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FESTIVAL DESARTS MARTIAUXLE 31 MARS 90A BERCY

OUI

01 KO

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""3SO .ef^arts martiauxÎ.S.S.N. 0335 2552

r \ ï i i rOTÏÏ'O

\\\\\1 65-25,00 F

3791581025007 01650

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éditeBercy : c'est reparti ! Le5e Festival des Arts Mar-tiaux aura lieu le samedi31 mars, c'est-à-dire dans3 mois. Nous publionsdans ce numéro le pro-gramme complet de ce quis'annonce comme l'évé-nement de ce début d'an-née 1990. Nous avons dé-jà reçu de nombreux coupsde téléphone concernantcette manifestation, preu-ve de votre intérêt pour ceFestival. Cette année, leclou du spectacle seraconstitué par une déléga-tion venue spécialementde Malaisie. Elle com-prend maître Pong, l'hom-me à la main de fer, quiexécutera une casse degranit. Les maîtres du Si-lat, l'art martial malais, etde l'Ilmu, l'énergie inter-ne. Enfin, en premièremondiale, des guerriersDayaks originaires de l'îlede Bornéo qui exécuterontleur danse de guerre àBercy.Outre la Malaisie, ce 5e

Festival accueillera les plusgrands experts français etasiatiques dans toutes lesdisciplines. Vous pourrezdécouvrir entre autres lekyudo, le tir à l'arc japo-nais, la Danse du Lion desécoles de kung fu, le Yo-seikan Budo avec maîtreMochizuki, la Capoierabrésilienne, une étonnan-te démonstration de ChiKong par les élèves de Me

Le Thaï Tan... ThierryMasci, champion du mon-de de karaté, Fabien Ca-nu, champion du mondede judo, mais aussi lesmaîtres Lee Kwan Young,Tissier, Floguet, Réniez,Pham Xuan Tong, PhanToan, Chinen, Zacria,Sylvain Guintard, Eric Pa-riset... Tous ont réponduprésents ! Un plateau di-gne de celui de l'annéedernière.Je vous souhaite à tousune très bonne année1990, et je vous dis :rendez-vous à Bercy !

P.Y. Benoliel

Ce numéro a été tiré à 61 750 exem-plaires.

BERCY LE 31 MARSLe 5e Festival des Arts Martiaux.

CANNE FRANÇAISEAvec Philippe Conjat.

16TECHNIQUEPatrick Suard, entraîneur national.

M Le Shugendo.

MALAISIELe Silat malais.

41KARATEMe Soeno.

50.BOUDDHISMELa voie du Shugendo.

TAI CHIMe Minh Son

AÏKIDOChristian Tissier.

Maître Soeno.

TAEKWONDOLes médaillés de Séoul.

SPECIAL CONTACTKaman-Wessels (p. 82), le semi à Lausan-ne (p.. 88), la boxe thai à Carperïtier(p. 90), les Internationaux de Paris de B.F.

posterCalendrier Bruce Lee 1990.Lohan Kun Tau, par Me Pong Chye Kim.

Karaté-Bushido n° 165, Janvier 1990. 1 bis, rue Mercosur, 75011 Paris. Tél. : (1) 43.67.64.24. Couverture :Maître Soeno (photo j.P. Maillet). Directeur : Gilles Barissat • Rédacteur en chef : Pierre-Yves Benoliel • Se-crétariat de rédaction : Christèle Derosch • Ont collaboré à ce numéro : Dominique Balte, Georges Char-les, Jean-Paul Maillet, Pascal [glicki, Hubert Tisal Rédaction graphique : Isabelle Cransac, Véronique Wes-trich, Eiise Malémoni • Publicité : Jean Piiavoîne • Secrétariat : Juliette Coy • Administration : Ariette Sirté-gre, Lydie Guillaux • Promotion : Claude Raffin • Abonnements : France : 11 numéros par an : 275 F, étran-ger : 330 F, Par Avion : supplément 132 F « Service des ventes : SORDIAP : 48.87.02.30, TER : E 87 • Tousdroits de reproduction (textes et photos) réservés pour tous pays, sous quelque procédé que ce soit. Les docu-ments insérés ou non ne sont pas retournés. Commission paritaire n° 55708. Imprimé en France. Compo : StéOgerault. Photogravure couleur : Photogravure de l'Ouest. Imprimé par Sima. Karaté-Bushîdo est une publica-tion de la Société Européenne de Magazines SA au capital de 250 000 F. RC Paris B 331 244 20. Directeurde la publication : Gilles Barissat. « Karaté-Bushido » est distribué en France par les NMPP. Dépôt légal : 20953.

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UDDHISrîEair» Gumfcuxl

Chaque année, Sylvain Guintârd dirige ungrand stage de Shugendo à Val-d'Isère.Pour îu^ les pouvoirs des moines .Yamabushi ne sont qu'un moyen, et nonune fin en soi. Le but ultime de cettecongrégation bouddhiste consiste à trouver

. tout un programme !

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L 'été dernier, à Val-d'Isère, SylvainGuintard a dirigé un stage de Shu-gendo. Il nous explique la signifi-

cation de cette voie bouddhiste.« II existe au Japon une source de con-naissance qui, plus que le Zen: le Shin-to, ou le Shingon, a élevé l'eau et le feuau rang de symboles suprêmes et qui in-fluença la tradition du budo en profon-deur : c'est le Shugendo.Cette voie d'illumination issue du syncré-tisme entre Bouddhisme Hinayana, Vaj-rayana, Taoisme, Shinto et Confucianis-me, est fort peu accessible car très aus-tère. L'origine de ce culte montagnard ja-ponais se perd dans la nuit des Temps.Voie constituée principalement d'ascè-ses austères, le Shugendo propose àceux qui désirent l'illumination, des'identifier lors de méditations spéciales(Hiwatari, Goma, Takishugyo...} à des Di-vinités telles que Fudo Myo, DaïnichiNyoraï, Zao-Gongen. Leur moyend'identification est semblable au Boud-dhisme Madyamika. Mouvement boud-dhiste montagnard, le Shugendo passepar un vécu corporel lors des ascèses.A l'instar de beaucoup d'autres, c'estune voie dépouillée où le Temple est laNature, plus particulièrement la monta-gne. Il n'existe aucun ouvrage doctrinalsur le Shugendo. La transmission estorale, de « Maître à disciple », le plussouvent « Ishin Den Shin >< et Shugyo. LeShugendo a porté une attention particu-lière à l'Art des invocations ainsi qu'àl'Art de la haute magie rituellique qui endécoule. Cependant, le but de cette bran-che du Bouddhisme ésotérique restefondamentalement l'atteinte de la boud-dhéité. considérant que tous les êtrespeuvent y parvenir dans cette vie avecce corps (comme le Shingon}. D'un au-tre côté, le Shugendo se préoccupe lar-gement du « peuple », l'aidant à mieuxdiriger sa vie, grâce aux « charmes », enenseignant des exercices pouvant accé-lérer des processus de guérison, pouvantguider le Budoka sur la Voie du Cœur(Kokoro No Michi). De nombreux auteursoccidentaux ont souvent assimilé cesShugenda (ou Yamabushi) à des magi-ciens belliqueux aimant montrer leurspouvoirs sur la matière. Il n'en est rien !Ces érudits devraient savoir que l'acqui-sition de pouvoirs (Diddhi) est insépara-ble d'élévation, ces derniers étant desconséquences et non des buts dans leBouddhisme. A chaque «Jhana», étatde conscience, correspond un pouvoir,mais attention le pouvoir ne prouve pres-que rien. La seule différence entre lahaute magie rituellique et la magie noi-re, réside dans les motifs d'une telle re-cherche, d'une telle quête. Avant d'avan-cer sur ce chemin, de se lancer dans lapratique, il est important de bien définirles motifs qui nous poussent afin d'êtresûr que nos moteurs ne soient ni l'am-bition des pouvoirs, ni l'orgueil, ni la cu-riosité. Avec l'eau el le feu, la montagneest un autre symbole très important duShugendo.La montagne, lieu de résidence des Di-

Le Takishugyo, ou ascèse de la cascade, occupeune place importante dans le Shugendo.

vinités et Kami, est le rocher spiritueld'où coule « le breuvage de vie » {voircascade). Le symbolisme de la monta-gne est celui du centre. Elle est la ren-contre du ciel et de la terre. Vue d'enhaut, elle est le centre du Monde, <> l'axismundis ». l'échelle à gravir exprimant desurcroît, les notions de stabilité (de pu-reté), la montagne est aussi l'anathor se-cret au sein duquel l'homme se transfor-me. Souvent assimilé au rocher, princi-pe actif Yang, cette notion met en évi-dence le caractère de la Divinité Fudo-Myo (son nom secret étant diamant iné-branlable) : Fudo Shin est le terme utili-sé fréquemment dans le Budo pour tra-duire un mental que rien ne peut attein-dre.Mais c'est toujours de la roche que jail-lit la source.Les sages signalent la difficulté, voire lesdangers d'une ascension qui ne seraitpas préparée par des méthodes spirituel-les. La montagne, ses forêts, et ses sour-ces sont peuplées d'entités parfois re-doutables, qui tels des gardiens, défen-dent l'approche du sommet. Mais la vé-ritable ascension est évidemment de na-ture spirituelle. Gravir la montagne, c'est

Trois autres ascèsesII existe 3 autres types d'ascèses :— l'ascèse de la neige (yuki no gyo) :le pratiquant reste enterré dans la nei-ge pendant une demi-heure ;— la pesée des actes (regarder aufond de la vallée) : le pratiquant restesuspendu dans le vide en récitant dessutras ;— l'ascèse de la chaîne (kusari nogyo) : le pratiquant escalade des pa-rois abruptes en s'aidant uniquementd'une chaîne.

s'éloigner de l'état primordial. L'élévationest un progrès vers la connaissance deSoi. Au Japon, en Chine, en Inde, au Ti-bet, en Occident, la montagne est legrand symbole cosmique par excellen-ce, au sein de laquelle vivent les immor-tels et autour de laquelle, tournent le so-leil et la lune. Symbolisant le Bouddha,la Sangha, le Dharma, parce qu'elle con-duit à l'illumination, « la montagne estnotre refuge » disent ies Sugenja. « Sor-tant du Monde pour entrer en montagne,nous nous identifions à la Voie céleste.Tous comme les « siens », nous sommesles « hommes de la montagne ». L'hom-me est une montagne qui s'ignore... ! Sile feu est toujours au sommet de la mon-tagne, l'eau coule toujours à ses pieds.

Les Ascèses été l'eauLe Mïsoai

et ie TakisftugyoCes deux exercices spirituels issus duShugendo interviennent dans la pratiquedu Budo, pour obtenir un polissage dumental, développer et diriger le Kl et ac-céder à la sagesse. Issu du Shinto, le Mi-sogi Haraïest une purification du corps,du cœur (esprit) et de l'âme. L'immersiondans l'eau glacée d'un torrent est régé-nératrice, elle opère une renaissance,dans le sens où elle est à la fois mortet vie. De plus, elle permet au corps éner-gétique de cristaliser l'énergie au niveaudes Chakkras. Le Misogi s'applique aucas où l'on pense avoir constaté dessouillures sans qu'il y ait eu faute de no-tre part : accouchement, rapports char-nels, morts, cadavres, maladies, coups,blessures, sang versé... sont des cas desouillures. On comprendra pourquoi leMisoqi fût et demeure importants dansles Arts Martiaux japonais. D'ailleurs, ladouche avant et après le cours, devraitêtre prise dans ce sens. Plus qu'un pro-cédé consistant à refouler du corps etde l'esprit, la pollution par un bain dansune rivière ou la mer, le Terme Misogi dé-signe, d'une manière générale, tout leprocessus de la discipline martiale sousson aspect physique et spirituel.— Il y a le Misogi Haraï du corps : véri-table hygiène corporelle de tous les or-ganes et de toutes les fonctions.— Le Misogi Haraï du cœur, où l'on exer-ce une discipline mentale afin de s'éle-ver à une conscience plus vaste.— Le Misogi Haraï du lieu où, aprèsavoir nettoyé le lieu dans lequel on vit,on s'abstient de le souiller.— Le Misogi Haraï de l'âme, dernièreétape de purification intérieure ou rayon-nement personnel d'une âme parvenueà la Sainteté.« Le Budo est Misogi ». L'une des formesles plus particulières du Misogi fut leSeppuku du Samouraï où celui-ci se la-vait et lavait dans son sang, le nom desa famille, du déshonneur contracté.L'habitude des bains fréquents, l'usage,pour le culte, du sel et du sable, préle-vés au bord de la mer, ont pour motif cesouci ancien de laver les souillures ga-gnées pendant la journée, que ce soit au

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tes pouvoirs : des jouetsKaraté-Bushido : Sylvain, est-ce quele Shugendo est réservé uniquementaux moines ?Sylvain Guintard : Dans le Shugen-do, il existe 2 voies principales :— celle des fidèles qui ne désirentpas devenir moines, autrement dit leslaïcs ; eux font des ascèses pour sepurifier, développer leur volonté, ap-prendre la compassion. C'est cettevoie que j'enseigne.— la voie des religieux, ceux qui sonten charge de quelque chose et aspi-rent à l'illumination, devenir Bouddhfun jour. Dans la voie des religieux, ontrouve une voie encore plus strictepour ceux qui choisissent de devenirBouddha dans cette vie : ascèses ettravail 24 heures sur 24.Un pratiquant d'arts martiaux qui étu-die le Shugendo peut développer savolonté, sa foi, sa compassion, l'al-truisme. S'il suit la voie des laïcs, iln'y a aucun problème. Par contre, s'ilsuit la voie des religieux, très vite ily aura incompatibilité. Plus il va mon-ter dans cette voie et moins il s'inté-ressera aux arts martiaux. La finalitéde sa pratique va changer. Un jour oul'autre, il finira par abandonner lesarts martiaux, parce qu'il n'en auraplus besoin.K.B. — Sylvain, toi-même tu as été auJapon et tu es devenu dignitaire desmoines Yamabushi, avec l'autorisa-tion de transmettre ce que tu as re-

çu ?S.G. — Oui, mais je me rends comp-te de plus en plus que cette voie estfaite pour les Orientaux. A l'heure ac-tuelle, il n'y a personne de suffisam-ment motivé pour aller dans cette voieen France.K.B. — Est-ce que tu établis un lienentre Shugendo et Nin-Jutsu ?S.G. — Bien sûr, mais il s'agit de monNin-Jusu. Je le prends comme unediscipline spirituelle. Je ne pratiqueplus dans l'idée d'auto-défense, bienque ça en soit une. Ça ne veut pas di-re que je pratique avec moins d'inten-sité, au contraire.K.B, — Quel est le but des ascècesen Shugendo ?S.G. — On le comprend bien avec cet-te parabole. « Un jour, un homme ren-tre chez lui et trouve sa maison enfeu. Ses enfants sont restés à l'inté-rieur. Il les appelle, mais les enfantsne veulent pas sortir. Alors l'hommeleur dit : venez, j'ai apporté des jouets.Et les enfants sortent pour avoir lesjouets.Le père représente le Bouddha quiprêche, mais les gens ne le compren-nent pas. La maison en feu c'est lemonde de l'illusion. Les jouets, cesont les pouvoirs : on montre auxgens la lévitation, la marche sur lefeu... Ils sont attirés par ces jouetsdans un premier temps, puis il mûris-sent et abandonnent les jouets. »

20e siècle, comme aux Temps Anciens.,;Le Misogi était pratiqué par toutes lescouches de la Société japonaise.Des techniques respiratoires, l'absten-tion de boissons excitantes, un régimealimentaire spécial, sont exigés en pé-riode de Misogi.

Le Takïstiugyo :f'Ascèse cfe fer CascadeDans le couple montagne-eau, la casca-de (Yin) est complémentaire du rocheryang duquel elle jaillit. Le mouvementdescendant de la cascade alterne avecle mouvement ascendant de la monta-gne, son dynamisme avec l'impassibili-té. Mais l'eau et la montagne sont tou-tes deux infinies : la montagne dans sonimmuabilité et l'océan dans son étendueet sa profondeur. Pour en revenir à lacascade, cette dernière, outre le faitqu'elle puisse être un lieu de prédilectionpour des entités aquatiques, que l'Occi-dent appelle Sirènes, est souvent lecorps physique de manifestation de Di-vinités supérieures. Le méditant qui vas'y plonger pour fusionner avec l'entité,va effectuer un travail d'alchimie inter-ne : tel est le but du Takishugyo, en plusdu travail sur l'énefgie interne.Le Bouddhisme nous rappelle que, sil'entité cascade demeure, elle n'est ja-mais la même ! Ce n'est jamais la mê-me eau qui coule. Les gouttes d'eaucomposant la cascade sont toutes re-

nouvelées à chaque seconde comme lescellules de notre corps : symbole de lapermanence de la forme, en dépit duchangement de la matière, la cascadeest l'emblème du mouvement continueloù les éléments changent sans cesse,tandis que la forme reste inchangée, ain-si que la manifestation illusoire du mon-de phénoménal ! Le mouvement descen-dant de la cascade signifie égalementcelui de l'activité céleste. Ainsi, au Ja-pon, la cascade Kegon de Nikko, issuedu lac Chuzenji, masse d'eau stagnan-te, image du tout d'où partent toutes lesmanifestations et en qui elles finissenttoutes par se résorber, se jette-t-elle dansun nuage d'écume, dans la rivière Daiyapour rejoindre l'Océan. Le Mont Sanjoavec son anneau nuageux, ne met-il pasen évidence une des plus grandes Véri-tés : la montagne de feu symbolisme del'ascension de la matière vers l'esprit etla cascade, de la descente de l'espritdans la matière. La chute d'eau, c'est en-core le mouvement élémentaire, indomp-té, des courants de force auxquels il im-porte de s'harmoniser en vue d'un profitspirituel.Les ascèses du feu :

te Coma etl'Hiwatari Matsuri

Un autre point commun entre le feu etl'eau : ils brûlent tous les deux !Si le Misogi peut être effectué par tous,

par contre le Goma comme Je Takis-hugyo et l'Hiwatari (marche sur le feu)sont exclusivement faits sous la direc-tion de personnes investies d'une auto-rité religieuse.Le Goma est un rituel issu de l'IndeBrahmane et présent dans le Bouddhis-me ésotérique. Il consiste à brûler desoffrandes symbolisant nos passionsdans le feu de l'intelligence du Bouddha.Le bois alimentant ce brasier est ici lesymbole des passions humaines quivont être transformées en Sagesse, enbrûlant dans le corps du Bouddha. Lors-que les passions sont purifiées (brûlées),le méditant va s'absorber dans le feu,pour ne faire plus qu'un avec la Divinitédu Goma. L'identification au feu est réa-lisée par la voyelle sacrée « RA ». Lors-qu'elle vibre, la conscience peut s'éleverpar la puissance d'Agni et atteindre letaux de vibrations des flammes. Alorsque le corps devient le tabernacle cons-cient de la Divinité, l'officiant ayant fu-sionné avec son « soi », dans un état il-luminé, peut intervenir pour aider les fi-dèles par l'intermédiaire du rituel et mar-cher sur les braises ardentes en touteimpunité, car son corps, son cœur, etson âme, sont devenus comme la cen-.dre, inaltérables.Les 1er et 11 mars, au Temple Yakuno-In à Hachioji, sur la ligne Chuo et le 8décembre au sanctuaire Taro-Bogu àYoka-lchi, dans la Préfecture de Shiga.sur la ligne de Omitesudo, ont lieu un Hi-watari Matsuri, un immense Goma, oùmoines Yamabushi, Shugenda et laïcsbrûlent des milliers de planchettessymbolisant leurs passions puis, dansun ordre déterminé, marchent pieds nusdans un brasier long d'une dizaine demètres.Dans Hiwaîari Matsuri, le terme Matsu-ri est important. Il ne signifie pas fête :dans sa signification profonde, Matsuric'est vivre dans une attitude constantede prière et d'obéissance à la volonté dela Divinité et par conséquent, sous saprotection. Dans son sens large. Matsu*ri désigne fa vie, dans son sens étroit, lerituel.Le but de Matsuri est l'organisation dela vie dans le Monde. Saluer la Divinité,se réjouir avec elle, lui offrir un banquet,est une partie du Matsuri. Dans la mar-che sur le feu, c'est le don de soi qui estfait à la Divinité, mais l'essentiel du Mat-suri fait que les gens, lorsqu'ils revien-nent du Matsuri, rapportent chez eux leniveau de conscience auquel ils ont étéélevés et qu'ils s'y maintiennent le pluslongtemps possible, tout en vaquant àleurs occupations quotidiennes. L'Hiwa-tari n'est pas uniquement une marche !Comme pour le Misogi. le Takishugyo.il existe pour le feu différentes sortesd'invocations. L'une d'entre elles, parti-culièrement liée à l'Hiwatari, éveille unfeu purificateur sur l'un des plans infé-rieurs. Cela s'effectue par l'activité deséléments contrôlés par les Deva du feu(vivant essentiellement sur le plan men-tal). Mais attention, ces Deva du feu sontpuissants et dangereux. Contrairement

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Les pouvoirs : des jouetsKaraté-Bushido : Sylvain, est-ce quele Shugendo est réservé uniquementaux moines ?Sylvain Guintard : Dans le Shugen-do, il existe 2 voies principales :~ celle des fidèles qui ne désirentpas devenir moines, autrement dit leslaïcs ; eux font des ascèses pour sepurifier, développer leur volonté, ap-prendre la compassion. C'est cettevoie que j'enseigne.— la vole des religieux, ceux qui sonten charge de quelque chose et aspi-rent à l'illumination, devenir Bouddhaun jour. Dans la voie des religieux, ontrouve une voie encore plus strictepour ceux qui choisissent de devenirBouddha dans cette vie : ascèses ettravail 24 heures sur 24.Un pratiquant d'arts martiaux qui étu-die le Shugendo peut développer savolonté, sa foi, sa compassion, l'al-truisme. S'il suit la voie des laïcs, iln'y a aucun problème. Par contre, s'ilsuit la voie des religieux, très vite ily aura incompatibilité. Plus il va mon-ter dans cette voie et moins il s'inté-ressera aux arts martiaux. La finalitéde sa pratique va changer. Un jour oul'autre, il finira par abandonner lesarts martiaux, parce qu'il n'en auraplus besoin,K.B. — Sylvain, toi-même tu as été auJapon et tu es devenu dignitaire desmoines Yamabushi, avec l'autorisa-tion de transmettre ce que tu as re-

S.G. — Oui, mais je me rends comp-te de plus en plus que cette voie estfaite pour les Orientaux. A l'heure ac-tuelle, il n'y a personne de suffisam-ment motivé pour aller dans cette voieen France.K.B. —• Est-ce que tu établis un lienentre Shugendo et Nin-Jutsu ?S.G. — Bien sûr, mais il s'agit de monNin-Jusu. Je le prends comme unediscipline spirituelle. Je ne pratiqueplus dans l'idée d'auto-défense, bienque ça en soit une. Ça ne veut pas di-re que je pratique avec moins d'inten-sité, au contraire.K.B. •— Quel est le but des ascècesen Shugendo ?S.G. — On le comprend bien avec cet-te parabole. « Un jour, un homme ren-tre chez lui et trouve sa maison enfeu. Ses enfants sont restés à l'inté-rieur. Il les appelle, mais les enfantsne veulent pas sortir. Alors l'hommeleur dit : venez, j'ai apporté des jouets.Et les enfants sortent pour avoir lesjouets.Le père représente le Bouddha quiprêche, mais les gens ne le compren-nent pas. La maison en feu c'est lemonde de l'illusion. Les jouets, cesont les pouvoirs : on montre auxgens la lévitation, la marche sur lefeu... Ils sont attirés par ces jouetsdans un premier temps, puis il mûris-sent et abandonnent les jouets. »

20e siècle, comme aux Temps Anciens.!l_e Misogi était pratiqué par toutes lescouches de la Société japonaise.Des techniques respiratoires, l'absten-tion de boissons excitantes, un régimealimentaire spécial, sont exigés en pé-riode de Misogi.

Le TCf/risff t/cpyo .*i'Ascèse de fa CascadeDans le couple montagne-eau, la casca-de (Yin) est complémentaire du rocheryang duquel elle jaillit. Le mouvementdescendant de la cascade alterne avecle mouvement ascendant de la monta-gne, son dynamisme avec l'impassibili-té. Mais l'eau et la montagne sont tou-tes deux infinies : la montagne dans sonimmuabilité et l'océan dans son étendueet sa profondeur. Pour en revenir à lacascade, cette dernière, outre le faitqu'elle puisse être un lieu de prédilectionpour des entités aquatiques, que l'Occi-dent appelle Sirènes, est souvent lecorps physique de manifestation de Di-vinités supérieures. Le méditant qui vas'y plonger pour fusionner avec l'entité,va effectuer un travail d'alchimie inter-ne : tel est le but du Takishugyo, en plusdu travail sur l'énergie interne.Le Bouddhisme nous rappelle que: sil'entité cascade demeure, elle n'est ja-mais la même ! Ce n'est jamais la mê-me eau qui coule. Les gouttes d'eaucomposant la cascade sont toutes re-

nouvelées à chaque seconde comme lescellules de notre corps : symbole de lapermanence de la forme, en dépit duchangement de la matière, la cascadeest l'emblème du mouvement continueloù les éléments changent sans cesse,tandis que la forme reste inchangée, ain-si que la manifestation illusoire du mon-de phénoménal ! Le mouvement descen-dant de la cascade signifie égalementcelui de l'activité céleste. Ainsi, au Ja-pon, la cascade Kegon de Nikko, issuedu lac Chuzenji. masse d'eau stagnan-te, image du tout d'où partent toutes lesmanifestations et en qui elles finissenttoutes par se résorber, se jette-t-elle dansun nuage d'écume, dans la rivière Daiyapour rejoindre l'Océan. Le Mont Sanjoavec son anneau nuageux, ne met-il pasen évidence une des plus grandes Véri-tés : la montagne de feu symbolisme del'ascension de la matière vers l'esprit etla cascade, de la descente de l'espritdans la matière. La chute d'eau, c'est en-core le mouvement élémentaire, indomp-té, des courants de force auxquels il im-porte de s'harmoniser en vue d'un profitspirituel.Les ascèses au feu :

ie Coma eti'Hîwatari Matsufi

Un autre point commun entre le feu etl'eau : ils brûlent tous les deux !Si le Misogi peut être effectué par tous,

par contre le Goma comme le Takis-hugyo et l'Hiwatari (marche sur le feu)sont exclusivement faits sous la direc-tion de personnes investies d'une auto-rité religieuse.Le Goma est un rituel issu de l'IndeBrahmane et présent dans le Bouddhis-me ésotérique. Il consiste à brûler desoffrandes symbolisant nos passionsdans le feu de l'intelligence du Bouddha.Le bois alimentant ce brasier est ici lesymbole des passions humaines quivont être transformées en Sagesse, enbrûlant dans le corps du Bouddha. Lors-que les passions sont purifiées (brûlées),le méditant va s'absorber dans le feu,pour ne faire plus qu'un avec la Divinitédu Goma. L'identification au feu est réa-lisée par la voyelle sacrée « RA ». Lors-qu'elle vibre, la conscience peut s'éleverpar la puissance d'Agni et atteindre letaux de vibrations des flammes. Alorsque le corps devient le tabernacle cons-cient de la Divinité, l'officiant ayant fu-sionné avec son « soi », dans un état il-luminé, peut intervenir pour aider les fi-dèles par l'intermédiaire du rituel et mar-cher sur les braises ardentes en touteimpunité, car son corps, son cœur, etson âme, sont devenus comme la cen-dre, inaltérables.Les 1er et 11 mars, au Temple Yakuno-In à Hachioji, sur la ligne Chuo et le 8décembre au sanctuaire Taro-Bogu àYoka-lchi, dans la Préfecture de Shiya.sur la ligne de Omitesudo. ont lieu un Hi-watari Matsuri, un immense Goma, oùmoines Yamabushi, Shugenda et laïcsbrûlent des milliers de planchettessymbolisant leurs passions puis, dansun ordre déterminé, marchent pieds nusdans un brasier long d'une dizaine demètres.Dans Hiwatari Matsuri, le terme Matsu-ri est important. Il ne signifie pas fête :dans sa signification profonde. Matsuric'est vivre dans une attitude constantede prière et d'obéissance à la volonté dela Divinité et par conséquent, sous saprotection. Dans son sens large. Matsu-ri désigne la vie, dans son sens étroit, lerituel.Le but de Matsuri est l'organisation dela vie dans le Monde. Saluer la Divinité,se réjouir avec elle, lui offrir un banquet,est une partie du Matsuri. Dans la mar-che sur le feu, c'est le don de soi qui estfait à la Divinité, mais l'essentiel du Mat-suri fait que les gens, lorsqu'ils revien-nent du Matsuri, rapportent chez eux leniveau de conscience auquel ils ont étéélevés et qu'ils s'y maintiennent le pluslongtemps possible, tout en vaquant àleurs occupations quotidiennes. L'Hiwa-tari n'est pas uniquement une marche !Comme pour le Misogi, le Takishugyo.il existe pour le feu différentes sortesd'invocations. L'une d'entre elles, parti-culièrement liée à l'Hiwatari, éveille unfeu purificateur sur l'un des plans infé-rieurs. Cela s'effectue par l'activité deséléments contrôlés par les Deva du feu(vivant essentiellement sur le plan men-tal). Mais attention, ces Deva du feu sontpuissants et dangereux. Contrairement

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En haut à gauche,l'Hiwatari Matswi, ouascèse du feu. Ci-contre à gauche,l'épreuve de l'eau.Page de droite, lapesée des actes : lepratiquant restesuspendu dans le videen récitant des sutras.Ci-contre, l'ascèse dela chaîne (Kusarî nogyo) : il vaut mieuxbien s'accrocher !Toutes ces épreuvesvisent à formerle mental.

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à l'Occident, qui voit dans le feu l'expres-sion des forces maléfiques, l'Orient voitdans le feu la puissance de la Volonté-Sagesse, idéalisée par le dragon. Il arri-ve parfois que les Divinités et Deva nousrappellent que, si nous sommes desBouddhas en puissance, nous sommesavant tout des hommes et non desDieux. Les brûlures occasionnées par lefeu sous la plante des pieds, sont into-lérables et cicatrisent mai pour celui quin'y est pas préparé.Dans le même sens, le Takishugyo n'estpas une douche !Sous le prétexte de les endurcir (renfor-cer l'Ego, ce qui est le but inverse du Bu-do), certains n'ont pas hésité sans au-cune compétence réelie, à mettre, sanspréparation, leurs stagiaires sous deschutes d'eau giacée. Grave est la sanc-tion lorsqu'elle arrive : Hypothermie, co-ma profond et mort par anévrisme céré-bral. Pour des néophytes, ii y a danger !L'eau glacée sur la tête provoque uneréaction de vasoconstriction des artères

en quelques dizaines de secondes, grâ-ce à l'émission massive d'une hormone,la vaso-presine.La voie entre i'eau et le feu ne s'effec-tue pas « à l'aveuglette ». il y a des ris-ques que l'instructeur connaît. Si pourchaque rituel, il y a conjointement à latransmission de la technique, une onc-tion (Abiseka), pendant laquelle le « maî-tre de cérémonie » transmet au disciple« pouvoir et enseignement », ii y a uneraison ! A ma connaissance, il n'existeen Occident aucun professeur d'ArtsMartiaux qui ait eu la possibililé d'incor-porer au Budo ces exercices religieux.Ceci afin d'éviter les débordements decertains pratiquants.— l'eau symbolise la purification du dé-sir jusqu'à la forme la plus sublime : lapure bonté née de la compassion.— ie feu se distingue de l'eau en ce qu'ilsymbolise la purification par la compré-hension, jusqu'à sa forme la plus spiri-tuelie : !a « lumière de vérité ».Si ie chemin qui mène au sommet de la

montagne est le même que celui que l'onemprunte pour redescendre ! La montéeest une << intériorisation » (feu) et la des-cente une « dissipation » dans le mondeextérieur (eau).L'alchimie interne naiî souvent de l'eaulustrale.Avec le feu et l'eau, le budo est notreacier à tremper. Pour ce faire, il est né-cessaire de développer conjointementl'esprit et le physique et non pas l'unaprès l'autre. Dans la plupart des cas, lessportifs oublient l'esprit par manque deconnaissance et les « fanatiques » ou-blient le physique par manque de volon-té et par laxisme. »

Sylvain Guintard(Extrait du livre Nin-Jutsu. de SylvainGuintard, paru aux éditions SEM).Chaque été, l'hôtel SAKURA organisedes stages d'arts martiaux à Val-d'Isère.Pour tous renseignements, contacter :Chantai VaquierHôtel Sakura73150 Val-d'Isère Tél. : (16) 79.06.04.08

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