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06 IDENTITÉ(S) ? DOSSIER Journal d’Etudiants en Science Politique et Relations Internationales

International Ink n°6

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Identité(s) ? : notre dossier

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IDENTITÉ(S) ?DOSSIER

Journal d’Etudiants en Science Politique et Relations Internationales

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ÉDITORIAL• Il y a quelque chose de pourri au• royaume universitaire

PORTRAIT• Profil de M. Jean-François Staszak

DOSSIER :IDENTITÉ(S)• Je vous parle d’un mot qui n’existe pas• Entretien avec Matteo Gianni• de l’Uni de Genève• Initiative contre la construction• de minarets• La Russie retrouve son rôle sur• le théâtre mondial• Toi• Mémoires d’un déraciné : les passagers• de la violence

ZOOM :(titre à définir)• (contenu à définir)

VIE UNIVERSITAIRE• Relations internationales :• à l’heure du master• La vie associative à l’université,• un exemple par l’AESPRI

VOYAGE• HNMUN• ou la grande vadrouille

SOURCES• Bibliographies

REMPLISSAGE• Parce que l’inutile a son importance…

INTERNATIONAL.ink – n°06Septembre 2009

Edité par l’Association des Etudiantsen Sciences Politiques et en Relations Internationales (AESPRI)

Imprimé par l’atelier d’impression de l’Université de Genève

Financé par la Commission de Gestion des Taxes Fixes (CGTF)

RÉDACTION

Comité directoireCléa Comninos, Mateo Broillet,Adrià Budry Carbó, Clément Bürge, Damien Callegari

MembresMélanie Escobar Vaudan,Matthieu Heiniger, Antoine Roth, Lukas à Porta, Alice El-wakil,Dorothea Schmidt, Flurina Marugg, Sarah Ramos, Mohammed Musadak,Fabien Kaufmann

GraphisteThomas Betschart

Photographe(à définir)

Retrouvez-nous sur notre site webwww.aespri.ch/journal

Une réaction, un commentaire ouenvie de rejoindre la rédaction ? Contacte-nous à[email protected]

SOMMAIRE

ÉDITORIAL

IL Y A QUELQUE CHOSE DE POURRIAU ROYAUME UNIVERSITAIREMieux que le parlement européen, les membres de l’Assemblée de l’Université ont été élus au mois

de mai dans un climat des plus démocratiques : 94% de taux de non-participation1, un record. Une

prouesse qui reflète toute la satisfaction de la population estudiantine et sa confiance en ses représen-

tants. Comment l’Université est elle parvenue à de tels résultats ? Genèse d’un succès.

Il est évident que les étudiant-e-s portent un intérêt naturel pour la palpitante politique universitaire.

Déplacement des poubelles ou de locaux d’associations, défense du prix des chocolats chauds et de

l’état de propreté des toilettes tant d’exemples qui ont envenimé de tumultueux débats durant des mois.

Mais l’activisme naturel des étudiant-e-s ne peut pas à lui seul expliquer ce score impressionnant.

Revenons sur le soin tout particulier apporté par les organisateurs aux conditions matérielles d’élec-

tion. Pouvoir voter le mercredi 32 avril entre vingt trois heures soixante et minuit2 dans des bureaux

transparents gardés par des troll-ette-s aux détours des couloirs de l’Université ne pouvait que favori-

ser la participation aux élections. Bien heureusement, le rectorat a évité de tomber dans le piège des

nouvelles technologies en ouvrant le scrutin sur le web comme le font d’autres universités.

De manière générale, l’organisation de ces élections a donc été irréprochable. Citons notamment la

performance réalisée par la Conférence Universitaire des Associations d’Etudiant-e-s (CUAE) qui a su

différencier son rôle connu d’organisation politique et celui d’association faîtière des étudiant-e-s. Elle

a organisé de multiples débats et conférences – on se souviendra encore longtemps de l’illustre débat

organisé à l’Arena devant plus de quinze mille personnes – et a nettement favorisé la prise de parole de

tout un chacun. Grâce à elle, les étudiants-e-s connaissaient aussi bien les candidats pour lesquelles ils

votaient que les noms des rois turkmènes entre 1824 et 1877.

En définitive, félicitons-nous pour ce merveilleux résultat qui est avant tout le fruit d’un travail d’équipe.

Les lacunes du système de représentation couplées au manque d’intérêt de la majorité des étudiant-e-s

nous mènent à un profond déficit démocratique au sein de l’Université. Pourtant, des changements

sont nécessaires, voire vitaux, afin de représenter les volontés à tous les niveaux. Cependant, les voix

manquent ou se taisent, laissant ainsi les étudiant-e-s dans l’oubli.

Adrià Budry Carbó et Clément Bürge

1 Pour l’Assemblée de l’Université (14 élections),

1 la moyenne des taux de participation a été de 6,43%

1 Cf. http://www.unige.ch/rectorat/elections.html

2 Les étudiants ont eu accès aux urnes

2 le mercredi entre 14h et 17h et le jeudi entre 9h et 12h.

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PORTRAIT

PROFIL DEM. JEAN-FRANÇOIS STASZAK Sara Ramos

PORTRAIT

De la géographie provinciale à la géo-graphie post-coloniale:

Parcours de vieStaszak : n.m/f. Héritage masculin de la région du sud de la Pologne qui s’écrivait Stasiak.

« Immigré de la troisième génération » : un terme totalement vide de sens pour celui qui le subit. Jean-François Staszak vit ses années d’enfance et d’adolescence en France, dans une petite ville lorraine qu’il trouve trop provinciale. Bon élève à l’école, issu d’une middle class bien inté-grée, il aura du mal à se décider entre des études scientifiques ou littéraires. Avec de grands espoirs, il part à Paris à 17 ans pour préparer le concours d’entrée à l’Eco-le Normale Supérieure. Il y suit une forma-tion en géographie, mais aussi en philo-sophie, lettres et histoire. A ce moment, la géographie l’attire particulièrement, car elle a l’avantage de mêler l’aspect pure-ment naturaliste à l’aspect social, ce qui lui permet de concilier les deux pôles qui le tiraillent, mais aussi parce qu’elle ouvre sur l’Ailleurs.

Son arrivée à Paris sera une sorte de ré-vélation pour M. Staszak; un « grand épa-nouissement intellectuel ». Comme une nourriture de l’esprit, il vit de tout ce qu’on lui apprend, jusqu’au moment où il finit sa thèse. Entouré de bons professeurs et étu-diants, il aime cette période d’effervescen-ce et de vie « très parisienne ». Puis, retour aux sources forcé, il vivra quelques an-nées à Amiens, dans le nord de la France, où il décroche son premier poste de maître de conférences. Malgré la difficulté de ce retour en province, il se sent bien dans le milieu de l’enseignement universitaire.

Deuxième phase parisienne, Jean-Fran-çois se voit proposer un poste de maître de conférences à la Sorbonne. Il y est très heureux. Cependant, après un certain temps, il prend conscience que cela fait trop d’années qu’il donne des cours dans des universités françaises et souhaite alors changer de décor, d’autant que cel-les-ci ne se portent pas très bien, et que la géographie y est assez conservatrice. Ayant la vie de son côté, il se porte can-didat pour un poste de professeur au dé-partement de géographie de Genève, dont il devient le directeur. Il vit actuellement avec sa famille à Genève.

Parcours professionnelToujours curieux de nouveautés, c’est dans les courants de pensée américains que M. Staszak trouve son bonheur dans les an-nées 1990. Il fait de nombreux aller-retour entre la France et les Etats-Unis, et tente de jouer le rôle de passeur entre les deux mondes ; celui des géographes avant-gar-distes américains, qui parlent de tout et n’importe quoi – surtout de n’importe quoi – et celui des frileux français, qu’il essaie d’ouvrir à de nouvelles perspectives. Cel-les-ci sont d’ordre social. Elles traitent du genre, de la sexualité, du postcolonialisme et du postmodernisme.

La force créatrice dont fait preuve cet en-seignant tient, selon moi, dans le fait qu’il est ce qu’on appelle un « géographe po-pulaire ». Ses articles et ses manuels sont facilement accessibles au profane de la géographie, contrairement à de nombreux écrits scientifiques, amphigouriques pour celui qui n’a pas de BAC +4 dans la ma-tière présentée. Bien entendu, si ses expli-cations sont accessibles, elles ne sont pas simplistes pour autant et cela se remarque aisément dans l’importance que M. Stas-zak accorde au choix de ses mots. Selon lui, son travail porte sur les représentations – et donc les mots puisque c’est notamment avec des mots que nous pensons.

Actuellement, son travail se concentre sur les questions de l’exotisme et des repré-sentations que nous en avons, plus parti-culièrement la manière dont nous avons glissé de l’exotisme à l’érotisme, et de l’importance que cela a encore dans notre monde « occidental ». Malgré une étiquette de géographe qui peut sembler réductrice pour certains, M. Staszak est avant tout un homme de nouveautés, autant en so-ciologie, en politique ou en économie.

Des goûts et des couleurs

Le moment historique que vous aimeriez revivre :La « découverte » de l’Amérique avec Christophe Colomb ou Hernan Cortés. Le moment unique de l’inimaginable première rencontre avec une humanité insoupçonnée et radicalement autre – mais ce moment a eu des suites terri-bles. Il n’y aurait d’équivalent que, dans l’avenir, la rencontre avec des êtres ex-tra-terrestres (encore que la science-fiction nous y a préparés).

Le mot de la langue française que vous aimez et utilisez le plus :« sens », « à mon sens », « dans un sens ». « donner du sens », « plaisir des sens ». Je m’entends utiliser ce mot souvent, un peu trop peut-être.

Un endroit pour recommencer une nouvelle vie :La Californie, Sidney

Un rituel avant les cours :Sans doute, mais je n’en ai pas conscience

Le remède à la crise financière :Attendre, tout simplement

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JE VOUS PARLE D’UN MOTQUI N’EXISTE PAS Cléa Comninos

DOSSIER DOSSIER

Soyez-en sûrs, chers lecteurs, ce n’est, pour moi, que le début d’une longue et incertaine quête. Entre temps, Interna-tional.ink a décidé de partir, lui aussi, à la recherche de cette notion fantôme, dans un tout autre sens, sans doute bien moins personnel et peut-être plus socio-logique.

L’identité : qu’y a-t-il à voir dans ce mi-roir aux mille reflets ? Comment appré-hender une notion si controversée d’un point de vue scientifique ? Quelle place reste-t-il pour une identité nationale dans notre espace globalisé ? Qu’y a-t-il à dire sur cette notion du point de vue des relations internationales ?

Avant de considérer plus amplement les questions soulevées ici et développées dans les pages suivantes, permettez-moi de vous proposer une brève réflexion sur les définitions du mot même. Déjà dans sa conception la plus globale et avant même d’être appliquée à un domaine quelconque, la notion d’identité se trou-ve tiraillée d’une position épistémologi-que extrême à une autre, ballottée entre les différentes disciplines des sciences sociales habituellement si soucieuses de l’étanchéité de leurs frontières.

Identité consciente, aveugle, unique, plurielle, passive, changeante, antago-nique ou englobante ? Somme des fac-

teurs socialisants ou issue instantanée de nos actions et de nos choix ? Com-ment concevoir qu’un concept mobilisé par tous ne soit pourtant clairement dé-fini par personne ? D’aucuns estiment que c’est essentiellement le caractère conflictuel et problématique de l’identité qui est la cause de ce flou conceptuel. Le fait que l’identité soit une « évidence socialement nécessaire » constituerait dès lors un obstacle pour les scientifi-ques qui chercheraient à introduire une distance critique1.

Au-delà des clivages ontologiques qui caractérisent le débat sur cette notion, ce sont précisément les questions et les défis que l’identité pose à nos sociétés qui nous serviront de point de rallie-ment. Car si pour certains, l’identité n’est « qu’une illusion engendrée par le temps »2 , les controverses que ladite « il-lusion » anime, les passions qu’elle dé-chaîne, les ravage qu’elle féconde, n’ont quant à eux, rien de fictif.

Identité,

De mes mots à mes rêves à mes drôles d’habitudes

Entre mes lambeaux de mémoire et les histoires que je m’invente

Entre mes quelques certitudes, parfois entre mes insomnies

De ce présent que je compose à ces lendemains indécis :

Je t’entends, souvent même, je t’écoute

Mais si j’en viens à te nommer

« Identité »… je te trahis

Matteo Gianni est Docteur en sciences politiques à l’Université de Genève et maî-tre d’enseignement et de recherche de-puis 2006. En répondant à ces questions, il nous offre un exemple concret de recher-che académique au sein de notre univer-sité et apporte un éclairage scientifique sur la notion d’identité qui nous intéresse tout particulièrement dans ce numéro.

Vous menez actuellement des pro-jets de recherche liés au concept d’identité. Sur quoi portent-ils plus précisément ?

Je travaille sur trois projets qui portent tous sur la population musulmane habi-tant en Suisse. La notion d’identité est transversale aux trois recherches. Dans la première, mes collègues et moi cher-chons à comprendre comment l’identité musulmane peut être construite par le discours sur les musulmans dans le débat public. Dans la deuxième il s’agit plutôt de saisir l’identité en tant qu’attitude, que perception que les musulmans résidant en Suisse ont de leur propre intégration et comportement politique. La troisième recherche porte toujours sur la même po-pulation mais compare la situation suisse avec celle de cinq autres pays d’Europe. De manière générale il y a deux axes dans ces différents projets : l’un plutôt statis-tique qui cherche à répondre à la ques-tion « qui sont les musulmans résidant en Suisse ? » et à mesurer le décalage qui existe entre cette réalité démographique et politique et sa représentation dans le débat public. Le deuxième axe est plutôt qualitatif et a pour but de saisir la ma-nière par laquelle une identité peut être attribuée, créée ou reproduite par le débat public et médiatique en particulier.

Pourquoi vous être intéressé à ce su-jet en premier lieu ?

Ma démarche, en théorie politique, a de-puis longtemps été guidée par les impli-cations normatives du multiculturalisme, notamment en relation avec la théorie de la citoyenneté. Ma thèse était que la mo-rale politique traditionnelle selon laquelle l’Etat ne doit pas voir les différences et se contenter d’être neutre n’était pas nor-mativement pertinente. Avec ces projets de recherche, je souhaite approfondir ma connaissance de la situation empirique afin de nourrir ma réflexion théorique. En

général, c’est plutôt le parcours inverse que les chercheurs effectuent, mais si je reviens sur mes pas, c’est pour éviter de caricaturer la réalité que je conceptualise dans la théorie normative.

J’estime, par ailleurs, que la question des musulmans est aujourd’hui un des points de tension multic ulturels les plus saillants dans le débat public et scientifi-que. Les musulmans sont en effet consi-dérés, à tort ou à raison, comme la popu-lation la plus difficilement « intégrable » car les pays d’immigration ont jusque-là eu à faire à des immigrés provenant d’une aire de référence culturelle et religieuse plus « proche » (par exemple les Italiens, les Portugais et les Espagnols dans le cas de la Suisse). Pour pouvoir utiliser des concepts qui fassent sens dans la théorie normative, il importe de saisir les nuan-ces de la réalité que l’on souhaite traiter. Quand on sait que – pour ne citer qu’une des informations significatives – seuls 15% des musulmans résidant en Suisse sont pratiquants, il me semble indispen-sable de repenser la présumée difficulté d’intégration de cette population, puis-que cette supposition repose en grande partie sur l’argument d’une incompatibi-lité liée à la religion. Mais une fois de plus ce constat, isolé, laisse la porte ouverte à un dangereux amalgame : ce sont, cette fois, les musulmans pratiquants qui ris-quent d’être associés au problème d’inté-gration.

Qu’entendez-vous par « identité » de manière générale et comment pas-ser d’une notion souvent vague et ambiguë dans le sens commun à un concept opérationnalisable pour la recherche ?

De manière générale, par identité, j’en-tends la manière que les individus, les acteurs clés d’un groupe identitaire ont de se représenter et d’être représentés. Cette première définition implique déjà une épistémologie constructiviste de ce qu’est l’identité. Pour moi, s’il y a un dan-ger à éviter lorsqu’on parle de l’identité, c’est celui d’une conception purement volontariste de la notion (conception se-lon laquelle on ne serait que ce qu’on dé-cide d’être). J’estime effectivement que c’est une erreur que de ne pas prendre en compte les éléments qui définissent le « possible » de l’acteur, c’est-à-dire notam-

ment la représentation que les autres ont de lui et la représentation culturellement conditionnée qu’il a de lui-même.

Dans le cadre d’une recherche, on est bien sûr obligé de se rapporter à un concept moins global que celui que je viens d’es-quisser. Dans notre étude sur la représen-tation de l’islam dans la sphère publique suisse par exemple, le concept d’identité renvoie à la projection dans le débat mé-diatique des caractéristiques supposées plus ou moins essentielles de l’autre. Par cette conceptualisation de l’identité, nous cherchons à montrer comment les repré-sentations identitaires sont construites sémantiquement et thématiquement autour de sujets récurrents dans le dé-bat public. Pour vous donner un exemple concret, un des résultats préliminaires que nous avons enregistré révèle que, très souvent, quand les termes « islam » ou « musulman » apparaissent dans les ar-ticles de presse romands, ils sont associés à des notions telles que « terrorisme », « in-compatibilité islam / occident » ou « iné-galités hommes / femmes ». Il s’agit donc, ici, de comprendre comment certains thèmes récurrents systématiquement associés à un groupe d’individus contri-buent à la création de l’identité attribuée au groupe en question. Cette logique de construction de l’autre est, en effet, très importante pour comprendre le « possi-ble » en matière de politique d’intégration, puisque ces représentations influencent largement la nature des politiques et leur légitimité sociale.

ENTRETIEN AVEC MATTEO GIANNIDE L’UNI DE GENÈVE Propos recueillis par Cléa Comninos

1 KAUFMANN, Jean-Claude (2004), L’invention de

1 soi : une théorie de l’identité. Paris, Armand Colin

2 HUME, David (1739), Traité de la nature humaine,

2 traduction d’André Leroy, Aubier, 1946

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DOSSIER DOSSIER

Initiative contre la construction de minarets : un projet contraire au droit international et aux valeurs fondamentales de la Suisse

Le 29 novembre prochain, le peuple suisse devra se prononcer sur l’initiative contre la construction de minarets. Le projet, mené par l’Union Démocratique du Centre (UDC), vise à introduire un troi-sième alinéa à l’art. 72 de la Constitution (paix religieuse) interdisant de manière totale et sans exceptions la construction de minarets. Cette initiative radicale a fait naître un débat souvent confus où les arguments pour et contre s’affrontent avec passion. Quels sont ces arguments, en quoi consistent-ils ? Qu’affirment les initiants et que leur est-il rétorqué ? Bref, que penser ? A l’occasion de son numéro sur les identités, International.ink s’est penché sur la question. Eclairage et com-mentaire.

Selon le comité d’initiative1, « le minaret n’aurait aucun rapport avec la pratique de la foi dans l’islam »2. Il serait la mani-festation d’une volonté d’imposer un pou-voir politico-religieux, l’instrument « d’un combat visant à éliminer les autres reli-gions »3. Le minaret symboliserait donc une conception contraire à la Constitu-tion et au régime juridique suisse. En effet, le comité d’initiative affirme que l’érection de minarets serait la manifesta-tion de l’exclusivité religieuse et de l’into-lérance ; ce qui constituerait une menace à la paix religieuse (art. 72 Cst). La nou-velle disposition prévoyant l’interdiction de la construction de minarets aurait ainsi pour but de garantir durablement le régime juridique et social en Suisse et d’empêcher « les tentatives des milieux islamistes d’imposer (…) un système lé-gal basé sur la sharia »4. Les initiants se défendent de porter atteinte à la liberté de conscience et de croyance garantie

par la Constitution à l’art. 15 puisqu’ils ne privent pas les musulmans de leur lieu de culte, qu’ils ne les empêchent pas de se réunir et de pratiquer leur foi.

Selon le Conseil fédéral5, l’initiative porte atteinte à plusieurs dispositions de droit international. Il en va ainsi de l’art. 9 de la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH) qui garantit la liberté de religion (al.1) et le droit de manifester ses convictions (al. 2). En l’occurrence, le minaret se distingue d’une construc-tion quelconque justement par son lien avec l’islam. En effet, dans la conscience de chacun, les deux sont liés. Le comité d’initiative en fait lui-même la preuve : en se défendant d’interdire une construction religieuse, il focalise toutefois son argu-mentation sur la religion musulmane. Le lien est évident. Il est impossible d’inter-préter l’art. 9 conformément à la CEDH puisque le minaret n’est défini que par

son association à l’islam. L’initiative est également contraire à l’art. 14 CEDH qui interdit la discrimination. Selon la Cour européenne des droits de l’homme6, il y discrimination lorsqu’une différence de traitement se fonde sur une caracté-ristique personnelle, notamment la re-ligion. En l’occurrence, en interdisant la construction de minarets, l’initiative vise un symbole religieux de l’islam spécifi-quement et non pas un type de construc-tion que l’on pourrait retrouver dans d’autres religions. Elle instaure ainsi une différence de traitement fondée sur la reli-gion. La discrimination est flagrante.

Selon le Conseil fédéral toujours, l’initia-tive est également contraire à plusieurs principes constitutionnels suisses. En ef-fet, l’interdiction générale et absolue pro-posée par l’initiative revient à restreindre des droits fondamentaux dont l’égalité devant le droit (art. 8 Cst.), la liberté de croyance (art.15 Cst.) mais aussi la garan-tie de la propriété (art. 26 Cst.) sans jus-tification et sans respecter le principe de proportionnalité. L’interdiction proposée empièterait aussi sur la compétence des cantons en matière d’aménagement du territoire.

CommentaireLe comité d’initiative semble méconnaî-tre la religion dont il parle. Avant d’aller plus loin, revenons donc sur la notion de minaret7. Bien qu’ils ne soit prévu dans aucun texte, il est un signe fort de l’islam dans la conscience collective. En effet, il témoigne de la présence de la religion musulmane : c’est un élément culturel et identitaire. On lui attribue des fonctions allégoriques mais pas le symbole du pou-voir politique. En effet, sa verticalité peut représenter le lien matériel avec le divin. Pour certains le minaret est aussi l’évoca-tion de l’alif, première lettre de l’alphabet arabe et allégorie d’Allah. On ne connaît en revanche aucun cas dans lequel un mi-naret aurait été érigé suite à une victoire politique ou militaire. Il faut aussi noter qu’il est rejeté par certains mouvements fondamentalistes qui souhaitent vivre leur foi dans la plus pure tradition des pre-miers temps où les minarets n’existaient pas8 et qui le voient donc comme une in-novation impie. On relèvera ici l’ironie : l’UDC partage le point de vue de musul-mans fondamentalistes.

Sur le plan juridique, l’initiative n’est pas conforme au droit international. Le mina-ret est interdit parce qu’il est la représen-tation de la présence de la religion musul-mane. Cela porte atteinte à la liberté de religion (art. 9 al. 1 CEDH) et au droit d’ex-

primer ses convictions (art. 9 al. 2 CEDH) ainsi qu’à l’interdiction de la discrimina-tion (art. 14 CEDH). Si le peuple accepte cette initiative, la Cour européenne des droits de l’homme, si elle était saisie, pourrait condamner la Suisse qui devrait alors soit dénoncer le traité soit corriger son droit interne, à savoir supprimer l’in-terdiction de construire des minarets. L’initiative porte donc atteinte au régime juridique qu’elle dit vouloir défendre. Et ce, introduisant une disposition allant à l’encontre d’un traité ratifié par la Suisse (qui n’est autre que la Convention euro-péenne des droits de l’homme) et des nor-mes constitutionnelles suisses.

D’un point de vue social, l’initiative ferait naître une polémique propre à créer des tensions jusqu’ici inexistantes. En effet, des citoyens de confession musulmane pourraient se sentir humiliés et se tourner vers une pratique plus radicale de leur foi, face à un pays qui ne tolère pas leur reli-gion. Sur le plan international aussi, et en particulier dans les pays musulmans, une telle interdiction pourrait être interprétée comme un acte islamophobe et ainsi met-tre à mal les intérêts d’une Suisse respec-tée.

Depuis toujours compromis et concilia-tions ont entretenu une paix sociale et po-litique souvent mise à mal dans l’Histoire de notre pays. La Suisse est aujourd’hui forte de ses diversités ; un mélange de cultures, de langues, de religions uni par des valeurs communes. Une volonté de vi-vre ensemble selon des principes tels que la liberté, la démocratie, l’indépendance et la paix. Le peuple suisse est déterminé à vivre ses diversités dans le respect de l’autre et de l’équité, comme l’annonce le Préambule de la Constitution fédérale. Une interdiction de construire des mina-rets serait donc contraire aux valeurs fon-damentales qui font de la Suisse un pays où une population d’origine et de cultures diverses vit en harmonie.

INITIATIVE CONTRE LA CONSTRUCTIONDE MINARETS Fabien Kaufmann

1 Composé de 16 membres de l’UDC. Parmi eux,

1 5 Conseillers nationaux.

2 Le minaret et sa signification, dépliant argumenta-

2 tif du comité d’initiative

2 (visible sur www.minarets.ch, le site des initiants)

3 Idem

4 Texte argumentaire du comité d’initiative

4 « Initiative populaire fédérale contre la construction

4 de minarets ».

5 Cf. Message du Conseil fédéral du 27 août 2008

5 in FF 2008 6923

6 Arrêt du 28.07.2005, 33539/96 Alatukkila ua c.

6 Finlande.

7 Cf. KORBENDAU, Yves, L’architecture sacrée

7 de l’Islam, PUF, Paris, 1997.

8 Le minaret le plus ancien est probablement celui

8 de la mosquée des Omeyades à Damas. Il date de

8 715.

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DOSSIER DOSSIER

« Risurgimento »Considéré par M. Poutine comme la plus grande catastrophe géopolitique du XXè-me, l’effondrement du système soviétique a provoqué un grave traumatisme dans la majorité de la population russe. En effet, les années de présidence de M. Eltsine laissent le souvenir d’une sombre période, marquée par la corruption et la récession économique. La « thérapie de choc » qui avait pour objectif de faire passer brutale-ment le pays à une économie de marché a été associée à des dénationalisations ef-fectuées dans des conditions douteuses ainsi qu’à la pénétration des oligarques dans les plus hautes sphères du pouvoir et à la montée en puissance des mafias. A la faveur des privatisations et de la complicité du pouvoir en place, certains bâtissent d’immenses fortunes en s’acca-parant les matières premières et énergé-tiques et en les exportant avant qu’elles ne profitent au pays. C’est donc avec l’im-pression de sortir d’un cauchemar, que la population voit la démission de M. Eltsine et l’élection de son successeur : Vladimir Poutine. Cependant, ce sont surtout des facteurs conjoncturels qui aident la Rus-sie à échapper à la crise économique dans laquelle elle était plongée. L’envolée du prix de l’énergie permet au pays de tirer de précieux bénéfices de ses exportations de pétrole et de gaz, la nationalisation de ces ressources naturelles, fer-de-lance de la reprise économique, ayant été enga-gée par le nouveau gouvernement. Ce-pendant, les représentants de l’ancienne équipe d’Eltsine occupent toujours des postes gouvernementaux et gardent une influence dans la sphère présidentielle. Fermement décidés à maintenir le nou-vel ordre économique qu’ils avaient eux-mêmes contribué à instituer, ils sabotent systématiquement les mesures prisent par le nouvel exécutif. C’est après d’âpres combats que M. Poutine parvient à se li-bérer du pouvoir des eltsinistes, plaçant ses hommes à des postes clés (armée, mi-nistère de l’Intérieur, services de sécurité fédéraux). Mais c’est le bras de fer victo-rieux du Kremlin contre les oligarques qui assure le plus grand regain de crédibilité et de confiance dans les forces gouverne-mentales. Désireux d’obtenir une mino-rité de blocage à la Douma pour promou-voir leurs intérêts mais aussi de bénéficier de l’immunité parlementaire, les grands chefs d’entreprises « politisés » ont été mis en garde à plusieurs reprises par le

Kremlin. MM. Berezovski et Goussinski, qui se mêlaient ouvertement de la politi-que et tentaient d’imposer leurs vues au gouvernement, ont été contraints à l’exil. Mikhaïl Khodorkovski, ancien patron de Ioukos (compagnie pétrolière russe), ainsi que plusieurs membres de son en-tourage croupissent en prison pour vol par escroquerie et évasion fiscale. Pour cer-tains, ces arrestations ne seraient qu’une vaste opération de chasse aux sorcières menée à l’encontre de ceux qui avaient financé et permis l’accession au pouvoir de M. Eltsine. En réalité, la stratégie de M. Poutine tient surtout au désir non pas d’éliminer mais de coopter les oligarques, par les incitations ou la menace, de façon à mener à bien ses projets économiques ou politiques. D’autre part, la recentrali-sation du pouvoir a également permis de limiter -à défaut d’éliminer- le phénomène des mafias locales. Redonner confiance à la population d’un pays aussi étendu et hétérogène que la Russie et lui permettre de recouvrer sa fierté nationale n’était pas chose aisée. Après l’humiliation subie par la chute de l’URSS, beaucoup vivaient dans l’expectative d’un homme fort et charismatique capable de redresser le timon. La récupération du discours natio-naliste par M. Poutine et le redressement économique ont permis le retour du senti-ment d’appartenance en une Nation, mais aussi, une réunification de la popu-

lation avec son gouvernement. C’est donc pleinement consciente de sa puissance que la Russie se dit à nouveau prête pour peser sur un ordre international aux ten-dances beaucoup plus unilatéralistes que celui qu’elle avait « quitté ».

Quelle surprise ! La Russie se com-porte exactement comme une gran-de puissanceLors de l’ouverture des Jeux olympiques de Beijing le 8 août dernier, la plupart des médias occidentaux décrivent l’ouverture du conflit entre la Géorgie et la Russie comme une agression et une invasion impérialiste. La majorité de la popula-tion russe se dit choquée pas le caractère unanime du soutien accordé à un Mikheïl Saakkachvili des plus américanisé (di-plômé à la Columbia Law School). C’est à peine si sont mentionnées les attaques massives engagées contre la ville de Ts-khinvali (avec de nombreuses pertes civiles) et contre les bases de casques bleus russes de la force d’intervention. Savoir qui a commencé « importe peu », affirme l’ultraconservateur Robert Kagan car « si Mikheïl Saakkachvili n’était pas tombé dans le piège de Vladimir Poutine cette fois-ci, le conflit aurait été déclen-ché autrement ». A en croire que seuls les Etats-Unis auraient le droit d’agir unilaté-ralement, exportant le feu de la guerre un peu partout et décrétant l’indépendance

du Kosovo en violation de l’intégrité terri-toriale serbe. La reconnaissance de deux Républiques autoproclamées (Ossétie du Sud et Abkhazie) témoigne surtout d’un renoncement de la Russie à suivre les rè-gles d’un droit international qu’elle s’était évertuée à défendre. Jouant sur les inco-hérences américaines, le Kremlin a aussi renoncé à obtenir la légitimité politique de ses actes, désireux de montrer aux autres puissances que les règles avaient changé : désormais il faudra compter avec la Russie sur l’échiquier mondial. Auparavant, c’est avec inquiétude que le pays avait dû supporter que les ex-ré-publiques soviétiques se rapprochent de l’Occident, entrant d’abord dans l’Union européenne puis entamant des négo-ciations avec l’OTAN. En effet, entourée par les puissances occidentales à l’ouest, mais aussi par des pays émergents tels que la Chine ou l’Inde, la Russie a fort à faire pour préserver ses zones d’influen-ce. Le dossier du bouclier anti-missiles est rapproché par certains à l’ancienne politique d’endiguement américaine. De plus, la détérioration des relations russes avec ses voisins s’est poursuivie par le révisionnisme historique et culturel qui sévit en Ukraine, les liens très étroits en-tre la Révolution orange et le financement américain, la célébration de défilés nazis à Riga et la destruction de monuments en mémoire aux soldats soviétiques tombés pendant la Deuxième guerre mondiale dans les pays baltes. En tapant du pied dans la fourmilière caucasienne, la Russie s’affiche comme désireuse de remettre en question l’ordre européen de l’après guer-re froide. Cependant, les événements

du mois d’août témoignent également d’aspects plus psychologiques pour les Russes. L’enjeu géorgien est, finalement, moins une question territoriale que de fierté nationale. Après quelques affron-tements et la débâcle de l’armée géor-gienne, la progression des troupes russes s’arrête tout comme l’avaient promis les dirigeants. Au cœur de cette opération coup de poing réside surtout le désir de se prouver et de prouver aux USA que la Rus-sie est à nouveau une grande puissance capable de mener avec succès des opé-rations militaires hors de son territoire. De toute évidence, Washington semble avoir compris la leçon puisque ses projets d’intégration de la Géorgie et de l’Ukraine au sein de l’OTAN ont été repoussés sine die.

Une coopération inévitableLa bataille du gaz qui s’est jouée cet hi-ver a réaffirmé l’extrême dépendance de l’Union européenne en matière énergéti-que. D’abord soucieuse de condamner la « réaction disproportionnée » des Russes, Bruxelles s’empresse de rappeler « l’inter-dépendance entre l’Union européenne et la Russie » et l’inexistence « d’alternative souhaitable à une relation forte, fondée sur la coopération, la confiance et le dialo-gue ». Cependant, il apparaît que les prin-cipaux fournisseurs d’armes de la Géor-gie sont des pays de l’Union (République tchèque, Bulgarie) ainsi que l’Ukraine. Lorsque l’on prend en considération le fait qu’en 5 ans Tbilissi a multiplié par quatorze ses dépenses en armement, il est facilement imaginable à quel point la poudrière caucasienne menaçait d’explo-ser. Prendre le parti de la Géorgie, zone stratégique pour l’acheminement du pé-trole, c’était jouer en contradiction avec l’espoir de ne pas froisser la Russie, prin-cipale fournisseuse de gaz et de pétrole et partenaire commercial incontournable. Mais si Gazprom, société majoritairement détenue par l’Etat, a pu jouer sur le man-que de politique énergétique commune de l’Union européenne en privilégiant les relations bilatérales, elle n’en demeure pas moins dépendante de la consomma-tion du Vieux Continent puisque celui-là représente 80% de ses exportations. L’existence d’intérêts mutuels ne peut que contraindre les acteurs à poursuivre le dialogue. Par ailleurs, M. Medvedev a déjà fait un geste vers l’apaisement en ordonnant le retrait des missiles Iskander de la région de Kaliningrad, enclave russe entre la Lituanie et la Pologne. Ce signe fort en direction de Washington a été mo-tivé, selon un responsable de l’état-major des forces armées russes, « par le fait que la nouvelle administration américaine

n’accélère pas le programme de déploie-ment » de bouclier anti-missiles. Cepen-dant, M. Obama a précisé que le projet se-rait maintenu en raison de la menace que représente l’activité de l’Iran dans le nu-cléaire et en matière de missiles balisti-ques. C’est avec ce même Iran mais aussi avec le reste du monde musulman que la Russie a décidé de renforcer ses liens. Mises à mal pendant la guerre de Tchét-chénie, les relations avec les Etats musul-mans et laïcs musulmans se sont beau-coup améliorées depuis et les relations économiques avec la Turquie et l’Arabie Saoudite sont au beau fixe. La volonté de Moscou répond d’une part au désir de renforcer la multipolarité dans le monde (objectif officiel de la politique étrangère russe) et tient, d’autre part, à la tortueuse quête d’identité de la Russie. En effet, la Fédération de Russie compte plus de 15% de musulmans et la présence de l’Islam sur le territoire russe est antérieure à cel-le du christianisme, comme l’a rappelé M. Poutine. La fin de l’état de siège en Tchét-chénie préfigure une Russie qui se veut plus ouverte et, peut-être, prédestinée à jouer un rôle de médiateur entre le monde occidental et le monde musulman. Cepen-dant, il faudra peut-être que l’Occident et ses intellectuels apprennent à devenir plus modestes. Des conceptions pleines de préjugés et des théories sur l’incapa-cité des Russes à concevoir la démocratie jalonnent les discours. Erigeant le mo-dèle démocratique occidental en modèle suprême, ils méprisent une Russie « bar-bare » avec qui tout dialogue serait vain. Déjà en 2007 M. Bush fils déclarait : « Il est impossible de reprogrammer le code génétique de la Russie et d’y inscrire la démocratie. La démocratie, la Russie ne l’a pas dans le sang ». Il est désormais nécessaire d’abandonner ce mépris occi-dental très commun ; la reprise d’un dialo-gue d’égal à égal reste fondamentale pour une normalisation des relations. Aucune solution aux problèmes énergétiques et au dossier du nucléaire iranien ne pourra être trouvée sans passer par Moscou.

LA RUSSIE RETROUVE SON RÔLESUR LE THÉÂTRE MONDIAL Adrià Budry Carbó

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DOSSIER DOSSIER

Trop parler de ça ? L’identité, c’est ce qui est écrit dans ton passeport ?

C’est ton prénom, (=..........) que t’ont donné tes parents (=.................+................) ? C’est ta taille (................cm) ? Ce qui est sur my.unige; tes notes (=...) ? Non, ça t’éner-ve.

Ton identité, bien sûr, ce n’est pas tes notes. Plutôt tes pensées, celles que tu as eues ce matin quand tu t’es levé(e); (=......................................................). Ce que tu aimerais manger tout de suite (=...........................................), ou peut-être qu’une par-tie de ton identité est un besoin physique que tu as (=.............................................). Tu exprimes ton identité plutôt avec tes vê-tements, ceux que tu portes aujourd’hui ? Si tu exprimes ton identité par ta façon de t’habiller, que portes tu maintenant ? (=.................................................), tu penses à tes culottes ? (=........................................)

Ton identité est peut-être plutôt visible dans le choix d’un ami (=..............................) qui, par hasard est à tes côtés mainte-nant. Pas encore assez profond pour dé-

finir ton identité ? Elle est tes souvenirs d’enfance, un événement de ton enfance (=...............................) qui y est tellement lié que à cet instant tu y penses spontané-ment ? Tu te souviens aussi de ton pre-mier amour (=........................), plutôt de ton amour actuel (=........................) ? Tu souris quand tu penses à l’identité (=.................................................), pour le grand amour (prends des feuilles vierges), de ton amour ? Ou tu n’oses pas définir l’identité de l’autre ? Ou tu n’en as pas, un amour, parce que non, toi tu sais pourquoi tu n’en as pas (=...........................................................).

L’identité, c’est la vision que tu as de la vie ou de toi ? Cette identité change-t-elle beaucoup? Ou c’est une manière spéciale de penser, de réfléchir à ton environne-ment ? L’identité ce reflète-t-elle dans tes humeurs ? Maintenant tu te sens un peu (=...............................................). Ou l’identité ce sont tes rêves. Te rappelles-tu du rêve (=................................) que tu as fait cette nuit ? Ou un rêve de ton futur (=...................................................................). Qu’est-ce que tu aimes de ton identité ? Tu pourrais dé-finir ton identité ? Que penses-tu au sujet

de ton identité ? Ou peut-être que toi et ton identité c’est exactement la même chose.

L’identité (=..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................etc.)

Parce que l’identité se sont aussi ces souvenirs, ces traumatismes que tout un chacun porte au plus profond de soi-mê-me, nous avons voulu laisser un peu de place pour un article d’un genre un peu différent. Peut-être parce que seul le ly-risme peut dévoiler les blessures profon-des, parties constituantes de l’être, ce ré-cit d’un déraciné des terres brûlées de la misère vient ponctuer un travail collectif sur l’identité. (Adrià B. Carbó)

Si je suis venu en Suisse c’est pour sauver ce que je pouvais. Ma vie d’abord et puis le reste. Le reste ce sont les blessures béantes que pourtant on ne voit pas, cel-les que l’on porte dans le cœur et que nos yeux ont eu le malheur de nous apporter.

Il est possible de se soustraire aux balles et aux roquettes mais la guerre et la vio-lence, hydres immondes nées des vanités de l’homme, vous poursuivent et il n’y aura jamais assez de distance entre elles et vous. Monstres implacables, elles vous piquent de leurs dards envenimés au pre-mier regard échangé. Elles vous inoculent leur poison qui réveille en vous l’instinct de mort, elles vous lèguent le pouvoir ef-frayant de ne plus s’étonner des horreurs dont l’homme est capable. Et une fois qu’on les a découverts, qu’on les a regar-dés bien en face, qu’on a vu mourir, tuer, battre et torturer, on a plus qu’une seule obsession : fuir ! Loin ! Mettre mers, mon-tagnes et désert - et plus encore !- entre elles et le refuge.

Me voilà, ici au milieu des montagnes, dans ce pays ou les chants de la guerre et de la violence ont cessés de raisonner depuis longtemps. Je m’y sens à l’abri ; la guerre m’aurait-elle oublié ? L’aurais-je lassé avec mes doléances ? Bonne amie et malicieuse, si elle m’abandonne ce n’est que pour mieux me surprendre. Au milieu de la nuit, un coup de téléphone, de la fa-mille, une roquette, du sang et des larmes. La revoilà, je sens, là, dans mon abdomen, la lame glacée, une piqure de rappel, un baiser acide pour se ressouvenir.

La violence, elle, est plus facile à écon-duire, mais comme une amante acharnée elle revient sans cesse à la charge. Tou-jours plus subtile, elle use de tous les arti-fices et de tous les fards pour tromper ma vigilance. Elle se reflète dans le geste de dégoût d’une ombre qui change de trottoir

à ma vue, dans les propos innocents d’un article de presse, sur la table qu’on refu-sera de dresser pour moi. Je croise son re-flet et sens enfler la bête en moi, non, juste derrière moi, tout près, à un pas. Je sens son souffle sur ma nuque, il m’enivre, me séduit presque. C’est le murmure lointain de sa cruelle litanie : « le respect n’est que la peur postichée. Il se prend, se cueille tout au plus, et ne se rend pas. C’est par moi qu’il arrive et ton salut réside dans mes bras. Gare ! Si tu hésites, sache que l’autre ne le fera pas… » Et déjà la haine se crispe dans mon poing, l’écume de la rage monte dans mon cœur et les larmes de la honte envahissent mes yeux.

Qu’on ne me pardonne pas plus qu’à un autre, car chaque homme subit les of-fenses de sa condition. Que l’on ne me prenne pas en pitié, car je vis en homme digne. Que l’on sache simplement que j’ai infusé dans la marre puante des conflits modernes. Lorsque l’on sort de l’eau on est encore mouillé. Laissez juste le temps aux autres malheureux et à moi-même de sécher un peu…

TOI Flurina Marugg MÉMOIRES D’UN DÉRACINÉ : LESPASSAGERS DE LA VIOLENCE Mohammed Musadak

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UNE CULTURE GENEVOISEMISE EN PÉRIL ?MATEO BROILLET • Evidemment, à bien y penser, il y a matière à faire…

En seulement quelques mois, deux des piliers culturels genevois semblent dispa-raître sans véritablement attirer l’attention. Les domaines de la création autogé-rée et alternative semblent en effet tomber dans l’oubli. La ville a la tête ailleurs et laisse sombrer ce milieu. Un abandon qui s’explique souvent par la nécessité pour l’Etat de traiter d’autres problématiques jugées – non sans raison - plus im-portantes et plus urgentes, comme la gestion immobilière ou le développement durable. Cependant, on ne peut que déplorer la chute de tout cet espace créatif qui s’est si souvent mis en valeur.

Si les lieux d’Artamis, de Rhino, et certains Squats incarnaient un idéal aujourd’hui disparu, il est peut-être encore un peu tôt pour baisser les bras. Effectivement, des solutions existent. Remercions tous les initiateurs de projets comme l’Union des Espaces Culturels Autogérés , la RAAC , l’Association pour la Reconversion de la Caserne des Vernets , Darksite et la blogosphère toujours plus active .

En espérant que le temps et l’action de ces derniers donnera raison à la culture alternative genevoise.

Pour cette édition, International.ink offre spé-cialement quelques lignes au groupe Amnesty International UniGe. En espérant que vous ap-précierez ce qu’ils vous ont concocté, nous vous souhaitons une bonne lecture !

PROPOS RECUEILLIS PAR LUKAS À PORTA • Amnesty International (AI) se range résolument du côté des partisans et défenseurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), affirmant la validité générale des jugements normatifs qui en découlent, leur irréductibilité aux contextes et aux cultures. Comment AI justifie-t-elle sa position universaliste? Comment agit-elle pour promouvoir les droits humains? Comment fonctionne l’ONG AI? A l’occasion des 60 ans de la DUDH, nous avons posé ces quelques questions à deux membres de l’antenne universitaire d’Amesty International, Alexis et Max.

AI a maintes fois invoqué la DUDH pour condamner les dérives de la lutte contre le terrorisme, tentant d’endiguer la montée en puissance d’une forme de contextualisme moral qui s’appuyait sur une situation exceptionnelle pour justifier un non-respect systématique des droits humains. Il est urgent, selon cette ONG, de réaffirmer les principes contenus dans cette déclaration. Juste-ment, comment faut-il interpréter ces articles? L’ensemble des lois qui fondent la déclaration est-il absolu, faut-il prendre les articles au mot? Non, pour Max « la DUDH n’est pas les dix commandements ». De prime abord, cette réponse, revendiquée comme personnelle et ne concordant donc pas forcément avec la ligne de AI, est déroutante. Ce qui apparaît comme une concession au relativis-me est en fait une façon d’éviter l’édification d’un « nouvel absolutisme ». Une lecture non littérale de la DUDH permettrait une prise de distance critique et une plus grande souplesse d’application à des situations différentes. Il s’agit de considérer ce texte comme « une guideline, une feuille de route », un horizon inatteignable, « une utopie ». Cette approche permet de mieux faire face à des situations où il y a des incompatibilités entre des droits, quand par exemple le respect de la dignité d’une personne souffrante, proche de la mort, s’oppose au droit à la vie. En admettant que les droits, ou du moins l’interprétation qui peut en être faite n’est pas absolue, on évite la paralysie. Mais peut-on conserver l’universalisme? Les droits peuvent-ils être universels et non absolus?

Malgré l’ambiguïté de cette position, le relativisme culturel est condamné sans ambages par nos deux interlocuteurs qui rappellent qu’actuellement bien peu de pays, si ce n’est aucun, contestent la DUDH. Face à la tentation de tout relativiser, d’affirmer que la validité des jugements moraux dépend du contexte culturel dans lequel ils sont énoncés, Alexis s’appuie sur une intuition fonda-trice: « il existe des valeurs qui sont partagées par tous sur cette terre ». La re-transcription écrite de la « charte orale » de Manden, d’origine malienne et datée du 12ème siècle, et qui codifie la plupart des droits fondamentaux, alimente cette intuition. Derrière le droit à la vie, à la dignité, à la liberté d’expression, il y aurait donc une aspiration universelle, une ou plusieurs fins partagées par tous les êtres humains. La DUDH fait également explicitement référence aux identités culturelles, à la liberté religieuse ce qui ne veut pas dire que le respect de la culture peut impliquer le non-respect des droits humains. La non hiérar-chisation des droits humains permet d’éviter cet écueil.

On l’a compris, les membres d’Amnesty International ont une idée de ce à quoi devrait ressembler un monde idéal: ils agissent en conséquence, tirant leur lé-gitimité de la DUDH, ce texte central, « fondement théorique et juridique de l’action d’Amnesty ». Concernant la mise en application des droits humains, la méthode pour les faire respecter est simple: « insuffler le changement de l’inté-rieur, non de l’extérieur ». Les accusations d’impérialisme sont écartées, il s’agit pour Amnesty de faire du « lobbying auprès des parlements [...] d’influencer les decision makers et les citoyens ». L’action d’AI se déploie dans le respect des

légalités nationales... sauf dans les cas où ces dernières ne garantissent pas des libertés élémentaires, comme le droit à manifester. « Le relais légal » devient alors la DUDH. AI ne soutient pas financièrement les militants autochtones des droits de l’homme mais leur apporte un appui moral guidé notamment par l’impératif suivant: il faut à tout prix « éviter que les prisonniers ne tombent dans l’oubli ». Le répertoire d’action de l’ONG comprend, en plus du lobbying, des envois massifs de lettres, dans les cas d’actions urgentes. Selon nos interlo-cuteurs, la « moitié des cas [est] couronné de succès ». Pour augmenter l’effica-cité des actions, il s’agit d’attirer l’attention de l’opinion publique sur des sujets urgents ou de pétitionner. Concernant les relations avec les représentants des pays, la philosophie de AI est simple. Il s’agit de ne pas froisser les dirigeants, quels qu’ils soient. AI communique avec tout le monde, même ceux qui sont « chiants ou mauvais ». La différence avec Greenpeace, qui utilise souvent la confrontation, est patente. Les actions des défenseurs des droits humains ne sont pas aussi montrables et donc moins souvent reprises par les médias. Et Max de s’exclamer: « AI c’est pas Hollywood! ». Le risque de se voir instrumentalisée par les médias est toléré. « Amnesty est une organisation idéaliste qui se meut dans un monde réaliste. Avec les seules croyances idéalistes on ne peut pas aller bien loin ».

N’y a-t-il pas des biais dans la façon d’AI de choisir ses luttes? Défend-elle vraiment tous les individus, même ceux que l’État catalogue comme terroristes? L’épisode de Guantanamo est ici rappelé, de même que le soutien incondition-nel et précoce de l’ONG à ceux que l’on a incarcérés, soupçonnés de terrorisme. Malgré leur passé, ils doivent être considérés comme des « êtres humains qu’il faut respecter en tant que tels [et par conséquent, ils ont] droit à un procès équitable ». Alors certes, être favorable à la fermeture de Guantanamo relève aujourd’hui du politiquement correct. Mais en 2002 et en 2003, il était beau-coup plus ardu, dans le contexte tendu de la lutte contre le terrorisme et face au gouvernement Bush, de soutenir explicitement ces personnes.

D’où provient l’argent qui permet à l’ONG de fonctionner? AI reçoit des dons privés et des cotisations annuelles. Elle n’accepte pas les dons assortis d’obli-gations. Quand on donne à AI on renonce à toute influence, on ne peut pas choisir l’affectation d’un don, à la différence d’autres ONG. A ce titre, cela ne pose pas de problème si l’argent provient de néo-conservateurs, bien que cela soit peu probable de l’avis d’Alexis. Quant à ceux qui font des dons pour ne pas être imposés, cela n’est pas gênant. Seul le fait que l’argent soit bien utilisé im-porte, non pas la sainteté ou la bassesse des intentions de ceux qui donnent. Les fonds sont gérés au niveau national et international. Si une antenne nationale d’AI reçoit beaucoup d’argent, elle diffuse alors son surplus vers d’autres pays. La Suisse fait cela pour la Côte d’Ivoire et la Tunisie, où les récoltes sont peu abondantes. Et s’il y avait des pressions d’AI Londres [le centre international] pour affecter des fonds à des programmes spécifiques contre l’avis des antennes locales, alors pour Max « ça constituerait une raison pour quitter Amnesty ». On l’a vu au fil de ces quelques lignes, les militants d’Amnesty que l’on a rencon-trés ont des convictions fortes mais qui sont contrebalancées par un souci de tolérance. En définitive leur position s’apparente plus à celle d’un équilibriste que d’un exalté, d’un défenseur modéré mais efficace de la DUDH plutôt que d’un impérialiste moral dédaigneux et arrogant, ce qui apparaît somme toute comme bien raisonnable.

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ZOOM(titre à définir ?)

WE LOVE GENEVA Interview Olive

Liens du dossier (sites internet)

NATHALIE BUCK ET ALEXIS THIRY, AMNESTY INTERNATIONAL UNIGE • Au vu des 60 ans de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH), il nous a semblé intéressant de poser quelques questions à son sujet à Peter Splinter, représentant d’Amnesty Inter-national (AI) à l’Organisation des Nations Unies (ONU).

Amnesty International UniGE : Quel est le rôle d’AI aux Nations Unies ?

Peter Splinter : C’est un peu complexe dans le sens où AI s’engage avec l’ONU de plusieurs façons différentes mais l’une des actions d’Amnesty au Conseil des droits de l’homme (CDH) est de faire du lobbying sur les pays qui ne respec-tent pas les libertés fondamentales. Nous restons très vigilants concernant les décisions prises par le Conseil de sécurité. Nous travaillons également en étroite collaboration avec le Haut Commissariat aux droits de l’homme qui effectue des contrôles.

AI Uni : Avez-vous l’impression que votre présence « dérange » certains diplo-mates ? Si oui, pourquoi ?

PS : Je crois que notre présence doit déranger. Un de nos rôles est de dire les choses que certains diplomates ne voudront pas entendre. Bien sûr qu’Amnesty en général se doit de déranger et nous avons parfois le sentiment que nous ne dé-rangeons pas assez. Mais pour être efficace nous devons trouver un juste équili-bre, c’est-à-dire, on doit déranger mais pas trop et dire les choses mais de façon intelligente. Nous devons éviter la provocation pour pouvoir être entendu. Cer-tains représentants des pays de l’Europe de l’Ouest ou des pays de l’Amérique du nord qui ne pensent pas avoir de problèmes de droits humains s’étonnent : « Pourquoi vous nous critiquez ? Comment pouvez-vous nous comparer à des pays africains ? ». Certains diplomates des pays développés ne comprennent pas que même les pays démocratiques transgressent les droits humains.

AI Uni : Pensez-vous que cette crise financière qui régit actuellement constitue une « bonne » excuse aux Etats développés pour justifier le manque de moyens alloués en faveur des droits humains ?

PS : Je pense que c’est un peu tôt pour parler d’un désengagement des Etats modernes en raison de la crise. La grande question est de savoir si cette crise va toucher l’aide au développement. La mission d’Amnesty sera de faire en sorte que cette crise ne devienne pas une excuse.

AI Uni : Jusqu’à quel point la thèse qui consiste à expliquer que le non respect des droits de l’homme en Afrique est dû à la colonisation et plus généralement à l’Occident se justifie ?

PS : Cette idée que seule l’histoire peut expliquer à elle seule le non respect des droits de l’homme me parait injustifiée. C’est vrai qu’il faut tenir compte de l’histoire, mais l’héritage de la colonisation n’explique pas tout. Chaque pays doit assumer ses propres responsabilités. Amnesty a visité les prisons au Togo. Ces prisons étaient rudimentaires, je ne veux pas dire que tout est rose, mais même avec des moyens limités, la dignité humaine des prisonniers était davan-tage respectée que dans certaines prisons françaises qu’elle a également visitées. Avec les moyens qu’ils avaient, ils ont fait du mieux qu’ils pouvaient pour que les conditions soient correctes. Il faut faire attention à ne pas tout justifier par l’influence de l’Occident. Bien sûr que la colonisation anglaise a eu des consé-quences, il n’y a pas de questions là dessus. Mais néanmoins, ce qui se passe

par exemple au Zimbabwe n’est pas le résultat de la colonisation anglaise, les responsables des atrocités commises dernièrement sont les uniques coupables.

AI Uni : Au sujet de la DUDH, quelle est concrètement son efficacité dans les prises de décision au Conseil des droits de l’homme (CDH)? Comment est-ce que vous utilisez ce texte pour faire avancer des projets au CDH ou résoudre des problèmes ?

PS : Il y a toujours des violations. On les constate dans les pays comme les Etats-Unis ou dans des pays où il existe une certaine discrimination mais l’ac-complissement et l’amélioration depuis 1948 résident dans le fait qu’il y en a très peu qui remettent en question les Droits de l’homme. Par exemple, il y a une dizaine d’années, il y avait cette question des Asian values - la question des valeurs asiatiques - car les pays d’Asie ont leur place au CDH. Ils ont donc un droit d’expression sur les discussions portant sur les droits humains.

Là où il y a un grand débat - pas polémique car ce mot est un peu trop fort - mais débat c’est de savoir ce que les droits veulent dire, ce que les libertés veulent dire. Par exemple, la liberté de religion est toujours autre chose donc il n’y a pas une compréhension nette partout, il y a une liberté de religion qu’il faudrait respecter mais qu’est-ce que cela veut dire ? Et c’est là maintenant que se situe un des grands débats en ce qui concerne la DUDH.

AI Uni : Pensez-vous qu’il y aurait des améliorations, des modifications à ap-porter à la DUDH ?

PS : C’est une question qui me dépasse mais je pense quand même que ce serait une grande erreur que d’essayer d’améliorer la DUDH, du moins dans le texte même.

AI Uni : Pouvez-vous nous expliquer un peu quelle est la structure du CDH et comment il fonctionne ? Pensez-vous que la nationalité de la présidence de ce Conseil peut influencer les discussions ?

PS : Le CDH est composé de 47 membres. Chaque région a droit à un nombre précis de membres. L’Afrique et l’Asie ont droit à 13 membres, l’Europe orien-tale a droit à 6 membres, l’Amérique latine a 8 membres, et l’Amérique du nord et l’Europe a 7 membres. C’est le Nigeria qui assure aujourd’hui la présidence du Conseil.

Pour revenir à la deuxième question, oui clairement beaucoup de choses diffè-rent d’une présidence à une autre. L’expérience du président en tant qu’individu a une grande influence. On pourrait penser que lorsqu’ a lieu une présidence africaine le bilan va être négatif, mais il arrive qu’un président prenne des po-sitions qui vont à l’encontre des positions de son propre pays. Il ne faut pas penser que ces discussions dépassent les citoyens du monde. Les débats qui ont lieu au CDH ont un réel impact car ils sont diffusés dans le monde entier grâce au Webcast.

AI Uni : Ne pensez vous pas que le CDH devrait être composé autrement ?

PS : La proposition qui visait à donner à chaque pays du monde un siège au CDH a été envisagée ; c’est-à-dire que certains pays ont émis l’hypothèse que les 193 pays devraient siéger au Conseil. Cette idée a été rejetée, mais dans quelques années les bases du Conseil vont être refondées…

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sous des angles nouveaux, et de s’orienter vers des domaines d’étude plus précis et moins conventionnels : spécialisations ré-gionales sur le modèle du Master en Étu-des Asiatiques ; politique internationale en matière de santé publique, de marché du travail ou d’environnement ; échanges scientifiques, intellectuels et culturels ; hard powers et soft powers… Les exem-ples ne manquent pas. De tels masters orientés permettraient de se démarquer des autres hautes écoles suisses et de tirer partie de la diversité des champs d’études abordés au sein de notre univer-sité, qui fait sa force et sa richesse.

Le BARI est actuellement dépassé par son succès et de nombreux étudiants se retrouveront au sortir de celui-ci devant de nombreuses portes engageantes, mais irrémédiablement fermées. Nous avons vu qu’un master généraliste avec accès automatique n’est pas une solution viable pour accueillir ce trop plein d’étudiants : au-delà de son coût, il risque d’être rapi-dement surchargé et de devenir ainsi un « master poubelle » peu valorisant et peu valorisé. Le seul moyen de satisfaire une demande grandissante tout en préservant la qualité de la formation en Relations In-ternationales est donc d’élargir l’offre de masters spécialisés et limités à un cer-tain nombre d’étudiants dans des domai-nes particuliers tels que ceux cités plus haut. Ce n’est qu’en multipliant ce type de masters originaux que l’Université par-viendra à répondre aux préoccupations des étudiants de plus en plus nombreux que le BARI attire en ses murs.

Les cordons de la bourseLa question du financement de tels mas-ters reste bien entendu problématique. Plusieurs éléments permettent certes de limiter leur coût: d’abord des masters uni-ques en Suisse continueront d’attirer des étudiants d’autres cantons, et avec eux de larges subsides au nom de la péréqua-tion intercantonale6; ensuite, comme dit plus haut, limiter de nombre d’étudiants dans chaque formation permettrait éga-lement d’en restreindre le coût ; enfin, en orientant ses nouveaux masters vers des domaines d’études déjà présents en son sein, l’Université pourrait tirer partie des ressources et des compétences qu’elle possède déjà et ainsi éviter de devoir mo-biliser trop de nouveaux fonds. Travailler en collaboration avec l’IHEID – comme c’est déjà le cas pour le Master en Étu-des Asiatiques – aurait le même effet. Le Rectorat sera néanmoins forcé de délier les cordons de la bourse si des nouveaux cursus sont créés. Et il n’est même pas certain que le développement de Masters

en Relations Internationales soit la façon la plus judicieuse d’utiliser les nouveaux fonds éventuellement débloqués.

C’est en effet avant tout dans le BARI qu’il s’agit d’investir. Dépassé par son succès, celui-ci voit affluer un nombre de plus en plus important d’étudiants attirés par une formation unique en suisse. Face à cet af-flux, l’encadrement a toutes les peines à suivre. Le Rectorat montre pourtant une réticence coupable à débloquer les moyens nécessaires pour faire face au succès des Relations Internationales. Le BARI a été mis en place avant l’entrée en fonction de l’équipe actuelle. On comprend que celle-ci veuille créer ses propres projets, mais elle a avant tout la responsabilité de ne pas laisser péricliter l’héritage légué par ses prédécesseurs. Les Relations In-ternationales sont un « pôle stratégique » pour l’UNIGE et ce à juste titre, puisque son succès montre l’intérêt des étudiants de Suisse et d’ailleurs pour un domaine d’études en pleine expansion. Ce succès justifie à lui seul de soutenir et de déve-lopper une formation qui contribue tant à distinguer notre université dans le pay-sage académique suisse et qui constitue un pilier indispensable de la « Genève in-ternationale ».

Faut-il pour autant abandonner l’idée de créer des « MARI » originaux? Non, bien entendu. Ces masters spécialisés sont la prochaine étape logique dans le dévelop-pement du pôle académique en Relations Internationales. Mais avant de s’engager sur ce chemin nécessaire, il s’agit avant tout d’en consolider la base et de faire en sorte que les premières pierres posées avec la création du BARI ne soient pas emportées par un flot de problèmes que le Rectorat aura échoué à endiguer.

VIE UNIVERSITAIRE VIE UNIVERSITAIRE

Les étudiants titulaires d’un Bachelor en Relations Internationales se trouvent dans une situation singulière : l’abondan-ce étourdissante des possibilités de mas-ters qui s’offrent à eux – masters à l’UNI-GE, IHEID, et innombrables institutions étrangères – occulte l’absence au sein de notre université d’un master consacré aux Relations Internationales elles-mêmes. Les raisons qui s’opposent à la création d’une telle formation sont connues : son coût serait bien trop élevé pour être as-sumé par l’Université et elle entrerait en concurrence directe avec les masters de l’IHEID, risquant ainsi de se transformer en formation poubelle pour les étudiants auxquels l’Institut aura fermé ses portes.

Il existe pourtant un moyen de répondre à ces critiques. Ainsi, si une formation dont l’accès serait automatique, sans condi-tions autres que l’obtention d’un bachelor, risque effectivement de faire rapidement face au même problème de surcharge que connaît le BARI actuellement, l’imposi-tion d’une forme de sélection à l’entrée permettrait d’éviter ce genre de travers. Limiter le nombre d’étudiants au sein de cette nouvelle formation restreindrait du même coup les coûts d’encadrement ; de même, un accès sur concours coupe-rait court aux craintes de voir le nouveau master dévalorisé. Bien au contraire, celui-ci pourrait présenter une alterna-tive intéressante à l’IHEID, apportant une concurrence bienvenue et une émulation réciproque qui ne pourrait être que béné-fique.

Master consécutif?Est-il possible d’instaurer un master sélectif sans autres conséquences à l’UNIGE ? Si l’on considère en effet que cette nouvelle formation est un master consécutif, il n’est a priori pas possible d’en limiter l’accès, comme l’a prescrit la Conférence Universitaire Suisse (CUS) dans sa Directive de Bologne1. Il faudrait donc considérer le nouveau Master com-me un master spécialisé, pour lequel « les universités peuvent fixer des conditions supplémentaires, identiques pour tout les candidats »2. La CUS accepterait-t-elle une telle dénomination? On peut espérer que tel sera le cas pour deux raisons.

Premièrement, l’introduction d’une caté-gorie de masters spécialisés vise à per-mettre aux universités de « se profiler en proposant des enseignements spécialisés dans les domaines de pointe »3. Or les Re-lations Internationales sont pour l’Unige l’un de ces « pôles académiques »4 de pointe. La création d’un Master spécialisé en Relations Internationales serait donc, après la création du BARI, la prochaine étape logique du développement de ce pôle. On rappellera également que la CUS a déjà accordé à l’IHEID la désignation de tous ses masters comme spécialisés, ce qui a d’ailleurs permis de limiter l’ac-cès des étudiants du BARI à l’Institut, et a soulevé de nombreuses critiques5. La Conférence aura dès lors du mal à refu-ser le même traitement à l’Université de Genève, qui plus est pour un master si-milaire.

Il serait par ailleurs faux d’affirmer que le BARI ne dispose pas de master consécu-tif. L’admission aux Masters de Droit, de Science Politique, d’Économie, d’Histoire et d’Histoire Économique proposés par l’Unige est en effet automatique, pour autant que l’on ait suivi les options cor-respondantes au niveau du bachelor. Les étudiants du BARI ne disposent donc non pas d’un, mais de plusieurs masters consécutifs « dans la branche d’études correspondante » pour lesquels ils seront assurés d’être reçus « sans autre condi-tion », conformément à la Directive de Bo-logne. Cependant, s’il existe un Master en Droit International ainsi qu’un Master en Science Politique axé sur les logiques de l’international, de telles formations centrées sur le domaine de prédilection du BARI font encore défaut en Sciences Économiques et en Histoire Économique et Sociale.

Adopter des approches originalesCeci ne fait que renforcer l’intérêt de concevoir un véritable Master en Rela-tions Internationales. Reste à déterminer son champ d’études. Créer une forma-tion généraliste, un master consécutif au BARI au sens le plus étroit du terme, n’aurait que peu de sens, puisqu’il serait totalement identique au Master en Affai-res Internationales de l’IHEID et entrerait de plus en concurrence avec les autres masters dans le même domaine qui exis-tent ailleurs en Suisse (à Saint-Gall par exemple). Il serait bien plus intéressant d’aborder les Relations Internationales

RELATIONS INTERNATIONALES :À L’HEURE DU MASTER (auteur à définir)

1 L’article 3 al. 2 de cette Directive stipule en effet

1 que « les titulaires d’un diplôme de bachelor délivré

1 par une université suisse doivent être admis sans

1 autre condition dans les filières d’études de master

1 universitaires de la branche d’études correspondan-

1 te ». La Directive est disponible à l’adresse suivante :

1 http://www.cus.ch/wFranzoesisch/publikationen/

1 richtlinien/BOL-RL-2008-Fr-V2.pdf

2 Article 3 al. 3 de la même Directive.

3 Commentaire à l’article 3 de la Directive,

3 disponible à la même adresse.

4 Voir l’objectif no 5 du Plan stratégique de l’unige,

4 « Une vision pour 2020 »,

5 Voir à ce sujet l’interpellation urgente de

5 Mme Anne Emery-Torracinta et la réponse

5 du Conseil d’État, disponible sous :

5 http://www.geneve.ch/grandconseil/data/texte/

5 IUE00239A.pdf

6 Voir l’éditorial du dernier numéro (no 5)

6 d’International.ink

VIE UNIVERSITAIRE VIE UNIVERSITAIRE

L’Association des Etudiant-e-s en Science Politique et en Relations Internationales (AESPRI) se présente. Si tu es intéres-sé-e par la vie universitaire et associative, n’hésite pas à te joindre à nous !

Qui sommes-nous ?L’Association des Etudiant-e-s en Science Politique et en Relations Internationales (AESPRI) est chargée de représenter les étudiants des bachelors en Science Poli-tique et en Relations Internationales ainsi que des masters apparentés.

Organisée sur trois plans différents, l’AESPRI est composée de groupes qui travaillent sur des thèmes ou des projets précis, d’un comité qui coordonne et re-partit les différentes activités, et d’une assemblée générale qui supervise, élit et donne les orientations stratégiques à l’association en tant qu’organe suprême. Grâce à la motivation et à l’engagement de nos membres, nous organisons des ac-tivités qui, le plus souvent, pour ne pas dire toujours, se terminent autour d’un verre.

Ce que nous faisonsNos participations/ nos activitésLes projets de l’AESPRI sont nombreux et diversifiés. Par exemple, l’année passée, l’association a été active sur la scène uni-versitaire en s’investissant dans la cam-pagne sur la nouvelle loi sur l’Université, en donnant sa voix au projet d’améliora-tion du plan d’études du Bachelor en Re-lations Internationales ou encore en col-laborant à l’organisation de l’anniversaire des 450 ans de l’Université.

Ce n’est pas tout ! Nous nous engageons également à promouvoir la vie sociocultu-relle de l’Université. C’est ainsi que nous avons programmé un forum sur le thème de l’éducation réunissant tant des projec-tions de films et des débats que des confé-rences. L’AESPRI est également l’éditeur de votre serviteur ci-présent, Internatio-nal.ink, le journal des étudiants, qui a pu-blié plusieurs numéros l’an passé.

De manière plus festive, l’AESPRI a éga-lement organisé des soirées déjantées, des tournois de jass et de poker, des pro-jections de film et un voyage d’études à Bruxelles.

En plus de ces projets, nous nous tenons à

la disposition de tous pour répondre à vos questions concernant vos études, écouter vos propositions, vous apporter du sou-tien dans quelconque situation ou pour donner de la voix à vos revendications.

Comment participer ?Si la vie associative t’intéresse et si tu veux participer à l’organisation d’événe-ments au sein de l’Université, t’investir dans la politique universitaire, devenir rédacteur au sein d’International.ink, etc. n’hésite pas à te joindre à nous !

Tu peux devenir simple membre1 en t’ins-crivant sur le petit fascicule distribué en début d’année. Ton action permettra de reverser 4 francs de ta taxe universitaire aux associations d’étudiant-e-s pour fi-nancer leurs activités.

Si tu veux t’investir plus activement, tu peux devenir membre de l’un de nos grou-pes (journal, voyage d’étude, forum du mi-litantisme, politique, événementiel,…) ou participer directement aux réunions du comité, qui ont lieu chaque semaine. Il est tout à fait possible d’être membre d’un groupe sans participer au comité !

Dans tous les cas nous t’attendons pour l’assemblée générale de l’association le

Mercredi 23 septembre à 18h15

afin de présenter l’AESPRI plus en détail, et discuter des projets et des priorités pour l’année à venir. L’AG sera bien en-tendu suivie d’un apéro !

Pour prendre contact avec nous :[email protected] : 5297 (Uni Mail)

L’AESPRI

LA VIE ASSOCIATIVE À L’UNIVERSITÉ,UN EXEMPLE PAR L’AESPRI (auteur à définir)

1 C’est-à-dire simplement soutenir ton association

1 sans participer directement à ses activités.

VOYAGE VOYAGE

HNMUNOU LA GRANDE VADROUILLE Adrià Budry Carbó

Au commencement… était le néant. C’est au départ une idée un peu folle qui a germé dans l’esprit de gens un peu fous : pour-quoi ne pas se rendre à cette simulation des Nations-Unies organisée par Harvard à Boston ? Se basant sur l’expérience po-sitive d’une étudiante de Guadalajara (en séjour mobilité à Genève), un petit grou-pe a commencé à se former, tout d’abord sans vraiment y croire. Puis, le groupe a commencé à croître et à se réunir pour pratiquer l’art du débat dans la langue de Shakespeare. Peu à peu les soutiens sont arrivés. D’abord celui de l’AESPRI puis des subventions de différentes instances (CGTF et rectorat). Ce sont finalement 24 personnes qui quittèrent, comme les pè-res pèlerins, la vieille Europe, pour une Nouvelle-Angleterre qui s’annonçait ri-che en péripéties (faute de mieux, British Airways serait notre Mayflower). Le Mas-sachusetts n’avait qu’à bien se tenir.

Boston, considérée comme la plus libérale des villes américaines (derrière l’indétrô-nable San Francisco), ne se distingue pas uniquement grâce à son centre académi-que mais aussi de par cette sorte de pous-sière d’Histoire qui semble tapisser les bâ-timents et flotter sur les rues. Aux grands buildings de verres répondent, comme dans un saute-mouton urbain, de somp-tueuses églises d’imitation médiévales. Comme un adolescent qui aurait grandi trop vite, la ville conserve un peu partout, au détour d’une ruelle, les traces de sa mé-lancolique enfance. Le port de Boston, à la genèse du pays, a vu passer toute une gé-nération d’Américains, avides de grands espaces, venus coloniser une terre qu’ils se sont appropriées. C’est également ici que s’est formé le patriotisme américain. Quelque part sur la baie mouillent tou-jours les navires de la « Boston Tea Party », revendications politiques d’une autre ère

et symboles de l’indépendance des Etats-Unis.

Ce sera un hôtel comme seuls les pays nouvellement riches peuvent en construi-re qui nous accueillera : la démesure de sa taille (15 étages) et du nombre de ses chambres (941) n’a d’égal que le kitsch et le mauvais goût qui ornent ses couloirs. Do-rures à volonté, profusion de lustres affrio-lants, piano automatique… rien ne semble trop bon pour nous. D’abord gonflés par le sentiment d’être soudain devenus des pachas, l’excitation est vite retombée lors-que que nous nous sommes découvert être entassés à 4 dans des chambres ne dispo-sant que d’un lit matrimonial. 10 jours et 9 nuits : la cohabitation s’annonçait difficile mais, après tout, nous n’étions pas ici que pour nous amuser.

Au fil des jours, nous avons vu les autres

délégations arriver et prendre leurs quar-tiers dans un hôtel qui acquérait une am-biance indescriptible : un peu moins de 3000 étudiants venus des quatre coins du monde, une sorte d’auberge espagnole surdimensionnée. Le service de sécurité, dans ses grands souliers les premiers jours -se permettant de débarquer comme les tontons flingueurs dans nos apparte-ments- avait bien du mal à réduire au si-lence les couloirs d’un hôtel maintenant plein de fêtards et se contentait de dis-perser les trop nombreux occupants d’une chambre pour les retrouver dans la suivan-te. Eteindre un foyer pour en rallumer un autre un peu plus loin… Et puis le grand jour est arrivé. Il fallait bien commencer un jour et ce fut un jeudi : introduction aux nouveaux venus, rappel des règles de procédure, cérémonie d’ouverture et, sans transition, première conférence. Au vu de l’importance de notre délégation, nous avions le privilège de représenter deux pays : El Salvador et la Slovaquie. Répartis en une ou deux personnes par pays et par comité, nous étions dispersés dans des conférences de l’Assemblée Générale, de l’OMS, de l’ECOSOC ou même dans des reconstitutions historiques (conférences de San Francisco et de la guerre des six jours de 1967).

Tout d’abord, choisir de quoi l’on va par-ler : la bataille des mots. Différents thè-mes, différentes sensibilités, reflets de différents intérêts. Ainsi, si les grandes puissances n’entendent pas à ce que leurs exactions puissent être mises en éviden-ce, les pays en voie de développement ten-tent d’éviter les thèmes où leur retard leur est directement imputable. Les premiers discours marquent le tempo et annoncent la couleur. Dans les couloirs on négocie ferme. Les « unmoderated caucus » per-mettent de constituer alliances et contre-alliances. Dans de nombreux comités, l’Amérique latine s’accorde en constituant un bloc qui commence à inquiéter les plus puissants. De son côté, l’Afrique, souffrant plus de son hétérogénéité, peine à coopé-rer. Le modérateur dirige les opérations et répartit le temps de parole. Au HNMUN, les pressions politiques ou économiques ne sont pas applicables : chacun aura donc le droit de se faire entendre. Mais la com-pétition entre les universités est acharnée. Certains n’hésitent pas à multiplier les coups tordus : faux rendez-vous pour écar-ter les indésirés, espionnage, médisances, vols de projets etc… Tous les moyens sont bons. La guerre du tous contre tous. A en effrayer les plus hobbesiens d’entre nous. Bien que la coopération soit indispensable pour réussir à faire passer sa « draft resolu-tion », les perspectives d’échange d’idées,

de partage de connaissances, d’ouverture sur d’autres cultures ne semblent que très peu valorisées. Finalement, souffrant des mêmes défauts que la politique internatio-nale, la simulation est peut-être un tanti-net trop réaliste de ce côté-là…

La clôture des différents comités et les remerciements laissaient un peu de place pour les plus excentriques d’entre nous : chacun y va de sa petite chanson, de ses petits messages personnels et certains s’adonnaient même à quelques confiden-ces. Ainsi, une jeune étudiante chinoise, qui a d’abord cru bon de nous signifier qu’elle venait d’un pays très traditionna-liste et conservateur, nous affirma que certains ici embrassaient très bien. Dans l’éclatement de rire général, elle se justi-fia un peu gênée : « it was my first time ». Un ange passe… Les étudiantes vénézué-liennes, sur un ton beaucoup plus sérieux, eurent également leur petit mot à dire. Singeant une profonde tristesse, doléan-ces d’une petite bourgeoisie estudian-tine, celles qui représentaient Cuba nous rappelèrent combien il était difficile de défendre ce pays. De plus, en ce diman-che 15 février, selon elles, le Venezuela se trouvait immergé dans une profonde lutte contre le chavisme et pleurerait l’éventuel-le réussite du référendum sur les mandats présidentiels (qu’elles ont effectivement dû pleurer quelques heures plus tard). Se sentant pousser des ailes, une étudiante Iranienne monta également à la tribune pour nous expliquer qu’il incombait à no-tre génération de faire quelque chose pour son pays. Qu’importent les urnes, vive l’interventionnisme américain! L’histoire ne nous dira malheureusement pas si ces partisanes zélées ont finalement obtenu l’asile politique aux USA.

Après de longues journées de travail, le temps des loisirs était enfin venu. Loisirs en tous genres puisque lors des cocktails, soirées dansantes et autres, organisés par l’administration du HNMUN, d’aucuns (hommes et femmes sans distinctions), se sentant renaître leur âme de chasseurs primitifs, se sont lancés à la conquête du monde en 80 délégués-ères. Malheureuse-ment, le réveil est dur après les soirées ar-rosées et les efforts nocturnes ne sont pas récompensés lors de la remise des prix. Au final, ce sont souvent les meilleures uni-versités américaines qui ont raflé les prix. Les Hollandais et les Français de SPO Lille, tous très à l’aise en anglais, s’en sont tirés eux aussi avec plusieurs mentions. De fait, après les avoir côtoyés, force est de constater que la différence ne s’est pas tant faite sur les connaissances que sur la maîtrise de la langue. L’honneur de l’UNI-

GE est sauf. Et puis, note positive pour notre délégation durant cette cérémonie, HEC Lausanne est également repartie les mains vides… On est Genevois ou on ne l’est pas.

Harvard National Model of United Nation Association des Etudiants de Science Politique et de Relations Internationales Commission de Gestion des Taxes Fixes Il semble avéré que l’administration du HNMUN aime jouer. Ainsi, s’ils ont donné Cuba à la classe vénézuélienne la plus an-ti-bolivarienne, ils ont également attribué la Tunisie à la délégation venue du Maroc ou la Somalie à une université américaine du Kenya.

ÉDITORIAL (pages 4 à 5)

Il y a quelque chose de pourri au royaume universitaire(à définir)

DOSSIER (pages 6 à 16)

Je vous parle d’un mot qui n’existe pas(à définir)

Entretien avec Matteo Gianni de l’Uni de Genève(à définir)

Initiative contre la construction de minarets(à définir)

La Russie retrouve son rôle sur le théâtre mondialhttp://fr.rian.ru/russia/20070221/61087679.html

http://fr.wikipedia.org

http://www.ababord.org/spip.php?article762

http://www.egmontinstitute.be/papers/07/eu/PEC-

apresPoutine.pdf

Dossier : Le nouveau désordre mondial, Le Courrier

International no 931, 4-10 septembre 2008.

RADVANYI Jean, Quand les « grands » jouent en

Ossétie, Le Monde diplomatique no 654, septembre

2008.

SANTOPINTO Federico, Désunion européenne face à

la Géorgie, Le Monde diplomatique no 657, décembre

2008.

LEVESQUE Jacques, La Russie retrouve ses racines

musulmanes, Le Monde diplomatique no 657, décem-

bre 2008.

L’humiliation nationale consécutive à la chute de

l’URSS a été rapprochée, par certains auteurs, à celle

subie par l’Allemagne au sortir de la Première guerre

mondiale. Beaucoup craignaient que des conditions

qui avaient fabriqué le lit du fascisme hitlérien ne se

répercutent de la même manière en Russie.

Le fait que les oligarques ont étendu leur emprise sur

l’économie ces dernières années témoigne de cette

volonté. D’après Fiodor Loukianov, GAZETA.RU Ro-

bert Kagan, politologue américain, conseiller informel

de M. John McCain, cité dans le Monde diplomatique

de septembre 2008 L’Islam a commencé à se répandre

3 siècles avant que le premier Etat russe n’adopte le

christianisme en 988.

D’après LEVESQUE Jacques, La Russie retrouve ses

racines musulmanes, Le Monde diplomatique no 657,

décembre 2008.

Toi(à définir)

Mémoires d’un déraciné : les passa-gers de la violence(à définir)

ZOOM :(titre à définir) (pages XX à XX)

(titre article)(à définir)

(titre article)(à définir)

(titre article)(à définir)

VIE UNIVERSITAIRE (pages X à X)

Relations internationales : à l’heure du master(à définir)

La vie associative à l’université,un exemple par l’AESPRI(à définir)

VOYAGE (pages XX à XX)

HNMUN ou la grande vadrouille(à définir)

REMPLISSAGE (pages XX à XX)

(titre article)(à définir)

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SOURCES

BIBLIOGRAPHIES Selon rubriques correspondantes Docteur Ink

REMPLISSAGE

Et voici le dessin de l’heureux gagnant du concours « Dessine-moi un Oris » !

Eric Lecoultre, étudiant en sciences politiques.

Pour le prochain numéro, envoyez nous votre plus beau poème d’amour sur un professeur

à l’adresse mail : [email protected]. Bonne chance à tous !

Dessine-moi un Oris - Résultats

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