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ENSEMBLE CONTRECHAMPS MARDI 14 JUIN 2016, 20H ALHAMBRA, GENÈVE ATTENTION : PEINTURE FRAÎCHE GADENSTÄTTER, HOLLIGER, GENTILUCCI DANIEL GLOGER CONTRE-TÉNOR LAURENT BRUTTIN CLARINETTE TEODORO ANZELLOTTI ACCORDÉON JONATHAN HASKELL CONTREBASSE ENSEMBLE CONTRECHAMPS MICHAEL WENDEBERG DIRECTION CARLO LAURENZI RÉALISATION EN INFORMATIQUE MUSICALE IRCAM DAVID POISSONNIER INGÉNIEUR SON CHAMPS C ONTRE

GADENSTÄTTER, HOLLIGER, GENTILUCCI · PDF filedouze chants d'après les poèmes de Robert Walser, pour contre-ténor, clarinette, accordéon et contrebasse (1990-1991) – 38 min

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ENSEMBLECONTRECHAMPS

MARDI 14 JUIN 2016, 20HALHAMBRA, GENÈVE

ATTENTION : PEINTURE FRAÎCHE

GADENSTÄTTER, HOLLIGER, GENTILUCCI

DANIEL GLOGER CONTRE-TÉNOR LAURENT BRUTTIN CLARINETTE

TEODORO ANZELLOTTI ACCORDÉONJONATHAN HASKELL CONTREBASSE

ENSEMBLE CONTRECHAMPSMICHAEL WENDEBERG DIRECTION

CARLO LAURENZI RÉALISATION EN INFORMATIQUE MUSICALE IRCAM

DAVID POISSONNIER INGÉNIEUR SON

C H A M P SCONTRE

C H A M P SCONTRE

C H A M P SCONTRE

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À travers les commandes de nouvelles œuvres, Contrechamps assure l’une de ses missions historiques, à savoir la découverte de nouveaux talents, ainsi que l’accompagnement de fi gures déjà reconnues, dont la carrière est en phase d’épanouissement. Pour ce concert, Contrechamps et l’Ircam se sont associés pour permettre au public genevois de décou-vrir la musique de la jeune compositrice italienne Marta Gentilucci, actuellement doctorante à Harvard, dont les œuvres utilisent presque systématiquement l’électronique. Compositeur quant à lui déjà reconnu, l’autrichien Clemens Gadenstätter s’intéresse tout particulièrement à la question de la banalité et des ambivalences de l’écoute, à travers notam-ment les connotations attribuées à certains modèles sonores. Enfi n, une voix et trois instruments, le laconisme implacable de Robert Walser, le doute existentiel de l’homme moderne et sa sensibilité paranoïaque sont à l’œuvre dans Beiseit de Heinz Holliger, douze Lieder, douze moments d’intensité poétique à nulle autre pareille.

INTRODUCTION

« ATTENTION : PEINTURE FRAÎCHE »

Marta Gentilucci© DR

En coproduction avec l'Ircam-Centre PompidouEn collaboration avec le Centre d'informatique musicale et d'électroacoustique de la Haute école de musique de GenèveConcert enregistré par Espace 2

Heinz Holliger© Priska Ketterer

Clemens Gadenstätter© Stephan Fuhrer

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18h45 : « Tout est politique ? » Présentation de la saison 2016-2017 de Contrechamps, par Brice Pauset

20h00 : Concert « ATTENTION : PEINTURE FRAÎCHE »

Clemens Gadenstätter Les premiers cris / E.P.O.S III pour ensemble (création*) (2016) – 25 min ENTRACTE

Heinz Holliger Beiseit douze chants d'après les poèmes de Robert Walser, pour contre-ténor, clarinette, accordéon et contrebasse (1990-1991) – 38 min Beiseit – Schnee – Bangen – Wie immer – Trug – Zu philosophisch – Abend – Weiter – Angst – Und ging – Druckendes Licht – Im Mondschein (Epilog)

Marta Gentilucci espaces glissants pour grand ensemble (création**) (2016) – 13 min

Daniel Gloger contre-ténorLaurent Bruttin clarinetteTeodoro Anzellotti accordéonJonathan Haskell contrebasseEnsemble ContrechampsMichael Wendeberg directionCarlo Laurenzi réalisation en informatique musicale IrcamDavid Poissonnier ingénieur son

PROGRAMME DE LA SOIRÉE

Les instruments à percussion utilisés pour ce concert proviennent de Eklekto Geneva Percussion Center, structure qui valorise et développe la percussion contemporaine.

* L'œuvre de Clemens Gadenstätter est une commande de Contrechamps.** L'œuvre de Marta Gentilucci est une co-commande de Contrechamps et de l'Ircam-Centre Pompidou.

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4 CLEMENS GADENSTÄTTER

Né en 1966 Salzbourg, Clemens Gadenstätter étudie la flûte traver-sière avec Wolfgang Schulz et la composition avec Erich Urbanner à l’Universität für Musik und darstellende Kunst de Vienne entre 1984 et 1992, où il est reçu avec mention excellente. De 1992 à 1995, il termine ses études à la Stuttgarter Musikhochschule avec Helmut Lachenmann. Parallèlement, il joue en tant que flûtiste avec de nombreux ensembles et orchestres, dont notamment le Klangforum Wien de 1989 à 1994.

En 1990, il cofonde avec Florian E. Müller l’ensemble neue musik – wien, qui interprète des nouvelles œuvres associant parfois des technolo-gies inédites. Il s’investit également dans l’organisation de nombreuses séries de concerts et de manifestations présentant la musique d’au-jourd’hui, comme le festival multimédias Salon13 en collaboration avec Lisa Spalt (2000).

Plusieurs institutions et festivals lui commandent des œuvres, tels que les Donaueschinger Musiktage (2001, 2005 et 2012), la Musikbiennale Berlin, le Konzerthaus Berlin, le Salzbourg Festival, le Jack Quartet, le festival Musik der Jahrhunderte Stuttgart, le Wien Modern, le ORF, la Musikbiennale Salzburg, le festival Steirischer Herbst, les Neue Vocalsolisten Stuttgart, l’Ensemble Asamisimasa, l’Ensemble l‘Instant Donné, l‘Ensemble Nikel, le Klangforum Wien, l’Ensemble Recherche ou encore l’Ensemble Modern.

Clemens Gadenstätter travaille avec des solistes tels que Yaron Deutsch, Eva Furrer, Salome Kammer, Ernst Kovacic, Florian Müller, les Neue Vocalsolisten Stuttgart, Anna Maria Pammer, Jürgen Ruck, Krassimir Sterev, Yukiko Sugawara ou Marcus Weiss.

Ses œuvres ont été dirigées par Dennis Russell Davies, Patrick Davin, Sian Edwards, Peter Eötvös, Beat Furrer, Johannes Kalitzke, Pascal Rophé, Peter Rundel ou Arturo Tamayo, et interprétées par des orchestres et ensembles tels que le RSO – Wien, le SWR Orchester Freiburg und Baden Baden, le Hilversum Kamerorkest, le RSB Berlin ou la Philharmonie de Luxembourg, le Trio Accanto Freiburg, le Kammerensemble Neue Musik Berlin, l’Ensemble Ascolta Stuttgart, l’En-semble Mosaik ou l’Ensemble für Neue Musik Zürich, ainsi que dans les plus importants festivals aux États-Unis et en Europe.

Il reçoit le prix Arbeitsstipendium de la Ville de Vienne (1987, 1994), un prix au Forum junger Komponisten (1992), le Staatsstipendium

LES COMPOSITEURS

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der Republik Österreich für Komposition (1993, 1999), ainsi que le Jahresstipendium des Landes Salzburg für Komposition (1995). Plus récemment, il a reçu le Publicity-Preis du fonds SKE (1997), ainsi que le Förderungspreis (1997) et le Premier prix (2003) de la Ville de Vienne. En 2006, il est artiste en résidence au DAAD de Berlin.

De 1995 à 2000, il est rédacteur du journal bisannuel ton édité par la sec-tion autrichienne de la ISCM (Société internationale de musique contem-poraine), et est co-éditeur depuis 2007 de la série « musiktheorien der gegenwart » (publié chez Pfau, Saarbrücken). En 2000 il publie le livre tag day. ein schreibspiel (Edition gegensaetze) avec Lisa Spalt. Il a égale-ment écrit plusieurs essais pour de nombreuses publications.

Pour écrire ses dernières œuvres, Clemens Gadenstätter s’est intéressé au phénomène du banal, à la polymodalité de l’écoute ainsi qu’à l’icono-graphie musicale.

Clemens Gadenstätter est professeur de composition, d’analyse et de théorie musicale et maître de conférences pour composition à l’Univer-sité de musique de Graz. Il enseigne également en 2013 à l’Université de musique Carl Maria von Weber de Dresde, et donne des conférences.

http://www.gadenstaetter.info

HEINZ HOLLIGER

« Toute bonne musique travaille sur les limites. » Heinz Holliger

Né en 1939 à Langenthal (Suisse), Heinz Holliger étudie à Berne, Paris et Bâle : le hautbois avec Émile Cassagnaud et Pierre Pierlot, le piano avec Sava Savoff et Yvonne Lefébure, et la composition avec Sándor Veress et Pierre Boulez. Après avoir reçu les premiers prix aux concours interna-tionaux de Genève et Munich, Heinz Holliger mène une carrière de haut-boïste et se produit sur les plus grandes scènes du monde. Alternant constamment interprétation et composition, il élargit ainsi les possibili-tés techniques de son instrument. Il s’intéresse beaucoup à la musique contemporaine et use de son influence pour faire connaître des compo-siteurs peu connus ou méconnus. Plusieurs des grands compositeurs de notre époque lui ont dédié des œuvres.

LES COMPOSITEURS

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LES COMPOSITEURS

En tant que chef, Heinz Holliger dirige des orchestres aussi presti-gieux que le Berliner Philharmoniker, le Cleveland Orchestra, l’Or-chestre du Concertgebouw d’Amsterdam, le Philharmonia Orchestra de Londres, les orchestres philharmonique et symphonique de Vienne, le Sinfonieorchester des Bayerischen Rundfunks, les orchestres sympho-niques SWR de Baden-Baden/Freiburg et Stuttgart, le Tonhalle Orchester Zürich, l’Orchestre de la Suisse Romande, l’Orchestre de Chambre de Lausanne, l’Orchestre du Festival de Budapest, l’Orchestre national de Lyon et l’Orchestre philharmonique de Strasbourg. Depuis de nom-breuses années, il travaille régulièrement avec le Chamber Orchestra of Europe.

Heinz Holliger a remporté de nombreux prix et distinctions, dont le Prix des compositeurs de l’Association Suisse des Musiciens, le Prix Léonie-Sonnig de la ville de Copenhague, le Prix artistique de la Ville de Bâle, le Prix musical Ernst-von-Siemens, le Prix de la Ville de Francfort, le Premio Abbiati de la Biennale de Venise, le titre de docteur honoris causa de l’Université de Zurich et le Prix du Festival de Zurich. Ses enregis-trements lui ont valu, entre autres, le Diapason d’Or, le Midem Classical Award, l’Edison Award, le Grand prix du Disque et plusieurs prix du disque en Allemagne.

Heinz Holliger est l’un des compositeurs les plus sollicités de notre époque, aussi bien pour des œuvres symphoniques que de musique de chambre. Il trouve son inspiration chez des poètes comme Hölderlin (Die Jahreszeiten, 1975-1979), Trakl, Celan, Walser (Beiseit, 1990-1991, Schneewittchen, 1997-1998) ou Beckett (Va et viens, 1976-1977). La créa-tion à l’Opéra de Zurich de son opéra Schneewittchen en 1998, a d’ail-leurs été internationalement saluée. Compositeur en quête de vérité, il revisite notamment l’identité suisse (Puneigä, 2002 ; Induulchen, 2004), le passé (Triple Hoquet, 2002 ; Claude Debussy : Ardeur noire, 2008), repousse toutes les limites instrumentales, sonores et structurelles, et bouscule la forme conventionnelle du concert.

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LES COMPOSITEURS

MARTA GENTILUCCI

Marta Gentilucci étudie le chant au Conservatoire Morlacchi de Pérouse, où elle obtient également un master en littérature anglaise et allemande. Elle débute ses études de composition au Conservatoire Cherubini de Florence et les poursuit dès 2004 à la Musikhochschule de Stuttgart où elle suit les cours de composition de Marco Stoppa et obtient un diplôme en 2007. En 2008, elle commence un postgrade à Vienne dans la classe de Chaya Czernowin, ainsi qu’un master en Composition-Computer-Music avec Marco Stopppa et Olivier Schneller à Stuttgart (2008-2010). En 2009-2010, elle est sélectionnée pour le Cursus 1 de l’Ircam et en 2011-2012 pour le Cursus 2 avec un projet pour voix, ensemble et électronique.

Elle obtient les bourses du Festival Junge Künstler Bayreuth (2004), du 44. International Ferienkurs Damrstadt (2006), du Centre Acanthes (2007), la bourse Markel Stiftung (2006-2009), la bourse du Kunststiftung Baden-Württemberg (2008), de l’Experimentalstudio des SWR Freiburg for Matrix (2009-2012), ainsi que celle de la Stroebelstiftung (2011). Elle effectue également une résidence en 2010 à l’Electronic Studio Akademie der Kunst Berlin (ADK).

Ses œuvres sont jouées en Italie, en France, en Allemagne, en Corée, au Japon, aux États-Unis et en Angleterre par des ensembles tels que le quintette à vent de l’Orchestra Sinfonica Nazionale della Rai, l’En-semble Surplus, l’Interzone Percettible, l’Ensemble Ascolta, le cros.art ensemble, les Neue Vocalsolisten Stuttgart, l’Ensemble intercontempo-rain, le Jack Quartet, le Chiara Quartet, L’Arsenal, l’Ensemble Hand Werk, le Nikel Ensemble ou l’Elision Ensemble.

Sa musique électronique a été sélectionnée par l ’International Computer Music Conference de Huddersfield (UK, ICMC 2011), par le Seoul International Computer Music Festival (SICMF 2012), par le New York City Electroacoustic Music Festival (nycemf 2013), par l’Interna-tional Computer Music Conference de Perth en Australie (ICMC 2013) et d’Athènes (ICMC 2014).

Marta Gentilucci effectue actuellement un doctorat en programma-tion musicale à l’Université de Harvard avec Chaya Czernowin et Hans Tutschku.

http://martagentilucci.com/

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LES ŒUVRES

CLEMENS GADENSTÄTTERLES PREMIERS CRIS / E.P.O.S III (CRÉATION) (2016)POUR ENSEMBLE

La sensation, souvent crue et vivante qui s'impose à moi lorsque je pense au thème du premier cri (au contraire de la sensation plus floue lorsqu'il s'agit du dernier cri) me poursuit depuis longtemps. Comme toujours dans la composition, je cherche à saisir les phénomènes liés à une question, tant dans leur sens littéral que du point de vue de ce qu'ils transmettent.

Au cours de cette exploration, des évènements humains-trop humains sont abordés de manière récurrente, évènements qui m'ont frappé – moi et vraisemblablement beaucoup d'autres – et qui guident nos sens, nos pensées et nos actions, sans en conserver une conscience claire.

Ces phénomènes marquants me sont proches, mais pourtant s'impose la nécessité de les questionner d'un œil critique, précisément dans leur proximité existentielle : est-ce mon MOI, ce que je suis vraiment ou bien plutôt l'éducation, la culture, les circonstances qui me constituent ?

Il n'y a à cela aucune réponse, seulement le travail du questionnement (dans le cas présent le fait de composer) qui engendre d'autres expé-riences possibles.

Nous connaissons tous l'urgence corporelle et psychique d'un premier cri ; nous la connaissons ou, peut-être mieux, nous pouvons en conser-ver la représentation vivante. Nous en saisissons l'énergie et les qualités sonores qui constituent notre horizon d'expérience.

Un tel son est éruptif, brisé, explosif, puis s'évapore – tout cela nous pou-vons le vivre sur la base de notre propre expérience, que nous avons personnellement faite et que nous avons apprise au cours de notre acculturation.

Nous comprenons de tels sons comme solides, durs, aigus, anguleux ou ronds, chauds, pleins.

Lorsqu'il en va de ces premiers cris, des souvenirs apparaissent sous forme de cris d'effroi, naissant de sentiments de peur ou de joie ; le cri d'un nouveau-né, une petite éruption vocale au moment du premier souffle après une longue phase de retenue.

Ces évènements et représentations humaines – moments corporels des sensations psycho-physiques (ainsi aurait pu les désigner Ernst Mach)

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LES ŒUVRES

– m'ont conduit à constituer des matériaux sonores et composer des contextes. Ils s'alimentent de ces moments corporels, mais ne le repré-sentent jamais. Ils s'alimentent de mon expérience et enregistrent des sensations, et c'est durant le travail de composition qu'ils commencent à suivre leur propre vie. Cette vie propre se transforme peu à peu pour apparaître ensuite sous une autre lumière : la musique modifie alors mes possibilités de perception – et je l'espère pas seulement de la mienne.

Une voix, celle formidable de l'actrice Sylvie Rohrer, articule ici ces pre-miers cris, doucement, le plus souvent de manière à peine perceptible, parfois de manière plus claire, premiers cris à partir desquels des phé-nomènes compositionnels sont dérivés à travers différents processus.

À un terme de ces processus se situe la musique. La musique est pour moi comme un feu d'artifice : un nombre incroyable d'informations et de contextes surgissent et déclenchent des sensations inattendues et sou-vent inconnues.

À l'autre terme se situe la voix, presque seule, lisant un texte de l'auteure Lisa Spalt. Ce texte a de même la propriété de déclencher en moi un feu d'artifice de sensations de par les représentations et les images inté-rieures dont il dissipe la compréhension.

Si la musique représente ce cri audible, souvent intense, désormais dépourvu de nom de par les transformations qu'il a subies, alors les représentations individuelles et les sensations qu'il permet de déployer, lorsque nous nous approprions les mots du textes par l'écoute et la com-préhension, laisse toujours résonner le premier cri silencieux et inau-dible, lorsque nous sommes à l'écoute de « quelque chose d'autre ». Cet Autre deviendra une partie de nous, nous transformant, et quelquefois au contraire nous transformerons l'Autre. Dans l'art, ces changements se basent sur le travail quant à notre perception. Et l'expérience du chan-gement est une forme de la beauté.

Les premiers cris / E.P.O.S III est une commande de l’Ensemble Contrechamps.

Clemens Gadenstätter Traduction : Brice Pauset

TEXTE DIFFUSÉ

1

Et oui, évidemment nous méprisons cette mort que nous estimons, telle un pouvoir non maîtrisable, être une spécialement dédiée à nous, une promise à nous, parce que la mépriser signifie se jeter dans ses bras, pour s'unir à elle, et qu'ainsi elle soit au fond l'amour personnifié, qui nous garde en

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LES ŒUVRES

vie. Ainsi donc nous nous laissons enfin emporter par les flots mélangés à la bave d'autres molécules individuelles vers ce récipient caverneux. Et là commence donc le même, un dé d'un vide se dépliant devenu univers – une peau qui ça et là se heurte à la viande, qui jadis n'était qu'un mot, que nous représentons pour elle l'une, qui, puisque nous ne pouvions pas la penser, a engendré notre Dieu – avec nous isolés comme les dents des courbes de cette dentition qui nous nomme, culbuter, afin de communiquer. Oui, ce vide démarre autour de nous, desquels il parle, nous étant le centre autour duquel il est en orbite, se mouvant, un peu comme une expérimen-tation. Un système gigantesque, qui nous détermine, une série de lois, dont le contenu gargouillant et la seule signification, nous, en tant qu'interprètes de l'indifférence caractérisant cet espace, sommes, qui nous fait tanguer et altère notre opinion puisqu'il lui est possible de changer la direction de notre regard selon le principe du hasard.

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Maintenant nous apprenons, tu le cries, notre corps, qui, pendant ce temps, lors duquel un grand nombre se condense en humanité, entre en scène, alors que nous sautons dans tous les sens, fonçons sauvagement de haut en bas, des balles instrumentées d'une pensée enfantine. Et maintenant nous nous accrochons vraisemblablement à tout ce qui a, peut-être juste-ment pour cela, été monté dans l'ordre des essais, en guise duquel nous évaluons la situation afin de quitter le jeu l'air détaché. Parce que notre fin, que nous devrons fixer dans une position particulièrement tordue, qui elle fait suite à l'abandon complet, approche, puisque nous n'étions jamais aussi vivants qu'en ce moment. (…) Oui tu te dis, toi aussi, puisque tu te distingues de manière pénible du détachement normé qui incombe à toi et tous ceux qui t'entourent, et que tu n'as pas le loisir d'observer et de surprendre dans leur fidélité à la norme, tu t'isoles…

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Déjà tu t'entends – obligé par le souhait absolu de ne pas devoir te connaître – brailler : Tu t'abandonnes, confondu à l'apparence d'un objet de cette machinerie dans laquelle tu te places, complètement, te livres totalement à ses secousses, qui, de par la vitesse des images produites par toi, te font te distinguer de toi de manière à ce que le mouvement propre à ton œil t'apparaisse comme étant toi te mouvant. Tu sens que nous tous sommes maintenant une foule sautillante, jubilatoire, un pétillement hurlant, explo-sant, fondu en un seul liquide dans la bouche d'un enfant, parce que nous voudrions peut-être, dans celui-ci, être compris comme une écume qui se tiendrait, comme un symptôme constituant une menace pour un animal, devant la bouche. Une mission commune semble, comme des soldats et des

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LES ŒUVRES

femmes-soldats, nous orienter un à un vers le devant, alors que ce devant avec chacune des tournures involontaires, qui nous fait nous emmêler en tin-tant, tels des haricots séchés et donc particules d'un souvenir d'une enfance traversée de silences étincelants dans une maison d'été, dans une boîte en fer blanc, nous donne une nouvelle définition. Ainsi nous nous retrouvons, justement par la même aspiration, par la même situation, enfin rigoureuse-ment séparés les uns des autres.

Récitante : Lisa Spalt

HEINZ HOLLIGERBEISEIT (1990-1991)DOUZE CHANTS D'APRÈS LES POÈMES DE ROBERT WALSER, POUR CONTRE-TÉ-NOR, CLARINETTE, ACCORDÉON, ET CONTREBASSE

Le poème de jeunesse Beiseit semble prophétiser le destin ultérieur de Robert Walser, qui fait partie, avec Georg Trakl, Nelly Sachs, Samuel Beckett et Friedrich Hölderlin, de ces poètes en marge auxquels Heinz Holliger voue depuis longtemps une attention particulière. Une des caractéristiques de l'ensemble du travail compositionnel de Holliger est l'emploi de données numériques déterminant la forme et la structure de l'œuvre. Dans l'opéra d'après Samuel Beckett intitulé Come and Go, le nombre trois était pour ainsi dire pris à la lettre. De même, le lied Und ging du nouveau cycle Beiseit est une étude sur le nombre cinq. Sa partie initiale, notamment, par l'intrication extrême de groupes instru-mentaux en quinconce, combinée avec des formes en miroir et des inter-valles correspondants, crée un mécanisme sonore de haute précision. Le tissage constructiviste constitue un des fondements de l'écriture de Holliger. Dans Schnee, les parties du contre-ténor, de la clarinette et de la contrebasse sont conduites selon un canon de proportions structuré en quarts de ton : la seconde et la troisième voix répètent les notes de la première avec des durées respectivement doubles et réduites de moitié. Dans le lied qui donne son titre à l'ensemble – Beiseit –, les staccatos de l'accordéon et les pizzicatos de la contrebasse entourant la voix chantée se déroulent en mouvement contraire.

Cependant, un tel constructivisme, quand bien même il serait au premier plan, ne constitue pas un but en soi. Chez Holliger comme chez Alban Berg, le savoir-faire implicite dans le moindre détail doit s'effacer devant l'essentiel : l'urgence de l'expression. Car c'est elle qui préside, notam-ment dans Schnee, au système des micro-intervalles, ou encore, dans

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LES ŒUVRES

Abend, à la sonorité expressionniste oppressante, qui compte peut-être parmi les moments les plus émouvants de tout le cycle. Les arrière-plans expressifs se prêtent également au déroulement simultané de différents processus temporels – dans Zu philosophisch, par exemple –, mais surtout, ils invitent à pénétrer des domaines sonores peu explorés. Le lied Wie immer est écrit pour un Sprechgesang au rythme déterminé, et un contrebassiste auquel sont assignées des activités tout à fait inha-bituelles : actions avec une corde supplémentaire, avec du papier, une balle, un tuyau de verre, glissando tremblotant, imitations de bruits de respiration, figurations sonores de complaintes, de tortures, de cris. Le cycle d'après Robert Walser fait souvent incursion dans les territoires limites de l'expression et de la sonorité. Sur le plan de l'instrumentation, Holliger considère son ensemble comme une sorte de condensé du folk-lore suisse. L'organisation générale en douze lieder s'inspire du cycle de Schumann d'après Eichendorff ; on retrouve d'ailleurs dans le postlude instrumental au dernier lied une citation littérale de Mondnacht.

Traduit et adapté de l'allemand par Vincent Barras

Beiseit Ich mache meinen Gang ; Der führt ein Stückchen weit Und heim ; dann ohne Klang Und Wort bin ich beiseit.

Schnee Es schneit, es schneit, bedeckt die Erde Mit weißer Beschwerde, so weit, so weit. Es taumelt so weh hinunter vom Himmel Das Flockengewimmel, der Schnee, der Schnee. Das gibt dir, ach, eine Ruh', eine

A partJe vais mon chemin, qui mène un peu plus loin chez moi ; alors sans bruit, sans mot je suis à part.

NeigeIl neige, il neige, recouvre la terre d'une blanche pesanteur, si loin, si loin. Depuis le ciel déferle si douloureux le grouillement des flocons, la neige, la neige. Ah, quelle paix, quelle étendue, le

LIVRET

BEISEITpar Robert Walser

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LES ŒUVRES

Weite, die weißverscneite Welt macht mich schwach. So daß erst klein, dann groß mein Sehnen Sich drängt zu Tränen in mich hinein.

Bangen Ich habe so lang gewartet auf süße Töne ind Grüße, nur eine Klang. Nun ist mir bang ; nicht Töne und Klingen, nur Nebel dringen im Überschwang. Was heimlich sang auf dunkler Lauer : Versüße mir, Trauer, jetzt schweren Gang.

Wie immer Die Lampe ist noch da, der Tisch ist auch noch da, und ich bin noch im Zimmer, und meine Sehnsucht, ah, seufzt noch wie immer.Feigheit, bist du noch da ? Und, Lüge, auch du ? Ich hör' ein dunkles Ja : Das Unglück ist noch da, und ich bin noch im Zimmer wie immer.

Trug Nun wieder müde Hände, nun wieder müde Beine, ein Dunkel ohne Ende, ich lache, dass die Wände sich drehen, doch dies eine ist Lüge, denn ich weine.

monde blanc de neige m'affaiblit.Ainsi, petite d'abord, puis grande, ma nostalgie se presse en larmes tout au fond de moi.

InquiétudeJ'ai si longtemps attendu un doux son, un doux salut, une seule note.Maintenant j'ai peur : aucun son ni tintement, seules les brumes pénètrent dans l'exaltation.Chantait en secret, sombre, aux aguets : Adoucis, tristesse, mon lourd pas maintenant.

Comme toujoursLa lampe est encore là, la table aussi est encore là, et je suis encore dans la chambre, et ma nostalgie, ah, gémit encore, comme toujours.Lâcheté, es-tu encore là ? et mensonge, toi aussi ? J'entends un sombre oui : le malheur est encore là, et je suis encore dans la chambre, comme toujours.

IllusionA nouveau les mains lasses, à nouveau les jambes lasses, une obscurité sans fin, je ris de voir les murs se tourner, mais cela est mensonge, car je pleure.

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LES ŒUVRES

Zu philosophisch Wie geisterhaft im Sinken Und Steigen ist mein Leben. Stets seh' ich mich mir winken, dem Winkendem entschweben.

Ich seh' mich als Gelächter, als tiefe Trauer wieder, als wilden Redeflechter ; doch alles dies sinkt nieder.

Und ist zu allen Zeiten wohl niemals recht gewesen. Ich bin vergeßne Weiten Zu wandern auserlesen.

Abend Schwarzgelb im Schnee vor mir leuchtet ein Weg und geht unter Bäumen her. Es ist Abend, und schwer ist die Luft von Farben durchfeuchtet.

Die Bäume, unter denen ich gehe, haben Äste wie Kinderhände ; sie flehen ohne Ende unsäglich lieb, wenn ich stille stehe. Ferne Gärten und Hecken brennen in dunklem Wirrwarr, und der glühende Himmel sieht angststarr, wie die Kinderhände sich strecken.

Trop philosophiqueQuel fantôme que ma vie qui s'enfonce et qui remonte. Toujours je me vois me faire signe, échapper à celui qui fait signe.

Je me vois comme éclat de rire, comme profonde tristesse à nouveau, comme sauvage tresseur de paroles ; et pourtant tout cela s'enfonce.

Et de tout temps n'a jamais été vraiment droit. Je suis élu pour parcourir des distances oubliées.

Soir Jaune-noir dans la neige luit devant moi un chemin, qui passe sous les arbres. C'est le soir, et l'air lourdement s'imbibe de couleurs.

Les arbres sous lesquels je vais ont des branches comme des mains d'enfant ; ils implorent sans fin, ineffablement touchants lorsque je m'arrête.

Au loin, des jardins et des haies brûlent dans un sombre chaos, et le ciel ardent regarde figé d'angoisse s'allonger les mains d'enfant.

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LES ŒUVRES

Weiter Ich wollte stehen bleiben, es trieb mich wieder weiter, vorbei an schwarzen Bäumen doch unter schwarzen Bäumen woll't ich schnell stehen bleiben, es trieb mich wieder weiter, vorbei an grünen Wiesen, doch an den grünen Wiesen wollt' ich nur stehen bleiben,es trieb mich wieder weiter, vorbei an armen Häuschen, bei einem dieser Häuschen möcht' ich doch stehen bleiben, betrachtend seine Armut, und wie sein Rauch gemächlich zum Himmel steigt, ich möchte jetzt lange stehen bleiben. Dies sagte ich und lachte, das Grün der Wiesen lachte, der Rauch stieg räuchlich lächelnd, es trieb mich wieder weiter.

Angst Ich möchte, die Häuser regten sich, sie kämen auf mich los, das wäre schauerlich.Ich möchte, mein Herz verdrehte sich, und mein Verstand stünd' still, das wäre schauerlichDas Schauerlichtste möchte ich pressen an mein Herz. Ich sehne mich nach Angst, nach Schmerz.

Plus loin Je voulus m'arrêter, je fus encore une fois poussé plus loin, le long des arbres noirs, mais sous les arbres noirs, je voulus vite m'arrêter, je fus encore une fois poussé plus loin, le long des prés verts, mais devant les prés verts, j'aimerais seulement m'arrêter, je fus encore une fois poussé plus loin, le long des pauvres petites maisons, près de l'une de ces petites maisons, j'aimerais pourtant m'arrêter, regarder sa pauvreté, et voir sa fumée lentement monter vers le ciel, j'aimerais maintenant m'arrêter longtemps. Je disais cela et riais, le vert des prés riait, la fumée montait souriante en fumée, je fus une fois encore poussé plus loin.

PeurJ'aimerais que les maisons se mettent à bouger, qu'elles se précipitent sur moi, ça donnerait le frisson. J'aimerais que mon coœur se torde, et que ma raison s'immobilise, ça donnerait le frisson. Le plus horrible, j'aimerais le presser contre mon cœur. Je languis après la peur, après la douleur.

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LES ŒUVRES

Und ging Er schwenkte leise seinen Hut und ging, heißt es vom Wandersmann. Er riß die Blätter von dem Baum und ging, heißt es vom rauhen Herbst. Sie teilte lächelnd Gnaden aus und ging, heißt es von der Majestät. Er klopfte nächtlich an die Tür und ging, heißt es vom Herzeleid. Er zeigte weinend auf sein Herz und ging, heißt es vom armen Mann.

Druckendes Licht Zwei Bäume stehen im Schnee, der Himmel, müde des Lichts, zieht heim, und sonst ist nichts als Schwermut in der Näh'. Und hinter den Bäumen ragen dunkle Häuser hinauf. Jetzt hört man etwas sagen, jetzt bellen Hunde auf.Nun erscheint der Liebe, runde Lampenmond im Haus. Nun geht das Licht wieder aus, als klaffte eine Wunde.Wie klein ist hier das Leben und wie groß das Nichts. Der Himmel, müde des Lichts, hat alles dem Schnee gegeben. Die zwei Bäume neigen Ihre Köpfe sich zu. Wolken durchziehn die Ruh' Der Welt im Reigen.

Et s'en allait Il agitait doucement son chapeau et s'en allait, dit-on du promeneur. Il arrachait les feuilles de l'arbre et s'en allait, dit-on du rude automne. Elle distribuait en souriant des faveurs et s'en allait, dit-on de la majesté. Il frappait nuitamment à la porte et s'en allait, dit-on du chagrin. Il montrait son cœur en pleurant et s'en allait, dit-on du pauvre homme.

Lumière accablante Deux arbres se dressent dans la neige, le ciel, las de la lumière, rentre chez lui ; sinon rien, hormis la mélancolie au voisinage. Et derrière les arbres s'élèvent des maisons sombres. On entend maintenant parler, les chiens maintenant aboient. Apparaît la douce et ronde lune-lampe dans la maison. S'éteint à nouveau la lumière, comme une plaie qui bée. La vie est si petite ici, et le rien si grand. Le ciel, las de la lumière, a tout donné à la neige. Les deux arbres inclinent la tête l'un vers l'autre : les nuages font une ronde à travers la quiétude du monde.

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LES ŒUVRES

Im Mondschein (Epilog)Ich dachte gestern nacht, die Sterne müssten singen, als ich aufwacht und es leise hörte klingen. Es war aber eine Handharfe, die durch die Räume drang, und durch die kalte, scharfe Nacht klang es so bang. Dachte so verlornem Ringen, Gebeten und Flüchen nach, und noch lange hört' ich es singen, lag lang noch wach.

Robert Walser

Au clair de lune (épilogue)Je crus hier soir que les étoiles chantaient : j'avais en me réveillant entendu un son si doux. Mais c'était un accordéon qui pénétrait dans la pièce, et la froide et coupante nuit résonnait si peureusement. Pensai à cette lutte perdue, à ces prières et ces blasphèmes, et longtemps je me tins éveillé.

Robert Walser Traduit et adapté de l'allemand par

Vincent Barras.

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LES ŒUVRES

MARTA GENTILUCCIESPACES GLISSANTS (CRÉATION) (2006)POUR GRAND ENSEMBLE ET ÉLECTRONIQUE

L'image sonore d'espaces multiples résonnants de façon hétérogène était le point de départ pour la composition d'espaces glissants. Le mot « espace » évoque une zone délimitée dans laquelle on peut entrer ou de laquelle on peut sortir et, en même temps, évoque une large surface presque illimitée. Si nous passons du territoire géométrique à celui, plus fluide, du son, les frontières et les oppositions deviennent immédiate-ment plus lisses : ici, c'est le lieu où le son acoustique de l'ensemble et les projections de l'électronique convergent. Les deux entités accu-mulent l'énergie et la dévient dans un autre espace, puis ensuite dans un autre et ainsi de suite. L'ensemble et l'électronique construisent lente-ment ces espaces, ils sont immergés en eux : mais en sont-ils adjacents ? continus ? supersposés ? incohérents ? En jouant avec la continuité de la macro-forme et la discontinuité des éléments musicaux individuels, la trajectoire de la pièce avance sans revenir au point initial.

Le dispositif électronique sur scène et dans la salle de concert a été essentiel pour la réalisation de la pièce. Les haut-parleurs situés sur la scène, disposés très près des instrumentistes, suggèrent la possibilité de fusionner le son acoustique des instruments avec leurs extensions à travers l'électronique live. Les haut-parleurs situés dans la salle contri-buent à souligner la physicalité du son dans l'espace, c'est-à-dire l'es-pace de l'auditeur qui y est immergé.

La pièce a été réalisée dans une assez longue période de temps. Le temps de la composition sur le papier et le temps de travail en studio à l'Ircam ont été complètement entremêlés ; l'alternance de ces deux dimensions du travail de composition ont renforcé la fusion entre la par-tie instrumentale, le son électronique et le glissement imperceptible d'un espace vers l'autre.

espaces glissants est une co-commande de Contrechamps et de l’Ircam-Centre Pompidou.

Marta Gentilucci Traduction : Brice Pauset

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LES INTERPRÈTES

DANIEL GLOGERCONTRE-TÉNOR

Né en 1976 à Stuttgart, Daniel Gloger commence sa formation musicale auprès de Dorothee Gloger, poursuit ses études musicales élémen-taires au Conservatoire de Trossingen en 2000 (avec Richard Wistreich) et obtient son diplôme de Konzertfach en 2005 au Conservatoire de Karlsruhe avec Donald Litaker.

Daniel Gloger obtient le Premier prix du Concours national Jugend Musiziert en 1993 et 1995, ainsi qu’une bourse de la Kunststiftung Baden-Würtemberg et de l’Akademie internationale de Schloss Solitude.

Les nombreux enregistrements auxquels Daniel Gloger a participé témoignent de son vaste répertoire, notamment avec l’Ensemble des Solistes du Kammerchor Stuttgart, l’Ensemble 2e2m de Paris et les Neue Vocalsolisten de Stuttgart.

En tant que soliste, il s’est produit dans des festivals de grande renom-mée comme les Ludwigsburger Schlossfestspiele, Schwetzinger Festspiele, Festspiele Mecklenburg-Vorpommern, MaerzMusik Berlin, Pfingsten Barock à Salzbourg, Wien Modern, et le Printemps des Arts à Monaco.

En 2005, il interprète avec grand succès le rôle-titre dans Der Gute Gott von Manhattan de Adriana Hölszky, lors de sa création à la Sächsische Staatsoper Dresden et l’opéra Fabula d’Oscar Strasnoy au Théâtre San Martín de Buenos Aires avec Garth Knox (alto).

Lors de la saison 2007-2008, il chante dans la création de Der Alte vom Berge de Bernhard Lang au Théâtre de Bâle et aux Schwetzinger Festspiele, participe aux créations de Melancholia de Georg Friedrich Haas à l’Opéra de Paris, au Théâtre de Graz et à l’Opéra Royal d’Oslo, et d’Arbeit.Nahrung.Wohnung d‘Enno Poppe à Munich, Vienne, Venise et Madrid.

En 2009-2010, Daniel Gloger se présente aux Salzburger Festspiele et au Staatstheater Stuttgart dans un projet intégrant l’oratoriu Juditha triumphans d’Antonio Vivaldi dans la mise en scène de Sebastian Nübling. Il interprète le rôle-titre de la création de Montezuma – l’Aigle Volant de Bernhard Lang au Nationaltheater Mannheim et il participe au Pnima de Chaya Czernowin au Staatstheater Stuttgart.

Dans plusieurs œuvres du théâtre musical écrites exclusivement pour sa voix par Lucia Ronchetti, Georg F. Haas, Manuel Hidalgo et Mischa Kaeser,

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20 il a chanté aux festivals de Stuttgart, Schwetzingen, Berlin, Venise, Rome, Madrid et Buenos Aires, et a interprété le rôle de la grand-mère dans la création Mama Dolorosa d’Eunyoung Kim à la Biennale du théâtre musical de Munich en 2011-2012.

En 2013, il développe le projet tout solo NACKT (nu) intégrant sept nou-velles œuvres de Cathy Milliken, Alvaro Carlevaro et Bernhard Lang (entre autres) et il présente des créations d’Aureliano Cattaneo, Georg F. Haas et Jörg Widmann à Schwetzingen, Stuttgart, Salzburg, Vienne et Genève avec Teodoro Anzellotti, Jean-Guihen Queyras, le Klangforum de Vienne et l’Ensemble Contrechamps de Genève.

En 2014-2015, il est invité par la Staatsoper de Berlin à participer aux Lezioni di Tenebra de Lucia Ronchetti et des Wiener Festwochen avec le rôle d’Axel Freund dans Bluthaus de Georg F. Haas.

En 2015-2016, il chante à nouveau aux Schwetzinger Festspiele dans la création de Koma de Georg F. Haas et au Teatro Colón à Buenos Aires dans les Préparatifs de Noce d’Oscar Strasnoy.

LAURENT BRUTTINCLARINETTE

Laurent Bruttin est né en 1977. Après des études aux conservatoires de Genève et Paris, il commence à faire de la musique.

Passionné par tous les styles de musiques, il se consacre plus particu-lièrement au développement de nouvelles techniques instrumentales sur son instrument principal, la clarinette, créant un mélange entre impro-visation expérimentale et composition. L’élaboration de concepts de jeu, que ce soit en solo ou en collaboration avec des musiciens ou artistes d’influences diverses tient une place importante dans son parcours. Il conçoit également des musiques pour la danse, la performance, le théâtre, le cinéma ou la radio.

Aux côtés des musiciens Dragos Tara, Benoît Moreau, Ariel Garcia et Luc Müller, il cofonde Rue du Nord, association qui a pour but la création de projets liés aux musiques expérimentales et interdisciplinaires dont l’Ensemble Rue du Nord est le vecteur principal. Le festival du même nom a lieu chaque année, depuis 2003, au théâtre 2.21 à Lausanne. Il est membre de l’Ensemble Contrechamps depuis 2009.

LES INTERPRÈTES

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TEODORO ANZELLOTTIACCORDÉON

Né en Italie, Teodoro Anzellotti vit en Allemagne depuis l’âge de 5 ans. Il a étudié à Karlsruhe ainsi qu’à Trossingen avec Hugo Noth.

Il joue en soliste avec l’Orchestre de l’Opéra de Paris, le Tonhalle- Orchester Zürich, l’Amsterdam Sinfonietta, le Deutsche Kammer-philharmonie Bremen, le Bamberger Symphoniker, le Münchner Kammerorchester, ainsi que les orchestres symphoniques des radios de Munich, Berlin, Hambourg, Frankfort, Cologne, Vienne, Turin, Freiburg, Stuttgart, Saarbrücken, Prague, Ljubljana et Bucarest.

Il est régulièrement invité dans les festivals les plus réputés tels que ceux de Salzbourg, Schleswig-Holstein, Dresde et Lucerne, le Schwetzinger SWR Festspiele, le Wien Modern, la Biennale de Venise ou le Festival d’Automne de Paris.

Il a créé plus 350 œuvres écrites pour lui par des compositeurs tels que Georges Aperghis, Luciano Berio, Heinz Holliger, Toshio Hosokawa, Mauricio Kagel, Isabel Mundry, Brice Pauset, Gerade Pesson, Matthias Pinscher, Rebecca Saunders, Salvatore Sciarrino, Jörg Widmann, Hans Zender. Il donnera prochainement les première mondiales des concertos pour accordéons de Marco Stroppa et Wolfgang Rihm.

Teodoro Anzellotti a été élu « Instrumentiste de l’année » aux International Award Echo Claddic 2011. Il enseigne l’accordéon à la Haute école des arts de Berne depuis 1987.

JONATHAN HASKELLCONTREBASSE

Natif des rives d’un autre grand lac (Michigan), Jonathan Haskell est membre de l’Orchestre de la Suisse Romande depuis 1978. Élève de Joseph Guastafeste (Chicago Symphony), il est diplômé de l’Université de Chicago (études de langue française) et de l’Université de Yale (études de direction avec Otto-Werner Müller).

En 1973, il est le plus jeune membre de l’Orchestre symphonique de Bâle et il se produit régulièrement depuis 1981 avec l’Ensemble Contrechamps.

LES INTERPRÈTES

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LES INTERPRÈTES

Jonathan Haskell a créé en Suisse l’œuvre de Luca Lombardi Ai piedi del faro pour contrebasse et ensemble. Depuis 2010 il dirige l’orchestre du festival Les Variations Musicales de Tannay avec comme solistes Ophélie Gaillard, Mélodie Zhao, Béatrice Berrut, Edgar Moreau et Renaud Capuçon.

MICHAEL WENDEBERGDIRECTION

Né en Allemagne en 1974, Michael Wendeberg étudie le piano avec Markus Stange, Bernd Glemser et Benedetto Lupo, et la direction auprès de Toshiyuki Kamioka à Saarbrücken.

En tant que pianiste, Michael Wendeberg remporte de nombreux concours nationaux et internationaux et s’est produit régulièrement en soliste. Il a été invité par des festivals renommés et par les plus grands orchestres allemands. En musique de chambre, il a collaboré avec, entre autres, Patricia Kopatchinskaja, Carolin Widmann et Nicolas Hodges. De 2000 à 2005, il fait partie de l’Ensemble intercontemporain, où il travaille intensément avec Pierre Boulez et György Kurtág.

Pendant ses études avec Toshiyuki Kamioka, Michael Wendeberg est éga-lement son assistant à l’opéra de Wuppertal. De 2005 à 2014, il travaille aux opéras de Mannheim et de Berlin, où il assiste des chefs tels que Daniel Barenboïm, Pierre Boulez ou Sir Simon Rattle, ainsi qu’à Lucerne où il est premier Kapellmeister de 2011 à 2014.

Michael Wendeberg dirige la Staatskapelle Berlin, le Klangforum Wien, les Neue Vokalsolisten Stuttgart, le Kammerensemble Neue Musik Berlin, l’Ensemble Ascolta Stuttgart, le chœur de chambre Apollini et Musis du Staatsoper Berlin, l’Orchestre philharmonique de Ljubljana, le Sinfonieorchester Wuppertal, ou encore le Collegium Novum de Zurich, et est invité par des festivals tels que la Biennale de Munich, le Bregenz Festival, le MÚsica Hoy de Madrid, au Wien Modern, à l’Eclat Festival de Stuttgart, au Klangspuren Schwaz, aux Biennales de Venise, ainsi qu’au Festival de Lucerne.

Dans les productions d’opéra et de théâtre musical, il recherche une étroite collaboration entre musique et mise en scène. C’est dans cet esprit qu’il travaillera dès le début de la saison 2016-2017 comme pre-mier Kapellmeister à l’opéra de Halle. En outre, cette saison verra ses débuts avec l’Ensemble Modern et en décembre des représentations de

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LES INTERPRÈTES

Die Zauberflöte au Staatsoper de Berlin, où il dirigera aussi une nouvelle production de la Gespenstersonate de Reimann en 2017.

En tant que chef, Michael Wendeberg dirige aussi bien le répertoire clas-sique de Bach à Schönberg, que la musique contemporaine pour laquelle il est très investi. Il s’intéresse tout particulièrement aux éléments de continuité qui relient des époques à priori si différentes et qui en per-mettent une écoute et une interprétation nouvelles.

Michael Wendeberg est directeur musical de l'Ensemble Contrechamps depuis 2011.

CARLO LAURENZIRÉALISATION EN INFORMATIQUE MUSICALE IRCAM

Après des études de guitare, de composition et de musique improvisée, Carlo Laurenzi se consacre à la musique électroacoustique et obtient un diplôme en composition électroacoustique au conservatoire de L'Aquila (Italie). Depuis 2005, il est réalisateur en informatique musicale et pour-suit ses activités de compositeur et guitariste. Il a collaboré avec de nom-breux compositeurs en Italie et a travaillé comme assistant artistique et musical au sein du Centre de recherches musicales (CRM) de Rome où il a participé à plusieurs projets de recherche, concerts, installations musi-cales en Italie et en Europe. Ses pièces électroacoustiques ont été créées dans plusieurs festivals de musique contemporaine. À l'Ircam, il colla-bore aux projets de musique mixte de plusieurs compositeurs (Stroppa, Czernowin, Hurel, Levinas, Monnet, Gervasoni, Naón, Cella, Gentilucci) et il a assuré la régie informatique des pièces avec électronique de Pierre Boulez lors des concerts en France et à l’étranger.

IRCAMINSTITUT DE RECHERCHE ET COORDINATION ACOUSTIQUE/MUSIQUE

L’Institut de recherche et coordination acoustique/musique est aujourd’hui l’un des plus grands centres de recherche publique au monde se consacrant à la création musicale et à la recherche scientifique. Lieu unique où convergent la prospective artistique et l’innovation scientifique et technologique, l’institut est dirigé par Frank Madlener, et réunit plus de cent soixante collaborateurs.

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24 L’Ircam développe ses trois axes principaux – création, recherche, trans-mission – au cours d’une saison parisienne, de tournées en France et à l’étranger et d’un nouveau rendez-vous initié en juin 2012, ManiFeste, qui allie un festival international et une académie pluridisciplinaire.

Fondé par Pierre Boulez, l’Ircam est associé au Centre Pompidou sous la tutelle du ministère de la Culture et de la Communication. L’Unité mixte de recherche STMS (Sciences et technologies de la musique et du son), hébergée par l’Ircam, bénéficie de plus des tutelles du CNRS et de l’uni-versité Pierre et Marie Curie, ainsi que, dans le cadre de l'équipe-projet MuTant, de l'Inria.

www.ircam.fr

DAVID POISSONNIERINGÉNIEUR SON

Après des études musicales (violon, harmonie) au Conservatoire natio-nal de région de Nîmes et Montpellier et une licence de physique, David Poissonnier obtient le diplôme d'ingénieur du son du Centre Primus à Strasbourg. Il entre à l’Ircam en 1994, où il est responsable de l’ingénie-rie sonore de 2003 à 2010.

Il travaille régulièrement avec de nombreux compositeurs parmi les-quels Pierre Boulez, Kaija Saariaho, Philippe Manoury, Michael Jarrell, Jonathan Harvey, Georges Aperghis ou Martín Matalon.

David Poissonnier assure la diffusion sonore et la création de nombreux concerts et opéras dans toute l’Europe et aux États-Unis dans des salles prestigieuses telles que le Carnegie Hall, la Philharmonie de Berlin, l'Opéra Bastille ou le Théâtre de la Monnaie, avec différents ensembles et orchestres dont l'Ensemble intercontemporain, le Klangforum Wien, le Berliner Philharmoniker, l'Orchestre de Paris, l'Ensemble Contrechamps, le Musikfabrik ou le Court-Circuit.

Il enregistre des disques pour l’Ensemble intercontemporain (Collection Sirènes), pour les Percussions de Strasbourg, ainsi que pour des solistes tels que Alexis Descharmes (Saariaho), Vincent David (Boulez-Berio) ou Aurelian-Octav Popa.

Depuis l’été 2010, il travaille à la Haute école de musique de Genève au sein du Centre de musique électroacoustique (CME), ainsi que comme ingénieur du son freelance.

LES INTERPRÈTES

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LES INTERPRÈTES

ENSEMBLE CONTRECHAMPSMUSICIENS

Bettina Berger flûte

Mikhaïl Zhuravlev hautbois

Laurent Bruttin clarinette

Megumi Tabuchi clarinette

Elise Jacoberger basson

Delphine Gauthier-Guiche cor

Yohan Monnier trompette

Jean-Marc Daviet trombone

Vincent Daoud saxophone

Antoine Françoise piano

Gilles Grimaître keyboard

Simon Aeschimann guitare

Thierry Debons percussion

Sébastien Cordier percussion

Maximilian Haft violon

Julien Lapeyre violon

Hans Egidi alto

Tomoko Akasaka alto

Olivier Marron violoncelle

Jonathan Haskell contrebasse

Teodoro Anzellotti accordéon

Matteo Gualandi électronique

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LES ÉDITIONS

NOUVEAUTÉ

CHARLES E. IVES Essais avant une sonate, et autres textesÉditions Contrechamps – Juin 2016. 208 pages

Les Essais avant une sonate, liés à l'œuvre qui a fait connaître Ives dans les années 1920, sa deuxième sonate pour piano intitulée Concord, constituent un document essentiel pour la musique et la pensée de ce compositeur inclassable et fascinant. Dans une prose qui charrie comme sa musique des idées originales et s'appuie sur l'expérience des tran-scendantalistes américains, Ives déploie des réflexions extrêmement profondes et stimulantes sur la musique et ses conditions d'existence. Le texte, qui comprend un important appareil critique, est complété par d’autres documents, tous inédits en français.

Charles Ives (1874-1954) est souvent présenté comme le père de la musique américaine : c'est le premier à avoir développé dans ce pays un style original et de valeur universelle. Ives a écrit très tôt des œuvres atonales, concevant des polyrythmies complexes, expérimentant les quarts de ton, la spatialisation des sources sonores, le mélange de musiques différentes.

OFFRE SPECIALE DE LANCEMENT : CHF 15.– (au lieu de CHF 18.–)

Charles e. IvesessaIs avant une sonate et autres textes

contrechamps éditions

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Traduits par Carlo Russi, Vincent Barras, Viviana Aliberti, Dennis Collins et Sook Ji

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LES ÉDITIONS

TITRES EN RESONANCE AVEC LA SORTIE DE ESSAIS AVANT UNE SONATE

JOHN CAGEConférences et écritsÉditions Contrechamps / Héros-limite – 2012

Dans ce premier recueil datant de 1968, John Cage a regroupé les conférences et les articles qui furent à l’origine de sa pensée. Emblématiques de son œuvre, ces textes sont toujours inventifs et explorent de nouvelles formes. Le musicien expose ses conceptions en matière d’interprétation et de composition. John Cage laisse libre cours au tracé de sa pensée, les propositions se juxtaposent, zigzaguent. Il opère dans la césure et la discontinuité. La mise en page et la typographie dans les textes de John Cage font œuvre et sont partie intégrante du mode d’écriture.

ELLIOT CARTERLa dimension du temps

Éditions Contrechamps – 1998

Elliott Carter n'a cessé de réfléchir aux questions fondamentales de la composition et de l'esthétique musicales. Par ses appréciations sur les œuvres entendues en création, ses hommages à Stravinsky, Varèse, Ives ou Wolpe, et ses essais sur le rythme et le temps musical, Carter se situe de façon originale par rapport aux différents mouvements de la musique moderne. Au-delà de la « couleur locale », il cherche à penser la tradition américaine en relation avec les mouvements novateurs européens, critiquant au passage le conservatisme institutionnel de son pays.

LAURENT DENAVEUn siècle de création musicale aux Etats-UnisÉditions Contrechamps – 2011

Ce livre replace les différents courants et genres musicaux américains dans leur contexte économique et social. Il ne se limite pas aux compositeurs, de Charles Ives à John Adams, mais inclut les différentes formes de musique populaire, depuis la chanson engagée jusqu’au jazz, en passant par les comédies musicales de Broadway. Fondé sur une

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LES ÉDITIONS

TITRES EN RESONANCE AVEC LA SORTIE DE ESSAIS AVANT UNE SONATE

documentation impressionnante, écrit d’une plume alerte et vivante, cet ouvrage nous permet de traverser de façon originale une histoire encore mal connue, et jamais présentée ainsi dans son ensemble dans un ouvrage français.

EDGAR VARESE – ANDRÉ JOLIVETCorrespondanceÉditions Contrechamps – 2002

Né en 1883 à Paris, mort en 1965 à New York, Varèse a traversé son siècle comme un marginal et un solitaire. Le compositeur a rêvé d'une musique autre : son catalogue, bref et intense, n'en est que la partie la plus audible. Varèse fut par ailleurs très actif à l'intérieur de la société américaine, où il s'engagea pour la musique contemporaine. Sa correspondance avec André Jolivet constitue un document inestimable pour approcher son univers intellectuel et sensible.

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PARUTIONS RÉCENTES

Philippe ALBÈRALe parti pris des sons. Sur la musique de Stefano GervasoniÉditions Contrechamps – Novembre 2015. 518 pages.

Philippe Albèra signe un essai sur la musique de Stefano Gervasoni, compositeur lié depuis de nombreuses années à l 'aventure de Contrechamps. Dans ce volume, l’auteur cherche à entrer en profondeur dans une œuvre qui, sous ses apparences légères, cache des signi-fications profondes, de nature à la fois spirituelles, éthiques et poli-tiques. À côté de ses aspects ludiques et aériens, mais aussi mélanco-liques, l'œuvre de Gervasoni témoigne d'un goût pour la beauté et pour l'enchantement dans une écriture inventive et rigoureuse. En réfléchis-sant et en analysant cette musique, l'auteur tente de mettre à jour ses enjeux.

Fondateur et responsable de Contrechamps durant plus de vingt-cinq ans, directeur des Éditions du même nom, Philippe Albèra enseigne l’histoire de la musique et l ’analyse dans les HEM de Genève et Lausanne. Il a publié en 2008 l’ouvrage Le son et le sens et de nombreux essais.

OFFRE SPECIALE DE LANCEMENT : CHF 25.– (au lieu de CHF 28.–)

LES ÉDITIONS

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LES ÉDITIONS

PARUTIONS RÉCENTES

Jean-Louis LELEULa construction de l’idée musicale. Essais sur Webern, Debussy et BoulezÉditions Contrechamps – Octobre 2015. 686 pages.

Les Éditions Contrechamps viennent de publier un important volume d’écrits du musicologue français Jean-Louis Leleu, consacrés pour l’essentiel à Webern, Debussy et Boulez, trois figures centrales de la musique du XXe siècle. Jean-Louis Leleu, dans une démarche fondée sur des analyses rigoureuses, affronte les problèmes posés par les langa-ges de la modernité avec une profondeur, une précision et une hauteur de vue qui font de chacune de ses approches un document essentiel. Son livre constitue, à n’en pas douter, une référence pour les études à venir sur ces compositeurs.

Jean-Louis Leleu est professeur émérite à l’Université de Nice-Sophia Antipolis. Il a publié de nombreux articles sur la musique du XXe siècle et traduit deux ouvrages d’Adorno, Mahler, une physionomie musicale et Quasi una fantasia.

OFFRE SPECIALE DE LANCEMENT : CHF 30.– (au lieu de CHF 35.–)

SE PROCURER LES LIVRESA l’accueil de nos concerts (tarif réduit)Sur notre site internet www.contrechamps.ch/editions

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8 rue de la Coulouvrenière • CH-1204 GENÈVETéléphone +41 22 329 24 00www.contrechamps.ch

ENSEMBLE CONTRECHAMPSBrice Pauset directeur artistiqueMichael Wendeberg directeur musicalBarbara Yvelin administratrice Michael Seum chargé de productionCéline Tissot chargée de production et communication Manuela Canabal chargée des relations presse, public et multimédiaMarc Racordon comptable

Alain Kissling, www.atelierk.org graphisme, photographies Olivier Bergère webmaster

ÉDITIONS CONTRECHAMPSPhilippe Albèra directeurAlexis Toubhantz chargé de diffusion

COMITÉ DE L’ASSOCIATION CONTRECHAMPSPhilipp Ganzoni présidentMichael Seum représentant du personnelSébastien Cordier représentant des musiciensPeter Minten membreDidier Schnorhk membre

SOUTIENS ET PARTENAIRESVille de GenèveÉtat de GenèveEspace 2Hôtel CornavinLe CourrierGo Out !

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CONTRECHAMPS PROCHAINEMENT

Concert dirigé Concert de musique de chambre Tournée Médiation

Informations et réservations sur www.contrechamps.ch

ConférenceTDir MC M C

Samedi 18 juin 2016, 22h00L'Abri, GenèveFÊTE DE LA MUSIQUESciarrino / KourliandskiSerge Bonvalot, tubaAlexandre Babel, Dorian Fretto, Damien Darioli, percussionMaximilian Haft, violonAurélien Ferrette, violoncelle

Dimanche 4 septembre 2016, 16h Palais de l'Athénée, Salle des Abeilles, GenèveLA BÂTIE-FESTIVAL DE GENÈVEJohn Adams / Thomas Hauert (chorégraphe)Antoine Françoise et Stean Wirth, pianoCompagnie ZOO

Mercredi 14 septembre 2016, 20hThéâtre Pitoëff, GenèveLA BÂTIE-FESTIVAL DE GENÈVEPatrick Frank : Freiheit - La société eutopiqueFrank / Reinholdsten / SchütlerSolistes de l'Ensemble Contrechamps

Mardi 18 octobre 2016, 20hStudio Ernest-Ansermet, GenèveThomalla / Billone / ZenderSalome Kammer, sopranoMaximilian Haft, violonSébastian Jacot, flûteAntoine Françoise, pianoEnsemble ContrechampsClement Power, direction

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