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HEINER MÜLLER BERTOLT BRECHT La Résistible Ascension d’Arturo Ui – SEPTEMBRE

HEINER MÜLLER BERTOLT BRECHT2 La Résistible Ascension d’Arturo Ui de Bertolt Brecht mise en scène Heiner Müller Le trust du chou-fleur: Clark Veit Schubert Butcher Michael Rothmann

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HEINER MÜLLERBERTOLT BRECHTLa Résistible Ascension d’Arturo Ui24 – 28 SEPTEMBRE 2012

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La Résistible Ascension d’Arturo Uide Bertolt Brecht

mise en scène Heiner Müller

Le trust du chou-fleur :

Clark

Veit Schubert

Butcher

Michael Rothmann

Flake

Uli Pleßmann

Scheet, armateur

Axel Werner

Mabel Sheet, sa femme

Larissa Fuchs

Bowl, comptable chez Sheet

Thomas Wendrich

Les marchands de légumes :

Heinrich Buttchereit

Michael Kinkel

Victor Deiß

La ville de Chicago :

Le vieux Dogsborough, maire

Stefan Lisewski

Le jeune Dogsborough, son fils

Uwe Preuss

Gaffles, employé municipal

Jörg Thieme

Goodwill, employé municipal

Stephan Schäfer

Le gang d’Arturo Ui :

Arturo Ui, chef de gang

Martin Wuttke

Ernesto Roma, son lieutenant

Martin Schneider

Emanuele Giri, gangster

Volker Spengler

Giuseppe Givola, fleuriste et gangster

Martin Seifert

Dockdaisy, une des femmes de Givola

Margarita Broich

Inna, confident de Roma

Thomas Wendrich

Gardes du corps

Uwe Steinbruch

Uwe Preuss

L’acteur

Jürgen Holtz

La ville de Cicero :

Mr. Ignatius Dullfeet

Roman Kaminski

Mrs. Betty Dullfeet

Margarita Broich

Tedd Ragg, journaliste au Star

Axel Werner

Le commissaire O’Casey

Detlef Lutz

L’accusé Fish

Thomas Wendrich

L’avocat de l’accusation

Detlef Lutz

Chœur (le juge, l’avocat de la défense)

Stephan Schäfer, Jörg Thieme

Le spectre de la femme ensanglantée

Ruth Glöss

Le bonimenteur

Uli Pleßmann

L’orateur au balcon

Stephan Schäfer

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À la fin de la saison 1993-1994, Peter Sauer-baum, administrateur du Berliner Ensemble,au vu de la délicate situation financière duthéâtre, aborda Heiner Müller dans la cour etlui dit : nous avons besoin d’une pièce qui fassedes recettes, qu’est-ce qu’il en serait avecArturo Ui ? Müller demanda un temps deréflexion. Le moment vint où il cessa de résis-ter contre cette pièce, à son avis mauvaise.Entre l’accord et la première il y eut son opé-ration du cancer, le conflit avec Zadek au sujetde la direction du Berliner Ensemble et unséjour en Amérique.Début mars 1995, Müller revint de Los Angeles,cette ville d’où Brecht, en 1941, avait expédiésa pièce, comme en éclaireur, dans l’espoird’un succès à Broadway. Il en revint avec l’idéed’une version fortement élaguée qu’il résumesous la forme d’une allusion à l’Otellode Verdi :« Arturo Ui – Un nègre d’Autriche vient en Alle-magne où il veut grimper ». Ainsi qu’avec uneversion radicalement élaguée – et une rigi-dité nouvelle dans le commerce avec les êtres,plus il voyait son temps s’abréger.Müller, seul patron du Berliner Ensembledepuis le retrait de Zadek au début du moisde mars, était conscient de sa responsabilité

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La Résistible Ascension d’Arturo Uide Bertolt Brecht

mise en scène Heiner Müller

Stephan Suschke, collaboration à la mise en scène

Nicole Felden, assistante mise en scène

Hans Joachim Schlieker, scénographie et costumes

Stephan Besson, directeur technique

Ulrich Eh, lumière

Alexander Bramann, son

Angelika Ritter, régisseuse plateau

Eva-Maria Böhm, souffleuse

Jurij Mirtschin, plasticien

Barbara Naujok, chef costumière et responsable

des maquillages

Ulrike Heinemann, maquilleuse

Dans le cadre du Tandem Paris-Berlin organisé à l’occasion des 25 ans d’amitié entre les villes de Paris et de Berlin

En partenariat avec France Inter

Photos couverture et pages intérieures : © Barbara BraunPhotos pages 16, 19 : © Brigitte Maria Mayer

Politique, crime et divertissement

pour la maison. Lorsqu’il commença sa miseen scène pratiquement sans préparation, ilse trouvait face à une compagnie de comé-diens minée par les crises des directoires,qui ne se montrait pas nécessairement conci-liants à l’égard du principal interprète, Martin Wuttke, d’autant plus que dans laversion élaguée leurs propres rôles étaientcoupés à l’extrême. Et dans la mémoire du Berliner Ensemble mythique demeurait tapie la mise en scène de Peter Palitzsch etManfred Wekwerth en 1959 qui, avec ses 584 représentations, avait fait la célébrité d’Ekkehard Schall.Les premières semaines furent étonnammentindifférentes. Seul le sens de la distributionqu’avait Müller embrasait les répétitions dif-ficiles. L’absence d’humour de BernhardMinetti conduisait à des sommets lorsqu’ildevait rencontrer Wuttke. Avec Minetti, le« théâtre des biographies » de Müller trouvason point final.Le plaisir que prenait Müller aux qualités lin-guistiques de la pièce allait croissant. Sonregard froid en fit glisser le poids de l’ana-lyse socio-économique un peu mécanique dufascisme à la réflexion sur le lien entre poli-tique, crime et divertissement, qui devinrentde plus en plus synonymes. Müller mettaiten scène une histoire à double fond sur laséduction, où il utilisait le charisme de Wuttkepour séduire le public, comme auparavantl’avait fait Hitler. Et il misa sur les effets théâ-traux quand il se décida une semaine avantla première à inverser la fonction du prologueen épilogue : On doit faire comme à Hollywood,commencer grand et finir grand.La première, le 3 juin 1995, fut un succès sen-sationnel. Le jour suivant, Müller raconta uneanecdote de Kortner pour décrire son rapportà sa mise en scène : Curt Bois, après une répé-tition se plaignait auprès de Kortner qu’il n’aitpas rit : J’ai joué hier exactement comme celaet vous aviez rit. — Oui, mais bien en-des-sous de mon niveau.

Michel Bataillon

Musique de Schubert, Paperlace, Verdi, Liszt,

von Klebsattel, Mozart et Wagner

Production Berliner Ensemble

Coréalisation Théâtre de la Ville-Paris ;

Festival d’Automne à Paris

Le 24 septembre 2012, ce sera la 388e représentation

de ce spectacle créé le 3 juin 1995 au Berliner

Ensemble (Berlin).

Durée : 2h50 avec entracte

Spectacle en allemand surtitré en français

Rédaction des titres, Michel Bataillon

Régie des titres, Laurent Muhlheisen

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Le 12 avril 1941, Brecht achève la rédaction deLa Résistible Ascension d’Arturo Ui.Il a mis précisément quatre semaines pourdonner forme à un sujet qu’il porte et enrichitdepuis l’automne 1934. Un mois plus tard, ilmet un terme à son exil en Finlande et fuit lamenace nazie plus loin encore, à travers l’UnionSoviétique, jusqu’aux États-Unis où il débarqueen Californie, le 21 juillet 1941.

Privé de scène et de public depuis 1933, ilespère que cette nouvelle pièce aura unechance d’être jouée « là-bas », aux USA. Il l’aécrite sans perdre un instant de vue les pos-sibilités concrètes de représentation. Il en

parle même comme d’une sorte de spectaclede music-hall de Broadway. Mais toutes sestentatives échouent.Quinze ans plus tard, à Berlin, quand la mortle surprend au mois d’août 1956, il n’a pasencore envisagé de la mettre en répétition auBerliner Ensemble, ni même donné son accorddéfinitif pour l’édition. Elle est publiée en 1957,dans l’état où il l’a laissée, sous le titre La Résis-tible Ascension d’Arturo Ui. Le 10 novembre1958, elle est enfin crée à Stuttgart par l’unde ses élèves, Peter Palitzsch qui, en collabo-ration avec Manfred Wekwerth, en donne aus-sitôt une seconde version, le 23 mars 1959,au Berliner Ensemble.

Cette mise en scène « légendaire » joue à lafois sur une conduite du récit rigoureuse, surdes effets théâtraux énergiques et sur l’ex-trême virtuosité clownesque d’Ekkehard Schallqui marque le rôle d’Ui et impose la pièce.Sur toutes les scènes d’Europe le spectacletriomphe et il remporte, en 1960 à Paris, le Prixdu Théâtre des Nations.Jean Vilar décide de mettre la pièce à l’affichede la Xe saison du TNP. En pleine guerre d’Algé-rie, dans une France où les menées de la droitenéo-fasciste et les actes terroristes de l’O.A.S. etdu SAC mettent en péril la légalité républicaine,il interprète le rôle d’Arturo Ui, pour la premièrefois en langue française, sur la scène du Palaisde Chaillot, le 8 novembre 1960.

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Brève histoire ancienne d’une grande pièce

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self-made-men milliardaires et la misère demillions d’ouvriers, Chicago lui offre un champd’étude de l’économie capitaliste et, en 1929,le sujet de Sainte-Jeanne des Abattoirs. Enfin, à Chicago, Brecht trouve quelquessuperbes figures de gangsters, Cesare EnricoBandello, Dutch Schultz, Alphonse Capone...,ces chefs de bande hors-la-loi dont la carrièreaventureuse permet précisément de sonderle fondement et le fonctionnement de la loi.Hier, le Mackie Messer de L’Opéra de Quat’sousen fut le parfait archétype romantique et ArturoUi, maintenant une sinistre variante.La vie d’Al Capone-le-Balafré racontée par FredPasley dans un ouvrage qui connut un suc-cès mondial en 1931 est la première et prin-cipale source d’inspiration d’Arturo Ui. Ensuite,pendant les années 1930, et notamment à l’oc-casion d’un voyage à New York, Brecht ras-semble de nombreux documents sur lespratiques du racket et de la corruption élec-torale et il étudie la symbiose de la politique,de l’économie, du syndicalisme à l’américaineet du crime organisé par les bandes mafieuses.Pour son projet, ce matériau « Chicago » esttout particulièrement adéquat. La pièce estd’abord « eine Gangsterschau », l’histoire spec-taculaire de l’ascension d’un gangster. Maischaque tableau correspond en fait à une étapeprécise de la montée du nazisme, depuis lacrise de 1929 jusqu’à l’annexion de l’Autriche,le 11 mars 1938. Et sous chaque personnagese cache et se révèle une figure historique.En filigrane donc de façon transparente, onlit sans aucune peine sous Dogsborough, maire

de Chicago, le Maréchal von Hindenburg, der-nier président du Reich ; sous Dullfeet, mairede Cicero, faubourg de Chicago, le Chance-lier d’Autriche Dollfuss, assassiné en 1934 ;sous Ernesto Roma, Ernst Röhm, chef des SA,liquidé dans la nuit du 30 juin 1934 ; sous Giu-seppe Givola, Josef Goebbels, ministre de laPropagande dont le pied bot s’inscrit ici dansla tradition diabolique ; et sous Emanuele Giri,le Maréchal Göring... Et ainsi de suite.Bien que grand amateur de romans policierset de film de gangsters, ce n’est pourtant pasdans cette voie que Brecht cherche sa formedramatique. Depuis son adolescence, il estfasciné par les « Histories », les grandes his-toires tragiques de Shakespeare et de Mar-lowe dont il a très tôt adapté Édouard II.Fascinéaussi par les récits historiques populaires dontil se régalait dans les baraques de la grandevogue d’automne d’Augsbourg.Ainsi la chronique de l’ascension d’Arturo Uiest-elle une suite d’épisodes sur le mode éli-sabéthain, métissée d’éléments forains et trai-tée dans le « grand style », selon Jules César,selon Richard III, selon Macbethet selon Faust. Le « grand style », c’est d’abord la langue etle vers. Pour raconter la plus triviale et laplus meurtrière des tragédies modernes, Brechtchoisit le vers de Shakespeare et des clas-siques allemands, régulièrement cadencé maislibre. Et une langue soutenue et suggestive,très rarement argotique, parfois teintée d’amé-ricanisme, toujours ironique et par là dénon-ciatrice. « Car, dit-il, le vers permet de jaugerl’héroïsme des personnages ».

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D’Alphonse Capone à Arturo Uiet de Richard III à Adolph Hitler...

Pour mettre en théâtre les événements quibouleversent l’Allemagne et décident dusort de l’Europe, Brecht est à la recherche defables et de formes. En douze années, il exploredes voies dramaturgiques très diverses.Il commence en 1931 par, un « conte d’épou-vante » sur l’épuration ethnique, avec la para-bole des Têtes rondes et Têtes pointues. Puisviennent, entre 1935 et 1938, les vingt-quatrescènes indépendantes qui constituent Grandpeur et misère du IIIe Reich, récit de la terreurau quotidien sur le ton du réalisme épuré. Puisen 1937, une tragédie didactique, Les Fusils dela Mère Carrar. Puis c’est en 1941 La RésistibleAscension d’Arturo Ui, que vont suivre troisœuvres de « résistance ». LesVisions de SimoneMachard sont le récit de la résistance d’unehumble « bergère », une page d’album illus-tré où le défi de l’écriture réside dans la domi-nante onirique. En 1942, c’est un film conçuavec Fritz Lang, Les bourreaux meurent aussi,sur la résistance à l’occupation nazie dansPrague. Et pour finir, en 1943, une chroniquede la « résistance passive », Schweyk dans laseconde guerre mondiale. Dans cet ensemble complexe de six pièces etun film, La Résistible Ascension d’Arturo Uioccupe une place centrale. Brecht y rassembleet noue un faisceau de thèmes qui lui sont chers.Son intérêt pour Chicago-la-Géante futconstant et précoce : dès 1921 il y place Dansla jungle des villes et le duel mortel entre Shlinket Garga.Archétype de la cité moderne, avec ses abat-toirs, avec la fortune fulgurante des grands

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Quand Müller monte Brecht

La réunification des deux Allemagne, et plusparticulièrement des deux Berlin, ébranla for-tement le paysage théâtral et les fondementsdes institutions. Entre 1991 et 2000, entre ledépart de Manfred Wekwerth et l’arrivée deClaus Peymann, le Berliner Ensemble connaîtune décennie chaotique marquée par une ten-tative de direction collégiale où se côtoientnotamment Peter Palitzsch, Fritz Marquardt,Peter Zadek, Matthias Langhoff, Eva Mattes…et Heiner Müller. En 1993, le théâtre devientsociété anonyme à responsabilité limitée etse trouve dans une situation financièrepérilleuse, bientôt aggravée par un conflit surla propriété foncière du bâtiment. En effet, en1995, dans le cadre des restitutions des biensisraélites spoliés, le Theater am Schiffbauer-damm, à l’instigation du dramaturge Rolf Hoch-huth, tombe aux mains de la fondationHolzapfel qui désormais le loue au Land Ber-lin. À la fin de la saison 1993-1994, l’adminis-trateur du théâtre, Peter Sauerbaum prie Müllerde mettre au répertoire une pièce attractivequi ferait des recettes et lui suggère ArturoUi dont la version historique de 1959 a étéjouée 584 fois et n’a jamais ensuite connu dereprise au Berliner Ensemble. Müller répliquepar une interrogation : « Et qui donc mettraiten scène ? » « Ben, toi ! » Quelques mois plus tard, après l’opérationd’un cancer de l’œsophage et un séjour à LosAngeles, Müller, dont les jours sont désormaiscomptés, rentre à Berlin en mars 1995. À lasuite de la défection des autres membres, ilse retrouve seul directeur, et très conscient

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de porter la responsabilité de l’avenir artis-tique et matériel de la maison. Il décide demettre en scène La Résistible Ascension d’Ar-turo Ui. Il a signé jusqu’à présent une dizainede mises en scène, le plus souvent de sespropres pièces, et c’est la première fois, aprèsquarante années de dialogue avec la penséeet les écrits de Brecht, qu’il va porter à la scèneune de ses œuvres. Ce sera son dernier geste,son dernier « travail théâtral ».La pièce n’a pas été éprouvée à la scène parBrecht lui-même. Les archives en détiennentplusieurs états typoscripts divergents. Müllerdoit faire des choix pour aujourd’hui. Aidépar le décorateur Hans Joachim Schlieker, ilprocède à des coupes radicales, il resserredes scènes, il écarte des passages moins in-dispensables, il élimine quelques person-nages marginaux, il dégraisse les dialogues.Du prologue forain, il fait un épilogue et il luisubstitue une ouverture musicale, une per-mutation faite à la dernière minute. À la placede la scène du procès, il introduit une citationsonore authentique des affrontements entreGoering et Georges Dimitrov accusé par lesnazis en juin 1933 à Leipzig d’avoir incendié leReichstag.

Cette version scénique évolue jusqu’au soirde la première. Elle tourne le dos à toute formede reconstitution historique. Müller jette unregard froid sur la pièce dont il apprécie sur-tout la langue. L’analyse socio-économiquedu fascisme lui paraît un peu mécanique. Ilpréfère concentrer sa réflexion sur le lien entrepolitique crime et divertissement, sur les

rouages concrets de la corruption desindustriels et des politiques et sur

les mécanismes de l’installationd’un pouvoir parallèle mafieux. Ils’attache ensuite à la trajectoireexemplaire d’Arturo Ui. Enfin il

accorde une place majeure authéâtre et à la posture théâ-trale dans l’ascension et la prisedu pouvoir.

Ce dernier point est pour lui déci-sif. Il sait qu’il y a dans la compagnie

Martin Wuttke qui a trente ans et en dix annéesde scène, à Francfort, à Hambourg, à Berlin…a joué dix premiers rôles du répertoire, de Sha-kespeare à Goethe, de Büchner à Brecht. Aprèsl’avoir dirigé dans Hamlet-Machine, HeinerMüller, en mars 1994, lui a fait jouer Valmontavec Marianne Hoppe dans Quartett. C’estl’homme qu’il lui faut pour prendre en chargela théâtralité d’Arturo, conduire la courbe para-doxale du rôle et séduire le public, commel’avait fait jadis Hitler.Pour la scène-clef où Arturo Ui apprend auprèsd’un « vieil artiste » l’art théâtral de l’hommepolitique moderne, Heiner Müller confrontele jeune homme à Bernhard Minetti, le pres-tigieux octogénaire qui apporte en scène undemi-siècle d’histoire et de théâtre allemandset dont les partenaires n’oublient pas en scènequ’il fut un « élu » du régime nazi. C’est évi-demment ce qu’espérait Müller. En lui confiantla tâche d’instruire Arturo, il mettait aussi enscène une « biographie » allemande. Et le méca-

nisme fut le même quand plus tard MarianneHoppe reprit le rôle, elle qui avait si bien connula théâtralité du fascisme. Entre le 17 mars et le 3 juin 1995, Müller, as-sisté par Stephan Suschke, dirige 59 courtesrépétitions, souvent moroses et conflic-tuelles. Sa façon d’être avec les acteurs estdéroutante, son état de santé le rend irri-table. Les anciens ont toujours en mémoire lelégendaire Arturo d’Ekkehard Schall. Ils ne semontrent pas nécessairement beaux joueursavec Wuttke. Minetti est connu pour sonmanque d’humour et se montre volontierstyrannique mais Wuttke comprend commentlui céder toute la place pour mieux gagnerson propre rôle. Toutefois, le régisseur Wer-ner Roloff note : « À la 15e répétition, je savaisque ça allait réussir : nous regardions le dis-cours de Ui au 7e tableau. Müller avait faitsortir tout le monde, sauf Suschke et moi, etMartin avait joué à peu près la moitié du dis-cours. J’ai pensé, s’il parvient à cela, ce serasplendide. Alors j’ai écrit dans mon cahier :suis convaincu que ce sera un succès. »

La première du 3 juin 1995 est un succès sen-sationnel. Le 30 décembre, le Berliner Ensemblequi joue en alternance les nombreux spec-tacles de son répertoire, improvise un chan-gement de programme. La première prévuece jour-là est repoussée pour laisser place àArturo Ui. Devant le rideau de fer baissé, Her-mann Beyer, qui joue Roma, annonce la mortde Heiner Müller.Sur la scène du Théâtre de la Ville où l’ArturoUi légendaire du Berliner Ensemble triomphale 7 juin 1960, Martin Wuttke le 24 septembre2012, jouera la 388e représentation de cet autreArturo Ui du Berliner Ensemble mis en scènepar Heiner Müller.

Michel Bataillon

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« C’est un trou du cul, ce petit Wuttke. Il nesera jamais aussi bien que Ekkehard Schall ! »Le seul qui ne parlait pas de la façon dontj’étais, mais qui réfléchissait à la façon dontil était dans le spectacle, c’était Minetti. Saposition était : « Mesdames, Messieurs, iljoue certes toute la soirée mais moi, je vaisvous montrer ce qu’est un véritable acteur. »Et ça collait avec le rôle. Dès l’instant où j’ai cessé de m’affirmer faceà ce comédien, dès l’instant où je me suis misà sa disposition en tant qu’élève, le champs’est ouvert devant moi pour toute la secondepartie de la pièce. Minetti voulait une effica-cité qui porte bien plus loin qu’une phrase.Dans cette soirée, il voulait jouer une scèneinoubliable : « Les applaudissements après mascène, ce doit être le clou de la soirée. » Maismoi, j’ai utilisé ça : le rideau tombe et je prendsces applaudissements destinés à Minetti pouren faire les applaudissements d’entrée pourmon grand numéro. C’est juste dans le contenuet ça charge d’énergie toute la soirée.Je pouvais être certain que Minetti allaitconduire la scène jusqu’à ce que viennentles applaudissements. Et ensuite : à fond lacaisse ! Et alors tu as gagné la soirée. Si ça, çacolle, la suite roule toute seule, tu ne peux plusfaire d’erreur. Il y a seulement ce démarrage.Et il est absolument sûr. Si ce passage fonc-tionne, la soirée court.À l’avant-première, j’eus comme un pressen-timent, je remarquai que ça fonctionnait. Etle jour de la première, Minetti était brillant,brillant. Il était le meilleur, de loin le meilleur.En fait, quand Minetti avait fini de jouer, lareprésentation était finie.C’est un moment où j’ai beaucoup appris surle théâtre. Je suis convaincu que Müller avaitvu tout ça dès la conception d’ensemble. Ilvoulait que cette scène imbibe toute la soi-rée. Et il y est parvenu. C’était la plus fortescène et il ne me restait plus qu’à l’utilisercomme moteur. C’est génial, ce que Mülleravait bâti pour moi.

Ce qu’il y avait de fou chez Minetti, c’étaitson manque d’humour. Il prenait très mal queje ne joue pas Shakespeare comme il me lemontrait. C’était une chose qui vraiment l’ir-ritait – outre qu’il voulait toujours montrerque j’étais un « non-acteur ». Il avait commencépar me regarder méchamment puis il m’avaitdit : « Quand je parle, vous ne devez pas bou-ger. Nous n’y gagnons ni l’un ni l’autre.» Entant qu’acteur, tu penses devoir jouer « avec »,c’est une vieille loi du théâtre. Je me vexais :« Maintenant je n’ai plus le droit de bouger etd’agiter les mains quand il parle, c’est idiot ».Müller ne m’a en aucune façon aidé à m’affir-mer. Cela l’amusait énormément. Il aimait vousmettre des bâtons dans les pattes. J’étais déses-péré. Comment ne pas souffrir de cet état defait, comment me faire pour ainsi direconsciemment idiot… Dans mon profond désar-roi, je me suis dit : « Cesse de résister. Faisprécisément ce que veux Monsieur Minetti.Voilà la scène à jouer : Ui va voir un acteurqui doit lui apporter quelque chose. Tu vasdonc à la prochaine répétition sans la moindrevanité et tu fais non seulement ce qui est dansle texte mais aussi ce que l’acteur Minetti tedit, à toi, l’acteur Wuttke. Comme apparem-ment il n’y a pas de metteur en scène, laisse-toi mettre en scène par l’acteur qui veut régner.Et c’est ainsi que j’ai fait. Dès que j’avais ditmon texte, je ne bougeais plus. Quand il par-lait, je croisais les bras sur la poitrine. Et çacollait aussitôt avec le mécanisme de la scène,mais ça ne m’était pas apparu clairement aupa-ravant ! Minetti avait raison ! Nous n’y gagnionsni l’un ni l’autre. À partir de ce moment-là,dès que j’en avais fini avec mon texte, je res-pirais calmement et je me plantais là sans bou-ger. Une absence de vie.La scène avec Minetti est le virage décisif,essentielle pour la construction de la soirée.Avec son intelligence de comédien, il l’avaittout de suite compris. C’est le seul qui, en scèneface à moi, ait affirmé : « Je suis meilleur quetoi ! » Tout le reste de la compagnie disait :

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Bernhard Minetti dans la scène centrale dela leçon de théâtre, Heiner Müller, empêcheurde jouer en rond, préparait une collision prometteuse. En 2005, Stefan Suschke a publié aux édi-tions de la revue Theater der Zeit, Müller machtTheater, un précieux ouvrage sur les dix misesen scène réalisées par Heiner Müller dont ladernière fut Arturo Ui, sept mois avant sa mort.Voici, très condensé dans cette version fran-çaise, le passage d’un entretien tiré de ce Mül-ler fait du théâtre où Martin Wuttke racontecomment le heurt de deux personnalités peutdonner naissance à une scène d’anthologie.Après Bernhard Minetti, Martin Wuttke a eupour partenaire Marianne Hoppe, puis quatreautres acteurs de l’Ensemble. Il affronte main-tenant dans cette scène du Vieux ComédienJürgen Holtz que les spectateurs du Théâtrede la Ville ont pu applaudir dans les rôles dePeachum dans L’Opéra de Quat’ Sous et deSchigolch dans Lulu. Le 24 septembre 2012,le Berliner Ensemble donnera au Théâtre dela Ville la 388e représentation d’Arturo Uidansla mise en scène de Heiner Müller.

M.B.

Les sept semaines de répétitions – 17 mars-3 juin 1995, au total 59 services – avaient étépourtant bien mouvementées. Heiner Müllersavait ses jours comptés et il savait que la santéfinancière et artistique du Berliner Ensemblen’était guère plus brillante et reposait sur lui.L’Ensemble, entité historique et biologique,ne semblait pas particulièrement disposé àadopter la récente recrue de Matthias Lan-ghoff : Martin Wuttke, la trentaine, formé àl’Ouest dans une autre tradition théâtrale.Enfin, les 584 représentations triomphales d’Ar-turo Ui, interprétées par Ehkkehard Schall dansla version historique de 1959, étaient encorebien vivantes dans toutes les mémoires.Müller pouvait au mieux travailler quatreheures par jour. L’artisanat quotidien de lamise en scène n’était pas vraiment son affaire.Stefan Suschke, son collaborateur depuis lafin des années 1980, l’assistait dans cette tâche.Pour ainsi dire co-metteur en scène, il demeureencore aujourd’hui le responsable artistiquedu spectacle. Müller en revanche excellaitpour lancer des idées provocantes et trou-ver l’énergie et la dynamique du projet artis-tique.En proposant à Martin Wuttke d’affronter

Martin Wuttke raconte Bernhard Minetti

« Minetti avait raison ! » Une leçon d’humilité et d’orgueil

Martin Wuttke – 13 décembre 2002Extrait d’un entretien avec Stephan Suschke et Margarita Broich in Müller macht Theater, Theater der Zeit 2003 – Traduction. M.B.

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De gauche à droite : Roman Kaminski, Margarita Broich, Volker Spengler, Veit Schubert, Larissa Fuchs, Michael Gerber,Jörg Thieme, Ruth Glöss, Uli Pleßmann, Detlef Lutz, Martin Seifert, Axel Werner, Thomas Wendrich, Michael Kinkel, Uwe Steinbruch, Heinrich Buttchereit, Martin Wuttke, Stefan Lisewski, Victor Deiß, Uwe Preuss, Martin Schneider

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Heiner Müller (1929-1995), poète et expérimen-tateur, après une adolescence sous le nazismevécut en République Démocratique Allemande.Il essaya tout d’abord de prolonger la démarchede Bertolt Brecht, puis, prit la tangente, jouantdes libertés qu’il avait entrevues dans ces« espaces autres » que furent pour lui les États-Unis où il séjourna en 1975-76, la Bulgarie oùil se retirait périodiquement et la France oùson œuvre devint internationale. Il composaune œuvre qui, avec celles de Brecht, Beckettet Genet, constitue une constellation emblé-matique du XXe siècle.

Comme Brecht, Müller était enclin à des décla-rations telles que : « Le théâtre est un labora-toire pour l’imagination sociale. »

Après des débuts en 1954 comme assistant derecherche et éditeur d’un magazine d’art, ilest devenu écrivain en 1957. Suivent un pas-sage d’un an au Théâtre Maxim Gorki à Berlinet son exclusion à long terme de l’associa-tion officielle des Écrivains de RDA en 1961,lorsque son travail Die Umsiedlerin est inter-dit. À partir de 1970, il est dramaturge au Ber-liner Ensemble, puis à la Volksbühne en 1976.Beaucoup de ses pièces, les plus célèbres decette période, ont été créées en Allemagne del’Ouest, notamment Der Horatier, Mauser, Phi-loktet et Germania Tod in Berlin, qui a d’abordété présentée en 1978 aux Kammerspiele deMunich, une production avec laquelle Mül-ler a remporté le Prix d’art dramatique de Mül-heim en 1979. Ses autres productionsimportantes ont été : Der Auftrag, Quartett,Anatomie Titus Fall of Rome et Hamletma-schine. De 1990 à 1993, il sera le dernier pré-sident de l’Akademie der Künste (Académie

des Arts) de la RDA. En 1992, il devient membrede la direction du Berliner Ensemble, et en1995, son unique directeur artistique. Il pro-duit de nouvelles œuvres dramatiques. LaRésistible Ascension d’Arturo Ui en 1995 avecMartin Wuttke dans le rôle-titre a été l’undes plus grands succès de l’histoire du Berli-ner Ensemble. Heiner Müller décède à Berlin en 1995.

Sur scène, Müller aurait déclaré : Vous avezbesoin d’un ennemi. L’histoire allemande estmon ennemie et je veux la regarder dans leblanc de ses yeux.

Heiner Müller au Festival d’Automne à Paris :

1987 : Hamletmaschine (Théâtre Nanterre-Amandiers)

1996 : Quartett (MC93Bobigny)

Heiner Müller au Théâtre de la Ville :

1989 : La Mission

2006 : Quartett

2009 : Philoctète

Heiner Müller

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Berliner Ensemble

Troupe fondée par Bertolt Brecht et HeleneWeigel en 1949, avec la création de Mère Courage, le Berliner Ensemble s’installe en1954 à son siège actuel, le Theater am Schiff-bauerdamm. Se succèderont à sa tête aprèsla mort de Bertolt Brecht en 1956, HeleneWeigel, Ruth Berghaus, Manfred Wekwerth,puis une direction collective (Matthias Lan-ghoff, Fritz Marquardt, Heiner Müller, PeterPalitzsch et Peter Zadek). C’est en 1999 queClaus Peymann, après avoir dirigé le Schau-spielhaus de Bochum et le Burgtheater deVienne, prend la direction du BerlinerEnsemble. Il mettra d’abord l’accent sur lacréation de textes contemporains et de clas-siques revisités, parmi lesquels Richard II deShakespeare ; puis monte plusieurs piècesde Bertolt Brecht et invite de nombreux met-teurs en scène à travailler avec la troupe, telsque Robert Wilson, Peter Stein ou encore LucBondy. Le théâtre contemporain allemandoccupe aujourd’hui une place centrale au Ber-liner Ensemble, avec des pièces d’Elfriede Jeli-nek, Peter Handke et Albert Ostermaier.

Depuis 2009, le Berliner Ensemble est présentà Paris à l’initiative du Théâtre de la Ville, encollaboration avec le Festival d’Automne àParis. Cette présence se prolonge en 2012avec un troisième partenaire, le Théâtre duRond-Point qui présente Artaud se souvientd’Hitler et du Romanisches Café de Tom Peuc-kert du 14 au 18 novembre.

www.theatredurondpoint.com

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Martin Wuttke

Né en 1962 à Gelsenkirchen, Martin Wuttkejoue depuis 1958 sur les plus grandes scènesd’Allemagne (Berlin, Munich, Hambourg,Bochum, Stuttgart, Francfort), ainsi qu’au Burg-theater de Vienne ou au Festival de Salzbourgen Autriche. Pour exemple : La Résistible Ascen-sion d’Arturo Ui de Bertolt Brecht au BerlinerEnsemble, Schmeiß’ Dein Ego weg à laVolksbühne de Berlin et Platonovau Burgthea-ter de Vienne. En 1990, il débute la mise enscène : Premiers Amours de Samuel Beckett ,Gretchens Faust au Berliner Ensemble etNachder Oper. Würgeengel au Burgtheater deVienne. Le magazine allemand Theater heutele nomme acteur de l’année en 1995 et 2003.En 2011, il reçoit le prix allemand du théâtreDER FAUST en qualité de meilleur acteur. Sapremière apparition à la télévision allemandedate de 1991. Il devient rapidement une per-sonalité indispensable. On le retrouve dansles séries télévisées Hand in Hand et Tatort.Au cinéma, on le voit dans Liebesau – die andereHeimat de Wolfgang Panzer, Die Unberühr-bare de Oskar Roehler, Weisse Lilien de Chris-tian Frosch, Die Stille nach dem Schuss deVolker Schlöndorff, et Hanna de Joe Wright.Il interprète Joseph Goebbels dans Rosens-trasse de Margarethe von Trotta et Adolf Hit-ler dans Inglorious Basterds de QuentinTarantino.

Temps fort Heiner Müller au Théâtre de la Ville

Projection - 26 septembre 20h30Anatomie Titus Fall of Romede Brigitte MariaMayer

Dernière compagne de Heiner Müller, Brigitte

Maria Mayer est une photographe et cinéaste

d’exception. Avec Anatomie Titus Fall of Rome –

2009, film-installation (sur trois écrans), elle donne

un extraordinaire prolongement à la pièce que

Heiner Müller composa en 1984, faisant lui-même

« matériau » d’une des premières tragédies de

Shakespeare, Titus Andronicus. Retable pour le

temps présent, le triptyque de Brigitte Maria

Mayer imbrique les saillances du texte, para-

bole sur la beauté et la terreur, et des séquences

filmées en Europe, au Ghana, en Syrie, en Égypte,

en Chine et à Dubaï. Rituels grégaires et archi-

tectures verticales des mégapoles contempo-

raines. Chorégraphie multiple d’un monde

globalisé. De quoi Rome est-il aujourd’hui le nom ?

D’anciens empires, et d’autres qui préparent leurs

futures ruines. Maelström de générations (Jeanne

Moreau et Anna, la fille de Heiner Müller),

d’époques, de cultures, de territoires, où chaque

paysage est un état d’âme.

Jean-Marc Adolphe

Grande salle. Tarif unique 5 €

Réservation : www.theatredelaville-paris.com

Exposition - 10 au 30 septembrePhotographies de Brigitte Maria Mayer

Rencontre - 26 septembre 19h-20h« Heiner Müller entre Brecht et Shakespeare »

Rencontre avec Jean Jourdheuil, écrivain, metteur

en scène, traducteur de Heiner Müller et, autour de

Anatomie Titus et Arturo Ui.

Café des Œillets. Entrée libre.

Partenaires média du Festival d’Automne à Paris et du Théâtre de la Ville

www.festival-automne.com – 01 53 45 17 17 / www.theatredelaville–paris.com – 01 42 74 22 77

Brigitte Maria MayerNée à Berlin en 1965, Brigitte Maria Mayer s’ins-

talle à Berlin en tant qu’artiste indépendante,

après avoir étudié la communication visuelle à

Cassel. Elle devient célèbre à travers des expo-

sitions individuelles et collectives, nationales et

internationales, performances et livres de pho-

tographies, parmi lesquels Passion 2010,

La mort est une erreur,In the Objectiv of the Canova,

Perfect Sister. Le livre et le film-installation La mort

est une erreur (2006) parle de sa vie avec Heiner

Müller avec qui elle a vécu les dix dernières années

de sa vie.

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13 OCTOBRE – 15 DÉCEMBRE

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8 MANIFESTATIONS, 9 LIEUX,47 REPRÉSENTATIONS

Faces© Jean-Pierre Maurin