Hypatie d'Alexandrie : un assassinat politique

Hypatie d'Alexandrie : un assassinat politiqueLes principales sources sur Hypatie Documents annexes
Le Synodicon de Rusticus (Chapitre 216) Le personnage d’Hypatie a travers les siecles
Hypatie d’Alexandrie : un assassinat politique
Dominique Manchon LMBP, UMR 6620
CNRS-Universite Clermont Auvergne
Dominique Manchon LMBP, UMR 6620 CNRS-Universite Clermont AuvergneHypatie d’Alexandrie : un assassinat politique
Outline Un texte du pseudo-Zacharie le Rheteur (569)
Les principales sources sur Hypatie Documents annexes
1 Un texte du pseudo-Zacharie le Rheteur (569)
2 Les principales sources sur Hypatie
3 Documents annexes Isidore de Peluse
4 Le Synodicon de Rusticus (Chapitre 216) Le texte latin edite par Eduard Schwartz Une traduction francaise (Schneider, 1758) L’analyse de Philippe Blaudeau Un texte satirique ?
5 Le personnage d’Hypatie a travers les siecles Hypatie apres l’an 1000 Sainte Catherine d’Alexandrie Sainte Febronie de Nisibis
Traduction (Ph. Blaudeau, a partir d’une traduction anglaise plus recente)
... Il l’engageait a ne pas agir de facon ingrate et a ne pas causer du tort a son esprit en tenant compte du juste jugement a venir. Elle lui dit : ”comment puis-je l’adorer lui qui est invisible et que je ne connais pas ?”. Un jour apres, elle flanait dans son jardin tandis que ces choses se bousculaient dans sa pensee. Dans une source d’eau qui se trouvait dans le jardin, elle vit l’image de Jesus notre Seigneur peinte sur une toile de lin qui se trouvait dans l’eau. Quand elle l’en tira, elle n’etait pas mouillee. Etonnee, elle la couvrit du foulard qu’elle portait afin de l’honorer, l’amena a celui qui l’instruisait et la lui montra. On trouva aussi sur son foulard une copie a l’image de ce qu’elle avait retire de l’eau. Une image parvint a Cesaree quelque temps apres la celebration de la Passion du Seigneur et l’autre fut conservee dans le village de Camulia. Pour l’honorer, un sanctuaire fut construit par Hypatie qui etait devenue chretienne. Apres quelque temps une autre femme vint du village de Diobulon dans la juridiction d’Amasee qui a ete mentionnee ci-dessus.
Apres qu’elle eut appris ces evenements, elle devint fervente et par certains moyens amena une copie de l’icone de Camulia jusque dans son propre village. Dans cette region, ils l’appellent acheiropoietos, ce qui signifie non faite par la main. Elle aussi batit la un sanctuaire pour l’honorer, mais que cela suffise sur le sujet. Durant la 27e annee du regne de Justinien, la 3e annee de l’indiction, une bande de barbares vint dans le village de Diobulon et le brula ainsi que le sanctuaire et mena sa population en captivite. Certaines personnes du lieu, specialement concernees, informerent le serein empereur et le solliciterent pour qu’il ft une donation pour le retablissement du sanctuaire et du village ainsi que pour que soit payee la rancon du peuple, et il donna ce qu’il voulut. Un de ceux qui dans le palais sont etroitement associes a l’empereur lui suggera que l’icone de Notre Seigneur fasse le tour des cites avec ces pretres afin de collecter suffisamment d’argent pour la reconstruction du sanctuaire et du village. C’est ainsi qu’ils la porterent de lieu en lieu de la 3e a la 9e annee de l’indiction...
450 500 550 600 650 700 750 800 850
Léon II 474
Assassinat d'Hypatie 415
Siège Avaro-Perse 626
Rusticus : Synodicon
A LéonIII ConstantinL Irène Dynast. Amoriens
Age sombre byzantin Iconoclasme Icon.
Crise monophysite
400 500 600 700 800 900 1000
Epigramme de Palladas
Sainte Catherine 788
Sainte Fébronie 688
Socrate le Scholastique, Hist. de l’Eglise, VII ch. XV, Trad. L. Cousin, 1686.
Il y avait dans Alexandrie une femme nommee Hypatie, fille du philosophe Theon, qui avait fait un si grand progres dans les sciences qu’elle surpassait tous les philosophes de son temps, et enseignait dans l’ecole de Platon et de Plotin, un nombre presque infini de personnes, qui accouraient en foule pour l’ecouter. La reputation que sa capacite lui avait acquise lui donnait la liberte de paratre devant les juges, ce qu’elle faisait toujours, sans perdre la pudeur, ni la modestie, qui lui attiraient le respect de tout le monde.
Sa vertu, toute elevee qu’elle etait, ne se trouva pas au-dessus de l’envie. Mais parce qu’elle avait amitie particuliere avec Oreste, elle fut accusee d’empecher qu’il ne se reconciliat avec Cyrille. Quelques personnes transportees d’un zele trop ardent, qui avaient pour chef un lecteur nomme Pierre, l’attendirent un jour dans les rues, et l’ayant tiree de sa chaise, la menerent a l’eglise nommee Cesareon, la depouillerent, et la tuerent a coups de pots casses. Apres cela ils hacherent son corps en pieces, et les brulerent dans un lieu appele Cinaron. Une execution aussi inhumaine que celle-la couvrit d’infamie non seulement Cyrille, mais toute l’Eglise d’Alexandrie, etant certain qu’il n’y a rien si eloigne de l’esprit du Christianisme que le meurtre et les combats. Cela arriva au mois de Mars durant le Careme, en la quatrieme annee du pontificat de Cyrille, sous le dixieme consulat d’Honorius, et le sixieme de Theodose.
Philostorge (vers 425)
[Philostorge rapporte que] Hypatie, la fille de Theon, apprit les mathematiques de son pere ; elle depassa de beaucoup son matre, notamment en astronomie, et professait devant un auditoire nombreux. L’impie rajoute que sous Theodose le Jeune, cette femme fut mise en pieces par les Homoousiens.
Photios
Jean Malalas, Chronographie (vers 565)
Κατ κεινον δ τν χαιρν παησαν λαβντες π το πισκπου
οι λεξανδρεις καυσαν φρυγνοις αθεντσαντες Υπτιαν τν
περιβντον φιλσοφον, περ ς μεγλα φρετο ν δ παλαι
γυν.
A cette epoque, encourages par leur eveque, les Alexandrins assassinerent et brulerent sur un bucher Hypatie, la celebre philosophe, sur laquelle on rapportait beaucoup de choses : c’etait une femme agee.
Jean de Nikiou (698, trad. H. Zotenberg 1883)
En ces temps-la il y avait a Alexandrie une femme paenne, philosophe, nommee Hypatie, qui, constamment occupee de magie, d’astrologie et de musique, seduisait beaucoup de gens par les artifices de Satan. Le prefet de la province l’honorait particulierement, car elle l’avait seduit par son art magique : il cessait de frequenter l’eglise, comme il en avait l’habitude ; il venait a peine une fois par hasard. Et non seulement il agissait ainsi en ce qui le concernait personnellement, mais il attirait aupres d’Hypatie beaucoup de fideles, et lui-meme faisait bon accueil aux mecreants.
(...) La foule des fideles du Seigneur, sous la conduite de Pierre le
magistrat, qui etait un parfait serviteur de Jesus-Christ, se mit la recherche de cette femme paenne qui, par ses artifices de magie, avait seduit les gens de la ville et le prefet. Ayant decouvert l’endroit ou elle se trouvait, les fideles, en y arrivant, la trouverent assise en chaire. Ils l’en firent descendre et la tranerent a la grande eglise, nomme Cæsaria. Cela se passait pendant le careme. Puis, l’ayant depouillee de ses vetements, ils la firent sortir, la tranerent dans les rues de la ville jusqu’a ce qu’elle mourut et la porterent a un lieu appele Cinaron, ou ils brulerent son corps. Tout le peuple entourait le patriarche Cyrille et le nommait le nouveau Theophile, parce qu’il avait delivre la ville des derniers restes de l’idolatrie.
Pulcherie
399-453, sœur anee de l’empereur romain d’Orient Theodose II.
Des l’age de 15 ans, elle est proclamee Augusta et assure la regence au nom de son frere, a la suite du prefet du pretoire Anthemius dont on perd la trace apres avril 414.
Elle promeut fortement le culte marial, fait vœu de virginite et pousse ses deux sœurs cadettes a faire de meme, afin de ne pas introduire de concurrence masculine au pouvoir de l’empereur.
Elle influencera fortement le pouvoir imperial, son emprise connaissant parfois des eclipses. A la suite du deces accidentel de Theodose II en 450, elle assure a nouveau la regence, puis contracte un mariage platonique avec Marcien, qui prend le titre imperial.
Nestorius
Patriarche de Constantinople en 428, a la suite d’Atticus. S’affiche d’entree de jeu comme un grand pourfendeur d’heretiques, et s’aliene le soutien du peuple et de la cour imperiale par sa brutalite et ses maladresses.
Pour des raisons theologiques, il refuse a la Vierge Marie le titre de Theotokos (Mere de Dieu). Selon lui, Marie est Christotokos, elle n’a donne naissance au Christ que dans sa nature humaine. Sacrilege, en particulier pour Pulcherie !
Il est depose le 11 juillet 431 au concile d’Ephese, Cyrille d’Alexandrie etant son principal accusateur.
Il est exile en 436 dans une oasis de haute Egypte, ou il survivra jusqu’en 451, peu avant le concile de Chalcedoine.
Oreste
Prefet d’Alexandrie en 415. Chretien de frache date, baptise par le patriarche Atticus a Constantinople.
Tente de maintenir l’equilibre entre les diverses communautes en presence : paens, juifs et chretiens en particulier. Ses methodes ne dedaignent pas les procedes brutaux (torture, etc...) utilises couramment par le pouvoir imperial.
On perd sa trace apres le deces tragique de sa supportrice Hypatie.
Un de ses successeurs, le prefet Callistus, meurt assassine par ses propres serviteurs en 422.
Cyrille d’Alexandrie
376-444, Patriarche d’Alexandrie de 412 a 444, a la suite de son oncle Theophile.
Ses relations avec le prefet Oreste sont execrables.
Saint (considere comme tel par l’eglise catholique, les eglises orthodoxes et l’eglise copte d’Egypte), proclame docteur de l’Eglise par le pape Leon XIII en 1882.
Auteur de nombreux ecrits theologiques, dont les lettres festales.
Cyrille a-t-il commandite l’assassinat d’Hypatie ?
Cyrille d’Alexandrie
376-444, Patriarche d’Alexandrie de 412 a 444, a la suite de son oncle Theophile.
Ses relations avec le prefet Oreste sont execrables.
Saint (considere comme tel par l’eglise catholique, les eglises orthodoxes et l’eglise copte d’Egypte), proclame docteur de l’Eglise par le pape Leon XIII en 1882.
Auteur de nombreux ecrits theologiques, dont les lettres festales.
Cyrille a-t-il commandite l’assassinat d’Hypatie ?
Sur les deux pages suivantes :
Extrait de la VIe lettre festale de Cyrille d’Alexandrie (418), Editions du Cerf, Coll. Sources Chretiennes,
Ed. et Trad. M.-O. Boulnois, P. Evieux, W. H. Burns.
350 360 370 380 390 400 410 420 430 440 450 460 470
Episcopat de Théophile Episcopat de Cyrille Dioscore
Hypatie
Socrate le Scholastique : Histoire de l'Eglise
439
361
Je me contente de remarquer que saint Cyrille etait homme, et homme de parti ; qu’il a pu se laisser trop emporter a son zele (...) et que je prie le pere des misericordes d’avoir pitie de son ame (...)
Voltaire, Dictionnaire philosophique portatif, 1764
-350 -300 -250 -200 -150 -100 -50 1 50 100 150 200 250 300 350 400 450
Fondation par Alexandre le Grand
-331
-30
Athanase
Héron
Apollos
Vie intellectuelle a Alexandrie, de sa fondation a l’an 450
Hypatie a ecrit un commentaire sur Diophante, un Canon Astronomique et un commentaire sur les coniques d’Apollonios de Perga
La Souda, d’apres Damascios.
Diophante
Aurait vecu 84 ans, a Alexandrie, vers le IIIe siecle ap. J.-C. Voici un exemple d’ equation diophantienne :(
12 5
Diophante
Aurait vecu 84 ans, a Alexandrie, vers le IIIe siecle ap. J.-C. Voici un exemple d’ equation diophantienne :(
12 5
Pages suivantes : preuve geometrique du theoreme de Pythagore
Autre equation diophantienne celebre :
an +bn = cn.
Grand theoreme de Fermat, demontre par Andrew Wiles en 1994 : cette equation n’a aucune solution non triviale si n ≥ 3.
Canon Astronomique : sans doute les tables de Ptolemee, pour decrire le mouvement des astres.
Le systeme de Ptolemee est geocentrique, contrairement au systeme d’Aristarque de Samos qui est heliocentrique, plus de 1700 ans avant Copernic. Les trajectoires sont modelisees par des epicycles.
Sections coniques d’Apollonios http ://data.abuledu.org/wp/ ?LOM=9181
Synesios de Cyrene
Noble hellene originaire de Cyrenaque en Libye.
Membre du cercle des eleves d’Hypatie, aspire a une vie tranquille dediee a la philosophie.
Converti au christianisme (plus ou moins superficiellement, la question est debattue), il accepte a contre-cœur la charge d’eveque de Ptolemas en 411, a condition qu’on le laisse vivre avec son epouse et continuer a pratiquer la philosophie.
Les dernieres annees de sa vie d’eveque de Ptolemas sont eprouvantes, il doit faire face a la fois a des invasions berberes et a la rapacite du gouverneur Andronicus, qu’il n’hesite pas a excommunier ! Ses enfants meurent de maladie peu avant lui.
On perd sa trace vers 413-414, il ne semble pas avoir ete au courant de l’assassinat d’Hypatie.
Synesios de Cyrene (suite)
Auteur d’ouvrages parvenus jusqu’a nous, dont un corpus de 157 lettres.
Par ses lettres, nous avons des renseignements inestimables sur Hypatie, son cercle d’etudiants et meme le contenu de son enseignement.
Grace a lui, nous avons d’Hypatie un portrait vivant, sans aucun lien avec sa fin tragique.
Ses lettres, recopiees de main en main jusqu’a l’invention de l’imprimerie et meme apres, auraient joue un role non negligeable dans la formation du grec moderne.
Synesios : lettre 24 (num. et trad. H. Druon)
A la philosophe
Nul souvenir ne reste aux morts dans les Enfers, mais je m’y souviendrai pourtant de ma chere Hypatie. Je vis au milieu des malheurs de ma patrie ; ses desastres me remplissent de douleur : chaque jour je vois les armes ennemies ; je vois des hommes egorges comme de vils troupeaux ; je respire un air corrompu par l’infection des cadavres, et je m’attends moi-meme a subir le meme sort que tant d’autres ; car comment garder quelque espoir quand le ciel est obscurci par des nuees d’oiseaux de proie qui attendent leur pature ? N’importe, je ne quitterai point ces lieux : ne suis-je pas Libyen ? C’est ici que je suis ne, c’est ici que je vois les tombeaux de mes nobles ancetres. C’est pour vous seule que je negligerais ma patrie ; et si jamais je puis la quitter, ce ne sera que pour aller aupres de vous.
Isidore de Peluse
Isidore de Peluse
Moine egyptien etabli dans un monastere pres de Peluse, a l’Est du delta du Nil. Naissance vers 360, mort vers 436 ou peu apres, sans doute avant le deces de Cyrille en 444.
Isidore a peut-etre fait partie du cercle des etudiants d’Hypatie, tout comme Synesios et son frere Euoptios.
Auteur d’un corpus de 2000 lettres, dont certaines a Cyrille (peu amenes en general !), une a Synesios de Cyrene, et plusieurs a Euoptios, qui a succede a Synesios comme eveque de Ptolemas a la mort de celui-ci, sans doute en 413 ou 414.
Lettres rassemblees et recopiees tres tot. Le diacre Rusticus y a eu acces en 564 a Constantinople, au couvent des Acemetes, et en a traduit une selection en latin.
Isidore de Peluse
Environ 800 de ses lettres sont disponibles dans la traduction francaise de Pierre Evieux (Coll. Sources Chretiennes, 3 tomes). Les 1200 autres attendent toujours !
Migne, Patrologia Græca
Isidore de Peluse
Lettre d’Isidore de Peluse au moine Nil, numero 1898 Editions du Cerf, Coll. Sources Chretiennes, Ed. et Trad. P. Evieux.
Les memes peches deviennent plus graves en fonction du lieu et du moment. Par exemple, le meurtre est ignoble, mais quand on ose le commettre dans un lieu saint, il est plus ignoble encore ; quand en outre il se passe pendant un jour saint, c’est le comble de l’ignominie. Voila pourquoi, quoique terrible en lui-meme, la condition supplementaire du lieu et du moment le rend plus important et plus grave.
Le texte latin edite par Eduard Schwartz Une traduction francaise (Schneider, 1758) L’analyse de Philippe Blaudeau
Le diacre Rusticus
On a peu de renseignements sur sa vie. Neveu du pape Vigile, il s’oppose a celui-ci au Concile des Trois Chapitres (553), ce qui lui vaut d’etre exile en Egypte.
On le retrouve en 564 a Constantinople, au Couvent des Acemetes ou il est vraisemblablement assigne a residence par l’empereur Justinien. Il consulte de nombreux ouvrages dans ce monastere, dont la Tragedie du Comte Irenee, un proche de Nestorius, qui constitue donc un point de vue nestorien sur les conciles d’Ephese et de Chalcedoine.
Il redige son Synodicon adversus tragœdiam Irenæi vraisemblablement dans les annees suivant 564.
Le texte latin du Synodicon de Rusticus, Chap. 216,
edite par Eduard Schwartz (1922).
Editions precedentes :
Etienne Baluze, 1683
Gilles Menage, 1690
Le texte latin du Synodicon de Rusticus, Chap. 216,
edite par Eduard Schwartz (1922).
Editions precedentes :
Etienne Baluze, 1683
Gilles Menage, 1690
Anne Dacier (1645-1720) Gilles Menage (1613-1692)
Traduction francaise, Schneider, 1758
Philippe Blaudeau
Hypatie convertie au Nestorianisme ? Enquete sur la fabrication d’un faux anti-cyrillien
in Libera Curiositas, Melanges d’histoire romaine et d’Antiquite tardive offerts a Jean-Michel Carrie, Brepols (2016).
Ph. Blaudeau arrive a la fourchette 555-564 pour la datation de ce ”faux nestorien”, soit moins d’une decennie avant sa compilation par le diacre Rusticus en 564 (un an avant la mort de l’empereur Justinien, suivant les indications memes de Rusticus).
Methode : mise en perspective avec le texte du pseudo-Zachariah le Rheteur.
Un texte satirique ? Sainte Catherine d’Alexandrie Sainte Febronie de Nisibis
Une hypothese personnelle : l’idolopee satirique
Ce ”faux nestorien” est-il une interview presque imaginaire posthume d’Hypatie ?
Proposition alternative de traduction de la premiere phrase : En lisant les histoires j’ai trouve, il y a passe cent quarante ans, que le Christ est apparu.
Les ”plus de 140 ans” designent maintenant l’intervalle de temps separant la mort d’Hypatie de la redaction du texte. On retrouve ainsi la fourchette 555-564 !
1300 1400 1500 1600 1700 1800 1900 2000
Nicéphore Calliste Xanthopoulos
1360
1578
1690
1682
1683 Ph. Blaudeau
Ακατερνη
Hypatie et Ste Catherine :
Extraits d’un article polemique dans le Sacramento Daily Union, 18 fevrier 1882
(page suivante)
Passio Ecatarine Virginis Dei
Cette page et la precedente : La plus ancienne trace connue de Sainte Catherine d’Alexandrie
Extrait du parchemin Clm-4554, Staatsbibliothek, Munich
(fin du VIIIe siecle, vraisemblablement avant 788 d’apres M. Diesenberger)
Febronie de Nisibis
Mention d’une certaine Pambroniya en 563 :
The life of Rabban Bar ’Idta, Trad. E. A. W. Budge, London, 1902
Passion de Febronie : premier manuscrit connu en 688, en syriaque, peut-etre traduit d’un original grec. Date de composition plausible entre 628 et 639 (M. Kaplan, 2012).
L’empereur Heraklios aurait eu dans les annees 630 une fille nommee Febronie (Synaxaire de Constantinople, au 27 octobre).
Culte de Febronie a l’eglise de l’Oxeia a Constantinople, joint a Saint Artemios.
Un lien direct entre Hypatie et Febronie est manifeste des le debut du 9eme siecle : une jeune fille de l’le de Lesbos, superieurement intelligente, nommee Hypatie, voit son nom change en Febronie apres guerison par un stylite, appele Symeon comme il se doit... (A. Alexakis, A meeting of Hypatia of Alexandria with St. Febronia of Nisibis in the Life of Sts David, Symeon and George of Lesbos, 2012).
Y a-t-il un lien entre Febronie et Catherine ?
Les deux passions presentent de nombreux points communs.
La vie de Sainte Catherine s’est-elle inspiree de celle de Sainte Febronie ?
Attention : les deux recits puisent a de nombreux ”lieux communs” hagiographiques... Rien ne ressemble plus a un recit de martyre qu’un autre recit de martyre ! Mais : ...
Eleonore Catherine Febronie de Wassenaer de Bergh Princesse de Sedan
1613-1657 Source : Wikipedia
Dimitri Nikolaev, Moscou, vers 1880. https ://santafebronia.wordpress.com/tag/caterina-dalessandria-e-febronia-di-nisibis/
Tous mes remerciements a
Sandrine Dubel Emmanuelle Lachaume Philippe Lachaume Alex Esbelin Julien Louault et la Bibliotheque Diocesaine Philippe Blaudeau Max Diesenberger
Quelques references recentes
[1] Alexander Alexakis, A meeting of Hypatia of Alexandria with St. Febronia of Nisibis in the Life of Sts David, Symeon and George of Lesbos, in Byzantine Religious Culture : Studies in Honor of Alice-Mary Talbot, Coll. The Medieval Mediterranean, Vol. 92, Brill, Leiden (2012).
[2] Philippe Blaudeau, Hypatie convertie au Nestorianisme ? Enquete sur la fabrication d’un faux anti-cyrillien, in Libera Curiositas, Melanges d’histoire romaine et d’Antiquite tardive offerts a Jean-Michel Carrie, Brepols (2016).
[3] Sebastian P. Brook, Susan Ashbrook Harvey, Holy women of the Syrian orient, traduction et commentaires de textes syriaques, Univ. of California Press, edition actualisee (1997).
[4] Michael Deakin, Hypatia of Alexandria : mathematician and martyr, Prometheus Books, New-York, 2007.
[5] Max Diesenberger, Le manuscrit Bayerische Staatsbibliothek CLM 4554, temoin de lectures, in Les manuscrits medievaux temoins de lectures. Etudes recueillies par Catherine Croizy-Naquet, Laurence Harf-Lancner, Michelle Szkilnik, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2015, 259 pp.
[6] Maria Dzielska, Hypatie d’Alexandrie, ed. Des Femmes, Preface de Monique Trede, Trad. de l’Anglais Marion Koeltz, 2010 (edition anglaise 1995, original polonais 1993).
[7] Michel Kaplan, Une hotesse importante de l’eglise Saint-Jean-Baptiste de l’Oxeia a Constantinople : Febronie, in Byzantine Religious Culture : Studies in Honor of Alice-Mary Talbot, Coll. The Medieval Mediterranean, Vol. 92, Brill, Leiden (2012).
[8] Edward Watts, Hypatia : the life and legend of an ancient philosopher, Oxford University Press, 2017, 205 pp.
Un texte du pseudo-Zacharie le Rhéteur (569)
Les principales sources sur Hypatie
Documents annexes
Le texte latin édité par Eduard Schwartz
Une traduction française (Schneider, 1758)
L'analyse de Philippe Blaudeau
Hypatie après l'an 1000