à sang toute la région, ycompris sur les terres du comte de Foix. Saverdun s'est soulevée puis a été reprisepar la force. Montfort achève actuellement de pacifier la région et prendra bientôtses quartier d'hiver à Pamiers, à quelques lieues à peine de l'Alliance despersonnages. Enfin, il y a fort à craindre que, si rien n'est fait, Toulouse, déjàencerclée, tombera l'année prochaine.Priscilla a dès lors convaincu Raimond VI de jouer sa dernière carte: se rendre enpersonne auprès du Roi d'Aragon, Pierre II, et de l'implorer d'intervenir dans leconflit. Il faudra en appeler aux liens du sang: Raimond est l'époux d'Eléonore, lasœur du roi, et son fils Raimondet a épousé Sancie, l'autre sœur du roi, qui est doncà un double titre le beaufrère du comte de Toulouse. Sans son intervention, lesdots, ainsi que les domaines des futurs héritiers de ses soeurs, risquent de tomberaux mains des ignobles Français. Mais il y a plus: Montfort a déjà montré, ens'emparant des terres de Trencavel, lors de la prise de Carcassonne, qu'il faisait bienpeu de cas des droits du seigneur supérieur, qui était en l'occurrence Pierre II. Mais,si jamais Toulouse tombait aux mains des Croisés, le seigneur supérieur serait entoute hypothèse le Roi de France, et cette terre sortirait définitivement de l'orbitecatalane. Enfin, Pierre II vient de remporter une importante victoire contre lesAlmohades, et a maintenant les mains libres pour s'occuper de la Provence.

L'idée est donc que Raimond s'en aille plaider sa cause auprès de Pierre II d'Aragon.Pour éviter que Simon ne tente de s'interposer, il quittera Toulouse avec une escorteminimale et traversera les Pyrénées encore cet automne. Mais Priscilla se méfie deJérôme de Bonisagus et craint qu'il ne tente d'attenter à la vie de Raimond pendantle voyage. C'est là qu'interviennent les personnages: Priscilla souhaite qu'ilsescortent le comte de Toulouse pendant le voyage et veillent à la sécurité del'ambassade. Après tout, leur faitelle remarquer, c'est dans leur intérêt biencompris: aussi puissant les sortilèges qui ont jusqu'à présent su protéger VillaManlia, si Toulouse devait tomber, plus rien ne se dresserait désormais pourentraver la soif d'ambition de Montfort… et de Jérôme de Bonisagus.

Si on lui demande pourquoi elle n'y va pas ellemême, une chose extraordinaire seproduit: Priscilla se met à rougir et bredouille: « Mais enfin, tu sais bien que je nepeux plus me rendre dans le Tribunal d'Ibérie! » Elle se reprend en ajoutant que, detoute façon, il faut bien qu'en l'absence du comte, quelqu'un assure la vacance dupouvoir, et elle a toujours été douée pour combler les vides!

(Il s'agit d'une vieille histoire. Quand Esperanza était encore jeune apprentie,

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Priscilla avait eu une relation passionnée avec un mage du Tribunal ibérien, Balthusde Flambeau. Une dispute était née entre eux lorsque Balthus avait proposé detrouver parmi les sorciers arabes un allié qui pourrait, de l'intérieur, les assister dansla Reconquista. Priscilla s'y était opposée, trouvant le plan trop risqué, et ce avecd'autant plus d'insistance lorsqu'elle apprit que le sorcier en question n'était autrequ'une très belle sorcière répondant au nom de Selima, dont Balthus avait fait samaîtresse. Priscilla mena dès lors une guerre politique acharnée contre son alliéd'hier, tentant de convaincre le Tribunal ibérien que Selima, devenue entretempsune Mage d'Hermès de la Maison Flambeau, ne pouvait que les trahir. Ne parvenantpas à emporter la conviction du Tribunal, Priscilla finit même par déclarer une Guerredes Magiciens contre Selima qui, non seulement, parvint à en réchapper, mais failliten outre venir à bout de son adversaire. Selima fit alors le serment à Priscilla que sijamais celleci devait remettre le pieds dans le Tribunal ibérien, elle veillerait à luirégler personnellement son sort, serment hermétique ou pas. Priscilla, depuis lors,n'a plus jamais osé passer les Pyrénées, et s'est réinstallée définitivement àBellaquin. Humiliée, elle a par ailleurs effacé cet épisode de la mémoire d'Esperanza,raison pour laquelle celleci ne s'en souvient pas.)

A peine les personnages ontils accepté cette mission que Filou se met à miauler à lamort: la Tapisserie enchantée est en train de se modifier comme suit:(de bas en haut)

A l'avant plan, à gauche: des silhouettes sombres et encapuchonnées qui s'affairentprès d'un navire de transport.Dans le plan central, moitié du bas: de l'eau, une mer ou un océan. A gauche unnavire, et à droite une bête fabuleuse: une sorte de serpent géant des mers.Dans le plan central, moitié du haut: deux armées qui se font face, avant le combat.Tu ne reconnais pas d'étendards, disons que la tapisserie n'est pas assez précise niassez formée pour pouvoir affirmer quoique ce soit.A l'arrièreplan: des montagnes, les plus hautes dépassant les nuages, et sur l'uned'elles, au milieu, tout en haut: un château.Priscilla s'étonne: ce château perché en haut d'un sommet, on dirait Magvillus…

La traversée des Pyrénées

Pour accompagner le comte, outre les personnages et trois hommes d'arme,Adelbert de Noves et Dragonnet le Pieux (cf le scénario La Mort d'un Légat).Le trajet se déroule au départ sans encombre. Les routes sont peu fréquentées, laprogression est bonne. A un moment, les personnages se sentent épiés sans pouvoiren indiquer la source. Mais, soudain, dans les montagnes, une vipère infernale(envoyée par Jérôme) se dresse sur la route du comte: celuici, pétrifié d'effroi, laregarde impuissant qu'elle le morde. La blessure semble anodine, mais évolue mal:la jambe gonfle, le comte ne sait bientôt plus marcher, puis il se met à délirer,sombre dans le coma… Ses hommes sont désemparés. La magie ordinaire ne peutl'aider. Heureusement, dans un village où l'on fait halte, un vagabond aveugle peutparler aux personnages d'une source miraculeuse à quelques jours à peine demarche. Enchaîner avec le scénario The Pool of Nylasaira tiré du supplément Faeries:A Complete Handbook of the Seelie (1ère édition d’Ars Magica).

Acte II.

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Selima de Flambeau, dansant pour Sigfein la danse du Jinn. En réalité, La Décollation de SaintJeanBaptiste et le Banquet d'Hérode, par Fra Angelico, vers 14271428, représentant la dansedes sept voiles que Salomé effectue pour obtenir du Roi Hérode la tête de Saint JeanBaptiste.Source : Paris, Louvre, R.F. 196.

Ala

Cour du Roi d'Aragon

L'accueil de Pierre II est chaleureux mais la partie est loin d'être gagnée d'avance.Lui et le comte de Toulouse s'enferment pour négocier. Pendant ce temps, lespersonnages rencontrent Balthus, qui demandent des nouvelles à Esperanza dePriscilla. Comme elle ne se rappelle plus de lui, il avoue qu'il s'en doutait, que c'esttout à fait le style de Priscilla de couvrir les traces de ses échecs. Balthus est un peunostalgique mais demande a Esperanza de dire à sa mater que si c'était à refaire, ilagirait de la même manière. Arrive alors Selima, une superbe femme aux cheveuxnoir de jais et à la souplesse d'une danseuse, qui n'est pas sans rappeler Esperanza.Un flamme dans les yeux, elle demande à Esperanza de rappeler à sa mater que sapromesse tient toujours.

C'est l'occasion aussi pour Esparanza de revoir ses deux frères, le rusé Rodrigue quisait tout des intrigues de la cour, et Juan, la tête brûlée qui a accompagné le roidans sa lutte contre les Almohades et qui n'a à la bouche que des compliments sur labravoure de son suzerain.

Les négociations aboutissent. Raimond tente de garder bonne figure, en réalité il estabattu: c'est que Pierre a obtenu de lui qu'il se place entièrement sous sa protection.Raimond remet ainsi à Pierre ses domaines, son fils et son épouse. Ainsi, Pierredeviendra le tuteur de Raimondet à qui Raimond transmet les rennes du pouvoir (cfM. Roquebert, o.c., p. 61).

Pierre enverra donc une délégation à Rome pour infléchir le pape. Elle se composede Hispan, évêque de Ségorbe et d'Albarracin, un ecclésiastique subtil qui a déjàtraité avec les Mages d'Hermès, et maître Colomb, procurateur et notaire royal,rompu aux finesses juridiques. Raimond demande alors aux personnages une

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faveur: prendre part à l'ambassade, officiellement pour éviter qu'il ne leur arrivemalheur, officieusement pour garder un œil sur ses intérêts. Pierre accepte, àl'intervention d'Hispan, car celuici n'ignore pas l'influence qu'exercent les Magesd'Hermès dans la Ville éternelle, et pense que les personnages pourraient donc êtreutiles à la mission.Ici encore, la discrétion est de mise. Les personnages embarquent donc un matind'octobre 1212 dans un navire en partance pour Rome. Ils sont encapuchonnés, pouréviter qu'on ne les reconnaisse (cf la tapisserie). Le capitaine se nomme Manuel.

Voyage en eaux troubles

Au départ, le voyage se passe sans encombre. C'est l'occasion pour Maitre Colombde préparer son argumentation juridique: la croisade méconnaît tant le droit féodalque le droit canon, il peut en parler aux personnages s'ils sont intéressés. Le bateauvoyage le long des côtes, le voyage est censé durer un peu moins d'un mois. Mais,aux abords de l'Isola de la Gorgogna, il fait un calme anormal sur l'océan. Le ciel secouvre de nuages, et c'est soudain un orage terrible. Manuel a perdu tout point derepère, les éléments se déchaînent, et surgit soudain un serpent des mers (cf latapisserie) qui fracasse le navire en mille morceaux. Heureusement pour lespersonnages, c'est à proximité des côtes… Ainsi échouentils sur l'Île de la Gorgogne.

On enchaîne avec un scénario basé sur l’aide de jeu Hatafjord, l'ossuaire des héros,publiée dans le premier numéro du magazine Le Songe d’Obéron, p. 14. La présencede la princesse aux cheveux gris et sales a donné naissance à une légende quiprétend qu'il règne une gorgone sur l'île. Différence avec l’aide de jeu originale :chaque nuit, la réalité bascule et les personnages passent ainsi dans la regio. Ledragon vient ainsi détruire chaque nuit à coup de flammes le bateau que l'équipages'efforçait de reconstruire à partir des épaves échouées sur la côte. Pour jeter letrésor à la mer, il faut accéder à la salle du trésor en l'absence du dragon,idéalement en début de nuit. Les personnages avec le don de Double Vue peuventvoir dans la regio sans être vus. Le cri de la princesse ne permet pas, en soi, d'yaccéder, mais elle peut raconter aux personnages la terrible histoire de l'île.Idéalement, les personnages devraient, dans un premier temps, éviter d'explorerl'île, et ce par prudence, avant d'y être contraints par les attaques répétées duDragon. A la nuit tombée, la population de l'île y réapparaît, le port est animé, avantque le Dragon n'attaque. Tant que la malédiction n’est pas levée, il est impossible dequitter l’île (les courants marins ramènent toujours les personnages sur celleci).

Acte III. A la merci d’un mercenaireAdaptation du Chapitre II du supplément A Midsummer Night’s Dream.

Acte IV. Le Tribunal romain

A la Cour du Pape

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Portrait d'Innocent III tiré d'une fresque au cloître de Sacro Speco (XIIIesiècle). Source : Wikipedia.

C’est l’occasion defaire découvrir auxpersonnages lefaste de la curieromaine.Conformément auxindications ducomte Raimond, lespersonnages nedevraient paslâcher lesambassadeurs dePierre II d’unesemelle (leur fairecraindre que, s’il enallait autrement,ceuxci risqueraientde d’obtenir dupape une décisiondans le seul intérêtde Pierre plutôt quede Raimond).L’implication despersonnages estessentielle pour lasuite de l’intrigue.Quand lespersonnagesarrivent à Rome, ilest pratiquementimpossible d’entrerdans la ville àcause de la massedes pèlerins. Al’occasion de quelque fête religieuse, le pape est en train de mener une processionde la Basilique du Vatican jusqu’à SaintJeandeLateran (description cf A. ParaviciBagliani, o.c., p. 54 et s.).

Les personnages parviennent enfin à approcher du Palais des Papes à côté de SaintJeandeLateran. Description cf A. Paravici Bagliani, o.c., p. 10 et s.

Dans la cour intérieure, des nombreux objets précieux sont à vendre ou à échanger(cfr A. Paravici Bagliani, o.c., p. 85). Parmi ceuxci, un objet magique reconnaissableaux runes de Verditius qui l’ornent. Il s'agit d'une coupe qui rafraîchit la boissonqu'on y verse (simple effet PeIg). Pendant que les personnages regardent tout ça, ilssont abordés par un homme richement vêtu d’hermine pourpre, qui se présentecomme Antonio mais, ajoutetil, tout le monde l’appelle ici le « Marchand de Verdi». C’est effectivement un Verditius assez rusé en affaires. Il reparaîtra plus tard.

En graissant la pâte des huissiers, Hispan parvient à obtenir assez rapidement uneaudience auprès du Saint Père. Juste devant eux, il y a un évêque anglais venudemander la protection du pape car, bien qu’il ait été régulièrement élu par lechapitre de l’église cathédrale, son archevêque refuse de reconnaître son élection.Par désespoir, il finit par se jeter aux pieds du Pape, et les huissiers compétents

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s’empressent de soulever les vêtements du Pape pour que l’évêque puisse lui baiserles pieds. Ceci devrait donner aux personnages une impression de l’importance dusouverain pontife.

Hispan et Me Colomb s’avancent respectueusement du Saint Père. Après quelquesmots d’introduction d’Hispan, qui rappelle les hauts faits accomplis par Pierre pour leplus grand bien de l’Eglise et de la Foi, et qui se concluent par quelques présentsremis au Pape, Me Colomb entame une plaidoirie brève et précise. Le pape estmanifestement impressionné, il pose quelques questions auxquels Me Colombrépond sans difficulté. Le pape hoche la tête, déclare qu’il souhaitera prendreconnaissance par écrit des arguments avancés par Me Colomb et l’invite à introduireune requête en ce sens mais ne doute pas que justice sera bientôt rendue.Les personnages se retirent et c’est évidemment là que commencent les problèmes.En effet, la curie est un vrai nid de vipères et, tant qu’aucune décision n’a pas étéprise par écrit par le pape selon la procédure prévue, toutes les assurances donnéesoralement ne sont en réalité d’aucune valeur.

La procédure est longue et tortueuse (A. Paravici Bagliani, o.c., p. 92). Elle estnormalement introduite par une pétition remise à un notaire du pape. Mais Girardo,le notaire auquel s’adresse Me Colomb, ne daigne pas faire avancer la procédure;c’est le prototype du fonctionnaire bête et paresseux qui ne voit que des problèmeset jamais aucune solution. Finalement, il faut bien se résoudre à contacter Matteo,un procureur empressé et obséquieux qui promet d’accomplir toutes les démarchesnécessaires après leur avoir expliqué tous les méandres de la procédure. Mais lui estparticulièrement vénal, et n’arrête pas d’essayer d’obtenir des cadeaux et faveurssupplémentaires, que ce soit pour les membres de la Curie ou pour luimême.

En effet, à la cour des papes, il faut faire des cadeaux ! (cf A. Paravici Bagliani, o.c.,p. 133: jeux de mot sur l'avarice de la curie romaine) Mais, précisément, une bonnepartie de ceuxci se sont perdus dans le naufrage. Explique pourquoi lesambassadeurs sont aussi mal reçus!

Pendant ce temps, les personnages apprennent qu’il existerait des prétentionscontradictoires aux leurs. En réalité, PierreBermond d’Anduze (M. Roquebert, o.c.,p. 76 et s.) a envoyé Guillaume, son représentant, à Rome. Ayant épouséConstance, fille de Raimond et de sa deuxième femme, Béatrice de Bézier, répudiéepar le comte, PierreBermond s’estime le seul héritier du comté de Toulouse, àl’exclusion des prétentions de Raimond VII. Il fait valoir, en effet, que la répudiationde Béatrice et le remariage avec Jeanne d’Angleterre, mère de Raimond VII, estdoublement irrégulière, vu que Béatrice était encore vivante et qu’en outre, Jeanneétait la cousine au troisième degré de Raimond (étant la fille d’Aliénor d’Aquitaine,ellemême petitefille de Guillaume IV, frère de Raimond IV, le grandpère deRaimond VI). Et il assure bien sûr le pape de son dévouement à Simont de Montfort.Les personnages n’apprennent pas tout de suite le détails des arguments de lamaison d’Anduze. Dans un premier temps, ils entendent seulement des rumeursquant à un risque d’échec de leur action, puis quant à l’existence de prétentionsopposées. Hispan leur demande d’enquêter à ce propos. Ils sont tout d’abordrassurés, parce que Matteo vient leur annoncer que le pape a confirmé par écrit qu’ilapprouvait la requête de Pierre II. Un abréviateur a pris note de la décision et leprocureur l’a remise à un scripteur qui la rédigera bientôt dans les formes de laCurie. Quelques jours plus tard, lecture en est donnée en audience publique par levicechancelier, Giovanni Conti di Segni, un cardinal de la famille du pape. Mais c’estalors que la Maison d’Anduze fait opposition et que le litige est soumis à l’auditeurdes lettres contredites. La procédure paraît, au mieux, bloquée, la lettre ne peut êtrebullée et, bien sûr, les réserves financières des envoyés d’Aragon sont en chute

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libre.

La cause paraît assez mal embarquée mais, heureusement pour les personnages,ceuxci sont contactés par le cardinal Ugolino (future pape Grégoire IX). Il leur laisseentendre que leur cause est vraisemblablement perdue s’ils ne parviennent pas àfaire entendre au pape l’existence d’intérêts supérieurs. Or, à cet égard, Ugolinorévèle aux personnages que le rêve du pape a toujours été de reconquérirJérusalem. Il faudrait faire entrevoir au pape que si la crise occitane était enfin close,l’ensemble des énergies des parties en présence – français et aragonais – pourraientse concentrer sur la reconquête du Tombeau du Christ, dans le cadre d’une nouvellecroisade. (Ceci coïncide bien évidemment avec l’agenda personnel du cardinalUgolino qui compte bien tirer profit du concile que le pape convoquera pourorganiser une telle croisade – le futur concile de Latran IV – pour faire avancer sacarrière personnelle). Ugolino ne peut en parler luimême au pape car, bien qu’il soitégalement son cousin, le vicechancelier en place s’est arrangé pour le tenir quelquepeu à l’écart des affaires de la curie.Mais comment approcher le pape ? C’est justement l’enjeu du volet hermétique del’histoire.

PS : pour rajouter de l’ambiance, on peut aussi rajouter l’intrigue avec Marie deMontpellier, M. Roquebert, o.c., p. 112 et s.

Les intrigues hermétiques

A côté de ces intrigues purement mondaines, il y a évidemment un volet hermétiqueà l’histoire.

Après avoir été espionnés pendant qu’ils se trouvent à la curie, les personnages sontinvités par Dama, une Mage gravitant dans l’orbite d’Isauricus de Guernicus, unQuaesitor traditionaliste. Elle leur indique que celuici souhaiterait les rencontrer etles mène dans un somptueux palais romain. Les personnages passent de pièce enpièce jusqu’à ce qu’elle les emmène à une grande tapisserie représentant la lutte desRomains et des Samnites. Derrière la tapisserie se trouve un Portail d’Hermèsmenant directement à Magvillus. Pour y pénétrer, il faut d’abord passer sous unjoug, constitué d’une lance placée à l’horizontale sur deux lances verticales. Seuls lespersonnages les plus versés en droit hermétique peuvent y reconnaître un symbolede soumission, en l’occurrence à la justice hermétique.

Il s’agit, bien évidemment, d’un piège. En effet, en passant sous le joug deMagvillus, les personnages se sont juridiquement soumis à sa juridiction. Pendantque, transportés à Magvillus, les personnages sont invités à patienter quelquesinstants par Dama et à déambuler à leur guise dans le cercle extérieur de l’Alliance,Isauricus adresse au préteur urbain de Magvillus (le magistrat chargé de juger lesaffaires hermétiques de la Ville) une requête tendant à faire condamner lespersonnages pour leurs implications avec l’Eglise.

Les personnages circulent dans l’Alliance jusqu’à ce qu’ils arrivent en vue du templede la Justice, à l’intérieur duquel il semble y avoir une certaine animation (on peutmême entendre « Villa Manlia » dans un éclat de voix). Il y a deux gardes à l’entrée,mais qui n’ont pas reçu l’instruction d’arrêter les personnages. En réalité, c’est leprocès des personnages qui est en cours ! Ils arrivent juste au moment où Isauricuss’est rassis et où le préteur (Hortensius) est en train de lire sa sentence :

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« (…) Attendu que les éléments portés à Notre connaissanceattestent ainsi de l’existence d’indices graves d’une violation majeuredu Code hermétique ;Qu’il y a lieu de craindre que les accusés ne tentent de se soustraireà la mainmise de la Justice hermétique ;Et attendu que les accusés se sont placés de leur plein gré sous lajuridiction de Magvillus ;Par ces motifs, statuant in necessitate et abstentia reorum,Faisons défense à Dubinaro de Bonisagus, Esperanza de Jerbiton,Scintillus de Flambeau et Sigfein de Bjornaer de quitter leTribunal romain sans notre autorisation ;Et leur ordonnons de se présenter devant Nous, selon la convocationqu’il leur sera adressée, afin d’être entendus en leurs dires et moyenssur les accusations portées contre eux. »

La séance est ensuite immédiatement levée, et les personnages ont tout justel’occasion de voir Dama disparaître avec Isauricus dans l’un des cercles intérieurs del’Alliance auquel l’accès leur est interdit.

Une Mage approche alors les personnages. Il s’agit de Sempronia, une jeuneQuaesitor appartenant au parti des populares1, belle, distinguée et passionnée,marchant pieds nus, dont la magie est liée aux arts du chant et de la danse. CommeIsauricus, elle brigue le poste de consul. Elle explique aux personnages qu’ils se sontfait berner; qu’Isauricus, qui appartient au parti des optimates, c’estàdire desconservateurs, veut faire des personnages un exemple de sa fermeté dans le cadrede sa candidature au poste de consul de Magvillus. Sempronia est prête à intercéderdans le procès à intervenir pour le compte des personnages, à condition qu’ils soientprêts à lui rendre un service. Elle sait que le parti d’Isauricus inondent les électeursde cadeaux sous forme de pions de vis et que son principal fournisseur de vis n’estautre qu’Antonio, le Mage de Verditius déjà évoqué. Elle veut faire tomber Antonioqu’elle soupçonne d’avoir vendu des objets prohibés à un prince de l’Eglise. Elledemande aux personnages d’enquêter sur Antonio et de se procurer les preuves deson commerce illicite. A sa connaissance, il doit les avoir dans son palais, dans lequelil faut s’introduire pour y dérober les preuves et les rapporter à Sempronia.

Les personnages n’ont pas trop le choix. En surveillant la résidence d’Antonio, ilspeuvent en effet constater les allées et venues de plusieurs prélats, dont d’ailleurs lechancelier Giovanni Conti di Segni. Le palais est grand, sombre et inquiétant, on ytrouve des objets étranges, des statues qui ont l’air de suivre les visiteurs de l’œil,des oiseaux en or qui se mettent à gazouiller quand on approche, etc. Evidemment,il y a ici tellement d’enchantements que les personnages finiront bien par êtresurpris par le Verditius. Celuici fait preuve d’un calme étonnant. Il souhaiteconnaître la raison de la visite des personnages (en réalité, il s’en doute) et leurpropose finalement un marché. Il est prêt à oublier l’incident et même à introduireles personnages auprès du pape via le chancelier Giovanni Conti di Segni, à conditionque les personnages lui rendent un service : s’emparer d’un puissant artefact – unebêche – qui se trouve enfouie quelque part dans les catacombes au sud de Rome.

(Alternativement, si les personnages parviennent à dérober à Antonio le carnet danslequel il tient la comptabilité de ses transactions illicites avec les vulgaires, une

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négociation plus serrée peut s’engager, car le contenu du carnet est crypté et queles personnages n’en ont pas la clef. Tant que le contenu du carnet n'a pas étérévélé à Sempronia, il y a moyen de faire chanter Antonio: il renoncera à la bêche,et même à poursuivre les personnages et à financer Isauricus, tant que lespersonnages le tiennent. Mais, si jamais ceuxci le livrent à Sempronia, il n'a plusrien à perdre et une accusation de vol sera portée contre les personnages. Si jamaisles choses dérapent de la sorte, on peut imaginer que Sempronia décline lacompétence du prêteur urbain pour ce voletlà du dossier, puisqu'au moment où lespersonnages sont passés sous le joug de Magvillus, ils n'avaient pas encore commisces infractions. Cela ne fait que reporter le problème à plus tard, mais ça évite àSempronia de devoir défendre avec l’élection au poste de consul une cause perdued'avance.)

En réalité, cette bêche n’est pas une simple bêche : c’est celle qui fut utilisée parRomulus pour tracer le sillon sacré autour de la ville de Rome, cellelà même aveclaquelle il tua son frère Rémus. Elle a le pouvoir de bénir une zone autour de laquelleun sillon est tracé (équivalent d’un Aegis du foyer de première magnitude, ouaugmente d’une magnitude un Aegis existant sans nécessité de dépenser de pion devis supplémentaire) mais, en même temps, en raison de son origine et du meurtrede Rémus, elle porte en elle les racines de la violence (les personnages vivant danscette limite acquièrent temporairement le Trait de Caractère Prompt à la violence+1).

La présence de la bêche sacrée a généré une Aura magique qui a à l’époque attirédes Mages de Jerbiton, mais le Tribunal romain leur a toujours refusé la qualitéd’Alliance (comp. l’Alliance de Vardian’s Tomb dans le supplément Tribunal of Rome).Pour atteindre les catacombes, suivre la Via Appia (attention aux brigands) etpénétrer dans les catacombes qui portent la marque d’un crâne fendu par une pelle.

Ambiance claustrophobe dans les catacombes. Les Mages, hyper méfiants et prêts àrecourir à la violence, ont bien connu Septimus (le pater de Celarius) et se méfientde toute forme d'autorité. Ils connaissent parfaitement les souterrains de Rome etnotamment l'un qui permettraient d'accéder directement à l'antichambre dusouverain pontife. Leur respect de la légalité hermétique est plus que relative; aucontraire, prenant les personnages pour des pilleurs de tombes ou – pire –, pour desenvoyés de Magvillus, ils n’hésitent pas à leur balancer des pilums de feu. Autantdire qu’ils ne seront pas ravis s'ils apprennent qu’on veut s’emparer de l’objetmagique qui maintient leur Aura. Mais ils sont du genre rebelles et seront ravis deprendre le parti des personnages s’ils les perçoivent comme des opprimés. S’ilsjamais ils devaient être éliminés, personne ne les regrettera. Qui sontils ?

Ignatius de Flambeau. Per +1, Viv +1, Esquive 3, Finesse 3, Pénétration 3,Parma 5, Cr 10, Ig 15. Du genre impulsif et agressif.Andrea de Jerbiton, désabusée de n’avoir pas su s’implanter durablement à lacurie romaine, cf le supplément Order of Hermes (4e édition), p. 70. Saprincipale attaque est Call of Slumber. Elle n’hésite pas non plus à lancerSouffle de la Vérité et du Mensonge.Titus, un Bonisagus à moitié givré à la suite d’un Crépuscule (de la bave luicoule le long du mention), doté du don de Double Vue, qui connaît plein desorts mais a tendance à les balancer dans toutes les directions sans réfléchir.

Comment démêler les intrigues ?

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Comment rencontrer le Pape et, ainsi, le convaincre d’intercéder auprès de l’auditeurdes lettres contestées ?

Grâce à une faveur du chancelier Giovanni Conti di Segni (les personnagespourraient par exemple se faire passer pour Antonio)Grâce à une faveur d’AntonioGrâce à l'entremise des Mages renégats du Tombeau de Rémus

Comment échapper aux poursuites hermétiques?

Grâce à SemproniaEn surprenant une conversation entre Isauricus et quelqu'un d'autre, hors deMagvillus (par exemple avec Antonio). En effet, en entendant sa voix, lespersonnages reconnaissent celle d'un des personnages encapuchonnés ayantpris part à la cérémonie de Mithra à Doissetteppe lors du Dernier Tribunal. Or,nul ne voudrait élire à la tête de Magvillus une taupe de Doissetteppe! Ne restequ'à le faire chanter ou le décrédibiliser. Explique aussi pourquoi il en veut tantaux personnages: ceuxci s'opposent à la politique de Doisssetteppe.

A l’issue de cette étape du scénario, le pape émet une bulle dans laquelle il entérineentièrement les propositions de Pierre II d’Aragon et ordonne ainsi une suspensionde la Croisade. Les personnages seraientils parvenus à leurs fins ?…

Acte V. La bataille de Muret

L’échec du front diplomatique

Les personnages repartentde Rome avec Hispan etMe Colomb au débutdécembre 1212, sont deretour à Barcelone à la findu mois et franchissementà nouveau les Pyrénées encompagnie de Pierre II etRaymond VI (M.Roquebert, o.c., p. 90 ets.). Le roi Pierre IIs’installe à Toulouse etinforme Simon de Montfortet ArnaudAmaury qu’ildésire s’entretenir aveceux en vue d’un règlementpacifique du conflit. Lespersonnages peuventassister aux négociationsmais Priscilla leur proposede regagner leur Allianceet promet de les tenir au

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La Bataille de Muret, enluminure du XIVe siècle, BnF, GrandesChroniques de France, Manuscrit français 2813, fol. 252v. Source: Wikipedia.

courant par courriersréguliers. (Elle préfère nepas les avoir dans lespattes…)Rendezvous est pris entre Toulouse et Lavaur – à Verfeil, tout près des ruines deBellaquin… Le 14 janvier, le roi rencontre ArnaudAmaury et demande la restitutiondes comtés de Toulouse, Comminges et Foix. ArnaudAmaury demande au roi demettre par écrit ses propositions, le roi réclame en échange une trêve militaire d’unesemaine, qui est acceptée. Le roi rentre le 16 janvier à Toulouse où il rédige sespropositions, dans la droite ligne de ce qu’il a demandé au pape. Le 18 janvier,l’assemblée de Lavaur, composée de nombreux prélats, évêques, etc., refuse toutnet. Il se déclare incompétent pour discuter du sort de Raimond de Toulouse, aumotif que la compétence relèverait du pape, et en profite pour accabler celuici. Leconcile de Lavaur allègue en effet (M. Roqubert, o.c., p. 125) que Raimond VI étantsous le coup d’une excommunication, il ne peut être entendu par eux, sauf mandatspécial du pape.

Pierre II décide alors de passer outre et de mettre immédiatement en application leplan qu’il avait soumis au pape (les bulles de celuici n’arriveront qu’à la mifévrier1213). Le 27 janvier, il reçoit le serment de Raimond VI et de son fils ainsi que des24 consuls de Toulouse, du comte de Foix et de Comminges d’obéir aux décisions dupape, et reçoit à titre de sûreté les domaines desdits barons. Mifévrier, Pierre IIquitte Toulouse et franchit les Pyrénées dans l’autre sens, en laissant sur placequelques hommes. De leur côté, les légats du pape envoient une ambassade à Romepour dénoncer les agissements de Pierre II, menée par Me Thédise.

Pierre II donne rendezvous à Montfort près de Narbonne (M. Roqubert, o.c., p. 131et s.). Le roi ne s’y rend pas, mais ses hommes s’assemblent à Narbonne etMontfort, flairant un piège, ne s’y rend pas. Pierre II lance alors à Montfort un défi,qui répond en envoyant auprès du roi un de ses compagnons, Lambert de Thury, quiexpose que Montfort est prêt à faire trancher leur différend par la curie romaine.Pierre II maintient son défit, et alors Lambert de Thury l’informe que Montfort seconsidère délié de tout devoir envers lui, et rompt ainsi son serment vassalique.Début mars, Pierre II envoie une nouvelle ambassade d’Hispan et Colomb à Romeafin de lui prouver que les barons occitans ont prêté le serment d’obéir aux ordresdu Saint Siège.

Silvia, la Servante de Priscilla, arrive à l’Alliance des personnages pour les informerde ce qui précède.

Début avril, Pierre de Saverdun réclame, comme chaque année, son tribut. Mais,cette année, il ne se déplace pas luimême : il envoie Ménard qui, pour des raisonsmystérieuses aux yeux de Pierre, a insisté pour y aller en personne. Saverdun, qui ad’autres chats à fouetter – le pays se soulève – accepte distraitement. Ménard,évidemment, n’espère qu’une seule chose, revoir Esperanza dont il est devenu fouamoureux sous l’effet du charme de la Sorcière des Marais. Il supplie pour pouvoir lavoir, ensuite s’accroche à ses jupes, lui propose de s’enfuir avec lui, ils iront secacher dans la campagne, ils trouveront bien un endroit. Il ajoute que le princeLouis, que d’aucuns imaginent déjà comme un « noble souverain » (cfr la prophétie)est sur le point de se croiser sur l’insistance de Foulques, et que c’est bientôt la fin.

Le 21 mai, la décision du pape tombe : les bulles de janvier sont révoquées. (Lespersonnages en sont avertis fin juin.) Les Toulousains espèrent maintenant l’arrivéede Pierre II pour les libérer du joug de Montfort.Silvia arrive à l’Alliance des personnages pour les informer de ce qui précède.

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Fin août 1213, Pierre II franchit les Pyrénées avec plus de 1.000 chevaliers. Le 8septembre, il arrive devant Muret, rejoint le 10 septembre par les armées descomtes de Toulouse, Cominge et Foix.Dans la nuit du 9 au 10 septembre, rêve prémonitoire de Sigfein : il est à Doïseteppeen présence de Davinia ex Miscellaneis. Elle est en train de préparer ses instrumentspour examiner les entrailles des oiseaux afin de prédire l’avenir. Elle s’adresse àSigfein, l’invite à s’approcher. Mais celuici s’aperçoit que ce ne sont pas desoiseaux, mais des êtres humains dont elle s’apprête à ouvrir le corps – et plusprécisément Simont de Montfort et Pierre II d’Aragon. Sigfein est pris de nausée,mais ne parvient pas à détourner le regard. Dans les entrailles, il entrevoit unegrand bataille. Elle poursuit : le sort de la guerre sera décidé dans trois jours. Nevoulezvous pas connaître celuici ? Enfin, Sigfein parvient à arracher son regard desentrailles sanguinolentes, mais il constate avec effroi que Davinia est devenuel’Oracle de Criamon, qui tend vers lui un doigt glacé… et il se réveille en sursaut.Le 10 septembre, Montfort avec toute la croisade quitte Fanjeaux en direction deSaverdun (M. Roquebert, o.c., p. 173). Elle passe à une centaine de mètres à peinede Villa Manlia – ruse de Saverdun pour témoigner, même dans ces circonstances, sapuissance aux personnages. Faire croire à ceuxci que c’en est fini d’eux…

La requête de Priscilla

Juste après le passage de la Croisade, arrive Priscilla. Elle annonce que le sort de laCroisade se décidera à Muret – que c’est maintenant une course contre la montre :Montfort a décidé d’atteindre Muret avant que Pierre II ait le temps de la prendre.(Muret était occupée par à peine trente chevaliers croisés.) La première chose àfaire, c’est de retarder Montfort : Dubinaro ne peutil déclencher une tempête ? (Detoute façon, Montfort la dissipera par la prière : M. Roquebert, o.c., p. 181). Maissurtout, Pierre II a besoin de tous les appuis sur lesquels il peut compter. Cela inclut,bien sûr, Ambroise, en vertu de son serment de fidélité au comte de Foix, et Ronald,auquel Priscilla demande, une fois encore, de payer sa dette. Mais ce n’est pas tout :tous les hommes en état de combattre devrait se joindre à la campagne (ce qui viseBernard et Gauvin). Et quid des Mages et autres Compagnons ? Priscilla ne peut lescontraindre à venir; mais elle espère qu’ils se joindront volontairement à lacampagne de reconquête du pays, car l’issue de celleci sera également décisivepour eux. Pour les convaincre, elle leur fait remarquer que la magie hermétique n’estpas totalement démunie contre l’aura de croisade, surtout s’agissant de Manita, etque même si l’espoir est ténu, il faut tâcher de le saisir.

La stratégie militaire

En réalité, le plan de Pierre II – conseillé par Balthus de Flambeau – est tout autre :il s’agit de prendre au piège les troupes de Montfort dans Muret, comme une sourisdans une souricière. L’attaque entamée par les milices toulousaines – sur le conseilde Priscilla – contre les faubourg de Muret est ainsi abandonnée, et le 11 septembreau soir, Montfort entre dans la ville avec ses troupes. (Explique ainsi le manque decoordination des troupes aragonaises et toulousaines par le conflit de personnesentre Pierre II et Raymond, et à travers eux entre Balthus et Priscilla.)

Pierre II ordonne à tout le monde d’aller se coucher tôt pour être en forme pour lesiège prévu le lendemain. Mais, si Esperanza est présente, il la prend volontiers aveclui dans sa couche. Insister sur la stature de Pierre II (presque aussi grand

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qu’Ambroise).

Le lendemain, Raimond VI propose au conseil une tactique défensive : construire desfortifications et laisser venir l’armée des croisés. Si des Mages sont présents, Priscillaa pu élaborer avec eux un plan (quels sortilèges utiliser pour accélérer laconstruction des fortifications; du Rego ou du Perdo Instantané devrait résister àl’effet de la Croisade, etc.). Mais Raimond VI est traité de lâche par Juan, le frèrecadet d’Esperanza et cette stratégie est rejetée par Pierre II comme déshonorante,qui souhaite désormais un combat des deux armées face à face. A cet effet, ilordonne de lancer un premier assaut contre Muret, afin de contraindre les croisés àsortir – ce qui porte ses fruits.Mais Raimond et Priscilla ne s’avouent pas vaincus : si leur cavalerie resteraeffectivement en troisième ligne pour affronter celle de Montfort, les piétonspourront attaquer pendant ce temps la ville. A cet effet, Priscilla demande auxpersonnages de s’arranger pour faire ouvrir les portes. Comment ? C’est bien simple: la veille au soir, le camp des croisés avait envoyé une ambassade. Pierre II comptey répondre par la négative le matin. Priscilla demande aux personnages de se mêlerà l’ambassade et de profiter de la confusion déclenchée par l’assaut (factice) desmilices sur la ville (profitant de ce que les portes étaient restées ouvertes pour lesnégociations) pour se cacher et se tenir prêts.

Dans les murs

En effet, Montfort intervient et interrompt les discussions des prélats en leurdemandant l’autorisation de combattre ! Il faudra être subtil si Saverdun est avec lui,car il pourrait reconnaître les personnages (qui pourraient alors être faitsprisonniers). C’est le genre de mission qui irait parfaitement à un Mage ou àGobolino. Ensuite, quand Montfort aura quitté la ville, il ne restera qu’à ouvrir lesportes de l’intérieur et à faire pénétrer la milice toulousaine pour de bon ! Enattendant, Montfort rassemble ses troupes et les harangue. Mauvais présages : sonceinturon se rompt, puis la courroie de sa selle se casse, puis enfin son destrierencense (secoue la tête de bas en haut), frappant ainsi Montfort au front (en raisonde la présence d’un Mage ?). Après la harangue, Foulque paraît portant un morceaude la Vraie Croix, et tous les cavaliers mettent pied à terre. L’évêque de Commingesabrège les choses. Puis les cavaliers sortent, les piétons restent et les religieuxentrent en prière en s’égosillant.

Grâce à l’intervention des personnages, la milice toulousaine pénètre dans ville…seulement pour être massacrée, peu de temps après, par les croisés qui fondent surcelleci, alors que circule la fausse rumeur de la victoire du Roi d’Aragon. C’est lemassacre.

La bataille rangée

Pendant ce temps, la bataille s’engage dans la plaine. Puisqu’Ambroise a la mêmetaille que Pierre II, Balthus suggère qu’il prenne sa place (porte ses armoiries). Pourle reste, cfr M. Roquebert.

Montfort et la cavalerie sortent de Muret qu’ils contournent vers l’est, font mine des’enfuir, puis chargent en trois corps sur les aragonnais. Le choc avec la premièrevague des milices confondérées, menée par le comte de Foix, est brutale. Les croisés

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+

passent au travers et se portent à la rencontre de la deuxième vague des confédérésau milieu de laquelle se trouve Ambroise sous les armes du roi d’Aragon. Duel entreAmbroise et Saverdun, mais celuici s’aperçoit qu’Ambroise n’est pas le roi, le crie àses troupes. Pour se désengager, Saverdun recourt – évidemment – à une ruse :Fluffy apparaît soudain derrière Ambroise et enfonce un poignard dans le flanc deson cheval, qui se cabre puis par au galop dans la mêlée. Avec un souriresardonique, Saverdun se met en quête du roi, lequel s’écrie : « Je suis le roi ! », etest achevé par Saverdun. Un grand cri de victoire traverse l’armée des Croisés.L’armée aragonaise et toulousaine est mise en déroute, Juan est tué, Priscilla etRaimond s’enfuient tant bien que mal en barque, de même que Balthus, qui hésitejusqu’au dernier moment.

C’en est fini des espoirs nourris par le parti toulousain…

Rafaël Jafferali

Notes1. Pour les intrigues internes à Magvillus, je me suis inspiré de la situation politique àl’époque de Cicéron et Catilina. Cons. notamment à ce propos les excellents romansde R. Harris, Imperium et Lustrum.

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