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Fonds européen agricole pour le dévelop- pement rural : L’Europe investit dans les zones rurales LA ROUTE DE L’INNOVATION

LA ROUTE DE L’INNOVATION · 2018. 11. 26. · 3 TABLE DES MATIÈRES 1. INTRODUCTION 07 2. L’INNOVATION DANS LA POLITIQUE WALLONNE DE DÉVELOPPEMENT RURAL 08 2.1. Soutien à l’innovation

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Fonds européen agricole pour le dévelop-pement rural : L’Europe investit dans les zones rurales

LA ROUTE DE L’INNOVATION

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TABLE DES MATIÈRES1. INTRODUCTION 07

2. L’INNOVATION DANS LA POLITIQUE WALLONNE DE DÉVELOPPEMENT RURAL 08 2.1. Soutien à l’innovation par le PwDR 2014-2020 08 2.2. Soutien à l’innovation par le RwDR 10 2.3. Les acteurs wallons à la base 13 de l’innovation : l’AKIS wallon 13 2.3.1. Qui sont ces acteurs ? 13

2.3.2. Au centre de l’AKIS : l’agriculteur 14

2.3.3. Fonctionnement de l’AKIS 15

3. LA ROUTE DE L’INNOVATION 17 3.1. Objectifs 17 3.2. Mode opératoire 18 3.3. Programme des visites 19 3.4. Étapes de mise en œuvre 20 3.5. Méthodologies et outils d’animation développés 21 3.5.1. Outil 1 – Ligne du temps 23

3.5.2. Outil 2 – Fiche reporter 23

3.5.3. Outil 3 – L’agricafé 23

3.5.4. Outil 4 – Le business model canvas (BMC) 25

3.6. Principaux résultats 28 3.6.1. Dynamique d’innovation d’un agriculteur 28

3.6.2. Nouveaux projets 30

3.6.3. Thèmes de recherche et de développement 34

4. PRATIQUES EUROPÉENNES VISANT À STIMULER L’INNOVATION 35 4.1. PEI – AGRI 35 4.1.1. Philosophie du PEI-Agri : approche

ascendante et multidisciplinarité 36

4.1.2. Méthode de travail basée sur le concept

d’innovation ouverte 36

4.1.3. Le PEI-Agri en pratique : 3.200 GO d’ici 2020 36

4.2. Projet européen AgriSpin 37 4.3. Réseau CIVAM 38 4.4. Innovatiesteunpunt en Flandre 40 4.4.1. Missions 40

4.4.2. Activités 40

4.4.3. Méthodes novatrices 40

5. PERSPECTIVES DE TRAVAIL 42

6. ANNEXES 45

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GLOSSAIRE

AKIS : Agricultural Knowledge and Information System Système de Connaissances et d’Information en Agriculture

B2B : Business to business est une approche marketing où les entreprises sont visées

B2C : Business to consumer est une approche marketing où le consommateur final est visé

BMC : Business model canvas

CRA-W : Centre de Recherche Agronomique Wallon

FRW : Fondation Rurale de Wallonie

FWA : Fédération Wallonne de l’Agriculture

GAL : Groupe d’Action Locale

GO : Groupe opérationnel

GT : Groupe de travail

H2020 : 8e programme cadre européen pour la recherche Horizon 2020

ISP : InnovatieSteunPunt

OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques

PEI-AGRI : Partenariat Européen pour l’Innovation en Agriculture

PDR : Programme de Développement Rural

PME : Petite et Moyenne Entreprise

PRO-AKIS : Projet européen financé par H2020 ayant pour objet l’analyse et la comparaison des AKIS européens

PWDR : Programme wallon de Développement Rural

R&D : Recherche et développement

R&I : Recherche et innovation

RWDR : Réseau wallon de Développement Rural

SPW : Service Public de Wallonie

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1. INTRODUCTIONL’objet de ce carnet est de valoriser les résultats de la mission de « Courtier en Innovation » mise en œuvre par la Cellule d’animation du Réseau wallon de Développement Rural et en particulier d’une action phare testée dans ce cadre appelée « La Route de l’Innovation ».

Ce carnet contient une série d’éléments méthodologiques utilisés par la Cellule d’animation et enrichie par les enseignements et les acquis tirés de cette Route de l’Innovation. Il est destiné à tous les acteurs du monde rural intéressés par des méthodes participatives et collaboratives visant à stimuler l’innovation au niveau d’un groupe d’acteurs ou d’un territoire rural.

La Route de l’Innovation (cf. chap. 3.), c’est un parcours à travers la Wallonie, à la rencontre d’agriculteurs et d’agricultrices qui, chacun à sa façon, explore des nouvelles manières de faire. Le principe : donner la parole et écouter ceux qui ont entamé des initiatives innovantes. La conviction qui sous-tend cette démarche est que de nombreux agriculteurs font preuve d’une capacité d’innovation et que nous pouvons tous apprendre de leurs expériences.

Pourquoi l’innovation en agriculture ? Depuis quelques années, l’intérêt pour l’innovation en agriculture et en foresterie

prend de plus en plus d’ampleur au niveau européen via le dispositif d’innovation interactive qu’est le Partenariat Européen pour l’Innovation (PEI AGRI) et son réseau d’une part, et, d’autre part, via le 8e programme cadre de recherche européen appelé H2020. Ce dispositif d’innovation interactive est décrit au chapitre 4. Dans H2020, le deuxième défi sociétal « sécurité alimentaire et agriculture et foresterie durables, recherche marine, maritime et sur les eaux continentales » adresse la question de l’innovation en agriculture ainsi que le programme de technologies génériques clés (KET) reprenant notamment la biotechnologie.

Que comprend le terme innovation ? Selon la définition de l’OCDE, l’innovation va bien au-delà de la recherche-développement. Elle n’est pas limitée aux laboratoires de recherche et englobe l’ensemble des utilisateurs, des fournisseurs et des consommateurs que ce soit dans les administrations publiques, les entreprises ou les organismes à but non lucratif. Elle transcende les frontières entre pays, secteurs et institutions. Quatre types d’innovation ont été définis dans le Manuel d’Oslo1 :

1. Les innovations de produit ;2. Les innovations de procédé ;3. Les innovations de commercialisation ;4. Les innovations d’organisation.

Appliquée aux fermes, on observe que l’innovation intègre de nouvelles dimensions dans un système agricole en changement. Elle n’est donc pas seulement technique mais aussi systémique. Cela suppose une vision qui porte la démarche, des ruptures et des adoptions (remplacer le soja par de l’herbe), des techniques et des apprentissages grâce à des ressources multiples (voisins, associations, livres, conseillers agricoles) et de l’expérimentation (essais, erreurs, etc.). Bien souvent, une ferme innovante est une ferme qui se recompose, intègre de nouveaux éléments et de nouvelles relations. La ferme d’aujourd’hui n’a pas été planifiée, elle s’est recomposée petit à petit et continue à se transformer. Elle est le résultat de changements successifs portés par la recherche d’autonomie et de sens du travail.

Le pari de la Route de l’Innovation était donc double. D’une part, s’appuyer sur une demande réelle (même si diffuse) d’agriculteurs en direction de plus d’autonomie en considérant cette demande comme prometteuse. D’autre part, se tourner résolument vers les agriculteurs eux-mêmes en pariant qu’ils étaient, au moins certains d’entre eux, de réels innovateurs.

1 Stratégie de l’OCDE Pour l’innovation / définir l’innova-tion : http://bit.ly/InnovationOCDE

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2. L’INNOVATION DANS LA POLITIQUE WALLONNE DE DÉVELOPPEMENT RURAL

2.1. LE SOUTIEN À L’INNOVATION PAR LE PwDR 2014-2020Le PwDR est un des instruments au service de la politique wallonne de Développement rural et de l‘innovation au sens large. Ainsi, ses objectifs sont triples :

1. Améliorer la compétitivité des secteurs agricole et sylvicole ;

2. Renforcer la complémentarité entre ces secteurs et l’environnement ;

3. Favoriser un monde rural dynamique, en améliorant la qualité de vie et en aidant à la création d’emplois.

Le PwDR2 permet de soutenir les acteurs de la ruralité, dont les agriculteurs sont les principaux bénéficiaires. En effet, environ 80% du budget (soit environ 523,2 Mi€ sur la période 2014-2020) leur sont destinés. Les autres bénéficiaires sont les TPE/PME, les communes, les maisons du tourisme, les Groupes d’Action Locale ou encore les Parcs naturels. Ce programme est doté d’un budget total de 654 Mi€ dont 390 Mi€ sont apportés par la Wallonie et 264 Mi€ par l’Union européenne.

Le PwDR comprend seize catégories de mesures visant le développement socio-économique des services ruraux et de l’environnement. On trouve des mesures dites « surfaciques » (méthodes agroenvironnementales, soutien à l’agriculture biologique…), des mesures d’aides à l’investissement, le soutien de projets individuels (maisons médicales, espaces multifonctionnels, restauration de sites Natura 2000, etc.) et le soutien aux Groupes d’Action Locale Leader.

LA POLITIQUE WALLONNE DE DÉVELOPPEMENT RURAL POURSUIT CINQ OBJECTIFS GÉNÉRAUX LESQUELS SONT :

1. Préserver les intérêts des générations futures ;

2. Faire participer largement les acteurs ;

3. Mettre en cohérence les politiques sectorielles ;

4. Être solidaire avec les autres territoires ;

5. S’évaluer en permanence.

À cet effet, la Wallonie a mis en place plusieurs instruments, outils planologiques et dispositifs parmi lesquels le Programme wallon de Développement Rural (PwDR), qui bénéficie d’un cofinancement de l’Union Européenne (Fonds FEADER) et dont la mise en oeuvre intégrée est facilitée par le Réseau wallon de Développement Rural (RwDR). Le RwDR est dynamisé par une Cellule d’animation laquelle met en œuvre de nombreuses activités de mise en réseau d’acteurs et de communication.

2 Plus d’infos sur https://agriculture.wallonie.be/pro-gramme-wallon-de-developpement-rural-2014-2020 ou sur http://www.reseau-pwdr.be/sections/le-pro-gramme-wallon-de-développement-rural-%28pwdr%29

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Par essence, chaque mesure du PwDR détient un potentiel de soutien à l’innovation que celle-ci concerne l’agriculture, la foresterie, la chaine de valeur alimentaire, la préservation et le renforcement des écosystèmes, la promotion de l’inclusion sociale, le développement économique des territoires ruraux, etc. L’innovation est donc un enjeu transversal.

Parmi les mesures concernées par l’innovation, notons les mesures suivantes :

• La Mesure 1.2 vise à soutenir des actions d’information, des projets de démonstration pour augmenter la compétitivité, innover et améliorer les performances environnementales de micro-entreprises et de PME actives dans les secteurs agricoles et forestiers ;

• La Mesure 4.1. vise des investissements dans les exploitations agricoles ;

• La Mesure 4.2 soutient des investissements dans la transformation et la commercialisation des produits agricoles. Il s’agit d’orienter la production vers des produits à plus haute valeur ajoutée et de manière durable ;

• La Mesure 6.1 fournit une aide au démarrage d’entreprise pour les jeunes agriculteurs qui s’installent en agriculture;

• La Mesure 6.4 A soutient notamment la diversification non agricole (hors biométhanisation) ;

• La Mesure 6.4 B vise des investissements réalisés dans des secteurs non agricoles ou par des agriculteurs en matière de biométhanisation avec vente de l’énergie produite ;

• La Mesure 16.3 soutient les coopérations entre les opérateurs pour le développement touristique. Elle soutient le développement, la diffusion de services touristiques liés au milieu rural afin d’accroitre leur qualité et/ou leur quantité, la diffusion d’informations relatives à la découverte du patrimoine naturel et culturel en milieu rural ;

• Mesure 16.9 touche à la diversification des activités agricoles et forestières dans le domaine de la santé, via le soutien d’accueillant (agriculteur / forestiers / associations environnementales locales).

D’autres mesures non activées par la Wallonie concernent directement l’innovation également :

• La Mesure 2 – Services de conseils et conseils agricoles en matière de gestion de ferme, services de remplacement, formation de conseillers ;

• La Mesure 9 – Mise en place de groupes de producteurs et d’organisation qui inclut la mise en place de processus d’innovation ;

• La Mesure 16.1 – « Établissement et fonctionnement des groupes opérationnels du PEI pour la productivité et la durabilité agricoles ».

Par ailleurs, le PwDR vise également à inciter les communes à s’engager plus activement dans le développement de leurs territoires à travers la mise en œuvre de Groupes d’Action Locale (GAL). C’est l’objet de la mesure 19, la Mesure

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19 Leader (acronyme de « Liaisons Entre Actions de Développement de l’Economie Rurale »), dispositif initié par l’Union européenne. Véritable laboratoire d’expérimentation pour l’ensemble des zones rurales, ce programme soutient des actions structurantes et innovantes s’inscrivant dans une stratégie locale de développement. Il s’agit ici d’expérimenter de nouvelles approches du développement rural fondées sur une gestion au plus proche des acteurs du territoire.

Rappelons que les projets portés par les GAL doivent satisfaire sept principes dont l’innovation. Ces principes sont décrits ci-dessous :

1. L’approche territoriale : les projets doivent être pensés et menés pour un territoire homogène, caractérisé par des traditions communes, une identité locale, un sens d’appartenance ou des besoins et des attentes communes. En Wallonie, le territoire se compose d’au moins trois communes contiguës.

2. L’approche ascendante : les projets doivent être élaborés et mis en œuvre de manière participative avec la population. Les acteurs locaux participent à l’identification et à la prise de décision concernant la stratégie et la sélection des priorités sur leur territoire.

3. Le partenariat public-privé : les projets doivent associer des partenaires publics (des communes) et des partenaires privés.

4. Le caractère innovant : qu’il s’agisse de l’introduction d’un nouveau produit, d’un nouveau processus, d’une nouvelle organisation ou d’un nouveau marché.

5. L’approche multisectorielle et intégrée : c’est-à-dire concernant plusieurs secteurs du développement rural, formant un tout cohérent.

6. La mise en réseau : pour favoriser les échanges et le partage d’expériences et de savoir-faire.

7. La coopération avec d’autres territoires LEADER : au sein d’une même région (coopération interterritoriale) ou avec d’autres pays membres (coopération transnationale).

2.2. LE SOUTIEN À L’INNOVATION PAR LE RwDRUne des missions du RwDR est celle de « Courtier en innovation » portée par la Commission Permanente, laquelle est composée des représentants des bénéficiaires du PwDR. Cette mission s’est étalée sur deux ans, entre 2016 et 2018.

Il s’agissait d’atteindre trois objectifs, à savoir :

1. Renforcer les liens entre les acteurs du système d’innovation en agriculture ;

2. Faciliter et stimuler les échanges de connaissances et de savoir-faire entre les acteurs de l’innovation ;

3. Capitaliser et vulgariser les pratiques innovantes vers l’ensemble des acteurs de la ruralité.

Dans cette perspective, la Cellule d’animation du RwDR a soutenu la mise en place d’un groupe de travail (GT) dont la mission était de mobiliser, de repérer des acteurs innovants et/ou des pratiques innovantes en milieu agricole selon différents axes thématiques liés à l’agriculture et à la foresterie. Ce GT était composé de représentants de l’administration wallonne DGO3, du Parc Naturel des Plaines de l’Escaut, de GALs (Culturalité en Hesbaye brabançonne, Pays des Condruses, Ardenne Méridionale), de la FWA, de la FRW, du CRA-W et du Collège des Producteurs. Dans le cadre de ce GT, une cartographie du réseau d’acteurs3 de l’innovation (cf. Figure 1) en agriculture a été produite par le GAL Culturalité en Hesbaye brabançonne. Cet outil s’est avéré très utile pour la bonne compréhension des rôles et des domaines d’activités de chaque acteur.

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Figure 1 – Cartographie du réseau d’acteurs de l’innovation en agriculture3

Agriculteurs

Conseils & servicesd'accompagnement

Agriculture de Conservation Giser . BASE. TCS

Agriculture BiologiqueOrganismes Certificateurs

Autonomie Elevage

Maraîchage

Diversification & Circuits courts

Agriculture socialeet accueil à la ferme

Nos Oignons

asbl

Accompagnement psychosocial, financier, juridique

Gestion de terres Agriculteurs Entrepreneurs

Environnement & Nature

Innovation

SAACE

Financement alternatif & participatif

Organisations de producteurs

OrganisationsProfessionnelles

CETA Wavre-Perwez-Jodoigne

Ceta BioHesbaye

Comices Jodoigne

Confréries Confrérie du Porc Piétrain

Réseaux d'agriculteurs

Fermes Novatrices

Réseaux d'agriculteurs

Administration & services publics

Services agricolesProvinciaux

Communes Gal"CLDR" & "CAC"

Orp-Jauche Hélécine Beauvechain Jodoigne Perwez Incourt Ramillies

L'objectif de Réseau (RwDR)est de faciliter les liens et faireinteragir tous les acteurs du

développement rural en Wallonie en vue de stimuler les échanges

de pratiques, de savoirs, etc.

Tous les "membres" du Réseau sont mentionnés par une croix verte.

Une synthèse est reprise en p.6.

GAL's Wallons

Brabant & Hesbaye

Culturalité en Hesbay e Brabançonne

Je suis Hesbignon/H

Burdinale Mehaigne / Bw&H

Les 4 Bras/Bw

Condroz

Pay s des Condruses

Meuse @ Campagnes

Pay s des Tiges et Chavées

Condroz Famenne

Ardenne

Haute-Sûre Forêt d'Anlier

Pay s de l'Ourthe

Romana

Lesse-Semois

Nov'Ardennes

Parc Naturel de Gaume

HainautEntre-Sambre-et-Meuse

Botte du Hainaut

Plaines de l'Escaut

Est de la WalloniePay s de Herv e

1 00 v illages - 1 avenir (DE)

Entre Vesdre et Gueule

Partenaires en amont

Banques

Machines agricoles

Intrants (engrais, produits phy tos,...)

Vétérinaires

Gestion financiaire

Soutien juridique

Recherche

Universités

Centres pilotes

Education & Formation

Ecoles agricolesHEPN Ciney IPES Hesbaye

ISIaHuy

IPEA La Reid Condorcet Ath Fleurus Soignies

CefaBastogne

Accès à la profession(Cours A, B, C)

Formation "Maraîchage"

Formation "Permaculture

Système alimentaire

Organisations

Filières alimentaires ...

Filières agricoles

Hall Relais AgricoleAteliers partagés

Agrinewà Marloie

Cultivaeà Perwez ...

Coopératives de producteurs CultivAeCoopérative

Bio de Hesbaye

Réseau de commercialisationGAA - Groupe

d'Achat Alimentaire

Fermes de Hesbaye Brabançonne : vente en circuit court

Epiceries locales & comptoirs à la ferme

Légende = Acteurs du territoire de la "Hesbaye Brabançonne"

Légende = "Partenaires" du RwDR

Contact : Quentin Triest [email protected] Edition Mai 2017

3 Auteur : Quentin Triest, Gal Culturalité en Hesbaye brabançonne asbl. Pour avoir accès à la carte en Haute Définition : http://bit.ly/CartoAgriculture

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En parallèle, le RwDR a organisé le 11 mars 2016 un atelier régional « Innovation en agriculture : comment faciliter, susciter et soutenir l’innovation au sein des exploitations agricoles4 » dont le but était d’identifier les besoins des acteurs de terrain et des pistes de réponses concrètes notamment au travers des outils développés par le RwDR et le PEI-Agri.

D’autre part, afin de définir le fil rouge de la Route de l’Innovation, le RwDR a mobilisé ses différents organes, dont notamment la Commission Permanente, chargée d’identifier tant les critères de sélection des innovations que les types d’innovations à mettre en évidence mais également son Conseil Scientifique qui a accompagné la mission tout au long du processus. La Cellule a collaboré avec ses membres et partenaires comme l’ULiège, le CRA-W, Fourrage mieux… qui l’ont aussi aidée à repérer et circonscrire des innovations mises en œuvre sur le terrain. À cette fin, le RwDR a envoyé une enquête auprès de ces partenaires pour identifier des pistes d’innovation ainsi que les freins à l’innovation.

Enfin, des réunions ont également été organisées avec des acteurs européens comme le PEI-Agri, le Réseau Européen de Développement Rural et le Centre d’innovation pour le développement agricole et rural en Flandre « Innovatiesteunpunt » (cf. § 4.4).

Ce centre est spécialisé dans l’accompagnement d’agriculteurs et d’horticulteurs, de groupes des résidents ruraux et d’autorités locales qui choisissent une nouvelle direction pour leur entreprise ou leur communauté.

Toutes ces activités ont permis de récolter une série d’informations qui ont aidé à positionner la Route de l’Innovation, définir ses modalités d’intervention, son programme, son fil rouge, les innovations visées et à mettre en avant, ainsi que les acteurs à mobiliser. Ce travail a également contribué à l’élaboration du programme du « Séminaire européen : stimuler l’innovation – Comment répondre aux enjeux de la ruralité » qui s’est déroulé les 17 et 18 mai 2018.

La cartographie (cf. Figure 1) indique que les acteurs potentiellement visés par la Route de l’Innovation sont nombreux et poursuivent des missions variées selon les secteurs ou les spécialisations agricoles dans lesquels ils interviennent. Ils font partie de ce qui est appelé l’AKIS « Système agricole de connaissances et d’informations » (décrit au § 2.3) dans lequel on retrouve donc des agriculteurs et des forestiers, des représentants d’organisations professionnelles agricoles et forestières, des conseillers agricoles et forestiers, des conseillers et des services de soutien à l’innovation, des chercheurs, mais aussi des entreprises privées, des associations et des consommateurs.

Compte tenu du potentiel d’interaction, des rôles et des spécialisations de tous ces acteurs, mettre en lien des organismes et des personnes qui ont des missions et des compétences différentes, susciter et construire des collectifs d’innovation multi-acteurs et contribuer à la création d’un milieu innovateur faisait partie intégrante de la mission de « Courtier en innovation ». Dans ce contexte, la mise en œuvre de la Route de l’Innovation soulevait plusieurs enjeux parmi lesquels :

• L’intérêt de se concentrer au niveau où l’innovation se produit, c’est-à-dire au sein même des fermes wallonnes ;

• Ne pas se positionner dans la création d’innovation mais bien dans le soutien aux « ambassadeurs de l’innovation » ;

• Ne pas se substituer aux acteurs et réseaux existants.

4 Compte-rendu : http://www.reseau-pwdr.be/document/atelier-régional-innovation-en-agriculture.

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2.3. LES ACTEURS WALLONS À LA BASE DE L’INNOVATION : L’AKIS WALLON5

L’AKIS - Agricultural Knowledge and Information System – Systèmes de Connaissances et d’Informations Agricoles - est un concept qui décrit les échanges de connaissances, d’informations et de services pour l’innovation agricole en milieu rural. Il est défini comme étant un « système créé par les relations entre des personnes et des organismes qui échangent, partagent, génèrent et utilisent des technologies, des connaissances et des informations relatives à l’agriculture ». Chaque pays européen a développé un voire plusieurs AKIS (Allemagne, Belgique, Italie, Angleterre) selon ses spécificités, ses besoins et les acteurs présents.

2.3.1. QUI SONT CES ACTEURS ?Les acteurs de l’AKIS wallon sont nombreux et actifs dans plusieurs domaines, tous au service du monde agricole et de l’agriculture. On peut classer ces acteurs selon les douze catégories suivantes :

1. Agriculteurs

2. Coopératives agricoles

3. Réseaux agricoles indépendants

4. Syndicats agricoles

5. Administrations publiques (régionales, provinciales, locales)

6. Organismes de recherches

7. Organismes mixtes de recherche et de formation

8. Organisations de producteurs

9. Vétérinaires

10. Consultants agricoles privés

11. Entreprises d’agrofourniture

12. Entreprises agroalimentaires

Le schéma ci-dessous permet de représenter la diversité des organismes présents dans ce système, de mieux comprendre les relations et types de relations entre ces organismes, et d’identifier les chaînons manquants.

La cartographie réalisée par le GAL Culturalité en Hesbaye brabançonne est une autre manière de représenter l’AKIS wallon (cf. Figure 1).

Figure 2 – Les acteurs de l’AKIS wallon

Private Public FBO Mixed

5 AKIS : Agricultural Knowledge and Information System – Systèmes de Connaissanceset d’Informations Agricoles

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2.3.2. AU CENTRE DE L’AKIS : L’AGRICULTEUR

Les responsabilités de l’agriculteur sont d’autant plus importantes qu’il est le premier producteur de matières premières alimentaires et qu’il contribue, dans le meilleur des cas, à la préservation et à la gestion des ressources naturelles, de l’environnement et des paysages. Il doit par ailleurs répondre aux attentes des consommateurs ainsi qu’à des contraintes de production en termes de qualité, de traçabilité et de sécurité alimentaire de plus en plus exigeantes.

L’agriculteur est un professionnel très polyvalent. En effet, il doit aussi bien gérer la production (cultures et/ou élevage) que les aspects financiers et administratifs de son exploitation. La gestion financière et administrative comprend la sélection des

fournisseurs, la vente et la négociation des prix, l’élaboration de dossiers pour l’obtention de primes et de subventions, le choix et la décision de l’investissement en machines, en outils agricoles et en autres développements pour le futur. Si l’on regarde les statistiques wallonnes, on constate que les exploitants constituent la plus grande partie de la main d’œuvre : 70% à temps plein et 10% à temps partiel. Parmi ces exploitants, la présence des femmes est minoritaire : environ 25% des femmes travaillant à temps plein (% exprimé en fonction de la main d’œuvre totale agricole).

La figure 4 montre que 79% des agriculteurs wallons sont âgés de plus de 45 ans contre 15% d’agriculteurs ayant entre 35 et 45 ans et seulement 6% sont âgés de moins de 35 ans. La figure 5 indique que 44% des agriculteurs n’ont pas de successeur contre 35% avec successeur. Le principal facteur qui semble déterminer l’existence d’un successeur potentiel est la taille de l’exploitation. En effet, les agriculteurs wallons qui ont un successeur présumé disposent en moyenne d’une superficie de 59,7 ha alors que ceux qui n’en ont pas ne cultivent en moyenne que 23,9 ha7.

Figure 3 – Spécialisations de l’agriculture wallonne6

Figure 4 – Répartition des agriculteurs par tranche d’âges (en % du total)

Figure 5 – % d’agriculteurs avec/sans successeur (en % du total)

6 Source : https://agriculture.wallonie.be/documents/20182/21858/FR-2015.pdf/591e9fba-0df8-43a3-ac3a-042aeb83714c7 In PDR2007-2013, pp. 39-40

19%

> 65 ans < 35 ans 35-45 ans

45-55 ans 55-65 ans

6%

15%

30%30%

Ne savent pas

Sans successeur

Avec successeur

35%

44%

21%

31,5%

12,8%

20,5%

13,9%11,7%

9,6%

Grandes cultures

Bovins mixtes

Lait

Cultures et herbivores

Viande bovine

Autres

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Aujourd’hui, la survie de nombreuses exploitations agricoles est menacée faute de rentabilité des productions, à cause du coût d’accès au foncier, d’une attractivité insuffisante du métier d’agriculteur et des difficultés (financières, organisationnelles, techniques, climat) que ce secteur traverse. Et en effet, de 1980 à 2017, la Wallonie a perdu 66% de ses exploitations alors que la superficie agricole utile a diminué de 9%. Ce secteur primaire est de plus en plus marginalisé au sein des communautés rurales.

2.3.3. FONCTIONNEMENT DE L’AKISDans la littérature européenne, le projet européen PRO-AKIS tente une caractérisation des AKIS européens et cela malgré le fait qu’il soit difficile de les comparer entre eux, vu leur diversité, le mode d’ancrage au niveau local et leur complexité. À ce sujet, PRO-AKIS8 nous livre une clé de lecture intéressante et positionne les AKIS européens dans une matrice où :

• L’ordonnée représente le degré d’intégration des acteurs opérant dans le système d’innovation (en ordonnée) ;

• L’abscisse donne la puissance/la capacité de l’AKIS.

Le niveau d’intégration se réfère aux liens formels existants entre les acteurs du système d’innovation tandis que la puissance est définie par la capacité d’influence des acteurs du système d’innovation et les ressources présentes (investissement public, production et échange de connaissances) dans le système.

En Wallonie, cette fragmentation a deux inconvénients majeurs :

– Des coûts d’organisation et de transaction vraisemblablement élevés ;

– Un manque d’interactions entre secteurs, entre compétences.

Plus concrètement, Philippe Baret, membre du Conseil Scientifique du RwDR, décrit le système d’innovation en agriculture wallon9 de la façon suivante :

• Une R&D peu voire pas coordonnée ;

• Une faiblesse relative des structures collectives ;

• Une forte ouverture aux influences étrangères ;

• Un potentiel élevé d’interactions entre acteurs des filières ;

• Des acteurs classiques de l’innovation comme les universités et les centres de recherche ;

De nouveaux acteurs tels que :

• Des associations émanant de partenariats de recherche (Greenotec, CRPhyto, DiversiFerm, etc.) ;

Figure 6 – Caractérisation des AKIS européens(source : www.pro-akis.eu)

8 In « Agricultural Knowledge and Information Systems in Europe: Weak or strong, fragmented or integrated? », www.proakis.eu.9 L’AKIS wallon par Philippe Baret dans les Actes du « Séminaire européen : stimuler l’innovation – Comment répondre aux enjeux de la ruralité », Mai 2018.

Fragmented

Weak

Strong powerful

Integrated

GreecePortugalRomania

Slovakia HungaryItaly Estonia Slovenia Bulgaria

Spain Latvia Sweden CyprusMalta Luxembourg

Wallonia Czech Rep.LithuaniaUnited

kingdomNetherlands

Finland FlandersPolandFranceGermany

AustriaDenmarkIreland

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• Des associations liées aux politiques publiques (GAL, Ceintures alimentaires, Protecteau, Natagriwal, etc.) ;

• Des modèles ancrés dans des expériences agricoles (Régénacterre, Ferme de Graux, etc.) ;

• Des acteurs sectoriels (BioWallonie, CIPF, FIWAP, etc.).

Compte tenu de ces éléments, les acteurs de l’innovation devraient mieux se positionner et interagir, être financés de manière proportionnelle et mieux peupler le paysage de l’innovation afin de faire évoluer favorablement l’AKIS wallon. Une coordination du travail des acteurs accroitrait l’efficacité globale. Celle-ci devrait également s’inscrire d’avantage dans un cadre prospectif.

Vu la complexité des enjeux relatifs à l’agriculture, la diversité des acteurs et des options, et la faiblesse des moyens, les acteurs des réseaux d’innovation doivent être clairs sur le modèle auquel ils contribuent.

Ce modèle est illustré par la Figure 7 :

• Axe vertical : méthode de travail, approche adoptée – ascendante ou descendante ;

• Axe horizontal : type d’agriculture voulue – traditionnelle ou visant à répondre à des enjeux environnementaux et climatiques.

Enfin, selon le professeur Marc Mormont, membre du Conseil scientifique du RwDR, l’AKIS wallon est probablement trop centré sur des techniques et trop peu sur les utilisateurs et sur les conditions d’utilisation des techniques. Il accorde peu de place aux facteurs organisationnels et culturels, l’innovation étant trop souvent réduite à la technique. Or, l’innovation c’est quand le changement technique se traduit dans le réel des utilisateurs, et que cela implique des changements organisationnels, dans le travail et dans les relations. De plus, la technique n’est pas toujours le point de départ. Ce sont aussi parfois des changements dans l’organisation, dans les relations, qui suscitent le changement technique.

Une situation qui est également le résultat d’une innovation agricole orientée essentiellement dans une perspective productiviste (au sens où produire plus était un impératif indiscuté) et dirigée par des politiques étatiques et des instituts de recherche publics dans le cadre de la politique agricole commune. Depuis deux décennies, cette innovation est de plus en plus induite par des firmes privées en amont de la production agricole – firmes agro–chimiques, semenciers, fabricants des machines – et tirée par les exigences des firmes industrielles et commerciales dans un sens de standardisation des produits…

Une évolution qui conduit à mettre les producteurs agricoles dans des rapports de dépendance à l’égard des marchés tant en amont qu’en aval des systèmes agro-alimentaires. Cette évolution tend à concentrer l’innovation dans ces secteurs industriels.

Figure 7 – Matrice de positionnement des acteurs de l’innovation wallon

Tendanciel TransitionTrajectoires

Proc

essu

s

Transfert

Participatif

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3. LA ROUTE DE L’INNOVATIONMise en œuvre par le RwDR, la Route de l’Innovation est un programme de six journées de rencontres avec des agriculteurs engagés dans des pratiques innovantes visant l’autonomie de leur ferme.

La recherche d’autonomie apparaît au premier abord comme un besoin de réduire les coûts d’achats de machines, d’intrants, donc comme une demande « économique » résultant d’abord d’un calcul comptable légitime. Or, l’autonomie est multifacette et touche tant la dimension économique, le mode décisionnel que la technologie, l’alimentation du bétail et la production d’énergie au sein d’une ferme. En général, l’autonomie consiste à produire soi-même ce qui pourrait être acheté sur le marché, ce qui peut générer des économies, de la sécurité. C’est souvent par là que commence l’histoire de ces producteurs… mais cela les conduit souvent plus loin.

La recherche de plus d’autonomie peut impliquer des solutions que certains connaissent et maîtrisent en partie, d’autres pas. Elle repose donc sur de nécessaires complémentarités qui peuvent être identifiées ou relayées par un collectif multi-acteurs formé expressément. Ce collectif représente un support à l’analyse, et est également producteur de connaissances associées ou pas aux valorisations du projet.

La Route de l’Innovation s’est déroulée sur une période de 18 mois et a abouti à un Séminaire européen sur l’Innovation10 organisé les 17 et 18 mai 2018.

3.1. OBJECTIFSDe manière générale, la Route de l’Innovation cherchait à mieux comprendre les mécanismes d’innovation dans les fermes, à susciter des partenariats autour de projets innovants et donc à identifier des actions portées par des agriculteurs que le RwDR et/ou ses partenaires pouvaient soutenir, et à analyser le niveau d’autonomie que ces innovations généraient ainsi que les changements induits.

Tableau 1 – Les objectifs de la Route de l’Innovation

10 Séminaire européen : stimuler l’innovation – Répondre aux enjeux de la ruralitéwww.reseau-pwdr.be/stimuler-innovation

OBJECTIFS GLOBAUX OBJECTIFS SPÉCIFIQUES

Analyser des systèmes innovants intégrant de nouvelles technologies et analyser leurs performances.

Analyser le degré d’autonomie des agriculteurs face aux nouvelles technologies qu’ils adoptent.

Renforcer et valoriser la capacité des agriculteurs à innover.

Analyser les changements induits par l’adoption de nouvelles technologies par les agriculteurs.

Mettre les acteurs en réseau et favoriser le partage de connaissances : construire des ponts entre les acteurs, susciter des réseaux d’innovation.

Susciter la création de partenariats et de projets innovants, que le RwDR ou ses partenaires pourraient soutenir.

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3.2. MODE OPÉRATOIRE

Pour atteindre ces objectifs ambitieux, sept principes directeurs ont sous-tendu le mode opératoire de la Route de l’Innovation. En premier lieu, et conformément au fil rouge de celle-ci – l’autonomie dans la ferme – cinq fermes ayant adopté des pratiques innovantes en vue de gagner en autonomie ont été sélectionnées.

Deuxièmement, un collectif multi-acteurs a été constitué sur base d’invitations lancées aux acteurs du système d’innovation wallon. Ce collectif était composé d’une grande variété d’acteurs dont des agriculteurs, des chercheurs, des agents de développement, des conseillers, des consommateurs, des enseignants, des représentants d’institutions et d’entreprises. Le collectif était renouvelé à chaque journée.

En troisième lieu, une approche ascendante ou participative a été mise en œuvre et opérationnalisée de plusieurs manières. Des fermes innovantes en matière d’autonomie étaient « décortiquées » de façon interactive afin de mettre en évidence les innovations réalisées dans la ferme et pour que l’agriculteur puisse témoigner du chemin parcouru.

Le quatrième principe directeur consistait à placer les agriculteurs au cœur des débats et ce pour que le collectif puisse répondre à leurs préoccupations et à leurs questions-

problèmes. Cinquièmement, il était demandé au collectif de se transformer en reporter, d’investiguer et d’analyser les facteurs qui avaient stimulé l’innovation dans la ferme.

Le sixième principe concernait l’encadrement de ce processus par des professionnels de l’accompagnement, de l’animation de groupes de travail et par des scientifiques.

Et enfin, tous les documents produits dans le cadre de ces journées (méthodes de travail, outils, comptes rendus) étaient régulièrement diffusés via http://www.reseau-pwdr.be/news/route-de-linnovation

Figure 8 – Principes directeurs de la Route de l’innovation

Route de l’Innovation

Un collectif multi-acteurs

Un fil rouge

Transparence du processus

et des résultats

Encadrement par des professionnels

et des scientifiques

Une analyse des facteurs ayant

stimulé l’innovation

Les agriculteurs au centre

des débats

Une approche ascendante

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3.3. PROGRAMME DES VISITESCinq fermes innovantes ont été visitées selon un protocole identique rythmé par deux temps :

• En matinée : visite de la ferme et échanges avec le producteur ;

• Après-midi : analyse de la ferme et du parcours d’innovation, atelier d’échanges entre agriculteurs et personnes de l’encadrement agricole au sens large (animateurs, formateurs, enseignants, chercheurs, fonctionnaires, etc.).

L’objectif était, dans un premier temps, de comprendre comment un agriculteur avait gagné en autonomie dans l’un ou l’autre domaine, les changements qu’il avait opéré, le chemin suivi… Puis, l’après-midi, différentes formules ont été proposées pour favoriser des échanges, de manière à tirer des leçons, à imaginer d’autres projets, à identifier d’autres innovations possibles, favorisant l’autonomie. Il s’agissait aussi de faire réfléchir les partenaires habituels des agriculteurs à leur rôle et leur action dans ces processus.

La 6e et dernière journée fut, elle, différente puisqu’elle ne comportait pas de visite de ferme : elle fut l’occasion de prendre de la distance, de faire le point et d’engranger les résultats des cinq premières étapes, enfin d’imaginer des pistes d’actions concrètes pour aider les agriculteurs à développer

plus d’autonomie, que celle-ci soit décisionnelle, économique et financière, technique, relative à l’organisation du travail ou à l’utilisation de ressources naturelles.

ONT ÉTÉ SUCCESSIVEMENT VISITÉES : 1. une ferme qui est passée en quinze ans

d’un statut de ferme conventionnelle produisant pour l’industrie (céréales, pommes de terre, betteraves) au statut de ferme bio produisant pour le marché local en vente directe tout en continuant une production laitière ;

2. une ferme organisée autour d’une production laitière et de la transformation fromagère tout en assurant l’entretien d’une zone protégée (projet Life) via un troupeau ovin de race rustique ;

3. une ferme productrice d’énergie (biométhanisation) avec maraîchage et vente à la ferme ;

4. une ferme insérée dans un réseau axé sur la conservation des sols à travers différentes techniques de travail et d’entretien des sols mais aussi des productions spécifiques ;

5. enfin une ferme ayant adopté/adapté un robot de traite tout en pratiquant toujours le pâturage.

Figure 9 – Programme de la Route de l’Innovation

Les caractéristiques détaillées relatives aux cinq fermes témoins sont données en annexe 2. Toutes ces fermes ont mis en place plusieurs pratiques novatrices en vue de gagner en autonomie. Ces nouvelles pratiques agricoles englobent de nouvelles techniques (par exemple : production énergétique, séchage du foin en grange, robot de traite, etc.) mais aussi de nouveaux produits (transformation à la ferme…), de nouveaux services (entretien de zones

Jour 1 03/11/2016

• Ferme du Buis-Barry • Leuze-en-Hainaut

• Ferme de Jambjoule • Villers-sur-Lesse

• Ferme des Noyers • Corroy-le-Grand

• Ferme Champignol • Surice

• Ferme Grandjean • Bovigny

• Citadelle de Namur

Jour 2 03/03/2017

Jour 3 13/06/2017

Jour 4 12/10/2017

Jour 5 22/02/2017

Jour 6 19/04/2017

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naturelles, intégration de personnes handicapées, accueil à la ferme…) et de nouveaux circuits de vente. Ce qui a impliqué un travail de re-conception de l’exploitation basée sur une vision systémique et écologique de la ferme.

3.4. ÉTAPES DE MISE EN ŒUVRE

La mise en œuvre de la Route de l’Innovation nécessitait bien évidemment une série d’activités que l’on peut découper en trois phases inhérentes à tout projet.

Parmi ces activités, pointons celles qui ont sollicité le plus d’attention, de temps et de rigueur. D’une part, une activité essentielle était la rencontre des agriculteurs témoins et la visite de leur ferme afin de bien comprendre le chemin parcouru, les innovations déployées et préparer leurs interventions lors de la journée publique. D’autre part, la conception de la méthode d’animation et des outils étaient également capitales vu leurs impacts sur la dynamique des journées, la mobilisation ultérieure du collectif et la qualité des discussions. Enfin, synthétiser les débats et déterminer le suivi le plus adéquat pour les projets ayant émergé des groupes de travail s’est avéré indispensable mais pas toujours possible.

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ÉTAPES PRINCIPALES ACTIVITÉS

Préparation • Identification et rencontres des agriculteurs témoins• Rédaction des présentations• Préparation des outils de travail• Co-définition du déroulement de la journée avec le Conseil Scientifique• Définition de la méthode d’animation• Constitution du collectif multi-acteurs• Organisation logistique

Mise en œuvre Il s’agit des activités entreprises lors de la journée à savoir :• Mise en place et encadrement• Visite de la ferme• Animation des groupes de travail

Rapportage, suivi et diffusion

• Rédaction des comptes rendus• Evaluation par les participants• Publication des comptes rendus sur : http://www.reseau-pwdr.be/news/route-de-linnovation.• Suite à donner aux projets émergeants

Tableau 2 – Les phases de mise en œuvre de la Route de l’Innovation

À chaque étape, de difficultés de différents niveaux ont été rencontrés.

La constitution du groupe multi-acteurs à travers la mobilisation d’agriculteurs et agricultrices, ainsi que des personnes ne travaillant pas dans le secteur agricole représente un réel enjeu. Or, c’est l’interaction entre les différents secteurs qui suscite davantage de créativité et d’innovation.

Certains agriculteurs ne sont pas habitués à échanger avec des pairs, à parler de leurs problèmes ou de leurs questions devant un panel de personnes inconnues par eux.

C’est une difficulté rencontrée lors des moments d’échange et de partage.

L’absence d’indicateurs quantitatifs mesurant les performances économique, sociale, environnementale a affaibli la pertinence de l’analyse des pratiques innovantes.

De nombreuses idées d’actions, de projets ont émergé des ateliers de discussion. Organiser le suivi de ces actions, identifier des porteurs de projet et les parties-prenantes ad-hoc est d’autant plus difficile que la mesure 16.1 du PwDR n’a pas été activée en Wallonie. Cette

situation ne permet pas de fournir aux groupes opérationnels potentiels des moyens financiers indispensables à la réalisation de travaux de recherche et développement.

3.5. MÉTHODOLOGIES ET OUTILS D’ANIMATION DÉVELOPPÉSLes fermes visitées correspondent à des modèles de développement singuliers qui leur confèrent un intérêt particulier en termes d’innovation. Les stratégies mobilisées méritent d’être capitalisées

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selon un canevas permettant de cerner l’ensemble des valeurs qui président la mise en œuvre de ces modèles de développement innovants.

Différentes formules appropriées ont été proposées pour stimuler l’intelligence collective, favoriser les échanges, de manière à tirer des leçons, à imaginer d’autres projets, à identifier d’autres innovations possibles dans le sens de l’autonomie. Il s’agissait aussi de faire réfléchir les partenaires habituels des agriculteurs à leur rôle et leurs interventions possibles dans ces processus.

Lors de chaque étape de la Route de l’innovation, la journée était rythmée par deux temps et basée sur des outils spécifiquement développés :

• Pour le matin, la ligne du temps et la fiche reporter ;

• Pour l’après-midi, l’agricafé et le business model canvas (BMC).

Figure 10 – Ferme Champignol : ligne du temps

LES 4 PRINCIPAUX OUTILS MIS AU POINT PAR LA ROUTE DE L’INNOVATION

• La ligne du temps pour illustrer le processus d’innovation

• La fiche reporter pour analyser le processus d’innovation

• L’agricafé pour stimuler l’émergence de nouveaux projets

• Le business model canvas pour représenter le business model des fermes novatrices

SAU de 75 ha 15 prairies permanentes 20 prairies temporaires 30 ha de céréales 0,4 ha de maraîchage 110 vaches laitières

1996 Reprise de la ferme avec parents, magasin géré par les parents (beurre/fromage)

2006 Biométhanisation et réseau de chaleur pour 1600 logements

2011-2013 Maraîchage, achat serre, passage au bio, obtention du label bio

2016 Biométhanisation : nouvelle cuve, reprise du magasin

Futur : création salle polyvalente, séchage de foin en grange, atelier culinaire, création coopérative producteurs –consommateurs CoopESEM

2000-2005 Chèvrerie

2010 Maraîchage pour consommation privée

2014 Agrandissement du magasin

2017 2 nouvelles serres chauffées avec le biogaz, nouveau hangar de stockage, fabrication de fromage, test de nouvelles recettes

Formation UNAB

Dialogue avec La Surizée asbl

Réseau de maraîcher

Réseau agriculteurs bio

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3.5.1. OUTIL 1 – LIGNE DU TEMPS

Chaque agriculteur témoin était invité à présenter le chemin parcouru depuis la reprise de la ferme jusqu’au jour de la présentation en détaillant les différentes innovations développées au sein de la ferme. Le parcours de chaque agriculteur associé à la Route de l’Innovation a été illustré au moyen d’une ligne du temps comme celle dessinée page 22 (cf. Figure 10).

3.5.2. OUTIL 2 – FICHE REPORTER

Les participants étaient mis en situation d’observateurs et chargés de repérer des éléments ayant suscité le changement et l’innovation. La ferme était analysée sous différents angles afin d’identifier :

1. Ce qui a déclenché l‘innovation, les catalyseurs et facteurs ayant suscité/provoqué les changements opérés au sein de la ferme ;

2. Les acteurs, les partenaires et les informations qui ont été mobilisés et utilisés pour introduire les changements effectués ;

3. Les compétences et les attitudes qui ont favorisé et facilité les changements ainsi que l’évolution de la ferme ;

4. Les changements opérés : nouveaux produits et services développés, nouveaux circuits de distribution utilisés ainsi que les caractéristiques de la clientèle touchée.

Sur base des éléments recueillis par les participants, un premier exercice de synthèse a été réalisé en restructurant les informations autour des dimensions suivantes : méthodes, sources d’informations, compétences, leviers, postures et acteurs externes.

3.5.3. OUTIL 3 – L’AGRICAFÉ

L’agricafé est une méthode d’animation, directement inspirée du world café et adaptée en vue de faire émerger des projets innovants.

MISE EN PLACE DE X TABLES DE DISCUSSION SELON LE NOMBRE DE PARTICIPANTS.

PAR TABLE :

• 1 Hôte : 1 agriculteur avec 1 question-problème spécifique ;

• 1 animateur des échanges et secrétaire : 1 membre de la Cellule d’animation du RwDR ;

• 6-7 participants, les participants changent de table après 20 min.

4 PHASES DE DISCUSSION = 4 CHANGEMENTS DE TABLE

1. Approfondir et reformuler la question-problème de façon à trouver des solutions innovantes ;

2. Identifier des solutions à la question-problème ;3. Identifier les goulots d’étranglement et les

pratiques innovantes ; 4. Décrire en détail la solution choisie en utilisant

le canevas suivant : Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Combien ? Pourquoi ? À quelles conditions ?

WORLDCAFÉ

Dans un 1er temps, +/- 20 personnes sont réparties autour de plusieurs tables de 3 ou 4 participants. Pour favoriser les échanges et éviter la lassitude, le format idéal est de 6 tables. Chacune d’entre elles compte un hôte qui dirige les débats et des ambassadeurs qui y participent. Le but est de mélanger les participants, sans tenir compte de la hiérarchie habituelle. Un cadre peut être ambassadeur tandis qu’un technicien peut être hôte. Tous échangent durant 20 minutes. Puis, afin de favoriser la fertilisation des idées, les ambassadeurs se dispersent à d’autres tables. L’hôte, quant à lui, reste à sa place et explique aux nouveaux arrivants les idées développées lors de la conversation précédente. Après plusieurs tours de table, les participants partagent leurs idées en réunion plénière sous la direction de l’animateur. Ils établissent ensemble la synthèse des discussions et organisent un plan d’actions.11

L’AgriCafé en pratique

11 Source : http://www.educarriere.ci/management/management_details.php? MngtId=Nm238TJi351d563UEf502

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Comme dans le world café, le format tournant a permis d’approfondir la réflexion et d’augmenter le sentiment d’appartenance au collectif rassemblé autour de la Route de l’Innovation.

Le défi étant de trouver des solutions réellement nouvelles et créatives et de sortir des lieux communs, il était demandé aux participants d’appliquer un questionnement itératif en quatre étapes pour bien comprendre le questionnement de l’agriculteur dans toutes ses dimensions et explorer des pistes innovantes pouvant déboucher sur un projet concret.

3.5.4. OUTIL 4 - LE BUSINESS MODEL CANVAS (BMC)Thomas Dogot, membre du Conseil scientifique du RwDR, a, dans un premier temps, identifié des outils qui permettent de caractériser les différentes fermes afin de disposer, en bout de course, d’une vision analytique et comparative des différents modèles de développement rencontrés. Il s’agissait également de privilégier des outils relativement simples, faciles à mettre en œuvre et à s’approprier.

L’outil qui a été finalement retenu est inspiré du « Business Model Canvas (BMC) » qui a initialement été proposé par A. Osterwalder (2008). Depuis la mise au point de cette première version de l’outil, de nouveaux canevas ont été élaborés, en co-construction, par des collectifs de chercheurs et praticiens internationaux, notamment pour adapter ce canevas à des niches spécifiques telles que le Social Business Model Canvas (entreprises à finalité sociale) pour le Mission Model Canvas (ONG, ASBL) ou encore pour les modèles coopératifs.

L’agricafé, en plaçant l’agriculteur au centre des préoccupations, a stimulé de nouvelles collaborations et de véritables partenariats donnant naissance à trois Groupes Opérationnels (GO), cf. 3.6.2. page 30..

Le « (Social) Business (Mission) Model Canvas » est une méthode de construction et un outil synthétique (1 page – 1 image) permettant de représenter de manière structurée et visuelle les différentes composantes (9) du Business model en les disposant sur un canevas préétabli. Ces 9 composantes sont assez intuitives mais l’intérêt de cet outil est de montrer les liens entre ces différentes composantes et d’arriver à une cohérence globale du modèle économique dans une lecture fonctionnelle.

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Partant de ce modèle, le RwDR a poursuivi la philosophie d’un exercice de co-construction en prenant la liberté d’amener quelques nuances et dimensions qui semblent essentielles par rapport aux objectifs de la Route de l’Innovation et aux spécificités de l’activité agricole, où les fonctions de production de biens et services se mêlent aux fonctions sociales et environnementales. Quelques adaptations ont donc été introduites par rapport à la configuration originale.

Le BMC a été utilisé dans deux situations : outil de réflexion pour les discussions de l’Agricafé et outil d’analyse de modèles économiques existants.

• Ce canevas s’est montré être un outil spécialement approprié pour aider à la planification, la discussion, la conception voire l’invention de nouveaux business models dans le domaine agricole.

Ainsi, par exemple, une question portée par un agriculteur et traitée lors d’un

agricafé a permis d’initier une réflexion collective et de faire émerger une piste d’action prioritaire à mettre en œuvre afin de répondre à la question reformulée par le groupe comme suit :

• Quelle(s) structure(s) collaborative(s) permettrai(en)t de récupérer une plus grande maîtrise de la chaine de valeur pour les produits agricoles et de se positionner sur le marché de la consommation finale ?

L’action imaginée visait à encourager l’agriculteur à s’entourer d’un conseil spécialisé pour l’aider à imaginer un business model susceptible de porter les valeurs et les dimensions qui le motivent telles qu’identifiées avec l’aide du groupe. Les principaux défis liés à cette action prioritaire étaient d’accepter de s’ouvrir à un exercice de confrontation de points de vue et d’être entouré par un agitateur d’idées capable de transposer un exercice d’intelligence collective en une stratégie porteuse, un business model original et un business plan opérationnel.

À l’initiative du Conseil Scientifique, cet agitateur d’idées a pris la forme d’un groupe de 4 étudiant(e)s piloté par le Professeur Didier Van Caillie de HEC-Liège.

L’utilisation du canevas pour analyser les modèles économiques de la ferme du Buis et de la ferme de Jambjoule (cf. figures 11 et 12) livre des renseignements intéressants. En effet, si l’on regarde les 9 composantes de leur BMC, on constate que ces deux fermes innovantes partagent des composantes originales parmi lesquelles notamment :

Signalons que l’Agence pour l’Entreprise et l’Innovation (AEI) a adapté le BMC. Dans ce cas, le BMC s’utilise de préférence de manière collective, lors d’un atelier (ou d’ateliers successifs) ou d’un accompagnement réunissant les porteurs du projet ainsi que (éventuellement) des représentants de certaines parties-prenantes clés.

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• La multiplication des sources de revenus grâce à la diversification de leurs activités ;

• La valorisation de synergies entre activités sources de revenus ;

• Le rapprochement du client final en lui offrant un produit de qualité dans le cadre d’un business model B2C (et plus B2B) ;

• La mise en avant de modes de production plus respectueux de l’environnement et/ou du bien-être animal ;

• L’ouverture de la ferme à des publics et appui sur ce réseau assez étendu de partenaires dont des pairs, des associations environnementales, des écoles, etc. Dans ce réseau, remarquons que les fournisseurs (machines, outils, intrants) ne sont pas mentionnés.

Figure 11 – Le BMC de la ferme du Buis

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La construction de leur proposition de valeur c’est-à-dire des bénéfices que le client peut attendre du produit ou du service rendu, repose ici sur une prise en compte d’éléments contextuels significatifs, des produits de qualité, des activités en synergie, un dialogue rapproché avec le consommateur de manière à pouvoir davantage répondre à sa demande, la création de liens sociaux en ouvrant la ferme à d’autres publics que le consommateur visé par les produits mais qui le devient.

Figure 12 – Le BMC de la ferme de Jambjoule

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3.6. PRINCIPAUX RÉSULTATSLa Route de l’Innovation nous livre une série d’enseignements tous très intéressants tant par rapport au processus mis en place, que par rapport aux outils et méthodes utilisés ou par rapport aux résultats tangibles obtenus.

En effet, le processus a permis d’analyser des systèmes innovants et le niveau d’autonomie atteint par ceux-ci, ainsi que de susciter et de construire des ponts entre acteurs. Il a également permis d’identifier et de lancer plusieurs projets. Objectifs atteints donc !

Comme le processus, les outils et les méthodes utilisées ont déjà été largement exposés ci-avant, ce chapitre donne l’analyse de ces systèmes en termes de dynamique d’innovation de l’agriculteur (cf. §3.6.1) suivi d’une courte description des projets initiés suite aux agricafés (cf. §3.6.2).

3.6.1. DYNAMIQUE D’INNOVATION D’UN AGRICULTEURÀ l’échelle de la ferme, comme nous l’avons vu sur la ligne du temps, l’innovation est un processus de longue durée. L’innovation pour l’autonomie, c’est en général un travail de re-conception de l’exploitation, basé sur une vision systémique de la ferme. Ce sont des changements dans les activités résultant d’une grande ouverture vers l’extérieur – les services écologiques, les services sociaux, les relations aux consommateurs – et en appliquant d’autres critères de jugement sur le travail (environnement, santé, bien-être animal, qualité, relation aux consommateurs et voisins…).

L’agriculteur va chercher des complémentarités et va vouloir diversifier plutôt qu’intensifier ou s’agrandir. L’innovation est toujours progressive (pas à pas, essais-erreurs), et est à la fois technique, organisationnelle, sociale. On ne peut donc pas la comprendre simplement en regardant une technique isolée.

Il faut d’abord comprendre l’innovateur.

L’objectif peut être d’avoir plus de temps pour des activités sociales ou éviter la course à l’agrandissement continuel. Et face à cela l’innovateur peut être un peu solitaire, il cherche une solution qui n’est pas toute faite, au risque d’être regardé de travers par quelques voisins ou collègues. Mais l’agriculteur innovant va souvent aller chercher chez d’autres des éléments de solution, se constituer un réseau de connaissances et de collaborations.

Il est clairement apparu qu’une première innovation – revenir à la production de beurre à la ferme, élever un troupeau de moutons rustiques pour l’entretien de réserves

L’innovateur, c’est toujours quelqu’un en recherche, qui veut résoudre un problème et surmonter une difficulté. Un métier qui fait sens et a du sens pour réconcilier labeur et attentes du monde extérieur

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naturelles, adopter la culture sans labour, etc. – n’est souvent qu’un point de départ et que cela va conduire à adopter d’autres techniques, d’autres productions et d’autres manières de faire.

L’innovation c’est alors une trajectoire qui peut s’étaler sur plusieurs années et qui va faire changer tout le système productif de la ferme. Et par exemple faire passer une ferme assez conventionnelle d’élevage laitier et de cultures conventionnelles à une ferme tournée vers la production et la transformation de lait bio et de maraichage en vente directe.

Il faut donc éviter de regarder la seule technique pour regarder le système que constitue l’exploitation avec ses différentes productions, ses différentes techniques, ses différents débouchés, et regarder comment ce système évolue.

Un élément clé dans cette trajectoire nous est apparu dans la conception que l’agriculteur / éleveur se fait de son métier, dans l’idée qu’il se fait de son activité, dans ce qui fait sens pour lui. Ce sens oriente ses choix : s’il est évidemment attentif à la rentabilité de son activité, ce n’est pas la seule, ni même souvent la principale motivation de l’innovation. Ce sens du métier se situe à plusieurs niveaux : sens du métier par rapport aux enjeux globaux, sens du métier par rapport aux animaux qu’il élève, sens du métier par rapport aux consommateurs, sens du métier pour la famille et la suite des générations.

Ces différents sens que peut avoir le métier prennent souvent corps dans les relations

que les agriculteurs entretiennent en dehors de la ferme. Les exploitations innovatrices sont généralement des fermes ouvertes sur l’extérieur, aux questions d’environnement ou de santé, aux questions des consommateurs, aux problèmes du monde. Et le sens du métier c’est une manière de réconcilier le travail concret et journalier et les attentes du monde extérieur.

Que ce soit le séchage du foin en grange, le non labour, la biométhanisation ou la transformation de produits à la ferme, tous ces changements techniques doivent être assumés et maîtrisés. Or les nombreux exemples qui ont été détaillés montrent bien qu’une technique ne vit pas seule. Une technique n’est pas isolée car elle doit s’ajuster dans le système de l’exploitation, et elle doit s’appuyer sur des ressources extérieures à l’exploitation :

• Le séchage du foin en grange suppose une technique adaptée de récolte du fourrage et conduit même à envisager d’autres cultures fourragères.

• Le non labour suppose d’autres outillages qui ne sont pas disponibles immédiatement sur le marché des machines agricoles. Il conduit aussi à une autre manière de gérer les sols, à éviter les pesticides ce qui conduit aussi à d’autres cultures et d’autres marchés.

L’innovation est aussi adoption et adaptation de techniques spécifiques. Une technique ne vit pas seule

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Ce qu’on appelle « verrouillage technologique » ce sont des situations où une innovation se trouve bloquée par l’absence de certaines ressources qui lui sont nécessaires pour s’épanouir. L’adoption d’un clavier d’ordinateur plus efficace que les claviers utilisés (azerty / qwerty) est techniquement possible mais cela représenterait un coût tellement énorme en termes d’investissement matériel (des milliards d’appareils) et humain (changer les savoir-faire de milliards d’utilisateurs) que personne n’y songe vraiment. C’est une sorte de verrouillage « économique » de l’innovation. Il existe d’autres verrouillages technologiques par exemple du fait de réglementations qui interdisent certains procédés comme celle de vente de fromages au lait cru dans certains pays, pour des raisons sanitaires. Les verrouillages technologiques les plus difficiles à surmonter sont les verrouillages cognitifs (ou intellectuels) : quand un type de technologie s’est imposée, on a souvent arrêté de chercher d’autres solutions et c’est alors le manque de connaissances qui constitue le verrou. C’est par exemple le cas de la production fruitière sans pesticides : on a perdu les variétés résistantes, on a perdu les savoir-faire correspondants et on n’a pas cherché à développer les variétés traditionnelles. Les producteurs sont alors enfermés dans les circuits conventionnels qui associent des variétés déterminées, des intrants et des

circuits commerciaux, ainsi que des fruits qui plaisent aux consommateurs…

Les innovations techniques sont souvent rendues difficiles voire impossibles par ces verrouillages technologiques. On peut alors se demander comment des innovations se produisent et se diffusent néanmoins.

3.6.2. PROLONGEMENTSCinq projets ou pistes de travail ont émergé suite aux agricafés. Le premier projet consiste en une refonte d’un business model imaginé par un agriculteur désireux d’acquérir une plus grande maîtrise de la chaine de valeur pour les produits agricoles en se positionnant sur le marché de la consommation finale. Les trois projets suivants constituent les thématiques de travail de trois groupes opérationnels (GO) au sens donné par le PEI-AGRI (voir plus loin) : l’autonomies alimentaire et protéique de volailles, le séchage de foin en grange et le pâturage des intercultures par des moutons. Le cinquième projet fait l’objet d’un groupe de travail qui va se pencher sur le conseil agricole indépendant.

Ces cinq projets visent à renforcer l’autonomie des agriculteurs, la mise en réseau et le développement d’une idée selon une logique ascendante.

L’idée d’un accompagnement d’un entrepreneur, à la tête d’une huilerie familiale confrontée à des difficultés de positionnement stratégique, par des étudiantes de HEC Ecole de Gestion de l’Université de Liège entamant leur première année de Master en Entrepreneuriat et Gestion de Projets Innovants naît d’une rencontre entre Didier Van Caillie de HEC-Liège et Thomas Dogot (membre du Conseil scientifique du RwDR) et du constat commun que, d’une part, les étudiants en sciences de gestion méconnaissent profondément le monde agricole et les potentialités d’innovation et de création d’activités nouvelles responsables qui y sont présentes et, d’autre part, que de nombreux entrepreneurs agricoles méconnaissent ou sont frileux à l’idée d’utiliser des outils de gestion qui leur paraissent abstraits, éloignés de leur réalité, trop théoriques.

De là est née l’idée d’associer, dans le cadre du cours « Strategy and Business Model Generation », Emmanuel Lange, à la tête de l’huilerie Alvenat, et quatre jeunes étudiantes issues de quatre univers différents et entamant un Master original, destiné à promouvoir la création et le redéploiement d’activités nouvelles au sein d’entreprises existantes.

La première rencontre de découverte mutuelle fut étonnante : d’une part, un exposé clair, bref, direct, au cœur du sujet, du problème de positionnement stratégique et des difficultés opérationnelles (gestion de stocks, gestion de trésorerie, gestion de la relation commerciale, etc.)

L’innovation se heurte alors souvent à ce qu’on appelle des verrouillages technologiques

La refonte d’un business model en matière de distribution de produits alimentaires

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et d’autre part, un groupe d’étudiantes visiblement perdues face à l’absence de notes de cours, face à une « boîte à outils » de techniques et de modèles de gestion dont elles devraient vite maîtriser les subtilités et surtout, face à un problème multi-dimensionnels, éloigné apparemment de leurs domaines de spécialisation respectifs. Très vite toutefois, un projet commun est né, une méthodologie a été proposée, expliquée et validée par l’entrepreneur et la mise en œuvre progressive du projet a pu commencer.

Figure 13– Modèle d’analyse PESTEL

Classiquement, il s’est agit d’abord de réaliser une étude dite PESTEL12 de l’environnement politique, économique, sociétal, technologique, environnemental et légal dans lequel l’entreprise évolue en ce début 2018.

Puis il s’est agit de comprendre et de « dessiner » ou modéliser, la manière dont l’entreprise conçoit, produit et délivre ses huiles à base de colza et ses dérivés, et de comprendre quelles activités de gestion l’entreprise déploie (ou pas) pour soutenir son activité quotidienne. Pour ce faire, le modèle traditionnel de la Chaîne de Valeur de Porter a été utilisé. Bien vite, il a montré toutefois, assez logiquement, ses limites et l’image trop factuelle et statique qu’il peut donner d’une activité profondément dynamique et évolutive.

C’est à ce moment que le Business Model Canvas, dans une version adaptée à une activité avec des valeurs sociales et environnementales fortes, a été utilisé pour faire une « photo » de la manière dont, début 2018, l’entreprise génère de la valeur pour ses clients, dans le respect des valeurs propres à la famille qui supporte l’entreprise depuis sa création.

Les chemins de l’entrepreneur et du groupe d’étudiantes se sont alors temporairement séparés. Les étudiantes ont en effet, hors de la présence de l’entrepreneur, analysé de manière (très) critique le modèle qu’elles avaient dessiné, déduisant progressivement les raisons profondes pour lesquelles ce Business Model ne donnait pas les résultats espérés. Elles ont ensuite cherché des solutions rapides, réalistes, pragmatiques à mettre en œuvre pour corriger le tir et amener progressivement la stratégie de l’entreprise sur d’autres rails, davantage créateurs de valeur et porteurs des véritables valeurs de l’entrepreneur et de sa famille. Ces solutions ont fait l’objet d’un double test, un test dit « d’alignement stratégique » pour vérifier qu’elles étaient alignées avec le résultat de l’analyse PESTEL menée initialement et un test dit « d’alignement entrepreneurial » pour vérifier qu’elles étaient

LES 6 FACTEURS MACRO-ENVIRONNEMENTAUX DE L’ANALYSE PESTEL

• Politiques : stabilité gouvernementale, politique, fiscale, protection sociale, commerce extérieur, etc.

• Économiques : cycle économique, évolution du PNB, taux d’intérêt, politique monétaire, inflation, chômage, revenu disponible, etc.

• Sociologiques : démographie, distribution des revenus, mobilité sociale, consumérisme, niveau d’éducation, attitude de loisir et de travail, etc.

• Technologiques : dépenses publiques en R&D, investissements privés sur la technologie, nouveaux brevets ou découvertes, vitesse de transfert technologique, taux d’obsolescence, etc.

• Écologiques : lois sur la protection de l’environnement, gestion des déchets, consommation d’énergie, etc.

• Légaux : lois sur les monopoles, droit du travail, législation sur la santé, normes de sécurité, etc.

12 L’analyse PESTEL (Politique, Économique, Sociologique, Technologique, Écologique, Légal) est un modèle permettant d’identifier l’influence (positive ou négative) que peuvent exercer, sur une organisation, les facteurs macro-environnementaux.

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alignées avec les valeurs fondamentales véhiculées par la famille et qu’elles rencontreraient dès lors leur adhésion.

Une fois ces deux tests réussis, l’heure de vérité a sonné et l’élaboration technique et financière d’une solution à proposer à l’entrepreneur a débuté. Elle a débouché au final sur un plan d’action stratégique à mettre en place, sur une liste d’actions à mener au cours des prochains mois et sur une série d’outils déjà préparés pour permettre le contrôle de la bonne mise en œuvre du plan proposé (outils notamment de suivi de la trésorerie et de suivi de la rentabilité des produits et des clients ou segments de marché privilégiés).

Au final, l’ensemble a été présenté à l’entrepreneur, lors d’un débat interactif constructif qui a permis d’affiner la solution proposée en la rendant encore plus compatible avec les aspects plus informels d’une réalité de terrain pas toujours évidente à cerner au premier abord. Depuis, l’entreprise a fait un certain nombre de choix, largement inspirés de la solution proposée, et est repartie sur des rails désormais bien en phase avec la réalité de l’environnement de l’entreprise et les valeurs fondamentales de l’entrepreneur et de sa famille.

L’objectif est de renforcer l’autonomie protéique et alimentaire des poulets de chair conventionnels et indirectement d’éliminer progressivement le soja OGM traité au glyphosate de l’alimentation des poulets.

Les membres du GO sont des agriculteurs, le CRAW, l’ULiège, la SOCOPRO et le RwDR.

L’une des premières activités du GO était la visite d’une ferme d’élevage de volailles en Pologne qui fabrique des aliments à la ferme. Cette visite a confirmé la faisabilité de ce projet en tous cas pour une partie des ingrédients entrant dans la composition d‘aliments pour volailles.

Par ailleurs, une réflexion a été menée au sein du groupe concernant la valorisation de cette démarche auprès d’acheteurs et de consommateurs. En effet, les acheteurs achètent les volailles conformément à un cahier des charges. Il est donc nécessaire de les impliquer dans la démarche ainsi que d’autres parties-prenantes comme l’AFSCA, et des fabricants de suppléments alimentaires indispensables.

Le séchage de foin en grange vise à produire un foin de qualité synonyme de lait de qualité, ce qui suppose une réflexion sur les types et les espèces de fourrage à produire

(notamment les légumineuses), ainsi que sur les options de production d’énergie (biomasse, biométhanisation). En particulier se pose la question de renforcer l’utilisation rationnelle de l’énergie (isolation, techniques de pré-séchage, design des circuits d’air, de matière, consommation des équipements ou solutions : chauffage solaire, griffe, engins…).

La récolte du foin à sécher n’est pas la même que pour l’ensilage ou la fenaison : transport et manipulations devront être adaptés. Le séchage doit se faire rapidement et sans surchauffe, en respectant certaines précautions. La valeur ajoutée attendue, apportée par le foin séché en grange, concerne tant la santé et le bien-être animal que la qualité du lait obtenu, voire celle de la viande.

L’installation d’un séchage en grange réclame une réflexion complète en fonction :

• Du type de matériel et outils existants ou à remplacer, et dispositions des infrastructures actuelles ou envisagées.

• Des sources d’énergies disponibles.

• Des possibilités de mutualisation et/ou de séchages connexes (bois, grains, digestat, autres produits).

• Du type d’équipements proposés sur les marchés européen et wallon : génie civil, cellule et hangar, ventilateur, chaufferie, déshumidificateur, griffe, autochargeuse…

GO1 - Autonomie alimentaire et protéique chez le poulet de chair « FeedPoulWall »

GO2 - Séchage de foin en grange / lait de foin

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Les membres du GO sont des agriculteurs éleveurs, le CARAH, l’école d’agronomie EPASC à Ciney, les formagers, Agraost, Fourrages Mieux et le RwDR.

Les activités entreprises ou programmées par ce GO regroupent la création de l’asbl ProLaFow (AG constituante en juillet 2018), la rédaction d’un carnet sur le séchage de foin en grange et en balles, la cartographie des fermes pratiquant le séchage de foin en grange, la création d’un label de produits de transformation du lait de foin. Le GO bénéficie de synergies avec le projet Inno4Grass financé par H202013.

Au-delà du rôle réglementaire de piège à nitrate des intercultures hivernales, celles-ci ont une multitude de fonctions agronomiques et écologiques. Le pâturage de celles-ci par des ovins est intéressant aux niveaux agronomique, économique ou écologique. Les moutons éliminent le couvert sans impacts négatifs sur le sol et sa structure, au contraire puisqu’ils restituent l’azote et d’autres éléments fertilisants. En outre, cela permet d’économiser un passage mécanisé. Du côté des moutons, les bénéfices sont multiples : les couverts répondent largement à leurs besoins en termes de gestation, lactation et

13 https://www.inno4grass.eu/fr/projet

GO3 – Pâturage des cultures dérobées par les ovins

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entretien, l’engraissement des agneaux peut s’envisager. Des moutons pâturant apportent en outre un effet positif sur l’image de l’agriculture.

Les membres du GO sont des éleveurs d’ovins, des cultivateurs, Gembloux Agro-Bio Tech, la SOCOPRO, l’ULiège, et le RwDR.

Le GO vise la promotion de cette pratique, la création de partenariat entre éleveurs et cultivateurs, la co-construction de schémas d’articulation territoriale où les intérêts économiques et agronomiques de chaque partie sont pris en compte. Le GO bénéficie de synergies avec le projet DiverIMpact financé par H202014.

Les agriculteurs ayant participé à la Route de l’Innovation relèvent que le cadre wallon actuel entrave un conseil objectif, neutre et freine le développement de pratiques innovantes en agriculture dont ils auraient besoin. Cela est renforcé par les résultats de l’enquête menée récemment par la SOCOPRO dans le cadre du plan de recherche triennal wallon.

Bien que le système agricole indépendant existe en Wallonie, celui-ci est fortement fragmenté et œuvre de manière erratique et

peu efficace en regard des enjeux auxquels est confronté l’agriculteur wallon, dans un contexte où celui-ci est amené à faire évoluer ses pratiques. Ils demandent d’avoir accès à des services de conseils indépendants (objectivité), ciblés et s’appuyant sur la connaissance des producteurs.

Le groupe de travail s’attache à (re)définir les contours du métier de conseiller agricole indépendant et neutre, ainsi que ses valeurs, dans une dimension collective et « matricielle » (multi-modèles), favorisant l’accès des agriculteurs à des connaissances variées, complexes tout en travaillant le développement de l’esprit critique et d’analyse des agriculteurs, afin de les outiller pour une valorisation efficace du conseil, dans une logique « système ». Il est également indispensable qu’il explore les pistes de financement permettant, à court, moyen et long termes de faire émerger et perdurer un système viable.

3.6.3. THÈMES DE RECHERCHE ET DE DÉVELOPPEMENT

D’autres idées de projet, de recherche et de développement ont émergé suite aux agricafés et groupes de travail de la Route de l’Innovation. Un tableau plus détaillé est donné à l’annexe 3.

Ces idées peuvent être classées selon les catégories suivantes :

1. Compétences des agriculteurs, des ouvriers agricoles et des conseillers ;

2. Accès à une main d’œuvre qualifiée ;

3. Conseil agricole indépendant et neutre ;

4. Relations agriculteurs-consommateurs : il s’agit d’identifier, de tester et de développer de nouveaux dispositifs et modes de communication entre agriculteurs et consommateurs ;

5. Promotion des produits agricoles : développement d’une stratégie marketing permettant au producteur de garder la maitrise de son image ;

6. Soutien à l’innovation en agriculture : mise en place d’un dispositif d’aide financière (chèque innovation, soutien financier au démarrage…) et les conditions d’accès ;

7. Vulgarisation de solutions en matière d’autonomie auprès de tous les agriculteurs ;

8. Technologie SMART : recherche sur la rentabilité de systèmes SMART avec benchmark et développement de solutions opensource.

Les deux premiers thèmes relatifs à la formation sont l’objet de la mesures 1.1 Formation et acquisition de compétences du PwDR, mesure finalement non activée dans le PwDR 2014-2020.14 https://www.diverimpacts.net

Groupe de travail sur le conseil agricole indépendant et neutre

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Dans ce chapitre, nous avons choisi de présenter quatre pratiques européennes différentes, qui visent l’innovation en agriculture et qui ont développé des approches novatrices pour valoriser et stimuler les potentialités présentes.

Il s’agit des quatre pratiques suivantes :

• Au niveau européen, le PEI-Agri Partenariat européen d’innovation agricole « Productivité et développement durable de l’agriculture » met en œuvre un modèle d’innovation interactif ;

• Agrispin est un projet européen visant à analyser des pratiques en matière d’innovations agricoles afin d’en tirer des leçons sur les processus d’innovation, l’environnement nécessaire à l’innovation et le rôle des différents acteurs de l’AKIS en matière d’innovation ;

• En France, le Réseau CIVAM rassemble des acteurs du développement agricole et rural ;

• En Région flamande, Innovatiesteunpunt est un organisme dédié à l’innovation dans le monde agricole et rural à travers des formations, un accompagnement personnalisé et la mise en œuvre de méthodes novatrices pour stimuler l’innovation dans le monde rural.

Ces pratiques européennes sont sources d’inspiration et peuvent fournir des éléments de réponse aux besoins spécifiques du système d’innovation wallon. Elles permettent également d’ouvrir des pistes à explorer pour répondre aux problèmes soulevés lors de la Route de l’Innovation. Ainsi et comme décrit précédemment, le système innovation agricole wallon doit améliorer son efficacité globale, en créant notamment davantage de synergies entre les acteurs et en valorisant davantage le potentiel

d’interaction élevé entre ces acteurs. Autant d’enjeux auxquels ces approches européennes tentent de répondre de manière novatrice.

4.1. PEI – AGRIPEI-AGRI15 est un dispositif créé par la DG Agriculture et développement rural (Commission Européenne) pour stimuler l’innovation à travers la coopération, l’accélérer en intégrant différentes sources de financement de manière à permettre d’atteindre ensemble un même objectif. Le PEI-AGRI tente de relier des politiques, de faire en sorte que ces politiques soient plus alignées et plus compréhensibles pour les utilisateurs finaux.

Un réseau des PEI-AGRI a été créé et est géré par la Commission européenne pour faciliter la diffusion de connaissances, la collecte de bonnes pratiques, la communication, la recherche et la création de partenariats.

4. PRATIQUES EUROPÉENNES VISANT À STIMULER L’INNOVATION

15 https://ec.europa.eu/eip/agriculture/

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4.1.1. PHILOSOPHIE DU PEI-AGRI : APPROCHE ASCENDANTE ET MULTIDISCIPLINARITÉ

Le PEI-AGRI rassemble des agriculteurs, des conseillers, des chercheurs, des entreprises de l’agroalimentaire, des ONG et d’autres secteurs partenaires de l’innovation dans l’agriculture et la sylviculture. Il incite la constitution de partenariats multi-acteurs pour faciliter les échanges de connaissances et la prise en compte des connaissances issues de la pratique (innovation ascendante).

4.1.2. UNE MÉTHODE DE TRAVAIL BASÉE SUR LE CONCEPT D’INNOVATION OUVERTELe concept d’innovation ouverte est concrétisé à travers la formation de groupes opérationnels (GO) multidisciplinaires et d’autres projets multi-acteurs financés par le 8e programme cadre européen de recherche H2020.

Le modèle d’innovation interactif vise :

• Un apprentissage mutuel entre les praticiens et les autres acteurs clés

(chercheurs, formateurs, experts technique …) ;

• De nouvelles formes de média et de technologies de l’information qui favorisent la collaboration entre acteurs et l’échange de connaissances ;

• Le renfort des synergies et de la coopération entre les différentes parties d’un AKIS, entre les différents secteurs, les orientations, les institutions et les organisations ;

• La connaissance des besoins des agriculteurs et des autres acteurs en matière de création et d’accès à l’information et à la connaissance.

Pour être efficace, les GO travaillent sur des projets précis, avec une durée de vie assez courte d’environ 1, 2 ou 3 ans… Cette courte durée est liée au fait que, dès leur création, un objectif final précis est défini. Il s’agit d’être opérationnel, d’éviter la théorie pure, et de travailler sur des défis concrets. Il s’agit aussi d’utiliser au mieux diverses connaissances : pratique, technique, scientifique… et ce de manière interactive. Dans ces GO, les acteurs clés sont présents à savoir fermiers, chercheurs, ONGs, industries… avec chacun un rôle précis de manière à atteindre les objectifs du projet et à partager les résultats.

Selon le PEI-AGRI, un groupe opérationnel (GO) a pour objet de rechercher des solutions concrètes et pratiques à un problème ou une opportunité innovante. Il se compose de plusieurs partenaires ayant un intérêt commun dans un projet spécifique d’innovation pratique. Ils doivent provenir d’une combinaison diversifiée de milieux pratiques et scientifique, variable d’un groupe opérationnel à l’autre (agriculteurs, scientifiques, acteurs de l’agroalimentaire, conseillers techniques, etc.). Il est orienté « actions » et « résultats ». Les partenaires d’un groupe opérationnel doivent être prêts à coopérer avec d’autres acteurs et partager les résultats obtenus au sein du réseau européen. De cette façon, d’autres groupes du réseau EIP-AGRI peuvent bénéficier de leur travail.

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4.1.3. LE PEI-AGRI EN PRATIQUE : 3.200 GO D’ICI 2020

Fin 2018, 7 états membres et 89 programmes de développement ruraux (PDR) avaient formé des GO (un état membre peut disposer de plusieurs PDR). Au total, la DG-Agri s’attend à avoir 3.200 GO d’ici 2020. Dans ce cas, le rôle du PEI-AGRI est important car il soutient et stimule la collaboration entre les projets et finance leur préparation. Le PEI organise également de nombreux évènements pour connecter les GO en Europe, et construire un réseau européen de GO.

Parmi les thématiques traitées, on retrouve la chaine d’approvisionnement, le climat, la biomasse, les forêts, l’énergie… Les 5 domaines les plus populaires sont :

• La protection des plantes ;• L’agriculture de précision ;• L’agro-environnement ;• Les nouvelles chaines d’approvisionnement ;• L’agriculture biologique.

4.2. LE PROJET EUROPÉEN AGRISPIN

AgriSpin16 est un projet de 2 ans et demi financé par H2020. Cela consistait en un inventaire et une analyse de 50 pratiques en matière d’innovation agricole mises en œuvre / testées dans 12 pays européens : Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Lettonie, Pays-Bas et Roumanie. Il s’agissait de mieux comprendre le fonctionnement de différents systèmes d’innovation agricole en posant une série de questions comme par exemple :

• Comment l’agriculteur européen recherche-t-il l’information et

le soutien dont il a besoin ?• Quelles compétences attend-il du conseil ?• Quel type de support est offert aux agriculteurs ?• …

Il en résulte une documentation abondante dans laquelle on peut trouver :

• 25 recommandations réparties selon qu’elles traitent des conseils agricoles, des acteurs du système d’innovation, du rôle spécifique des autorités publiques, des organismes de recherche ;

• Un modèle d’innovation, reprenant les 7 étapes d’un processus d’innovation, brièvement présenté ci-après (cf. Figure 14) ;

• Une typologie des pratiques en matière d’innovation ;• Un guide méthodologique pour l’analyse des cas et les

visites de terrain ;• Des outils d’évaluation de l’innovation.

Figure 14 – La spirale de l’innovation

16 http://www.agrispin.eu

Initial idea

Planning

Realisation

Embedding

Dissemination

Inspiration

Development

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Précisons que cette spirale n’est pas un outil de planification mais un outil qui veut attirer l’attention sur les sept éléments d’un processus d’innovation, itératif par essence. Ces sept phases ne se déroulent donc pas selon une logique linéaire de « fin à début ». Au contraire, un processus d’innovation est fait d’allers-retours et certaines de ces phases peuvent se dérouler concomitamment.

Les organisateurs de la Route de l’Innovation observent que les agriculteurs innovants wallons traversent également ces sept étapes, en tous cas les six premières. La phase de diffusion est insuffisante et souvent limitée à des cercles restreints (membres d’organismes ou de réseaux). La phase « ancrage » est négligée voire inexistante en Wallonie.

4.3. RÉSEAU CIVAM

Le réseau CIVAM17 est un acteur associatif du développement agricole et rural qui œuvre depuis plus de 50 ans pour des campagnes vivantes et solidaires françaises. Ses spécificités sont les suivantes :

• Référence aux valeurs de l’éducation populaire ;

• Place essentielle des agriculteurs et des ruraux dans l’évolution des pratiques agricoles et du développement des campagnes ;

• Rôle des groupes dans l’innovation au sein du réseau ;

• Échange et partage entre les animateurs du réseau et avec des partenaires multiples et variés qui favorisent l’essaimage des nombreuses initiatives au sein et en dehors des CIVAM ;

• Une vision du développement agricole et rural qui s’appuie sur les savoir-faire, les expériences, les énergies des agriculteurs et des habitants des territoires qui complètent et enrichissent les recherches scientifiques et le conseil technique qui en découlent.

LA SPIRALE D’INNOVATION IDENTIFIE 7 PHASES QUE SONT :

1. L’idéation : partir d’une idée initiale ;

2. L’inspiration : faire appel au réseau actif et former une « dream team » qui peut enrichir / améliorer l’idée initiale ;

3. La planification : dans le cadre d’un espace d’expérimentation ;

4. Le développement : mise en œuvre d’un projet pilote ;

5. La mise en œuvre : par adaptation du pilote aux différents contextes ;

6. La diffusion : partage, communication sur les différentes expériences ;

7. L’ancrage : intégration de l’innovation dans les politiques, les programmes et son appropriation par les acteurs. Ce dernier point est souvent négligé alors qu’il est crucial pour un réel impact de l’innovation.

17 http://www.civam.org

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Figure 15 – Le Réseau CIVAM

OBJECTIFS

• Promouvoir une agriculture innovante et respectueuse de l’Homme et de son environnement ;• Contribuer au maintien du tissu social et économique des zones rurales ;• Favoriser l’émancipation intellectuelle, sociale et économique des adhérents des CIVAM et plus largement des agriculteurs et

des habitants des zones rurales via une approche d’éducation populaire.

Chiffres clés : 13.000 adhérents dont 11.000 paysans, 130 groupes locaux ou départementaux, 13 fédérations régionales, 250 salariés dans le réseau (dont 17 pour la structure nationale), 12 millions € de budget consolidé du réseau, 20 membres au Conseil d’Administration national (paysans ET ruraux).

MISSIONS

• Animation de la vie du réseau• Capitalisation, analyse et diffusion des initiatives• Veille et prospective• Représentation auprès des institutions nationales ou européennes• Contribution à l’élaboration des politiques publiques• Information et communication

AXES DE TRAVAIL

• Systèmes de production économes et autonomes• Systèmes agricoles et alimentaires territorialisés• Accueils et échanges en milieu rural• Transmission et création d’activité

INNOVATIONS

• Une méthode adaptée : l’accompagnement, un effet démultiplicateur : le collectif, une démarche ascendante : le territoire / le groupe local

• Une approche systémique : l’agriculture ET le rural / agriculture et alimentation…

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4.4. INNOVATIESTEUNPUNT EN FLANDREInnovatieSteunPunt (ISP)18 est le centre flamand d’innovation pour l’agriculture et le développement rural, situé à Leuven. Il a été fondé il y a 15 ans par le Boerenbond, union des agriculteurs flamands et la coopérative Cera, auxquels se sont jointes aujourd’hui la Landelijke Gilden et la banque KBC.

4.4.1. MISSIONSSes missions sont doubles. Il s’agit d’une part d’informer et d’inspirer les agriculteurs sur les nouveaux défis et les opportunités à saisir en matière d’innovation, d’autre part de soutenir le développement et la mise en œuvre de projets concrets. Le but ultime est de renforcer la durabilité économique, environnementale et sociale du monde agricole.

4.4.2. ACTIVITÉSCe centre de support à l’innovation agit comme un courtier de l’innovation. Il crée des groupes autour de projets de recherche très concrets et autour d’actions innovantes, technologiques ou sociales. Dans le but de connecter les acteurs, le centre organise des séances de brainstorming autour de défis sociétaux. Il anime des projets, appuie les agriculteurs dans la recherche et la mise en œuvre de nouveau systèmes économiques et organise des activités diverses pour susciter l’innovation comme des concours, des voyages en bus dédiés à l’innovation, des groupes de conseillers à la ferme…

Concrètement, ISP organise de multiples activités comprenant :

• L’organisation de modules de formation et de séminaires ;

• Des visites d’étude ;

• La diffusion d’information via un site web, des infolettres électroniques dédiées à l’innovation, la publication d’articles dans des magazines spécialisés… ;

• L’accompagnement via des conseils personnalisés ;

• Le soutien de projets transfrontaliers ;

• La transposition d’approches innovantes d’un secteur à l’autre ;

• Le soutien à la mise en œuvre de partenariats…

4.4.3. MÉTHODES NOVATRICESISP a développé des approches et méthodes novatrices pour stimuler l’innovation en agriculture. L’une d’entre elles a d’ailleurs été sélectionnée par AgriSpin et analysée dans le cadre de ce projet européen.

• Agrocoach : Chaque semaine, un expert est invité à discuter avec un groupe de 10 agriculteurs sur des thématiques particulières (organisation du travail, gestion des ressources humaines, organisation pendant les pics saisonniers…) dans le but d’innover au sein de leur exploitation. Cela demande l’implication et la confiance des agriculteurs qui doivent pouvoir donner et expliquer des informations relatives à leur exploitation (comptabilité par exemple). Ces sessions sont formatrices et permettent aux agriculteurs de développer leur réseau à l’instar d’un réseau d’apprentissage.

• Food Innovation Tour : Avec le soutien de la province d’Anvers et de Flanders DC (District of Creativity qui stimule les TPE et PME à innover), ISP a lancé « Antwerp Innovation Academy on Tour ». Il s’agit d’un cours pratique intensif d’une journée pour aider les agriculteurs à développer des idées innovantes et à identifier les opportunités de marché. Ainsi, une vingtaine d’agriculteurs se sont déplacés en bus

18 http://www.innovatiesteunpunt.be/nl

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vers Canterbury en Angleterre à la recherche d’innovations en matière de produits et d’emballage (marketing). Grâce à la visite de plusieurs épiceries pour observer les types de produits vendus, leur emballage et leur présentation en fonction du public cible, et à la rencontre d’entrepreneurs novateurs dans différents secteurs, les agriculteurs ont été amenés à réfléchir différemment pour imaginer de nouveaux produits. Tout au long du voyage, ils étaient accompagnés par des experts provenant d’autres secteurs (collaboration Nord/Sud, journalisme, financier, marketer…) qui les ont aidés à identifier et développer des idées créatives par croisement d’idées. Des outils de stimulation de la créativité ont été développés… à la fin de la journée, chaque agriculteur est reparti avec au moins une nouvelle idée à développer. Ensuite le conseiller en innovation prend le relais et les accompagne pour développer leur idée à leur rythme.

• Innovation Academy : 5 sessions d’un jour, chacune avec un expert d’un secteur économique différent, destinées à faire ressortir l’innovation au sein des exploitations agricoles. Méthodologie inspirée de la manière qu’on les enfants des rues à trouver des astuces pour survivre au quotidien.

• Prix de l’Innovation.

• L’advisory board ou conseil consultatif : Paul et Veerle hésitaient entre les possibilités de développement de leur exploitation. Fallait-il réduire ou agrandir leur gamme de produits ? Répondre davantage aux possibilités touristiques de la région ? Scinder la chèvrerie de l’unité de transformation ? Quel serait l’impact financier sur la ferme ? De nombreuses questions restées sans réponse car ils ne disposaient pas des compétences suffisantes pour y répondre. Après avoir contacté InnovatieSteunPunt, ils se sont intéressés à la mise en place d’un « conseil consultatif » réunissant plusieurs personnes capables de les accompagner dans leurs prises de décision et l’élaboration d’un business plan stratégique.

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5. PERSPECTIVES DE TRAVAIL

La Route de l’Innovation s’est avérée être un outil intéressant pour identifier des innovations agricoles à promouvoir mais aussi pour valoriser et faire avancer ou accélérer le développement de nouvelles idées. Comme expliqué précédemment, un innovateur n’innove jamais seul, et, par conséquent, le soutien d’un collectif est vraiment important. L’échange entre pairs, voire la communauté de pratiques, est donc un outil intéressant à mettre en place pour soutenir le développement d’innovations en Wallonie.

Le thème de l’autonomie est porteur car cela permet de récupérer une plus grande maitrise de la chaine de valeur et de générer des économies de coûts. Comme elle implique une vision à 360° de la ferme et qu’elle peut concerner tous les aspects d‘une exploitation agricole, elle ouvre de nombreuses voies d’innovation. Le thème est fédérateur et transversal. Au niveau de la ferme, cela permet aussi à l’agriculteur de retrouver du sens. On a vu que de nombreux agriculteurs étaient demandeurs de solutions pour gagner en autonomie et que la diffusion de ces solutions auprès du plus grand nombre était importante.

Des constats ont également été tirés par rapport au fonctionnement de l’AKIS wallon. Son évolution est nécessaire pour être en capacité de répondre aux enjeux d’une agriculture durable, pour plus d’efficacité et pour être davantage à l’écoute des besoins des agriculteurs.

Afin d’être pertinent pour les agriculteurs, l’accompagnement de ces derniers en matière d’innovation doit tenir compte du contexte des exploitations et prendre en compte leurs perceptions : la R&D devrait davantage favoriser une approche ascendante pour mieux entendre et répondre aux besoins des agriculteurs.

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Les enseignements tirés de la Route de l’Innovation suggèrent notamment :

• D’améliorer la circulation de l’information au sein de l’AKIS (coûts, infrastructures) et de permettre aux agriculteurs de participer aux différents modèles de partage de données mis en place notamment par les pouvoirs publics ;

• D’améliorer l’efficacité et la fiabilité des dispositifs d’accompagnement et la prise en compte de la complexité de l’activité agricole ;

• De favoriser les interactions sociales, la coopération et les synergies entre tous les acteurs (agriculteurs, conseillers, chercheurs, formateurs, consommateurs, etc.) via des approches et des dispositifs multi-acteurs (communautés de pratiques et/ou de groupes opérationnels multidisciplinaires) ;

• D’inclure davantage les agriculteurs dans le processus d’innovation en développant partenariats et démarches de recherche appliquée ;

• D’intégrer la culture de l’innovation à travers l’éducation et la formation des acteurs ruraux, notamment agricoles, car elle est essentielle pour favoriser la diffusion et l’adoption d’innovations ;

• De développer/renforcer le rôle des conseillers indépendants ;

• De créer un dispositif financier en faveur de l’innovation et de la prise de risque en agriculture ;

De façon plus globale, un des enjeux aujourd’hui est de favoriser une recherche agricole axée sur l’innovation, en valorisant l’écosystème PEI-AGRI mis en place au niveau européen. Il s’agit notamment de :

• Coordonner les projets financés par les pouvoirs publics à travers des ateliers communs et des plates-formes intégrées ;

• Faciliter les synergies entre EIP-AGRI (H2020, le FEADER), INTERREG pour la coopération territoriale et Erasmus+ pour l’éducation et la formation (approche basée sur les défis) ;

• Créez de petits réseaux d’acteurs sur le modèle des groupes opérationnels (GO) ;

• Traduire les documents produits au plan national et européen dans une langue et un langage accessible aux acteurs de terrain afin de faciliter le dialogue autour des résultats de recherche ;

• Augmenter les ressources du développement rural pour la création de GO, y compris transfrontaliers ;

• Développer des solutions techniques et des mécanismes permettant aux parties prenantes de collaborer sur toutes les questions liées à la

collecte, à la normalisation et à la gestion des données ;

• Favoriser le développer et l’intégration de l’innovation au sein des petites exploitations ;

Aujourd’hui, l’émergence d’une agriculture innovante requiert sans doute de :

• Créer les conditions d’une analyse comparative neutre des innovations et technologiques agricoles « intelligentes », y compris en matière d’analyse coûts / avantages ;

• Mener des recherches et des démonstrations indépendantes et neutres avec une grande variété d’agriculteurs, de sols et de cultures ;

• Développer de nouveaux modèles économiques et commerciaux ;

• Diffuser les expériences réussies au niveau des fermes, favoriser les échanges entre pairs ;

• Augmenter la participation des start-ups, instituts de recherche appliquée et industries aux GO, fermes de démonstration, etc. ;

• En matière de nouvelles technologies, favoriser des codes de bonne conduite en matière d’utilisation des données et accroître la transparence des accords contractuels entre agriculteurs et fournisseurs d’équipements ;

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• Promouvoir les politiques de données ouvertes et transparentes en agriculture et soutenir le développement de plateformes de données agricoles publiques-privées ;

• Améliorer la qualité des données disponibles et encourager le transfert automatique des données et promouvoir les normes d’interopérabilité des nouvelles technologies ;

• Augmenter les investissements publics pour assurer la connectivité à large bande en milieu rural.

La Route de l’Innovation a ouvert la voie et montré le champ des possibles : la multidisciplinarité fonctionne, l‘échange entre pairs est pertinent, une partie des agriculteurs wallons sont en capacité d’innover et peuvent témoigner de leurs parcours.

Les voies ouvertes par les ateliers de discussion et les débats du séminaire européen sur l’innovation sont nombreuses et devraient être prises en compte pour faire évoluer les mesures du PwDR et rendre l’agriculture wallonne compétitive et durable.

Vu l’importance pour l’innovation de l’échange entre pairs mais aussi dans des groupes multi-acteurs, la mesure 16.1 devrait être activée en Wallonie. Vu les demandes en formation, la mesure 1.1 devrait l’être aussi et les cursus mis à jour.

Aussi et comme l’illustre la spirale de l’innovation (cf. Figure 14), la diffusion de l’innovation et son ancrage ou son intégration dans les politiques et les programmes devraient être des points d’attention et être suivis d’actions.

La méthodologie de la Route de l’Innovation et ses dispositifs ont été partagés au sein du projet H2020 Inno4Gras (https://inno4grass.eu/en/) auquel est associé le RwDR. Dans ce projet, la tâche 3.4 prévoit la tenue de rencontres « Recherches et pratiques » basées sur les mêmes principes que ceux de la Route de l’Innovation. La démarche consiste à identifier des agriculteurs innovants et de s’appuyer sur leurs expériences pour les analyser dans une rencontre multi-acteurs sous-tendue par une méthode d’animation rigoureuse. La méthode de l’agricafé a notamment inspiré les partenaires des huit pays associés dans ce projet européen. Certains agriculteurs innovants de la Route de l’Innovation ont fait l’objet de fiches descriptives dans le projet Inno4Grass19. Ce projet se termine fin 2019, mais on peut déjà consulter des résultats sur le site Encyclopedia Pratensis20.

19 Ferme du Buis : https://www.encyclopediapratensis.eu/product/inno4grass/pierrecossement/ Ferme Jambjoule : https://www.encyclopediapratensis.eu/product/inno4grass/bernardconvie/Ferme de la Croix de la Grise : https://www.encyclopediapratensis.eu/product/inno4grass/fermedelacroixdelagrise/20 Encyclopedia Pratensis : https://www.encyclopediapratensis.eu/encyclopedia_pratensis/

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6. ANNEXESAnnexe 1 – Cartographie des acteurs de l’innovation agricole en Wallonie21

21 pour voir cette carte en Haute Résolution, rendez-vous à l’adresse : http://bit.ly/CartoAgriculture

Agriculteurs

Conseils & servicesd'accompagnement

Agriculture de Conservation Giser . BASE. TCS

Agriculture BiologiqueOrganismes Certificateurs

Autonomie Elevage

Maraîchage

Diversification & Circuits courts

Agriculture socialeet accueil à la ferme

Nos Oignons

asbl

Accompagnement psychosocial, financier, juridique

Gestion de terres Agriculteurs Entrepreneurs

Environnement & Nature

Innovation

SAACE

Financement alternatif & participatif

Organisations de producteurs

OrganisationsProfessionnelles

CETA Wavre-Perwez-Jodoigne

Ceta BioHesbaye

Comices Jodoigne

Confréries Confrérie du Porc Piétrain

Réseaux d'agriculteurs

Fermes Novatrices

Réseaux d'agriculteurs

Administration & services publics

Services agricolesProvinciaux

Communes Gal"CLDR" & "CAC"

Orp-Jauche Hélécine Beauvechain Jodoigne Perwez Incourt Ramillies

L'objectif de Réseau (RwDR)est de faciliter les liens et faireinteragir tous les acteurs du

développement rural en Wallonie en vue de stimuler les échanges

de pratiques, de savoirs, etc.

Tous les "membres" du Réseau sont mentionnés par une croix verte.

Une synthèse est reprise en p.6.

GAL's Wallons

Brabant & Hesbaye

Culturalité en Hesbay e Brabançonne

Je suis Hesbignon/H

Burdinale Mehaigne / Bw&H

Les 4 Bras/Bw

Condroz

Pay s des Condruses

Meuse @ Campagnes

Pay s des Tiges et Chavées

Condroz Famenne

Ardenne

Haute-Sûre Forêt d'Anlier

Pay s de l'Ourthe

Romana

Lesse-Semois

Nov'Ardennes

Parc Naturel de Gaume

HainautEntre-Sambre-et-Meuse

Botte du Hainaut

Plaines de l'Escaut

Est de la WalloniePay s de Herv e

1 00 v illages - 1 avenir (DE)

Entre Vesdre et Gueule

Partenaires en amont

Banques

Machines agricoles

Intrants (engrais, produits phy tos,...)

Vétérinaires

Gestion financiaire

Soutien juridique

Recherche

Universités

Centres pilotes

Education & Formation

Ecoles agricolesHEPN Ciney IPES Hesbaye

ISIaHuy

IPEA La Reid Condorcet Ath Fleurus Soignies

CefaBastogne

Accès à la profession(Cours A, B, C)

Formation "Maraîchage"

Formation "Permaculture

Système alimentaire

Organisations

Filières alimentaires ...

Filières agricoles

Hall Relais AgricoleAteliers partagés

Agrinewà Marloie

Cultivaeà Perwez ...

Coopératives de producteurs CultivAeCoopérative

Bio de Hesbaye

Réseau de commercialisationGAA - Groupe

d'Achat Alimentaire

Fermes de Hesbaye Brabançonne : vente en circuit court

Epiceries locales & comptoirs à la ferme

Légende = Acteurs du territoire de la "Hesbaye Brabançonne"

Légende = "Partenaires" du RwDR

Contact : Quentin Triest [email protected] Edition Mai 2017

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Annexe 2 – Route de l’Innovation : description des fermes visitées

FERME DESCRIPTION

FERME DU BUIS-BARRY

FERME BIO DE 65 HA

ACTIVITÉS• Élevage laitier et transformation du lait en fromage, beurre, yaourt, glace…• Polyculture et élevage • Gîte à la ferme• Magasin à la ferme• Ferme d’accueil social• Collaboration avec Parc Naturel des Plaines de l’Escaut• Accueil de stagiaires• Woofing

INNOVATIONS

• Autonomie fourragère• Essais et développement de nouvelles techniques agricoles• Séchage de foin en grange• Autonomie semencière :

– Membre du réseau de semences paysannes• Autonomie financière et décisionnelle

– Transformation du lait à la ferme – Vente de produits fermiers à la ferme

• Accueil social

FERME DE JAMBJOULE

FERME BIO AVEC 121,68 HA DE PRAIRIES

ACTIVITÉS

• Élevage de porcs et ovins• Transformation du lait à la ferme• Magasin à la ferme• Entretien de réserves naturelles avec ovins• Accueil de stagiaires• Woofing

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FERME DESCRIPTION

FERME DE JAMBJOULE

INNOVATIONS

• Autonomie énergétique : photovoltaïque, solaire thermique et isolation de la laiterie• Autonomie eau : puits et lagunage• Autonomie semencière• Autonomie fourragère : fourrage grossier et mélange de fourrage produit sur place• Autonomie financière et décisionnelle

– Transformation du lait à la ferme – Vente directe à la ferme de produits laitiers – Vente en circuits courts et via la coopérative Agricovert

• Membre de l’association des herdiers wallons • Amélioration des praires par semis• Accueil à la ferme

FERME DES NOYERS

ACTIVITÉS• Elevage de bovins• Grandes cultures • Boucherie à la ferme • Vente : collaboration avec les magasins Farm de Louvain-la-Neuve• Agriculture de régénération : collaboration avec Régenacterre• Agriculture de conservation : collaboration avec Greenotec • En parallèle, entreprise de travaux agricoles : Green Farm Pierard (428 ha gérés)

INNOVATIONS

• Agriculture de conservation et régénérative (travail du sol réduit, rotation plus longue, couverts végétaux, semi direct, cultures associées, etc.)

• Conversion progressive en bio • Autonomie financière

– Boucherie à la ferme – Collaboration avec le magasin Farm – Coopérative Greenfarm Piérard

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FERME DESCRIPTION

FERME DES NOYERS

• Autonomie hydrique : 4 citernes d’eau de pluie (au total 100.000 l)• Autonomie décisionnelle et intellectuelle

– Recherche et essai en agriculture régénérative

FERME CHAMPIGNOL

FERME BIO EN POLYCULTURE ÉLEVAGE DE 75 HA

ACTIVITÉS

• Elevage bovin laitier• Maraîchage sur 40 ares• Transformation des produits laitiers (fromages, beurre…)• Magasin à la ferme et vente dans les marchés + magasins locaux• Organisation de stages de vannerie • Accueil de stagiaires• Collaboration avec Tristan Ratz pour la production de fromage et avec La Surizée asbl, la Fédération des

Biométhaniseurs agricoles, la Commune…

INNOVATIONS

• Autonomie énergétique : biométhanisation de 200 KW – valorisation thermique et électrique (chauffage des serres et création d’un réseau de chaleur qui alimente 16 logements voisins)

• Fertilisation : valorisation du digestat produit par l’unité de biométhanisation• Autonomie fourragère : fourrage produit sur place à 95%

– Projet de séchage de foin en grange• Autonomie financière et décisionnelle

– Transformation du lait en produits laitiers – Vente à la ferme, au marché et en magasins – Projet de salle pour l’organisation d’ateliers de transmission de savoir-faire

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FERME DESCRIPTION

FERME GRANDJEAN

ACTIVITÉS

• Elevage laitier • 120 vaches laitières avec 2 robots de traite, robot racleur, robot distributeur alimentaire (DAC) et robot

repoussoir du fourrage

INNOVATIONS

• Recherche d’autonomie organisationnelle et de bien-être au travail• Autonomie énergétique : biométhanisation de 11 kW• Autonomie organisationnelle :

– Pas de main-d’oeuvre – Flexibilité des horaires de travail

• Valorisation des pâturages dans le système d’exploitation• Autonomie décisionnelle• Ajustement du fonctionnement des robots• Mise au point d’une smart gate circulation « feed first »

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COMPÉTENCES Compétences nécessaires aux agriculteurs et aux conseillers.

Approche filière.

Nouvelles technologies.

Vente, commercialisation, marketing, négociation, fiscalité comptabilité agricole, planification du travail, etc.

Pratiques agro-environnementales et visant l’autonomie.

RELATIONS AGRICULTEURS-CONSOMMATEURS

Développer une stratégie de communication.

Identifier, tester et développer de nouveaux dispositifs et modes de communication entre agriculteurs et consommateurs.

Mieux connaître les attentes des consommateurs.

Éduquer les consommateurs à une production locale.

Recherche sur des modalités de partenariat (petite coopérative maîtrisée par les agriculteurs…).

PROMOTION DES PRODUITS AGRICOLES

Développer une stratégie marketing utilisant différents outils (réseaux sociaux, média, opérations locales, géocatching…).

Garder la maitrise de l’image du producteur.

Points de ventes collectifs.

Produits du terroir.

Juste prix.

AUTONOMIE DÉCISIONNELLE ET INTELLECTUELLE

Recherche de dispositifs permettant l’échange entre agriculteurs et conseillers et garantissant la neutralité des conseils (communauté de pratique, guichet unique, plateforme on line, journée de l’innovation, visite fermes innovantes, compagnonnage…) en synergie avec ce qui existe.

ACCÈS À UNE MAIN D’ŒUVRE QUALIFIÉE

Soulager la charge de travail quotidienne des agriculteurs (éleveurs)

Deux axes de travail :

1. Aides à l’emploi

2. Cursus des ouvriers agricoles

Annexe 3 – Thèmes de recherche et de développement

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SOUTIEN À L’INNOVATION EN AGRICULTURE

Mise en place d’un dispositif d’aide financière (chèque innovation, soutien financier au démarrage…) et les conditions d’accès.

VULGARISATION DE SOLUTIONS EN MATIÈRE D’AUTONOMIE

Mise en place d’actions (communication, formation, aides financières, etc.) pour diffuser vers la communauté agricole (agriculteurs, ouvriers agricoles, conseillers, etc.) les solutions en matière d’autonomie (gestion de prairies dégénérées, biométhanisation, éolien, photovoltaïque, etc.).

TECHNOLOGIE SMART Recherche sur la rentabilité des systèmes smart avec benchmark.

Développer des solutions open source et standardiser les modèles.

Développer des outils d’évaluation des performances de ces technologies.

MAITRISE DE LA CHAINE DE VALEUR

Recherche sur un mode de mutualisation/partage des outils de transformation et de stockage (chambre froide par ex.).

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LISTES DES TABLEAUX ET FIGURESTableau 1 – Les objectifs de la Route de l’Innovation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

Tableau 2 – Les phases de mise en œuvre de la Route de l’Innovation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

Tableau 3 – L’AgriCafé en pratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

Figure 1 – Cartographie du réseau d’acteurs de l’innovation en agriculture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Figure 2 – Les acteurs de l’AKIS wallon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

Figure 3 – Spécialisations de l’agriculture wallonne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

Figure 4 – Répartition des agriculteurs par tranche d’âges (en % du total) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

Figure 5 – % d’agriculteurs avec/sans successeur (en % du total) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

Figure 6 – Caractérisation des AKIS européens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

Figure 7 – Matrice de positionnement des acteurs de l’innovation wallon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

Figure 8 – Principes directeurs de la Route de l’innovation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

Figure 9 – Programme de la Route de l’Innovation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

Figure 10 – Ferme Champignol : ligne du temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

Figure 11 – Le BMC de la ferme du Buis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

Figure 12 – Le BMC de la ferme de Jambjoule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

Figure 13 – Modèle d’analyse PESTEL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

Figure 14 – La spirale de l’innovation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

Figure 15 – Le Réseau CIVAM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

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REMERCIEMENTSCe carnet du Réseau est imprimé en 2.000 exemplaires distribués gratuitement aux acteurs du monde rural en Wallonie et en Europe.

Les personnes ayant participé à la rédaction de ce document sont : La Cellule d’Animation du Réseau wallon de Développement Rural (Emilie Bievez, Alain de Bruyn, Benoit Delaite, Xavier Delmon, Caroline Grégoire, Coralie Meurice,)

La Cellule d’Animation du RwDR tient tout particulièrement à remercier :Véronique Monnart et Pierre Cossement, Vincent Delobel, Valérie Calicis et Bernard Convié, Nathalie et Nicolas Braibant, Marie Etienne et Dimitri Burniaux, Marc Grandjean, Amélie Turlot, Bruno Massart, Jean-Claude Willem, Oliver Debacker, Carine Nachtergeale, Hughes Derzelle, Pol Tonglet, Eric Wyngaert, Jérôme Haubrughe, Daniel Colienne, André Grevisse, Yves-Marie Desbruyeres, Marc Decoster, Christian Ducatillon, les membres du Conseil Scientifique du RwDR (Philippe Baret, Vincent Delobel, Thomas Dogot, Marc Mormont et Didier Stilmant), et tous les participants aux différentes étapes de la Route de l’Innovation.

PhotosCellule d’Animation du RwDR

Mise en page Cible Communication

Editeur responsable Xavier Delmon

Information et contact Cellule d’Animation du Réseau wallon de Développement Rural Rue de Liège, 834357 LimontBelgium +32 19/54.60.51 [email protected] www.reseau-pwdr.be

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Fonds européen agricole pour le dévelop-pement rural : L’Europe investit dans les zones rurales

CARNET DU RÉSEAU N°6 - NOVEMBRE 2018