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FULLBLAST - Ticket Magazine

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FULLBLAST - Ticket Magazine

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8 15 novembre 2011No 564

Qui se cache derrière Full Blast ?Avant tout, je salue les fidèles lecteurs

du magazine Ticket. Je réponds au nom de Félix Réginald Lamothe. Né le 18 mai 1980, j’ai été formé aux institutions sui-vantes : Collège Saint-Jean l’Evangéliste ; Collège Canado-Haïtien ; Collège Roger Anglade ; Ecole professionnelle Canado Technique, où j’ai passé deux longues années en électronique, mais, malheu-reusement, j’ai arrêté. J’ai également arrêté avec mes études en gestion à l’Institut de Hautes études. En revanche, j’ai obtenu ma licence à Audio Institute Of America dans l’Etat de Californie entre 2000-20004, dans le domaine de Recor-ding Enginery. Mes passe-temps sont les jeux-vidéos, mon ordinateur, l’internet,

la musique, le volley-ball. Ma tenue ves-timentaire préférée est le rouge et j’aime m’habiller de façon décontractée. Je suis l’aîné d’une famille de trois enfants et mes parents sont encore en vie. Je suis un inconditionnel du BBM. Certains ne le croiront pas, mais, quoique je joue souvent, je déteste les foules.

Comment as-tu commencé dans le monde des DJ ?

Je dois avouer que la profession de DJ n’a pas été mon rêve. Mon aspiration était de faire de la musique, de produire des tracks, puisqu’au moment de mes études en Recording Enginery j’ai appris à mixer, à scratcher, à faire des mix et autres. Je créais beaucoup mais je n’avais pas le moyen de publier mes produits et je ne voulais rester dans l’ombre. Donc, en cherchant la possibilité de me faire une voie dans la production musicale, j’ai pris goût au travail du disc-jockey. Aujourd’hui, si l’on étalait la liste des dj haïtiens, on n’en finirait pas. Il suffit d’avoir un ordinateur et de savoir faire une bonne playlist pour avoir le qualifi-catif d’un DJ. Contrairement à certains, je me suis entraîné pendant deux ans, de 1999 à 2000. En 2001, j’ai livré ma première prestation dans une fête privée à Thomassin. Le public a aimé mon travail et les fêtards avaient jugé que c’était une innovation, car le mouvement du DJ n’avait pas la même affluence qu’aujourd’hui. Officiellement, je me suis confirmé DJ le 15 juin 2002, lors d’une graduation du collège Saint-Louis Gon-zague, à Lime Light. Le public ne m’a pas apprécié du jour au lendemain. J’ai bossé

vachement dur pour gagner son respect et ma popularité.

D’où te vient le nom Full Blast ?Bon, Full Blast est un pseudonyme for-

mé de deux mots de la langue de Shakes-peare. D’abord, nous savons que le mot « full » veut dire « plein » en français. En fran-çais, le suffixe « blast » a pour définition un éclatement violent, planifié, qui peut être naturel ou accidentel. Je me suis promis de faire un impact dans le monde culturel si je devais emprunter cette route. Je n’ai pas de modèle en matière de DJ et je voulais faire la différence. Ainsi, dans n’importe quel contexte, « Full Blast » insinuera que c’est quelque chose de gigantesque. Dans des conversations, des gens utilisent le thème « Full Blast » pour augmenter le volume, appuyer sur l’accélérateur et autres. Sans y aller par quatre chemins, j’ai manifesté le désir d’avoir ce nom. Je me suis appelé ainsi et j’ai fait honneur à l’acronyme, puisque dans le domaine du DJ, c’est moi le « Full Blast ».

Les difficultés rencontrées au cours de ta carrière ?

Les membres de ma famille ne m’avaient rien dit à ce sujet, mais leurs non-dits insinuaient que je n’avais pas leur approbation. Connaissant mon potentiel, j’avais l’intime conviction de percer dans ma profession. Certains ne le voyaient pas sur cet angle. J’étudiais l’électronique mais mon esprit était axé sur la musique et ne je pensais à rien d’autre que cet art. Malgré tout, je ne pouvais me défaire des liens de mes études en électronique. Mes parents

Full Blastdix ans déjà Dans le monde du showbiz, la loi de la jungle est de rigueur : soit on devient mangeur, soit on se fera manger. Se faire un nom est un casse-tête, et le plus dur reste à gérer la réputation qu’on vient de bâtir. Certaines carrières sont éphémères mais des figures de proue parviennent, tant bien que mal, à survivre et à préserver leur réputation. Parmi eux, il y a le Dj Félix Réginald La-mothe dit Full Blast, qui a la fierté de célébrer une première décennie.

payaient mes études et il n’y avait pas moyen de leur dire que mon rêve était de faire de la musique en lieu et place des autres disciplines. Ensuite, les gens du public ne comprenaient pas le travail des Dj qui utilisaient les ordinateurs. Est-ce pour cela que j’ai été exclu du concours des Dj organisé au Parc Bojeux. Il m’incombait de charmer le public à chaque fois que l’occasion d’une presta-tion se présentait. C’était difficile puisque je n’étais pas encore le « Full Blast » que tout le monde clame aujourd’hui.

Ces dix années représentent quoi pour toi ?

Ce n’est pas facile à expliquer, puisqu’à chaque année ses hauts et ses bas. Les années 2006 et 2008 sont considérées comme la période de vaches maigres de ma carrière. Je refuse de donner plus de détail à ce sujet. Toute chose existe par son contraire, et après la pluie arrive le bon temps. Donc, je ne peux me plaindre des moments diffici-les de mon parcours. Sachant ce à quoi je m’attendais et pourquoi je me suis autant sacrifié, je me sens fier des années passées. Ces dix années représentent un mélange de joie et de bonheur. Au début, je ne pouvais subvenir à tous mes besoins économiques, mais c’est tout le contraire maintenant. J’ai remporté un trophée à l’occasion de la 1re édition du festival national BicoloreMix, au parking de Lime Light. J’ai été à la radio Eclair et à présent j’anime l’émission « Full effect » sur la radio Planèt Kreyòl du lundi au vendredi entre 4 h à 6 h p.m. Je me suis frayé un chemin ; je suis reconnu de tout le territoire, je reste une référence et je poursuis ma carrière que je nourris de grands projets. Dans tous les cas, Haïti est un pays en mutation ; j’ai lutté pendant dix ans et je récolte maintenant le fruit de mes efforts.

Quelle est ta conception du dj en Haïti ?

Bien des choses ne marchent pas bien dans notre pays, et ce n’est pas dans le domaine des Dj qu’on trouverait le contraire. Il y a comme un désistement de compétence dans ce secteur qui n’a de modèles. Cette tendance n’a pas de convention et on ne trouve personne

Full Blastdix ans déjà

Père et DJ heureux

915 novembre 2011No 564

10 endroits préférés :1-Mon lit : se sèl kote mwen off

vre…Moun pap vin nwi w’ e mwen ka leve lè w’ vle…

2-Studio : #1 de mon environne-ment…

3-Dans un programme avec un son agréable…

4-Back stage : de la, on peut tout contrôler…

5- Bar : Pour avoir le moyen de déguster une bonne vodka…

6-Kenskoff : Loin du monde…Le climat, le calme et autres…

7-Une chambre au bord de la plage…

8-Derrière l’écran de ma télé pour jouer au jeu aux jeux vidéos

9-En province : Port-Salut, Aux Cayes, Jacmel et au Cap…

10-Derrière le volant de ma voi-ture…

Père et DJ heureuxPère et DJ heureux

Comment vous êtes vous rencontrés ?Notre histoire est vraiment marrante.

En fait Réginald est tombé amoureux d’une photo de moi qui se trouvait dans le salon, chez ma tante. Il eut à dire à ma cousine en la voyant: «M ap marye ak fi sa a wi.» Faut dire que je me trouvais à ce moment là en France, donc les chances qu’on pourrtait être ensemble étaient vraiment minimes. E byen, msyeu mare avek kouzin mwen vre pou li rankontre m kan menm! (Rires). C’est ainsi que le 10 juin 2002, à peine rentrée au pays pour les vacances d’été, que ma chère cousine me traîna (c’est vraiment le mot appro-prié !) dans la graduation de la promo-tion sortante de l’Institution Saint-Louis de Gonzague. C’était une des premières prestations de «Full Blast» en tant que dj. C’est là que nous nous sommes ren-contrés. En passant, c’est cette même cousine qui fut le témoin à mon mariage. M te dwel sa, non ? (Rires)

Quelle est la première approche qu’il t’a faite ?

Konpa Kreyol performait à ce moment-là. Il m’a juste dit : «Tu veux danser ?»

Qu’est-ce que tu aimes le plus chez lui ? Et qu’est-ce que tu aimes le moins ?

Il y a tellement de choses que j’aime chez lui ! Le choix me paraît quelque peu difficile. Mais bon, je dirais sa franchise et sa tendresse. C’est quelqu’un de très direct et c’est vrai que si tu ne le connais pas, ça peut vite froisser. Je déteste ses accès de colère et ses crises de jalousie

(wi, wi, li konn pike ti kriz li tou de tan-zantan).

Es-tu jalouse ? Lui fais-tu des scènes ?Dire que je ne suis pas jalouse serait men-

tir foncièrement ! Car en fait, qui ne l’est pas ?Toutefois, ce n’est pas un défaut émi-

nent chez moi. Je suis plutôt du style «la force tranquille». Et puis, avec le métier qu’il a choisi, m ta ka fòl wi nan fè jalouzi. Non, non, m pa gaspiye eneji m nan sa.

L’accompagnes-tu dans les soirées ?Il fut un temps où je l’accompagnais

dans toutes ses soirées. Mais depuis que je jongle entre ma vie professionnelle, ma vie en tant que maman et en tant qu’épouse, je le fais de moins en moins. Mon sommeil est devenu tellement précieux.

Quel est le plus beau cadeau que tu as reçu de lui ?

Mon fils Keyahn. Mon plus beau mira-cle, notre plus belle réussite.

Dans quel moment de ta vie as-tu été le plus fier de lui ?

O o, mwen bwè pwa wi la ! (Rires). Je suis constamment fière de Monsieur.

Avez-vous un endroit, une musique ou un film qui vous rappelle votre histoire ?

Un endroit : la plage. La musique : «Rêve érotique» de Konpa Kreyol et «Fal-lait Pas» de Jacky Rapon.

Wendy Adrien Louis Lamothe est madame Full Blast. D’un amour d’adolescent, Réginald et Wendy se sont juré la fidélité devant leurs parents et amis le 4 décembre 2010. Ce couple de jeunes, parents d’un petit Keyahn, a aussi connu des hauts, des bas et des moments qui souderont à jamais leur relation. Petite intrusion dans leur vie privée.

pour donner le ton, montrer la voie aux autres. Il y en a certains qui pratiquent le métier DJ à cause de difficultés économi-ques. Ils pensent qu’ainsi ils trouveront le moyen de gagner leur vie et d’avoir une popularité. Fort souvent, ils ne se soucient pas de la qualité des presta-tions et ne pratiquent pas la profession par amour. Entre écouter la musique et l’aimer, la différence est énorme. Je pense qu’il faudra reconsidérer la situa-tion afin de remédier à cela. Côté lucratif, cela rapporte, mais c’est presque nul sur le plan qualitatif. Si cela continue ainsi, les nuages d’incompétence qui planent sur le cercle des Dj haïtiens ne disparaî-tront jamais.

Des projets et un conseil ?Je caresse le désir de sortir au carna-

val de l’année prochaine. Ensuite, je veux

avoir mon propre label afin de devenir un bon promoteur. Dans la promotion, j’aimerais également organiser des festi-vités culturelles. Dix ans ne représentent pas une mince affaire, alors je veux don-ner de ce que j’ai appris. On vieillit tous et les jeunes talents ne cessent de faire surface. Je pense qu’il serait nécessaire de les encadrer. La révolution musicale haïtienne est à sa genèse. J’espère que nous ferons preuve de solidarité et de compréhension envers les jeunes. Les vaines polémiques ne nous mènerons à rien. J’avais des contentieux avec mon confrère le Dj Hot, mais le problème est résolu depuis des lustres. Plusieurs facteurs peuvent vous contraindre d’avance, et le plus important est d’avoir le courage de ne jamais baisser les bras peu importe la situation.

Propos recueillis par Wendy Simon

Quel genre de père est-il ?Au début il était un peu gauche,

surtout lorsqu’il s’agissait de changer les couches. Mais là, je peux dire que c’est presqu’un expert (rires). Non mais plus sérieusement, c’est un papa qui malgré son calendrier chargé arrive à passer du temps avec son fils. Il est très attentionné et je l’ai surpris en maintes fois en train d’admirer le p’tit prince dans son som-meil. C’est aussi un papa « clown » qui apprend à son fils à faire toutes sortes de grimaces. La dernière de la série : «

Comment faire le poisson » (Rires).

C’est quoi la force de votre relation ?La communication, encore et tou-

jours…

Qu’est-ce qui manque à votre bon-heur absolu ?

La petite «cacahouète» que j’ai dans le ventre et qui devrait naître bientôt.

Propos recueillis parGaëlle C. Alexis

Wendy Adrien Louis Lamothe